RENDEZ-VOUSAVEC
MASTAR
AlexandraLanoix
MentionsLégales
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«LeCodede lapropriété intellectuelle etartistiquen’autorisant,aux termesdesalinéas2et3del’articleL.122-5,d’unepart,queles«copiesoureproductionsstrictementréservéesàl’usageprivédu copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et lescourtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproductionintégrale,oupartielle,faitesansleconsentementdel’auteuroudesesayantsdroitouayantscause,est illicite » (alinéa 1er de l’article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelqueprocédéquecesoit,constitueraitdoncunecontrefaçonsanctionnéeparlesarticles425etsuivantsduCodepénal.»
«Parcequenoussommestouslastar,l’acteurprincipal,dequelqu’un.»
Chapitre1Avril2009.J’étaischezmoi,occupéeàzappercommed’habitudependant leweek-end.Regarderla
TVétaitmonseulloisirenfindesemaine.J’attendaisçaavecimpatience,carc’étaitmonmomentàmoi,celuioù jepouvais respireretpenseràautrechosequ’au travail.D’aussi loinque jem’ensouvienne,j’avaistoujoursétéfandesériesetdefilms.Enfinbref,donc,pourreveniràcettefameuseaprès-midi,unsamedisimamémoireestbonne, j’étaisaffalée,commeàmonhabitude,devantmonposteen traindecherchercequiallaitmedistraire.J’avaislaissélaTVsurunechaînedontlavocationétaitdepasserlesdernièressériesàlamode.Je
m’étais absentée quelques minutes pour boire un verre d’eau et quand j’étais revenue dans le salon,j’étaistombéesurceluiquiallaitchangermavieàtoutjamais:TomBradley.Monverreétaitscotchéàmaboucheetj’étaisrestéeimmobile,bouchebéesouslecharmedecetacteurbritanniqued’uneéléganceàcouperlesouffle.Lesbrunsauxyeuxbleusavaienttoujoursétémontyped’homme,maislui,ilavaituncharismequisedégageaitbienau-delàdel’écran.Jene savaispasencoreà cemoment-làqu’onétaitoriginairesdumêmepaysetde lamêmeville :
Londres.Jem’étaisassisevitefaitsurlecanapépoursuivrecettenouvellesériedontjeneconnaissaispas l’existencecinqminutesplus tôt. Jedoisdirequesi lasériemédicaledont ilétait lavedetteétaitexcellente,celle-cipassaitdéfinitivementausecondplan.J’étaiscomplètementhypnotiséeparcethommeauxprunellesd’unbleupétillantetd’uncharmeimpressionnant.Çapouvaitexisterdesmecspareilsdanslavraievie?J’avaislaréponsesousmesyeux.Rienquederegardersonvisage,safaçondebougeretdeparler,j’étaisconquiseetcomplètementsous
soncharme.Aprèslafindel’épisode,jem’étaislittéralementjetéesurInternetpoursavoircommentils’appelait,quelâgeilavaitetglanerleplusd’infospossibleàsonsujet.Ilfallaitquejedécouvrequiétaitcethommequiavaitchamboulémonunivers.Ilyavaitbienlongtempsquejen’étaispastombée«amoureuse»dequelqu’uncommeça.Enfinlemot
amoureux,mêmes’ilétaitunpeu«fort»danscecas-là,étaitleplusappropriéetleplusjustepourmoiquandils’agissaitdelui:TomBradley.Nousavionslemêmeâge,unpeuplusdelatrentaine,aumomentoù je l’avaisdécouvert sur lepetit écranpour lapremière fois. Il étaitAnglais etmarié, àmagrandedéconvenue,madéceptionavaitétéqu’ilsoitencouple,pasAnglais.Ilétaitagréableàregarder,maisdelà à dire que c’était un très bel homme, non il ne l’était pas, mais son charisme et sa façon d’êtrecompensaitlargementsonmanqued’atoutsphysiques.Maislabeautéesttellementsubjective…Moijel’avaistrouvéabsolumentirrésistibleetpeut-êtrequed’autresl’auraientjugéquelconque.Cela
dit,sonrôledanscettesérielerendait terriblementsexyàmesyeux,ildégageaitquelquechose,onnepouvaitpasluienleverça.Jem’étaissentieunpeuridiculesurlemomentàjouerlesadolescentes«fan»dequelqu’unaupointd’achetertouslesmagazinesettouslesfilmsoùilapparaissait.Vucommeça,çapouvaitsemblerpathétique,maisquandvousévoluezdansundésertamoureux,toutlemondeabesoindelecombleravecquelquechoseouavecquelqu’un.Pourmapart,j’étaisdéjàavecquelqu’unàl’époque,j’étaisfiancéeàJeremyetj’avaisunjob.J’étais
assistantevétérinairedansunecliniquedansNottingHill,làoùj’habitaisaveclui.J’étaisloind’êtreune«nolife»,bienaucontraire,etjeneressentaispasunvidesentimentalpuisquej’avaisJeremy,mêmesicelui-cin’étaitpeut-êtrepasleplusintéressantmecdumonde.Jereconnaisquebosserpourlespompesfunèbresétaitloind’êtreglamour,maisilavaittoujoursétégentilavecmoietjen’avaispascherchéàsavoirsic’étaitl’amourdemavieoupas.Iln’étaitpasdésagréableàregarder,maisiln’étaitpasTomBradleyetilnemedonnaitpasdesfrissonscommemonbelacteur.
Jeremyetmoi,c’étaituneaffairequiroulait ;ons’entendaitbien.C’étaitpas lafolie tous les jours,maisc’étaitlaroutine,uneroutinepeut-êtreunpeutroproutinière.Ons’étaitrencontrésjusteaprèslafindemesétudes.C’étaitl’undescopainsdemameilleureamieBethqui,parlasuite,avaitsympathiséavecmoi, et de fil en aiguille, était devenu le boy-friend puis le fiancé.On se connaissait sur le bout desongles,peut-êtreunpeutropavecletemps.Cettesituationd’êtrefiancés,etnonpasmariés,depuisdesannées,c’étaitàcausedemoi.J’étaislaseuleresponsabledecestatuquo.Jenemesentaispasprêteàsauter le pas. Pourtant, il m’avait demandé à plusieurs reprises de l’épouser, mais au bout de lacinquièmefois,j’avaisarrêtédecompteretluidemesolliciter.Ilnecomprenaitpasmapassionpourcetuniversdepaillettes.Pourlui,lesacteursétaientdesgenscommetoutlemondeetilnevoyaitpascequeje trouvais de si extraordinaire chez eux, et à Tom Bradley en particulier. Comment expliquer unesituationqu’onnesaisissaitpassoi-même?Quandilprononçaitsonnom,ilmimaittoujoursavecsesdoigtsdesguillemetspourmefaireréaliser
l’absurdité de la chose. À sa façon, gentiment, il me démontrait qu’à mon âge, j’étais complètementstupidedem’amouracherd’un typequineconnaissaitmêmepasmonexistence. Iln’avaitpas tort,carTomBradleyétaitunegrossestarenAngleterre,etpartoutdanslemondeàprésent.HeureusementquemameilleureamieBethpartageaitmonobsessionpourTom.C’étaitellequiavaittoujoursétélaplusfandenousdeux.Elle, par contre, était célibataire et passait tout son temps et l’argent qu’elle gagnait en tant que
webmasteràleconsacreruniquementàsapassion:traquerTomBradleypartoutoùilallait.Ellel’avaitdéjàvuplusieursfoislorsdepremièresoud’évènementsorganiséspourlesfans.Moi,aucontraire,jenevoulais pas franchir ce pas, aller à sa rencontre pour l’apercevoir en vrai, je ne sais pas pourquoid’ailleurs.Sansdoutequeçamefaisaitpeur.Quandonestfandequelqu’un,onidéalisetoujoursl’objetdenotreobsession,etjecroisquedelerencontrerauraitpeut-êtreégratignél’imagequej’avaisdelui,etça, jene levoulaispas.TomBradleyétaitmonpetit jardinsecretoù jemeréfugiaisquand leschosesn’allaientpasbiendansmonmondebienréel.Donc,mêmesijemourraisd’enviedelevoirdanslavraievie,j’avaisprisladécisiondenejamaisle
faire,carsijeperdaismonrefuge,jen’auraisplusrienpourmeréconforter.Beth,pourtant,m’avaitfaitunportraitplusqueplaisantdelui,ellequi l’avaitcroiséetparléplusieursfois,cesdernièresannées.Presquedixansétaientpassésetj’étaistoujoursfandeTomBradleyettoujoursfiancéeàJeremy.Mavien’avait pas vraiment changé, à part que je n’étais plus assistante vétérinaire,mais vétérinaire, et quej’avaisrachetélecabinetoùjetravaillaisauparavantetembauchémonamiRavi.Bethn’hésitaitpasàmemontrersacollectiongrandissantedenotrestarchaquefoisqu’elle trouvait
quelquechosedenouveau.Onétaittouteslesdeuxeuphoriquesquandonarrivaitàobtenirquelquechoseque lesautresnepossédaientpasencore.Lemondedes fansétait impitoyablepourça.MonexistenceavecJeremyn’étaitpasdesplusexcitantesetjemerassuraisenpensantquecedérivatiffaisaittenirmoncouple. Jeremy et moi, c’était, comment dire… trop ennuyeux. On faisait toujours les mêmes chosesexactementauxmêmesjoursetauxmêmesmomentsdelasemaine.Çamanquaitdepiment,depeps,notrevieétaittropmonotone,maisjel’aimaisquandmêmemalgrétout,etluim’aimaitaussi.Lemeilleurdes remèdesétaitpourmoimonboulot,évidemment.Êtreaucontactdesanimauxet les
soigner était la plus belle des récompenses.C’était la fin de la semaine et comme tous les vendredissoirs,aulieudesortircommetouslesgensdenotreâge,onétaitdevantlaTVcommedeuxglands.Onétaiten trainderegarderuneémissionsur lacuisinequipassionnaitJeremycommetous lesvendredissoirsquandjereçusunSMSdeBeth«TomestsurLondrespouruntournage:)»etjeluiavaisrépondu«Super!Ilvienttevoirquand?»Jen’avaispaseuderéponse,carellesavaitquandj’étaisironique.J’adoraistoujoursmonacteur,mais
j’avaisarrêtédelepourchasseretcesséd’acheterdesmagazines,mêmesiparfois,certainsmedonnaientenviedelefaire.Jecontinuaisuniquementd’allervoirsesfilmsaucinémaetdelesuivresursonTwitterpourmeteniraucourantdesesdernièresnews.Jeremym’avaitfaitcomprendre,ilyaunpetitmomentdéjà,quemapassiondevenait tropenvahissantedansnotrecoupleetque jedevais fairedeschoix. Jel’avaischoisilui,évidemment,qu’est-cequejepouvaisfaired’autre?J’allaispréférerunhommequinesavaitmêmepasquej’existaissurcetteTerre?Jeremyetmamère,
qui,elle,étaitfandemonfiancé,insistaientpourquejeluidiseoui.Ilavaitpactiséaveccelle-ci,cettefois,pourmeforceràplier.Ilavaitétémalindeluidemanderdel’assisterdanscettelourdetâche,carelleavaitledondemefaireculpabiliserpourarriveràsesfinsetjefinissaisparcéder.Jeremyl’avaitbiencompris,etmaintenantqu’ilavaitunealliéedetaille,ilavaitdécidédemeharcelerdenouveaupourque jedeviennesa femme,moiquipensaisetespéraispourtantqu’ilavait laissé tomber.Leproblèmeétaitque jene levoulaispas,mamèreoupas.Unepetitevoixau fonddemoimedisaitquequelquechosem’attendaitailleurs.C’était ridiculede lepenser,carmavieétaitpresque toute tracéeetc’étaitpeut-êtreçaleproblème!Jesavaisdequoiseraitfaitmonaveniretcelanemeréjouissaitpas,maispasdutout.Lesamedimatin,Bethetmoiavionsl’habitudedeprendrenotrepetitdéjeunerauStarbucksducoin.—Alors,quoideneuf,Beth?—J’ai essayédedécouvrir l’endroit où il tournait sanouvelle série,mais impossiblede le savoir,
c’estsecret-défense.—Tuesétonnée?Quand tuasdeuxmillionsde fansqui te suivent sur les réseaux sociaux, tu fais
profilbaspournepastefaireembêteretéviterdesgroupiesunpeucommetoiquiluienvoiesdestweetstouteslesdixminutes.—Jetrouverai,net’inquiètepas!—Commetoujours,répliquai-je.—CommentvaJer?—C’estJer!Fidèleàlui-même.—Vousfaitestoujoursl’amour?—Ohoui!Touslessamedissoiràvingtheurestrenteexactement.Niavantniaprès.C’estminutéàla
secondeprès.—Putain,c’estennuyeuxàmourirditcommeça,melança-t-elleencroquantdanssonbagel.—Ouais…Remarque,aumoins,iln’yapasdemauvaisessurprisesaveclui.—Lavie,c’estpasça,Nina!Situtefaischiermaintenant,projette-toidansdixans.Vousavezdéjà
uneviedevieuxavantl’heure.— Je sais tout ça,mais j’aime Jeremy, ce n’est pas l’amour-passion,mais c’est de l’amour quand
même.—Nerestepasparpitiénonplusaveclui,cen’estpasluirendreservice.Tusaisquejel’adorec’est
monami,maisfautterendreàl’évidencequec’estpasluiquiteconvient.—Tuasraison, jevais lequitteret ilnemeresteraplusqu’àtrouver lesosiedeTomBradleyetà
l’épouser,dis-jeenriant.—Pourquoisecontenterd’unecopiequandonpeutavoirl’original?—Qu’est-cequeturacontesencore?EllememitsoniPhonesouslenez.L’infovenaitdetomber,ilétaitenpleineprocédurededivorce.—Biensûr,Beth,jesuissûrequ’ildoitm’attendre.Mêmesijel’avaislàdevantmoi,tucroisqu’ilme
regarderait?—Onnesaitjamais!T’escarrémentmignonne,intelligenteetspirituelleenplus.
—Mêmesic’estadorablecequetudis,arrêtederêver!Cemec,ilpeutavoirquiilveut,quandilveut!—Quinetenterien…tuconnaislasuite.Jesaisquesijelerencontredenouveau,j’oserail’inviterà
sortir,tupeuxcompterlà-dessus.—Danscecas,bonnechance,maBeth!lataquinai-je.—Moque-toi,tiens!Sijeleramèneàlamaison,tuvasfairemoinslamaligne,c’estmoiquiteledis.Mais je te lesouhaite,crois-moi,mais tusais,despersonnescommeluinefréquententpasdesgens
commenous.—Jesuispasd’accordavectoi!rouspéta-t-elle.Tiens,prendsGeorgeClooney,ilestbiensortiavec
uneserveuse,lui.—Danscecas,tuasdeuxoptions,soittudeviensserveuse,soittusorsavecGeorgeClooney!—Trèsdrôle,bravoNina,t’asmangéunclownaujourd’hui?—Jet’enprie.Non,jen’aipasmangédeclown,maisj’adoretefairetournerenbourriquequandil
s’agitdeBradley.Jedoisyaller,Jerm’attendàPortobello.—Commetouslessamedismatins.—Oui.Allez,j'yvais.—Tusaiscequec’esttonproblème,Nina?—Non…maisjesensquejevaislesavoirtrèsvite,dis-jeengrimaçant.—Tuasarrêtéderêver!C’estçatonproblème.—Tutetrompes,Beth.Jecontinuederêver,maislesrêvesquej’aisonttropgrandspourunepersonne
ordinairecommemoi.Alors,j’essayed’êtremoinsambitieuse,çafaitmoinsmalàlatêteetaucœur.—Ouais…Ilfauttoujoursviserlalune,aupire,turetomberasdanslesétoiles.—C’esttrèspoétiquecequetudis,maispourl’instant,jevaisviserPortobellopournepasêtreen
retard.—N’oubliepastonrendez-vousdeboum-boumdevingtheurestrentecesoir!memurmura-t-elle.—Humm…tuesunepetite…lâchai-jeensoufflant.—Jesais,fit-elleensouriant.Ellen’avaitpastort,mavieétaitrégléecommedupapieràmusique,riennedépassait,toutétaitbien
rangédansdescases,maisjen’étaispasfichuedevivreautrement,j’enavaisjamaiseul’occasion.
Chapitre2Jeremym’attendait bien tranquillement à notre point de rendez-vous comme d’habitude et comme à
chaquefois,onarpentalesmêmesrueset lesmêmesalléesdumarchédePortobellosansrienacheter,sansdérogerànoshabitudes.Jemedemandaisd’ailleurspourquoionyvenait.Etc’estensepromenantàsonbrasquejem’étaissurpriseàfredonnerlachanson«Stop».Était-cemonsubconscientquivoulaitmedirequelquechose?Lesoirarrivaet àvingt-heures trenteexactes, il était l’heurede faireboum-boum.Pendantqu’onétaitenpleinacte,jerepensaiàcequ’ellem’avaitditetjefusprised’unfourireincontrôlable.Jeremys’arrêta.—Qu’est-cequetuas?Çavapas?—Si,siçava,répondis-jeenpouffant.Continue.Ilmeconsidérad’unairdubitatifetrecommençacequ’ilétaitentraindefaire.Jem’étaissurpriseà
regarder l’horloge pendant qu’ilme faisait l’amour et là, je réalisa quemême ça, c’était sans saveur,fade,lesexeaveclui.Cen’étaitpascommesijepouvaiscomparersesperformancesavecunautre,carj’avaiscouchéqu’aveclui.Maisceladit,d’aprèscequem’endisaitBeth,çaauraitdûêtreplusintenseetplusémouvantqueça
quandonfaisaitl’amouravecquelqu’un.Etlà,aveclui,c’étaitennuyeuxetsanspassion,lecalmeplat.Quantàlui,ilétaitplutôtfierdesaprouesseetcommeàchaquefois,ilmelança:«Alorsc’étaitbienbébé?»etcommeàchaquefois,jelevailepouceenl’airaccompagnéd’un«super!»Super chiant aurait été plus approprié,mais comme physiquement, je n’avais connu que lui, il était
difficilepourmoidesavoirs’ilétaitbonaulitoupas.Peut-êtrequej’avaisunevraiebombesexuelleetquejen’étaispasaucourant.Associerlesmots«Jeremy»et«bombesexuelle»mefitrigolerencoreunefoisfortementetjememoquaiàsesdépensunenouvellefois.—C’estpasvrai,qu’est-cequetuascesoir?mejeta-t-ilavecunregardassassin.T’asbuouquoi?—Non,nonj’aipasbu…enfin,pasencore,murmurai-jesurlafindelaphrase.Mon fou rire me reprit, mais cette fois, c’est moi qui allais en payer le prix, car je n’avais pas
remarquéquej’étaisauborddulitet,dansunsursautdûàmacrised’hilarité, je tombaipar terre, lesquatrefersenl’air.J’avaismalauxfesses,maisjenepouvaisplusm’arrêterdeglousser.Quandcelui-ciremitsonslipkangourouenhaussantlesépaulesetenmetraitantdefolle,cefutl’apothéose,jem’étaisfaitepipidessustellementjerigolais.Unefoiscalmée,jeréalisaiquepourunefois,notresamedisoirs’étaitpasséunpeudifféremment.Pendantqu’ilprenaitsadouche, j’avaisenfilédes fringuespropresaprèsavoir réparé lesdégâtsde
monfourire.Jedescendisdanslesalonmettreunpeudemusiqueetboireunverredevinblanc.J’avaisenvied’écouterduMaroon5cesoir.Celafaisaituneéternitéquejenelesavaisplusentendus.AgacéedepasavoirretrouvémonvieuxCD,jem’étaisrabattuesuruneplaylistsurSpotify.Lapremièrefut«SweetestGoodbye.»J’avaiseuunpetitrictus,carjemedemandaissinousétionsen
traind’arriveràlafindenotrerelation.Enfin,surtoutjemedemandaissimoi,j’étaisentraind’arriveràlafin,carpourlui,toutallaitbien,rienneclochait.D’ailleurs,oùétait-il?Jeremontaiaupremierpourvérifiercequ’ilfaisaitetilétaitsortideladouchepourserecoucherjusteaprès,ilronflaitdéjà.J’avaisémisunpetitsoupirdedépit.Quellesoirée!Heureusementquemacrisederireétaitvenueégayerunpeutoutça.Jeredescendisdanslesalonpourmemettreunfilmavecmonidole.Jem’étaiscaléedanslesofaet
pendantuneheuretrente,j’allaisbaversurquelqu’unquejen’auraisjamais.J’avaismismonfilmpréféré« M. Logan. » Il y jouait un soldat pendant la Seconde Guerre mondiale et il était à tomber, bien
évidemment.Jemedemandaisencorecommentunparfaitinconnupouvaitvousdonnerautantdefrissonssurtoutlecorpsrienqu’enleregardant.Jem’étaisréveilléelelendemainmatin,danslecanapé.Latéléétaittoujoursalluméeet,àl’évidence,
jem’étaisendormiesanslevouloir,mêmesilevinblancm’yavaitfortementaidée.Jescrutail’horlogeetiln’étaitpasloindeneufheures.Jeremydormaitencoreetj’enprofitaipourallermedoucheravantdefilerchercherunLatteMacchiatoauStarbucksducoin.C’étaitdimanchematinetcommetouslesweek-ends,jedevaisfairelaqueue.Ce fut enfin mon tour. Je commandai un café normal pour Jer et mon Macchiato pour moi.
Fréquemment, ilsse trompaientdanslesprénoms,surtout lemien,etçam’amusaitdedécouvriràquoij’auraiseudroitcettefois.Pourmoi,c’étaitlaplupartdutempsAnnaaulieudeNina,maispourunefois,c’étaitJeremyquienfaisaitlesfrais.Ilsavaientmarqué«Jar»àlaplacede«Jer.»Jerigolaistouteseuleaupointquejen’avaispasvulapersonnequisetenaitderrièremoietluirentraidedanscommeunefuriequandj’avaisfaitmondemi-tour.Ce qui avait eu pour effet de faire valdinguer les cafés surmes habits et celui dumalheureux avec
lequel j’étaisentréeencollision. Jemeconfondisenexcusessansmême le regarderetenessayantderamasserlestassesencartonàprésentparterre.Ilavaiteulamêmeidéequemoiaumêmemomentetnostêtesseheurtèrentviolemment.Illâchaunrâle,puisunjuron.—Vousnepouvezpasfaireattention?melança-t-il,furax.—Jesuisconfuse,dis-je,empotée.Jesuisvraimentdésolée,jenevousaipasvue.Jen’avais pas réaliséqui je venais d’asperger de cafépartout.Unmec en jean, baskets et chemise
bleue, son visage caché sous une casquette et des lunettes de soleil noires. Comment j’aurais pu lesavoir?C’estquandilenlevaseslunettesetquesonregardbleucroisalemienquej’avaiscomprisquejevenaistoutjustededonneruncoupdetêteàTomBradley,ouiTomBradley!Sijen’avaispaseulesmainsoccupées, jemeseraispincée.J’étaisbéateetpétrifiéedevant lui, jen’arrivaisniàbougerniàparler.Ilétaitencoreplusattirantenvraietmêmetâchédecafé.—Pouvez-vousm’attraperdesserviettesenpapierpourm’essuyer,jevousprie?—Hein?quoi?—Desserviettesen…Laisseztomberjevaislefaire!Il partit en direction du comptoir pour en demander. J’avais repris mes esprits après quelques
secondes.Jesavaisquecequivenaitdesepasserétaitmafaute,maisilétaitloinduportraitquem’avaitdécrit Beth, charmant lui ? Cela dit comme j’étais responsable de cet accident de caféine etd’entrechocage de têtes, je pris les devants pour lui acheter un T-shirt afin de le dépanner et dem’excuser.—Jevousaiachetéunt-shirtpourquevouspuissiezvouschanger.Jesuisencoredésolée,jenevous
avaispasvuparcequej’étaisentrainderegarderlesprénomssurlesgobeletset…Jen’avaispaseuletempsdefinirmonexplicationqu’ilmecoupanet.—Vouspensezquecelam’intéressedupourquoivousm’êtesrentréededans?Voussavezcombiença
coûteunechemisecommeça?—Non,navrée,mais jeviensdem’excuser,c’estpas lapeined’êtredésagréablenonplus!C’était
rienqueducafé…—Voussavezquijesuis?fit-il,hautain.
—Unconàcasquette?lâchai-jeenfaisantunegrimaceetenayantregrettéinstantanémentdeluiavoirdit.—Jelecroispas!fit-il.Etenplusvousm’insultez?Vousêtessacrémentculotéequandmême.—Moi,culotée?Apprenezlesavoir-vivretoutd’abord,après,onenreparlera.Etpourvotrechemise
jevouspaierailepressingsiçapeutvoussoulager.TomBradleyoupasilm’avaitsérieusementgonflée.JeluimisleT-shirtdanslesmainsainsiquema
cartedevisiteetjepartisenluilançantunregardnoir.Cen’étaitpasparcequ’ilétaitl’acteuràlamode,mon acteur, qu’il avait le droit de me parler comme ça. Ça pouvait arriver à tout le monde d’êtremaladroit!Jeretournaiàlamaisonunpeubouleverséeeténervéeparcequivenaitdesepasser.J’avaisrêvétouslesscénariospossiblesetimaginablessiunjourjel’auraisrencontré,maiscelui-là,non,jem’yétaispaspréparée.BonOK, je lui étais rentrée dedans, je lui avaismis du café partout et je l’avais traité de « con à
casquette»,maisquandmême,cen’étaitpasuneraisonpourêtreaussi…con.Jemeregardaidans lemiroir de la tête aux pieds et les dégâts étaient plus étendus que prévu, le Latte Macchiato, ça nepardonnaitpas.Jemontaiaupremierpourmechanger.Jeremy m’interrogea sur ce qui s’était passé et j’avais zappé l’épisode du télescopage avec Tom
Bradley.Jeluiavaissimplementexpliquéquej’avaisbousculéquelqu’unauStarbucksetquelescafésnes’enétaientpasremis,findel’histoire.Cequiétaitbienaveclui,c’estqu’ilnecherchaitjamaisàsavoirplus que ce qu’on lui disait. Enfin bref, pour une fois, je lui avais demandé de ne pas aller chez sesparentspourdéjeunercommetouslesdimanches,carjenemesentaispasengrandeforme.Jevenaisdemeprendreuneclaquepuissancedix.Pendantdesannées,j’avaisidolâtréunconnardet
forcément,çafoutaituncoupaumoral.Jeremyn’avaitpasposéd’objections,carluiallaitquandmêmemangerdanssafamillecommetouslesdimanches,quejevienneoupas.Quelquepart,çamesoulageaitunpeudesavoirqu’iln’allaitpasêtredanslesparagespendantqueje
noieraismondésespoirdansduvinet feraismondeuildema star. Il étaitpartiuneheureaprèsnotreconversation. Ses parents habitaient dans la banlieue de Londres, donc il en aurait eu pour quelquesheuresetj’auraiététranquillepourunmoment.IlmerestaitencoredesDVDavecdesépisodesquejedevaisvisionner.Jeregardailonguementlacouvertureducoffretoùilétaitaupremierplan.Unelarmeroula surma joueet jeme sentis terriblement stupide. J’avais« aimé»un typequin’envalait pas lapeine pendant toutes ces années. Après une gorgée de vin, le coffret tomba accidentellement dans lapoubelledelacuisine.J’avaistéléphonéàBethpourluifaireunpetittopodemasuperbematinée.Elleavaitétésurprisepar
monrécit,carlapersonnequejeluidécrivaisn’étaitpascellequ’elleavaitrencontréplusieursfois.Jeluidéclaraiquedésormaisjenevoulaisplusentendreparlerdeluietquetouteslesinfosqu’elleauraiteuesàsonsujetnem’intéressaientplus.Ellem’avaitrétorquéqu’ellerespectaitmadécision,maisquejerisquaisdelecroiserencoreparcequ’ilétaitentraindetournerdanslequartierpendantaumoinsdeuxsemaines.Scoopqu’elleavait eueparunde sesex.qui l’avait eu lui-mêmeeuparunede sescousines.Bref,
j’avais déconnecté au bout d’unmoment.Bilan de la journée,mon histoire d’amour fictive avecTomBradleyvenaitdeprendrefincematinàneufheuresetquelquesdansleStarbucksducoin.J’avaistantnoyémapeinedanslevin,enfinj’étaistellementbourrée,pourtoutdire,quejem’étaismiseaulitetjen’avaispasentendumoncompagnonrentrerdanslasoirée.Jemeréveillaiseulementlelendemainmatin,carjedevaisallerbosser.Moncabinetn’étaitpasloindelamaison.J’étais en retard, toujours sous l’effet des vapeurs d’alcool de la veille. Je me dépêchai, j’étais
sacrémentenretardetlelundimatin,c’étaitengénéraltoujourslacohue.HeureusementqueRaviétait,lui,àl’heure.Onavaitfaitnosétudesensemble,maisilavaitratésesexamenspourdevenirvéto.J’avaisdécidé quand même de l’engager, car nous nous entendions à merveille et nous nous complétions auniveaudutravail.C’étaitquelqu’undecapablesurquijepouvaiscompterquandj’étaispeufiable,mêmesi çam’arrivait rarement.Ravi était un Indien de grande stature demon âge. Il était plutôt plaisant à
regarderavec sabarbe toujoursbien tailléeet sonaccentanglais trèsprononcéqui faisait craquer lesfilles.Il avait adopté le lookhipster, ce qui faisait fondre certaines de nos clientes, il avait beaucoup de
succèsauprèsdelagenteféminine.Lorsquenousétionsencoreétudiants,ilm’avaitdemandéunefoisdesortiraveclui,maisjel’avaisgentimentéconduit,carjel’avaiscoincédansla«friendzone»etquandvousmettezquelqu’un là-dedans, ilestdifficileaprèsde l’en retirer. Ilne l’avaitpasmalpris,c’étaitquelqu’undecool,maisilavaitétédéçudemonrefus.Enfinbref,unenouvellefois,ilavaitouvertlaboutiquepourmoi,carj’étaisunefoisdeplusenretard.
Jeluiavaisdéposéunrapidebaisersurlajoueavantd’enfilermatenuedetravail.Jeluiavaisdemandéleplanningdelajournéeetauprogramme,iln’yavaiteuquedesvaccinsetdesinterventionsmineures,cequim’avaitrassurévul’étatdanslequeljemetrouvais.Ilnefallaitpasquejeprennelerisquedemelancer dans de grosses opérations, j’étais tellement « perturbée » que j’aurais pu confondre chats etchiens.La matinée s’écoula assez vite et la salle d’attente commença enfin à se vider. Le lundi, c’était
complètementdingue.Pendantquejeterminaisavecl’undemespatients,unmignonpetitsiamoisdesixmois,Ravi fit sonapparitionderrière lavitrede lasalledeconsultations. J’étaisenpleinediscussionavec le propriétaire du chat, mais malgré cela, il continuait à me faire de grands gestes et essayaitdésespérémentdememimerdesmots.Je ne comprenais rien à ce qu’il disait, donc je faisais mine de ne pas le voir afin qu’il ne me
déconcentre pas pendant mes explications. Finalement, lassé de constater que je l’ignoraisprodigieusement, ilentracarrémentpours’excuserauprèsdenotreclientetmetirerà l’extérieurdelapièce.—J’étaisenconsultationsitun’avaispasremarqué.—Ilyauntypebizarrequiattend.—Ettumedérangespourça?Destypesbizarres,onenasansarrêt.—Oui,maiscelui-là,ilestvraiment…bizarre.—OhRavi,j’aipasletempslà.Valemettredehorssituveux.—Tuneveuxpasyaller,toi?—Tu rigoles ou quoi ? demandai-je.Ah ben non…vu ta tête, tu ne plaisantes pas.Ça sert à quoi
d’avoirunmecaucabinetsic’estmoiquidoism’occuperdevirerlesgens?T’eslourd,jetejure!—Etsijedis,s’ilteplaît?—OK.Finislaconsultation…Pfff.Rappelle-moipourquoijetepaye?—Pourouvrirtôtquandtuesenretardparexemple?—Oui,çaaussi,fis-je,résignée.Bizarrecomment?demandai-je.—Çadoitfaireunebonneheurequ’ilestassis,planquéderrièresonjournal.—Etc’estçaquilerendbizarre?—Tuvasdansunecliniquevétérinairepourattendredesheuressansanimal,toi?—Peut-êtrequ’ilveutjusteunconseiloudesmédicaments,tuluiasdemandé?—Non,jeneluiaipasdemandé,etsic’étaitunpsychopathe?—Quiestlepsychopatheici?Vafinirlaconsultationjevaism’occuperdeJackl'Éventreur,dis-je,
compatissanteetmoqueuse.Etildisparutdanslasalleenm’abandonnant.—Jet’enprie,Ravi!Lesmecs…,marmonnai-je.Jem’approchai dumystérieux client. Il était toujours caché derrière son journal. Jeme lançai avec
courage.
—Jepeuxvousaider?Uncoindujournalsepliapourlaisserapparaîtrelesyeuxbleusde…TomBradley!NomdeDieu!
Qu’est-cequ’il foutait là ? Jem’étais souvenued’un coupque je lui avaisdonnémacarte afinde luipayerlenettoyagedesachemise.Maishonnêtement,jedoutaisqu’ilvienneréclamerunnettoyageàsecavectoutl’argentqu’ilsefaisait.Iln’avaitpasbesoinquejeluirembourselepressing,mêmesic’étaitmafaute,àmoinsquecesoitungrosradin,etlà,toutdevenaitplusplausible.Pourtant, j’en revenais toujours pas qu’il soit assis, là, devantmoi. Il avait plié complètement son
journalcettefois,etlefermaproprement.Ilselevapourmefairefaceetmeregarderdroitdanslesyeuxavec un léger sourire. Malgré le fait que j’étais furieuse après lui, il n’y avait pas à dire, il étaitsacrémentsexy.Ilmetenditungobelet.—Alorsquoi?dis-je,vousvoulezprendrevotrerevancheetm’arroserdecaféàvotretour?—Voussavezquevousêtestrèsdrôle?Jesuisvenum’excuserpourmoncomportementd’hier.Jesuis
pluspolid’habitude,mêmesionm’agresseàcoupsdecaféetdecrème.LatteMacchiato,Nina,c’estça?Àforced’avoirattendu,ildoitêtrefroidmaintenant.—Merci,ouic’estça.Commentvoussavezpour…?—J’aidemandéauStarbucks,vousêtesunehabituée.—Vousn’aviezpasbesoindefaireça,maisc’estgentil,merci.—Jesais,maisjelevoulais.Mêmesij’ail’aird’unconàcasquette,j’aiencoreunpeud’éducation,
mêmesijenevousl’aipasmontréhier.—MerciTom.Jetiensàm’excuserégalement.Jenetraitepaslesgensquej’essayed’assommeretde
brûleraudeuxièmedegréde«con»généralement.Çam’aéchappé.J’aicettetendancefâcheusedediretoujourscequejepense,cequipeutêtreparfoisgênant.—Excusesacceptées.Humm…doncvoussavezquijesuis?—Ouijelesais.Jelesaisdepuisdesannéesàvraidire.—Unefan?C’étaitdélibéréhier,ladouchedecaféine?—Non,jepeuxvousjurerquenon!affirmai-je.C’estpasmonstyled’attirerl’attentiondeshommes,
mêmeconnus,enleurjetantdesboissonschaudesdessus.Ilmesourit.—J’aivécubienpireet jeconfirmequevousêtesspirituelle.Onvareprendreleschosesdepuisle
début.Bonjour,jem’appelleTometvous?medit-ilenmetendantlamain.—BonjourTom,jesuisNinaetjevousdoisunnettoyagedechemise.—Laissez tomber,Nina. J’étais en colère hier.Des chemises, je peuxm’en repayer d’autres et les
laveréventuellementquandj’ailetemps.Vousfaitesunmétierhonorableetintéressant.—Merci.—Lacliniquevousappartient?—Oui,maisjesuisaidéeparmonamietassistantRavi.—Ilfautavoirducœurpourfairecemétier.Quandj’étaispetit,c’étaitcequejevoulaisfaireavantde
medécideràfaireduthéâtre.—Vraiment?Jenelesavaispas.Lesanimaux,jelesaimetoutsimplement.Ilssontmoinscompliqués
queleshumains.—C’estvrai.J’aiunlabradorchocolatetils’appelleOlaf.Ilaunan.—Olaf,commedansledessinanimé?— Oui, je sais… ça fait beaucoup rire mes amis. Si j’ai besoin d’un nouveau véto, je sais où
l’emmeneràprésent.Toutàcoup,Ravifitsonapparitionaprèsavoirexpédiénotredernierclientdelamatinée.
—OhMonDieu!C’estTomBradley,s’exclama-t-ilensejetantsurluietenluisecouantlamain.TuasvuNina?Tonrêves’estréalisé!Tul’asfinalementrencontré!—MerciRavi,tun’aspasdespapiersàfairelà?dis-je,malàl’aise.—Non,j’aifini.Voussavezqu’elleestfolledevousdepuisdesannées?—Ahoui…vraiment,Nina?—Enfin,jevousaimebien,maissansplus,mentis-je.—Qu’est-cequeturacontes?Tuassaphotosurlelockscreendetontéléphone!—Raviiiiii!criai-je.J’étaisindéniablementembarrasséeparlasituationetjenesavaisplusoùmemettre,parcontreTom
avaitl’aircontentquejesoisaussigênée,çasemblaitl’amuser.Ildevaitavoirl’habitudedecegenredechoses.—Voushabitezdanslecoin?—Ellevitàcinquantemètresd’ici,c’estlamaisonaveclesescaliersendamierblancetnoir,vousne
pouvezpaslalouper.—MerciRavi,mais jepeuxencoreparler toute seule.Tuveuxbiennous laisser, je suis sûrequ’il
restedelapaperasseàfaireaubureau,dis-jeenfaisantunmouvementdesmainspourqu’ildégage.—Nope,j’aivérifiécematin.—Alors,vajeteruncoupd’œilauxdatesdesvaccins.—Jepeuxlefaireplustard.—Non,tuyvasmaintenant.—OK,patronne.M.Bradley,jepourraisavoirvotreautographesiçanevousdérangepas?—Avecplaisir.Ils’exécutaet luisignaunautographesurunboutdepapierqueRaviavaitrécupérédanslebureau.
Finalement,aprèsencoreunsecouagedemains,ils’éclipsaenfinpourmelaisserseuleavecmonacteur.—Jesuisdésolée.Raviestcharmant,maistropenthousiasteparfois.C’estunassistantinsistant,riais-
jenerveusement.—Ilesttrèsgentil.C’estvraicequ’iladit?—Àproposdequoi?—Quevousêtesunegrandefan?—Ilapeut-êtreunpeuexagéréleschoses,répondis-jed’untondétaché.—Jepeuxvoirvotretéléphone?—Hein…heu,pourquoifaire?—Jepeux?—Non!C’estpersonnel.—Donc,cequ’iladitestvrai,vousavezunephotodemoisurvotretéléphone.—Jesais,c’estflippant!reconnus-jeengrimaçant.—Jedoispartir,jedoisallertravailler.Jetournedanslequartierencemoment.—Ouijesais,répliquai-jespontanément.—Voussaveztoutdemoi,dit-ilensouriant.J’aiétéenchantédevousrencontrerdecettefaçon-ci,çaa
étéplusagréablequecelled’hier.—Oui,c’estvrai.—Netardezpasàboirevotrecafé,mêmes’ilestfroid.—Lecafé…oui.Merci,jel’avaisoublié.Ils’enallaenfaisantunsignedelamainàRaviquifitdemême.Jeneréalisaispascequivenaitdese
passer.TomBradleyavaitdéboulédansmaclinique,etcharmantavecçaenplus,moiquileprenaispour
unconnardfini.—Tuluiasdemandéunautographe?hurlaRavi.—Hein?Non,jen’yaipaspensé.—Tusaisqu’ilsserevendentchersurInternet.—C’estpourçaquetuluiasdemandé?—Nonnnnn… bien sûr que non,me lança-t-il en levant les yeux au ciel. Je vous ai pris en photo
pendantquevousdiscutiez.Ilme colla son téléphone sous le nez et, effectivement, à défaut d’avoir son autographe, j’aurai au
moinseuunephotoaveclui.Jeluidemandaidemel’envoyeraussitôtsurmonemail.
Chapitre3J’avaisétésurmonnuagetoutelajournéeaupointquejenefaisaisplusattentionàcequej’étaisen
traindefaire,commeparexemple,vouloirpiquerlepropriétaireduchienplutôtquelechienlui-même.Heureusement que Ravi était là pour rattraper mes bêtises. Il avait remarqué mon manque deconcentrationévident.Ladeuxièmerencontreavecmonacteurm’avaitlaisséedansunétatsecondetjen’étaispasenmesurederevenirsurTerrepourl’instantetçafaisaitfranchementdubien.Commej’étaisbonneàrien,ilmeproposagentimentderentrerchezmoimereposeretqu’ils’occuperaitdesdernièresconsultations.Ilm’avaitlancéquec’étaitplussûrpourtoutlemonde.Au lieude retourner à lamaison, jedébarquai chezBethdont lamaisonétait contiguë à lamienne.
Quandjeluiexpliquai,dansunmonologueinterminableetthéâtral,touteslespéripétiesdelamatinéeetluimontrai lesphotosquivenaientrenforcermonhistoire,ellepoussauncridejoieàm’encreverlestympans.—J’enrevienstoujourspasqueTomBradleyt’aiapportéuncaféàlaclinique.—Jesaiiis!hurlai-je,excitée.Jamaisj’auraipenséqu’unjour,çaarriverait.—Jetel’avaisditqu’ilétaitcharmant.—Oui,enfin,situl’avaisvuhier,ilétaitloindel’être.—Tusais,cesontdesgenscommelesautres,ilsontleursjoursavecetleursjourssans.—Oui,tuassansdouteraison.—Maisquandmême,tuessacrémentchanceuse,ilnefaitpasçaavectoutlemonde.Ilt’aapportédu
café,lavache!—Qu’est-cequetuensais?Peut-êtrequec’estbanalpourluid’apporterducaféàsesfans.—Biensûr…!DevivreavecJeremynet’arrangepasavecletemps,tudeviensaussiennuyeuseque
lui.Ildétintsurtoi,mafille,tuesbarbante.— Je sais… lançai-je en soupirant. C’est horrible ce que je vais te dire, mais je pense très
sérieusementàlequitter.J’ail’impressiondeneplusêtresurlamêmelongueurd’onde,ilnedéclencheplusrienquandjeleregarde.—Vousvousêtesconnusilyalongtempsettropjeunes.Àpartlui,tun’esjamaisalléevoirailleurset
cen’étaitpasfautedetelerépéterpourtant.Maintenantquetuabordeslesujet…—Quoi?—Vousêtessidifférents.Pour tout tedire, jen’ai jamais imaginéque tu finirais tes joursavec lui.
Vousn’êtesmêmepasencoremariésquevousavezdéjàuneviedevieux.Cen’estpasceluiqu’iltefaut.— Je sais, je commence à ouvrir les yeux, enfin ! C’est bizarre quand tu n’es plus amoureux de
quelqu’un,turemarquestoussesdéfautsalorsquejusque-là,tun’avaisrienvu,ettunelesupportesplusoupresque.—C’estçad’êtreamoureux,çacachelesimperfectionsdel’autre!Tusaisquej’adoreJeremycomme
copain,maiscommemec,commepetitamijeveuxdire,c’estungrosnul.Çaatoujoursétéunmystèrepourmoiquevoussoyezensemble,vousêtessidifférents.Lepointpositifdanstoutça,c’estquetut’enaperçoivesmaintenantavantqu’iltepasselabagueaudoigt.— Je sais plus quoi faire ! Çame faitmal au cœur de lui apprendre la nouvelle après toutes ces
années.Etilvahabiteroùsijerompsaveclui?—Nina, il repartira vivre avec ses parents pendant un temps. Il va pas enmourir, tu sais ! Il s’en
remettra.—Sers-moiquelquechoseàboire!
—Vinblanc?—Oui,vinblanc.Ellepartitdanslacuisinepourramenernosboissonsetpendantcetemps,jem’étaisavachiedansson
fauteuilprèsdelacheminéequandcelle-ciréapparutenfinenmetendantmonverre.—Cheers,mabelle!—Cheers,Beth.—Alorstuvasluidireoupas,àJeremy?—Jesaispasencore,jeneveuxpasluifairedepeine.—Tuveuxdeschocolats?—Nonmerci.—Ettoi,tuaspenséàtoi?Situtemariesavecquelqu’unquetun’aimespas?—J’aimeJeremy,maispluscommeça.—Oui,tul’aimescommeunbonpote,j’aibiencompris.Maisl’amourlevrai,c’estceluiquitefile
descoupsd’électricitépartoutquandtuesavectonmec.Turessenscegenredechosesaveclui?—Pasvraiment,mabatterieestplutôtàplatquandilmetouche.—C’estpaslebon,cherchepas!melâcha-t-elleentredeuxbouchéeschocolatées.MontéléphoneseréveilladansmonsacetBethmeproposadeleprendrepourmoi.Jesupposaisque
c’étaitRavi.—Attends…tuasunenotificationdeTwitter.—Jel’utilisejamais,jedoisavoirtroisabonnés,Ravi,Jeremyettoi!—C’estpasvrai,putain!C’estpasvrai!cria-t-elle,excitée.—Quoi,quoi?—TomBradleyvousaégalementsuivi!—Quoi?Commentça,ilm’aégalementsuivie?Tuveuxdirequ’ilétaitsurTwitteretqu’ilestparti?—T’esbêteouquoi?Çasignifiequ’iltesuitsurTwitter!TomBradleytesuitsurTwitter,Nina!Ilne
suituniquementquedesgensconnus,jamaislesfans.Jesuisbienplacéepourteledire,jenesaispascombiendefoisjel’aitweetéenlesuppliantdemesuivreetilnerépondjamais.—OK,ilmesuitetalors?— Il faudra vraiment que je te fasse un cours accéléré sur les réseaux sociaux, toi ! Ça veut dire,
gourdasse,quetupeuxluienvoyerdesmessages.—D’accord…dis-je,perplexe.—Commedese-mails,Nina!Tupourrasluienvoyerdesmessagesmaintenantquevousvoussuivez
surTwitter.Ildoitêtreconnecté,tuveuxqu’onluienvoieunpetitquelquechose?—Non,Beth,jecroispas!Pourluidirequoi?—Nina,iltesuit!Tusaiscequeçaveutdire?—Oui,j’aibiencomprisquejepouvaisluienvoyerdesmessages,c’estbon,jenesuispasdébileàce
point!—Tuluiastapédansl’œil,c’estsûr.Ilnefollowpaslesfansd’habitude,jetedis!—Oui,biensûr,Beth!Del’avoirarrosédecaféetdel’avoirinsulté,çaadûluifairequelquechose,
effectivement!C’estmonnouveauplandedraguepourlesattirer,jeleurbalanceducafédessus,chauddepréférence,afinqueleshommesmetombentdanslesbras,fis-je,moqueuse.—Quet’esbête!Essayeaumoins?Surtoutqueças’estplutôtbienpassécematin,lâcha-t-elledans
unbattementdecils.—Essayerquoi?Deledraguer?—Quoid’autre?Situlefaispas,jevaisprendretaplacesanshésitation.
