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TOUT est à nous !hebdomadaire du Nouveau Parti
anticapitalisteRédaction : 01 48 70 42 27Diffusion : 01 48 70 42
31Administration : 01 48 70 42 282, rue Richard-Lenoir, 93100
MontreuilMail : [email protected]éro ISSN:
1969-8178Commission paritaire : 0414 P 11508Tirage : 9 000
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de communication (NSPAC)SARL au capital de 3 500 euros (durée 60
ans)Gérant et directeur de publication :François Coustal Impression
:Rotographie, Montreuil-sous-BoisTél. : 01 48 70 42 22Fax : 01 48
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Toute la presse (pas nécessairement de gauche d’ailleurs) s’est
faite l’écho de la gabegie et du coût exorbitant de la visite de
Nicolas Sarkozy à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif
(Val-de-Marne), qui venait fêter la 2 500e greffe de foie réalisée
dans l’établissement. Il faut ajouter à cela la paralysie de
l’hôpital, l’interdiction de rendre visite aux malades jusqu’à 15
heures et le report de consultations prévues ce jour de visite du
monarque pour des « raisons de sécurité ». Un comble au moment où
l’on demande aux personnels d’en faire toujours plus.Histoire de
bien marquer le coup, un service de sécurité était sur place dès
les jours précédents, imposant à des anciens de se déplacer à
pied.
À l’appel de la CGT et de SUD, 300 manifestants se sont
retrouvés le 18 septembre devant l’hôpital pour protester contre la
provocation, avec des militants du PCF 94, du PS et du NPA (celles
et ceux du secteur santé, des comités de Villejuif et Vitry). Ils
ont pu constater qu’à la facture déjà salée, on pouvait ajouter le
coût de la mobilisation de dizaines de gendarmes mobiles et de
leurs véhicules. Afin ne pas troubler le cliquetis des flûtes de
champagne, la sonorisation du rassemblement a même été interdite,
la camionnette de l’union départementale de la CGT 94 ayant été
bloquée par les autorités à distance respectable de l’hôpital !
Sarkozy à Villejuif : GABEGIE ET MÉGALOMANIE
RAFLE À CALAIS. Besson organise une véritable rafle contre les
« jungles » de Calais. Plus de 1 200 personnes y vivaient
dans des conditions déplorables. Depuis les annonces médiatiques du
gouvernement, il en reste environ 500, les autres s’étant réfugiés
en Belgique, en Normandie, à Paris. Aujourd’hui Besson et Natacha
Bouchart (maire UMP de Calais) nous rejouent la rengaine
sécuritaire et raciste avec des prétextes comme les passeurs, la
gale ou des agressions sur les Calaisiennes. La police en profite
pour agresser et humilier : gazage du point d’eau et des affaires
personnelles. Les Calaisiens n’ont pas peur des migrants et
beaucoup les aident malgré les intimidations policières et
judiciaires. Mardi 22 septembre au matin, plusieurs centaines
de personnes, une quinzaine d’associations et organisations, dont
le NPA, se sont regroupés face à l’arsenal militaro-policier. Le
combat va continuer.
DÉGRAISSAGE CHEZ ALCATEL. Depuis l’annonce du plan social, le 23
juillet dernier, prévoyant 850 suppressions de postes en France et
201 à Lannion (Côtes-d’Armor), la mobilisation des salariés
d’Alcatel-Lucent ne fléchit pas. Mercredi 16 septembre, 500
salariés défilent jusqu’au site de France-Télécom où ils avaient
appris, fin août, le suicide de l’un de leurs collègues. Ils
gardent le site bloqué toute la nuit. Jeudi 17 septembre, jour de
marché, les salariés organisent une opération escargot, puis dans
l’après-midi, armés de pelles et de pioches, ils déterrent le câble
Appolo, posé par Alcatel en 2002 et long de 12 300 km, qui relie
les États–Unis à l’Europe. Ce tuyau en fibre optique transmet des
données entre les deux continents. Depuis plus de dix ans, de
nombreuses entreprises ont disparu à Lannion comme la Sagem,
Thomson, Siemens.
GRÈVE DU LAIT. 20 à 70 % des producteurs de lait, selon les
régions, poursuivent la grève du lait entamée le 10 septembre
dernier pour dénoncer un prix synonyme de précarité pour la
majorité. Cette grève est soutenue par l’Association des
producteurs de lait indépendants et la Coordination rurale. Ces
mouvements montrent la défiance des paysans envers le suivisme de
la FNSEA, qui n’en voulait pas. L’accord sur une vague maîtrise des
marchés, porté par le ministre de l’Agriculture Bruno Lemaire, ne
fera pas illusion longtemps dans une Europe minée par « la
concurrence libre et non faussée » et obsédée par la dérégulation
et le productivisme. La Confédération paysanne appelle d’ailleurs
ses producteurs à organiser des distributions de lait gratuites
pour dénoncer cette situation de détresse « analogue à celle que
vivent les ouvriers et les employés dans les entreprises qui
ferment et à la dégradation continue des conditions de vie des
travailleurs de ce pays ».
HADOPI 2. La Commission mixte paritaire a adopté sans
modification la loi Hadopi 2 votée par les députés, le 15
septembre. Mais le Conseil constitutionnel va encore être saisi.
Les cinq nouveaux articles répressifs pourraient avoir le même
destin – la censure du Conseil constitutionnel – que ceux d’Hadopi
1. La riposte graduée (repérage des téléchargements illégaux puis
lettre et recommandé), les sanctions prononcées par un juge unique
dans le cadre de procédures accélérées (sans débat contradictoire),
la sanction pour négligence et la double peine (qui oblige
l’internaute à payer le fournisseur d’accès sans pouvoir se
réabonner chez un autre) font partie de ces mesures répressives. La
résistance existe, des solutions alternatives pour financer la
création aussi. Nos auteurs méritent mieux que cette loi Hadopi qui
brise nos libertés.
POSTE EN GRÈVE. Depuis le 7 septembre, les employés de la poste
à Château-Rouge (Paris 18e) sont en grève contre la suppression de
quatre postes. Ils avaient déjà subi des supressions lors du
déménagement du bureau au nom d’une opération de la direction au
titre cynique de « Bienvenue à La Poste ». À Paris, 140 emplois ont
disparu en six mois et 7 500 au niveau national avec comme
conséquences une dégradation des conditions de travail et d’accueil
pour les usagers. Un rassemblement unitaire de soutien s’est tenu
le 18 septembre devant le bureau de poste avec Olivier Besancenot
pour le NPA, des élus PCF, Parti de gauche, Verts ainsi qu’une
représentante du Parti socialiste. Un exemple à suivre pour
soutenir les mobilisations sociales et notamment la grève à la
poste, à partir du 21 à Paris et le 22 dans toute la France, avant
la votation citoyenne contre la privatisation le 3 octobre.
Je remercie les CRS d’avoir agi avec délicatesse. »
Eric BEsson, ministrE dE l’immigration, lE 22 sEptEmBrE, à
propos dE démantèlEmEnt
du camp dE calais.
Villejuif, 17 septembre. Rassemblement contre la visite de
Sarkozy à l’hôpital Paul-Brousse. (dr)
1 millionC’est, en euros, ce que viennent de
se partager le président de BNP Paribas, Michel Pébereau, et son
directeur
général, Baudoin Prot. Ont-ils gagné au Loto ? Non, ils ont
utilisé leurs
stock-options. Pour Michel Pébereau, cela complétera les 15
millions
d’euros de salaire et les 14 millions d’euros de plus-values
perçus en
huit ans (18 millions et 3,5 millions pour Baudoin Prot). BNP
Paribas, qui
a participé au déclenchement de la crise économique par ses
activités
de spéculation, a bénéficié sans contrepartie de cinq
milliards
d’euros de l’État.
-
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SÉCURITÉ SOCIALENOUVELLES SAIGNÉES
24 SEPTEMBRE 2009 IN°23 I1,20EI
NPARGUMENTSLA GRIPPE A
SALARIÉS DE L’AUTOMOBILE
Le gouvernement prépare de nou-velles attaques contre la
Sécurité sociale à l’occasion du vote par le Parlement de la loi de
financement votée chaque année. En ligne de mire, comme chaque
année, le prétendu « trou » de la Sécu. Celui-ci résulte bien plus
des exonérations de cotisations sociales consenties aux patrons
ainsi que du chômage qui représente un énorme manque à gagner pour
les caisses, que des dépenses maladie, normales dans un pays
développé. C’est pourtant aux assurés que l’État veut faire payer
ce « trou ». LIRE PAGE 4
L
Interview d’André Ollivro, porte-parole de l’association « Halte
aux marées vertes ».REGARDS PAGE 2
Interview de Robert Guédiguian, qui revient sur l’Armée du
crime, et sur son engagement militant. CULTURE&MÉDIAS PAGE
9
La politique du gouvernement met en danger l’avenir des crèches
et de l’école maternelle.PARLONS-EN PAGE 10
Jeudi 17 septembre, 3 000 salariés de la filière automobile
manifestaient de la gare du Nord à l’Opéra, puis jusqu’à la place
de la Bourse de Paris. Cette manifestation marque de la meilleure
des façons la rentrée sociale par ses mots d’ordre, la combativité
et la détermination des participants.
SUITE DE L’ARTICLE EN PAGE 4
Depuis presque trois mois, la mobilisation du peuple hondurien
face au coup d’État de Robert Micheletti se poursuit. Malgré la
répression des puts-chistes, le silence de la communauté
internationale et la tenue, le 28 septembre, d’élections
illégitimes, la population continue d’exiger une politique
démocratique et une économie au service du peuple. Le 20 septembre,
l’ex-président, Manuel Zelaya, est revenu pour soutenir les
manifestants. LIRE PAGE 8
Malgré les gesticulations médiatiques des uns et des autres, la
grippe A n’est traitée conve-nablement ni par le gouvernement ni
par les laboratoires. Au contraire, l’épidémie qui s’annonce dans
les mois qui viennent est une aubaine pour s’attaquer aux droits
des travailleurs et réaliser un maximum de profits en vendant un
vaccin à l’effi-cacité douteuse. En outre, la pandémie ne dissuade
pas le gou-vernement de fermer des lits et de supprimer des postes
dans les hôpitaux. LIRE PAGES 6 & 7
HONDURASL’OLIGARCHIE CONTRE
LE PEUPLE
(dr)
ILS MONTRENT LA VOIE
(GL)
(dr)
(jmb)
(milo)
Les salariés engagés depuis des mois dans la lutte contre les
licenciements et les ferme-tures de sites se sont retrou-vés avec
les équipes mili-tantes de la filière automobile
(Goodyear, Continental, Miche-lin, Dunlop, Delphi, PSA Poissy
et
Aulnay, Renault Cléon, Le Mans et Guyancourt, Ford Blanquefort,
GM
Strasbourg, Freescale, Molex, New Fa-bris), des syndicats de
Solidaires et de la CFDT. La manifestation réclamait l'arrêt des
sanctions et des poursuites contre les Conti et tous les salariés
en lutte, l'inter-diction des licenciements, dénonçait les logiques
financières et l'aggravation des conditions de travail et
proclamait la né-cessité de la convergence des luttes. À l'arrivée,
l'esplanade de la Bourse était
largement remplie et certains en ont profité pour une visite
rapide du sym-bole des jeux financiers. Les directions fédérales et
confédérales qui avaient, dans les jours précédents, dépensé plus
d’énergie pour décourager que pour construire, entravant ainsi le
développe-ment de la mobilisation, ont été fort dis-crètes pendant
la manifestation.
