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Roger Vigneron Elohim

Jul 22, 2015

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Roger VIGNERON

ELOHIMUNE AUTRE LECTURE DE LA BIBLE

LA VAGUE A LAME

IL VAUT MIEUX SAVOIR...

Oui, il vaut mieux savoir que le livre dans lequel vous entrez nest pas un ouvrage religieux au sens conformiste du terme. Certes, son sujet est la Bible, mais il propose une autre lecture des textes sacrs. Cette lecture se veut rsolument libre, mthodique, raliste, rationnelle, critique, positive. Elle relve, rassemble, compare et analyse des versets qui sont plus fantastiques les uns que les autres. Sous le nom de code ELOHIM, ces versets vraiment particuliers forment un tonnant dossier dinformation, et les donnes ainsi mises en vidence ouvrent des perspectives insouponnes sur les grands mystres. En marge des ides reues, cest, pour le moins, une srieuse base de rflexion.

I LES NOMS PROPRES, ET LES AUTRES...

alez-vous dans le fauteuil de vos certitudes. Bouclez la ceinture de vos convictions. Nous allons dcoller. Destination : vertige... Vous occupez le centre dune sphre dont les limites sont inconnues. Dans toutes les directions. Peut-tre mme na-t-elle pas de limites... Si vous vous dplacez, cest toujours le centre de la sphre qui, avec vous, se dplace. Vous tes le centre de lunivers. De votre univers. Du point unique, que vous tes seul occuper, tout ce que vous parvenez connatre, existe. Ce que vous ne captez pas vous est totalement tranger. Cest un autre monde qui, pour vous, nexiste pas. En le dcouvrant peu peu, vous constatez cependant que cet autre monde a, et avait, une existence propre qui nest pas limite ce que vous en connaissiez. Votre univers slargit et se complte mesure que vous rompez les inerties, que vous brisez les carcans, que

C

10 vous assimilez tout ce qui se prsente votre porte. Vous tes un collecteur dinformations, une mmoire active, connecte sur la ralit par cinq sens, une mmoire intelligente qui senrichit par analyse et synthse. Vous tes lobservateur-enregistreur dun univers qui ne semble fonctionner que pour soffrir vous seul. Mieux encore : au fur et mesure que vous progressez dans la connaissance de votre univers, celui-ci vous forme. Dans ce travail de tous les instants, vous avez mme la facult de modifier certaines structures de votre univers. Des structures relativement infimes, il est vrai... En dfinitive, par ce que vous savez, et par ce que vous faites, vous tes, et vous devenez toujours plus prcisment, la quintessence de lunivers dont vous occupez le centre. Dans ces conditions, qui font de vous un tre unique et irremplaable, pourquoi ne vous sentiriez-vous pas Dieu ? Allons, reconnaissez que, dune certaine manire, et jusqu un certain point, vous tes, au moins par la pense, votre propre Dieu. Cest humain... Ah ! Certes, dans ce domaine, il y a de la concurrence ! Dj par le fait de tous les autres vivants, dont les univers personnels, btis chacun avec les mmes matriaux et sur le mme modle, simbriquent avec le vtre. Et puis, surtout, par le fait de la cause premire et de la fin dernire de votre existence, comme de celle de lunivers qui vous est prt : Dieu. LAutre... Lnigme majeure. La seule nigme qui vaille la peine de longues et difficiles investigations. Il nest pas interdit den tenter lapproche sous un angle dattaque audacieux. Lesprit clair, lil vif, la respiration calme, le cur bien accroch, vous tes prt ? Alors, allons-y. Top ! Cest parti... Lembarras du choix Premires turbulences. Plongeon dans un trou noir. Nous entrons dans lpaisseur dun surprenant postulat : Dieu nest pas le crateur des cieux et de la terre .

12 par rapport aux autres et tire la couverture soi en prtendant tre la meilleure. Chacune des quatorze versions prsente, avec les autres, mme au sein dune confession religieuse commune, des diffrences souvent considrables, non pas sur des dtails ou des nuances (par lemploi des synonymes), mais sur des points importants qui entranent des divergences thologiques. Nous allons bientt vrifier ces carts troublants. Quatorze principales lectures franaises de la Bible, cest beaucoup ! Sil faut en slectionner une, il y a lembarras du choix. Sil faut les comparer et en faire la synthse, pour quelles se compltent au lieu de se contredire, cest un travail de Bndictin ! Travail ingrat, qui savre pourtant indispensable une saine approche, et travail irritant, qui montre comment lhbreu (pour lAncien Testament) et le grec (pour le Nouveau Testament), langues trs spcifiques des textes bibliques originaux, rsistent aux traductions et autorisent de redoutables fantaisies. La lecture de la Bible transcrite en franais est donc plus ou moins flottante et incertaine. Elle oblige au jeu alatoire qui consiste sapprocher de la vrit en traquant lerreur. Bon courage ! Le code daccs Ds le dpart, on est confront ce problme-l, prcisment propos du Dieu crateur . La Bible entre directement dans le vif de son sujet. Son troisime mot est le nom de lentit centrale et capitale dont elle va abondamment relater les manifestations. Douze versions franaises sont daccord pour dire que ce nom primordial est : DIEU. Mais la vraie Bible est crite en hbreu, et cest en hbreu quelle dlivre son vritable message. A commencer par le nom autour duquel tout son message gravite et sarticule. Ce nom nest pas DIEU. Cest ELOHIM.

13 Examinons le premier verset de la Bible. Pour lintgrer, sans laltrer, dans nos structures mentales, qui ne correspondent pas celles de la culture hbraque, il faut lui faire subir deux oprations simultanes : transcrire, en lettres latines, sa lecture phontique, et inverser le sens de lecture droite-gauche en gauche-droite. Voil ce que cela donne : Bereshit bara Elohim et ha shamam v et ha retz Cest encore de lhbreu, mais il est occidentalis dans la forme. En voici la traduction, par Dhorme : Au commencement Elohim cra les cieux et la terre , et par Chouraqui : Entte Elohm crait les ciels et la terre . Contrairement ce que lon pourrait croire, le mot DIEU, que lon trouve ici dans les autres versions, nest pas la traduction du mot ELOHIM. Un nom propre ne se traduit dailleurs jamais. Enlever ELOHIM et le remplacer par DIEU nest pas innocent. Cest un acte de dsinformation ! En Droit, le nom est une appellation propre, un attribut incessible, imprescriptible et protg, de la personnalit quil dsigne et identifie. Dans douze versions franaises sur quatorze, lentit agissante de la Bible est prive du droit, lmentaire et fondamental, dtre identifie sous son vritable nom. Ce nest pas correct. Mais ce qui lest encore moins, cest que le lecteur de lune ou lautre de ces douze versions est priv du droit, lui aussi lmentaire et fondamental, de connatre le vritable nom de lentit laquelle il sintresse. Il y a tromperie ! Est-ce vraiment si important et si grave ? Aprs tout, lentit nomme ELOHIM par les rdacteurs hbreux de la Bible ne peut elle tre valablement appele DIEU par la grosse majorit des traducteurs franais de cette mme Bible ? Cela ne revient-il pas au mme ? Srement pas ! Car les composants des noms hbreux sont toujours savamment doss, dune manire prcise. Ils ont mme des valeurs numriques. Ils constituent un code daccs la banque centrale de

14 donnes quest la Bible. Sans la bonne clef, la bonne serrure ne souvre pas. Et lon ny comprend plus que ce que lon prfre imaginer. On observe, l-dessus, avec tonnement, que le nom ELOHIM, qui est le plus important de la Bible, est le seul tre radicalement ject de la majorit des traductions franaises, alors que la multitude des autres personnages y gardent chacun son nom propre, peine occidentalis, dans certains cas, pour en faciliter la prononciation. Dcouvrons-nous, en cela, une manipulation dont lnormit ne se justifierait que par un enjeu non moins considrable ? Nous y reviendrons. En attendant, voil qui claire notre provocant postulat : Dieu nest pas le crateur des cieux et de la terre .. Un postulat tant un principe premier indmontrable et non dmontr, le ntre cesse den tre un, puisquil est dmontr, du haut de son ancestrale autorit, par la vraie Bible. En effet, Dieu ne peut pas tre le crateur, puisque ce crateur est Elohim. Cette fois, on sort du trou noir : le postulat initial de la Bible est correctement exprim. Et, sil reste un scandale, cest de faire dire, la Bible, autre chose que ce quelle dit. DIEU : un hritage de bric et de broc Le mot DIEU sest gliss dans la langue franaise, au IX~ sicle, aprs avoir fait ses classes en latin. Il tait issu dune famille nombreuse dont le lointain anctre, DEI, remontait une souche indo-europenne. De tout temps, lanctre DEI a exprim la lumire du soleil et les phnomnes naturels qui sobservent dans et sous le ciel. Lan de cette famille trs ancienne est notre mot JOUR. Il sest model pour un usage courant en partant du latin DIURNUS, par lrosion phontique de ce mot : DI-OURNOUS, I-OURNOUS, I-OUR, JOUR. Lusage distingu a gard la forme DIURNE. Dans le mme temps, la contraction du mot DIURNUS sa premire

15 syllabe DI, engendrait le latin DIES, qui se traduit aussi par JOUR, et que lon retrouve dans LUN-DI (jour de la Lune), MAR-DI (jour de Mars), et ainsi de suite pour toute la semaine, comme dans Ml-Dl, QUOTI-DI-EN, MERI-DI-ONAL. Le second fils de la famille DEI a bnfici dune belle promotion. Cest JUPITER, form de I-OUR et de PATER, le JOUR PERE, autrement dit le JOUR qui, par la lumire du soleil, engendre tout ce qui existe. Plus tard, par une interversion de sens et une extrapolation, le JOUR PERE deviendra le PERE DU JOUR... Les Romains ont adopt, sous le nom de JUPITER, le ZEUS des Grecs. Dans la foule, le ZEUS grec, qui se prononait ZE-OUS, a gliss jusquau DEUS latin, prononc DE-OUS. Et cest ainsi que, recentr en franais sur la racine DI, dj releve dans DI-URNUS et Dl-ES, le vocable DIEU a pris naissance du latin DEUS. La racine DI subsiste encore dans le latin DI VUS, qui a donn deux branches franaises : dune part DEVIN, DEVINER, et dautre part DIVIN, DJVINITE, avec un retour en boucle sur DIVINATION. Le DEUS latin est cousin du THEOS grec qui sest conserv, en franais, dans ENTHOUSIASME, PANTHEON, ATHEE, POLYTHEISME, MONOTHEISME, PANTHEISME, APOTHEOSE, THEOLOGIE, THEOCRATIE, THEOSOPHIE... Or, le THEOS grec, qui se veut plus savant que le banal DEUS latin, mais qui a le mme sens, se rapporte lui aussi ZEUS, avec un rappel de la racine grecque THAW, qui signifie CONTEMPLER. Cette racine THAW prolifre dans des mots tels que THEORIE, THEATRE, etc. On peut aisment vrifier tout cela par ltymologie, une science prcieuse qui permet de connatre le sens premier des mots, au moment de leur naissance. En employant le mot THEOS, lpoque dArchimde, puis le mot DEUS, lpoque de Jules Csar, le Grec et le Romain ne parlaient pas du mme sujet que nous, lorsque nous utilisons le mot DIEU. Ils voquaient la figure allgorique ZEUS-

