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Rdve dans un jardin frangais: La Femme del'aviateur etBlow Up ntonioni, Rohmer: comparaison os6e, tant la diff6rence frappe entre Ie cin6ma mdtaphysique de l'un et ce qu'on nomme, un peu vite, le marivaudage de l'autre. Le Frangais le reconnait lui-m0me de bonne - :;i: ( Je suis extrdmement sensible i ce charme existentiel du cin6ma, par ::rp1e tel qu'il se manifeste chez Antonioni ou chez Wim Wenders [...], :,rp€che que je suis toujours pour un cin6ma "optimiste"l>. Pourtant :.,,iqnement des esth6tiques est ce qui justifie au fond ma tentative, qui est - -ns de rapprochement que de confrontation. Le trajet que je propose doit - c s'envisager comme un 6clairage oblique de Rohmer par Antonioni (et - .rsement) ir partir d'une hypothdse peut-€tre encore plus surprenante: , - emme de l'aviateur (1980) serait une r6criture non avou6e, ironique et '.,-que tout autant qu'un prolongement, par d'autres moyens, ) d'autres fins, -. -'ebranlement audiovisuel et moral de Blow Up (1966): tn remake secret. Iinvporniss DU REMA.KE sECRET .arce qu'une telle proposition ne va pas de soi, deux prdcisions rposent au seuil de ma ddmonstration. La premibre est personnelle, seconde mdthodologique. Un d6tour rapide par sa gendse pourra , :liquer l'apparente incongruitd de cette r6flexion: elle s'origine dans - ; communication otr je pr6sentais les 6l6ments de ressemblance entre -:: oeuvres tout aussi 6loign6es que sont, cette fois, Blow Up et Meurtre ':s un jardin anglais (Greenaway, 1982). Aprds avoir 6cout6 une premidre .:oration des points communs des deux fiims - un cadavre 6vanescent -: fond de pelouses britanniques et d'interrogations sur la peinture-, -. Eric Rour'rr p., Le GoAt de la beautd, Paris, Petite bibliothbque des Cahiers du :ma, 2004, p. 23.
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Rêve dans un jardin français. La Femme de l’aviateur et Blow up

Mar 05, 2023

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Page 1: Rêve dans un jardin français. La Femme de l’aviateur et Blow up

Rdve dans un jardin frangais:La Femme del'aviateur etBlow Up

ntonioni, Rohmer: comparaison os6e, tant la diff6rence frappe entre

Ie cin6ma mdtaphysique de l'un et ce qu'on nomme, un peu vite, le

marivaudage de l'autre. Le Frangais le reconnait lui-m0me de bonne

- :;i: ( Je suis extrdmement sensible i ce charme existentiel du cin6ma, par

::rp1e tel qu'il se manifeste chez Antonioni ou chez Wim Wenders [...],:,rp€che que je suis toujours pour un cin6ma "optimiste"l>. Pourtant:.,,iqnement des esth6tiques est ce qui justifie au fond ma tentative, qui est

- -ns de rapprochement que de confrontation. Le trajet que je propose doit

- c s'envisager comme un 6clairage oblique de Rohmer par Antonioni (et- .rsement) ir partir d'une hypothdse peut-€tre encore plus surprenante:

, - emme de l'aviateur (1980) serait une r6criture non avou6e, ironique et'.,-que tout autant qu'un prolongement, par d'autres moyens, ) d'autres fins,

-. -'ebranlement audiovisuel et moral de Blow Up (1966): tn remake secret.

Iinvporniss DU REMA.KE sECRET

.arce qu'une telle proposition ne va pas de soi, deux prdcisions

rposent au seuil de ma ddmonstration. La premibre est personnelle,

seconde mdthodologique. Un d6tour rapide par sa gendse pourra, :liquer l'apparente incongruitd de cette r6flexion: elle s'origine dans

- ; communication otr je pr6sentais les 6l6ments de ressemblance entre

-:: oeuvres tout aussi 6loign6es que sont, cette fois, Blow Up et Meurtre

':s un jardin anglais (Greenaway, 1982). Aprds avoir 6cout6 une premidre

.:oration des points communs des deux fiims - un cadavre 6vanescent

-: fond de pelouses britanniques et d'interrogations sur la peinture-,

-. Eric Rour'rr p., Le GoAt de la beautd, Paris, Petite bibliothbque des Cahiers du:ma, 2004, p. 23.

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( PxuT-jTRx N,y A-T-IL pAs D, noMAN )...

lean-Loup Bourget m'ayait sugg6r6 d'6largir la comparais on i, La Fenr... .

I'ayiateur. Ce qui prouve, au choix, ou bien que le d6mon de l'analos,. .une chose trds partag6e, ou qu'il y a li en effet une piste d creuser. Sect _,pr6cision: deyant la prolif6ration de ces couples de films, devenus rr-: .voire s6ries au grd des multiples associations de la mdmoire cin6phut :

comparatisme terme 2i terme n'est plus seulement de mise: 1'6labor.. -

th6orique s'impose. Ce ph6nomEne d'hypertextualitd, rep€r€ aussi - --d'autres chercheurs3, ne peut €tre r6duit ) un simple systdme d'influe:.-.mais se trouve davantage marqu6 par un jeu de reprises, d'exhibitio: .

de masquage esquissant, en creux, une nouvelle fagon d'envisager 1a : -*cr6ative de Ia r6ception et de l'analyse.

Ayant d'en venir ) LaFemme del'aviateur, yoici 1'6tat de la r6flerion ._-ce que j'ai pris l'habitude d'appeler <\e remake secret )). Le terme de re,':"-.s'impose naturellement pour nommer la relation entre deux films, un .. -source matriciel que rdcrit et transpose Ie second filma. C'est donc la na:*:,de cette transposition, qui n'est pas un transfert culturel mais un no_ ,

encodage imaginaire, que l'adjectif ( secret > veut qualifier. Lid6e du se::,ne veut pas ici pointer le caractdre inavou6, et encore moins plagiaire _ _

remake, ni pr6tendre d l'hermdneutique d'un sens cachd: il s'agit bien p1l.de signaler combien ce type de r6criture ob6it i ce que Thierry Kunrz.appel6 le < travail du film >, c'est-)-dire cette fagon pour le texte filmii _

de s'organiser selon les principes du Traumarbeit freudien. Le second .

opdre donc en d6guisant un premier r6cit audiovisuel qu'on peut retr. _

ver ou reconstruire, i l'analyse, comme les pens6es latentes dans le t<.,. ,

2. fe me permets de renvoyer d un de mes textes qui est un exemple de :relations intertextuelies d trois termes: <D'un dou6le triptyque: Antonic,Argento/Greenaway; Cin6ma/PeintureiPhotographie >, in Ligeia, n 77-BO, jui.i.:d6cembre 2007, p. 158-168.

