Sécurité Alimentaire au Mali: Étude Documentaire Moctar TOUNKARA, Samba DIARRA, Ousmane MAIGA, Hadja SANGARE, Sory I DIAWARA, Fatou DIAWARA, Hamadoun SANGHO, Akory Ag IkNANE, Seydou DOUMBIA li Ma D SAI U Décembre 2019 RESEARCH TECHNICAL ASSISTANCE CENTER
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DIAWARA, Hamadoun SANGHO, Akory Ag IkNANE, Seydou DOUMBIA
li M
aD
SAI
U
Décembre 2019
R E S E A R C H T E C H N I C A L A S S I S T A N C E C E N T E R
Remerciements
Cette étude a été menée en collaboration avec l’Université des Sciences, des Techniques et des
Technologies de Bamako, et avec le Département d’Enseignement et de Recherche en Santé Publique de
la Faculté de Médecine et d’Odontostomatologie de Bamako, en partenariat avec le Centre d’Assistance
Technique et de Recherche de NORC, de l’Université de Chicago, grâce au financement du bureau
Food For Peace de l’USAID Mali. Nous remercions toutes les participants, à savoir : le Gouvernement
du Mali (en particulier, le Ministère de l’Administration Territoriale, le Commissariat à la Sécurité
Alimentaire, le Système d’Alerte Précoce, l’Observatoire du Marché Agricole, la Direction Nationale du
Développement Social, la Direction Générale de la Santé et de l’Hygiène Publique, la Direction
Nationale de l’Agriculture, de la Pêche, de la Production et de l’Industrie Agro-Alimentaire, des
Domaines et du Cadastre, du Commerce, de la Concurrence et de la Consommation, les Directions
Régionales de la Santé, du Développement Social des régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Ségou), les
populations des régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Ségou.
Nous souhaitons en particulier remercier et exprimer toute notre gratitude à Gabriela Alcaraz Velasco,
Directrice de recherche, pour son travail de supervision, de suivi et d’évaluation du rapport, depuis
l’élaboration du protocole jusqu’à la rédaction finale, ainsi qu’à toute l’équipe du Centre d’Assistance
Technique et de Recherche de NORC de l’Université de Chicago. Nous remercions le bureau de Food
For Peace de l’USAID, qui a financé ce projet et qui nous a accompagnés et soutenus tout au long de ce
travail.
Research Technical Assistance Center
Le Centre d'assistance technique à la recherche (Research Technical Assistance Center) est un réseau
de chercheurs universitaires qui génèrent des données de recherche opportunes pour l'USAID afin de
promouvoir des politiques et des programmes fondés sur des données probantes. Le projet est dirigé
par NORC à l'Université de Chicago en partenariat avec l'Arizona State University, le Centro de
Investigación de la Universidad del Pacifico (à Lima, au Pérou), Davis Management Group, le
DevLab@Duke University, Forum One, l'Institute of International Education, Notre Dame Initiative for
Global Development, Population Reference Bureau, Resilient Africa Network à la Makerere University
(à Kampala, en Uganda), United Negro College Fund, l'Université de Chicago et l'Université de l'Illinois à
Chicago.
Le Centre d'assistance technique à la recherche (RTAC) a été créé grâce au soutien du peuple américain
par le biais de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) en vertu du
contrat n° 7200AA18C00057. Ce rapport a été produit par des chercheurs de l'Université des Sciences,
des Techniques et des Technologies de Bamako (USTTB), sous la seule responsabilité du RTAC et du
NORC de l'Université de Chicago, et ne reflète pas nécessairement les vues de l'USAID ou du
gouvernement américain.
Citation suggérée
Tounkara et al. 2019. Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire. Research Technical
Assistance Center: Washington, DC.
Synthèse Cette revue documentaire sur la sécurité alimentaire donne un aperçu de la situation de la sécurité
alimentaire dans le centre et le nord du Mali en termes de disponibilité, d'accès et d'utilisation des aliments.
La revue est centrée sur les régions de Gao, Mopti, Ségou et Tombouctou, et présente les facteurs qui
peuvent avoir un impact sur les programmes de sécurité alimentaire.
L'économie malienne est principalement basée sur l'agriculture, l'élevage, la pêche et la foresterie.
L'agriculture représente 33 pour cent du PIB et emploie près de 80 pour cent de la population. Au cours
des dernières années, les ménages maliens ont été exposés à une série de chocs et de stress, tels que des
pluies irrégulières, des sécheresses, des crues soudaines, une incidence de ravageurs, et de mauvaises
récoltes. Ces chocs, couplés aux effets des conflits et de l'insécurité qui ne cessent de ravagés le pays, ont
accru la vulnérabilité des ménages à la pauvreté et à l'insécurité alimentaire.
Depuis 2012, l'insécurité, les groupes rebelles, les groupes djihadistes, ainsi que les conflits
intercommunautaires ont exacerbé le problème de l’insécurité alimentaire. La présence des groupes armés
a entraîné une diminution des activités commerciales et de commercialisation dans les zones touchées,
une réduction de la production agricole, et un accès limité aux services de base (tels que les services de
santé et l'éducation) en raison de la fermeture des installations, du manque de personnel et de provisions,
et du manque de sécurité sur les routes reliant les différents sites.
Dans ce contexte, ces régions enregistrent des niveaux d'insécurité alimentaire et de malnutrition
supérieurs à la moyenne nationale, et ce qui représente un véritable sujet de préoccupation compte tenu
de la multiplication des facteurs déjà existants qui augmentent la vulnérabilité des ménages. Cette revue
donne une image de cette situation complexe, sur la base des nombreux documents existants sur le sujet
et d’informations collectées lors d'entretiens avec des informateurs clés.
Table des Matières Remerciements ................................................................................................................................................................................... ii
Research Technical Assistance Center......................................................................................................................................... ii
Synthèse .............................................................................................................................................. iii
Table des Matières ............................................................................................................................. iv
Table des Chiffres clés ....................................................................................................................... vi
Table des Graphiques ........................................................................................................................ vi
Liste d’acronymes ............................................................................................................................ viii
2. Situation de la Sécurité Alimentaire ........................................................................................... 6
Contexte politique et réglementaire ............................................................................................................................................ 7
Production alimentaire ............................................................................................................................................ 8
Accès aux denrées alimentaires ................................................................................................................................................... 13
Utilisation des denrées alimentaires............................................................................................................................................ 14
La Malnutrition Infantile chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes .................... 14
Statut Nutritionnel des Femmes ......................................................................................................................... 15
3. Facteurs liés à la Sécurité Alimentaire ..................................................................................... 16
Les Services Sociaux de Base ............................................................................................................................... 21
Accès à l’aide humanitaire.............................................................................................................................................................. 28
Conflit et insécurité ......................................................................................................................................................................... 29
Accès à la terre et aux autres ressources naturelles.............................................................................................................. 32
Gestion de la terre ................................................................................................................................................. 32
Implication des pauvres et des femmes dans la prise de décision et l'utilisation des ressources
Mécanismes de distribution des ressources naturelles .................................................................................. 36
Gestion des bourgoutières ................................................................................................................................... 36
Tableau 1. Répartition des femmes de 15 à 49 ans par région en fonction du statut nutritionnel (%) ...... 15
Tableau 2. Situation des écoles en Octobre 2019 ................................................................................................... 22
Tableau 3. Couverture vaccinale, par région. ........................................................................................................... 23
Tableau 4. Indicateurs d’accessibilité aux services de santé dans l’ensemble des régions du Mali .............. 24
Tableau 5. Pratiques d’hygiène et Installations sanitaires ....................................................................................... 26
Tableau 6. Pourcentage des principales sources des céréales par région, 2018 .............................................. 51
Tableau 7. Groupe de consommation alimentaire par région en Septembre 2018. ....................................... 52
Tableau 8. Indicateurs de la malnutrition chez les enfants par région, 2018 ..................................................... 52
Tableau 9. Niveau des dépenses alimentaires mensuelles par région, 2018 (FCFA) ....................................... 53
Tableau 10. Taux de fréquentation scolaire dans l’ensemble des régions du Mali, 2018 ............................... 53
Tableau 11. Situation des écoles au Mali en janvier 2018 ...................................................................................... 54
Tableau 12. Estimation du revenu total (en cash - FCFA) des ménages en septembre 2018 et 2017 par
Zone de Moyens d’Existence (ZME) ........................................................................................................................... 55
Tableau 13. Indicateurs de santé maternelle par région au Mali, 2018 ............................................................... 56
Tableau 14. Sources d’eau potable par région, 2018 .............................................................................................. 56
Graphique 2. Population en phase de crise de 2013 à 2019 en Mali..................................................................... 6
Graphique 3. Production céréalière nationale, 2012-2018. ..................................................................................... 8
Graphique 4. Production céréalière (Millier de Tonnes), par cercle 2014-2018 ............................................... 9
Graphique 5. Pourcentage des stocks céréaliers des ménages provenant de l’achat ..................................... 11
Graphique 6. Prévalence de la malnutrition chronique chez les enfants de moins de 5 ans ......................... 14
Graphique 7. Zones de Moyens d’Existence ............................................................................................................. 20
Graphique 8. Pourcentage de la population utilisant un source améliorée d’eau de boisson ....................... 25
Graphique 9. Evolution du nombre de PDI 2012 a 2019 ....................................................................................... 29
Graphique 10. Indice des stratégies de survies des ménages Septembre 2014 - Septembre 2018 ........... 38
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 viii
Liste d’acronymes
AMM Association des Municipalités
AMO Assurance Maladie Obligatoire
CREDD Cadre Stratégique pour la Relance et Développement Durable
CCN Cellule de Coordination Nationale
CSA Commissariat à la Sécurité Alimentaire
DFSA Activités de Sécurité Alimentaire en Développement
DNP Direction Nationale de la Population
DCPND Document Cadre de Politique Nationale de Décentralisation
EEI Engins Explosifs Improvisés
EHA Eau Hygiène et Assainissement
ENP Étude Nationale Prospective
ENSAN Enquête Nationale sur la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle
FCFA Franc de la Communauté Financière Africaine
FEWS NET Famine Early Warning Systems Network
FFP Food for Peace
GdM Gouvernement du Mali
GFSS Global Food Security Strategy
GIE Groupements d’Intérêt Économiques
GRAT Groupe de Recherche et d'Application Technique
HKI Helen Keller International
ICRAF Centre mondial d'agroforesterie
PDI Personnes Déplacées Internes
IMRAP Institut Malien de Recherche-Action pour la Paix
INSTAT Institut National de la Statistique
LOA Loi d’Orientation Agricole
MAM Malnutrition Aigüe Modérée
MAS Malnutrition Aigüe Sévère
OCHA Bureau de la coordination des affaires humanitaires
OMA Observatoire du Marché Agricole
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONG Organisation Non Gouvernementale
OP Organisations Paysannes
OPAM Office des Produits Agricoles du Mali
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire ix
PAM Programme Alimentaire Mondial
PBSG Planification et Budgétisation Sensible au Genre
PDIs Populations Déplacées Internes
PDSEC Plan de Développement Économique et Social
PIB Produit Intérieur Brut
PIO Organisations Internationales Publiques
PolNSAN Politique Nationale de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle
PRP Priorités Résilience du Mali
RAMED Régime d'Assistance Médicale
SAP Système d’Alerte Précoce
SC Save the Children
SOMAGEP Société Malienne de Gestion d’Eau Potable
UNHCR Agence des Nations Unies pour les Réfugiés
UNICEF Fond des Nations Unies pour l’Enfance
USAID Agence Américaine pour le Développement International
YA-G-TU Organisation pour la promotion de la femme
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire 1
Glossaire Agriculture : la science et les activités liées à la production, à la transformation, à l'emballage, au
transport, au commerce, à la commercialisation, à la consommation et à l'utilisation des denrées
alimentaires, des aliments pour animaux et des végétaux, y compris l'aquaculture, l'agriculture, la pêche,
la sylviculture et l’élevage.
Approches sensibles à la nutrition : interventions qui s'attaquent aux déterminants sous-jacents et
fondamentaux de la malnutrition et intègrent des objectifs et des actions spécifiques en matière de
nutrition.
Développement durable : la capacité d'un pays, d'une communauté, d'un partenaire de mise en
œuvre ou d'un bénéficiaire prévu de maintenir, au fil du temps, les programmes autorisés et les résultats
obtenus, d'un point de vue institutionnel et programmatique. La durabilité implique le renforcement des
compétences, des connaissances, des institutions et des incitations qui peuvent rendre les processus de
développement autosuffisants.
Équitable : traiter de manière juste et égale avec toutes les personnes concernées, indépendamment
de leur statut économique, de leur situation géographique, de leur sexe, de leur race, de leur âge ou de
toute autre caractéristique sociale.
Extrême pauvreté : l'incapacité de répondre durablement aux besoins de consommation de base. Les
personnes qui vivent dans l'extrême pauvreté manquent à la fois de revenus et de biens. Ils souffrent
généralement de privations chroniques et interdépendantes, notamment la faim et la malnutrition, une
mauvaise santé, une éducation limitée et la marginalisation ou l'exclusion.
Fragilité : la mesure dans laquelle les relations entre l'État et la Société ne produisent pas de résultats
considérés comme efficaces et légitimes. L'efficacité fait référence à la capacité du gouvernement de
travailler avec la société pour assurer le maintien de l'ordre et la fourniture de biens et services publics.
La légitimité renvoie à la perception par des segments importants de la société du fait que le
gouvernement exerce le pouvoir de l'état de manière raisonnable, équitable, et dans l'intérêt de la nation
dans son ensemble.
Genre : l'ensemble des rôles, des droits, des responsabilités, des avantages et des obligations des
femmes et des hommes tels que définis par la norme sociale. La définitions socio-culturelle de la notion
d’homme ou de femme varie selon les cultures et change avec le temps.
