Research Collection Doctoral Thesis Contribution à l'organisation d'une fabrication de gros ensembles unitaires Author(s): Künzi, Charles Publication Date: 1961 Permanent Link: https://doi.org/10.3929/ethz-a-000107677 Rights / License: In Copyright - Non-Commercial Use Permitted This page was generated automatically upon download from the ETH Zurich Research Collection . For more information please consult the Terms of use . ETH Library
86
Embed
Rights / License: Research Collection In Copyright - Non ...34132/eth-34132-02.pdf-d'arbres composés de segments soudés les uns aux autres,-d'appareils de régulation compliqués
This document is posted to help you gain knowledge. Please leave a comment to let me know what you think about it! Share it to your friends and learn new things together.
Transcript
Research Collection
Doctoral Thesis
Contribution à l'organisation d'une fabrication de grosensembles unitaires
PRÉSENTÉE À L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE FÉDÉRALE, ZURICH,
POUR L'OBTENTION DU
GRADE DE DOCTEUR ES SCIENCES TECHNIQUES
PAR
CHARLES ktlNZI
ingénieur mécanicien diplômé EPUL
de Erlach (Berne)
Rapporteur: M. le Prof. W. F. Daenzer
Corapporteur: M. le Prof. Dr E. Bickel
Zurich 1961 Imprimerie Leemann S. A.
Leer - Vide - Empty
Table des matières
Introduction 5
Chapitre 1. Organisation scientifique et rationnelle du
planning 7
1.1. Définition du planning et tâches qui lui sont
attribuées 7
1.2. L'ordonnancement 8
1.2.1. Fonctions principales de l'ordonnance¬
ment 8
1.2.2. Etablissement de la charge à long terme
des ateliers 8
1.2.2.1. Charge en heures par unités de
délais et par groupes de capacité 9
a) Choix des groupes de charge . .9
b) Etablissement de la capacité . . 9
c) Etablissement de la charge à longterme des ateliers, due à la fabri¬
cation des gros ensembles uni¬
taires 11
d) Etablissement de la charge à longterme des ateliers, due aux com¬
mandes de pièces prévisionnelles 16
e) Sommation de la charge des ate¬
liers, due à l'ensemble des com¬
mandes 16
1.2.2.2. Charge des fosses de montage . . 19
1.2.3. Etablissement des délais de livraison des
offres et des commandes (Jalonnement) . 19
1.2.3.1. Etablissement des délais des offres 20
1.2.3.2. Etablissement des délais des com¬
mandes 20
1.2.4. Surveillance du maintien des délais de
livraison 21
1.2.4.1. Surveillance du maintiendes délais
partiels des instances autres quela fabrique 22
1.2.4.2. Enquête statistique relative au
maintien des délais partiels de
livraison 23
a) Observation des faits 23
b) Dépouillement des observations . 24
c) Présentation des résultats.... 25
d) Interprétation des résultats...
28
e) Mesures à prendre sur la base des
résultats acquis 33
1.2.5. Fonctions auxiliaires de l'ordonnancement 33
Chapitre 2. Organisation scientifique et rationnelle des
ateliers 34
2.1. Introduction du sujet 34
2.2.. Fixation des données du problème 34
2.3. Exposé de la méthode adoptée 34
2.4. Préparation des relevés statistiques 36
2.4.1. Détermination du nombre d'observations. 36
2.4.2. Détermination de la durée de l'étude . .38
2.4.3. Détermination de l'instant pendant lequeldoit être effectuée l'observation 39
2.4.4. Préparation des feuilles d'observation et
préparation psychologique 40
2.5. Observation des faits 40
2.5.1. Observation des grosses machines-outils.
41
2.5.2. Observation des petites machines-outils .41
2.5.3. Observation des grosses pièces en cours
de fabrication 41
2.5.4. Observation des petites pièces en cours de
fabrication 42
2.6. Dépouillement des résultats 42
2.7. Présentation des résultats 42
2.8. Interprétation et discussion des résultats...
42
2.8.1. Discussion relative à la validité de la
spécification binomiale 42
2.8.2. Etablissement des distributions empiri¬
ques et théoriques 45
2.8.3. Calcul des caractéristiques principales . .46
2.8.4. Test de validité de la spécification envi¬
sagée 46
2.9. Mesures à prendre sur la base des résultats acquis 46
2.10. Conclusions 47
Annexes 49
Bibliographie 83
3
Leer - Vide - Empty
Introduction
Cette thèse est constituée de paragraphes choisis et
résumés, extraits d'une étude plus conséquente con¬
sacrée à l'organisation du planning et des ateliers d'une
entreprise de construction mécanique fabriquant de gros
ensembles unitaires compliqués. Alors que l'étude com¬
plète traite des problèmes d'organisation en général, les
extraits qui sont reproduits ici se rapportent essen¬
tiellement à l'utilisation des statistiques, par l'ordon¬
nancement et les ateliers d'une fabrique de gros ensembles
unitaires, pour résoudre des problèmes d'importancevitale.
Dans un premier chapitre, nous montrons, sur la base
de données scientifiques et d'applications pratiques, que
les statistiques résolvent les deux plus importantestâches de l'ordonnancement, en l'occurrence :
- la charge à longue échéance des ateliers ;
- la surveillance rigoureuse du maintien des délais par¬
tiels de livraison, à la fabrique, des documents adminis¬
tratifs, des documents techniques, de la matière pre¬
mière, etc.
La connaissance de la charge à longue échéance est
indispensable pour déterminer les délais de fabrication.
De nombreuses entreprises se livrent encore aujourd'huiau jeu dangereux des évaluations fantaisistes qui se
retournent invariablement contre elles. Toutes ces éva¬
luations effectuées sans tenir compte de la charge des
divers ateliers, et en particulier des machines-clef, sont en
général sans valeur. Il va de soi qu'on peut ne pas tenir
compte rigoureusement des indications résultant de
l'examen de la charge si l'on veut avantager un importantclient, conformément à une certaine politique commer¬
ciale; mais on agit alors en connaissance de cause.
La surveillance rigoureuse du maintien des délais par¬
tiels de livraison est absolument nécessaire, si l'on veut
respecter l'engagement pris envers le client de livrer sa
commande à la date fixée avec l'accord des deux parties.On a la fâcheuse tendance de considérer les clauses d'un
contrat relatives aux délais de livraison beaucoup plusà la légère que les clauses relatives aux caractéristiques
techniques ou aux modalités de payement par exemple,ce qui, à notre humble avis, ne se justifie nullement. Or,la condition nécessaire, sinon suffisante, pour qu'unemachine puisse être livrée à la date prévue, est que tous
les documents de base, ainsi que les matières premières,soient livrés à temps voulu à la fabrique.Dans le second chapitre, nous proposons, également sur
la base de données scientifiques et d'applications pra¬
tiques, une méthode de sondage statistique qui permetde détecter, qualitativement et quantitativement, tous
les défauts d'organisation, d'implantation, d'équilibredes capacités en machines-outils, ponts-roulants, person¬
nel ouvrier, etc. Ce procédé est un moyen d'information
puissant et objectif pour le chef de fabrication qui pourra,
sur la base des résultats acquis, prendre les mesures aptesà minimiser sinon à supprimer ces défauts.
Les solutions d'organisation que nous proposons dans
cette étude ne sont pas restées au stade théorique, mais
ont été appliquées avec succès à d'importantes sections
de la plus grande fabrique de machines de Suisse. Pour
mener a bien ce travail d'application, nous nous sommes
basé sur le principe d'organisation suivant:
Lorsqu'on réorganise une instance quelconque, le plusdur n'est certainement pas d'élaborer cette organisation,ni même de la réaliser, mais bien de la maintenir. Sur
la base de nos propres expériences, nous estimons que la
répartition des difficultés s'établit en moyenne comme
suit:
Elaboration du projet 20 % des difficultés
Réalisation du projet 30 % des difficultés
Maintien de la nouvelle org. 50% des difficultés
Nous désapprouvons totalement l'organisateur qui se
retire dignement, avec le sentiment du devoir accompli,dès que son appareil est introduit dans le circuit de pro¬
duction. En réalité, c'est dès ce moment que les vrais
ennuis font leur apparition et qu'il faut être là pour les
éliminer et imposer aux «victimes» de ce nouveau
système une véritable impulsion motrice. Parallèle¬
ment à cette constante impulsion, il faut rédiger et
remettre à qui de droit des instructions précises sur le
but et la fonction de l'appareil, sur les moyens à uti¬
liser et sur le processus d'exécution à mettre en œuvre.
Nous avons joint à cette introduction un organigrammegénéral d'une entreprise de construction mécanique fabri¬
quant de gros ensembles unitaires, afin :
- de mettre en évidence la complexité extrême de la
structure d'une telle entreprise,- de situer dans ce complexe les services et ateliers qui
nous ont servi de champ d'expérience. Tous les chiffres
entre crochets [ ] du texte se rapportent à cet organi¬
gramme.
Nous avons volontairement laissé sur notre dessin les
défauts structurels inhérents à toute entreprise n'existant
pas seulement sur le papier, mais ayant à faire face aux cir¬
constances bien réelles de l'existence, circonstances parmilesquelles nous citons : le genre de production, le facteur
humain, le manque de personnel qualifié, la conjonctureéconomique, etc.
Relevons encore que notre étude a été appliquée au
planning et à certains ateliers de la fabrique de turbines
[45]. Cette dernière, qui occupe environ 2500 ouvriers
et employés, fabrique toutes les machines et appareilsthermiques de l'entreprise, en l'occurrence:
- Turbines à vapeur- Turbines à gaz- Turbo-soufflantes
- Chaudières électriques et Velox
- Toute la régulation pour ces divers types de machines
- Turbo-compresseurs de suralimentation pour Diesels
Le nombre de variantes et les dimensions de ces
machines s'étendent sur un domaine extraordinairement
vaste. En effet, la plus petite machine, en l'occurrence
un compresseur d'aviation à grande vitesse de rotation,
pèse 4 kilogrammes, alors que les mêmes ateliers fabri¬
quent des turbines à vapeur de 150000 kW, d'un poids
dépassant 400 tonnes, turbines qui sont en fait les plusgrosses du monde à ce jour.A ces grandes variations de dimensions, il faut ajouter
la diversité des produits. Prenons, à titre d'exemple, un
groupe de turbines à vapeur. Il se compose, entre autres :
- d'arbres composés de segments soudés les uns aux
autres,- d'appareils de régulation compliqués et extrêmement
précis,- d'ailettes,- de réservoirs, condenseurs, échangeurs de chaleur, ré¬
frigérants d'huile, etc., qui sont de classiques pièces de
chaudronnerie,- de réducteurs de vitesse, dont la plus grande roue peut
avoir jusqu'à 4,80 m de diamètre,- de cylindres basse pression, entièrement en construc¬
tion soudée, qui peuvent atteindre la dimension d'une
villa familiale,- de tuyauteries aux formes les plus compliquées.
Quant à la quantité de produits fabriqués, elle s'élève
aujourd'hui à 3000 unités par an environ, ce qui repré¬sente approximativement 1000000 de kW d'énergie four¬
nie ou absorbée, cette énergie étant mesurée à l'accouple¬ment de la machine. Il faut encore ajouter à ceci les
pièces prévisionnelles (stock de réserve et de remplace¬ment).Nous ne voudrions pas clore cette introduction sans
adresser nos remerciements à nos chefs, à nos collègueset à notre épouse, à qui nous devons d'avoir pu mener
à bien ce travail.
En effet,
- sans l'autorisation bienveillante de Monsieur le Pro¬
fesseur Daenzer, Directeur de l'Institut d'OrganisationIndustrielle de l'Ecole Polytechnique Fédérale à Zurich,de Monsieur le Dr h.c. Th. Boveri, et de Monsieur
l'ingénieur F. Streiff, respectivement Directeur Délé¬
gué et Directeur Général des fabriques de l'EntrepriseBrown, Boveri & Cie à Baden,
- sans l'appui efficace, la confiance illimitée et la com¬
plète liberté d'action que nous a accordés notre chef di¬
rect, Monsieur l'ingénieur H. Dietler, Directeur d'Ex¬
ploitation de la fabrique de turbines,- sans l'aide fidèle et désintéressée de nos collègues, de
notre épouse et d'une dizaine de stagiaires anonymes,mais pleins de bonne volonté,
l'élaboration, la rédaction et surtout la mise en appli¬cation de ce qui suit eussent été impossibles.
6
• VORLAGE-GROSS-ETH*
Vorlage > A3
* V 0 AGE-GROSS-ETH*
Chapitre 1
Organisation scientifique et rationnelle du Planning
1.1. Définition du planning et tâches qui lui sont
attribuées
Henri Le Chatelier a dit: «Quel que soit le but qu'onse fixe, il n'est qu'une méthode et une seule pour y par¬venir rapidement et sûrement, c'est de procéder par
quatre phases successives et toujours les mêmes: prévoir,préparer, exécuter, contrôler.»
D'autre part, un slogan bien connu dit: «Gouverner,c'est prévoir. »
Or, le planning est précisément une forme moderne de
la prévision.D'après Paul Planus, c'est la fonction de préparation
qui a pour but la détermination du programme d'utili¬
sation optimum des moyens de toutes natures dont dis¬
pose un groupement de travail pour exécuter de la façonla plus avantageuse et dans les conditions exigées, les
tâches qui lui sont imparties.Il existe deux formes classiques du planning:
- la forme américaine qui englobe le service matières, le
service des méthodes et des temps, l'ordonnancement,le lancement, ainsi que le service des prix de revient.
- la forme française qui n'englobe que l'ordonnancement
(Routing) et le lancement (Despatching).
C'est du planning sous sa forme réduite, donc française,que nous parlerons ici.
Nous insistons sur le fait, avant de poursuivre l'étude
du planning, qu'il faut bien voir la différence entre le
service des méthodes et des temps, qui a une fonction de
préparation et qui cherche à améliorer le rendement des
forces de production pendant leur marche, et le planning(sous sa forme française), qui cherche à supprimer les
périodes de rendement nul, c'est-à-dire les temps d'attente
des forces de production et à réduire les encours dans les
ateliers, ainsi que les délais de fabrication.
Pour bien comprendre les lacunes que comble le
planning, il suffit d'observer un atelier non organisérationnellement. Lorsqu'un ouvrier a terminé son travail,il se passe en général, dans l'ordre chronologique, les faits
suivants :
- L'ouvrier commence par chercher son contremaître,
qui n'est évidemment pas toujours à disposition.- Lorsqu'il l'a trouvé, il lui demande quelle pièce il doit
usiner ensuite.
- Le contremaître fouille dans sa collection de bons de
travail (pour autant que ces derniers existent!) et
décide quel travail il va donner à l'ouvrier dont l'attente
sera fonction du nombre et de la longueur des coups de
téléphone et autres dérangements dont le contremaître
sera la victime à ce moment-là. Ce choix du bon de
travail est très arbitraire, puisque livré à lui-même,sans connaissance de l'ordre d'urgence, sans représen¬tation claire de la charge, le contremaître ne peut dis¬
tribuer le travail dans l'ordre optimum qui occasionne
les délais et les encours les plus réduits.
- Muni de son bon de travail, l'ouvrier part à la recherche
de la pièce encore à l'état de matière brute ou déjà par¬tiellement usinée.
- Lorsque l'ouvrier a trouvé sa pièce, il la transporte ou
la fait transporter à son poste de travail.
- Puis il se rend au magasin d'outillage où il prendralivraison des outils nécessaires autres que ceux de sa
dotation régulière, ceci pour autant que les outils
spéciaux à confectionner éventuellement pour cette
commande soient prêts.
Remarquons qu'il est fort possible que l'opérationprécédant celle que l'ouvrier doit exécuter ne soit pas
terminée, que le contrôle de la pièce en question ne soit
pas encore effectué ou même, s'il s'agit de la premièreopération, que la matière n'existe pas en magasin ! Si c'est
le cas, l'ouvrier doit revenir vers le contremaître et le
cycle recommence.
Ce triste état de choses n'est absolument pas rare et
nous avons personnellement vu des ateliers où le contre¬
maître organise tout de mémoire. On peut s'imaginerce qui se produit lorsque le possesseur de cette précieusemémoire doit, pour une raison ou pour une autre, s'absen¬
ter, ou simplement lorsque la production ayant doublé ou
triplé en peu d'années (ce qui est chose courante à
l'époque où nous écrivons ces lignes), la mémoire du
pauvre homme a atteint son degré de saturation...
De l'exemple qui précède, on déduit que les consé¬
quences les plus importantes de l'absence du planningsont les suivantes :
- Temps perdu, donc retards de mise en fabrication,donc prolongement des délais de livraison.
- L'absence de surveillance méthodique de la préparationet l'incohérence dans la distribution du travail auront
pour résultats que les n—\ pièces d'un sous-ensemble
attendront pendant des semaines, si ce n'est des mois,la ne pièce en panne quelque part.
- Arrêts par manque de travail, l'ouvrier devant attendre
des explications ou des documents.
- Arrêts par manque d'outillage, celui-ci étant indis¬
ponible.- Arrêts par manque de matières, celles-ci n'étant pas
approvisionnées en temps opportun.
Cette énumération nous donne une idée de l'importancedes temps d'arrêt des machines-outils, et à ceci il faut
encore ajouter le fait que l'ouvrier, payé à un tarif de
professionnel, effectue fréquemment un travail de
manœuvre.
Il est clair que tous ces retards et ce manque d'organi¬sation et d'harmonie auront pour conséquence une
augmentation des délais, donc parallèlement une augmen¬
tation des encours, et finiront par ralentir la rotation des
stocks et du capital sous toutes ses formes.
C'est cette absence d'organisation que l'ordonnance-
7
ment et le lancement cherchent, sinon à supprimertotalement, du moins à réduire le plus possible, ceci en
substituant à l'imprévision généralisée, une prévision
systématique de tous les instants, appliquée à tous les
éléments de la fabrication.
Le planning devra donc remplir les fonctions princi¬
pales suivantes :
- Jalonnement et coordination de toutes les activités des
services de vente, des services techniques, du service
des achats matières, du service des méthodes et des
temps, du bureau de dessin d'outillage, des sous-trai¬
tants, des fournisseurs, etc.
Les papiers d'ateliers une fois établis par le service
des méthodes et des temps :
- Fixation des délais des différentes opérations d'exé¬
cution en fonction des enclanchements et de la chargepré-existante.
- Détermination des charges résultantes, ceci dans le but
de fixer des délais ultérieurs.
- Choix des postes de travail parmi tous ceux d'un
même type (le type étant déterminé par le bureau des
méthodes et des temps).- Déclanchement à temps voulu de l'approvisionnement
en matières et outillage.- Assurer le lancement qui dirige les mouvements des
matières, outillages et documents et qui déclanche à
temps voulu l'exécution de l'usinage et du montage.
Il est clair que pour une fabrication en série dans
laquelle chacun a une tâche bien définie et répétitive, le
problème de l'organisation d'une telle fabrication est un
problème de services techniques, de services des méthodes
et des temps, de chronométreurs d'une part, d'appro¬visionnement régulier en matières premières d'autre part.L'ordonnancement de la fabrication ne sera pas dans
ce cas un problème de tous les instants comme c'est le
cas pour une fabrication unitaire où il prend toute son
acuité. Il faut ajouter à cela que plus le nombre de com¬
mandes simultanément en cours d'exécution dans l'usine
est élevé, plus difficiles deviennent les problèmes d'har¬
monisation des moyens de production, d'approvisionne¬ment en matières premières à des moments et à des
endroits différents, le déclanchement des opérations d'exé¬
cution relatifs à des milliers de pièces simultanément en
cours de fabrication.
Nous proposons dans ce qui suit une solution à ce
délicat problème d'organisation. Cette solution n'est pas
de la pure théorie, mais elle a été appliquée avec succès
à une fabrication dont l'absence de fixité est la carac¬
téristique principale.
1.2. L'ordonnancement
1.2.1. Fonctions principales de l'ordonnancement
Dans l'exemple qui nous intéresse, c'est-à-dire la
fabrique de turbines [45], l'ordonnancement est un ser¬
vice d'état-major centralisé (à l'échelle de la fabrique et
non à celle de l'entreprise), placé sous les ordres d'un
chef de service. Relevons en passant que l'ordonnance¬
ment, qui doit être une instance neutre, ne devrait pas
être rattaché à la fabrique, ni à la vente, mais au départe¬ment administratif ou éventuellement même, directement
à la direction générale de l'entreprise.L'ordonnancement, nous l'avons vu, fixe dans le temps,
déclanche et suit l'avancement des offres et des comman¬
des partout : à la vente, aux bureaux d'études, au service
des achats, au service des méthodes et des temps, au
bureau de dessin d'outillage, au magasin matières, dans
les ateliers, à la plateforme d'essais et finalement à l'expé¬dition. C'est également ce service qui doit effectuer la
charge à long terme des ateliers, puisque les délais de
livraison sont établis sur la base d'une charge rationnelle
de ces derniers.
Les trois agents de l'ordonnancement et leur chef se
partagent donc les quatre activités principales suivantes :
- établir la charge à long terme des ateliers (charge brute
à long terme),- fixer les principaux délais d'avancement de la com¬
mande (jalonnement de la commande),- surveiller l'avancement de la commande,- fournir tous les renseignements et conseils relatifs aux
délais.
Examinons d'un peu plus près ces diverses activités.
1.2.2. Etablissement de la charge à long terme des
ateliers
Il est absolument nécessaire, mais malheureusement
combien difficile, dans une entreprise fabriquant de gros
ensembles unitaires compliqués, d'effectuer une chargeà long terme, non seulement de l'ensemble des ateliers,mais aussi et surtout des machines clef.
Nous insistons sur la nécessité qu'il y a d'effectuer la
charge des machines clef, car il suffit qu'une de ces
machines soit surchargée pour que toute la fabrication
soit ralentie. Ces machines clef sont fort heureusement
peu nombreuses. D'autre part, on peut admettre, rela¬
tivement à l'ensemble des ateliers, que si l'atelier de
tournage est entièrement chargé pour une période p, les
ateliers de perçage, de fraisage, d'ajustage, etc., le seront
également pour cette même période p. Relevons toute¬
fois qu'une restriction s'impose ici dans le cas où l'on
confie irrégulièrement certains travaux à des sous-trai¬
tants. Nous avons en effet pu observer que le fait de
confier la fabrication par exemple des coussinets à des
sous-traitants pouvait avoir pour conséquence un dés¬
équilibre des charges de certains ateliers.
Précisons encore que sous la dénomination de charge à
long terme, nous voulons dire une charge qui s'effectue
systématiquement au fur et à mesure de la réception des
commandes, c'est-à-dire 2 à 3 ans à l'avance.
Il est possible, sur la base de cette charge :
- de fixer les délais de livraison des offres,- de fixer les délais de livraison définitifs des commandes,- de connaître, plusieurs mois à l'avance, la charge des
ateliers et des machines clef, ce qui donnera aux chefs
de fabrication la possibilité de prendre à temps voulu
les mesures qui s'imposent, soit pour augmenter la
capacité, soit pour dégorger les postes surchargés.Celui qui aura à établir la documentation de base et
à organiser un système rationnel d'établissement de la
charge à long terme d'une usine fabriquant de grosensembles unitaires se trouvera, dès le début, devant
un premier obstacle. Faut-il établir cette charge en
heures, ou en francs? Par produits (turbines à gaz,turbines à vapeur, compresseurs, etc.) ou par postesde travail (ateliers d'usinage, machines clefs, fosses de
montage) ?
8
On se trouve en face de problèmes divergents :
- la direction générale de l'entreprise et les services de
vente qui s'intéressent à la valeur en francs de chaquecatégorie de produits commandés. L'équilibre de la
charge des ateliers ne les intéresse que médiocrement,- les chefs de fabrication et leurs collaborateurs immé¬
diats (lanceurs, graphiqueurs de charge, contremaîtres)qui doivent connaître la charge en heures par unités de
délais des ateliers et des machines clef. Il leur est
indifférent de fabriquer plus de turbines à gaz que de
turbines à vapeur ou vice versa, puisque toutes les
catégories de machines sont usinées sur les mêmes
machines-outils.
- Quant au directeur d'exploitation et à l'ordonnance¬
ment, ils ont besoin des deux moyens de représentationpuisqu'ils sont responsables : d'une part de la réalisation
du budget de production établi en francs par an et
par catégories de produits, et d'autre part du maintien
des délais de livraison qui sont établis sur la base de la
charge en heures par unités de délais des ateliers.
Il n'existe pas de solution de compromis intéressante
et l'organisateur d'un système d'établissement de la
charge à long terme devra rapidement se résigner à créer
parallèlement les deux modes de représentation.Seule la détermination de la charge en heures par poste
de travail requiert l'usage direct des statistiques. Toute¬
fois, nous avons reproduit en annexe, pages 1/1,1/2, 1/3,à titre d'exemple, les feuilles de charge des contingents A(turbines à condensation), D (turbines à gaz) et P (piècesde réserve et de remplacement), ainsi que les feuilles de
charge générale des groupes A à P, sous forme de gra¬
phique (1/4) et de tableau (1/5) pour les non scientifiques(voir annexes 1/1, 1/2, 1/3, 1/4 et 1/5).Nous insistons encore expressément sur le fait que cette
charge en francs par trimestre et catégories de produits n'a
qu'une valeur d'information et qu'elle ne doit pas, sous sa
forme définie ci-dessus, servir de base pour l'établissement
de la charge des ateliers et des délais de livraison des com¬
mandes.