—Tusaiscequ’enj’enpense?C’estridicule!Ilaétécharmantetcraquantcematin,jel’admets,ilmesuitsurTwitter,etaprès?D’icidemain,ilnesaurapluscommentjem’appelle,etpuisjesuisentraindet’expliquerquejevaisrompreavecJeremy,ettoituestraindemesuggérerdedraguerTom.—Tomhein…continua-t-elleensemoquantdemoi.—Oh!Çava,Beth,dis-je,irritée,enbuvantmonvin.—Onne vit plus au siècle dernier où il y avait des clivages sociaux,mavieille !Onvit auXXIe
siècle!—Ouibon,onenreparlera,jedoisrentrerfaireàmangeràJeremy.—Oui,surtoutnesoispasenretardpourfairelapopoteàPapa!—Beth,t’eslourde!Déjàcommeça,jemesensmalàproposdelui,n’enrajoutepas,tuveux?—Oui,ehbien…faudrabienquetutejettesàl’eauunjouroul’autre.—Jesaisetc’estçaquimefaitflipperleplus.Jevaisluibriserlecœur,c’estsûr!Jemedéteste,et
jedétestefairesouffrirlesgensàcausedemoi.—Jen’aiquedeuxmotsàtedire…TomBradley!—Çafaitplusdedeux,ça.Aprèsunebonneheuredeconversationavecmonamiequim’avaitpresqueconvaincuequequittermon
fiancéétait lameilleurechoseàfaire, jerepartisendirectiondelamaison.Moncompagnonétaitdéjàrentréduboulot.Ilétaitentrainderegarderlefootàlatéléetmoi,jeleregardaisentrainderegarderlatélé,c’était…passionnant.JemeremémoraicequeBethm’avaitditàproposdesdéchargesélectriquesetquand j’observais Jeremy,plus rienne sepassaitdepuis longtemps.Parcontre,quandTomBradleym’avait souri pour la première fois cematin à la clinique, ce n’était pas des coups d’électricité quej’avaiseues,maisdesfrissonssurtoutlecorps,etrienqu’enyrepensant,j’enavaislachairdepoule.Sabouche,sesyeux,lafaçondontilsouriait,lafaçondontilmesouriait,toutmeplaisaitchezlui.Mon
cœurs’étaitemballé lorsquesesdoigtss’étaientposéssur lesmiensetquand ilm’avait tendu lecafé.Pauvredemoi!Jenesavaismêmepaspourquoijecommençaisàimaginerpeut-êtrequ’éventuellement,ilpuisses’intéresseràmoi.C’étaitàcausedeBethetdetoutesseshistoiresqu’ellem’avaitmisedanslatête.D’ailleurs,ilfallaitquejemelessortedelatêtecommesiuneseconde,mêmeunemicroseconde,jepouvaisêtresongenre,luiquipouvaitavoirlesplusbellesfemmesdeLondres,voiredumonde.Jeremym’extirpademessongespourm’indiquerque,normalement,tousleslundisonmangeaitthaïet
commelerestaurantétaitfermé,ilavaitfaituneexceptionetramenéduchinois.—Ouh…Jer,faisattentiontuesunvraifoufou,toi!Tuvisdangereusement.Acheterchinoisaulieude
lanourriturethaïunlundisoir,tupensesquec’estraisonnable?—T’espompette?medemanda-t-ilenécarquillantlesyeux.—Pasencore,maisjevaisyremédierrapidement!J’étaispartiedanslacuisinepourallercontinuerl’apéroquej’avaisdémarréencompagniedeBeth.
Entredeuxverres,jerigolaidenouveaudemapropreblaguefaiteàJeremyetfinalementl’alcooltristerepritledessus.Cen’étaitpasaussicomiquequeça,aufond.Jeregardaiparlafenêtre,ilcommençaitàpleuvoir,normalpourunmoisdejuillet.JemontaiaupremierenlaissantJeremyàsatélé.J’avaisposémonverresurlatabledechevetetmon
téléphonesurlelit.Jel’observaietmedemandaisijedevaislefaire:envoyerunmessageàTom.Etsijelefaisaisetqu’ilnemerépondepas?Çaseraitlapirechosequipouvaitarriver,non?Non…lapireauraitétéqu’ilmerépondeetquejenesachepasquoirépliquer.Toutsemélangeaitunpeudansmatête.Etpuiszut,j’étaisassezsaoulemaintenantpourlefaire.Ilétaithuitheuresdusoiretjecommençaià
taperunmessagequinevoulaitriendireetl’alcoolnem’aidaitpas.Finalement,j’avaistouteffacépourlaisserunsimple«Hello».
C’étaitsobreetpoli,ilnefallaitpasquej’enfassedetrop.Là,jememispresqueàespérerqu’ilnemerépondepas.J’avaispeurqu’illefasse,pourtoutdire.Jeprisuneautregorgéedevinpourmedonnerducouragepouraffrontersaréponseousanon-réponse.Jen’avaispaseuletempsdereposermonverresurlemeublequelesondelanotificationdumessagearriva.Jen’enrevenaispas,ilavaitrépondu…ilm’avaitécrit«It’sme».Pourquoiilmedisaitque«c’étaitlui»?Jesavaisquec’étaitluipuisqu’ilyavaitsonnomdevantlemessage,ilétaitbourréluiaussiouquoi?Jeluienvoyaiunpointd’interrogationetilmeréponditaussitôt«Vousneconnaissezpaslachansond’Adèle?Hello.»J’étaisentraind’avoirdesboufféesdechaleur.Ilavaitsansdouteessayédefaireuntraitd’humouretjen’avaisriencaptépournepaschanger.J’étaisdéfinitivementetirrémédiablementirrécupérable!Jeluiavaisrépondutrèshonnêtementquejen’avaispascomprissablagueetilm’avaitréponduparun
petitsmileyquifaisaitunclind’œil.Noséchangesdurèrentaumoinsunebonnedizainedeminutes.Jeluiposaidesquestionssursonboulotessentiellementetilsepritaujeud’yrépondreavecgentillesse.Jenevoulaispasl’ennuyeretjenevoulaispasqu’ilmeprennepouruneidiotenonplus,carça,c’étaitdéjàfait,jecrois.Ilétaitmarrantenfindecompte«hello,it’sme»oui,ilétaitdrôle.J’étaisconquiseparnosmessages, en plus d’être craquant et intelligent, il était spirituel. Pendant notre conversation virtuelle,j’avaispresqueoubliéavecquijeparlais.J’avaiseffacél’imagedelastar«TomBradley»pourlaisserlaplaceàl’homme«Tom.»
Chapitre4J’allaisquitter laconversationquand ilmedemandasiçameplairaitde le rejoindresur leplateau.
J’étaislàentraindefixerl’écrandemoniPhone,enrelisantattentivementsonmessagepourêtresûrequej’avaisbientoutcompris.Auboutdelatroisièmefois,jesaisisquec’étaitexactementçaqu’ilm’avaitproposé,ilm’invitaitsuruntournage,sursonfilm.Jeluirépondisaussitôt,maismalheureusementpourmoi,mesdoigtsfurentplusrapidesquemonespritetj’avaistapoté«j’adoreraivenirtelécher»aulieude«j’adoreraivenirtevoirtravailler»c’étaittroptard,c’étaitparti.Jepoussaiunrâlededésespoiretjemetapaiavecl’oreillerdulitenjetantmoniPhonesurlematelascommes’ilétaitdevenutoutàcouppossédé.J’étaiscertainequelà,c’étaitmort,etquej’étaiscataloguéedans«lesfollesàlier.»Saréponsenese
fitpasattendre.Jeregardaimontéléphone,maisjemepinçaileslèvresenmedemandantsijedevaislereprendredenouveauenmain.Tantpis, jeme lançai. Il fallaitque j’assume lesconséquencesdemonalcoolismenotoire.J’avaisfermélesyeuxpouramortirlechocdesonmessageetfinalementj’avaisprismoncourageàdeuxmainsetjemelançaidanslalecturedecequiallaitêtreinévitablementsadernièreréponse«jet’enverrail’adressedutournagedemaindanslamatinée.»Merci,monDieu!Iln’avaitpasrelevélefaitquejevoulaisle«lécher».Ilyavaitencoredel’espoir,
jusqu’àcequejereçoiveundeuxièmemessagedisant :« jene lèche jamais lesgensaupremierrdv,j’attendsde lesconnaîtremieuxpourça.» Jeme jetai en arrière, persuadéequ’il devaitme trouvercomplètementconne.Pourquoi j’avaisacceptéd’aller le rejoindre là-bas?Qu’est-ceque j’allaisbienpouvoirfaire,àpartmeridiculiserencoreunpeuplus.Celadit,j’avaisquandmêmenotéqu’ilavaitparléde«rendez-vous».Aprèsréflexion,çanedevait
pas signifiergrand-chosepour lui, il devait l’employerpourdire rendez-vousdans le sensgénéral duterme,probablement.J’étaisrestéesurlelitenserrantl’undemescoussinsetenregardantlesperlesdepluiedéferlersurlafenêtredelachambre.Jem’étaisendormiejusqu’aulendemainmatin.Cefutlesond’unnouveaumessagequime réveillavers leshuit heures.Le lever était dur, car j’avaisbuplusqued’habitude et je n’avais qu’unœil qui voulut bien s’ouvrir pour aller lire celui-ci. Tom avait tenu sapromesseetilm’avaitenvoyél’adresseoùiltournait.Ilavaitfaitcourt,justecelle-ci,etilinsistasurlefaitquejedevaisledemander.Jemefrottailevisagepouressayerd’ouvrirl’autreœilqui,lui,faisaitdelarésistance.Àmontour,
j’envoyai unmessage àRavi en le suppliant d’ouvrir la clinique pourmoi et d’assurer les premièresconsultations.Enguisederéponse,j’avaiseudroitàunpetitémoticônejoyeux.J’hésitaisàcontacterBeth,carsonoptimisteétaitcontagieuxetellem’auraitmisdesidéesentêteque
je ne voulais pas avoir. Pendant que je réfléchissais à ce que je devais faire ou pas, une bouche vints’aventurersurmanuque,c’étaitJeremy.Jel’avaiscomplètementzappédepuislaveilleavectoutesceshistoiresavecTomBradley.Moncou,majoueetilcommençaàdescendresurmonbrasgauche,qu’est-cequ’illuiprenait?—T’esentraindefairequoi,là?luidemandai-je.—Jesaispas…Jemedisais,commeonétaitlevéstôtetqu’onavaitletemps,j’auraibienpasséun
petitmomentsouslacouette,mêmesionestmardi.—Justement,Jer,onestmardi,doncnon,onnepeutpasfaireunepausesouslacouette.Jeluitapotailajoueavecmamain,ilessayadeprotesteretdedirequelquechose,maisj’étaisdéjà
partiedanslasalledebainavantqu’ilnelefasse.Quellemouchel’avaitpiqué,toutàcoup,àvouloirêtre câlin en pleine semaine ? Les hommes étaient des animaux étranges. J’étais sous la douche en
repensantàchaquemomentpasséaveclui,avecTom.Mêmesic’étaitplaisantdesavoirquepeut-être,ouipeut-être,jel’intéressaisrienqu’unpetitpeu,çamesemblaitirréalisteetinaccessible.C’estcequej’avaistoujourscru,quelesgenscommeluivivaientdansunautremonde,mêmesicesdernièresvingt-quatreheuresmefaisaientmentir.Ilfallaitquejerestelucideetrationnelle.Ildevaitsûrementfairevenirdesfansdetempsentempssursestournages,çadevaitêtrebonpoursonimage.L’heure était venuepourmoide le rejoindre sur celui-ci.Cen’était qu’àdeux ruesde lamaison et
j’avaisdécidéderaconteràBethqu’ilm’avaitinvitée.Àsontour,malgréquelquesréticencesdemapartdont elle n’avait pas tenu compte, elle décida de s’inclure dans l’invitation. Elle s’étaitmise sur sontrente-et-un et ce n’était pas difficile de comprendre qu’elle désirait l’impressionner. Elle était trèsmignonneavecsapetitetaille,sescheveuxnoirsetsesgrandsyeuxbleus.Elleétaitencorecélibataire,maisellen’avaitaucunmal,lorsqu’ellelevoulait,àsetrouverquelqu’un
pourunmoment.Ellen’avaitpasarrêtédeparlersurlecheminpourmeconfiercequ’elleallaitdireoufairequandelleleverrait.Jel’écoutaisavecattention,carnousavionsuneapprochedifférentedenotrepassionpourcethomme.Elleseprocuraitquasimenttoutsurlui,films,magazines,postersetellenerataitjamaisuneoccasion
d’allerlerencontrer,alorsquemoi,jevivaismonamourpourTomautrement,etqu’àcausedeJeremy,j’avaiscesséd’acheterdeschosesleconcernant.Jem’étaisautoriséeuniquementàm’offrirsesDVDetd’avoir sur mon lockscreen cette photo de lui que j’avais floutée pour ne pas qu’on le reconnaisseimmédiatement.Celadit,çamesuffisaitamplement.Jen’avaisqu’àfermerlespaupièrespourvoirsesyeuxbleusdanslesmiens.Nousétionsmaintenant
arrivéesàl’endroitprévu.Aucundoutequec’étaitlà.Lafameuserueétaitboucléeavecdesbarrièresetdes agents de sécurité. Il y avait déjà une petite troupe de fans qui essayait d’entrapercevoir quelquechose.Larueétaitrempliedecamions,detechniciensetdecâblesetbeaucoupd’autreschoses,maispasde Tom, ni aucun acteur d’ailleurs. Je bravais la « foule » pour tenter dem’approcher d’une grandeblondeavecunevestenoirequiavaitl’airdeparleravecquelqu’undansuneoreillette.Jel’interpellai,maisellecontinuacommesijen’existaispas.Jetentaid’êtrepolie,unefois,deuxfois,toujoursrien.Bethpritleschosesenmainetcria:«lablondasse,onaimeraitvousparlez!»Elleavaitréussiàattirersonattentionet,àmasurprise,elledaignasedéplacerpourvenirversnous.—Jepeuxvousaider?— Oui, j’ai rendez-vous avec Tom Bradley, fis-je. Pas un rendez-vous rendez-vous, essayai-je
d’expliquer,nonunrendez-vous,enfinilm’ainvitée,nousainvitésurletournage.Ellemeregardadelatêteauxpiedsavecperplexité.— Vous n’êtes pas la première qui débarque ce matin en m’affirmant qu’elle a été invitée par
M.Bradley.—Oui,maismoi,c’estvrai!—Oui,elle,c’estvrai,rajoutaBeth.—Pouvez-vousfairesavoiràTom…àM.BradleyqueNinaLockwoodestlà,s’ilvousplaît?—Jesuisdésolée,maisilnereçoitpersonne.—OK,regardez,j’aiunmessagequidatedecematin.Jeluimontraimontéléphone—Vousvoyez,c’estTomBradleyquimel’aenvoyé.—Ilssontentournagetoutelajournéeetcen’estpasouvertaupublic.Ellerepartitàsaplacededépartetlapluierefitsonapparition.Bethluilançaquelquesjurons,maisje
luidemandaidesecalmeretqu’ondevaitrentrer,carlapluiecommençaitàs’intensifier.— Il a dûprobablement oublier dedonner tonnom, c’est tout,Nina,medit-elle en essayant deme
réconforter.—Oui,çadoitêtreça,répondis-jedéçue.Jevaisallerbosser,onsevoitunpeuplustard?—D’accord.Ellemefitunlégersourireetseruasurlepremiertaxidisponiblepourserendreàsontravail.J’étais
retournéeàlacliniquesouslapluiebattante.J’avaisomisdeprendreunparapluieetquandj’arrivaiàdestination,j’étaistrempéecommeunesoupe.—Qu’est-cequit’esarrivée,Nina?Tuasroulélacapoteouverteouquoi?—Trèsdrôle,Ravi!Jevaismechangeretjeprendslerelais.—Çavapas?medemanda-t-il.—Non,çava,mentis-je.J’aidûattraperquelquechose,unpetitvirus.—Rentrecheztoi,jegère.C’estplutôtcalmeaujourd’hui.—T’essûr?—Oui,siquelquechosed’importantsepointe,jet’appelle.—OKalors.MerciRavi.Jeretournaiàlamaison,lemoraldansleschaussettes.Beth pouvait dire ce qu’elle voulait, je savais au plus profond demoi qu’un truc comme allait se
produire.Àquoijepensais?Commesiunacteurcélèbrepouvait…pouvaitquoiaujuste?S’intéresseràmoi ?Quelle idiote je faisais. Jem’étais fait coulerunbain et jem’envoulais énormémentde cequis’étaitpassé.J’étaisentraindesortirdecelui-ci,uneservietteenrouléeautourdemoi,quandonsonnaavec insistance à la porte.Çadevait être Jeremyqui devait avoir encoreoublié ses clefs. J’ouvris laporteenrouspétant,carj’avaisfailliglisserdanslesescaliersàforcedemepresserpourvenirrépondreàmonvisiteur.—Tupourraisfaireattentionavectes…Jem’attendaisàvoirJeremyetjemetrompais,c’étaitTomquisetenaitlà,encostumed’époque.Je
savaisqu’ilfaisaitunremakedeSherlockHolmes,maisjen’auraispasimaginéleretrouversurleseuildemaportehabillédecettefaçonetmoncœurfitunbondenledécouvrant.Unhommetoutennoirsetrouvaitderrière luiavecunparapluie. Ilétaiten traindemesourireet je réalisaiquemapetite tenuedevaityêtresûrementpourquelquechose.—Qu’est-cequetufaislà,chezmoi?—Lesescaliersendamier,jem’ensuissouvenu.Jen’aiquecinqminutes,jepeuxrentrer?—Oui…jet’enprie,jevaischercherunpeignoir.—Jenepeuxpasresterlongtemps,silaproductionapprendquejesuissortiencostume,jevaisme
fairegronder,dit-il,amusé.Jesuisvenuavanttoutpourm’excuser.Jesaisquetuespasséecematinetqu’onnet’apaspermisd’entrer.J’aidonnédesinstructions,maisilsonttoujourspeurdelaisserpasserdesfansunpeutrop…—Unpeutropquoi?—Unpeutropfan.Tiens,c’estpourtoi.Ilsortitdesapocheunbadgequ’ilmetendit.—C’est ton sésame.Avec ça, tu pourras te pointer quand tu voudras.Ony est jusqu’à la fin de la
semaine.—Tusais,aveclaclinique,jenepeuxpasmelibérercommejeveux.—Nina,aide-moiunpeu,j’essayedemerattraperlà!Finalementjeprislebadge.—Jedoisfilermaintenant,lapausedéjeunerdoitêtreterminée.—Tom,jepeuxteposerunequestion?
—Oui,biensûr.—J’attendsuneréponsesincèreetjeneveuxpasquetumeménages.—Trèsbien,maissituveuxsavoirsituacceptesquejetelèchelà,jevaissortirmonjoker,jepense.—Trèsdrôle…c’estcemachinsurletéléphonequimetlesmotsàtaplace,etnon,jen’aipasenvie
quetumelèches,jeterassure.Pasencorepourlemoment,medis-jeintérieurement.Cequejevoulaissavoir,c’estsituinvitaissouventdesfansàvenirtevoirpendantquetutravailles?—Jenevaispastementiretlaréponseestoui,çaarrive.—Oh!lâchai-je,déçue.—Maislorsquec’estlecas,c’estuniquementquandilsgagnentàunconcoursoupouruneœuvrede
charité.Maisc’estlapremièrefoisquejechoisismafanàveniravecmoi.Unevoixderrièreluisefitentendre,l’hommeennoirquil’appelait.—Jedoisyaller.Jet’enverraiunmessagecesoirsijenefinispastroptard.—Tun’espasobligédelefaire.—Jesais,maisj’enaienvie.Ilm’avaitsurpriseenmedéposantunrapidebisousurlajoueetilrajouta,moqueur,qu’ilespéraitque
jen’allaispaslepoursuivrepourharcèlementouquelquechosedanslegenre.Jesecouailatêtepourluiindiquer que non, car j’étais à présent incapable de sortir unmot, j’étais figée dans la glace. C’étaitarrivé,çam’était arrivé, ladéchargeélectriquedontBethm’avaitparlée, je l’avais ressentiequand ilavaitposéseslèvressurmajoue.Jeleregardaipartirsetenantsousleparapluiedesongardeducorpsetj’avaisrefermélaportequandilfûtmontédanslavoiture.TomBradleyvenaitdem’électrocuterausenspropredutermedansl’entréedemamaison.
Chapitre5J’étais remontéem’habiller.J’étaissurunpetitnuagemalgrémaraisonquinecessaitdemerépéter
qu’ilnefallaitpasquejemefassedesfilms,qu’iln’étaitpaspourmoi.J’étaisvautréesurlelit,fixantleplafond.Toutescesannéespasséesàrêverdelui,etilétaitenfinlà,justeàcôté.Jesavaisquec’étaitfoud’ypenseroud’ycroire,maisc’étaitentraindesepasser.J’avaisdûresterunsacrémomentallongée,carc’estl’arrivéedeJeremyquim’avaitsortiedemesrêveries.Laréalitévenaitdefranchirleseuildelaportedel’entrée.Tomoupas,ilétaittempsquejereprennemavieenmainetdemettreuntermeàmarelationavecmon
fiancé.Jedescendislerejoindreetcommeàsonhabitude,ilétaitfourrédanslacuisine,latêtedanslefrigo.—T’aspasséunebonnejournée?medemanda-t-il.—Jer,ilfautqu’onparle.Jet’attendsdanslesalon.—J’aiencoreoubliédemettremeschaussettessalesdanslelave-linge,c’estça?—Non,cen’estpasça.Ilmesuivitcommeje l’enavaispriéetnousnousétions installésdanslecanapé,côteàcôte.Jene
savaispascommentamenerlachose,çafaisaittellementlongtempsqu’onétaitensemble,jenevoulaispasluibriserlecœur,pourtantc’étaitcequejem’apprêtaisàfaire.—Jeremy.—Oui?—Jeremy…—Nina…?—Jeremy…Jeremy.
Jememordillaileslèvres,carjenesavaiscommentluidiresansêtrehorribleetlefaitest,c’estquecelanevoulaitpassortir.— Jeremy, repris-je.Toi etmoi, ces derniers temps, ces dernières annéesmêmes, ce n’est plus ça,
mêmesijedoutequ’unjourçal’aitvraimentété,maisjecroissincèrementquetoietmoi…Pfff…quej’aidenouveauxbesoins,desenviesettunem’apportespascequimerendraisheureuse,tucomprendscequej’essayedetedire?—Euh…nonpasvraiment.Tuasbesoindequoiaujuste?—J’aibesoinquetupartes,Jer.Jesuisdésolée.—OK…tuveuxquej’ailleoù,exactement?Jeleregardaiavecstupéfaction.Il lefaisaitexprèsouquoi?Quandonditquel’amourestaveugle,
maislà…—Jeremy,cequej’essayedetefairecomprendresanstefairetropdepeine,c’estquej’aienvieque
tupartesdelamaison,quetut’enailles!—J’aibiencompris,maisjeveuxsavoiroùjesuissupposéallerparcequesitumedispasoùjedois
aller,jenevaispasledeviner.—T’esbêteouquoi?dis-jeenhurlant.Plusdedoutepossible,ilétaitconcommeunbalai.—Cequejetentedet’expliquerdepuiscinqbonnesminutesc’estquejeveuxqu’onsesépare,jesuis
entrainderompreavectoi,tucomprendslà?—Rompre…commeseséparer?—Voilà,c’estça!—Pourquoi?Ons’aime,non?—Toipeut-être…maismoi,j’aiarrêtédepuisunmoment.—Pourquoitumebalancesçamaintenant?Tusaistrèsbienqu’onvasemarierbientôt.—Non,Jer,tu«veux»temarier,pasmoi!Jecroismêmequejen’aijamaisvoulu.—Trèsbien.C’estpourunautrehomme?C’estqui?Jeleconnais?—Non,jenetequittepaspourunautre,jelefaispourmoiavanttout.Parcequesijenelefaispas
maintenant,aprèsilseratroptard,c’estaussisimplequeça.Ilétaitsonné,jen’étaispassûrequ’ilaitcaptétoutcequej’essayaisdeluiexpliquer,doncjedevais
êtreplusexplicite.Jeretiraimabaguedefiançaillesetladéposaidanssapaume.Jenepouvaispasêtreplusclaire.Ilrefermasamainsurcelle-ci,ilavaitenfincomprisquec’étaitfini.—Jevaisallerhabiterchezmesparentspendantunmoment,çatedonneraletempsderéfléchir.—C’estdéjàtoutréfléchi,jesuisdésolée.—Jeviendrairécupérermesaffairesplustard.Ilselevaducanapépourallerdansl’entréeetremettresonblouson.Ilouvritlaporteetseretourna
versmoipourmelancerdenouveauquelquesmots.—Pluspersonnenevoudradetoi,Nina!Iln’yaquemoiquiveuilleencorebiendetoi,tusaisça?Sansréfléchir,jesaisislepremierobjetquimevintsouslamain,enl’occurrenceunedemestennis,et
jeluijetaiàlafigureausenspropreduterme,carj’avaisbienvisé,ilsel’étaitprisedanslatronche.—Garce!Jevaisporterplaintepourcoupsetblessures.—Tire-toi,salecon!hurlai-je.Il referma laportevite fait derrière lui. Je restaiplantéedans l’entrée, abasourdiepar la scènequi
venaitdeseproduire. Jamais j’auraispenséque leschosesprendraientcette tournure.Quelsalaud,cetype!D’accord,c’estmoiquivenaisdelelourder,maisquandmême!Onsonnaàlaporte.Sûrementluiquiétaitderetourpourenredemander.J’attrapaimadeuxièmechaussureaucasoù.Arméedecelle-ciet
prêteàdégainer,j’ouvrisl’entréeencriant:—Espècedecon…—Calme-toi,Nina,ditBeth.—Jesuisdésolée,jecroyaisquec’étaitJeremy.Viensrentre,luiproposai-je.Onretournadanslesalonpours’asseoiretdiscuter.—JeviensderompreavecJeremy.—Oh!Jesais.Jepensed’ailleursquetoutlequartierdoitêtreaucourantmaintenantquet’asrompu
aveclui.—J’aicriéaussifort?—Hurléseraitplusjuste.C’estunquartierplutôtcalmeàcetteheure-là.Lescrisetleschaussuresqui
volentnepassentpasinaperçus.—Ill’amalprisetlepire,c’estqu’enpartant,ilm’aditquepluspersonnenevoudraitdemoi,àpart
lui.—Nina,ilvientdesefairelarguer!Tupensaisqu’ilallait leprendreaveclesourire?Sonegode
mâle vient d’en prendre un coup,même si pour Jeremy, l’ego d’un hamster lui conviendraitmieux, etquandjedisça,jesuispassympaavecleshamsters.Tuasfaitlebonchoix,ilesttempsquetuavances,quetutourneslapage,etcen’étaitpasenrestantavecluiquetuallaisfairequoiquecesoit.—Ets’ilavaitraison?—Àproposdequoi?—Sipluspersonneneveutdemoi!—Tu rigoles, j’espère ? Tu t’es tellement engluée dans ta relation avec lui que tu n’asmême pas
remarqué comment lesmecs te regardent. Tu es craquante,Nina, avec tes yeuxmarron et ton superbesourire. Tu n’as qu’à le décocher et aucun homme ne te résiste, comme un certain acteur de maconnaissance,situvoiscequejeveuxdire…lâcha-t-elleenminaudant.—Jeneveuxpaspenseràça,c’esttroptôt.Etpuis,peut-êtrequ’ilchercheuneamieou…unbonvéto,
quisait?—Çadoitêtreça,ildoitavoirbesoind’unbonvétopours’occuperdesonanguille,medit-elleenme
désignantsespartiesintimes.— Tu es vraiment… tordue, fis-je en riant. Cela dit, j’ai jamais soigné d’anguille, il faut un
commencementàtout,continuai-je,hilare.—Tuvois,jetel’aidit,ilabesoind’unbondocteur.Une fois calmée, cequiprit unboutde tempspourmapart, je revins avec lebadgepour l’exhiber
devantBeth.Ellemefitremarquerquesiça,cen’étaitpasunsigne,ellen’ycomprenaitplusrien.Elleessayademeconvaincrequetoutcequiétaitentraindesepasser,c’étaitledestin.Destinoupas,pourl’instant,jen’avaispaseudenouvellesdemonacteuretBethétaitretournéechezelle.Pourlapremièrefoisdepuisdesannées,j’auraisétéseulechezmoi,oui,touteseule.Jeremyetmoi,nousn’étionsjamaisséparés,carniluinimoin’avionsdesjobsquinousamenaientànouséloignerdelamaison,cequiavaitpoureffetd’êtretoujourscollésensemble.Çaauraitaussiétélapremièrefoisquej’allaisdormirsanspersonnedepuisdesannées.Jegrimpaiau
premier pourmemettre en pyjama etme glissai sous la couette. Jem’emparai de l’oreiller pourm’yaccrocher.Aujourd’hui,j’avaisvulevraivisagedeJeremyetparlamêmeoccasion,lemien.Lesmots«désolée,jetequitte»étaientlesplusdursaumondeàdireàquelqu’un.Lelendemain,jereprislecoursdemavieàunedifférenceprêt,j’étaisofficiellementcélibataire.Je
partisàlacliniqueetjem’attaquaiauplanningdelajournée.Cesdernierstemps,ilyavaitdeplusenplus de gens qui ne pouvaient pas payer les consultations, faute d’argent. Ils laissaient leurs petits
compagnonssanssoins.NottingHilloupas,lamisèreétaitpartout.Maintenantquej’auraiplusdetempslibre,jevoulaisfairequelquechosepourremédieràlasituation.AvecleconsentementdeRavi,nousavionsdécidéquetouslesvendredis,nousallionslesconsacrer
aux clients les plus défavorisés et soigner leurs animaux gratuitement.Celui-ci était enthousiasmé parl’idée et ne perdit pas un instant afin de sortir une affiche de l’imprimante qu’il s’empressa d’alleraccrocheràlaportedelaclinique.C’étaitquelquechosequejevoulaisfairedepuis longtemps.J’avaisétéfavoriséedans lavieetdes
personnescommemoidevaientaiderceuxquil’étaientmoins.Jetrouvaisçanormalethumain.Ondevaits’attendreàbeaucoupd’influencetouslesvendredisdésormais.Lesheuress’écoulèrentetjenepensaisniàmaruptureavecJeremyniàTom,pourtantcelui-cienvahissaitdeplusenplusmespensées.Ilétaitpresquedix-neufheuresetnotredernierclientétaitparti. Je fisdemêmeen laissant lesoinàRavidefermer.Sanslevouloir,aulieudemedirigerverslamaison,j’avaisprislechemindulieudetournage.Jenesavaispass’iltravaillaitencore,maisj’allaisquandmêmetenterlecoup.Unefoissurplace,ilyavaittoujoursautantdemondedanslaruelle,maiscettefois,j’allaismontrermonprécieuxbadge.J’étais retombée sur la fameuseblondede la sécurité,mais à lavuedemonboutdeplastique, elle
avaitétéplusdocileetm’avaitmêmeaccompagnéejusqu’àl’intérieurdubâtimentoùtoutsedéroulait.Ellemeconduisitsurleplateau,ilsétaientenpleinescène.Lesilenceétaitdemiseetellem’invitaàmemettredansuncoinetàêtrelaplusdiscrètepossible.Jem’étaisassisesurungrandcoffrenoir,àdéfautdemieux.TométaitbienlàdanssoncostumedeSherlockHolmesetjeneperdaisriendetoutcequisepassait.C’étaitféeriquepourquelqu’uncommemoiquiadoraislemilieuducinéma.Ilnepouvaitpasmefairedeplusbeaucadeau.Jeregardaispartoutetj’écoutaistout.J’étais tellementabsorbéeparcequiétaiten traindesepasserque jenem’étaispasaperçuequ’un
minidrameétaitencours.Pendantlascène,Tomavaittrébuchésurundesfilsfixésparterreetc’étaitfaitmal à lamain. Je n’avais pas réalisé tout de suite qu’il s’était blessé.Ce fut quand le réalisateurdemandaunmédecinquej’accourusauprèsdemavedettepourl’examiner.Onavaitvoulum’arrêter,maisilleurditquej’enétaisun,mêmesinoussavionstouslesdeuxquece
n’était pas complètement la vérité. Jem’accroupis pour regarder samain. Elle était entaillée sur unepetitelongueur.Jesortismonnécessairedemonsac.J’avaistoujoursunetroussed’urgenceavecmoiaucasoù.—Elleestlégèrementouverte,maiscen’estpasgrave.Jevaisladésinfecterettemettreunbandage.
Ilfaudraallerquandmêmeàl’hostopourtefairefairequelquespointsparprécaution,maisçairaaprès.Jememettaisàl’ouvrage.—Tupeuxlefaire?—Quoi?Tefairedespoints?dis-jeencontinuantmessoins.—Oui,j’aihorreurdeshôpitaux.—LegrandTomBradleyquialafroussedesdocteurs!m’amusai-je.—Jen’aipaspeurdetouslesmédecins,pasdetoientouscas.Leréalisateurdufilmintervint:—Vouspouvezlerafistolerrapidement?Ondoitfinirlascènecesoir.—Vousn’avezpasuneéquipemédicaleici?—Siparéquipemédicalevousvoulezdire,lemecquidoitsetrouveraupubducoin,alorsoui,ona
notreéquipemédicale.Maisvousavezl’airdevousconnaîtretouslesdeuxetpuisquequeTomestunechochottequandonluimetuneaiguillesouslenez,autantfaireçaavecquelqu’unqu’ilapprécie.—Eh…lança-t-ilvexé,jenesuispasunechochotte,pourquitumefaispasser.Toutleplateausemoquaitdeluietj’avaisunpetitsourirequicommençaitàseprofiler.Leréalisateur
meredemanda:—Alors,vouspouvezvousoccuperdeluioupas?—Jevousleramènedansuneheure,çaira?—Trèsbien!Allez,neperdezpasdetemps,unevoiturevousemmènera.—OK,enroutedanscecas,dis-je.J’avais fait le nécessaire pour que la plaie de Tom soit propre et qu’il ne saigne pas trop.
Effectivement,unvéhiculenousattendaitquandnousétionssortisdelamaison.J’indiquaiauchauffeurquelcheminprendrepournousrendreauplusviteàlaclinique.Nousétionsarrivésrapidementetj’avaisfaitmonpossiblepourouvrirlacliniquevite.Tomdemandaauchauffeurdel’attendredanslavoiture.Jel’installai sur une chaise et je commençai à préparer le matériel pour son opération. J’enlevai sonbandagepourévaluercombienilluifaudraitdepoints.Laplaieétaitpeuprofondeetpeuétendue,troissuffiraient.—Jevaist’anesthésierlocalement,tunesentirasrien.—Tuvasutiliserdesproduitspouranimaux?— Si tu éprouves une envie soudaine d’aboyer ou une grosse tentation de manger des croquettes,
surtoutn’hésitepasàmeledire,fis-jeensouriant.—Tuplaisantes,n’est-cepas?—Maistuasvraimentlatrouilledespiqûres,maparole?Leréalisateuravaitraison.Pourquelqu’un
quijoueunmédecindansunesérie…souriais-je—Non,jen’aipaspeurdespiqûres,jen’aimepasça,cequiestdifférent.Ettuvienstrèsjustementde
souleverunpointimportant,jejoueundocteur,jen’ensuispasun.—Tuasraison,tuesacteuretnonpasmédecin,ettuastoutàfaitledroitd’êtreeffrayéparunetoute
petiteseringuerikikicommecelle-là,dis-jeentapotantsurcelle-ci.Net’inquiètepas,j’aitoujoursdesproduitspourles«humains.»J’aiparfoisdesgaminsduquartierquiviennentsefairesoignerici,donc,j’aicequ’ilfaut.Pendantqu’ilfermaitlesyeux,j’avaisprofitédelepiquersansqu’ilnes’enaperçoive.—Vas-y,fit-il,jesuisprêt.—Çayest,jet’aifaitl’injection.—Quoi,c’estfait?—Oui.Maintenantonvaattendrequelquesminutesetjepourraifairetespointsettupourrasredevenir
SherlockHolmesdenouveau.—J’airiensenti.—Tantmieuxsijet’airéconciliéaveclesaiguilles.Paréàtefairecharcuter?Jevoyaisqu’ilviraitaublanc,donc,jemerepristrèsviteenluidisantquejeplaisantais,chosequ’il
n’avaitpascomprisapparemment.Jenesavaispass’ilétaitunechochotte,maisentouscas,iln’aimaitpaslespiqûres.Lasuitesepassaplutôtbien,ilavaitfermélesyeuxdenouveaupournepasregardercequej’étaisentraindefaire.Jem’appliquaiàallerleplusvitepossible,carjesavaisqu’onl’attendait.Unefoisquej’eusterminé,ilavaitreprisdescouleurs.Ilfaudratelesfaireenleverdèsqueceseracicatrisé.Turisquesd’avoirunpeumalquandl’effetde
l’anesthésieauradisparu.—Jevaisavoirunecicatrice?—Non,sij’aifaitmonboulotcorrectement.—Jeteremercie.L’assurancedelaproductionteremboursera—C’estpas lapeine,ne t’enfaispaspourça,c’estcadeau.Jen’aipas lachance tous les joursde
recoudrelebeauTomBradley…Pardonjenevoulaispasdireça.
—Net’excusepaspourm’avoirfaituncomplimentsurmonphysique.—C’estsortitoutseul,maisjelepense.—Tuesspontanéeet j’aimeplutôtça,etenplustuviensdesauvermamain,dit-ilens’amusantde
moi.—Fautpasexagérernonplus.C’estjusteunpetitbobo,rigolai-je.C’estbon,tupeuxpartirmaintenant,
jetelibère.—Tunevienspasavecmoi?s’étonna-t-ilenselevant.—Non. Après toutes ces émotions,jevaisrentrerchezmoi.C’étaitchouettedevoircommenttu
travaillaismisàpartlapartieoùtut’escoupélamain,biensûr,maisj’aibienaimé,merci.—Nina,vendredi,onsortavectoutel’équipe,traditiondefindesemaine.Onvaallermangeretboire
quelquepart,situveuxvenir.—Vendredi,jevaisavoirunegrossejournée.AvecRavi,onouvrelacliniquepourlesgensquin’ont
pas lesmoyens de payer les soins pour leurs animaux.Onva commencer tôt et finir tard,maismercid’avoirpenséàmoi.—C’estuneexcellenteidée,aiderlesautres.—Oui,jetrouveaussi,maisc’estcequetufaiségalementdetempsentemps.— Oui, sur les conseils de mon agent. Tu connais les déductions d’impôts ? Ça te donne bonne
conscienceetenmêmetemps,tupréservestoncapital.Cen’estpascommetoioutudonnesdetontempsgratuitementsansriendemanderenretour.—Oh ! Je ne savais pas que c’était une histoire d’argent,mais c’est pas grave, je trouve ça bien,
malgrétout,quetufassesprofiterlesautresaussi,c’estquandmêmegénéreux,non?—Quandçasortdetabouche,ouiçal’est.Pourvendredi,jetiensvraimentàcequetuviennes,alors
jepasseraiquandmêmefaireuntouraucasoùtupeuxtelibérer.—Oui,situveux,maisjenevoudraispastefaireperdretontemps.—Cen’estpaslecasetçamefaitplaisirdet’inviter.Jesaisquecenesontpasmesaffairesettuasle
droit de ne pasme répondre si tu n’en as pas envie,maisRavi et toi, vous êtes…demanda-t-il avecmaladresse.—Amisdepuislafac.—Tuasquelqu’undans tavie?Mais làaussi, tuas ledroitdenepasrépondre,continua-t-ilenle
disantsurletondelaplaisanterie.Jeregardaimamontreenrétorquant:—Depuisquelquesheures,jesuisofficiellementcélibataire.Jeviensderompreavecmonfiancé.—Jesuisdésolé.Nelesoitpas,jenelesuispas,pasvraiment.Ilfautquetuyailles,sinonc’estmoiquivaismefaire
gronder.—Mercipourl’opération.—Derien,situendésireuneautre,c’estquandtuveux!—Onvaéviterpourunmoment,dit-ilengrimaçant.Tureviendrassurletournage?—Situleveux,oui.—Jet’attendsdemain,alors?—Puisquetuinsistes,jemesensobligéederevenir!Ilmefitunsignedelatêteetallas’engouffrerdanslaMercedesnoire.J’étaispourtanthabituéeàle
voirdepuisquelquesjours,maisquandj’étaisprêtdelui,ilfaisaittoujourslemêmeeffetauprèsdemonpauvrecœur,celui-cis’emballait.
Chapitre6
Aprèsmajournéedeboulot,j’allaisrejoindreTomsurletournage.Enfin,c’étaitungrandmot,carjem’asseyaissurlamallenoireetjemefaisaislaplusdiscrètepossible.Detempsentemps,onvenaitmevoirpoursoignerlespetitsbobosduplateau.Çam’amusaitbeaucoupparcecequej’étaisdevenue,nonofficiellementbiensûr,lemédecindel’équipeduplateau.J’attendaisTomquandilavaitfini.Jedevaispatienterunpeu,carildevaitrepasseraudémaquillageetserhabillernormalement.Ildisaitaurevoiràtoutlemondeetilavaitdécidédemeraccompagnerjusqu’auseuildemaporte.
Sur le trajet du retour qu’on faisait à pied, on parlait de tout et de rien. Il me racontait beaucoupd’anecdotessursesfilmsetmeconfiaitquelquesbribestrèsprivéesdesonexistence.Ilétaitspirituelettrèscultivé,ilétaitencoremieuxdanslavieréelleetilétaitbienloindel’imagequejem’étaisfaitetoutaulongdecesannées.J’avaistoujourspenséquelerencontrerpourdevraiauraitaltérémavisiondeluiet m’aurait déçue, mais c’était tout le contraire. Le vrai Tom était mieux que celui de l’écran detélévision.J’appréciaisdeplusenpluslapersonneetnonplusl’acteur,mêmesijeletrouvaistoujoursaussibon
dans son job. Les soirs qui suivirent, ce fut le même rituel. Après le tournage, il me raccompagnaitjusqu’enbasdemesescaliers aprèsnotre longuediscussionet aprèsunbaiser sur la jouequiparfoiss’éternisaitunpeu,ilpartaitendirectiondumétropourrentrerchezluicommetoutlemonde.Vendrediarrivaviteetj’étaisd’attaqueàlacliniquedèsseptheuresdumatin.Lavillecommençaitàpeineàseréveiller, pourtant une queue s’était déjà formée devant celle-ci qui était ouverte. À croire que Ravidormaitlà.Nousétionsmotivésetprêtsàendécoudre,maistoujoursdanslabonnehumeur.Nospetitspatientsà
quatrepattespourlamajoritéavaientdéfilétoutelajournée.Certainspropriétaires,pournousremercierdenotregentillesse,nousavaientpayéennature,soitennousapportantdesconfituresoudesgâteauxfaitmaisonetd’autreschosesqu’onn’avaitpaspuidentifier,cequinousamusabeaucoupavecRavi.J’étaisheureuse qu’il soit là, car même dans les cas un peu plus compliqués, il gardait le sourire et metransmettaitsajoiedevivre.Ilmemotivaiténormémentdansletravail,cequirendaitleschosesparfoisplus faciles et parfois aussi embarrassantes. Il savait égalementmemettre la honte devant les clients,maistoujoursavecbontéetaveclesourire.Ilétaitpresquevingtetuneheuresquandnousavionsenfinfininotrejournéemarathon.JediscutaisavecRaviquandcelui-cim’avaitfaitremarquerquequelqu’un,derrièrelavitredeladevanture,étaitentraindemeregarder.Jen’avaispasétésurprisedevoirTom.Jeluifissigned’entrer.—Tueslàdepuislongtemps?—Depuisunpetitmoment.Tuesprêtepourallerfairedesfoliesdetoncorpsavecnouscesoir?—Ilfautd’abordquejerentremechangeretmedoucher.J’aicombiendetemps?—Cinqminutes!—Non?Turigoles?—Ilssontdéjàaurestoavecsansdoutedeuxoutroispintesdebièred’avancesurnous.—Quinzeminutes,laisse-moiquinzeminutesetjeseraispresqueprésentable.JedemandaiàRavide fermerpourmoietmeprécipitai à lamaisonenplantantTomà laclinique.
J’étais certaine que Ravi allait volontiers lui faire la conversation, enfin le saouler plus exactement,parcequeçaaussi,ilsavaitlefaire.Jemontailesescaliersdeuxpardeuxetjemejetaisousladouche.Je n’avais pas cherché à être séduisante pour Tom. Après ce qu’il avait vu ce soir, j’étais grilléedéfinitivementpourêtreclasséeparmilesfemmessexy,surtoutaprèsunejournéeépuisantecommecelle-
là.J’avaisattrapémonjeanetmonchemisiernoir,ainsiqu’unepairedebasketsetavais faitunepetite
retouchemaquillage.Aupassage,j’avaisrécupérémonblousonencuir.Jedescendisdanslesescaliers,maisjenem’attendaispasàcequ’ilsoitdanslecouloirentraindepatienter.—Laporteétaitouverte,dit-il.Jemesuispermisd’entrer.—Tuasbienfait,çam’arrivesouventd’oublierdelafermer.—Tusensbon.—Merci,répondis-je,flattée.Maiscen’estquemongeldouche.—Avantqu’onyaille,jevoudraisteposerunequestion.—Jet’écoute.—Est-cequetum’aimes…bien?—Hein…?fis-je,unpeusurpriseparsademande.—Est-cequejete…plais?Jenel’avaispasvuvenircelle-là,jedevaisl’avouer,surtoutquelaréponseétaitplusqu’évidenteà
mesyeux.—Plaire…tuveuxdirephysiquement?—Oui,entreautres.—Est-cequejedoisprendreencomptelessixdernièresannéesauminimumou,àchaquefoisqueje
teregardaisàlaTVouaucinéma,jemebavaisdessusoupas?demandai-jeenplaisantant.Ilsemitàrire,etmoiaussi.—Çadevraittedonnerunindice,jepense,surmonattirancepourtoi,non?répondis-je.—Depuisqu’ons’estrencontrés,tun’asjamaisvraimentmontréquejeteplaisais.—Oh…!C’estparceque tun’aspas remarquéque jecriaiscommeune folleàchaque foisque tu
partais.Jefaisçaencachette,mêmesilesvoisinsontmêmecruàunmomentquejemefaisaisagresserouquej’avaisperdulatête.Ilsétaientplutôtdiviséssurlesujet,àvraidire,continuai-jesurletondelaplaisanterie.—Tuprendstoujourstoutàladérision,impossibledesavoircequetupenses.—Trèsbien,onvajouercartesurtable,alors.Tuestoutàfaitmontyped’homme.D’ailleurs,tudois
être le typed’hommedelamoitiédelaplanète,femmesethommesconfondus.Entantquefan, jen’aijamais voulu te rencontrer, car j’étais convaincue que si je le faisais, j’allais découvrir quelqu’un decreuxetsansintérêtetquej’avaisfantasmétoutescesannéessurquelqu’undedétestable.Cequiafailliseconfirmeraprèsnotreauto-tamponnagecaféinédedimanche.Maiscesderniersjours, j’aidécouvertl’hommesouslemaquillageetj’aimebeaucoup,etdeloin,cequejesuisentraindevoir.Cequimefaitd’autantpluspeur, car jevoisdemoins enmoinsde raisondenepas tomber amoureusede toi, si cen’est…Tesamisdoiventnousattendre,onyva?Jen’avaispaseulecouragedeterminercettephrase.J’enavaisdéjàplusditquejen’auraisdû,même
tropàmongoût.Ilessayaderépondreàmatiradequim’avaitsurprisemoi-même.Jeluiavaisdéclaréàdemi-motquej’étaisentraindem’amouracherde«lui»etnondel’acteur.Iln’avaitpaspuenplacerune, car Beth fit son apparition dans l’entrebâillement de la porte et me creva le tympan quand elleréalisaquiétaitmoninvité.Ellen’arrêtaitpasderépéter«c’estpasvrai!C’estpasvrai!»JevoyaisqueTométaitunpeugênéparlasituation.Pouressayerdedétendrel’atmosphèreetpourluimontrerquemonamien’étaitpasfolle,mêmesiçaauraitétédifficiledeluidémontrerlecontraire,jetentaidefairedel’humour.—Ellefaittoujoursçaquandellemevoit,dis-je,ellenepeutpass’enempêcher,fautqu’ellecrietout
letemps!
