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Salariat et chômage
des artistes en Belgique
1. Introduction
Il n’est pas rare de trouver quelque déclaration politique, nationale ou internatio-
nale, soutenant une amélioration des conditions d’exercice des métiers artistiques.
Ainsi, dès 1980, l’UNESCO souhaitait-elle favoriser l’établissement de statuts
spécifiques aux artistes : « Le système de sécurité sociale que les États membres
seraient conduits à adopter, améliorer ou compléter devrait tenir compte de la
spécificité de l’activité artistique, caractérisée par l’intermittence de l’emploi et
des variations brusques de revenus de beaucoup d’artistes, sans impliquer pour
autant une limitation de la liberté de créer, d’éditer et de diffuser leurs œuvres
1
».
Poussant avec lucidité sa réflexion sur les modalités d’autonomie d’une protec-
tion sociale destinée aux artistes, elle invitait les États membres à « envisager
l’adoption de modes de financement spéciaux de la sécurité sociale des artistes,
par exemple en faisant appel à des formes nouvelles de participation financière soit
des pouvoirs publics, soit des entreprises qui commercialisent ou exploitent les
services ou les œuvres d’artistes
2
». Un tel unanimisme bien intentionné se heurte
toutefois à la fragmentation des réalités et des intérêts figurant au sein de chaque
contexte national.
En Belgique, il n’existe pas de statut de travail propre aux artistes, qui peuvent
exercer leur art en tant que salarié, indépendant ou fonctionnaire. Ce cadre régle-
mentaire, relativement large, est le résultat d’une longue réforme ayant abouti à
une série de règles consignées dans la loi-programme du 24 décembre 2002
3
, entrée
en vigueur le 1
er
juillet 2003. Celle-ci introduit notamment la possibilité pour les
artistes de choisir le régime d’indépendant ou de bénéficier d’une présomption de
salariat. Si le législateur peut alors croire que ce dispositif juridique va résoudre
une série de problèmes liés à l’emploi des artistes — à commencer par l’inser-
tion dans le circuit du salariat d’un panel élargi d’artistes (artistes de spectacle ou
artistes créateurs), permettant à ceux-ci de conclure des contrats d’employé et de
1. Recommandation relative à la condition de l’artiste, UNESCO, 27 octobre 1980, article VI, 5.
2. Ibid.
3. M.B. 31/12/2002.
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bénéficier d’une protection sociale —, il apparaît depuis 2011 que l’exercice des
professions artistiques demeure parsemé d’embûches réglementaires et nécessitera
sans conteste de nouvelles initiatives législatives.
C’est au cœur d’une problématique connexe, celle du lien entre emploi et chô-
mage, qu’une série de difficultés apparaît par ailleurs. Car en ouvrant les portes
du salariat aux artistes, l’État leur ouvre également celle de l’assurance chômage.
Faisant dans le secteur bien souvent figure de revenu de complément plutôt que de
remplacement
4
, l’assurance chômage semble alors devoir supporter de « nouveaux »
arrivants à une partie desquels l’ONEm
5
conteste le « statut d’artiste » dès 2011.
Cet article cherche à mettre en évidence l’existence de liens entre l’emploi
artistique et le chômage des artistes et à analyser la nature de ces interactions éven-
tuelles. Plus concrètement, il s’agit de confirmer l’hypothèse suivante : en régime
d’intermittence, il existe une corrélation positive entre l’emploi et le chômage
artistique ; plus l’emploi augmente et plus le chômage augmente
6
. Cette hypo-
thèse a pu être vérifiée en France par les travaux de Pierre-Michel Menger
7
. Elle
met en lumière un trait singulier des professions artistiques et contredit la logique
intuitive suivante : plus l’emploi augmente, plus le chômage diminue. Cette carac-
téristique, propre au régime de l’intermittence, a des implications dans la trajec-
toire professionnelle des artistes et aussi dans la manière dont les pouvoirs publics
peuvent adopter des mesures appropriées aux professions artistiques, notamment
par la mise en œuvre hypothétique d’un « statut d’artiste », c’est-à-dire d’un système
de sécurité sociale autonome et spécifique aux artistes
8
. Par ailleurs, confirmer cette
relation entre travail et chômage artistiques offrirait un éclairage sur la lecture des
données statistiques réalisées par les pouvoirs publics en général et par l’ONEm
en particulier.
Pour mettre à l’épreuve cette hypothèse en Belgique, il est nécessaire, dans un
premier temps, de dresser un état des lieux statistique du salariat et du chômage
des artistes depuis l’application de la loi de 2002. Nous tenterons de mettre en
lumière les diverses évolutions apparues au cours de cette période et cherche-
rons à comprendre les mécanismes engendrant les diverses tendances observées.
4. L’emploi artistique est de fait souvent un condensé de formes d’emplois fragmentés et de situa-
tions de pluriactivité, de ressources combinées entre les emplois abris et les revenus indemni-
taires, où paradoxalement, les indemnités de chômage constituent souvent la part la plus sûre
du revenu d’un intermittent. Cf. Pierre-Michel Menger, Profession artiste. Extension du domaine
de la création, Paris, Les Éditions Textuel, 2005, p. 46–47.
5. Office National de l’Emploi.
6. Jean-Gilles Lowies, Les conditions d’emploi dans les métiers artistiques, Séminaire du Grap, Université
libre de Bruxelles, décembre 2012.
7. Pierre-Michel Menger, Les intermittents du spectacle. Sociologie d’une exception, Paris, EHESS, 2005,
p. 32–33.
8. ERICarts, La situation des professionnels de la création artistique en Europe, Bruxelles, Parlement
européen, 2006.
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Signalons d’emblée que, contrairement à la littérature scientifique de nombreux
pays européens, la Belgique ne connaît pas de système de recueil et d’analyse systé-
matique des données relatives à l’emploi culturel et artistique. Si cet article ne
pourra donc pas se consacrer à l’analyse approfondie de l’une ou l’autre variable de
l’emploi, il s’attachera néanmoins à étudier quelques indicateurs majeurs (effectifs,
volume d’emploi, etc.) sur la base de données inédites.
2. Emploi culturel et emploi artistique
Analyser l’emploi culturel et artistique est devenu un volet classique des études
et des débats sur les politiques culturelles. Sa récurrence n’a d’égal que ses écueils
méthodologiques et l’on peut sans hésiter affirmer que ce type d’étude mériterait
de figurer au panel des genres littéraires tant il se distingue par des notes méthodo-
logiques de bas de pages plus importantes que le corps du texte.