1.2.2.1. Charges en heures par unités de délais
et par groupes de capacité
Nous nous proposons maintenant d'indiquer dans les
grandes lignes comment l'organisateur peut procéderpour établir la documentation de base qui lui permettrad'effectuer la charge des ateliers :
a) Choix des groupes de charge
La première chose à faire est d'établir d'une façonaussi judicieuse que possible les groupes d'ateliers et les
machines clef qui devront être chargés séparément. On
a facilement tendance à créer trop de groupes, ce qui a
pour effet, non seulement de compliquer l'établisse¬
ment de la charge, mais aussi de rendre plus difficile la
fixation, sur la base de cette charge, des délais de livrai¬
son des offres et des commandes. Nous estimons qu'il ne
faudrait pas établir plus d'une douzaine de groupesd'ateliers et de machines clef. Le choix définitif de ces
machines clef ne doit être effectué qu'après avoir observé
consciencieusement, pendant quelques mois, toutes les
machines-outils importantes et après avoir consulté les
contremaîtres et les graphiqueurs de charge. Quant au
choix des groupes d'ateliers, il est, dans le cas qui nous
intéresse, relativement simple, puisque, nous l'avons dit
plus haut, nous partons du point de vue que si l'atelier
de tournage est chargé pour p jours, les ateliers de per¬çage, de fraisage, etc. le seront aussi pour p jours.
Ceci nous permet donc d'effectuer une charge généraledes ateliers de toute la fabrique de turbines d'une part,de la FT 2 (petites pièces) et de la FT 4 (ailettes) d'autre
part.Nous avons finalement porté notre choix sur les dix
groupes suivants :
GroupeNo
Fabri¬
que
Désignation du
groupe de charge
Nombre
de ma¬
chines
No des ma¬
chines-outils
composantles groupes
a FT Tous les ateliers
productifs de la
FT
- —
b FT2 Petite fabrica¬
tion
- —
c FT4 Fabrication de
l'ailetage pour
FT 1 et FT 2
d FT1 Atelier de tuyau¬teries
- —
e FT 1 Aléseuses-frai-
seuses
6 15338, 5532,
8255, 8100,5336, 20982
f FT 1 Aléseuse, grande 1 5973
g FT 1 Aléseuses moyen¬nes
3 2052, 891,1975
h FT 1 Tours horizon¬
taux pour arbres
6 13530,12140,20169, 8540,
16985,17926
i FT 1 Tours verticaux
et tours en l'air
9 5940, 14557,
20567, 8476,
5017, 5362,
14216, 2137,20303
k FT 1 Raboteuses,
grandes
3 16977, 8440,14767
Fig. 1/1.
Ces groupes une fois établis, on fait l'acquisition d'un
des innombrables moyens de représentation existant sur
le marché. Notre choix s'est porté sur un tableau Sched-
U-Graph, sur lequel nous reportons en abscisse nos 10
groupes de charge et en ordonnée les unités de délais, en
l'occurrence des mois.
b) Etablissement de la capacité
L'étape suivante consiste à calculer les capacités de
ces 10 groupes.
Il faut faire tout d'abord la distinction entre la capacitéthéorique, la capacité réelle présumée et la capacitéeffective.
- La capacité théorique d'un groupe d'ateliers s'obtient
en effectuant le produit du nombre d'ouvriers quicomposent ce groupe par le nombre d'heures théoriquesfournies par chacun d'entre eux, pendant une unité
de délai.
- La capacité réelle présumée ne peut s'obtenir qu'enayant recours aux statistiques. On établit tout d'abord
le nombre d'heures productives effectuées, par ouvrier et
par unité de délai (le mois), pour chaque groupe de
charge. Ensuite, on détermine le nombre d'ouvriers
productifs que l'on présume avoir à disposition à une
9
époque déterminée, dans chacun de ces groupes, ceci
compte tenu du nombre d'équipes travaillant sur
chaque machine-outil du groupe, ainsi que des varia¬
tions saisonnières de l'effectif du personnel ouvrier.
- La capacité effective est celle que nous aurons réelle¬
ment à disposition, et il n'est pas possible de la déter¬
miner, avec certitude, à l'avance.
C'est donc à la capacité réelle présumée que nous
aurons recours.
Ces définitions étant quelque peu abstraites, nous nous
proposons de reproduire l'exemple de notre fabrique de
turbines.
Il s'agit donc d'établir la capacité réelle présumée des
10 groupes de charge du tableau 1/1.On commence par établir statistiquement, à l'aide des
documents de base fournis par le service de comptabilitédes fabriques [47], tous les chiffres relatifs aux heures de
travail productives ou improductives, au nombre d'ou¬
vriers productifs et improductifs présents ou de l'effectif
total, etc. ceci pour plusieurs années. Il va de soi que les
chiffres que peut nous fournir le service de comptabilitédes fabriques ne se rapportent pas directement aux 10
groupes de charge que nous avons fixés, mais il faudra se
contenter des chiffres relatifs aux groupes comptablesclassiques de la fabrique.On établit donc un premier tableau que nous ne repro¬
duisons que partiellement, du fait de sa dimension con¬
sidérable et du caractère «confidentiel» des valeurs qu'ilcontient.
Ce tableau comprend les colonnes suivantes :
Colonne a: Moyenne mensuelle des heures totales.
b: Heures productives de la fabrique de tur¬
bines en %.c : Heures improductives de la fabrique de tur¬
bines en %.d : Heures productives des autres fabriques en %.e: Heures improductives des autres fabriques
en%.f : Moyenne mensuelle des heures productives.
g : Nombre moyen de l'effectif ouvrier.
h: Nombre moyen des ouvriers présents.i: Nombre d'ouvriers présents par rapport à
l'effectif total, en %.j: Heures totales par mois et par ouvrier de
l'effectif total.
k: Heures productives par mois et par ouvrier
de l'effectif total.
1: Heures totales par mois et par ouvrier
présent.m: Heures productives par mois et par ouvrier
présent.
On calculera ces valeurs pour plusieurs années (4 à 6
ans) puis on établira les moyennes des années, ceci pour
les colonnes g à m seulement (voir annexe 1/6).Sur la base des données de ce tableau, nous pouvons
établir les capacités réelles mensuelles moyennes pré¬sumées de nos 10 groupes de charge. Ces capacités ne
peuvent toutefois pas être établies de la même façonpour les groupes a, b, c et d, composés d'un nombre
important d'ouvriers, que pour les groupes e, f, g, h, i
et k, au personnel ouvrier réduit, ceci pour la bonne
raison que l'absence inopinée d'un ouvrier n'aura pra¬
tiquement aucune influence sur la capacité d'un groupede charge composé de beaucoup d'éléments, alors qu'elleréduira d'un tiers la capacité d'un groupe composé par
exemple de 3 ouvriers.
Les capacités réelles mensuelles moyennes présuméesdes groupes a, b, c et d s'obtiennent en multipliant le
nombre moyen m' d'heures productives par mois et par
ouvrier présent h' (en moyenne) par le nombre moyen
présumé np d'ouvriers présents au cours des 2 ou 3
prochaines années.
Les capacités réelles mensuelles moyennes présumées(Crm2p) des groupes e, f, g, h, i et k s'obtiennent à l'aide
de la relation :
Crm2p = n( 200-ftg-oc.
Avec:
rîj = Nombre moyen présumé d'ouvriers de l'effectif
Relevons, au sujet des valeurs de a, que la littérature
propose en général des valeurs de ^=1,0, a2=0,8 et
<x3=0,6. Nous estimons, nous basant sur les observations
que nous avons faites, que ces chiffres <x2 et <x3 sont tropbas, ceci d'autant plus que nous avons à faire, dans notre
cas, à de grosses machines-outils qui travaillent, en géné¬ral, plusieurs heures de suite sans intervention de l'ou¬
vrier. Le rendement de ces machines-outils sera donc
sensiblement le même la nuit que le jour.Les valeurs des capacités réelles mensuelles moyennes
présumées de nos 10 groupes de charge ont été consignéesdans le tableau No 1/7 (voir annexe 1/7).
Il nous reste maintenant à introduire les variations
saisonnières. Pour ce faire, nous aurons une fois de plusrecours aux statistiques, puisqu'il s'agit d'établir pour
chaque mois de l'année, et ceci pour plusieurs années, le
rapport mensuel moyen entre l'effectif total des ouvriers
productifs et le nombre d'ouvriers productifs présents.Nous établirons, toujours sur la base des renseignementsfournis par le service de comptabilité des fabriques, le
tableau N0IJ8 (annexe).Nous sommes maintenant en possession de tous les
renseignements nécessaires pour calculer les capacitésréelles présumées de nos 10 groupes de charge. Ces
valeurs ont été consignées dans le tableau No 1/9 (voirannexe 1/9).
Il ne nous reste plus qu'à introduire ces capacités, à
l'aide de la bande signalétique jaune, sur le tableau de
charge à long terme Sched-U-Graph.Nous insistons encore sur le fait que ce que nous
appelons capacité réelle présumée n'est pas la capacitéeffective que nous aurons finalement à disposition, puis¬qu'il est humainement impossible de prévoir, ne serait-ce
qu'un jour à l'avance, donc d'autant moins quand il
s'agit de plusieurs années, le nombre et le nom des
ouvriers qui seront atteints de grippe asiatique, se bles¬
seront un doigt ou auront une crise de mal du pays (ceci
pour les Italiens), ni à quelle époque se produiront ces
fâcheux événements.
Ce sera la tâche du graphiqueur de charge, lequel est
responsable de la charge détaillée à court terme des
ateliers, de prendre, avec le consentement de son chef de
10
fabrication, les mesures qui s'imposent en cas d'absences
imprévisibles d'ouvriers productifs. Mais ceci fera l'objetd'un prochain paragraphe.
Nous en venons maintenant à la délicate question de
la charge de nos 10 groupes de capacité.Nous distinguons 3 genres de commandes pour les¬
quels il faut avoir recours à des procédés d'établisse¬
ment de la charge fondamentalement différents. Ces 3
genres de commandes sont les suivants :
- Les gros ensembles unitaires proprement dits, quiabsorbent env. le 70 % de la capacité totale des ateliers.
- Les pièces prévisionnelles fabriquées par petites séries,
qui absorbent env. le 18% de la charge totale.
- Les pièces de réserve, les réparations, les commandes
du montage et les commandes internes, qui absorbent
environ le 12% de la charge totale.
Nous n'examinerons ici que les 2 premières de ces 3
charges :
c) Etablissement de la charge à long terme des ateliers due
à la fabrication des gros ensembles unitaires (70% de la
charge totale)
Restons toujours dans la peau de notre organisateurqui dispose, au départ, pour établir sa charge, d'une partdes statistiques classiques et périodiques effectuées parles services comptabilité et matière des fabriques, et
d'autre part des bons de travail des anciennes commandes,
papiers graisseux et poussiéreux accumulés aux archives.
Les statistiques ne lui seront au début d'aucune utilité,
puisqu'elles ne sont pas établies en fonction des groupesde capacité choisis, ainsi que nous l'avons vu, lors de
l'établissement de la capacité des groupes. Ce seront donc
les bons de travail qui serviront d'éléments de base pourl'établissement des statistiques indiquant la répartition,dans le temps et sur les 10 groupes de charge, des heures
de travail nécessaires pour fabriquer ces gros ensembles
unitaires.
Afin de réduire au strict minimum le fastidieux travail
de dépouillement des bons de travail, l'organisateur com¬
mencera par établir une liste des types de machines de
toutes les commandes en cours de fabrication ou de pré¬paration dont la date de livraison se situe après une date
bien déterminée. Ainsi, par exemple, si nous commençons
l'organisation de notre charge à long terme au mois de
juillet 1959, nous prendrons en considération toutes les
commandes livrables après le 1er avril 1960.
Ceci fait, l'organisateur cherchera les No des bons de
commande d'atelier (BCA) de machines du même typeou, à défaut, du type le plus rapproché, fabriquées et
livrées récemment. Il pourra, connaissant ces No BCA,retirer des archives les bons de travail relatifs à ces
machines. Alors commencera le dépouillement qui consiste
tout d'abord à trier ces bons en fonction des 9 groupesde charge b à k (le groupe «a» étant la somme de ces 9
groupes), donc à établir 9 piles de cartes.
Chacune de ces 9 piles sera à son tour dépouillée en
fonction des mois au cours desquels ont été effectuées les
opérations, c'est-à-dire en fonction des unités de délais.
La date déterminante est celle du contrôle de l'opération,cette date étant indiquée sur le bon de travail à l'aide
d'un tampon fait par le contrôleur responsable.Ce travail de triage terminé, on effectuera (si possible
à la machine) l'addition des heures effectives inscrites sur
les bons de travail de chaque pile. Les résultats obtenus
seront consignés au fur et à mesure sur une «feuille de
répartition des heures de travail en fonction des unités
de délais et des groupes de capacité» (voir annexe 1/12).
Remarque: Il va de soi que si l'on dispose d'un systèmeà cartes perforées (ex. Hollerith), ce qui est en général le
cas dans une fabrique moderne, ce travail sera considérable¬
ment simplifié.
Le travail de dépouillement s'effectue en 12 heures
environ pour une machine de dimension moyenne
(50000 kW) et peut être confié à du personnel non qualifié.Comme une commande de turbine à vapeur, par
exemple, n'est pas seulement composée de la turbine
proprement dite, mais également d'appareils auxiliaires
tels que condenseurs, échangeurs de chaleur, réfrigérantsd'huile, etc., il va de soi qu'il faudra établir séparémentune feuille de répartition des heures de travail pourchacun de ces appareils auxiliaires.
Voyons maintenant ce que l'on peut tirer de ces
feuilles de répartition des heures de travail.
Il nous faut analyser séparément les résultats obtenus
pour la charge totale du groupe «a» et les résultats obtenus
pour les charges partielles des groupes b à k. Nous aurons
recours, pour résoudre l'un et l'autre problème, à la
méthode proposée par Franz Weinberg dans son remar¬
quable ouvrage «Termin-Grobplanung», méthode quenous ne ferons qu'appliquer sans démonstration.
Charge totale «a» occasionnée par la fabrication d'un grosensemble unitaire. Si l'on reporte sur un système d'axes
de coordonnées, en ordonnée les heures du groupe de
charge «a» et en abscisse les unités de délai (le mois), on
obtient la courbe de charge HUD réelle (heures par«nités de délai) de la commande.
Groupe a
Heures (H)
H tôt
ttot Unités de Délais(UD)
Fig. 1/2.
Cette courbe de charge HUD est en quelque sorte
l'image de l'exécution, en heures par unités de délais,de la commande dans les ateliers, et son allure est carac¬
téristique.Il va de soi que si le nombre total Hlot d'heures de
travail nécessaires pour fabriquer un type déterminé de
machine reste pratiquement identique pour l'ancienne et
pour la nouvelle commande, il n'en sera généralementpas de même pour la durée de fabrication ttot, laquellevariera d'une commande à l'autre. Autrement dit, la
valeur t'M de la commande ancienne que nous avons
dépouillée pour établir la feuille de répartition des heures
de travail ne sera pas nécessairement la même que la
valeur ttol de la commande du même type que nous
aurons à fabriquer. Cette durée de fabrication ttot est en
effet fonction de plusieurs facteurs parmi lesquels nous
citons la charge des ateliers, les exigences ou l'importancedes clients, les délais de livraison des matières premières,etc.
11
Afin de pouvoir facilement établir les valeurs HUD
d'un type déterminé de machine pour des valeurs ttot
quelconques, connaissant t'M et la courbe de chargeHUD' de l'ancienne commande, on a recours aux courbes
de charge HUD spécifiques cumulées.
Pour obtenir ces dernières, on commence par établir
les courbes de charge HUD spécifiques qui s'obtiennent en
reportant sur un système d'axes de coordonnées carté¬
siennes, en abscisse le rapport 8x=tJt(ot du nombre
d'unités de délais déjà écoulées au moment x par rapportà la durée totale de fabrication, et en ordonnée le rapport
§x—hJHtot du nombre d'heures de travail hx fournies
pendant l'unité de délai x par le nombre total Hiotd'heures de travail fournies pour fabriquer la commande.
Les courbes de charge HUD spécifiques cumulées s'ob¬
tiennent en reportant en abscisse, les abscisses de la
courbe de charge HUD spécifique, et en ordonnée, le
rapport &„„—„x du nombre d'heures de travailrr -vcx Htotsp.
spécifique Hxsp. déjà fournies jusqu'à l'unité de délai x
sur le nombre d'heures de travail spécifique total
Htotsp. fourni pour fabriquer la commande.
Le nombre Htotsp. étant égal à l'unité, nous aurons:
§cx = HxsP-
UD(mois)
Courbe de ChargeHUD
Courbe de ChargeHUD spécifique
Fig. 1/3.
Courbe de ChargeHUD spéc. cumulée
Cette courbe de charge HUD spécifique cumulée n'est
en fait rien d'autre que l'intégrale de la courbe de chargeHUD spécifique.
Il nous suffira maintenant, si la commande doit être
fabriquée en 8, 10, 12, 14, ... mois, de diviser la longueur8 1 en 8, 10, 12, 14
...intervalles A 8 pour que nous
obtenions sur l'axe des I»,, des intervalles A |»e qui nous
donnent, en °/00 du nombre d'heures total, la répar¬tition des heures de travail sur chaque intervalle de
temps A S. Dans le cas qui nous intéresse A 8 aura tou¬
jours la valeur d'une unité de délai, c'est-à-dire un mois.
1000%o
1§c
' '
<3 WMsi
I8
1 2 3 4 3 « T • > 10 II
ÛS4 tàSe
12 3 4 5 < T « 9 10 I
Fig. 1/4.
Afin de faciliter le travail du graphiqueur de charge,on a intérêt à établir, une fois pour toutes, un tableau
nous donnant pour un type de machine déterminé, la
répartition, en °/00 du nombre d'heures total, des heures
de travail fournies sur les unités de délais, ceci pour des
valeurs variant entre 8 et 30 mois (voir annexe 1/15).
Charges partielles des groupes b à h. Il faut séparer ici
les groupes b, c et d qui sont des groupes d'ateliers com¬
posés d'un nombre important de machines-outils et
d'ouvriers des groupes e à k, qui sont des machines clef
occupant un nombre très réduit d'ouvriers.
Groupes b, c et d. Rappelons brièvement la compositionde ces groupes :
Le groupe b est composé de plusieurs ateliers totalisant
environ 300 ouvriers à qui incombe la tâche de fabri¬
quer toutes les petites pièces et sous-ensembles destinés
aux gros ensembles unitaires, ainsi que toutes les piècesde réserve et pièces prévisionnelles. Plus de 1000 piècessont fabriquées chaque jour dans ces ateliers.
Le groupe c est également composé d'environ 300
ouvriers productifs qui fabriquent, par petites séries,des ailettes dont le type varie sans cesse, mais dont la
succession des opérations reste pratiquement invariable.
Le groupe d est l'atelier de tuyauterie composé d'une
centaine d'ouvriers.
On peut démontrer, à l'aide du critère de probabilité
12
proposé par Weinberg, qu'à partir d'un certain nombre
de commandes N^NX simultanément en fabrication dans
les ateliers, la forme de la courbe de charge HUD ne
joue pratiquement plus aucun rôle et que la surface
qu'elle délimite peut être remplacée par un rectangle de
surface égale.Weinberg démontre que l'on peut avoir recours, dans
e sur 100 cas à cette méthode, pour autant que l'on ait
simultanément en fabrication dans les ateliers un nombre
de commandes:
N=
S* \E(X)I
Avec:
e% =
p(U) =
[i-p(CO].ioo%,densité de probabilité donnée par les tables
de la loi normale réduite (voir annexe I/10b),
erreur que l'on commet en remplaçant la
courbe de charge HUD par un rectangle.
U(*
Kg. 1/5.
Ecart-type réduit donné en fonction de p(U),donc de e, par les tables de la loi normale
réduite (tableau I/10b).
Afin que le système de la charge par rectangled'approximation soit admissible, nous posons
la condition que l'erreur A B de l'intensité de
charge générale B, erreur due à la différence
£—\—l se maintienne, selon une certaine pro¬
babilité, en dessous d'une valeur bien déter¬
minée. Autrement dit, nous devons satisfaire
à la condition mathématique :
AB
B< S
ceci dans e cas sur 100.
ot = Ecart-type de la distribution des erreurs
moyennes £.E (À) = Espérance mathématique de À.
* Sur notre tableau de l'annexe I/10b, p(Ug)=£(t).
Le calcul de la valeur numérique des différents éléments
du critère donne les résultats suivants :
Ug = 1,96 pour e=95% (voir tableau annexe I/10b),
S = ±10% valeur admise,
E(\) = 13,7 Heures/UD.Lors de l'établissement de ce calcul il faut prendreen considération toutes les commandes du groupe
de capacité b pendant un laps de temps déter¬
miné. Nous l'avons fait pendant 1 mois, ce qui
représente déjà un travail considérable, ceci
d'autant plus que nous avons pratiquementtoujours :
z = Nombre de pièces de la commande < 4.
L'annexe 1/11 est un extrait du calcul de E(X)(voir annexe 1/11).
= 10,6 Heures/UD.Nous avons déterminé cette valeur à l'aide de la
méthode simplifiée proposée par Weinberg.
C'est-à-dire:
\E{X)J '
>(1,96)2 /10,6\2
=
(o,i)2 \Tw)
N>^1=
§2
N
N> 230
Ce chiffre est largement dépassé dans les ateliers du
groupe de capacité b et le choix de la méthode de chargede ce groupe par rectangle d'approximation est donc
pleinement justifié.Le calcul de ce critère de probabilité et singulièrement
l'établissement des distributions de y et de l est un tra¬
vail très laborieux. De ce fait, nous n'avons pas calculé
ce critère pour les groupes de charge c et d. Toutefois,
par le fait que le nombre de commandes simultanément
en fabrication dans les ateliers des groupes de capacitéc et d est du même ordre de grandeur que celles simul¬
tanément en fabrication dans le groupe b, que, de plus,les ateliers du groupe c ne fabriquent que des ailettes et
le groupe d que de la tuyauterie, la méthode de chargepar rectangle d'approximation s'appliquera égalementsans autre à ces deux groupes de capacité.Le bien-fondé du choix de la méthode de charge des
groupes b, c et d par rectangle d'approximation est
pleinement confirmé par les résultats pratiques obtenus
lors du dépouillement des bons de travail de ces groupes.
Il va de soi que ce rectangle de charge ne s'étend pas
sur la durée totale de fabrication de la commande, mais
qu'il se limite à un certain nombre d'unités de délais quis'intercalent, selon le groupe, à une époque bien déter¬
minée, située entre le premier et le dernier mois de la
fabrication de la commande.
Groupe b
Uot. = durée totale de fabrication de la commande.
h = durée de fabrication dans le groupe b.
[h
• ' ' r i
-tb
«r
1 . 1 f I III 1 *
-^12 3 4 5 6 7 6 9 10 II 121314 15 16
ttot
Fig. 1/6.
Groupes e à k. Il s'agit là des machines clef, et ces
groupes de capacité présentent les deux caractéristiquesprincipales suivantes:
- Par le fait que chaque groupe est composé d'un nombre
très limité de machines-outils, la capacité ou plusexactement, l'élasticité de la capacité de ces groupes
est très limitée également.
13
- Lorsqu'une pièce de la commande (l'arbre, le cylindreBP etc.) est usinée sur l'une de ces grosses machines-
outils clef, cette pièce absorbera à elle seule et pendantun nombre important d'heures, toute la capacité de
cette machine-outil.
Il résulte de ces deux constatations, que la répartition,sur les machines-outils clef, de la charge due à une
commande déterminée, est ici aussi rectangulaire.Cette déduction est également confirmée par les résul¬
tats obtenus lors du dépouillement des bons de travail.
Il s'agit donc, comme pour les groupes b, c et d de
déterminer pour chaque groupe : tout d'abord l'intensité
de charge par unités de délais, et ensuite de situer ces
unités de délais entre le premier et le dernier mois de
fabrication.
Afin de mettre entre les mains du graphiqueur de
charge une documentation de base pratique, l'organisa¬teur devra établir, pour chaque type de machine et
chaque index, une «feuille de charge des groupes de
capacité b à k», document dont nous expliqueronsl'emploi dans l'exemple qui va suivre (voir annexe 1/17).
Il peut paraître de prime abord étonnant que la chargegénérale des ateliers (groupe a) due à une commande
d'un gros ensemble unitaire, se répartisse dans le tempsselon une classique courbe de charge HUD, alors que les
charges partielles des groupes b à k sont rectangulaires.Mais il ne faut pas perdre de vue que d'une part, les
groupes b à k ne représentent en moyenne que le 60%de la capacité totale et que d'autre part, ces rectanglesde charge se superposent selon une pyramide.
-UD
Fig. 1/7.
Exemple d'application. Supposons que nous ayons à
fabriquer une turbine à vapeur de 110000 kW du typeD3 Q2 q346. On commencera done par chercher aux
archives une machine du même type récemment livrée.
Le dépouillement des bons de travail relatifs à cette
machine nous permet d'établir la «Feuille de répartitiondes heures de travail, en fonction des unités de délais et
des groupes de capacité» (voir annexe 1/12).Relevons en passant que ce travail de dépouillement
est en fait une statistique exhaustive, indirecte et momen¬
tanée.