JedétachaiBethdeTomàquielles’étaitattachéecommeunkoalaàsonarbre,chosequifutplusarduequeprévu,car j’avaisdûm’yreprendreàdeuxfoisavantdepouvoir ladécollerdesonbras,àcroirequ’elles’étaitenduitedeglue.Ilavaitétésouriantetaimablependanttouteladuréedel’opération,maisjemedemandaiscequ’ilallaitpenserd’elle,enfindenous,aprèsça.—Tomjeteprésentemameilleureamie…—Beth,cria-t-elle,excitée.Ilmeregardaavecunairtotalementdésespéréquivoulaitmedire«AuSecours!»—EtBeth,cen’estpaslapeinequejeteprésenteTomvuquetul’aspresquefaillile…violersous
mesyeux,repris-jeenessayantdedétendreencorel’ambiance.—JesuisunedevotreplusgrandefanTom,déclara-t-elle.—MerciBeth.—Maisonseconnaîtdéjà,voussavez!Etlà,quandj’entendiscesmots,jesentisquelesprochainesminutesallaientêtreaussiembarrassantes
pourluiquepourmoi.C’étaitparti,Bethallaitfairesonshow.—Ahbon?s’étonna-t-il.—Oui,ons’estparléplusieursfoislorsdevosavant-premièresetjevousenvoiedestweetstousles
jours. C’estmoi les émoticônes avec les yeux en forme de gros en cœurs qui vous dit « je te veux,prends-moi.»—Quoi?m’exclamai-je.Beth,enfin!Tupeuxpas…—Oui,maintenantquevousmeleditesçamerappellevaguementquelquechose,sourit-il,trèsmalà
l’aise.—Oh,c’estpasvrai,fis-jeenfermantlesyeuxettrès,maisalors…trèsgênée.—Jetel’avaisdit,Nina,qu’illisaitsestweets,jetel’avaisdit.—Oui,benlàonvasortiravecTometonestenretard.—Jepeuxveniravecvous?demanda-t-elle.—Pfff….Beth,jepensepasque…—Oui,vouspouveznousaccompagner,Beth.—Oh,merciTom…jevousadore.Jen’avaispaseuletempsdedirequoiquecesoitqu’ellel’avaitembarquébrasdessus,brasdessous,
melaissantderrièrepourfermerlaporte.Lerestaurantoùl’équipedufilmattendaitTomn’étaitpastrèsloindulieudetournage,donconallaitmarcherpours’yrendre.TometBethétaientdevantmoientrainde discuter, enfin plus exactement, elle monopolisait la conversation avec ses nombreuses histoires.Celui-ci,detempsentemps,seretournaitpourmelancerunregarddesesmagnifiquesyeuxbleusetunsourirequil’étaittoutautant.Pasunseul instant, ilmontradudésintérêtpourcequ’elledisait,parhabitudesansdoute,parceque
moi,souvent,jelâchaispriseauboutd’unmoment.Nousétionsarrivésetquandnousrentrâmesdanslerestaurant italien, l’équipedufilmcriaà l’unissonungrandhourradansunebonnehumeurgénéraleenfaisant savoir à Tom qu’il était enfin là et en charmante compagnie de surcroît. Le compliment allaitsurtout àBeth, car c’était elle qui était la plusmignonnedenousdeux. Jen’avaispas eu le tempsdechoisirmaplaceàtablequ’ellepritlesdevantspourallersemettreàcôtédeTom.Jem’étaisassiseenfaced’euxentrel’ingénieurdusonetlamaquilleuse.Je regardaiBeth qui était encore une fois accrochée au bras deTom à qui elle lançait des regards
langoureux. J’évitaide trop lesobserveret jediscutaiavecmescompagnonsde tableavecqui j’étaiscoincée. Pendant tout le repas, j’avais appris un paquet de choses sur la fabrication d’un film. Çam’intéressais beaucoup, à vrai dire, de connaître toutes ces nouvelles choses, surtout quand c’était
expliquépardesgenspassionnants.Detempsentemps,monregardallaitseperdresurTometBethquiétaienttoujoursengrandeconversationetquiavaientl’airdebiens’entendremalgréundépartplusquedouteux.Pendantquelques secondes, jem’étaisprise àpenserque c’était peut-être ellequi allait gagner son
cœur,elleétaitplushardiequemoiet toutaussidinguedelui,voirplusquemoi,mêmesimaintenant,j’étaisintéresséeparluidefaçondifférente.UnSMSarriva.Lechiend’undemesclientsvenaitdesefairerenverseretjedevaismerendreauplus
viteàlaclinique.Jem’excusaiauprèsdetoutlemondeetm’éclipsaisansprêterunegrandeattentionàBethetTom.LepauvreM.Harringtonattendaitavecsonchiendanslesbras,unjeunecockeranglaisnoirqu’ilavait
acheté quelquesmois plus tôt. L’animal était en piteux état, tout comme sonmaître. Je le lui pris desmainspourallerl’allongersurmatabled’opération.Sonmaîtrepleuraitàchaudeslarmes,maisjedevaisle faire sortir de la pièce. Il était temps pourmoi deme reconcentrer et demontrer pourquoi j’étaispremièredemapromotion.Lesheuresdéfilèrent,maisjenedevaispasfatiguer,ilfallaitquejesauvecepetittoutou.L’aube arriva à grands pas quand je quittai enfin la salle pour annoncer la bonne nouvelle à
M.Harrington.Sonchienallaits’entirer.Jel’avaismisdansunecageafinqu’ilsereposeetjecomptaisresteràlacliniqueletempsqu’ilseréveille.Ilétaitsoulagéetilmepritdanssesbras.Ilmeremerciaunmillierdefois,jecrois.Mêmesiçafaisaitchaudaucœur,j’avaisfaitquemonjob,riendeplus.Jeluidisqu’ilpouvaitrentrerchezluipoursereposeretquejel’appelleraidèsquesonchienouvriraitunœil.Aprèsunedernièrepoignéedemain,ilpartit.J’étais crevée et courbaturée, mais heureuse d’avoir sauvé une vie aujourd’hui. Les portes de la
cliniques’ouvrirentdenouveaupourlaisserapparaîtremonacteur.—Qu’est-cequetufaisiciàcetteheure-là?Ilestàpeinesixheuresdumatin.—C’estl’heureàpeuprèsnormaleoùl’onsecoucheaprèsavoirmangéetécumélespubspendant
toutelanuit.—Tuessaoul?—Unpetitpeu,maisjusteassezpouravoirlecouragedefaireça.—Defairequoi?lequestionnai-je.Ils’approchademoi,soncorpspresquecontrelemien.Jepouvaissentirlachaleurdesapeaupuisil
penchadélicatementlatêtepourqueseslèvrestrouventlesmiennes.Jefermailesyeuxpourappréciercemomentsiinattenduetsispécial.J’avaispeurdelesrouvriretderéaliserquetoutçan’étaitqu’unrêve,maisjelesavaisouvertsmalgrétout.Nemontrantaucuneobjectionaubaiserqu’ilvenaitdemedonner,ilm’engratifiad’unautre, et cette fois, sa languechercha lamienne.Soncorpsétait appuyécontre lemien, nous étions bouche contre bouche et c’était la première fois que quelqu’unm’embrassait de lasorte. J’avais l’impression que jamais personne nem’avait embrassée auparavant.Mon cœur était entraind’exploseroud’imploser,maiscequiétaitsûr,c’estqueTomlemettaitausupplice.—Tuveuxqu’onaillecheztoi?meproposa-t-il.—Jedoisrestersurveillermonpatient.—Tuaimeraisquej’attendeavectoi?—Non.Parcontre,situveuxallerchezmoipourdormiretdessaoulerunpeu,vas-y.—Çanetedérangepas?—Non,sinonjetel’auraispasproposé.J’allaischercherlesclefspourlesluidonner.Ilm’embrassadenouveauetmeditqu’onreparleraitde
cequivenaitdesepasser lorsqu’il seraitunpeuplus frais.Aprèsquemoncœureut reprisun rythme
normaletquejeretrouveégalementmesesprits,jeretournaimonterlagardeauprèsdemoncocker.
Chapitre7
Ravivintprendrelarelèvepourquelquesheuresafinquejemereposeégalement.Ilétaitpresquedixheuresdumatinquandjeretournaiàlamaison.Toms’étaitinstallédanslecanapédusalonetronflaitàtout rompre. Je supposais qu’il avait bubienplus qu’il ne l’avait avoué.Cequime fit douter sur lesbaisers qu’ilm’avait donnés et leur sincérité. Peut-être qu’en se réveillant, il aurait tout oublié et jedevaismeprépareràcequecesoitlecasetmecomportercommesiderienn’était.S’iln’enreparlaitpas,j’auraisfaitdemême.Jedevaisluimontrerquejem’enmoquaisetque…Ilnefallaitpasquejememente,j’espéraisréellementqu’illerefasse,qu’ilm’embrasseencore.Après l’avoir regardé dormir pendant quelques minutes, j’étais montée au premier pour aller me
vautrerlamentablementsurmonlit.Lafatigueaidant,jem’étaisendormieenrepensantauxbaisersqu’ilm’avaitdonnés.J’avaisdûcapituleràunmomentouàunautre,carcefutunediscussionmouvementéeenbasquime
sortitdemonsommeil.Jedévalailesescaliersaussivitequejelepus,carj’entendaislavoixdeTom,maiségalementcelledeJeremy.Celui-ciinsultaitsansretenueTomquileregardaits’exciterenbuvantsoncafédansunmug.—Qu’est-cequetufousici,Jeremy?dis-jeencolère.—Moi,qu’est-cequejefousici?Etlui…Qu’est-cequ’ilfoutici?Tun’aspasperdudetempspour
meremplaceroutul’avaisdéjàfaitavantdemejeterdehors?—C’estunamietcenesontplustesaffairesdepuisquelquesjoursmaintenant.—Etils’appellecomment,Monsieurdentsblanches,onpeutsavoir?Là, je compris que toutes ces années à côté de lui avaient été vaines. À aucunmoment, il n’avait
reconnuTom,etpourtant,çan’avaitpasétéfautedeluiavoircassélespiedsavecetdel’avoir traînéplusieursfoisaucinémapourallervoirsesfilms.Celui-cineselaissaitpasfaireetentrepritderépondreàJeremy.—Jem’appelleGrant,HughGrant!Enchanté.—M.Grant,jepeuxsavoircequevousfaiteschezmoi?J’étaishébétéedelascènedontj’étaislaspectatriceetTom,lui,prenaitplaisiràjoueravecJeremy.Je
devaisretrouvermesespritsavantqueçan’ailletroploin.—Alors,cen’estpaschez toi,grondai-je,car lamaisonestàmoi,etcommenousnesommesplus
ensemble,tondroitdeposerdesquestionss’estarrêtéquandtuaspassélaporteenm’insultant!—J’étaisénervé, jem’excuse!Jeveuxrevenircheznous,mesparentssontsympas,mais ilsneme
laissentpasregarderlatélé,etcesoir,ilyaunmatchimportant.Ilétaitrevenu,nonpaspourtenterdemereconquérir,maispours’assurerdepouvoirsuivresonmatch
de foot. Jen’avaispaseu le tempsde réagirqueTomqui, lui, avait finideboire soncafé, avaitprisJeremyparlavestepourlemettredehors.Jeregardai,hallucinée,cequiétaitentraindesepasser.Monex.sefaisaitbotterlesfessesparTomBradley,c’étaitsurréaliste.C’étaitcomiquedevoirJeremysedébattrepouressayerderentrerànouveaudanslesalon,maisTom
lerattrapapourl’emmenerverslasortie.Ilnefaisaitpaslepoids,carTométaitathlétiqueetlui,non.Aprèsdeuxoutroistentativesdésespéréesdesapart,Tomarrivafinalementàsesfinsetlemitdehorsenrefermantlaportesursonvisage,jemedemandaimêmes’ilnesel’étaitpasprisevraimentdanslenez.J’auraidûavoirdelapeinedelevoirsefairebotterlecul,carj’avaisétéodieusedeleplaquer,mais
luil’avaitététoutautant,etsanséléganceenplus.J’étaissoulagéequ’ilsoitpartietjedevaispenseràfairechangerlesserruresafind’éviterqu’unautreépisodedecegenrenesereproduise.EntreJeremyet
Beth,Tomavaiteusoncomptepourleweek-end.—Jesuisdésolée,Tom,jenepensaispasqu’ilseraitrevenusiviteetjen’imaginaispasnonplusque
tuauraisdûjouerlevideur.—Rappelle-moicombiend’annéestuaspasséesavecce…connard?Sijepeuxmepermettre.—Quelquesannées.—Félicitations!Jemedemandecommenttuasfaitpourtenirautant.—Jemeposelaquestionaussiparfois.Jecroisquejemecachaislavéritéetjenevoulaispasvoir
qui il était. Quand tu passes beaucoup de temps avec quelqu’un en pensant l’aimer, t’arrives à teconvaincretoi-mêmequec’estvrai.C’estfinimaintenant,jevaistournerlapage.Etencoremercipourlenettoyage,dis-jeaveclesourire.HughGrant?Hein…C’étaitmarrant,jel’avoue.—J’aiditlapremièrechosequim’estvenueàl’esprit,maisjecroyaispasqueçaallaitmarcheraussi
bien.Hughestmondeuxièmeprénom.—C’estvraimaintenantquetumelefaitremarquer.—Ettoi,tuasundeuxièmeprénom?—Mary.— NinaMary Lockwood, c’est joli. Il se fait tard, je vais rentrer chez moi. Histoire de justifier
pourquoijepayeunloyer,carjesuisplussouventàl’extérieurdechezmoiquededansencemoment.Tufaisquelquechosecesoir?—Jevaismanger,jepense!letaquinai-je.—Jem’endoute,Nina,merci,maisjevoudraissavoiravecqui?—Çadépend.Tumeproposesencoreunrendez-vousavectonéquipedetournage?—Justeunrendez-vousrienquetoietmoi,cettefois.Jeprisunlongsoupiretjeleregardaiavecintensité.—Onvareparlerdu…des…tusais?dis-jesansconviction.—Oui,onvaenreparler.J’étaispassisaoulqueça,jemesouviensdetout.Ilallachercherquelquechosedanslapochedesavestepourenressortirunecartedevisitequ’ilme
tendit.Je ladonneque très rarement.Twittern’estpas lemeilleurmoyendecommuniquer. Il est tempsde
passeràlavitessesupérieure.Je pris sa carte avec plaisir et la détaillai. Il résidait dans le nord de Londres dans le quartier de
Hampstead,quartierréputépourêtrechic.Jen’étaispassurprisequ’ilhabitelà.—Jedoisyallermaintenant.Tupeuxmedonnertonnumérodetéléphone?—Tul’asdéjà,lacartedevisiteduboulot.—C’estaussitonnumérodetéléphonepersonneldessus?—Oui,encasd’urgence,mespatientspeuventm’appeler.Jen’aipasdenuméroprivé, jen’envois
pasl’utilité.—Trèsbien,alors.Onditversvingtheures?—Oui,çadevraitlefaire.—Sijenesuispaslà,fouilledanslepotdefleursàtagauchedansl’entrée,ilyauneclef.—Tumetstesclefsdemaisondansunpotdefleurs?—Jesuis têteen l’air, jenesaispluscombiendefois je lesaiperdues,doncc’estmonsystèmeD
quandjenelestrouveplus.—Tom…—Oui?—Pourquoitufaistoutça?Tumeconnaisàpeineetmevoilàavectacartedevisiteetenm’indiquant
oùtumetstesclefs.C’estquoilasuite?—Jene sais pas,Nina, pourquoi je fais tout ça ! Je serai incapablede te l’expliquer. Je suismon
instinct,c’esttout,etilmeditdetefaireconfiance.Tupensesqu’ilaraisondelefaire?Etpourlasuite,j’ensaisautantquetoi,maisl’espèrequ’onvaledécouvrirensemble.Ilétaitattendrissantetsincèreoualorstrèsbonacteur.Maismoncœurquibattaitàcentàl’heureme
disaitdefoncer.—J’amèneledessertcesoir?luidemandai-je.—Sic’esttoiledessert,jesuistoutàfaitd’accord.Jerougis.Ilétaitenretardetmoiaussi,carjedevaisretourneràlaclinique.Jel’avaispresquemis
dehors,mêmesiçaavaitétédurdelefaire,maisavantdeviderleslieux,ilrécidivapourm’embrassertendrementenmemurmurantqu’ilavaithâted’êtreàcesoir.Dansquoijem’embarquais?Jevenaisàpeinederompreavecmonfiancéquiétait,soitditenpassant,uneplaie,pourmejeterdanslesbras,oupresque,d’unautrehomme.Bienquejemesenteprête,était-ceraisonnable?Celadit,sijedevaismerelancerdansunehistoire,
même si ça me semblait plus une erreur qu’autre chose, autant faire cette erreur avec quelqu’un quej’appréciaissurtouslesplans.Tomparaissaitévidentcommechoix.J’étaisretournéeàlacliniquepoursurveillermonpetitpatientquiseremettaittoutdoucementdel’opération.Raviétaitauxpetitssoinspourlui.Jeluidisqu’ilpouvaitrentrerchezluietqu’ilprendraitlarelèveunefoisdeplusdanslasoirée,carj’avaisunrendez-vous.Outre l’attention que je portais àmon protégé, je pensais à Tom tout le temps, beaucoup trop.Des
histoirescommeçaétaienttropbellespourêtrevraies.L’acteurdevosrêvesquis’intéressaitàvousdecette façon-là, et en plus qui était encoremieux dans la réalité, jeme demandai où était planquée lacaméra cachée.C’était forcément une blague, à qui ça arrivait des trucs comme ça ? Jemedemandaiquandj’allaisenfinmeréveillerpourmerendrecomptequefinalementtoutcequej’avaisvécun’étaitqu’un rêve. Les grognements demon petit compagnon, eux, étaient bien réels et c’était bon signe. Jepassailajournéeàsonchevetetsonpropriétairequiétaitvenuaprèsluiavoirdonnédesnouvelles,restaavecluiégalement.C’étaitlafindelajournéeetRavivintmeremplacer.J’allaismepréparerpourmonrendez-vousavecmastar.Il était presque huit heures du soir et j’avais quasiment fini de me préparer quand la sonnette de
l’entréeretentit.Unhommevêtud’uncostumenoiretd’unecasquettesetenaitsurleseuildelaporte.—Bonsoir,medit-il,MsLockwood?—Oui.—JesuisDouglas.Jeseraivotrechauffeurpourlasoirée.—Monchauffeur…?m’étonnai-je.—M.Bradleynepouvantselibérer,ilm’aenvoyévouschercher.Ilvoudraitvousinviterpourledîner
ailleursquechezlui,sivouslevoulezbien.—Ouiabsolument,lâchai-jeavecenthousiasme.—Prenezletempsqu’ilfautpourvouspréparer,jevaisvousattendredanslavoiture.—Dîner…dîneroùexactement?Dansunrestaurant?—Ilveutquecesoitunesurprise.Ilm’avaitlaisséesurleseuildelaporte.Jeprisquelquesminutesavantderéaliserquejedevaisme
bouger les fesses pour allermettre quelque chose de potable, car un repas chez lui ou dans un resto,c’était pas lamêmechose. Je remontai les escaliersquatre àquatrepourme jeter dansmondressing.Pantalon, robe, talons, bottines ? Qu’est-ce que je devais porter ? Je ne savais pas quel genre derestaurantc’était.Queldilemme!Sic’étaitchicetquej’étaispashabilléeenconséquence,jeluiaurais
faithonteetsijel’étaistroppourunrestodécontracté,çaauraitétélahonteaussi.Enfinbref,ilfallaitquejemeprépareaupireetàl’assumer.J’optaifinalementpourunepetiterobenoireetdestalonsdelamêmecouleur.J’avais rejoint le chauffeur à la voiturequand jem’aperçusque j’avais complètement oublié deme
maquiller. Il était trop tard et il avait démarré.Flûte, non seulement j’allaisprobablementme taper lahonteàcausedemesvêtementsetdemonmanquede«finitions.»C’étaitjouéd’avance,ilallaitfuirenmevoyant.L’haleine…j’avaisoubliédemelaverlesdents,bravomagrande.Là,j’avaisfaitfort.Dansundernierélandecourage,jelavérifiaiensoufflantdansunedemesmainsetheureusement,làencore,çapouvaitallerpasser.Lechauffeurs’arrêtaàpeinecinqminutesaprèsnotredépart.Jeluidemandaisitoutallaitbienetilme
réponditqueouietquenousétionsarrivés.Nousétionsgarésdevantunpetit jardinprivéduquartier.Certains propriétaires avaient l’avantage d’en posséder un et eux seuls en avaient les clefs. Il vintm’ouvrirlaportièretoutenmesaluantdesacasquette.J’étaisàprésentsurletrottoirausensfiguréduterme,bienévidemment,etabandonnée,carlavoitureredémarraaussitôt.Jemedemandaiqu’est-cequisepassait,oùétaitdoncmonrestaurantchic?Jemeretournaibrusquementquandj’entendissavoix,celledeTom.—BonsoirNina.—BonsoirTom.—Tuesmagnifiquecesoir.—Tuesuntrèsbonmenteur,j’yaipresquecrupendantunenanoseconde.—Jelepense,c’estlavérité.—Sansmaquillage,c’estpasbeauàvoir,dis-jeenesquissantunlégersourire.—Si jepeux tefaireuneconfidence,c’estçaque j’aimechez toi,c’estparceque tuesnaturelleet
vraie.Çamechange.—C’estpourçaque…—Quequoi?murmura-t-il.—Tut’acharnesàvouloir…—Tacompagnie?—Oui,enpartie.Viens,ledînernousattend.—Danslejardin?—Oui,danslejardin.Çaappartientàl’undemesamisetcen’estpasloindecheztoi.Jemesuisdit
quec’étaitpeut-êtreunboncompromispourcesoir.Ilmetenditlamainpourm’inviteràyentreraveclui.Jelaprissanshésitationetmêmedanslenoir
presquecomplet,jepouvaisencoreadmirersesyeuxclairs.Ilnemelâchapaslamaintantquenousnefûmespasarrivésàdestination.Jeregrettaidenepasavoirchoisimesbaskets,carmarcherentalonssurla pelousen’était pas chose facile.On fit quelquespas et une couverture posée sur la verdurenousyattendait.Celle-ciétaitaccompagnéedebougiesetd’unpanierenosier.Unpique-niqueàpresquevingtetuneheureavecunestarinternationaleàmescôtés,c’étaittoutàfaitnormalpourmoi,c’estlaroutine,riais-jeintérieurement.
Chapitre8
Ils’assitetm’invitaàlerejoindre.Chosequis’avéraplusdifficilequeprévucarmarobeétaitserrée,trèsserrée,tropserrée.Àvouloirlajouerfemmefatale,j’enpayaislesconséquencesmaintenant.Ils’amusabeaucoupdelasituationetm’aidaàm’installersurlacouverture.Ilouvritlacorbeillepourensortirdesfruitsetunebouteilledevinrouge.—Jet’aiunpeumenti,cen’estpasunvraidîner,jen’aipaseuletempsd’alleracheterquoiquece
soit, c’est mon assistante, pour te dire la vérité, qui a fait tout le boulot pour moi. J’ai dû faire unphotoshootingdedernièreminutepourlefilmetcommejen’avaisriendanslefrigo,j’aipenséqueçaseraitsympathiquedefaireçaicipournotrepremièrefois.—C’esttrèsbien.Sij’avaissuqu’onallaitpique-niquer,jemeseraishabilléeautrement.—J’auraidûteprévenirpourçaaussi,dit-ilconfus.—Mepréveniràproposdequoi?—Jenepeuxpast’inviteraurestaurant.— Tu n’as pas eu ton gros chèque ce mois-ci ? Tu es un peu juste ? lançai-je sur le ton de la
plaisanterie.—Dececôté-là,jemedébrouilleencoreassezbien.Jeveuxêtrehonnêteavectoi.Jet’aiemmenélà
cesoirpourqu’onaitunevraiediscussion.—Àproposdequoi?Jem’attendaisaupireenentendantcesmots.—Toietmoi.Jenepeuxpasmemontrerpubliquementavectoi,commealleraurestaurantrienque
nousdeux,parexemple.Lapresseàscandalessauteraitsurl’occasionetnemelaisseraitpastranquille,ettoinonplusd’ailleurs.Jeveuxt’éviterletourbillondetoutcecirquetantqu’onn’estpassûrsdecequ’onressentl’unpourl’autre.Enquelquesmots,ilavaitrésumécequejesavaisdéjà,ilnevoulaitpasêtrevuavecmoiparcequeje
n’étaispasassezbienpourlui.—Jecomprends,Tom,jenesuisquevétérinaire,jenefaispaspartiedetonmonde.—Çan’aaucunrapportaveccequetufaisouquitues,c’estàcausedemoi.Jenesuispassûrquetu
supporteraislapressionquecelacomporte,surtoutsicen’estquepassager.—Passager?Ilyaencorequelquesheuresdeça,tum’embrassaisettuétaisprêtàpartagermonlit,et
maintenanttumeparlesd’uneaventure?—Cen’estpascequej’aidit.Jedoisprendredesprécautions.Monagentm’aditqueje…—Tonagent?Tuasparlédemoiàtonagent?—J’ysuisobligé.Toutcequimeconcerneleconcerneaussi.—Danscecas,demande-luidecoucheravectoi,merelevai-jefurieuse.—C’étaitcenséêtreunesoiréeromantique,grommela-t-ilenseredressantégalement.—Romantique…Ehbien,jepeuxt’affirmerquetudoisbosserencorelà-dessus.Jen’euspasletempsdefinirmaphrasequ’ilmedonnauntendrebaiser.—T’asdemandéàtonagentavantdem’embrasserparceque…—Chut!Ilm’avait fait tairede laplusbelledes façonset j’avais toutde suite étébeaucoupmoins furieuse.
Aprèsplusieursétreintes,iltintàmeraccompagnerjusqu’àchezmoi.Onétaitarrivésdevantlaporte.Ilmesouritenregardantcelle-ci.—Tunemefaispasrentrer?
—Non.—Jepensaisqu’onallaitterminer…—Aulit?—Ditcommeça,c’estpastrèsromantiquejetel’accorde,mais…oui.—Tom,jenesaismêmepaspourquoitut’intéressesàmoidecettefaçon-là,etpeut-êtrequejen’ai
pas enviede ledécouvrir.Cemoment, je l’ai attendudepuisque je t’aivupour lapremière fois à latélévision,maiscesoir,jevaisrefuserderéalisermonrêveparcequejen’aiconnuqu’unhommedanstoutemavieetquemoncœurn’estpas faitpour lesdéceptionsamoureuses.Surtoutaprèsceque j’aientenducettenuit.Jesuistrèsvieilleécoleetquandje…faisl’amouravecquelqu’un,c’estquej’aidessentimentspourcettepersonne.Jeneveuxpasquemonhistoired’amoursoitrégieparuntiersquejeneconnaismêmepas.J’aiconsciencequetuesunecélébritéetquetudoisfaireattention,maisjecroisquejenepourraispaslesupporter,t’aimerencachette.Jesaisquesijetefaisrentrerdansmavie,jevaispasserdebeauxmoments,maisjesaisaussiquequandtuteseraslasséedemoietdemanouveauté,turepartirasverscequitecorrespondralemieux.Etlorsquecejourarrivera…lorsquecejourarrivera,jesaisquemoncœurne s’en remettrapas.Pouréviterun teldrame,etmêmesi tuembrassescommeundieu,jepréfèretedirenon.—Jecomprends…enfinjecrois.Non,enfait,jenecomprendspas,maisjevaisrespectertadécision,
pourcesoirdumoins.Jevaisappeleruntaxipourrentreretessayerd’avalerlefaitquejeviensdemeprendreunrâteaumonumental.—Jevaisattendreavectoi.—Non,jevaismarcherunpeuetjerentreraijusteaprès.Jetesouhaiteunebonnesoirée,Nina.Ilavaitdescendulesmarchesetjeleregardaipartirquandilseretourna.—Nina!—Oui?—Jevoulaisquetusachesquejenesuispaslegenredetypequicoucheavecsesfansunefoisetqui
s’enfuitaupetitmatin,agentoupas.—Ça,Tom,jenelesaispasencore.—J’attendsledeuxièmesoirengénéralmesourit-il.Enplusd’êtrecharmant,ilétaitmarrantetlà,jecommençaidéjààregretterdeluiavoirditnon.—Pourquoimeconfies-tutoutça?—Parcequ’ilyaunesemainedeça,ilm’estarrivélapiredeschoses.—Jenecomprendspas?—Toi,Nina!Tum’esrentrédedansetçaachangébeaucoupdechoses.—Onnetombepasamoureuxdequelqu’unensipeudetemps.— Non, tu es sûre ? Cherche la définition de l’expression « coup de foudre.» J’ai toujours été
sceptiqueàcepropos,maisquandçaseproduit,tulesais.—Reviensici!criai-je.—Quoi?—Reviensici,jetedis.J’aipasenviequetoutlevoisinagesoitaucourant.Il remonta lesmarches pourme rejoindre, sourire aux lèvres, et je le fis rentrer à l’intérieur de la
maison.Jel’emmenaidanslesalonetl’invitaiàs’asseoiravecmoi.—Jeviensjustederompreavecmonfiancéetjenesuispassûre…queçaseraitjudicieuxdemapart
derepartirdansunehistoiredontjeneconnaispaslafin.—Personneneconnaîtlafindeshistoiresquandellescommencent.—Jesais,maistoi,c’estparticulier.Tuesunacteurtrèsconnuquiveutsortiravecquelqu’un…quine
l’estpas.Onnevitpasdanslemêmemonde.Etjet’assurequejamaisj’auraiimaginét’avouerça,encoremoinsterencontrerunjour,pouffai-jenerveusement.Maistoietmoi,çanevaspascoller.Undenousdeuxvaêtremalheureuxetjesaisqueçaseseramoi.—Jenem’attendaispasàcetteréponse,dit-ilens’enfonçantdanslefauteuil.—Non,jesuppose,enfin,jepenseque…tut’attendaisàquoiaujuste?—Passerlanuitcheztoi.Jepensaisqueçaauraitétéplusfaciledeteséduirevuquetuétaisdéjàfolle
demoi.—Folle,folle,fautpasexagérernonplus,fis-jeentoussotant.— Je nem’attendais pas à une telle résistance de ta part, parce que d’habitude je n’ai pas trop de
problèmespourplaire.—Jeneveuxpasd’unehistoirecourte.Leshistoiresdesexedem’intéressentpas,mêmeavectoi.Je
saisquetudoismetrouverringardeetvieuxjeuetjesupposequetuasenviedet’enfuirmaintenant.—Jecroisquetunem’aspasbienentendutoutàl’heure.—Àproposdequoi?—Quejen’étaispaslegenredemecquisetiraitaprèsunenuitparexemple,etquej’aimentionné
vaguementunehistoiredecoupdefoudre,ilmesemble.—Ouiettuasparléaussidefans.Maisquandjeteregarde,cen’estplusl’acteurquejevois,maistoi.
Et toi, tu vois toujours la fan, mais est-ce que tume vois, moi ? J’ai… peur, Tom. J’ai peur demeréveilleretquetoutçanesoitrienqu’unjolirêve.—Trèsbien.Ilselevapourvenirmepincerlebrasdélicatement.—Etlà,tupensesquec’estassezréeloujedoisrecommencer?—J’ail’impressionquetun’aspasl’habitudequ’ontedisenon,jemetrompe?—C’estpourçaquej’aicraquépourtoi.Tum’astraitédeconetpluspersonnen’osemeledireen
facedepuisbienlongtemps.Jesaisqu’avectoi,leschosespourraientêtredifférentes.Jecomprendstesréticences,c’estpourquoijeteproposequ’ondevienneamisdansunpremiertemps,etsitoietmoi,çadoitsefaire,çasefera.Jepréfèretelaisserletempsdemeconnaître,mêmesij’ail’impressionquetusaispresquedéjàtout.Jeveuxteprouverquejenesuispasunacteurcapricieuxquinesaitpascequ’ildésire.Etd’ailleurs,moiaussi,jedoism’assurerquetunesoispasunetueuseensérieouquelquechosedugenre.J’éclataiderire.—Çameconvient.C’estdéjàénormequetusoislà,tusais.Aprèscettesoiréedegrandesrésolutions,surtoutpourmoic’estcequ’onfit:sefréquentercommedes
amis.J’étaisdébordéeàlacliniqueetlui,aveclafindesonfilm,onnesevoyaitpasbeaucoup,maistouslessoirs,ons’envoyaitdesmessages.Cen’étaitpasdessextos,maisdespetitsmotsdugenre«Qu’est-ceque tu fais ?» et il répondait« Jemangeun sandwich»et je lui envoyais àmon tour«Génial. »C’était très bête,mais çame faisait du bien et je trouvais ça romantiquemalgré tout. On trouve toutromantiquequandonestamoureux,etdelui,j’étaisentraind’entomberfollement.Detempsentemps,jeluitéléphonaisrienquepourtombersursamessagerieetécoutersavoix.Même
d’entendrecelle-cime remuait le cœur. Il était sidifférentde son imagepublique. Il semblait froidetdistant,voirepince-sans-rire,maisdanslavraievie,ilétaitchaleureuxetattentionné.Parfois,ils’arrêtaitàlacliniqueavantd’allertravaillerpourm’apporteruncafé.Cen’étaitpastous
lesjoursbiensûr,maisc’étaitassezsouvent.Ons’asseyaitdansl’arrière-courdecelle-ciafinqu’ilgrilleunecigarettependantquejebuvaismoncafé.Ilessayaittoujoursdesefaireleplusdiscretpossiblepourpréserversonintimité.Je luienvoulaissans luienvouloir, ilétaitunepersonnalitéqui tenaitàsavie
privée,mais j’avais l’impression qu’ilme cachait à la vue dumonde…de sonmonde. Tout celamedépassait,mêmes’ilm’avaitexpliquéleschoses,lesrègles,et j’essayaid’êtrecompréhensive.Depuisce dernier café, je n’avais plus eu de nouvelles, pas vraiment. Il répondait qu’épisodiquement àmesmessages et c’est par Beth que j’avais appris qu’il avait décroché un nouveau rôle dans une série àLondres.Cequivoulaitdireque j’allais levoirdemoinsenmoins.Je luiavaisenvoyéunSMSenlefélicitantpourson rôle. J’attendaispasvraimentde réponse,pourtant j’enavaiseuune,çaou rien,çaauraitétépareil.Ilm’avaitgentimentréponduavecun«merci.»J’avaisl’impressionqu’ilcontinuaitàresterpolipournepasêtredésagréable,maisjesentaisqu’ilcommençaitàenavoirmarredemoietdemanouveauté.Jeregardailetéléphoneenrelisantencoreetencoreson«merci».Iln’imaginaitmêmepascommentunsimplemotpouvaitfairedesdégâts,etlesienavaiteupoureffet
demesoutirerunepetitelarme.«Mercipourtout,tuasétédivertissantepouruntemps!»malgrélefaitqu’on ne soit pas passés au stade supérieur, mon cœur commençait déjà à morfler. Je me dis quefinalement,c’étaitmoiquiavaiseuraisondenepasleretenir,c’étaitmieuxainsi,ouic’étaitcommeçaqueçadevaitseterminer:endouceur.Ravi me fit décoller de mon téléphone pour m’indiquer qu’il était temps de fermer la clinique. Il
suffisait que je pense àTomet c’était fini, je ne savais plus où j’étais ni avec qui. Je n’avais jamaisressentiçaquandj’étaisavecJeremy.J’étaisrentréechezmoi.J’avaisavaléunpetitsandwichvitefait,j’avaisprisunedoucheet j’avaisenfiléune tenuedécontractéeenayant l’intentiondeglander toute lasoiréedevant laTVavec la journéeque je venais d’avoir, il fallait que je décompresse.Après avoirregardéunHarryPotter,j’avaiséteinsleposteetjemepréparaisàmonterpourallermecoucherquandlasonnettedelaportesefitentendre.Ilétaitdéjàpresquevingt-troisheuresetàpartBeth, jenevoyaispasquipouvaitdébarqueràcette
heure-ci.Pourtant quand j’ouvris, l’homme à la casquette noire était de retour, toujours aussi poli. Après
m’avoirsaluée,ilmedemandadel’accompagner.Ilpouvaitdirecequ’ilvoulait,maismonregardétaitattiréparunebelleberlinedécapotablenoireetdevantcelle-cisetenaitTom,habilléd’uncostumedelamêmecouleur etd’unecravatebleuequi faisait ressortir sesyeux, j’étaishypnotisée. Il tendit lamainvers moi pour me faire comprendre que je devais le rejoindre. J’avais tiré la porte derrière moi,précédéeparlechauffeur.—Qu’est-cequetufaislààcetteheure?—UnepetiteviréedansLondres,cheveuxauvent,çatedit?—Tudébarquesicicommesiderienn’était,meproposantuneviréeenvoituredeluxealorsquejene
tevoisplusetqueturépondsàpeineàmestextos.Jedevraisaccepter?— Je sais. Je n’ai aucune excuse sur le fait de ne plus être passé te voir au boulot, car j’aurai pu
prendre le temps,mêmesi j’aiétédébordé,et tusaispourquoimaintenant,etquantauxmessages…jen’aipasd’excusesnonplus.Jesuisunvraiconquandjedoisdécrocherunnouveaurôle.Pluspersonnenecompte,incluslesgensquej’aime.JesuisleDrJekyllquidevientM.Hydeetjesuislepireabrutidela planète qui peut exister chaque fois que je suis sous pression. J’ai besoin de rester seul et demedéconnecterdumonde.Acceptemessincèresexcusesetaccepteaussideveniravecmoi.—C’estvraicequetudis?—Mesexcuses?—Non,tonchangementdecomportement.—Jecrainsqueoui.Jepeuxêtreeuphoriquependantdesheures,desjoursetcomplètementdépriméen
uneseconde.C’estpasfaciledevivreavecmoi.—C’estpourçaquetafemmet’aquitté?
—Non,ellem’aquittépourmonex-meilleuramiquiluin’estpascélèbre,maisextrêmementattirantetriche.Mêmemoi,jemeseraisquittépourlui,dit-ilavecsarcasme.Alorscepetittour?—Je suis en jogging.Quandonnousvoit, toi etmoi à côté, on est plus prochedu«beau et de la
clocharde.»—Jesaisquejesuisàtombercesoir,maisonnesortirapasdelavoiture.—Etonneserapasvus,ouijesais.—Allez,grimpe!J’allaism’installerdanslaMercedesquantaupassage,ilmemitunetapesurlesfesses,cequil’amusa
beaucoup,moiunpeumoins.
Chapitre9Jeprisplaceàsescôtésetlavoituredémarrapresqueaussitôt.Malgrélabeautédelavilleilluminée,
jen’avaisd’yeuxquepourlui,soncostardbientailléetsabarbenaissante.Ilavaitunpetitsourireencoinet luiaussimeregardaitavec intensité. Ilsavaitparfaitementqu’ilm’attiraitetque jepouvais luicéderàtoutinstant,etc’étaitçaquejeredoutaisleplusquejetombepourluietquejen’arrivepasàm’en relever. Ilme tira contre lui afin que je vienneme blottir dans ses bras. J’avaismesmembres,malgrélatiédeurdel’été,quiétaiententraindes’engourdir.Ilm’enveloppadesesbraspourtenterdemeréchaufferunpeu.J’étaiscaptivedesesbrasetjenevoulaispasm’enfuir.Iln’yavaitpasplusdouceprisonquecelle-ci.Je sentais ses lèvresm’embrasser sur le dessus dema tête.Nous étions enlacés dans cette voiture
roulantauvent,sansdireunmot.Nousn’avionspasbesoindeparler,carnotredésirl’unpourl’autreendisait long sur nous. Le chauffeur s’arrêta sur le bord de la Tamise, feux allumés, mais à l’abri desregards indiscrets. Je descendis de laMercedes et Tom demanda à notre guide de s’éclipser un petitmoment. Je contemplais lesbateauxquidéfilaient sur l’eauetTométait assis sur le capotde labelleAllemande,cravatedénouéeetlesmainsdanslespoches,nemequittantpasdesyeux.Ilétaitbeauàsedamneretc’étaitcequej’avaisl’intentiondefairecesoir,medamnerpourlui.Je m’avançai vers lui en sachant ce que je m’apprêtais à faire. On se dévisagea un petit instant,
toujoursenrestantmuets.Ilplaçasesmainssurmeshanchespourquejem’approcheencoreplusprèsdelui,toujoursplusprès.Nousétionsdenouveauenlacés,ilposasatêtesurmonventreetjeglissaimesdoigtsdanssescheveuxetc’estmoi,cettefois,quidéposaitdesbaiserssurlehautdesoncrâne.Ilseleva finalement et je pouvais sentir son cœur battre aussi vite que le mien quand il se décida àm’embrasserencoreetencore.Sesmainssebaladaientsurmoncorpsàlarecherched’uneouverturesousmont-shirt.Sanstropattendre,jesentissespaumeschaudessurmapeaufroide.Ilavaitlaisséunpeuderépitàmabouchepourallers’attaqueràmoncou.Chacundesesbaisersétaitdesmotsquimechantaientunechansond’amour.Ilpouvaitmeprendrequandil levoulait, il lesavait,car j’étaisàprésentqu’unsimple jouetentre sesmains.Malgré la sensualitéet ledésirdenoséchanges, il restait souscontrôle.Nousétionstêtecontretête,corpscontrecorps,âmecontreâmelorsque,dansunmurmurehaletant,ilmedemanda:—Laisse-moiêtrelesecond!Ilvoulaitêtreledeuxièmehommeàmeposséderetcesoir,jen’avaispasenviedeluidirenon.Même
sousl’emprisedelabeautédumoment,niluinimoidésirionsfaireçaàlava-vitedansunevoiture.IlrappelaDouglaspournousraccompagnerànotrepointdedépart.Leretourfutcommel’aller:intense.Nousétionsarrivésàlamaison,lechauffeurnouslaissaenbasdechezmoi.Jeleprisparlamainetnousmontâmesaupremierpournousdécouvrirl’unl’autrepourlapremièrefois.Ilétaitpasséderrièremoietcontinuaitàrépandresurmanuquesesbaisersquiétaientenfeu.Ilme retiramonhautdansungeste agile.Moncorps s’abandonna sous ses étreintes. Ilme retourna
danssadirectionpourquejeluifassefaceetquenosbouchesserencontrentdenouveau.Marespirationsefithaletantedevantcettenouvellefaçond’aimer.Jenesavaispascommentl’aimeretjenesavaispascommentilvoulaitquejel’aime;j’avaissipeud’expérienceenlamatière.Ilsavaitquej’hésitaisàletoucher et face à mon appréhension, il prit mesmains pour les déposer sur le premier bouton de sachemise.Ilfitunpetithochementdelatêtepourmefairecomprendrequejepouvaislefaire,commenceràladégrafer.Jefissauterunboutonaprèsl’autrequilaissaitapparaîtreuntorselégèrementvelu.Quandsachemise
futfinalementouverte,illafittomberparterre.J’étaisivredel’odeurquedégageaitsapeaumêléeàsoneaudeCologne.Ons’allongeasurlelitunefoisquenosderniersvêtementseurentcapitulés.Jen’osaispas le regarder nu, je n’y parvenais pas. Je pouvais sentir son corps brûlant sur le mien, mais jen’arrivaispasàlefixer,pasencore.Ilpassasonpoucesurmeslèvresavantdemeredonnerunnouveaubaiseret,dansunlégermouvementtellementnaturel,nosviesétaientenlacéesàprésent.Notrenuitétaitpassionnée et dans ses bras, la définition du plaisir charnel prenait tout son sens.Mon corps était encombustioninstantanéeetjenepouvaisrienyfaire,ilyavaitmislefeu.Jamaisjen’auraisimaginéavoirautantde jouissanceavecquelqu’unen faisant l’amour, surtoutplusieurs foisdesuite.Cettenuit-là,aucreuxdesesbras,j’avaisenfinéclos.Lematin arriva avecdouceur. J’ouvris lentement les yeux,medemandant si tout ça s’était vraiment
passé.Jetournailégèrementlatêteenespérantqueçanesoitpasqu’unjolisonge,mêmesimoncorpssoutenaitlecontraire.Quandjevissonvisageendormisurl’oreilleràcôtédemoi,çam’avaitsoulagé.Ilavaitdûsentirquejeledévisageaiset,àsontour,ilouvritlesyeuxavecunsouriresurleslèvres.—Bonjour,lâcha-t-il.—Bonjour,dis-jetimidement.—Biendormie?—Oui,sionpeutappelerça…dormir.Comments’étaitTom,tusais,cettenuit?Ilfronçalessourcilsavecétonnement.— C’est pas les mecs qui demandent ça d’habitude le matin en général la première fois ? fit-il
moqueur.—Jesais,jemesensbêtedeteledemander,maiscommetuasbeaucoupplusd’expériencedansce
domainequemoi,peut-êtrequej’aipasétéàlahauteurdetesespérances,cettenuit.—Trois!—Quoi,trois?questionnai-je.—Jen’aieuquetroisfemmesdansmavie,toiinclus!—Trois,tuveuxdirelechiffreentredeuxetquatre?—Oui,auxdernièresnouvelles,c’étaitencorecelui-là,effectivement.—Jepensaisquetuenavaiseubienplus!lançai-je,étonnéedesaréponse.—Commequoi?Cent,deuxcents,mille?—Non…peut-êtrepasautant,maisjet’aivuplusieursfoisavecdesfillesdifférentes,doncavecBeth,
onsedisaitquetuétaisunhommeàfemmes.—C’estencoredumarketingpourmevendre,çamerendplusdésirable.C’estquedelapromo.J’ai
eumapetitecopineàlafac,mafemmeettoi.—Çamesoulagedelesavoir.— Pour répondre à ta première question, oui c’était top. On n’a pas besoin d’avoir beaucoup de
partenairespourquecesoitbien.Quandtutrouveslabonnepersonne,çal’estforcément.—Jel’ignoraisjusqu’àhiersoir.—Jeteretournelecomplimentetçamerassureaussidesavoirquej’aiétéàlahauteur.Je caressai son visage légèrement barbu et il vintm’embrasser.Mon téléphone nous interrompit au
momentoùonallaitcontinuernotrenuit.C’étaitRaviquiavaitbesoindemoiàlaclinique.—Jedoisyaller,jesuisenretardetRavicommenceàêtredébordé.Jemelevaipourmepréparerenvitesse.—Ilestàpeineneufheures.—Leshonnêtesgensseréveillenttôtpourallertravailler.Toutlemonden’apaslachancederesterau
litjusqu’àmidi,figure-toi!
—Jenedorsjamaisjusqu’àmidi.Pasdepetitdéjeunerensemblealors?—Jesuisdésolée,chéri,maisçaserapouruneautrefoisLa gaffe ! Pourquoi je lui avais sorti « chéri » ?Onne dit pas ce genre de chose, surtout après la
premièrenuit.—Tom,jenevoulaispasdireça,jesuis…—Net’excusepas,jetrouveçacharmant,aucontraire.Nesoispasgênée,dit-ilavecunregardplein
detendresse.—J’yvais,fis-jeavecunsignedelamain,maisgênéemalgrétout.—Situt’envas,jevaisyalleraussi.—Tupeuxrester.Fermejustederrièretoienpartant.Je luidonnaiunbaiseràrallongeet filaimedoucherpendantqu’ilallait, lui,prolongersanuitsans
moi.Quand j’étaissortiede lasalledebain, il s’étaitendormi.J’avais fait lemoinsdebruitpossiblepourme faufiler à l’extérieur afin de ne pas le réveiller. Ravi nem’avait pasmenti, la clinique étaitpleineetlajournées’annonçaitrude.Monpetitcockerseremettaittrèsvitedesesémotionsetilauraitpuretournerrapidementavecsonmaître.Entredeuxpatients,Bethsepointa,sourireauxlèvres,surmonlieudetravail.—Devinequi j’aivusortirdecheztoi, toutà l'heure, légèrementdébrailléetencatimini,dit-elleà
voixhaute.—Chuuut…soufflai-je.Tunetravaillespasaujourd’hui?—Non,j’aiprismajournéeetj’aibienfait,sinonj’auraisloupéTom!—Viensderrière,tuveux?Etparlemoinsfort,ilyatoujoursdesoreillesquitraînent.Jel’emmenaiàl’extérieuràl’abridesregards,carladiscrétionetelle,çafaisaitdeux.—Ilt’aditquelquechose?luidemandai-je.—Non.Ilnem’apasvu,jevenaisàpeinedequitterlamaisonquandilestsortidecheztoi.Alors,ça
yest?Tomettoivousavezfaitboum-boum?—Arrêteunpeuaveccemot!Boum-boum,çamefaittroppenseràJeremy.—TupréfèresKissKissBangBang?—Riendutout,c’estbienaussi,tusais.—Alorsouiounon,Nina?Tomettoi?—Oui,onapassélanuitensemble.—Ahhhhhhh….hurla-t-elle.Jelesavais!Depuisledébutjelesavais.Ilyadessignesquinetrompent
pas.—Tuensavaisplusquemoidanscecas.—Quandunmectefaitlacour,c’estpaspourjusteunresto,situvoiscequejeveuxdire.Comment
c’était?Raconte!—Indescriptible,grandiose,fis-jerougissante.—Regarde-toi!Tuesresplendissanteetincroyablement…amoureuse,çasauteauxyeux!—Autantqueça?—Carrément!TuesamoureusedeTomBradley.—Tomneveutpasqueças’ébruite.—Quoi?Quevousavezcouchéensemble?—Entreautres.—Entreautres?Commentçaentreautres?—Pourlemoment,ilpréfèrecachernotrerelation.Ilveutêtresûrquecesoitdusérieuxetquejene
soispasembêtéedansmaviedetouslesjours.