Malgré cet engouement international, renforcé notamment par les initiatives
de l’Union européenne
9
, force est de constater que la Belgique reste singulièrement
sur sa réserve. Peut-être faut-il y voir une retenue à associer l’intervention étatique
à quelque argumentaire d’ordre économique ? La doxa des politiques culturelles
belges francophones reste sensiblement axée sur une opposition ontologique entre
économie et culture, cette dernière ne pouvant être considérée telle une marchan-
dise « comme les autres ». Il en résulte que les données les plus récentes concer-
nant l’emploi culturel belge se retrouvent… dans des publications statistiques de
l’Union européenne
10
ou encore de l’ONU
11
. Autant dire que le chantier demeure
peu exploré et particulièrement vaste
12
.
Ainsi qu’en témoigne la littérature internationale, il n’existe pas de voie unique
dans la définition de l’emploi culturel : chaque étude définit son périmètre selon
des objectifs propres, dépendant parfois des commanditaires et des (im)possibi-
lités offertes par les systèmes nationaux de statistiques publiques
13
. De manière
générale, il faut distinguer une approche du secteur culturel par les activités d’une
part et par les métiers de l’autre
14
. Comprendre les caractéristiques économiques
relevant de la création artistique est plus directement discernable par l’approche
des métiers artistiques. Cette voie est toutefois beaucoup plus incertaine car les
9. L’économie de la culture en Europe, KEA European Affairs, Bruxelles, Commission européenne,
2006.
10. Ibid. Voir également les travaux d’Eurostat.
11. Creative report 2010, UNCTAD.
12. Citons toutefois deux travaux pionniers en nos contrées : Xavier Mabille (dir.), L’emploi
culturel, Bruxelles, CRISP, 1994 et André Nayer, Xavier Parent et Jef Van Langendonck
(dir.), Étude ayant pour objet une analyse de l’importance de l’activité artistique dans l’économie belge et les
possibilités de l’augmenter par une réforme du statut social et fiscal des artistes, Bruxelles, CERP, 2000.
13. Xavier Mabille (dir.), L’emploi culturel, op. cit., 1994.
14. Xavier Greffe, L’emploi culturel à l’âge du numérique, Paris, Économica, 1999, p. 20–21.
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statistiques publiques sont généralement construites autour des activités écono-
miques (codes NACE
15
). Encore faut-il alors déterminer quels sont les secteurs
d’activité économique identifiant le secteur culturel.
La plus grande part des études envisage le périmètre culturel selon plusieurs
cercles, soit un noyau dur de matières entièrement culturelles suivi par un ou plu-
sieurs cercles plus larges comprenant des matières indirectement culturelles
16
. Cet
élargissement repose sur deux processus : l’extension du secteur culturel vers les
industries culturelles et créatives, et la prise en compte des filières de production
depuis la fabrication jusqu’à la vente de détail
17
. L’élargissement du secteur culturel
aux industries créatives permet d’englober plusieurs secteurs liés à l’audiovisuel
et aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (Internet,
téléphonie, logiciels informatiques, etc.) dont le poids économique est considé-
rable
18
. L’ouverture aux filières de production est quant à elle généralement opé-
rée lorsqu’on cherche à mesurer l’impact économique du secteur, qu’il soit direct,
indirect ou induit. Entrent alors notamment en ligne de compte, en amont, les
industries de fabrication (pâte à papier, DVD, manufactures d’instruments de mu-
sique, etc.) et, en aval, la grande distribution des produits culturels et des supports
de copie privée
19
.
D’après ESSnet, l’emploi culturel se définit par une addition composée des
occupations, culturelles ou non, réalisées dans le cadre d’activités économiques
totalement culturelles et des occupations culturelles réalisées dans d’autres acti-
vités économiques
20
. Cette approche demande toutefois d’utiliser des données
précises sur les professions
21
, à ce jour indisponibles, permettant de discerner les
occupations culturelles hors du « secteur culturel ». S’il s’avère difficile, eu égard
à la pauvreté des données, d’opérationnaliser un tel périmètre de l’emploi cultu-
rel, il est par contre possible de pointer spécifiquement les occupations de nature
artistique. Les statistiques de l’ONSS
22
permettent en effet de retracer les contrats
salariés artistiques depuis 2003
23
. Nous poserons donc ici que l’emploi culturel est
15. Nomenclature des Activités Économiques.
16. Xavier Greffe, op. cit., p. 22–27.
17. Howard Becker, Les mondes de l’art, Paris, Flammarion, 1988 (1982), p. 27–63.
18. Creative Industries Economic Estimates, Department for Culture, Media and Sport, UK, 9 December
2010.
19. André Nayer, Xavier Parent et Jef Van Langendonck (dir.), Étude ayant pour objet une analyse
de l’importance de l’activité artistique dans l’économie belge et les possibilités de l’augmenter par une réforme
du statut social et fiscal des artistes. Rapport final, 3 vol., avril 2000.
20. ESSnet-Culture, European Statistical System Network on Culture. final Report, Luxembourg, Mai
2012, p. 140–148.
21. Grâce à la nomenclature CITP (Classification internationale type des professions).
22. Office National de Sécurité Sociale.
23. Grâce aux codes spécifiques « artistes », 046 et 047, mentionnés dans la DmfA-déclaration
multifonctionnelle qui doit être effectuée par les employeurs.
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constitué de l’emploi dans les secteurs d’activités totalement culturelles et des
occupations artistiques existant dans d’autres secteurs d’activité.
Emploi culturel Activités totalement culturelles Autres activités
Occupations artistiques Ѵ Ѵ
Occupations non artistiques Ѵ –
Pour pouvoir opérationnaliser cette définition de l’emploi culturel, notre atten-
tion doit donc se porter sur la délimitation de l’emploi dans un secteur culturel
« restreint », dont les activités économiques sont totalement culturelles, et, le plus
généralement, liées directement à la création artistique. C’est le système de statis-
tiques culturelles développé au sein de la Commission européenne par le groupe
de travail ESSnet
24
, lui-même inspiré notamment des travaux de l’UNESCO sur
les statistiques culturelles, qui fait à cette fin office de base de travail
25
. Partant
de la liste de codes NACE établie par ce groupe de travail, nous avons défini le
périmètre de ce secteur culturel restreint. Il s’écarte en deux points des travaux de
ESSnet, afin d’approcher au mieux le secteur de la création artistique. Le premier
point concerne le sous-secteur de la photographie, écarté dans ESSnet et que nous
avons choisi de conserver. Il convient de préciser que les propositions de ESSnet
sont basées sur des codes NACE à quatre chiffres, ce qui, pour les activités de
photographie, ne permet pas de distinguer les photographies artistiques ou non
artistiques. Notre étude étant basée sur des codes NACE à cinq chiffres, il nous a
été possible de prendre en considération la photographie artistique (parfois consid-
érée comme le huitième art). Le second point concerne le sous-secteur des agences
de presse, repris par ESSnet et écarté de notre périmètre car il n’implique pas
nécessairement un acte de création artistique. Le périmètre du secteur d’activité
culturelle ainsi déterminé reprend huit domaines : le livre et la presse, les médias
et l’audiovisuel, l’architecture, le design, les arts visuels, l’enseignement culturel, le
spectacle vivant, et le patrimoine, les archives et les bibliothèques
26
.