Sur la base de cette feuille, nous pouvons établir, en
partant des valeurs du groupe a, les courbes de chargeHUD réelle, ajustée, spécifique et spécifique cumulée,
qui nous conduiront au «Tableau de répartition des
heures de travail sur les unités de délais pour des durées
de fabrication variables» et, en partant des valeurs des
groupes b à k, la «Feuille de charge des groupes b à k».
Etablissement du tableau de répartition des heures de
travail sur les unités de délais pour des durées de fabri¬cation variables. Si l'on reporte les valeurs tirées du
tableau 1/12 sur un système d'axes de coordonnées HUD,
on obtient la courbe de charge HUD réelle de notre tur¬
bine à vapeur de 110 MW. Cette courbe est tracée en
pointillé sur le graphique 1/13 annexé.
Ceci fait, on procédera à un ajustement de cette courbe
de charge réelle. Puis, on superposera à cette courbe
ajustée, la courbe de charge HUD spécifique, qui s'obtient,nous l'avons vu, en reportant en ordonnée, les valeurs
hxdu rapport §x
Ht,et en abscisse les valeurs du rapport
8œ=T^-. La courbe de charge spécifique et la courbe dettot
charge ajustée seront confondues si l'on fait un choix
judicieux des unités. Cette double courbe est tracée en
noir sur le graphique 1/13 (voir annexe 1/13).Il nous reste à tracer la courbe de charge HUD spéci¬
fique cumulée qui s'obtient, nous l'avons vu également,
en portant en abscisse les valeurs du rapport 8X=~ et
en ordonnée les valeurs du rapport &cx————ttot
ces der-Htôt sp
nières valeurs s'obtenant par planimétrage.La courbe de charge HUD spécifique cumulée de notre
turbine de 110 MW est tracée sur le graphique 1/14 (voirannexe 1/14).En divisant le segment 0 à 1 de l'axe des abscisses en
un nombre de segments A S (égaux) correspondant à des
durées de fabrication variant entre 8 et 30 mois, nous
obtenons en ordonnée 8 à 30 segments inégaux dont la
longueur nous donne, en °/00 du nombre d'heures total,la répartition des heures de travail sur ces 8 à 30 unités
de délais. Les résultats obtenus pour notre turbine à vapeurde 110 MW sont représentés sur le tableau 1/15 (voirannexe 1/15).On voit très bien d'après ce tableau qu'une durée de
fabrication dépassant 18 mois devient très irrationnelle,
puisque pendant les 4 à 7 premiers mois de la fabrication
par exemple, on ne charge les ateliers chaque mois
qu'avec le 5°/oo du temps total de fabrication. L'une des
malheureuses conséquences d'une trop longue durée de
fabrication des commandes sera un encombrement inad¬
missible des ateliers. Mais nous traiterons de cette impor¬tante question au chapitre 2.
Courbes de charge HUD spécifique théorique et spécifiquecumulée théorique. Dans la grande majorité des cas, on
constate que la courbe de charge HUD spécifique réelle
peut être remplacée avantageusement, et sans que l'on
commette une erreur dépassant les limites admissibles,
par une courbe de charge HUD spécifique théoriquedonnée par la relation*):
y- 12a:2—12a;3 pour O^ïSI
dont la dérivée égalée à zéro nous donne les extrêmas :
y' = 24a;-36a;2 = Ux(2-3x) = 0,
xx= 0; a;2 = 2/3
donc le sommet de la courbe se situe au point a;=2/3 et
9=1,16.Dans l'exemple que nous avons montré plus haut, cette
courbe de charge spécifique théorique coïncide parfaite¬ment avec la courbe de charge réelle ajustée. Il va de soi
que ces deux courbes ne coïncident pas toujours d'une
façon aussi heureuse et nous reproduisons, par souci
d'objectivité, un autre exemple que nous qualifierons de
mauvais (voir annexe 1/16).On peut, partant de la courbe de charge HUD spéci¬
fique théorique, établir l'équation de la courbe de charge
*) Voir Weinberg: «Termin-Grobplanung».
14
HUD spécifique cumulée théorique, puisque la seconde
de ces courbes est l'intégrale de la première:
Courbe de charge HUD spécifique théorique :
y = 12a;2-12a;3.
Courbe de charge HUD spécifique cumulée théorique :
J =j(l2x2-l2x3)dx=12j(x2-x3)dx,
J = 4x3-3x4+C.
A titre de vérification, nous pouvons intégrer notre
relation entre les limites 0^ x^ 1 :
i i
J = l2$(x2-x3)dx=\éx3-3xi\ =4-3 = 1
o o
c.q.f.d.
Etablissement de la feuille de charge des groupes b à k.
Nous avons vu plus haut que l'on peut appliquer à ces
groupes la méthode de charge par rectangle d'approxi¬mation. La feuille de charge des groupes b à k peut donc
être établie directement sur la base des résultats con¬
signés sur la feuille de répartition des heures de travail en
fonction des unités de délais et des groupes de capacité,c'est-à-dire la feuille 1/12 dans le cas de notre exempled'application.
Feuille de charge des groupes b à k
Turbines à vapeur types : D 3 Q 3 q 346
Puissance: HOOOOkW
Gr.de
cap.Heures Répartition des h.
20% 40% 60% 80%
Groupes de capa¬
cité
a
b
c
d
e
f
g
h
i
k
84942
16628
15437
10501
7756
1739
1425
1832
2440
1963
seîlen tables 1/6 Tous les ateliers
productifs de FT
Petite fabrication
Fabric. de l'aile-
tage pour FT 1,FT2
Atelier de tuyau¬terie
Aléseuses-Frai-
seuses
Aléseuse, grandeAléseuse,
moyenne
Tours horizon¬
taux pour arbres
Tours verticaux
et tours en l'air
Raboteuses,
grandes
Kg. 1/8.
On voit par exemple que les 7756 heures d'aléseuses-
fraiseuses se répartissent uniformément sur la périodequi s'étend entre le 15 % et le 80 % de la durée totale de
fabrication de la commande.
Afin de pouvoir traduire ces % en unités de délais et
ceci directement en fonction d'une part, de la durée totale
de fabrication de la commande et d'autre part, de la
date du délai de livraison à l'expédition, il suffit d'établir
des réglettes graduées pour des- temps de fabrication
variant entre 8 et 24 mois. Ainsi, par exemple, si la durée
de fabrication de notre commande est de 12 mois et que
le délai de livraison est fin octobre, on voit qu'il faudra
répartir nos 7756 heures d'aléseuse-fraiseuse entre le 1er
janvier et le milieu août de la même année.
J -n M A M J J A S 0 N D J F M 100% =
8 mois
J F M A M J J A S 0 N D J F M A M J J 100% =
10 mois
J F M A M J J A S 0 N D J F M A M J J A S 0 100% =
12 mois
Fig. 1/9. Réglettes graduées pour 8, 10 et 12 mois de fabr.
Ces réglettes graduées sont en quelque sorte, pour les
groupes b à k, ce que le «tableau de répartition des heures
de travail sur les unités de délais pour des durées de
fabrication variables» est pour le groupe a, à part toute¬
fois que les premières nous donnent directement les dates,alors que le second ne nous donne que la répartition des
heures en % du temps total de fabrication.
Relevons encore, avant de clore ce paragraphe, que
l'organisateur n'établit au début qu'une seule courbe de
charge HUD et feuille de charge des groupes b à k par
type de machine, et ceci pour la bonne raison qu'il n'a
pas le temps d'effectuer le dépouillement de plusieurscommandes du même type.Lorsque quelques mois d'expérience lui auront prouvé
que le choix des groupes de capacité était judicieux ou,
au contraire, qu'un des groupes de capacité était soit
superflu, donc à supprimer, soit manquant, donc à rajou¬ter à la liste initiale, il sera en possession d'une liste de
groupes de capacité que l'on pourra qualifier de définitive.
Il prendra alors contact avec le service de comptabilitédes prix de revient [473] qui procédera, dès ce moment,lui-même au dépouillement des bons de travail et établira,
pour chaque commande de gros ensembles unitaires
livrée, un «Tableau de répartition des heures de travail
en fonction des unités de délais et des groupes de charge»,tableau qu'il mettra à disposition du graphiqueur de
charge.Ce dernier, qui disposera alors de plus de temps libre,
puisqu'il n'aura plus à effectuer le dépouillement des
bons de travail lui-même, pourra établir des courbes de
charge HUD et des feuilles de charge des groupes b à k
qui seront, pour chaque type de machine, des valeurs
moyennes calculées sur la base de plusieurs machines
par type.
UD
Fig. 1/10.
Nous avons constaté, dans la fabrique qui nous inté¬
resse, que plus la moyenne que nous avons établie englobeun nombre élevé de machines du même type, plus la
courbe de charge HUD spécifique réelle tend vers la
courbe de charge HUD spécifique théorique. Si bien
15
qu'on en vient rapidement à utiliser la courbe de chargeHUD spécifique théorique, donc aussi le tableau de
répartition des heures qui en découle (tableau 1/15) pour
un grand nombre de types de turbines à gaz, de turbines
à vapeur et de compresseurs.Un relevé statistique des erreurs %x=\x—lx que nous
commettons en substituant la courbe de charge HUDréelle par la courbe de charge HUD théorique, relevé
englobant 100 turbines à vapeur et à gaz de 2000 à
110000 kW, nous donne la distribution suivante:
10 Oifferenc«s%
Fig. 1/11.
Nous avons calculé que l'on a le 95 % de chances pour
que l'erreur soit plus petite que ±4% de l'intensité de
charge momentanée. Cette erreur est absolument admis¬
sible, si l'on prend en considération le fait que la diffé¬
rence entre les temps alloués, calculés par le bureau des
méthodes et des temps, et les temps réels effectués dans
les ateliers, est bien plus importante. En effet, nous pou¬
vons voir en annexes que nous avons le 95 % de chances
pour que la différence entre les temps alloués et les tempseffectifs soit plus petite que ±25% (voir annexes 1/31et 1/32).
d) Etablissement de la charge à long terme des ateliers, due
aux commandes de pièces prévisionnelles (18% de la
charge totale)
Les commandes de pièces prévisionnelles, établies soit
par l'administration des magasins [472] pour le matériel
normalisé (vis, écrous, clavettes, goupilles, etc.), soit par
les bureaux d'étude [31] à [36] pour les pièces et sous-
ensembles de machines unitaires tels que paliers, boîtes
ont pour but principal une rationalisation de la fabri¬
cation de ces pièces. Cette rationalisation est évidemment
obtenue grâce au fait que ces pièces prévisionnelles sont
fabriquées par petites séries de 10 à 100 unités, placées en
magasin, d'où elles sont retirées unité par unité, soit
pour être montées avec les ensembles unitaires, soit à
titre de pièces de remplacement ou de réserve pour la
clientèle qui apprécie toujours des délais de livraison
courts.
Relevons encore que les délais de livraison de ces
pièces prévisionnelles sont établis par un agent du
lancement.
Du fait que nous avons affaire à de petites séries de
pièces de types divers, fabriquées dans les mêmes ateliers,il nous paraît tout indiqué d'avoir recours, pour effectuer
la charge due à la fabrication de ces pièces, à la méthode
développée par Weinberg également, dans son ouvrage
«Termin-Grobplanung». Nous ne pouvons malheureuse¬
ment pas reproduire ici le développement de cette méthode
puisqu'elle fait l'objet de tout un ouvrage, mais nous
rappelons que son principe est basé sur la sommation
des courbes HUD spécifiques cumulées élémentaires des
pièces constituant la série. Afin de n'avoir pas à effectuer,
pour chaque commande, la laborieuse addition des x
courbes de charge HUD, Weinberg a établi des relations
mathématiques qui donnent directement les résultats de
cette sommation. Nous avons assemblé ces relations dans
un tableau indiquant dans quel cas chacune d'entre elles
doit être appliquée (voir annexe 1/18).Relevons encore qu'en principe, les relations établies
par Weinberg ne sont valables que pour un nombre de
pièces z—>- oo, mais elles sont encore parfaitement appli¬cables et bien suffisamment précises pour 2=30 et
même, si besoin est, pour 2=10. Nous empruntons encore
à Weinberg le tableau des valeurs ij^a, x) que l'on
obtient pour les courbes de charge HUD spécifiques cumu¬lées théoriques données par les relations de la colonne m,
ainsi que 2 graphiques représentatifs des valeurs de ce
tableau. L'un nous donne f]^(x) pour diverses valeurs
constantes de a et l'autre nous donne ijoo(a) pour di¬
verses valeurs constantes de x (voir annexes 1/19, 1/20,1/21).
Sur la base de ces équations et graphiques, nous pou¬vons procéder exactement comme pour les gros ensembles
unitaires, c'est-à-dire établir un tableau donnant la
répartition, en °/00 du nombre d'heures total, des
heures de travail fournies sur les unités de délais, ceci
pour des durées de fabrication variant entre 4 et 14 mois
(voir annexe 1/22).
e) Sommation de la charge des ateliers, due à l'ensemble
des commandes
Nous avons vu, au cours des trois précédents para¬
graphes, de quelle façon la charge des différents types de
commandes se répartit dans le temps et sur les différents
groupes de capacité.Il nous reste maintenant à voir comment le graphi-
queur de charge procède, sur la base des documents de
base établis précédemment, pour effectuer la sommation
systématique de la charge à long terme des ateliers au
fur et à mesure de l'arrivée des commandes.
Il dispose de deux dispositifs auxiliaires pour mener à
bien son travail:
- un classeur spécial Cardex,- un tableau Sched-U-Graph.
Décrivons le fonctionnement de ces deux dispositifs à
l'aide d'un exemple, en l'occurrence une commande de
turbine à vapeur ayant les caractéristiques principalessuivantes :
Type: D3 Q3 q346.Puissance: 110000 kW.
Livraison à l'expédition: 31. 10. 1960.
Début de la fabrication: 1. 11. 1959.
Le graphiqueur de charge de l'ordonnancement con¬
sulte tout d'abord la «Feuille de répartition des heures
de travail en fonction des unités de délais et des groupesde capacité» d'un type de machine analogue à celui quinous intéresse (voir annexe 1/12).
Il constate qu'une telle machine nécessite 84900 heures
de travail en arrondissant à la centaine la plus proche.Puis il a recours au «Tableau de répartition, en °/00 du
temps total de fabrication, des heures de travail sur les
unités de délais pour des durées de fabrication variables»
(voir annexe 1/15).La colonne 12 de ce tableau lui donne la répartition
16
Fig. 1/12. Classeur Cardex pour la comptabilité de charge à longue échéance.
de la charge due à cette commande sur la totalité des
ateliers de la fabrique, c'est-à-dire sur le groupe de
capacité «a»:
Novembre 59 5°/oo de 84900 = 430 heures
Décembre 59 10 o/oo „84900 = 850
Janvier 60 25 o/oo „84900 = 2120
Février 60 60 o/00 ,84900 = 5100
Mars 60 85 o/„o ,84900 = 7200
Avril 60 130 o/00 ,84900 = 11000
Mai 60 130 o/o„ ,84900 = 11000
Juin 60 140 o/oo ,84900 = 11900
Juillet 60 140 o/oo ,84900 = 11900
Août 60 135 o/oo ,84900 = 11500
Septembre 60 85 o/oo ,84900 = 7200
Octobre 60 55 o/oo ,84900 = 4700
84900 heures
Ces heures sont inscrites dans les colonnes des mois du
groupe de capacité «a» du classeur Cardex (voir figures1/12 et 1/13).
Ceci fait, le graphiqueur prend la «Feuille de chargedes groupes b à k» de cette même commande, analogueà celle qui nous sert d'exemple (voir annexe 1/17).Ce tableau indique que le groupe de capacité b sera
chargé par 16628 heures de travail qui se répartissent
Fig. 1/13. Classeur Cardex pour la comptabilité de charge à
longue échéance.
uniformément sur la période qui s'étend entre le 15%et le 85% de la durée totale de fabrication de la com¬
mande, ce qui nous donne (faire usage de la réglette) :
17
Début de la fabrication dans le groupe b: 15. 12.
Fin de la fabrication dans le groupe b: 15. 9.
1959
1960
Décembre 59
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
60
60
60
60
60
60
60
60
Septembre 60
920 heures
1850
1850
1850
1850
1850
1850
1850
1850
920
16640 heures
Le graphiqueur de charge reprend son Cardex et
inscrit ces valeurs dans les colonnes des mois de décembre
59 à octobre 60 du groupe de capacité b (voir fig. 1/13).
Il procédera de même pour tous les groupes de capacité.
Une fois par semaine il additionne toutes les colonnes
de son Cardex et il reporte les sommes obtenues sur le
tableau Sched-U-Graph, lequel comporte évidemment les
mêmes groupes de capacité et les mêmes unités de délai
que le Cardex (voir photographie Sched-U-Graph fig.
1/14).Exactement les mêmes opérations seront effectuées
pour les appareils auxiliaires tels que condenseurs,
échangeurs de chaleur, etc., qui font partie de la com¬
mande.
Une fois par mois, le graphiqueur de charge recevra, du
lanceur des pièces prévisionnelles, les chiffres relatifs à la
charge due aux commandes de pièces prévisionnelles
entrées au cours du mois.
Il recevra également, de son collègue de l'ordonnance-
Fig. 1/14. Tableau Sched-U-Graph pour la comptabilité de charge à longue échéance.
18
iip^s^?
Fig. 1/15. Tableau Dispographe pour la charge des fosses de montage.
ment, les chiffres relatifs à la charge due aux commandes
de pièces de réserve et de remplacement.Ces chiffres seront également reportés tout d'abord sur
le Cardex, dans les groupes de capacité b ou c, selon qu'il
s'agit de pièces normales ou d'ailettes, puis après som¬
mation des colonnes, sur le tableau Sched-U-Graph.Le graphiqueur de charge n'utilisera pas la totalité de
sa capacité, mais il réservera dans chaque groupe de capa¬
cité le 8 % de celle-ci pour des imprévus tels que réparations,commandes internes, pannes de machines-outils, etc.
Nous insistons sur le fait, avant de clore ce paragraphe,
qu'un seul homme suffit largement pour effectuer la
charge à long terme d'une fabrique telle que celle qui
nous sert d'exemple. Il dispose même de suffisamment de
temps libre pour compléter, au fur et à mesure de l'appa¬rition de types nouveaux, sa documentation de base.
1.2.2.2. Charge des fosses de montage
Nous nous sommes uniquement préoccupé jusqu'àmaintenant des ateliers de fabrication que nous avons
décomposés en groupes d'ateliers (groupes de capacité
b, c et d) et en machines clef (groupes de capacité e à k).
Il nous reste encore à parler de l'une des plus impor¬
tantes impasses que l'on risque de rencontrer au cours
de la fabrication d'une machine, en l'occurrence les
fosses de montage qui servent aussi, en général, de plate¬formes d'essais.
Il est à notre avis absolument nécessaire d'établir un
programme très précis d'occupation des fosses de mon¬
tage et de respecter à tout prix ce programme.
Comme dispositif pour aider l'ordonnancement et le
chef de fabrication responsable du montage dans la
réalisation et le respect de ce programme, nous proposons
de faire usage, par exemple, d'un tableau Dispographe.Ce tableau n'est pas coûteux et du fait de sa grande
possibilité d'adaptation à d'éventuelles modifications du
programme, il remplit parfaitement bien son rôle.
Nous ne décrirons pas le fonctionnement du dispo¬
graphe, car il est d'une telle simplicité qu'un coup d'œil
à la photographie ci-jointe suffit pour le rendre parfaite¬ment explicite (voir fig. 1/15).
Insistons encore sur le fait qu'il est d'une extrême
importance que toutes les pièces et sous-ensembles qui
composent la commande soient prêts pour la date prévue
du début du montage, à défaut de quoi il ne sera plus
possible de l'effectuer pendant les délais prévus. Il est
clair que tout retard sur une fosse de montage occasion¬
nera une réaction en chaîne de retards, retards qui se
répercuteront sur plusieurs des machines qui devront
être montées sur cette malheureuse fosse.
1.2.3. Etablissement des délais del ivraison
des offres et des commandes (Jalonnement)
Nous ne ferons qu'effleurer cette importante fonction
de l'ordonnancement et ceci pour les 3 raisons suivantes :
- ces questions sont bien connues;
- il n'existe pas deux entreprises qui procèdent de la
même manière pour établir leurs délais, ainsi que le
cheminement des papiers relatifs à ces délais, et nous
ne voulons pas prétendre que notre système soit le
meilleur ;
- l'établissement des délais, qui est en fait la plus impor¬tante des fonctions de l'ordonnancement, ne se décrit
pas puisqu'il requiert, en plus des renseignements rela¬
tifs à la charge, toute l'expérience, l'habileté et même
un certain 6e sens, le sens des délais, de la part du
chef de l'ordonnancement.
Le laborieux et difficile travail d'établissement de la
charge à long terme des ateliers, charge à long terme qui
a fait l'objet de notre paragraphe précédent, a pour but
essentiel de permettre à l'ordonnancement d'établir des
délais de fabrication qui donnent satisfaction à la clien¬
tèle, tout en étant réalisables et rationnels du point de
vue de la charge des ateliers.
Toutefois, l'ordonnancement doit tenir compte, lors de
l'établissement des délais de livraison des offres et des
commandes, non seulement du temps nécessaire pour la
fabrication proprement dite, mais également des délais
partiels de tous les départements et instances qui ont
à faire avec la commande.
Il faut en effet tenir compte des 11 délais partielssuivants :
a) Travaux administratifs du département de vente
(établissement définitif de la commande) et du dépar¬tement commercial (contrats, conditions de paiement,
etc.).Etablissement des documents techniques, comprenant la
calculation et l'établissement des dessins et des BCA
(Bons Commande Ateliers).Fabrication des modèles de fonderie.Livraison des matières premières.Etablissement des papiers d'ateliers par le bureau des
méthodes et des temps, c'est-à-dire établissement des
gammes et calcul des temps.
b)
c)d)e)
19
f) Etablissement de l'outillage spécial, des gabarits, etc.
par le bureau de dessin d'outillage.g) La fabrication et le montage.
h) Livraison de sous-ensembles fournis par d'autres entre¬
prises.i) Livraison de sous-ensembles fournis par d'autres
fabriques de l'entreprise.j) Les essais.
k) L'expédition.
L'ordonnancement n'apportera évidemment pas le
même soin à l'établissement des délais des offres qu'àl'établissement définitif des délais des commandes.
Examinons rapidement les deux cas.
1.2.3.1. Etablissement des délais des offres
Chronologiquement, les choses se passent grosso modo
de la façon suivante :
- Le client fait directement, ou par l'intermédiaire de la
représentation de l'entreprise dans son pays, une
demande d'offre au département de vente compétent.- L'ingénieur de vente transmet cette offre au service
technique compétent pour étude préliminaire.- Le service technique fait suivre l'offre, accompagnée
des renseignements techniques et de dessins, au groupe
de calcul des offres.
- Ce groupe établit les prix de fabrication et fait suivre
le dossier à l'ordonnancement.
- L'ordonnancement établit les délais de livraison qu'ilcommunique à la vente, avec les documents de l'offre,à l'exception toutefois des dessins, qui sont retournés
au bureau d'étude.
L'ordonnancement établit les délais des offres d'une
façon très rudimentaire, par rapport à la fixation des
délais définitifs des commandes, car il se pose ici une
question importante : « Quelle est la probabilité pour que
les offres en suspens soient commandées ? » Cette questionest d'autant plus délicate qu'il peut s'écouler plusieursmois entre l'offre et la commande. A l'époque où nous
écrivons ces lignes, moins de 8% des offres deviennent
commandes !
Ces considérations nous permettent d'affirmer que cela
serait une inutile perte de temps de vouloir fixer les
délais des offres avec précision.Les délais partiels a, c, d, j et k, définis ci-dessus, sont
établis sur la base d'expériences acquises antérieurement.
Le délai partiel b (construction) est communiqué à
l'ordonnancement par le bureau technique compétentet il varie fortement, selon que nous avons affaire à un
prototype, à un type courant ou à quelque chose d'inter¬
médiaire. Les délais partiels g, c'est-à-dire la fabrication
et le montage, sont également établis en fonction du
type et de la puissance de la machine commandée, sur la
base d'expériences acquises antérieurement. Quant aux
autres délais partiels, ils sont en général négligés au
stade de l'offre.
1.2.3.2. Etablissement des délais des commandes
Ces délais sont établis avec une grande précision par
l'ordonnancement, qui doit tenir compte de tous les délais
partiels que nous avons énumérés plus haut.