Ellemeregardaitbizarrement.Sonregardetsonsilenceendisaientlongdanslegenre«Maisqu’est-cequetuesentraindemeraconter?»—Pourunefoisquec’estmoiquiarriveàteclouerlebec,dis-je,onvasortirlechampagne.—C’estsurtoutqueçamelaisseperplexetonhistoire,fit-elleavecétonnement.—Qu’ilveuillemecacherauxyeuxdetoutlemonde?Bienvenueauclub!J’aieulamêmeréaction
quetoi,maisj’essayed’êtrecompréhensive.Jenesorspasavecunmecordinaireetjedoism’yfaire…jecrois.—Iltecourtaprèsdepuisdessemaines,maisilneveutpasqu’onlesache,curieuxquandmême,non?—Lesacteurs…c’estunautreunivers.—C’estquoilasuite?Vousallezvousrevoir?—Jesuppose.J’aipaseuletempsdediscuteravecluideça,cematin.Tupensesquec’estlegenreà
coucherunefoisetàneplusdedonnerdenouvelles?—J’aijamaiseuventdecegenred’infosàcesujet,maissituveux,jepeuxmerancarder.—Tupeuxfaireça?—Cesdoigtsetcecerveaupeuventtoutfaire,majolie,medit-elleenmemontrantsatête.Jevaisvoir
siM.Bradleyestuntombeurdefansouunmecsérieux.—Merci.—Ilfautqu’onsachesic’estuncoureuroupas.Personnellement, je l’auraibienessayémêmepour
unenuit,maistoi,t’espascommeça.Nosentiments,nosexe.—Etsij’avaisfaituneerreur?Etsimonjugementavaitétéaltéréparceque,simplement,c’étaitla
fanquileregardaitetnonlafemme?—Quedittoncœur?—Bizarrement,iladécidédefairegrèveaujourd’hui.Toutcequejesais,c’estqu’ilpalpitequandil
levoit.Nonenfait,merepris-je,jecroisquejesuisraidedinguedelui.Bethmegratifiaencoreunefoisd’undesescrisdontelleavaitlesecretaupointqueRavimontrale
boutdesonnez.—Çava,lesfilles?—Oui,Ravi,çava,réponditBeth.T’aspasautrechoseàfaire,onparlelà?—Toujoursaussicharmante,maprincesse,dit-il,dragueur.Tusaisquetoic’estoùtuveux,quandtu
veux!lâcha-t-il.—Mêmepasenrêveetmêmepassitumepayes,renchérit-elle.—Tuyviendrasunjouroul’autre,lança-t-illangoureusementensemordantlalèvre.Toutmondeaime
l’indien.Ilfitdemi-tourpourrentreràl’intérieurdelacliniquedefaçonthéâtrale.RavicouraitaprèsBethsans
jamaislarattraperàvraidire,carilseprenaitsystématiquementdesventsgigantesques.Àchaquefoisqu’illacroisait,c’étaittoujourslamêmehistoire,illuifaisaitdurentre-dedansetçal’exaspérait.Moi,parcontre,çamefaisaitbeaucouprire,cartouslesdeuxàcôté,çanemanquaitjamaisdem’éclateretilsformaient un duo explosif dans le bon sens du terme. De voir Ravi se faire éconduire et persévérer,surtoutfaceàBeth,ilavaittoutemonadmiration.Celadit,çaneledécourageaitpas,bienaucontraire,plusils’enprenait,plusilenredemandait.—C’estquoisonproblème?mequestionna-t-elle,l’airaffligé.—Ilestfoudetoi,maisilnesaitpascommenttelemontrer.Donc,c’estsafaçontrèspersonnellede
telefairecomprendre,mêmesiçamanquedeclasse.—Enfin,pourrevenirànosmoutons…lavoilàtaréponse,situasdespetitspapillonsdansleventre.
Situtiensàlui,accroche-toi!Ets’iltientàtoi,c’estluiquidevras’accrocher,parcequedesmecs,tu
peuxenavoirautantquetuveux!Jeriais.Ellem’avaitremontélemoral,unpeu.Jen’étaispasdéfaitistedenature,maisTométaittrop
beaupourêtrevrai,mêmesijem’étaisréveilléeàcôtédeluilematinmême.Lajournéetirasursafinetj’étais rentrée chez moi. J’avais oublié comment c’était, les lendemains des premières fois. Je neconnaissaispluslesrègles,mêmesijedoutaisdelesavoirconnuesunjour.Devais-jeattendrequ’ilsemanifesteouétait-ceàmoide faire lepremierpas? Iln’étaitpassi tardet j’étaiscurieusedesavoircommentc’étaitchezlui.Ilnem’avaitpasinvitée,maisjen’avaispasenviequ’ilmedonnel’autorisationnonplus.Jeprisdonclemétrojusqu’àSwissCottagepourluirendreunepetitevisitesurprise.J’avaissacarteenmainet jecherchaisoùse trouvaitsamaison.Jen’avaispaseu tropdemalà la
localiser, car elle était en début de rue et c’était une des rares qui soit équipée de caméras desurveillance.Mêmesi lademeuren’étaitpassi impressionnante, j’étaisquandmême…impressionnée.C’étaitlapremièrefoisquej’allaisvoirlàoùilhabitait.Delamusiqueavecdesvoixs’échappaitd’unede ses fenêtres, iln’étaitpas seul. Ildevait sansdoutedîneravecdesamis. Jevoulais renonceràmavisite,c’étaitprobablementlameilleurechoseàfaires’ilavaitdumondechezlui.Maisd’unautrecôté,j’étais là,maintenant, et jen’avaispasenviede fairemachinearrière.SiBethavait été là, elleauraitdepuislongtempssonnéàlaporte,elle.Jeprismoncourageàdeuxmainsmalgrémoncœurpalpitantetje frappai à la porte avec hésitation. Celle-ci s’ouvrit et c’est un gros labrador chocolat qui vintm’accueillir.Celui-ciétaitcontentdemerencontrer,çapouvaitsevoiràsaqueuequin’arrêtaitpasderemuer.Jeluilançaiun«salut,mongros»cequieutpoureffetdemefairelécherlevisage.Jelevailesyeuxquandj’aperçusToms’essuyantlaboucheavecuneserviette.Lemaîtreavaitl’airmoinsréjouidemetrouverlàquesonchien.—Tuasunbeaulabrador,ilestadorable.—Ilaboncaractère.Qu’est-cequetufaislà,Nina?—Jevoulaissavoircommenttuallais,commejen’aipaseudetesnouvellesaujourd’hui.—J’aiétéoccupé,tusais,avecmonagentettoutesceshistoiresdecontrats.— Oui, j’en suis sûre, dis-je sans conviction. Si tu vas bien, c’est l’essentiel. Je ne veux pas te
dérangerpluslongtemps,tuasdumondeetjenesaismêmepaspourquoijesuisvenuefrapperàtaporte,c’étaituneerreur.—Je suis désolé,Nina,mais c’est pas lemoment pour te faire entrer.Ce soir oudemainmatin, je
t’appelle,OK?—Ouid’accord,àplustard.Ilappela lechienetme lançaunregardpleind’excuses.Jedescendis lesmarchespour repasserde
nouveau devant la fenêtre ouverte quand je surpris, bienmalgrémoi, cette petite conversation que jen’auraispasdûentendre.Unevoixdefemmes’élevaquidemandaàTom:«Quiétaitàlaporte?»etilrépondit sur un ton neutre, mais sévère « Personne, juste le véto d’Olaf qui venait prendre de sesnouvelles. »Ma lèvre inférieure commença à trembler,mes yeux à se noyer dans les larmes.De pasgrand-chose,j’étaisdevenuepersonneàcetinstant.
Chapitre10
Surlecheminduretour,j’avaisleventrenouéaveccettechansondeGeorgeMichaelquitournaitenboucledansmatête«ICan’tMakeYouLoveme.»Jenepouvaispas leforceràm’aimer,mêmes’ilprétendaitlecontraire.M’avait-ilmentitoutcetempspourobtenircequ’ilvoulait?Moncœuretmoncorps?Maiscesoir,aprèscequej’avaisentenduiln’enrestaitplusgrand-chose,ill’avaitbriséentouspetitsmorceaux.J’avaistraînéunpeu,mais,pourtoutdire,j’étaistellementabsorbéedansmespenséesquej’avaisratémonchangement.J’étaisperdueau sens figurécommeausenspropredu terme,car jeconnaissais lemétroparcœur,
maislorsquevousn’avezpaslesidéesclairesetlecœurquipleure,ilestdifficilededescendreàvotrestation demétro. J’étais arrivée en début de nuit à lamaison, brisée. Certaines personnesm’auraientprobablementdit :«Dequoi tu teplains?Tuascouchéavec ton idole, tuesdéjàchanceusequ’ilaitposé lesyeuxsur toi !» J’ai toujourspensé,mêmeenfant,que jevivaisdansunautre temps,unautresiècle,carquandjefaisaisl’amouravecquelqu’un,c’étaitquej’enétaisamoureuse.Oui,ilfallaitquej’aidessentimentspourmedonneràquelqu’un.Lesaventuresd’unsoirnem’intéressaientpas.Mêmesijem’étaisaperçueunpeutardqueJeremyn’étaitpaslebon,audébut,jel’avaisaiméetça
avaitcomptéd’autantplus,carilavaitétélepremier.J’étaisassisesurlereborddemonlit, lesjouesdégoulinantes de larmes, enmedisant que j’avais été le coupd’un soir d’une star quim’avait dupée.C’étaitsonmétieraprèstout,fairecroireauxgensqu’ilétaitquelqu’und’autre,etsareprésentationdesesdernières semaines avait étéungrand succès. Il était presqueuneheuredumatin et jenedormaistoujourspas,commentjelepouvais?J’avaisdumalàrespirer,unecrisedepanique,sansdoute.Aprèsavoirprisundécontractant,j’avaisréussiàdormirpresquesixheuresd'affilée.J’étaisnauséeuseetpasassezfortepouraffrontertoutça.Lejourvenaitàpeinedeseleveretj’allaisfrapperàlaportedeBeth.Celle-cim’ouvritenpetitetenueetlescheveuxenl’air.—Qu’est-cequit’arrive?T’estombéedulitouquoi?—J’aibesoindeparler.—Vas-y,entre.LamaisondeBethétaitunpeucommelamienne,maisenunpeumoinsbienrangée.Unlongcouloir
blanc avecdes escaliers de lamêmecouleur.Sur la gauche, il y avait ungrand salon avec la cuisineadjacente,àlaseuledifférence,c’étaitqu’elleavaitscotchélesaffichesdefilmsdeTomunpeupartout.Rienquedelevoirsurcesphotosmerendaitencoreplusmalàl’aise.J’avaistoutexpliquéàBethquiétait à la fois surprise et indignée par ce qui s’était passé la veille au soir. J’avais des larmes quicoulaientdenouveau,monmal-êtreétaitflagrant,etjenesavaispasgérerlesdéceptionsamoureuses,etparticulièrementcelle-là.—Jenesaispasquoitedire,Nina,ilal’airtellementdifférentdel’hommequ’onconnaît,commetule
décrisc’estlegrosconnard,premièrecatégorie.—Ilétaitgênédemevoir,Beth.Quandonaimequelqu’un,çanedevraitpasarriver,enfinjenecrois
pas.—S’ilestencoredanssondéliredetecacheràlaTerreentière,ilestévidentquetuestombéecomme
uncheveudanslasoupehier.—Quelquepart,jecroisqued’avoirsurpriscetteconversationm’aurapermisdenepasallerplusloin
avantqueçanesoittroptard.—Ilfaudraitquetudiscutesaveclui,Nina,peut-êtrequec’estunpetitmalentendu.—Jenesuis«personne»,tut’ensouviens?
—Jenecomprendspasqu’ilt’aisortilegrandjeupourtefairececoup-làjusteaprès.Ilpeutcoucheravec qui il veut, même pour un soir. Les femmes ne demandent que ça, de coucher avec lui, moi lapremière!—Jevaistelelaisservolontiers,jepense.—Tut’emballestrop!Toi,tut’imaginesquefairel’amourunefoisavecquelqu’unt’engagepourune
relationlonguedurée.Lestroisquartsdesmecscouchentpourcoucher,terminé.—Excuse-moidecroirequel’amourexisteencore!—Cen’estpascequej’aidit.Maisvoisleboncôtédeschoses,tuaspassédessupersmomentsavec
lui,regardeleverreàmoitiépleinetpasàmoitiévide.Parle-lui!Tomestuntypebien,mêmesiçan’enapasl’aircommeça,àpremièrevue.J’acquiesçaipouressayerdemepersuaderdecequ’ellevenaitdedireétait«vrai»,maissansgrande
certitude. Je retournai à la maison, car cœur brisé ou pas, le boulot, lui, m’attendait. J’étais prête àmonteraupremierquandonfrappaàlaporte.Jefisdemi-tourpourallerouvriretTomsetenaitderrièreavecdeuxcafésàlamain.—Qu’est-cequetufaislàsitôt?demandai-je.—Commeonn’apaseunotrepetitdéjeunerau lithiermatin, jepensaisqu’onpouvait se rattraper
maintenant,mêmesicesontquedeuxcafés.—Jenecroispasquecesoitunebonneidée,répondis-jesansleregarder.—Pourquoi?Tun’aimespluslecafé?Jen’avaispasdonnéderéponseàsaquestion.—J’ysuis,lança-t-il,grimaçant.C’estpourhiersoir,c’estça?Parcequejet’ailaisséàlaporte.—Cequim’aleplusblessée,c’estdet’entendredirequej’étaispersonne,riend’autrequelevéto
d’Olaf.—Commentas-tupuentendreça?—Lafenêtreétaitouverteetjesuispasséeaubonouaumauvaismoment,appelle-çacommetuveux.—Tun’auraispasdûentendreça,jesuisdésolé!—Ilvautmieuxqueçaarrivemaintenantqueplustardquandjeseraistombéefollementamoureusede
toi.Situveuxbienm’excuser,jedoismepréparerpourallerauboulot.J’étaisentrainderefermerlaportequandillabloquaavecsonpiedetlapoussaavecsonépauleen
faisantattentionànepasfairetomberlesgobeletsqu’iltenaitàlamain.Illesdéposasurlepetitmeubledel’entréeetclaqualaportederrièreluisansquej’aieletempsd’émettreaucuneprotestation.—Alors, c’est tout? s’offusqua-t-il.Tume fermes laporteaunezetciao sansmêmemedonner la
chancedet’expliquerquoiquecesoit?—Jecroisquetuastoutdithieràtesinvités.—Nina!JedînaisaveclespirespipelettesdeLondres,NomdeDieu!Tuvoulaisquejeleurraconte
quoiaujuste?Lavérité?—Quellevérité?—Que je suis tombé éperdument amoureuxd’unevétodeNottingHill aupoint que je ne suis plus
capable d’apprendre deux lignes d’affilée correctement tellement je pense à elle ? C’est ça que tuespéraisquejeleurdise?Ils’étaitrapprochédemoi,meprenantlatêteentresesdeuxmains.Moncœurrebattaitdenouveau,les
motsquiétaientsortisdesaboucheétaientvenuslerecollercommeparmagie.—Jesuissincèrementdésoléquetuaiesentenduça,jelesuisvraiment,maisjedoisteprotégerdece
mondeencoreunpeu.Dèsl’instantoùilssaurontpournous,tavievachangeretjenesuispassûrquetuaimerasl’existencequejepeuxt’offrir.N’oubliejamaisqu’aveceux,jejoue,maispasavectoi.
—Tuétaissi…distanthier,Tom.—Jesais,maisillefallait.Monmilieuesttellementdifférentdutien,dumondenormal.Audébutça
teplaira,lessorties,lesavant-premières,lesgensquitecomplimententpourtoutettoutletemps.Maislereversde lamédaille, c’est qu’un jour, tu te réveilles et tu t’aperçoisque tout ça, c’est duvent.Et tucommencesàsouhaiteretàchercherdésespérémentquelqu’unquit’aimerapourcequetuesetnonpourcequetuprojettes,etquandtulatrouvesenfin,tunesaispascommentfairepourl’aimercorrectement.J’apprendsmaladroitement,maisj’essayedelefairedelameilleurefaçonpossible.—Tuparlesdemoi,là?dis-je,plussouriante.—Non,deBeth!Jesuistombéeamoureuxd’elleàcausedesessex-tweetsàrépétitions,semoqua-t-
il.—Jemesensstupidemaintenant.Jepensaisque…—Quoi?Quej’étaiscommelesautres?—Jen’aiquetrèspeudepointsdecomparaisonpoursavoir.J’enaieuquedeuxhommesdansmavie.—Jesais,Nina.C’estpourçaquejevaistenterdeprendresoindetoietdetoncœurcommejepeux,
mêmesijelefaissansdélicatesseparfois.Tumefaisconfiance?medemanda-t-il.—Jevaisessayer.— Je suis un être humain avant d’être un acteur et j’ai des sentiments aussi, comme tout lemonde.
AppelleRavi,mecommanda-t-il.—Pourquoi?questionnai-je,dubitative.—Dis-luiquetuvasêtreenretardcematin.Ilesthorsdequestionquejerepartedecheztoiavantde
t’avoirfaitl’amour.Allezvas-y,appelle-le,insista-t-il.Je n’avais pas attendu qu’il me le répète deux fois pour l’appeler. Pendant que j’expliquai très
brièvementàRaviquej’allaisêtreenretard,lesyeuxdeTomnecessaientdemeregarderavecintensitéetdésir.Cequiprovoquauneréactionchimiquedemoncorps.AprèsavoirposémoniPhonesurlepetitmeuble à côté du café, ilm’embrassa tendrement puis sa langue alla à la rencontre de lamienne. Jel’attrapaiparlecoupourqu’ilnemelâcheplus,plusjamais.Noscorpsenlacésnefaisaientplusqu’un.Mêmesicen’étaitpassamaison,ilconnaissaitladirection
delachambreetm’yemmenaparlamain.Nousétionsenfinarrivésdanscelieuoùnoscorpss’étaientconsuméspourlapremièrefois.Nosregardsétaientplongésl’undansl’autreetilnecessaitderépétermonprénomdansunmurmure.Ilnem’embrassapastoutdesuite,ildétaillamonvisageavecdouceurencaressantmescheveuxavecdélicatesse.Ilsedécidaenfinàm’étreindreetnosbouches,noslèvres,furentdenouveauenharmonie.Ilpritletempsdemedéshabillertoutenmecaressant.Ilmefaisaitfrissonnerdeplaisirsimplementavecdeseffleurementsde lamainquiavaient l’air innocent,pourtant, ilsétaientloindel’être.Il savaitcomment lesutiliseret sur lespartiesdemoncorpsqui jusque-làn’avaientpasconscience
qu’onpouvaitleurdonnerdelasatisfactionàellesaussi.Ilcaressaitmapeaucommesic’étaitleSaintGraalqu’ilavaitcherchédepuissilongtemps.Jen’étaisplusrienentresesmains,j’étaisàprésentsoussoncontrôle.Nousavionsatterridansle litpresquenus, luisurmoi.Jesentais lesmouvementsdesesreinsetdesalanguequisemblaientêtreàl’unisson,pourque,denouveau,nousneformionsqu’unseulcorps,uneseuleâme.Ledébutdematinées’étaittransforméenmatinée,lamatinéeendébutd’après-midietl’après-midiensoirée.Malgré les rappelsà l’ordredemon téléphoneetdusien,etmêmependantnosbrèvespauses,nous
avionsdécidé,sansdireunmot,quelemondeextérieurn’existaitplus,dumoinspourunmoment.Nousnous appartenions l’un l’autre et pendant quelquesheures, nous avions suspendu le tempspour laisserplaceànosdeuxâmesetànosdeuxcorpsquiétaiententraindes’aimerpassionnément.
Ledébutdesoiréeétaitbienavancéetpourtant,nousn’avionspasdécollédemonlit.Nousétionssurlecôté,faceàface,ànouscontemplermutuellement.Tommesouriaitetmoi,jefaisaisdemême.J’étaislàentraindeleregarderencoreetencoreenmedemandantqu’est-cequej’avaisfaitpourlemériter.Jesus,àcetinstantprécis,qu’ilseraitleseuletl’unique,mêmesitoutàl’heure,mêmesidemain,jedevaisleperdrepourquelqu’und’autre.Toussesgestesétaientsidélicatsettendresetsonsouriresidésarmant,j’étaisàsamerci.Onpouvait liredel’amourdanssesyeuxquandilmeregardaitet,pourlapremièrefoisdepuisqu’onseconnaissait,jel’avaiscrulorsqu’ilm’avaitditqu’ilétaitfoudemoi.Onnepeutpasfeindrecegenredechose,surtoutaprèslajournéequel’onavaiteu.Mêmelemeilleuracteurdumonden’auraitpaspujoueraussibiennotreacted’amour.—Àquoitupenses?medemanda-t-il.—Jesaispastrop…Ànous,àtoi.Jesuisunpeudéstabiliséepartoutcequiarrive.—Tuestoujoursdanstonrêveéveillé?Tuveuxquejeterepince?plaisanta-t-il.—Non,c’estpasça.J’avaisjamaisconnuçaavant.Cedondesoicommeonl’afaitaujourd’hui,se
perdredansl’autre,perdrelecontrôle.—L’amourc’estperdrelecontrôleetlelaisseràl’autre.C’ests’ouvriretêtrevulnérable.Etquandon
aimequelqu’undecettefaçon-là,qu’ons’abandonnesansretenue,c’estlàqu’onmontrenotreconfianceàl’autre.Monamournemourrajamais.Jolierépliqued’undetesfilms,effectivement!—Jesuisdémasqué!dit-ilenriant.Nejamaistombersouslecharmed’unefan.Onsefaitcoincer.
Mêmesiçanevientpasdemoi,jetrouvequec’estexactementàquoidevraitressemblerl’amour.—Tuesdéjàtombéamoureuxd’unedetesfans?Mêmesitun’aspas…—Couchéavec?—Oui.—Ilyenatoujoursquiattirentleregard,oùquitrouventlemoyendesefaireremarquer,maisnon,je
nesuisjamaistombéamoureuxdel’uned’entreelles,jusqu’àrécemment.—Jesuisflattéequetum’aieschoisie.—Sij’aieudroitàunedouchedecafé,c’étaitsûrementpouruneraison,cen’estpasparhasard.—Tunecroispasauhasard?demandai-je,curieuse.—Pasvraiment.Leschosesarriventparcequ’ellesdoiventarriver.—Etnous,tupensesquec’estquoiaujuste?—Uncoupdechance?ladestinée?Jesaispastrop,àvraidire.Nousnousétionsenfindécidésàsortirdulitpourdescendredanslacuisinegrignoterquelquechose.
Ondiscutabeaucoupcettenuit-làdevantunpotdeglacequ’onsepartageaàcoupsdepetitescuillères.Jeluiracontaibeaucoupdechosessurmoiquilefaisaitrireetluim’enracontaautantsurluietsonmétierquim’amusèrentégalement. Ilétaitagréable,détenduet jebuvaischacunedesesparoles. Ilétait tard,trop tard, pour qu’il rentre chez lui, ce qui nous arrangeait tous les deux, à vrai dire. Ni lui ni moin’avionssommeiletiln’yavaitaucuneraisonqu’onneterminepaslanuitcommenousavionsdébutélajournéedanslesbrasl’undel’autre.Ledébutdelamatinéeseprofilaitetcettefois,jedevaisallerbosser,jenepouvaispasycouper.Tom
étaittoujoursentraindedormirsurleventreetseulementunboutdudrapétaitposésursesfesses.Iln’yavaitpasmeilleureimagepourcommencersajournéedetravail.Jegriffonnaiunmotàsonintention,enluiindiquantdefermerderrièreluietj’avaisterminéendessinantunpetitcœur.Jemedirigeaiverslaclinique,disons-le,d’excellentehumeuretmêmeleboulotauraitétéplusagréablequed’habitude.JefusaccueillieparunRaviqui, lui,n’étaitpas joyeuxpourunefois.Malgré le faitque jesois lapatronne,j’allaissûrementmefaireengueuler.
—Enfin,tutemontres!—Jesuisdésolée,Ravi,maishier,j’aipaspuvenir,j’aiétéunpetitpeuoccupéepourtouttedire.—J’aiétédébordétoutelajournée.T’auraispurépondreautéléphone!—Jesais,j’aidéconné,maisj’aiunebonneraison.—Quoi?T’aspastrouvétonshampoingpourtelaverlescheveux?—Pirequeça…Jesuistombéeamoureuse.—Dequi?demanda-t-il,sarcastique.—Tom.—Tom…TomB?J’acquiesçai.—T’aspasunemeilleureexcusepoursécher l’école?À tonâge,encore inventerdes trucspareils
pourtejustifier.J’avaisesquisséunpetitsourirependantqueRavifinissaitde«megronder»,carlefameuxTomB.se
tenaitderrièrelui,faitqueRavin’avaitpasréalisé.IlrestafigéquandilseretournaetvitTom,jovial.—Tuveuxluidemanderouj’étaishier,Ravi?Ilpourratefaireunbilletd’absencepourmoi,sitului
réclame.—BonjourTom,grimaça-t-il,confus.—Ravi,luirépondit-il.—Jeneveuxriensavoirdecequis’estpasséhieretjenediraisrien,bouchecousue.—J’arrive,donne-moiquelquesminutesetjeterejoins,promis-je.Ravinousavaitlaissésansrenchérir,luiquiétaitpourtantsiloquaced’habitude.—Ne t’inquiète pas, Tom, il ne lâchera rien. Il est très… expansif et bavard,mais il sait tenir sa
languequandils’agitdelavieprivée.—Enparlantdeça,j’yaibeaucouppenséetcommeçaévolueviteetplutôtbienentrenous…—Oui?souriais-je.—Jemedisaisque,peut-être,situtesentaisprêteàdevenirlevétérinaireofficield’Olaf.J’eusquelquessecondesd’absencetotale.Jem’attendaisàuneautrepropositiondesapart,mêmesi
sonchienétaitadorable,c’étaitpasceàquoijepensais.—OK,répondis-jeavecunsourireforcé.—Jevienstedemanderd’êtrelevétodemonchienettoi,turépondsOK?s’étonna-t-il.—Tuvoulaisquejedisenon?—Jetetaquinais,Nina.—Oh…Jesuispastrèsenphaseavectonhumourtrèslimite,maisjevaisytravailler.—Celadit,jeseraisraviquetuprennessoindeluiaussi.—OK!—TupeuxarrêterdedireOKtoutletemps?—O…oui,merepris-je.Donc,c’étaitquoiaujustecequetuvoulaismedemander,enfin,àquoituas
penséexactement?—Situesprêteetsitujugespouvoirsupportermavie,onpeutessayer,situlesouhaites.—Tuveuxdirequ’onauraitplusàsecacher?—Non,maisilfaudraitquetuyréfléchissespeut-êtreunpeuavantetquetusachescequetuveux,car
une fois que tu seras officiellement avecmoi, il n’y aura pas de retour possible à la vie normale, dumoinspourun temps. Ilyaurades ragots surnous,desphotosvolées,desphrasesoudesarticlesquiserontfaux…Jeveuxquetucomprennesdansquoitutelancesetcequetudésires.—Jeteveux…toi!répondis-jesanshésitation.Oui,jeteveuxtoi!
Chapitre11
Àmadéclarationspontanée,ils’approchapourmedonnerunbaiser,maisjel’avaisarrêtéàtemps.—Onn’estpasseulsetsitufaisçaici,ilsepeuttrèsprobablementquequelquestéléphonessoient
dégainéspourdesphotosetdesvidéosqu’onretrouverarapidementsurInternet.—Danscecas,onnevapaslesdécevoir!Et c’est ce qu’il fit, ilm’embrassa avec passion et ça ne loupa pas, quelques heures plus tard, des
clichésavaientcirculésurlatoile,nousdévoilantTometmoienpleineaction.Quelquesjournauxpeopledèslelendemainenavaientfaitleursgrostitres.Bethm’enavaitapportéquelques-uns,contented’elleetdelasituation,mêmesiellem’avaitfaitcomprendretrèsclairementqu’elleauraitpréféréquecesoitelleplutôtquemoi.J’étaisunpetitpeumoinsenthousiaste,maisjesavaisquejedevaisenpasserparlàpourêtreavecluicomplètement.J’avaisàpeineouvertlaportedechezmoipourallertravaillerqu’uneflopéedepaparazzisdéjààl’affûtfaisaitlepieddegrueenbasdesescaliers.J’avaisreçudesconsignesdeTom.Jenedevaisfaireaucuncommentairesurnotrerelation,c’étaitson
attaché de presse qui devait s’en charger quand ça serait le moment. Je me frayai avec difficulté uncheminàtraverstouscesflashsetcesquestions.J’avaisréussi,maisjen’imaginaispasdevoirenfaireautantpourrentrerdansmacliniquequi,elleaussi,étaitenvahiedetouscesvisiteursindésirables.Raviavaitdûfiltrer toute la journéenosclientsparmicesgêneurs.Mavieétaiten traind’êtrebouleversée,moiquivoulaisqu’ellelesoit,maisjenem’attendaispasàunteltsunami.Lecirqueduraquelquesjoursetpourmeprotégercommeillepouvait,monacteurprenaitlesoinde
venir tarddans lasoiréepourmerejoindre,accompagnédesonchauffeurou ilme l’envoyaitpourmefairevenirchezlui.Lajournéemestressaiténormément,jen’étaispashabituéeàtoutça,maislesoir,quandj’étaisdans
sesbras,ileffaçaittoutcommesiriennes’étaitpassé.Àl’abridesregards,nousétionsuncouplecommeles autres, ou presque.Au lieu demanger et de faire l’amour, nous faisions l’amour d’abord et aprèsaussi, à vrai dire.Lorsque j’étais avec lui, c’était comme si nous étions seuls aumonde, plus rien necomptait. Jusqu’au jour suivant où il fallait de nouveau jouer des coudes, notre couple intriguait. LesjourspassèrentetcelafaisaitdéjàunmoisqueTometmoiétionsofficiellementensemble.D’êtreavecunecélébritéavaitfaitdoublerlenombredemesclientsquiespéraientvoirTomdetempsentemps,cequin’arrivaitpresqueplus,désormais.Raviétaitdébordéaupointque j’aidûm’associeravecdenouveauxconfrères fémininsà lagrande
joiedecelui-ci.Mavieétaitentraindechanger,j’allaisdemoinsenmoinsàlaclinique,etjepassaisleplus clair de mon temps avec Tom quand il ne répétait pas ou qu’il n’était pas sur un plateau detélévision. J’avais un peu abandonné ma maison de Notting Hill pour partir « habiter » avec lui àHampstead.Ilmevoulaitàsescôtés,ilpensaitqued’êtrechezluimemettaitplusensécurité.Pourmapartj’étaisheureused’êtreaveclui,devivreetdemeréveillerprèsdelui,mêmesidansmonquotidienj’avaismodifiébeaucoupdechoses.J’étaisdésormaislacompagned’unepersonneconnueaveclesbonsetlesmauvaiscôtésqueçapouvaitapporter.Aprèsunejournéeharassanteàlaclinique,j’étaispasséechezmoiprendrequelquesaffairesavantde
rejoindre Tom. Celui-ci devait rentrer tard, il avait commencé le tournage de sa nouvelle séried’espionnage.IldevaitjouerunetaupepourleMI-6etsonpersonnageallaitenfairetomberencoreplusd’une. Parfois, je me demandais vraiment ce qu’il foutait avec moi, j’étais si ordinaire. J’étais à lamaisonentrainderamassermesaffairesetd’ouvrirmoncourrier,prêteàpartirquandjevisBethsurleseuil de chezelle encompagniede Jeremy. Jene l’avaispas reconnu sur le coup, il s’était coupé les
cheveux, il avait perdu du poids et était habillé en costume.Notre séparation lui avait fait du bien àpremièrevue,carilétaitdevenupresque…séduisant.Ilétaitenpleinediscussionaveccelle-ci.Jeremyétaitsonamiégalementetiln’yavaitpasderaisonqu’ilsnesefréquententplus.Sefréquentern’étaitpaslemotadéquatquandcelui-cil’embrassasurlaboucheetqu’elleluirenditsonbaiserenretour.J’avaisrefermélaportesurpriseparceque jevenaisdevoir.JeremyetBeth!Ellemel’avaitbien
caché, celle-là. Je n’étais pas jalouse, au contraire ça me faisait sourire. Après tout, pourquoi pas,l’amour pouvait se manifester sous bien des manières. Je m’en voulais terriblement d’avoir laisséJeremy, mais celui-ci n’avait pas tardé à me remplacer et ça me soulageait un peu. J’avais attenduquelquesminutesavantd’ouvrirànouveaulaporte.Jem’étaisraviséed’allervoirBeth,carcelle-cidevaitêtre«occupée»pourlemoment.J’avaispris
lemétropourHampstead.J’avaislesclefsdelamaisonetjepouvaisrentreretsortiràloisir.LesouffléétaitretombéetnotrecoupleavecTomn’intéressaitplusgrandmondeetj’étaismoinsembêtéequandjeme déplaçais. Parfois, certains s’aventuraient à prendre quelques photos, mais je n’y prêtais plusattentionavecletemps.J’étaischezlui,cheznous,danscetteimmensedemeurequivalaitplusdecinqmillionsdelivres,et
j’étaisseule.Jereprochaisàmonex.d’êtretropprésentetTom,lui,étaittropabsent.Jemefisquelquechoseàmangerdanscettegrandecuisinetouteblanchederniercriavantd’allerm’allonger,accompagnéed’Olaf,surlegrandcanapébeigequidevaitcoûteruncertainprix.CefutTomquimeréveillaverslesdeuxheuresdumatinpourmeprendredanssesbrasetmemonterdansnotrechambre.Ilmedéposasurlelitetcommençaparmedéshabiller,pièceparpièce.Meschaussures,meschaussettes,ilmedénudapetitàpetit. Il fit sauteravecdélicatesse lespremiersboutonsdemon jeanet je fisdemêmeavec le sien.J’étaisremontéetoutdoucementsursontorseenl’embrassantetenpassantmalanguesursesbicepspouravoir legoûtdesapeaudansmabouche.Je legoûtaisàneplusm’enarrêter,àneplusenrespirer. Illéchamapoitrineavecsensualitéetdenouveau,jeperdispied.Ils’étaitassissurlelit,moisurlui, têtecontretête,cœurcontrecœur.Ilmetenait lesbrasderrière
mondos,j’étaisouverteàlui,sansdéfense,soussescoupsdereinsincessants,délicieux,etmoncorpsenréclamaitencoreettoujoursplus.Ilm’arracha,dansunedernièreétreinte,uncrideplaisir,etjeposaimatêtesursonépaule,essouffléeparnosébats.Ilm’allongeasurlelitetmepritdanssesbrasetilmecollasursontorseensueur.—Alors?medemanda-t-il,tajournées’estbienpassée?—Débordée.Raviestsouslecharmedemesassociéesetilest,commentdire…enthousiastedevenir
travaillerdeplusenplus.Deuxbellesblondespourluitoutseul,tupenses!—Tum’asmanqué,Nina.—Moiaussi,tumemanques,maistusaistefairepardonnerquandturentres.—Profite,onestencoredansnotrephaselunedemiel,çavapasdurer,ricana-t-il.—Trèsbienalors,jevaisabuserdetoijusqu’àplussoif.—Jecomptelà-dessus!Vendredi,ilyauneexpod’artdansunegalerie,j’ysuisinvitéavecbeaucoup
demondeetjemedisaisqueçaseraitunebonneoccasiondeteprésenterofficiellementàmonbras.—Jesuispastrèsàl’aiseensociété,jenesaispas…peut-êtreuneautrefois.—Toiaumoins,tun’espasavecmoipourlacélébrité.—Non,uniquementpourlesexe,dis-jeavecsarcasme.—Intéressant!Voilàledeal,pasdesoirée,pasdesexe.—C’estpascool,cequetufais!—Jesais,maisj’aimepasqu’onmedisenon.—Maislà,lechantageausexe,c’estdur.
—Àquiledis-tu?sous-entendit-il.—Trèsbien,fis-je,résignée.Onfaitunpetittouretonrentre.—Promis.LefameuxsoirétaitenfinarrivéetTométaithabilléensmokingnoirtraditionnelquimettaitenvaleur
ses yeux bleus, et bien sûr, il n’avait pas oublié de revêtir aussi son plus beau sourire. Commentquelqu’un pouvait être si sexy sans rien faire ? C’était quelque chose quime dépassait. Pendant quej’étaissousladouche,ilavaitdéposéunegrandeboîteencartonbleusurlelit.J’avaiseulasurprise,quandj’étaissortiedelasalledebain,delatrouver.Ilavaitpenséàm’acheterunemagnifiquerobedesoirée noire parée de cristaux d’une luxueuse marque. Elle aurait pu sortir d’un film de princessetellement elle était bien taillée et somptueuse. Je n’avais pas remarqué qu’il se tenait derrière moilorsquej’ouvrislaboîte.Elleteplaît?medemanda-t-il.Elleestjustesublime,j’osemêmepasimaginercombienelledoitcoûter.—Net’inquiètepaspourça.Vienspar-làquejetel’enfile.Ils’étaitreprisaussitôt,unpeuembarrassé.—Jeparledelarobeévidemment…t’avaiscompris,j’espère?Parceque…—Oui,j’avaiscompris,souriais-je.J’avaisfaittombermaserviettedebainausolensachanttrèsbienqueçanelelaisseraitpasdeglace.
Ilmeregardaitavecenvieetavaitlâché«BonDieu.»Ilm’avaitapprisl’artdelaséductionetcommej’étaisunebonneélève,ilallaitlecomprendreàsesdépens.—Tumepunisparcequejet’obligeàalleràcettesoirée?—Moi?Nooonnn…soufflai-je,coquine.—Tusaisquetupeuxpasmefairedestrucscommeça,Nina,monpauvrecœurnevapaslesupporter
etmonpantalonnonplus.—Danscecas,expliqueàtonpantalondesecalmerunpeuetàtatêtedem’habillercommetum’as
promisdelefaire.Ilsouritavecmaliceetm’habillaavecunecertainedextérité,toujoursenrestantsouscontrôle,mêmesi
sonpantalonmedisaitlecontraire.Unefois,l’habillageterminé,jefinisparenfilermessous-vêtementsqu’ilavaitprissoind’acheterégalement.Maislaplusbellesurpriseétaitencoreàvenir.Ilétaitderrièremoietjesentisqu’ilavaitaccrochéquelquechoseautourdemoncou.Jetâtaisavecleboutdesdoigtsceque c’était.Un collier très fin. Ilme demanda d’allerme regarder dans lemiroir et je découvris uneéléganterivièredediamants,enfinjesupposaisqueçaenétait.Jenepuscontenirmajoie,carc’étaitlapremièrefoisqu’onmefaisaitunsibeaucadeau.Jemejetaiàsoncoupourleremercieràmafaçonenl’embrassant.—Jesuiscontentqueçateplaise.—Ilnefallaitpas,ilestmagnifique!—S’ilnefallaitpas,danscecas,jelerapporte!—Non,non,dis-je,jepensequejevaism’yfairetrèsvite.—Jevaismefaireunplaisirdetevirertoutçacesoir,collierinclus,maisjenesuispassûrqueje
prendraisdesgantspourlefaire.Surtoutaprèstonpetitjeudetoutàl’heurepourm’attiser.—Onverraça,M.Bradley,situserastoujoursaussiprésomptueuxtoutàl’heure.Uneberlinedeluxenousattendaitàlasortiedelamaison.Jecommençaisàêtrehabituéeàcegenrede
servicemêmesij’étaisencoreunpeuimpressionnéeetsouspression.Jenesavaispascommentj’allaisgérermapremièresoiréeenpublicàsescôtés.Aprèsuntrajetcoincédansunpeud’embouteillage,nousétionsenfinarrivésàlagaleriedepeinture.Avantdedescendredelavoiture,ilmedemandasij’étais
prêteàaffrontertoutça,etun«non»sincèreétaitsortitoutseulsanslevouloir.Ilordonnaauchauffeurde se garer plus loin pour qu’on passe par la petite porte, afin d’éviter la confrontation avec lesjournalistesdéjàpostésdevantl’entréeprincipale.Onlesauraitesquivésaumoinspourrentrer.Iltenaitencoreàmeprotégerdetoutça,encoreunpeu.Nous étions enfin arrivés dans le hall oùpasmal demonde se trouvait déjà en tenuede soirée.Le
champagnecoulaitàflot,ainsiquelesserveursetlespetitsfours.Tom,avecunsignedetête,medisaitquiétaitqui,moiquineconnaissaispersonne.Parfois,jelesreconnaissais,carc’étaitdescélébritésdelatélévisionetj’essayaisdemerendreunpeumoinsridiculeàsesyeux.Ilattrapaunserveurauvolpournous avoir deux coupes de champagne. Après deux petites gorgées, un homme d’un certain âge,grassouilletensmokingnoiretpapillonrouge,vintmel’enlever,carilavaitbesoindeluiparler.Tommeglissaqu’ilenauraitpaspour longtempsetqu’il reviendrait trèsvite.Jemesentaisunpeu
perdueetsurtoutpasàmaplaceparmitouscesgensquiavaienttousl’airdeseconnaître.Jem’isolaidansuncoinpournepasmefaireremarquerenessayantderetrouverTomduregarddanscettefoulequil’avaitengloutie.Trenteminutess’étaientdéjàécouléesetiln’étaitpasréapparu.Jemetenaislàcommeunecrucheavecmestalonsquicommençaientàmelancerquandunebellebrunetrèschicvintm’aborder.—VousdevezêtreNina?medemanda-t-elle.—Oui,comment…onseconnaît?—JesuisBarbara,l’agentdeTom.—Oh…Ilnem’avaitpasditque…—Quej’étaisunefemme?rit-elle.Jedoutemêmequ’ilvousparledemoi.—C’estvrai,enfinquandilparledevous,ildittoujours«monagent.»—Parcontre,jen’arrêtepasd’entendreparlerdevous,répondit-elle,moinscharmante.—Dois-jemalleprendre?répliquai-je.—Tomestsurunegrossesériequipourraitêtredéterminantepourl’étapesuivantedesacarrière.Je
nesaispass’ilenadiscutéavecvous,maisilestsurlalistepotentiellepourdevenirleprochainJamesBond.—Non,ilnem’ariendit.—Nina,ilfautquevouscompreniezques’ildécrochecerôle,çavaluichangerlavieetsurtoutsa
carrière.Ilserauncranau-dessusdesautres.—Oui,jepeuxl’imaginer.—Maispourçaj’aibesoindevotreaidepourqu’ilyparvienne.—Jenecomprendspas?Commentpourrais-jel’aider?—Letournagedelasérienesedéroulepascommeprévu,elleprendduretardàcausedeluiparce
qu’iln’estpasconcentrésurcequ’ilfait.Ilneretientpassontexte,ilregardesamontretouteslescinqminutes,iln’estpasprofessionneldutoutencemoment.Jedoisvousavouerquejenelereconnaisplus,luiquiestàfonddansleboulotd’habitude.Maisleproblème,Nina,etjevousdisçaleplusamicalementpossible,c’estvous!—Commentpourrais-jeêtreunproblèmepoursacarrière?—Parcequecetidiotesttombéamoureuxdevous!Voilàpourquoi!—Jevousdemandepardon?m’exclamai-je,encolère.—Iljouegros,trèschère,et,commentdire,vousn’étiezpasprévueauprogrammeetencemoment,il
penseplusavecsesbijouxdefamillequ’avecsatête.—Etc’estquoiexactement,le«programme?»dis-jeencommençantàperdrelecontrôle.—Quevouspreniezunpeudedistanceaveclui,pastoutdesuite,maisbientôt.—Jesuisdésolée,maisçanonplus,c’étaitpasprévuauplanning,dis-jeenlui jetantmonverrede
champagneàlafigure.Ilfaitencorechaud,vousallezséchertrèsvite.Jevoussouhaiteunebonnesoirée,souriais-je.J’étais plutôt douée endouche et quand j’avais lancémonverre sur cette « connasse», commepar
enchantement, lebruitdefonddesflûtesetdesdiscussionss’étaientarrêtésnetpourlaisserplaceàungrand«OH!»d’indignation.Bien sûr,Tomn’avait rien loupéde la scèneet sesprunellesd’unbleutendreavaitviréaubleuglacial.JevenaisdeluifairehontedevantlamoitiédeLondres.Jen’avaispasessayéd’allerluiparler,nideluiexpliquerpourquoij’avaisfaitça,sonregardm’avaitdéjàaccuséeetrenduleverdict.Jesortisparl’entréeprincipale,tirailléeparlesflashsdesappareilsphoto.Jeprislepremiertaxiquiseprésenta.J’entendismonprénomqu’onappelaitderrièremoi,jesavaisquilefaisait,maislaseulechosequejevoulais,c’étaitmeréfugierchezmoi,àNottingHill,etfuirtoutça.
Chapitre12
J’étais rentréechezmoienpleurantunpeu. J’auraispumeconteniretéviterde jetermonverre surcette femme. J’aurais pu le faire pour lui, mais ça voulait dire que je ne devais plus être moi etm’effacer;etça,jelerefusais.Mêmesijen’étaispasladernièrestarletteàlamode,commentpouvait-elle dire que c’était « idiot » de tomber amoureux de moi. Quelle sale garce ! Comment pouvait-iltravailleravecdesgenspareils?J’avaiseuàpeineletempsdemedébarrasserdemeschaussuresqu’onfrappaàlaporte.Jemedoutaisdequisetrouvaitderrière.Jel’ouvris,lecœurbattant.Tomrentra,l’airfurieux,àl’intérieurdelamaison,ilsedirigeaverslesalonenretirantsonnœudpapillon.Ilneparlapastoutdesuite,jevoyaisqu’ilessayaitdesecontenirpournepasdiredeschosesquiauraientdépassésapensée.Ilseretournaversmoietavecuneexpressionmoinssévère,mais toutaussiaccusatrice, ilmedemanda:—Qu’est-cequis’estpasséavecBarbara,exactement?Elleaeuuncoupdechaudettuasvoulula
rafraîchir?—J’aipréférélechampagnequemamainsursagueule,situveuxsavoir!—Barbaraestmonagent,tunepeuxpasfairedeschosescommeça,surtoutenpublic,NomdeDieu!
Ça se fait pas ! Si on a des problèmes, on les règle en privé, pas devant cinq cents invités et desjournalistes.—Jesuisdésolée,maisjenepouvaispaslaisserpassercequ’elleadit.—Etellet’aracontéquoi,aujuste,pourmériterça?—Jevaisrésumerpourfaireplusvite,maisàcausedemoi,tun’étaispasconcentrésurtonboulotet
qu’ilseraitmieuxquejem’éloignedetoi.Ilsoupirapours’asseoirdanslefauteuildusalon.Puisilserelevaetallaseverserunverred’alcool.
Ilnedisait rien, ilnemeregardaitpas,cequim’angoissait. J’auraispréféréqu’ilcrieunboncoupetqu’ilcrèvel’abcès,maisilfaisaitpartiedeceshommesanglaisquigardaienttoujoursleurflegmedanstouteslessituations.—Tuvasdirequelquechoseoùtupréfèrestesaouleràmortd’abord?—Ellearaison,Nina.—Quoi?Tuprendssadéfenseenplus?—Passurcequ’ellet’adit,maissurleboulot,ellearaison.Jeretardetoutlemondesurleplateau.À
peinearrivé,j’aidéjàenviederepartiretc’estpaspro.Ilposasonverreetvintàmescôtés.Ilmecaressalajoueavectendresse.—Qu’est-cequ’onvafaire,Tom?— Je sais pas… Je vais essayer deme concentrer plus et ne t’occupe pas deBarbara, j’aurai une
discussionavecelle.—C’estvraipourcettehistoiredeJamesBond?—Ellet’enaparlé?—Lapreuve!—Oui,c’estvrai,maisjedoisêtreàlacinquantièmeposition!Ilyatrèspeudechancequej’obtienne
lerôle.—Ellelepense.—Ellepensecequ’elleveut,onyestpasencore.Jevaisessayerdefinircettesérieetonverraparla
suite. En parlant de ça, on doit partir la semaine prochaine pour aller faire quelques scènes auxSeychelles.
