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REPR ´ ESENTATION SOCIALE DE LA DEMOCRATIE Une ´ etude compar´ ee Alg´ erie / France -/ Tunisie ecile Perret, Jean Moscarola, Youn` es Boughzala, Meriam Karaa To cite this version: ecile Perret, Jean Moscarola, Youn` es Boughzala, Meriam Karaa. REPR ´ ESENTATION SO- CIALE DE LA DEMOCRATIE Une ´ etude compar´ ee Alg´ erie / France -/ Tunisie. 2014. <hal- 00980886> HAL Id: hal-00980886 http://hal.univ-grenoble-alpes.fr/hal-00980886 Submitted on 18 May 2014 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destin´ ee au d´ epˆ ot et ` a la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publi´ es ou non, ´ emanant des ´ etablissements d’enseignement et de recherche fran¸cais ou ´ etrangers, des laboratoires publics ou priv´ es.
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Representation sociale de la démocratie

Sep 15, 2015

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DN Costa

Estudo comparado entre França e Argélia.
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  • REPRESENTATION SOCIALE DE LA DEMOCRATIE

    Une etude comparee Algerie / France -/ Tunisie

    Cecile Perret, Jean Moscarola, Youne`s Boughzala, Meriam Karaa

    To cite this version:

    Cecile Perret, Jean Moscarola, Youne`s Boughzala, Meriam Karaa. REPRESENTATION SO-CIALE DE LA DEMOCRATIE Une etude comparee Algerie / France -/ Tunisie. 2014.

    HAL Id: hal-00980886

    http://hal.univ-grenoble-alpes.fr/hal-00980886

    Submitted on 18 May 2014

    HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

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  • Notes de Recherches, n12-02, IREGE, Universit de Savoie

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    REPRSENTATION SOCIALE DE LA DEMOCRATIE Une tude compare Algrie / France -/ Tunisie

    Ccile PERRET (Matre de confrences, IUT de Chambry / Universit de Savoie)

    Jean MOSCAROLA (Professeur, Universit de Savoie)

    Youns BOUGHZALA (Consultant Sphinx, Docteur)

    Meriem KARAA (Matre de confrences, IUT de Quimper, UBO)

    Inimaginables il y a encore quelques mois, des vnements extraordinaires se droulent actuellement dans un certain nombre de pays du Sud de la Mditerrane. En Tunisie, le 17 dcembre 2010 un vendeur ambulant tunisien de 26 ans, Mohamed Bouazizi, s'immole par le feu. Ce geste est le dtonateur du soulvement de la population tunisienne qui conduira au dpart de Zine El-Abidine Ben Ali du pays le 15 janvier 2011. Le mardi 18 janvier, deux cas dimmolations surviennent en gypte.1 En Algrie, une dizaine dimmolations ou de simples tentatives ont t recenses en ce dbut 2011.2 Il a failli tre le Mohamed El Bouazizi de la BDL . Lui, cest Lakhdar Malki, un agent de scurit de la Banque de Dveloppement Local qui a tent de simmoler par le feu commente le journal algrien El Watan.3 Depuis la fuite du Prsident tunisien Zine El-Abidine Ben Ali, certains utilisateurs marocains de Facebook ont remplac leur profil par un drapeau tunisien "car ce qui s'est pass en Tunisie, c'est de l'actualit marocaine", explique l'un d'entre eux.4 Si comme le dit si bien Boudjema Ghechir, Prsident de la Ligue algrienne des droits de lhomme, les rvolutions ne se copient pas, car chaque socit a ses spcificits 5, il nen reste pas moins que les vnements actuellement en cours posent question aux gouvernements des pays du Sud mais aussi du Nord de la Mditerrane. Ainsi, aprs de longs jours de silence, le 3 fvrier 2011, le Prsident algrien Abdelaziz Bouteflika promet de lever l'tat d'urgence6 (en vigueur depuis 19 ans dans le pays pour lutter contre les violences islamistes) mais il rappelle que les marches7 sont toujours interdites Alger, ville qui fait exception dans le pays. Dans la mme journe, en gypte, et alors que les manifestations senchanent place Tahrir depuis plusieurs jours, Hosni Moubarak dclare qu'il tait prs dmissionner immdiatement mais qu'il craignait le "chaos" en gypte 8. On connat la suite Toujours le 3 fvrier, au Ymen, des dizaines de milliers de partisans de l'opposition (le plus grand rassemblement jamais connu contre le

    1 gypte : dcs d'un homme qui s'est immol par le feu Alexandrie , Le Monde, 18 janvier 2011. 2 Immolations. Revendication par le suicide , El Watan, 31/01/2011. 3 Cela sest pass hier devant la BDL de Staoueli. Une tentative dimmolation se transforme en mouvement social , El Watan, 31/01/2011. 4 http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/01/18/. 5 Les rvolutions ne se copient pas , Nouri Nesrouche, El Watan, 03/02/2011. 6 Cest lune des revendications de l'opposition et de la socit civile qui se sont regroupes en une Nouvelle Coordination et ont annonc une marche Alger pour le 12 fvrier 2011 en faveur d'une dmocratisation et d'"un changement du systme ( Algrie: Bouteflika promet la fin de l'tat d'urgence et l'ouverture de la radio-T , dpche AFP - 03/02/2011 22:42). Le 22 janvier, le Rassemblement pour la Culture et la Dmocratie avait dj manifest. 7 Linterdiction des marches populaires Alger remonte prcisment au 14 juin 2001 ( L'interdiction des marches dans la capitale toujours maintenue. Alger sous rgime policier , Mustapha Benfodil, El Watan, 05/02/2011. 8 Direct Egypte : Moubarak pourrait dmissionner mais craint le chaos , 03-02-2011 23:06 (http://www.metrofrance.com).

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    rgime du prsident Ali Abdallah Saleh au pouvoir depuis 32 ans) rclament un changement de rgime, au lendemain de concessions annonces, sous la pression de la rue, par le Prsident Saleh.9 Aucun pays de la zone ne semble pargn par la contestation : Syrie, Jordanie, Libye Les mouvements de protestation se propagent sur la rive Sud de la Mditerrane et semblent aujourdhui atteindre les pays de la rive Nord, car, que rclament les indignados espagnols sinon galement avoir droit un avenir ?

    Le mouvement actuel prend galement une forme indite par lusage des nouvelles technologies : tlphonie mobile, Internet (rseaux sociaux, blogs) et vidos. Il projette sur la scne du Web et mme politique de nouveaux acteurs (un blogueur, Slim Amamou, nest-il pas devenu secrtaire d'tat la Jeunesse et aux Sports en Tunisie ?) et de nouvelles formes dexpressions. Avant le discours de Zine El-Abidine Ben Ali du 13 janvier 2011, en Tunisie, laccs Internet tait largement censur : pas d'accs YouTube ou Twitter par exemple. De cette faon, l'lite au pouvoir s'assurait d'empcher l'information clandestine de circuler. Mais le gouvernement avait oubli Facebook. Avec 2 millions d'utilisateurs tunisiens, lorsque la vido de Mohamed Bouazizi, l'homme qui s'est immol Sidi Bouzid, est diffuse via le rseau social, le mouvement prend de l'ampleur et poursuivra son escalade jusqu'au dpart du dictateur 10. Les images du soulvement tunisien ont t diffuses dans les populations des pays aux rgimes autoritaires alentours. En Afrique du Nord, des mouvements dissidents se constituent peu peu via la Toile. Alors que laccs Internet tait libre en Algrie, et tandis que la blogosphre algrienne est en bullition depuis quelques semaines, des internautes accusent le gouvernement davoir pris des mesures pour censurer Internet. Selon eux, Twitter, Facebook et les SMS auraient ainsi t bloqus par intermittence 11.