Nous insistons encore sur le fait que c'est à ce stade
de son travail que le chef de l'ordonnancement doit faire
fonctionner à plein rendement son habileté, son expé¬rience et son «sens» des délais, tout en tenant compte
des 11 délais partiels au sujet desquels nous aimerions
faire quelques remarques:
a) Travaux administratifs. Un temps précieux et beau¬
coup trop important est bien souvent absorbé par les
travaux administratifs. Monsieur le Professeur Daenzer,directeur de l'Institut d'organisation industrielle de
l'Ecole Polytechnique Fédérale à Zurich, a affirmé, lors
de conférences consacrées aux problèmes des délais, que
le 50% des retards se produisent avant même qu'aitdébuté la fabrication. Nous avons parfois l'impression
que les efforts faits par les départements administratifs,
pour réduire leurs délais, ne sont pas à la mesure des
efforts considérables et incessants fournis par les services
techniques et la fabrique qui ont, eux, une véritable
«obsession» des délais.
b) Etablissement des documents techniques. Nous avons
déjà lelevé plus haut que les délais d'établissement des
documents techniques varient fortement selon que l'on
a affaire à un prototype, à un type courant ou à un typecourant modifié. Dans l'un comme dans l'autre cas, les
services techniques communiquent à la fabrique le délai
de livraison du BCA et les délais de livraison, à la fabrique,des dessins. Nous disons bien les délais de livraison des
dessins, car la fabrique n'ayant pas besoin de tous les
dessins dès le début de la fabrication, ceux-ci ont été
répartis en un certain nombre de groupes, par exemple6 groupes pour les turbines à vapeur et les turbines à
gaz, 4 groupes pour les compresseurs, etc. Ces groupes de
dessins doivent être mis à la disposition de la fabriqueà des époques différentes, se situant entre le début et la
fin de la fabrication.
Nous avons reproduit en annexe, à titre d'exemple, la
composition des 6 groupes de dessins des turbines à
vapeur et des turbines à gaz (voir annexe 1/23).c) Fabrication des modèles de fonderie. Nous avons
mentionné que l'entreprise qui nous sert d'exempled'application dispose d'ateliers pour la fabrication des
modèles de fonderie [46]. Ce délai partiel dû à la fabri¬
cation des modèles se réduit à peu de chose s'il est pos¬
sible d'utiliser des modèles existant déjà, mais il peutdevenir important lorsque les modèles des cylindres, par
exemple, sont à fabriquer.Ce délai partiel est communiqué à l'ordonnancement
par la menuiserie.
d) Livraison des matières premières. Les matières pre¬
mières sont commandées par les services techniquescompétents, ceci par l'intermédiaire du service des achats
de l'entreprise [64]. Ce service choisit le fournisseur quilivre des matières premières de qualité aux prix et délais
les plus avantageux.Le chef de l'ordonnancement fixe, en s'aidant de
tabelles, et sur la base des expériences qu'il a acquisesantérieurement, les dates de livraison de cette matière
première. Il est parfois nécessaire que le chef de l'ordon¬
nancement prenne personnellement contact avec le
fournisseur, lorsqu'il s'agit d'obtenir des délais parti¬culièrement courts.
Relevons encore que les groupes de dessins 1 et 2 sont
les dessins relatifs aux matières premières et qu'ilsdoivent être prêts au moment où sont effectuées les
commandes.
e) Etablissement des papiers d'ateliers. Les papiersd'ateliers, établis par le bureau des méthodes et des
temps, peuvent être prêts extrêmement rapidement si ce
bureau est bien organisé. C'est le cas dans la fabriquequi nous intéresse. Relevons en passant que le bureau
en question utilise l'excellent système ORMIG.
20
Remarquons encore que ce n'est pas l'ordonnancement,mais le lancement qui communique aux méthodes et
temps, à l'aide de la liste des pièces, l'ordre d'urgencedes papiers d'ateliers.
f ) Etablissement de l'outillage spécial, des gabarits, etc.
Rien de particulier à relever, si ce n'est que les bureaux
techniques n'attendent pas d'avoir terminé leurs dessins
pour aviser le bureau d'étude d'outillage qu'il aura à
concevoir un quelconque outil spécial. Ils le font dès que
la chose paraît être inévitable.
g) La fabrication et le montage. Lors de l'établissement
des délais de fabrication, l'ordonnancement aura à tenir
compte :
- De la charge des groupes d'ateliers, en l'occurrence
des groupes de capacité a, b, c et d (voir paragrapheprécédent).
- De la charge des machines clef, c'est-à-dire des groupes
de capacité e à k.
- De la charge des fosses de montage.- De la charge en francs par catégories de produits.
Ces renseignements lui sont fournis par les tableaux
Sched-U-Graph et Dispographe, et par les graphiques de
charge (voir figures 1/14 et 1/15 et annexes 1/1 à 1/4).L'ordonnancement aura également à tenir compte des
indications de la vente, relatives au degré d'urgence de la
commande, à l'importance du client, aux délais promis
par la concurrence, etc.
Il est extrêmement difficile d'établir un délai en tenant
compte simultanément de tous ces facteurs.
Là encore, la personnalité du chef de l'ordonnancement
est au moins aussi importante que les moyens, tels que
tableaux, graphiques et autres, dont il dispose, si nous
voulons que les délais qu'il établit donnent satisfaction
à tous.
Relevons encore que l'ordonnancement fixe égalementles délais de fabrication des sous-ensembles et des piècesde détail fabriqués par la FT 2, des ailettes fabriquées
par la FT 4, et des pièces de chaudronnerie fabriquées
par la PT 5.
h) Livraisons de sous-ensembles fournis par d'autres
entreprises. A titre d'exemple, nous citerons le châssis,les boggies, la carrosserie, etc. des centrales turbo-élec-
triques roulantes, sous-ensembles qui sont fournis par
une fabrique de wagons spécialisée.Le chef de l'ordonnancement devra discuter person¬
nellement des délais avec les entreprises intéressées.
i) Livraison des sous-ensembles fournis par d'autres
fabriques de l'entreprise. Pratiquement, toutes les fabri¬
ques de l'entreprise participent à l'élaboration d'un gros
ensemble unitaire compliqué. C'est ainsi que la fabriquede machines électriques [44] aura à fournir la génératriceet l'excitatrice, ou les moteurs d'entraînement ou de
lancement. La fabrique de moteurs électriques [43] devra
fournir tous les petits moteurs auxiliaires. La fabriqued'appareils électriques [41], les tableaux de commande
et de distribution, etc. Notre ordonnancement aura à
prendre contact avec les ordonnancements de toutes ces
fabriques pour synchroniser ces délais. Il sera aidé en
cela par une autre instance. En effet, il existe un service
rattaché au département de vente et qui s'appelle centrale
des délais [59], dont l'une des tâches consiste précisé¬ment à coordonner les délais de livraison des diverses
fabriques.j) Les essais. L'ordonnancement établit la durée des
essais, en collaboration avec le service technique compé¬tent. La durée de ces essais varie selon qu'il s'agit de
prototypes ou de types courants. Les essais peuventquelquefois être supprimés.
k) L'expédition. Ce délai est évidemment fonction de la
complexité de la commande.
Il va de soi que l'établissement de tous ces délais par¬
tiels, et les échanges de vue que cela occasionne entre
l'ordonnancement et les départements intéressés, se font
à l'aide de formulaires appropriés, dont le cheminement
est bien déterminé. Pour les raisons données au début
de ce paragraphe, nous ne parlerons pas de ces formu¬
laires. Toutefois, nous reproduisons, à titre d'exemple,un schéma de cheminement des plus importants de ces
documents, en l'occurrence la commande et la modifi¬
cation de commande (voir annexe 1/24).Les principaux délais fixés par l'ordonnancement sont
indiqués dans la commande, dont nous reproduisonsquelques pages en annexe (voir annexe 1/25).
Insistons sur le fait, avant de clore ce paragraphe, que
seul le département de vente a le droit de modifier quoique ce soit au délai de livraison d'une commande, et
l'ordonnancement a le devoir d'informer la vente dès
qu'un délai semble, pour une raison ou pour une autre,être mis en danger.
1.2.4. Surveillance du maintien des délais de livraison
Nous avons vu, au cours du paragraphe précédent,comment l'ordonnancement, se basant :
- sur la charge des divers départements, instances, four¬
nisseurs, etc., qui ont quoi que ce soit à faire pour la
commande,
- sur la charge des divers groupes d'ateliers, machines-
clef et fosses de montage,- sur les indications de la vente, relativement à l'impor¬
tance de la commande,
jalonne cette commande depuis sa réception dans l'en¬
treprise jusqu'à son expédition.
Or, la troisième importante fonction de l'ordonnance¬
ment, parallèlement à l'établissement de la charge à longterme et au jalonnement de la commande, consiste à
mettre tout en œuvre pour faire respecter tous ces délais
partiels, car c'est la condition nécessaire, et nous dirons
même suffisante, pour livrer dans les délais prévus.Il est bien entendu que l'ordonnancement n'est pas
responsable du maintien de ces délais partiels, car cette
responsabilité incombe aux instances qui effectuent le
travail. Ainsi, par exemple, les services techniques sont
responsables des délais partiels relatifs à la livraison des
dessins et du BCA; le service des achats est responsablede la livraison, en temps voulu, des matières premières;les chefs de fabrication sont responsables du maintien
des délais de fabrication, etc.
L'ordonnancement dispose de deux méthodes pour
effectuer la surveillance des délais; une méthode directe
pour les délais de fabrication; une méthode indirecte
pour la totalité des autres délais.
Le problème de la surveillance des délais de fabrication
est trop connu pour que nous l'analysions ici. Par contre
nous proposons, dans ce qui suit, une méthode de sur¬
veillance du maintien des délais partiels des instances
autres que la fabrique, méthode qui permet de faire des
relevés statistiques très intéressants.
21
1.2.4.1. Surveillance du maintien des délais partielsdes instances autres que la fabrique
Rappelons qu'il s'agit des délais partiels suivants:
- Travaux administratifs.
- Etablissement des documents techniques, tels que BCA
et groupes de dessins.
- Fabrication des modèles de fonderie.
- Livraison des matières premières.- Etablissement des papiers d'ateliers, tels que bons
matière, bons de travail, etc.
- Etablissement de l'outillage spécial.- Livraisons des sous-ensembles provenant d'autres
entreprises.- Livraisons de sous-ensembles provenant d'autres fa¬
briques de l'entreprise.- Les essais.
- L'expédition.
Le nombre de délais partiels que l'ordonnancement
d'une entreprise fabriquant de gros ensembles unitaires
compliqués doit surveiller simultanément est si élevé
(plus de 10000) qu'il est nécessaire de mettre à sa dis¬
position, pour lui permettre d'effectuer efficacement cette
surveillance, un procédé optique qui lui donne la possi¬bilité de localiser d'un coup d'œil les «retards», nous
dirons même les «futurs retards».
Il va de soi que les départements que l'ordonnancement
surveille possèdent eux-mêmes des dispositifs de sur¬
veillance de leurs délais, puisque ce sont eux les res¬
ponsables. Mais on constate bien vite, dans une fabriquede gros ensembles unitaires, que si l'ordonnancement
n'effectuait pas, pour son compte, une surveillance des
délais partiels et n'exerçait pas une constante pressionsur les divers services et fournisseurs, la fabrique irait
bientôt au-devant des pires ennuis. En effet, c'est elle
qui, en fin de compte, devra combler les retards occasion¬
nés par les autres, si elle ne veut pas encourir les foudres
de la direction de l'entreprise et de la vente, qui auront,
l'une comme l'autre, un comportement empreint de scep¬
ticisme dès que la fabrique tentera de justifier un retard
dont elle n'est pas responsable.Pour en revenir à notre dispositif optique de surveil¬
lance, notre choix s'est fixé sur des tableaux du typeProduc-Trol. Sur ces tableaux doivent figurer tous les
délais partiels énumérés ci-dessus, chaque délai étant
représenté par un cavalier de couleur et de forme diffé¬
rente (représentative de l'objet à livrer) placé à la verti¬
cale de la date de livraison prévue et à l'horizontale du
No de la commande intéressée. Sur leur partie gauche,ces tableaux sont munis de pochettes dans lesquelles se
placent des cartes de jalonnement sur lesquelles l'on
inscrit, à l'aide de signes appropriés, d'une part les délais
prévus (les mêmes que ceux indiqués sur le tableau),
d'autre part les délais de livraisons effectifs. Ce sont ces
cartes de jalonnement qui vont servir de documents de
base pour effectuer les statistiques mentionnées ci-dessous
(voir figure 1/16 et 1/17).Les Américains appellent ces tableaux Produc-Trol les
«TICKLER» de l'ordonnancement, le mot tickler pro¬
venant du verbe anglais «to tickle» qui signifie «chatouil¬
ler». Ces tableaux servent non seulement à assurer la
surveillance des délais partiels, mais permettent au chef
de l'ordonnancement de voir d'un coup d'œil s'il se pro-
Fig. 1/16. Vue détaillée d'un tableau Produc-Trol.
22
Ablatifplan am.; tv Telllermine: MB: 18.11.57 an TF-VL: 3.1.58 an Sped. 17.1.58
Qegenstand: Turbine DFe 30 BW
Konstr.- WBZ WBZ -Sch. 27.7.56 Rest-WBZ: 15.10.57
Termine; Gr. 1 : 15.10.56 Gr. 2: 15.10.56 Gr. 3: 15.3.57 Gr. 4: 30.7.57
Januar 1 Februar I MSrz April3 9 15 21 27| 3 9 15 21 271 3 9 15 21 27 3 9 15 21 27
Mai 1 Juni
3 9 15 21 27| 3 9 16 21 27
ite 1 Fcl+lUjïY(5 w
K- ) <£1 A l 11111LL I
1957/58Juli
3 9 15 21 27
Auguat3 9 15 21 2
September3 9 15 21 27
Oktobar
3 9 15 21 2
November I Dezember I Januar I Februar I MSrz7 3 9 15 21 27) 3 9 15 21 271 3 9 16 21 271 3 9 16 21 271 3 9 16 21 27
1i|_L 5W (dm gI+e(?) 1 IE
M
1
u.
hI I I
1Erped.
1 I M \
Bestellung Nr. 0 1 6 5 0 0 Anlage: Las Palmas ab Werk: 31.1.58
Fig. 1/17. Carte de jalonnement du Département TV, pour la commande Las Palmas, BCA No 016500.
duit un retard en un lieu quelconque, et ceci dès la for¬mation de ce retard. Ce système a une valeur psychologiqueconsidérable, car les divers services se rendent rapide¬ment compte que leur travail est suivi de près par
l'ordonnancement, que tous les retards sont immédiate¬
ment détectés et font l'objet d'une réclamation immé¬
diate.
Il est clair qu'on ne supprimera pas tous les retards,étant donné qu'il se présente partout et toujours des
incidents inévitables et que, quoi qu'on fasse, on ne se
trouve jamais à l'abri de l'inattendu. Mais, mis au cou¬
rant du retard naissant, l'ordonnancement peut faire
une enquête pour s'informer de l'importance probablede ce retard et prendre alors, ou faire prendre dans les
services qui interviendront ultérieurement, les mesures
qui permettront de combler le retard pris précédemment.L'ordonnancement se trouvera ainsi dans les meilleures
conditions, pour ne pas dire les moins mauvaises, pour
rétablir la situation.
Relevons encore, avant de terminer, que ces tableaux
sont également de la plus grande utilité pour les chefs de
fabrication et les agents du lancement, qui peuvent y
puiser quantité de renseignements relatifs aux commandes.
1.2.4.2. Enquête statistique relative au maintien
des délais partiels de livraison
Après avoir travaillé un certain temps avec les tableaux
Produc-Trol, on en vient à constater que ce sont toujoursles mêmes services qui livrent systématiquement en
retard. Cette constatation nous a donné l'idée, pour ne
plus avoir à nous baser uniquement sur des impressions
peut-être quelque peu partiales, et afin d'avoir en mains
une arme redoutable contre les «coupables», d'établir
scientifiquement l'importance de ces retards.
Pour y parvenir, nous avons eu recours aux statis¬
tiques et avons procédé selon le plan général classique,qui consiste:
- à observer les faits,- à dépouiller les observations,- à présenter les résultats,- à interpréter les résultats,- à prendre des mesures sur la base des résultats acquis.
a) Observation des faits
Cherchons tout d'abord à bien définir le caractère de
notre statistique. La population de référence, c'est-à-dire
l'ensemble des individus susceptibles d'être soumis à
l'examen, est représentée dans notre cas par la totalité
des délais partiels surveillés par l'ordonnancement.
Nous appellerons plus exactement N la population de
référence, c'est-à-dire le nombre d'individus, donc de
délais partiels, de même catégorie (livraisons de dessins,matières premières, etc.), contenus dans une période dont
l'ordre de grandeur est fonction du mouvement de va-et-
vient qui trouve son origine dans la succession d'états
de prospérité, de tension, de crise, de dépression, c'est-à-
dire dans les cycles économiques. Nous nommerons alors
n le nombre d'individus, donc de délais partiels, de même
catégorie, contenus dans une période de 2 ans, allant du
1er janvier 1958 au 31 décembre 1959. Nous avons
observé la totalité des délais partiels surveillés par
l'ordonnancement pendant ces 2 années.
23
Les documents de base de nos observations sont les
cartes de jalonnement, sur lesquelles l'ordonnancement
inscrit tous les délais partiels. Un individu est représentésur ces cartes, d'une part, par le symbole qui désignel'instance mise en cause, d'autre part, par le temps, en
jours qui, s'est écoulé entre le délai partiel prévu, indiquéen noir, et le délai partiel effectif, indiqué en rouge. Ce
temps peut être positif ou négatif, selon que nous avons
affaire à un retard ou à une avance.
Nous avons donc affaire, en fait, à autant de statis¬
tiques qu'il y a de catégories de délais partiels.Relevons encore que notre méthode d'observation est
un relevé indirect, occasionnel et partiel.Les questionnaires, soit les formulaires sur lesquels
sont relevées les observations, doivent être soigneuse¬ment conçus, afin d'écarter toute possibilité d'erreur
(voir figure 1/19).
Carte de Jalonnement: TG
Objet: Turb.aGaz
Const BCA: TG 230067 .'Délai partiel prévu (noir)
y/ .Délai partiel effectif (rouge)
1959-1960 Juin Juillet Août Sept./ Octobre/ Novembre (Décembre Janvier
| 1 t2 A>
Fgi
_^
+45j I+2
i960 Février7 15 23
Mars7 15 23
Avril7 15 23
Mai
7 15 23 _-
Juinr I5 23
Jui let7 15 23
Août
7 15 23sept.
7 15 23
^^
-3 0j_ Fp c ) 5+5
Pp
1960-1961 Octobre Novembre Décembre Janvier Février Mars Avril Mai
Les observations peuvent être faites par une personne
consciencieuse n'ayant pas nécessairement une formation
scientifique.
b) Dépouillement des observations
Nous procéderons à un groupage en classes des valeurs
observées pour chaque catégorie de délais partiels ; autre-
24
ment dit, nous allons diviser l'intervalle dans lequell'avance ou le retard de la livraison d'une catégorie de
produits (groupes de dessins, matière première, etc.) est
susceptible de varier, en classes :
(xlt x2) [x2, x3) ... (xn_1, xn)
et grouper ensemble les valeurs observées tombant dans
la même classe.
La question qui se pose alors est de savoir où il faut
classer une valeur tombant exactement sur la frontière
d'une classe. On peut résoudre le problème de plusieursfaçons. La méthode classique est d'admettre qu'uneclasse (xi, Xj) comprend la valeur xt et toutes les valeurs
successives, jusqu'à Xj non compris. Toutefois, comme
nous désirons avoir des classes de 10 jours, dont la valeur
centrale soit toujours un multiple de 10, nous ferons
usage d'une méthode qui consiste à mettre de côté les
observations tombant exactement sur les frontières, puis,en fin d'opération, à reprendre ces observations et à les
placer moitié par moitié dans les classes situées de partet d'autre de leurs frontières respectives. Si, par exemple,on a trouvé 6 observations égales à x2, on en porte 3
dans la classe (xlt x2) et 3 dans la classe (x2, xa).On désigne alors les classes par:
CC-t ~—iX/O
Compte tenu de ce qui précède, le tableau de distri¬
bution des résultats aura l'aspect suivant :
Dep. : TV. Turbines à vapeur
Catégoriesde délais
DessinsMatières
premières
Classes
en jours
1
1
2
1
3
1
4
1
5 6
1
Fo
1
Fp1
-65 à-55
-55 à-45
0
0
1
0
0
2
0
0
0
3
2
0
1
3,5
0
0
0
1
-15 à -5 23 8 8 7 10 15 8 9 7
-5 à 5 30 39 31 22 11 16 10 31 16
5 à 15 21 27 17 11 20 11 19 40 20
15 à 25 18 9 9 6 12 15 13 44 32
25 à 35 9 6 9 5 7 10 13 31 14
Fig. 1/20. Tableau de distribution des résultats.
c) Présentation des résultats
Comme il ne nous est pas possible de reproduire ici,
malgré leur incontestable intérêt, tous les résultats que
nous avons obtenus au sein de l'entreprise qui nous
intéresse, ces résultats ayant évidemment un caractère
très confidentiel, nous ne présenterons, à titre d'exemple,que les résultats relatifs aux 5 délais bien caractéristiquessuivants :
- Matière première, pièces forgées pour turbines à vapeur.- Bons de commande d'ateliers pour réducteurs.
- Groupe de dessins No 3 pour réducteurs.
- Matière première, pièces coulées pour turbines à vapeur.- Ailetage à action pour turbines à vapeur.
Pour ne pas répéter 5 fois dans le détail les mêmes
calculs et raisonnements, nous allons effectuer le déve¬
loppement complet du calcul des caractéristiques pour la
distribution relative au maintien des délais partiels de
livraison des pièces forgées de turbines à vapeur, alors quenous ne ferons que donner les résultats obtenus pourles 4 autres distributions.
Il est nécessaire que nous reproduisions les observations
faites relativement à ces délais partiels en les classant
toutefois par ordre de grandeur croissante :
Nombre de jours d'avance ou de retard des livrai.
sons de pièces "orgées pour turbines à vapeur
-63 -27 -9 6 12 21 30 36 51 72
-54 -24 -6 6 15 21 30 39 51 72
-51 -24 -6 6 15 21 30 39 51 72
-48 -21 -3 6 15 21 33 42 57 75
-45 -18 -3 9 15 24 33 42 57 75
-42 -18 0 9 15 24 33 45 60 78
-39 -18 0 9 15 27 36 45 63 78
-36 -15 0 9 15 27 36 45 63 78
-33 -15 0 9 15 27 36 45 63 81
-30 -12 0 9 15 27 36 48 66 90
-30 -12 0 9 15 30 36 48 66 90
-30 -12 3 9 18 30 36 48 69 96
-27 - 9 3 12 18 30 36 48 72 103
120
Fig. 1/21. Observations relatives aux pièces forgées pour TV.
Quant au tableau de distribution statistique relatif à
ces observations, il se présente comme suit, seules les
colonnes No 2, 3, 4, 5 et 6 nous intéressant pour le
moment (voir fig. 1/22).Cette distribution statistique ou empirique, puisque
les valeurs recueillies sont d'origine expérimentale, peutêtre représentée graphiquement sous la forme d'un poly¬gone de fréquence, en représentant en abscisse les valeurs
centrales de chaque classe (... —20, —10, 0, 10... ) et en
ordonnée les fréquences fk correspondant au nombre d'ob¬
servations faites dans chaque classe.
On peut aussi porter en ordonnée, au lieu des fréquencesfk, les nombres absolus d'observations nk. Les fréquencesprésentent toutefois l'intérêt de toujours faire intervenir,en ordonnée, les mêmes échelles allant de 0 à 1, ce quifacilite les comparaisons entre distributions (voir fig. 1/23).
Il s'agit maintenant de calculer les principales carac¬
téristiques de notre distribution empirique. Nous établi¬
rons tout d'abord les caractéristiques de dispersion et
enfin les caractéristiques de forme.
Dans le but de simplifier les calculs, les caractéristiquesseront calculées pour la distribution par classes et non
pour les valeurs individuelles. Nous procéderons toute¬
fois à des corrections partout où cela paraîtra nécessaire.
Caractéristiques de tendance centrale.
La médiane Me. Elle se situe dans la 9e classe, puisquel'observation qui occupe la classe médiane est la 66e. La
médiane est donc comprise entre 15 et 25 jours de retard.
Sa valeur exacte se calcule par interpolation :
Me= 15+^^ (25-15) = 15+6,2 = 21,2,
ife = 21,2 jours.
La moyenne arithmétique x. La moyenne arithmétiquede notre distribution se calcule à l'aide de la relation:
X~
N'
car il s'agit en fait d'une moyenne arithmétique pondérée.
25
Avances et retards des livraisons de pièces forgées pour turbines à vapeur
Fig. 1/23. Distribution relative aux avances et retards de livraisons des pièces forgées pour turbines à vapeur.
26
On admet par convention de donner à toutes les obser¬
vations d'une même classe, la valeur centrale de la classe :
së = [l.(-60)+3,5-(-50)+3,5-(-40)+6-(-30)
+7-(-20)+8-(-10)+19-(10)+ 13-(20) + 13-(30)
+ 14-(40)+9-(50)+6-(60)+8-(70)+5-(80)+2-(90)
+2-(100)+1-(120)]: (1+3,5+3,5+6+7+8
+10+19+13+13+14+9+6+8+5+2+2+0+1),
x = 21,3 jours de retard.
Le calcul de la moyenne sur les répartitions par classe
ne donne pas nécessairement le même résultat que le
calcul effectué sur les observations individuelles. Cet
inconvénient n'a pas de conséquences graves lorsqu'on se
trouve en présence d'une distribution symétrique, car les
erreurs en plus et en moins commises de part et d'autre
du maximum se compensent sensiblement.
La moyenne exécutée sur les observations individuelles
du tableau de la fig. 1/21 nous donne »'=21,7 jours, soit
0,4 jours de plus que précédemment, ce qui est absolu¬
ment négligeable dans notre cas.