(patrice latron)
-
éditoà noter
POKER MENTEUR !
L’évènement qui, cette semaine, retiendra l’attention du village
planétaire
sera sans nul doute la réunion
du G20 à Pittsburgh. Après le sommet de Londres au printemps
dernier, les dirigeants des grandes puissances se réunissent à
nouveau pour faire face à la crise mondiale. Au menu : comment
passer des vertueuses déclarations d’intention sur la régulation du
capitalisme aux actes et aux mesures concrètes ? Pas si facile
d’arriver à des positions communes, alors que la crise ne fait
qu’exacerber la concurrence entre les principaux impérialismes !
Déjà, Christine Lagarde présente à l’avance comme une « grande
victoire pour l’Union européenne et pour la France » le simple fait
de… discuter de « l’encadrement des bonus » alors même que chacun
sait que les États-Unis vont refuser toute limitation réelle de ces
mêmes bonus. Il faut dire que la ministre française de l’Économie
est assez mal placée pour faire la leçon à Barack Obama sur ce
sujet. Après le scandale de la BNP – un milliard d’euros de bonus,
alors que la banque a reçu 5 milliards d’aide d’argent public -
Libération vient de révéler celui de la Société Générale, avec des
bonus individuels annuels pouvant atteindre… 10 millions d’euros !
Autre pomme de discorde : les règles « prudentielles » régissant
les fonds propres des banques par rapport à leur endettement : là,
ce sont les USA qui veulent imposer des règles et des modes de
calcul qui – oh, surprise ! – visent à favoriser les banques US !
On le sait : les dirigeants français – notamment Sarkozy et
Kouchner - ne manquent pas d’humour. Ainsi, depuis quelque temps,
ils ne ratent pas une occasion d’évoquer la taxation des
transactions financières. Alors, bientôt le retour de la taxe Tobin
? Ne nous affolons pas… Selon Christine Lagarde, il ne faut rien
brusquer : « cette belle idée va cheminer, mais elle n’est pas à
l’ordre du jour du G20 » ! On s’en doutait un peu…Au fond, jour
après jour, sommet après sommet, ses dirigeants les plus en vue le
confirment eux-mêmes : la « moralisation » du capitalisme, c’est…
mission impossible.
Par François Coustal
L
PAGE 2 I 24 SEPTEMBRE 2009 N°23
26 SEPTEMBRE, SANS-PAPIERS, PARIS. Inauguration du ministère de
la Régularisation de tous les sans-papiers. de 12 heures à 22
heures, pose de la plaque, prises de parole, concerts... 14, rue
baudelique, Paris 18e, métro Simplon.
25-26-27 SEPTEMBRE, QUARTIERS POPULAIRES, MONTPELLIER. 3e Forum
social des quartiers populaires, au quartier du Petit Bard. Au
programme : débats, village associatif, cinéma, théâtre et
concerts.
26 SEPTEMBRE, ÉDUCATION, PARIS. Un pique-nique géant pour
défendre l’école publique est organisé sur le parvis de l’Hôtel de
ville, à 12 heures. Il sera précédé de marches sonores à
11 heures, place de la République pour la rive droite et place
Monge pour la rive gauche.
27 SEPTEMBRE, ALGUES VERTESManifestation « algues vertes -
urgence » à 15 heures à Hillion, près de Saint-Brieuc
(Côtes-d’Armor), à l’endroit même où des milliers de mètres cubes
d’algues vertes continuent de s’échouer chaque jour.
28 SEPTEMBRE, HONDURAS Rassemblement en soutien au Honduras, le
vendredi 28 septembre à 18 heures, place Saint-Michel à Paris.
3 OCTOBRE, LA POSTE, NATIONAL. Consultation nationale sur la
privatisation de la poste, à l’initiative du Comité national contre
la privatisation de la poste. Bulletins de votes dispo-nibles sur
www.appelpourlaposte.fr, à glisser dans les mairies, bureaux de
poste, marchés, etc.
3-4 OCTOBRE, COLMAR. Le réseau « Sortir du nucléaire » appelle à
la mobilisation pour la fermeture de la centrale de Fessenheim
(Haut-Rhin). Grande manifestation le 3 octobre (14 heures, place
Rapp). La soirée du 3 et la journée du 4 octobre seront consacrées
à des conférences, débats, animations, etc.
3-4 OCTOBRE, BESANÇON. « La Grande Lessive », festival des
alternatives au capitalisme, à Montferrand-le-Château (site de la
mairie), près de Besançon. Au programme : théâtre, concerts, marché
bio, débats, etc. Parmi les intervenants pour le NPA : Catherine
Samary (autogestion), Stéphanie Treillet (décroissance), Georges
Ubbiali (transition politique), etc.
10 OCTOBRE, PARIS. Manifestation nationale unitaire pour la
régularisation de tous les sans-papiers. Départ à 14 heures du
ministère de la régularisation de tous les sans-papiers, 14, rue
baudelique, Paris 18e, en direction du ministère de l’Immigration
et de l’Identité nationale.
À SUIVRE
SUR
www.npa200
9.org
ENVIRONNEMENT LE SCANDALE DES ALGUES VERTES*
Le dimanche 27 septembre, des milliers de personnes sont
attendues à Hillion, dans les Côtes-d’Armor, pour manifester contre
les algues vertes, qui infestent les plages de la commune.
Nous avons rencontré André Ollivro, porte-parole de
l’association « Halte aux marées vertes ».
Tu as été le premier président – fondateur – de l’association
« Halte aux marées vertes »...En 2001, nous nous sommes
dit qu’il fallait agir, créer une mobilisation populaire au travers
de nombreuses initiatives de type théâtre de rue...
Pour faire un diagnostic, nous avons rencontré toutes les
structures qui s’occupent de l’eau, et nous
avons constaté que tous savaient déjà ! La prolifération des
algues vertes provient à 95 % des excédents de nitrates issus de
l’élevage intensif, constat qui ressort d’un colloque des
pollutions, dès 1999, confirmé depuis par Ifremer1.Nous avons alors
déposé un recours contre le préfet au tribunal administratif, car
les lois sur l’eau n’étaient pas respectées. Avec plusieurs autres
associations qui se battent contre le même fléau (à Douarnenez,
dans le Trégor...), nous avons pointé et chiffré les dommages : la
perte d’image, la privation de l’espace ludique, le repli des
personnes vers d’autres rivages, les dommages sanitaires et leurs
coûts sociaux... Et nous avons gagné ! L’État est désigné en 2007
comme responsable, car la potabilité n’est pas garantie. Le taux de
50 milligrammes de nitrates par litre est dépassé (alors que
l’Europe préconise de ne pas dépasser 25 mg). Mieux encore, le
jugement précise que pour en finir avec les algues vertes, il
faudra revenir à des taux encore nettement plus bas, de l’ordre de
10 à 15 mg...Nous avons même gagné définitivement, car l’État
renonce à faire appel. Après ce qui s’est passé cet été, il leur
était difficile de faire autrement ! Un cheval est mort – et le
cavalier a eu chaud – sur la plage de Saint-Michel-en-Grève, dans
le Trégor, ce qui a provoqué la visite de Fillon sur le site. Tout
le monde reconnaît maintenant le danger des algues vertes, que nous
dénonçons depuis si longtemps ! En décomposition, elles dégagent
des émanations de gaz extrêmement toxiques (DMS et H2S2, connu pour
son odeur d’œuf pourri). L’affaire tourne au drame avec le décès
cet été, dans des conditions suspectes, d’un conducteur de camion
préposé à l’enlèvement des algues sur les plages.
Quelle est la réaction des pouvoirs publics ?On nous a envoyé
Fillon le 20 juillet... et le 21, le préfet des Côtes-d’Armor
permettait l’implantation d’un poulailler industriel de 80 000
têtes, avec autorisation d’épandage sur le bassin versant,
notamment à Hillion !
Quelle est la responsabilité de l’élevage industriel ?Il est
inconcevable de continuer de mettre sur les champs les déchets de
l’élevage industriel, qui provoquent d’énormes excédents de
nitrates, à l’origine des algues vertes. Mais en plus, avec tout ce
que l’on donne aux animaux dans ces exploitations, antibiotiques,
aliments, on retrouve sur la terre de nombreux composants chimiques
toxiques, des métaux lourds... Les grands groupes agroalimentaires,
les coopératives agricoles, l’industrie chimique, tous ensemble,
portent la responsabilité de ces pollutions, avec l’aval de la
FNSEA. C’est tout ce système qui ne vise qu’à faire du fric sur le
dos des éleveurs, des consommateurs et des citoyens.
T
Propos recueillis par Vincent Gibelin
Quelles sont les solutions ? Il faut faire baisser radicalement
les taux de nitrates, contrôler la qualité de l’eau, faire
réinstaller sur les cours d’eau les capteurs qui ont été supprimés.
Il faut « remettre les cochons sur la paille et les vaches sur
l’herbe » !Il faut développer une agriculture paysanne, aider les
productions bio et durables, produites et commercialisées
localement, inciter à la reconversion, interdire les épandages sur
les bassins versants. On doit aussi s’occuper de la collecte et du
traitement des déchets de l’élevage, créer des stations de
raffinage, qui, au bout du compte, ne génèrent que du compost sain.
Pour maîtriser la qualité de l’eau, il faut municipaliser les
abords des captages, préempter les terres des bassins versants : on
sait le faire pour préserver les sources d’eau minérale ! Pour tout
cela, il faut une vraie volonté politique...
Et la mobilisation ?On s’attend à quelque chose d’important le
27 septembre. Le rapport de forces a changé, l’écho médiatique
suscité par les évènements de l’été, l’approche des élections, tout
cela provoque comme un vent de panique chez les « autorités ».
Reste à installer un mouvement durable qui bouleverse les choses
sur le fond.
* Titre de l’ouvrage d’André Ollivro, Éditions du Temps, 17€.1.
Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer2. H2S
: sulfure d’hydrogène ; DMS : sulfure de diméthyle
patrice latron
regards
André Ollivro (pl)
-
actu
et aussi
24 SEPTEMBRE 2009 N°23 I PAGE 3
MUTUALITÉPLUS QU’UNE
SALLE
SÉCURITÉ SOCIALENOUVELLES SAIGNÉES EN PERSPECTIVEEn pleine
période de crise, de licenciements et de baisse de revenus pour la
population, le gouvernement étudie de nouvelles mesures d’économie
pour diminuer le prétendu déficit de la Sécurité sociale.
« VICTIME de la grippe L, comme licenciements. »Voilà l’une des
banderoles qui ornait la façade de la Mutualité mardi 15 septembre.