    Aspirations la libert, la dmocratie et au bien tre les manifestants de nombreux pays expriment des formes mergeantes de la contestation et de lmancipation mme si les contextes nationaux sont forts diffrents en terme de libert de la presse, danciennet des mouvements de contestation12, de formes et de lampleur de la corruption, de ressources stratgiques (ptrole, gaz), de place de larme dans la socit, de multipartisme13, daccs aux nouvelles technologies Les questions souleves dans cet article sont les suivantes : Comment les populations du pourtour Mditerranen peroivent-elles ltat de la dmocratie dans leur pays ? Comment expliquent-elles ce vent de rvolte ? Quelles sont leurs attentes ? Leurs espoirs ? Leur rve davenir pour leur pays ? Les aspirations ou proccupations des jeunes du Sud de la Mditerrane sont-elles trs loignes de ceux des jeunes du Sud de la Mditerrane ? Quelle est leur reprsentation sociale (RS) de la dmocratie ? Ces questions nous semblent aujourdhui pertinentes non seulement pour les populations de la rive Sud de la Mditerrane mais galement pour celles de la rive Nord dont certains des pays traversent une crise conomique et/ou morale sans prcdent. Pour illustrer notre article, nous utilisons les donnes collectes par le groupe Reflets Mditerranens14. Le questionnaire de ce

    9 Ymen: manifestation monstre de l'opposition, Obama salue les rformes , De Jamal Al-Jabiri (AFP). 10 Rvolution - La Tunisie contamine ses voisins par internet ( http://www.lepetitjournal.com/homepage/a-la-une/71533-revolution-la-tunisie-contamine-ses-voisins-par-internet-.html). 11 http://www.france24.com/fr/20110124-2011-01-24-1511-wb-fr-le-net 12 Printemps Berbre en 1980 en Algrie... En Kabylie en 2001, 126 jeunes manifestants ont t tus ( Larme algrienne et le dfi dmocratique. Face un dilemme historique , El Watan, 03/02/2011). 13 En Algrie le multipartisme a t instaur suite aux meutes d'octobre 1988. 14 Cette tude a t ralise grce la banque de donnes du collectif de chercheurs Reflets Mditerranens compos de Jean MOSCAROLA (Professeur, Universit de Savoie), Ccile PERRET (Matre de confrences, Universit de Savoie), Youns BOUGHZALA (Docteur - Chercheur associ - Consultant, Universit de Savoie - Le Sphinx), Mariem KARAA (Docteur - ATER, Universit de Savoie), Ins BOUZID (Doctorante, Universit Paris-

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    collectif a t diffus en plusieurs langues (Anglais, Arabe, Espagnol, Franais) sur le pourtour Mditerranen ; nous utilisons prsentement les donnes collectes grce la diffusion en ligne du questionnaire en langue franaise. Cet article prsente dans une premire partie la notion de reprsentation sociale (Moscovici, 1961, Lo Monaco et Lheureux, 2007, Rateau et Moliner, 2009) qui sera le fil conducteur de la prsente tude dans laquelle seul le contenu et non llaboration de la reprsentation sociale est analys. Dans la deuxime partie, nous prsentons les outils utiliss et la logique du questionnaire dont loriginalit rside dans le recours un mur dimages. Enfin, nous analysons nos rsultats dans la troisime partie.

    I. Les reprsentations sociales (RS)

    La pense naturelle ou connaissance de sens commun, qui nest pas dpourvue de logique, est dfinie en contraste avec la pense logique et rationnelle du raisonnement scientifique (Berger, 1999). En tant que structures sociocognitives, les reprsentations sociales sont des modalits de la pense sociale que lon oppose de faon traditionnelle la pense logicoscientifique caractrise par des raisonnements de type hypothtico-dductif (Guimelli, 1999 in Lo Monaco et Lheureux, 2007 : 56-57). La pense naturelle peut entraner les sujets faire des corrlations entre des vnements qui ne sont pas lis (Berger, 1999). Elle est surtout caractrise par une impermabilit l'information : nous recherchons de prfrence les informations qui confirment ce que nous pensons dj. Nous avons nos thories implicites. Cette pense naturelle utilise en particulier des informations parcellaires, est gnralisatrice, fait recours aux truismes culturels et aux strotypes partags par un groupe etc. (Berger, 1999).

    Nos raisonnements quotidiens ont un caractre pr-logique et une dtermination socio-historique (Levy-Bruhl in Rateau et Moliner, 2009 : 6-7). LHomme comprend et interprte le monde qui lentoure partir dun systme de croyances que la socit et les groupes auxquels il appartient lui imposent. Les activits cognitives de lHomme sont conditionnes par ses insertions sociales. Cest donc travers ses insertions quil faut rechercher les principes de production et de rgulation de ces activits cognitives (Rateau et Moliner, 2009 : 7). La pense naturelle nest pas fausse ou biaise ; elle est oriente par un systme de croyances et possde une cohrence propre quil est possible danalyser et de comprendre.

    I.1. Strotypes et reprsentations sociales (RS)

    Les deux concepts de strotype et de reprsentation sociale renvoient des phnomnes de croyances collectives, des ensembles de croyances produites et partages par un mme groupe social et qui participent la comprhension de lenvironnement social et la rgulation des relations intergroupes (Rateau et Moliner, 2009 : 17-18). Tous deux se caractrisent par une dimension valuative. En quoi diffrent-ils ? Si les strotypes se rapportent des groupes sociaux, les reprsentations sociales peuvent concerner tous types dobjets (Rateau et Moliner, 2009 : 18) : un pays ou un concept comme par exemple lide de dmocratie. Si les strotypes se caractrisent par leur simplicit car ils sont constitus dun petit nombre de traits, les reprsentations sociales sont des univers dopinions (Moscovici, 1961) qui peuvent rassembler un nombre considrable de croyances. Enfin, les RS sont des ensembles structurs alors que dans le cas des strotypes la nature de ces liens et le rle

    Dauphine), Delphine MIEGE (Docteur - Consultante, Le Sphinx), Pascal MOLINER (Professeur, Universit de Montpellier III), Abdelfattah TRIKI (Professeur, Insitut Suprieur de Gestion de Tunis).

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    jou par les diffrents traits nont pas encore t entirement explors (Rateau et Moliner, 2009 : 18). Pour Lo Monaco et Lheureux (2007 : 56) la reprsentation sociale est un mode spcifique de connaissance et se rfre quelque chose , dsign sous le terme gnrique dobjet . Le courant des reprsentations sociales initi par Serge Moscovici sattache comprendre comment une vision commune dun objet peut tre partage par des individus appartenant un mme groupe (Maury, 2007 : 7).