3. Voir notamment le texte de |eanrFrangois Buir6, < Hypothdse du film r;Mr Klein et La Mort aux trousses >, in Cinima, n,, 10, paris, L6o Scheer, lt .

p.87-97,1'analyse que donne Dominiclue Paini des Herbes folles d'Alain Res:..(2009) comme ( une version nouvelle de LAge d'or > (Buflue1, 1930): I)ominicPerNI, < Acad6mique, surrdaliste? >,in Trafc no 71, automne2009,p. 17, ou enccl^ ^L^*:,-^ .. nr---^^ -r--,1,1:-le.chapitre << D'une adaptation travestie i, tn remake masqu6: Les Blches et Bettt ;:Claude Chabrol >, in Francis Vervovn, L'Adaptation littdriire, paris, Armand Co-:2011,p.24-33.

4. Sur-1a partjuridique de 1a notion de remake, qui n'est pas du tout en jeu .9n peut lire Raphaelle MorNE, Remakes. Les films fra.nqais ii Hollywood, paris, CN: :Editions, 2007, p. 17 -25.

262

Page 3: Rêve dans un jardin français. La Femme de l’aviateur et Blow up

nanifeste d'un rOve. Bien entendu, contrairement aux images mentares etrndividuelles des rdves ouyrant sur l'6tendue infinie de la mimoi.. f.rrorr-relle et de ses associations, il n'y a rien de vdritablement latent dans ie cadreJ'ceuwes d'art ayant un support et une cl6ture physiques: comme le rap-:elle Kuntzel, tout est manifeste dans un fiim, ) iu .irrig. du spectateur deiire 6merger l'image dans Ie tapis.

c'est pourquoi le < remake secret ) rend compte au premier chef d'une:ratique crlatrice: il semble 6vident que des cin6astes aussi obsessionnels:ue Losey ou Greenaway ont congu trds pr6cis6ment Mr Kein et Meurtreians un jardin anglais comme une variation sur les monuments d,Hitchcock:t d'Antonioni. Leurs films ont une port6e mdtatextuelre, ils proposent une:nalyse narrative et audio-visuelle de leurs euvres sources, en en r6v6lanta part traumatique refoulde, comme peut le faire un bain ou un agran-:issement photographique. Jean-Frangois Buir6 met ainsi en vareur dans-t Mort aux trousses les traces d'une prdsence hitldrienne 6voqu6e sur re:rode du clin d'eil et de la -I. l distance par l,humour, qr.ior.y f".uruer sur le mode majeur. Et si le photographe d,e Brow up suit un parcours:itiatique qui lui apprend combien re reel echappe et n'est pu, ri li.u d.objectivitd mais au contraire celui de l'investissement imaginaire, la leqon

-u dessinateur de Greenaway lui coritera la vie. Le remake"secret est donc-ne. d6marche podtique,_sensible i une ou prusieurs figures esquissdes dans. hlm de ddpart et appelant une r66raboraiion, qui prend naturellement sa

: -lurce dans un ( acte de spectatures >.

Un dernier d6tour, enfin, pour pr6ciser ce que sont la spectature et la'gure, telles que Martin Lefebvre les th6orise, puisqu'elles d6terminent un- pe.de.rapport hypertextuel dont re n remake secret ) pourrait 6tre un cas:rrticulier, ou une anamorphose. La spectature est < une activit6, un acte,: travers quoi un individu qui assiste i ia pr6sentation d'un film met i jour*:s informations filmiques, les organise, res assimile et res intdgre i |en-:mble des savoirs, des imaginaires, des systdmes de signes qui le iefinissent. la fois comme individu et membre d,un groupe sociil, cuiurel. [.. . ] L ob_.t de la spectature est et n'estpas le film. Il correspond d une ,uiri. rrug,rentaire, partielle de l'objet dynamique. Ir est le firm tel que je ie vois, telre je le congois, tel que je me le reprdsente ) moi_m6me, tel que je le mets

,,r..t1,." l:].:evnr, Psyc{o, Dc la fgure ou musc( inraginaire. Theoric et prtttique

. . oitedtspectature, paris,Monlrerl, L'Harma,an,..Ch-a,,-,,prvisuels.,l997.

Rivr aarus uN /ARDTN FRANg,+rs : La FelrMs or lavratpun rr Brow Up

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264 << ptur_g7pp

1,7,y A-T_IL pAS DE RuMAN >...

en signe > (i travers Ison r res process us r.rl:t^-11*tentes.

etapes s r

... qy. Lefebvre ,;rfltlf cognitrf,"a'riur]f ttt;tiut' ou simultanr

narr d une interaction ]^t.li I [s"t "lff;'*t'l''1f"'ft:t;;;;;ffi5';'::.reur- ces dernidres ,,"::jl.le

fi'lm, la ;;:;' 'u '1.' de ces processus, eu.

* rrarts ,, qui garanrir.lllql't ' p"ii'iirnurre er t tmagination du specta-

rans erre une proje*io;il9t 'o" aeli.. ;'r'r';'.t'": ttmels du film' appsl6'

vrve qul subsisre o" ,, ,1,.'ljq"t "t, rr'rir:".Tt''" de toute hallucin'atior:.

pour rdsume, 't'o, d'un film.

-"^r! rrr stgne de i'impression la plu,

- [...] le mareriau d(taq.on parallel. u ,.rr"'1|iure

esl le texte flmsui assu ren r,; ;;;ffi: j:mfn;

n7',iii"lT!l[.J,; j;grace a quoi un film,son spectaleur.' """ un passase n,,ior., r"'r.",rtJtl:Xi*d,:ffi:1

Les traits, objectifsns,* biliij,#,'rll: l'.":":s par J'ana lvse,

p | |

r s a o ".,,,",,,',1,[,i ; f ; g : flli :.:., :T : ![ #,t-,",'.';f : : : J:

,..?;:31: Hn: j;:,::_9, r.,,,,.,,.i,,,, ;':::' se .ed jr a,,, r,'a, n"..,..

rheorique ,,, re rype ]:'-T o',t]';r;;;,;-'1lt en passe'r par Ia presence inrer-

rmpligue ,n. .o;u"iiippo" hyftt,;;il.: "' assumant sa part de " fictior.pas au prisme a" r, l9l,l1lnt;ll'n'", ,1'/

gue designe Ie * remake secret

psychanalyse,

", no,^tlT]oriq"'

to,-,i.,.'i.'l'l'ut et 6gurative analysee not

To.ut I'enjeu or.r.J"tn' att '"i';""

ts tatt Martin Lefebvre' mais de i'cas de la Femme n, ,l),ildonc

de .n"rli,traurna el de relour du refou]e.