Malnutrition : mauvais état nutritionnel causé par une carence ou un excès nutritionnel. La
malnutrition est un état qui survient lorsque l'alimentation d'une personne ne fournit pas suffisamment
d'éléments nutritifs pour la croissance et le maintien en vie, ou si elle est incapable d'utiliser pleinement
la nourriture qu'elle consomme en raison d'une maladie ; elle peut provenir d’une sous-alimentation
(insuffisance) ou d’une suralimentation (excès).
Malnutrition aiguë : terme courant pour désigner la dénutrition aiguë et qui reflète une évolution
récente et sévère, qui a entraîné une perte de poids importante et une carence en nutriments,
généralement associées à des privations et/ou à des maladies graves. Elle comprend l’émaciation mais
aussi l'œdème nutritionnel, dans lequel les carences nutritionnelles entraînent un gonflement des
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 2
membres (pieds, mains) dû à la rétention d'eau. Souvent utilisée pour évaluer la gravité des urgences
parce qu'elle peut entraîner la mort.
Pensée systémique : désigne un ensemble d'approches analytiques, et d'outils associés, qui cherchent
à comprendre comment les systèmes se comportent, interagissent avec leur environnement et
s'influencent mutuellement.
Petit producteur : le terme « petit producteur » désigne les agriculteurs, les pasteurs, les forestiers et
les pêcheurs qui ont peu d'actifs et des ressources limitées, y compris en terre, en capital, en
compétences et en main-d'œuvre, et, dans le cas des agriculteurs, cultivent généralement moins de 5
hectares de terre.
Populations vulnérables : les populations les plus à risque de souffrir d'insécurité alimentaire en
raison de leur statut physiologique ou socioéconomique, de leur situation géographique ou de leur
niveau de sécurité physique.
Protection sociale : Une série d’interventions publiques visant à soutenir les membres les plus
pauvres et les plus vulnérables de la société, ainsi qu'à aider les individus, les familles et les communautés
à gérer les risques. La protection sociale comprend les filets de sécurité (assistance sociale), l'assurance
sociale, les lois du travail, les fonds sociaux et les services sociaux.
Résilience : la capacité des personnes, des ménages, des communautés, des pays et des systèmes à
atténuer les chocs, à s'y adapter et à s'en remettre d'une manière qui réduit la vulnérabilité chronique et
facilite une croissance inclusive.
Responsabilité sociale : la responsabilité sociale fait partie intégrante de la bonne gouvernance. Il
s'agit de l'environnement favorable qui permet aux citoyens, aux utilisateurs des services publics et aux
bénéficiaires des programmes d'exiger des décideurs ou des responsables, la mise en œuvre des
programmes et des prestations de services publics, une meilleure réactivité et une meilleure
responsabilisation. Les quatre piliers de la responsabilité sociale, PITR, sont : la participation, l'inclusion,
la transparence et la responsabilité.
Retard de croissance : un état qui se mesure par le rapport entre la taille et l’âge, lorsque ce dernier
est inférieur de plus de deux écarts-types par rapport à la médiane des normes OMS de croissance de
l'enfant. Le retard de croissance est le résultat d'un apport alimentaire et nutritionnel insuffisant, de
soins de santé préventifs insuffisants et d'un environnement insalubre. Une mauvaise nutrition
maternelle, une alimentation et des soins inappropriés des nourrissons et des jeunes enfants par les
mères (ou par les autres membres de la famille et de la communauté) pendant les périodes les plus
critiques de leur croissance et de leur développement peuvent contribuer au retard de croissance. Au
niveau de la population, le retard de croissance est associé à une mauvaise santé à long terme, à un
développement moteur retardé, à une fonction cognitive altérée et à une immunité réduite.
Sécurité alimentaire et nutritionnelle : la sécurité alimentaire et nutritionnelle est atteinte lorsque
des aliments adéquats, sains et nutritifs sont disponibles en permanence, accessibles et bien utilisés par
tous les individus, pour leur permettre de mener une vie saine et productive.
Système agricole et alimentaire : Ceci inclue toutes les personnes, les processus, les ressources et
l'infrastructure impliqués dans la production, la transformation, l'emballage, le transport, le commerce, la
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire 3
commercialisation, la consommation et l'utilisation des aliments, des aliments pour animaux et des
végétaux dans l'aquaculture, l'agriculture, la pêche, la sylviculture et l’élevage. Le système alimentaire et
agricole existe au sein d’un contexte social, politique, économique et environnemental, et il en subit
l’influence.
Système de santé : toutes les personnes, institutions, ressources et activités dont le but premier est
de promouvoir, recouvrer et maintenir la santé.
Système local : se réfère à l’ensemble des acteurs interconnectés (gouvernements, société civile,
secteur privé, universités, citoyens et autres) qui produisent ensemble un résultat particulier en matière
de développement.
Source : USAID (2016).
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 4
1. Introduction
Cette analyse systémique de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle dans les régions de Mopti,
Tombouctou, Gao et du cercle de Niono (région de Ségou), au Mali, a été initiée par le bureau de Food
For Peace (FFP) (Vivres pour la Paix) de l’USAID au Mali. Les informations contenues dans ce document
sont destinées aux sociétés répondant à l’appel d’offre et à l'équipe de d’USAID / FFP Mali. Elles
analysent les données et les tendances actuelles relatives à la sécurité alimentaire dans les régions
concernées. Elles décrivent les facteurs clés qui influencent la sécurité alimentaire, en particulier ceux
liés à la résilience communautaire, à la jeunesse et à la gestion des ressources naturelles. Ce rapport est
aussi une synthèse des enseignements et des bonnes pratiques des programmes précédents en matière
de sécurité alimentaire au Mali.
Le Mali, avec une population estimée à 19 419 000 habitants, selon les projections de la Direction
Nationale de la Population (DNP), est un pays sahélien, enclavé, et structurellement vulnérable à
l’insécurité alimentaire et à la malnutrition. Les deux tiers du pays sont désertiques. Son économie est
fortement dépendante du secteur primaire : l’agriculture, l’élevage, la pêche et la sylviculture occupant
68.0 pour cent de la population active. Ce secteur est lui-même tributaire de facteurs exogènes,
principalement d’ordre climatique, telles les sécheresses récurrentes et les inondations.
Les catastrophes naturelles et l'extrême pauvreté contribuent aux problèmes de sécurité alimentaire et
nutritionnelle au Mali. L'insécurité, les groupes rebelles, les groupes djihadistes et les conflits civils,
depuis 2012, ont exacerbé ces problèmes, augmenté les déplacements internes de personnes (USAID,
2018c), et continuent d’impacter négativement les conditions de vie des ménages, principalement dans
les régions du nord (Gao, Tombouctou), et du centre (Mopti) du pays. La dégradation des moyens
d’existence (bétail, récoltes, sources de revenus, emploi, réduction des activités économiques, etc.) qui
en résulte augmente la vulnérabilité des ménages, particulièrement les plus pauvres, à l’insécurité
alimentaire.
La malnutrition chronique continue de toucher environ 29 pour cent des enfants de moins de cinq ans
(INSTAT, 2019). Dans les régions de Mopti, Tombouctou et Gao, les taux de malnutrition (retard de
croissance et émaciation) sont beaucoup plus élevés que le taux national. Le nombre de personnes en
situation critique d’insécurité alimentaire s’élevait à 458 997 personnes en 2019.
Le rapport présente les objectifs de cette recherche et l’approche méthodologique suivie. Il donne, dans
le chapitre 2, un aperçu de la situation en matière de sécurité alimentaire dans les régions concernées.
Le chapitre 3 décrit différents facteurs liés à la sécurité alimentaire. Le chapitre 4 offre un aperçu des
stratégies des ménages face à l’insécurité alimentaire. Enfin, les chapitres 5 et 6 décrivent différentes
expériences d’assistance alimentaire, et les enseignements tirés de la programmation en matière de
sécurité alimentaire.
Objectifs
L’objectif de cette recherche est de fournir une vue d’ensemble du contexte, des acteurs, et des
enseignements tirés en matière de sécurité alimentaire, de nutrition, et de résilience dans les zones
géographiques ciblées du Mali. Plus précisément, sont examinés :
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire 5
Les données et les
tendances actuelles en
matière de sécurité
alimentaire dans les régions
concernées : Mopti, Gao,
Tombouctou et Ségou.
Les facteurs clés liés à la
sécurité alimentaire dans les
régions concernées : Mopti,
Gao, Tombouctou et Ségou,
en particulier ceux liés à la
résilience communautaire, à
la jeunesse et à la gestion
des ressources naturelles.
Les enseignements tirés et
les bonnes pratiques des
programmes précédentes de
sécurité alimentaire au Mali.
Méthodologie
Cette étude repose sur une analyse documentaire, complétée par une enquête qualitative auprès des
acteurs clés en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, dans les régions de Mopti,
Tombouctou, Gao et du cercle de Niono, dans la région de Ségou. Des entretiens individuels
approfondis et des discussions de groupe ont été réalisés, après identification des intervenants clés en
matière de sécurité alimentaire. Les méthodes suivantes ont été utilisées :
Analyses quantitatives :
o Analyse de tendance des données secondaires du système national d’information sanitaire,
couvrant la période de 2007 à 2019.
o Analyse des données par région pour les indicateurs de santé maternelle, néonatale, infantile
et de nutrition.
o Analyse des données fournies par l’Enquête Modulaire Permanente, pour comprendre les
tendances et les caractéristiques socio-économique locales.
Revue des documents pertinents en matière sécurité alimentaire et nutritionnelle pour les régions
étudiées.
Analyse qualitative :
o Entretiens avec les intervenants clés dans les collectivités territoriales (cercles), les
communes et les villages, et discussions de groupe avec les populations vulnérables.
o Entretiens au niveau régional avec les directeurs régionaux du développement social et de
l’économie solidaire, les représentants du système d’alerte précoce (SAP), les représentants
Graphique 1. Régions ciblées
So urce: Élaboration des auteurs.
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 6
de l’office des produits agricoles du Mali (OPAM), les représentants du commissariat à la
sécurité alimentaire, et les représentants de l’office du marché agricole.
o Au niveau des cercles : entretiens avec les médecins chefs de district sanitaire, les chefs de
services du développement social, les responsables locaux pour la nutrition, les
représentants du SAP, les représentants de OPAM
o Au niveau des communes et des villages : discussions de groupe avec les conseillers
villageois, les leaders des associations féminines et les jeunes.
Des informations complémentaires sur la méthodologie employée sont disponibles en annexe. Ce
rapport se concentre sur quatre régions spécifiques au Mali : Mopti, Gao, Tombouctou et Ségou.
Toutefois, des références au contexte national sont faites le cas échéant.
2. Situation de la Sécurité Alimentaire
Plusieurs facteurs
contribuent à l'insécurité
alimentaire au Mali : le
climat, les faibles
rendements agricoles, les
conflits et l’insécurité
(USAID, 2018). La
pression démographique,
en particulier dans les
zones rurales, a des
conséquences sur
l’exploitation agricole et
les réserves de
nourriture (FEWS NET,
2019). Au Mali, la
pluviométrie et la
production des denrées
alimentaires de base
(maïs, mil, riz et sorgho),
sont bonnes. Cependant la distribution inégale des denrées alimentaires, des zones excédentaires vers
les zones déficitaires, associée à un faible pouvoir d'achat des populations, contribuent à l'insécurité
alimentaire (FEWS NET, 2019). Cette situation affecte particulièrement les couches les plus vulnérables
de la population.
Le nombre de personnes en phase critique d’insécurité alimentaire dans la région de Mopti, a plus que
triplé sur la période 2015-2019, passant de 79 009 à 256 335 personnes (Error! Reference source
not found.). Dans la région de Tombouctou, il a connu une baisse de près de moitié, faisant passer le
nombre de personnes de 114 283 en 2015 à 63 587 personnes en 2019. Cette baisse avait été précédée
par augmentation importante des populations affectées, qui était passée de 85 920 à 104 177 entre 2017
Graphique 2. Population en phase de crise de 2013 à 2019 en Mali
0
50,000
100,000
150,000
200,000
250,000
300,000
350,000
400,000
Segou Mopti Tombouctou Gao
2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Source: FEWS NET, 2019
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire 7
et 2018. Des tendances similaires ont été observées dans la région de Gao, où les populations touchées
ont diminué entre 2015 et 2019 (passant de 98 634 à 83 141 personnes), après une augmentation entre
2016 et 2017. La région Ségou quant à elle, a présenté le plus faible nombre personnes en phase de
crise. Cette région a enregistré une augmentation du nombre personnes touchées de 33 350 personnes
entre 2015, pour atteindre 55 934 personnes en 2019 (FEWS NET, 2019). Au total, ces régions
représentent 458 997 personnes en phase de crise en 2019.
Contexte politique et réglementaire
La Politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PolNSAN) est conforme aux objectifs du
Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (CREDD) en matière de
réalisation des objectifs de développement durable, d'amélioration de la sécurité alimentaire et
nutritionnelle pour tous, de protection sociale et de renforcement des actions humanitaires. La politique
de développement agricole s'inscrit dans le cadre de la Loi d'Orientation Agricole. Elle définit et met en
œuvre une politique de promotion des initiatives de développement aux niveaux local, régional et
national, et apporte son appui à la création d'entreprises agricoles, agro-alimentaires et péri- agricoles.
Elle a pour objectif d'assurer la sécurité alimentaire au niveau national et international, en facilitant
l’accès à des produits alimentaires de qualité, en quantités suffisantes.