16 JUPITER qui, par la mythologie, synthtisait les donnes de lastronomie de leur temps (tournes plutt vers lastrologie) celles des forces de la nature, des saisons et des climats, celles des phnomnes atmosphriques, mtorologiques dirionsnous aujourdhui, le tout localis globalement dans le CIEL, cest--dire, trs prosaquement, au-dessus de la terre et des hommes. Mais les anciens ne sen tenaient pas au niveau des pquerettes. Leur ZEUSJUPITER-THEOS-DEUS les amenait des spculations intellectuelles et philosophiques. Au IV~ sicle avant Jsus-christ, Aristote, pour ne citer que lui, en a tir un concept qui a fait fortune. On sait quun concept est une abstraction qui na pas, en soi, de ralit objective. Cest le pur produit dun raisonnement. Aristote a pu, ainsi, laborer la thorie de lunit de lunivers, et dun moteur , lui aussi unique, de ce grand tout. Mais le brave Aristote a balanc entre la transcendance et limmanence. Dans le cas de figure de la transcendance, il plaait son ZEUS-moteur hors de toute comprhension et de toute atteinte, dans limmuable perfection de lastronomie et de la gomtrie combines. Dans le cas de limmanence, il insrait son ZEUS-moteur dans la nature, intrinsquement, en le confondant avec les lois physiques qui la rgissent dune manire rigoureuse et invariable. Dans les deux cas, le ZEUS idal dAristote restait le grand inconnu. Limagination, stant mise de la partie sur le vieux fonds Zeus-Jupiter amlior par le concept dAristote puis remodel par une assimilation mythologique du judasme puis du christianisme, a bientt fait, de lancienne figure grco-latine, le DIEU syncrtique dont nous avons hrit. Un Dieu fourretout issu du mlange de plusieurs systmes idologiques ou religieux. Un hritage de bric et de broc. Ce Dieu-l est devenu un auguste vieillard barbe blanche, assis, non plus sur lOlympe, mais sur quelque strato-cumulus, pour lternit, un Pre No~l, omniprsent, omniscient, omnipotent, par de toutes les qualits et de toutes les vertus, incomparable (et par consquent

17 unique), immatriel et insaisissable (et donc pur esprit), pre, crateur et matre dun monde quil administre par les lois physiques naturelles et par les lois morales, bref, 1Etre suprme par excellence. Cette image sest infiltre dans les thologies et les philosophies. Elle sest mme implante dans la Bible ! Elle sy est introduite par le biais des traductions. Le vocabulaire grco-latin, qui a supplant lhbreu, portait ce Dieu-l dans ses structures intimes, ses gnes qui (on la vu) proviennent dexpressions lies aux lments... lmentaires. La Bible en est dfigure ! Ou, plus exactement, on lui a donn une figure qui nest pas la sienne. Les ornires du langage sont si profondes, que nous ne pouvons, aujourdhui, voquer le mystre des causes premires et des fins dernires, sans employer notamment en franais, ce vocabulaire dorigine grco-latine si charg de significations particulires. Pour chapper cette imprgnation culturelle, souvent double dun asservissement cultuel, il faudrait renoncer ce vocabulaire, ou, dfaut, en vrifier systmatiquement ltymologie. Et cest toute la difficult des traductions, la Bible tenant, en hbreu, un langage radicalement diffrent de celui des Grecs et des Romains, et, maintenant, du ntre. Un langage diffrent pour raconter une histoire et dlivrer un message totalement trangers la culture grco-latine. Deux sicles avant Jsus-Christ, quand les Septante ont traduit lAncien Testament en grec, puis, quatre sicles aprs Jsus-Christ, quand Jrme a traduit la Bible en latin, aprs que le Nouveau Testament ft pass de lhbreu au grec, le contenu de la Bible a t transvas dans des langues qui ne correspondaient pas son gnie propre. Le premier verset de la Bible se lit ainsi dans la Vulgate (traduction latine de Jrme qui, au xvie sicle, a t raffirme texte canonique de lEglise catholique): In principio creavit Deus caelum et terram .Nous nous loignons du Bereshit bara Elohim... hbreu.

18 Le latin sest rpandu en Gaule par le moyen de la Vulgate, celle-ci prenant une part dterminante la formation de la langue franaise. Ainsi donc nos anctres les Gaulois ont-ils appris, du latin de la Vulgate, que Dieu est le crateur. Avec leur nouvelle langue (le franais naissant) cest entr dans leurs structures mentales. Et cest encore profondment enracin dans les ntres. Ds le dpart, Elohim, lentit essentielle de la vraie Bible, a t, si lon ose dire, dfroque. On la dguise avec les oripeaux de Zeus-JupiterDieu. Ctait la rendre mconnaissable ELOHIM un pluriel.., singulier Le mot hbreu qui nomme lentit premire de la Bible est compos de cinq lettres: aleph, lamed, h, yod, mem. Aprs interversion du sens de lecture et transcription en caractres latins, cela donne: ALHIM. Du Ve au Xe sicle aprs Jsus-Christ, les Massortes (des rabbins dpositaires de la tradition ancestrale) ont ajout, au texte hbreu de la Bible, qui est dpourvu de voyelles, les ponctuations qui en permettent, depuis lors, la vocalisation standard. Cest ainsi que, dans le systme massortique, ALHIM se prononce ELOHIM. Cette prononciation-l est retenue par la langue franaise tant crite que parle. Elle colle parfaitement lhbreu. Le mot ALHIM est form du radical ALH et du suffixe IM. Le radical ALH se prononce ELOHA, et se contracte dans la forme EL. En hbreu, le suffixe LM marque toujours le pluriel. Le mot ELOHIM est trs prcisment le pluriel du mot ELOHA, simplifi dans le mot EL. Structurellement ELOHIM signifie donc les ELOHA ou les EL . Mais, en hbreu, on ne dit ni les ELOHA ni les EL , on dit tout simplement ELOHLM. Cest si vrai que si lon dit, en franais, les ELOHIM , on soffre un plonasme... qui a au moins le mrite de souligner le sens que le mot possde en lui-mme.

19 Nous voici donc en prsence dun pluriel qui est incontournable. Ce pluriel nest pas le fruit de quelque divagation sotrique plus ou moins sulfureuse. Il est rigoureusement exact, en pleine pte de lhbreu, et il est ouvertement connu. Le Dictionnaire Larousse (dition de 1965 en trois volumes), pour ne citer que Cet ouvrage tout fait impartial, mentionne clairement: Elohim, mot hbreu (...) pluriel de el ou eloha... Ce pluriel est connu, depuis toujours, par tous ceux qui ont bien voulu prendre lhbreu en considration. Mais ce pluriel nest pas accept. Il drange. Il entrane trop loin au got de certains. Il est cart, dans la grosse majorit des traductions, parce quil est incompatible avec le concept de monothisme que lon prtend tirer de la Bible. ELOHA, EL et ELOHIM sont vacus ensemble au profit de DIEU. On se dbarrasse du problme en feignant de lignorer, et on conduit les lecteurs des traductions ainsi dulcores dans lignorance. Le problme, cest quon ne voit pas comment la Bible pourrait inventer le monothisme en prsentant, en son centre, une entit compose de plusieurs individualits, et mme (nous le vrifierons) dune multitude dindividualits. Cherchez lerreur ! Il y a, l, vraiment, un gros cueil... Essayons, posment, daborder la question, en traant un schma, qui rsulte dune tude serre de la Bible, et qui se confirme dans celle-ci, comme nous le constaterons. ELOHIM est un systme complexe. Ce systme est un groupe dindividualits. Chacune de ces individualits, prise sparment, se nomme ELOHA ou EL. Lensemble nomm ELOHIM constitue, lui-mme, une unit caractrise (une personne morale) dont les actes se conjuguent au singulier, comme on le voit souvent dans la Bible, commencer par le Elohim cra... du dbut de la Gense. Chaque individualit (ELOHA ou EL) est troitement solidaire de chacune des autres en particulier, et de toutes les autres ensemble (ELOHIM). Il y a connivence totale, tous les niveaux. Au sein dELOHIM, chaque

20 ELOHA-EL a une origine, une nature, des moyens, des buts, une destine identiques ceux de lensemble. Il exprime, reprsente et engage lensemble, au point dtre souvent identifi lui. Cest lunit dans la multiplicit, et la dmultiplication de lunit. Toutes proportions gardes, cest la France et les Franais. A cette diffrence que, dans le systme ELOHA-EL-ELOHIM, la cohsion semble sans failles... Un ELOHA, un EL, dit le chur des ides reues, cest un dieu (avec une minuscule), et ELOHIM, cest Dieu (avec une majuscule). Dans son assimilation htive du contenu de la Bible abaiss au niveau de la mythologie, le chur des ides reues veut se tirer dembarras. Mais il omet de prciser ce qui distingue un (petit) dieu du (grand) Dieu. Il ne dit pas davantage comment il passe, des (petits) dieux pris dans leur ensemble, au (grand) Dieu unique... Allons ! Il faut chercher ailleurs. Les tymologistes ont observ que, dans le creuset indo-europen des langues, o lhbreu a puis une part de sa substance, une voyelle suivie de la lettre L indiquait lobjet loign ou ltre situ lcart, voire distance. Sur cette base, bien plus tard, le latin ILLE devint notre pronom de la troisime personne IL, et dvia, par le latin ALTER vers AUTRE, et par ULTRA vers OUTRE. Cette troisime personne - qui est LAUTRE - se confronte au MOI, qui saffirme par le JE, et au TOI que lon aborde par le TU. Le MOI et le TOI ont des relations directes. Ils distinguent, et excluent presque, lAUTRE, qui ne se situe pas demble dans le cercle de ces relations, parce quil est lointain ou/et diffrent. Si lon remonte cette piste, ELOHA-EL, cest LAUTRE, et, par consquent, intrinsquement, ELOHIM, cest LES AUTRES. Autrement dit, une poque extrmement recule, les hommes ont constat la prsence, sur la Terre, dune espce dtres qui, pour eux, taient LES AUTRES. Et cest alors que les Hbreux ont commenc dlaborer

21 la Bible, rcit de lexprience privilgie quils ont eue avec LES AUTRES. Avec ELOHIM... Cest une premire rponse la question: do vient la Bible? IHVH le pass, prsent dans le futur Elohim est donc le nom, dabord gnrique, par lequel les premiers Hbreux dsignent lentit complexe qui les prend parti, et dont ils vont noter les manifestations, pour en transmettre la mmoire. Un jour - et cest prcisment lune de ces manifestations -cette entit leur fait connatre son nom spcifique. Cest une mise au point: - Vous mappelez Elohim. Soit. Mais sachez que, moi, je me nomme IHVH, et que ce nom indique mieux ma nature. La rvlation du nom IHVH intervient assez tard dans la chronologie biblique. douze treize sicles avant Jsus-Christ, croit-on. Elle est relate (au chapitre III du Livre de lExode) dans lpisode clbre du buisson ardent, au cours duquel Mose reoit la mission de retourner en Egypte, pour dlivrer le peuple hbreu, et le mettre en marche vers la terre qui lui est promise. La scne se passe en plein dsert. Lisons-l dans la version Chouraqui, qui serre le texte original hbreu au plus prs. Mose garde un troupeau au mont de lElohm, au Horeb . Notons que cet endroit o, daprs la Bible, rien ne sest encore produit, est dj connu, on ne sait pourquoi, comme tant le mont de lElohm ... Tout coup, Mose voit un roncier qui brle sans se consumer. De nos jours, personne ne stonnerait dun dispositif publicitaire au non, ft-il isol en rase campagne. Mais peut-tre le bosquet du mont de lElohim tait-il illumin par autre chose quune puissante batterie de lampes lectriques... Mose ne connat pas dautre clairage que celui du feu, et pas dautre feu que celui qui brle. Intrigu par le prodige , il sapproche. Et, du sein de la lumire aveuglante, il entend une voix qui linterpelle, qui lui interdit dapprocher davantage, et

