Sandor Marai, Dernier jour à Budapest Écrit par livres-et-lectures.com Création : 2021-01-13 16:46:58 Publication : 2021-01-13 16:46:58 Ce roman hongrois, écrit vers 1940 relate le dernier jour de l'existence de l'écrivain Gyula Krudy, mort en 1933 et dont un livre a fait l'objet d'une fiche récente. En fait, il va bien au-delà, car s'il est une méditation sur les valeurs de GK telles qu'elles guidaient son comportement de grand écrivain dandy, un peu hors sol, elle est aussi une méditation sur ce qu'avait été la nation hongroise avant la guerre de 14, cadre du rêve existentiel de GK. Ce "monde d'hier", comme disait Zweig, qui avait fait de l'Europe, éblouie de liberté et de progrès, le centre du monde. Cette mise en perspective du concept de nation dépasse celui propre à la Hongrie pour poser simplement la question du contenu du mot et de son sens. Un très beau livre. GK fut un écrivain hongrois majeur qui, après la guerre de 14 perdit une part importante de sa notoriété, qu'il ne retrouve que progressivement aujourd'hui. Son comportement de dandy capricieux, impécunieux, mais arrogant interroge. Ce roman va tenter d'en donner la raison en prêtant à GK une nostalgie dévorante de la grandeur du "monde d'hier", ce qui, d'ailleurs, se comprend. Il s'agissait sans aucun doute d'un monde enthousiasmant où les perspectives étaient sans limites. Mais cette époque révolue avait aussi donné à GK une notoriété et une richesse passagères qui allaient l'une et l'autre s'évanouir après 1920. Et la nation du "monde d'hier", la Grande Hongrie, allait fondre au soleil brûlant du traité de Versailles pour se réduire à ce que nous en connaissons aujourd'hui. Qui, dans ces conditions n'aurait pas manifesté une certaine nostalgie ? L'auteur nous fait percevoir la conception que GK pouvait avoir de la nation idéale, celle qui pouvait donner naissance et héberger de grands hommes, essentiellement de grands écrivains dans son cas. Pages 95 et 96, il va jusqu'à proposer ce qui, d'après GK, donne "droit à une nation de vivre sur ses terres ancestrales". Il utilise alors une très belle image pour évoquer, lorsque ces conditions sont réunies, la force qui conduit ceux qui sont en phase avec cet état de perfection nationale. C'est une voix qui leur parle, qui les guide, qui convoie vers eux toute la