Jeune homm ,, ,,nn,,.|!^,,t,u, aont i,, ,;;;:,,1"'

ces hypotheses a narlir du

nancee Anne gu,il, ;:i:' t:.,", , lri*""vrtrerat

brievernent l'intrigue. L'n

marrn meme . Ayant "l]l

jnt"*'oi. rrilXltts'lran' I'ancien amant de

'acr,une aur.r'e femme, ir :::.1t" ;'";t;;['r'1" ot voir sortir de chez elle leLhaumonr ou son .lilb'In'" olrlr|"inasard son rjval en compagnie

compagnie. ,, e.r,rr",1llg' i'i"g" i;;;;,"J'''i" sui le mene aux Butte'-

7u.squ a ce que F.ur.oi.d:l' att [ypoir,tr;; I"

lycdenne qul va lrri teniroeia; gu'eile ne l,a pas ,'.t^1t-to'u.",

:i;;;;;:" cet aviateur et sa femme.rompe ruir r:.ri*':;:,:1gue le spectateu.r savajrrtrarre fait quitter. Ilapprend

o. Martjn Ltrtevnr, psy..7. tt,ia|., p.62.' " "'lro. Dc lo Jtgure au ntttsct intaginttirc...,op.

cit.,p. 25-2_.

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REvr o,rNs uN,rARDrN FxANgars : L,L FEl,tuB on L'AVIATEUR nr Brow Up

. -ssi, par hasard, que la femme de l'aviateur 6tait sans doute sa scur, et que

-:cie est en fait l'amie de l'ami qui travaille avec lui la nuit i la Poste de la

:.re de I'Est. La longue s6quence centrale dans le parc des Buttes-Chaumont

-:rstallise naturellement la filiation avec Blow Up, ainsi que des diffdrences.,:h6tiques majeures dans Ie rapport au r6el: pas de cadavre chez Rohmer,

. d'image vol6e, une seule photo prise, d'ailleurs instantan€e, et qui avoue

- :mb16e, sur le mode ironique, rater son objet.

REsssr4sreNCES ET AppRocHES TExTUELLES

-\lartin Lefebvre ddveloppe sa th6orie de l'acte de spectature comme consti-'*tion de figures d partir du cas de Psycho (Hitchcock, 1960), fiIm-source s'il.: est. La < figure du meurtre sous la douche > dmerge i partir de la s6quence

-l m0me nom et des associations que suscitent tous les 6ldments du texte

-:tchcockien pris comme un systdme - noms, tableaux dans le d6cor, para-

retres audio-visuels, 6chos narratifs... A partir de leur questionnement::isonn6 autant que de leur 6coute flottante se constitue la figure. Elle impres-:.orre p?rce qu'elle est un m6lange de viol et de cannibalisme fond6 sur des

.:uivalences entre domaine sexuel et digestif qui s'incarnent surtout en trois.eux que sont le liquide, l'impuret6 et la Grande Mdre8. La figure matricielle:rt donc une cristallisation imaginaire de signes, virtuellement illimit6e, qui)i constitue ) travers le film entier et le d6borde en devenant une m6moire

-.ndphile plus ou moins consciente apte d f6conder des cuvres en s6rie. Mais

.-rrsque d'autres films la remettent en scdne dans toute sa complexit6 figurale,

-e n'est plus qu'ir l'6chelle de la scdne, du morceau de bravoure, sans que le

. este de leur r6cit dpouse toutes les articulations de celui d'Hitchcock.

Le mus6e imaginaire sur lequel d6bouche la figure selon Lefebvre reste

--ne collection de scdnes, alors que la relation d deux films que suppose le'e make secret impose un examen plus minutieux de leur fonctionnement au

.ong cours, de leurs similitudes et de leurs diffdrences narratives, visuelles,

.opiques. Une autre m6thode d'examen des ressemblances entre films est

ionc n6cessaire, en particulier celle que Rick Altman a produite sur le genre

: partir des critdres sdmantiques et syntaxiquese.

8.Ibid.,p.12I-156.9. Rick Arrr,reN, La Comddie musicale holjtvoodienne, trad' Jacques L6rry, Paris,

\rmand Colin, 1992, p. 110-117.

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266 < prur_irno

w,y A_T_rL pAS DE R*MAN ,...

3:+,ir:,::ffi:JlK,,6'::iT";lf ,:.Jantique,c'esr-d-diredesere=,.m*graphe e.r.r.ie intr. tu f;;i;;;r';#::' ]: personnase principai, p :

-

de nuit, entre mise en;;;.,;:.:.::.:es de modes et la misere des ::.0*rbrute; autou. O"rS

!, scene des apparences et enregistrer.r, a. la r., .r,u, .on,",u;,il J;;,l:::ff fTx.; rn*,r]*li:J,*. ..nien, gris er tachdde.c";l;;;r;;l;r,jl',"r,., pracees a des endroits s r:.:giques. Le parc.:ll,::,ur.uii,ui,'q"ulr,

Onr.r,, le bruit a, u.nr dan, ".reu,rages' er les mimes quianimero;;;i, fin du fitm Ie rerrain de rr._._.,',x;: TilTl,-il[r:'"{;i'l

;; ; ;il:,ln a., erem enrs r.*;.u u * q u i t : : -de ra rencont.., a.]l 1;llantiaue' il faut noter r.r prir.,p"r'jJi.r.ur.- ,.r,r. r, e,.",'., i',:;l'.[::lT11"H,J:J;Ierson n ase

",,o n .nu ir.o n n e r_.: : _ .

j::].::,i'le (ie phorosr;il;;;;ilrrque' mais Ie reel rui echapp. :.concert a la fin, bien s*r le. _;_^-, -

,)auvres au debul, les jeune. a _

l,yl. lr. phorographie, ;rrrr"ir.'r.;ui..':t".liTctpes syntaxiques onr a \

elle-meme au,i' r. film en "pp;;i,;;;'; ;l:lj:

sur le monde, themar .:=ra p p roch e pa r a g ra nd i s,. r;;;, ;:;::,i,irffil;.; :;XT:T :.: :; ll]: i,l r,cadavres, a la decomposirjon ;e;;;;il;, .,usqu a-

C'est sur le croisement de ces deux critCrer, s6mantiques et syntaxiqur.tout au long du film, que peut se rora.r-r,rrypothdse a, u*otlri"crer. r.l:H::.J:,: 1"r,r^:r?i*ii, r,,i,*')i.,1 ,,, aussi en transit, ,u,, ..,..

a'rr, ...1fr.r;;:"t'sans vdritable but' ouvert aux coincide-n"ce, .i t uru.",

* 6,[ : fu , fffi ',. Hi;T;:'jlil ]],fi 'il[*

il;:,',' ".T : Hi

amant de sa fiancee anr., qrliii;a.;;';l'aulre; de christian. I'ancierd'un detectiv. priuJ,ou encore de son.o,,unlf^'tt

escaliers au petit matjn:a.['air heureux en am(a ra i re si g n i 6.. a q; ;,j,Y :.Ll'

i l; ;l il;11'''.,:: iil:il H I; ?: [ :i i;::

lui en donner, jl va se rl cherche des explications : devant Ie refus d,Anne de

irH.Tl:'JiiHl,:'.|:#il','.1':'Jf avantase'a"pio"'iu"o"'

si la mdthod. ,ernunill scrut6e, gtore.,iori.i .t"riifi **Xi::f#ff ::

les principau, .l.r.nlo'e-syn taxique permet a.^burh.r Ji'rrro""..,r..

a. *, i .1", *'#;:, : {:,fi:[ ? il,:. il:T flnHhJ:'t] i,: X:ment souples pou' accue,rir a.r "r.rrri#'., a., hybridations irn.ri.r.