—Rappelle-moilesmauvaiscôtésdetonjobdéjà?—Onpartpourquelquesjoursetjemedemandaissiçatediraitdeveniravecmoi.Aprèsleboulot,
onpourraitprofiterdel’hôtel,delaplageetde…l’hôtelencore.—DesvacancesauxfraisdelaprincesseauxSeychelles,çademanderéflexion!—Neréfléchispastrop,sinonjeleproposeàBethplaisanta-t-il.—C’esttentant,maisj’ailacliniqueaussi.JelaissetouteslesresponsabilitésàRavietcen’estpas
juste.Jen’yvaispratiquementplus,jesuisunetouristedansmonpropreétablissement.—Dois-jeprendretaréponsepourunnon?—Pourl’instant,jenepeuxpastedireoui.—Nina,toutvabiendanstaclinique,jenevoispasoùestleproblème?— Le problème c’est que je ne fais plus ce que j’aime, pratiquer mon métier, par exemple. Le
problème,c’estquejedoisfairegaffeàcequejedisoufais,faireattentionàtout,toutletemps.Jelefaisparce que tu en vaux le coup,notrerelation en vaut le coup,mais j’ai besoin aussi d’exister, et passeulementàtraverstoi.—Tusavaisdansquoitut’engageais,jet’avaisprévenue,dit-ilcettefoisavecdureté.—Jesais,tumel’asditetredit,maisj’ignoraisqu’ilfallaitquejememetteentreparenthèsespourte
laisserbriller.—Melaisser…briller?—C’estçadontils’agit,non?Barbara,mêmeàdemi-mot,mel’alaissésous-entendre.Quej’allais
probablementêtreunfreinàtacarrière.—Aveccequetuasfaitcesoir,c’estclairqueçavapasmefaciliterlatâche.—Jenepeuxpasm’effaceretfairedisparaîtrecequejesuis,mêmepourtoi.—Jeneveuxpasquetuchangespourmoi,jesouhaiteraisquetusoisplus…—Plusquoi?—Flexible…—Flexible?— Si Barbara, ou quelqu’un d’autre, dit des choses déplacées, eh bien, fais commemoi, garde le
sourireetjouelacomédie.—C’estcequetufais?Jouerlacomédietoutletemps?—Lorsque jesuisenpublic,etsurtoutdansdesévènementscommecelui-là,oui, j’ysuisobligé.Je
doisêtrecharmant,drôle,disponible,etaccepterlacritique,mêmedegensquim’horripilent.Maissache que je ne le fais jamais avec toi et je ne l’ai jamais fait.Quand je rentre chezmoi, cheznous…jepeuxenfinlaissertomberlemasqueetjepeuxêtremoi.Alorsnon,s’ilteplaît,nechangepas.Jeveuxêtreaveclafemmequim’estrentréededansauStarbucks.
—Pourmonboulot?—Reprends-lesiçatemanquetant.Jeseraisunsaleconsijet’obligeaisàarrêter,non?—Oui,untrèsgros,même!—C’estma faute. Je t’ai enfermé ici, pensant te protéger de tout ou presque,mais ça a eu l’effet
contraire.Tum’aimestoujoursunpeu?medemanda-t-ilenfaisantlamoue.Ilmerepritdanssesbras.—Jecomprendsquecesoitdéroutanttoutça,continua-t-il,maisonvayarriver,touslesdeux.—Jesais,Tom.C’était notre première semi-dispute depuis qu’on était ensemble, mais c’était quelqu’un de
compréhensifetd’intelligent.Ilsavaitquejenepouvaispastoutquittercommeçadujouraulendemain.Quand on disait que les meilleures réconciliations se passaient sur l’oreiller, la légende n’était pas
erronée.Comme ilme l’avaitpromis, ilavaitviré toutceque j’avais surmoi,collier inclus,pour leslaisser aux pieds du lit. Nous avions fait l’amour jusqu’aux premières lueurs de l’aube sans nouspréoccuper de l’heure qu’il était. Comme à son habitude, il était couché sur le ventre, la tête dansl’oreiller,etnu.Jel’abandonnaipourallermedoucheretmepréparerpourrejoindrelaclinique.Maisd’abord, j’allais faireun tourchezBethavantqu’elleneparteauboulotégalement,car j’étais
curieusedesavoircequisetramaitavecJeremyexactement.Ellevintm’ouvrir,lescheveuxenbatailleetl’airétonnédemevoir.—Qu’est-cequetufouslà,Nina?Tun’espasàHamsptead?—Non…j’aitoujoursunemaisonàcôtédelatienne,jeterappelle.Tum’invitesàboireuncafé?—Ehbien…euh,jesaispassij’enaiencore,répondit-elle,gênée.—Tun’espasseule,peut-être?demandai-jeavecassurance.—Si,si…maislàjesuisàlabourreet…—PasselebonjouràJeremydemapart!—Quoi?Commenttusaisque…—Ehbien,parceque,un,jevousaivuvousembrasser,deux,tuastoujoursducafécheztoi,ettrois,
mêmequandtuasunmecdanstonlit,cen’estpasçaqui tegênepourmefaireentrerd’habitude.Deshommes,lesfessesàl’air,j’enaireluquéquelques-unsdepuisqu’onestamies.Remarque,riais-je,leculdecelui-là,jeleconnaisaumoins!—Nina,ilfautquejet’explique.—Tun’asrienàm’expliquer.Jeremyettoi,vousêtesadultesetlibres,etçanemefaitrienquevous
soyezensemble.—T’essûre?—Oui, je suis sûre. Par contre, dis-je l’air grave, je ne sais pas comment Ravi va le prendre, le
pauvre!Luiquiestfouamoureuxdetoi.—Trèsdrôle,Nina!—Jevaisvouslaisservous«lover»etjedoisallertravailler.Celadit,onauraunepetitediscussion
surlepourquoietducommenttucouchesavecmonex.—C’estunelonguehistoire…souffla-t-elle,embarrassée.—ConnaissantJeremycen’estpassilongqueça,lançai-je,amusée.—Nina!s’exclama-t-elle,offusquée.Tomestavectoi?—Oui,maisilvabientôts’enallerpourtravaillerluiaussi.—Essayedelelaisserpartirbosser,situlevois,etdenepasêtretropcollante.—Commesic’étaitmongenre!—Ah!Unechoseaussi.Par respectpourmoi,si tupouvaisarrêterde le tweeteravecdesphrases
obscènes.—Jeneperdspasespoirqu’ilmerépondeunjour.— D’accord. Ça aussi on en reparlera plus tard. Tu sais, d’essayer de piquer les copains de sa
meilleureamie,çanesefaitpasnonplus.—C’estjusteunjeu.Maispromis,jevaisarrêter.Jem’entiendraisàdesémoticônes.—Faiscommesij’avaisriendit,commed’habitude.—Jesuisfièredetoi.—Pourquoi?—Parcequel’unedenousdeuxaréalisésonrêve:sortiravecTomBradley.—JelaisseTomBradleypourlesautresetjevaisgarderuniquementTom.Jel’avaisabandonnéesurcesmots,convaincuequ’ellen’auraitpascomprislesensqueçaavaitpour
moi.Maisçan’avaitpasd’importance,moi,jesavaiscequeçavoulaitdireetc’étaitcequicomptaitleplus.JefusaccueillieparlesapplaudissementsdeRaviàlaclinique.—Tudaignesenfintemontrer,c’estunévènement.—Si je viensbosser tous les jours, je vais êtreobligéedeme séparer denosbelles blondes et tu
resterasdenouveauavecmoi.—Va-t-en ! cria-t-il. Prends des vacances et ne reviens plus jamais travailler.QuitteLondres pour
toujours,dit-ilsurletondelamoquerie.—Lesblondesoumoi,cesontlesblondesquigagnent?—Yapasphotos,jesuisdésolé!lâcha-t-ilaveclesourire.—Aveclaquelletusors?—Commenttulesais?—Àchaquefoisquetusorsavecunefille,tuascettepetitemineréjouieetlubriquesurlevisage.—Donna.—Jesuiscontentepourtoi.Elleestjolie,rigolote,etc’estunbonvéto.—Lucyaussi.—Oui,Lucyaussiestrigolote,jolie…—Non,jesorsaussiavecLucy.—Tutetapeslesdeux,donc?—Oui,dit-ilavecunlargesourireetensecouantlatête.—Ellesnesontpasaucourantquetu…fis-jeenmeraclantlagorge.—Pasvraiment.Quandontravaille,ontravaille,onparlepassexe.—Jesuisheureusedel’apprendre.J’attendsunpeuavantdelesremplaceroujelefaismaintenant?—Pourquoiveux-tufaireça?—Jecroisque tuasencoreàconnaîtredeschoses sur lagent féminine.Engénéral,onn’aimepas
partagernoscopains,àpartcasexceptionnelpourcertaines.—Cen’estpassérieux,c’estjuste,tusais…—Pourlesexe!— Non pas que. Si Beth me voit avec d’autres filles, peut-être qu’elle se rendra compte que je
l’intéresse.—Bethestplutôtbranchésurmesmecsencemoment,surtoutl’ancien.—L’ancien?Jer?—Oui.—Nonnnn…s’exclama-t-ildansunrâle.BethavecJeremy,tonex?—J’enaipaseudixnonplusdesJeremy.—Nonnnnnnnn…recommença-t-il.—Tuvasfaireçaàchaquefoisquejevaisdirequelquechose?—Non.J’aiunesolution.—Àproposde?—PoursortiravecBeth.Puisqu’ellesortavectesex.,onsortensemble,tumelarguesetaprès,elle
voudrasortiravecmoi.—Maisoui,soupirai-je.Pourquoijen’yavaispaspenséplustôt?Jesuisbête.C’estçaqu’ondevrait
faire.—C’estvrai?dit-il,réjoui.—Nonnnnnn!memoquai-je.
—Tuviensdebrisermoncœuretmesespoirs,dit-il lamainsur lapoitrine.C’estmochecequetufais!—Jem’enfaispaspourtoi,surtoutentreDonnaetLucy.—JeremyetBeth…çanetefaitrienqu’ilsoitensemble?—Non,pasvraiment.C’estpluslefaitqu’ellemel’aitcaché.Elleétaitplutôtd’accordpourquejele
quitteparcequ’iln’étaitpaspourmoi,maisjen’imaginaispasquec’étaitpourlerécupérerderrière.—Onnepeutfaireconfianceàpersonne,mêmepasauxamis.—J’aiconfianceentoi,Ravi,parcequetuesmonamietquesanstoi,lacliniquenemarcheraitpas.
C’estpourçaquej’aidécidédetemettrecommeassociéàpartentière.—Tuveuxdireque…—Oui,toiaussi,tueslepatronmaintenant.Ilsejetasurmoipourmedonnerunénormecâlin.—Jet’aime,Nina.—Moiaussi,Ravi.—Jevaispouvoirm’augmenteralors?—Ongagnelemêmesalairedepuisledébut.Maissituestimesquecen’estpasassez,aprèstout.—Jetere-t’aime.—Çaseditpas,Ravi,maisc’estpasgrave.Commetueségalementpatron,jevaistelaisserencorela
cliniquependantquelquesjours.Jevaisprendredesvacances.—Tuparsoù?—AuxSeychelles.—Lachance!AvecBradley?—Yep!—S’ilaunecopineactrice,célèbreetcélibataire,penseàmoi!—Oui,jevaisallervoirsursonrépertoireetonserecontacte,OK?Jesuisvenuepourtravaillerun
peu,oufairesemblant,dumoins,alorsauboulot!Etlajournéesepassaunenouvellefoisdanslabonnehumeur.Raviétaitrayonnantdebonheur,etpas
seulementparcequ’ilétaitprisensandwichentremesdeuxcollègues,maisparcequ’ilétaitdésormaiségalementàlatêtedelaclinique.Ellemarchaittrèsbien,etcesdernierstempsplusgrâceàluiqu’àmoi.J’avaisembarquémesaffairespourattraperlemétropourHampstead.Ilétaitdix-neufheuresquandOlafvint m’accueillir. Après un gros câlin, j’entendis du bruit dans le salon. Tom était rentré, pendu autéléphone.Malgrémaprésence,ilcontinuasadiscussionanimée.J’étaismontéeaupremierpournepasle déranger etm’immiscer surtout lorsque ça tournait autour du travail. Il vintme rejoindre quelquesminutesplustard.—Netedéshabillepas!m’ordonna-t-il.—Jepensaisquetum’auraisdemandélecontraire,dis-jeenclignotantdessourcils.—Onsortcesoir!—OK,onvaoù?—Jevaisteprouverqu’onpeutvivrecommelesautresuneexistencenormale.—Tuvastemettredeslunettesetunemoustache?Ilsortitdesonjeandeuxticketsqu’ilmetendit.—Cesoir,onvasefaireunesoiréeconcert!—Maroon5?—Oui.—Maroon5,répétai-je,commeMaroon5?
—Lesseulsetuniques.Jemejetaiàsoncoupourl’embrasser.—Sij’avaissu,j’auraisachetélesticketsavantlecollier.—Radin!—Tum’aimeraissijen’étaispasricheetcélèbre,Nina?demanda-t-ilsuruntonplusgrave.—Éperdument!Enfinjecrois,riais-je.—Jeparlesérieusement.Tum’aimeraistoujoursautantsijen’étaispascélèbre.—Oui,jet’aimeraistoujoursautant.—C’estbonàsavoir.—Cen’estpastroprisquéd’allercesoiràceconcertsansprécaution?repris-je.—Macasquette,unepairedelunettes,ettuverras,personnenemereconnaîtra.—Tuessûr?—Certain ! Jenepassepasmavieen limousineetentredeuxgardesducorps.Çam’estarrivéde
resterdesmoissanstravailleretjesuiscommetoutlemonde,jefaismescourses,jefaismonjoggingàPrimeroseHillcommelecommundesmortels.Tuasdesticketspourlemétrotube?—Lecommundesmortels,hein?Eteffectivement,àmagrandesurprise,Tom,avecsondéguisement,étaitefficace.Nousavionsprisle
métroetnousnousétionsrendusàWembleypourleconcert,incognitosdanslafoule.Personnenel’avaitreconnu.Nousétionsnoyésdansceflotquiétaitvenupourlegroupeetnonpaspourmastar.Leshowcommença.Ilm’avaitagrippéeparlatailleetj’étaisemprisonnéedanssesbras.Nousnousdéhanchionssur«MovesLikeJagger»,ilmemurmuraitchaqueparoleàl’oreille.Nousétionsprisdansletourbillondelamusiqueetmalgrélemondequinousentourait,nousdansions
commesiencoreunefois,nousétionstoutseuls.Vintletourdelachanson«SheWillBeLoved»etnousétionscollésl’uncontrel’autre,bouchecontrebouche.Leconcertpritfinetnousétionsparmilafoulepourreprendredenouveaulemétropourlamaison.Ilavaitraison,nousavionspasséunesoiréecommedesimpleslondoniens,sansflashs,sanscélébrité,sanspression,justeluietmoi.— Merci pour cette superbe sortie, Tom. C’est une des meilleures que j’ai appréciées depuis
longtemps.—Tuétaissincèretoutàl’heurequandtuasditquetum’aimeraisquandmêmesijen’avaispasété
célèbre?—Encorecettequestion?Biensûrquejel’étais.Quandjeteregarde,jetevoistoi,pluslacélébrité.
Çat’inquiètestantqueça?—Depuisquejet’airencontré,jepenseàbeaucoupdechoses.—Commequoi?—Arrêtercemétier.J’ysongedepuisunmoment,maisjen’avaispasencoretrouvéderaisondele
faire,jusqu’àtoi.—D’oùtaquestiondetouteàl’heure…jevois.Tuaspeurquejeperdemonintérêtpourtoiparceque
tunen’asplusenvied’êtreacteur?—Jeveuxvivretout le tempscommecesoir,sanscontrainte,sansregarderderrièremonépaulede
peurd’êtrefilméouphotographié.Çam’afaitréfléchirquandtum’asditquetuvoulaisrepartirtravaillercommeavant.C’estçaquejedésiremaintenant,avoirunevieloindesprojecteurs.—Jeveuxquetusoisheureux,sic'estcequetusouhaites,çam’iratrèsbienaussi.Laisse-moideviner,
jesupposequetuenasparléavecBarbaratoutàl’heureetqu’ellen’estpasd’accord.—Elleprétendquetuasunemauvaiseinfluencesurmoi.— Je sais… je suis une vraie bad girl. Je tombe les acteurs pour qu’ils deviennent comme tout le
monde,riais-je.Cequim’embêteunpeu,jedoisl’avouer,c’estque…—Quoi?s’inquiéta-t-il.—MeschancesdemetaperJamesBondseréduisentconsidérablementducoup,non?—J’aibienpeurqueoui!—Jevaisleretirerdemalistedemecsavecquijevoulaiscoucheralors.—TuasTomBradley.—C’estvrai,j’aileseuletuniqueTomBradley!
Chapitre13
Ilvoulait toujoursmeprouverqu’onpouvaitvivrecommedesgensnormaux,donc, le soirquand ilfinissaitpastroptard,onallaitsepromener,soitauparc,soitaucinémaouencorefairenoscoursesdanslesboutiquesd’àcôté.Biensûr,parfois,onlereconnaissaitetonluivolaitunselfieouunautographe,maisçan’avaitrienàvoiraveclafolieàlaquellej’avaispuassisterpendantlesavant-premièresdesesfilmsoulesgrandsévènementsoùtoutlemondel’attendait.Finalement,ilétaitpartiplustôtqueprévupourlesSeychellesetjedevaisleretrouverlà-basplustard,cequejefisquelquesjoursaprès.J’avaispris l’avion pour aller le retrouver. Quelques jours, ce n’était pas long, mais quand vous aimiezquelqu’un,c’étaituneéternité.Aprèsunepetitebaladeentaxijusqu’àl’hôtel,j’avaisrécupéréuneclémagnétiquedelachambrepour
ydéposermesaffairesavantdelerejoindresurletournage.Çafaisaittroisjoursquejenel’avaispasvuetilmemanquaitterriblement.Ilfaisaitbonetl’airétaitchaud.Jem’étaischangéepourunerobelégèretouteblancheàbretelles.J’avaisprislechemindelaplage,carc’étaitàunendroitprécisdecelle-ciqueletournageavaitlieu.Jelaremontai,meschaussuresàlamain.Lesableétaitsiblancetl’eausiclaire.Jen’avaisjamaisrienvudeteldetoutemavie,unetellebeautéréunieaumêmeendroit.Jenepartaisquetrèsrarementenvoyageetlà,c’étaitunevraieaventurepourmoi.J’étaisarrivéeà
destination,mais tout lemondeétaitoccupé,Tominclus.Chemise roseetpantalonblanc, ilétait sexy,évidemment,maisilétaitloindustyled’hommequejeconnaissais.Ilneremarquapasmaprésence.Jem’étaismiseà l’ombred’unpalmier,à l’abridesregards,encoreunefoispournepasdéranger.Jenesavaispasquellescènedevaitsejouer.Donc,j’étaislàcommespectatrice.Çatiraitunpeudanstouslescoinsavecdespoursuitesenbateaux,c’était trèsplaisantàobserver,mêmedel’extérieur,mais j’étaisfatiguée à causeduvoyage et, auboutd’uneheure, jepliai bagagepour rentrer à l’hôtel.Enfin, si onpouvait appeler ça un hôtel. C’était des maisons en bois individuelles cinq étoiles qui donnaientdirectement sur la mer. Je ne profitai pas de la vue très longtemps, je m’étais allongée très vite surl’énorme lit de la chambre. C’est en fixant le ventilateur de plafond que j’ai dû m’endormir. Je fusréveilléepardetendresbaisersquiparcouraientdélicatementmoncorps.—Salut,toi!mefit-il.—SalutTom!—Commenttutesens?—Unpeufatiguéeparlevoyage,maisjesuiscontentedetevoirenfin.—Ilteresteunpeudeforcepourunebaignade?—Quelleheureilest?—Uneheureetdemiedumatin.—C’estpasunpeutardpourça?—Aucontraire!Alleznageràcetteheure,c’estlemeilleurmomentdelajournéeou…delanuit,situ
préfères.—Attends,jevaisprendremonmaillotdebaindanscecas!—Quiaditquetuenavaisbesoin?Jelesuivispiedsnus,amuséepartantd’insouciance.Quiauraitditqu’unjour,j’iraimebaignernue?
J’étaisassisesurlesableetjeleregardaisedéshabiller.Ilmefitunsignedumentonpourmedemanderdemedépêcherunpeu.Ilplongeatêtelapremièredansl’eau,parcontre,j’yallaisplusdoucementpourrentrerdanscelle-ci.Elleétaitchaudeetagréable.Jem’immergeaientièrementdanslameretquandjerefis surface, il se tenait près de moi. Des perles d’eau salées déferlaient sur son visage. Ses yeux
brillaient de mille feux sous l’effet de la lune, il était sublime sous cet éclairage. Il commença àm’embrasseretmoiàluirendresesbaisersiodés.Je sentais sondésir semanifester. Ilm’embrassaitdeplusenpluspassionnémentetmoncorpsétait
devenupluschaudquelatempératuredelamer.Ilrepoussamescheveuxenarrièreetmesourit.Ilmepritdanssesbraspourmeramenersurlerivageetmedéposasurlesablefin.Mêmesilemomentétaitmagnifique,jenepusm’empêcherd’ouvrirlabouchecommed’habitude.—Siquelqu’unpasseetqu’ilnousvoit?—Tun’asjamaisrêvédefairel’amoursurlaplage?Suruneplagecommecelle-ci?—Oui,biensûrqueoui,mais…Ilmecoupaenposantsondoigtsurmeslèvres.—Chut…murmura-t-il.Jeneprotestaiplus.Jemelaissaienvoûterparsescaressesetsesbaisersjusqu’aumomentoùilme
pritavecintensitésurcetteplageblancheéclairéeparlalune.Celle-ciétaitentièreetjepouvaislevoirdistinctement.Touslesmouvements,touslesbaisers,touteslesétreintesqu’ilmedonnaitsanscompter.Pendantqu’ilm’abreuvaitdecoupsdereinsetdebaisers,jeluifrôlailebasdudospourluisignifierqu’iln’arrêtepascequ’ilétaitentraindemefaire.Jenevoulaisplusquecelafinisse,nisurcetteplage,niailleurs.Jevoulaisqu’ilsoitleseulàavoirlapermissiondedemeurerenmoipourtoutlerestedemavieetmêmepourl’éternitésicelle-ciavaitexisté.Nousétionsremontésdansnotrehuttepourallersalirlesdrapsdesablequiétaitencorecollésurnous.
Quandj’étaisdanssesbras,j’étaissiperdueetpourtantsiheureuse.Ilsavaitcontrôlermoncœurcommepersonne.Nousétions toujoursen trainde faire l’amour lorsquequelqu’unfrappaà laporte. Ilpritundrap qu’il semit autour de la taille et se dépêcha d’ouvrir. Je reconnusmalheureusement la voix deBarbara qui le rappela à l’ordre et qu’il allait être en retard à force.Celle-ci s’avança assez dans lachambrepourmevoirm’enroulerdanslesdraps.Ellemefixad’unregardfroidsansunbonjourets’enallacommeelleétaitvenue.C’étaitclairqu’aprèslecoupduchampagne,elledevaitmedétesteràmort.Tom referma la porte etme fit savoir qu’il était en retard et qu’il devait se doucher.Une fois fait, ils’habillaetm’embrassalonguementavantdedisparaître.Jepassaiàmontoursouslejetd’eauchaudeetm’habillaiégalement.J’essayaisderefairelelitetde
mettreunpeud’ordreavantl’arrivéeduservicedenettoyage.Onavaitmislesouk,ilyavaitdusabledepartout. J’avais faitmon possible pour que ce soit plus propre,mais elle aurait eu du travail tout demême.Onfrappadenouveauàlaporte,jem’attendaisàtrouverlafemmedeménage,maisapparemmentcelle-cis’étaitdéguiséeen…Barbara.Elleentrasanspermissiondemapart,àcroirequ’ellen’enavaitjamaisbesoinpouralleroùquecesoit.—Ondoitparler,medit-elle.Plusexactement,jevaisparleretvousallezm’écouter.—Trèsbien,jevousécoute.—Tomm’aconfiésondésirdequitterlemétierpourvousouàcausedevous,peuimporte.Est-ceque
vousréalisezcequevousêtreentraindeluifaire?—Jenesavaispasqu’aimerquelqu’unétaituncrime!—Ilnes’agitpasuniquementd’amour,maisdesavie,desacarrière.Tomestnépourêtreunestar,il
açadanslapeau.Ilneconnaîtqueçadepuissesdix-neufans.Etvous…vousdébarquezetvousremetteztoutenquestion?—C’estcequ’ilveut!—Maintenant,peut-être!Maisdanssixmois,dansunan?Vouspensezqu’illevoudratoujours?Vous
voyezTombosserdansuneépicerie?Oudansvotreclinique?Oumêmeencore rester sagementà lamaisonenattendantquevousrentiezdutravail?Ilaçadanslesang,c’estcommeça.CerôledeJames
Bond,ilenrêvedepuislongtemps,alorsnedétruisezpassonrêvepourunehistoiredecul.—Tometmoicen’estpasqu’unehistoiredeculcommevousdîtes!rageai-je.Ons’aime,jel’aime.—Sivousl’aimeztantqueça,laissez-lepartiretlaissez-leêtrecequ’ilest,unacteur,unestar!—Qu’attendez-vousdemoi?Letournagese terminedemainici.D’aprèscequej’aivu,vousavezpuprofiterdevotrenuit.Pliez
bagage,retournezàLondresetplaquez-le!C’estlameilleurepreuved’amourquevouspourrezjamaisluioffrir.—Vousaveztort.—Mapetite,dit-ellecondescendante.Celafaitplusdequinzeansquejem’occupedelui.Jesaisce
dontilabesoin,etavecquietquoiilestheureux.Vous,vousleconnaissezdepuisquoi?Deuxminutes!Ilestlàoùilenestgrâceàmoietsivousvoulezsonbonheur,arrangez-vouspourqueçacontinue.Elleregardasamontre.—Ilyaunaviondansquelquesheures,faitesensortedenepaslerater.Vousêtesintelligente,vous
savezquej’airaison,àvousdefairelebonchoix.Ellepartitcommeelleétaitvenue,avecarrogance.Jerestailà,hébétéeparlaconversation.Fairele
choixducœuroudelaraison.Jesavaisque,quelquepart,ellen’avaitpastort.Ilavaitpresquetoujoursconnulabellevieetlespaillettes,etdujouraulendemain,ilvoulaitquittertoutçapourmoi.Jem’étaisassisesurlereborddulit,metorturantpoursavoirsijedevaissuivresesconseilsouécoutermoncœur.Jeprisladécisionderesteretdediscuteraveclui.Jenevoulaispasallersurletournage,jepréféraism’isolerpourréfléchir.Jeretournaisurcepetitboutdeplageoùnousavionsfaitl’amourlaveille,hierencore,c’étaitleparadis.Je fermai lesyeuxpour entendre lebruitdesvaguesquivenaientmourir sur leborddecelle-ci. Je
marchai, les pieds dans l’eau, en pensant à lui, à nous. Je ne m’étais pas rendue compte que j’étaisarrivée bien malgré moi sur le lieu du tournage. Je ne voulais pas trop m’approcher afin qu’il nem’aperçoivepas.Jeleregardaideloin.Ilétaitsouriant,heureux,danssonélément.Barbaraavaitraison,il était fait pour cette vie-là. Le début de soirée arriva vite et je l’attendais paisiblement dans notrechambre.J’entendisqu’ilclaqualaporteetmesouritpendantquelquesinstants.Ilremarquamonsacdevoyageparterredansl’entrée.—Qu’est-cequisepasse,Nina?—J’aieuunediscussionavecBarbara,cematin.—Encore?Jevaisallerluiparlerpourqu’ellearrêtedet’ennuyeretje…—Écoute-moi,s’ilteplaît,lesuppliai-je.Jen’aimepascettefemmeetellenem’aimepasnonplus.
Maiselleaditdesvérités.—Commequoi?—Detoutlaisserpourmoi,cen’estpaslachoseàfaire,surtoutpasencemoment,toiquiesàdeux
doigtsdedécrocherlerôledetesrêves.—Pourtant,c’estcequejeveuxetnepenseplusàcettehistoiredeJamesBond.Barbara,sielleétait
unmec,elleauraitpostulépourlerôle,elleleveutplusquemoi.—Oui,maintenant!Maisdansquelquessemaines,dansquelquesmois?Jen’aipasenviequetu te
réveillesunmatinenmeregardantetenregrettanttavied’avant,enregrettantdem’avoirchoisie.—Çan’arriverapas,Nina!Jesuisassezgrandpoursavoircedontj’aienvieoupas,non?—Jenedispaslecontraire,maispeux-tumeregarderdanslesyeuxetmejurerquetuneregretteras
pastonchoix?Iln’avaitpasréponduàmaquestion,pourtantjel’attendais,cetteréponse.—Tuvois!dis-je,tun’enespascertainnonplus.Barbaraaraison,tuesfaitpourcemétier,pourêtre
unestar.Nechangepascequetuespourmoi,commetoitum’asdemandédenepaslefairepourtoi.Onaétépris tous lesdeuxdans le tourbillon,dictésparnossentimentsenmettantdecôténosvies. IlesttempsderedescendresurTerreetdefairefaceàlaréalité.— Pourquoi j’ai l’impression que ça ressemble à une rupture ? Ne te laisse pas mettre des idées
pareillesdanslatêteparBarbara.Toutcequil’intéresse,c’estcombienjevaisluirapporteràlafindumois,etriend’autre.Sic’estelleleproblème,jevaislavireretçaseraréglé.—Leproblèmepourl’instant,c’estmoi.Tun’espasconcentrésurcequetufaisàcausedemoi.Ilfaut
quetufinissescettesérie,Tom,sansmoiauxalentours.—Quandçaserafait,ehbien…situveuxtoujoursdemoi,onreprendralàoùons’estarrêtés.—C’estbiencequejedisais,tuveuxrompre!—Non,Tom,onvafaireunbreakpouressayerd’yvoirplusclair.—Unbreak?C’estlenouveautermeàlamodepourdire«rupture.»Jesuisdésolé,Nina,maisjene
suispaslegenred’hommequifaitdes«breaks.»Tuneveuxplusdemoi,trèsbien,maisaieaumoinslecouragedeledireclairement—Tom,jet’enprie!Biensûrquejeveuxencoredetoi,mêmetropparfois!—Jenevoispasoùestleproblème,alors!Tumedemandesdeprendredutempspoursavoirceque
jeveux,maisjepensequetuenasplusbesoinquemoi.Situmedésiresautantquemoijetedésire,alorsbats-toipourmoi,Nina!Leshommesaussiontbesoindesavoirqu’onlesaimeetsiquelqu’unestprêtàtoutpoureux.Jedoisretournertravaillermaintenant,ondoitfaireunescènedenuit.Netardepastrop,sinon,tuvasratertonavion.Ilquittalachambreencolèreetsansunregardpourmoi.Jepensaisbienfaire,maislepièges’était
refermésurmoi.Levolderetourétait interminable.J’avaiscettebouleauventrequimetiraillaitsanscesse et mes yeux ne me laissaient aucun répit. Je comprenais mieux ce que le terme « aimer à enmourir»voulaitdire,c’étaitexactementcequiétaitentraindesepasser,j’étaisentraindemouriràpetitfeu.Unefoisrentréeàlamaison,j’avaisjetémonpauvrepetitsacdanslehalld’entréepourmeréfugierdanslesbrasdemonoreilleretluiconfiermeslarmes.J’avaiscettedouleurquimeconsumait.Jepensaisavoirfaitlebonchoixsurlemoment,delelaisser
réfléchir àcequ’ilvoulaitpour son futur.Mais lui le savaitmieuxquemoi, et il avaitprismonoffrecomme une rupture.Deux jours s’étaient écoulés et je n’avais pas bougé demon lit. Tomn’avait pasessayé de m’appeler, à aucun moment. À chaque fois que le téléphone sonnait, je sursautais, carj’espéraisquec’étaitlui.Finalement,j’avaiséteinsmoniPhone,cequifûtplusfacilequed’éteindremasouffrance. Barbara avait peut-être raison, elle savait sûrement ce qui était le mieux pour lui etmaintenant,jedevaisvivreavec,vivreavecleregretd’avoirlaissél’amourdemaviederrièremoi.Lesdeuxjourss’étaienttransformésenunesemaineetlasemaineendeux.Enfindecompte,jem’étaislevéede mon lit pour aller picorer un petit quelque chose. Deux semaines que je ne m’étais pas lavée nihabillée,oupresque,monpyjamaétaitdevenumonmeilleuramiainsiquemesbouteillesdevinblanc.J’avaispassécesquinzejoursàdormir,pleurer,boireetmelamentersurmonsort,etçanepouvait
plusdurer.Jeprisunebonnedoucheetjem’étaisdécidéeenfinàmettrelenezdehors.Lecourriers’étaitaccumulé et venait me rappeler combien de temps j’étais restée inerte. Personne ne s’était vraimentinquiété demadisparition soudaine, car tout lemondepensait que j’étais avecTom.C’était la fin dejournéeetletempss’étaitdrôlementrafraîchi.J’allaissonneràlaportedeBethenespérantqu’ellesoitchezelle.Cenefutpaselle,maisunJeremyradieux,quivintm’ouvrir.—SalutJer,Bethestlà?—Ellen’estpasencorearrivée,maisellenevapastarder.Tuveuxrentrerl’attendre?—Nonjevaisvouslaisser,jeneveuxpasvousdéranger.
—Jecroisqu’ilfautqu’onparle,tuveuxbien?—Oui,biensûr.Jelesuivisdanslesalonoùlatéléétaitalluméesurunmatchdefoot,certaineschosesnepouvaient
paschanger.—Tuveuxboirequelquechose?—Nonçaira,j’aieumadosed’alcoolpourunmoment,jepense.—Jevoulaism’excuser,medit-il.J’aiétépuériletet…hésita-t-il,tuaseuraisondemelarguer.—Tuvaspast’excuserJer,«j’ai»rompu,pastoi!—Jecomprendspourquoimaintenant,jesuisunbourrinparfois!—Jeremy…— Je m’améliore, tu sais. J’ai changé de job, je travaille comme manager dans une boutique de
montresdemarque,jefaisdusport,j’airenouvelémagarde-robeetjeprendsdescoursdusoir.—Whaou!Làjesuisimpressionnée,dis-jeavecsincérité.—Lescoursdusoir,c’estpaspourdevenirplusintelligent,maispourêtreunpeupluscultivé,entout
casj’essayeetj’aimebeaucoup,àvraidire.—Maistueséblouissant,çasevoit,tuasl’airheureux.—C’estgrâceàBeth.Ellemepoussebeaucoup.—C’estbien.Commentças’estpassétouslesdeux?Jeveuxdirecommentça…enfintuascompris.—Unsoir,jesuisrentrébourré,j’espéraisteparleretj’aiatterrichezBeth.Onacouchéensemble,
enfinvoilà.—Ehben,c’estbien…dis-jeunpeugênée,cettefois.—J’aidûparaîtrecomplètementcon!—Àquelpropos?—Tonacteur!J’aipasreconnutonBradley,pourtant,c’étaitpasfautedel’avoirvuaucinémaetàla
télé.—C’estpasgrave,net’inquiètepaspourça.—Siçatedit,unsoironpourrait…tusaisdîneroufaireunesortieensemble.—Non,Jer!Toietmoi,c’estfini.J’aipasenviederemettrelecouvert,ettuasBethmaintenant.—Oui,c’estvrai,tuasraison,dit-ilàsontourembarrassé.C’étaitjuste,tusais…—C’estOK,c’estbon,j’aipasbesoinquetutejustifies.Onentendituneclétournerdanslaserrure,Bethétaitderetourdutravail.Quandellenousvit,Jeremy
etmoidanslesalon,ellelâchaunpetit«oh»desurprise.—Tun’espasàLosAngeles,toi?—PourquoituveuxquejesoisàLosAngeles?— Parce que Tom y est ! Depuis quelques jours pour la série. Je pensais que tu l’accompagnais
puisqu’onavaitplusdetesnouvelles.—Commenttusaisqu’ilestàLA?—Toutle«TomUniverse»estaucourantdesesdéplacements.—Le«TomUniverse»,commetudis,nesaitpastout.—Oh…relâcha-t-elle,jevois!Jer,moncœur,tupeuxalleràlacuisinenousprépareràmanger?—Ilestpasunpeutôt,non?—Arrêtedediscuteretvas-y,OK?Ils’exécutaenrouspétantlégèrement,maisjem’étonnaiqu’illuiobéisseavecsipeuderésistance.—Ehbien…jenesaispascequetuluiasfait,maisjenelereconnaisplus.Mêmemoi,aprèstant
d’annéesaveclui,jen’aijamaisréussiàlemettreàlacuisine.
—Euh…ons’enfout.Alors,qu’est-cequisepasseavecTom?Donc,jecommençaismonrécitseulementaveclespointsimportantsetbiensûr,lafindramatiquequi
endécoulait:larupturequin’enétaitpasune,maisqui,pourTom,enétaitune.—T’esdingueoutoi?melança-t-elle.—Quoi?—TuasrompuavecTomparcequ’ontel’asouffléàl’oreille?— Je ne voulais pas une rupture, mais simplement lui donner un peu d’espace pour qu’il soit sûr
qu’il…medésiraitvraiment.—Tueslareinedesconnes,tusaisça,j’espère?Tupensesqu’iln’estpasassezgrandpoursavoir
avecquiilaenvied’être?— Beth, ce n’est pas uniquement une question d’amour, mais… Oh, puis laisse tomber ! Tu
comprendraispasdetoutefaçon.—Ce que je comprends, c’est que tu viens de plaquer l’homme de tes rêves pour une histoire de
boulot.Sij’avaisétéàtaplace,jemeseraispasembêtéeavectoutestesquestionsexistentielles,jeserairestéeaveclui,unpointc’esttout.—Jemepréoccupeaussidesonbonheur,figure-toi!—J’endoutepas,maislefaitquetuledéconcentresestunepreuved’amour.Qu’est-cequitefautde
plus?Agentoupas,jeluiauraismisunepairedeclaquesàcelle-là,çaauraitétévitefait!—Jefaisquoimaintenant?Iln’apasappeléuneseulefois.—Vousallezvoustournerautourlongtempssitoi,tuattendsqu’ilt’appelleetluipareil,çapeutdurer
indéfinimentcommeça.—Jesaisquej’aifaituneconnerie, jepensaisbienfaireavecmonhistoirede«break»etçaaeu
l’effetinverse.—Pasdepanique,j’ailasolution!cria-t-elle.—Quiest?—Aprèsdelonguessemainesdeboulot,loindelamaison,qu’est-cequiteferaitleplusplaisir?—Jesaispas…maisjesensquejevaislesavoirtrèsvite.—Qu’ont’attendeàl’aéroportàtonarrivée.Iln’yariendeplusréconfortantqueça.—JenesaispasquandilfinitdetravailleretquandilrentreàLondres.—Moijesais,demaintuserasauTerminal5d’Heathrowàl’attendre.—Commenttupeuxêtreaucourantdeça,toi?—Le«TomUniverse»,mabelle!—C’estréconfortant,d’uncôté,deconstaterquetusaisautantdechosessurmonmecoumonex,on
lesauraassezvite,maisc’estflippantaussi,tuvois.—Oui,jesais,maisonditmerciqui?—Merci…toi!—Ehbenvoilà!Jeremy,faispéterlevinblanc.
Chapitre14
Lelendemainàdix-septheurespile,j’étaispostéeàlasortiedesarrivéesinternationalesàHeathrow.Ilétaitpasdifficiledesavoirparquelleporteilallaitsortiravectouslespaparazzisetquelquesfansquil’attendaient déjà. J’essayai dememettre le plus envuepossiblepourqu’il nepuissepasme louper.Tousn’avaientd’yeuxquepourlaportedesortie,doncjem’étaisglisséediscrètementparmieux.J’avaismes lunettes sur le nez et le cœur qui battait de plus en plus fort et de plus en plus vite. Les flashscommençaientàcrépiter,etlàj’aisuqu’ilétaitarrivé,suivid’unnouvelassistant.Chemisebleue,jeandelamêmecouleuravecunevesteencuirmarron,lescheveuxunpeudécoiffésetdesvalisessouslesyeux.Onpouvaitdevinerfacilementqu’ilvenaitsetaperdouzeheuresdevolaveclamineunpeudéfaitequ’ilarborait.Ilsignaquelquesautographesetsouriaitvolontierspourlesphotos.Ilétaitpresquerenduàmahauteur.
Encoredeuxoutroissignaturesetilseraitprèsdemoi.Moncœurbattaitàtoutrompreetmarespirationétaitbloquée.Ilavaitencorelatêtebaisséequandilarrivasurmoietquandenfin,illareleva,jepusliredelasurprisesursonvisage,mêléeavec…autrechose.Ilmedévisageapendantquelquessecondes,levisagefigéet ilpassasa routepourcontinuer lessignatures.Lorsdenotrepremière rencontre, j’avaissenti de la chaleur et de l’électricité et là, ce fut un vent glacial qui soufflait surmoi. Je le regardais’éloignerpetitàpetit.Sesmotsrésonnaientdansmatête«Bats-toipourmoi!»Ilavaitraisonetc’étaitcequej’allaisfaire, luimontrerquejel’aimais.Tantpispourlemondequi
l’encerclaitetpourlavieprivée,jeluicourusaprèsenl’appelantdetoutesmesforces.Ilseretourna,l’airgrave,maisils’arrêtaquandmême,lesyeuxbraquésdansmadirection.—Tom, tu as raison, tu vaux le coup qu’on se batte pour toi. J’ai été stupide, « je suis stupide »
parfois,etimpulsive,voiremêmetrèsconne,onpeutledire,fis-jeembarrasséeetsincère,etjen’auraisjamais dû te laisser comme je l’ai fait. Je t’aime comme je n’ai jamais aimé personne auparavant. Jen’auraispasdûécouterBarbaraetsuivreuniquementcequemoncœurmedictait,quicriaitàtoutromprederesteravectoi.Jen’avaispasattenduqu’unseulmotsortedesabouchequejecollailamiennesurlasiennepourlui
donnerundemesbaiserslespluspassionnésenespérantqu’ilmelerende…cequ’ilnefitpas.Ilpassasalanguesurseslèvrescommepourenleverlegoûtquej’yavaislaissé.Marespirationsefaisaitdeplusen plus courte. Ilm’attrapa par les bras pourme faire reculer d’un pas. Les paparazzis nous avaiententourés,nousphotographiantdeplusbelle.Ilfitunpasdecôtépoursedérouterdemoietpartitsansunmotavecsonassistant,enmeplantantlà,parmicettemeutedontj’étaisdevenueàprésentlaproie.Lesflashsm’aveuglaient,toutcebruitm’étourdissait,çaetlefaitquejevenaisdemeprendreunvent
monumentaldevantunpaquetd’inconnusaujourd’huietsûrementdevanttoutel’Angleterredemain,voirelaTerreentière.Jeretenaismeslarmespournepasleurdonnerl’occasiondelesphotographiernonplus.Je pris la direction de la sortie en courant pour qu’ilsme foutent la paix. J’étais arrivée dehors pourappeleruntaxiquandjesentisunemainmepressantlebras.C’étaitTomquis’étaitplanquéàlasortiepourm’attendredepiedferme.Ilmetraînaavecénergiedansunevoituredeluxenoiregaréeàdeuxpasetme jeta littéralement dedans pour s’y engouffrer à son tour. Son assistant était assis à l’avant.Tomdemanda au chauffeur de démarrer au plus vite. Les vitres étaient teintées, mais avec les flashs, lespaparazzispouvaientaisémentvoiràl’intérieur.Jenesavaispass’ilétaitfâchéoupas,carilnemeregardaitmêmepas.Ilfixaitdroitdevantlui.Je
voulaismetaire,maisencoreunefois,mabouchen’enfitqu’àsatête.—Tom,j’aimeraistedireque…
—Chut!lança-t-il.Jerestaipourseuleréponseavecson«chut.»J’avaisprisladécisiondeneplusparler,carjesentais
qu’ilétaitpassablementénervéet jepouvais lecomprendre.Peut-êtrequede l’embrasserà l’aéroportn’étaitpasconvenableniapproprié.Enyrepensantencoreetencore,j’avaisdûfaireuneénormegaffeenle faisant. Ça ferait probablement la une des journaux le lendemain matin. J’avais été spontanée enécoutantmoncœuretnonmatête,cequiavaitprovoquéunebouletteàl’échelleinternationale.Jen’osaisplus le regarder de honte, donc je préférai laissermon regard se perdre sur le paysage. Je sentais detempsentempssesyeuxsurmoi,maisjemerefusaisàaffrontersonregard.J’avaisdûlerendrefurieuxetilavaittouteslesraisonsdel’êtreaprèstouteslesmisèresquejeluiavaisfaitesbienmalgrémoi.Lavoitureprenait petit àpetit ladirectiond’Hampstead. J’avais cette foisdétournémesyeuxde la
routepourl’observer,cequeluifaisaitdepuisunmomentdéjà,apparemment.Jenesavaispascequesesyeuxvoulaientmedire,maisjenecherchaipasàlesavoirnonplus,carj’avaispeurdelaréponse.Nousétionsenfinarrivésàlamaison.Tommedemandad’untonneutredesortirdelavoitureetdel’attendreàl’intérieur.Pourunefois,jen’ouvrispaslabouchepourdemanderquoiquecesoit,jeluiobéispendantqu’ildiscutaitavecsonassistant.Quandj’ouvrislaporte,cefutunOlaftoutcontentquivintm’accueilliretsagardienneRita,quis’occupaitdeluiquandnousétionspas…enfinquandTomn’étaitpaschezlui.C’étaitunejeunehispaniqueplutôtmignonne,quihabitaitdanslequartieretquifaisaitdudog-sittingà
sesheuresperdues.PendantquejefaisaisungroscâlinàOlaf,histoiredemefairepardonnerdemonabsence,Tomfitson
apparitionavecsonsacdevoyage.Ritavintàsarencontrepourluifairelerésumédeses«vacances»aveclelabrador.Tomrestacharmant,maisnes’attardapasdanslaconversationavecelle,ill’apayaetlaremerciapoliment.Ildevaitsûrementréserversesfoudrespouruneautrepersonne,enl’occurrence,moi!IlavaitfermélaportederrièreluietavaitcaresséOlafpendantquelquesinstantsavantquecelui-cine reparte en direction de la cuisine et de sa gamelle. Il était là, appuyé sur cette foutue porte, medévisageantetnedisantrien.J’auraispréféréqu’ilmegueuledessusunboncoup,unefoispourtoutes.Jedécidaidebriserlesilence.—Tom,jesuisdésoléepourcequis’estpasséauxSeychellesetàl’aéroport.Danslesdeuxcas,je
pensaisbienfaireetjevoulaistedire…—Chut!melança-t-il,ledoigtsurlabouche.—Quoi,encorechut?—C’esttoiquivasm’écoutermaintenant.CequetuasfaitauxSeychellesétaituneconnerieparceque
tuasécoutéBarbaraetquet’eslaisséeinfluencer.Jesuisassezvieuxàprésentpoursavoirquijeveuxetcequejeveuxfaire.—Tom…repris-je.—Chut…jetedisdem’écouter,alorstais-toi!—Trèsbien,dis-jeengrimaçant.—Ton«break»m’afaitplussouffrirqu’autrechose.J’aipassémessoiréesàboirepouressayerde
t’oublieretpresqueàtedétester.C’estcequej’aifaitpendantcesquinzejours,c’estcej’aifaitjusqu’àl’aéroport,jusqu’àcequemesyeuxretombentsurtoi.Quandjet’aivu,cesontlesbonsmomentsquisontremontés,etl’histoiredesSeychellesétaitpratiquementoubliéeainsiquemonséjourenenferàLA.—Pourquoitum’asrepousséeàl’aéroport?—Situavaiscontinuéàm’embrassercommetul’asfait,monembarrasauraitétéévidentetjevoulais
éviterçadevanttoutlemonde.—Quelembarras?demandai-je.Ilregardasabraguette.