    La reprsentation sociale est la fois : - une structure cognitive (mentale) agrgeant divers constituants ; elle est stocke en mmoire et associe un objet (Lo Monaco et Lheureux, 2007). Elle est apprhende comme un ensemble dinformations, de croyances, dopinions et dattitudes propos dun objet donn (Abric, 1994 : 19). Une reprsentation sociale est le produit et le processus dune activit mentale par laquelle un individu ou un groupe reconstitue le rel auquel il est confront et lui attribue une signification spcifique (Abric, 1987). - et une forme de connaissance Cest une forme de connaissance, socialement labore et partage, ayant une vise pratique et concourant la constitution dune ralit commune un ensemble social (Jodelet, 1989 : 36). Il existe par consquent un lien entre connaissance et reprsentation sociale. La reprsentation sociale est la fois individuelle et dtermine par le systme social : elle est individuelle car dtermine par un individu qui a son propre vcu, sa propre histoire et elle est dtermine par le systme social dans lequel sinsre lindividu. La reprsentation sociale est socialement labore et partage ; elle se constitue partir de notre socialisation. Elle concourt ltablissement dune certaine vision dune ralit commune un ensemble social ou culturel. Il sagit donc de constructivisme social ou parfois constructionnisme social puisque la connaissance est dcrite comme un processus de construction de la ralit [] (Berger, 1999).

    Plusieurs individus peuvent crer et adopter la mme reprsentation dun objet (le pays Maroc par exemple) et sy rfrer pour interprter et anticiper les vnements du monde extrieur (interprter un vnement dans le pays : une grve, une manifestation, etc.) en fonction dides, dopinions ou dinformations perues. Dans ce cas l, la finalit de la reprsentation sociale est symbolique. La finalit dune reprsentation sociale peut aussi tre opratoire ; comme par exemple possder des connaissances qui nous permettent de nous prmunir de lexposition aux risques de mauvaise information. Cest donc une structure sociocognitive, qui reflte plus la place similaire quoccupent plusieurs individus dans la socit, que leurs personnalits ou expriences propres (Lo Monaco et Lheureux, 2007 : 56).

    Pour les auteurs dits constructivistes, la ralit que nous percevons est un construit, nous sommes la fois les acteurs et les auteurs de ces structurations. Dans un groupe social donn, la reprsentation dun objet correspond un ensemble dinformations, dopinions ou de croyances relatives cet objet. Nous slectionnons un certain nombre dinformations (notre rationalit est limite en termes de capacit cognitive et d'information disponible) provenant de notre environnement et filtrons celles qui nous paraissent pertinentes. Ce processus est largement inconscient. Certaines routines s'tablissent et amliorent la prcision et la rapidit de certaines procdures qui peuvent devenir automatiques mais ceci se fait parfois aux dpens de la capacit traiter des messages plus inhabituels (Berger, 1999).

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    Si linstar de Moscovici il faut considrer quune reprsentation sociale est compose dlments cognitifs, elle est aussi compose (Moliner et alii (2002 in Maury, 2007 : 3) dopinions (qui sont du ressort de la prise de position), dinformations (qui sont du domaine de la connaissance) et de croyances qui sont du domaine de la conviction.

    Quatre caractristiques principales sont retenues par Maury (2007 : 4) pour dfinir une reprsentation sociale : - Cest un ensemble organis : la structure et les lments composant les RS entretiennent entre eux des relations. - Elle est partage par les individus dun mme groupe social. En gnral son caractre consensuel partiel dpend de lhomognit du groupe et de la position des individus dans le groupe dpend son caractre plus ou moins consensuel. - Elle est produite collectivement loccasion dun processus global de communication. Grce leurs changes et aux informations auxquelles les individus sont exposs, ils vont mettre en commun des lments qui vont constituer une reprsentation sociale. - Elle est socialement utile pour apprhender lobjet auquel elle se rapporte. Elle reprsente un systme dinterprtation et de comprhension de notre environnement.

    I.2. Les fonctions de la reprsentation sociale

    Les fonctions de la reprsentation sociale sont : - La communication : la reprsentation sociale est pour les individus un code pour leurs changes et un code pour nommer et classer de manire univoque les parties de leur monde et de leur histoire individuelle ou collective (Moscovici, 1961 in Roussiau et Bonardi, 2001 : 17). Pour Moscovici, elles permettent aux individus de disposer, propos de lobjet, de croyances communes ncessaires leur comprhension mutuelle lors de leurs interactions (Lo Monaco et Lheureux, 2007 : 58). titre dillustration, lorsque des chercheurs en conomie spcialistes de lAlgrie parlent entre eux de ce pays, ils savent quils abordent la question du dveloppement conomique. Deux touristes amateurs du pays auraient une toute autre finalit dans une discussion sur lAlgrie : y passer de bonnes vacances par exemple. La communication sinscrit dans deux registres diffrents.

    - La reconstruction du rel : les reprsentations sociales nous servent de guide dans la faon de nommer et de dfinir ensemble les diffrents aspects de notre ralit de tous les jours ; dans la faon de les interprter, de statuer sur eux et le cas chant de prendre une position leurs gards et de la dfendre (Jodelet, 1997 : 47). Les reprsentations sociales guident les actions, car dfinissant la finalit des situations en lien avec lobjet, constituant des systmes dattentes/danticipations et ayant un aspect normatif prescripteur de comportements (Abric, 1994 in Lo Monaco et Lheureux, 2007 : 58).

    - Une fonction identitaire Le groupe prend conscience de son unit par la diffrenciation avec les autres en construisant une reprsentation sociale qui lui est propre (Dubar, 1996 in Lo Monaco et Lheureux, 2007 : 58). Pour reprendre notre exemple, un simple touriste pourra trs vite reprer quune personne qui tablit un lien dinterdpendance entre dveloppement conomique et Algrie nest pas un membre de son groupe dappartenance. Pour Doise (1990 : 127) les reprsentations sociales sont des principes gnrateurs de prises de position qui sont lies des insertions spcifiques dans un ensemble de rapports sociaux .

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    - Une fonction justificatrice (Lo Monaco et Lheureux, 2007 : 58) qui leur permet a posteriori de justifier des prises de position ou des comportements. Les reprsentations sociales sont des points de repre pour largumentation.

    I.3. La thorie du noyau central

    Une reprsentation sociale serait constitue dun systme central, le noyau central (composante essentielle dune RS qui lui donne sa signification, autour duquel sorganise la RS et qui est llment le plus rsistant aux changements) et dun systme priphrique. Chacun de ces systmes est compos de croyances. Le systme central peut tre dfini comme un filtre mental au travers duquel la ralit est perue et juge (Lo Monaco et Lheureux, 2007 : 59). Les mmes informations ne sont ainsi pas reues et comprises de la mme faon par deux groupes dindividus nayant pas exactement le mme systme central. Par exemple, lobjet recherches sur lconomie algrienne constitue un objet social pour les chercheurs en conomie spcialistes de lAlgrie. Ils en ont une reprsentation sociale. Certains lments y occupent une place centrale : llment acquisition de connaissances par exemple. Partant, toute autre information reue par des chercheurs en conomie spcialistes de lAlgrie concernant le pays sera value en regard de celui-ci. Ainsi, la lecture dun livre, le visionnage un reportage etc. ne prendront sens et valeur quen fonction de lacquisition de connaissances. Les lments livre , ou reportage constituent des lments, dits priphriques , qui prennent sens au travers des lments centraux. Les lments centraux, qui sont relativement indpendants du contexte, dterminent le sens des lments priphriques. Ils reprsentent une zone de fort consensus (Abric 1994, Maury 2007 : 7) contrairement aux lments priphriques (consensus moins net, opinions divisant le groupe). La fonction des lments priphriques est de concrtiser, rguler et dfendre les significations centrales selon la diversit des contextes et des individualits (Lo Monaco et Lheureux, 2007 : 59). Ils sont linterface dune situation concrte dans laquelle slabore ou fonctionne une reprsentation et du noyau. Pour le chercheur, Acqurir des connaissances , cest lire des articles de recherches, tudier la presse, etc.