Le mode Mo. La classe modale de notre distribution
est celle qui correspond à la fréquence la plus élevée, soit
la 8e classe, dont la valeur médiane est 10.
Valeur médiane de la classe modale. Mo =10 jours.
Si l'on examine les observations individuelles du
tableau 1/21, on voit que la valeur qui se présente avec
la fréquence la plus élevée est en fait 15 jours de retard.
Mode des observations individuelles : Mo' = 15 jours.
Caractéristiques de dispersion.
L'amplitude A. C'est la différence entre la plus forte
et la plus faible des valeurs observées. Tenant compte du
fait que —60 est le centre de l'intervalle (—65 à —55) et
que 120 est le centre de l'intervalle (115 à 125), on est
conduit à:
A = 125-(-65) = 190 jours.
A = 190 jours.
Cette valeur ne nous dit en fait pas grand'chose, parce
qu'elle ne dépend que des valeurs extrêmes qui sont
accidentelles.
Les quartiles Qx et Q2.Le premier quartile se situe entre
la 33e et la 34e observation. Il tombe dans la classe 7.
Sa valeur précisée par interpolation est :
ei33,5-29
rK 5)] = -5+4,5 = -0,5.39-29
#! = —0,5 jours.
Le dernier quartile, qui se situe entre la 98e et la 99e
observation, se calcule de manière analogue :
Q2 = 45+ ^'75I9988 (55-45) = 45+0,5 = 45,5,
Q2 = 45,5 jours.
La variante /x2. La variance est obtenue à l'aide de la
relation :
Il existe une méthode de calcul simplifiée, qui consiste
à effectuer un changement d'origine et de variable. Toute¬
fois, nous n'aurons pas recours ici à cette méthode, car il
nous paraît utile d'effectuer, au moins une fois, un calcul
de variance par la méthode classique.
Avances et retards de livraison de pièces forgées pourturbines à vapeur
Calcul de la variance
ni XiXi — X
x = 21,3(Xi — X)2 2«Wi(a3«-x)a
1
3,5
3,56
7
8
10
19
13
13
14
9
6
8
5
2
2
0
1
-60
-50
-40
-30
-20
-10
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
110
120
-81,3
-71,3
-61,3
-51,3
-41,3
-31,3
-21,3
-11,3- 1,3
8,7
18,7
28,7
38,7
48,7
58,7
68,7
78,7
88,7
98,7
6609,7
5083,7
3757,7
2631,7
1705,7
979,7
453,7
127,7
1,7
75,7
349,7
823,7
1497,7
2371,7
3445,7
4719,7
6193,7
7867,7
9741,7
6609,7
17792,9
13151,9
15790,2
11939,9
7837,6
4537,0
2426,3
22,1
984,1
4895,8
7413,3
8986,2
18973,6
17228,5
9439,4
12387,4
0,0
9741,7
I>i=131 Zim(Xi-x)2 = 170157,6
Fig. 1/24. Calcul de la variance.
170158
131
1298.
= 1298,
L'écart-type a. L'écart-type est la racine carrée de la
variance :
.-/2>< (*<-*)"
a = 36,0 jours
a =1/1298 = 36,0,
Nous avons vu que, par le fait que les caractères que
nous avons examinés varient de façon continue, nous
avons dû calculer les caractéristiques en groupant les
observations relatives à chaque classe au centre de la
classe. Le résultat que nous avons obtenu ci-dessus est
de ce fait faussé, mais on peut le corriger par la méthode
de Sheppart. Ce dernier a, en effet, déterminé la correction
à apporter à l'expression de l'écart-type, en vue d'éliminer
l'influence du groupage.En désignant par i l'intervalle de classe, nous aurons:
°-c0r.= y^2-Y2. °cor.= \<362_2^ = 35,8,
12
acor. — 35,8 jours.
/i2 =
2>*-i
On voit, une fois de plus, que la différence est négli¬
geable.
L'interquartile I. C'est l'intervalle compris entre le plusfaible et le plus fort des quartiles. Il comprend évidem¬
ment le 50% des observations :
27
I=Q%-Qt= 45,5-(-0,5) = 46 jours.
7 = 46 jours.
Coefficient de variation. Il est donné par la relation:
a écart-type 36,0
moyenne
v=l,7.
21,3=<!,?,
Ce coefficient a l'avantage d'être sans dimensions et
facilite de ce fait la comparaison des dispersions de plu¬sieurs distributions.
Caractéristiques de forme.
Coefficient de Pearson. Puisque la médiane, le mode et
la moyenne d'une distribution symétrique sont confon¬
dues, la différence entre la médiane (ou la moyenne) et le
mode est une mesure simple de dissymétrie.K. Pearson a proposé le coefficient sans dimensions
suivant :
x—Mo moyenne—modesk = -
écart-type
St.21,3-10
36= 0,31,
Sk = 0,31.
Voici finalement, assemblées sous forme d'un tableau
récapitulatif, les caractéristiques principales de notre
distribution :
Caractéristiques principales de la distribution des
avances et retards de livraisons de pièces forgées
pour turbines à vapeur
Mode Mo . .
Médiane Me .
Quartile Qi . .
Quartile Q2 . .
Moyenne x . .
Amplitude A .
Interquartile I
Variance v . .
Ecart-type a .
Fig. 1/25. Tableau récapitulatif des caractéristiques princi¬
pales de la distribution étudiée (voir également fig. 1/23).
Ces calculs de caractéristiques, que nous venons d'effec¬
tuer en détail pour les délais partiels de livraison des
pièces forgées pour turbines à vapeur, ont également été
faits pour la totalité des délais partiels surveillés par
l'ordonnancement. Le lecteur trouvera en annexe quatre
exemples de ces distributions (voir annexes 1/26, 1/27,1/28, 1/29).
d) Interprétation des résultats
Il peut être intéressant, afin de mettre en évidence le
lien de continuité, c'est-à-dire de déterminer au mieux
le trait de courbe de nos séries statistiques, de procéderà un ajustement, par exemple par moyennes mobiles, de
nos distributions.
Cet ajustement par moyennes mobiles consiste à
prendre les éléments successifs de la série par groupes de
trois ; par exemple :
x1
x%
X»
et à calculer les moyennes arithmétiques correspondantà chacun des groupes ainsi formés :
a'i~ra'2-ra'3etc.
etc.
Ceci fait, on attribue chacune de ces moyennes au
milieu de l'intervalle correspondant, et on substitue la
nouvelle série obtenue à l'ancienne.
Voir fig. 1/22, colonne No 8 et fig. 1/23.Maintenant que notre distribution est représentée par
une courbe à l'allure bien déterminée et que nous con¬
naissons ses caractéristiques principales, il nous reste
encore à déterminer à quel type de distribution statis¬
tique elle se rattache, c'est-à-dire si nous avons affaire:
- à une loi binomiale,- à une loi hypergéométrique,
ou à l'un des cas limites de ces deux lois, en l'occurrence :
- à la loi de Poisson,- à la loi normale,- à la loi logarithmo-normale,
ou, ce qui ne peut pas être écarté d'office,
- à l'une des spécifications de Pearson.
La solution n'est pas immédiate et il nous paraîtintéressant, afin de nous familiariser avec ces différentes
lois, de procéder par élimination.
La loi binomiale. Elle est obtenue par un tirage non
exhaustif; et un tirage est non exhaustif:
- lorsque le nombre d'observations n effectuées est très
petit, par rapport au nombre total N d'individus con¬
tenus dans la population de référence ;
- lorsque le nombre total N d'individus contenus dans
la population de référence tend vers l'infini ;
- lorsque, après chaque observation, on remet l'individu
observé «dans» la population de référence. Autrement
dit, si nous avions par exemple une urne contenant
des boules blanches et des boules noires, les premièresen proportion œ, et que l'on prélève une boule, puisune autre, puis une troisième, etc., en remettant chaquefois la boule dans l'urne, nous aurions alors affaire à
un tirage non exhaustif.
Dans notre cas :
- La population de référence, en l'occurrence «les délais
partiels de même catégorie contenus dans une périodedont l'ordre de grandeur est fonction du mouvement
de va-et-vient qui trouve son origine dans la succession
d'états de prospérité, de tension, de crise, de dépression,c'est-à-dire dans les cycles économiques» est limitée,donc finie, car même le plus optimiste ne saurait affir¬
mer que la période de haute conjoncture actuelle va
durer éternellement.
- Le nombre n d'observations effectuées n'est pas très
petit, par rapport au nombre total N d'individus con¬
tenus dans la population de référence, puisque le rap¬
port Njn est de l'ordre de 5 à 10.
- Notre tirage est exhaustif puisque nous ne remettons
pas les individus observés «dans» la population de
référence.
Nous n'avons donc certainement pas affaire à une loi
binomiale.
La loi hypergéométrique. Elle est obtenue par un tirageexhaustif; et un tirage est exhaustif:
28
- Lorsque le nombre d'observations effectuées est grand,par rapport au nombre total JV d'individus contenus
dans la population de référence.
- Lorsque le nombre total d'individus contenus dans la
population de référence est petit.- Lorsqu'après chaque observation on ne remet pas
l'individu observé «dans» la population de référence.
Autrement dit, pour reprendre l'exemple de notre
urne, lorsqu'on ne remet pas les boules extraites dans
l'urne, ce qui a pour effet de modifier, au fur et à
mesure des extractions, la composition de la popu¬
lation de référence.
A première vue, et par le fait que notre distribution
statistique semble bien avoir été obtenue en remplissantles trois conditions ci-dessus, nous serions tenté de la
rattacher à une loi de référence hypergéométrique.Un examen plus approfondi nous fait toutefois rejeter
cette possibilité. En effet, pour que nous obtenions une
distribution hypergéométrique (ou une loi binomiale), il
aurait fallu, en plus des conditions fondamentales énumé-
rées plus haut, que les observations aient été faites, par
exemple, sous la forme de plusieurs sondages composéschacun de n observations. Il aurait ensuite fallu déter¬
miner la proportion de «déchets», c'est-à-dire de délais
non admissibles trouvés parmi les n observations de
chaque sondage.Supposons, pour fixer les idées, que l'on ait examiné
100 échantillons composés de 20 observations chacun, et
que le nombre des délais non admissibles (déchets) se
soit réparti de la façon suivante :
14 échantillons à 0 déchets par échantillon
25
27
23
7
2
1
0
1
100 échantillons
Nous aurions bien eu affaire, dans ce cas, à une dis¬
tribution de fréquence binomiale pour une valeur de JV
très grande, ou hypergéométrique pour une valeur de JV
pas très grande, toutes les fois qu'il n'aurait pu être
question de procéder à des tirages non exhaustifs, au sens
strict du terme.
De par le procédé d'observation choisi, dans notre cas,
nous ne pouvons donc pas rattacher notre distribution
à une loi de référence hypergéométrique.Examinons maintenant les formes limites de ces deux
lois fondamentales :
Les spécifications de Pearson, qui sont des formes
limites de la loi hypergéométrique. Nous pouvons élimi¬
ner ces lois de Pearson qui n'interviennent qu'à l'occasion
d'études très particulières, les problèmes classiques ne
les mettant pas en jeu.Or, nous pouvons ramener notre distribution à un pro¬
blème classique de contrôle des fabrications. En effet, notre
délai partiel, c'est-à-dire la date de Hvraison, peut très
bien être assimilé à la cote prescrite d'une pièce usinée,alors que les retards et avances représentent respective¬ment les pièces surdimensionnées et sous-dimensionnées.
La loi de Poisson, qui est une forme limite de la loi
binomiale. Lorsque le nombre de déchets â> (délais inad¬
missibles) est petit, et le nombre d'observations n grand,le produit n œ étant fini (ordre de grandeur nœ=l à 15),nous avons affaire à la loi de Poisson.
Nous connaissons n, qui est 131 dans le cas de notre
exemple. Il nous reste à déterminer œ.
Il est clair que nous ne pouvons pas parler, dans notre
cas, de déchets ; mais il nous paraît logique de considérer
comme «déchets» ou «délais inadmissibles», les livraisons
faites x jours avant ou après les délais de Hvraison pres¬
crits. Nous savons queUes peuvent être les conséquencesdésastreuses de Hvraisons effectuées avec un certain
retard; nous n'insisterons pas là-dessus. Quant aux
Hvraisons prématurées, bien que moins graves, nous
pouvons également les considérer comme indésirables. Il
peut, en effet, être fort désagréable, voire même impos¬sible, d'avoir à s'encombrer, des semaines durant, de
matières premières, telles que cylindres de turbines ou
autres, livrées trop vite, ceci dans des atehers déjà con¬
sidérablement encombrés en cette époque où la surchargeest un état chronique.
Lorsqu'on dimensionne une pièce de précision, on
indique, en plus des cotes, des tolérances. Les pièces dont
les dimensions n'entrent pas dans ces tolérances sont
rebutées ; ce sont les déchets â>.
Poursuivant notre analogie avec le contrôle des fabri¬
cations, il nous faut donc fixer des tolérances pour nos
délais partiels de HvraisoD. Nous avons longuementdébattu la question avec des personnes compétentes et
sommes arrivé à la conclusion :
- qu'une fabrique de gros ensembles unitaires compliquéspeut absorber, donc admettre sans que cela porte préjudiceau délai de livraison final de la commande, des avances
et des retards de 1 mois dans la livraison des délais
partiels, ceci pour autant que la moyenne de ces avances
et retards soit très voisine de zéro.
Mais nous savons qu'il est partiquement impossibled'éviter certains gros retards de délais partiels, dus à des
incidents inévitables dans une telle fabrication.
Ceci nous a incité à définir une autre tolérance quifixe le nombre de gros retards admissibles, retards que
l'on ne pourra combler qu'à l'aide de mesures exception¬nelles, mais qui occasionnent même parfois un retard
dans la Hvraison, au cHent, de la commande. Ce nombre
a été fixé à 5 %.Ceci revient à dire que :
Dans une fabrique de gros ensembles unitaires compli¬qués, le 95% au moins des livraisons partielles doivent
s'effectuer avec des avances et des retards plus petits que
1 mois, par rapport au délai prévu, la moyenne étant toute¬
fois très voisine de zéro jours, si l'on veut que la fabriquepuisse absorber ces avances et retards sans préjudice pour
le délai de livraison de la commande au client.
Pour en revenir à notre exemple d'appHcation, nous
constatons que nous n'avons que 72 délais sur 131 (voirtableau de la fig. 1/21), soit le 53% des délais partielsrelatifs à la Hvraison de la grosse fonte pour turbines à
vapeur, qui entrent dans les tolérances admissibles.
De ce fait, le nombre de «déchets» est beaucoup tropélevé (03=0,42) pour que notre distribution statistiqueobéisse à une loi de Poisson.
La loi normale est également une forme Hmite de la
loi binomiale. Bien que notre polygone de fréquence pré¬sente la classique forme de courbe en cloche et qu'ilsemble être symétrique, les valeurs:
29
de la médiane
de la moyennedu mode
21.2 jours21.3 jours10 jours
D'où:
sont trop divergentes pour qu'il puisse s'agir d'une loi
normale, dont l'une des caractéristiques principales est
la coïncidence de ces 3 valeurs.
Calculons encore les probabilités relatives aux inter¬
valles :
(â±fcr), (x±a)et(x±2cr):
â+fcr = 21,3+24 =<
x± a = 21,3+36 =<
— 2,7 Cet intervalle comprend 69
+45,3 observations sur 131, soit
le 52%.
— 14,7 Cet intervalle comprend 87
+57,3 observations sur 131, soit
le 66%.
—50,7 Cet intervalle comprend 125
+93,3 observations sur 131, soit
le 95%.
Voir fig. 1/21.Les probabilités relatives à ces intervalles sont respec¬
tivement de 52 %, 66 % et 95 %, alors que la loi normale
a respectivement les valeurs 50 %, 68 % et 95 %.Mis à part le manque de symétrie, nous sommes donc
très proche de la loi normale.
La loi logarithmo-normale. La loi normale ou de Laplace-Gauss, dont nous avons parlé ci-dessus, est, nous l'avons
dit, un cas limite de la loi binomiale et s'obtient en
faisant croître indéfiniment le nombre n d'observations.
C'est une loi continue, définie par la probabilité élémen¬
taire :
! _
(x-x)'
p(x)dx-ol/2-rr
2°' -dx.
En faisant le changement de coordonnée :
x—x
t =
l'expression précédente prend la forme :
p(t)dt =V2i
e *-dt,
que l'on appelle loi normale réduite.
Cette loi se révèle très commode en pratique, parce
qu'elle ne fait pas intervenir les paramètres x et or.
Il y a autant de lois normales que de couples (x, a),mais les calculs qu'on est amené à faire, soit en vue de
déterminer les densités de probabilités p(x), soit en vue
de déterminer les probabilités relatives à des intervalles
(xi,xi), sont facilités par les tables de la loi normale
réduite.
Le principe des calculs consiste à se ramener toujoursà la loi réduite, de manière à mettre en jeu les tables de
la dite loi, puis à repasser à la loi considérée.
Ainsi, supposons que nous sommes en présence d'une
loi normale p(x)dx de moyenne x et d'écart-type a et
proposons-nous de déterminer la densité de probabilitép(x) en différents x.
Il suffit de remarquer qu'à chaque point d'abscisse x
correspond la densité de probabilité :
aV2i
(x—x)2
2~^~—
p(x) = -p(t)
p(t) étant la densité de la loi normale réduite en t—.
a
Nous pouvons ainsi, à l'aide de la seule table des den¬
sités de probabilité relatives à la loi normale réduite,calculer p(x) pour n'importe quelles valeurs de x et a.
On peut généraliser la notion de loi normale en imagi¬nant, par exemple, des lois de probabilité p(x)dx telles
que, par changement de variables:
z = g(x)
on repasse de p(x)dx à:
p(z)dz =o]/2i
(z-z)'
•e2"' -dz.
On appelle loi de probabilité logarithmo-normale toute
loi de ce type que la transformation :
z = Log (x—x0), x0 = origine
ramène au type de Laplace-Gauss.La loi logarithmo-normale est définie dans l'intervalle
(x0, oo ). Or, la distribution que nous étudions est égalementdéfinie entre x0 et oo. En effet, il est impossible qu'unelivraison partielle parvienne aux ateliers — oo jours avant
le délai prévu, donc notre distribution est limitée vers la
gauche (valeur x0). Par contre, rien n'empêche qu'unelivraison partielle ne se fasse jamais, donc nous ne sommes
pas limité sur la droite et notre distribution est bien
définie entre x0 (la livraison partielle la plus à l'avance)et +oo (la ou les éventuelles livraisons partielles jamaiseffectuées).
- L'analogie entre la loi de probabilité normale et notre
distribution ;
- le fait qu'une transformation logarithmique permettede passer de la loi logarithmo-normale (dissymétrique)à la loi normale (symétrique) ;
- le fait que notre distribution soit, comme la loi loga¬rithmo-normale, définie entre les limites x0 et + oo,
nous permettent de conclure que notre distribution peutse rattacher à une loi de référence logarithmo-normale.Nous pouvons immédiatement nous en assurer à l'aide
de la droite de Henry.Considérons une loi normale réduite :
p(t)dt--1/2,
i-dt
et une loi normale de moyenne x et d'écart-type a:
-. (x-x)'
p(x)dx=—7=r-e 2a' -dx.
0-V27T
Leurs fonctions de probabilités totales s'expriment res¬
pectivement par:
p t'
P(U) = 77L \e~~*-dt,
y'2 77
P(*t) =
Si l'on considère graphiquement, sur les courbes repré¬sentatives de P(^) et P(»i) deux points M et N de même
ordonnée, disons oc, il est clair que la correspondance tt,xi est linéaire, car on a par hypothèse :
30
n
(x—x)'i c -— i r (
^= e 2-dt =—= e2a'
2tt J aV2n Jdx
ce qui s'écrit, en faisant au 2e membre la transformation :
u — donc du =— et dx= a-du,a a
Xi—x
= e *-dt =-= le %-d%2tt J ]/2tt Jn
d'où l'on déduit immédiatement :
qui est l'expression de la droite de Henry pour une loi
normale réduite.
Ce résultat fournit un moyen commode de vérifier si
une distribution empirique peut ou non être assimilée à
une loi normale. Considérons une distribution (x,f(x)).On commence par calculer les fréquences cumulées ]>]f{x),puis on calcule, à l'aide de la table de la fonction de
probabilités totales de la loi normale réduite, les valeurs
de t correspondant à ces 2/M-Il suffit alors de porter sur un graphique les points
représentatifs des couples (xit tt), et de vérifier s'ils sont
sensiblement alignés sur une droite.
Cette vérification à l'aide de la droite de Henry est
également applicable dans le cas d'une loi logarithmo-normale.
On vient de voir que lorsque l'on considère une variable
z dont la loi de probabilité est normale, les couples (zi, tt)s'inscrivent sur une droite de Henry. Exprimé en x, ceci
signifie que les points représentatifs des couples [Log
(xi—x0), tj] sont alignés. On peut donc aussi, de cette
façon, vérifier subjectivement si notre distribution empi¬
rique peut ou non être assimilée au type logarithmo-normal.
Une fois x0 déterminé, il suffit de procéder comme
indiqué plus haut, mais en portant en abscisse les
Log(a;i—x0), au lieu des x, puis de vérifier si les pointsenregistrés sont sensiblement alignés.Nous allons appliquer cette méthode à notre distri¬
bution. Pour ce faire, nous utilisons des échelles spéciales,
% Proportions cumuléesd'observations
y/î
r
f\ i
ssienn3
C
6 ^
°*> -
' /
"5 &
i S' »»
-45 -30 -15
Echelle logarithmique
30 45 60 75 90
retards et avances en jours
Fig. 1/26. Graphique de Henry correspondant à la distri¬
bution logarithmo-normale de notre exemple d'application.
Fig. 1/27. Tableau des valeurs relatives au graphique de
Henry. Ces valeurs sont tirées du tableau de la fig. 1/21.
dites gausso-logarithmiques, dont l'échelle des ordonnées
est identique à celle du papier gausso-arithmétique, mais
dont l'abscisse est graduée de façon logarithmique.On voit, sur notre graphique, que les points obtenus
sont relativement bien alignés et que notre distribution
peut sans autre être assimilée à une loi logarithmo-normale.
Ceci étant établi, il s'agit maintenant de calculer les
termes successifs de notre loi logarithmo-normale.Ce calcul est très simple et, de ce fait, nous nous con¬
tenterons d'indiquer ci-dessous la marche à suivre pour
l'effectuer et les résultats que nous avons obtenus:
- Connaissant la moyenne «=21,3 et l'écart-type ct=36,on calcule t pour les différentes valeurs de a; (-60, -50,...
-10, 0, 10, 20, ... 110, 120), ceci à l'aide de la relation:
t--
- Connaissant t, la table de la loi normale réduite nous
donne les fréquences p(t) correspondantes (par inter¬
polation). Voir annexe 1/10.- On revient de la loi normale réduite à la loi normale à
l'aide de la relation :
p{x) = -p(t).a
- On détermine, par tâtonnement, la valeur de l'origine
x0 de notre loi logarithmo-normale et on fait la trans¬
formation :
z = Log(x—x0)*).
- On passe des fréquences théoriques à la distribution
théorique en multipliant par N (donc par 131) ces
fréquences.
Les résultats ainsi obtenus se trouvent dans la colonne
No 9 du tableau 1/22, ainsi que sur la figure 1/23 (voir
fig. 1/22, colonne No 9 et fig. 1/23).Si nous considérons ces résultats, nous constatons qu'il
existe des différences plus ou moins fortes entre les dis¬
tributions empiriques et les distributions théoriques dé¬
duites de la loi de référence adoptée (voir fig. 1/22,colonnes No 5 et 9).
Ces fluctuations n'ont, à priori, rien d'étonnant,
puisque la distribution théorique se réfère à une popu¬
lation hypothétique infinie, tandis que la distribution
empirique se réfère à une population finie qui n'est, dans
*) Pratiquement, pour obtenir la loi logarithmo-normale
(après détermination de xa), on peut simplement déplacerles abscisses de la loi normale, à l'aide de l'échelle loga¬
rithmique d'une règle à calculer.
31
le cadre des hypothèses faites, qu'un échantillon extrait
de cette population de référence.
Pour pouvoir considérer le rattachement imaginécomme valable, il faut voir si les fluctuations enregistréessont provoquées par des aléas de l'échantillonnage, donc
si les résultats observés peuvent réellement être con¬
sidérés comme issus de la population de référence
spécifiée.Le test du x2 répond à cette question. Ce test consiste
à déterminer, pour une fonction d de l'ensemble des fluc¬
tuations, la valeur limite que la dite fonction n'est pas
suspectible de dépasser sans qu'on soit en mesure de
contester la validité du rapprochement : distribution empi¬
rique — population de référence envisagée.
L'expression représentative de l'ensemble des fluc¬
tuations observées a la forme :
rZk(nk-NPk)*
et nous trouvons dans le tableau de la fig. 1/28 le calcul
de x2.Remarquons que la théorie du test du x2 implique que
le calcul portant aux extrémités des distributions, sur
les Npk, ne soit pas trop faible. On est donc amené à
grouper ensemble, comme nous l'avons fait, les résultats
extrêmes. On opère ces groupements de manière à dis¬
poser, aux extrémités, de ^]Npk de l'ordre de 8 à 15.