L’emploi artistique sera considéré ici uniquement sous l’angle de l’emploi
salarié des artistes, qu’ils soient créateurs ou interprètes. Si cet article se focalise
sur le salariat, il convient de noter que le travail artistique peut prendre de nom-
breuses autres formes, à commencer par les statuts de travailleur indépendant ou
fonctionnaire
27
. Outre ces statuts ouvrant certains droits à la sécurité sociale, les
24. ESSnet-Culture, European Statistical System Network on Culture. final Report, Luxembourg, Mai
2012, p. 71–72.
25. Cadre de l’UNESCO pour les statistiques culturelles 2009, Unesco-ISU, Canada, 2009.
26. La liste complète des codes NACE sélectionnés se trouve en annexe 1.
27. Un aperçu de l’évolution des effectifs d’artistes indépendants de 2004 à 2011 se trouve en
annexe 2, extraite de Jean-Gilles Lowies, Les conditions d’emploi dans les métiers artistiques,
Séminaire du Grap, Université libre de Bruxelles, décembre 2012.
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artistes peuvent exercer leurs pratiques selon des statuts très divers et parfois fort
précaires. Ils peuvent pratiquer leur art bénévolement, c’est-à-dire sans aucune
rémunération, avoir un statut de volontaire, bénéficiant alors de défraiements ou
encore travailler selon le système de RPI
28
créé en 2002. Nombre d’autres artistes
peuvent exercer leur art « professionnellement » sans être rémunérés autrement
que par le biais des droits d’auteur ou par les profits de la vente d’œuvres. Les
moyens de subsistance de l’artiste peuvent également provenir de quelque rente,
mobilière ou immobilière, des revenus du conjoint ou d’une autre profession (par
exemple les journalistes ou les avocats qui écrivent par ailleurs des romans). On le
voit, il serait illusoire de penser dénombrer l’effectif total des artistes par la seule
catégorie des salariés. Celle-ci reste néanmoins cruciale pour l’étude de l’emploi
artistique, a fortiori depuis l’ouverture de la présomption de salariat à l’ensemble
des artistes prévue par la loi de 2002.
Quatre niveaux de données statistiques ont été analysés. Le premier désigne
l’emploi culturel, soit l’emploi dans le secteur culturel auquel s’additionne l’emploi
artistique hors du secteur culturel. Le second vise l’emploi dans le secteur « cultu-
rel restreint », généralement lié à la création artistique qui y englobe tant l’emploi
artistique que l’emploi non artistique. Le troisième désigne l’emploi artistique à
proprement parler, tous secteurs d’activité économique confondus. Le quatrième
renvoie pour sa part au chômage artistique.
Autant que possible, nous remonterons jusqu’à la période de mise en appli-
cation de la loi de 2002, à savoir fin 2003–2004. Nous n’avons toutefois pas pu
réaliser de longues séries s’agissant des données d’emploi obtenues par secteur
d’activité via les codes NACE du secteur culturel, ceux-ci ayant été modifiés en
2008. Cette rupture de codification entraîne un changement du périmètre qui
annihile toute tentative fiable de série chronologique. Ce biais incontournable a
déjà été constaté dans les statistiques européennes de la culture entre 2005 et 2009.
Certaines données relatives à l’emploi artistique ne dépendent toutefois pas de la
classification NACE, et permettront de remonter jusqu’en 2003. Il en va de même
pour les données fournies par l’ONEm.
Il convient toutefois d’évoquer quelques limites des recherches dès lors
qu’elles reposent sur un périmètre réalisé sur la base des codes NACE. La première
limite tient au fait que l’attribution du code à une entreprise s’effectue au moment
de son établissement et qu’il ne reflète dès lors pas un éventuel changement de
secteur d’activité. La deuxième découle de l’écart existant entre la formulation
catégorielle du code et la nature exacte de l’activité. Il arrive soit que l’activité de
l’entreprise soit plus large et plus variée que l’intitulé du code, soit que l’activité
28. « Régime des Petites Indemnités ». Régime, prévu dans la loi du 24/12/2002, qui est exonéré de
toute cotisation sociale et fiscale moyennant le respect de certains plafonds : montant journalier
maximum, nombre maximum de jours consécutifs pour le même « employeur », montant annuel
maximum, nombre maximum de prestations. Bien que ce régime n’ouvre par ailleurs aucun
droit vis-à-vis de la sécurité sociale, il ne peut être cumulé avec des allocations de chômage.
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réelle corresponde à plusieurs codes alors qu’elle n’en a qu’un seul. Par ailleurs,
certains secteurs d’activité ne sont explicitement repris par aucun code NACE
(galeries d’art, création de jeux électroniques, etc.)
29
. Enfin, il existe aussi des cas
où l’attribution est tout simplement inadéquate, voire erronée
30
. Il résulte de ces
quelques limites que l’on ne pourrait accorder une fiabilité totale aux données
détaillées par sous-secteurs d’activité (codes à 5 chiffres). Nous ne présenterons
donc que les résultats qui agrègent tous les sous-secteurs retenus.
2.1. Part de l’emploi culturel et artistique sur l’emploi total
31
(Belgique, 2011)
L’emploi culturel belge compte pour le dernier quadrimestre de l’année 2011 en
Belgique 59 673 effectifs, soit 1,56 % de l’emploi total qui s’élève pour sa part à
3 836 832 effectifs. La moyenne européenne, et par ailleurs belge, de 2009 situait
pour sa part l’emploi culturel à 1,4 %
32
. L’emploi artistique représente quant à lui
3,32 % de l’emploi culturel, soit 1 983 effectifs.
2.2. Part de l’intermittence et évolution proportionnelle
33
de l’emploi total, de l’emploi culturel et de l’emploi artistique
(Belgique, 2008–
2012, moyennes trimestrielles)
Au-delà d’une croissance plus rapide de l’emploi artistique, en regard de l’emploi
culturel ou total, qui semble néanmoins diminuer fortement au cours de l’année
2012, c’est la part marquée de l’intermittence et par ailleurs de la saisonnalité de
l’emploi artistique qui semble ici se démarquer. Ainsi la période estivale, le troisième
trimestre de l’année, constitue le pic de l’emploi artistique, alors que le second est
la période creuse pour l’emploi dans le secteur. L’emploi culturel subit quant à lui
une légère baisse par rapport à l’emploi total.
29. Alain Guiette, Sofie Jacobs, Annick Schramme, Koen Vandenbempt, Monitoringinstrument
voor de Creatieve Industrieën in Vlaanderen, Onderzoeksrapport, Flanders DC, Antwerp Mana-
gement School, Septembre 2011.