22 qui se prsente : Moi-mme, lElohm de ton pre, lElohm dAbraham, lElohm dlshac, lElohm de Iaacob! , avant de lenvoyer affronter la redoutable puissance de Pharaon. Mose est perplexe. Voyons : cet Elohim dont les Hbreux ont gard le souvenir ne leur a plus donn signe de vie depuis quatre cents ans, depuis les vnements relats, pour nous, la fin du Livre de la Gense. Comment savoir si la voix qui sort du roncier est bien celle de lancien Elohim ? Mose demande, son mystrieux interlocuteur, de sidentifier dune faon plus prcise, afin que les Hbreux, quil devra convaincre de le suivre, reconnaissent celui qui lenvoie. Et cest l (Exode III - 14, 15) que sinscrit la rvlation dterminante: Elohm dit Mosh : Ehi asher hi ! - Je serai qui je serai. Il dit: Ainsi diras-tu aux Bni Isral: Je serai, Ehi, m a envoy vers vous . Elohm dit encore Mosh: Tu diras ainsi aux Bni Isral: IHVH (surcharg Adona), lElohm de vos pres, lElohm dAbrahm, lElohm dlshac et lElohm de Iaacob, m a envoy vers vous . Voil mon nom en prennit, voil ma mmoration de cycle en cycle. . Treize versions franaises se livrent, sur le nom rvl, un festival de lapalissades surralistes ou existentielles: Je suis celui qui suis (Crampon, Jrusalem, Scofield), la mme chose, mais en capitales (Ostervald, Darby, Maredsous), Je suis qui je suis! (Osty, Dhorme), Je suis celui qui dit:JE SUIS (Synodale), Je suis celui qui est (Segond), Je me rvlerai tre ce que je me rvlerai tre (Monde nouveau - En capitales), Je suis qui je serai (T.O.B.), Je suis lEtre invariable (Kahn). On doute que Mose, et les Hbreux aprs lui, se soient contents dune rponse dsinvolte, et on doute que lentit Elohim sy soit abaisse. En ralit, le nom que se donne Elohim est notre verbe ETRE, en hbreu HAYAH, conjugu au futur : EHIE, je serai, puis IHVH, il sera. Cette forme de projection dans le futur peut surpren-

23 dre. Mais il faut savoir que la pense hbraque ne fonctionne pas comme la ntre. Pour dcomposer le temps, nous avons hrit, des grecs et des latins, la formule linaire pass-prsent-avenir. La pense hbraque ne distingue que ce qui est termin, achev, et ce qui reste faire ou finir, le tout tant simultanment PRESENT. Ainsi, lorsque Elohim dit Je serai signifie-t-il Mose que, tel il tait pour Abraham, Isaac et Jacob des centaines dannes auparavant, tel il est rest maintenant, et tel il demeurera dans lavenir. Cest laffirmation dune reprise dans la continuit : laventure dj ancienne des Hbreux avec Elohim va se poursuivre. La version Kahn dit, fort pertinemment, que le nom que se donne Elohim sera son attribut dans tous les ges . Lattribut complte le nom. Le ttragramme IHVH (yod, h, vav, h) ne peut tre dissoci du nom Elohim, mme sil est cit seul. Cest son principal qualificatif. Il en dcoule, incidemment, que tout ce qui concerne et caractrise Elohim, notamment la pluralit, appartient IHVH continuit dElohim Le ttragramme IHVH situe donc Elohim dans linvariabilit, la permanence et, dit-on, lternit. Le mot ETERNITE est entr dans la langue franaise au xiie sicle, et ladjectif ETERNEL au XVIe sicle seulement (cest une invention trs tardive), par le latin AEVUS, dure, AETAS, dure de la vie, AETERNUS et AETERNITAS, qui dure toute la vie. Leur sens sest tendu, par la suite, un concept absolu : ce qui na ni commencement ni fin. Un dfi la pense ! Moyennant quoi, depuis le mouvement de la Rforme, certains traducteurs ont fait, de ladjectif ETERNEL, un substantif qui, se substituant IHVH, dsigne, dans leur esprit, DIEU. La Bible, pour sa part, ignore, dans son texte original, les mots ETERNITE et ETERNEL. Elle a des formulations, AD OLAM, la dure qui vient, et AHAR, ce qui vient aprs, que Kahn traduit par tous les ges , et Chouraqui par prennit . Or, PERENNITE vient du latin

24 ANNUS, anne, et de PERENNIS, qui dure toute lanne. Le sens de ce mot sest plus tard tendu qui dure longtemps, ou toujours , TOUJOURS, cest--dire tous les jours. La discussion sur une diffrence entre PERENNITE et ETERNITE est-elle une vaine finasserie ? Voire... Et ladjectif ETERNEL, devenu substantif, peut-il valablement prendre la place de IHVH ? L-dessus les traducteurs sont partags. Il y a ceux, en majorit dinspiration protestante, qui font de 1ETERNITE et de 1ETERNEL une forteresse linguistique, conceptuelle et religieuse dans laquelle se barricadent la pense, la raison et la foi ; et il y a les autres, aussi nombreux, qui restent ouverts laventure de lesprit que leur propose la vraie Bible. Interfrences et confusions Dans le Livre de lExode (VI- 2,3), o lon voit, en Egypte, commencer la libration des Hbreux, on dcouvre que IHVH, le nom-attribut dElohim, a bien t rvl Mose (cest la confirmation dExode LII - 14, 15), mais quil a t prcd par un autre nom-attribut: EL SHADDAI. Lisons la version Dhorme: Elohim parla Mose et lui dit: Je suis Iahv ! Je suis apparu Abraham, Isaac et Jacob comme El Shadda et par mon nom de Iahv je n ai pas t connu deux . Lisons aussi Chouraqui: Elohm parle (...) Moi, IHVH (surcharg Adona)je me suis fait voir (. ..) en El Shadda. Mais sous mon nom de IHVH (surcharg Adona)je ne me suis pas fait connatre deux . Les versions Osty et de Jrusalem font parler Dieu la place dElohim, mais comme les prcdentes, elles respectent le nom El Shadda qui figure bien dans le texte hbreu. Ce nom est constitu du radical EL, qui forme par ailleurs ELOHIM, et de lpithte SHADDAI qui signifie montagnes (au pluriel). Que viennent faire, ici, ces montagnes associes Elohim? Nest-ce pas une mtaphore pour dire quElohim-Montagnes est

25 difficile daccs, parce quil se tient de prfrence dans les lieux abrupts et levs, au propre comme au figur ? Dans la ralit du texte hbreu non dform par les traductions, le nom ELOHIM est connot par la notion de lieux levs apporte par lattribut SHADDAI. Il prend alors un sens largi : les Autres, ceux des lieux levs . Dix versions franaises ignorent cela en traduisant El Shadda par Dieu tout-puissant (Maredsous, Darby, Crampon, Synodale, Monde nouveau, Segond, Scofield), Dieu fort, tout puissant (Ostervald), Dieu puissant (T.O.B.), Divinit souveraine (Kahn). La version de Jrusalem (une des quatre qui restituent El Shadda sans sautoriser le traduire) crit, en note, que la traduction commune Dieu tout-puissant est inexacte . Dont acte. Dans le texte hbreu, la premire mention de El Shadda figure au Livre de la Gense (XVII- 1):... Iahv apparut Abram et lui dit: Je suis El Shadda (version Dhorme). L-dessus, il transforme le nom dAbram en Abraham et il tablit avec lui et sa future descendance une alliance perptuelle , un des actes fondateurs majeurs parmi les vnements que raconte la Bible. L, on ne comprend plus ! Normalement, pour ne pas semer la confusion dans le cours du rcit, le Bible devrait dire que cest Elohim qui sadresse Abram pour lui dclarer Je suis El Shadda , comme elle le fait dailleurs en Gense XXXV - il o cest bien Elohim qui dit Jacob: Je suis El Shadda . Cest simple : il y a, dabord, Elohim. Puis, lusage dAbraham Isaac et Jacob, il y a Elohim - El Shadda. Enfin, pour Mose et la suite, il y a Elohim -IHVH. Cest un talement chronologique progressif de la rvlation. Mais la Bible dfie notre logique. Elle mlange allgrement les trois noms de son entit centrale. Veut-on une dmonstration formelle de ce genre de manipulation ? Elle est dans le Livre de la Gense (IV - 26) : Adam et Eve viennent dtre expulss de lEden,

26 et ils procrent. Abel tant mort, Seth prend sa place, et il a un fils, Enosh. Alors on commena dinvoquer le nom de Iahv (version Dhorme). La version de Jrusalem prcise que cet Enosh fut le premier invoquer le nom de Iahv . De deux choses lune : ou bien le nom IHVH tait invoqu (et donc connu) ds lpoque adamique, puis au temps dAbraham, ou bien il ntait pas connu avant dtre rvl, bien des sicles plus tard, Mose. La Bible se met ici en contradiction avec ses propres affirmations. On ne risque pas de sen apercevoir si lon se fie aux traductions, dans lesquelles Elohim, El Shadda et IHVH, sont nivels sous les vocables DIEU, TOUT-PUISSANT, ETERNEL, SEIGNEUR. Enjouant sur ce clavier, les traducteurs portent la confusion son comble. Ils gomment les interfrences trs complexes de la Bible. Cest une manire, assez banale, dviter les questions embarrassantes. IHVH est cit (par Dhorme) 149 fois dans lAncien Testament AVANT que ce nom soit rvl Mose. Il y a manifestement utilisation rtroactive de ce nom dans la rdaction ultime du canon hbreu. On le devrait une lutte dinfluence entre factions Elohiste, Iaviste, Sacerdotale, les trois sources mises en vidence, en 1753, par Jean Astruc, mdecin de Louis XV, dans son ouvrage: Conjectures sur les mmoires originaux dont il parat que Mose sest servi pour composer le livre de la Gense . Les rdacteurs de la Bible auraient donc, eux aussi, tent dinflchir le message quils entendaient transmettre. Cela ne simplifie rien ADONAI : un autre pluriel Tu ne prononceras pas en vain le nom de Iahv spcifie lun des commandements dicts au Sina (Exode XX - 7, selon Dhorme). Par excs de scrupule et de prudence, les Hbreux, et maintenant les Juifs, ont dcid de ne jamais prononcer ce nom-l. Ntant jamais prononc, il est devenu imprononable, et les diverses calligraphies

27 des traductions (YHWH, Iahv, Yahw, Jehovah, etc) ainsi que leurs vocalisations, sont arbitraires. Quand leurs yeux voient, dans le texte hbreu, le ttragramme IHVH, les Juifs daujourdhui, comme les Hbreux dautrefois, lisent, pensent et disent ADONAI. Aussi bien, se pliant cette coutume, Chouraqui surcharge-t-il, dans sa version, IHVH par le nom ADONAI, astuce typographique qui nexiste pas dans le texte hbreu. Pourquoi Adona ? Cest le pluriel du mot hbreu ADON, qui signifie MAITRE. Par consquent, avec son pluriel inclus qui ne ncessite pas darticle, Adona, cest LES MAITRES. Rappelons-nous quAdona nest, en aucune faon, la traduction du nom IHVH, mme en hbreu, mais quil est, pour celui-ci, un vocable de substitution. Par ce vocable ( les matres ), se confirme le pluriel inclus dElohim ( les autres ) appliqu IHVH, ce qui est normal, puisquaussi bien IHVH et Elohim dsignent la mme entit. Mais alors, pourquoi donc les traductions franaises ne transcrivent-elles pas IHVH, voire Elohim, par MAITRES ? Le mot MAIIRE provient de la racine MAG, qui a donn MEGA en grec, et MAGNUS en latin, soit plus grand, plus fort que les autres , do sont ns MAGNIFIQUE, MAJESTE, MAXIMUM, MAJEUR, etc. Le latin ecclsiastique (celui de la Vulgate) a prfr traduire ADON par DOMINUS, un mot issu de la vieille racine DOM, qui signifie MAISON, racine qui adonn, par ailleurs, DOMICILE, DOMAINE, DOMESTIQUE et surtout DOMINATEUR. Ainsi le DOMINUSDOMINATEUR tait-il le matre de la maison et, en particulier, des esclaves. Il assumait et imposait la PRE-DOM-INANCE de ce qui est en haut sur ce qui est en bas, de ce qui couvre sur ce qui est couvert, de ce qui est fort sur ce qui est faible. Ce faisant, le latin liminait le pluriel dAdona et, du mme coup, vacuait le problme pos nouveau par ce pluriel.