La gestion de la sécurité alimentaire par le gouvernement a suivi les étapes suivantes :
Une gouvernance proactive et inclusive de la sécurité alimentaire ;
La coordination des interventions en matière de sécurité alimentaire ;
Le soutien aux systèmes de production durables ;
La mise en œuvre d’une politique de subvention des intrants agricoles pour les plus pauvres et les
plus vulnérables ;
Le soutien aux organisations professionnelles des jeunes et des femmes ;
Le soutien à l’industrie agro-alimentaire de transformation (GdM, 2017)
Disponibilité alimentaire
Le Mali dépend de la production nationale et des importations pour satisfaire ses besoins en denrées
alimentaires de base. La production varie selon les régions, mais les régions du sud sont généralement
les plus productives, en particulier pour les céréales. Les principales céréales produites et consommées
au Mali sont le mil, le sorgho, le riz et le maïs. La production de ces quatre céréales a augmenté au cours
des cinq dernières années. Le maïs arrive en tête, et réalise la plus forte augmentation de production
annuelle, suivi du riz. Le Mali est globalement un pays céréalier excédentaire, même s'il importe une
quantité considérable de riz chaque année, et de faibles quantités de céréales secondaires, de façon
saisonnière (maïs, mil et sorgho) (FEWS NET, 2019).
Les marchés des régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Ménaka dépendent des approvisionnements
d'autres régions du pays et des importations internationales pour couvrir les déficits
d'approvisionnement locaux. La région de Ségou (principalement les cercles de Niono et de Macina)
constitue une source supplémentaire d’approvisionnement en riz local pour ces régions. Les flux de
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 8
céréales secondaires entrant dans la zone étudiée proviennent principalement de la région de Sikasso,
Bamako. Le Burkina Faso fournit à la région de Mopti du riz importé, de la farine de blé et de l'huile
alimentaire, tandis que l'Algérie approvisionne Gao et Ménaka (FEWS NET, 2019).
Les résultats de l’enquête qualitative, réalisée en septembre 2019 auprès des services de l’Office des
produits alimentaires du Mali (OPAM), à Mopti et à Gao, illustrent l’insuffisance de la production
régionale agricole :
“La production agricole locale de la région de Gao ne peut pas nourrir la population de la région pendant trois
mois” (Agent, OPAM, Gao).
“…la région de Mopti est une région déficitaire. Donc chaque année on constate qu’il y a des déficits en terme
alimentaire et c’est pourquoi le commissariat à la sécurité alimentaire vient en appui aux populations démunies
tous les ans" (Agent, CSA, Mopti)
Le sud du Mali approvisionne les régions du nord et du centre en produits locaux et importés. Par
ailleurs les régions du nord et du centre approvisionnent le sud du pays en produits horticoles,
essentiellement des oignons, et en bétail. (FEWS NET, 2019)
Les compléments alimentaires de la région de Gao proviennent des régions du sud du Mali ou de
l’étranger, comme l’atteste le représentant de l’OPAM de Gao : « Par exemple les céréales sèches viennent
du sud. C’est San, Koutiala, Ségou qui envoient des camions chargés de céréales, et de mil pour venir vendre ici à
Gao. Les commerçants sont obligés d’importer du riz. Le riz importé vient du marché pakistanais et indien, ce
sont ces riz qui viennent ici. Ça c’est le riz consommé, mais la majeure partie de consommation du riz ça vient
de l’extérieur, c’est importé, c’est du riz importé qu’on consomme ici » (Agent, OPAM, Gao).
Production alimentaire
La production agricole globale dans les régions de Tombouctou, Mopti et Gao a augmenté ces dernières
années (CPS/SDR, 2018), principalement en raison des régimes de précipitations favorables et du niveau
de l'eau le long du fleuve Niger. Cependant, la production locale est affectée par les éléments suivants :
les variations hydriques locales
(sécheresses et inondations excessives Graphique 3. Production céréalière nationale, 2012-2018.
Source: FEWS NET 2019, page 53
localisées), la présence de parasites et
de maladies des cultures, la disponibilité
limitée de semences adaptées aux
conditions locales (en particulier à
Tombouctou), la baisse de la fertilité
des sols due à l'érosion, le régime
foncier, les contraintes d’accès à la
terre, l'insécurité et les conflits (FEWS
NET, 2019).
Le tableau ci-dessous illustre les
tendances de la production céréalière
dans les régions de Mopti, Gao,
Tombouctou et Ménaka. Au cours des
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire 9
cinq dernières années, l’augmentation était plus accentuée dans les cercles de Bankass, Koro, et Mopti
dans la région de Mopti. Les cercles de la région de Gao ont connu une augmentation de la production
céréalière au cours de la campagne 2018-2019. Dans la région de Tombouctou, les cercles de Diré et
Niafunke ont enregistré de 2014 à ce jour une production céréalière moyenne contrairement aux
cercles de Gourma-Rharous, Goudam et Tombouctou.
En général dans les régions de Gao, Mopti et Tombouctou la production céréalière 2018/19 est
supérieure à la moyenne, ce qui réduira probablement le niveau global d'insécurité alimentaire dans le
pays pendant la période de soudure de 2019 (FEWS NET, 2019).
Au Mali, le riz est cultivé dans divers systèmes d’agriculture irriguée ou pluviale. De 2012 à 2018, la
production a augmenté de plus de 66 pour cent. Cette augmentation de la production est due en partie
aux investissements publics dans les infrastructures d'irrigation et aux modifications apportées par l'État
dans la commercialisation du riz (Kelly et al, 2010).
Le riz et le mil sont les céréales principales produites et consommées dans les régions de Mopti,
Tombouctou, Gao et Menaka, suivis du blé, du sorgho, du maïs et du fonio (FEWS NET, 2019). Dans la
région de Mopti, le sorgho est produit à Douentza et à Bankass (ENSAN, 2018). Les cercles de Bankass
et Koro sont donc considérés comme le panier à mil, tandis que la production de riz est concentrée
dans les plaines inondables des cercles de Tenenkou, Youwarou et Djenné. Quant à la région de
Tombouctou, le cercle riverain de Diré et les cercles lacustres de Niafunké et de Goundam sont les
principales zones de production céréalières. Cependant la production de maïs dans la région de
Tombouctou est en grande partie destinée à l’autoconsommation. La production des denrées de base
(riz, mil, sorgho et maïs) est limitée dans la région de Gao. La production de riz est concentrée dans les
cercles d'Ansongo et de Gao (FEWS NET, 2019).
Graphique 4. Production céréalière (Millier de Tonnes), par cercle 2014-2018
Source: FEWS NET, 2019
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 10
En raison du vaste périmètre de cultures irriguées du delta intérieur du Niger, la région de Ségou
contribue à environ 45 pour cent de la production totale de riz, suivi par la région de Mopti (20 à 25
pour cent), les régions de Sikasso, et Tombouctou (10 pour cent) (FEWS NET, 2019).
L'équilibre délicat entre les précipitations locales et le niveau d'eau du delta intérieur du Niger sont les
principaux facteurs de la production d'aliments et de fourrage. Une faible pluviosité entraîne la
sécheresse et des pluies trop abondantes provoquent des inondations et une saturation des terres en
eau (Del Rio et al, 2014 ; Henrick et al, 2015).
Le Mali est l'un des principaux pays producteurs de bétail de la sous-région par la taille du cheptel. Les
régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Ménaka sont des zones majeures de production de bétail,
approvisionnant les marchés nationaux et régionaux (FEWS NET, 2019). Cependant les pâturages sont
en train de devenir rares en raison de leur vulnérabilité aux sécheresses ou aux inondations saisonnières
constantes (Cheng et al, 2017).
Le commerce du bétail sert à approvisionner les marchés locaux et nationaux, malgré la pression
démographique, le surpâturage et le coût élevé des aliments pour le bétail. Les principaux marchés de
bétail sont Fatoma à Mopti, Gourma-Rharous et Wabaria à Gao. Les tourteaux du coton et le fourrage
sont les aliments les plus couramment utilisés pour nourrir les animaux dans les régions de Mopti,
Tombouctou, Gao et Ménaka. Ces aliments servent de complément aux pâturages particulièrement
pendant les années de faible pluviométrie (FEWS NET, 2019).
L’offre de bétail sur les marchés est supérieure à la moyenne des régions du nord et du sahel occidental.
Les mauvaises conditions d’élevage dans ces zones poussent en effet les éleveurs à un déstockage massif
(FEWS NET, 2018).
Le caractère saisonnier des pluies, qui changent les routes de migration des troupeaux, la concurrence
pour les pâturages et les points d’eau, les conditions climatiques, constituent des défis qui renforcent les
divergences d’opinions entre les agriculteurs et les éleveurs sur l’utilisation des terres (FEWS NET,
2019).
Les entretiens réalisés sur le terrain, auprès du représentant du système d’alerte précoce de la région
de Tombouctou, montrent que le bétail peut être considéré comme un facteur favorisant la sécurité
alimentaire, comme en atteste ce témoignage : « Je peux dire que le bétail contribue pour beaucoup à
assurer la sécurité alimentaire dans la région, surtout dans la région de Tombouctou, qui est une zone pastorale.
Bon, cela se fait de plusieurs façons, les gens peuvent vendre des animaux pour acheter des céréales et du coup
cela contribue à la sécurité alimentaire de ces ménages. Ils peuvent aussi abattre des animaux pour vendre de la
viande et ainsi se procurer de la nourriture. Donc, ces animaux peuvent assurer la sécurité alimentaire des
populations » (Agent, SAP, Tombouctou).
Ce témoignage montre que la possession de bétail peut contribuer à assurer la sécurité alimentaire, au
niveau des ménages mais aussi auprès de l’ensemble de la population. Cependant, même si un marché
est bien achalandé, une famille peut se trouver en insécurité alimentaire, si elle a connu des périodes de
chômage et si les prix sont trop élevés pour son pouvoir d’achat. De même une région peut disposer de
stocks alimentaires, mais un village de cette région peut être souffrir d’insécurité alimentaire du fait de
son isolement ou à cause d’un conflit localisé.
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire 11
La pêche dans les régions de Mopti, Tombouctou et Gao est concentrée autour du fleuve Niger et des
lacs. La plupart des activités de pêche et d'aquaculture ont lieu entre décembre et mai. La production
dépend des niveaux d'eau et des techniques de pêche. Les poissons sont vendus frais, séchés ou fumés.
Les activités de pêche sont dominées par les hommes, tandis que les activités de commercialisation
(commerce, transformation et vente) sont presque exclusivement effectuées par des femmes. Le
commerce du poisson est principalement local, mais avec quelques ventes à des acheteurs de Bamako
(FEWS NET, 2019).
En 2019, dans la région de Mopti, seulement la moitié des terres agricoles a été ensemencée par rapport
à l’année 2018. Cette situation s’explique par l’existence de conflits intercommunautaires et par
l’insécurité, qui ont entraîné des déplacements massifs des populations. L’évaluation des superficies
cultivables n’a pas pu être menée dans les zones de Koro, de Bankass et de Mondoro et dans la région
de Mopti, qui sont inaccessibles suite à de violents conflits (Cluster Sécurité Alimentaire, 2019).
Stocks
Le stockage des céréales est généralement possible à travers les magasins de l’OPAM et les organismes
de développement qui disposent d’entrepôts dans les régions, ou à proximité des bénéficiaires. Les
stocks sont destinés soit à la vente par le secteur privé, soit à la distribution, dans le cadre de
l’assistance humanitaire. Ces stocks sont composés de 35 000 tonnes de céréales (pouvant être
utilisées en cas de besoins d'assistance alimentaire d'urgence) et de 25 000 tonnes supplémentaires de
riz pouvant être vendues sur le marché en cas de rupture d'approvisionnement. Cependant, le coût de
stockage élevé, la péremption ou la perte potentielle des produits, découragent les commerçants qui
desservent les régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Ménaka (FEWS NET, 2019). De nombreux
commerçants desservant
les zones déficitaires, avec
des contraintes d’accès
physiques et
géographiques, s’engagent
à pré-stocker des
quantités relativement
importantes pour éviter
toute rupture
d’approvisionnement
(FEWS NET, 2019).
Le stock actuel au niveau
des ménages est en
moyenne de 494 kg. Il s’est
amélioré par rapport à
celui de l’année 2017 qui
était de 445,5 kg à la
même période. Le stock
céréalier moyen le plus
élevé est enregistré dans la
région de Sikasso avec
Source: ENSA, 2018.
Graphique 5. Pourcentage des stocks céréaliers des ménages provenant de l’achat
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 12
925,21 kg contre 745,8 kg en 2017, soit une augmentation de 19,3 pour cent, qui s’explique par les bons
rendements céréaliers de la récolte passée (Graphique 5).
Commerce alimentaire
Les marchés des régions de Mopti, Gao et Tombouctou se comportent relativement bien. Les activités
de vente au détail en milieu rural ont lieu sur des marchés de plein air et dans de petites épiceries, qui
vendent divers produits alimentaires de consommation courante. Les marchés permanents sont plus
importants dans les zones urbaines. Le nombre d'acteurs sur le marché varie considérablement selon le
type de marché et de la marchandise (FEWS, NET, 2019).
Il existe de nombreux acteurs sur le marché dans la majeure partie des régions de Mopti, Tombouctou,
Gao et Ménaka, ce qui limite les monopoles Dans les zones urbaines, les transactions se font en espèces,
mais le troc est important, en particulier entre les négociants locaux en riz et en poisson à Mopti.
(FEWS NET, 2019)
Les activités commerciales au Mali passent par des réseaux de négociants bien organisés qui sont en
liaison avec les marchés régionaux et mondiaux (Kelly et al, 2012). Cela reste vrai aujourd'hui dans les
régions de Mopti, Gao et Tombouctou malgré les récentes perturbations du marché et des activités
commerciales liées au conflit (FEWS NET, 2019). L'information circule très facilement aujourd'hui. Les
communications via téléphones portables facilitent la coordination et la livraison des commandes entre
acheteurs et vendeurs sur de grandes distances. Les marges commerciales sont limitées en raison des
coûts élevés de transport, de l’insécurité et du faible pouvoir d’achat de la population ; par conséquent,
les bénéfices résultent principalement du volume des transactions (INSTAT et al, 2019).