30. Une entreprise peut être classée dans une catégorie connexe, par exemple « centres culturels »
au lieu de « salles de théâtre ». Il arrive aussi que certaines entreprises disposent de codes diffé-
rents lorsqu’il s’agit de l’inscription à la TVA et à l’ONSS.
31. Effectifs ONSS ; moyenne trimestrielle.
32. Cultural statistics, Eurostat, European Union, 2011, p. 67. Les écarts de méthode ne permettent
pas pour autant de postuler une éventuelle baisse de l’emploi culturel.
33. Rabattue à l’unité.
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C’est par ailleurs la croissance du poids, et ce depuis 2009, des agences de place-
ment de main d’œuvre et de travail temporaire dans l’emploi artistique que semble
illustrer l’analyse de l’emploi artistique dans et hors du secteur culturel restreint
lié à la création artistique (fig. 2). On constate en outre que le phénomène d’inter-
mittence artistique est nettement plus présent hors du secteur d’activité culturelle.
Notons cependant que les activités artistiques exercées par l’intermédiaire d’agences
peuvent se dérouler au sein du secteur culturel ; ce cas de figure correspond aux
employeurs qui sous-traitent leurs obligations administratives.
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
1,6
Total national emploi
Total national emploi culturel
Total national emploi artistique
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
4000
4500
Total national emploi artistique
Total national emploi artistique danssecteur culturel restreint
Fig. 1 (données : ONSS)
Fig. 2 (données : ONSS)
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2.3. Évolution régionale de l’emploi artistique
De 2004 à 2012, le volume d’emploi artistique augmente de 83 %, pour atteindre,
en 2012, 3 299 ETP (équivalent temps plein)
34
. Cette hausse spectaculaire n’est
pourtant pas commune aux trois régions, qui présentent chacune des tendances
propres (fig. 3). Début 2004, la Région flamande connaît le plus gros volume
d’emploi artistique salarié, totalisant davantage d’ETP que Bruxelles et la Wallonie
réunies. Ce rapport va s’éroder au fil des ans. D’une part, sous le poids de la
croissance marquée en Région wallonne et, principalement, en Région bruxelloise.
D’autre part, via la stagnation de l’emploi artistique apparue en Région flamande.
Ce retournement de situation est assez net : dès la fin 2011, la Région bruxelloise
montre un volume de salariat artistique supérieur à celui de la Région flamande.
Cette tendance peut trouver un écho dans la forte hausse des effectifs d’artistes
exerçant sous le statut d’indépendant en Région flamande
35
. Elle permet in fine de
soulever une différence significative du rapport entretenu par les artistes vis-à-vis
de leur statut de travail au sein de chaque région.
Fig. 3. Équivalents temps plein trimestriels par Région de 2004 à 2012 (données : ONSS)
2.4. Des causes à l’augmentation de l’emploi culturel et artistique ?
La hausse de l’emploi artistique est à présent établie. Est-il cependant permis d’y
voir quelque effet de la loi de 2002 ? On ne pourrait répondre trop hâtivement par
l’affirmative, tant les causes potentielles d’une telle hausse peuvent être diverses.
Citons, tout d’abord, l’effet éventuel du refinancement des Communautés opéré au
début des années 2000. Les accords du Lambermont II – Saint-Polycarpe, inter-
venus le 23 janvier 2001, ont effectivement permis une augmentation des crédits
destinés au secteur culturel
36
. En Communauté flamande et en Communauté
34. On remarque par ailleurs que le volume d’emploi artistique augmente davantage que les effec-
tifs trimestriels d’artistes. Cela tient au moins partiellement au mode de comptabilisation des
effectifs par l’ONSS, c’est-à-dire à date fixe chaque trimestre ; comptage qui convient peu à la
caractéristique intermittente du travail artistique.
35. Cf. Annexe 2, extraite de Jean-Gilles Lowies, Les conditions d’emploi dans les métiers artistiques,
séminaire du Grap, Université libre de Bruxelles, décembre 2012.
36. Le Bilan de la Culture. Les dépenses culturelles et sportives, 1995–
2007, en Belgique fédérale, Bruxelles,
Communauté française, 2010, p. 9–10.
0
200
400
600
800
1.000
1.200
1.400
1.600
2004
120
042
2004
320
044
2005
120
052
2005
320
054
2006
120
062
2006
320
064
2007
120
072
2007
320
074
2008
120
082
2008
320
084
2009
120
092
2009
320
094
2010
120
102
2010
320
104
20111
20112
20113
20114
20121
20122
20123
ETP Région bruxelloise
ETP Région flamande
ETP Région wallonne
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française, les budgets alloués au secteur culturel ont particulièrement augmenté à
partir de 2007
37
. Il serait toutefois audacieux d’affirmer que ces hausses budgétaires
aient été répercutées mécaniquement dans l’emploi artistique qui reste la variable
d’ajustement budgétaire la plus flexible.
Une autre hypothèse expliquant cette hausse d’emploi artistique réside dans
le développement global du secteur audiovisuel. Le secteur cinématographique
francophone, en particulier, a connu une croissance financière singulièrement
remarquée grâce au mécanisme fiscal du Tax Shelter. Le financement du cinéma
a considérablement augmenté depuis 2003 grâce à cette source de financement
complémentaire
38
. Il est donc permis de supposer que ces nouvelles retombées
financières ont pu contribuer en partie à la hausse de l’emploi artistique, que
ce soit dans l’engagement d’acteurs, de scénaristes, de réalisateurs ou encore de
techniciens.
Évoquons enfin l’effet éventuel de la loi de 2002, qui est au moins double
et in fine paradoxal. D’une part, elle ouvre les portes du salariat à des catégories
d’artistes qui ne s’y trouvaient que rarement, notamment les créateurs plasticiens,
auparavant cantonnés au registre des relations commerciales de vente d’œuvres.
Cette présomption « réfragable » de salariat appliquée à l’ensemble des artistes,
interprètes et créateurs, offre la possibilité de figurer dans le système de sécu-
rité sociale des employés, comportant notamment une assurance chômage. Cette
ouverture a donc pu favoriser l’inclusion d’une population d’artistes qui fonction-
naient auparavant dans des relations économiques diverses, parfois proches de
l’économie informelle/grise. À l’inverse, cette loi a permis aux artistes de s’extraire
du statut de salarié et de profiter du statut d’indépendant. Cette tendance est fort-
e ment présente en Flandre, et se retrouve surtout dans la progression des effectifs
sous le statut d’indépendant complémentaire. On le voit, ces deux effets potentiels
sont paradoxaux, élargissement et diminution se côtoient.
Nous pouvons aussi émettre l’hypothèse d’un effet favorable de la loi de 2002
sur l’emploi artistique par le biais des aides à l’emploi qu’elle a introduites. Cette
loi a en effet prévu une réduction de cotisations patronales concernant les em-
plois artistiques. Ces réductions peuvent avoir joué un rôle d’incitant vis-à-vis des
employeurs. À masse salariale identique, les employeurs ont pu augmenter leur
volume d’emploi artistique.