28 Le mot DOMINUS est tomb en dsutude dans le langage courant. Il a t remplac, au temps de la fodalit, par SOUVERAIN et SUZERAIN, qui indiquaient la supriorit dun individu, et son autorit, sur les autres. Par fusion avec la racine latine SENIOR (survivante par ailleurs dans le mot SENILITE), racine qui ajoutait, au fait de lautorit, une rfrence lanciennet dynastique du pouvoir, SOUVERAIN est devenu SIRE, pour dgnrer en MESSIRE puis MONSIEUR. Mais, de son ct, SENIOR a gard ses lettres de noblesse en devenant SEIGNEUR, le vassal nommant ainsi son suzerain, ou son souverain, et il sest appliqu, dans la mme foule, au suzerain-souverain absolu, le DOMINUS dsignant DIEU dans la traduction latine de la Bible, avec le sens primitif trs net de prdominance du matre ancien de la maison, sur tout ce que cette maison contient. On en est rest l. Le SEIGNEUR de certains traducteurs actuels assure, dans notre vocabulaire, une survivance de ralits sociologiques qui nont plus cours depuis que la dmocratie sest impose. Personne na cependant os rajeunir les textes en plaant un PRESIDENT au plus haut niveau de la chose biblique... Le langage conventionnel de la religion et de la foi sest bloqu. Il est rest mythologique et fodal. Si DIEU, le TOUT-PUISSANT, 1ETERNEL, le SEIGNEUR ne sont que des mots sans autre porte que celle quon veut bien leur accorder, ils nen trahissent pas moins ELOHIM, EL SHADDAI, IHVH, et mme ADONAI. Ils le font dautant plus srement quils vhiculent des ralits qui ne concordent pas avec celles de la vraie Bible. Et cela, quon le veuille ou non. Dun ct, nous avons un concept hrit, par la mythologie, des temps anciens o les hommes subissaient les lois du CIEL, quelles soient naturelles et immdiates (climatiques, par exemple), ou quelles soient longue porte (astrologiques, par appropriation de lastronomie).

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De lautre, se prsente lextraordinaire message de la Bible : il y a les hommes, et il y a les autres (Elohim), il y a ceux den-bas, et il y a ceux den-haut (El Shadda), il y a des hommes qui passent, et il y a ceux qui ne changent pas, qui sont prsentement tels quils taient autrefois, et qui resteront les mmes dans lavenir (IHVH), il y a les sujets et il y a les matres (Adona). Dun ct, nous avons une vision du monde, propre lhomme situ au centre de sa sphre, vision qui se perfectionne au fil du temps, jusqu un certain point, et qui produit ses archtypes. De lautre, se prsente une INTERVENTION de lextrieur vers lintrieur, assez drangeante pour le confort de la sphre connue, une INTRUSION trs particulire, celle dun systme complexe et multiforme, qui veut modifier lordre des choses. On peut faire le malin, et passer dun ct lautre enjouant sur les mots et les noms. On peut tenter dannexer un territoire en y changeant les panneaux indicateurs. Lentreprise de rcupration est effronte. Elle est surtout drisoire. On ne peut phagocyter la Bible, par la smantique, comme le font les traducteurs, sans la vider de son sens. Le systme Elohim reste l. Dans la vraie Bible. Original. Compact. Derrire les mots et les noms (qui ne font que lindiquer), il se rvle, mieux que par les mots et les noms, dans la succession et laccumulation des FAITS que la Bible rapporte. Cest ce que nous allons dcouvrir... Un pour tous... Toutefois, avant dexaminer, dans la Bible, les indices par lesquels le systme Elohim dmontre sa complexit et sa singulire pluralit, il convient de sarrter sur la doctrine du monothisme, car elle oppose, cette complexit et cette pluralit, une objection apparemment massive.

30 Le sentencieux Shema Isral... , que les Juifs pieux sont tenus de rciter deux fois par jour, est la motion de principe du monothisme hbraque. Il commence par une citation de Deutronome VI - 4, verset dont les versions franaises donnent plusieurs moutures Ecoute Isral Iahv (diversement orthographi), ou lEternel, ou le Seigneur, notre Dieu, est... . Eh ! bien, oui, quest-il, au juste ? L, on a un premier lot de quatre options. Il est ... le seul Iahv (Osty, Jrusalem, Dhorme), ou ... le seul Eternel (Ostervald, Synodale, Segond, Scofield). Il est un seul Eternel (Darby), ou ... un seul Jhovah (Monde nouveau). Il est ... seul Yahweh (Crampon). Il est ... lunique Seigneur (Maredsous). Entre LE SEUL, UN SEUL, SEUL, et LUNIQUE, il y a dj quelques nuances... Mais poursuivons avec deux autres versions plus proches du texte hbreu: lEternel est notre Dieu, lEternel est un ! (Kahn) Le SEIGNEUR notre Dieu est le SEIGNEUR UN (TOB, avec SEIGNEUR en lettres capitales, et UN en capitales grasses). La palme de lexactitude (relative) revient cependant Chouraqui: Entends Isral : IHVH (surcharg Adona), notre Elohm, IHVH (surcharg Adona) un . Le texte hbreu, quant lui, se transcrit de la manire suivante: Shema Isral: Ieohah Elohnou Ieohah had . Littralement: ... IHVH, nos Elohim, IHVH un . Cela ne peut se traduire que par: Nos Elohim (les autres, pour nous), ceux qui taient, qui sont, et qui seront (toujours les mmes) sont un . Autrement dit: malgr leur nombre et leurs particularits, les autres appartiennent tous la mme entit, et cette entit reste invariable dans sa structure. Cest un pour tous, et tous pour un, diraient les mousquetaires. Dans le mme genre de comparaison (cavalire), sous luniforme Elohim, chaque militaire, du soldat au plus haut grad, appartient ... lunit dont cet uniforme est le signe distinctif.

31 La Bible prsente cette rvlation paradoxale avec une certaine solennit. Pourquoi est-ce une rvlation, et pourquoi cette rvlation est-elle paradoxale ? Tout simplement parce quil nest pas vident, demble, sans un (petit) effort dintelligence, que le multiple (Elohim) soit rductible lunit, que le pluriel (Elohim toujours) se ramne au singulier, que le compliqu (Elohim encore) soit simple. La Bible souligne quElohim est un PARCE QUE les apparences font NORMALEMENT croire quil se dmultiplie en un certain nombre dindividualits. La Bible insiste sur la COHESION fondamentale de toutes les parties qui ont Elohim pour dnominateur commun. Sur ce point particulier, le Nouveau Testament reprend la rvlation de lAncien Testament. En effet, Jsus dclare : Moi et le Pre, nous sommes un (Evangile de Jean X - 30, TOB). Et, parlant des tres humains INNOMBRABLES qui croiront en lui, Jsus souhaite qu ils soient un comme nous sommes un (Jean XVII - 11, TOB). Cest bien la dmonstration que lUN hbraque retenu par le monothisme chrtien (soyons prudent en sparant des courants thologiques qui ont cependant la mme source) a la capacit de CONTENIR le grand nombre. Nen dplaise aux doctrinaires qui refusent cette vidence, le monothisme bien compris nexclut pas le singulier pluriel dElohim. Il lintgre.

II

AU DEBUT DE CETTE HISTOIRE-LA...Question farfelue : tiez-vous prsent au moment de votre naissance ? Oui, bien sr, vous tiez l, physiquement. Mais vous n'en aviez pas conscience. Et donc vous tiez, la fois, prsent et absent. Form, mais non inform. On vous livrait l'existence sans avoir, au pralable, sollicit votre avis, sans vous mettre au courant de ce qu'il allait vous arriver. Et on ne pouvait pas le faire, puisque vous n'existiez encore, dans le ventre de votre mre, que sous forme d'embryon, et, avant votre conception, sous forme de projet cellulaire, dans les corps distincts de vos pre et mre. Avant la conception de votre pre, et celle de votre mre, vous tiez une virtualit, dans les quatre corps de leurs parents eux. Et d'avant-cel en avant cel, par une progression gomtrique qui double la mise chaque gnration, vous arrivez d'une multitude, impossible dnombrer, d'tres par lesquels la vie est passe, sans aucune interruption, pour

34 faire ce que vous tes. Vous tes inscrit au syndicat de l'humanit. Votre cotisation est paye depuis que ce syndicat existe. C'est rassurant, non ? Un peu contraignant, d'accord. Mais, d'une certaine manire, cela dgage votre responsabilit. Tout cela a t dcid, pour vous, par des instances mystrieuses et inaccessibles. A votre modeste niveau, vous n'avez qu' suivre la manif. Les banderoles sont loin en tte du cortge. En tout cas, il vaut mieux supposer qu'il y ait des banderoles, et que le cortge aille bien quelque part... Autre question farfelue : l'humanit tait-elle prsente lorsque le monde a commenc ? Pas autrement que vous n'tiez prsent au moment de votre naissance. Comme vos parents vous racontent ce qu'il s'est pass avant et pendant votre naissance, la Bible apporte des " rvlations " sur ce qui a prcd le dbut de l'humanit. Indpendamment de ces rvlations venues d'ailleurs, l'humanit se livre des investigations sur le lointain pass en rassemblant et en interprtant les indices qui en subsistent. Ces investigations, la Science s'en charge. Elles progressent laborieusement, ttons. La rvlation par la Bible n'en a cure. Elle a sa propre logique. Et elle a dit tout ce qu'elle avait dire. Depuis fort longtemps. Bien qu'elle se dmarque de la Science, la rvlation par la Bible s'inscrit parmi les " indices subsistants ". A ce titre, elle mrite d'tre examine. Un ordre aberrant Le chapitre premier, et quatre versets du chapitre II du Livre de la Gense (lus ici dans la version Dhorme) prsentent, en un prambule et sept squences, ce qu'il est convenu d'appeler la " cration du monde ". Rsumons ce scnario. Prambule : le chaos. Premier jour : la lumire. Deuxime jour : les cieux, intercals entre les eaux du bas et celles du haut. Troisime jour : la terre sche, puis les plantes. Quatrime jour : le Soleil, la Lune et les toiles. Cinquime jour : les poissons et les oiseaux, Sixime jour : les autres animaux, puis l'homme. Septime jour : repos.

35 Il est vident que le terme JOUR, oppos celui de NUIT, ne peut signifier, ici, l'ensoleillement relativement court dont nous bnficions 365 fois par an. Pour la simple raison que le Soleil n'apparat, dans la chronologie biblique, que le quatrime soi-disant jour, les trois premiers n'ayant donc pas la mme horloge astronomique que les ntres " Car mille ans sont (aux yeux d'Elohim) comme le jour d'hier qui est pass " dit le Psaume 90 (verset 4), sans que la Bible fasse, de cette chelle de valeurs, une rgle constante. On en dduit que le JOUR de la Gense est une dure, sans doute considrable, dont la longueur n'est pas prcise. Tels que la Bible les montre, le prambule, et les sept squences numrotes de la " cration ", se SUCCEDENT. Leur enchanement chronologique comporte des trangets qui sautent aux yeux. Conscutivement la cration des cieux et de la terre, le prambule fait tat, avant toutes choses, d'une terre "dserte et vide ", alors que, dans la suite, la terre n'apparat que le troisime jour. Elle tait sans doute couverte par les "tnbres au-dessus de l'Abme ". Il y a plus bizarre : la " lumire " surgit le premier jour, tandis que le Soleil, source de cette lumire, n'est fait et plac, " au firmament des cieux pour luire sur la terre " que le quatrime jour. Il n'empche que " du gazon, de l'herbe (...) et des arbres faisant du fruit " sont PRODUITS par la terre, ds le troisime jour, c'est--dire AVANT l'apparition du Soleil, qui a lieu le jour suivant. Si, faute de tmoignages directs, les anciens Hbreux avaient opr par dduction (comme le fait la science moderne), pour dfinir le processus qui, en son absence, a prcd l'arrive de l'homme (survenue en fin de parcours), ils n'auraient pas nglig la logique des ralits naturelles. L'observation, et une connaissance mme rudimentaire de la nature, les auraient conduits amener, d'abord et simultanment, le Soleil et sa lumire, puis les plantes, lesquelles ne peuvent exister sans le soleil, par le phnomne indiscutable connu