Les prix sont généralement négociés sur place entre acheteurs et vendeurs. Les grossistes des régions
de Mopti, Gao et Tombouctou fixent généralement le prix de vente avec leurs clients, mais ailleurs ils
doivent accepter les prix de leurs distributeurs. Le Gouvernement, à travers la Direction Nationale du
Commerce de la Concurrence et de la Consommation (DNCC), intervient seulement lorsque les prix
des denrées de première nécessité (riz importé, huile alimentaire, sucre, lait en poudre et viande) sont
perçus comme trop élevés. Les importateurs autorisés bénéficient souvent d'exonérations fiscales pour
une quantité spécifiée et sur une période bien définie, généralement d'un à trois mois (FEWS NET,
2019).
Les prix des céréales sur les marchés de Mopti, Tombouctou et Gao sont restés stables en moyenne sur
la période 2014-2019. Les prix les plus bas ont été enregistrés dans la région de Tombouctou. Une
grande partie des régions de Mopti, Tombouctou, et Gao est déficitaire en termes de production
céréalière. Le prix des denrées de base est fortement influencé par le volume de la production, les prix
des principaux marchés d’approvisionnement et le coût de transport (FEWS NET, 2019).
Les échanges commerciaux de produits agricoles entre le Mali et les autres pays du monde sont vitaux
pour le pays. Ils permettent au Mali de vendre les produits agricoles locaux à l’étranger et d’importer les
produits nécessaires pour assurer une meilleure sécurité alimentaire des populations maliennes. Les
quantités de produits agricoles sont passées de 79 708 tonnes au mois de janvier 2018 à 77 746 tonnes
au cours du mois de février 2018, soit une baisse de -2 pour cent (OMA, 2018).
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire 13
L’insécurité a affecté le commerce dans les quatre régions. Selon un acteur local à Mopti, « Douentza
n'est pas une zone agricole, on ne cultive en majorité que du mil donc les légumes sont importés de Mopti, de
Sikasso, de San etc. Maintenant beaucoup de gens ont même cessé de venir à la foire hebdomadaire de
Douentza car il a toujours cette insécurité. Prenons l'exemple de la commune de Mondoro. Mondoro était
approvisionnée en denrées alimentaires par le Burkina Faso. Mais comme il y a eu des attaques, et des engins
explosifs ont été posés, les Burkinabés ont délaissé totalement la commune de Mondoro. Maintenant le principal
problème dans cette commune est vraiment la malnutrition, même chez les adultes. Ils n'ont pas accès aux
denrées de base et ils ne peuvent pas cultiver non plus. Comme on le dit dans notre jargon : "Ils sont sous
embargo". Il y a plusieurs autres communes dans cette situation, où l’on risque de perdre la vie en allant
travailler aux champs. » (Agent, Développement Social, Douentza).
Accès aux denrées alimentaires
La vulnérabilité des populations aux chocs climatiques récurrents, exacerbée par les conflits et l'extrême
pauvreté, réduisent l’accessibilité des ménages à la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Au Mali, durant les cinq dernières années, les régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Ménaka ont été en
situation de stress de phase 2, au cours de la période de soudure. Selon les projections, les récoltes de
la saison agricole 2018/2019 devraient être supérieures à la moyenne, ce qui réduira probablement le
niveau global d'insécurité alimentaire dans le pays pendant la période de soudure de 2019 (FEWS NET,
2019)
Le niveau de consommation alimentaire des ménages permet d’évaluer l’accessibilité de la population à
l’alimentation. Selon les résultats de l'étude de l’ENSAN, sur toute l'étendue du territoire malien, il y a
eu une légère amélioration de la consommation alimentaire, qui est passée à 81,7 pour cent en
septembre 2019 par rapport à 79,5 pour cent en septembre 2018. En septembre 2019, plus du deux
tiers des ménages a atteint un niveau de consommation alimentaire « acceptable » (ENSAN, 2019).
De façon globale, le niveau de consommation alimentaire des pauvres a substantiellement baissé, et cela
dans toutes les régions du Mali. Seule la région de Mopti a atteint les 10 pour cent. (ENSAN, 2018). Les
dépenses de consommation sont un bon indicateur du bien-être des ménages grâce à leur stabilité, ce
qui n’est pas le cas des revenus. Plus la dépense de consommation alimentaire par personne du ménage
est élevée, plus le ménage est supposé satisfaire ses besoins vitaux (EMOP, 2018).
Les dépenses alimentaires mensuelles des ménages sont en moyenne de 80 652 FCFA. Pour les
dépenses non alimentaires, le montant moyen est de 57 142 FCFA. La proportion des dépenses allouées
à l’alimentation représente plus de la moitié des dépenses totales (soit 66 pour cent). Cette valeur est
stable par rapport à celle de septembre 2017 (67,5 pour cent). Dans l’ensemble, près du tiers des
ménages, soit 32,8 pour cent, consacrent plus de 75 pour cent de leurs dépenses à l’alimentation. En
2017, à la même période, la proportion était de 37,6 pour cent, légèrement en baisse. Le nombre
important de ménages qui consacrent plus de 75 pour cent de leurs dépenses à l’alimentation pourrait
s’expliquer par le niveau élevé des prix des céréales, notamment pendant la période de soudure.
Quatre cercles parmi les dix consacrent plus de 75 pour cent de leurs dépenses à l’alimentation à savoir
: Ansongo, Youwarou, Bandiagara et Djenné. Les ménages qui consacrent plus de 75 pour cent de leurs
dépenses à l’alimentation ont de très faibles capacités d’investissement pour le développement de leurs
activités et sont dans une situation de vulnérabilité constante.
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 14
Utilisation des denrées alimentaires
Les changements d’habitudes alimentaires résultent généralement des difficultés d’accès aux denrées
alimentaires. Les ménages sont amenés à choisir d’autres types de denrées alimentaires, plus accessibles
sur le plan financier. En 2018, environ 29 pour cent des ménages à Tombouctou, 15,5 pour cent des
ménages à Gao, 11,7 pour cent des ménages à Mopti ont changé leurs habitudes alimentaires. Les
raisons avancées pour les changements négatifs dans les habitudes alimentaires portent essentiellement
sur les difficultés d’accès aux denrées, la faible disponibilité des produits sur le marché, l’insécurité et les
catastrophes naturelles qui ont perturbé certains points d’approvisionnement. Les changements positifs
observés, bien qu’insignifiants, reposent en partie sur les envois de vivres et d’argent et les appuis
humanitaires.
La Malnutrition Infantile chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes
enceintes
L’émaciation, ou un faible poids par rapport à la taille, est une mesure de la malnutrition aiguë. Elle est la
conséquence d’une alimentation inadéquate. L’émaciation peut résulter de prises alimentaires
inadéquates ou d’un épisode récent de maladie conduisant à une perte de poids (par exemple, la
diarrhée) (CPS/SSDSPF, 2018). Au Mali, 27 pour cent des enfants de moins des de cinq ans ont un
retard de croissance ou sont atteints de malnutrition chronique (ils sont trop petits pour leur âge). 10
pour cent ont un retard de croissance sévère. L’Enquête Démographique et de Santé (EDS) Mali 2018
constate également que 19 pour cent des enfants de moins de cinq ans présentent une insuffisance
pondérale (ils sont trop maigres pour leur âge). 5 pour cent présentent une insuffisance pondérale
sévère.
Près d’un enfant de moins de cinq
ans sur dix (9 pour cent) au Mali
est émacié ou souffre de
malnutrition aiguë. 3 pour cent
sont sévèrement émaciés. La
prévalence de la malnutrition
chronique au Mali est légèrement
plus élevée chez les garçons que
chez les filles (28 pour cent contre
26 pour cent). Les enfants en
milieu rural sont deux fois plus
atteints de malnutrition chronique
qu’en milieu urbain (29 pour cent
contre 15 pour cent). (INSTAT et
al, 2019)
Dans la région de Ségou, 28,6 pour
cent des enfants de moins de 5 ans
ont un retard de croissance ou
souffrent de malnutrition
chronique, 30,4 pour cent à Mopti,
Graphique 6. Prévalence de la malnutrition chronique chez les enfants
de moins de 5 ans
Source: INSTAT et al, 2019
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire 15
29,5 pour cent la région de Tombouctou et 33,4 pour cent dans la région de Gao (INSTAT et al, 2019)
(Graphique 6).
La prévalence de la malnutrition chronique diminue de manière importante avec l’augmentation du
niveau d’instruction de la mère. Elle passe de 30 pour cent, quand la mère n’a aucun niveau d’instruction,
à 13 pour cent, quand elle a un niveau d’éducation secondaire ou supérieur. De même, du quintile de
bien-être économique le plus bas au plus élevé, la prévalence la malnutrition chronique passe de 33 pour
cent à 13 pour cent et celle de l’insuffisance pondérale de 24 pour cent à 11 pour cent (INSTAT et al,
2019).
Statut Nutritionnel des Femmes
Le tableau montre qu’une femme de 15 à 49 ans sur dix, dans la région de Gao, a un indice de masse
corporelle légèrement inférieur à la normale. Le pourcentage le plus élevé de femmes présentant une
insuffisance pondérale légère a été observé dans la région de Gao, et le plus faible a été observé dans la
région de Mopti. La région de Kayes enregistre le pourcentage le plus élevé de femmes de 15 à 49 ans
dans un état de maigreur modéré à sévère. Le plus faible pourcentage a été constaté dans la région de
Kidal. Dans cet état un peu plus d’un quart des femmes de 15 à 49 ans est obèse (INSTAT et al, 2019).
Tableau 1. Répartition des femmes de 15 à 49 ans par région en fonction du statut nutritionnel (%)
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 16
3. Facteurs liés à la Sécurité Alimentaire
Les facteurs d'insécurité alimentaire au Mali sont complexes et nombreux. Certains sont des facteurs
structurels, comme les changements climatiques, d’autres sont liés aux conflits violents qui ont
commencé dans les régions du nord en 2012 et se sont progressivement déplacés vers le centre, dans la
région de Mopti. Les risques climatiques et agricoles structurels dans les régions de Mopti, Gao et
Tombouctou varient géographiquement, mais incluent des pluies insuffisantes et des périodes sèches
prolongées (affectant la production agricole et animale), des inondations saisonnières (en particulier le
long des plaines inondables du fleuve Niger), des parasites des cultures (insectes et oiseaux granivores)
et des maladies animales (Dixon, 2010).
Facteurs socio-économiques
Démographie
Jeunesse
Au Mali, 40 pour cent de la population est comprise entre 15 et 40 ans. Le taux de chômage des jeunes
est extrêmement élevé dans les zones rurales. Il constitue une menace évidente pour la cohésion sociale
et la sécurité alimentaire dans les communautés (FAO, 2017). Cette jeunesse a intérêt essentiellement à
l’établissement d’une paix véritable et durable. Cependant, cette population en croissance se voit
confrontée à d’énormes obstacles. Beaucoup de jeunes n’ont pas accès à l’éducation, et parmi ceux qui
peuvent y accéder, beaucoup quittent le système sans avoir obtenu les compétences et les
connaissances nécessaires pour trouver un emploi qui répond aux attentes de leurs familles (FAO,
2017).
Voici quelques témoignages de jeunes sur les difficultés rencontrées : « En dehors de tout ce qu’il vient de
dire, j’ajoute cependant qu’il y a beaucoup de chômeurs chez nous ici. Les jeunes ont terminé avec les études,
mais ils n’ont pas pu trouver un emploi. Aussi, il n’y a pas beaucoup d’activités à Douentza dû à la crise. Par
exemple, il est très difficile aujourd’hui de trouver un simple photographe à Douentza. Les gens sont qualifiés
pour la réparation des motos, mais à cause de la crise ils ne trouvent plus de clients. Certains ont été obligés de
fermer leurs boutiques. D’autres sont même allés à l’aventure. » (Groupe, Jeunes, Douentza)
L’autonomie des jeunes reste précaire dans la plupart des zones ayant fait l’objet d’une enquête. En effet,
la grande majorité des jeunes ne sont pas autonomes, car ils n’exercent aucune profession, et n’ont
aucune source de revenu leur procurant une indépendance financière. La plupart d’entre eux se
considèrent comme une charge pour leurs parents. Certains se considèrent même comme des parasites,
comme en atteste ce témoignage : « Nous ne sommes pas autonomes, pour être autonome il faut pouvoir se
prendre en charge. C’est malheureux à dire mais nous sommes comme des parasites parce que, jusqu’à 37 ans,
tu vis chez les parents. Donc on est loin d’être autonome, pour être autonome il faut avoir une source de revenu.
Mais un jeune de 35 à 37 ans qui n’a rien pour se prendre en charge, c’est la maman qui le nourrit . » (Groupe,
Jeunes, Ansogo).
A cela il faut ajouter le problème récurrent d’insertion économique et d’insécurité alimentaire et
nutritionnelle des régions de Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao, en particulier dans les communes et les
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire 17
villages. Cette situation peut être une des raisons pour laquelle les jeunes gens rejoignent des groupes
armés. Ce comportement peut aussi être justifié par le soutien communautaire aux groupes armés, qui
incite les jeunes à s’engager dans la violence par sens du devoir ou un désir de se faire respecter (Mercy
Corps, 2017).