(njc-Npx)X Wi Npk nk-Npk
Npk
-70 0 0,0
-60 1 0,0-50
-40
3,5
3,521,0
0,2
1,8•13,0 8,0 4,92
-30 6 4,0
-20 7 7,0-10 8 10,5 -2,5 0,59
0 10 13,2 -3,2 0,77
10 19 14,5 4,5 1,39
20 13 15,0 -2,0 0,27
30 13 13,8 -0,8 0,05
40 14 11,8 2,2 0,41
50 9 9,0 0,0 0,00
60 6 7,8 -1,8 0,42
70 8 6,0 2,0
80 5 5,0 0,0
90 2 3,8
100 2 2,8
110 0 5,0 1,8 9,9 -4,9 2,42
120 1 1,0130 0 0,5J
X2= 11,24
Fig. 1/28. Calcul du test de validité de la spécificationenvisagée.
»
Il nous faut maintenant calculer xl- P°ur c^ fairei
nous devons tout d'abord établir le degré de liberté v, qu
est égal au nombre r de couples qui ont conduit au calcul
de x2> moins 3, puisque la loi de référence retenue est
logarithmo-normale.Soit alors dans notre cas :
v = r—3= 12—3 = 9 degrés de liberté.
Il nous faut aussi fixer le seuil de probabilité s. Nous le
prendrons égal à 2%, ce qui revient à dire que nous
aurons seulement 2 chances sur cent d'avoir:
x2>xl
La table des «valeurs de xl Pour différentes valeurs de:
nous donne pour
X's = l-)P(x2)dX2»>
0
v = 9 et s = 0,02
Xf = 19,679.
Voir annexe 1/30.
En conclusion, le calcul de x2 a donc retenu 12 couples;et la spécification étant logarithmo-normale, il reste 9 de¬
grés de liberté, d'où au seuil de <x=2% :
xf = 19,679
et comme : ^2 = 11,24
t < xl
et la spécification est valable.
Nous pouvons déduire de l'étude de notre distribution
statistique que les délais de livraison de pièces forgées pourturbines à vapeur sont très mauvais, puisque le 42 % des
délais sortent des tolérances admissibles, lesquelles sont
pourtant scandaleusement larges !
Il nous faut encore, pour conclure, répondre à l'impor¬tante question suivante:
- Quelle devrait être la distribution empirique idéale des
avances et retards de livraison d'une catégorie de
délais partiels dans une fabrique de gros ensembles
unitaires compliqués?
Nous répondrons que :
La distribution empirique idéale des avances et retards
de livraison d'une catégorie de délais partiels serait évidem¬
ment une droite verticale d'abscisse x=0 jours, c'est-à-dire
qu'il n'y ait ni avances, ni retards; mais une fabrique de
gros ensembles unitaires compliqués peut absorber, sans
que cela porte préjudice au délai de livraison final de la
commande, des avances et des retards, dans la livraison des
délais partiels, qui aient une distribution limitée extérieure¬
ment par une spécification logarithmo-normale de moyenne
x=0 et d'écart-type a—15 jours.De cette manière, le 95 % au moins des livraisons s'effec¬
tuerait avec des avances et des retards compris dans
l'intervalle :
x—2a à x-\-2o
0-30 à 0+30
—30 à -{-30 jours.
La moyenne de ces avances et retards étant toutefois de
0 jours.
Fréquencesi
Jour»
a) Distribution empiriqueidéale.
+0,30 Jours
b) Distribution empiriquenécessaire. Spécification lo¬
garithmo-normale de moyen¬ne x=0, et d'écart-type
ct= 15 jours.
Fig. 1/29. Distributions empirique idéale (a) et nécessaire (b)des avances et retards de livraison des délais partiels.
32
e) Mesures à prendre sur la base des résultats acquis.
Ces études statistiques des avances et retards de
livraison des dessins, matières premières, livraisons exté¬
rieures, etc., ne serviraient strictement à rien si les résul¬
tats obtenus n'étaient pas communiqués aux instances
responsables, en leur faisant comprendre, sur la base des
résultats acquis, qu'il est très difficile, voire même im¬
possible, pour la fabrique, de combler non seulement le
5 % des retards inadmissibles, mais le 40 %, le 50 %,ou même le 60% dans certains cas. Il faudra égale¬ment leur faire comprendre les inconvénients, graves par¬
fois, qu'occasionnent les livraisons prématurées.Il n'entre pas dans les compétences de l'ordonnance¬
ment de décider des mesures à prendre pour faire tendre
vers zéro une moyenne ou diminuer un écart-type ; cette
tâche incombe aux chefs de départements ou aux chefs
des services responsables.Les mesures que ces derniers prendront varient selon
leurs fonctions. Les chefs des services techniques (livrai¬son des BCA et des dessins) engageront du personnelsupplémentaire, feront des échanges de personnel entre
eux, ou simplement établiront plus soigneusement l'ordre
d'urgence des travaux. Les chefs des services d'achats
changeront de fournisseurs. Les chefs de fabrication
changeront de sous-traitants ou simplement établiront
une charge de leurs sous-traitants, etc.
Au bout d'un certain temps (1 année par exemple),l'ordonnancement fera un sondage pour vérifier si les
mesures prises ont été efficaces. Si ce n'est pas le cas, il
insistera jusqu'à ce que le département intéressé rem¬
plisse les conditions définies plus haut.
1.2.5. Fonctions auxiliaires de l'ordonnancement
Nous avons décrit, au cours des 3 paragraphes précé¬dents, les principales fonctions de l'ordonnancement,
qui sont :
- L'établissement de la capacité et de la charge à longterme des ateliers.
- L'établissement des délais de livraison des offres et des
commandes.
- La surveillance des délais de livraison.
A côté de ces trois fonctions fondamentales, l'ordon¬
nancement remplit d'autres tâches, parmi lesquellesl'information est sans doute la plus importante. En effet,l'ordonnancement a le devoir de tenir les services de
vente au courant de l'état d'avancement des commandes,et ceci par le truchement de rapports d'avancement
périodiques, des protocoles de la conférence hebdoma¬
daire des délais, de conférences avec les ingénieurs de
vente, ou simplement par téléphone, lorsqu'il y a ur¬
gence.
L'ordonnancement doit répondre rapidement, aimable¬
ment et avec précision à toutes les demandes qui lui sont
faites, relativement à la capacité et à la charge des
ateliers d'une part, à l'état d'avancement et aux délais
de livraison des commandes d'autre part.Il doit travailler en étroite collaboration avec la cen¬
trale des délais de la vente [59], spécialement en ce quiconcerne la coordination des délais avec les autres
fabriques de l'entreprise et les concessionnaires.
Relevons encore que l'ordonnancement est à la dis¬
position de la direction de l'entreprise pour toutes études
spéciales relatives à des changements de capacité, déplace¬ments du centre de gravité de fabrication sur d'autres
produits, statistiques relatives au maintien des délais de
livraison, etc.
Nous ne voudrions pas clore cette étude, consacrée à
l'organisation de l'ordonnancement, sans insister une
dernière fois sur le nombre étonnant de qualités que doit
avoir son chef. Les dispositifs de contrôle que l'on met
à sa disposition ne sont en fait que les outils qui lui
permettent d'effectuer son travail rapidement et avec
précision. Or, il va de soi que plus un outil est précis et
coûteux, plus «l'ouvrier» (que les chefs d'ordonnancement
nous pardonnent...) qui s'en sert doit être qualifié si l'on
veut obtenir des résultats satisfaisants.
33
Chapitre 2
Organisation scientifique
2.1. Introduction du sujet
L'atelier est en quelque sorte l'outil qui doit réaliser
l'objet
- que le département de vente s'est engagé à fournir au
client dans un certain délai, après de patients pour¬
parlers et l'élaboration souvent pénible et laborieuse
du contrat de vente ;
- que le département technique a conçu après des
recherches, des calculs et des expériences très coûteux
qui ont pu s'étendre sur plusieurs années ;
- dont les services d'achats se sont efforcés d'obtenir les
matières premières dans des délais et à des prix raison¬
nables ;
- dont le bureau des méthodes et des temps a minutieuse¬
ment élaboré les gammes d'opérations et calculé les
temps ;
- dont, finalement, l'ordonnancement et le lancement
ont soigneusement préparé le jalonnement, ceci jusquedans le moindre détail.
Il est absolument nécessaire que cet outil soit de toute
première qualité.L'organisateur chargé d'apporter des améliorations
dans des ateliers se trouve devant des problèmes fonda¬
mentalement différents de ceux relatifs à l'organisationde l'ordonnancement et du lancement. Alors que pour
ces derniers il lui est possible, s'il le juge nécessaire, de
supprimer partiellement ou totalement l'ancienne organi¬sation, puis de repartir à zéro, lorsqu'il s'agit d'ateliers,le moindre changement de machine-outil, d'implantationde machines-outils, de ponts roulants, etc. occasionne
immédiatement des frais importants. Ceci revient à dire
que l'organisateur devra chercher, avant tout, à utiliser
au mieux les moyens existants, et il fera en sorte que les
Comme pour toutes les études d'améliorations, il faut,ici aussi, chercher tout d'abord à détecter les pointsfaibles. C'est ce travail de détection qui fera l'objetessentiel du présent chapitre.Pour atteindre notre but, nous aurons une fois de plus
recours aux statistiques et appliquerons le procédé clas¬
sique qui consiste:
- à fixer les données du problème,- à exposer la méthode adoptée,- à préparer les relevés statistiques,- à observer les faits,
- à dépouiller les résultats,
- à présenter les résultats,
- à interpréter et discuter les résultats,
- à prendre des mesures sur la base des résultats acquis.
34
et rationnelle des ateliers
2.2. Fixation des données du problème
Le but que nous nous proposons d'atteindre est donc
de localiser, dans les ateliers, les défauts en tous genrestels que:
- défauts d'implantation des machines-outils,- défauts de dotation en machines-outils et en outillage,- défauts d'entretien des machines-outils et de l'outillage,- défauts dans les moyens de manutention de la matière,- défauts de préparation des dessins, des papiers d'ate¬
liers, de l'outillage, de la matière,- défauts d'organisation en général,- manque ou surnombre de personnel ouvrier, etc.
Tous ces défauts occasionnent, entre autres calamités,des temps d'attente piour la matière et les machines-outils,
temps d'attente qui ont des répercussions désastreuses sur
les différents facteurs économiques, administratifs, voire
même psychologiques de l'entreprise.En effet, les temps d'attente des machines-outils, par
exemple, qui sont également, bien souvent, des tempsd'attente pour les ouvriers, se traduisent entre autres pardes retards dans les délais de livraison et une augmentationdes frais généraux. Les temps d'attente des pièces con¬
duisent à un encombrement dangereux des ateliers,encombrement qui signifie immobilisationde capital, risqueaccru d'accidents, pièces perdues ou confondues avec
d'autres, effet démoralisant sur le personnel administra¬
tif et les cadres de la fabrique, etc.
Il est donc nécessaire d'entreprendre une lutte acharnée
contre tous les facteurs occasionnant ces temps d'attente
et pour ce faire, il faut non seulement connaître ces fac¬
teurs, nous dirons ces virus, mais surtout déterminer leur
mportance.
2.3. Exposé de la méthode adoptée
Nous avons le choix entre deux méthodes pour déter¬
miner les temps d'attente dans les ateliers:
- la classique méthode de chronométrage, qui consiste à se
placer vers une machine-outil ou une pièce, à ne
plus la quitter des yeux pendant un certain nombre de
jours ou de semaines, et à noter les durées et les causes
des temps d'attente;- la méthode moderne de sondage statistique, communément
appelée Ratio-Délai. Cette méthode est de plus en plusutilisée dans l'industrie et de nombreux articles ont
déjà été écrits à son sujet.Malheureusement, elle est trop souvent mal employée,
car elle est basée sur des lois de probabilité strictes queles utilisateurs ne se donnent pas la peine, en général,d'étudier, et ils omettent de ce fait de prendre certaines
précautions indispensables.Rappelons rapidement en quoi consiste la méthode :
Un observateur est chargé d'effectuer, à des inter¬
valles de temps pris au hasard, des tournées dans les
ateliers, et doit passer devant les machines-outils ou
des pièces bien définies. Il note, à l'instant de son
passage, la phase d'activité observée pour chaquemachine ou pièce. Le résultat de l'observation est
inscrit, à l'aide de signes conventionnels, sur une
feuille préparée à l'avance. Ces observations momen¬
tanées doivent être faites en nombre assez élevé pour
que l'on puisse, à l'aide de calculs statistiques, établir
des conclusions quant à la structure générale des tempsd'attente.
On voit que la méthode Ratio-Délai est en quelquesorte basée sur la même théorie que les techniques moder¬
nes de contrôle des fabrications, puisqu'un certain nombre
d'observations partielles permet de faire des déductions
sur l'ensemble, pour autant que le nombre de ces obser¬
vations soit suffisamment élevé.
Notre choix s'est porté sur la méthode Ratio-Délai
parce qu'elle comporte, pour une étude telle que celle
que nous nous proposons d'effectuer, d'importants avan¬
tages sur la méthode classique de chronométrage.Disons toutefois, pour être objectif, que la méthode
Ratio-Délai ne peut pas toujours remplacer la méthode
classique de chronométrage qui reste, par exemple, la
seule méthode valable pour l'établissement des temps
d'usinage proprement dits.
Rappelons rapidement les bases mathématiques quisont à l'origine de la méthode Ratio-Délai :
Dans ce qui suit, nous ferons usage des symbolessuivants :
n = Nombre d'observations par tournée.
k = Nombre de temps d'attente trouvés par
tournée (parmi les n observations).
pk = Probabilité de trouver k temps d'attente
(parmi les n observations).N = Nombre de tournées effectuées.
ntot=N-n= Nombre total d'observations.
nk = Nombre de tournées pendant lesquelles k
temps d'attente ont été observés.
â> = Valeur moyenne des temps d'attente,
coo = Pourcentage réel de temps d'attente =
(duréetotale des temps d'attente\
durée de travail réglementaire /
ma = Moyenne absolue de la distribution statis¬
tique.
mr = Moyenne relative de la distribution statis¬
tique.
ua = Ecart-type absolu de la distribution statis¬
tique.
ar = Ecart-type relatif de la distribution statis¬
tique.
Le premier problème qui se pose est de déterminer à
quelle loi de probabilité se rattache une distribution
statistique obtenue en effectuant dans les ateliers des
observations faites dans les conditions décrites plus haut.
Nous voyons immédiatement qu'il s'agit d'une loi de
probabilité binomiale, car une telle loi découle d'un
schéma d'urne qu'on peut décrire ainsi :
On considère une urne contenant des boules blanches
et des boules rouges, les premières en proportions «3.
Envisageant alors de prélever une boule, puis une autre
après remise de la première dans l'urne, puis une troisième,
etc., et cela n fois de suite, on calcule à priori la probabilité
pk de trouver k boules blanches parmi les n boules extraites.
La correspondance k, pk ainsi définie est la loi binomiale.
Avant de calculer pk, il convient de faire une remarqueau sujet des conditions de tirage des boules.
Si l'on remet dans l'urne, avant de procéder à une
extraction, la boule précédemment tirée, c'est en vue
de ne pas modifier le contenu de l'urne d'un tirage à
l'autre, et donc d'assurer l'indépendance des tirages suc¬
cessifs, que l'on désigne sous le terme de non exhaustifs.Dans ces conditions, si n est très réduit par rapport au
nombre N de boules contenues dans l'urne, l'extraction
de ces n boules n'étant pas susceptible de modifier le
contenu de l'urne, on peut également, en première approxi¬mation, considérer les tirages comme non exhaustifs,même s'ils ne le sont pas.
Essayons, nous rapportant à notre étude des tempsd'attente, d'établir un schéma d'urne équivalent.Nous verrons plus loin que l'instant origine de chaque
tournée a été déterminé au hasard dans une période, soit
de 130 min., soit de 100 min. Chaque observation d'une
durée approximative de 3 sec. peut donc être considérée
comme le prélèvement d'une période de 3 secondes dans
un ensemble comprenant soit :
soit:
130-60
3:
100-60
2600 périodes de 3 sec.
2000 périodes de 3 sec.
Si l'on assimile les périodes de 3 sec. à des boules et
chaque observation à l'extraction d'une boule, on retrouve
bien le schéma d'urne décrit ci-dessus. Poussant plus loin
la similitude, on peut convenir que l'observation d'un
temps productif correspond à l'extraction d'une boule
rouge et l'observation d'un temps d'attente à celle d'une
boule blanche.
Ceci étant établi, rappelons encore que l'expressiongénérale de la loi binomiale, que l'on appelle ainsi parce
que ses termes sont les termes successifs du développe¬ment du binôme [cô+(l—ô3)]TC, est la suivante:
Pk = C*-œ*(l-œ],n—k (1)
avec: C*ni
Sa moyenne est :
Son écart-type :
k\(n-k)V
E(k) = m1 = ncô.
ak = ]/nw (1—où).
(2)
(3)
Nous ne démontrons pas l'établissement, du reste très
aisé, de ces relations, du fait qu'on peut le trouver dans
tous les ouvrages traitant des calculs des probabilités(voir littérature).Ces relations (1), (2) et (3) seront à la base des calculs
que nous aurons à effectuer relativement aux distri¬
butions statistiques obtenues à la suite des observations
effectuées dans les ateliers.
Afin d'établir le nombre minimum ntot d'observations
qu'il faut effectuer pour avoir une chance déterminée
d'obtenir des résultats tombant dans un intervalle de
confiance également déterminé, nous aurons recours à
la loi des grands nombres.
Cette loi constitue en quelque sorte le pont entre les
mathématiques pures et la statistique. Démontrée pourla première fois par J. Bernouilli dans son ouvrage «Ars
conjectandi», publié en 1713 à Bâle, elle a été énoncée
par Laplace de la façon suivante :
«La probabilité que le rapport du nombre de boules
blanches extraites au nombre total de boules sorties, ne
s'écarte pas au-delà d'un intervalle donné du rapport du
35
nombre de boules blanches au nombre total des boules
contenues dans l'urne, s'approche indéfiniment de la
certitude par la multiplication indéfinie des événements,
quelque petit que l'on suppose cet intervalle. »
C'est le mathématicien Tchébicheff qui a, par la suite,
démontré cet énoncé en établissant la relation connue
sous le nom d'inégalité de Bienaymé-Tchébicheff.
P(\x-n\^ot)^l-
k
1(4)
x = —, n = m1.n
Cette inégalité conduit directement à la loi des grandsnombres par application à la loi de probabilité binomiale
dont nous avons défini plus haut la forme générale ainsi
que la moyenne et l'écart-type :
m1 = n œ. (2)Moyenne
Ecart-type Vnw (1—w). (3)
Partant de ces deux relations, on peut calculer la
moyenne et l'écart-type de la loi de probabilité de la
fréquence kfn des boules blanches trouvées parmi les n
boules extraites :
On a alors :
Moyenne E \ - ) = - • E (k) = tô. (5)
Ecart-type akln = ~'ak>
akln
akh
—— Vnû> (1—ut),n
-ttô(l-i(6)
Considérant l'intervalle
m^ta
il s'écrit, en vertu de (5) et de (6) :
ϱtf^(1-
n
œ)(7)
Or, la probabilité d'avoir kjn intérieur à cet intervalle
est supérieure à 1— l/t2; nous l'avons vu sous (4).Nous pouvons donc écrire :
P = Prob.\n \ 1 n J <2"
(8)
Et il résulte de cette inégalité :
- qu'on peut choisir t de manière que P soit aussi voisin
de 1, donc de la certitude, qu'on le désire;- qu'il suffit de choisir n assez grand pour que l'inter¬
valle correspondant à P considéré soit aussi petit qu'onle désire.
C'est bien là la loi des grands nombres énoncée au
début de ce paragraphe. Elle définit la convergence en
probabilité de la fréquence kjn sur w quand le nombre n
des tirages croît indéfiniment.En résumé, les relations qu'il nous faut retenir pour
notre étude sont les suivantes:
Loi binomiale.
Expression générale pk = Cklcôk(l—ô>)m_fc.
Moyenne mx = ncô.
Ecart-type ak = VnâJ(l—cû).
Inégalité de Bienaymé-Tchébicheff !
Loi des grands nombres w0 = cv^tt t-w(l—cô)
n
P= Prob.n \ ! n \ t1
(1)
(2)
(3)
(4)
(7)
(8)
2.4. Préparation des relevés statistiques
Afin d'avoir une vue générale des défauts dans les
ateliers, il est nécessaire de procéder à 4 études statis¬
tiques différentes :
a) Une étude des temps d'attente des grosses machines-
outils (FT1).b) Une étude des temps d'attente des petites machines-
outils (FT2).c) Une étude des temps d'attente des grosses pièces
(fabriquées par la FT1).d) Une étude des temps d'attente des petites pièces
(fabriquées par la FT2).
Nous analyserons dans le détail, à titre d'exemple,l'étude a) relative aux grosses machines-outils, alors que
nous nous limiterons à la description des méthodes
d'observation adoptées pour les études b), c) et d).
2.4.1. Détermination du nombre d'observations
Nous partons de l'équation de base:
-,.Jû(l—û})œa = œ±t V
In,(7)
"tôt
avec, dans le cas de notre application pratique :
o)0 = pourcentage réel des temps d'attente,cô = valeur moyenne des temps d'attente,
t = écart-réduit == ( lorsque w^oo, c'est-à-dire(T
pour une loi normale),
ntot= nombre total d'observations.
Fixons une fois pour toutes une valeur pour l'écart-
réduit t:
Nous pourrions calculer t à l'aide de l'inégalité de
Bienaymé-Tchébicheff:
^1-^- (4)
P étant le seuil de probabilité qu'on se fixe.
Mais, des démonstrations plus précises de la loi des
grands nombres montrent que les intervalles en questionsont en réalité beaucoup plus réduits et que l'on peutcalculer t sur la bases de la loi normale réduite. En effet,nous avons montré plus haut que notre distribution sta¬
tistique se rapprochait d'une loi de référence binomiale.
Or, lorsque n augmente indéfiniment (ce qui pourrait
36
théoriquement être le cas pour notre exemple d'application), la loi binomiale devient à la limite une loi nor
maie définie par la probabilité élémentaire :
1 f (x—nij)p(x)dx- f
(x—mj)2}
et en faisant le changement de coordonnées :
t = -
l'expression (9) devient:
*(«)*= pLexp.{-£}*
(9)
(10)
(11)
qui est la loi normale réduite, très commode puisque l'on
a éliminé la moyenne mx et l'écart-type a.
C'est la relation (11) qui nous fournira la valeur de t
pour un seuil de probabilité P choisi.
On pourrait évidemment s'amuser à intégrer cette
00%
95%
P
^
4
Kg. 2/1. Loi normale réduite. P (t), fréquence des valeurs de
x comprises entre les limites m +1S.
équation, mais on peut s'épargner cette peine et utiliser
soit les tables de la loi normale réduite reproduites en
annexes, tables qui nous donnent t pour toutes valeurs
de P (voir annexes I/10b), soit directement le graphiqueP=F(t) de la figure 2/1.On a constaté expérimentalement que, pour l'industrie,
un seuil de probabilité de :
P = 95%
est un risque que l'on peut prendre.Ceci revient à dire que l'on aura 95 % de chances que
la valeur réelle de la proportion o>0 de temps d'attente
soit comprise dans les limites obtenues à l'aide de la
relation (7). Pour P = 95% (ou £(«) = 0,05 dans notre
table de l'annexe I/10b), nous avons:
f = l,96.
Notre relation (7) devient alors:
O)0 = :<5±1 ,96 yo)(l—ô5)
"toi
Il nous reste 2 variables, la proportion moyenne tô des
temps d'attente et le nombre ntot d'observations.
On trouve sur la fig. 2/2, la surface a>0 (w, n) et sur la
fig. 2/3, les courbes co0 (n) pour û> variant de 10% en 10 %.Du fait qu'avant d'entreprendre cette étude on ignore
totalement la valeur, même approximative, de ô3, il est
nécessaire d'effectuer un rapide sondage composé d'une
centaine d'observations faites sur les groupes de machines-
outils et sur les pièces que l'on se propose d'étudier. Ce
sondage a de plus l'avantage de «roder» l'observateur.
Pour reprendre notre exemple relatif aux tempsd'attente des grosses machines-outils, ce sondage préli-
PourP = 95%, *= 1,96
1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000
Fig. 2/2. Intervalles de confiance.
37
minaire a donné les résultats suivants :
nombre n d'observations : 100
nombre k de temps d'attente : 24
d'où l'on tire :
d'où: = ^-=0,24 ou 24%.
Il nous reste à fixer Aw, c'est-à-dire l'intervalle de
confiance dans lequel on a le 95 % de chances que tombe
la valeur réelle de la proportion a)0 de temps d'attente.Pour une première étude, cet intervalle de confiance
doit être assez étroit et le chiffre de A G> = ±0,75 % nous
paraît être judicieux. Ce chiffre est valable pour l'en¬
semble des observations des grosses machines-outils. Il
semblerait à première vue nécessaire de fixer cette
valeur A û> pour le plus petit groupe homogène de l'en¬
semble des grosses machines étudiées, mais ceci con¬
duirait à un nombre total d'observations beaucoup tropélevé, car certains «groupes» ne sont composés que d'une
seule machine (machine-clef), alors que d'autres peuventen englober une dizaine (ex. : perceuses). Il sera toujourspossible d'effectuer des observations supplémentaires sur
les machines-clef, dont l'intervalle de confiance nous
paraît être trop grand.Pour la valeur w=0,24, le graphique de la fig. 2/3
nous donne, par interpolation des valeurs cô=0,2 et
05 = 0,3:
n~ 12400 observations.