Car la « Mutu », haut lieu de résonance des combats syndicaux et
politiques, licencie.L’immeuble historique du 5e arrondissement,
em-blématique des rassemblements et des luttes so-ciales, serait
dorénavant géré par GL Events, un « gros » du tourisme d’affaires
qui le transforme-rait en un « palais des congrès de luxe ». Avec à
la trappe les emplois des personnels administratifs et techniques.
Le site devrait fermer ses portes jusqu’en juin prochain pour
travaux.Mais la « Mutu », ce n’est pas que le bâtiment du 5e
arrondissement, mais aussi, et avant tout, deux centres de santé
mutualistes. Eux aussi sont touchés de plein fouet par la politique
de la di-rection. Une vingtaine de spécialités médicales,
introuvables ailleurs en secteur 1 (c’est-à-dire sans dépassement
d’honoraires et remboursées par la Sécurité sociale) seraient
supprimées dans les deux centres de santé de Saint-Victor (5e) et
du Moulinet (13e). Avec, à la clé, la disparition de 166 postes,
une offre de soins moindre et des synergies brisées qui serviront
ultérieurement à justifier de nouvelles mesures régressives, voire
la fermeture... C’est bien pourquoi les personnels en grève étaient
venus exiger des comptes et ont contraint la direction à sortir de
ses bureaux pour s’expliquer publiquement. Mais le refrain est
connu. Mettant en avant une vision comp-table et marchande de
l’offre de soins pour justi-fier la disparition de spécialités
médicales (psy-chiatrie, urologie) et, par conséquent, les
suppressions d’emplois, la Fédération nationale de la mutualité
française (FNMF, dont le prési-dent Davant a reçu Sarkozy pour une
attaque commune contre la Sécu), ne fait aucun cas des besoins de
la population. Ce discours patronal habituel est encore plus
inadmissible de la part d’une mutuelle qui devrait défendre les
deux centres de santé comme des éléments majeurs du service public
de santé à Paris (220 000 actes par an) et proposer de résister en
s’appuyant sur les usagers et la population. Mais la dérive
droitière du social-libéralisme ne s’exprime pas seulement au plan
politique. Les pseudo-dirigeants ont abandonné depuis longtemps
toute référence aux combats et solidarités qui ont façonné le
mouvement mutualiste depuis ses origines.C’est le flambeau de ce
combat qu’ont repris les collectifs d’usagers et de partis de
gauche (dont le NPA est partie prenante) en recueillant des
milliers et des milliers de signatures parmi la po-pulation
parisienne et les patients.Daniel Vaubaillon
MENACES SUR L’IVG EN ÎLE-DE-FRANCE. Depuis six mois, centres IVG
et plannings familiaux ferment les uns après les autres. Après ceux
du 14e arrondissement de Paris et du Val-de-Marne, c’est le
planning familial du 20e arrondissement, à l’hôpital Tenon, qui a
cessé ses activités. Ce sont plus de 500 IVG pratiquées à l’année
qui ne pourront plus être réalisées sur place et difficilement
ailleurs. En effet, avec les dernières contre-réformes dans la
santé, les effectifs baissent, en particulier dans ces services
considérés comme peu rentables et d’importance secondaire. Dans le
20e, le collectif Droits des femmes, auquel participe le NPA,
profitera de la préparation de la manifestation du 17 octobre pour
mobiliser avec la CGT et Sud-Tenon, les habitant-e-s contre la
fermeture définitive du planning le 11 octobre, 296, rue des
Pyrénées, métro Jourdain, entre 11 et 14 heures.
ALLOCATIONS FAMILIALES EN PÉRIL. Lors d’une réunion avec des
associations familiales en début d’année, Sarkozy avait annoncé la
réforme du financement des allocations familiales. Une mission
d’étude est confiée à un député UMP, Yves Burr, qui avait déjà
sévi en rédigeant un rapport sur les Agences régionales de santé, à
l’origine de la loi Bachelot de casse de l’hôpital public. Ce
nouveau rapport a pour objet d’examiner les moyens de « décharger »
les entreprises de cotisations sociales versées à la caisses des
allocations familiales, vieille revendication patronale. 30
milliards d’euros, versés sous la forme de cotisations dites
patronales, sont prélevés sur la masse salariale. Ils constituent
le salaire socialisé, c’est-à-dire une partie de salaire mis dans
un pot commun pour répondre aux besoins sociaux. À terme, la menace
contre « les alloc » et contre le salaire socialisé est réelle. Un
nouveau champ de bataille qu’il ne faudra pas négliger. La
vigilance s’impose.
ANIMATEURS JETABLES. « Pour un accompagnement de qualité du
jeune enfant, l’animation ne doit plus être un job au bon gré des
maires », c’est sur ce mot d’ordre que mercredi 16 septembre, le
secteur de l’animation de la ville de Vitry-sur-Seine
(Val-de-Marne)
s’est mobilisé à l’appel de la CGT des territoriaux : grève qui
a conduit à la fermeture de six centres de loisir, à un
rassemblement devant la mairie d’une centaine d’animateurs
titulaires ou précaires, et à la signature d’une pétition de
soutien par 1100 parents, enseignants et collègues territoriaux. La
ville de Vitry, dirigée par le PCF, affiche l’objectif d’un service
public de l’enfance de qualité (accueil du matin, du soir, des
activités variées et intéressantes le mercredi) ; le problème est
que pour mener cette politique, elle recourt massivement aux
animateurs et animatrices vacataires (66 500 heures travaillées en
2008, 15 à 20 d’entre eux ayant effectué entre 1 300 et 1 800
heures, l’an dernier). La colère gronde depuis plusieurs mois dans
ce secteur où selon le syndicat CGT la situation des vacataires est
« pire que le CPE, ce sont des pions sans droits ». Une
mobilisation exemplaire à suivre!
En pleine menace de pandémie de grippe A, alors que la
si-tuation du sys-tème hospitalier
est déjà fortement dégradée, le gouver-
nement étudie de nou-velles mesures qui seront pro-bablement
concrétisées dans la loi de financement de la Sécurité sociale,
débattue au Parlement en octobre. Ainsi, le forfait hospitalier
augmenterait de 16 à 18 eu-ros par jour. Pour de nom-breuses
personnes qui, en cas d’arrêt de travail, ne touchent que les
indemnités de la Sécu, cela signifie qu’elles n’auront plus de quoi
vivre. En effet, si leur salaire habituel est de 1500 €,
l’indemnité, compte tenu du délai de carence (trois premiers jours
non indemni-sés), sera de 175 € pour un arrêt de dix jours et le
forfait à payer de 180 €.Des médicaments dits de confort comme le
paracéta-mol, ne seraient plus rembour-sés qu’à 15 % au lieu de 35
%.
Or le paracétamol est prescrit pour faire baisser la fièvre,
no-tamment en cas de grippe !Le remboursement à 100 % des
affections de longue durée (ALD) serait remis en cause.Pour réduire
le déficit de la Sécurité sociale qui pourrait dépasser 22
milliards d’euros en 2009, la Caisse nationale d’assurance maladie
envisage « 25 mesures pour économiser 2 milliards par an
». Parmi celles-ci : la durée des séjours dans les hôpitaux qui
devrait encore être réduite. Le contrôle des arrêts de travail par
des officines médicales privées, afin de les faire diminuer,
se-rait généralisé. La prescrip-tion des transports sanitaires par
les hôpitaux serait limitée sous peine de sanction finan-cière. Les
médecins qui at-teindraient des objectifs fixés par la Cnam
toucheraient des primes à la performance. Le financement des
allocations familiales par la cotisation est aussi menacé. Le
gouverne-ment ne laisse rien filtrer du projet de loi de
financement
de la Sécu, mais il décidera de « mesures d’économies ». En
réalité, le déficit de la Sé-curité sociale est bien moindre que
celui de l’État, alors que son budget est plus impor-tant. Par
ailleurs, le « trou » de la Sécurité sociale est large-ment
entretenu par les exoné-rations de cotisations sociales qui
représentent un véritable pillage. Entre 1991 et 2008, elles se
sont élevées à 260,6 mil-liards d’euros. Pour la seule année 2008,
elles ont atteint 31,1 milliards d’euros. En outre, l’État et les
patrons sont mauvais payeurs et leurs dettes auprès de la Sécurité
sociale s’élèvent respective-ment à 3,6 milliards et 2,15 milliards
d’euros. Les licen-ciements massifs sont égale-
ment responsables du déficit, et les 5 millions de chômeurs
actuels représentent 65 mil-liards d’euros de manque à gagner pour
les caisses. Les solutions pour diminuer le déficit passent donc
par l’aug-mentation des recettes, en in-terdisant les licenciements
et en augmentant les salaires : 1 % de hausse de la masse
sa-lariale permettrait de gagner 3 milliards d’euros de
cotisa-tions et la taxation des stocks options entre 2,4 et 4,8
mil-liards d’euros. Le NPA propose aux syndi-cats, associations et
partis de gauche de s’opposer en-semble, énergiquement à ces
nouvelles mesures.Stéphane Bernard
E
La fermeture de la « Mutu », destinée à être transformée en
super palais des congrès, remet aussi en cause
le droit à la santé des Parisiens.
Comparaison des budgets de la Sécurité sociale et de l’État (en
millards d’euros pour 2008)
Recettes Dépenses Déficit
Budget de l’État 383,1 453,1 70
Budget de la Sécurité sociale 414 424 10
-
actu
et aussi
PAGE 4 I 24 SEPTEMBRE 2009 N°23
SALARIÉS DE L’AUTOMOBILE
SNCF 6 000 À 8 000 SUPPRESSIONS D’EMPLOIS AU FRET
Les cheminots se mobilisent contre la décision de la SNCF
d’abandonner une partie de son activité fret dont les conséquences
néfastes seront sociales et environnementales
ASILE RÉQUISITIONNÉ. À Bourg-en-Bresse (Ain), depuis la fin
avril, une trentaine de demandeurs d’asile, parmi lesquelles des
femmes et des enfants, étaient contraints de s’abriter dans des
garages. En situation régulière mais sans droit au travail,
bénéficiant d’une autorisation provisoire de séjour (APS) et d’un
pécule de 300 euros par mois, ils survivaient grâce au soutien des
associations caritatives. Les élus de gauche (qui dirigent la ville
et le conseil général) ainsi que l’évêché, propriétaire des
garages, se sont contentés de déplorer les carences, réelles, de
l’État en matière d’hébergement de cette population. Les militants
du NPA, soutenus par le DAL, ont réquisitionné un immeuble vacant,
appartenant à l’office HLM de la ville, et y ont installé les
demandeurs d’asile. Le 28 septembre un collectif accueillera
« La caravane des mal-logés et des sans-logis » sur le
lieu même de la réquisition en présence de Jean-Baptiste Eyraud,
président de Droit au logement.