—Oh…tuveuxdirequetuauraispuêtreen…—Çacommençaitàvenir,effectivement,murmura-t-il,gêné.—Avecunsimplebaiser?—C’estl’effetquetumefais,Nina,maislaquestionn’estpaslà.J’attendaisquetum’appellesettune
l’aspasfait.—J’attendaisquetum’appellesaussi,Tom.—C’esttoiquim’asplaqué,paslecontraire!pesta-t-il.—Jenet’aipasplaqué!Jet’aidemandédefaireunbreakpourêtresûrdecequetuvoulais,pourêtre
sûrquecesoitmoietquetuneleregrettespas…plustard.—Oui,jesuissûrdetevouloir,etsurtoutaprèsdeuxsemainespasséessanstoi.Maistuasraisonsur
unechose, jenesuispasprêtàquittercemétier.Notre«break»m’adonné le tempsderéfléchirsurbeaucoupdechoses,dontmonmétier.Jenesaisrienfaired’autre,maisjeveuxt’offriruneviepresquenormale,mêmesijesaisqueçaneserapastoujourslecas.C’estpourçaquejevaisralentirlacadenceauniveauduboulot.Sionmeproposequatrefilms,ehbien…jen’enferaiquedeux.Jeveuxprofiterunpeudelavie, jen’aiplusrienàprouveràpersonne.Allerauparc,sepromenerledimanche,fairedushoppingsurOxfordStreet,partirenweek-endensemainesuruncoupde tête, tumedonnesenviedefairecela,Nina,êtrecommetoutlemonde.Maissituveuxquetoietmoiçacontinue,j’aidesconditions.—Jet’écoute,dis-jeaveccuriosité.—Je veux rencontrer tes parents et que tu vives ici à plein temps. Je ne veuxplus que tu ailles te
réfugier aumoindre souci àNottingHill.Lesproblèmesdecouple se règlent àdeuxetpas à troisouquatreavecmonentourageouletien.—Autrechose?—Tun’asaucunerevendication?—Jedevraisenavoir?—Tuesd’accordavectoutcequej’aidit?Mêmepasunpetitrâlededésapprobation,unhurlement,
unminiroulementdesyeux?—Pendantdeuxsemaines,tun’aspasétéleseulàêtreenenfer.J’airéaliséunpeutardque,peut-être,
jet’avaisperdu,etjeneveuxplusjamaisrevivreça.Tuveuxvoirmesparents?Trèsbien!Oniraunweek-endchezeuxà tesrisquesetpérils.Mamèreétait fandeJeremyetbeaucoupmoinsde toi,et turencontreraségalementmagrand-mèrequiesttrèsgentille,maisunpeu…originale.—Jesauraislesséduiretouteslesdeux,jenem’inquiètepaspourça.—PourlamaisonàNottingHill,jelalouerai,maisjenem’endébarrassepas.Tuasraisonqueles
problèmesdecoupleserèglentàdeux,etnonàplusieurs.Moiaussi,j’aiuneexigence.—Laquelle?— Je ne veux plus avoir affaire à Barbara. Je déteste cette bonne femme, et je crois que si je la
revois…Donc,essayed’éviterdememettreencontactavecelle.—Nina,tupensesvraimentquejetravailleraisdenouveauavecelleavectoutcequ’elleafaitetdit?—Tul’asviré?—Lejourmême!—Tuasunnouvelagent?—Lejeunehommequetuasvudanslavoiture.Ils’appelleRobert.Ilvientdedébuterdanslemétier,
maisilfaitdéjàdesmerveillesetonmel’avivementrecommandé.Ilrespecteranotrevieprivée.Autrechose?lâcha-t-ilaveclesourire,cettefois.—Non,jecroispas…—Bien!Danscecas!
Ilsedébarrassadesonblousonencuiretcommençaàenleverlesboutonsdemanchettedesachemiseetàdégraferlesboutonsdecelle-ci.—Qu’est-cequetufais?—OnadeuxsemainesàrattraperetjenesuisàLondresquepourdeuxjours.Onn’apasdetempsà
perdreet,quantàtoi,mets-toisurrépondeurpourlesprochainesquarante-huitheures.
Chapitre15L’amour encore et encore et dans toutes les pièces de la maison ou presque. Nos corps avaient
fusionnéspendantquasimentdeuxjoursdurant,ens’aimantjouretnuit.Nousnouslevionsdetempsentemps pourmanger et boire, seulement pour recharger nos batteries qu’on épuisait aussitôt après. Lesraresmomentsoùnousn’étionspasenunion,nousdiscutionsdesdeuxsemainesquenousavionspasséesloin l’un de l’autre. Étonnamment, lui de son côté et moi du mien, nous avions fait d’une bouteilled’alcoolnotremeilleurealliéepouraffrontercetinstantdifficile.Maisnousavionsdécidéd’oubliercetépisodedouloureuxetdeneplusjamaisenreparler,saufpeut-êtresurnosvieuxjours,etencore.Entredeuxcâlins,ilessayademefairerireavecdesimitationsoudesblaguesunpeulimites.Ilétait
bonacteur,maisunpiètrecomiqueetc’étaitçaquimefaisaitencoreplusmarrer,qu’ilsoitdrôlemalgrélui.Maisentredenouvellespromessesetdenouvellesétreintesdeplusenplusbrûlantes,c’étaitencoredanssesbrasquejemesentaislemieux.Laplanèteauraitbienpus’arrêterdetourner,çan’auraitpaschangégrand-chose.Lesfameusesquarante-huitheuress’étaientmalheureusementécouléeset lemondeextérieur, lui, était toujours debout alors quemoi, jem’étais écroulée.Tométait parti très tôt dans lamatinée pour Le Caire et je devais attendre aumoins une semaine avant de le revoir.Mon corps serappelaitàmoiaprèsnotremarathonsexuel.J’étaiscourbaturée,maisheureuse.C’étaitcequ’ilfaisait,ilmerendaitheureusedetouteslesfaçonspossiblesetinimaginables.Après avoir avaléuncachetpourmesdouleurs et nourriOlaf, jepris enfinunedouche.Sous le jet
d’eauquitombaitenpluiesurmapeau,jepouvaistoujourssentirlesempreintesdesesdoigtssurmoncorps et l’intensité de ses baisers voluptueux surma bouche qui ressemblaient plus à des bleus qu’ilm’avaitlaissésavantdepartir.Ilm’avaitmarquéesurtoutmonêtrepournepasquejel’oublie.Jeprislemétropourleboulot,rêveuseettoujourssousl’effetdenoscorpsàcorps.J’étaiscomplètementailleurs.Jenecessaisderepenseràcesdeuxderniersjoursaupointquej’avaisfailliunefoisdeplusloupermastation.Ilétaitencoretôtet jepassaischezBethpourlaremercier,carsanselle,peut-êtrequeTometmoi,onn’auraitpaspuseréconcilier.Jetapaiàlaporteetcelle-civintm’ouvrir,sourireauxlèvres.—Toi,tuesmonhéros!—Merci…maispourquoiaujuste?—T’aspaslulesjournaux?—Àvraidire,fis-jesongeuse,j’aiétéunpeuoccupée,situvoiscequejeveuxdire.—Viensjeterunœil,jelesaitousachetés.Jevoulaisbienlacroirequandellemeditqu’elleselesétaittousprocurésvulacollectionquiétait
étaléesursatableàmanger.Ilsyaenavaitunebonnedizaineaumoins.TometmoifaisionslaUnedestabloïds,etnotrefameuxbaiserégalement.—Çatefaitquoid’êtreunestar?—Rien…parcequejen’ensuispasune,c’estTomlacélébrité,pasmoi!—Jemesuisdoutéequetoutallaitpourlemieuxpuisquetun’asréponduàaucundemesappels.—Aprèsunebonnediscussion,touts’estbienpassé,oui.—C’estcommeçaquetuappellesunepartiedejambesenl’air?Unebonnediscussion?—Avantdenousenvoyerenl’aircommetudis,m’exclamai-jed’untontaquin,nousavonsparléetmis
leschosesauclair.Ilveutrencontrermafamille—Ilt’ademandéenmariage?—Hein…?Quoi?Non,ilnem’apasdemandéeenmariage,onsortensembledepuispresquedeux
mois.Ilesttroptôtpourqu’illefasse,etjedoutequ’ilaitenviedelefaire.Ilestfraîchementdivorcé.
—Tuluiasditquetafamilleétaitdingue?—Non…maisarrête,Beth!Mafamillen’estpas…dingue,dis-jeenmeraclantlagorge,elleestun
peuoriginale,c’esttout.—Ouais…elle est dingue, surtoutGranny. Il risque de s’enfuir quand il va les voir.Tu prends un
risque, Nina, fit-elle, moqueuse. Ta mère est amoureuse de Jeremy et Tom ou pas, ça peut partir ensucette.D’ailleurs,jemesuistoujoursdemandépourquoituétaispresquenormale,humm…c’estbizarrelesgênesquandmême.—EnparlantdeJeremy,oùest-il?—Chezsesparents,jesuppose.—Commentça,tusupposes?Tusaispasoùilest?—Onn’estplusensemble.Jesoufflaidesurprise.—Tul’aslarguée?—T’avaisraison,ilestinvivable.—Pourtant,tuavaisplutôtl’airdel’avoirenmain.—J’aibesoind’unvraimec,tucomprends…commeTom.—Oui,jevois.Maisilestpris.J’aibesoindetelerappelerencoreunefois?—Quandilreviendradecheztesparents,ilneleseraplus,dit-elleenplaisantant.—J’arrêtedet’écouter,tuenparlescommesij’avaisvécuaveclafamilleAddams.—Quoi,tun’espasmercredi?—T’essuperconne,parfois,jetejure.PauvreJeremy.Sefaireplaquerdeuxfoisendeuxmois,çadoit
êtredurpourlui.Jevaisl’appelerunpeuplustard.—Laissetomber,c’étaitunehistoiredeculentrenousetonesttoujoursbonsamis,tusais.—Çamerassurealors,sic’étaitsimplementunehistoiredecul.Tuastoujourslesmotspourmefaire
voyager,toiaumoins.Toncôtéromantiqueteperdra.—Enparlantdevoyage,TomestpartipourLeCaire?—Comment tu es au courant ? Jeme demande si parfois, tu ne travailles pas pour une cellule de
surveillanceouquelquechosedanslegenre.Commenttupeuxsavoirtoutça?T’esvraimentflippante,tuenesconsciente?—Leshashtags,mabelle.SurInternet,cesontlesmeilleursespionsquiexistent.Avantde reprendre le cheminpour la clinique, je lui avais fait un résumé rapidede la situation. Je
mettais surtout l’accent sur le faitqu’onne seraitplusvoisinesentreautres,mais elleprit lanouvelleplutôtbien,voiretrèsbien,àmagrandesurprise.LesUnesdesdifférentsjournauxavaienteuleurpetiteffet,cardenouveau,l’entréedelacliniquefutprised’assautparlespaparazzisquim’attendaientavecimpatience.Jemefrayaiuncheminpouryrentrersouslesflashsetlescrisquimedemandaientquandlemariage était prévu.Qu’est-ce qu’ils avaient tous à parler demariage ?Deuxpersonnes s’embrassentdansunaéroportetilyadesnocesdansl’air,forcément!Mêmesil’idéemeplaisaitd’êtreappeléeMrsBradleyjusqu’àlafindemesjours,nousn’enn’étionspasàcestade,onenétaitbienloin,d’ailleurs.Mesclientsmereçurent,sourireauxlèvresetl’und’euxm’avaitdemandéunautographe.J’étaisunpeu
déconcertée et gênéepar sa requête,mais je le fis volontiers,même si je ne savais pas commentm’yprendre.Mapremièredemanded’autographe!Ilrepartitaveclasignaturequej’apposaisd’habitudesurmes chèques, à défaut d’autre chose. Si l’ambiance de la salle d’attente était joviale, la salle deconsultation l’était moins. Ravi et Lucy étaient en train de s’occuper d’un lapin nain et ils tiraientclairementlagueule,eux,paslelapin,quoique.—Toutvabien?demandai-je.
Ravimefitunsignedelatête,assortied’unegrimacepourm’attireràl’extérieurdelapièceafindelesuivredanslebureau.—IlyaunproblèmeavecLucy,Ravi?—EllesaitpourDonna,etDonnaestaucourantpourLucy.Maistuauraisétéaucourantsituavais
décrochétontéléphone.—Je l’ai pas rallumédepuisdeux jours, jeplaide coupable !D’ailleurs, jevais le faire, dis-je en
m’exécutant.—Jesuisentraindet’expliquerquemavieamoureuseenprenduncoupettupensesàrallumerton
iPhone!Yarienquitedérange?—Quellevieamoureuse,Ravi?criai-je.TuescommeBeth,vousavezquedes«planscul.»Après
quand ça tourne mal, vous venez pleurer. Les plans cul, c’est pas de l’amour, c’est du sexe, point !Qu’est-cequetucroyaisqu’ilallaitsepasser,franchement?Tut’imaginais,etexcuse-moil’expression,«trempeztonpinceau»desdeuxcôtéssansquepersonnenes’enaperçoive?Surtoutqu’ellestravaillentensemble.Surcecoup,tun’aspasététrèsmalin!Tuaspenséavectoncerveauquiestsituéauniveaudetonpantalon.OùestDonna,aufait?—Partie!—Oh…soupirai-je.—Quoi«oh»?Jesaisqueçan’apasétélameilleureidéedusiècle,maisbon,çavalaitlecoupde
tenter.—Jedisoh…parcequeTomm’aenvoyéuncœur.Jeluimontraimontéléphone.—Super!souffla-t-il.Ilt’aenvoyéuncœur.Tuveuxquej’appelleunjournalistepourqu’ilfasseun
articledessus?—Tuesmonrayondesoleil,Ravi,tuesunvraibonheur.—J’attendstesconseilsaviséspourmesortirdecettesituation.—Mesconseilsavisés?T’asmangéunclowncematin?J’arrêtepasdefaireboulettesurbouletteen
cemoment,jedoisêtreladernièrepersonnesurTerreàquitupeuxdemanderquoiquecesoit.—Vous,lesfemmes,vousêtessicompliquées.Onaunmanuelquifaitaumoinscinqcentspages,mais
quandtucommencesàlelire,tut’aperçoisqu’ilyadeschapitresquimanquentetondoitsedébrouilleravec.—Oui,biensûr,c’estnous,Ravi!JepensepasqueDonnaouLucyétaientd'accordpourfaireménage
àtrois.Lejouroùtutomberasamoureux,tucomprendras.Tantqueturéfléchirasavectabraguetteetpasavectoncerveau,tuaurasdesennuisaveclesfilles.Encoreheureuxqu’ellessoienttoutescélibataires.—Donnaestmariée,dit-il,grimaçant.—Ohputain,Ravi!Net’étonnespassiunjour,tuteprendsunpain.Ilmetiralalangue.—Bravo,c’esttrèsmaturedetapart.—J’aivulesjournaux.—C’estça,changedeconversation,râlai-je.Quinelesapasvus?Quandjeteparlaisdeboulette,le
baiserenfaitpartie.—Jetrouveçaromantique,aucontraire,d’attendresonamoureuxàl’aéroportetdel’embrassersans
sesoucierdesautres.—Pasquandtuesentouréepardesdizainesdepersonnesquitephotographientavecunacteurcélèbre,
etavecTomenparticulier.—Çava,toi?
—Oui,jecrois.J’aijustebesoind’apprendreàvivreavectoutça,maisjevaisyarriver.—Tuenesamoureuse,hein?—J’ensuisraidedingue,tuveuxdire!pouffai-je,rougissante.— Je suis content pour toi, même si je suis extrêmement jaloux que tu ne rougisses pas pour moi
commetulefaispourlui.—Tuescommeunfrèrepourmoi,tulesais.—Tuviensdebriserencoreunefoismonpetitcœuretdemeremettredansla«friendzone!»—Ravi, siLucyest restée,c’estqu’elle tientà toi.Alorsne laissepaspasser tachanceet tente le
coup,surunmalentendu,çapeutmarcher,memoquai-je.—Jel’aimebeaucoup,maisiln’yapasd’alchimie,tuvois.—Maintenantquetul’asmisedanstonlit,commeparhasard,iln’yaplusd’alchimie.T’esbienun
mec!Bethettoi,vousdevriezvraimentsortirensemble.—Pourquoi?Ellet’aditquelquechose?Tusaisquemoi,jesuispascontre,jesuismêmeplutôtpour.—EllealarguéJer.—Nooonnn…!—C’était justeunplanculpourelleaussi.Tusais, j’ai l’impressionde ladécouvrir.C’estbizarre,
commesi…enfinjesaispas.Tucomprends?Tupensesconnaîtrequelqu’unpendantdesannéesettutetrompes.Ellem’aaidéequandj’airompuavecTom.Enfin,quandilarompuavecmoiexactement.C’estgrâceàellequej’airattrapélecoup,maisj’ailefeelingqu’elleadesvuessurlui.CommeelleavaitdesvuessurJeremytoutcetemps,mêmesiellemeditquec’étaitquedusexe.Ilmecoupa.—Noonnn?TuasrompuavecBradley.—Tuvaspasrecommenceravectesnooonnntouteslescinqminutes,parcequelà,j’enpeuxplus.—OK…désolé.BethalarguéJeremy?—Ouais…Tuterendscompte?—Noonnn,euh…pardon,jelereferaiplus.—Assezparlédemoi.Commentvalaclinique?—Grâceàtapopularité,onaplusdemonde,plusdeboulotetavecDonnaettoienmoins,ons’ensort
àpeineavecLucy.—Embauche!Jeviendraislepluspossible,maiss’ilyaautantdetravailqueça,onn’apaslechoix.—Jereferaispasserdesentretiensdèsdemain.—Quedeshommes,cettefois!—Non!Nina,tupeuxpasmefaireça!—Ohsi,jepeux!Quedeshommes!Ravi,C’estpaslacliniquedel’amour,ici.Siondoitchangerde
vétostouteslessemaines,onvapass’ensortir.—Pourquoituesrevenue?dit-ildépité.Quelqu’unt’envoiepourmepunir,c’estça?—Courage,mongrand,tuvassurmonterça.Jelefaispourlebiendelacliniqueetpourménagerton
petitcœuraussi,fis-jeenluitapantsurl’épaule.J’étaisrestéetoutelajournéepourleurdonneruncoupdemain.C’étaitaussimacliniqueaprèstout.
Entredeuxpatients,jeregardaislepetitjeuentreRavietLucy.EnfinRaviessayaitdedériderLucy,maisellen’avaitplusenviedes’amuseraveclui.Raviétaitunsuperami,maisilfaisaitpartiedeceshommesquiprenaientunpeu les femmespourdesmorceauxdeviande. Il avait labougeotte et nepouvait pasresterplusd’unesemaine,voiredeux,aveclamêmepersonne.Jepouvaiséventuellement leconseillersursavieamoureuse,mêmesij’avaisassezàfaireaveclamienne,maisjenevoulaissurtoutpasm’enmêler.C’étaittropcompliquépourmoi«cegenred’amour.»
Chapitre16Lafindelajournéearrivavite,et,àmagrandesurprise,Raviétaitparvenuàsesfins.Ilavaitréussià
décrocher un sourire à Lucy et c’était bien parti pour qu’ils rentrent ensemble ce soir. Pour une fois,j’allais les laisserfileretfermerlacliniqueà leurplace.Unefoisfait, instinctivement, jereprenais lechemindemonanciennemaisonàdeuxpasd’iciquandjemerappelaiquemonchezmoi,désormais,étaità quelques stations de là avec ungros chien qui devaitm’attendre impatiemment.Une fois arrivée, jem’étaisallongéedanslecanapéavecunpotdeglaceetOlafsurlescuisses.Jeprofitaid’êtreseulepourrattraper mon retard sur les séries que j’avais l’habitude de regarder. Cela dit, j’allais profiter del’absencedeTompourregarderpourlacentièmefois,lasériequim’avaitfaitleconnaître.Quandilétaitàlamaison,j’avaisinterdictionderegarderquoiquecesoitaveclui,ildétestaitsevoir
àlatélé.Àdéfautdel’avoirenvrai,jemecontenteraid’unécranpendantquelquesjours.Lesondemonordimeréveilla.Jem’étaisapparemmentendormieaugrandplaisirdulabradorquiluis’étaitcarrémentinstallésurmoi.Tométaitentraind’appelervialavidéoetjepoussaimongrosbalourdafindepouvoirattrapermonPC.L’écrans’allumasursonvisagesouriantetsesyeuxilluminésdubleuquej’aimaistant.Ildevait faire lourd,car ilm’appelachemiseouverte.Cequime rappeladouloureusementcombien lecontactdesapeaumemanquait.—Alorscommentvontlespyramides?demandai-je.—Chaudement.Ilfaitunechaleuràcreverici.J’enregrettepresquelafraîcheurdeLondres.—Toutsepassebien?—Ca va… hormis le fait qu’on doit refaire les scènes plusieurs fois parce que j’ai des trous de
mémoire de temps en temps. Je crois que si je n’étais pas sous contrat, ils m’auraient viré depuislongtemps.—Jetetroubletoujoursautant,jevois,riais-je.—Ça,biensûr…maispeut-êtreaussiàcausedecevirusquej’aiattrapé.C’estungenredetouristaet
jecoursentrelesprisespourallerauxtoilettestouteslesdeuxsecondesetdemie.Jesuisfatigué,etjem’ensorspasavecmontexte,j’aivraimentdumalàmeconcentreraveccettecochonnerie.—Ohmince!Tutesoignes,aumoins?—T’inquiètepas.J’aitoutcequ’ilmefaut,mêmesij’auraispréféréquemondocteurpersonnelsoit
prèsdemoi.Officiellement,ons’entiendraàcetteversionquej’aidestrousdemémoireparcequetumemanquesterriblement.—Boisbeaucouppournepastedéshydrater.— Ils ne vont pas risquer de paumer leur acteur principal. Tu veux que je te ramène un souvenir
d’Égypte?Monpetitvirusparexemple?—Euh…nonmerci.Ettuviensdeperdredespointssurmonéchelledeglamourattitude,là.—C’esttrèsromantiquederamenerunpetitquelquechosecommesouvenird’unvoyagepourpartager
avecl’êtrequ’onaime.—Jesuispastrèsmatérialiste,donctoncadeau,tupeuxtelegarder.Unepyramidedansuneboulede
neigeferal’affaire.—Unebouleavecdelaneige,c’estnoté.Toutvabienàlamaison?—Olaf vient deme couper la circulation sanguine et je vais sûrement perdre une jambe,mais oui,
globalement,çava,exceptéquej’aihâtequetusoislà.—Moiaussi, j’aihâtederentrer.Celadit,çavaêtreuneexcellentesérieetc’estunvraiplaisirde
pouvoirtravaillerdessus.TuvoistoujoursBeth?
—Oui,detempsentempsavantd’allerbosser,pourquoi?—Jenevoulaispast’enparlerparcequejesaisqu’elleestcommeunesœurpourtoi.Jesaismême
paspourquoijet’enparle.—Dis-moi,qu’est-cequ’elleaencorefait?—Jenefaisaisplusattention,jemepersuadaisqu’ellefaisaitçaparjeu,mais…—Quoi?Ellet’envoietoujoursdestweetsavecdesémoticônesavecdesgroscœurs?rigolai-je.—Sicen’étaitqueça,çaseraitmarrant.Maissestweetssontunpeupluscommentdire…explicites.—Elletedemandedecoucheravecelle?Ilneréponditpas.—Non,ellet’apasdemandéça?Si?—Nina,demande-luid’arrêter.Jeneveuxpasêtreméchant,c’esttonamie,maisellen’arrêtepasde
meharceler.Situnefaisrien,c’estmoiquiferaisquelquechose.—OK,fis-je,abasourdie.T’essûrdetoi?Quecen’estpasjustepourtetaquinerouquelquechose
danscegenre?—Je suis sûrdemoi, spécialementquandonparlede sexeouvertementcommeelle le fait. Je suis
désolé,maisilfautqu’ellestoppe,pourtoi,pournous.Queçaviennedesfansquineteconnaissentpas,passeencore,maisc’esttameilleureamie.Jetrouvequec’estdéplacé,voireindécent.—Jeluientoucheraiunmot,promis-jecontrariée.Turentresquand?—Vendredi, dans la soirée. La chaîne donne un balmasqué pour je ne sais plus quelle cause. Je
n’auraispasletempsderegagnerlamaison.Onserejointlà-basetonrentreraensemble,çatetente?—Oui,çaàl’air…sympa.—JesaisqueçatecontrariepourBeth,maisilfallaitquejeteledise.—Tuaseuraison,Tom.Jevaisluiparlerettoutvas’arranger.—J’ensuissûr,medit-ilavecsonplusbeausourire.—Nina?—Oui?—Tumemanques!—Toiaussi,tumemanques.Jerabattaislecapotdemonordinateur,unpeusonnéeparlesproposdemonamoureux.Nonpasparce
quejeluimanquais,j’espéraisbienquec’étaitlecas,maisparcequeBethétaitentraindefairederrièremondos.C’étaitcharmantetamusantquandnousétionsquedesimplesfansdeTom,maismaintenant,leschosesavaientchangéetilétait«mon»hommeetnonplusceluiqu’onsepartageaitvirtuellement.Lelendemainmatin, avant d’aller bosser, jeme décidai à passer chez elle, histoire d’éclaircir un peu lasituation.Aprèsquelquescoupsàlaporteetplusieursminutesd’attente,ellesedécidaàvenirouvrir.—T’asvuquelleheureilest?—Jevoulaisteparleravantquetupartestravailler.—Viensentre,m’invita-t-elleenbâillant.Jelasuivisjusquedanslacuisineoùonavaitl’habitudedes’asseoirpourboirenotrecafé.Elleme
servitlemienets’installapeuaprèsaveclesien.—Alors?Qu’est-cequisepassedesiurgent?demanda-t-elle.—Tom.—Illuiestarrivéquelquechose?dit-elleunpeupaniquée.—Tuesamoureusedelui,n’est-cepas?—DeTom?Jel’aimebien,c’esttoujoursmonacteurpréféré.—Tusaisqu’ilestavecmoi,pourquoitucontinuesàluienvoyertestweetspour…l’allumer?
—C’estriendeméchant,c’estjustecommeça!—Beth,tuesmameilleureamie.TusaisqueTometmoi,c’estdusérieux.Pourquoituagiscommes’il
étaitcélibataireetdisponible?—C’estunjeucommejelefaisaisavantquetusoisaveclui.Jesuisencoresafanetcen’estparce
quetu«vis»avecquejevaistoutarrêter.— C’est ça le problème ! Ce n’est plus un jeu depuis longtemps. J’aime cet homme et tu es ma
meilleure amie.C’est gênant pour lui etmoi que tu agisses ainsi.Vois-le comme tu regardais Jeremy,commemoncompagnonetnonpascommel’acteur.Jenecomprendspaspourquoitufaiscela.—Parceque…parcequetuneleméritespas!Voilàpourquoi,s’énerva-t-elle.—Commentça,jeneleméritepas?Non…t’espasjalousequandmême,Beth?—C’estmoiqu’ilauraitdûchoisir,pastoi!C’estmoiquil’aimeleplusdenousdeux,pastoi!Jel’ai
suivipartoutoù il allait, je sais toutde lui, je l’aime inconditionnellement. Je suis saplusgrande fan,Nina ! Toi… tu n’as jamais voulu aller le voir, ni même le rencontrer. Alors pourquoi toi, hein ?Pourquoi?TomBradley,c’esttoutemavie!Ellecommençaitàs’énerveretàs’agiter.—Beth,cen’estpasunequestiondequiétaitlaplusgrandefandenousdeux.Onparled’amourentre
deuxpersonnesetdenotreamitié.Tun’aspasàfairecegenredechoses,putain,Beth!JesuisamoureusedeTom,etluidemoi.Testweetsn’ychangerontrien,alorsarrêtes’ilteplaît!Notreamitiéneveutriendirepourtoi?—J’aibienrécupéréJeremyquandtun’asplusvouludelui.J’airéussi.Jen’aiplusqu’àattendreque
Tomselassedetoi,etjeferaislamêmechose.—Tu t’entends?Alorsquoi…jen’aipas ledroitd’êtreaimépar lui?Jesuismoinsbienque toi,
c’estça?Tupeuxtoujourscourir,mavieille,pourlerécupérer,parcequeçan’arriverapas!dis-je,trèsénervée.—Tupensesêtretailléepourcettevie?Lescocktailsetlestapisrouges?Tum’asvolémonrêve!Ce
rêve a toujours été lemien, lemien, tu entends,Nina ?Pas le tien ! Je suis celle qu’il lui faut, tu netiendraspassixmoisàsescôtés.—Jecroyaisqu’onétaitamies,tum’asmentieetjemesuistrompée.—Iln’yaplusd’amitiéquandils’agitdeTomBradley.C’estavecmoiqu’ildevraitêtre,pasavec
toi!— J’étais persuadée que tu étais heureuse pourmoi. Je pensais que tu étais sincère comme quoi...
mêmeàmonâge,jesuisencorenaïve.—Tu es avec l’amour demavie,Nina, tu peux comprendre ça ?TomBradley est tout ce que j’ai
toujoursvoulu.Jemelevaiencontenantmacolèreenverselle.Jen’oubliaispasquec’étaitmameilleureamiejusqu’à
maintenant,mêmesij’avaislamainquimedémangeaitindéniablement.— Tom veut que tu stoppes tes tweets. Si tu ne le fais pas, il prendra des mesures et je ne le
dissuaderais pas. Je pensais qu’on était les meilleures amies du monde, je t’ai toujours considéréecommeunesœur.Maisaujourd’hui, tuviensdedépasser les limites.Nem’appelleplusetarrêtede leharceler.Ilest«l’hommedemavie»àprésent,doncnemefaitpasfaireoudiredeschosesquejevaisregretterplustard.—Tuferaislamêmechose,Nina,s’ilétaitavecmoi!—C’estlàoùtutetrompes.S’ilt’avaitchoisie,j’auraisétécontentepourtoi,pourvousdeux.Mais
mêmeça,tun’enespascapable,êtrejustecontentepourlesautres.Jetesouhaitedetrouverquelqu’unquiteconvienneetquetupuissesenfinêtreheureuseaveclabonnepersonne.Jelepensesincèrement.
—C’estça,barre-toi!Quejeterevoisplus,mecria-t-elle.Ellemeclaqualaportedessus.Jeremontailecoldemonblousonpourmedirigerverslaclinique.Je
venaisdeperdremameilleure amie.Mais l’était-elle au fond ? Jem’étais planquéedansmonbureautoute la journée pendant queRavi bossait et faisait passer des entretiens. Il faisait des apparitions detemps en temps pour me laisser quelques CV de futurs collaborateurs et… collaboratrices. Il savaitcommentme redonner le sourire,même sans le vouloir. Peut-être que je devais revoirmaposition ausujetd’uneéventuelleembauched’une femmeauseinde l’équipe.Celadit,c’étaitbien ladernièredemespréoccupations.Tométaitloin,jevenaisdeperdremonamieetjedevaisappelermesparentspourallerpasserunweek-endpourleurprésentermonnouvelamant.Mavies’étaitlégèrementcompliquée,etpasdanslebonsens.Lesjoursdéfilèrentrapidement.J’étaistouslesjoursàlacliniqueenattendantdetrouvernotreperle
rare et surtoutpourm’occuper l’esprit. Jepassais tous les joursdevant lamaisondeBeth. Jevoulaism’arrêterparfoispour toqueràsaportecommej’avais l’habitudede lefaire.Jenesavaispassinousredeviendrionsamiesunjour,maisjedevaissacrifierpourunmomentmavieilleamitiépourmonnouvelamour.Quandjerentraislesoir,jeprenaisdesnouvellesdeTomquiallaitdemieuxenmieuxmalgrésonpetitproblèmedesanté.Ilvoyaitquejen’étaispasautopdemaformeetj’avaisdûcracherlemorceauàproposdeBeth.Il étaitdésoléquece soitpasséainsi,mais ilpensaitquecen’étaitpasma fauteetque sa réaction
confirmait ce qu’il redoutait. On en avait discuté pendant une bonne heure environ, mais la situationm’attristait. Il essayademe consoler enm’affirmant quemême s’il redevenait célibataire un jour trèslointain,iln’iraitjamaissejeterdanslesbrasdeBethquin’étaitpasdutoutsongenre.Jesavaisqu’ildisaitcelapourmeremonterlemoral.Jenecomprenaispascommentonenétaitarrivéslà,Bethetmoi,à«sedisputer»pourunmec,nousquinousétionsjuréesdenejamaislefaire,maisçadevaitsûrements’appliquerauxautreshommes,àceuxquin’étaientpasconnus.Notredésaccordmelaissaitunvideetungoûtamer,lespersonnesmêmelesplusproches,onneles
connaîtjamaisvraiment.Lafindesemaineétaitdéjàarrivéeetj’étaisimpatientederetrouverTomàcefameuxbalquiavaitl’airspectaculaire.Jen’avaispaseuletempsd’allermeracheterunenouvellerobeetcellequ’ilm’avaitofferteétaitsplendideetelleaurait largementfait l’affairepour l’occasion.Ravim’avaitprêtéunloupnoir.C’étaitçaoulemasquedufilm«Scream»donclechoixfutvitefait,à lagrandedéceptiondecelui-ci,quandj’avaisoptépourleloupetnonpaspourl’autre.Dansunrâletaquin,ilm’avaittraitéederabat-joie.Ilavaitétémonsoutienégalementcesderniers jours,doncpour ledédommageràma façon, j’avais
cédépourembaucherunebellerousseauxyeuxvertsd’origineirlandaisepourremplacerDonna.Outreson physique avantageux, elle était bien entendu très compétente et la jeune Sarah avait tout de suiteaccroché avec Ravi. Par contre, Lucy elle l’était moins… ravie. Il avait lâché un grand « oui » deremerciement,mais je savais que dans les prochains jours j’allais avoir la démission de Lucy sur lebureau.J’avaisgardéprécieusementlesCVdemesautrescollèguesmâlesaucasoù!Iln’yavaitpasderaisonquejenemefassepasplaisiraussi.Cen’étaitpasparcequ’onétaitaurégimequ’onnepouvaitpasregarderlemenu…etleurscompétences,bienévidemment.J’avaislaisséSarahentrelesmainsdeRavi,mêmesicen’étaitpaslameilleurechoseàfaire,maisce
soir,monTom était de retour et il était hors de question que je sois en retard. J’attrapai lemétro endirectionde lamaisonafindeprendreunedouche etmechanger. J’avais commandéun taxipourm’yrendre,carj’avaispeurquelemétronesoitpaslemeilleurmoyendetransportpouryalleretpréservermarobe.Elleprenaitbeaucoupdeplaceetjenevoulaispasqu’onmel’abîme,nonpascesoir.J’étaisdans le taxi, le cœur battant.Depuis le temps queTom etmoi, nous étions ensemble, j’aurais dû être
calmeetrelax,pourtantc’étaittoutlecontraire.J’étaistrèstendueetexcitée,commepournotrepremierrendez-vousetnotrepremièrenuittouslesdeux.Quandj’étaisaveclui,j’avaisl’impressionquec’étaitlapremièrefoispourtout,c’étaitunsentimentétrangeetexaltant.C’étaitunplusgrandévènementquejel’imaginais.Tapisrouge,agentsdesécurité,lumièresprojetées
dansleciel,photographes,etbiensûrlafouleparquéederrièredesbarrièresdesûreté.Lesvéhiculesdeluxeétaientenfile indienne.J’attendaisdansle taxi,complètementeffrayéeparcequiallaitsepasser.Quandcefutmontour,jeprisunelargeinspirationetjedescendisdelavoiture.Lesflashsm’aveuglaientetj’entendaiscrier.C’étaittrèsintimidant.Savaient-ilsquij’étaispourmeprendreenphotodelasorte?J’étais la compagne de TomBradley, certes,mais rien de plus. Pourtant, c’était suffisant pour attirerl’attentiondontjemeseraisvolontierspassée.Jerentraiaupasdecoursedansl’entréedel’immeublepourarrêterauplusvitelesupplicedecetapis
flamboyant.Unefemmetrèspoliem’arrêtaafinquejepuisseluiprésentermoncartond’invitation.Unefoisfait,ellemefitungrandsourireetmemontraladirectionàprendreoùsetenait lefameuxbal.Jen’avaisqu’àsuivreleflotdepersonnesquienprenaitlechemin.Jemarchais,labouleauventre,unpeuimpressionnée par ce que je voyais autour de moi, bien sûr, mais j’étais anxieuse de retrouver Tomsurtout. J’avais revêtumonmasqueavantdedescendre l’imposantescalierqui surplombait la salleoùtoutlemondeétaitconvié.Unmagnifiquechandelierencristaldominaitlapièceprincipale,diffusantsadoucelumière.Ungroupeétaitsurscènejouantdestitresconnus,etlesserveurs,àleurfaçon,dansaiententrelesinvitésenleurapportantchampagneetpetitsfours.Jecherchaisdanslafoulesijeletrouvais,mais c’était un exercice difficile, car tous les hommes, ou presque, étaient habillés en smoking etarboraientlemêmemasquenoirourouge.Je ne savais plus où donner de la tête quand je sentis une présence derrièremoi. Je connaissais la
chaleurquececorpsdiffusait,ainsiqueseslèvresquis’étaientperduessurmanuqueetmoncou.Jenebougeai pas et ne dis rien,me laissant faire et endurant en silence cette douce torture. Je savais quec’étaitluietjeprofitaidecepetitmomentdivin.J’étaisd’humeurjoueuseetilallaitgentimentenfairelesfrais.Jemeretournaiensoupirantdeplaisir.Jedemandaiàcegentlemanmasqués’iln’avaitpasvuTomBradleydanslecoin.Ileutquelquessecondesd’hésitationavantdelâcherunsourire.Sonloupnoirfaisaitressortirsesmagnifiquesyeuxbleusetjel’auraisreconnuentremille.Personnen’avaitdesyeuxcommelessiens,nonpersonne.—Commeça,tutelaisseraisembrasserdelasorteparn’importequi?—Unesemainesanssexe,c’estlong.Avectousceshommessibienhabillés,difficilederésister.Je
n’aiaucunevolonté,jesuisfaible…queveux-tu!Unsmokingetjedeviensunefillefacile.—Jevoisça…jeparsquelquesjoursettuconsentiraisàtefaireembarquerparn’importequi?— Non, pas par n’importe qui. Je connais la douceur de tes baisers, et je ne donnerais plus la
permissionàpersonnedemetouchercommetulefais,plusjamais.—Embrasse-moi!—T’essûr?Parcecequejevoudraispascauserunaccidentinvolontaire,riais-je.—Jevaisessayerdemecontrôler,promit-il.Ilm’enlaçapourmefairegoûteràsaboucheetàsalanguedontjen’avaispasoublierlasaveur,même
aprèsunelonguesemained’attente.Encoreunefois,jenesavaispassionnousregardaitoupas,etàvraidire,jen’enavaisquefaire,quandj’étaisdanssesbrasplusriennecomptait,j’étaisàlalimitedemêmeoubliercommentjem’appelais.Ilarrêtasonétreinte.Jesoupçonnaisqu’ilétaitarrivéàlalimitedeson«self-control.»—Viensonvadanser,Nina!Il m’entraîna sur le dancefloor où déjà plusieurs personnes avaient pris place pour se remuer
lascivement sur la chanson deU2 «With orWithoutYou » joué par le groupe. J’étais contre lui, sabouche collée surmon front et nous faisions comme les autres, on se déplaçait sans trop d’efforts aurythmedelamusique.Onneparlapasjusqu’àlafindecelle-cipourallerenfins’asseoirautourd’unetableetd’unverre.—Tuesmagnifiquecesoir,Nina.—Larobeyestpourbeaucoup,elleestsuperbe.Tutesensmieux?—Jesuisencoreunpeufatigué,maisçava.C’étaitgênantpourleboulot,maispasbienméchant.—J’espèrequetuaspenséàmabouledeneige?—Jen’aipenséqu’àçatoutelasemaine.Ellet’attendàlamaison.J’aifaitenvoyerlesbagageslà-bas
dèsquejesuisarrivéetj’ai…BarbarafitsonapparitionetcoupaTomenpleinmilieudesaphrase.—Ehbien,Tom,lesmokingtevaàravir.C’estdommagequeteschancesdedécrocherlerôledetes
rêvescommencentàs’éloignerpetitàpetit.—Cen’estpascequeditmonagent.—Non?Oh…ildoit êtremal renseigné, alors.Monnouveauclient, lui, à toutes seschancespour
obtenirlerôle.—Tonnouveauclient?—AlanAdams.Tusais,cejeuneacteurquiest lanouvellestarmontante.Iladutalentet ilest très
prometteur. Avecmes conseils et mes contacts, il a les atouts pour avoir ce job tant convoité. C’estdommage,Tom,tuétaissiprèsdubut.Maistuaspréférégarder«tonboulet.»Enentendantcesmots,ils’étaitlevéd’uncoup,furieux,prêtàluifairejenesaisquoi,maisjeleretins
àtemps.—Tomchéri,demandai-je,emmène-moidanser,tuveux?Aufait…félicitations,Barbara!—Félicitationspourquoi?—C’estpourquand?—Non…jenesuispasenceinte!—Ahbon?dis-jeensouriant.J’attrapai la main de Tom pour l’éloigner de ce diable en jupons. Il était contrarié, mais heureux
égalementquej’aipumoucherBarbara.Jesavaisqu’ilvoulaitcerôleàtoutprixetjenesavaispastropcommentleconsoler.Jenesavaispasqu’est-cequ’ilfallaitfairedanscegenredesituation.Alorsjefiscequejesavaisfairelemieux,leserrerdansmesbrasetluidonnermonamour.Pourunefois,cefutluiquiposasatêtesurmonépauleetselaissaguiderausondelamusique.Nousrentrâmesàlamaisonjusteaprèscettedanse.Ilétaitépuisé.Jeledéshabillaiàsongrandplaisirpourlemettreaulitetrestertoutsimplementdanslesbrasl’undel’autrepours’abandonneràlanuitetenfins’endormirtoutdoucement,niplusnimoins.
Chapitre17
Il faisait encore noir quand je fus réveillée par un souffle chaud dansmon cou.Mes yeux fatiguésavaientdumalàs’ouvrir.Maisjen’avaispasbesoindemeforcerpoursavoircequeTométaitentraindefaire.Ilmecaressaitlesbrasetleshanchesavecdouceur.Jeprissonbraspourl’enroulerautourdemoi,caràquatreheuresdumatin,j’étaispasd’humeuràfairedesgalipettes.Ilrâlaunpeu,forcément,mais je m’étais rendormie aussitôt et je n’avais pas entendue ses complaintes très longtemps. Je meréveillaienfinenmilieudematinée,bercéeparl’odeurducaféquisedégageaitdelacuisine.Olafavaitprisplaceàmespiedspourdormir.Ilétaitàcroquer,maisilfallaitquejepenseàlemettreaurégimesijenevoulaispasperdreundemespieds,carildevenaitdeplusenpluslourdetencombrant.J’enfilaimonpyjamapourrejoindreTomenbas.Ilétaitentraindemangersesœufsbrouilléssurnotreimmenseîlotaumilieudelacuisine,toutenregardantlesnewsàlatélé.Jemeplantaiderrièreluipourl’enlacerdansmesbrasetposermatêtesursonépaule.—Tiens,maintenant,Madamedemandedescâlins?Tuétaispastroppour,ilyaquelquesheures.—Désolé,monchéri,maisàquatreheuresdumatin,jen’aimepersonne…jedors!—Quelromantisme!—Jesais,maisentrel’oreilleroutoi,c’estl’oreillerquigagne…Tumefilesunpeudetesœufs?—Sûrementpas!Vademanderàtonoreillerdet’enfaire.—Monsieurestrancunier,àcequejevois.—Moi?Pasdutout,maissituveuxunpetitdéjeuner,tuteleferastouteseule,dit-ilenselevanteten
prenantsonassietteaveclui.—Oh!Jevoispasdesexe,pasd’œufs!Commejen’aipasenviedecuisinercematin,jevaisêtre
obligéedepasseràlacasserole.—Sicoucheravecmoiestunetorture,dis-letoutdesuiteetjefermeboutique.Jeriais,j’avaistouchélàoùçafaisaitmal.Jem’étaisrapprochéepourluimurmurer:—Leréelsupplicec’estquandtunemetouchespasetquandtuesloindemoi,oui,là,onpeutparler
desupplice.Ilposasonassiettesur la tabledusalonetmepritpar lamainpourm’emmenerdenouveaudansla
cuisine.Delasienne,ilbalayalepeudechosesqu’ilyavaitsurl’îlotcentraletilm’installadessus.—Onnevapasfaireçalà?T’essûr?—Chut!m’ordonna-t-il.Quand il disait cemot, c’était en général pour clore la discussion et je ne pouvais plus protester.
Tandis qu’il dégrafait les premiers boutons de son jean et virait dans le même temps son t-shirt, laquestionneseposaitplus,ilvoulaitqu’onlefassedanslacuisine.Ilfitdemêmeavecmesvêtementsetenlevamonpantalonetmaculottedansunseulgeste.Ildescenditlesienunpetitpeuplus,etilmetiraversluipourmefairecroiserlesjambesautourdesataille.Ilm’embrassatendrementtoutd’abordpuisplus ardemment,mais toujours avecvolupté. Il avait le donde foutre le bordel dansma tête et savaitmettremessensenéveil.Toutencontinuantàmedonnersesbaisers,ilcaressaitmacuisseetmurmuraitmonprénom.Moncorps
toutentiern’enpouvaitplus, ilcriaitet imploraitensilence, ilvoulaitqu’ilmeprenne.Lesiendevaitavoir entendumon appel, car c’est ce qu’il fit presque aussitôt. Je pouvais le sentir enmoi, allant etvenant,sescoupsdereinsrythmaientnoscorpsquis’épousaientparfaitement.Lemiens’étaitembraséetjeprenaismarespirationdanslasienne,entredeuxbaisers.Jemetenaisàsoncoupournepastomber,maissurtoutpourqu’ils’éternisetoujoursunpeuplusenmoi.Dansungrandsoupircommun,commeon
disait plus vulgairement, nous avions pris « notre pied. » Notre première fois dans la cuisine fut…mémorable.—C’estmoi?sedemanda-t-il.Oùc’estdemieuxenmieux?—Tupensesqueçapeut-êtreencoremieuxqueça?dis-je,essoufflée.Jenepeuxpasl’imaginer!Dansuneprofonderespirationassortied’unsourire,ilmedit:—Onvalesavoirtoutdesuite!Ilm’emporta dans ses bras, et ilmonta au premier sansme lâcher du regard.Comme leweek-end
précédent,nousavionspassénosjournéesdanslelitetailleurs,maistoujoursenlacés,sanssedétacher.Ilmemurmuraitde si jolieschosesà l’oreillequandnous faisions l’amourque soncorps, à sa façon,chuchotaitaumiendesmotstendreségalement.Sil’amourparfaitexistait,jesavaisàquoiilressemblaitàprésent.Lundimatinarrivaàgrandspaset,àmongrandsoulagement,iln’avaitplusàrepartirjenesaisoù.La
findutournagedevaitsepasseràLondres.Pendantqu’ilprenaitsadouche,j’étaistombéeparhasardsurlescriptetlesscènesdujour.Jeparcouraisvitefaitcelui-ci,carilm’enavaitfaitunpetitrésumé.Mesyeuxs’étaientarrêtéssurcesdeuxmots:«Scèned’Amour.»Jelisaisavecgrandeattentiontoutesleslignesdecelle-ciquiétaitpourmoiunescènedesexe…quiétaittrèssexe.Jel’avaisdéjàvudansdesfilmsoùilyavaitdesactionscommeça,maislàc’étaitunescèneoùilavaitleculàl’airetpasque!Ilmerejoignitaumomentoùj’avaisfinidebouquiner.J’étaisunpetitpeuperturbéeparcequejevenaisdefeuilleter.—T’aslumascèned’aujourd’hui?—Ohouiiii…dis-jedansunegrandeinspiration.Tunem’avaispasinforméquetuavais…tusais…
lepetitoiseauquiallaitprendrel’air.—Onneleverrapasàl’écran.—C’estpascequiestécritdanslescénario,jesaisencorelire.—C’estjustedelamiseenplace,riendeplus.Çavaressembleràunevraiescèned’amour,maisça
n’enserapasune.—J’aidumalàcroirequetunevaspasavoirdudésirnudansunlitavecunesuperbefemme.—Oh…c’estçaquit’ennuie?Desavoirsiéventuellement,jevais«bander»pouruneautre?—Unpetitpeu…oui,admis-je.—Jevaisterassureralors.Çaarriverarementpourmapart,mêmequandj’aimonpetitoiseauenl’air
commetudis.Quandtuessur leplateauavecunedouzainedepersonnesqui teregardent,ça tecoupetouteenviedequoiquecesoit!Tupeuxmecroire.—Mêmesitapartenaireestàtongoût?—Jeneprétendspasqueçaneseproduitpas,jedisjustequec’estexceptionnel.—Pfff.—Kaleyestunefillesuperbe,maispasmongenre.—Oh!Siellen’est«que»superbe,jenevaispasm’enfairedanscecas,ronchonnai-je.—Nina,net’inquiètepas…c’estlejob,riendeplus.Tun’aspasàêtrejalouse.—Jenesuispasjalouse,pas…complètement.—Situveuxêtretranquillisée,tun’asqu’àveniravecmoi.—Jepeux?dis-jeavecenthousiasme.—D’accord,maisfiletechanger,carjesuispasenavance,voiremêmeenretard.—OK,jevaismedépêcher.—Nina?—Oui?