    II. Les outils et le questionnaire

    II.1. Les outils

    Quels outils mthodologiques sont aptes reprer la structure et les contenus des reprsentations sociales ? Deux grandes catgories doutils peuvent tre distingues (Lo Monaco et Lheureux, 2007 : 60) :

    a- Le recueil du contenu ; cest--dire les lments associs lobjet. Le recueil de contenu peut tre ralis grce des associations libres et des entretiens non-directifs ou semi-directifs notamment. Des analyses de textes (tmoignages, comptes-rendus de runions, lettres, documents divers, etc.) peuvent galement tre utilises. Des photos et associations de photos sont possibles.

    Les dmarches associatives et rflexives sont effectues partir de stimuli varis : - Lassociation libre : le stimulus est un mot ( Rvoltes arabes par exemple) et lon demande une personne dtablir des associations partir de ce mot. On tablit ainsi une carte associative ou un rseau associatif partir dun ensemble dinformations qui nous sont donnes.

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    - La mthode des cas : la personne interroge est mise en situation de rsoudre un problme. - La mthode de la planche inductrice ou du dessin : on prsente une photo, une image ou un dessin partir duquel lacteur sexprime.

    b- Et lidentification de la structure reprsentationnelle. La mthode des chanages cognitifs et des cartes cognitives peut tre ici utile lanalyse. Les cartes cognitives reprsentent les croyances dune personne ou dune organisation concernant un domaine particulier (Axelrod, 1976 in Michel, 2005 : 6). Elles sont constitue de deux types dlments : des concepts (variables) et des liens entre ces concepts (Thitart, 1999 in Michel, 2005 : 6).

    Concernant les associations verbales deux mthodes reposent en partie sur leur principe : a- La mthode dvocation hirarchise (Abric, 2003).

    On ne pose quune seule question ; par exemple : Lorsque lon vous dit le mot dmocratie ; quels sont les 5 mots ou expressions qui vous viennent spontanment lesprit ? La frquence dapparition de certains mots ou limportance qui leur est accorde (rang par exemple) permet de formuler des hypothses de centralit (cf. tableau 1).

    Tableau 1 Hypothses de centralit Rangs

    Premiers rangs Derniers rangs Frquence Forte Zone du noyau central Premire priphrie

    Faible Zone de contraste (existence de sous-groupes ?)

    Deuxime priphrie

    Source :http://www.inrets.fr/fileadmin/recherche/transversal/pfi/actor/seminaire_Actor_nov_2009/2-PFI_actor_nov_2009-Abric.pdf

    b- Le modle des schmes cognitifs de base (SCB), de Rouquette et Rateau (1998) ou Guimelli (2003) permet lui aussi dtablir un diagnostic de centralit tout en recueillant le contenu dune reprsentation sociale (Lo Monaco et Lheureux, 2007 : 61). Ce modle repose sur la proprit de connexit des lments centraux (ceux pour lesquels le consensus est fort). Par exemple, on prsente aux sujets le terme inducteur Dmocratie et on leur demande de donner, par crit et le plus rapidement possible, trois mots ou expressions qui leur viennent lesprit en relation avec le terme Dmocratie. On obtient trois rponses dites induites (par exemple Libert , galit et Justice ). Pour chacune de ces rponses, on demande ensuite au participant si oui , non ou peut tre cette rponse peut tre mise en relation avec le terme inducteur Dmocratie par le biais dun connecteur, qui est une relation possible entre deux items. Les connecteurs cognitifs peuvent tre de plusieurs types : synonyme, opposition, inclusion, etc. On peut supposer quils sont en nombre fini. Le modle des schmes cognitifs de base en considre 28 qui dfinissent 28 types de relations possibles entre deux lments cognitifs (Lo Monaco et Lheureux, 2007 : 61). Chacune des personnes interroges donnera donc 84 rponses (3 rponses associes multiplies par les 28 connecteurs). Ces 28 connecteurs sont regroups en 5 familles : les schmes cognitifs de base.

    Les 5 familles de SBC sont les suivantes15 : (1) Le SCB Lexique : il regroupe des connecteurs lexicographiques

    o dquivalence : rvolution--- conflit o dopposition : rvolution--- paix

    15 Source : Psychologie sociale. 2me dition. Cours, documents, exercices , Collection Grand Amphi Psychologie, Collection dirige par G. Amy et M. Piolat, Ouvrage coordonn par J.-P. Ptard, Bral, p.185.

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    o et de dfinition : rvolution--- continuation de la lutte conomique (2) Le SCB Voisinage : il exprime une relation de renvoi

    o une classe incluante : Tunisie--- Maghreb o une classe incluse : Maghreb--- Algrie o une classe co-incluse : Algrie--- Maroc

    (3) Le SCB Composition : il rassemble les connecteurs tablissant une relation o du tout la partie : Maghreb---Tunisie o de la partie au tout : Maroc--- Maghreb o de la partie la partie : Tunisie--- Maroc

    (4) Le SCB Praxis : cest lensemble des connecteurs lis la description dune action selon la formule : acteur-action-objet-outil

    o crivain---crire ; crire---Recueil ; crivain---Stylo ; Stylo---Recueil (5) Le SCB Attribution : regroupe les connecteurs faisant correspondre un attribut (B)

    un lment (A). cet attribut peut tre : o une caractristique permanente : Dsert---Sec o une caractristique frquente : Mto au Maghreb---Ensoleillement fort o une caractristique occasionnelle : Travail---Prcis o une caractristique normative : Travail---Bon o une caractristique valuative : Pays---Magnifique o une caractristique causale : Rvolution---Instabilit o une caractristique de consquence : Risque inconsidr---Blessure

    Enfin, deux autres techniques qui ne permettent pas le recueil du contenu reprsentationnel mais qui permettent cependant dtablir un diagnostic du statut central ou priphrique des lments reprsentationnels sont parfois utilises :

    a- La technique de mise en cause : Par exemple : votre avis, lAlgrie peut-elle tre qualifie de dmocratie sil ny a pas de pluripartisme vritable ? Afin de dterminer si les lments sont centraux ou priphriques, Moliner (1989) propose dutiliser le principe de double ngation.

    b- Le test dindpendance au contexte : Par exemple : votre avis, une dmocratie, est-elle toujours, et dans tous les cas, un systme politique rellement multipartiste ?

    II.2. laboration du questionnaire

    Loriginalit du questionnaire est quil prsente un mur de 36 images ou photos (ce chiffre correspond une contrainte technique) qui reprsentent diffrentes dimensions gnralement reconnues comme ncessaires (libert de la presse, libert dexpression, droit de vote) ou au contraire nuisibles ltablissement dune dmocratie (corruption). Afin de choisir les 36 photos du mur, le collectif Reflets Mditerranens a procd de la faon suivante :

    - Premire tape : chacun des membres du collectif Reflets Mditerranens a indiqu les thmes quvoquaient pour lui un certain nombre de photos dactualit des rvoltes en cours. partir de l les mots clefs suivants ont t retenus : violence, jeunesse, libert, union, hommes/femmes, Nord/Sud, forces de lordre, mdia, loi, classes sociales, politique/pouvoir, consommation, vie quotidienne/travail, dmocratie (lections etc.), religion, ducation.