SÉRIE NOIRE DANS LA PÉTROCHIMIE. Le 18 septembre une délégation
de travailleurs du complexe de Lavéra (Bouches-du-Rhône), plus
grand pôle pétrochimique d’Europe du Sud et du bassin
méditerranéen, conduite par leurs délégués CGT, s’est rendue au
commissariat de Martigues, pour déposer plainte contre leur
employeur pour « mise en danger de la vie d’autrui ». En effet,
depuis le début de l’année, plusieurs incidents se sont produits
sur le site. Ainsi, le 12 août à Naphtachimie (société commune du
britannique Ineos et de Total Petrochemicals France), deux
travailleurs ont été brûlés en allumant un four. Le 6 septembre, à
cause d’une importante fuite de vapeur, c’est tout le complexe qui
a dû être fermé. Quatre jours plus tard, lors d’une opération de
maintenance sur une conduite, quatre autres salariés ont été
fortement incommodés par un composant chimique : le dichloroéthane.
Enfin, le 17 septembre, les habitants de Martigues ont pu voir une
importante fumée noire venant de l’usine Naphtachimie. C’est un
compresseur à gaz qui
semble avoir calé lors d’une tentative de redémarrage de
l’installation, provoquant d’importantes fumées à la torche. Une
fois de plus, la sécurité des travailleurs et des habitants de la
région est sacrifiée sur l’autel de la rentabilité. Cette série
d’incidents trouve directement son origine dans la réduction des
effectifs à la suite d’un plan patronal visant à réduire les coûts
de production de 24 % d’ici 2013.
FLINS SANS F1. L’opposition grandit dans la population grâce au
travail de proximité effectué depuis plus de neuf mois du Collectif
Flins sans F1. Le conseil général s’entête mais sans grande
conviction, multipliant les cafouillages et parlant de repousser la
décision après les régionales, pour une réalisation en 2013 ! Jouer
la lassitude, la confusion et la désinformation n’empêchera pas les
milliers de citoyens conscients des dégâts immenses de ce projet,
du point de vue environnemental, démocratique et économique, de
continuer à dire NON ! Tout sur le site :
http://collectif-sansf1.fr
Le 22 septembre, le jour même de la grève contre la
pri-vatisation de la poste, a eu lieu une
journée d’action ap-pelée par SUD-Rail. Elle
faisait suite à un rassemble-ment au Bourget (Seine-Saint-Denis)
appelée par la CGT le 16 septembre où 2 500 à 5 000 cheminots se
sont retrouvés, et un autre le 9 septembre à Thouars (Deux-Sèvres),
où les cheminots sont en lutte contre une direction qui menace de
supprimer les emplois si les agents n’accep-tent pas la remise en
cause de leur statut. À l’origine de ces actions, la décision de la
di-rection de la SNCF qui se pré-pare à annoncer l’abandon de près
de 60 % de l’activité « wagon isolé » de la branche fret. Il s’agit
d’acheminer – le plus souvent pour des petits entrepreneurs et
industriels –
SUITE DE LA PAGE 1
Mais elles avaient bien l’intention de reprendre la main au
cours du meeting final. Mal leur en a pris, car la détermination
des Conti et des Goodyear a imposé la prise de parole par les
leaders de ces deux luttes. C’est à ce moment que la profonde
coupure entre les appareils et les équipes en lutte a éclaté :
discours soporifiques sur la Sécurité sociale profes-sionnelle,
contre les excès du capitalisme financier, revendication d’une
politique industrielle fondée sur l’emploi d’un côté, interventions
combatives et bruyamment soutenues par les salariés pour les deux
camarades dénonçant la casse de l’emploi, la répression et
insistant sur la nécessité de la solida-rité et de la coordination
des luttes. Ils ont terminé en demandant aux confédérations
d’organiser la né-cessaire centralisation des luttes pour faire
reculer patronat et gouvernement. Cet appel à l’unité n’effaça pas
les grimaces hargneuses sur les visages des dirigeants fédéraux.
Certes la coordination des luttes reste compliquée en raison de la
disparité des combats engagés, de leur caractère relativement
éphémère, des résultats iné-gaux. Pourtant la rencontre des
expériences, des histoires, la confrontation des tactiques et des
stra-tégies dans des mobilisations concrètes, réelles, sont des pas
en avant significatifs.La coordination de tous les salariés engagés
dans ces batailles est indispensable. Cependant, si les équipes
militantes en sont convaincues, il reste à construire des
initiatives permettant d’élargir la mobilisation et à trouver les
revendications, les mots d’ordre, les initiatives qui rassemblent
tous et toutes pour modi-fier le rapport de forces en faveur des
travailleurs.Ce « tous ensemble » doit se construire sur
l’interdic-tion des licenciements, l’expropriation des
licen-cieurs, les augmentations uniformes des salaires, la lutte
contre la dégradation des conditions de travail et le soutien
concret aux dizaines de luttes qui se développent jour après jour.
Il faut travailler pa-tiemment à consolider les liens fragiles
tissés, à aller vers des coordinations régionales capables de peser
dans les luttes au fur et à mesure de leur développe-ment et poser
les jalons d’une centralisation des mo-bilisations. Le meeting de
soutien aux Conti à Com-piègne (Oise), le 26 septembre sera
l’occasion, en manifestant notre solidarité, de poursuivre la
construction du « tous ensemble ».Collectif automobile du NPA
des wagons individuels ou par petits groupes. Ces convois
transportent souvent de petits chargements « sur mesure » pour
plusieurs clients et passent par différentes gares de triage au
cours de leur trajet. Une activité qui est du point de vue
écono-mique, moins rentable que les trains entiers sur lesquels la
direction souhaite se « recen-trer ». Les trains entiers de
marchandises sont en général acheminés sans passage in-termédiaire
par les triages, avec un gros chargement ho-mogène pour un grand
indus-triel payant une grosse facture. Les opérateurs ferroviaires
privés se positionnent d’ailleurs uniquement sur ces trains et
délaissent complètement l’ac-tivité wagon isolé, unique-ment
assurée par la SNCF. Le quasi-abandon du wagon isolé entraînerait
non seule-ment 6 000 à 8 000 suppres-
sions d’emplois, mais met-traient aussi 700 000 camions
supplémentaires sur les routes chaque année, alors que beaucoup de
« com’ » est faite autour du Grenelle de l’envi-ronnement. Les
cheminots de tous les services subissent sans arrêt des
réorganisations et des suppressions de postes. À cela s’ajoute les
attaques d’une direction qui cherche à détruire les acquis sociaux
du statut, au nom de la « compé-titivité face à la concurrence ».
Pourtant, la concurrence, c’est avant tout la direction de la SNCF
qui l’organise par ses filiales. En effet, le groupe SNCF est
aujourd’hui le pre-mier transporteur routier du pays et ses
filiales ferroviaires (VFLI, Naviland Cargo, etc.) représentent
plus en termes de trafic que l’ensemble des autres entreprises
privées cir-culant sur le réseau ferré. Face à de telles attaques
qui
en annoncent bien d’autres, seule peut répondre une
mo-bilisation importante de che-minots de tous services,
dé-terminés à défendre leurs emplois et leur statut et à im-poser
les embauches néces-saires. Cette lutte est celle que mènent bien
des travailleurs, du public comme du privé, contre les
licenciements et les suppressions d’emplois. C’est l’ensemble du
monde du tra-vail qui se retrouve dos au mur face au patronat qui
prend prétexte de la crise pour multiplier les attaques ! C’est
tous ensemble que nous devons nous défendre.Axel Persson
L
(jmb)
-
actu
et aussi
NOUVELLE-CALÉDONIEJUSTICE COLONIALE CONTRE L’USTKE
24 SEPTEMBRE 2009 N°23 I PAGE 5
SARKOZY ET L’UMP
ÇA TANGUE !
Les jugements rendus contre les syndicalistes kanaks est une
décision politique visant à abattre un syndicat qui se bat pour
l’indépendance.
À LA VEILLE de l’ouverture des journées parlemen-taires de
l’UMP, les 24 et 25 septembre, les relations sont quelque peu
tendues entre Sarkozy et sa majo-rité. Déjà, pendant l’été, «
l’ouverture à droite », à de Villiers et aux chasseurs, avait
provoqué quelques grincements de dents chez les ralliés de « gauche
», ainsi tournés en ridicule. Bockel, venu de l’aile droite du PS
n’avait trouvé cela « ni anodin ni facile ». Puis, il y eut
l’annonce de la taxe carbone, résultat de la collaboration de
l’ancien Premier ministre socia-liste Rocard. Immédiatement
critiquée par Juppé et Copé, le chef de groupe UMP à l’Assemblée,
elle pro-voque encore des remous parmi les élus UMP. Au point que
Sarkozy a dû y revenir lors de la réunion qu’il a tenue avec eux la
semaine dernière. « Je ne laisserai pas l’environnement aux seuls
écologistes », a-t-il expliqué en rappelant qu’il avait signé le
pacte de Nicolas Hulot. Et d’ajouter, en direction de ceux qui
s’inquiétaient de l’impopularité d’une taxe frap-pant la
population, et donc leurs électeurs potentiels, « les Français
recevront un chèque en février, un mois avant d’aller aux urnes ».
Ce n’est bien sûr pas le cy-nisme d’une telle déclaration,
rapportée par le Monde, qui a pu gêner les députés UMP, mais ils
doutent, simplement, que cela suffise pour ne pas en payer le prix
lors des prochaines échéances électorales. De leur côté, les
sénateurs UMP ont exprimé leur mé-contentement concernant la
suppression de la taxe professionnelle. Ils craignent, plus
exactement, que les recettes prévues pour la remplacer ne soient
pas suffisantes alors que les dépenses des collectivités
territoriales ne font qu’augmenter et qu’eux-mêmes sont élus par
les grands électeurs qui dirigent ces collectivités.Dernièrement,
la décision de Besson, le nouveau mi-nistre de l’Immigration, de ne
pas signer les décrets d’application pour la mise en œuvre des
tests ADN, a provoqué une nouvelle bronca chez les députés à qui
Sarkozy et Hortefeux avaient imposé l’ajout de cette mesure, il y a
deux ans, sous la forme d’un amende-ment à la loi sur
l’immigration. De quoi apporter de l’eau au moulin de Copé qui,
dans la perspective d’être un futur présidentiable – en 2017,
a-t-il lui-même déclaré, mais pourquoi pas avant ? – mène campagne
sur le thème des droits du Parlement face au « fait du Prince ».
Inutile de chercher dans cette contestation quoi que ce soit de
progressiste. Les élus UMP ont apporté leur soutien à Hortefeux
après ses propos racistes et ap-plaudi Besson lorsqu’il a annoncé,
sans doute pour se rattraper, qu’il allait fermer ce qu’ils
appellent la « jungle » de Calais. Mais cela laisse présager bien
des difficultés pour Sarkozy qui risque de ne pas sortir non plus
grandi de l’affaire Clearstream, même s’il en finit avec son rival
Villepin.Galia Trépère
BIENVENUE AUX RICHES. « C’est une carte de résident Gold », Éric
Besson l’a dit lui-même lors de la conférence de presse suivant la
signature, mardi 15 septembre, du décret instituant une carte de
résident de dix ans pour « contribution économique exceptionnelle
». Ce qui signifie un investissement de 10 millions d’euros ou la
création (ou la sauvegarde) de 50 emplois sur le territoire. Besson
reconnaît que « c’est un peu élitiste », voire « une sorte
de prime à l’argent ». Et d’ajouter : « Cette carte ne va pas
s’appliquer à l’artisan ou à la personne qui crée sa petite
entreprise. » Non, elle est réservée aux plus riches. Et il nous
explique pourquoi : « Dans cette guerre économique mondiale qui est
aujourd’hui ouverte, il faut non seulement recruter des fantassins
(...) mais aussi attirer les meilleurs capitaines .»