Enfin, il faut mentionner l’essor des organismes faisant figure d’intermédiaires
sur le marché du travail artistique. Que ce soit au travers d’agences d’intérim,
37. Idem, p. 12–26 ; Le Bilan de la Culture. L’évolution des dépenses culturelles, 1984
–2007, en Communauté
française, Bruxelles, Communauté française, 2010, p. 11 ; Focus Culture 2012 —
Faits et Tendances,
Bruxelles, Communauté française, 2013, p. 13.
38. En 2012, le financement de la Communauté française atteignait presque 14 millions d’euros
et les revenus du Tax Shelter dépassaient les 93 millions d’euros. Cf. Production, promotion et
diffusion cinématographiques et audiovisuelles. Le Bilan 2012, Bruxelles, Communauté française /
Fédération Wallonie-Bruxelles, 2013, p. 15 et 164.
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-Gilles Lowies
– 23
–
de BSA
39
ou d’autres intermédiaires, de nombreuses relations de travail restant
jusque-là informelles ont pu trouver un cadre administratif pratique et sécurisant.
Ces structures intermédiaires, dont on a vu l’importance croissante en termes
d’emploi artistique, ont sans doute répondu à un besoin latent du marché du tra-
vail artistique et contribué ainsi à une telle évolution des indicateurs statistiques.
Voyons à présent quels enseignements ressortent des données disponibles en
matière de chômage des artistes, afin d’envisager ensuite les éventuelles relations
entre l’emploi et le chômage.
3. Le chômage des artistes
Il n’existe pas à proprement parler de « statut d’artiste » en Belgique ; les artistes
relèvent du régime général de la sécurité sociale des travailleurs salariés, des tra-
vailleurs indépendants ou des fonctionnaires. Il existe cependant, lorsqu’ils sont
salariés, deux règlementations qui facilitent leur accès et leur maintien au système
d’assurance chômage. Les dispositions de l’ONEm portant sur le droit à l’assurance
chômage se fondent d’une part sur l’Arrêté ministériel du 26 novembre 1991
40
concernant la règle spécifique du calcul des prestations « au cachet » permettant
l’accès aux allocations et, d’autre part, sur l’Arrêté royal du 25 novembre 1991
41
pour le régime de maintien des allocations à un taux « protégé »
42
.
La première règlementation a fait l’objet d’une interprétation de l’ONEm qui
prévoit le calcul des prestations « au cachet » en équivalents jours de travail pour
prouver le nombre requis de journées de travail dans une période de référence
précédant la demande d’allocations de chômage. En d’autres termes, là où la règle
générale demande de prouver un nombre de jours de travail (de 312 à 624 jours,
selon l’âge du travailleur) durant une période de référence (de 21 à 42 mois),
certains artistes peuvent faire valoir un montant minimum de rémunérations
43
.
Seules les occupations rémunérées et soumises à des cotisations de sécurité sociale
étant prises en compte par l’ONEm. Dès lors qu’il doit s’agir d’une occupation
en tant qu’artiste, l’employeur a dû, dans la déclaration effectuée à l’ONSS,
renseigner comme code travailleur « 046» ou « 047 », réservé aux artistes depuis
la loi-programme du 24 décembre 2002 qui entrait en vigueur le 1
er
juillet 2003.
L’Arrêté ministériel destinait cette règle aux artistes suivants : « l’artiste-musicien
et l’artiste du spectacle
44
».
39. Bureaux sociaux pour artistes.
40. M.B. 25/01/1992 (modifié par l’Arrêté ministériel du 30 novembre 2001 ; M.B. 15/12/2001).
41. M. B. 31/12/1991 (modifié par l’Arrêté royal du 23 juillet 2012 ; M.B. 30/07/2012).
42. L’A.R. du 23/07/2012 a modifié en profondeur ce système de protection et le montant des allo-
cations est depuis lors soumis à une dégressivité partielle.
43. 57,76 €/jour (montant valable au 01/04/2014), soit 18 021,12 € brut pour l’équivalent de 312 jours.
44. Art. 10 de l’Arrêté ministériel du 26 novembre 1991.
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– 24
–
Dès 2004, certains bureaux de l’ONEm généralisent l’application de la « règle
du cachet » aux artistes interprètes, aux artistes créateurs et à d’autres professionnels
liés au secteur de la création, comme les techniciens du spectacle. Cette pratique
instaurait donc une égalité de traitement entre travailleurs partageant une réalité
sectorielle et socio-économique similaire. En octobre 2011, l’ONEm modifie sa
pratique en refusant le bénéfice de la « règle du cachet » aux artistes créateurs (hors
secteur du spectacle) et aux techniciens du spectacle. Dès février 2012, l’ONEm
n’accepte plus les prestations effectuées par un artiste (musicien ou du spectacle)
pour un employeur qui dépend d’un autre secteur que celui du spectacle.
La seconde règle concerne le régime des allocations à un taux « protégé »,
c’est-à-dire qu’elle permet de déroger en partie au principe de dégressivité des
allocations. Cette règle, « la protection de l’intermittence », est en théorie valable
pour tout travailleur « qui est occupé exclusivement dans les liens de contrats
de très courte durée
45
» ; elle n’est donc pas spécifique aux artistes. À nouveau,
dès 2004, certains bureaux de l’ONEm appliquent la neutralisation des périodes
d’indemnisation tant aux artistes interprètes et techniciens du spectacle, qu’aux
artistes créateurs. Cette pratique respecte alors l’Arrêté royal du 25 novembre 1991
concernant l’occupation dans les liens de contrats de très courte durée. Dès 2011,
l’ONEm tente cependant de restreindre son application aux seuls artistes (046/47),
employés (495) et ouvriers (015) dont l’occupation comme artiste ou technicien
se déroule dans le secteur du spectacle, preuves à l’appui
46
. Dès février 2012, il
n’applique plus cette règle aux artistes et techniciens qui avaient effectué des pres-
tations pour un employeur dépendant d’un autre secteur que celui du spectacle.
L’ONEm justifie les restrictions apportées à ces deux règles par le constat d’une
hausse anormale des effectifs d’artistes au chômage. Les écarts entre les prescrits
légaux et les interprétations de l’ONEm nourrissent alors la motivation d’artistes
exclus du système d’assurance chômage à contester les décisions de l’Office. Le
19 juillet 2013, lors d’un procès qui oppose près de 250 artistes à l’ONEm, ce dernier
est contraint par le Tribunal du Travail de Bruxelles d’appliquer la protection
de l’intermittence aux travailleurs tous secteurs confondus (excepté l’industrie
hôtelière) qui travaillent dans des contrats de courte durée, soit en deçà de trois
mois. Le tribunal avait par ailleurs, le 28 juin précédent et dans le cadre cette fois
de la « règle du cachet », jugé discriminatoire son exclusion des techniciens du spec-
tacle, ne se prononçant pas dans le même sens sur celle des artistes créateurs hors
secteur du spectacle.