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    - Deuxime tape : chacun des membres du collectif Reflets Mditerranens a t charg de rechercher sur Google deux photos lui semblant reprsentatives des mots cls prcdemment dtermins.

    - Troisime tape : chacun des membres du collectif a prsent aux autres les photos quil avait retenues (un certain nombre de choix taient communs). Un consensus sest dessin autour du choix des 36 images ou photos prsenter sur le mur (Cf. Figure 1 ci-dessous). chaque apparition sur lcran des rpondants les images saffichent de manire alatoire.

    Figure 1 Le mur dimages

    Les 36 photos du mur apparaissent en ordre alatoire sur lcran de lordinateur des rpondants. Ce mur est propos deux fois au fil de notre questionnaire. Sa premire apparition (MUR), en tout dbut de questionnaire, est accompagne de la mention : Merci de bien vouloir slectionner trois images qui selon vous expriment le mieux les vnements du monde arabe (Cliquez sur les 3 images) . Nous demandons ensuite aux rpondants dexpliciter leur choix. La deuxime apparition du mur (MUR2) dans le questionnaire est accompagne de la mention: Merci de slectionner trois images qui selon vous reprsentent le mieux la dmocratie. (cliquez sur les 3 images) . Les rpondants sont galement invits expliciter leurs trois choix afin de gnrer du contenu : Merci d'expliciter le choix de chaque photo.

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    En quoi ces images voquent- elles la dmocratie, quoi vous font elles penser, qu'est ce qu'elles vous inspirent ? .

    Suite la prsentation du premier mur (MUR), les diffrentes parties du questionnaire sont intitules respectivement :

    - Les raisons de ces vnements : nous posons ici des questions autour des causes attribues lapparition des rvoltes (chmage ? pauvret ? corruption ? manque de libert dexpression ?...).

    - Les facteurs : nous cherchons ici savoir si les personnes interroges pensent que certains mdia ont accentu le mouvement (Internet, tlphonie mobile ? presse crite ?...).

    - Les acteurs : qui sont les principaux acteurs de ces rvoltes ? Les jeunes ? Les intellectuels ? Larme ?

    - Les espoirs et la dmocratie : cest dans cette dernire partie que le MUR2 est propos. Il est suivi dun ensemble de questions permettant dtudier notamment la faon dont les rpondants estiment ltat de la dmocratie dans leur pays.

    Quels sont les types des questions utilises ? Une srie de questions fermes, chelle ou ouvertes est propose.

    o Exemple de question ferme : - Selon vous, quels sont les 5 lments qui vous paraissent indispensables

    ltablissement dune dmocratie ? : Libert d'expression ; Libert de la presse ; Lacit ; galit Hommes/Femmes ; tat de droit ; Libert d'entreprise ; Multipartisme ; Indpendance de la justice ; Transparence ; Libert d'association ; galit des chances ; L'ducation ; Autres.

    o Exemples de questions chelle :

    - Indiquez votre degr d'accord (pas du tout daccord, plutt pas daccord, plutt daccord, tout fait daccord ou je ne sais pas) avec les noncs suivants : les vnements du monde arabe sont dus :

    - Le poids de la bureaucratie - La pauvret - La gnralisation de l'ducation - L'absence d'indpendance de la justice - L'absence de libert de la presse - La corruption - Le partage ingal des richesses - Les obstacles la libert d'entreprendre - Le chmage - Le manque de perspectives pour les jeunes - Le manque de libert d'expression

    - Sur une chelle de 1 5 (1 = trs faible/trs mauvais, 5 = trs fort/trs bien) quelle note donnez-vous :

    - La libert d'expression dans votre pays - Le niveau de la corruption dans votre pays - La libert de presse dans votre pays - L'indpendance de la justice dans votre pays - L'ducation dans votre pays - Le partage des richesses dans votre pays

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    - La libert d'entreprendre dans votre pays

    noter que ce questionnaire permet de discriminer les rpondants selon leur nationalit dclare (dclare car on peut penser que certains rpondants ont une double nationalit mais se dclarent par exemple de nationalit franaise lorsquils ont la double nationalit franaise et marocaine ou vice versa) et leur lieu de rsidence actuelle. Pour certaines questions nous avons galement demand de prciser quel pays les rpondants pensaient afin dtre capable danalyser les rponses des binationaux. Cest le cas de la question chelle cite ci-dessus qui tait suivie de la phrase : Prcisez si ncessaire quel pays vous pensiez en rpondant aux questions ci-dessus .

    o Exemples de questions ouvertes : - En quelques mots, pourriez-vous indiquer ce qu'est la dmocratie selon vous ? - Selon vous, quel terme est synonyme de dmocratie - Selon vous, quel terme est oppos au terme de la dmocratie ? - Citez le nom du pays qui est le plus proche de votre idal de dmocratie - Quel est votre rve pour votre pays d'origine?

    Notre enqute a circul via le net (mails, twitter, facebook, viadeo) entre avril et juin16 2011 dans diffrents pays du pourtour Mditerranen (Algrie, Maroc, Tunisie en particulier car cest dans ces trois pays que nous avions le plus de contacts) mais nous avons choisi dans cet article de ne traiter quun chantillon compos de rpondants de nationalit algrienne, franaise et tunisienne car ils sont les plus nombreux avoir rpondu. Pourquoi navons-nous obtenu que peu de rponses dans certains pays ? Plusieurs explications sont envisageables : - Au nord de la Mditerrane comme en France : une saturation rpondre des questionnaires en ligne, le manque dintrt pour le sujet. - Dans les pays du sud de la Mditerrane : les difficults daccs internet, le manque dhabitude de rpondre des questionnaires en ligne, des relais du questionnaire dans les diffrents pays (enseignants par exemple) qui nont pas fait suivre le questionnaire et enfin parfois aussi sans doute lhsitation rpondre un questionnaire qui aborde des sujets politiquement sensibles (apprciation du niveau de corruption).

    Le sujet sensible de notre tude peut galement conduire les rpondants sous-valuer (comme par exemple le niveau de la corruption estim) ou survaluer (comme par exemple le niveau de libert dexpression estim) certains items dans le pays o ils vivent : nous sommes alors dans le cas des zones muettes, o le sujet sautocensure (Guimelli, 1998, Guimelli et Deschamps, 2000, Abric, 2003). Elle [la zone muette] peut tre dfinie comme un sous-ensemble spcifique des cognitions ou de croyances qui tout en tant disponibles, ne sont pas exprimes par les sujets dans les conditions normales de production [...] et qui, si elles taient exprimes (notamment dans certaines conditions), pourraient mettre en cause des valeurs morales ou des normes valorises par le groupe (Abric, 2003 : 61-62). Comment en sortir, c'est--dire comment faire en sorte que les gens expriment le fond de leur pense ? Deux moyens sont gnralement utiliss : - rduire le niveau dimplication du sujet en demandant par exemple votre avis, combien lAlgrien moyen estime-t-il le niveau de corruption dans le pays ? au lieu de demander quel niveau estimez-vous le niveau de corruption dans le pays ? ,

    16 Lenqute est toujours en cours ce jour : http://www.sphinxonline.net/IregeSI/reflets/questionnaire.htm

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    - rduire le poids normatif du contexte en demandant par exemple quel niveau pensez-vous que les Franais valuent le niveau de corruption en Algrie ? . Dans notre questionnaire demander Indiquez votre degr d'accord (pas du tout daccord, plutt pas daccord, plutt daccord, tout fait daccord ou je ne sais pas) avec les noncs suivants : les vnements du monde arabe sont dus nous est apparu plus moins impliquant. Les photos choisies sur le mur peuvent galement nous clairer.