Le calcul exact donne :
,96]/co(l — eu)
1,96
nu)
1,96
^=111,3,
ntol = 12387 observations.
2.4.2. Détermination de la durée de l'étude
Il se pose ici un problème d'optima puisque la pré¬cision des résultats est fonction du nombre des obser¬
vations, c'est-à-dire du coût de l'étude.
De deux choses l'une :
- ou bien on fixe la précision qu'on désire obtenir, ce
qui nous donne le nombre des observations à effectuer,d'où le temps qu'il faut consacrer à l'étude :
Exemple: Jw = ±0,75%
d'où: n = 12387 observations
N =12387 observations
35 obs. par tournée
Comme une tournée dure 15 min. :
351 15
—= 351 tournées.
60= 88 heures de tournées.
"tôt
Si l'on ajoute à cela 20 heures pour le dépouillement etla présentation des résultats, nous aurons finalement:
88 h + 20 h = 108 heures de travail.
+ .Aw%
Pour F = 95%, t= 1,96
10000 12400 15000
Fig. 2/3. Intervalles de confiance.
•n
25000
Ces 108 heures peuvent se répartir sur plusieurs mois,si on le désire.
- Ou alors, on nous impose le temps dont on peut dis¬
poser, et le calcul inverse du précédent nous donne le
nombre d'observations que l'on peut effectuer en ce
laps de temps, d'où la précision A cS.
Mais il ne faut pas perdre de vue que pour le double
d'observations, le prix double également, alors que la
précision n'augmente que de quelques dixièmes de %.Ainsi, par exemple, si l'on reprend notre exemple
d'application avec â> = 0,24 :
pour A œ = 0,01 ; n = 6970 observations
et A w = 0,005 ; n = 27890 observations.
Donc, pour une précision doublée, le nombre d'obser¬
vations a quadruplé.Le nombre d'heures qu'absorbe l'étude ne nous donne
évidemment pas la période pendant laquelle on effectuera
les observations. Celle-ci dépend uniquement des circons¬
tances. Nous disposions, par exemple, d'un stagiaire pour
une durée de 4 mois, période pendant laquelle nous avons
effectué les observations.
2.4.3. Détermination de l'instant pendant lequel doit
être effectuée l'observation
Il s'agit maintenant de répartir au hasard, ou tout
au moins autant au hasard que possible, dans une périodedéterminée, nos 12400 observations.
On connaît :
- La durée approximative d'une tournée, obtenue expéri¬mentalement lors du sondage préliminaire :
d = 15 min.
- Le nombre total d'observations qu'il faut effectuer:
ntot= 12400.
- La durée des observations, qui est fonction du temps
pendant lequel l'observateur est à notre disposition :
B= 100 jours (4 mois).
- Le nombre de machines-outils qu'il faut observer lors
de chaque tournée :
w = 35;
c'est également le nombre d'observations par tournée.
Nombre de tournées nécessaires: N=—1r^-c^.350 tour¬
nées.
35
Il s'agit de répartir ces 350 tournées sur les 100 jours
que l'on a à disposition.Bien que cette répartition doive, en principe, être faite
tout-à-fait au hasard, on a intérêt à avoir une répartitionaussi régulière que possible des tournées dans la périoded'étude, ceci afin d'obtenir une image «moyenne» de la
situation dans les ateliers au cours de cette période.Nous avons alors fixé :
4 tournées par jour pendant 50 jours = 200 tournées.
3 tournées par jour pendant 50 jours = 150 tournées.
Total : 350 tournées.
Comme la condition nécessaire, pour que le systèmed'étude adopté soit valable, est que les observations soient
faites au hasard, nous répartissons les jours à 4 tournées
et les jours à 3 tournées à l'aide de la table des nombres
au hasard de R. A. Fisher et F. Yates (voir annexe II/l).Nous avons convenu de lire les nombres par colonnes,
de haut en bas et de gauche à droite.
Dans ces conditions:
- au premier nombre correspond le premier jour,- au deuxième nombre correspond le deuxième jour,- au troisième nombre correspond le troisième jour, etc.
Nous avons affecté à ce choix les nombres de la Ire
tranche de 5 colonnes et convenu que :
- aux nombres pairs correspondraient 4 tournées par jour,- aux nombres impairs correspondraient 3 tournées par
jour.
De plus, pour les journées à 3 tournées,
- c'est la première des 4 tournées possibles dans la
journée qui est supprimée pour les nombres terminés
par 1 et 9 ;
- la seconde tournée pour les nombres terminés par 3,- la troisième tournée pour les nombres terminés par 5,- la quatrième tournée pour les nombres terminés par 7.
Ceci fait, il faut déterminer, également au hasard, les
heures et les minutes du début de chaque tournée dans
la journée.Ces horaires sont, dans le cas de notre exemple, fixés
comme suit:
- le matin de 07.00 à 11.50; soit 290 min.
- l'après-midi de 13.30 à 17.20; soit 230 min.
Toujours dans le but d'obtenir une répartition relative¬
ment régulière des 4 tournées par jour, nous avons divisé
la journée en 4 périodes :
- période No 1 de 130 min. à partir de 07.00 h.
- période No 2 de 130 min. à partir de 09.25 h.
- période No 3 de 100 min. à partir de 13.30 h.
- période No 4 de 100 min. à partir de 15.25 h.
On voit sur le diagramme suivant que la journée est
bien entièrement parcourue:
07.00 09.10 09.25 11.35 11.50
-130 min.- -15min.-M -130 min.- -15 min.-*
13.30 15.10 15.25 17.05 17.20
-100 min.- 15 min.- -100 min.- <-15 min.-
Nous aurons de nouveau recours à notre table des
nombres au hasard de l'annexe II/l.
- Nombres de la 2e tranche du tableau :
les colonnes 1, 3, 5 sont affectées à la période No 1,les colonnes 2, 4 sont affectées à la période No 2.
Chaque nombre multiplié par 1,3 indique la minute,dans la période correspondante, du début de la tournée.
— Nombres de la 3e tranche du tableau :
les colonnes 1, 3, 5 sont affectées à la période No 3,les colonnes 2, 4 sont affectées à la période No 4.
Chaque nombre indique la minute, dans la période cor¬
respondante, du début de la tournée.
On trouve sur le tableau de la fig. 2/4 un exempled'application.
Il va de soi que la méthode exposée ici n'est qu'une
possibilité, parmi une infinité d'autres, de détermination
autant au hasard que possible des heures et minutes du
début des tournées d'observations. Il serait idéal de pou-
39
-e
<D s
0>i S
T)
g §3
11S a"2 a
s o
Jour o3
fiO v o '3
1 10. Oct. 03 3 2e
2 11.»
97 3 4e
3 12.„
16 4
4 13.„
12 4
5 14.„
55 3 3e
6 17.„
16 4
7 18.„
84 4
8 19.„
63 3 2"
9 20.„
33 3 2»
10 21.„
57 3 4e
11 18 4
12 26 4
13 23 3 2«
14 52 4
15 37 3 4e
16 70 4
17 56 4
18 99 3 1er
19 16 4
20 31 3 1er
21 68 4
22 74 4
23 27 3 4e
24 00 4
25 29 3 1er
26 16 4
27 11 3 1er
28 35 3 3<*
29 38 4
30 31 3 1er
Oo
fei-§<N W<0 tj O oî
6 1 S -1
S cS C.
§ ftg-3£h <d H O
Oî
lO
» H 2
"S '-S *Q
&h <! H O
(M
O
» H 2 #$'8 '-3 ^3
»
ÎS o3 C.
o i7 S o
Ei <! H O
lO
03 S.
&H OEh <j H O
83x1,3 =
40x1,3 =
96x1,3 =
88x1,3 =
33x1,3 =
55x1,3 =
55x1,3 =
59x1,3 =
48x1,3 =
66x1,3 =
68x1,3 =
83x1,3 =
06x1,3 =
33x1,3 =
42x1,3 =
96x1,3 =
64x1,3 =
108 soit 0848
52„
0752
125
114
43
65
71
77
62
108
8
43
55
125
82
33x1,3= 43
15x1,3= 19
22x1,3= 29
09x1,3= 12
54x1,3= 70
87x1,3=113
42x1,3= 55
32x1,3= 42
0905
0854
0743
0805
0811
0817
0802
0826
0828
0848
0708
0743
0755
0905
0822
0743
0719
0729
0712
0810
0853
0755
0742
33x1,3
83x1,3 = 108
42x1,3= 55
27X1,3= 35
27x1,3= 35
74x1,3= 96
37x1,3 =
49x1,3 =
62x1,3 =
48„
64„
81„
32x1,3 =
38x1,3 =
44X1,3 =
05x1,3 =
73x1,3 =
96x1,3 =
51x1,3 =
06x1,3 =
35x1,3 =
98X1,3 =
87x1,3 =
37x1,3 =
59x1,3 =
98x1,3 =
53x1,3 =
90x1,3 =
03x1,3 =
43 soit 1008
1113
1020
1000
1000
1101
1013
1029
1046
1007
1014
1022
0932
1100
1130
1031
0933
1010
1132
1118
1013
1042
1132
1134
1122
0929
42
49
: 57
: 7
: 95
125
66
: 8
45
127
113
: 48
: 77
:127
69
117
: 4
79 soit 1449
87„
1457
34„
1404
11„
1347
07
04
01
92
61
73
42
26
33
27
13
57
06
87
21
12
15
90
06
20
32
80
17
70
1337
1334
1331
1502
1421
1443
1412
1356
1403
1357
1343
1427
1336
1457
1351
1342
1345
1500
1336
1350
1402
1450
1347
1440
78 soit 1643
86, ,
1651
05, ,
1530
27, ,
1552
60, ,
1625
02, ,
1527
90, ,
1655
03, ,
1528
32,,
1557
10, ,
1535
78, ,
1643
26, ,
1551
55, ,
1620
12, ,
1537
18, ,
1543
35, ,
1600
76, ,
1641
86, ,
1651
51, ,
1618
76, ,
1641
14, ,
1539
98, ,
1703
22, ,
1547
42, ,
1607
76, ,
1641
33, ,
1558
Les chiffres se rapportent à l'heure de la lle observation, de la tournée.
Fig. 2/4. Horaire des tournées d'observations.
voir également déterminer au hasard l'ordre de succession
des observations des machines-outils, mais ceci est pra¬
tiquement irréalisable, du fait que la durée des tournées
serait considérablement prolongée.
2.4.4. Préparation des feuilles d'observations et prépara¬tion psychologique
C'est également à ce stade préparatoire qu'il faut con¬
cevoir et faire polycopier un nombre suffisant de «Feuilles
d'observations» (voir annexe H/2).Parallèlement à la préparation technologique, il ne
faut pas négliger la préparation psychologique, qui est
de la plus haute importance pour le succès de l'étude.
Cette préparation psychologique consiste à orienter ver¬
balement les contremaîtres et les membres de la com¬
mission ouvrière (il ne faut en aucun cas oublier ces der¬
niers!), et par affichage les ouvriers. Il faut faire ressortir
l'intérêt d'une telle étude et leur montrer qu'ils en seront
les premiers bénéficiaires.
2.5. Observation des faits
L'observation des faits doit être confiée à une personnetrès consciencieuse, possédant beaucoup de tact. Elle doit
avoir une formation scientifique de degré moyen (matu¬
rité scientifique, technicum), et doit bien connaître les
conditions de travail des ateliers qu'elle est chargéed'étudier.
Nous avons confié l'étude relative aux grosses machines-
outils et aux grosses pièces à un stagiaire, qui en était à
sa 2e année d'études d'ingénieur, et auquel nous avons
tout d'abord fait passer 6 mois, à titre d'ouvrier, dans
les ateliers en question.Nous insistons sur le tact que doit avoir l'enquêteur, et
nous avons personnellement fait une intéressante expé¬rience à ce sujet:
Notre premier enquêteur, chargé d'étudier les tempsd'attente des grosses machines-outils et pièces, était un
jeune homme consciencieux jusqu'à la maniaquerie, mais
d'une timidité excessive, et à l'aspect physique insignifiantet parfaitement inoffensif. Son enquête, qui a pourtantduré 4 mois, a passé absolument inaperçue, les ouvriers
s'étant tout de suite habitués au passage de ce jeuneétudiant rougissant.
Notre second enquêteur, auquel nous avions confié
l'étude des temps d'attente des petites machines-outils
et des petites pièces, nous a rapidement attiré les piresennuis. Ce garçon n'était pas moins consciencieux que son
collègue, mais il possédait une barbe rousse dont l'agres¬sivité n'était égalée que par son mauvais caractère et son
manque de tact. Malgré nos instructions réitérées, il
posait aux ouvriers, déjà mal disposés par son étrangeaspect physique, des questions directes telles que: «Où
40
avez-vous été si longtemps?» ou «De quoi parlez-vous?»,etc. Quelques jours après son entrée en fonction et
malgré une «préparation psychologique» minutieuse, nous
avions déjà eu la visite d'un grand nombre d'ouvriers
indignés de nos procédés antidémocratiques !
Nous avons déjà relevé plus haut qu'il est nécessaire
d'effectuer 4 études différentes, en l'occurrence des études
relatives aux grosses, puis aux petites machines-outils,aux grosses et aux petites pièces en cours de fabrication.
2.5.1. Observation des grosses machines-outils
Dès que tout est prêt, l'enquêteur commence ses tour¬
nées selon l'horaire établi au hasard; il indique la date
dans la 2e colonne de cet horaire (voir fig. 2/4).La première tournée, ou plus exactement la première
observation, sera effectuée le 10 octobre 1960 à 08.48 h.,la seconde tournée à 14.49 h. et la troisième à 16.43 h.
L'enquêteur note, à l'instant de son passage, la phased'activité observée pour chaque machine-outil. Il disposepour cela d'un code des catégories d'activités :
Exemple
I. Temps productifs.
a) La machine fait des copeaux :
jS) L'ouvrier travaille, mais pas la machine :
- l'ouvrier règle la pièce sur la machine,- l'ouvrier fixe la pièce sur la machine,- l'ouvrier mesure et contrôle son travail,- l'ouvrier fixe l'outil dans le porte-outil,- l'ouvrier règle les caractéristiques de coupes et
d'avances,- l'ouvrier manutentionne avec le pont.
IL Temps improductifs dont la responsabilité n'incombe
pas à l'ouvrier.
A. Attente du pont.B. Attente moyens de transport autres que pont.C. Recherche du contrôleur.
D. Recherche du contremaître et conseils de la maî¬
trise ou des chefs d'équipe.E. Recherche et pointage du bon de travail.
F. Attente de pièces. Nous entendons par là que
l'ouvrier et sa machine sont inoccupés parce que,
par exemple, la pièce qu'ils ont à usiner est encore
sur une autre machine-outil ou à un autre postede travail.
G. Recherche d'outils ou d'appareils de mesure au
magasin d'outillage.H. Recherche des dessins aux archives.
I. Traçage de la pièce sur la machine-outil.
K. Panne, réparation et révision de la machine-
outil.
L. Affûtage d'outils au touret.
M. Recherche et mise d'huile soluble ou d'eau de
rinçage.N. Inventaire et nettoyage d'outillage personnel.0. Nettoyage de la machine-outil.
III. Temps improductifs dont la responsabilité incombe à
l'ouvrier.
P. Besoins personnels :
- stage-cigarette aux toilettes,- petite visite à un collègue,- conversation avec des camarades sur un sujet
n'ayant aucun rapport avec le travail en cours,
- manger et boire en dehors du temps de pause,- préparatifs divers ayant pour but un rapide
départ au moment de la sonnerie.
Q. La machine ne travaille pas, l'ouvrier étant
absent pour cause de maladie, accident, congé,vacances, service militaire, baptême, ensevelis¬
sement, etc.
L'énumération ci-dessus n'est qu'un exemple, les causes
de temps d'attente pouvant varier d'une usine à l'autre.
Nous avons reproduit en annexe une feuille d'obser¬
vations des grosses machines-outils (voir annexe II/2).
2.5.2. Observation des petites machines-outils
Le système est identique au précédent, si ce n'est qu'onpeut éventuellement, lorsque le nombre des machines
est trop élevé, effectuer une judicieuse sélection.
2.5.3. Observation des grosses pièces en cours de
fabrication
Ces observations sont relatives, dans le cas de notre
exemple, à des pièces telles que cylindres, arbres, bâtis
d'admission, paliers, etc. de turbines à vapeur, turbines
à gaz, compresseurs et soufflantes fabriquées dans les
ateliers de la FT1.
Relativement aux pièces, nous appelons temps d'at¬
tente, le temps pendant lequel ces pièces sont immobili¬
sées, sans qu'une machine-outil ou un ouvrier effectuent
sur elles une quelconque opération d'usinage ou de
manutention.
Il y a une différence importante pour l'enquêteur entre
les observations qu'il doit effectuer sur les machines-
outils et celles qu'il effectue sur les pièces. En effet, les
premières sont fixes, alors que les secondes sont conti¬
nuellement déplacées! Pour cette raison, il est nécessaire
de marquer à la peinture, d'un signe distinctif très visible,les pièces observées.
Comme il n'est pas possible d'observer la totalité des
pièces en cours de fabrication pendant la période d'étude,on sélectionne, par tirage au sort, une centaine de pièces,qui seront évidemment à divers stades d'avancement.
Dès qu'une de ces pièces est achevée en cours d'étude,on la remplace, également par tirage au sort, par une
autre pièce, de telle sorte que l'on aura toujours 100
pièces simultanément en observation.
Le code des catégories d'activités, ou plus exactement
d'inactivités, est le suivant :
I. Temps productifs.
a) La pièce est sur une machine-outil ou entre les
mains d'ouvriers qui tous font des copeaux.
b) On s'occupe de la pièce sans faire de copeaux
(nettoyage, peinture, soudage, etc.).
c) La pièce est manutentionnée.
IL Temps improductifs.
01—09. Attente machines-outils.
01. Attente qu'une fraiseuse soit disponible.02. Attente qu'une aléseuse soit disponible.03. Attente qu'un tour soit disponible.04. Attente qu'une perceuse soit disponible.05. Attente qu'une rectifieuse soit disponible.06. Attente qu'une raboteuse soit disponible.
41
07. Attente que la machine à équilibrer soit libre.
08. Attente pour l'essai de survitesse.
2.6. Dépouillement des résultats
10—19. Attente personnel spécialisé.
10. Attente d'un traceur.
11. Attente d'un ajusteur ou d'un monteur.
12. Attente d'un contrôleur.
13. Attente des conseils du constructeur.
14. Attente des conseils de la maîtrise.
15. Attente des conseils de l'ingénieur soudeur.
16. Attente des conseils du chef de fabrication.
20—29. Attente des documents et des matériaux de base.
20. Attente matière première de fonderie.
21. Attente matière première de forge.22. Attente pièces prévisionnelles.23. Attente outillages.24. Attente dessins.
25. Attente papiers d'ateliers.
30—39. Divers.
30. La machine-outil est libre, mais l'ouvrier est
absent (maladie, accident, congé, vacances, ser¬
vice militaire, etc.).31. Attente parce que la pièce a été introduite trop
tôt dans les ateliers.
32. Attente d'autres pièces pour pouvoir continuer la
fabrication du sous-ensemble.
33. Il s'agit d'une petite série, et il faut attendre que
toutes les pièces de cette série aient subi l'opéra¬tion avant qu'elles passent, ensemble, à l'opéra¬tion suivante.
34. Attente pont roulant.
35. Attente moyens de manutention autres que pont.
Afin de retrouver plus aisément la pièce, il est utile
d'indiquer, sur la feuille d'observations, à côté du No du
code, l'atelier dans lequel se trouvait la pièce lors du
dernier passage.On peut effectuer les observations des grosses pièces
parallèlement à celles des grosses machines-outils, par
exemple pendant le chemin du retour.
2.5.4. Observation des petites pièces en cours de
fabrication
Vu la très grande quantité de petites pièces qui se
trouvent simultanément en fabrication, et le fait que leur
cheminement est relativement rapide, on ne peut avoir
recours, dans ce cas particulier, à un procédé d'obser¬
vation direct, mais bien à un procédé indirect, qui con¬
siste à examiner toutes les «Feuilles de lancement» lors
de leur passage au bureau de lancement, après chaque
opération.Ceci permet à l'enquêteur de relever, sans quitter sa
place, les indications principales (telles que No BCA, No
dessins, désignation de la pièce, genre de l'opération et
atelier chargé de l'effectuer) relatives à toutes les piècesayant un retard sur le programme de jalonnement prévu,puis de faire une enquête pour déterminer les causes de
ces retards. Ces causes une fois déterminées, le relevé
s'effectue sur une feuille d'observations, exactement
comme pour les grosses pièces.
Ce dépouillement se fait d'une manière identique pour
les 4 études, c'est-à-dire en deux temps :
- On effectue un premier dépouillement au fur et à
mesure des observations, ou plus exactement, chaquefois qu'une feuille d'observations est pleine. Les résul¬
tats ainsi obtenus sont reportés sur une feuille des
«Résultats partiels» (voir annexe II/3).- Le dépouillement final se fait à la machine et n'est en
fait rien d'autre que la sommation des résultats partiels.
2.7. Présentation des résultats
Les résultats doivent être présentés sous forme de
tableaux qui sont, dans ce cas exceptionnel, plus expli¬cites que les graphiques.Nous reproduisons, à titre d'exemple, les résultats rela¬
tifs aux temps d'attente des grosses machines-outils (voirfig. 2/5), ainsi que, sous une forme très condensée, ceux
relatifs aux temps d'attente des grosses pièces (voir fig. 2/6).Sur la base des résultats obtenus dans ce dernier
tableau, on peut, entre autres, déterminer entre quellesvaleurs limites l'on a le 95% de chances que se situe le
rendement moyen réel rj0 du cycle de fabrication des
ateliers fabriquant les grosses pièces :
œ arbres + œ cylindrest (nombre arbres
1,0 =2
±Zi 1?0'^ nombre cyl.)
0,3432+0,4258 .
lo = ^ ±A 7]o'
-
no0,glin(,/0,3845 (1-0,3845)
tj0 ^ 0,3845± 1,96 y p^ï(j '
^0S 0,3845±0,0071,
où: 0,3774^^0^0,3916.
C'est un excellent rendement si l'on songe que cer¬
taines fabriques de gros ensembles unitaires ont un
rendement de 0,08.
2.8. Interprétation et discussion des résultats
Nous allons nous attacher ici à discuter ces résultats
essentiellement sur le plan scientifique, nous réservant
d'examiner, au cours du prochain paragraphe, les princi¬pales valeurs numériques obtenues.
Il s'agit, tout d'abord, d'établir d'une façon certaine
si notre distribution statistique se rattache bien à une
loi de référence binomiale. Ceci fait, nous essayerons de
passer des résultats obtenus sur échantillon aux carac¬
téristiques fondamentales de l'ensemble du lot, ou si l'on
veut, de l'ensemble d'une catégorie de machines-outils,dans lequel a été prélevé l'échantillon examiné.
2.8.1. Discussion relative à la validité de la spécificationbinomiale
Une première question s'impose relativement à la
constance du pourcentage â> des temps d'attente : « Quelsévénements sont susceptibles de modifier la valeur de
ô5?» Les principaux facteurs susceptibles de le modifier
Attente due au fait que la pièce a été introduite troptôt dans l'atelier
Attente d'autres pièces pour pouvoir continuer la
fabrication
Attente occasionnée par travail en série
Attente pontAttente moyens de manutention autres que pont . .
Total temps d'attente
23,40
10,00
0,92
28,18
13,24
1,16
34,32 42,58
01-09
01
02
03
04
05
06
07
1,30
14,60
4,06
5,52
9,58
1,98
22,18
6,19
8,39
14,58
8,00
4,95
5,00
5,88
13,94
8,64
8,71
10,23
10-19
10
11
12
13-16
4,90
2,52
3,98
2,60
7,45
3,85
6,07
3,97
3,46
7,49
1,54
1,31
6,02
13,05
2,69
2,28
Impro¬ductifs
20-29
20-22
23
24
25
2,60
1,99
0,99
3,97
3,04
1,52
0,28
0,49
0,43
0,49
0,86
0,75
30-39
30
31
32
33
34
35
1,53
1,99
3,85
1,07
1,84
0,77
2,34
3,04
5,83
1,63
2,80
1,17
0,26
4,38
6,26
5,65
1,63
0,41
0,45
7,62
10,88
9,84
2,84
0,71
65,68 100,00 57,42 100,00
Fig. 2/6. Temps d'attente des grosses pièces.
- une variation de la structure des ateliers,- une modification du parc des machines-outils,- une modification du nombre et de la disposition des
ponts roulants,- une modification du nombre des ouvriers, de leur for¬
mation, de leur tempérament, de leurs conditions maté¬
rielles privées et de travail (facteur psychologique),- une modification des horaires de travail due :
- à des décisions administratives,- à l'époque de l'année (horaires d'été et d'hiver),- à une modification de la conjoncture, etc. etc.