Dans les mois qui suivent, une série de nouveaux développements ayant trait
au statut de l’artiste et à la réglementation du chômage ont lieu. Une modification
45. Art. 116 § 5 de l’Arrêté royal du 25 novembre 1991.
46. Les artistes doivent fournir tout document prouvant l’activité mentionnée sur leur contrat :
affiche de spectacle, article de presse, programme du théâtre, copie des statuts de la personne
morale qui les engage, etc.
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–
de la loi dite du « statut de l’artiste » est votée en décembre 2013. Plusieurs arrêtés
émanant des ministres Onkelinx et De Coninck sont publiés au Moniteur belge le
20 février et le 17 avril 2014. Ces changements suppriment notamment la distinc-
tion entre secteurs et métiers artistiques et élargissent la définition des activités
techniques. Celles-ci incluent désormais toute forme de travail technique ou de
soutien consistant à la collaboration à la préparation, la représentation, l’enregis-
trement, la diffusion ou l’exposition d’une œuvre artistique.
La protection de l’intermittence est par ailleurs scindée en deux dispositifs
consécutifs : le premier stipule la nécessité d’avoir presté 156 jours de travail dont
104 artistiques répartis sur 18 mois ; le second ensuite qui prévoit un renouvelle-
ment pour autant que trois prestations artistiques aient été réalisées en 12 mois.
L’accès à la protection de l’intermittence est donc rendu plus difficile. En outre,
dans certains cas de figure, le montant des allocations de chômage est diminué
en fonction des revenus professionnels de l’artiste. Les allocations perdent donc
en partie leur caractère complémentaire. Certains pans de la réforme entrent en
vigueur le 1
er
janvier 2014, d’autres le 1
er
avril, mais certains nouveaux dispositifs
nécessiteront encore plusieurs mois pour être mis en œuvre.
L’absence de règles de sécurité sociale spécifiques à l’ensemble des artistes a
généré, on l’a vu, des interprétations diverses et fluctuantes de l’Office chargé d’appli-
quer les règlementations. Cette carence a régulièrement entraîné un glissement
des sphères de responsabilité allant de l’instance politique — le pouvoir législatif
— vers le pouvoir judiciaire. Ce phénomène a créé une situation d’insécurité pour
les artistes ne sachant plus quel système leur sera appliqué, l’instance judiciaire se
prononçant a posteriori. Cette insécurité juridique s’était d’ailleurs doublée d’une
incertitude professionnelle étant donné le caractère complémentaire de l’assurance
chômage (cette part des revenus demeurant généralement la plus certaine pour
les artistes). L’avenir nous dira probablement si les nouvelles réglementations ont
permis de mettre fin à ces nombreuses ambiguïtés.
3.1. Les évolutions de 2004 à 2012
Les données recueillies auprès de l’ONEm
47
ne concernent pas tant les artistes « au
chômage » que les chômeurs inclus dans la catégorie « artistes » telle que définie par
l’ONEm ; catégorie qui peut donc varier au gré des interprétations de l’Office. Les
statistiques de l’ONEm concernant les artistes ne peuvent donc pas garantir que
tous les artistes sans emploi soient repris dans la comptabilisation. Deux données
peuvent nous aider à comprendre l’évolution du chômage des artistes : les effectifs
de chômeurs
48
et les dépenses (le montant global des allocations versées).
47. Office National de l’Emploi. Organisme chargé de l’organisation de l’assurance chômage.
48. Les effectifs comptabilisés par l’ONEm reposent sur la notion d’« unité physique ». Loin de
se rapporter à quelque « corps physique d’artiste », cette unité rend compte du nombre de
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–
Région flamande Région wallonne Région bruxelloise Total
2004
Effectifs 1 583 1 074 1 965 4 622
% 34 % 23 % 43 %
Montants (€) 11 651 777 8 381 232 15 686 813 35 719 822
% 33 % 23 % 44 %
2012
Effectifs 2 449 2 174 4 197 8 820
% 28 % 25 % 47 %
Montants (€) 22 683 306 20 947 732 43 354 479 86 985 518
% 26 % 24 % 50 %
Fig. 4 (données : ONEm)
Ce tableau appelle plusieurs remarques et questionnements. Tout d’abord, on note
une augmentation des effectifs et des dépenses liés à la catégorie « artistes » entre
2004 et 2012. Sans interpréter à ce stade la ou les causes de cette hausse, on peut
affirmer que la situation du marché du travail artistique paraît suivre une tendance
à la précarisation, étant donné le recours croissant à l’assurance chômage.
Les portraits régionaux sont également significatifs. Tel que pour l’emploi
artis tique, on note le poids important et prépondérant de la Région bruxelloise
qui, à elle seule, représente quasiment la moitié des effectifs de l’ONEm repris
dans la catégorie « artistes ». Bien que toutes les régions présentent une hausse
significa tive du chômage des artistes, la Région flamande est la seule à connaître
une baisse de sa part relative dans l’enveloppe nationale du chômage artistique :
de 2004 et 2012, entre 6 % et 7 % selon qu’il s’agisse de l’effectif ou de la dépense.
BE VLA WAL BXL
2004
Effectifs 4 623 1 583 1 074 1 965
Montant total 2 976 652,00 € 970 981,00 € 698 436,00 € 1 307 234,00 €
Alloc. moy. / Eff. 643,88 € 613,38 € 650,31 € 665,26 €
2012
Effectifs 8 820 2 449 2 174 4 197
Montant total 7 248 793,00 € 1 890 276,00 € 1 745 644,00 € 3 612 873,00 €
Alloc. moy. / Eff. 821,86 € 771,86 € 802,96 € 860,82 €
Augm. % 28 % 26 % 23 % 29 %
Fig. 5 (données : ONEm)
paiements effectués chaque mois. Il ne s’agit donc pas de l’effectif réel d’allocataires, mais la
moyenne des données mensuelles tend à s’en approcher.
Musicologie_2014_Book.indb 26 22-09-15 17:21:48
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– 27
–
En 2004, le montant moyen de l’allocation de chômage artistique est de 644 €.
Les moyennes bruxelloises et wallonnes se situent légèrement au-dessus de celle-ci
(665 et 650 €) alors que la moyenne flamande se situe en deçà avec 613€. L’allo-
cation moyenne augmente de 28 % pour l’ensemble du pays en huit ans, en 2004.
Elle se situe alors à 822€. La Flandre, cette fois accompagnée de la Wallonie, se
situent en deçà de la moyenne avec respectivement 772 et 802 € alors que la région
Bruxelloise se situe à 860 €.