—Jeneveuxaucuneréflexion.C’estaussimontravaild’embrasserlesfillesetdefairecroirequejeleurfaisl’amour.Unefemmed’acteurdoitsavoirdistinguerlefauxduvrai,tucomprends?Alors,soisrelaxetneteprendspaslatête,c’estqueducinéma.—Oui,promis, jememetsdansuncoinet je labouclerai,mimai-jeavecmondoigten fermantma
bouche.—Bien!Allez,filetechanger!Aprèsunepetitedemi-heure,j’étaisprêteàpartirenattendantqu’illesoitégalement.—Tum’attendsàl’extérieur,Nina,jesorslavoituredugarage.—Lavoiture?dis-jesurprise.Tuenasune?Oui…dit-il,étonnéparmaquestion.Cellequiestdanslebox.Engénéral,c’estàçaqueserventles
garages,non?—Jepensaisquetuytransposaisdesaffaires,maisc’estvraiquejen’aijamaisfouinerlà-bas.—Tucroyaisqu’àchacunedemessorties,j’appelaisuntaxiouqu’onvenaitmechercher?—Ouais…quelquechosecommeça.—Ehbiennon,jesuisunpeuplusnormalquetul’imagines,j’aiunevoiture,commetoutlemonde,et
jelaprendspourpartirbosser.Voilà,mystèrerésolu.Allez,vas-y,j’arrive.Jemesentis trèsstupide.Jen’avaispaseu lacuriositédem’aventurerdans legarage,mais jusqu’à
présent,nousnousdéplacionstoujours,oupresque,envéhiculeprivé.Ilavaitraison,peut-êtrequenotrevie allait être plus banale que je ne le concevais,même si elle restait quandmême hors du commun.J’étaissurletrottoirdelamaisonquand,dansunronronnementdemoteur,unemagnifiquePorschenoirefit sonapparitiondevantmoi. Jen’avais jamaisvud’aussiprèsun tel engin.Elleétait éblouissanteetracée.Ilprenaitsavoiturepourtravaillercommelecommundesmortels,saufquepeudegenspouvaientsepayerunpareilbolide.Jemontaiàl’intérieurenregardantpartout.Jesentaisladouceodeurducuirquisemêlaitauparfumde
Tom. J’eus un léger frisson qui parcourut mon corps. Une sensation, une envie qu’il me touche dansl’instantdanscettePorsche,meprenantsurcessiègesconfortablesetenivrants.Jelemataidiscrètement,enayanthontedemespensées«érotiques.»Ilétaitconcentrésurlaroute,etjefixaisonvisageetsonprofilsiparfait.J’avaisdesboufféesdechaleuraupointquejedusouvrirlavitrepourm’aérerunpetitpeu.Jenesavaispascequ’étaitentraindefairecettevoituresurmoi,maislui,conduisantcettePorsche,
j’enavaislesoufflecoupé,jeletrouvaisplussexyquejamais.Aufeu,ils’arrêtaetouvritlabouche.—Çava?Tun’aspasditunmotdepuisqu’onestpartis.Tuestrèspensive.—Tunesaispasàquelpoint!lâchai-je,dansunsoupir.—Turessassesencoreàcettescènedesexe?—Heu…non,pascelle-là,non,murmurai-je,gênée,enmeraclantlagorge.—Ah!Il n’avait pas relevé ce que j’avais dit et continua de conduire sans se douter de quoi que ce soit.
J’avaismislaradio,histoiredepenseràautrechoseetsurtoutd’éviterdeleregarderetj’étaistombéesur la chanson « IWantYou » deBlake Lewis. Je soupirai, car une tellemusique, avec des parolespareilles, n’allait pasm’aider à lutter contre la tentation. Je voulais changer de station quand ilm’enempêcha,carildésiraitl’écouterjusqu’àlafin,c’étaitunedeseschansonsfavorites.—Tun’aimespascettemusique?—J’adorecettechanson,maislà,c’estunpeucompliqué.—T’esbizarre!Qu’est-cequit’arrive?Toiquiespipeletted’habitude,làrien!Tunemeregardes
mêmepas,j’aiunboutonsurlenezouquoi?
—C’estcettevoiture!—Elleteplaîtpas?—Aucontraire.Maisdepuisqu’onestpartisdelamaison,jepense…—Àquoi?—Au sexe ! Cette voiture est démoniaque. J’ai envie que tu me fasses l’amour dedans, lâchai-je
spontanément.C’estpasvrai!J’aiditça?Arghh…Pardon,jevoulaispas.CettePorscheestpossédée,c’estpaspossible.—Surtout,net’excusepas.C’estbiendepartagersesfantasmesavecsonpartenaire.Pourl’instant,je
nepeuxrienfairepourtoi,caronseraittrèsenretardetl’exhibitionnisme,c’estpasmontruc.Parcontre,situesunpeupatiente,cesoirquandonrentrera,lavoitureetmoi,onseratoutàtoi.—Tom,c’étaitjusteunepulsion.N’ypenseplus!—Jesuisdésolé,maintenantquetum’asmisçadanslatêteégalement,çavaêtredifficiledemel’en
fairesortiretlajournéevaêtrelongue,rit-il.Tun’asjamaisfaitçadansunevoiture?—Non,jamais.—Alorsonvayremédierdansquelquesheures.Jesavaisquej’avaisfaitunebonneacquisitionen
achetantcettebagnole.Jerigolaiavec lui.J’avaisvuquesesyeuxpétillaientet lesmiensaussi,probablement.Nousétions
arrivésenfinsurleslieuxdutournage.Jesortisdel’Allemandeetilm’attrapalamainpourentrerdansl’hôtel qui était au centre de l’intrigue du jour. Ilme conduisit sur le plateau de fortune qui était unechambre.Ilm’installadansuncoinpourquej’ysoisàmonaiseetilavaitdonnédesinstructionspourqu’on soit auxpetits soins avecmoi. Ilmedéposaun énormebaiser sur la bouche enmedisant qu’ildevait filer au maquillage. Je regardai tout ce petit monde qui travaillait et s’agitait partout. Çaressemblaitplusàunefourmilièrequ’àautrechose.Aprèsunlongmoment,lafameuseactrice,quiétaiteffectivementsuperbe,fitsonapparitiondansune
serviettedebain.Iln’étaitpasdifficiled’imaginerqu’elleneportaitrien,oupresque,endessous.Elles’engouffravitesouslesdraps.Onluifituneretouchemake-upenattendantquelastarduplateaufassesonapparition.Tomentraavec,luiaussi,commeseulvêtement,undrapdebainautourdelataille.Sonsourires’étaiteffacépourlaisserplaceàunairplusgrave.Mêmesionnedevaitpasentrevoirsonpetit«oiseau»,parcontresesfesses,elles,onallaitpasleslouper.IlentraàsontourdanslelitàcôtédeKaley. On ne voyait que son torse qui immergeait des draps. Lui aussi avait eu droit à une dernièreretouchemaquillageavantquelemotactionsoitlancé.Lascènecommençaetsonderrièreallaitbienêtreprésentàl’écran,aucundoutelà-dessus.Mêmesije
savais que tout ça n’était que du vent, de le voir dans cette position avec cette femme, reproduisantquelqueunsdesgestesqu’ilmedonnaitquandnousfaisionsl’amourmefitdétournerleregard.Cettefois,j’avaisdumalàrespirer.Jenepouvaisplusrestersurleplateau,jedevaispartir.Jeprofitaid’unepauseentredeuxclapspourm’éclipser.Jelaissaiunmessageàl’attentiondeTomendisantquej’avaisdûm’enaller,carj’avaiseuuneurgenceàlaclinique.J’inspirailonguementensortantdel’immeuble.Jesavaisquemaréactionétaitridicule,maisdel’avoirvucommeçam’avaitbouleversée.J’appelaiuntaxipourretourneràlamaison.Unefoislà-bas,jen’arrivaipasàrentreràl’intérieuret
finalement, jemedécidaipourmarcherunpeudansleparcquin’étaitpasloin.J’avaiscette imagedeTometdeKaleyquime tiraillait.C’était impossiblepourmoidem’endéfaire. Je l’avaisvupourtantplusieursfoisdanscegenredesituation,unpeudénudé,maislà,c’étaitdifférent,c’étaittrèsréel.J’étaisassisesurunbancpourmeremettredemesémotions.Jesavaisquecen’étaitpasimportant,quec’étaitsonboulot,maisçam’affectaitpourjenesaisquelleraison.Lesoleilcommençaitàdisparaîtreetilétaittempspourmoidereveniràlamaison.Iln’étaitpasencorerentréetjeprofitaipourdonneràmangerà
Olaf et cuisiner notre dîner. Je m’affairai dans la cuisine en préparant un poulet-coco que j’avaisl’habitude de faire. C’est ce que je faisais généralement lorsque j’étais contrariée. Jemaîtrisais cetterecettequinemedemandaitpasunegrandeconcentrationetçamevidaitl’espritparlamêmeoccasion.J’avaispresqueterminéquandcelui-cirentraenfindutravail.Ilavaitposésesclefsdansl’entréeetcefûtlebruitquim’avaitavertiedesonarrivée.Ilmerejoignitdanslacuisinepourm’embrasseretattraperunebière.—C’estdommagequetusoispartieaussitôt.—Raviavaitbesoindemoi,c’étaitunpeudélicat.—Humm…sûrement!Maiscen’estpascequ’ilm’aditquandjel’aiappelé.—Tuastéléphonéàlaclinique?—Si je l’avais fait sur ton portable, tum’aurais sorti ton excuse bidon, de cette façon j’ai su que
c’étaituneexcuse...bidon.—J’aipaspuresterTom,c’étaittroppourmoideteregardercommeçaavecelle.—C’estmafaute.Jevoulaisterassurerent’emmenantetc’estl’effetcontrairequis’estproduit.Çat’a
paniquéeencoreplus,çasevoit.Tonpoulet-cocoestderetour!—Qu’est-cequelepouletaàvoiravecça?—Àchaquefoisquetuesbouleverséeouénervée,j’aidroitàtonpoulet-coco,doncj’endéduisque
c’estlecas.—Bienjoué,mavieille!J’auraisdûcommandercesoir.—Çat’aschoquéedemevoiravecelle?—Jen’arrivepasàmesortircettevisiondelatête.Demain,çairamieux.Jesaisqu’ilfautquejem’y
habitue,maisc’estdur.—Je t’aipeut-être tropdemandé.Jenesaispassi j’apprécieraide tevoirbatifoler,mêmepourde
faux,avecquelqu’und’autre.Jesaisquetut’yferasàlalongueetdis-toiquejenevaispasmontrermesfessesdanschaquefilmquejetournerais!fit-ilenmerassurant.—Commentréagissaittonex-femme?—Je crois que je ne lui ai jamaisdemandé son avis.Elle était plusoumoinsdans lemétier aussi
puisqu’elle dirigeait un théâtre. Elle savait comment les choses marchaient. C’est peut-être pour çaqu’elleaarrêtédem’aimer,parcequejenefaisaisplusattentionàelle.—CommeJeremyetmoi.Quandj’aiarrêtédel’aimer,jenetenaispluscomptedesesdésirsoului
desmiens,quisait?—Çanenousarriverapas!—Commentpeux-tuleenêtresûr?Mêmel’amours’arrêteparfois.—Pasquandlesdeuxs’aimentcommenouslefaisons.Mafemmeettonex.n’étaientpaslespersonnes
quinous convenaient, alorsquenousdeux,nous sommes faitspour être ensemble.Nous sommesdeuxastresquisontrentrésencollision.—C’estjolicequetuviensdedire.—Pourunefois,c’estdemoiou…jel’aipiquéàquelqu’unetjenem’ensouviensplus.Celadit,j’ai
unexcellentmoyenpourtefaireoubliercettedésastreusejournée.—Ahoui?Laquelle?—LaPorsche!Ilmepoussadansledospourm’emmenerjusqu’augarage.
Chapitre18
Ilouvritlaportièreducôtépassageretpassaenpremierpours’yinstaller.Jefaisaisbeaucoupmoinslamaligneenvoyantquec’étaitplusfacileàdirequ’àfaire.Ilmefitsignedevenirm’asseoiretc’estcequejefis,enfin...presque.Jem’installaisurluicommejepus,maisjemeprisdepleinfouetleplafonddelavoituresurlehautdematêtecequiprovoquaunénormeboumsurcelle-cietungrand«aïe»quis’échappademabouche.Enessayantdereculerlesiègepourmelaisserplusd’espaceetm’allongersurlui, Tom avait coincé le bas demon jean dans le rail du fauteuil, ce quim’avait également pincé lachevilleaupassage.Monenvieérotiqueétaitentraindedevenirunvraicauchemaretjedoutaisdesortirindemnedecetteaventure.Unebossesurlatêteetunbleusurlecorps,onpouvaitrêvermieuxcommepéripétieamoureuse. Jevoulais repartiretarrêter les frais,quand ilmeretintenmedemandantdemerelaxer.—Respireungrandcoupetlaisse-moiteguider.—Tom, c’était unemauvaise idée.C’est pas confortable du tout et on va retourner dans notre bon
vieuxlit,c’estmoinsdangereux,riais-je.—C’estlapremièrefoisaussipourmoidanscettevoiture.Ilfautqu’ontrouvenotrepositionetçava
allertoutseul.Jevaisfaireglissermonpantalonainsiqueletien,etonvademanderdel’aideàBlakeLewis,m’affirma-t-il.Jevaismettrelachansonetconcentre-toiuniquementsurlesparolesetsurmoi,jem’occupede«lalogistique.»Ilavaitlancélamusiqueetjefiscommeilm’avaitpriédefaire.Jemefocalisaisurlamusiqueetsur
lui.Ilavaitréussiavecdélicatesseàenleverunepartiedenosvêtements,justeassezpourqu’onpuisseêtrel’undansl’autre.—Tuvoisqu’onvayarriver.Maintenant,plaquetesmainssurleplafondetlaisse-toifaire.Fermeles
yeuxetlaisse-moit’envahir,euh...enfint’ascompris.Onvadéfierlagravité,sourit-il.J’avais obéis à ses ordres sans résistance. Jeme laissai submerger par le désir et le plaisir après
quelquesminutes. J’essayai deme tenir la plus droite possible, en tenant le plafond,même si c’étaitplutôtluiquimetenaitpournepastombersurluietsesassauts.Jefermailesyeuxetmordismalèvredebonheur. Je n’osais pas le regarder, carmon corps ondulait encore et encore sous ce plaisir ardent etpuissant à la fois. Il arrivait àmeprocurer,mêmedans laposition laplus inconfortablepossible,uneintense satisfaction sexuelle. J’avais cette envie de lui qui devenait de plus en plus forte chaque foisqu’onfaisaitl’amour.C’étaitbrûlantetincontrôlable,c’étaittoutsimplement«bon»dedonnersoncorpsàunautre.J’avaisdumalàretrouvermarespiration,mêmesic’étaitluimonoxygène.Moncœurbattaitàcentàl’heure,etlui,latêteenarrièresurlefauteuil,avaitlâchéun«NomdeDieu!»J’avaiscruqu’ilavait eu tout commemoi un orgasme, mais c’était pas vraiment ça. Quand je vis la grimace sur sonvisage,jecomprisquequelquechoseclochait.—Çava,Tom?—Putain,jecroisquejemesuiscoincéledos!—Hein?Mince!Attends,jevaist’aider,appuie-toisurmoi.Je sortis de la Porsche enme rhabillant le plus rapidement possible et je tentai de l’en faire sortir
égalementcommejelepus,enessayantdefaireattentionàsondosetàsavirilitéquejedevaisremettredanssonpantalon.—Jepensequ’onvaéviterdefaireçadanslavoituredésormais,dis-jecompatissante.—Trèsbonneidée…enfindumoins,pastoutdesuite,toutdesuite,répliqua-t-ilavecsouffrance.—Siçapeutteconsoler,c’étaitplusquetrèsbien.—J’ensuisenchanté,maislà,j’aitrèsenvied’unIbuprofèneetd’allerm’allongerunpeu.—Jem’enveux.J’auraispasdûteledire,moietmesidéesstupides,jetejure!—C’est bon, Nina, avec unmédicament, ça va passer. Au contraire, je trouve ça très bien qu’on
exploretesfantasmes.Çapermetd’êtremoinsfrustré,mêmesijedoispayerdemapersonne.—Ettoi?Tuenas?—Desfantasmes?Hum…Jevaisprendremoncachet.Jel’accompagnaisdanslasalledebainenleharcelantdequestions.—Tom,allez,dis-moi!C’estpasjuste,cequetufais!Pourquoituneveuxpasmeledire?Messupplicationsn’avaientrienchangé,ilavalasonIbuprofèneetfitminedenepasécouter.—Alors?insistai-je.—Alorsquoi?—Tesfantasmes?—J’enaiplus…enfinpas.—Jedoissous-entendrequetulesatousassouvis?—C’estpasquej’enavaisdestonnes,maisoui,onpeutdireça.—OK,là…jesuiscurieusemaintenant.C’étaitoù,leplusdélirant?—Nina,j’aipasenviedutoutdeparlerdeça,OK?J’aimalaudosetj’aienvied’allermereposer.—Allez,faitpastonprude,jeveuxsavoir?—Qu’est-cequet’eschiante,parfois!Etçachangeraitquoiquetulesaches?—Hum…pourmedonnerdesidées?—Dansunavion,voilà!Contente?—Non,sérieux?riais-je.Dansunvraiavionavecpleindemondeautour?—Non,c’étaitunavionprivéetc’étaitavecmonex-femme.—Etc’estbiendeprendresonpiedàdixmillepieds?—Flûte!Tum’embêtesavectesquestions.Jevaism’allongeretj’aidutexteàapprendre.—L’avion…humm.Letrain,çadoitêtrepasmal,non?J’aimeraisfaireçadansuntrain,çadoitêtre
sympa,non?dis-jepensive.—J’ensaisrien,Nina!T’asdécidédemecasserlespiedscesoir?Cesontlestransports,tongros
fantasme?Lavoiture, l’avion, le train, lebateau?Onpeutessayer levélo, laprochainefois,siça tetente,lança-t-ilavecsarcasme.—Oouhlala…Jevaismangeruntrucetallermecoucher,tuesd’humeurmassacrante.—Jesouffre,alorsoui, jenesuispasdebonnehumeur.Jedoisbosseret jesaismêmepassinotre
«tour»envoiture,t’asunpetitpeuréconforté.—Beaucoup!Jeterassure,jesaisquetonpetitoiseauestàmoietqu’ilestencage.—Mêmesituesvéto,cen’estpas«utile»detoutcompareraveclesanimaux.—Jesais,maisc’estmignon,non?Tum’appellessituasbesoindequelquechoseousituasbesoin
d’aidepourtereleveroumonterlesescaliers.—Ouioui,çavaaller.Tupeuxmonterdormir.Illevalesyeuxaucielpournepaslâcherquelquechosededésobligeant,mêmes’ilneledisaitpas,il
devaitêtreunpeuénervéaprèsmoi.Jel’aidaiàs’installerdanslecanapéetjel’embrassaitendrementpourle laisser tranquillepour lasoirée.Jem’envoulaisdeluiavoirfaitmal indirectement.Ilm’avaitaimédansladouleur.J’étaismontéedanslachambrepourallerlireunlivreavantdedormir.Jel’avaisentenduarriverplustarddanslanuitengémissantunpeu,maisilnes’étaitpasplaint.Pourlapremièrefoisdepuisqu’onétaitensemble,ilétaitrestédesoncôtésansbouger,sansmedonnerunseulbaiser,niuneseulecaresse.Jen’insistaipasdepeurdelerendreplusdésagréablequ’'ilnel’étaitdéjà,etjelaissaitranquillepour
lanuit.Le lendemainmatin, ils’était levéavantmoi très tôtetenfuide lamaisonsansmêmeboireuncafé.Quandj’étaisdescenduepourprendrelemien,j’espéraisunpetitmotdesapart,maisrien,ilétait
particommeunvoleur.Jeneluienvoulaispas,c’étaitmoilafautive,ilavaitessayédemefaireplaisiretilenavaitfaitlesfrais.Jeluienvoyaiuntextopourprendredesesnouvelles,etj’attendisuneréponsequi tarda à arriver. Je regardai l’écran avec impatience, mais non, rien ne venait. Lassée d’attendre,j’allaimepréparerpourbosserégalement.Aprèsunedoucheetdesvêtementspropres, jedescendisdenouveaudans lacuisinepour récupérer
montéléphone.UnSMSdeTométaitsurl’écran«jevaismieux,net’inquiètepas.LuvU.»Çam’avaittoutdesuiterassuréedesavoirqu’ilm’aimaittoujoursetqu’iln’étaitpasfurieux.J’étaisparvenueàlacliniqueetlafouledespaparazziss’étaitdissipée.Raviétaitdéjààl’ouvrageàcôtédeSarah,enfin,ilflirtaitavecelleplusexactement.Lucyavaitdisparuetjenemedemandaipaspourquoi,c’étaitfacileàdeviner.Jelançaiunpetit«bonjour»àSarahetattrapaiRaviparl’oreilleparlamêmeoccasionpourl’emmenerdansmonbureau.Cequin’étaitpaschoseaisée,carilétaitplusgrandquemoi.—T’esdingueouquoi?râla-t-il.Qu’est-cequej’aiencorefait?Lucyestpartidesonpleingré,dit-il
ensemassantcelle-ci.—Cen’estpaspourLucy,maispourTom.Quandiltéléphoneici,tumecouvres!Çasertàquoiqu’on
soitpotessitumebalancesàlamoindreoccasion,hein?—Jesaispas,ilm’aposéunequestion,jeluiairépondu,c’esttout,j’auraipasdû?—S’ilappelleici,c’estqu’ilveutavoirdesinformationsalorstudisquejesuisoccupée,c’esttout.—Commequoi?—Euh…jesaispas?Laisse-moiréfléchir…jesuisvétoetjesuisdansuneclinique,quejetravaille
parexemple,fis-jeenfaisantdegrandsyeuxd’exaspération.—Oùquetufaispipi?—Ouibiensûr,quejefaispipi,c’estclasse,effectivement!Non,maisçavapasmieux,toi?Tudis
quejebosse,point.T’ascinqansouquoi?—Ilyadel’eaudanslegaz?—Non,çavabien,maisparfois,ondoitcacherdestrucsquandonestencouple.Ahbennon…tune
peux pas savoir ce que c’est d’être en couple plus d’une semaine, alors deux mois, c’est une terreinconnuepourtoi.—T’aspasbesoind’êtreméchante!—Jesuispasméchante,jemevenge.—Lesfemmes…Jesouriais.—Câlin?demandai-jeavecunemoue.—Câlin!répliquaRavi.C’étaitnotrerituelquandonsedisputaitunpetitpeu.Onnerestaitjamaislongtempsfâchésetc’était
notrefaçonànouspourenterrerlahachedeguerre.—Bethestvenuel’autrejour,elletecherchait.—Ellevoulaitquoi?—Ellenemel’apasdit.Vousdevriezvousréconciliertouteslesdeux.—Çavaêtredifficileaprèscequ’ellem’abalancée.—C’estdestrucsdefilles.Elleadesvuessurtonmec,etalors?Labelleaffaire!Tomt’aschoisi,
paselle.Tuassipeurd’elleetsipeuconfianceenlui?—J’aiconfianceenlui.—Alors,tun’asrienàcraindre.ElleserendracomptequeBradleyn’estpaspourelle,etellesefera
uneraison.—Ellen’apaslechoixdetoutefaçon.
Ungrandphilosophesommeilleentoi,Ravi.C’estdommagequelaplupartdutemps,ilfasselasieste.—Onm’atoujoursditquej’étaislepetitfilsdeGandhi.—EtSarah?—Jecroisquec’estlafuturemèredemesenfants.—Ehbien…moiquipensaisquec’étaitBeth.—Bethetmoi,c’estfini.—Ilauraitfalluqueçacommenceavantquecesoitfini,non?—C’estSarah,j’ensuissûr,lança-t-ilavecassurance.—OK,Ravi…onenreparleraunpeuplustard.Jevaisjeterunœildanslacomptaetj’arrive.Quand
tuprépareraslesbansdemariage,fais-moisigne!Ilmetiralalanguepourmefairecomprendrequej’étaisdenouveau«désobligeante.»J’avais passéma journée entre la paperasse et les consultations et j’étais partie à l’heure où Beth
rentraitdutravail.Jevoulaissavoircequ’elleétaitvenuefaireàlacliniqueetsijepouvaisrattraperleschoses avec elle ou pas. Je toquai à sa porte et celle-ci s’ouvrit presque aussitôt avec elle se tenantderrière.—Ravim’aditquetuétaisvenue.Tuvoulaisquelquechose?—Discuter.Entre!mepria-t-elle.Je la suivis dans le salonpourm’asseoir près de la cheminée comme j’avais l’habitudede le faire
avant.—Tuveuxboireuntruc?—Non…tuvoulaismeparler,alorsjet’écouteBeth.—Jetedoisdesexcusespourtoutcequejet’aidit.Jenelepensaispas.—Jeteconnaisdepuisassezlongtempspoursavoirquec’étaitlecas.—Pasdutout,Nina.Jenevaispastementir.J’aimeTomdepuislepremierjouroùjel’aivuetdepuis
qu’ilestavectoi,c’estpire.—Commeçaaumoins,c’estclair!Tuvoulaismeparlerjustepourenfoncerunpeuplusleclou?—Laisse-moifinir.J’aibeaucoupréfléchietjesaisqu’ilt’aimeetqu’ilyaunechanceinfimequ’il
veuille de moi, mais tu sais… tant qu’il y a de l’espoir, je vais m’y accrocher. Cela dit, tu es mameilleurecopinedepuisquand?Presquetoutemavie?Alors,tantquevousserezensemble,jeneferaispluslestrucsconsquej’aifaitpourattirersonattention.J’espère,Nina,quetumepardonnerasetqueçareviendracommeavant,toietmoi.—Çavaêtredifficilede reprendrenotreamitiécommeside rienn’était. J’aimeTomet tu l’aimes
aussi.Leschosesquetuasditesm’ontblesséeetjenesaispascommentjevaisgérerlefaitquetuaimesmonmec,«mesmecs»sijecompteaussiJeremy.—Tuneveuxplusqu’onsoitamies?—Jen’aipasditça,Beth,maisçavaêtrecompliquédefairecommesiriennes’étaitpassé.Pourtant,
j’ai toujoursaiméleconceptde lasecondechance.Donc,si tufaisceque tum’aspromisetque tu tetiensbienàl’avenir,alorsoui,onvaessayerd’arrondirlesanglesetdecontinuernotrerouteensemble.Elleme sourit avec un soulagement non dissimulé.Elleme prit dans ses bras en articulant un petit
« merci » timide. On avait passé une bonne heure à discuter de tout. De temps en temps, elle medemandaitcommentc’était,lavieaveclui.Ellevoulaitensavoirunpetitpeuplus,toujoursencoreplus.J’étais prête à lui pardonner, mais je ne lui lâchais que les infos que je voulais bien lui donner.Désormais, avec Beth, quand il s’agissait de Tom, j’allais être plus prudente et sur mes gardes. Jepardonnais,maisjen’oubliaispas.J’essayai de me persuader qu’avec le temps, toute cette histoire serait du passé. Elle trouverait
chaussureàsonpiedetsejetteraitsurquelqu’und’autre.Peut-êtrequesij’avaisétéàsaplace,j’auraisfait lamêmechose,mêmesicen’étaitpasmongenredepiquer les julesdesautres.Onnesait jamaiscommentonréagiraitdanstelleoutellesituation,doncjem’efforçaisdenejamaisdetropjugerlesgens,surtoutceuxdemonentourage.Elleavaitdenouveauxvoisins,unefamilleavecdesjeunesenfantsetelleregrettaitamèrementquejesoispartiedechezmoi.J’auraisbienaiméluidirequec’étaittemporaireetquemoiaussi,j’auraisvoulurevenir,maisjenesouhaitaisplusvivreàNottingHill,passansTom.MavieétaitdésormaisàHampstead,auxcôtésdemoncherettendre,etjenevoulaisplusqueçachange.Je laquittai endébutde soiréepour retournerchezmoiavec lecœurunpeuplus léger. J’ouvris la
ported’entréeet j’entendisdubruitdans lacuisine. Ilétaitàpeinedix-neufheures,pourtantTométaitdanscelle-cientraindesebattreavecunepoêleetlagazinière.J’étaisàlafoissurprisedelevoirauxfourneauxetégalementqu’ilsoitrentréaussitôt,luiquinerevenaitjamaisavantaumoinsneufheuresdusoir.—Qu’est-cequisepasse?Ilst’ontviréduplateau?—J’avaistropmalaudospourfinirmascènedesexe,alorsjesuisrentrépourmereposer.—Non…jem’enveux.T’asencoremal?C’estdouloureux?Onvaallerconsulterunmédecin!—Nina,calme-toi.Jetetaquine.Jesuisallévoirmonacuponcteurcematinavantdetourneretmon
dosvatrèsbien,regarde!IlsecourbaettouchasespiedspourmeprouverquetoutétaitOK.—Arrête!criai-je.Maintenantilmanqueraitplusquetutefassesuntourdereins.Ettuesrentréplus
tôtparceque…?—J’avaisfinipouraujourd’hui.—Etledîner?Parcequenoussommesd’accordquetacuisineestbeaucoupplusexpérimentaleque…
bonne.—J’apprécietonsoutienindéfectible.Jefaiscuirequ’unepiècedebœufavecdespommesdeterreau
four,cequidevraitresterencoremangeable,jepense.—Ouais…danscecastudevraisstopperlafuméequicommenceàsortirdufour.Ilseretournad’uncoupetjura.Pendantqu’ilsebattaitaveclefouretsondîner,jeprisunverredevin
blancetm’amusaide la scèneavecbeaucoupdeplaisir. Immenseacteur,maispiètrecuisinier. J’étaistouchéepartantd’insistanceàmemontrerqu’ilétaitcommetoutlemonde.Ilsavaitquec’étaitmagrandepeurdevivreenmargedesautresetquelanormalitémerassurait.Ilfaisaitbeaucoupd’effortsetc’étaitpour ça que je l’aimais encore plus. Jem’étais décidée à lui donner un coup demain, car c’était lespommesdeterre,aidéesdufour,quicommençaitàgagner.Onsemitàtableenmangeantfinalementdelapuréeavecunsteakpresquebon.—Nina,commej’avaisunpeudetempsavantqueturentres,j’aiappelétesparents,enfintamèreplus
exactement,etonyvaceweek-end.—T’asfaitquoi?—Jet’avaisprévenuquec’étaitunedemesconditionsderencontrertafamilleettutraînesdepuisdes
semainesàlefaire,alorsj’aiprisleschosesenmain.—Tom,tuauraispum’enparleravant!—Non,cartunem’enauraisempêchée.—Ahça,c’estsûr.Putain…ceweek-end!C’estmamèrequit’aproposédevenir?—Pasvraiment,onvadirequejenousaieunpeuimposés.—Bravo!soufflai-jeenjetantmaserviettesurlatable.—Tuashontedemoi?—Non,c’estpasça.Mamèrem’enveutterriblementnepasavoirépouséJeremyetj’aidesdoutes
qu’elletereçoivecorrectement.Quantàmonpère,ilvitdanssabulleetjenesuispassûrequ’ilsachemêmemaintenantquiétaitJeremy.Magrand-mèreestcommentdire…trèsextravertiepoursesquatre-vingt-quatreansetelle,parcontre,ellevabeaucoupt’apprécier.—Jem’enfaispas,çavabiensepasser.—C’estréconfortantdetevoirsioptimiste.Puisqu’onestdanslesbonnesnouvelles,j’aidiscutéavec
Bethaujourd’huietonadécidédesereparler,mêmesiçaseraunpetitpeudifférentdésormais.—Différent?—Elleestamoureusedetoi.—Cen’estpasquelquechosequetum’apprends.—Çavaêtredurdevousmettretouslesdeuxdansunepiècesansquejem’inquiète.—Neteprendspaslatêteavecça,tusaistrèsbienqu’ilnesepasserajamaisrienavecelle.—Elle,parcontre,elleattendavecimpatiencequetumelargues.—Ettupeuxvivreavecça?Sachantqu’aufond,ellen’estpascontentepourtoi,pournousdeux?—J’espèrequ’elletrouveraquelqu’undebeaucoupmieuxquetoietqu’ellenepenseraplusàtoide
cettefaçon.—Personnen’estmieuxquemoi,dit-ilensouriantetenlevantlessourcils.—Mouais…c’estunpointdevuequisediscute,rigolai-je.—Tum’enveuxpaspourtesparents?—Biensûrquejet’enveux!Maistantpisc’esttoiquil’asvoulu,tuenassumeraslesconséquences.
Ettoi,tunementionnesjamaisdetafamille,pourquoi?—J’aiqu’unesœur.Mesparents,jeneleurparleplusdepuislongtemps.—Vousvousêtesdisputés?— Ils ne veulent plus avoir affaire avec ma sœur, alors je ne veux plus avoir affaire à eux, tout
simplement,dit-ilunpeuirrité.—Jenevaispasinsister,situneveuxpasenparler,siçategêne.— Peu de gens savent à propos d’elle. Elle est retardée mentalement et elle est dans un institut
spécialisé. Jevais lavoirquand je lepeux.Mais,mêmemoi, jedoismecacherpouraller lui rendrevisite,pournepasternirmaréputation,c’estcequedisaitBarbara.J’aihontepourmesparentsquieuxs’endésintéressentcomplètement.Moi, jem’enoccupecomme jepeux,mais jedoisprétendrequ’ellen’existepas.QuediraitletoutLondresbien-pensants’ilsavaitqueTomBradleyaunesœurattardée?—Quetuseraisunfrèrebienveillant.EtBarbaraestuneconnasse.Tun’aspasavoirhonte,c’est ta
sœuravanttout.—Danscemilieu,peudepersonnessontbienattentionnéescommetul’es,Nina.Touslessecrets,et
surtoutuncommecelui-là,sontexploitéspourtenuire,c’estunemined’or.—Commenceàvivrepourtoietarrêterdeprendreenconsidérationcequelesgenspensent.Oniralui
rendrevisitetouslesdeux,situveux.—Jen’aijamaisemmenépersonnelavoir,mêmemonex-femme,elle,nel’ajamaissouhaité.—Ilfautundébutàtout,non?Etjeseraisheureusedeconnaîtreunepartiedetafamille.—Tuessûre…tuessûredevouloirrencontrerÉlise?—Élise…C’estunjoliprénom.Ouij’ensuissûre.Onestuncouple,c’estunepartiedetavie,ettout
cequicomptepourtoicomptepourmoi,chéri.Etsiunjour,onsemarie,çaseramabelle-sœuraprèstout, souriais-je de plaisir. Oh ! Mince j’ai sorti ça. Je ne voulais pas t’inciter ou de faire sous-entendre… Flûte ! Oublie ce que je viens de dire. C’est pas que j’aimerais pas que tume fasses tademandeettoutettout,parcequeoui,j’adoreraisquetumeproposesle…laissetomber!murmurai-je,horriblementembarrassée.
Pendanttoutesmesexplicationsmaladroites,ilm’avaitregardéem’enliseraveccompassion.Iln’avaitriendit,rienrelevé.J’enavaisdéduitquejel’avaismiségalementmalàl’aiseet,avecunsourireniais,sansriendiredeplusdepeurdelâcherencoredesbêtises,jemontaiaupremierprendremadoucheetmemettre virtuellement des claques. J’étais sous le jet d’eau, ruminant et fulminant aprèsmoi. Pourquoiavais-jeouvertmaboucheencoreunefois?
Chapitre19
Lasemaines’étaitécouléetranquillement.JemepartageaisentreletravailetBeth.J’essayais,tantbienquemal, de reprendre notre amitié là où elle s’était arrêtée, même si je sentais que c’était différentdésormais.J’évitaisdeparlerd’elleaveclui.Jen’enavaispasenvieetluil’avaitprisunpeuengrippe,même s’il affirmait le contraire. Nous étions concentrés à parler de sa sœur et de sa pathologie. Jedevinaisqueçaluifaisaitdubiend’endiscuter,carçaluitenaitàcœur,etmoiçamefaisaitdubiendelesoulagerdecepoids.Toutgardercomme il le faisait luipesait. Je lui fiscomprendrequenousétionsdeux,désormais,etquejel’aideraiscommejelepouvais.L’institutsetrouvaitsurlaroutedeBedford,làoùhabitaitmafamilleetjeluiavaisproposédes’yarrêteravantd’affrontermesparents.Ilacceptaavecjoieetc’estcequ’onfitlesamedimatinsuivant.NousavionsfaitunstopaunorddeLondresenpleinecampagne.Vuede l’extérieur,c’étaitune immensedemeurequi ressemblaitàunmanoiravecun jardinsansfinau-devantdecelle-ci.Lamaisonétait retiréedumondepourassurer lecalmeà leurspatients.Elleétaitspécialiséedanslesmaladiesmentaleslespluslourdes,entreautres.Ilm’emmenaàl’intérieurenmeprenantparlamaindèsquejefussortiedelavoiture.Ilavaittoujours
ceregarddouxetprotecteuràmonégardetlamanièredontillefaisaitmeretournait.Unefoisdedans,ilserenditàl’accueilpourdemanderàvoirsasœur.Ilseprésentasousunfauxnom,cequimesurpritunpeu.Pendantquel’infirmièreétaitautéléphone, ilm’expliquaquec’était lemeilleurmoyend’éloignerles indésirablesetde lapréserver.Lepersonneln’étaitpasdupe,bienévidemment, ils savaientqui ilétait,maisilsétaienttenusparlesecretdeconfidentialité,donclesienétaitàl’abriaussi.L’infirmièredonnasonfeuvertetnousallâmesdanslefameuxparcàl’extérieur.Onmarchaunpetitpeujusqu’àunbancprèsd’unepetitemarebordéedeplantes.C’étaitcalmeetreposant.Éliseétaitassiseseule,maissous surveillance. Un infirmier en habit blanc était posté pas très loin d’elle. Tomm’avait expliquéqu’elleavaitparfoisdescrisesviolentesetilfallaitlamaintenir.Ils’approchad’elletoutdoucementetquandelle levit,un sourire illumina instantanément sonvisage.Elleétait commeson frère, ils étaientbeaux tous les deux. C’était une magnifique brune avec de longs cheveux qui lui tombaient sur lesépaules.Elle aussi avait de grands yeuxbleus, commeTom.La ressemblance était flagrante. Il s’étaitassisàcôtéd’elleetilcommençaàdiscuteravecsasœur,mêmesileurconversationétaitincohérente.Illuiposaitdesquestionssimples,maisellerépétaitenboucle«joliTommy.»C’étaitsûrementlesurnomqu’elleluidonnait.Ilm’avaitexpliquéqu’elleavaittoujoursétécommeça,qu’ilnel’avaitjamaisconnuautrement.J’étaisrestéeenretraitpournepaslesgêner,maisàunmomentdonné,ilmefitveniretmefitm’installeràsescôtés.—Élise,jeteprésenteNina.—BonjourÉlise,dis-je.Maiscelle-cifitcommesijen’existaispasetcontinuaàcaresserlevisagedesonfrère.Jesavaisà
quoim’attendre, ilm’y avait préparé. Je profitai avec lui dumoment qu’il était en train de passer enfamille.Pendantquejeregardaislescanardsglissantsurl’eau,Élisecommençaàcrieretàs’agiteravecviolence. Elle voulut étrangler son frère, mais il l’enveloppa de toutes ses forces en espérant qu’onviennel’aider.L’infirmierétaitintervenupourlamainteniretTomm’agrippapourm’éloignerd’elle.Undeuxièmeinfirmierfitsonapparitionpourlacontenirégalement,l’écarterdenousetl’emmenerà
l’intérieur de la maison. Elle hurlait et gueulait comme une démente en l’appelant. Il n’avait pas lecouragedelaregarder,ilnevoulaitpaslavoirsouffrir,ildétournalesyeuxd’ellepourmefixer,moi.Satristessesursonvisagemefaisaitautantmalqu’àlui.—Jesuisdésolé,Nina.Ellenefaitpasdecriseschaquefois.
—Hey…m’exclamai-je.Ne t’excusepasauprèsdemoi,surtoutquandils’agitde tasœur.Elleestmalade, elle a besoin de soins et ce n’est pas ta faute. Tu fais ton possible pour qu’elle soit bien etqu’ellereçoivelemeilleurtraitement.—Jesais,maisçan’allègepasmaculpabilité.—Tun’yespourriensielleestcommeça.—Jemedisquejepeuxtoujoursenfaireplus.—Non, tu ne peux pas !D’autres personnes, comme tes parents par exemple, ne s’en préoccupent
mêmepas.Cen’estpastoncas,tutiensàelleetjetelerépète,Tom,tufaiscequ’ilfaut!—Sijen’avaispaseutoutcetargent,jemedemandecommej’auraisfaitpourpayertoutça.—Commelesautres!Tuauraisdûtravaillerplusdur,maistuyseraisarrivé.—Pourquoi?Jetravaillepasassezdurpourtoi?—Voyagerauxquatrecoinsdumondelabraguetteouverte,yapirecommejob!—Fautpasêtresusceptibleavectoi!Etpourtoninformation,jebosseaumoinsdouzeheuresparjour,
voireplusquandjetourne,jenemeroulepaslespouces.—C’estpasl’imagedetespoucesquimevientàl’esprit,làtoutdesuite,memoquai-je.—Jevois…MerciNina.—Dequoi?—De tenter trèsmaladroitement deme faire penser à autre chose et d’essayer deme redonner le
sourire.—Ohça…!dis-jedésinvolte.Derien!Jen’aimepastevoirmalheureux.Net’enfaispaspourÉlise,
jesuissûrequ’elleaétéheureusedetevoir.Sonsouriren’apasmenti.—Jesais.—Laprochainefois,onluiamèneraunpetitcadeau.Unpullou,jesaispas,duchocolat.Tumediras
cequ’elleaime.—Elleadorelesécureuils.C’estunedesraisonspourlaquellejel’aimiseici,ilyenaquelques-uns
danslejardin.—Trèsbien!Vapourdesécureuils.—Tuveuxrevenirlavoir?medemanda-t-il,dubitatif.—Oui,biensûr,enfinsituesd’accord?Ils’étaitrapprochédemoipourmeprendredanssesbras.—Touslesjours,tum’apportesdeplusenpluslaconvictionquej’aifaitlebonchoix.—Jeteleconfirme,jesuiscellequ’iltefaut:TheOne!—Onretourneàlavoiture?J’aihâtederencontrertafamille.—Calmetajoie!Jenesuispascertainequetusoissiemballéaprèsnotreweek-end!—Mêmesiçasepassemal,cen’estpasaveceuxquejevis,maisavectoi.Tum’asbienditqueje
devaisarrêterdemepréoccuperdecequedisentlesautres.—Exact !Maisçanes’appliquepasàmafamille,enfinplutôtàmamère.Elleest trèsdouéepour
mettrelesgensmalàl’aisequandelleleveutou…magrand-mère,elleesttrèsforteaussiàcejeu.C’estune lanceuse de missiles professionnelle, ma mère… pas ma grand-mère, enfin t’as compris, dis-jeconfuse.—Jeferaisattentionauxbombes.Allez,onyva,sinononvaarrivertard.On se mit en route pour la région de Bedford.Mes parents avaient un joli petit cottage en pleine
campagneetdesvoisinsautour,avecqui,parfois,ilsaimaientfairedelongsetinterminablesdéjeunersou dîners.Mon père suivaitmamère, carmême s’il nemouftait jamais rien,même s’il était toujourseffacéoupresque, jesavaisqueça l’ennuyait.Quand ilarrivaitàsonseuilde tolérance,spécialement
lorsquemamèrecommençaitàcolporterlesragotssurlesautres,etplusprécisémentsurDanaBuxtonsonennemiejuréedepuislecollège,là,ilsortaitpourfumerunecigarette.Jelesuivaissouvent,carmoiaussi,ellemegonflaitincroyablementquandellefaisaitça.Elle répétait toujours lamême histoire à propos deDana, qu’elle lui avait volé son amoureux, etc.
Enfin bref, en général ça partait en sucette et pour éviter une dispute avec elle, il préférait ne rienentendre et s’enfuirdans le jardin.Monpère était legrosnounoursgentil de lamaisonet il aimait safemme.J’adoraismamèreévidemment,maisilfallaitreconnaîtrequec’étaitunevraieharpie.Parcontre,ma grand-mère,Granny, de son prénomMaggie, était une secondemamanpourmoi,carelle,ellemecomprenait.Jepouvaisfairen’importequoi,c’étaittoujoursbien.Aprèsuneheurederoute,nousétionsarrivésàdestination.TomgaralaPorschedevantlamaison,ce
qui allait forcément attiser la curiosité des alentours, car ils n’avaient pas l’habitude de ce genre devoituredanslecoin.JemisungrandcoupdeKlaxon,àlasurprisedecelui-ciquines’yattendaitpas.Ilm’avait demandé si c’était mon intention de lui provoquer une crise cardiaque et j’avais répondu,charmante, que je lorgnais sur sonhéritage.LeKlaxon était la façonde faire savoir qu’on était là. Jedescendislapremièreetnousfûmesaccueillisparmonpère.Cethommequiallaittoutdoucementsursessoixante-dixans.Ilétaittoutletempssouriant,mêmes’ilneparlaitpasbeaucoup.—Jesuiscontentdetevoir,mapuce.—MoiaussiPapa.Commenttuvas?—Commed’habitude,jeprofitedemaretraite.Jevaisàlapêche,jelis,jeregardeletélé-achatavec
tamère.Enfin,voilàquoi.—Trèsexcitanttoutça,papa!—Oui,commetudis.Je lui caressai la joue, car derrière, sesmots cachaient du chagrin dû à lamonotonie de sa vie. Je
savais qu’il n’était pas heureux avec elle parce qu’ il l’aimait bien plus qu’elle ne l’aimait. Toms’approchadenouspourserrerlamaindecelui-ci.—Bonjourmonsieur,jesuisTom.—Laisseztomberles«monsieur»,jesuisTed,lepèredeNina.C’estavecluiquetuesfiancé,Nina?—Non… ça c’était avec l’autre d’avant, Jeremy. Tom etmoi, on vit ensemble,mais on n’est pas
fiancés.Jetel’aiditautéléphone,lançai-je,embarrassée.—Ah…peut-être!fit-il,lesmainsdanslespoches.Onrentrelesenfants?Ilcommenceàfairefrais.Onlesuivitdanslesalonprèsdelacheminéepourseréchaufferunpeu,carlefroidétaiteffectivement
de retour. Il nous offrit des boissons chaudes et prit un alcool pour lui. Il s’était assis avec nous,n’ouvrantpaslaboucheetbuvantsonverre.Ilyavaitunsilencedemort,maismonpèren’avaitjamaisététrèsbonpourfairelaconversation,surtoutavecdesétrangers.Tomn’étaitpastrèsàl’aisenonplusetpour un acteur, il était peu loquace pour une fois. Je pris les choses en main, histoire de détendrel’atmosphère.—OùsontmamanetGranny?—Enville.Ellessontalléesfairequelquescourses.—Ellesrentrentbientôt?—Ellesnevontpastarder.Humm…dit-ilenseraclantlagorge.AlorsTom,quefaites-vousdansla
vie?Jeledévisageai,lesyeuxécarquilléseteffarés,puisjeregardaiTomquiétaitluiaussiunpeuétonné
delaquestion.Monpèreétait,commentdire…singulier!—Papa,jetel’aidit!Tomest…—Jesuisacteur,monsieur…Ted.