.. .:

inr:s:quir ,

:au\ a

Je..ic! l1rrf

aur B:

sont pla dictla chaidtait r,La Fen

nisatiotion so

rohmelyriquemdme,

Page 7: Rêve dans un jardin français. La Femme de l’aviateur et Blow up

Rivs oaNs uN -JARDIN FRANqers : L't FEulrE DE L)AVIarEUn 'er Brow Up 267

ffi,

ry

u

flir

: s'avdre un pr6alable n6cessaire mais insuffisant Pour faire la preuv€ du

:,tke secret, dont les t"t iZia 'eptrtori6s

naffichent pas forcement d'an-

,.;';;;;,q;.- pu,-,' rt ttt it niow up et La Femme de l'aviateur' le pas-

:e par le sdmantique et le syntaxiquelait saillir certains traits communs'

-i: que bien d'autres films mettent aussl en ceuvre'

--thutdoncpr6ciserdeuxpointssuppl6mentaires:c'estl'assemblagepar-:"i1ier des donn6es s6mantiques et syntaxrques, leur ordre dans le.r6cit

.quel ne ,. ,op..po"'p"' i.tttt*ent a la,syntaxe selon Altman) qui

=l;;, sous l'ui.'d. iu'-''ilL, lt remake secret' Mais cela ne serait pas encore

)lez sans la reprise at JJiulf' signifiants' en deqi des grands 'ensembles

-.:matiques, oir se lit;;il suf,tilitd d'un travail du film qui condense

, d6p1ace. U., .".*ptt"tlt' noft*t'' parmi d'autres possibles: i la fin de

-., Femme de l'aviateur' 1e h6ros i nouveau seul poste la carte destin6e )

- -rcie, et se rend 21 la gare de l'Est pour assurer son iravail de nuit' C'est alors

-.1e commen.. a ,.,tntiii inu'io" < Paris m a s6duit >' ecrite et composde

-l.rr le cindaste, .hantet pa' 'ttitfft Dombasle' Iiactrice' familibre des lilms

:e Rohmer, ne joue pu,'dun' LaFemme d-e l'aviateur et ny apparait que

:olls ur€ for*. uo.dJq"ipt"a"it un,effet analogue d celui' fameux' de

.a fin de Blow tJp.Cl-tt'i"tittloni' 1e photographe d6senchant6' de retour

,ur 1es lieux du crime,;;il;;r;.ri.lu tioupt qui mime une partie de

:ennis jusqu'ir entendre - et le spectateur avec iui- tet claquements mats de

.i"tirifrf. taile 6chang 6'e' Chei Rohmer'-l'hallucination sonore trouve un

equivalent plus tortuei'-i, q"i t"Iu"* de fagon subtile les enjeux sentimen-

taux du film. Le .t'"'ide"tititt po*uuttt suscite en effet 1n-: lll^*ttio"

de < d6j) entendu ', poi'q*t l'actrice Anne-Laure Meury' qui joue Lucie'

a impos6 une voix utt* i"n'flt'lons similaires dbs son apparition babiliarde

aux Buttes_chaumont. La scdne du parc est travers6e par ces 6chos qui ne

sont pas le seul fait de la direction dlacteurs rohm6rienne' de son souci de

la diction, mais tiennent ir un phras6' un accent et un timbre similaires que

1a chanson accentue jei;;; fantomatique, comme si la jeune fille perdue

6tait retrouv6e dans ft Jl"t' La disjonciion entre le corps et la voix dans

Lo Femme dr l'rriotui""p'il";; et deplate donc l'usage de Ia postsynchro-

nisation dans BIowUj , i. prr","graphe y r6cunerait sous forme d'hallucina-

tion sonore un r6er qui par nature 6chappe, uloru qrr. Ie u trompe I'oreille >

rohm6rien n est destin6 qu'au spectateur qui profite seul de la d6cantation

lvrioue d,un amour uuori6, seulement incarrri par la voix, ni tout ) fait la

;eirl. ;;""; a fait une autre' de i'insaisissable Lucie'

I

Page 8: Rêve dans un jardin français. La Femme de l’aviateur et Blow up

269 < prur_irnt x,y A-T-ILpds DE ?to,rrAN )...

On voit doncdans leur r.r;..rll-b1en.

les deux 6lm

tilite des anrr..o^,"-1.- gendra.le;ir*;'::t

peuvent etre rapproches' a la -palimpsesre ,..;11'oit "' a"' jio'orert?rflS ddtails ou se savourt lu-'- '

a rn e u ie r d,, ; :'J :l:', " t o u t i r

""''"o ; ilii:ll', !"-l:-' ; ;:' ::l; i: ii.:g a;1, r r.i.i^;,,ff , ff ;:';:?rj:[.J f l !'..,,",,

p"; ; ;n,,, ",

] a s o rrr: =

:l:':i'voici quelle p"r'*i,' j".l;;;J: peut etre exfiaustif dans le cai::mais

.du couple forme par Bl;; ;;;Tre' non d'une scene, non d'un rL-

enqudte men6e srrb; i; ; ; ffi ;l J;

j ;m* i#l*': ",,"1* lr J:: :::,; ;j ;* : -,

,ltj,il?ffi ;;,,:*::[,;;I::jm;T:i:t{f ,f ,ff ::::::::iH=,vont permettre d'envisag., ;?;;r:i:ljlt::* entre Ies deux cuvres, et".,q,. rio n,,.. ;il il IJ: iil :ll: xi:?:.fl.:,

ru,.,.,, i. iu. il [ ro,, u, i.her a un travair du nr, ,o* rr'il;;:;;,.i1,il".:.:r:X XJ#::T,r,., ia.r,

Lp nouaNtseuE coMME ( TRAVATL Du FrLM )Loin d,invalider Iup et La. rr**r'ai\Ypothese du remaker.:.|.r, Ies differences enrre B/o:,termes de reecritur,