3.2. 2004–
2012 : évolution et réformes
Si on partitionne l’évolution du chômage artistique en Belgique en trois phases,
soit : a) 2001–2003, avant l’harmonisation du règlement de l’ONEm avec la loi de
2002 ; b) 2004–2010, après harmonisation avec la loi et c) 2011–1012 réformes du
règlement de l’ONEm, il appert que la période a) connaît une hausse plus impor-
tante que la période b)
49
(fig. 6). En d’autres termes, l’harmonisation avec la loi
de 2002 ne semble pas avoir eu un impact palpable sur l’évolution du chômage
artistique : le chômage décélère de 2004 à 2011, et ce malgré l’introduction du
« statut d’artiste ». La période 2011–2012 voit quant à elle un tassement sensible de
l’évolution : + 2 % seulement.
Fig. 6. Projection de la hausse de 2001–2003 sur les années suivantes (données : ONEm)
49. Hausse moyenne annuelle de 38 %, globale de 91 % pour la période a) ; hausse moyenne annuelle
de 9 %, globale de 73 % pour la période b).
0
2.000
4.000
6.000
8.000
10.000
12.000
14.000
2001
/01
2001
/05
2001
/09
2002
/01
2002
/05
2002
/09
2003
/01
2003
/05
2003
/09
2004
/01
2004
/05
2004
/09
2005
/01
2005
/05
2005
/09
2006
/01
2006
/05
2006
/09
2007
/01
2007
/05
2007
/09
2008
/01
2008
/05
2008
/09
2009
/02
2009
/06
2009
/1020
10/0
220
10/0
620
10/10
2011
/02
2011
/06
2011
/1020
12/0
220
12/0
620
12/10
2013
/02
Réel
Projection
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–
4. Les liens entre le salariat et le chômage des artistes
Nous avons vu que si les parts relatives de l’emploi culturel et de l’emploi artistique
restent congrues, le volume d’emploi artistique n’a pas cessé de croître en huit ans.
Nous avons également souligné les hausses d’effectifs repris par l’ONEm dans la
catégorie « artistes ». Il reste à examiner si ces évolutions peuvent être reliées.
L’existence d’une relation entre le salariat et le chômage des artistes paraît
laisser peu de place au doute. Tout d’abord, on constate que l’évolution de l’emploi
artistique est proche de celle du chômage artistique ; les proportions sont simi-
laires. De 2004 à 2012, le volume annuel d’emploi artistique est en hausse de 83 %.
Et pour la même période, l’estimation annuelle des effectifs de chômeurs inclus
dans la catégorie « artistes » voit une croissance de 90 %. Il semble donc qu’il y
ait une corrélation « positive » entre le volume d’emploi artistique et le volume de
l’effectif de « chômeurs-artistes »
50
.
Nous pouvons ensuite vérifier si cette relation se retrouve, ou non, au niveau
de chaque région. Le graphique ci-dessous (fig. 7) reprend l’évolution des données
de l’emploi (ETP) et des chômeurs (UP) pour la Région bruxelloise. On remarque
à nouveau une hausse importante et conjointe des deux séries d’indicateurs. Nous
pouvons aussi noter les effets réciproques emploi-chômage pour chaque trimestre.
Lorsque l’emploi voit un pic de croissance trimestriel, l’effectif du chômage subit
une légère diminution et, inversement, lorsqu’il y a un tassement de l’emploi, l’effec-
tif de chômage se relève quelque peu. Toutefois, cet effet n’est pas totalement
proportionnel, c’est-à-dire que la part d’évolution de l’emploi n’est pas totalement
absorbée par une réaction contraire du chômage. Cela s’explique par le fait que les
changements de volume d’emploi ne sont pas répartis sur l’ensemble des chômeurs
mais uniquement sur une partie de ceux-ci. Au sein de la hausse conjointe, l’effec-
tif de chômeurs est donc plus stable que le volume d’emploi.
Le même constat peut être réalisé concernant la Région wallonne (fig. 8). La confi-
guration jointe des hausses de l’emploi et du chômage confirme une corrélation
positive. Il est toutefois notable de relever l’apparition d’un écart entre les deux
courbes dès 2011 : la hausse de l’emploi est en croissance et celle du chômage se
tasse quelque peu.
Le graphique suivant (fig. 9) laisse également apparaître une dynamique commune
entre emploi et chômage des artistes. Cela est particulièrement visible dans les
évolutions saisonnières trimestrielles : lorsque la courbe d’évolution de l’emploi
baisse, celle du chômage augmente. La tendance générale reste toutefois à l’évo-
lution conjointe des dynamiques : l’augmentation de l’emploi est concomitante à
celle du chômage. La particularité de la Région flamande réside sans doute dans un
50. Cf. Jean-Gilles Lowies, Les conditions d’emploi dans les métiers artistiques, Séminaire du Grap,
Université libre de Bruxelles, décembre 2012.
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0
0,5
1
1,5
2
2,5
320
041
2004
220
043
2004
420
051
2005
220
053
2005
420
061
2006
220
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2007
220
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420
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220
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420
091
2009
220
093
2009
420
101
2010
220
103
2010
420
111
2011
220
113
2011
420
121
2012
220
123
Etp Rb base 20041
UP Rb base 20041
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
2004
120
042
2004
320
044
2005
120
052
2005
320
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120
062
2006
320
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2007
120
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2007
320
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120
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320
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320
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120
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320
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120
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3Etp Rw base 20041
UP Rw base 20041
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
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2004
120
042
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120
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2010
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2011
320
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2012
120
122
2012
3
Etp Rf base 20041
UP Rf base 20041
Fig. 7. Évolution de l’emploi et du chômage des artistes en Région bruxelloise
(données : ONSS et ONEm)
Fig. 8. Évolution de l’emploi et du chômage des artistes en Région wallonne
(données : ONSS et ONEm)
Fig. 9 (données : ONSS et ONEm)
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–
essoufflement de la croissance de l’emploi artistique salarié
51
, qui paraît être suivi
d’une modération de la hausse du chômage.
Nous avons vu que la logique d’une évolution parallèle de l’emploi et du chômage
se vérifiait au niveau de chaque région, quoiqu’elles aient chacune leurs particula-
rités. L’hypothèse vérifiée pour la France par Pierre-Michel Menger s’avère donc
également concluante à propos de la Belgique. Cet état de fait n’est pas sans consé-
quences pour les pouvoirs publics qui se trouvent confrontés à une situation sibyl-
line : en régime d’intermittence, favoriser une hausse de l’emploi ne parviendrait
pas à enrayer une hausse du chômage mais l’accentuerait davantage…
5. Conclusions
Quelle place pour l’Artiste au sein du marché du travail belge ? La question de son
« statut » est-elle définitivement clarifiée depuis la loi du 24 décembre 2002 ? Si
ces questions ne peuvent se satisfaire seulement de réponses quantitatives, elles
ne peuvent les contourner puisqu’elles font partie de l’argumentaire des pouvoirs
publics et principalement de l’ONEm. Alors que les diverses règlementations en
vigueur font l’objet d’interprétations variées, au point de faire l’objet de procédures
judiciaires pendantes, la nécessité de mieux cerner les indicateurs du travail artis-
tique s’est imposée. Ne pouvant embrasser l’ensemble de cette matière jusqu’ici
peu défrichée, nous nous sommes concentrés sur deux aspects — le salariat et le
chômage — à partir de 2003, et sur leur relation hypothétique.