L’insertion professionnelle des jeunes pourrait contribuer à juguler la naissance et la multiplication des
crises, comme l’affirme ce passage : « Si les jeunes ont un l’emploi, l’intensité de la crise sécuritaire va
beaucoup diminuer. Sinon, quelqu’un qui n’a pas à manger acceptera facilement si une personne lui propose un
travail de 500 000 FCFA ou de 1 million par mois, même si c’est pour prendre des armes ou placer un engin
explosif quelque part. Et, c’est la situation réelle la plus fréquente » (Groupe, Jeunes, Douentza).
Les mouvements migratoires sont aussi des phénomènes courants. Ils sont liés aux moyens d’existence
(sources de revenus) ou à des stratégies d’adaptation des communautés. Ces mouvements peuvent être
habituels ou non selon les périodes, les zones et les types de population. Ce sont majoritairement les
jeunes garçons (93,8 pour cent) qui partent en migration saisonnière, tandis ce taux est de 56,2 pour
cent pour les jeunes filles. La migration saisonnière est de 80 pour cent dans la région de Gao. Les
migrations inhabituelles touchent une bonne partie des communautés de Tombouctou (66,7 pour cent).
Dans ces localités le nombre de départs est plus important que d’habitude (ENSAN, 2018).
L’exode rural est un moyen pour beaucoup de jeunes de trouver des occupations et d’investir dans des
activités génératrices de revenus. Cela est fréquent
dans les régions étudiées, notamment dans les sept
communes du cercle d’Ansongo, dans la région de
Gao. A la fin de l’hivernage, certains jeunes, pour
assurer leur subsistance pour le reste de l’année,
partent en exode. Les destinations sont les sites
d’orpaillage vers le sud du pays et aussi certains pays
limitrophes comme le Niger et la Côte d’Ivoire. Dans
certains villages l’exode rural est planifié par les chefs
de familles. Il arrive très souvent que les chefs de
familles décident qui doit partir. Plusieurs témoignages
illustrent ces propos, en voici quelques-uns :
« Plus les gens sont dans l’insécurité, moins ils seront
productifs. Moins ils seront productifs, plus cela aura une relation, un impact sur la sécurité Alimentaire. Il y a
aussi le manque de disponibilité des bras valides pour participer aux activités agricoles. A cause de l’insécurité il y
a des jeunes qui sont partis. Dans la famille, il reste très peu de gens, ils sont tous partis tous à l’orpaillage, il y a
très peu de personnes pour participer aux activités agricoles, donc la famille va souffrir et l’insécurité alimentaire
va s’installer. » (Agent, Développement Social, Bankass).
Un autre témoignage : « Il faut reconnaître qu’il y a un problème d’insertion, au niveau du village en particulier,
et de la commune en général, parce que les secteurs porteurs ne sont pas nombreux. Certes les jeunes se
débrouillent pour pouvoir s’en sortir, mais il y a vraiment des difficultés par rapport à l’insertion économique des
jeunes. La plupart des jeunes font des études et à la fin il n’y a pas d’emploi. Ceux qui n’ont pas fait d’études se
retrouvent aux champs, mais bon, les champs aussi c’est pour un temps bien déterminé. Tu viens de finir tes
études, il n’y a pas d’emploi au niveau local, tu es toujours au chômage, c’est pourquoi la plupart des jeunes
« Juste après l’hivernage tu trouveras que tout le
monde s’exile pour couvrir les besoins des autres
mois de l’année, surtout de la période de
soudure. L’exode est fréquent. Dans certains
ménages, s’il y a deux garçons, l’un part cette
année et l’autre part l’année suivante »
(Groupe, Jeunes, Ansongo).
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 18
s’exilent au Niger, en Côte d’Ivoire pour chercher de quoi à subvenir à leurs besoins. » (Groupe, Jeunes,
Ansogo). Les jeunes filles s’exilent principalement pour constituer des dots en vue de leur mariage.
Quant à l’implication des jeunes dans la gestion des ressources naturelles, les propos divergent. Une
partie des jeunes affirment qu’ils font partie des concertations dans les décisions relatives à la gestion
des ressources naturelles de leur localité, même si leurs voix ne sont pas toujours prises en compte,
comme le souligne cet extrait : « Je dirai que les jeunes font partie des concertations dans les prises de
décisions. A chaque fois qu’on lance un appel pour parler des questions relatives aux ressources naturelles, les
jeunes participent. Ils donnent leur opinion, même si souvent leurs voix ne sont pas entendues » (Groupe,
Jeunes, Douentza). Certains jeunes expliquent l’absence de prise en compte de leurs opinions par le fait
qu’ils ne sont pas représentés (ou sont sous-représentés) dans le circuit exécutif, qui est l’instance de
décision. C’est ce que stipule le passage suivant : « Si vous voyez que nos opinions ne sont toujours pas prises
en compte, c’est parce que nous ne sommes pas dans le circuit. Partout où l’on prend des décisions, si 60 pour
cent de personnes sont des jeunes, beaucoup de nos préoccupations seront prises en compte et nous serons
écoutés. » (Groupe, Jeunes, Douentza).
Les circuits exécutifs sont des instances de prise de décision à différents niveaux. Par exemple au niveau
du village, il y a le conseil de village, au niveau de la commune c’est le PDSEC, au niveau du cercle c’est le
conseil de cercle, et au niveau de la région c’est le conseil régional.
Une partie des discours confirme que le gouvernement n’a pas pris suffisamment de mesures pour
impliquer les jeunes dans la gestion des ressources naturelles, malgré leurs demandes. Certains jeunes
martèlent qu’il n’y a pas de place pour eux dans la politique de gestions des ressources naturelles,
comme en témoigne ce passage : « Chez nous, à ma connaissance, le gouvernement n’a pas pris des mesures
particulières pour impliquer les jeunes dans la gestion des ressources naturelles. Nous avons fait la demande,
mais on n’a pas eu de résultat pour l’instant. Le gouvernement n’a pas mis en place une politique de gestion des
ressources naturelles. » (Groupe, Jeunes, Douentza). Ces idées ressortent de la plupart des discussions de
groupes avec des jeunes, dans les différentes localités visitées. C’est ainsi qu’au niveau communal,
certains jeunes ne savent même pas ce qu’est un PDSEC, et à plus forte raison ne sont pas impliqués
dans leur élaboration.
Les jeunes n’ont pas accès aux institutions financières telles que les banques, les caisses d’épargnes, à
causes de l’insécurité dans la zone. Ces institutions financières craignent le risque de non
remboursement des prêts, car la création d'activités génératrices de revenus est rendue difficile par
l’insécurité, comme témoigne ce passage : « Chez nous on ne connaît pas les banques qui financent, il faut
créer des AGR (activités génératrices de revenu) pour avoir accès aux finances et cela est très difficile, les
institutions financières ne prennent pas de risque à cause de l’insécurité dans la zone » (Groupe, Jeunes, Gao).
Il ressort des entretiens que les jeunes sont souvent mal organisés, ils évoluent de manière individuelle
et cela freine leur accès à certaines opportunités sur le marché de l’emploi. Le manque de perspective
motive certains jeunes à emprunter la voie de l’exode rural. Pendant les entretiens avec les femmes de
Niono, il a été constaté qu’elles n’ont pas facilement accès au crédit, comme stipule ce passage : « c’est
seulement avec l’agriculture qu’on peut avoir de l’argent ici à Niono, aussi on ne trouve pas de crédit et on n’en
donne pas de crédit, on n’a trouvé personne pour donner des crédits et nous aussi on n’a rien » (Groupe,
Femmes, Niono). L’absence des institutions financières dans les zones de conflits peut être une
explication à ces propos des jeunes et des femmes.
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire 19
Genre
Les femmes jouent un rôle important dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la famille car elles
cuisinent pour le ménage. En outre, elles contribuent au développement de l’économie rurale par
l’agriculture maraîchère, malgré un accès limité aux terres. (FAO, 2018).
Les résultats de l’entretien mené auprès d’un agent local dans le cercle de Gourma Rharous dans la
région de Tombouctou confirment : « Bon le genre peut influencer la sécurité alimentaire de façon positive
puisque nous constatons ces dernières années que la plupart des activités maraîchères sont réalisées par les
femmes (le jardinage, la production de tomates, de salades, de pommes de terre, etc.). Ce sont des périmètres
aménagés et exploités par des femmes. La plupart des femmes mettent directement les produits sur le marché
ou les amènent à la famille pour la consommation, donc ça permet vraiment d’améliorer la situation
nutritionnelle au niveau des communautés.» (Agent, Santé, Gourma Rharous).
En cas d’insuffisance de la production au cours de l’année, les hommes sont responsables de l’achat des
compléments de vivres, même si les ressources doivent provenir de la femme. Elles peuvent cependant
se prononcer si leur avis est demandé. La contribution de la femme à la sécurité alimentaire est
rarement exigée ou revendiquée de façon ouverte ; elle est souvent imposée, soit par l’indisponibilité de
ressources du chef de ménage, soit par des ressources supérieures chez la femme ou par la présence
des enfants qui l’obligent à faire face à son rôle nourricier (FAO, 2018). Cependant, les femmes les plus
vulnérables ont un soutien limité, comme le stipule ce passage : « Il y a beaucoup de souffrances que les
femmes pauvres endurent quand les récoltes ne sont pas bonnes. Parce que beaucoup de ces femmes sont
seules, sans mari, sans terres cultivables et sans activités génératrices de revenus. Sauf si elles partent
quémander, faire la bonne (femme de ménage) ou chercher un autre moyen pour survivre. » (Groupe,
Femmes, Goundam).
Les conflits ont perturbé les activités économiques et les autres activités de subsistance (FEWS NET
2019). Les principales activités économiques des femmes ont lieu dans les foires (marchés
hebdomadaires), et l’insécurité limite le mouvement. « Si les femmes n’ont pas accès aux foires, elles ne
peuvent pas se déplacer, d’une foire à l’autre, à cause des conflits, cela pose problème et si les femmes
n’arrivent pas à amener les produits sur les marchés, cela pose problème. Généralement dans la région de
Mopti, ce sont les femmes qui font des petites activités de commerce. Rares sont les hommes qui vendent des
légumes et autres. Dans certaines localités, ça se fait, mais généralement ce sont les femmes. Et pour la
cueillette très généralement ce sont les femmes. Cela peut beaucoup influencer la sécurité alimentaire et
nutritionnelle. Si elles n’arrivent pas à circuler librement dans la localité, à travailler, à diversifier les aliments cela
peut jouer sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle. » (Agent, Direction Régionale Santé, Mopti).
Alors que les femmes assument une responsabilité majeure en matière de sécurité alimentaire, la prise
en compte du genre indique que l’implication des hommes, des femmes et des enfants dans la sécurité
alimentaire et nutritionnelle est importante pour le développement. Comme le montre ce passage :
« Tout le monde à son rôle à jouer… La société est en train de favoriser l’accès des femmes, l’accès des jeunes à
ses équipements parce qu’ils pensent que ces personnes ont un grand rôle à jouer dans la sécurité alimentaire. Si
elles ne jouent pas leur rôle ça peut avoir des influences négatives» (Agent, Développement Social, Mopti).
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 20
Moyens d’existence
Les moyens d’existence sont variés en fonction des régions (Graphique 7). Dans la région de
Tombouctou la population se livre à l’élevage nomade et au commerce avec l’Algérie, avec une petite
zone maraîchère et de culture de dattes. C’est une zone peuplée, avec des précipitations faibles, qui a
été touchée par les conflits et l'insécurité, réduisant l’accès au marché et les activités commerciales de la
région (FEWS NET, 2019).
Dans la région de Gao, en raison des faibles précipitations, le pastoralisme est le seul moyen de
subsistance viable pour la population. Les ménages sont extrêmement vulnérables aux dangers qui
menacent leurs troupeaux car les moyens de subsistance alternatifs sont limités. Lorsque le pâturage
est mauvais à cause d’une mauvaise pluviométrie, que l’accès au marché est difficile, en raison de l’état
des routes et des conflits, de nombreuses personnes cherchent d’autres opportunités de travail en dehors de la zone, en Algérie ou en Libye (FEWS NET, 2019).
Source: FEWS NET
Les principaux moyens de subsistance dans la région de Mopti dépendent de l'agriculture pluviale et de
l'élevage sédentaire. Le Plateau Dogon (cercle de Badiangara) est caractérisé par la culture du mil et des
échalotes. C’est une zone particulière en raison de son altitude élevée, qui reçoit suffisamment de pluie
pour la culture du mil. L'accès au marché est généralement bon pendant la saison sèche, mais difficile
Graphique 7. Zones de Moyens d’Existence
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire 21
pendant la saison des pluies, ce qui affecte les activités commerciales dans cette zone. En raison de
l’insécurité, les moyens de subsistance de la population dans ces régions ont été fortement affectés
(FEWS NET, 2019). L’instabilité politique, la répartition inégale des infrastructures, la dégradation de la
situation sécuritaire, engendrée par les conflits avec les groupes armés islamiques, ont occasionné des
déplacements de centaines de milliers de personnes. Cette situation a augmenté la vulnérabilité des
populations. L'insécurité a limité les mouvements des pasteurs et de leurs troupeaux. La production
agricole a été réduite, l'approvisionnement des marchés perturbé, et on a constaté une pénurie de main
d’œuvre agricole (USAID, 2018e).
L’analyse montre qu’avec le déplacement des populations, les ménages qui pratiquaient le commerce et
les travailleurs indépendants sont ceux qui s’en sortent le mieux. Les autres secteurs d’activité ont en
général régressé. Les ménages pratiquant l’agriculture sont passés de 13 pour cent à 1 pour cent, et
ceux pratiquant l’élevage de 18 pour cent à 7 pour cent du total des ménages. La grande majorité des
ménages a perdu son autonomie financière et vit désormais d’aides et de dons humanitaires (49 pour
cent), d’aides des communautés et/ou de tierces personnes (30 pour cent) (Commission Mouvement de
Populations, 2019)
Dans le tableau ci-dessus les zones de moyens d’existence, « Milieu urbain », « Sud-ouest maïs, élevage
et orpaillage » et « Nord-ouest sorgho, transfert et élevage » sont celles dont les revenus moyens des
ménages sont les plus élevés. Par contre les zones de moyen d’existence « Plateau Dogon mil et
échalote », « Nomadisme et commerce transsaharien » et « Office du Niger riz et maraîchage »
connaissent des baisses plus ou moins importantes du revenu moyen des ménages (ENSAN, 2018).