FRAUDE ÉLECTORALE À ATTAC : SUITE ET FIN ? Dans la nuit du 13 au
14 juin 2006, la tendance des résultats de l’élection du conseil
d’administration d’Attac a soudainement basculé à la suite de la
falsification de bulletins de vote en faveur de la direction
sortante et, notamment, de Jacques Nikonoff. La justice a établi
qu’il y avait eu la même nuit intrusion dans les locaux,
communication téléphonique, impliquant les protagonistes
avantagés par le basculement des résultats. S’il est matériellement
impossible de relier les faits entre eux de manière directe et
formelle, ce qui a conduit à un non-lieu, l’enquête judiciaire
confirme indéniablement les conclusions de la commission d’enquête
interne. Il ne serait pas de bon ton d’utiliser la décision du
tribunal pour le nier !
CLOAQUE. Le procès Clearstream, qui vient de s’ouvrir, est
révélateur des mœurs politiques de la classe dirigeante, notamment
à droite. Aussi bien par son scénario que par... son casting ! Il
faut dire que, même sous la Ve République, il n’est pas fréquent de
retrouver parmi les acteurs d’une affaire crapuleuse : un président
de la République, un ancien Premier ministre, un « maître-espion »,
un ex-trader et un cadre dirigeant d’une multinationale. On peut
certes s’interroger sur l’impartialité d’une justice soumise à la
pression permanente d’un président en exercice qui jouit donc d’une
totale impunité.
À l’approche des élections régionales, le malaise grandit parmi
les députés et
sénateurs de l’UMP, soucieux d’échapper à l’impopularité de
Sarkozy et de son
gouvernement.
Le jugement rendu à Nouméa, le 15 sep-tembre, condam-nant les
syndica-listes de l’USTKE dont son président
Gérard Jodar à de la prison ferme, est un ju-
gement purement politique. Il est rendu pour tenter de
déca-piter le syndicat engagé dans la lutte pour l’indépendance de
cette colonie française.De même, les jugements, ren-dus en
comparution immé-diate, contre des dizaines de jeunes ayant
participé aux manifestations et barrages lors de la grève générale
du mois d’août, sont ceux d’une justice coloniale. En les envoyant
à la prison du Camp Est dont cer-tains murs datent du bagne où fut
déportée Louise Michel, le pouvoir veut intimider ceux qui
soutiennent le syndicat.Les dirigeants français ont la volonté de
maintenir ce terri-toire dans son giron le plus longtemps possible.
L’État sait bien que l’indépendance est
inéluctable, la Nouvelle-Calé-donie étant sur la liste de l’ONU
des territoires à décolo-niser. Mais, il veut retarder l’échéance
au maximum pour exploiter jusqu’au bout les ri-chesses de ce
territoire et de l’océan qui l’entoure. La très rentable
exploitation du nickel doit durer encore au moins cinquante ans et
les capitalistes ne veulent pas la perdre au profit du peuple
autochtone.Pour exploiter au plus vite cette manne, la nature est
al-lègrement dégradée, bien loin des discours environnemen-talistes
entendus en France. L’usine d’Eramet, la SLN à Nouméa, rejette
depuis des décennies ses fumées toxiques dans l’atmosphère. Des
enga-gements sont régulièrement pris pour que cela cesse, mais les
promesses faites n’enga-gent que ceux qui y croient.De même,
l’usine du groupe brésilien Vale, récemment mise en service à Goro
rejette dans le lagon ses déchets chimiques à des concentrations
qui ne se-
raient pas tolérées en Europe. Sa mise en route à marche forcée
a même, dès le début, donné lieu à un « accident » : 5 000 litres
au moins d’acide sulfurique se sont répandus sur la côte,
détruisant la faune et la flore.En signant le protocole de Kyoto,
la France a exclu cette colonie de son champ d’ap-plication pour
pouvoir l’ex-ploiter au maximum en pol-luant à tour de bras. Elle
veut tirer le maximum de profit à court terme sans se soucier de
l’état dans lequel elle laissera ce territoire une fois
l’indé-pendance acquise. D’ores et déjà, le taux d’émission de CO2
par habitant est près du double de son niveau en métropole. Et,
loin de s’engager à le ré-duire, les industriels prévoient de le
doubler dans les dix ans1.Un syndicat qui a créé un parti
politique, le Parti tra-vailliste, pour lier la lutte so-ciale au
combat politique, qui pose le problème de l’avenir du territoire et
lutte contre le
capitalisme sauvage, ne peut que gêner. Aucune répression n’est
trop forte pour l’abattre, la justice coloniale est donc priée de
se mettre au service des in-térêts économiques de la France.En
Polynésie, la France a pol-lué pour longtemps les atolls avec ses
essais nucléaires. Aujourd’hui, les troupes fran-çaises sont
rapatriées sur la Calédonie puisqu’il n’y a plus rien à tirer des
massifs coral-liens dégradés par les essais et le réchauffement
climatique.Les Kanaks ne veulent pas l’indépendance sur une terre
polluée et dénaturée. Les ri-chesses encore présentes doi-vent être
exploitées pour que dans cent ans les populations puissent encore y
vivre. C’est le combat de l’USTKE et du Parti travailliste, le NPA
le soutient.Bernard Alleton
1. En métropole l’émission de tonnes équivalent carbone est de 7
par habitant, il est de 13,7 en Calédonie, la prévision pour 2025
est à 36,8.
L
14 septembre, Paris, Alphonse Pujapujane, vice-président de
l’USTKE. (milo)
(photothèque rouge/milo)(photothèque rouge/milo)
(milo)
-
L’anxiété est un marché et une politique. La grippe, après les
étrangers ou les jeunes de banlieue, permet au gouvernement tous
les dérapages, qui révèlent au fond son objectif : le marché libre
et un État fort. Dans ses cartons, il prévoit une ges-tion de la
grippe confiée au ministère de l’Intérieur, la suspension
programmée du code du travail au profit d’une flexibilité
généralisée, et nos libertés mises en som-meil à coup d’ordonnances
dénoncées par le Syndicat de la magistrature. En re-vanche, il ne
prévoit pas de débat public sur la gravité de la pandémie et les
moyens sanitaires d’y faire face, mais des milliards d’euros ont
déjà été dépensés pour une vaccination de masse, avec des vaccins
mal testés, et du Tamiflu qui soigne sur-tout les cours de l’action
Roche. Les pays du Sud, eux, attendent toujours les vaccins et les
traitements pour les millions de morts du sida ou du paludisme. Le
tout sous les regards d’une presse à sensation qui veut vendre du
papier.Il n’est pas nécessaire d’adhérer à la théo-rie du complot
(les labos qui lâcheraient les virus pour vendre des vaccins) pour
comprendre les intérêts des capitalistes. Il ne faut pas penser que
tout cela n’est que poudre aux yeux, cela nous détournerait des
vraies questions. Car si la grippe A est bien loin de la mortalité
de la grippe aviaire, elle est très contagieuse, et pose les
questions du droit à la santé, des ur-gences sociales face à la
pandémie et de sa naissance dans le ventre des usines à porcs de
l’agrocapitalisme. Le gouverne-ment en fait trop ? Il fait surtout
mal ! Le mouvement social doit porter ses propres exigences
sociales, écologiques, sani-taires… donc politiques, en lien avec
une expertise indépendante.
24 SEPTEMBRE 2009 N°23 I PAGE 6
LA GRIPPE A
LE VACCINMALADE DU PROFIT ?
questions sur
Face à la grippe saisonnière, une vaccination non obligatoire et
ciblée sur les personnes âgées et fragilisées a fait la preuve de
son efficacité. La revue médicale indépendante Prescrire, qui tire
souvent à boulets rouges sur les labos, nous apprend que ce vaccin,
s’il est peu efficace sur la fièvre et les courbatures, réduit de
50 % les complications et de 80 % la mortalité. Mais face à la
grippe A, avant tout débat sur la stratégie de vaccination, le
gouvernement français a décidé d’une vaccination de masse et
d’urgence, n’hésitant pas à payer le vaccin quatre fois son prix,
pour un total d’un milliard d’euros, pour vacciner en deux doses 45
mil-lions de Français. Les capacités de production sont limitées
pour ne pas confronter « les industriels à un risque économique et
financier non né-gligeable », comme l’a expliqué le PDG de Sanofi.
Alors, pour produire vite et beaucoup, les laboratoires rajoutent
des adjuvants dans le vaccin, comme le thiomersal et le squalène.
Les tests des vaccins sont réduits au minimum. Les labos se
souvenant qu’en 1976, la vaccination de masse, décidée aux USA,
avait favorisé l’apparition de paralysies ascendantes
(Guillain-Barré), ont obtenu que les éventuels accidents de
vaccination soient pris en charge par l’Office national pour les
aléas thérapeutiques. Privatisation des profits et socialisation
des pertes !Or, le thiomersal, composé à 40 % d’éthylmercure, est
mis en cause pour sa toxicité neurologique, notamment chez les
enfants et les femmes en-ceintes. L’OMS, l’Agence européenne pour
l’évaluation des médicaments et l’Agence française de sécurité
sanitaire des produits de santé ont de-mandé le retrait du
thiomersal des vaccins pour enfants. Il est alors re-tiré des
vaccins anti-grippe. Mais l’Agence européenne a changé depuis
d’avis, sous la pression des lobbies. Le squalène est, lui,
accusé d’être responsable d’une hépatite auto-immune sur 101
enfants d’un essai cli-nique espagnol, en 2007. Il favorise
l’apparition de polyarthrite rhuma-toïde chez les rats de
laboratoire. D’ores et déjà, pour les femmes en-ceintes et les
enfants en bas âge, ces choix sont inadmissibles.Pourquoi prendre
ce risque pour la santé, alors que la mortalité de la grippe A
semble peu supérieure à celle de la grippe saisonnière dans la
population générale ? Pourquoi abandonner la vaccination ciblée ?
Pour l’espoir – illusoire – de garder la France au travail et
garantir les profits ? Au-delà de la liberté de vaccination pour
cha-cun, du consentement éclairé qui ne peut se faire avec les deux
minutes par personne de la vaccination à la chaîne proposée par le
gouvernement, nous exigeons la sortie de vaccins sans adjuvants et
un débat public sur la balance bé-néfice-risque de la stratégie de
vaccination. Alors que les crédits de recherche pour un vaccin
contre le sida et le paludisme sont, depuis des années, de vraies
urgences sanitaires mondiales, les labos privés de la vaccination
concentrent leurs recherches sur des vaccins au bénéfice sanitaire
incertain (comme le gardasil, utilisé pour la prévention du cancer
du col de l’utérus), mais aux profits assurés. Comme le dit la
mission d’information parlementaire sur la grippe aviaire : « Dans
une économie de marché, il est difficile de deman-der à des
industriels d’engager des investisse-ments dont la rentabilité est
douteuse. » Décidément, la vaccination est une chose beaucoup trop
importante pour être laissée aux intérêts des labos ou de
l’État.