Tout d’abord, même en étant lus avec toutes les précautions méthodologiques
d’usage, les indicateurs généraux nous montrent que l’emploi culturel en Belgique
reste singulièrement peu élevé par rapport à de nombreux pays européens. Et au
sein de cet emploi culturel, l’emploi artistique demeure peu important, tournant
autour des 8 %.
Le premier enseignement majeur de cette contribution se rapporte à un aspect
pour le moins singulier du travail artistique : les liens paradoxaux existant entre
le salariat et l’assurance chômage. L’hypothèse majeure, déjà établie en France
par Pierre-Michel Menger, d’une corrélation « positive » entre salariat et assurance
chômage a pu être vérifiée pour la Belgique. Ainsi, contrairement à une logique
intuitive, lorsque le travail est exercé sous le régime de l’intermittence, plus l’emploi
artistique augmente et plus le chômage artistique augmente. L’effet de la loi de
2002 ouvrant explicitement le salariat à une large catégorie d’artistes ne peut alors
qu’engendrer une même dynamique de croissance pour l’assurance chômage des
artistes. Rappelons néanmoins que la présomption de salariat établie en 2002 n’est
pas le seul facteur potentiel de hausse de l’emploi artistique, d’autres pistes restent
plausibles, dont notamment les réductions de cotisations patronales, le refinan-
cement des Communautés, la mise en œuvre du Tax Shelter et l’essor des agences
51. Cf. Annexe 2. Rappelons que cette tendance peut se lire en regard de l’essor du statut d’indé-
pendant.
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-Gilles Lowies
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intermédiaires. Au final, cette singularité de l’emploi artistique questionne
l’opportunité de mettre en œuvre un système de sécurité sociale autonome et
spécifique aux artistes.
Le deuxième constat marquant de nos recherches porte sur la mise en évidence de
dynamiques propres au marché du travail fortement différenciées selon les régions.
À l’évidence, la Région bruxelloise rassemble proportionnellement la plus forte
concentration de travail (et donc de chômage) pour les artistes belges. La Région
wallonne est quant à elle la seule région où la croissance du chômage est inférieure
à celle du travail. En Région flamande, le salariat artistique semble présenter une
certaine stagnation alors que le statut d’indépendant (surtout complémentaire) est
clairement à la hausse. Ces constats nous rappellent premièrement que la doxa des
politiques culturelles repose sur différents paradigmes au nord et au sud du pays et,
deuxièmement, que Bruxelles répond aux caractéristiques d’une capitale multiple
(Région bruxelloise, Communautés, Belgique, Union européenne).
Ces quelques constats ne doivent pas faire oublier qu’il ne s’agit ici que d’un pre-
mier état des lieux des indicateurs statistiques existant auprès des pouvoirs publics
compétents. Cette recherche paraît en ce sens porteuse de nombreuses pistes de
développement, qu’il s’agisse d’approfondir les approches quantitatives du salariat
artistique et des autres régimes de travail artistique (indépendance, volontariat,
etc.) ou encore d’approcher les dynamiques des diverses filières de production exis-
tant au sein de chaque sous-secteur culturel (arts plastiques, musique, littérature,
théâtre, etc.). Il importerait également de saisir davantage la réalité des pratiques
artistiques auxquelles s’adressent les différentes politiques publiques évoquées au
cours de cet article, car, au-delà des éléments statistiques, certes instructifs, il est
ici question de parcours artistiques individuels ou collectifs peu réductibles aux
catégories construites par les pouvoirs publics.
Christophe Levaux
Université de Liège
Jean-Gilles Lowies
Université de Liège–Université libre de Bruxelles
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Revue de la Société liégeoise de Musicologie
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–
Annexe 1 : Périmètre du secteur culturel (sélection des codes NACE)
Livre et presse
58.110 Édition de livres
58.130 Édition de journaux
58.140 Édition de revues et de périodiques
58.210 Édition de jeux électroniques
Médias et audiovisuel
59.111 Production de films cinématographiques
59.112 Production de films pour la télévision
59.113 Production de films autres que cinématographiques et pour la télévision
59.114 Production de programmes pour la télévision
59.120 Post-production de films cinématographiques, de vidéo et de programmes de télévision
59.130 Distribution de films cinématographiques, de vidéo et de programmes de télévision
59.140 Projection de films cinématographiques
59.201 Production d’enregistrements sonores
59.202 Studios d’enregistrements sonores
59.203 Edition musicale
59.209 Autres services d’enregistrements sonores
60.100 Diffusion de programmes radio
60.200 Programmation de télévision et télédiffusion
Architecture
71.111 Activités d’architecture de construction
71.112 Activités d’architecture d’intérieur
71.113 Activités d’architecture d’urbanisme, de paysage et de jardin
Design
74.101 Création de modèles pour les biens personnels et domestiques
74.102 Activités de design industriel
74.103 Activités de design graphique
74.104 Décoration d’intérieur
74.105 Décoration d’étalage
74.109 Autres activités spécialisées de design
Arts visuels
74.201 Production photographique, sauf activités des photographes de presse
74.202 Activités des photographes de presse
74.209 Autres activités photographiques
90.031 Création artistique, sauf activités de soutien
90.032 Activités de soutien à la création artistique
Enseignement culturel
85.520 Enseignement culturel
Spectacle vivant
90.011 Réalisation de spectacles par des artistes indépendants
90.012 Réalisation de spectacles par des ensembles artistiques
90.021 Promotion et organisation de spectacles vivants
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90.022 Conception et réalisation de décors
90.023 Services spécialisés du son, de l’image et de l’éclairage
90.029 Autres activités de soutien au spectacle vivant
90.041 Gestion de salles de théâtre, de concerts et similaires
90.042 Gestion de centres culturels et de salles multifonctionnelles à vocation culturelle
Patrimoine, archives et bibliothèques
91.011 Gestion des bibliothèques, des médiathèques et des ludothèques
91.012 Gestion des archives publiques
91.020 Gestion des musées
91.030 Gestion des sites et monuments historiques et des attractions touristiques similaires
Annexe 2 : Artistes indépendants
Effectifs d’artistes indépendants (509–510) par Région, 2004 à 2011
0
1000
2000
3000
4000
5000
6000
7000
8000
9000
10000
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Région bruxelloise
Région flamande
Région wallonne
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