Or, nous avons choisi une durée d'enquête suffisam¬
ment courte pour que l'influence des facteurs mentionnés
soit négligeable puisque, dans le cas de notre exemple,les observations ont été faites pendant 4 mois. Nous
pouvons donc admettre l'hypothèse que le pourcentagedes temps d'attente est resté sensiblement constant au
cours de l'étude.
Ceci dit, revenons une fois de plus à la comparaisonde notre étude avec un contrôle des fabrications par
sondage. Dans un contrôle de fabrication, on prélève sur
toutes les pièces fabriquées (d'un certain type), un
échantillon de n pièces. Par exemple, lorsque 100 piècesauront été fabriquées, on prélèvera 20 pièces que l'on
contrôlera.
Nous avons montré, au début de ce chapitre, que nous
procédions exactement de la même façon avec notre étude
des temps d'attente, puisque nous effectuons un certain
nombre d'observations qui ne sont en fait rien d'autre
que des prélèvements.Sur la base de l'hypothèse préalable relative à la cons¬
tance du pourcentage des temps d'attente, on est en droit
d'admettre que les 350 tournées, c'est-à-dire les 350
échantillons de 35 observations, ont été extraits d'une
population de référence comprenant une proportion fixe
œ de déchets : c'est bien là un schéma binomial.
Cependant, une restriction dans la définition de la loi
binomiale n'est pas respectée ici. En effet, il est nécessaire
de remettre la boule extraite dans l'urne (pour reprendre le
schéma de l'urne) avant de pouvoir procéder à l'extraction
suivante. On dit que le tirage est non exhaustif.
Mais il ne saurait être question de remettre dans l'en-
,, j130min. X 60
„„„„ ,, 100min. x 60
„..-
semble des s =2600 et des 5 =2000
périodes de 3 secondes, la durée de 3 sec. d'une obser¬
vation, une fois l'observation terminée. On procède donc
en réalité à un tirage exhaustif.
Toutefois, la durée des 35 observations est de 35x3=
105 secondes qui sont prélevées dans un ensemble de:
ou
3 X 2600 = 7800 sec.
3x2000 = 6000 sec.
Le prélèvement global est donc au maximum de
1,75%. Nous disons: au maximum, car une observation
105-100
6000=
44
dure en général moins de 3 secondes. De ce fait, on peutadmettre que le prélèvement n'altère pas la valeur du
pourcentage de temps d'attente, et que le tirage n'est
pas exhaustif.
On voit que le fait de choisir des périodes successives
de 130 min. et de 100 min., pendant lesquelles on effectue
35 observations, correspond à brasser «l'urne des tempsmorts» avant de procéder à une nouvelle série de 35
tirages.
2.8.2. Etablissement des distributions empiriques et
théoriques
Nous allons, à titre d'exemple, établir les distributions
empirique et théorique des temps d'attente relatifs aux
tours horizontaux.
Afin d'avoir à manipuler des chiffres que l'on trouve
aisément dans les tables, et afin de tirer le meilleur partides 2450 observations faites sur ces tours, nous considé¬
rons comme un échantillon un groupe de 7 tournées.
Nous avons alors :
Nombre de tours observés = 7.
n = Nombre d'observations par échantillon = 7x7=
49 observations.
k = Nombre de temps d'attente trouvés parmi les 49
observations.
pk = Probabilité de trouver k temps d'attente parmiles n observations.
nk = Nombre d'échantillons, donc de groupes de tour¬
nées parmi lesquelles h temps d'attente ont été
trouvés = 50.
ntot= Nombre total d'observations relatives au groupede tours =2%-w=50-49 = 2450 observations.
On voit, d'après ce qui précède, que l'on considère en
quelque sorte 49 valeurs k de temps morts, trouvés dans
les 50 groupes de tournées effectuées, comme un échan¬
tillon extrait d'une «Population de pourcentage de tempsmorts ou de temps d'attente».
Sur la base des résultats obtenus, nous pouvons dresser
le tableau de la distribution empirique (k, nk) du nombre
nk de tournées pendant lesquelles nous avons trouvé k
temps morts (voir tableau fig. 2/7).Nous avons vu que pour caractériser complètement
une distribution binomiale :
pfc=C*ûi*(l-ôi)»-* (1)
il nous suffit de connaître n et œ.
Or donc, dans notre cas :
w = 49 et Jj = 0,244 (voir fig. 2/5)
puisque eu peut, dans le cas d'une loi binomiale, être
assimilé à la proportion totale de temps d'attente trouvés
parmi les 2450 observations, soit :
cD = (8-1+9-3+10-4+11-11 + 12-14+10-10+14-4
596+ 15-2+16-l):(2450) = 2i^,
à, = 0,244.
Nous pouvons donc retenir, dans le cas de la distribution
relative aux gros tours horizontaux, l'hypothèse d'une loi
de référence binomiale correspondant à n=49 et ol—0,244.On pourrait maintenant calculer les probabilités pk,
correspondant à la loi binomiale ci-dessus, de la façonsuivante :
Pk = C*cP(l-âi)^=k ^
-âPil-âir-*
d'où, en passant par l'intermédiaire des logarithmes:
l(>gpk =
log n !—log k ! —log (n—k) ! -\-k log w+ (n—k) log (1 — tô).
Sous cette forme, on peut calculer sans difficulté log pk,et de là pk. Ce calcul étant assez long, on utilise de pré¬férence des tables binomiales (voir littérature). On multi¬
plie par N les termes indiqués par les tables, qui sont
une distribution de fréquence, et l'on obtient la distri¬
bution théorique N-pk de la 3e colonne de notre tableau
de la fig. 2/7.
k
nt:
empi¬rique
N-ptthéo¬
rique
Test du x*
{nk-Npk) (n*-Npk)*(nir-Npkf
N-pk
8
9
10
11
12
13
14
15
16
Total
i8n
14
10
1'
0,3]1,7>7,85,8J
11,2
13,1
10,1
5,3]1,9[7,8
0,6J
0,2
-0,2
0,9
-0,1
-0,8
0,04
0,04
0,81
0,01
0,64
0,005
0,00
0,06
0,00
0,08
50 50,0 X2 = 0,15
Fig. 2/7. Distributions empirique et théorique, ainsi quecalcul du x2-
Nous avons tracé ces distributions sur la fig. 2/8.
OH , > 1 ^ 1 1 r \ »* 1^
8 9 10 II 12 13 14 15 16
Fig. 2/8. Distributions relatives aux temps d'attente des gros
tours horizontaux.
Distribution empiriqueDistribution théoriqueSpécification binomiale
k — Nombre de temps d'attente trouvés parmis les 49 obs.
de l'échantillon.
nk = Nombre d'échantillons.
Moyenne absolue de la distribution empirique: mae = 11,9
Moyenne relative de la distribution empirique : mre = 24,4
Ecart-type absolu de la distribution empirique : aae — 1,53
Ecart-type relatif de la distribution empirique : are = 3,12
45
2.8.3. Calcul des caractéristiques principales
Du fait qu'un calcul complet des caractéristiques d'une
distribution statistique a été déjà fait au paragraphe1.2.4.2, relativement au maintien des délais partiels de
livraison, nous nous limiterons ici au calcul de la moyenne
et de l'écart-type. Les autres caractéristiques se calculent
exactement de la même façon que celles du § 1.2.4.2.
- Moyenne absolue de la distribution empirique :
^'"k"a. emp.
= (8-1+9-3+10-4+11-11 +12-14
-13-10+14-4+15-2+16-1): (50)596
50
ma.emp. ~ H»9-
- Moyenne relative de la distribution empirique:
_100-ma,emg. 100-11,9mr.emp. —
%
~
49~
' /o '
mr.emp. = 24,4% de temps d'attente.
- Moyenne absolue de la distribution théorique :
ma(ft=w-di = 49-0,244= 11,9,
ma.th.= u$-
- Ecart-type absolu de la distribution empirique :
_
-l/Z(k-ma.emp.)*-nk_
= 1,53.
Ecart-type relatif de la distribution empirique :
_
100- aa.emp._
100-1,53_ 3 12
49
ar.emp. = 3,12.
- Ecart-type absolu de la distribution théorique :
aaAK = Vn-œ(l-âi) = ^49-0,244-0,756 = 3,08,
gq.i>. = 3,08.
2.8.4. Test de validité de la spécification envisagée
Afin de s'assurer de la validité de la spécification en¬
visagée, nous aurons, une fois de plus, recours au test
du x2.Nous avons vu, au chapitre précédent, que l'on retient,
comme expression représentative de l'ensemble des fluc¬
tuations observées, la quantité :
{nk-N-pkfX Lk
N-Vk
Le calcul relatif à notre exemple d'application donne
(voir tableau de la fig. 2/7) :
X2 = 0,15.
Le calcul du x2 a retenu 5 couples ; la spécification étant
binomiale, il reste v=5—2=3 degrés de liberté, d'où au
seuil a=2%:
Xi = 9,837 (voir Annexe 1/30).
Donc: X2^Xs
et la spécification binomiale est valable.
2.9. Mesures à prendre sur la base des résultats
acquis
Les observations et les calculs terminés, il faut, sur la
base des résultats acquis, rechercher les améliorations
possibles.Si les observations et les travaux de dépouillement de
ces dernières peuvent être confiés à des stagiaires, par
exemple, seuls les chefs de fabrication et le directeur
d'exploitation responsables des ateliers étudiés sont à
même de décider, sur la base des résultats, des améliora¬
tions à apporter.Voici, à titre d'exemple, un extrait du rapport que
nous avions fait à la suite de l'étude des temps d'attente
des grosses machines-outils et des grosses pièces de la
FT1:
«Réduction des temps d'attente des cylindres et des grosses
pièces de fonte. »
Nous examinerons ces temps dans leur ordre d'impor¬tance décroissante.
Attente fraiseuse: 13,94% du temps d'attente total.
1. Cause:
Les pièces n'ayant pas à subir au moins une opérationde fraisage sont pratiquement inexistantes, ce qui re¬
vient à dire que le nombre de pièces qui doivent passer
sur nos 6 fraiseuses est considérable. Il en découle
automatiquement des temps d'attente importants.
Remède:
Le seul remède efficace est l'augmentation ou la
modernisation du parc de machines.
2. Cause:
Si nous examinons sur le tableau 2/5 la situation des
fraiseuses, nous constatons que sur les 24,11 % du tempsd'attente total que subissent ces machines, 9,93 % sont
dus aux attentes de pont et manutentions avec pont.Ceci est également une conséquence du grand nombre
de pièces qui ont à subir des opérations de fraisage.
Remède:
Le fait d'avoir une fraiseuse moderne, à tête et table
mobiles, diminuerait incontestablement les temps de
manutention.
3. Cause:
Sur le tableau 2/5, nous voyons également que le tempsd'attente: «recherche d'outillage» est assez important(2,94 %) ; mais les opérations de fraisage sont si diverses
qu'elles entraînent un constant changement d'outillage.
Remède:
Création de postes de travail s'inspirant de ceux ins¬
tallés à la CEM du Bourget.
Attente d'autres pièces pour le montage: 10,88% du
temps d'attente total.
1. Cause:
C'est un temps d'attente occasionné uniquement parun défaut d'organisation. De ce fait, il doit incontes¬
tablement être possible, sinon de le supprimer totale¬
ment, du moins de le réduire considérablement, ceci
46
en synchronisant mieux la fabrication des différents élé¬
ments de la machine.
Remède:
Nous voyons deux moyens permettant d'améliorer la
synchronisation de la fabrication:
a) La création de graphiques de jalonnement. Ces
graphiques, ou tout autre moyen similaire, devien¬
dront de toute façon nécessaires le jour où l'on sub¬
divisera la FT en une FT1 et FT2,
b) Mettre à disposition du contremaître un programmede fabrication hebdomadaire.
2. Cause:
Attente de matériel provenant d'un fournisseur étran¬
ger (Ex : Appareils de mesure, pompes, ailettes, coussi¬
nets, etc.), ou d'une autre fabrique de l'entreprise(Ex: génératrices, moteurs de lancement, moteurs
auxiliaires, etc.).
Remède:
Un grand progrès a déjà été réalisé dans ce domaine
depuis que nous avons installé nos tableaux Produc-
Trol. Ces tableaux assurent la surveillance des délais
de livraison des BCA, des dessins, de la matière (fonteet acier), des livraisons provenant de nos fournisseursextérieurs, ou des livraisons provenant des autres fabri¬ques de l'entreprise.Toutefois, il doit encore être possible d'éviter des retards
occasionnés par nos fournisseurs en effectuant les com¬
mandes suffisamment tôt et en faisant des rappels quel¬ques semaines déjà avant l'échéance du délai.
Remarquons que les commandes provenant de l'exté¬
rieur pourraient également être indiquées sur le graphi¬que de fabrication.
Nous n'avons reproduit ici que les premières lignes d'un
rapport de 40 pages, ce qui montre bien toutes les possi¬bilités d'améliorations que l'on a lorsqu'on connaît les
points faibles d'un atelier.
Relevons encore qu'une grande partie des améliora¬
tions proposées dans le rapport mentionné ont été réali¬
sées dans les ateliers qui nous ont servi de champ d'expé¬rience, et qu'un sondage de contrôle a prouvé que toutes,
sans exception, ont été efficaces.
Une remarque pessimiste s'impose toutefois relative¬
ment à la modernisation du parc de machines-outils. Le
remplacement systématique de machines anciennes par
des machines modernes plus rapides peut, à la longue,
provoquer un accroissement du pourcentage des tempsd'attente. En effet, la nouvelle machine, étant plus rapide,effectuera le même travail plus vite que l'ancienne ; mais
elle absorbera toujours les mêmes temps d'attente, sinon
même davantage, par suite, par exemple, de la surcharge
possible des ponts roulants, prévus pour alimenter les
anciennes machines plus lentes.
On voit donc qu'une augmentation de ojo peut être le
signe d'un vieillissement des méthodes de travail et des
moyens auxiliaires, par rapport aux machines-outils, et
qu'il faut moderniser non seulement le parc de machines,mais parallèlement toute l'organisation du travail dans
l'atelier.
Nous n'avons relevé, dans cette étude des tempsd'attente, que ce qui intéresse l'organisation des ateliers
proprement dits. Mais l'établissement de la proportionde temps d'attente de chaque groupe de machines-outils
est également de la plus haute utilité pour :
- le bureau des méthodes et des temps, qui disposera de
coefficients additionnels très précis pour l'établissement
des temps, car nous avons, en effet :
coef. additionnels
Nombre de temps d'attente observés
Nombre de temps productifs observés'
- le lancement, ou plus exactement le graphiqueur de
charge, qui saura exactement quelle doit être, pour
chaque groupe de machines, sa charge réservée.
2.10. Conclusions
La connaissance des temps d'attente des machines-
outils et des pièces en cours de fabrication est l'infor¬
mation la plus précise qu'un chef de fabrication puisseavoir sur la situation générale dans ses ateliers. Il devra
avoir recours à une telle étude chaque fois qu'il aura à
prendre des décisions relatives à des changements impor¬tants concernant le parc de machines-outils, les trans¬
ports internes, le personnel ouvrier, l'organisation des
ateliers, etc. Bien souvent, les résultats des sondages lui
montreront que les mesures envisagées ne se justifient pas,
alors que d'autres, non prévues, sont urgentes.Cette information statistique sur ses ateliers sera com¬
plétée d'une façon heureuse s'il effectue, 2 fois par jour,des tournées d'ateliers en se fixant un cycle d'objectifstel que celui-ci par exemple :
- Ire tournée: Inspection de l'ordre et de la propreté des
postes de travail et de l'atelier en général.- 2e tournée: Examen de l'état d'avancement d'une com¬
mande importante ou d'une commande
prise au hasard.
- 3e tournée: Sondage sur le niveau moral et le climat
psychologique de l'atelier.
- 4e tournée: Inspection de la qualité du travail.
- 5e tournée: Prévention des accidents (machines dange¬reusement placées, entassement dangereuxde pièces, fosse mal couverte, etc.).
- 6e tournée: Etat d'entretien des machines-outils et de
l'outillage.
Ce système a l'avantage de lui permettre de se concen¬
trer sur un problème bien défini, et met en évidence cer¬
tains détails qui auraient échappé à un regard moins
vigilant et à une pensée absorbée par trop de préoccupa¬tions simultanément.
47
Leer - Vide - Empty
Annexes
1/1. Gr. A. Turbines à condensation
Situation au 1. 10. 60
Prix Fabrique en Mi.Fr.
1/3. Gr. P. Pièces de réserve
Situation au 1. 10. 60
Prix Fobriaue en Mi.Fr.
1960/61
h
1961/62 1962/63
A'M'J'J'A'S'O'N'O'J'F'K'A'It'J'J'A'S'O'K'D'J'F'H'A'ICJ'j'A'S'O'K'o'j'f'lt'I 2 3 4 5 6 I 9 9 10 II 12 13 14 15 16 17 18 19 2021 22 23 24 25 26 27 29 29 mois
1/2. Gr. D. Turbines à gaz
Situation au 1. 10. 60
Prix Fabrique en Mi.Fr.
1/4. Gr. A-E. Charge totale
Situation au 1. 10. 60
Prix Fabrique en Mi.Fr.
1/5. Capacité, budget et charge de la FT au 1.10.60
Densité de probabilité p(t) = Je 2 et premières dérivées
t P(t) P(t)' Vif)"
0,0 0,39894 -0,00000 -0,39894
0,1 0,39695 -0,03970 -0,39398
0,2 0,39104 -0,07821 - 0,37540
0,3 0,38139 -0,11442 - 0,34706
0,4 0,36827 -0,14731 - 0,30935
0,5 0,35207 -0,17603 - 0,26405
0,6 0,33322 -0,19993 -0,21326
0,7 0,31225 -0,21858 -0,15925
0,8 0,28969 -0,23175 -0,10429
0,9 0,26609 -0,23948 - 0,05056
1,0 0,24197 -0,24197 + 0,00000
1,1 0,21785 -0,23964 + 0,04575
1,2 0,19419 -0,23302 + 0,08544
1,3 0,17137 -0,22278 + 0,11824
1,4 0,14973 - 0,20962 + 0,14374
1,5 0,12952 -0,19428 + 0,16190
1,6 0,11092 -0,17747 + 0,17304
1,7 0,09405 -0,15988 + 0,17775
1,8 0,07895 -0,14211 + 0,17685
1,9 0,06562 -0,12467 + 0,17126
2,0 0,05399 -0,10798 + 0,16197
2,1 0,04398 -0,09237 + 0,14998
2,2 0,03547 -0,07804 + 0,13622
2,3 0,02833 -0,06515 + 0,12152
2,4 0,02239 -0,05375 + 0,10660
2,5 0,01753 -0,04382 + 0,09202
2,6 0,01358 -0,03352 + 0,07824
2,7 0,01042 -0,02814 + 0,06555
2,8 0,00792 -0,02216 + 0,05414
2,9 0,00595 -0,01726 + 0,04411
3,0 0,00443 -0,01330 + 0,03545
3,1 0,00327 -0,01013 + 0,02813
3,2 0,00238 -0,00763 + 0,02203
3,3 0,00172 -0,00568 + 0,01704
3,4 0,00123 -0,00419 + 0,01301
3,5 0,00087 -0,00305 + 0,00982
3,6 0,00061 -0,00220 + 0,00732
3,7 0,00042 -0,00157 + 0,00539
3,8 0,00029 -0,00111 + 0,00392
3,9 0,00020 -0,00077 + 0,00282
4,0 0,00013 -0,00054 + 0,00201
I/ll. Extrait du calcul de E (A)
No
Obs.No BOA
Rubr.
+ Pos.
Désignationde la pièce
ii
Tempsalloués
Nombre de
pièces
257
258
259
260
261
262
263
264
265
266
267
268
269
270
271
272
273
274
275
276
277
278
279
280
281
282
283
075840 R21
076400 R11/13
076400 R12/14
076400 RI 1/13
076400 R12/14
076400 R11/13
076400
076400
076400
076400
076400
076400
076400
076400
076400
076400
Rll/13
Rll/13
Rll/13
Rll/13
Rll/13
Rll/13
Rll/13
Rll/13
Rll/13
Rll/13
076400 Rll/13
23000 V10
076400 Rll/13
076400 Rll/13
076400 Rll/13
076400 Rll/13
076400 Rll/13
23000 V10
23000 V10
23000 V10
19500 V10/11
R 300175
II
II
II
II
II
R 100116
II 20
II 18
II 17
II 13
II 12
II 11
II 10
II 4
II 3
II 2
D 403878
I 9
N401402
I 1
R 100285
IV 1
IV 3
IV 10
IV 30
IV 40
N 000357
I 8
I 1
I 1-6
IX 9
Piston de soupape
Siège de soupape
Tige de soupape .
Tige de soupape .
Pièce de guidage.
Disque de calage
Support de ressort.
Pointe
Boîte de guidage ,
Boîte,
Cale
Tige filetée. . . ,
Tige
Pignon ,
Goujons . . . . ,
Arbre ,
Boîte
Boîte
Outillage de soudage .
Anneau
Anneau de blocage. .
Support de manomètre
Anneau d'étanchéité.
Pignon
Coussinet
Pompe à engrenage
Douille
5,62
1,70
1,70
4,97
4,97
5,01
0,65
0,70
0,65
5,00
7,90
14,00
2,10
0,90
6,45
13,75
2,55
4,29
4,50
1,59
5,85
1,00
3,70
6,00
10,20
5,21
6,95
16
8
8
2
59
1963
54
927
37
250
388
368
315
224
186
105
k
2440
19
61
188
168
80
191
568
206
343
15
46
98
280
31
146
i
1832
17
113
419
67
12
52
26
300
339
171
43
109
148
16
h
1425
2155
411
455
402
g
1739
643
612
584
f
2488
22
72
243
148
102
347
391
362
216
354
56
171
4e
7756
1121
842
1005
709
912
813
797
916
741
529
153
181
36
d
15437
5287
2379
2115
2216
2491
2397
2438
932
177
c
16628
62
137
1432
1472
1362
1478
1487
1379
1472
1463
1480
1441
1392
381
1S2
8b
84942
67
2683
5728
7489
8515
8587
8441
8594
7005
7676
5606
5440
4463
2661
1413
537
37
a
Juillet
Juin
Mai
Avril
Mars
Févr.
Jan.
Dec.
Nov.
Oct.
Sept.
Août
Juillet
Juin
Mai
Avril
Mars
Févr.
Jan.
Dec.
Mois
Mois
Mois
Total
1960
1959
1958
charge
Gr.de
D3Q2q346
Type:
Bruxelles
Nom:
kW
60000
Puissance:
vapeur
àTurbine
Genre:
1D
026400
BCA:
N°
capa
cité
de
groupes
des
et
délais
de
unités
des
fonction
en
travail
de
heures
des
répa
rtit
ion
de
Feuille
1/12
.
o
1/13. Turbine à vapeur
Type: D3 G 29346 Puissance: 110000 kW
1/14. Turbine à vapeur
Type: D3 Q 29346 Puissance: 110000 kW
Courbe de charge spec. cumulée
Courbe de charge HUO réelle'Courbe de charge HUO ojusléeCourbe décharge HUD spécifiqueCourbe de charge HUD spécifique théoriquedonnée par la relation y = l2x2-l2x3
Weinberg F., Dr., Kapitalanspannung und Fabrikations-
planung. Industrielle Organisation Nr. 4 (1956), S. 115
bis 124.
Yates F., Méthodes de sondage, recensement et enquêtes.Editions Masson & Cie. et Dunod, Paris.
83
Curriculum vitae
Je suis né le 12 janvier 1925 à Ulrichen dans le Haut-Valais, où j'aiaccompli mes 4 premières années d'école primaire, en langue allemande.
De 11 à 14 ans, j'ai poursuivi ma scolarité à Martigny (Bas-Valais), puisde 14 à 16 ans à l'école primaire supérieure de Lausanne.
De 1941 à 1946, je fis un apprentissage complet d'électro-mécanicien
dans une firme de Martigny et obtins, en automne 1946, le certificat
de capacité. Ces années de travaux pratiques furent interrompues par plu¬sieurs périodes de service militaire. L'année 1947 fut entièrement con¬
sacrée à la préparation de l'examen d'admission à l'Ecole Polytechniquede l'Université de Lausanne, examen correspondant à la maturité
fédérale type C. Après réussite de cet examen, je suivis en 1948 un an
de cours de mathématiques spéciales, puis le cycle complet d'études
d'ingénieur mécanicien, section machines thermiques, et obtins le
diplôme en janvier 1953.
A cette même date, je fus engagé comme assistant du Directeur
d'exploitation de la fabrique de turbines de la firme Brown, Boveri S.A.
à Baden. Comme tel, je fus chargé de tous les problèmes d'organisationrelatifs à cette fabrique. Après avoir occupé ce poste pendant 3 ans, je fus
nommé chefde la section chargée de lafabrication despetites pièces et sous-ensembles (régulation, boîtes étanches, paliers, soupapes d'admission,etc.) de turbines à gaz, turbines à vapeur, compresseurs radiaux et
axiaux, chaudières velox, etc. En juillet 1958, je fus chargé du poste de
Directeur d'exploitation de la firme Indûstria Elétrica Brown Boveri
S.A. à Sâo Paulo, au Brésil. En avril 1960 je fus nommé, par le Gou¬
vernement brésilien, professeur d'organisation et d'installations industri¬
elles à l'Ecole d'Ingénieurs de l'Université de Minas-Gerais, à Belo
Horizonte, Brésil, poste que j'occupe à l'époque de la remise de cette