I a-vtateur sont au con

ifr Fin:[i;..i{t#X+ti*d1fi;il,pJI*fi[#tijfli.{ n ;;';{: : i;,?H ;T H,ffi ,i: n

;yi t'i-

1

t, p...' a, iu,a i n r.<r nrstorres et d,affabrsuspendu, ,n" ror.llf

io" at"n:'e;;';'J''1"'ioni' au profit de parole''

l:,..,,,, p r,o. g,u p h : ,,i;::!:

i i *: Itil[tTr,I 3?f :',ru;,: : *.caprive, les Buties_ch;;;;?;;,i:f,::,:::".ie qui d,e.mbree I,attire et re.a" e.r"soir, ,i';. ;.';"'3onl font irruption,p* hnrrrd' dr^ li#lu, .,0,

[66x.,,.j.,,,1H: #iil; ::k :"*

ili,*ftT ]: #*:i'#;?d# [1I ; : il il x'J[,'# *:"1lffi I{{t .f ffifl il ",: tr i;physique des grands ,rur", ,r;.ri;;;;,;;:,ll.rr: p3: Ja puissance mera_

:i1'.::r.,, oppose rienr surrour; ;;i;#:]1 g'i':iJI: angraise. Majs ces rnventent les 6tres et <

. eu'esr-ce que Ie .oo'o'' rt '"iiit'"'[tlfl:"{ffi:ff]li:H::l o"

tique de r, "[lrr, 1.'in'lttc"? si le roman

rodere du ;i,;;,';;;Ji.,-l, ,, reproduction mime-tahen promen6 le long de Ia

Dromdur

l0Drcr

11.op. ci

12,

13.p.23-

Page 9: Rêve dans un jardin français. La Femme de l’aviateur et Blow up

R-6vr paivs uN /Al?DrN FRANqals ; La Fsl4r4s lE L'AVIATEUR ET Brow Up

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..e et qui aurait pu Ctre, aussi bien, une photographie' le romanesque est

,r sa part u une^lrz terfbirence entre la litterature et 1a vie > sur 1es modes

'-: 1'attiaction, du recouvrement, de la confusionlo >' Le romanesque est

' :lt tout, selon le mot d,Alexandre Vialatte, une ( optique de spectateur >,

: fois parce qu'il s'agit d'une illusion, d'un trompe-l'ail' et ( parce qu elle

-:pose'la porition d! spectateur et, non d'acteur (y compris de sa propre

-.ttire)" ,. C'est la posture mdme de Lucie' qui se met i raisonner comme

::erlock Holmes - ou comme le fait le photographe de BIow Up' en remon-

'.rt ies agrandissements des photos prises dans le jardin anglais' < Le roma-

.sque []. . ] ,rous fait entrer dans 1'enchainement des choses avec une sorte

- .,'rd.rr.. mddiumnique. Tout se passe comme dans un rdve' et comme

-:ns le r6ve, nous pouvons faire auisi bien l'exp6rience de-l'angorsse et du

:rtige que du plaisir et de la gloirel2 >' Cette qualit6 psychique du.roma-

-.rqi" permet^de le penser .i.n-t la tonalitd propre du travail du fiim

.un, Lo'Fn**e de l'aiiateur: 1a condensation, le ddplacement et la-prise en

:onsid6ration de la figurabilitd i partir de Blotu Up s'y exercent selon cette

..rrme d6lirante de Ia causalit6 qu est le romanesque'

Le discours romanesque - c'est lir son sens ultime - nous introduit

dans un domaine oir la u r6alit6 psychique >' toujours appuy6e sur une

r6alit6 mat6rielle qui lui sert d'alibi, de < r6f6rence >' parfois de (-source >'

n'a cependant ur,.rn ,uppott direct avec elle' [ ' ' '] Le domaine du roman

est celui du fantasme, i esfn-dire d'une organisation inconsciente qui

forme la rdalitd en la d6formant et que, par cons6quent' aucun-critdre

devraisemblance,d,objectivit6nesauraitinvalider.Etlaruse-elleaussiinconsciente du romancier, c'est pourquoi il est en conflit perp6tuel avec

Ie < romanesque ) - est de faire passer cette organisation singulidre pour

la 16alit€ m€me".

DanslecasdeRohmer,laruseestinverse,elleconsiste)sed6marquerduromanesquedupersonnagepourysubstituerl,ambiguit6toutemodernedu r6el. tinsi, la differ.rr.J.nt.. 1a scdne de d6duction de Blow Up et celle

10. Michel Munar, < Reconnaissance au romanesque ), in Le Romanesq^ue' Gllles

o."r"".q "t

Michei Mun-rr (dir.), Paris, Presses soibonne nouveile, 2004'p.231.

11. Alain Sn-trrNpn, < Le romanesque: iddal du roman? >>' rn LeRomanesque'

op. cit.,p.275.t2. Michel Munar, < Reconnaissance au romanesque ), op. cit.,p.226.

l3.BernardPrNceuo,IlExpbrienceromanesque,Paris,Gallimard,<Id6es)'1983'p.23-24.

Page 10: Rêve dans un jardin français. La Femme de l’aviateur et Blow up

270 < Ppur-brnr x,y A_T-rL pAS DERoMIN )...

!;l:,::,K:,!,',1''::::i:'-:'.qu're processus d'interpr6tation n'est p :,,

mors d.une rr.i.t lll]lrncant, mais qu'au.conrraire Fianqois se defie _.

: : :I r ; ;; ;; ;:'j [.'1; ffi H:i 1:""';:I] :: : ; fj ji;; ;",ffi _

.neanmoins en brdche " Ia frontiere t.oprun.h..r,* ,"rrrrio*rn.ro_-,(fond6s sur ],adhdsio" il;;;;;;.;"# vateu11. de ses personnages :"romans du romanesque (fondds r;;i; ;;.".e et'ironie faie aux vareurs :,;::x?:.".: :T;:,;, "

Lu cie eI n*,qor,-,.* i.n r ao,. j,,,,,*glio,,. ..,

rdserve, ;; ;o;;'::;"T:#:: xj;,::,ff JJriX;i:l:::*l;"Ii}.,,Mais qu'en est-ir de Rohmer' qu'on ne saura.it reduire a ses personnae..

,T :ilil;ll,i';::i;:'I1'ff *il;li",l^1 r, ,n*,,ir"" ,1'o',.1,u,0,. ..

J,Tl [':ffi ;:H" p.e,., i u i n,;; : i,,., .. : :":,:,,:i ::,f ,:.::.Tffi ; _

c,ui e.st i. o.'"* i, ffi ;Tffi I"' 8:fi ?jjlm":Tj,,ffk,c'esr Ie rravail meme d" ni,-, p* li,o"r, ir, Llp quip"r, .r." qruli6. ..romanesque' par sa faqon d'incarner, a,ir.r.r.. et brouiher [a purere glac..er abstraite du film a,ento"loni .; ;; h;;r_re sur la question de l,amou:. A un seur 6v6nement photographi6 et anarys6 - une scdne d,amour entr;tnconnus qui s,avdre 6tre un _""*.. _, nJprusieurs,i;t,^"ili.,:..,*ffi ,il;x;:Iffi lx:,ffi ,r.,,,,l"il: jsignifier: Anne et christian au petit rurir, Chrrstian et une autre femme aucafe de Ia gare, par hasard, pr;r'r;;;;;'.'.'airr.l,ecrir Vialarte,. l,amou:est une fagon de traverserle _ir"i.,

", #*.plutot de se figurer qu,on ietraverse, et parce que c'est ; ,i;;;;,?ais viorente et harucinante, i.