Les activités des jeunes sont : l’agriculture, l'élevage, l’agriculture maraîchère, la confection et la couture,
la photographie, la menuiserie métallique et bois, le petit commerce, la confection et vente des briques,
la réparation des motos, la maçonnerie, la vente de fourrage pour l’alimentation du bétail.
Les femmes en milieu rural consacrent 90 pour cent de leur temps aux travaux ménagers et, quand cela
est possible, au jardinage ou à d’autres activités de transformation. (FAO, 2018). Le Mali est le troisième
pays africain producteur de poisson d’eau douce. La pêche est pratiquée en général par les hommes et
les femmes s’occupent de la transformation (fumage et salaison) et de la commercialisation.
Généralement, les femmes n’ont pas le contrôle de la production familiale si le chef de ménage est un
homme. La production et la gestion des stocks relèvent des hommes. Le commerce céréalier est une
activité importante dans l’économie, mais il est moins pratiqué par les femmes, qui sont plus impliquées
dans la commercialisation des produits agroalimentaires. (FAO, 2018).
Les Services Sociaux de Base
Les services sociaux dans l’ensemble des quatre régions de l’enquête connaissent des difficultés de
plusieurs nature. Dans certains endroits comme Mopti, ils existent et fonctionnent, mais toujours de
façon très réduite. Dans la région de Tombouctou, l’insécurité et les conflits ont rendu les services
sociaux de base inaccessibles pour la majeure partie de la population. A Gao, c’est le même constat,
beaucoup d’écoles sont fermées. Celles qui sont encore ouvertes manquent d’enseignants, en particulier
de personnel qualifié. Les centres de santé manquent de matériels et de médicaments. La recrudescence
de la violence, et la présence d’individus armés non identifiés, limite beaucoup l’accès aux services de
santé. Les populations, dans de nombreux endroits, ne peuvent plus quitter leurs communautés pour se
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 22
rendre dans les structures de santé. Il est quasiment impossible de quitter un village pour aller dans un
centre de santé communautaire (premier échelon de la pyramide sanitaire au Mali) situé à moins de dix
kilomètres.
Éducation
Le tableau ci-dessous fait le point sur le niveau de fréquentation scolaire dans les différentes régions du
Mali. Les données révèlent un faible niveau de fréquentation scolaire pour le primaire et pour le
secondaire dans les régions de Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao. Pour le primaire, il est de moins de
50 pour cent et la baisse de fréquentation est plus considérable encore dans le secondaire où le taux le
plus élevé de 25 pour cent est observé à Ségou (INSTAT, 2018).
Depuis l’année 2012, l’enseignement dans les régions de Mopti, Tombouctou et Gao, a subi des arrêts
partiels, de courte à longues durée, à cause de la situation sécuritaire (Banque Mondiale, 2018).
En janvier 2018 (voir le tableau ci-dessous) les chiffres montrent que les régions de Mopti et de Ségou
ont enregistré des pourcentages élevés de fermetures d’écoles, suivi des régions du Nord Mali (Kidal,
Ménaka, Tombouctou et Gao). En octobre 2019, la région de Mopti reste toujours en tête avec plus de
30 pour cent d’écoles fermées, suivie par les régions de Ségou, Gao et Tombouctou, où ces taux ont
aussi augmenté en 2019. L’éducation des enfants dans ces zones est compromise en raison de ces
fermetures.
Outre la situation sécuritaire désastreuse, le manque de pertinence du système scolaire en relation avec
les types d'emplois disponibles pourrait expliquer l’abandon scolaire. En ce qui concerne les jeunes filles,
le mariage précoce est la principale cause d’abandon scolaire (Save the Children, 2016).
En ce qui concerne les adultes, dans la région de Mopti, 45,7 pour cent des chefs de famille sont
alphabétisés. Dans la région de Tombouctou la moitié des chefs de familles (50,4 pour cent) sont
alphabétisés, contre 30,1 pour cent dans la région de Gao.
Tableau 2. Situation des écoles en Octobre 2019
Régions Nombre total d’écoles Écoles fermées
Nombre d’écoles fermées Pourcentage
en Octobre 2019
(%)
Ansongo (Gao) 138 18 13,0
Mopti 1 905 660 34,6
Niono (Ségou) 199 17 8,4
Tombouctou 528 106 20,0
Total 2 770 801 28,9
Source : Académie d’enseignement des zones
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire 23
Santé
Selon l’enquête démographique et de santé du Mali de 2018, le taux de mortalité maternelle a été
estimé à 325 décès pour 100 000 naissances vivantes au cours de la période de 2012 à 2018 (INSTAT et
al, 2019). Les indicateurs de santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile, et de nutrition sont
des mesures valides de l’accessibilité des services de santé particulièrement dans les zones de conflit.
Les résultats de l’enquête démographique et de santé du Mali de 2018, illustrent une très faible
utilisation des services de la planification familiale par les femmes de 15 - 49 ans, vivant en couple, dans
les régions de Gao, de Tombouctou et de Mopti. L’utilisation de moyens de contraception (toutes
méthodes) dans ces régions est de loin inférieure au niveau national (Mali 17,2 pour cent ; Mopti : 9,0
pour cent ; Tombouctou : 6,0 pour cent, Gao : 3,4 pour cent). L’indice de fécondité de ces régions fait
partie des plus élevés du pays (INSTAT et al, 2019). Les décisions liées à la planification familiale sont
prises au niveau du couple et souvent d’un commun accord. Mais certains hommes rejettent la
planification et cela peut engendrer des désaccords. Selon une femme de 42 ans qui voulait avoir recours
à la planification familiale : « Si votre mari ne consent pas, c’est difficile à faire… En matière de planification
familiale, mon mari ne l’a pas accepté, et j’ai laissé tomber parce que mon mari est le chef du ménage et aussi
pour maintenir la stabilité dans ma maison. » (Harande, 2017).
Le taux de consultation prénatale auprès d’un prestataire qualifié est de 80 pour cent au niveau national,
76 pour cent à Ségou, 79 pour cent à Mopti, 66,6 pour cent Tombouctou, 58,7 pour cent à Gao. Ces
résultats dénotent les difficultés d’accès des femmes enceintes aux services de consultation prénatale,
auprès d’un prestataire qualifié, dans les régions de Tombouctou et de Gao. Plus de la moitié des
femmes enceintes dans les régions de Tombouctou et Gao ont accouché sans assistance d’une personne
ayant des qualifications médicales pendant la période de 2014 à 2018 (INSTAT et al, 2019).
Tableau 3. Couverture vaccinale, par région.
Source: INSTAT et al, 2019
La couverture la plus élevée est enregistrée dans la région de Ségou (52 pour cent). Les couvertures les
plus faibles sont enregistrées dans les régions de Kidal (INSTAT et al, 2019).
Accès aux services de santé % d’enfants de 12-23 mois ayant reçu tous les
vaccins de base avant l’enquête
Kayes 41
Koulikoro 48
Sikasso 45
Ségou 52
Mopti 37
Tombouctou 34
Gao 22
Kidal < 1
Bamako 48
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 24
Ce tableau (Tableau 4) présente la situation des
femmes, âgées de 15-49 ans, qui témoignent de la
difficulté d’accéder aux soins de santé quand elles
sont malades. Il ressort du tableau que dans les
régions de Ségou, Mopti, et Gao, plus de 40 pour
cent des femmes ont été confrontées à un
problème financier. Ce taux s’élève à 60 pour
cent dans la région de Tombouctou. Le problème
d’accessibilité géographique constitue une
barrière d’accès aux soins pour plus de 40 pour
cent des femmes dans les régions de Mopti,
Tombouctou et Gao (INSTAT et al, 2019).
En raison des contraintes financières, les chefs de
famille ont recours aux soins traditionnels pour
traiter certaines maladies, ce qui peut s’avérer
problématique lors des accouchements et pour
traiter les maladies infantiles (Monti C, 2016).
Les dispensaires et le personnel médical sont
souvent ciblés par les acteurs des conflits, cela
peut constituer une contrainte majeure pour les
opérations en zone de conflit. Plusieurs témoignages soulignent l’impact du conflit sur le système de
santé, comme le martèlent ces passages : « Je dirais que c’est très limité. En premier lieu l’accessibilité
géographique est difficile parce que Youwarou est une zone enclavée. Pour aller d’un district à un autre, ce n’est
pas facile. De plus il y a un problème d’insécurité résiduelle et de manque de personnel intervenant dans ce
domaine…» (Agent, Santé, Youwarou)
« Bon, aujourd’hui, le contexte est difficile, en fait très difficile. Le contexte dans lequel nous vivons, tout le
monde le sait, avec les contraintes sécuritaires que tout le monde connaît, notamment dans la zone de Tobiri
(nom d’un village), où vraiment les agents de santé avaient des problèmes pour venir s’approvisionner, suivre des
formations, à cause de l’embargo (des djihadistes), il y avait beaucoup de problèmes…» (Agent, Santé,
Tenekou).
Tableau 4.
santé dans
Indicateurs d’accessibilité aux services
l’ensemble des régions du Mali
de
Accès aux services
de santé
Accessibilité
financière (%)
Accessibilité
géographique
(%)
Kayes 38,6 28,8
Koulikoro 40,4 30,8
Sikasso 39,2 22
Ségou 43,9 28,9
Mopti 43,4 41,3
Tombouctou 60 49,5
Gao 48,5 41,6
Kidal 63 65,6
Bamako 33,3 17,4
Source: INSTAT et al, 2019
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire 25
Eau, hygiène, et assainissement (“EHA”)
Les déplacements de populations,
suites à des conflits armés, pèsent
lourdement sur les infrastructures
EHA, déjà insuffisantes dans les
régions de Mopti, Tombouctou et
Gao (Save The Children, 2019).
L’assainissement et l’hygiène
médiocres, ainsi que le manque
d’accès à l’eau potable, aggravent le
taux de morbidité et compliquent le
profil nutritionnel du Mali (USAID,
2018a).
Ce graphique présente la répartition,
e
Graphique 8. Pourcentage de la population utilisant un source
améliorée d’eau de boisson
Source: INSTAT et al, 2019.
en pourcentage, de la population
disposant d’une source
d’approvisionnement en eau potable,
par région et par quintile de bien-êtr
économique. Ce tableau montre que
les sources améliorées
d’approvisionnement en eau potable
sont importantes les régions de
Ségou, Tombouctou et Gao. Cependant, elles sont très faibles dans la région de Mopti avec un taux de
46 pour cent, qui est le taux le plus faible sur le plan national (INSTAT et al, 2019).
Le Mali a fait de grands progrès, au sein les pays sahéliens, pour élimination de la défécation à l'air libre,
via des approches d'assainissement répondant à la demande. Ces approches ont été largement saluées
comme étant un succès. Cependant, les progrès ont été moindres dans l'amélioration des
comportements clés en matière d'hygiène, et en particulier l’accès au lavage des mains (moins de 2 pour
cent d'accès aux services de base de lavage des mains.) (GFSS, 2018).
Le tableau 5 présente la répartition en pourcentage de la population disposant d’une d’installation
sanitaire améliorée ou non améliorée ; et le pourcentage de la population qui se lave les mains dans les
différentes régions du Mali. Il ressort du tableau que plus de la majorité des ménages dans les régions de
Ségou, Mopti, Gao et Tombouctou, ne disposent pas d’une installation sanitaire améliorée. Ce taux est
le plus faible dans la région de Tombouctou (26,4 pour cent), où le taux de défécation à l’air libre est le
plus élevé (43 pour cent).
Le lavage des mains est pratiqué par la majorité des ménages, sauf dans la région de Mopti, où il est le
moins répandu, avec un taux de 51 pour cent (INSTAT et al, 2019).
En outre, les maladies diarrhéiques sont très répandues dans les zones inondables (par exemple, le
choléra est endémique dans la zone inondée de Mopti). Ces caractéristiques clés EHA entravent
probablement d'importants progrès sur les principaux résultats en matière de nutrition, de santé et
d'économie (USAID, 2018b).
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 26
Tableau 5. Pratiques d’hygiène et Installations sanitaires
Source : INSTAT et al, 2019.
L’EDS a signalé que 34 pour cent de la population malienne avait accès à des installations
d'assainissement améliorées ou partagées et 69 pour cent utilisent l’eau potable provenant de sources
améliorées. Ce pourcentage est nettement plus élevé en milieu urbain (95 pour cent) qu’en milieu rural
(62 pour cent) (INSTAT et al, 2019).
Le GFSS (Global Food Security Strategy) continuera à promouvoir le traitement de l'eau et les bonnes
pratiques d'assainissement pour les ménages et les communautés. Des solutions durables fournies par le
secteur privé pour augmenter la demande d'investissement des ménages dans des produits et services
EHA de qualité seront explorées (USAID, 2018d).