36 aujourd'hui sous le nom de photosynthse. Si les anciens Hbreux ont pris le risque de passer pour des ignorants en renversant l'ordre de certains facteurs naturels, c'est qu'ON leur a bel et bien rvl un processus diffrent de l'ordre normal, une succession d'oprations qui ont t effectues dans un CERTAIN ORDRE, pour nous aberrant en apparence. Le grand chambardement dcrit par la Bible prend la surface de la terre comme point d'observation. Vu de la Lune, ce chambardement et t racont en d'autres termes. Que s'est-il donc rellement pass avant que l'homme puisse voir les choses et s'en souvenir ? Pour conserver la logique propre la Bible, il faut interprter l'ORDRE ABERRANT qu'elle soumet notre sagacit, et, la faveur d'une hypothse vraisemblable, il faut rtablir cet ordre-l dans une logique qui ne contredise pas les lois naturelles. Essayons : la plante Terre est, d'abord, une boule couverte d'eau et de vapeur trs dense. C'est un abme tnbreux. Un magma. Le chaos du prambule. La " lumire " du premier jour (qui est, bien sr, celle du Soleil), pntre, d'abord d'une manire diffuse, l'paisse masse de vapeur. Elohim parvient alors " dcoller " les nuages de la surface de l'eau, insrant une atmosphre entre eux : le second jour, c'est la SEPARATION des " eaux qui sont au-dessous du firmament d'avec les eaux qui sont au-dessus du firmament ". Les eaux qui " sont au-dessous du firmament ", et donc la surface solide de la boule, " s'amassent en un seul lieu ", et c'est la mer, tandis que, libre en partie, apparat la terre sche. C'est dj suffisant, dans la lumire diffuse qui filtre travers l'paisse couche nuageuse, pour que la photosynthse entre en action, et que la terre produise des plantes, sans doute encore assez rabougries. Puis les choses s'amliorent : la couche nuageuse qui enveloppe la plante diminue d'paisseur et se fragmente, et, un jour (le quatrime jour) le Soleil,

37 la Lune et les toiles, sont enfin visibles depuis le sol terrestre. La suite s'enchane sans difficults : les poissons, les oiseaux, les animaux, l'homme... On croirait alors retomber dans un manuel darwinien. Quels moyens Elohim a-t-il utiliss pour obtenir ce gigantesque amnagement de la plante ? On l'ignore. La "lumire " du premier jour est-elle celle du Soleil en quelque sorte FOCALISEE, on ne sait comment, pour en augmenter la puissance ? Il est impossible de le dire. Mais il semble bien qu'un srieux " coup de pouce " ait permis un remodelage aussi titanesque. La Terre, au ras du sol La Bible dmarre sur une envole cosmique, par son court sommaire qui semble concerner l'immensit de l'univers : " Au commencement Elohim cra les cieux et la terre ". Mais l'enthousiasme de ce pseudo big-bang se modre aussitt : " La terre tait dserte et vide. Il y avait des tnbres au-dessus de l'Abme... ". On tombe, l, dans le pige d'une quivoque qui consiste confondre la plante Terre et la terre du paysan. Les rdacteurs hbreux de la Bible savaient-ils que ce que nous appelons " plante Terre " est une grosse boule lance dans l'espace ? Savaient-ils, comme nous en avons maintenant la dmonstration, que cette boule est banale, et qu'avec huit autres plantes et trente satellites, elle tourne autour d'un Soleil quelconque (parmi des myriades), situ luimme en priphrie d'une galaxie ordinaire (parmi des myriades) ? Savaient-ils que - les choses tant ramenes leurs proportions leur Elohim s'occupait d'un grain de poussire tournoyant dans l'infini ? La Bible mentionne, certes, par deux fois, un " globe de la terre " : Esae XL - 22, et Proverbes VIII - 31. Mais seules les versions Ostervald et Kahn (dans Esae) et les versions Segond, Scofield, Crampon, Maredsous et Kahn (dans les Proverbes) modernisent par

38 " globe " ce que les autres expriment par " cercle ". D'autre part, dans les Proverbes (VIII - 27), toutes les versions voient un " cercle " trac ou dessin au-dessus, la surface, sur la face de " l'Abme ". Pour Chouraqui, c'est un " orbe "... C'est tout, dans la Bible, pour les donnes go-astronomiques. Et c'est peu ! Il n'est pas tonnant, dans ces conditions, que l'ide reue de " Dieu crateur d'un univers dont la Terre est l'unique objet central " ait pu se dvelopper en prenant la Bible tmoin. Elle est bien dans la logique gocentrique de la sphre humaine ! Contrainte, assez vite, d'admettre que la Terre est ronde, notre ide commune s'est retranche dans le gocentrisme de l'astronome grec Ptolme : le Soleil tournant autour de la Terre. Puis elle a rsist, de plus en plus mal, aux dcouvertes des Copernic, Kepler, Galile et autres Newton. On sait, maintenant, non seulement que la Terre n'est pas au centre du systme solaire, mais qu'elle est radicalement " excentre ", avec le systme solaire, dans une galaxie de srie. Qu' cela ne tienne : l'ide reue a volu. D'abord crateur d'une Terre soi-disant centre de tout, Dieu a t promu crateur du grand " tout ". La vraie Bible n'entre pas dans ces considrations. Tout simplement parce que ce n'est pas son sujet. La Bible est terre terre ! La terre dont elle parle n'est pas la " plante Terre ", mais, au ras du sol, la terre du paysan. C'est " la Sche " (Gense I - 9), autrement dit le terrain continental dbarrass des eaux qui le couvraient. En veut-on la confirmation ? Elle se trouve dans le Livre de l'Exode (XX - 11, Dhorme) : sur le Sina, Elohim articule ses commandements. Il en arrive l'institution du shabat, repos du septime jour, " car , dit-il, en six jours Iahv a fait les cieux, et la terre et la mer... " On voit bien les trois lments qui sont spars pour la premire fois, par Elohim, dans le FAIT de la cration. Et c'est nous qui extrapolons (les Hbreux n'allaient pas jusque-l), parce que nous savons que ce gigantesque travail de " paysagiste " n'a pu se faire qu' l'chelle de la plante.

39 La " cration " raconte par la Bible n'est pas celle de l'espace cosmique et de tout ce qu'il contient. Ce n'est pas non plus celle de la plante Terre, qui n'aurait pu intervenir indpendamment de l'quilibre cosmique universel. La plante Terre n'a pas surgi, seule, et tout le reste n'a pas t mis autour d'elle pour faire joli. Non ! Trois tages plus bas, la " cration " raconte par la Bible est la prise en charge d'un magma (mort, ou pas encore vivant), d'un TOHU BOHU, c'est le mot hbreu qui signifie " abme tnbreux, dsol, informe, vide, chaotique ". Comment notre plante tait-elle parvenue ce piteux tat ? Mystre. Secret absolument hermtique des origines du grand univers, qui englobe (c'est le cas de le dire) les origines du systme solaire, et de la Terre, solidaire de ce systme. Le mystrieux planeur La Bible, pour sa part, s'en tient la phase de mise, ou de remise en tat, du magma terrestre primitif, par une sorte de corps expditionnaire qui arrive d'on ne sait o. Eh ! oui, on voit mal Elohim subsister dans un chaos et y attendre son heure. On le voit tout aussi peu maner du chaos... Elohim arrive ncessairement d'ailleurs. Des immensits de l'espace ? Pourquoi pas... D'une autre plante ? Allez savoir... Toujours est-il qu'il se met, d'abord, dans une position favorable l'observation du chaos sur lequel il devra exercer son talent et sa puissance : "... l'esprit d'Elohim planait au-dessus des eaux ". Cet " esprit d'Elohim " (Dhorme) est " le souffle d'Elohm " (Chouraqui), " le souffle de Dieu " (Kahn, TOB), " la force active de Dieu " (Monde nouveau), " l'Esprit (ou l'esprit) de Dieu " (les autres versions). Que faisait-il ? Il " planait " (Darby, Synodale, Maredsous, Osty, Jrusalem, Kahn, Dhorme, Chouraqui, TOB), il " se mouvait " (les autres versions).

40 O faisait-il cela ? Eh ! bien, " au-dessus des eaux " (Segond, Crampon, Scofield, Dhorme), "sur les eaux " (Ostervald, Synodale, Maredsous, Osty), " sur la face des eaux " (Darby, Kahn, TOB), " sur les faces des eaux " (Chouraqui), " la surface des eaux " (Segond), " au-dessus de la surface des eaux " (Monde nouveau). Le verbe hbreu MARAHEPHET signifie bien PLANER. Il est employ, une seconde fois, dans Deutronome XXXII - 11, o le texte montre un aigle qui tend ses ailes pour se maintenir en l'air. On peut, certes, se mouvoir en planant, ou planer en se mouvant, mais " se mouvoir... sur les eaux " (version Ostervald) fait davantage ressembler un bateau qu' un planeur. L'approche d'Elohim est donc un vol plan au-dessus du chantier entreprendre. Mais ce n'est pas Elohim qui plane. C'est son esprit, son souffle, sa force active... Comme si Elohim se tenait en retrait, et envoyait, en exploration, un lment prcurseur. Comment un " esprit " peut-il planer ? Notre conception actuelle de l'esprit est celle d'un principe immatriel qui chappe l'analyse et ne dmontre sa prsence et son action que par leurs effets. A la limite, quand certains effets sont inexplicables, on les attribue volontiers l'esprit... Le mot ESPRIT nous vient du latin SPIRITUS qui signifie SOUFFLE. Dans sa famille il a SOUPIRER, RESPIRER, EXPIRER, etc. Il traduit exactement le plot hbreu ROUAH, dont la Bible fait un abondant usage. Ou bien ROUAH-SOUFFLE-ESPRIT dsigne le dplacement d'air qu'est le vent, ou bien, dans la Bible, c'est la mtaphore d'un principe immatriel insaisissable, la VIE par exemple. Nous reviendrons sur l'nigmatique contenu des mots ROUAH, SOUFFLE, ESPRIT. On peut, l-dessus, risquer un syllogisme : un esprit, par dfinition de nature immatrielle, ne peut planer, car c'est l une action facteurs physiques. Or, l'esprit dont parle la Gense, eh bien, il plane...

41 Il n'est donc pas immatriel. Dans la rusticit de son langage, la Bible ne sait pas, comme nous le faisons (parfois avec esprit) faire planer... un doute. Une " force active ", c'est--dire une mobilisation d'nergie intelligemment dirige, peut fort bien, quant elle, se prsenter sous une forme arodynamique qui prend appui sur l'air et se propulse dans l'air. Elle peut aussi bien se propulser dans le vide comme dans l'air, par effet de raction. Elle peut encore tre satellise, par effet gravitationnel. Dans tous ces cas, elle plane... C'est alors une " force arienne " ou c'est une " force spatiale ". Allons, n'ayons pas peur des mots : comment les rdacteurs hbreux de la Bible auraient-ils pu, autrement qu'ils l'ont fait avec leurs connaissances et leur vocabulaire limits, noter l'apparition, la prsence, l'intervention, d'un dispositif (inconnu, bien sr) plac en orbite terrestre ? Un dispositif dont ON leur a parl, mais qu'ils n'ont pas vu... Rien ne vient de rien Une ancienne racine linguistique indo-europenne, KRE ou KERE, qui s'appliquait la semence et la croissance de tout ce qui sort d'une semence, a donn le latin CRESCERE, crotre, et CREARE, produire, faire pousser. N, au XIIe sicle, de ces mots vocation exclusivement agricole, le verbe CREER signifie, maintenant dans tous les domaines, " donner une existence, une forme, raliser partir d'lments existants ", et, d'une manire gnrale, " faire exister ce qui n'tait pas ". S'appuyant, dans la Vulgate, sur une interprtation particulire (et fausse) de la Bible, le latin ecclsiastique a tendu ce sens " tirer du nant ". C'tait, proprement parler, une cration. Mais linguistique, celle-l ! Ce faisant, on a fourvoy la pense dans l'impasse de la " cration ex nihilo ", une expression qui