    III. Prsentation et analyse des rsultats

    Le 27 juin 2011, nous avions 735 rpondants toutes nationalits confondues. Nous avons redress (ceux qui ont rpondu au MUR2, informe la premire image choisie, ont plus de 18 ans et indiqu leur nationalit) et calibr notre chantillon pour avoir des quotas hommes / femmes et nationalit franaise / nationalit tunisienne / nationalit algrienne quilibrs. La taille de notre chantillon calibr et redress est alors de 156 personnes (52 Algriens (25 hommes et 25 femmes), 52 Franais (25 hommes et 25 femmes) et 52 Tunisiens (25 hommes et 25 femmes)).

    III.1. Analyse de la reprsentation sociale de la dmocratie

    Quelles sont les photos les plus souvent choisies pour reprsenter la dmocratie par nos 156 rpondants ? La balance de la justice (80 citations dont 39 en rang 1 et 27 en rang 2) et lurne de vote transparente (69 citations dont 24 en rang 1 et 25 en rang 2) sont les deux photos les plus souvent choisies et toujours en rang 1 ou 2. Viennent ensuite la photo du parlement (35 citations dont 11 en rang 1 et 11 en rang 2), la photo de la classe (29 citations dont 5 en rang 1 et 9 en rang 2) ou des mains unies (29 citations dont 6 en rang 1 et 13 en rang 2). Des spcificits par pays existent cependant : par exemple pour les Franais, limage du parlement (21 citations) ou celle de la dclaration universelle des droits de lhomme (9 citations) (cf. tableau et carte n1 en annexes). Le noyau central de la reprsentation sociale de la dmocratie qui se dessine travers le choix des photos est tel que prsent dans le tableau 2 ci-dessous.

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    Tableau 2 Hypothses de centralit de la RS de la dmocratie Photos du MUR2 Rangs

    Premiers rangs (rang 1) Derniers rangs (rang 3) Frquence Forte Zone du noyau central

    - Balance de la justice (39 citations) - Urne transparente (24 citations)

    Premire priphrie - Urne transparente (20 citations) - Classe (15 citations) - Balance de la justice (14 citations) - Parlement (13 citations) - Envol de la colombe, Union (10 citations)

    Faible (1)

    Zone de contraste - Parlement (11 citations) - Religion autour du monde (*) (10 citations) - Union, Bouche cousue (6 citations) - Envol de la colombe, Classe, Dclaration universelle, Egalit des sexes, Envol de la colombe, Presse crite (5 citations) - Foule (4 citations) - Jeune femme, Pancarte dmocratie laque, Rvolution franaise (3 citations) Al Jazeera, Pome en arabe, Dgage, Kpi en feu, Manifestations, (2 citations) - Images cits une seule fois en Rang 1 : Anciens en rvolte, Corruption, Facebook, Game Over, Les religieux, Mendiant, Petite fille la rose, Prire de rue)

    Deuxime priphrie - - Pancarte dmocratie laque (**), Presse

    crite (8 citations) - - Dclaration universelle, Manifestations,

    Prire de rue (***) (5 citations) - - Bouche cousue, Game over, Jeune

    femme militante, Religions autour du monde, Rvolution franaise (3 citations)

    - - Caddie plein, Carte visa, Egalit des sexes, Facebook, Les religieux, Petite fille la rose, (2 citations)

    - - Images cits une seule fois en Rang 3 : Anciens en rvolte, Dgage, Immolation, Intellectuels en rvolte, Kpi en feu, Le pain et la foule, Pome en arabe, Violence des forces de lordre

    (1) Rgle retenue : frquence strictement infrieure la moiti de la plus forte frquence dapparition au mme rang. (*) Signification des verbatim associs : Libert de choix, Laicit , Coexistence pacifique , Mlange et interaction , galit , Droit de choisir , galit des religions , Pas de prjugs, tolrance [] , Toutes les croyances doivent tre libres d'exercer leur culte [] . (**) Signification des verbatim associs : ncessit de la sparation du religieux et du politique. (***) Signification des verbatim associs : La tolrance des autres religions fait partie de la dmocratie , LIslam est trs important , Du moment quon ne fait pas mal aux autres on peut faire ce quon veut , La libert du culte [] .

    Une analyse du verbatim nous apporte des lments intressants. Tous les rpondants qui ont choisi limage de la balance de la justice saccordent pour dire que la justice est lun des piliers de la dmocratie . noter que la notion de justice est souvent interprte comme justice sociale : Justice sociale Une vraie dmocratie se caractrise par une justice quitable dont les lois ne s'appliquent pas diffremment suivant qu'on soit riche ou pauvre la libert de la justice est la condition indispensable l'galit dans une socit (un rpondant algrien), Justice sur tous les plans : sociale surtout [La] justice doit tre indpendante du pouvoir afin que la dmocratie puisse s'instaurer dans les pays arabes La justice mon sens est la pierre angulaire de la dmocratie. Sans justice indpendante, il n'y aura jamais de paix sociale (un rpondant tunisien), La dmocratie se base sur la sparation des pouvoirs entre excutif, lgislatif et judiciaire. Une justice indpendante et dot de moyens importants est un contre pouvoir indispensable au respect des citoyens Dans une dmocratie la justice est indpendante du pouvoir. Elle n'est pas corrompue et traite les affaires de manire galitaire (un rpondant franais). Limage de lurne, elle, reprsente la transparence des votes et la libert de choisir un candidat : un scrutin juste et transparent , Dans une vraie dmocratie le vote est transparent , libert de choisir, sans intervention des autorits et d'autres forces externes , le droit de

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    voter librement , le choix . En dfinitive, tous semblent considrer que le droit de vote dans le cadre dlections transparentes est un garant de lexercice dmocratique . Le terme synonyme de dmocratie le plus souvent cit est le terme de libert (49 citations pour lensemble des rpondants) suivi de celui dgalit (15 citations) (cf. tableau et carte n 2 prsent en annexes) tandis que le terme oppos le plus souvent cit est celui de dictature (47 citations, cf. tableau et carte n3 prsent en annexes).

    III. 2 La perception des vnements et de ltat de la dmocratie

    Quelles sont les photos les plus souvent choisies pour reprsenter les vnements du monde arabe ? Le tableau 3 rcapitulatif prsent ci-dessous prsente la zone du noyau central de la perception des vnements.