Accès au financement
Dans les régions de Mopti, Tombouctou et Gao, l’octroi des crédits ne cible pas typiquement les
activités agricoles. Les crédits sont généralement accordés aux commerçants, avec un taux d’accès
global de 67 pour cent. Cette accessibilité varie selon les régions, avec une répartition inégale entre
hommes et femmes. Les populations de Gao ont davantage accès aux crédits que celles des autres
régions. Dans la région de Mopti, seulement 40 pour cent des femmes y ont accès. Dans ces régions, la
majorité de la population ne fréquente pas les banques, ni les institutions de micro-finance qui restent
réservées à la tranche de la population la plus aisée. Les pauvres rencontrent des difficultés pour
accéder aux services financiers. En voici un témoignage : « Nous avons deux caisses d’épargne. Pour que ces
deux caisses t’accordent un crédit, il te faut donner (présenter) des garanties et les gens n’ont pas de garantie à
donner (à présenter) et ça c’est un problème. Les gens qui n’ont pas de quoi manger, comment ils vont donner
Régions
Hygiène Assainissement
Défécations à l'air
libre
Installations sanitaires
améliorées
Installations sanitaires
non améliorées Lavage des mains
Kayes 5,3 69,5 25,1 68,7
Koulikoro 7,9 50,3 41,8 62,8
Sikasso 2,7 44,7 52,6 83,2
Ségou 4,3 48,9 46,7 75,5
Mopti 24,2 42,2 33,6 51
Tombouctou 43,8 26,4 29,7 94,5
Gao 23 44,9 32,1 72,1
Kidal 61,2 30,1 8,6 77,5
Bamako 0 90,6 9,3 63,6
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire 27
des garanties ? Du coup ils n’ont pas accès à ces crédits. Sauf si c’est familial, si tu as du bétail que tu le vends
pour faire tes activités. » (Agent, OMA, Diré).
Les services financiers sont peu accessibles, particulièrement à Tombouctou et Gao. Les distances
moyennes entre les marchés et les banques sont de 11 kilomètres à Mopti, 57 kilomètres à Tombouctou
et de 80 kilomètres à Gao. La distance moyenne pour accéder aux institutions de micro-finances est en
moyenne de 11 kilomètres à Mopti, 27 kilomètres à Tombouctou et de 75 kilomètres à Gao (OMA,
2017).
Les résultats de l’analyse qualitative révèlent que l’accès des femmes aux finances passe par les banques,
les caisses d’épargne, et les tontines. Les tontines sont mises en place par les groupements et
associations de femmes au niveau des villages. La participation à ces groupements est essentielle pour
accéder au financement, comme le souligne un agent du service de développement social du cercle de
Koro, dans la région de Mopti : « Toute personne qui n’est pas dans une société coopérative n’a pas accès à
ça (aux crédits).» (Agent, Développement Social, Koro).
L’accès des femmes aux crédits favorise leur autonomie, crée des emplois et constitue un facteur majeur
de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Ce passage en atteste : « Les avantages (de l’accès des
groupements de femmes aux crédits) ! Les avantages, il y en a beaucoup. Parmi eux on peut citer,
l’autonomisation des acteurs. Le groupement qui bénéficie d’un crédit, d’un financement peut facilement
développer son activité. Donc cela crée des emplois et aussi il y a beaucoup de gens qui peuvent facilement se
prendre en charge à travers cette activité. » (Agent, Développement Social, Tombouctou).
Pour les téléphones cellulaires, les distances entre le marché et les services offerts par ces derniers sont
de zéro (0) kilomètres à Mopti, moins d’un kilomètres à Gao et de 5 kilomètres à Tombouctou. Les
téléphones sont un vecteur important d'inclusion financière (OMA, 2017).
Une grande partie de la population possède ou a accès à la téléphonie mobile. C'est dans les capitales
régionales que l'on connaît le mieux son utilisation pour les transactions financières. Les systèmes de
transfert d'argent tels que Money Gram et Western Union sont couramment utilisés par les ménages
dans les régions de Mopti, Tombouctou et Gao (FEWS NET, 2019).
L’absence d’institutions financières dans les zones de conflit fragilise également les commerçants de
bétail, qui n’ont plus d’autres moyens pour mettre leur argent en sécurité. De même les acheteurs se
trouvent dans l’impossibilité d’accéder à leurs fonds. A ces problèmes s’ajoute le rôle des rebelles, dans
la réglementation des taxes sur les marchandises, qui perturbent aussi le fonctionnement du marché.
Protection sociale
En réponse à la crise alimentaire les organisations internationales et humanitaires, notamment l’USAID,
le PAM, l’UNICEF, Christian Aid et Action Contre la Faim, se concentrent sur les distributions
alimentaires gratuites par l’intermédiaire du Stock National de Sécurité et des Banques de Céréales
(USAID, 2018b).
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 28
Grâce au Plan de Réponse Nationale, le gouvernement fournit une aide d’urgence dans les zones qui
font objet d’insécurité alimentaire. Ces activités sont coordonnées par le conseil national de la sécurité
alimentaire. Les ONG internationales soutiennent les efforts d’intervention du gouvernement dans les
régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Ménaka. L’expansion du programme national de protection
sociale dans le centre et le nord est en retard, notamment à cause de l’insécurité, du manque de soutien
des services techniques et du financement limité des
donateurs (FEWS NET, 2019).
Le Gouvernement du Mali et ses partenaires
interviennent en appui des populations vulnérables en
organisant des distributions gratuites de vivres et de
produits de première nécessité. « Les efforts du
gouvernement en termes d’assistance et de protection
sociale, portent généralement sur la distribution de
produits alimentaires, notamment l’huile, le riz, le sucre et
le lait aux populations qui en ont besoin… » (Agent,
Développement Social, Douentza).
Des espaces d’apprentissages et de jeu ont été créés
pour offrir des services intégrés de soutien
psychologique, social et scolaire aux enfants déplacés
(UN OCHA, 2019).
« Le Régime d'Assistance Médicale (RAMED) est le seul mécanisme de protection sociale dont dispose l'état,
dans la localité de Douentza pour l’assistance aux plus vulnérables. L’accès aux services de santé commence à
devenir facile grâce au système d’assurance maladie Obligatoire (AMO) dont les services ne couvrent pas
actuellement toutes les zones. Pour l’accès à l’eau, le gouvernement s’est engagé à étendre les réseaux de
distribution d’eau potable de la SOMAGEP, afin de rendre l’eau potable accessible à tous. » (Agent,
Développement Social, Douentza). Il faut rappeler que le Régime d’Assistance Médicale (RAMED) est
une réforme du Gouvernement de la République du Mali, instituée par la loi N°09-030 du 27 juillet 2009,
qui assure la prise en charge médicale des personnes dépourvues de ressources, appelées « indigentes »
et celles qui nécessitent une assistance sociale.
D’autres acteurs, à travers des programmes de paiement conditionnel, soutiennent des activités de
protection sociale. Ils financent des projets d’infrastructures rurales et des activités de renforcement de
la résilience au niveau communautaire, dans les régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Ménaka. Il s’agit
entre autres d’activités de construction ou de maintenance et d'irrigation des parcelles destinées au
jardinage. En fonction de la tâche effectuée le rendement journalier pour ces travaux varie
géographiquement entre 1 500 et 3 000 FCFA. Ces activités ne suffisent pas à diminuer les migrations
saisonnières ou à long terme, en particulier chez les jeunes. Des activités complémentaires pourraient
être envisagées pour aider les bénéficiaires à investir leurs revenus et créer une petite entreprise.
(FEWS NET, 2019)
Accès à l’aide humanitaire
« Les personnes vulnérables sont majoritairement
les déplacés qui ont quitté leur localité d’origine à
cause de la guerre. Ces personnes ont besoin d'une
assistance psychologique et sociale, car la plupart
ont assisté aux meurtres de leurs proches. Il est vrai
qu’elles sont parvenues à s'échapper mais elles sont
toujours victimes de chocs post traumatiques. De ce
fait, nous recommandons aux autorités une
assistance particulière pour ces personnes
déplacées qui n’ont pas seulement besoin de
vivres… » (Agent, Développement Social,
Douentza).
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire 29
Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDIs) est passé de 171 437 personnes à
187 139 en septembre 2019, soit une augmentation de 15 702 individus. Cette augmentation est due à la
violence dans les régions de Mopti, Ségou, Tombouctou, Gao et dans la bande frontalière entre le Mali
et le Burkina Faso (Protection Cluster Mali, 2019)
Graphique 9 met en évidence l’évolution du nombre de déplacés internes sur la période 2012 – 2019.
Un pic a été observé au mois de juin 2013 avec un déplacement interne de plus de 350 000 personnes,
qui a été suivi d’une diminution progressive du nombre de déplacés jusqu’en janvier 2018. Depuis cette
date, nous remarquons une recrudescence du nombre de déplacement, d’environ 200 000, en
septembre 2019.
L'utilisation de bons d’achat dans le centre et le nord du Mali a gagné en popularité dans les zones
d’intervention. Les bénéficiaires échangent leur bon d’achat contre des produits comme des céréales,
des légumineuses, de l’huile alimentaire, du sucre, des pâtes. Les avantages de ce mécanisme incluent un
choix plus flexible pour les bénéficiaires et un paiement plus rapide des fournisseurs (FEWS NET, 2019)
Depuis 2015 de nombreux acteurs
préfèrent utiliser des bons d’achat
que de l’argent liquide, compte tenu
de la détérioration de la situation
sécuritaire dans les régions du nord
et du centre. Néanmoins, les
liquidités représentent environ 74
pour cent des transactions, 25 pour
cent des transactions étant réalisées
en bons d’achat (OCHA, 2019).
L’accessibilité des cercles des
régions de Mopti, Tombouctou et
Gao pour les besoins humanitaires
est difficile, car il faut assurer la
sécurité du personnel humanitaire
(OCHA, 2019).
Conflit et insécurité
Le coup d'état institutionnel de 2012 a eu comme conséquence la détérioration de la situation
sécuritaire et l'augmentation du nombre de conflits violents dans les régions de Mopti, Tombouctou et
Gao (OCHA, 2019). Depuis les régions du nord du Mali (région de Tombouctou, Gao), l’insécurité s'est
propagée dans la région du centre du Mali (Mopti) et dans certains cercles de la région de Ségou
(Niono). Cette détérioration a créé une situation humanitaire instable, qui a réduit la libre circulation
des personnes et des biens. Elle a eu comme conséquences la perturbation des moyens de subsistance,
de l'accès aux services de base et des déplacements des personnes. Le conflit a également entraîné le
retrait des organisations non gouvernementales internationales (ONG) des zones touchées vers des
zones plus sûres, comme Bamako. Dans certains cas, ces ONG se sont retirées totalement du Mali
(Mwangi, 2014).
0
50,000
100,000
150,000
200,000
250,000
300,000
350,000
400,000
sept-
12
oct
-12
dec-
2012
mar
s-13
juin
-13
sept-
13
janv-
14
mar
s-14
aout-
14
oct
-14
dec-
14
avr-
15
mai
-15
juil-
15
sept-
15
janv-
16
mar
s-16
avr-
16
juil-
16
dec-
16
janv-
17
dec-
17
janv-
18
dec-
18
janv-
19
fev-
19
mar
s-19
avr-
19
juin
-19
sept-
19
Graphique 9. Evolution du nombre de PDI 2012 à 2019
Source: FEWS NET, 2019
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 30
Les conflits opposaient traditionnellement les éleveurs et les agriculteurs. Ils ont pris une nouvelle
dimension ; ils affectent les vies humaines et perturbent les activités économiques et de subsistance
(FEWS NET, 2019). Si la situation sécuritaire s’est améliorée dans certaines zones depuis 2016, elle
continue de se dégrader à d’autres endroits, à cause de la présence de nouveaux groupes armés. Ceci
affecte la contribution des femmes aux activités agricole. Il faut se poser la question de solutions
acceptables pour que les femmes puissent contribuer aux activités agricoles. En effet elles représentent
entre 3,1 et 8,9 pour cent des exploitants agricoles dans les régions d’intérêt (FAO et CEDEAO, 2018).
Le prix du bétail a chuté car les marchés sont submergés d’animaux volés. De plus, les éleveurs se voient
obligés de vendre leurs animaux à bas prix, car ils craignent le pillage et les maladies. En conséquence, le
prix du bétail a regagné du terrain, du fait d’un arrêt de l’approvisionnement des marchés lié à
l’insécurité (Mwangi, 2014). Les conflits et l’insécurité dans le delta intérieur du Niger, le Grand Nord et
la région frontalière Liptako-Gourma, entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ont eu des effets
catastrophiques sur les mouvements habituels des troupeaux. (FEWS NET, 2019)
Les éleveurs sont plus exposés aux risques du conflit que les autres agriculteurs car les pâturages sont
occupés par les rebelles. La surpopulation sur les pâturages a également entraîné une augmentation de la
mortalité des animaux et une réduction du bétail en vente sur le marché.
La détérioration de la situation sécuritaire et les affrontements intercommunautaires violents dans la
région de Mopti, entre mi-février et avril 2018, ont forcé environ 3 000 personnes à quitter le pays et
1 500 personnes supplémentaires ont été déplacées à l'intérieur du pays (UNHCR, 2018).
Selon, l’UNHCR (Agence des Nations Unies pour les réfugiés), le nombre de déplacés internes (PDIs) au
Mali est estimé à 187 139 et à près 138 000 réfugiés maliens se trouvent au Burkina Faso, en Mauritanie
et au Niger, en raison du conflit (USAID, 2018c). La situation sécuritaire rend indispensable une révision
des modalités d’assistance dans les zones d’intervention, en l’occurrence la mise en place de
programmes qui prennent en compte le contexte conflictuel (FEWS NET, 2019).
Facteurs environnementaux - Climat
La situation géographique, socio-économique et une économie sensible aux changements climatiques
font du Mali un des pays les plus vulnérables aux effets néfastes de ce changement. Les trois quarts du
pays se trouvent dans la zone saharienne aride et sahélienne semi-aride.