:p. :#'ii::,h:l:?,L:ffi*: "1ym'

p arair re'] 5, r, a en',it.., r.pho to graphe antonioni"n r'i""*.di;;r*;"X":1 jl :.ballements, ti o u l e

matdriau aprioriindifftrent, du#;:ff,rrff::,"" " raisonnait sur un

Il y a pourtant des nteur, aoxquel, Frurr.n;ll-ents

focalis6s par Anne d,ans La Femme de l,avia-r.il";;;;;#::H#.:T:ffi :r:;.:J,.,t:J__*t*i:;i:::I4. Alain SHaprNrR,., I

;;*l*::,t{".,;ih;If #i;V,?Gi;.;;il;;,*t;1.1t?"..,,,

Page 11: Rêve dans un jardin français. La Femme de l’aviateur et Blow up

Rivr oeNs uN /ARDTN FRANqars : L'L FElrnr on l'avr'ttrun rr Brow Up 27I

--Lr\.endeprendredeladistanceetd'invalider,avantmdmequilsse

."r1""r, fl, 6chafaudages fantasmatiq": d.tt jeunes protagonistes' Le

.,,atJur peut ainsi repdier l'dpisode-des Buttes Chaumont comme une

:.nthdse frapp6e d. uunite pratique' la poursuite d'une chimdre' Et c'est

.:ment ce d6samorquge ptealablt qui confere toute sa force d'exp6rience

:.c JU rotn?Ilesque et ;J;" sa forme a la [ongue sdquence ?:t]Y:T ltt

..r tiers du film, i concevoir dds lors comme un moment dont ]a fina'

:restpasd'etablirunev6rit6d6jiconnueetdontlaldgitimit6n'estpas,ratique mais fantasm"ti;;, bref f exp6rience d'une dvasion hors de la

.ude et des contingences mat6rielles' Comme 1'analyse Bernard Pingaud'

: romanesqu. ,. ,rorut 1o"ifi6 to--t lecture formante/d6formante du

. '.i-i.

p"itsuite de l"'autre" - sur quoi repose tout le charme suspect

- :oman - fondde comme l'unique -tytn de viser un "m€me" qui nous

,-.;;;;.. ddfinition. Le p'ychattalyste [le.lecteur de roman ou le specta-

, --r rohm6rien aussi Ui.nl'u'uffuite ) des d6formations qui sont des d6for-

..lions de rien, d'un ,i.n, "n ft"

comme les fameuses variations Diabelli

. J.ethouen sont, d la limitt uu"i, des variations sans thdmer6 >' Dans cette

:miare d,es comidie, ir iroirr:ur'rdont le sous-titre est, faut-ille rappeler,

. n ne saurait penser d riin ',1'affabulation romanesque semble le masque

..me du remaker..r"t, ltl"otte emprunt6 par le travail du film pour faire

: rrre ) une histoire sur un rien plut6t que sur Blow Up'

L'imagination romanesque i lorigine de f invention de LaFemme de

;, ioteura d'ailleurs laissd un indice de son travaif indice i la fois exhib6 et

.Jirect, comme urr. t.ti" uo1et, fo"ae sur la spectature et l'analyse du film

-.\ntonioni. Pourquoi ih'i't'" est-il en effe1 aviateur' et pas diplomate

. :r exemple - autre -etitr-tt'u'ltmatique qui 1ui permettrait 6galement de

rvager? Lhypothdse q,t lt fo"rrttle ici a.un double rapport avec le roma-

'.sque, ) la fois .o**t-iittrrsification de la vie (un tel m6tier fait rdver'

.'irtout avec un nom aussi d6suet, marqu6 par l,esprit d,enfance), et comme

:ar,ail du film.

Concernant ce dernier point, un retour d Blow Up s'impose' Sa struc-

. rre en est, comme r1r|I"- aJ ro i rmme de l' aviateur,boucl6e et sym6triquer 7,

16. Bernard PlNceup, < Le romanesque comme fantasme >' in Ret'ue franqaise de

.':..'chanalyse,t. 38, janvier 1974,p''' --, .-,_^.,-^,,-nue celui d,Anto,ioni, comporte

17. Le film de Rohmer, sans dtre aussl rlgollreux L

.,salement une structureH;;;;.,ilo-il-.rl.. i l, nu.. de I'Est' puis enchaine

-'nez Anne, dans un t"f6,;;^i; bureau d'Anne"luni un autte cafd' aux Buttes-

-

Page 12: Rêve dans un jardin français. La Femme de l’aviateur et Blow up

272

organisde autour des diff6rents lieux et femmes que re h6ros travers. :rurencontre' La prem1e1e, re mannequin verushka, est aussi la dernidre c_ tverra (alors qu'elle 6tait cens6e ctre partie a laris), et f".*; ;ir;i; prer. ycercle autour du h6ros' puis c'est, tou. a tor. et chacune ) deux r"prir.. -femme de Bill, les apprentie, -urrr.qrirr, (dont /ane Birkin), l,incon--"r:jouee par vanessa i.dgrru., d'r,;;;;;s le parc puis dans son sru*.Le point de sym6trie, .."1"i 91,

le r6cii plr",. sur lui-m6me, a lieu dans ;magasin d'antiquit6s oir le.pho_togrrphi .*.ortre, une fois seulement, ._-rcinquidme femme a raqueire ir ,init. ,.. immense herice. Lobjer, rc._.mineux, sera livre peu aprds a son domicir. A..;;;:;;ri;^,[Joono.-personnage de Vanessa Redgrave, qui lui demande a quoi gu ,.ri,'o A .l..C'est beau >. Dans ce- qui, ui, ,u irltt. .i ,o, pronfage, ne peut €tre qu,u:-:helice d'avion et cui fonctionne a"r, r" ni* comme re signe le plus 6tran..de l'opacite insenree a., ,ona., ar^, ;; il, qui n,en esr donc pas un. .a comme |ombilic de ra r66criture, la trace du travail du film rohm6rien .:;ff,:ffi|}::lffiTJL',Tj romanesque qui s'arnche jus-q,. i"", ,", ,i,,.