    Tableau 3 Hypothses de centralit de la RS des vnements Photos du MUR1

    Rangs Premiers rangs (rang 1) Derniers rangs (rang 3)

    Frq. Forte Zone du noyau central - Immolation (19 citations en rang 1) - Game over (*), Facebook, Forces de lordre

    (**), Jeune femme militante (***) (11 citations) - Bouche cousue (****), Dgage (10 citations)

    Premire priphrie - Game over (9 citations) - Dgage, Immolation, (8 citations) - Bouche cousue, Le pain et la foule,

    Urne transparente (7 citations) - Facebook, Forces de lordre, Foule,

    Pancarte dmocratie laque, Prire de rue, Union (6 citations)

    - Envol de la colombe, Violence des forces de lordre (5 citations)

    Faible (1)

    Zone de contraste - Envol de la colombe, Violence des forces de

    lordre (6 citations) - Corruption, Foule, Le pain et la foule (7

    citations) - Al Jazeera, Intellectuels en rvolte, (4

    citations) - Balance de la justice, Kpi en feu, Petite fille

    la rose (3 citations) - Les religieux, Le mendiant, Religions autour

    du monde, Union, Urne transparente (2 citations)

    - Images cites une seule fois en rang 1 : Anciens en rvolte, galit des sexes, Pancarte dmocratie laque, Pome en arabe,

    Deuxime priphrie - Balance de la justice, Jeune femme

    militante, La mendiant, Petite fille la rose, Pome en arabe (4 citations)

    - Al Jazeera, Caddie plein, Corruption, galit des sexes, Intellectuels en rvolte, Les religieux (3 citations)

    - Anciens en rvolte, Kpi en feu, Parlement, Presse crite, religions autour du monde, (2 citations)

    - Images cites une seule fois en rang 3 : Classe, Dclaration universelle, Rvolution franaise

    (1) Rgle retenue : frquence strictement infrieure la moiti de la plus forte frquence dapparition au mme rang. (*) Signification des verbatim associs : Il y en a marre , Fin de la partie pour les dictateurs , La fin dun rgime , Cest fini, on ne peut plus supporter (**) Signification des verbatim associs : Rpression , La relation entre la police et le peuple dans les pays arabes. Un rapport de force, d'armes, d'injustice, les policiers dans les mondes arabes n'ont pas hsit tirer sur leur compatriotes , Reflte la dictature des pays arabes , Les dbordements policiers , La rpression , Autoritarisme (Hogra) (***) Signification des verbatim associs : Le peuple se soulve...les femmes sont prsentes... , Tout le monde a particip la rvolution : femmes, hommes, jeunes et plus ags , La femme malgr son role actif dans la rvolution risque de ne pas voir ses aspirations la libert et la dignit se raliser. Cette photo exprime la fois l'espoir et la crainte (rponse dun homme de nationalit tunisienne), Libert d'expression, libert de la femme (****) Signification des verbatim : La parole libre difficile, voire interdite , La rvolution arabe est une volont de reprendre la parole , L'absence d'une libert d'expression ncessaire pour une

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    intercomprhension , Faire taire les peuples malgr eux, cela a provoqu une avalanche , La fin du silence

    Limage de limmolation est globalement celle qui a t la plus souvent choisie (42 citations dont 19 fois en rang 1 et 15 fois en rang 2). Cependant, ce ne sont pas les Tunisiens qui lont le plus souvent slectionne (seulement 8 fois). Lanalyse du verbatim montre que les rpondants reconnaissent la photo du jeune vendeur ambulant tunisien qui sest immol le 17 dcembre 2010 et quils le voient comme le dtonnateur du mouvement de rvolte : Personne qui s'immole par le feu qui a embras le monde Arabe. Point de dpart des manifestations (un rpondant franais), Cest la flamme qui a embras tout le monde arabe, je parle bien sr de Bouazizi (un rpondant tunisien), Cest Mouhammed Bouazizi qui s'est immol [] son acte a pu dclencher la rvolution en Tunisie et dans tout le monde arabe (rpondant algrien), Cette image me fait penser lvnement qui, me semble-t-il, a permis une prise de conscience gnrale du dsespoir dans lequel se trouve la jeunesse dans la plupart des pays d'Afrique (un rpondant franais). Ils qualifient cette image dacte de dsespoir (le terme dsespoir a t utilis 12 fois) mais pensent que cest un moyen pour se faire entendre : Tout cela avait commenc par un geste de dsespoir d'un jeune tunisien de Sidi Bouzid. Ce geste a rveill dans la conscience des gens la ncessit de se rvolter et de ne pas accepter lexistant pour ne pas finir comme Bouazizi (un rpondant tunisien), Dsespoir... Certains manifestants n'hsitent pas se "suicider" afin que leur acte fasse avancer les choses (un rpondant franais), les gens prfrent mourir que vivre. Ils narrivent plus supporter les conditions de vie (un rpondant algrien). Les images les plus souvent choisies sont ensuite (31 citations) celle o est crit Dgage (choisie 10 fois en rang 1) ou celle prsentant les forces de lordre (choisie 11 fois en rang 1) puis celle de la bouche cousue (30 citations dont 10 en rang 1), celle o est inscrit Game over (28 citations dont 11 en rang 1) et celle de Facebook (23 citations dont 11 en rang 1). L encore, des spcificits par pays peuvent tre mises en vidence: ainsi la photo de la dclaration universelle des droits de lHomme est une spcificit des rpondants franais (9 citations) (cf. tableau et carte n4 en annexes). A noter que limage de la corruption (billets glisss en sous-main) nest choisie que 14 fois au total (7 fois en rang 1 et 4 fois en rang 2). Comment les rpondants peroivent-ils ltat de la dmocratie dans leur pays ? Si le niveau de la corruption est lune des dimensions fortement values par les rpondants (note moyenne de 3,75 sur 5 pour les Algriens, de 3,56 sur 5 pour les Tunisiens et de 3,08 sur 5 pour les Franais), les rponses des trois pays sont par contre contrastes en matire dvaluation du degr de libert de la presse (note moyenne de 2,81 pour les Algriens, de 1,94 pour les Tunisiens et de 3,5 pour les Franais (cf. tableau n5 en annexes). Le niveau dvaluation du niveau de libert de la presse en Algrie peut surprendre en France o lon se fait une ide de ce pays souvent loigne de la ralit. Ali Dilem, peu souponnable de collusion avec le pouvoir algrien ne dclarait-il pas rcemment : [] Nous jouissons dune certaine libert que beaucoup peuvent nous envier lchelle mondiale. Aujourdhui, lacte le plus banal en Algrie cest de critiquer le prsident de la Rpublique. Dailleurs, mon ami Plantu me dit que certains de mes dessins, il ne peut pas les faire dans le journal Le Monde. Aussi, je tiens rendre hommage cette presse publique qui a su donner ce que nous possdons aujourdhui 17. Les toiles daraignes prsentes ci-dessous nous montrent les diffrentes perceptions par pays.

    17 Ali Dilem Bjaa : Le temps est venu pour la rivire de reprendre son cours initial en Algrie , Farid Ikken, Lexpression, 14 novembre 2011.

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    III.3. Les causes et les acteurs clefs des rvoltes

    quoi les personnes interroges attribuent-elles les rvoltes dans le monde arabe ? Si lon retient lchantillon complet (Algriens, Franais et Tunisiens), il existe un large consensus (cart-type faible) autour de lide que la corruption est lune des raisons essentielles dans le dclanchement des rvoltes arabes (niveau moyen daccord de 9,11/10). Viennent ensuite le partage ingal des richesses (niveau daccord de 8,67/10) puis du manque de libert dexpression (niveau daccord de 8,57/10) mais avec un consensus un peu moins fort. Les 3 cartographies ci-dessous nous prsentent les rsultats par pays.

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    Qui sont les acteurs clefs de ces rvoltes ? Sur cette question, le consensus est fort (cart-type faible), Algriens, Franais et Tunisiens pensent que les acteurs clefs de ces rvoltes sont les jeunes (note de 9,54 sur 10 pour lensemble des rpondants) (cf. cartographie ci-dessous).