-
PAGE 7 I 24 SEPTEMBRE 2009 N°23
LA GRIPPE A
Sarkozy et Darcos l’ont rêvé. La grippe l’a fait. Sous prétexte
d’ur-gence pandémique, la circulaire de la Direction générale du
travail du 3 juillet prévoit d’augmenter le volume horaire « par
décision unilatérale de l’employeur », précisant que « le refus du
salarié, sauf s’il est protégé, constitue une faute pouvant
justifier le licenciement. » « Allongement de la durée quotidienne
de travail au-delà de la limite de dix heures (…) dépassement
de la durée maximale hebdomadaire de travail effectif de 48 heures
(…) limitation du droit de retrait », suppression du
contin-gentement des heures supplémentaires, tout est fait pour la
continuité des profits, alors que quasiment rien n’est dit sur la
santé des sala-riés. Les instances du personnel ne seront
d’ailleurs que consultées. Les plans de continuité d’activité
privilégient les sources de profit, les grands comptes, la
continuité de l’État et la flexibilité. Nos priorités sont
l’information et la sécurité de tous les personnels (les
intérimaires et les sous-traitants sont parfois « les oubliés » des
masques et de l’informa-tion), du public, des installations et le
service au public. Nous voulons le contrôle ouvrier sur toutes les
décisions, pour faire entendre nos exi-gences (CHSCT,
CTP…).Décathlon, par exemple, veut élargir les horaires d’ouverture
et ouvrir le samedi et le dimanche « pour diluer » les contacts et
maintenir ses profits. À l’opposé, en cas de pic pandémique, nous
sommes pour la fermeture des magasins, assortie de l’exigence du
paiement à 100 % des salariés, ce qui libérera des personnes pour
garder les enfants, en cas de ferme-ture d’école. La circulaire du
travail prévoit que cela soit pris sur « les congés annuels, congés
au titre de la RTT et congés épargnés sur le compte épargne temps
». Or, la grippe, ce n’est pas des vacances. Si fermeture il y a,
elle doit être prise en charge à 100 % par l’employeur, avec la
suppres-sion du délai de carence de trois jours sur les indemnités,
en cas d’arrêt de maladie.
LE DROIT DU TRAVAILVICTIME DE LA GRIPPE
questions sur
Aujourd’hui la grippe A n’est guère plus dangereuse que la
grippe sai-sonnière. Mais elle est très contagieuse, et pourrait
toucher 15 à 30 % de la population. Elle va révéler les fragilités
d’un système de santé et de solidarité qui combine les difficultés
d’accès aux soins pour les plus pauvres (dépassements d’honoraires,
refus de CMU, 30 % des patients re-tardant leurs consultations),
l’isolement pour les personnes âgées ou les SDF, les inégalités
géographiques et l’austérité pour tous. Cela se ressen-tira dans
les hôpitaux, déjà débordés par une simple grippe saisonnière. Le
Tamiflu n’y changera rien. Les milliards d’euros dépensés pour
constituer les stocks exigés par l’OMS ne serviront qu’à grossir
les profits de Roche, tant cet anti-viral semble peu efficace.
Contre la loi Bachelot, la fermeture de lits, d’hôpitaux de
proximité, les plans de retour à l’équilibre des CHU qui prévoient
30 000 suppressions de postes et la concurrence avec le privé,
l’urgence grippale nous invite à accorder toute sa place à un
service public de santé solidaire, pour les jours de grippe comme
pour les autres.À l’hôpital public, les plans blancs vont reporter
tout ce qui concerne l’hospitalisation programmée, pour consacrer
toutes les ressources aux complications de la grippe. Le privé et
ses dépassements d’honoraires sont en embuscade, pour capter cette
médecine rentable.Urgence sanitaire ! Tous les lits publics ET
privés doivent être utilisés, réquisitionnés, avec interdiction des
dépassements d’honoraires. Il faut aussi mettre en avant la
question de la gratuité (les masques sont bien gratuits…), le tiers
payant généralisé, le refus des tickets modérateurs, des forfaits
hospitaliers, pour affirmer le caractère universel du même droit à
la santé pour tous. Alors que débute l’épisode grippal, le
dérembourse-ment du paracétamol et la fermeture du service des
maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Joseph, à Paris,
illustrent jusqu’à l’absurde que le gou-vernement fait passer la
course à la rentabilité de la santé avant le droit à la santé pour
tous.
URGENCE GRIPPALECONTRE LA LOI BACHELOT
(Franck Houlgatte)
-
international
et aussiAFGHANISTAN. « Des fraudes ont été signalées, cela ne
fait pas de doute et cela semble plutôt grave à première vue » a
déclaré Barack Obama à propos de l’élection présidentielle en
Afghanistan. Les commissions mises en place ont décidé de recompter
les bulletins. Compter et recompter ne leur permettra pas de donner
à la mascarade électorale, orchestrée par les troupes d’occupation,
une quelconque légitimité démocratique. Le Pentagone fait pression
pour obtenir l’envoi de renforts. Les doutes d’Obama n’ont d’autre
but que d’amadouer l’opinion publique américaine pour poursuivre la
politique impérialiste.
IRAN. Vendredi 18 septembre, à l’occasion de la journée de
soutien au peuple palestinien, le peuple iranien a massivement pris
le chemin de la rue. À Téhéran, Ispahan, Tabriz, Mashhad ou Karadj,
la population a défié les forces de sécurité qui avaient promis une
répression sanglante. La cérémonie officielle a été éclipsée par la
mobilisation de ceux qui refusent toujours la fraude électorale.
L’université de Téhéran a été encerclée par les manifestants et
les slogans hostiles à Ahmadinejad l’ont contraint à écourter
son discours, ce qui ne l’a pas empêché de nier une nouvelle fois
l’Holocauste. Les dirigeants « réformateurs » ont été attaqués par
les nervis du régime. La répression violente et les arrestations
n’ont pas empêché la jeunesse, les femmes et les travailleurs
d’exprimer leur rejet de la dictature, faisant même reculer à
plusieurs reprises les forces de sécurité. Ceux qui doutaient de la
capacité du peuple iranien doivent se rendre à l’évidence : la peur
commence à changer de camp. Parmi les conservateurs, les désaccords
se font de plus en plus bruyants. La crise va se poursuivre et le
peuple saisira toutes les occasions pour se faire entendre.
Prochain rendez-vous à haut risque pour le pouvoir : la rentrée
universitaire.
BOYCOTT D’ISRAËL. L’équipe de football des Girondins de Bordeaux
est dans la même poule qualificative que le Maccabi d’Haïfa dont le
match aller aura lieu à Bordeaux, le 30 septembre, au stade
Chaban-Delmas. Desmond Tutu, prix Nobel de la paix, vient de
rappeler que le boycott sportif de l’Afrique du Sud
avait été un élément important dans l’isolement des tenants de
l’apartheid. Certes, des différences existent entre les deux
situations, à commencer par le fait qu’il y a des Palestiniens et
des Arabes israéliens dans les équipes de foot israéliennes. Mais
les discriminations dont sont victimes les Palestiniens sont bien
institutionnelles, avec un racisme d’État dans la gestion de l’état
civil ou de l’accès à la terre. Il y a une politique de crimes de
guerre et contre l’humanité commis à Gaza (attestée par une
commission d’enquête de l’ONU), une volonté d’épuration ethnique
affirmée par des ministres du gouvernement Netanyahou. Les
Palestiniens sont discriminés dans les pratiques sportives :
empêchements liés aux barrages routiers, au blocus de Gaza, au
bombardement d’infrastructures. Le mouvement de solidarité suédois
a contraint le match Suède-Israël de la coupe Davis à se jouer à
huis clos. En France, le 30 septembre, devant le stade (RV à 19
heures), nous serons nombreux à dire que la participation des
fédérations sportives israéliennes à des compétitions
internationales doit être suspendue tant que ce régime d’apartheid
continuera.
Depuis plus de 80 jours, dans les rues et villages du Honduras,
la résistance civile s’organise contre le coup d’État militaire
mené le 28 juin par Robert Micheletti, avec l’appui de l’armée et
de l’oli-garchie nationale, et l’aval de la hiérarchie catho-lique.
Le président déchu, Manuel Zelaya, expulsé du pays, est un
propriétaire foncier qui, une fois élu, a cherché à répondre aux
demandes des sec-teurs les plus défavorisés du pays. Malgré
l’oppo-sition de l’oligarchie, il a intégré en 2007 l’alliance
Petrocaraibe pour obtenir des ressources maté-rielles, financières
et énergétiques (pétrole du Ve-nezuela) à un tarif préférentiel. En
2008, il adhère également à l’Alliance bolivarienne des peuples
d’Amérique (Alba). Cette politique est rapidement taxée de «
communiste », « castriste » et « chaviste » par les secteurs
conservateurs, dans un pays où le pouvoir économique et politique
est entre les mains d’un petit groupe de familles.L’administration
Obama a nié l’existence d’un coup d’État, mettant en exergue des
problèmes à caractère juridique entre le président Zelaya, la Cour
suprême de justice et le tribunal électoral. Elle a impulsé la
présence des putschistes à la table des négociations. Les pays
membres de l’Alba ont été les premiers à appuyer Zelaya et à
demander la restitution de la démocratie, suivis par l’Union des
nations sud-américaines (Unasur), l’Organisation des États
américains (OEA), l’Union européenne et les Nations unies. Tout
cela n’est dû qu’à la mobilisation sociale permanente des pay-sans,
des ouvriers, des Indiens, des étudiants, des journalistes
indépendants et des intellectuels, ras-semblés au sein d’un Front
national contre le coup d’État et exigeant le retour de « Mel
Zelaya », l’or-ganisation d’un référendum populaire et
l’institu-tion d’une Assemblée nationale constituante.Le
gouvernement putschiste de Roberto Micheletti a décidé d’organiser
des élections générales bidons le 29 novembre, mais la plupart des
pays étrangers ont annoncé qu’ils n’en reconnaîtraient pas les
ré-sultats. La majorité des résistants au coup d’État considèrent
que ces élections menacent l’unité que le coup d’État a suscité,
entre mouvements sociaux et partis politiques de gauche, et
préfèrent soutenir la mobilisation sociale. Le coup d’État donne
froi-dement à voir ce que les secteurs traditionnels du pouvoir
(oligarchie politico-économique, armée, médias, États-Unis) font
des processus électoraux et démocratiques. La mobilisation sociale
et la résis-tance du peuple hondurien force le respect et de-vrait
faire l’objet d’une plus large solidarité inter-nationale.Miguel
Ceto
ALLEMAGNERADICALISATION À GAUCHE ET À DROITE
HONDURASL’OLIGARCHIE
CONTRE LE PEUPLE
PAGE 8 I 24 SEPTEMBRE 2009 N°23
La campagne électorale pour les élections législatives
allemandes du 27 septembre est marquée par la question des
coalitions gouvernementales.