42 prtend crditer Dieu d'une puissance grandissime capable d'avoir fait surgir l'univers du nant. En fait, on a utilis, en la tronquant, la sentence " Ex nihilo nihil " qui rsume la philosophie d'Epicure, et qui dit exactement le contraire : " rien ne vient de rien ". Dans le mme lan, on a sollicit d'autres mots. NEANT, par exemple. Sorti du latin NE GENTEM, ce mot-l signifiait " pas un tre vivant ". Un dsert, o il n'y a ni hommes ni btes, c'tait le nant... On arrive maintenant faire dire, au NEANT, qu'il est " le contraire de l'tre " au sens absolu du terme, c'est--dire " le dfaut d'existence ", mme pour la matire. Autre cas : le VIDE. On le confond souvent avec NEANT. En latin, VIDE signifiait " priv de... ". Il s'appliquait la VEUVE, la " vide ", prive de mari. Il s'tend, maintenant, " un espace ne contenant rien qui puisse tre connu par les sens ". On comprend mieux que, soucieuse d'quilibre, dame nature ait horreur du vide... Le nant, au sens physique d'absence totale de quoi que ce soit, est un concept qui n'a jamais t vrifi exprimentalement nulle part. La cration surgie du nant est un autre concept, fort utile pour imposer encore un concept, celui d'un crateur omnipotent. Comme si un crateur pouvait se manifester, dans le nant, sans annuler au pralable, par sa seule prsence, la notion mme de nant... On se perd, en tout cela, dans les abstractions les plus coinces. Or la vraie Bible est rsolument raliste. Elle l'est, en tout cas, dans la version oecumnique TOB, qui clarifie un expos o d'autres versions ont toujours entretenu l'ambigut : " Lorsque Dieu commena la cration du c iel et de la terre, la terre tait dserte et vide... ". Cette fois, on passe du verset 1 au verset 2 sans couper le texte. Certains exgtes ont log, dans cette coupure ("... Dieu cra le ciel et la terre. Point-coupure. La terre tait dserte et vide... ") un temps indtermin, mais extrmement long, qui sparerait, selon

43 eux, la cration de l'univers, et l'intervention d'Elohim (Dieu, disentils) sur le chaos de la plante Terre. Mais ce n'est pas valable, car, avant et aprs la coupure, l'hbreu ERETZ signifie bien, comme nous l'avons vu, la terre du paysan. Pour tre valables, les propositions de la version TOB doivent, en principe, rsister la rversibilit. On aurait alors : " La terre tait dserte et vide, lorsque Dieu commena la cration... " TOB ne va pas jusque-l. Mais sa version tranche formellement un vieux dbat : la puissance (nomme ici Dieu, alors que c'est Elohim) commence d'agir, ponctuellement sur le magma Terre, dans un univers dj existant. Au dbut de sa carrire (Gense XIV - 18, 19) Abraham rencontre un mystrieux personnage : Melchisdech, roi de Salem. Ce personnage est dclar " prtre " (majorit des versions), " sacrificateur " (Ostervald, Darby, Segond, Scofield), " desservant " (Chouraqui). De qui ? Rien moins que " ... du Dieu Trs-Haut " (majorit des versions), "... de Dieu, le Trs-Haut " (TOB), "... du Dieu suprme " (Kahn), "... d'El Elin - l'El suprme " (Chouraqui). L'Eptre aux Hbreux (VII - 13) dira, de ce Melchisdech, qu'il "n 'a ni pre, ni mre, ni gnalogie, ni commencement de jours, ni fin de vie ". Effectivement, dans toute la Bible, on ne trouve nulle trace de tout cela. Ailleurs non plus. Melchisdech apparat dans le texte et disparat comme un mtore. Il partage le pain et le vin avec Abraham, et il le bnit, non pas au nom d'Elohim, d'El Shadda ou de IHVH, mais au nom d'EL ELYON (c'est exactement le nom qui se lit dans le texte hbreu). Cet EL ELYON est dclar, LUI AUSSI, " crateur "(majorit des versions), "auteur "(Kahn, Chouraqui), " producteur " (Monde nouveau), " fondateur " (Ostervald), " matre " (Segond, Scofield) "possesseur " (Darby), du ciel et de la terre. Or, le mot hbreu qui est ainsi diversement traduit avec hsitation, est QANAH. Il drive du verbe QANITI, acqurir. Et il

44 ne signifie rien de ce qui est dit, mais ACQUEREUR. Ainsi donc, EL ELYON, assimil Elohim, est-il l'acqureur du ciel et de la terre ! Il n'en est plus le crateur... Il en a pris possession. C'est plus qu'une nuance! Voil qui oblige retourner au premier verset de la Gense : " ... bara Elohim... " que l'on traduit par " ... Elohim (ou Dieu) cra... ". Dans la Bible, l'hbreu BARA n'est employ que pour signifier l'action, dite cratrice, d'Elohim. On le retrouve en Gense I - 27 puis en Gense V -1, 2 propos de la " cration " de l'homme, et, en Gense VI - 7, des animaux. Or, il est clairement montr (Gense II 7, version Dhorme) que " Iahv-Elohim forma l'homme, poussire provenant du sol... ", et qu'il dit (Gense I - 24) : " Que la terre fasse sortir des animaux... " Nous y reviendrons. Mais on retiendra que la cration consiste FORMER l'homme en utilisant de la terre, et FAIRE SORTIR les animaux de cette mme terre. Ce sont l des actes de transformation, de faonnage. Des actes d'artisan. Ou de paysan, pour reprendre le sens latin de CREARE - CREER, produire, faire pousser. Le mot BARA tant employ pour le ciel et la terre, comme il l'est pour l'homme et les animaux, on en dduit, ncessairement, que la cration du ciel et de la terre est, elle aussi, une transformation, un faonnage, de matriaux pr-existants. C'est ainsi qu' Elohim a ACQUIS le ciel, la terre, la mer, les plantes, les animaux, l'homme, en les FACONNANT avec ce qui lui tombait sous la main. Cela ne diminue en rien l'immense envergure de son travail. Une entreprise que la Bible raconte, en commenant, tout simplement, par son dbut. Sans s'occuper de ce qu'il s'tait pass auparavant, l, et ailleurs... Des tmoins enthousiastes Eh ! oui, il s'tait pass des choses auparavant. L peut-tre, et ailleurs, srement. On le sait, parce que la cration, vaste entreprise, trs localise, d'amnagement d'une plante prise en charge dans un

45 tat chaotique, a eu des tmoins. De prs ou de loin, mais sans y participer, des tmoins ont assist au travail. Ils existaient donc bien dj quand le chantier-Terre a t ouvert. Ils existaient AVANT. Ces tmoins sont, d'une part, "les toiles du matin ", et, d'autre part, " tous les fils d'Elohim ". C'est crit au Livre de Job (XXXVIII - 4 9). Dans le rcit biblique, le malheureux Job est soumis, par IHVH (Elohim), une batterie de questions ironiques destines lui faire mesurer son ignorance et sa petitesse. Ces " colles ", du type " La pluie a-t-elle un pre ? ", remplissent quatre chapitres. Depuis longtemps la science apporte des rponses dfinitives la plupart de ces questions. Mais, la haute poque de l'humanit, le pauvre Job en est rest coi. On le comprend d'autant mieux que nous n'avons toujours pas de rponse des questions plus ardues, telles que celles-ci : "O tais-tu, lui demande Iahv (dans la version Dhorme) quand je fondai la terre ? (...) Qui a fix ses mesures (...) ou qui a tendu sur elle un cordeau ? En quoi ses socles furent-ils enfoncs ou qui posa sa pierre angulaire ? Quand chantaient en choeur les toiles du matin et que tous les fils d'Elohim acclamaient. Qui enferma, deux battants, la mer (...) quand je mis une nue pour son vtement... " On notera que, dans un style trs imag, Elohim s'exprime en architecte-matre d'ouvrage, qui ne cre pas, au sens absolu, mais qui FONDE, qui difie, avec les matriaux dont il dispose, un ensemble cohrent, o l'on retrouve la terre-sol-terrain et la mer, agencs comme les lments d'un tout. Toutes les versions, sauf deux, disent que ce travail s'est fait en prsence des "toiles du matin ". Crampon et Maredsous inclinent pour que ces toiles soient des " astres ". Il est vraisemblable que le " matin " soit la mtaphore qui marque le dbut de la rorganisation plantaire. A moins qu'il soit, trs antrieurement, le matin de l'univers cosmique... Il est videmment surprenant de lire que ces toiles-astres " chantaient en choeur " (Crampon, Kahn, Dhorme, TOB), " clataient en chants d'allgresse " (Segond, Scofield), " entonnaient

46 des chants d'allgresse " (Synodale), " chantaient ensemble " (Darby), " jubilaient ensemble " (Chouraqui), " poussaient ensemble des cris de joie " (Ostervald, Monde nouveau), donnaient un " joyeux concert " (Osty), un " concert joyeux " (Jrusalem), des " joyeux concerts " (Maredsous). Curieux, non, ce comportement de bon public... humain ? A moins qu'il s'agisse de ce que Pythagore appelait "l'harmonie des sphres "... Nous retiendrons que la Bible indique que la mise en ordre de notre plante a commenc et s'est faite dans l'harmonie d'un cosmos dj bien structur, et " meubl ". Les toiles du matin qui assistent la fondation de la terre drangent cependant l'ordre dans lequel le texte de la Bible droule le scnario de la Gense. Rappelons que ce scnario place la fondation de la terre le troisime jour, et l'apparition des toiles (avec le Soleil et la Lune) le quatrime jour. Or, pour Job, les toiles du matin sont donnes comme tant prsentes ds le troisime jour, sinon ds le premier. La Bible ne pouvant se contredire ce point, il convient de voir, l, un recoupement supplmentaire qui accrdite la thse de " l'ordre aberrant ", preuve du processus spcial que nous avons analys. Quant "tous les fils de Dieu ", que seuls Dhorme et Chouraqui nomment, conformment au texte hbreu, "fils d'Elohim ", ils manifestent eux aussi leur enthousiasme par des "acclamations" (Ostervald, Synodale, Osty, Maredsous, Dhorme, Monde nouveau), des " acclamations unanimes " (Jrusalem), des " ovations " (Chouraqui), des "cris de joie "(Segond, Scofield, Kahn), des "cris d'allgresse " (Crampon), tandis que pour Darby ils " clataient de joie " et que pour TOB ils " crirent hourra "... comme des sportifs anglo-saxons. Les versions Ostervald, Synodale et de Jrusalem omettent de signaler la prsence de " tous " les fils d'Elohim, ou, pour elles, de Dieu. Mais qui sont-ils donc, ces fils d'Elohim ? Dans l'envole lyrique d'un texte qui, dans la Bible, se balance souvent sur

47 deux pieds pour exprimer la mme chose, sont-ils l'autre dnomination des " toiles du matin " ? Nous verrons, ailleurs dans la Bible, des "fils d'Elohim " qui ne sont pas des toiles, au sens astronomique du terme. Et nous verrons aussi des toiles qui ne sont pas des astres. En attendant de mieux cerner ces " fils " bornons-nous constater, ici, leur prsence, au moment prcis o Elohim, leur pre, met en oeuvre une gense particulire et ponctuelle, laquelle, ncessairement, ils pr-existaient. Le pouvoir des toiles Dans le texte de la Bible, Elohim (qui s'exprime sous le nom de IHVH) continue d'accabler Job par des questions impressionnantes, notamment celles-ci : " Noueras-tu les liens des Pliades, ou d-noueras-tu les cordes d'Orion ? Feras-tu sortir la Couronne en son temps ? Et l'Ourse, avec ses petits, les guideras-tu ? " (Job XXXVIII - 31 33, version Dhorme). On sait que les positions des toiles, qui sont fixes les unes par rapport aux autres, dessinent, par leurs alignements apparents aux yeux des observateurs terrestres, des constellations qui n'ont aucune ralit dans le volume trois dimensions de l'espace. Il n'empche que, les toiles ayant des positionnements intangibles, il est impossible, qui que ce soit, de modifier les figures gomtriques qu'elles semblent dessiner. Ces figures sont, titre d'exemple, les " liens " des Pliades, les "cordes "d'Orion, etc. Il est galement impossible d'empcher l'ensemble des toiles de "sortir " au-dessus de la ligne d'horizon, puisque c'est la rotation de la Terre qui engendre ce mouvement apparent. L, c'est la toile de fond. Mais, dans ce thtre qui ne change jamais de programme, la Bible place une perle. C'est toujours une question (double) un pauvre Job mdus : " Connais-tu les lois