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    III.4. Lidal de la dmocratie

    Quels sont les lments indispensables ltablissement dune dmocratie ? Selon les rpondants, indpendance de la justice et libert dexpression sont des lments fondamentaux (respectivement 108 et 105 citations, cf. tableau et graphique n6 prsent en annexes). Quel pays est considr comme le plus proche dun idal de dmocratie par les rpondants ? Les pays les plus souvent cits par les 43 personnes qui ont rpondu cette question sont : la France (cite 14 fois dont 5 par des rpondants de nationalit franaise) avec parfois quelques rserves ( La France avec quelques rserves , La France est plutt pas mal mme si elle a des problmes. Je pourrais dire un autre pays mais l'herbe est toujours plus verte dans le pr d' ct. Tant qu'on nest pas dans le pays on ne se rend pas compte des problmes , Je n'ai pas vraiment d'idal puisque je ne connais pas beaucoup de pays, je connais la France et je trouve trs intressant le niveau de conscience des franais, je crois que ceci est d en grande partie la dmocratie ), la Sude (12 citations), la Norvge (11 citations), la Suisse (10 citations), lAllemagne (8 citations), le Canada (7 citations dont 4 par des rpondants de nationalit algrienne et 2 par des rpondants de nationalit franaise) , les tats-Unis (6 citations) mais avec une citation ngative Je ne sais pas. Contre-exemples Iran, tats-Unis... , la Grande-Bretagne (5 citations), la Turquie (4 citations dont 3 par des rpondants tunisiens). noter que certains ont rpondu par un point dinterrogation ou en posant la question de lexistence dun pays idal.

    Quel est leur rve pour leur pays ? Le terme de dmocratie est cit 19 fois sur lensemble des rponses, celui de dveloppement conomique, de libert ou de paix 9 fois. Les verbatim par pays nous apportent des lments intressants. Dans les rponses des Algriens le thme de la corruption est trs prsent ( Dmocratie, libert et radication de la corruption , Dmocratie puissance 10 , Des dirigeants intgres qui prennent le pouvoir , Disparition de la corruption , L'accession au pouvoir de personnalits politiques intgres qui pourront grer le pays en toute transparence et le servir dans le respect des liberts individuelles , Mon pays a des richesses qui dpassent celles de beaucoup de pays dvelopps, alors je souhaite que tous les voleurs qui ont particips sa ruine de payer leurs actes , Libert d'entreprendre, d'association et un gouvernement comptent, le reste viendra ) alors quil nest voqu quune seule fois par les rpondants tunisiens ( radiquer la corruption []). Ceci nest pas surprenant dans le sens o les deux pays en sont des tapes trs diffrentes de la transition dmocratique (cest en 1990 queurent lieu les premires lections libres en Algrie) et que la Tunisie est alors en pleine bullition.

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    Les rponses des Franais sont, elles, diversifies mais montrent galement des envies dvolution : Avancer et voluer vers un quilibre de bon sens , Beaucoup de choses doivent changer...Mais peut-tre que mon rve principale serait la fin de la misre , En France, il y a beaucoup de choses amliorer mais trop long dvelopper , Agir en tout temps comme une rpublique dmocratique, laque et sociale , Lgalit relle et non crite - une meilleure distribution des richesses , Arrter l'avance du nationalisme

    Conclusion

    La reprsentation sociale de la dmocratie est elle fondamentalement diffrente chez les Algriens, les Franais et les Tunisiens ? Quelle que soit leur nationalit, la zone du noyau central de la reprsentation sociale de la dmocratie des personnes interroges est symbolise par la photo de la balance de la justice et de lurne transparente. Il est frappant de constater que parmi les pays reprsentant un idal de la dmocratie se trouvent des monarchies constitutionnelles du Nord de lEurope comme la Sude par exemple.

    Lanalyse des verbatim associs aux images nous montre galement quil nexiste pas de diffrences caractristiques des significations associes aux images dun pays lautre. Les images peuvent alors tre la fois considres comme sources capables dactiver des reprsentations sociales, comme produits (elles sont des reprsentations sociales en elles-mmes : par exemple lurne reprsente la dmocratie) et mdium de ces reprsentations (De Rosa et Farr, 2001).

    Si limage de la corruption (billets glisss en sous-main) nest choisie que 14 fois au total sur le MUR1, il nen reste pas moins que la corruption est value un niveau lev lorsque lon pose des questions chelle sur ltat de la dmocratie dans les diffrents pays et quil existe un large consensus (cart-type faible) autour de lide que la corruption est lune des raisons essentielles dans le dclanchement des rvoltes arabes (niveau moyen daccord de 9,11/10). Les pouvoirs politiques en place au Sud et au Nord de la mditerrane ne peuvent plus ignorer les revendications de la jeunesse et doivent sans doute porter une attention particulire ltat de la corruption ou des ingalits dans leur pays.

    Les images du mur nous ont permis de dgager le noyau central de la reprsentation sociale de la dmocratie et de gnrer des textes libres parfois trs durs lencontre des pouvoirs politiques en place. Cette libert de ton peut tre due la priode durant laquelle lenqute a t conduite, priode faite dlans rvolutionnaires et dexpression desprances diverses. Si elle tait conduite aujourdhui, lheure des premiers dsenchantements, les non-dits seraient sans doute plus nombreux.

    REFERENCES

    Abric J.-C. (1987). Coopration, comptition et reprsentations sociales, Cousset: DelVal. Abric, J.-C. (1994). Pratiques sociales et reprsentations. Paris : Presses universitaires de France. Abric, J.-C. (2003). La recherche du noyau central et de la zone muette des reprsentations sociales. In J.-C. Abric (Ed.), Mthodes dtude des reprsentations sociales (pp. 59-80). Ramonville Saint-Agne : Ers. Berger C. (1999). La dimension sociale de la mmoire. Quelques lments thoriques , Congrs de la SAES, Tables rondes Lieux de mmoire , Universit de Savoie, 23 mai, mimeo.

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    Annexes

    Tableau et carte n1 Les images les plus souvent choisies pour reprsenter la dmocratie

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    Tableau et carte n2 Les synonymes du terme dmocratie

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    Tableau et carte n3 Les termes opposs celui de dmocratie

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    Tableau et carte n4 Les images les plus souvent choisies pour reprsenter les vnements du monde arabe

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    Tableau n5 Notes moyennes attribues sur diffrentes dimensions nationalite

    Algri eFrance

    Tunis ie

    TOTAL

    La libert de pressedans v otre pays

    La libertd'expression dans

    v otre pays

    La libertd'entreprendredans v otre pays

    Le niv eau de lacorruption

    L'indpendance dela j ustice

    L'Etat de droit dansv otre pays

    Le partage desrichesses

    L'ducation dansv otre pays

    2,81 2,77 2,54 3,75 1,88 2,04 1,98 2,59

    3,65 3,90 3,71 3,08 3,42 3,55 2,55 3,65

    1,94 2,14 2,33 3,56 1,88 1,92 1,79 3,06

    2,79 2,94 2,85 3,46 2,38 2,49 2,10 3,10

    Les valeurs du tableau sont les moyennes calcules sans tenir compte des non-rponses. Les nombres encadrs correspondent des moyennes par catgorie significativement diffrentes (test t) de l'ensemble de l'chantillon (au risque de 95%). Les paramtres sont tablis sur une notation de 1 (1) 5 (5).

    Tableau et graphique n6