Lp :rRaulrarreuE, DU rn6ontupo,ANtoNroNI AU IEU nonlrfRmN

Il reste i examiner li p:rl d,approfondissement ou d,anamndse du rrau_matique, d'Antonioni d Rohmei purrqr" .;.r, l,un des critdres ddfinitoire,du remake secret mais aussi l'un'des-;;t;;d'a_choppement

res prus pro-bables dans le couole,qr. forn,.rr g;; ii et La Femme de l,aviareur. L:film d'Antonioni ne dgli." en eflet pas l,ir{presrion d,ignorer quoi que c.soit de la misere marerieile.,.*ir,Jrri.tl.'lr.*r, du Swinging Londor:alors que te film de Rohmer, dili" iii;;;,ia. ru parenthdseloiru.,.rqr.aux Buttes-chaumont, apparait .o-*Jrr" *rsion rdsorument ensoreill.e.Faut-iI donc inflechir le iadre rhd"riq;; ;; remake secrer, bien que soiroperaroire, dans d'autres euvres, t,rngle pry.hr;;i;il;:';,r r.[Jair surla latence et le refour6, ou.doit-on prrio, i"*siner que le film de Rohmerest moins gai qu,il n,en a l,air, un p.u .o._.iu ph;;;g*;hi; ;;;;.r",nage d'Anne devoire, sous Ie sou.i.e ,iriJ", r, irirtesse iniondabre des yeux :car au-deld de ra fausse piste du poru-r-oii'iu. Lucie a tent6, au 916 d,un

chaumont' et apres cet episode unique revient sur ses pas,,,dans un caf€ i nouveau,oans le bureau d,Anne, chez elle, et pour fi;i;; i;;"." de I,Est.

< Ptur-.6r_ar iv,y A-T_IL pAS DERoMAN )..,

Page 13: Rêve dans un jardin français. La Femme de l’aviateur et Blow up

Rr6v-e oeNs uN /ARD'IN F-RANqa-rs : L't Fsr4N{r oB r'evlarnun -er Brow Up 273

: rilaflt < tree fetish) mais sans succbs' de d6cadrer Yers ( la femme de

- rateur r, la s6quen;;;t g;ttt'-cttuomont est 1'6crin d'une seconde

. -,tographie, celle de sa fianc6e que Frangois montre ) Lucie' La question

-: -'interpr6tation n esi*Jonc pas'cantottn6e' chez Rohmer' au d6montage

. .rrait d,une s6rie de clich6s d,6trangers pris de roin, mais s'exerce sur

rjet le plus intime q*;;^i; f*tu' dJ f imuge fixe' s'avdre le plus distant

: est sans doute l), i';'i;iilt;i' qot te'idt I'impense du texte d'Anto-

.-rni que Rohmer thii;;;ii;J'poo'lui-mdme' Toujours est-il que

' :ncois rectifie f" *ep'1" ae Lucie' qui trouve.l'ai1 melan::Tl:.1.O"nt'

,- ;[,.J;;;^fu;- tri! est gaie' mais]"'qu I elle s'arrange toulours pour

. ..rir 1'air triste en Photo' >

Une premiEre fagon de traiter des rapports au traumatique dans Blow Up

.'. La Femme d, t'"iotii' 'onsisterait

do" a minorer le caractdre ddsesp6r6

-; premier et a accentue;;ilie; second: chose aisde du c6t6 de deux fllms

,rodernes qui maintiennent l'ambiguitd et restent des formes ouvertes ) la

::ojection de chaque 'ptti"tt"t' Ailnsi pourra-t-on dire de Blow Up que la

':aiectoiredesonherosestunParcoursinitiaticuereussi'quipassecertes

:ar 1'exp6rien.. b"ltult du dessaisissement et de la perte mais debouche'

.: Iendemain matin,'r;; i;;;e d'apaisement i travers la prise de

:onscience de la positiriie Jt t'imugit'ation' De mdme a-t-il 6t6 argu6 que

Franqois [ . . . ] est Ie ;;;;;ts' i; ilq u'L1;o"t de Rohmer' 11 6choue 2t se

..risir des r6ves pour #ilffi;Z.i ta r" difference de F6licie dansLe conte

.i'hiver'),i1 ne b6n61icilil;; ;iracle !a la diff6rence de Delphine dans

Le Rayon vert). Sont"ti il"t-aoute de dire et penser quune histoire "ne

sert ) rienl,ru,'o"t'?i'f;;;;1il'ginaire' t'.' io' implct possible sur le

rtlel'8 >. Une telle solution ne convainc pas vraiment puisqu elle fait fond

sur le refus des deux hlms d fixer le sens: pour mettre en pratique les oscilla-

tions du point de '#;;i *"t i" tt"rtleqon ferme de Ia modernit6' elle

avoue d'emb16e son i"tltte* instable' On pourrait donc d6fendre' tout au

contraire, qr. t'e'u'oi'i"t*t"' du photographe fondu' au dernier plan de

Blow I,Jp dans Ie ttJfi;;;i;*".L"tti6tt ,.'t" pu' un 1ie11"niryt:lilil;, il;mdu nlm J. Rohr,].r laisse peut-atre un espoir ) Frangots qut,

I8. Francis VeNove' " Rever l'amour' rever.la mort' rever des 6lms' A propos

d,Eric Rohmer et d,Ar;in R;r.ui. ,, in Rive et cindma. Mouvances thdoriques autour

11'un champt""'1' lu1-i'"nt;';;;';;\J(] tr-ttlnl-it Irao"rrr (dir')' Nanterre' Presses

""i"*tii.i',.. de daris Ouest' 20 I2' p' 23-30'

Page 14: Rêve dans un jardin français. La Femme de l’aviateur et Blow up

274 < Prur-hrnr x'y A-T-:L pAS DE_RoMaN )...

malgrd la d6couverte des riens entre Lucie et son co,dgue, choisit de pc,:.rquand m6me le < fin mot de l,histoire ,.D'aileurs' le rapport au rder - limites de ra perception, irruption de la-. .-lence et de la mort _ est_il le seul ,r*ra *ur_atique de Blow Up,qu,-t:. _nioni escamoterait grAce urr _la.r-tulrA, qr. Rohmer le remet en ie. :,:faqon oblique via re romanesque? Il ya un autre point aveugle potentieJ :_,le cineasre de l'incommunicabilite, irrit. rilt.rri ptus frort-rl.r.nt, er c _ .