Avec le retour du président déchu, Manuel Zelaya, la
mobilisation
populaire contre le coup d’État du 28 juin et le renversement
des
putschistes se poursuit au Honduras.
Les élections régio-nales (Saxe, Sarre et Thuringe) et
municipales ( R h é n a n i e -
Westphalie) du 30 août 2009 ont
changé quelque peu le panorama politique allemand (lire Tout est
à nous ! n°20). Non seulement la gauche (Die Linke et le parti
social-démocrate SPD) a connu des avancées, mais le SPD s’est
déclaré ouvert à une coalition avec Die Linke dans la Sarre. C’est
la première fois dans une région de l’Allemagne de l’Ouest (Berlin,
gouvernée depuis 2006 par une coalition SPD-Die Linke, est
considérée comme une région d’Alle-magne de l’Est). Ces résultats
inquiètent beaucoup le pa-tronat allemand. En effet, en 2005,
l’essor électoral de Die Linke avait empêché la droite de réaliser
une coalition CDU-FPD (libéraux) et l’avait obli-
gée à faire une « grande coa-lition » avec les
sociaux-dé-mocrates. Cela pourrait bien se reproduire aux élections
législatives du 27 septembre.La Parlement allemand sera dorénavant
composé durable-ment par cinq partis et, pour la première fois, le
résultat électoral pourra permettre plusieurs coalitions
gouver-nementales.La presse bourgeoise imagine déjà une majorité
SPD-Die Linke-Verts au prochain scru-tin de 2013. Dans la
social-démocratie, une nouvelle gé-nération s’apprête à prendre le
relais, se reconnaissant dans des personnages comme Andrea Nahles,
Sigmar Gabriel et Klaus Wowereit, l’actuel chef de la coalition
SPD-Die Linke de Berlin. Cette génération cherche la coopération
avec Die Linke pour arrêter l’hémorragie électorale du SPD tandis
que les « vieux », qui dominent le
SPD aujourd’hui, sont trop imprégnés d’anticommu-nisme.Si les
effets de la crise, qui vont s’aggraver, entraînent une résistance
croissante dans les entreprises et parmi la jeunesse, il est
possible que ces mouvements se répercu-tent sur la représentation
po-litique. Toutefois il est clair que le grand capital s’oppo-sera
avec toutes ses forces à un gouvernement dont il ne ferait pas
partie.Encore faut-il gagner une telle majorité, et ce sera
dif-ficile. Le SPD n’a progressé qu’en Thuringe, où d’ailleurs il
stagne. Die Linke a fait un grand bond en Sarre – où Oskar
Lafontaine est plus identifié dans son pays à la bonne vieille
social-démo-cratie qu’à une alternative de gauche au SPD. Die Linke
a très peu progressé en Thuringe et a fortement per-du en Saxe.
Sauf dans la
Sarre, Die Linke n’a pas attiré les abstentionnistes et son écho
parmi les jeunes élec-teurs est plus que modeste. Le nouveau Parti
pirate attire beaucoup plus les jeunes, tout comme les Verts, et
même les libéraux du FPD.Une radicalisation politique est en cours
dans la société allemande, sur la droite (dont profitent les
libéraux du FDP) comme sur la gauche. De plus en plus, une
disposi-tion à un changement radical apparaît dans les sondages.
Hélas, pour la plupart d’entre eux, il n’y a pas d’idée pré-cise
sur le contenu de ce changement. Une tâche ur-gente de Die Linke
devra être de le préciser.Angela Klein
Berlin, 5 juin 2009. Militants de Die Linke (ReuteRs/PeteR)
L
-
culture & médias
CINÉMA RAPPELER L’HISTOIRE POUR ÉCLAIRER LE PRÉSENT
BDBUZZ-MOI/Aurélia Aurita/LES IMPRESSIONS NOUVELLES/15 EUROSAvec
Fraise et chocolat, Aurélia Aurita a réalisé un buzz : un succès
fulgurant, inattendu et d’autant plus mérité que, pour une fois,
une auteure abordait crûment les questions de sexualité. Propulsée
spécialiste en sexualité féminine, Aurélia Aurita a connu une
relative célébrité. Avec beaucoup d’humour et de finesse, elle
revient sur ce phénomène et sur la manière dont elle l’a vécu, avec
un regard décalé et plein d’autodérision. L’occasion d’une
réflexion sur la part de compromission avec les médias, les
inconvénients d’être « cataloguée », et les journalistes qui posent
dix fois les mêmes questions bêtes avec un air lubrique. Un ouvrage
très réussi, loin de tout ton pleurnichard, car Aurélia Aurita
décrit aussi à merveille les moments de grâce partagés avec des
lecteurs.Sylvain Pattieu
24 SEPTEMBRE 2009 N°23 I PAGE 9
Le réalisateur Robert Guédiguian revient sur son engagement
militant, exprimé à travers son dernier film, L’Armée du crime.
Interview.
L
MUSIQUESMIOSSEC/Finestériens/PIASUn nouvel album de Miossec,
c’est un peu comme un film de Woody Allen, les journalistes sont
toujours tentés d’écrire que c’est le meilleur depuis le premier.
Car on l’aime, Miossec, lui qui nous a redonné le goût de la
chanson française (et il y a de quoi s’en détourner). Une chanson
française qui sent « la bière et l’animal, les tacles et la
mauvaise foi » et qui sait parler d’autre chose que de son nombril
et des restos vietnamiens à Évreux (Delerm fils). On lui pardonne
tout, même son amitié pour le béat ségoliste Cali. Parce qu’il
parle d’amour comme le grand enfant malade que nous sommes tous un
peu, mais surtout parce que, lorsque Miossec évoque la politique,
il n’oublie finalement rien, qu’il décortique le malaise du travail
dans Les chiens de paille ou encore les doutes existentiels de
notre société narcissique, avec Les joggers du dimanche. K.M.
CINÉMAL’ARMÉE DU CRIME/Robert GuédiguianL’Armée du crime retrace
le parcours des FTP-MOI, groupe de résistants lors de la Deuxième
Guerre mondiale, dirigé par Manouchian. Le film s’ouvre sur la
constitution de ce groupe de 23 résistants, pour la plupart très
jeunes, juifs pour certains et tous d’origines différentes.
Guédiguian nous livre un film où les personnages résistants sont
obligés de faire face à certaines contradictions : comment résoudre
les conflits qui se jouent entre les notions d’éthique et
d’engagement, lorsqu’il s’agit de résister à la barbarie nazie et à
la collaboration française ? Le film revisite une période
importante du mouvement ouvrier tout en interrogeant notre présent,
à travers des questions toujours actuelles, telles que l’importance
de l’internationalisme, les diverses formes que peuvent prendre la
résistance et les liens entre l’intime et le politique.Giulia Acqua
et Marie Sonnette
DVDWATCHMEN/ Zack Snyder/PARAMOUNTMaintenant que Disney a dévoré
Marvel, profitons-en pour apporter notre soutien critique à DC,
l’un des derniers concurrents encore en vie dans le monde des
comics et qui ne soit pas encore dans la poche de la petite souris.
En 1986, il publiait Watchmen, chef-d’œuvre d’uchronie – histoire
alternative où les super-héros vivent parmi nous dans une Amérique
toujours sous le règne de Nixon, aux débuts des années 1980 –,
reconnu jusque dans les cercles littéraires. L’an dernier arrivait
dans les salles une adaptation cinématographique que d’aucuns
jugèrent – injustement – décevante. La sortie du DVD est l’occasion
de vous faire votre propre idée, ne serait-ce qu’avec le superbe
générique sur fond de Bob Dylan qui revisite l’histoire des USA en
mode cartoon.King Martov
http://www.alterinter.orgAlternatives International est un
réseau d’organisations politiques et sociales « altermondialistes
», dont le but est de renforcer le mouvement social partout dans le
monde en élaborant des stratégies, des mises en réseaux et la
production de nouveaux outils d’éducation et de communication. Afin
de combattre la mondialisation néolibérale, le réseau tente de
coordonner des interventions communes dans le cadre des principaux
réseaux du mouvement social mondial.
http://www.hns-info.netHNS est une association qui développe
l’idée d’une communication et d’une information libres
participatives, dans l’espace européen et international. Ce
webmedia alternatif œuvre pour l’appropriation, la diffusion et la
démocratisation des nouvelles technologies de communication, par
l’usage des logiciels libres, en intervenant lors de débats publics
d’information et de formation.
http://www.globenet.orgGlobenet est une association militante,
au service de la liberté d’expression, proposant divers services
internet et menant ses activités autour d’un positionnement précis
: FAI associatif, fournisseur d’accès et d’hébergement internet
ouvert au public. Globenet étant historiquement un « spécialiste »
de l’hébergement des associations de solidarité, on y retrouve une
multitude de liens d’associations culturelles, politiques, ainsi
que des réseaux d’entraide entre associations.
Missak Manouchian, interprété par Simon Abkarian. (DR)
Le cinéma s’intéresse à la Seconde Guerre mondiale en ce moment.
Pourtant, si nous comparons L’Armée du crime et Inglorious
Basterds, les partis pris sont très différents. Quel était le
vôtre ?Il me semble que la gauche a perdu pas mal de
choses : elle a perdu ses buts, beaucoup de ses théo-ries, de
ses pratiques. Mais elle a aussi perdu quelque
chose qui compte au moins autant : elle a perdu sa légende, sa
chanson je pourrais presque dire. Dans la légende on peut
considérer qu’un des grands moments de l’histoire, c’est
l’his-toire du groupe Manouchian. Aujourd’hui, c’est une histoire
universelle, mais il faut toujours se rappeler qu’elle a été écrite
par le mouvement ouvrier. Je crois qu’en ce moment, si l’on veut
faire exister à nouveau une gauche radicale, on a intérêt à
travailler la théorie bien sûr, nos pratiques, mais aussi nos
lé-gendes. Je dis ça parce que j’ai grandi avec cette histoire, ces
personnages-là, les 23 et les autres. Je les ai connus très tôt, je
les ai admirés, j’ai rêvé de leur ressembler. J’ai envie de dire
que j’essaie toujours de leur ressembler, mais dans des
circons-tances extrêmement différentes. Aujourd’hui, ça signifie
avoir, quoi qu’il arrive, dans n’importe quelles circonstances, un
cer-tain nombre de principes auxquels je ne dérogerai jamais.
Votre film questionne les différentes formes que peut prendre
l’engagement militant.C’est vrai que leur engagement, à ce
moment-là, prend une tournure autant morale que politique. Quand je
dis morale, c’est une morale qui va par-dessus tout, évidemment
jusqu’à la désobéissance, et que, par principe moral, on peut
désobéir à son parti, à l’État, etc. D’ailleurs, ce qui est beau,
c’est qu’ils ont tous agi individuellement, avant de constituer un
groupe, tous ensemble. Ils ont tous fait des gestes personnels,
comme s’il n’y avait pas de frontières entre la vie privée et la
vie publique, entre la vie intime et la vie politique. Donc je
pense que leur exemple, de la même manière qu’il m’a aidé à me
construire, peut aider des gens à se construire aujourd’hui. Les
gens qui voient ce film peuvent en sortir avec le sentiment qu’il y
aura toujours des choses à refuser, des choses contre lesquelles il
faut agir.