48 des cieux ? Ralises-tu sur la terre ce qui y est crit ? ". Le sousentendu est manifeste, et il complte ainsi le texte : "Connais-tu les lois des cieux ? (comme moi, Elohim, je les CONNAIS). Ralises-tu sur terre ce qui y est crit ? (comme moi, Elohim, je le REALISE) ". Autrement dit : " Es-tu capable de faire, comme je le fais, ou comme je l'ai fait, un travail SOUMIS aux lois de ce " ciel des toiles " qu'est le cosmos ? " La rvlation qui perce ici est double. Premirement : la redistribution des masses de la terre et de la mer, sur la plante Terre, s'insre dans un quilibre gr par les lois cosmiques qui existaient au pralable, et dont les constellations sont des signes faciles lire. Deuximement : les toiles ont un pouvoir sur la Terre. Ce second point mne dans les parages de l'astrologie. Exactement au ZODIAQUE qui, tymologiquement compris, trace, dans le ciel, les " figures de la vie ". Sur arrire-plan de cosmos toil, le Zodiaque est une bande, assez troite, o, vus de la Terre, transitent le Soleil et toutes les plantes du systme solaire. C'est un circuit. Un boulevard duquel ces bolides ne sortent jamais. L'astrologie prtend que, suivant leurs positions sur le Zodiaque, le Soleil et les plantes exercent toute une gamme d'influences sur la Terre. Quand Dhorme crit : " feras-tu sortir la Couronne... " il ne se rfre sans doute pas la " Couronne australe " ou la " Couronne borale ", deux petites constellations rpertories par les astronomes. Il joue sur la traduction de l'hbreu MAZZAROTH dont il fait un DIADEME, une COURONNE. Six autres versions (Ostervald, Synodale, Darby, Segond, Scofield, TOB) ne s'y trompent pas en plaant, ici, les "signes du zodiaque ". Selon Crampon, ce serait le vritable sens de MAZZAROTH. Mais il crit cependant " les constellations " comme le font, de leur ct, Maredsous et Chouraqui. Monde nouveau fait bon poids en donnant " la constellation de Mazzaroth ", que ni les astrologues, ni les astronomes,

49 ne connaissent. Kahn choisit " les plantes " (qui ne sont, en aucune faon, des toiles), et Osty " les Hyades " (un amas d'toiles dans la constellation du Taureau), identification qu'il dit, lui-mme, " conjecturale ", dans une note o il propose aussi, sans toutefois s'y rallier, le Bouvier, l'Etoile du matin, et... les signes du zodiaque. La version de Jrusalem se prononce pour " l'toile du matin ", mais avec des remords, car, dit-elle, c'est une " traduction conjecturale ", en notant que la Vulgate crit, ici, " Lucifer "... Cette jonglerie dans les toiles marque un grand embarras. Elle ne doit pas nous distraire du pouvoir que la Bible fait exercer, aux toiles, sur la Terre. POUVOIR est bien le mot employ par Ostervald, Segond, Scofield, Osty, ou INFLUENCE (Maredsous, Chouraqui), INFLUENCES (Crampon), CHARTE (Jrusalem, TOB), ACTION (Synodale), EMPIRE (Darby), AUTORITE (Monde nouveau), FORCE D'ACTION (Kahn). " C'est le cours des astres qui rgle le rythme de la vie sur la terre, ou bien y aurait-il une nuance astrologique " note Osty. Il serait bien tonnant que l'astrologie puisse trouver ses lettres de noblesse dans la Bible, alors que cette mme astrologie est explicitement interdite par la loi donne aux Hbreux, notamment dans Lvitique XIX - 26 et Deutronome XVIII - 10. Interdite, il est vrai, mais en quelque sorte reconnue par le fait mme de son interdiction. On n'interdit pas de franchir une porte, s'il n'y a pas de porte. Lucifer, au placard ! Vous avez sursaut, et c'est normal. Comment, en effet, la Vulgate (traduction latine de la Bible qui a fait autorit dans le catholicisme pendant des sicles) peut-elle placer LUCIFER... dans le zodiaque C'est pourtant bien exact : " Numquid producis Luciferum in tempore suo... " (Job XXXVIII - 32). LUCIFERUM la place du MAZZAROTH hbreu ! " Feras-tu sortir Lucifer en son temps ? "

50 C'est scandaleux ! Le choeur des ides reues assure bien que Lucifer est l'un des noms de Satan, du Diable, du Dmon... Eh ! oui... Mais par le Lucifer de la Bible en latin, nous allons curieusement retrouver les " toiles du matin ". LUCIFER est un mot driv du latin LUX, LUCIS, lumire, avec le suffixe FER, du verbe FERRE, offrir, porter. Il signifie PORTELUMIERE. Quand la Vulgate a t crite, LUCIFER dsignait, dans le langage populaire, la plante VENUS, nomme aussi, par les anciens, ETOILE DU MATIN. Et pourquoi cela ? Parce que Vnus est plus proche du Soleil que la Terre. Vue de la Terre, elle ne s'carte jamais du Soleil de plus de 48 degrs. Autrement dit, elle se voit toujours dans le voisinage du Soleil, tantt le prcdant son lever, tantt subsistant aprs son coucher. Astronomiquement parlant, cette " Etoile du matin " ANNONCE l'arrive imminente du Soleil, en prcdant celui-ci de peu. Elle " apporte " la lumire du jour. C'est donc LUCIFER, porte-lumire... Peut-on transporter cette (brillante) mtaphore dans la Gense ? Le concert des " toiles du matin " a-t-il prcd, annonc, puis applaudi, tout en les encadrant (on n'ose pas dire : en les clairant) les actes fondateurs de la Gense rapports par la Bible ? C'est tentant. Mais peuttre un peu tir par les cheveux... De toutes manires, cela n'ajouterait pas grand chose une dmonstration dj suffisante. Et puis il se trouve que Lucifer a t ray des cadres de la Bible, aprs y avoir usurp sa place. Seule la version Grosjean (dans la Bible de la Pliade supervise par Dhorme) ose recaser Lucifer dans le Nouveau Testament (comme il l'est aussi dans la Vulgate, et dans le texte original grec) : "... aussi tenonsnous plus fermement la parole prophtique () jusqu' ce que transparaisse le jour et que se lve dans vos coeurs, Lucifer " (Seconde ptre de Pierre I - 19). Dans la Vulgate, on lit bien " Lucifer ", et, dans l'original grec : PHOSPHOROS, de PHOS, lumire, et PHOREIN, porter. Ce serait bien un comble que la

51 " parole prophtique ", c'est--dire toute la rvlation biblique reprise par le Nouveau Testament, tende faire lever Satan, le Diable, le Dmon, dans le coeur des gens qui se fient cette rvlation ! Aussi bien, toutes les autres versions de la seconde Eptre de Pierre escamotent-elles ce Phosphoros-Lucifer-l, et se rfugient-elles dans l'innocente " toile du matin " (" l'astre lumineux " pour Chouraqui). On ne verrait d'ailleurs pas mieux Vnus exercer ses talents dans la Bible la place de Lucifer... Lucifer a commenc sa carrire par la traduction latine du Livre d'Esae (XIV - 12) : "Quomodo cecidisti de coelo lucifer, qui mane oriebaris ? " que Dhorme rend par : " comment es-tu tomb du ciel, astre brillant ? ". En fait, le " lucifer " latin (qui, cette fois, est un adjectif et non pas un substantif), et " l'astre brillant " de la plupart des versions, c'est le HEILEL BEN SHAHAR hbreu, le " brillant fils de l'aurore ", le mystrieux tre cleste dont la Bible voque la dchance, et dont on a fait SATAN, alors que le SHATAN des Hbreux, c'est tout fait autre chose. LE SHATAN n'est pas forcment un personnage qui porte ce nom. C'est L'OBSTACLE, L'OP-POSITION, la CONTRARIETE. Le Christ ayant, quant lui, affirm : " Je suis l'toile brillante du matin " (Apocalypse XXII - 16, dans toutes les versions), le nom de Lucifer lui a t appliqu durant les premiers sicles de la chrtient. Cela faisait dsordre. Il fallait choisir. Alors Lucifer est, cette fois, bel et bien tomb... de haut. Au placard, Lucifer ! Comme quoi la Bible, dans ses traductions, est un matriau mallable... Mais nous avons cd une digression. Revenons la Gense. Le mot GENESE n'existe pas dans le texte hbreu. Pour traduire BERESCHIT, commencement, le latin de la Vulgate dit : IN PRINCIPIO. Mais il donne le titre de GENESIS au premier livre de la Bible. Et GENESIS signifie ENGENDREMENT, avec le sens

52 prcis de FECONDATION d'une MATRICE par un GENITEUR. A la mode de chez nous... Cela corrobore la pr-existence d'une matire-matrice, et la fcondation de celle-ci par Elohim, telles qu'on les voit dans la vraie Bible.

III

L'EMERGENCE LABORIEUSE DE L'HUMANITEaisons le point. Nous savons, maintenant, parce que la vraie Bible nous l'apprend, qu'une entit la fois plurielle et unitaire, nomme Elohim, est l'origine de l'quilibre des choses sur la plante Terre. Nous savons que cette entit n'a pas " cr " l'univers cosmique, ni le systme solaire, mais qu'elle est " arrive d'ailleurs " pour prendre possession d'un ancien magma et " l'arranger " sa convenance. Cet AILLEURS, d'o arrive Elohim, est-ce l'immensit indtermine de l'espace cosmique ? Est-ce, plus prcisment, une plante parmi les innombrables plantes dont les astronomes supposent l'existence, aussi bien dans notre galaxie que dans les autres ? Est-ce un univers parallle, une autre dimension de l'espace-temps, tels que les subodorent les para-normaliens ? Est-ce le monde dit " spirituel "

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54 cher (et indispensable) la mtaphysique ? La question reste ouverte. Il serait risqu de tenter une rponse avant d'en savoir davantage. Nous allons nous y employer en continuant d'explorer la Bible. Nous la fouillerons, avec un mticuleux respect de l'authenticit, la manire d'un archologue qui dgagerait des vestiges prcieux depuis longtemps enfouis sous les sdiments. La lecture non-conformiste de la Bible, que nous proposons, n'est pas irrespectueuse. Au contraire. On l'aura compris. Mais, effectivement, c'est une AUTRE lecture qui peut sembler audacieuse et surprenante bien des gards. Et mme tmraire... Elle n'est toutefois jamais irrationnelle, en dpit des risques de drapages incontrls, parce qu'elle reste dlibrment dans les limites de la logique propre la Bible. Une logique spciale. Mais une logique tout de mme. Une cohrence. Alors, vous continuez avec nous ? Qu'auriez-vous y perdre ? Vos convictions, votre croyance, votre foi si vous croyez ? Notre but n'est pas de les heurter, ni de les branler, mais de les alimenter par une information dgage des prjugs. Si elles ne rsistent pas au choc, c'est qu'elles n'taient pas trs assures. Si elles rsistent, nous aurons renforc leur fondement, par l'affermissement des arguments que vous ne manquerez pas de nous opposer. Nous allons donc poursuivre. Mais avant cela, dans le seul souci de simplifier une lecture qui n'est pas trs facile, nous choisirons de nous en tenir ELOHIM pour dsigner l'entit centrale de la Bible, tant bien entendu que la vraie Bible nomme cette entit tantt Elohim, El, Eloha, tantt IHVH-Elohim, El Shadda, IHVH, la (contraction de Iahv), voire Adona, et que les traductions franaises greffent, l-dessus, les noms de Dieu, Tout-Puissant, Eternel, Seigneur. Mais nous respecterons, bien sr, ces noms-l dans les citations que nous produirons " ad litteram ".