Rohmer fait la matid,re m6me d. r; fir;, r.r"" r"'aJ-"..i.'a'".'*pii.irrr',.de recentrement et d'exac..urtio" Ju'-r)'*"orrsecret. Le v6ritabre refoure :.!'"y 'p,-

ce qui s'y donne a .ei"t i"t""t, lrgge.e mais non affront6, ins .,tant et obtus - conccunsecondtyp.a,urt.Tt'Ji':i:i:';:.':l?ff -Tff ::::.,;h.;.,.rr,X:1ll-excellence,la femme. Leui grand ,o_i*

".;,,; #,T,:::,T-"^r:l'incapacit. ;;;h;;;s.,pr,I a r*. p,.;;;J;[:irr,.,x,jl'.,j1;, ainsi c -.Dans l'hypothdse du remake secret, ce n'est donc prus un hasard si, ch:_-Rohmer' le seul corps qui disparaisse p*r r. r.i*;;;il;;il;l1lr rittu..sonore ne soit pas la depouille morte,e d'un rnconnu mais cerui de Luii.la jeune fille inaccessibr", reinca.ne" ., ""* chant6e d,Ariere Dombasi;Dans Blow Up,1,6pisode d. roy.u.irm. "iI pfr"r";*#ffi."n. r. .0,port sexuel de Bill avec sa femme .rt t.ritZ'."lrf" #:::*.ilmutisme,..gu.Jfi ,"typnorrr.,;;;;.;;:;;,t:ITJI;i:il:J#H,1,;:

fraction de seconde qri semble ;;;.;;;;ri; mataise. Et c,est nue sous unirobe en mailles de fitt 6carlates q". [;;;e de Bil] rendra ensuite visiteau phorographe dans un atelier d'it aa;;;, route trace du crime, hormisl'agrandissement ultim^e-qui ressemble.rii"rf., abstraites du mari peintre:fagon de signifier, en filigrane, h;;;;;uiee de la donne sexuelle. lafemme est presentee cgmme ce qui frappe de stupeur, tige jusqu,a Ia morr::l[:f.T:l:Ji,la

mediatio" aJrl o#,i**in,e n,esr au rondqu,un bou.

Si la femme, son sexe et sa parole, sont bien au ceur du traumatiquerefoule de Blow up, comment Rohmerreu. fuit-, fui.. retour dans r a Femmede l'aviateur? Selon une double ,rrr*gi. d; conrre_pied, qu,on pourraitresumer un peu vire ainsi; prus de ,r"lr,"^";r, d. .;;;;.'#i*#)rrrg,.rohm6rienne, ici comme aiileurs, .r, f"ii. a.-aiutogr., ,u;"rirr,, qritous pointent les m6canismes incons.l.rrtrJt,*u;;-;;;;;iri. ., f.langage, la denesatior, t. -.rrorg.,-t..ifi*possibilit6 i atteindre unechimerique 'eritr des dtres. Bien qr". ..,,. a.r.ription rapide puisse c'nve-

- .1.: a:::

Po

aate(

le m;ieme

qui c

miqr.

svstibiensa toddm,

Unrier-t

Fran

19.Noel

),0.

Ier-ner

Page 15: Rêve dans un jardin français. La Femme de l’aviateur et Blow up

REvr paNs uN IARDIN FRANqars : L't FtuuE DE LJAvIATEUR ET BLow UP 275

rr: a tous les films du cin6aste ou presque' cela ninvalide pas pour autant

'voothbse dt remaket[J:;;; i''non1u'ut'tts films qui offrent un texte-

Lrrce potenti.l, nohmt'tnoi-'iin"u"llement ttu' q'i le touchent le plus'

:noir par exemple'" ou ceux que sa propre esthetique peut pousser dans

..ur retranchement - Jri;d. r. p-..irrrs esr sans doute moins de poe-

-que consciente que d'innutntron'

Ouant au corps, uo to"ttui" de certains films comme La Collectionneuse

r ;66 ) "; Pa uti ne' 11

ri''r1 i 1

t;; ; l' ::l ::

"'# ;::::,:H,:' :::,?,i!:

.*rru:"1;l:;:H[i]Tl6'[:?:ff'liil'l"r'*ie"r'leuevertede

.on studio mansarde dorr-r"r-ri|ilnpression de froid, de repli' et non d'6ro-

:isme. Bien plus,Ie '"#ffi;'dH;llilranqois me semble assez peu

;r6dib1e pour les u'-t"eJ' tgso' it accepte 'u"' i'op de mal qY't|t se refuse

a lui, il se situe, u"t 'i' vingt ans' uo tt"t'" t*uit dt' duo feminin form6

oar Anne (25 ans) tt f-otit (iS an')' comme entre deux chaises' abonn6 aux

..hur.g., ptutonlqt"' I'o;i;i ;;{t' au fond' s'accommod:' uu:: calme'

Tout se passe comm. ,r r:."g"[* Ju'photographe deBlotu up avait fini par

."g."at., des conduiles d'6vitement' -,

Pour conclure sur la dimension traumatique' force est de constater que

La Femme '.e

l'aviarei';;;;;;' ""u' d't'toit quientre sans accroc dans la

categorie du remakeJ:tH'd;;t'r'tui,t *'f i"t t"' meme s'il'ressaisit

le mat6riau a'A'"to"io"i' it tt t'uitt )''ot'u"uo'"tlo'-' "tt logique de refou-

lement encore pro, ,u"ijjur. c'est d'uill.rrrs,sans doute cette dernidre notron

'qui co nti nue u.

?'1: ;*#;i::'",::ff ; ffi:: f ;Ttttr,f' tntr* p'yl,o* s:,I ;.J,ilffi::I;l"ii';;",. d, a,i n n outre, quand

svstdme n6cessarrem

lrien mdme le film d. *ffi:;;ffi.iuit t. tru.r,,utiqot latent de Blow Up'

sa tonalit6 -elnt "ifigt a toi' dans cette remise en jeu' pr6cis6ment' une

tT;::,'"1l:'.-*rrpournnir''":T-'#$;iifi I.t;1J:i;:iiH;

""H::'.1y#:;1ffi

*iflJj,;J:r;\ff il'i;;;ei"";';sado'ilitiqui

I e' F ra ncis V'q N ow' " Roh mer' Renoir et le co:i::til:l';;': * t;' {5''"

";:

o' "'

'..11 T;i:i.*|:l::t": ;:;i:::Tiff:';i'*'i'n'" o* nlms rre Roh ner' ega-

lement Photo*"0n"'J'l'o'i"t''t" i' r'*i''a','t"')':i''ii-'' repond que Philippe

Page 16: Rêve dans un jardin français. La Femme de l’aviateur et Blow up

276 ( PruT-ErRE N,y A-T-rL pAs DE RoMAN )...

en avait fait le souffre-douleur de Pialat dans passe ton bac d'abord ':.- t

a peut-dtre 6t6 choisi pour une raison que la perspective d,une hrle: ,::

tualit6 ludique 6claire: 1) oir David Hemmings joue un personnage i.,. --,du cin6aste d'avant-garde Peter !\4ritehead, l'onomastique semblalt er :r:'.destiner Philippe Marlaud i n'dtre que le priv6 i la petile semaine QU- ::" ,son enqudte sentimentale dans un jardin frangais.

Marie I1...Universitd de Pc, . ,'

Marlaud a donn6 toute satisfaction ) Rohmer qui, sans Ia mort prdmaturde du jeuneacteuq aurait souhait6 en faire un habitu6.