Ce film résonne avec le temps présent.Oui. Tout film qui traite
d’un sujet historique, ou de l’histoire en général, doit montrer
que l’intérêt de l’histoire est d’éclairer le
présent. Si l’histoire nous passionne, c’est éventuellement pour
en tirer quelques enseignements pour aujourd’hui. Je voulais faire
l’armée de la lumière, je voulais travailler la foi qu’avaient ces
gens-là. Je préférais travailler ce qui les animait de
l’inté-rieur, les illuminait, plutôt que le détail, le factuel,
l’historique, la reconstitution. Au fond, cela m’importe peu. Je
dirais que j’ai fait ce film presque uniquement pour parler
d’aujourd’hui.
L’utilité de la violence, celle qui tue, est en permanence
dis-cutée. La violence populaire n’a jamais été qu’une violence de
légitime défense. Je n’ai pas d’exemple où des populations sont
entrées en lutte armée alors qu’il ne se passait rien. Je suis
opposé à la lutte armée telle que les Brigades rouges, la Bande à
Baader. Là-dessus, j’insiste sur le comportement des résistants du
film. Bien sûr qu’il y a eu des victimes innocentes, mais je pense
que c’est la résistance la plus juste qu’il y ait eu. Je le montre
: lorsqu’ils refusent de balancer une grenade dans un hôtel plein
de jeunes prostituées. Ce sont des histoires vraies !Après, quand
je parle de violence, je parle de violence avec mort d’homme. Parce
que si la violence c’est de poser des bon-bonnes de gaz et de
menacer de faire tout sauter… Je suis d’ac-cord ! C’est
complètement illégal, mais je soutiens totalement ça ! Quand on en
est à un tel niveau, qu’il y a autant de morts en France, je
comprendrais aisément que demain après une réu-nion syndicale, ils
s’énervent et balancent huit ordinateurs par la fenêtre !
Définiriez-vous votre film comme étant militant ou engagé ?
Est-il fait dans l’intérêt d’une forme d’engagement ?À partir
du moment où tu mets une caméra dans la rue et que tu montres des
hommes et des femmes dessous, dessus, sur les côtés, leurs
bagnoles, leurs fringues, c’est avoir un point de vue sur eux. Soit
tu dis que tu n’as pas de point de vue mais ça veut dire que tu
acceptes le monde tel qu’il est, soit tu dis : « J’ai ce point de
vue-là et c’est ce point de vue que je voulais proposer au public.
» Je dis bien « proposer » d’ailleurs, je discute. Donc, le cinéma
est toujours engagé. Mais celui qu’on appelle engagé, c’est celui
qui se dit lui-même engagé. Et moi je me dis engagé.Propos
recueillis par Giulia Acqua et Marie Sonnette
interview en versio
n longue sur
www.npa200
9.org
-
parlons-en
Pour nous écrire, pour prendre contact : [email protected]//
NPA, 2, rue Richard-Lenoir, 93100 Montreuil
boîte à lettres
l’éss
ai
CRI DU CŒUR. D.M. : Je suis interpellé par votre combat mais ne
comprends pas votre démarche. [...] Avez-vous le projet de créer
une défense du citoyen ou seulement de faire vivre votre parti ? Il
est temps pour nous de trouver un parti leader capable de mobiliser
les gens, de toutes origines, qui désespèrent en voyant nos
décideurs et banquiers nous rouler dans le mensonge et la
corruption. [...] Il est quand même grave que des personnes se
suicident pour leur boulot alors que nous sommes dans un pays
démocratique avec des partis et contre-partis politiques, des
syndicats, des services sociaux, des médecines du travail, des
inspections du travail, des sociologues et j’en passe. [...] Faites
en sorte que l’on relève la tête avant de nous noyer, associez-vous
avec toutes les bonnes volontés. Nous vous suivrons mais, surtout,
que ce ne soit plus que l’affaire d’un décideur. Je mets au service
de nos enfants toute ma volonté de bien agir et je veux bien croire
que vous faites de même.
PAGE 10 I 24 SEPTEMBRE 2009 N°23
PETITE ENFANCEDÉFENDRE CRÈCHES ET MATERNELLESLa politique du
gouvernement concernant l’accueil de la petite enfance dégrade les
conditions
d’accueil et privilégie les gardes à domicile.
P Pendant la campagne prési-dentielle, Nicolas Sarkozy, évoquant
les difficultés des parents à trouver une solu-tion d’accueil pour
leurs
enfants, lançait l’idée d’un droit opposable à la garde
d’enfant. Des discours remplacés aujourd’hui par une politique
de restric-tions. En France, il manque 300 000 à 800 000 places
d’accueil pour les jeunes enfants. Cette pénurie a des
consé-quences sur le travail des femmes. 75 % d’entre elles, vivant
en couple avec un enfant de moins de six ans, travaillent. Mais,
avec trois enfants ou plus, dont un de moins de six ans, elles ne
sont plus que 40 % à travailler. 27 % des mères ayant un enfant de
moins de six ans sont à temps partiel, 53 % quand il y a trois
enfants ou plus.Lorsqu’ils ne favorisent pas le retour des femmes
au foyer, les choix politiques privilégient les modes d’accueil
indivi-duels. Depuis 1994, avec l’allocation parentale d’éducation
(APE) versée dès le deuxième enfant, puis avec la presta-tion
accueil jeune enfant (Paje), le taux d’activité des mères a chuté.
Rareté et cherté des modes d’accueil ont souvent raison des calculs
budgétaires des pa-rents aux salaires modestes. La branche famille
de la sécurité sociale a consacré, en 2007, cinq fois plus d’argent
à l’ac-cueil individuel qu’à l’accueil collectif (5,5 milliards
d’euros pour les assis-tantes maternelles, 3,3 milliards pour le
congé parental et 1,8 milliard pour l’ac-cueil collectif).En
juillet 2008, Michèle Tabarot, dépu-tée UMP, a déposé un rapport
contenant une série de propositions. En décembre
2008, dans le cadre de la loi de finance-ment sur la Sécurité
sociale, le gouverne-ment a fait passer de trois à quatre le nombre
maximum d’enfants que peut garder une assistante maternelle à
domi-cile. Voila comment on « augmente l’offre d’accueil » en
dégradant sa qualité. Cela révèle aussi la priorité accordée au
mode de garde individuel où les femmes sont les moins qualifiées
(60 heures de forma-tion), isolées à domicile, sans relations
sociales professionnelles et dans une re-lation de gré à gré avec
le parent em-ployeur.
JARDINS PARKINGSPour l’accueil collectif, le maître mot du
rapport Tabarot est la baisse des coûts par la déqualification des
profession-nelles – qui sont surtout des femmes – et la
déréglementation des normes d’enca-drement. Une des premières mises
en œuvre du rapport a été le lancement, en mai, de « jardins
d’éveil » pour les 2 à 3 ans, financés par les collectivités
locales ou les entreprises gestionnaires, la CAF et les familles.
Dans ces structures, payantes pour les parents, la part des
profession-nelles moins qualifiées augmente (CAP petite enfance) et
les normes se détério-rent (douze enfants pour une salariée au lieu
de huit aujourd’hui dans les crèches).En 2000, plus de 35 % des
enfants de 2 à 3 ans étaient accueillis à l’école mater-nelle.
Aujourd’hui, suite aux suppres-sions massives de postes
d’enseignants, ils ne sont plus que 21 % à bénéficier de cette
école gratuite. L’État veut mettre fin à la scolarisation des 2 à 3
ans, transférer le coût de cet accueil vers les communes et les
familles et déqualifier les profes-sionnelles.
Mais, à terme, la volonté de la droite pourrait être de
supprimer l’école mater-nelle, en transférant les enseignants en
primaire et en les remplaçant par des non-enseignants. Les petite
et moyenne sections de maternelle disparaîtraient et seule la
grande section (à partir de cinq ans) subsisterait comme première
année de primaire. La droite veut faire passer les normes
d’encadrement dans les crèches d’une professionnelle pour
cinq enfants à une pour six (de une pour huit enfants à
une pour neuf pour les enfants qui mar-chent). Elle veut aussi
faire passer l’ins-cription des enfants en surcapacité en crèche à
20 % (10 % actuellement).Toutes ces mesures s’attaquent aux
conditions de travail des professionnelles de la petite enfance et
à la qualité de la prise en charge des jeunes enfants. L’accueil
des jeunes enfants est un enjeu majeur de l’égalité entre femmes et
hommes.Défendons le droit au travail des femmes, à un travail
qualifié et bien rémunéré. Défendons la création d’un service
pu-blic national gratuit d’accueil des jeunes enfants avec des
professionnelles qua-lifiées et reconnues, répondant à la de-mande
des parents, sous des modes de garde diversifiés. Défendons le
droit ga-ranti, pour les parents demandeurs, d’une scolarisation de
leurs enfants dès 2 ans, dans des conditions adaptées, au sein de
l’école maternelle. Des mobilisations uni-taires de salariés de la
petite enfance, de parents et d’enseignants ont eu lieu ces
derniers mois (pétition « pas de bébés à la consigne »). La
manifestation pour les droits des femmes du 17 octobre doit être
une nouvelle occasion de mobilisation.Guillaume Floris
Paris, 19 mars 2009, manifestation interprofessionnelle.
Cortèges des personnels des crèches. (Photothèque Rouge/Milo)
Orange Stressé tombe à point nommé. Cet ouvrage, condensé
d’analyses et de témoignages sur France Télécom, a été mis en
chantier par Yvan du Roy, suite au suicide d’un technicien de
Troyes, en mai 2008. Ce dernier mettait clairement en cause le «
management par le stress » de l’entreprise. Les sections SUD et CGC
de France Télécom Orange mettent alors en place, avec l’aide
d’experts « citoyens », un Observatoire du stress qui réalise une
remarquable enquête auprès des salariés. C’est à partir de ces
faits qu’Ivan du Roy a bâti cet impressionnant retour en arrière,
pour rechercher les racines du mal dans les évolutions de
l’entreprise durant ces trente dernières années.L’auteur aborde la
plupart des questions clés : les décisions d’ouvrir à la
concurrence le secteur des télécommunications prises dans les
antichambres de Bruxelles en 1988, alors que Michel Rocard est
Premier ministre, le démantèlement de l’administration des PTT et
la séparation entre La Poste et France Télécom en 1990, toujours
sous la gauche et avec la complicité affairée de la CFDT, deuxième
syndicat à l’époque. L’ouvrage détaille les étapes de la
privatisation : 1996 et la loi qui autorise l’ouverture du capital,
l’État gardant une part majoritaire, la motion de censure de la
gauche contre cette privatisation, les promesses du candidat Jospin
de ne pas procéder à l’ouverture du capital et la trahison en rase
campagne quand, moins de deux mois après son élection, il procède à
la première ouverture du capital sous l’égide de Dominique
Strauss-Kahn, avec le silence complice des ministres Marie-George
Buffet et Je