55 Les animaux, avant ou aprs l'homme ? Aprs la formation du ciel, de la terre et de la mer, abordons la soi-disant cration du monde vivant. La Bible en donne un premier rcit (Gense T 11 31, que nous lirons dans la version Dhorme), rcit qui se dveloppe suivant un ordre chronologique dont le schma est simple et clair : -Troisime jour : "Elohim dit : " Que la terre produise du gazon, de l'herbe (...) des arbres fruitiers ". - Cinquime jour : "Elohim dit: "Que les eaux foisonnent (...) d'animaux vivants et que les volatiles volent au-dessus de la terre ". - Sixime jour : "Elohim dit: "Que la terre fasse sortir des animaux vivants (..) : bestiaux, reptiles, btes sauvages... ". -Sixime jour, suite et fin : "Elohim dit: "Faisons l'homme... ". On observera que c'est la terre qui PRODUIT les plantes, et que c'est encore la terre qui FAIT SORTIR les animaux, tandis que les poissons FOISONNENT dans les eaux (l'expression " les eaux foisonnent " tant impropre), le tout, bien sr, aprs qu'Elohim l'et " dit ", c'est--dire " dcid ", ou qu'il et runi les conditions favorables ces closions. Ce n'est pas ngligeable, mais le fait notable n'est pas l. Il rside dans la prsence d'un second rcit de la cration du monde vivant (Gense II - 4 9, puis 18 20) qui a, lui aussi, un schma chronologique : "Au jour o Iahv Elohim fit la terre et les cieux il n'y avait encore sur la terre aucun buisson des champs et aucune herbe des champs n'avait encore germ (...) Alors Iahv Elohim forma l'homme (...) planta un jardin (...) fit germer du sol tout arbre... " Ensuite, " Iahv Elohim dit : " Il n 'est pas bon que l'homme soit seul (...) Alors Iahv Elohim forma du sol tout animal des champs et tout oiseau des cieux, il les amena vers l'homme (...) pour que tout animal vivant ait pour nom celui dont l'homme l'appellerait...". 56 Dans le premier rcit, les plantes et les animaux prcdent l'apparition de l'homme. Dans le second, c'est l'homme qui prcde l'apparition des plantes et des animaux. On ne peut soutenir que le second rcit complte le premier. Il le contredit !

C'est flagrant. La Bible impose cependant la co-existence des deux rcits, bien qu'ils fussent inconciliables. Veut-elle voiler aussitt ce qu'elle a d'abord consenti dvoiler, en procdant par un systme de rvlation double, la seconde venant remettre la premire en question ? Ou bien doiton comprendre que le premier rcit concerne un monde vivant SAUVAGE, et que le second s'applique une aire CULTIVEE, le fameux Eden ? Certains exgtes volent au secours de la Bible en argumentant sur les " bestiaux " qu'ils opposent aux "btes sauvages ". Par dfinition, en effet, les " bestiaux " sont de gros animaux d'levage. S'il y a des " animaux des champs ", comme il y a des plantes "des champs ", c'est bien dans un cosystme organis. Et c'est bien que cet cosystme fait l'objet du second rcit. L'ennui, pour cette thse, c'est que les " bestiaux " et les " btes sauvages " figurent ENSEMBLE dans le premier rcit soi-disant consacr au foisonnement de la vie sauvage : " Que la terre fasse sortir des animaux vivants (...) : bestiaux, reptiles, btes sauvages... ". Ils sont l, ensemble, le sixime jour, AVANT l'apparition de l'homme. Ce qui oblige, incidemment, Elohim lever luimme les "bestiaux "en attendant d'installer un fermier sur ses terres... Retour la case dpart. Avec, sur les bras, une cration du VIVANT deux dveloppements contradictoires. Boutade (idiote) : allez savoir, aprs cela, si c'est l'homme qui descend du singe, ou si c'est le singe qui descend de l'homme. Mais restons srieux. Au terme de l'un ou l'autre de ces deux dveloppements, les animaux et l'homme sont exclusivement vgtariens : "... tout ce qui a en soi me vivante, dit Elohim, j'ai donn toute herbe verte en

57 nourriture " (Gense I - 30). Voil qui rduit singulirement l'utilit des " bestiaux ", et notamment du troupeau qui sera, quand mme, lev par le berger Abel (Gense IV - 2). Bestiaux, petits et grands, qui ne seront pas consommables avant la permission spciale qui sera donne bien plus tard, aprs le Dluge : " Tout ce qui remue et qui vit vous servira de nourriture, comme l'herbe verte " (Gense IX - 3). Et voil qui exclut aussi, de la cration originelle, les carnivores et les insectivores, dont la Bible ne mentionne nulle part les modalits d'apparition, laissant ainsi libre cours aux thories de l'volutionnisme. Une ressemblance rciproque Dans la Bible, la " cration " de l'homme, et par consquent de l'humanit, est prsente (elle aussi !) en deux squences, qui ont l'air de s'ajuster, mais qui se contredisent sur certains points importants. La premire squence s'inscrit dans le chapitre I de la Gense. Elle reprend son cours au chapitre V, en sautant les chapitres II, III et IV, o s'intercale la seconde squence. Examinons la premire squence : "Elohim dit : " Faisons l'homme notre image, notre ressemblance ! (...) Elohim cra donc l'homme son image, l'image d'Elohim il le cra. Il les cra mle et femelle. Elohim les bnit et Elohim leur dit : " Fructifiez et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-l... "(Gense I - 26 28, version Dhorme). Reprise du thme, plus loin dans le texte (comme si la seconde squence n'existait pas) " Ceci est le livre des gnrations d'Adam. Au jour o Elohim cra l'homme, il le fit la ressemblance d'Elohim. Mle et femelle il les cra, il les bnit et les appela du nom d'Homme, au jour o ils furent crs. Adam (...) engendra un fils sa ressemblance, son image. Il l'appela du nom de Seth " (Gense V - 1 et 2, version Dhorme).

58 IMAGE et RESSEMBLANCE sont, ici, dans toutes les versions, des mots-cl. REPLIQUE et RESSEMBLANCE, traduit Chouraqui. On peut certes estimer que l'image n'est qu'un reflet, et que la ressemblance ne vaut pas l'identit. Il y aurait donc une DIFFERENCE essentielle entre l'objet et son image. C'est tout fait exact dans le cas d'une photo (image statique). Ca l'est un peu moins dans le cas d'un film (image anime). Ca l'est encore moins dans le cas d'une reprsentation thtrale (image vivante et anime). Ca l'est beaucoup moins dans le cas d'un enfant, image et ressemblance, reproduction physique et psychique de ses parents. Or la Bible nous astreint au ralisme plus qu'aux subtilits philosophiques. Elle dit clairement que l'homme est fait l'image, la ressemblance d'Elohim ET que Seth est engendr la ressemblance, l'image d'Adam. Il s'agit bien d'une forme commune, en quelque sorte gnitale, de duplication l'identique, la reproduction prsentant les mmes caractristiques fondamentales que l'original. Seth est fils-image d'Adam exactement comme Adam est fils-image d'Elohim. La similitude de parent directe est vidente. Dans ces conditions - et la Bible n'en prsente pas d'autre - l'image et la ressemblance ne peuvent chapper la rciprocit : si le fils ressemble au pre, il va de soi que le pre ressemble galement au fils. La bonne question est de savoir sur quoi, et jusqu'o, s'tend la " ressemblance ascendante ", la SIMILITUDE entre l'image et le sujet qu'elle figure. MALE et FEMELLE sont les autres mots-cl de cette premire squence de la cration de l'homme. Avec une touchante pudeur, Segond, Scofield, Synodale et Jrusalem habillent la Bible en traduisant "Homme et femme ", ce qui n'est pas tout--fait la mme chose. Kahn prcise que " Mle et femelle furent crs la fois ". A LA FOIS, est-ce ensemble et en mme temps, ou bien est-ce en mme temps mais sparment ? Autrement dit, se trouve-t-on en prsence de deux tres, l'un mle et l'autre femelle, qui surgissent au mme

59 moment ? Ou bien se trouve-t-on en prsence d'un seul tre qui est, la fois, mle et femelle ? L'homme premier est-il un COUPLE, ou bien est-il un ANDROGYNE (du grec ANDROS, homme, et GUNE, femme) ? On ne se poserait pas la question si la seconde squence biblique de la cration de l'homme (que nous analyserons plus loin) n'amenait pas son premier homme " seul ". Il est si SEUL, cet Adam-l, qu'Elohim cre les animaux et les lui prsente pour qu'il trouve, parmi eux, une " aide semblable lui ", euphmisme dsignant la compagne, l'pouse. La tentative ayant chou, Elohim tirera une femme du corps de " l'homme seul ". Nous verrons cela en dtail. La juxtaposition, dans la Bible, d'une squence o le mle et la femelle sont crs " la fois ", et d'une squence o l'homme est d'abord cr " seul " puis ensuite " complt " par une femme tire de lui, entretient une quivoque dont on ne sort que par le bon sens commun : l'humanit a vraiment commenc lorsque le mle et la femelle, l'homme et la femme, distincts l'un de l'autre, et disposant chacun de son propre sexe, se sont accoupls, soit pour former " une seule chair ", soit pour reconstituer l'androgyne primitif en deux corps " maris ". L'effet de rciprocit ascendante, qui fait que le pre ressemble au fils (tous deux ayant ncessairement des points communs) dbouche alors sur une hypothse qui parat solidement taye par la Bible : Elohim est, lui aussi, soit androgyne, soit structur en couple mlefemelle. Le danger du systme de dductions en chane dans lequel on entrerait par cette porte, c'est d'aller trop loin dans l'anthropocentrisme, et de faire, tous gards, d'Elohim, l'image de l'homme. La formule " Faisons l'homme notre image ", qui embraye directement sur la diffrenciation " mle-femelle ", signifierait, alors, qu'Elohim est une communaut aussi nombreuse et prolifique que

60 l'humanit. Une communaut o, comme dans l'humanit, mles et femelles " fructifient et se multiplient " jusqu' " remplir " un espace plantaire et le " soumettre Prudemment, nous ne retiendrons de la formule " Faisons l'homme... " que le fait qu'elle ne saurait tre un pluriel de dlibration avec soi-mme, ou un pluriel de majest (du style " le roi dit NOUS voulons "), mais qu'elle exprime une rsolution prise par une communaut : l'entit Elohim, laquelle se confirme, ici, plurielle. Pour le reste, on relvera que, dans toute la Bible, toutes les manifestations de l'entit Elohim sont exclusivement au MASCULIN. Toutes, sauf une. Mais ce n'est qu'une " vision " consigne par le prophte Zacharie : "...et voici qu'apparurent deux femmes. Il y avait du vent dans leurs ailes car elles avaient des ailes, comme des ailes de cigogne... " (Zacharie V - 9, version Dhorme). Ces femmes ailes emportent, entre terre et ciel, un plein boisseau,d'iniquit. Ce sont des " boueuses ". Vision fugace. Et toute symbolique. Pas trs valorisante pour l'hypothtique ct FEMININ d'Elohim... Mais, aprs tout, l'vacuation des dchets est une tache utile. L'me... dans les narines Il est certain que, dans la Bible, l'homme n'est pas le produit d'une copulation entre le masculin et le fminin supposs d'Elohim. Dans la seconde squence qui relate sa cration, l'homme est un GLEBEUX ! Oui, presqu'un bouseux... En utilisant GLEBE, motte de terre, Chouraqui invente ce mot peu flatteur pour mieux traduire l'hbreu ADAM : "IHVH (surcharg Adonai) Elohim, crit-il dans Gense II - 7, forme le glbeux - Adm, poussire de la glbe Adama ". Comme les autres versions, celle de Dhorme est plus classique : " Iahv Elohim forma l'homme, poussire provenant du sol ". La majorit des versions utilisent le verbe FORMER pour

61 la premire phase de cette manipulation de potier. Osty et Kahn prfrent : FACONNER, Jrusalem et T.O.B. : MODELER. La cration, tout au moins celle de l'homme, se confirme, ici, comme tant l'art d'agencer les matriaux, et non pas celui de tirer quelque chose du nant. Le matriau utilis est la " poussire de la terre " (Ostervald, Segond, Synodale, Scofield), la " poussire du sol " (Darby, Crampon, Maredsous, Monde nouveau), la "poussire de la glbe " (Chouraqui). Cette poussire " provenant du sol " (Dhorme), est " tire du sol " (Osty), "dtache du sol " (Kahn), "prise au sol " (T.