Selon Notre Dame-Global Adaptation Initiative (Chen et al, 2015), la vulnérabilité se mesure en fonction
de l'exposition, de la sensibilité et de la capacité d'un pays à s'adapter à l'impact négatif du changement
climatique. La vulnérabilité globale se mesure en prenant en compte la vulnérabilité dans six secteurs
vitaux : nourriture, eau, santé, services écosystémiques, habitat humain et infrastructures. Le Mali est
classé parmi les pays les plus vulnérables.
La liaison entre la région de Mopti et les régions de de Gao et Tombouctou est assurée par les réseaux
routiers et fluviaux. L’approvisionnement des marchés a aussi été perturbé par les mauvaises conditions
des routes. Le temps de voyage entre les centres urbains des régions de Mopti, Tombouctou et Gao
prend plusieurs jours (voire une semaine) à cause de l'effet combiné du mauvais état des routes, des
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire 31
check points, des restrictions imposées à la circulation des populations à certains moments de la
journée, et de l'escorte sécuritaire (FEWS NET, 2019).
L’évolution du climat au Mali est le suivant :
De 1950 à 1980, un déclin rapide des précipitations a été observé avec une amélioration partielle à
partir de 1990 ;
Une augmentation de la température annuelle moyenne de 0,7° C depuis 1960 ;
De l’année 2000 à 2009, des précipitations inférieures à la moyenne ont été observées (-12 pour
cent par rapport à la moyenne de 1920-1969) ;
Une augmentation de la fréquence des nuits chaudes et une diminution des nuits froides en toutes
saisons, sauf pendant les mois de décembre à février ;
Une augmentation de la fréquence de l’harmattan1 dans le centre et le nord. (FEWS NET, 2019)
Au Mali, on prévoit les changements climatiques suivants, d’ici 2060 :
Une augmentation de la température de 1,2 ° Celsius à 3,6 ° Celsius avec des augmentations plus
importantes dans le sud-ouest (Kayes) et les régions de Mopti et Gao ;
Une augmentation de la durée des vagues de chaleur et une réduction de la durée des vagues de
froid.
Des changements divers de précipitations avec une tendance à l’augmentation des épisodes de fortes
précipitations dans le sud et à la diminution des précipitations dans le nord.
Une désertification accélérée dans le nord et des événements météorologiques extrêmes plus
fréquents (inondations et sécheresses) dans le sud (USAID, 2018e).
Les secteurs clés de la sécurité alimentaire les plus vulnérables risquent d’être les plus affectés par les
effets néfastes du changement climatique. Parmi ces secteurs, on trouve l’agriculture, les secteurs de
l’eau, de la santé humaine et les écosystèmes.
Le changement climatique risque d'entraîner une augmentation de l’évapotranspiration et une réduction
des quantités d’eau disponibles pour l’agriculture, une perte ou un déplacement des zones agricoles et
une réduction de la végétation, affectant les pâturages et la production de fourrage. Il existe également
un risque d’impact sur la variété et l'occurrence des parasites, et sur les maladies affectant le bétail. Le
retard de croissance et la malnutrition chez les enfants pourraient augmenter en raison de l'insécurité
alimentaire accrue.
1 Vent très sec qui souffle de l'est ou du nord-est sur le Sahara et l'Afrique occidentale
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 32
Dans le domaine des ressources en eau, le changement climatique risque d'entraîner une augmentation
des zones inondées ou une diminution du niveau d’eau des affluents du fleuve Niger, et pourrait
engendrer des conflits (USAID, 2018e).
Après analyse des résultats de l’enquête qualitative, l’effet de la variation saisonnière aura une incidence
sur :
La production agricole, avec une tendance à la baisse. « C’est une baisse de la production agricole d’où
une faible disponibilité des productions alimentaires dans les villages…» (Agent, PRESA, Mopti).
En cas de variation saisonnière, « l’impact se fera sentir sur la maîtrise de l’eau, car tantôt il y aura des
sécheresses et tantôt des inondations… » (Agent, SAP, Youwarou).
Dans l’entretien mené auprès du représentant du commissariat à la sécurité alimentaire dans la région
de Mopti, la baisse de la production agricole apparait comme le principal effet de la variation saisonnière
sur la vulnérabilité dans la région de Tombouctou, « l’effet de la variation saisonnière sur la vulnérabilité à
l’insécurité alimentaire impactera sur la disponibilité alimentaire. » (Agent, SAP, Niafunké).
Accès à la terre et aux autres ressources naturelles
Gestion de la terre
L’analyse des données de l’enquête qualitative, montre que les communautés sur leurs territoires, ont
toujours géré et préservé leur environnement naturel, en dépit des cadres juridiques et des institutions
modernes. Les différents espaces géographiques et culturels des zones faisant l’objet d’une enquête sont
riches des savoirs et savoir-faire séculaires en matière de gestion des ressources naturelles. Ces savoirs
permettent une bonne coordination entre les communautés pour réguler l’utilisation des ressources
naturelles. Ils permettent également aux communautés de prévenir et, dans le pire des cas, de gérer les
conflits liés à l’exploitation de ces ressources. En voici une illustration :
« Dans notre localité chacun connaît le propriétaire de chaque parcelle. Si vous n’avez pas de parcelle à cultiver,
vous allez voir le propriétaire terrien, qui pourra éventuellement vous en céder une partie. En contrepartie, dans
notre culture, après la récolte on se doit d’amener au propriétaire un sac provenant de la récolte, en guise de
remerciement. Si le terrain cédé devient insuffisant, le propriétaire terrien peut en augmenter la superficie.
Personne ne peut dire qu’un tel n’a pas le droit de cultiver la terre. Ici, chez nous, à Douentza, nous n’avons pas
appris cela de nos ancêtres. Si vous êtes dans le besoin, toute personne ayant une abondance de terre sera prête
à vous en donner pour que vous puissiez avoir de quoi vivre. Dans les champs, la délimitation est claire, ici c’est
pour un tel et à partir de là c’est pour tel autre. Si vous posez les bonnes questions et faites la demande, vous y
aurez accès. L’interdiction de cultiver la terre ne survient que si le demandeur se comporte mal avec le
propriétaire. Là on lui retire la parcelle, purement et simplement » (Groupe, Conseil de Village, Douentza).
Ce témoignage des jeunes va dans le même sens : « Ici, il y a des gens qui vendent leur parcelle aux
personnes qui ont de l’argent. Mais si vous n’avez pas d’argent et que vous avez besoin d’un champ pour le
cultiver, vous en faites la demande aux propriétaires terriens. Cela se fait auprès du chef de village. Il vous dit
quelles sont les conditions traditionnelles pour exploiter le champ. Souvent quelques noix de colas suffisent. »
(Groupe, Jeunes, Douentza).
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire 33
Ces passages montrent que les collectivités locales ont un rôle important et particulier à jouer dans le
processus de développement local, ainsi que dans la protection et la gestion des ressources naturelles.
La décentralisation a favorisé l’implication et la responsabilisation des communautés au niveau local en
leur offrant des outils institutionnels qu’on supposait adaptés aux formes d’organisation des sociétés
maliennes.
Traditionnellement, les femmes dans la plupart des ethnies au Mali n’ont qu’un accès indirect à la terre.
L’accès à la terre, notamment en milieu rural, se fait en se prévalant surtout des règles coutumières
plutôt que du droit positif. Elles bénéficient en général de lopins de terre acquis par l’intermédiaire d’un
tiers (en général un homme : mari, chef de lignage, autre parent avec l’accord du conjoint…) pour leur
production. Mais elles n’ont aucun contrôle sur la ressource. La discrimination envers les femmes en
matière de gestion foncière est liée à des pesanteurs socioculturelles car dans la plupart des
communautés, la femme ne peut pas hériter de la terre (FAO-Mali, 2018). Cela est illustré dans ce
passage : « Généralement les femmes n’ont pas accès à la terre. Pourquoi ? Parce que quand un chef de famille
décède, généralement les femmes on ne les inclue pas dans l’héritage par rapport à la terre. Mais cette manière
de faire commence à changer. » (Agent, Développement Social, Gourma-Rharous).
Ces pratiques sont antérieures aux dispositions modernes sur la gestion des ressources naturelles,
même si elles n’ont pas une valeur juridique. L’histoire du cadre juridique et institutionnel lié à la gestion
des ressources naturelles au Mali renvoie au débat plus global sur la coexistence entre droit positif
moderne et règles et pratiques traditionnelles. Avant la période coloniale, l’organisation politique et
économique des communautés ou de l’empire du Mali, révèlent des modes de régulation plus ou moins
élaborés, traduisant un sentiment incontestable d’appartenance sociale et culturelle. L’installation et la
consolidation d’un nouvel ordre politique et social radicalement différent a conduit les colonisateurs puis
les régimes issus de l’indépendance à ignorer, voire à détruire l’héritage des valeurs et pratiques
culturelles séculaires.
Après l’indépendance, l’État, présenté comme omniscient, est intervenu dans toutes les secteurs de la
vie économique et sociale, garantissant le développement accéléré de la société. Après des décennies et
face à la fragilité des institutions publiques, et des crises économiques, ce modèle post indépendance de
la gestion des ressources naturelles a été appelé à plus de modestie vis-à-vis des valeurs et pratiques
culturelles séculaires. Ainsi le redimensionnement des missions de l’État et la prise en compte des
intérêts des acteurs sociaux sont amorcés dans les réformes juridiques et institutionnelles. A cet égard,
l’adoption du nouveau Code domanial et foncier de 1986 a été décisive. Depuis cette date, le législateur
malien reconnaît les droits et pratiques coutumiers et recherche la compatibilité entre us et coutumes
et droit positif dans le domaine de la gestion foncière. Au regard des insuffisances et des lacunes de la
gestion actuelle, le ministère en charge des Domaines et des Affaires foncières a initié un projet de
réforme : la réforme domaniale et foncière au Mali, dont le cadre institutionnel a été créé par le décret
n°2016-0177/PM-RM du 25 mars 2016. Les divers textes législatifs et réglementaires encadrant les
aménagements, la mise en place des plans d’occupation et d’affectation des terres (Ordonnance
n°2012-001 du 10 janvier 2012 portant Code Domanial et Foncier modifié et ratifiée par la loi
Ordonnance n°2016-025/ du 14 juin 2016), stipule qu’aucun droit foncier coutumier, non révélé au
cours d’une procédure d’immatriculation faite selon les règles, n’est opposable au titre foncier.
Au Mali, il existe une Association des Municipalités (AMM) et une Association des Collectivités Cercles
et Régions. L’AMM est organisée par cercle. Les liens avec les collectivités territoriales se traduisent par
Sécurité Alimentaire au Mali : Étude Documentaire| Décembre 2019 34
des programmes de soutien et de d’assistance technique. Le dispositif d’assistance technique est la
Cellule de Coordination Nationale (CCN) et le dispositif d’assistance financière est l’Agence Nationale
d’Investissement des Collectivités Territoriales. Le dispositif technique soutient les collectivités dans
l’élaboration du PDSEC. Le Plan de Développement Social Économique et Culturel, PDSEC, est un
document de planification des activités au niveau des collectivités. Le plus souvent quinquennal, il
présente les besoins prioritaires des populations. Il englobe tous les domaines à savoir : la santé,
l’éducation, la culture, la gestion administrative, l’hydraulique (Institut Malien de Recherche Action pour
la Paix), (IMRAP, 2015 ; PDSEC, 2016).
Pour donner plus de consistance aux mécanismes traditionnels, plusieurs partenaires (État, projets,
programmes de développement, etc.) se sont intéressés à leur valorisation et à la recherche des voies et
moyens pour la reconnaissance de leur portée juridique comme normes de régulation et de gestion des
conflits liés aux ressources naturelles. C’est ainsi qu’il existe des stratégies au niveau des collectivités
ainsi qu’au niveau des villages. Souvent les maires consultent les conseils de village pour inscrire ces
mécanismes traditionnels dans le PDSEC (USAID, 2010).
Implication des pauvres et des femmes dans la prise de décision et l'utilisation des
ressources naturelles
L'insécurité des droits fonciers et l'accès inéquitable à la terre et aux ressources naturelles définissent la
situation conflictuelle du régime foncier au Mali. Les pratiques coutumières en matière d'héritage foncier
ne peuvent continuer à doter les générations suivantes de terres de taille adéquate, même à des fins de
subsistance. En conséquence, les pauvres en milieu rural sont forcés d’exercer d’autres métiers, ou sont
obligés d’émigrer vers des terres traditionnellement possédées ou contrôlées par d’autres. Les deux cas
de figure ont un effet négatif sur la sécurité du régime foncier (ENSAN, 2018).
Comme indiqué ci-dessus, le transfert des terres se fait par la lignée masculine, du père au fils marié le
plus âgé. Les femmes ne peuvent avoir accès à la terre qu’avec l'autorisation de leur mari. La terre n'est
pas transférée aux femmes mariées (Boubacar et al. 2017). En conséquence, les femmes « disposent de
très peu de terre pour leurs besoins agricoles. Même si elles veulent développer de véritables actions de
développement agricole, l’accès à la terre pose problème et à beaucoup de niveaux. » (Agent, Développement
Social, Bankass).
Les migrants de retour2 n’ont pratiquement aucun accès à la propriété foncière (autre que l’attribution
officielle de titres de propriété par l’achat de terres). Ceux-ci comprennent des métayers, des
travailleurs saisonniers, des jeunes déshérités, des éleveurs devenus agriculteurs sédentaires et des
populations déplacées, qui n'ont souvent pas été indemnisées. Pour les éleveurs, la situation est
particulièrement précaire en ce qui concerne l'accès à la terre, aux ressources naturelles et à leur
utilisation (USAID, 2010).
2 Selon les Nations Unies, ce terme désigne « toute personne qui a résidé dans un pays étranger pendant
plus d’une année, quelles que soient les causes, volontaires ou involontaires, du mouvement, et quels
que soient les moyens, réguliers ou irréguliers, utilisés pour migrer »