—Acteur,ouic’estvrai.Ninamel’adit.Etçapayebien?—Oui,pasmalparfois,sourit-il.—Çaabienchangé.Demontemps,c’étaitautrechose.J’aifaitduthéâtrequandj’étaisàl’université
dans une petite compagnie. Parfois, on nous payait,mais on gagnait quoi ?Mille livres par an à toutcasser.Cequiétaitdéjàunefortunepourl’époque.HeureusementqueNinaaunmétiersûretquirapportepasmal.Siun jourvotreboulotnemarcheplus,vouspourrezvousreposersurellependantun temps.Maispastropquandmême,carleshommesdelamaisondoiventsubvenirauxbesoinsdeleurfemme,rit-il.—Nevousinquiétezpas,ellenemanquerajamaisderien.—Vousressemblezétrangementàcetacteuranglaisqu’onvoitpartout.Comments’appelle-t-ildéjà…
Argh!J’aisonnomsurleboutdelalangue,Patsey,Brondley.—Bradley?affirmaTom.—Ouic’estça,Bradley!Vousavezlemêmeprénomd’ailleurs.—Papa…dis-jeaffolée,c’est…TomBradley!—Maisnon,TomBradleyestbeaucoupplus…Il s’arrêtad’uncoup sec ledévisageantde la tête aupied, et là, il eutune révélation. Il avait enfin
réaliséqu’ilétaitdevantla«star»TomBradley.Illevalesyeuxenl’air,regardantleplafond,commesitoutétaitnormal,buvantsonverreetjetantuncoupd’œildetempsentempsàcelui-ci.JedevinaisqueToms’amusaitbeaucoupdelasituation.Pasdel’embarrasdemonpèredontilétaitleseulresponsable,maisdufaitqu’ilnel’avaitpasreconnutoutdesuite.C’étaitprobablementmafaute,j’avaismentionnésonnometlemétierqu’ilfaisait,maisiln’avaitpas
fait lerapprochement jusqu’àmaintenant.Tedselevad’uncoupquandilentendit laportes’ouvrir, lesfemmesétaientderetour.Grannyfitsonapparitionenpremier.Jemejetaidanssesbraspourluidonnerunénormecâlinqu’ellemerenditbienvolontiers.Aprèsquelquesminutes,jedéposaiunbaiserunpeumoins chaleureux àmamère.Elle avait été toujours plus radine en affection quema grand-mère. Sonmanquededémonstrationetdechaleuravaitsouventétémissurlecomptedesonéducation.Sesparentsétaientcommeçaetelledevaitl’êtreaussi,droiteetrigide.Côtécaractère,j’avaistoutprisdeGranny.—Çavamaman?—Trèsbien,commetupeuxlevoir.Ellemebousculalégèrementpours’avancerversTomquiselevaàsontour.—Bonjour,MrsLockwood,oujepeuxvousappelerMartha?—MrsLockwoodiraparfaitement,M.Bradley!Vlan!Letonétaitdonnéetlepremiermissilelancé.Jepouvaisprévoirqueleweek-endn’allaitpas
êtretriste.Magrand-mère,elle,parcontre,étaitlecontre-missileetvintàlarescoussedemonamoureux.—MoncherTom!Vousêtesencoreplusbeauaunaturel.MaNinaaenfin,mercimonDieu,bongoût
enmatièred’homme,carledernier,çan’apasétéuneréussite,ricana-t-elle.—Granny,fis-je,agacée.—Quoi,Nina?C’estpasvrai?D’ailleurssij’avaistort,Tomneseraitpaslàaujourd’hui.—Mercimadame,répondit-il.—GrannyouMaggie,Tom!Les«Madame»,jeleslaisseàmafille.N’est-cepas,Martha?lança-t-
ellesuruntonaccusateur.—Mercimaman,ditMartha.Onvaallerpréparerledîner,situveuxbienm’aider.—Biensûr,machérie.Nina,tuviensavecnous?—Oui,avecplaisir.Papa,jetelaisseavecTom?Je luiglissaià l’oreillequ’ilsoitgentiletunpetitpeupluscausantpour lemettreà l’aise. Ilme le
promitdansunmurmure.Jefisunclind’œilàmonamoureuxavantdedisparaîtreavecmesladiesdanslacuisine.Pendantlesrepasdefamilleouaveclesamis,c’étaitcequ’onfaisaittouteslestrois.Jerigolaisénormément avec Granny qui, elle-même, se moquait de ma mère et de son balai dans le… Elle nefinissaitjamaiscettephrase,carMarthal’enempêchaitquandellelepouvait.Pendantqu’onpréparaitàmanger,Tométaitvenunousespionner.Jenel’avaispasvutoutdesuite,c’estGranny,enmedonnantuncoupdecoude,quimefitremarquersaprésence.Il avait toujours ce regard bienveillant et doux qu’il posait surmoi et je le contemplais aussi avec
amour.Mamèremetirademarêveriepourmedemanderdemettrelerôtidanslefour,cariln’allaitpassauterdedanstoutseul.Ilseretiradanslesalon,melaissantaveclesergent-chef,MarthaLockwood.JenesavaispascommentçasedéroulaitavecTometmonpère,maisquandjesortisenfindelacuisine,ilsétaientenpleinediscussionsur lapêche.Monpère luimontraitdesphotoset sesnouveauxappâts. Jen’étais pas certaine que ça le passionnait énormément, mais Tom était bon acteur et même si ça nel’intéressaitpas,çaneseremarquaitpas.Aucontraire, ilavaitmêmel’airplutôtcalédanscedomaine.Onpassafinalementàtable.Lesdeux
hommesdelamaisoncontinuaientàparlerpoissonsetmamèrecontinuaitànoussaoulerdeseshistoiresinterminables avec sa rivalede toujours.Lanouveauté était que cette fois, elles s’étaientbattuespouravoir uneplacedeparking et qu’elles avaient toutes les deux infligéesdesdommages collatéraux auxvoituresgaréesàcôté.Labagarreavaitfiniauposteavecunesimpleréprimandepourlesdeux«Thelmaet Louise. » Le petit village avait l’habitude de leurs chamailleries et c’était devenu banal qu’ellesfinissentaucommissariat.Chaquesemaine,oupresque,onavaitdroitàcegenredepéripétie.Aprèsnousavoircontésonfabuleuxromanenconcluantpar«quellegarce»,mamèreétaitrevenuesurmoi,enfin,surnousplusexactement.—CommentvaJeremy?—Bien,jesuppose,fis-jeagacée.—Martha!ditGranny,jenepensepasquecesoittrèspolideparlerdel’ex.detafilledevantson
nouveaufiancé.—Pourquoi,ilssontfiancés?Vousêtesfiancés?demanda-t-elle.Deuxièmemissilelancé.—Non,onn’estpasfiancés,maman.Onvitensemble,c’estpareil.—AvecJeremy,tuétaisfiancéeetpresquemariée.—Oui,maiscen’estpaslamêmechoseetarrêtedeparlerdeJeremy,c’estfini.—Est-cequevousaimezaumoinsmafille,M.Bradley?—Martha,ditGranny,tun’aspasvucommentilssemangentdesyeux?Jesuissurlepointd’appeler
unexorcistepourlesdésenvoûterl’undel’autre,rit-elle.Ilsseseraientsautésdessusdepuislongtempssinousn’étionspasàtable!—Maman!s’exclamaMartha.—Granny,dis-jerougissante.—Quoi?Sij’avaistrenteansdemoins,jepeuxvousl’avouersanshonte,Tom,jevousauraismisle
grappindessussansvergogne.Jerigolaiintérieurement,carelleavaittoujourslebonmotpourrésumerlessituations.—M.Bradley,repritMartha.Vouspouvezcomprendrel’inquiétuded’unemèreenverssafille.Surtout
avec lemétierquevousexercez.Dansvotremilieu,vouschangezdepartenaire commedechemise, àcroire que les sentiments sont interchangeables dans votre «monde. »Mon angoisse est d’autant plusgrandequevous sortezd’undivorce et je neveuxpasqueNina soit…une aventure, unpassagedansvotrevieamoureuse.
—Jecomprendstrèsbienvotreréticence,MrsLockwood.J’aimevotrefilleetjeprendraissoind’ellecomme elle le mérite. Je peux vous assurer qu’elle n’est pas qu’une « aventure » dansma vie et jesouhaitedansunfuturprochequeçadevienneplussérieuxentrenous.—M.Bradley,sous-entendriez-vousqu’ilyauraitdesnocesdansl’air?—Maman!criai-je.Tutravaillespourlapoliceavectoutestesquestions?Tomsortàpeinedeson
divorce, cen’est paspour se lancerdenouveaudansunmariage.Laisse-leunpeu respirer, tuveux?Tom,tun’aspasbesoinderépondreàcetinterrogatoire.Mamèreestobsédéeparlesmariages.—LafilledeDana,elle,vaconvolercetété,presqueauxmêmesdatesquevousaviezchoisiesavec
Jere…—Merde,merdeetmerdeavecJeremy!lâchai-je,excédée.Maman,tumefaischieravecJeremy.Si
tul’aimestantqueça,pourquoitunel’épousespas?Nina,ditMartha,l’airoffusqué.Comment…tumeparles?Ted,disquelquechose.Tuasvucomment
tafilles’adresseàmoi?—Cen’estpasmafille,maisnotrefille,etellearaison,tunousgonflesMartha,aveclecroque-mort.
Jel’ai jamaisaimé, ilestconcommesespieds.NinaabienfaitdechangerpourTom.Tunevoispasqu’ilssontamoureuxl’undel’autre,NomdeDieu!Quoiquejemedemandesitusaisencorecequelemot«amour»signifie.—Hallelujah!lançaGranny.Tedestderetourparminousets’estachetéunepairede…enfinvous
avezcompris.—Maman,arrêtetoncirque,ettoi…Ted!Commentoses-tu?dit-elle,furieuse.—Tafillearaison…Marthajetedismerde,merdeetre-merde!Ilselevaavecénergie,balançasaserviettesurlatablepourpartirdelamaisonfumerunecigarette
danslejardin.Mamèreserepliadanslacuisinepourbouderetpester,quantàmagrand-mère,elleétaitauxangesetsatisfaitedelarébelliondemonpèreaprèscinquanteansdemariage.Toms’excusaauprèsdeGranny,pensantqu’ilétaitresponsabledecettezizanie.—Monpetit,c’estunebénédictionquevousayezatterridanscettefamille.VousrendezheureuseNina,
laprunelledemesyeux,çasevoitetc’estleplusimportant.—Jenevoulaispasquevotrefillesedisputeavecvotrebeau-filsàcausedemoi.—J’aimema fille,Tom,maiselle sait êtrechiantequand l’envie luiprend.Elleest encore sous le
chocqueNinanesemariepasavecsoncherJeremy,maiselles’en remettra.Ellen’estpasméchantedanslefond,vousverrezavecletemps.Etvousavezdeuxalliésdetaille:Tedetmoi.—Merci,Maggie.—Vousconnaissezleproverbe«Onnechoisitpassafamille»,maisvousdevezensavoirquelque
chose.—Oui,eneffet.—JevaisallervouspréparerlagrandechambreavecleKingsize,continua-t-elle.—Cen’estpaslapeine,Granny,dis-je.Onvaprendremonanciennechambre.—Tonlitestminuscule,machérie!Commentvousallezavoirunepartiedejambeenl’aircorrecte
danstonlitdepetitefille?lança-t-elleàmastupéfaction.Ellepartitàsontour,nouslaissantdanslesalonautourdelatable.—Jesuisconsternée,disonsle…pourtoutça!Surtoutpourmagrand-mère.—J’adoretagrand-mèreettonpère.Tamère,cen’estqu’unequestiondetemps.—Nesoispaspressé,carelleesttêtuecommeunebourriquequandelleaquelqu’undanslenez.—Tum’emmènesvoirtachambre?—Iln’yariend’intéressantàvoir.
—Montre-la-moiquandmême.Mon ancienne chambre était celle d’une petite fille standard de couleur rose avec des posters de
chevauxaumuretdugroupeCultureClub.Grannyavaitraison,j’avaisoubliécombienmonlitétaitminietc’étaitimpossiblededormiràdeuxlà-dedans.—Satisfait,M.Bradley?—Tuastoujourssuquetuvoulaisêtrevéto?—Jecrois,oui.Unjour,ilyavaitcelapinquiétaitvenus’échouerdansnotrejardin.C’étaitlejourde
monanniversaire,pourmeshuitanssijemerappellebien.Ilavaitlapattecasséeetjeluiavaisfaitunesortedegarrotavecdeslacetsetdeuxboutsdebois.Jenesavaispasdutoutcequej’étaisentraindefaire,maisj’avaislesentimentquec’étaitlachosejuste,c’estcequejedevaisouvoulaisfaire:sauverdesanimaux.—Qu’estdevenulelapin?—Jel’airelâchédeuxsemainesaprèsetils’estfaitécraserparunevoiture.—Non,turigoles?—C’estunehistoirehorrible,maistotalementvraie,riais-je.Unsilencesuivit.—Biensûrquejeplaisante!Pan-Panestrepartidanslaforêtouailleurspourallersetapersûrement
unelapine.—Tudevraistravaillertonhumour,c’estmochecequetufais!rigola-t-il.—Non,c’estpassinul,jet’aivusourire.Ettoi?Tul’assucommentquetuvoulaisdeveniracteur?—Parhasard.J’étaisàl’universitéetuneamieàmoiavaitmontécepetitgroupedethéâtre.Jesuis
alléuneoudeux foiset j’aibienaimé.Ona jouéquelquespièceset, je saispas,àpeuprès troisansaprès,unagentestvenumevoir,medisantquej’avaisdutalentettoutestpartidelà.J’aieubeaucoupdechance.Grannyfitsonentrée.—Votrechambreestprête,lesenfants!—Papaestrentré?—Ilestencoredehors.—Etmaman?—Net’inquiètepaspourelle.Allez-vouscoucher.Çaaétéunelonguejournéeetaprèsunebonnenuit,
toutlemondeserademeilleurehumeurdemain.—Ettoi,Granny?—Moi,àmonâge,ondortmoins.—Ouais,tuvasencoresortir!Nemedispasquetufréquentestoujourslepèreduvoisin?—Onnevitqu’unefois,mapetite.Cesoir,ilm’emmènedansuneboîtedenuit.—Jedoisprévenirl’hôpitalavant?Parcequejevousvoismal,àvosâges,allervousdéhanchertoute
lanuitsansperteetfracasderrière.—Tupeuxnouscritiquer,maisnoussommesencoretrèsenformesetactifs,situvoiscequejeveux
dire.—Oh!Jevoistrèsbienetjeneveuxpasypenser,merci.—Sitamèredemandeoùjesuis,tuluidisque…—Quetuesalléefaireunbridgeavectescopinesenville,ouijesais.Va-t’enavantqu’ellenetevoit
etamuse-toibienavecJack!—J’ycomptebien!Etvousaussi!—Allezzou,avantquejetedénonce,petitefriponne,riais-je.
Jel’embrassaietelledisparut.—Tagrand-mèrevas’éclaterenboîte?—ElleetJackc’estquelquechose.Çafaitdixansqueçadure.—Touslesweek-ends?—Pastous.Safemmelesoupçonneraitdequelquechose.—Parcequ’ilestmariéenplus?—Grannysepayeunhommemariédequatre-vingt-dixans,jesaisçafaitbizarre.—Etilspeuventencore…—LeViagramarcheàtousâge,monchéri,elleappelleJack«lepilonneur»,c’estpaspourrien.JevenaisdeclouerlebecdeTom,maisGrannyprofitaitdelavieetelleavaitraisondelefaire.Elle
étaitencoretrèsjeunedanssatêteetlerestesuivait.J’espéraisêtreaussialertesiunjourj’atteignaissonâge.Onserenditdanslachambreetons’yinstalla.Ilétaittardetonétaitfatigués,enfin,façondeparler.Il était prêt à essayer le lit d’amis. Je me laissai volontiers faire et quand il se mit sur moi pourm’embrasser,lelitnerésistapasànosétreintesetundespiedssecassasousnosdeuxpoidsrespectifs.OnseretrouvaenpenteetTomleculnulorsquemamèreentraencatastrophepoursavoircequ’ilsepassait. Elle poussa un cri d’effroi et se retourna quand elle vit les fesses de celui-ci. C’était uncauchemar!Toms’enroulaledrapsurluiàtempsavantquemonpèremontreleboutdesonnezàsontour.—Qu’est-cequisepasse?—Jevaisteledire,Ted,cequisepasse!Tafilleetson«fiancé»sontdevraiesbêtesetontcasséle
lit,voilàcequisepasse.Ilsnepeuventpasseretenirunenuit!Unenuit!répéta-t-elleeninsistantsurlesmots.—Devraiesbêtes?riais-je.J’auraistoutentendu!Quandj’habitaisencoreici,toietPapa,vousne
vousembêtiezpas,troisfoisparsemaineàlefaireetpassilencieusement,sijemerappellebien.—Maisça,machérie,répliquamonpère,c’étaitausiècledernier!dit-ilamer.Jevaisvoircequeje
peuxfairepourréparerlelit.—Vouspouveznouslaissercinqminutesqu’onpuissesevêtir?Merci.Monpèremefitunclind’œilenpoussantmamèredehorsquiétaittoujoursoutrée.—JesensqueMarthavam’aimerdemoinsenmoins.—Lelitestvieuxetelles’enremettra.Moi,parcontre,jesaispassijevaism’enremettredesavoir
qu’elleavutoncul!—Etmoidonc,c’estgênant.—Remarqued’unautrecôté,elleauraeulaprimeurdetascènedesexedanslasérie,elleauraitvude
toutefaçontonderrière.Ellequiaimelespotins,tuviensdeluidonnerunscoop.—Trèsrigolo,Nina.Depuisquej’aimislespiedsdanscecottage,j’ail’impressiondefaireconnerie
surconnerie.Tesparentssedisputentàcausedemoi,jecasselelit,jemontremonpostérieuràtamère.C’estquoileplanpourdemain?—C’estpastoi,c’esteux.Ilsjettentunsortàtousceuxquirentrentdanscettemaison,souriais-je.Ça
vaaller.Remetstonslipavantqu’ilyaitunautredrameetquecettefois,cesoitmonpèrequitevoit.Quelquesminutesplustard,Tedétaitréapparuavecsaboîteàoutilsàlamainetavaitraccommodéle
lit.Ilnousavaitfaitunpeulamoraleennousdisantd’yallerdoucement.Mamèrenouslançaunregardaccusateur avant de nous souhaiter bonne nuit. Elle avait bloqué Tom au sens propre comme au sensfiguréduterme,carcelui-cinevoulaitplustester,voirsilelittenaitencorelechoc.Ons’étaitendormispeuaprèssansenrajouterplusànotrepremièrejournéequifûttrèsmouvementée.Onselevalelendemainpourprendrelepetit-déjeuner.ToutétaitdéjàpréparéetGrannyétaitsurle
pont.Mesparents,eux,n’étaientpasencoreréveillés.—Ohtoi!fis-je,tun’aspasdûrentrerdelanuit.—Moinsfort,Nina.Tamèren’apasbesoindesavoircequejefaisdemontempslibre.J’aientendu
direquevousaviez«démonté»lelithiersoir?—Alors,ils’estcassé,maispasàcausedecequetupenses,enfin,pastoutàfait.Etcommenttues
déjàaucourant?—Tonpère!Jel’aicroiséquandjesuisrentréecematin.—Ilestlevé?—Etdéjàpartiàlapêche.Sitesparentsrecommençaientàbaiserunpeu,çaferaitdubienàtoutle
monde,l’ambianceseraitmoinspesante.—Tuastoujourslemotpourrire,toi!—Quoi, c’est pas vrai ? Tom, vous n’êtes pas d’accord avecmoi que le sexe est le ciment d’un
couple?—Jesuistoutàfaitd’accordavecvous,Maggie.Lesexedansuncouple,c’estimportant.—Toi…c’estsûrquetunevaspasdirelecontraire,t’espasledernier,souriais-je.—Tuasdesréclamationsàmefaire,Nina?—Pasdutout,aucontraire,c’étaituncompliment.—Tuasvucequis’estpasséavectonex.,Jeremy!Tunet’éclataispasaulit,çan’apastenu.—Tucrainsquepapaetmamandivorcent?—Jevaisdevoirmettremongraindeselpourqu’ilsretrouventdudésirl’unpourl’autre,carsinon,je
m’attends au pire. Après le petit déjeuner, Tom, vous devriez rejoindre Ted à la pêche et avoir uneconversationd’hommeàhommeaveclui.—Àproposdequoi?—Commentça,àproposdequoi?Decul,moncher.Ninam’afaitcomprendrequevousétiezplutôt
douépourça.Faitesprofitermongendredevoscompétences,c’estlaseulechosequipourranoussauverdelacatastrophe.—Granny,tuveuxmefairemourirdehonte?Tupeuxpasfermertabouchedetempsentemps.—Quoi?Tum’asditqu’ilétaitbon,jevoispasoùilyadelahontelà-dedans.—Jesuisdésolé,Maggie,maisc’estgênantdediscuterdeçaavecpeut-êtremonfuturbeau-père.—Jelesavais!VouspensezsérieusementàmariermapetiteNina,n’est-cepas?—Granny,arrêtededétournerlaconversation.Etnon,onneparlepasmariage.Tomnepeutpasparler
àPapadesaviesexuelle,ilsseconnaissentmêmepas.—Tom,vousvoulezsauverlesparentsdeNinadudivorce,n’est-cepas?—Oui,enfinjecrois.—L’affaireestréglée,allezparleràTedetj’iraiparleràmafille.—C’estunpeudélicat,Maggie.—Vousêtesacteur,ouiounon?—Oui.—Alors,oùestleproblème?Imaginezquevousjouezunthérapeutedecouple.Jenevousdemande
pasderentrerdanslesdétailsaveclui,donnez-luidesidées.—C’estquandmême«très»embarrassant,Maggie.JeconnaisàpeineTedetjenevoispascomment
leconseillerausujetdesavie…amoureuse.—Vousfaitesleplusbeaumétierdumonde,Tom.Onvouspayepourêtrequelqu’und’autreetpour
mentirauxgens.Alors,faitescequevousfaiteslemieux.Auboulot,monpetit!—Mêmesiçamecoûtedeledire,Grannyaraison.Tues lapersonnelamieuxplacéepourguider
monpère.Tutrouveraslesmotsjustes.—Etsiçanemarchepas?—Onauraessayé,repritGranny.—Trèsbien, jeme rends. Jepeuxavaleruncaféavant? Jevais avoirbesoindeça, çavaêtreun
minimum.Ilbutdeuxgorgéesdesatasseetils’enallarejoindremonpèredanssoncoinhabituelpourlapêche,
unerivièreprèsducottage.—C’estungentilgarçonquetuastrouvé,Nina.—Jesais.—Regarde-toi!Tuesrayonnantedebonheur.—C’estparcequejelesuis.Jen’aijamaisressentiçapourpersonne,mêmepourJeremy.Ilmerend
heureuse,tun’asmêmepasidée.Jenesaispascommenttel’expliquer.C’estcommesi,pendanttoutescesannées,j’avaisconstruitunpuzzle,maisqu’ilmanquaittoujoursunepiècepourqu’ilsoitcomplet.EtTom est… cette pièce, qui vient terminer ton puzzle et le consolider. Il est si doux et intelligent. Ilm’apprendtellementdechoses,Granny.J’ail’impressionqu’avantlui,j’étaisdansunsommeilprofondetqu’ilestvenum’ensortir.Marthaintervint.—Jetedoisdesexcuses,jecrois,Nina.—Voilàautrechose,lâchaGranny.Décidément,c’estleweek-enddessurprises.—Nina, j’ai entendu ta conversation. J’étaispersuadéeque Jeremyétait l’hommequ’il te fallait. Il
étaitamoureuxdetoi,tuavaisl’airheureuseetj’attendaiscemariageavecimpatience.—Tonproblème,maman,c’estquetuvistavieamoureuseàtraversmoi,alorsquetuaslatienneà
réglerdetoncôté.Papaettoi,vousvousaimez,vousvousêtesperdusdevue.—Tuaspeut-êtreraison,mais jesuisencore tamèreet jesuisendroitdem’inquiéterdesavoirsi
Tomserabienpourtoiounon.—Ill’est.—Danscecas,jedoism’inclineretmefaireàl’idéedelevoirdetempsentemps.—Jecrainsquetun’aiespaslechoix.—Jedoisadmettre…qu’ilestbeaucoupplusmignonqueJeremyetqu’ilauncul...d’enfer.Jepartisàrirespontanémentetmagrand-mèrefitunegrimacedesurpriseenentendantlesproposde
safille,puisellesemitàrireaussi.EllemedemandacommentellesavaitqueTomavaitdebellesfesseset je lui répondis que c’était une longue histoire. Le week-end prenait une tournure inattendue. Nousétionsrestéesentrefemmespourcoachermamèresurladirectionàteniravecmonpère.Pour dire la vérité, c’était ma grand-mère qui avait pris les choses en main et je ne faisais
qu’acquiescerà sesconseilsqui étaientparfoispeuavisés.Parcontre,quandGrannymedemanda les«trucs»quejefaisaisavecTom,là,çaavaitcommencéàsecorser,carj’étaismalàl’aisedeparlerdesendroitsetdelafaçondontonfaisaitl’amour.Jecomprenaismaintenantlesréticencesdemonacteuràdiscuteravecmonpèredesexe,surtoutqueTedétaitpourluiencorequ’unétranger.Sousl’insistancedemagrand-mèreetdemamèrequiétait soudainement intéresséeparTomet ses fesses, jeduscéderetlâcherquelques infoscontremavolonté.L’épisodede laPorsche lesavaitparticulièrement intriguées,voire très intéressées, même si j’avais omis de donner des détails sur le fait que c’était très peuconfortable. Ma mère, un verre à la main, buvait toutes mes paroles au point qu’on l’avait perdue,absorbéedanssespensées.Elledevaitsûrement imaginer toutes lespossibilitésquepouvaitoffrirunevoitureàprésent.Jen’avaispasracontétoutesnospéripétiesamoureuses,maisjusteassezpourredonnerpeut-êtreunpeudepimentdansleurcouple.Leshommesétaientenfinderetour,sourireauxlèvres.
Lapartiedepêcheavaitdûbiensedérouler,maisilétaitévidentquemonpèreetTomavaientpasséunbon moment ensemble. Il n’y avait aucun doute qu’il pouvait séduire qui il voulait, même les pluscoriaces.Pourmamère,c’étaitsonderrièrequiavaitfaitleplusgrosdutravail.Mesparentsavaientàseparleretnousnousétionséclipséstouslestroispourleslaissertouslesdeux.Grannynousavaitinvitésaurestaurant,mêmesiTomcomptaitbiennepasluilaissersortirsonporte-monnaie.Ilétaithorsdequestionpourluiqu’ellepayequoiquecesoit.Ledéjeunerétaitfantastique.Tométait
charmant,séduisantetspirituelcommeàsonhabitudeetGrannyétaitcontentedenousavoiravecelle.Ondiscutaetritbeaucoupàmesdépens.Elles’étaitmiseentêtedemefoutrelahontedevantcelui-ciavecdeshistoiresépouvantablesquiremontaientàmonenfanceetàmonadolescence.Malgrésongrandâge,je nem’étais pas gênée pour lui donner deux ou trois coups de pieds sous la table, accompagnés duregardquituepourqu’ellearrête.Endépitdemesmenacesphysiques,elleavaitcontinuéàdébitertoussesrécitsquimeparaissaientsordides,maisqui,parcontre,faisaientbeaucoupmarrerTom.C’étaitfini,désormais,unepartdumystèreétaitlevée,jen’avaisplusdesecretspourlui.On rentra deux bonnes heures après notre départ. On se mit à la recherche de mes parents, mais
personnen’étaitàlamaison.Jesortisparlapetiteportearrière,suiviedeGrannyetdeTom.Ilnenousfallutpaslongtempspourlesretrouver.J’étaishébétéeparcequej’étaisentraindevoir.MesparentsàcalifourchondansnotrevieilleRangeRover.J’avaiscriésanslevouloirun«Ohputain!»enmecachantles yeux de cette scène d’horreur qui allait me hanter jusqu’à la fin de mes jours. Granny et Tomsouriaient, à croire que rien ne les dérangeait. J’étais allée dans la cuisine pour boire un coup, ilmefallaitbiençapourmeremettredemesémotions.—Tuasbienfaitdeparlerdelavoitureàtamère.—MerciGranny,effectivementçavamefairedessouvenirspourplustard,jeteconfirme,dis-jeen
reprenantunegorgéedevin.—TuasparlédelaPorscheàtamère,Nina?ditTom.—Ilfallaitquejeluidonnedespistes.Tuesfâché?—Non!J’étaisenmanquedeconversationetd’idéesavectonpèreetj’aifaitlamêmechose.Cequi
a éveillé sa curiosité et m’a valu également beaucoup de questions embarrassantes et relancéindéniablementladiscussion.—Mespetits,ditGranny,vousvenezprobablementdesauveruncouple.Je regardaiTomavec amour et je l’aimai encore plus,même si je pensais que c’était impossible à
faire.—Aulieudevousdévorerdesyeuxcommevouslefaites,allez-vousprendredansunechambre,riait
Granny.Mesparents étaient enfinde retour, complètementdébraillés,maisheureux.Cupidonavait reprisdu
service, ce qui ne m’empêchai pas de faire remarquer au passage à mon père que sa braguette était«ouverte.»J’auraisàviecetteimagedanslatêted’euxdanslaRangeRover…Effrayant.IlétaittempspournousderepartirversLondres.J’embrassaiaffectueusementtoutlemonde,mamèreinclus.Tomfitdemême,àpartqu’ilserralamaindemonpère.CesdeuxjoursallaientrestersûrementdanslesannalesdelafamilleLockwoodetàtouslespointsdevue.Aprèsundernier«aurevoir»,nousavionsreprisladirection de Londres avec, pourma part, un grand soulagement et avec un peu de regret aussi. Tom,inconsciemment,avaitapportéavecluiunpeudemagie.Ilavaitrenduleschosesmeilleurespourtoutlemonde.Mesparents,moi.C’étaitça,oui,ilétaitmagique!
Chapitre20Nousavionsfaitletrajetenmusique.Jen’osaispasaborderlesujetde«commentc’étaitpassénotre
week-end.»J’avaisl’appréhensionqu’ilmedisequ’ils’attendaitàautrechose.—Alors?demandai-je.—Alorsquoi?—Onn’apasréellementparlédemafamilleetdetoutça.J’espèrequeçanet’aspastropeffrayé.—Non,pasdutout.Pourêtrehonnête,jem’attendaisàpire,mêmesijemeseraisvolontierspassédu
matagedemesfessesetdecommentéduquertonpèresurlafaçondes’yprendreavectamère.—Qu’est-cequetuluiasditaujuste?—Jesuistenuparlesecret,jenepeuxrienterévéler.—Trèsbien,jenevaispasinsister,alors.—Tuescontrelemariageengénéral?—Non,jenesuispascontre,fis-je.—Tuéviteslesujet,pourtant.—Parcequemamèrem’aassezsaouléeavecçaetJeremy.—JeneteparlepasdeJeremy,maisdenous.—Quoinous?—Tun’asjamaisimaginééventuellementqu’unpeuplustard,jetepasselabagueaudoigt?—Non!mentis-je.—Ah!lâcha-t-il,déçu.—Pourquoi?Tuy…aspensé?demandai-jecurieuse.— Piiouuuuu… oui et non. On a jamais abordé la question ensemble et tu n’as pas l’air trop
enthousiasméparle…—Oui!criai-je.—Quoi,oui?m’interrogea-t-ilavecétonnement.—Oui!Siunjourtusouhaitesqu’onsemarie,laréponseseraoui.—Tuveuxdirequesijetepropose,tuseraisd’accord?—Maréponseétaitplusqueclaire,non?Jen’aijamaisvouluaborderlesujetavectoi,carjepensais
quetunevoudraisplusteremarierunjour,enfinpasmaintenant.—C’esttoujoursbonàsavoirquetun’espascontre.Jetepensaisallergique.—Çadépendavecqui.—Fautvraimentquejechangedevoiture.—Pourquoi?Celle-làneteplaîtplus?—Sijel’adore,mais,là,toutdesuite,jel’auraisbiengarésurlebas-côtépourtefairetonaffaire.
Maisonnevapastenterlediable,hein!—Mefairemonaffaire?Eneffet,çadonneenvie,ditcommeça.—Tuauraispréféréquejet’annoncequejevoulaisteprendresauvagement?—Continuecommeça,Tom,tumefaisrêver.Ilrigolait.—Jen’abandonnepas!Onferaçacorrectementdansunevoiture,tuvasvoir,çapeutêtretrèsbien
aussi.—Jen’endoutepas,maispourl’instant,concentre-toisurlaroute,c’estplussûr.—On avait roulé une bonne heure et demie avant de rejoindre notre domicile. Il fit un feu, assisté
d’Olaf,carlamaisons’étaitrefroidie,l’automnepointaitdoucementsonnez.Lelendemain,nousétionstouslesdeuxrepartisànosobligationsdetravail.RaviétaittoujoursenthousiastedebosseravecSarah,maislaquestionétaitjusqu’àquand?—T’asregardélesCVpourembaucherunautrevéto,Ravi?—J’aiétéunpeuoccupé,maistudevraislefaire,c’esttacliniqueaprèstout.—C’estlatienneaussi,nel’oubliepas!Noussommesassociés.—C’estvrai,maisjeneveuxpast’enleverleplaisirdechoisiruncollèguequiseraitàtongoût.—Choisisquituveux,dumomentquecen’estpasunefemme.J’aimeraiséviterlesmélodramespour
unmoment.—Iln’yenauraplus,jevaisépouserSarah.—Hein?dis-jebêtement.—T’asbienentendu.—Ravi,tul’asconnaisdepuisquelquesjoursseulement!Tunepeuxpastemarieravecquelqu’unque
tuviensderencontrer…surtouttoi!—Jel’aime…Enfinçaenatoutl’air,ellem’aimeaussi.Oùestleproblème?—Toi!Tutelassesauboutd’unesemaine.Turéalisesqu’onestentraindeparlerdemariage?Ce
quiimpliquedevoirlamêmepersonneetdeteleveravecjusqu’àlafindetavie.T’aspenséàça?Jelevoyaisentrainderéfléchir.Ilsegrattaitlabarbeetfaisaitdesgrimaces.—Jusqu’àlafindemaviesansallervoirailleurs…—C’estunpeuleprincipedumariage,trouverlebonoulabonnedanstoncas,vivreavecpendantle
restantdetesjoursetêtrefidèle.—Vusouscetangle…—Tuluiasdéjàdemandé?—Noonnnn!—Ohputain!Tuluiasdemandé.—C’étaitaprèslesexe,tuvoissurl’instant.—Déjà,quandtuparlesdesexeetpasdefairel’amour,c’estunindice.—Lesexe,c’estlesexe.—Non,Ravi!Quandtuesaveclabonnepersonne,cen’estpasque«dusexe.»Tutedonnesàl’autre
sansretenue,tut’abandonnesàluipournefairequ’un,c’estundondesoi.C’estça,l’amour.—C’estbeaucequetudis.—Arrêtedetemoquer!Est-cequeturessensçaquandtuesavecelle?—Quoi?—Quoi,quoi?—Detefondreenellepourluidonnertonamour,luifairel’amour.—Heu…Onpeutpasdireçacommeça.C’estplutôtgenre, j’aienviede laprendresuruncoinde
tabletoutletempsetn’importeoù.—Bon,onavance,doucement,maisonavance.Est-cequetuveuxlaprendre…Est-cequetupensesà
fairel’amourqu’avecelleoubientutevoisavecd’autresfilles?—Sasœurestcanonaussi!—Laissetomber,tuesunecauseperdue.—Parcequejepensequesasœurestcanon?—Ravi,quandtuaimesquelqu’unpassionnément,tunepensespasauxautres,aussiattirantssoient-ils.
Tucomprends?L’amourc’estcommeunfeuquiteconsumedel’intérieuretuniquementpouruneseulepersonne.
—Unfeuquitebouffepeuàpeuetquetunepeuxpasarrêteretquitefaitsouffriratrocement.—Oui,c’estça !Enfin,quand tuesamoureuxet lorsquec’est réciproque,cen’estpasunedouleur
écrasante.Tuvois,tusaiscequec’estd’êtreamoureux.—Oui,jelesais,puisquejel’aiétépendantdesannéesdetoi,Nina.Maisçafaisaittropmal,çam’a
tropbrûlé,alorsj’aiarrêtédevouloirêtreamoureuxdequelqu’un,dit-ilcontrarié.—Ravi, je suis désolée, je ne savais pas que c’était à ce point. Je pensais que tu disais ça pour
t’amuser,jenet’aijamaisprisausérieux.—C’estçaleproblème,tun’asjamaisimaginéquejel’étais,sérieux.Net’inquiètepas,c’estfini,je
suisguérimaintenant.J’aiarrêtédet’aimerlesamedi12février2010à23heuresetdespoussières.Tusais,c’estpassimaldenepasaussiaimerprofondémentquetuledis,mêmesitum’asdonnéàréfléchirsurlemariage.Çarendleschosesmoinspénibles.Tumeconseillesdenepaslefaire?continua-t-ilenchangeantdeconversation.J’aiétéunpeusonnéeparsespropos.Jenesavaispasqu’ilétaitaussiamoureuxdemoi,luiquiétait
toujourssidésinvoltesurlesujetquandill’abordait.—Hein?Quoi?—Sarah!Tupensesquejedevraisluidirequec’étaitpourdefaux?Quej’étaisbourré,untrucdans
legenre?—Situpensesqueçaneseraquepassager,oui,mêmesijenetrouvepasçatrèsclasse.Maissic’est
vraimentelle,situluidisquetuétaissaoul,làoui,tuvast’enmordrelesdoigts.—J’ensaisrien.Jel’aimebienetçaneseraitpassidésagréabledefaireunboutdecheminavecelle.—Net’engagepasdansunmariagemaintenant.Vousvivezensembleunpetitpeuavantetvousvoyez
siçamarcheoupastouslesdeux.Après,vousdéciderez.—Ouais,t’asraison.C’estplussage.Merci.—Ravi?—Oui?—Jenesavaispaspourlessentimentsquetuavaispourmoi.—Situavaissuquemespitreriesn’étaientqu’unefaçade,çaauraitchangéquelquechoseentrenous?—Non,jenecroispas.—L’amournesecommandepas,n’est-cepas?—Non,c’estvrai.—Bien!Tuvoisl’affaireestréglée.Pasdedrame,pasdecris,pasdepleurs.Onestdesuperamis,
desuperassociés,c’estdéjàpassimal.—C’estvrai,cen’estpassimal.—JevaischeckerSarah,voirsielleabesoind’aide.—OK,àtoutàl’heurealors.—J’yvais,dit-ilenhésitant.—Ouais,vas-y.Ils’enallaunpeudépitédenotreconversation,etmoi,jemesentaiscommesijevenaisdemeprendre
unedroiteenpleinetronche.Toutescesannéesànerienvoir,nepasêtreaveuglealorsqu’ilsouffraitàcausedemoi.Commentavais-jepulouperça?Ilavaitraisonsurunpoint,mêmesijel’avaissuavant,qu’est-cequeçaauraitchangé?Rien!Jel’aimaisbeaucoup,maispasromantiquement.J’espéraisqu’ilaimaitSarahunpeuplusqu’ilneleprétendait,pourqu’enfin,ilsachequel’amourn’avaitpasqu’uncôtédévastateur,maisqu’ilpouvaitaussivousapporterunintensebonheur.La clinique était calme et j’allais partir à l’anglaise pour laisser Ravi et Sarah seuls. Je rentrai
directement à la maison. Je m’affalai dans le canapé avec Olaf qui, lui, s’était allongé sur moi. Je
regardailatéléenzappantd’unechaîneàl’autre.J’étaistombéesurla«people»quiétaitentraindeparler de Tom. Il parlait du nouveau James Bond et que c’était maintenant officiel, il allait être leprochainespionde«SaMajesté.»JehurlaidejoieetOlaffitdemême.MonmecétaitlenouveauJamesBond!J’envoyai un texto presque aussitôt pour le féliciter et lui dire que j’étais contente pour lui. Il ne
m’avait pas répondu, car il devait être occupé. Je regardai les heures défiler sur ma montre et ilcommençaitàsefairetard.Lesondutéléphoneretentitenfin.Lemessageétaitcourtetconcis«garage.»Jesupposaiqu’ilvenaitd’arriverdanscelui-ciet j’allaisbienévidemmentlerejoindre.Jemarquaiuntemps d’arrêt, surprise par ce que je découvrais. La Porsche avait disparu pour laisser place à unemagnifiqueMaseratigrise.C’étaitunevraiebeauté.—OùestlaPorsche?—Audépôt-ventechezleconcessionnaire.Elleestbelle,non?—Elleestsuperbe,tuveuxdire.Pourquoitul’asachetée?—Devine?—Non!Justepourallerfairel’amouràl’intérieur.Ilpritunsourirecoquin.—Jenerestejamaissurunedéfaite.—Jevaisfinirparcroirequetuesunobsédésexuel.—Non,uniquementobsédépartoi.Viensparlà.Jem’exécutai.—Tuneveuxpasqu’onparledetonrôledeJames…—Non!—T’essûrparcequec’estquelquechosequandmême.—J’enaiassezdébattupouraujourd’huiavecpleindemonde,jepeuxfaireunepause?—Oui,Tom,maisçaseraitbiensi…—Chut!Ilmeplaquasurlecapotdelabêteenm’ordonnantdemelaisserfaire.Ilavaitrelevéunepartiede
montee-shirtpourlaisserapparaîtremonnombril.Ilpassasalanguedessusenl’effleurantpourremontertoutdoucementjusqu’auxpointesdemesseinsquis’étaientdresséesdeplaisirsousmonsoutien-gorge.J’étaisencoreunefoisencombustioninstantanée.Jesentaismesjouesquiétaiententraindebrûler,moncorpsentraindes’enflammer,j’étaisunetorchevivante.Ilmepritmesdeuxbraspourlesreleveretlesmaintenirau-dessusdematête.Salangueétaitvenueàprésentàlarencontredelamienneettoutesdeuxselançaientdansunedanseincessanteetindécente.Untypebienélevénepouvaitpasembrasserdecettefaçon,c’étaitbeaucouptropobscène.Ilcontinuasesassautsdansmoncouet j’étaisencoreunefoissaprisonnière,impossibledebougeroudirequoiquecesoit,j’étaissoussonemprise,soussoncharme.Après un dernier baiser, ilme conduisit à la portière passager de laMaserati et l’ouvrit. Sansme
quitterduregard,ildéboutonnasaceinturepourlaisserapparaîtreunboutdesonboxer.Ilmedemandad’enlevermonjean.Jenecherchaipasàargumenterpournepasretarderlemomentoùilmeprendraitdanscettevoituredeluxe.Ilmontalepremierpours’installer.Ilmefitsigned’entreràmontouretjeprisplacesur luiavecseulementmont-shirtetmessous-vêtementsqu’ils’empressadevirer,avecaisancecette fois-ci.Cettevoitureétaitbeaucoupplusspacieuseetonavait laplace,pours’aimerenpositionassise. J’avais passémes bras autour du repose-tête, celame permettait également d’avoir sa tête aumilieuducercledemesbras.Entredeuxbaiserspassionnés,jepouvaisplongerdanssesyeuxsansfond.Sesmainssebaladaientsur
mondosettoutenmecaressant,ils’enfonçadansmachairavecdélicatesse.Jefermailesyeuxpourme
focalisersursestendresva-et-vientpourencorepluslesapprécieretlessavourerdavantage.Ilengouffrasonvisagedansmoncouquandilaugmentalacadencedeceux-ci,soncœurbattaitdeplusenplusviteetfort et lemien prenait lemême chemin.Dans un dernier soupir, dans un derniermouvement, ses brass’étaientreferméssurmoicommeunétauetnousavionsjouienmêmetemps.Ilm’avaitpriédenepasbougeretderesterquelquesinstantssurlui.Jerespiraisàlafoisl’odeurdesapeautranspirantemêléeàcelledesoneaudeCologne.C’étaitdivin.—Àquoitupenses?questionnai-je.—Aurôle.—C’estfantastique,non?Tonrêvequiseréaliseenfin.—Quandj’aiapprisquejel’avaiseu,lapremièrechoseàlaquellej’aipensé,c’étaitderentreràla
maisonetdetefairel’amour,tusaiscequeçaveutdire?—Quetuesungrospervers?riais-je.—Arrêtede faire l’idiote ! J’auraidû faireceque je faisd’habitude,allez fêterçaoutrageusement
avecdesamis.Maislà…—Tun’espascontentdel’avoireu?—Si, bien sûrque si,mais cen’estplus si important.Tout lemonde tuerait oupresquepour jouer
James Bond. On pense que c’est l’opportunité de notre vie, mais c’est faux. Lemeilleur rôle que tupuissesespérer,c’estd’êtrelepersonnageprincipaldequelqu’unquandturentreslesoircheztoi,c’estcelui-làquicompteàlafindelajournée.—C’est ceque tu espourmoi,Tom. Jevaismaladroitementparaphraserungrandpoète américain
dont j’ai oublié le nom,mais il a écrit un superbe poème qu’on utilise la plupart du temps pour lesfunérailles.—Charmant!— Arrête et écoute-moi. Je trouve cela dommage d’ailleurs qu’on le lise uniquement dans ces
occasions, car il résume parfaitement les sentiments qu’on a pour quelqu’un lorsqu’on l’aimeprofondément.Attention,jemelance.«TuesmonNord,monSud,monOuest,monEst…manuitetmonjour,monOrientetmonOccident.»C’estbeaucouppluslongetplusbeauqueça,maisj’aipasunetrèsbonnemémoirequandils’agitdepoèmes.—Ça récapitule assez bien ce que j’ai ressenti aujourd’hui.Ma première pensée a été pour toi et
personne d’autre. J’ai toujours fait passer mon travail avant, plus maintenant, non, plus maintenant,répéta-t-il.Lepoètes’appelleW.H.Audenetletitreest«FuneralBlues.»—Tuleconnais?—Oui, je leconnaisetmêmesi tadéclarationestropieunpeucemerveilleuxpoème,c’estunedes
choseslesplustouchantesqu’onnem’aitjamaisdite.Je l’embrassai langoureusement et nous avions entrepris de remettre ça une deuxième fois dans la
Maserati.Lavoiturenousinspiraitbeaucoup.Aprèsunebonneheurepasséedanslegarage,nousétionsrentrés à la maison pour nous doucher. Une fois propre, j’étais descendue dans la cuisine pour nousprépareràmanger.Quantàlui,ilfaisaitlesallersretoursentresontéléphonequin’arrêtaitpasdesonneret la télévision qui parlait du prochain James Bond, en l’occurrence de lui. Son smartphone allaitexploser à force avec tous lesmessagesde félicitationsqu’il recevait.Pendantqu’ondînait, il l’avaitéteintpouravoirlapaix.Ilmeracontaitsafollejournée,surtoutpourtrouverlaMaserati.TomBradleyou pas, ça n’ouvrait pas toutes les portes. Finalement, on s’installa dans le canapé pour regarder ledernierTerminator.Ilétaitpresquevingt-deuxheuresquandonsonnaàlaporte.Ilselevapourallerouvrir,suivideprès
parOlaf.J’entendisquelquesmotss’échangerdansl’entréeavantqu’ilneréapparaisseavecunminepeu
joyeuseetBethàsescôtés.Celle-ciavaitdébarquésansyêtreinvitéeavecunebouteilledechampagneàlamain.—Je saisque j’arriveà l’improviste,mais j’ai apprisqueTomavait eu le rôleet je suisvenue le
féliciterenpersonne,etluiapporteruncadeaupourfêterça.—C’estgentil,Beth,dis-je,mais…—Jeneconnaismêmepaslamaisonoùtuvismaintenant,mecoupa-t-elle.Tunem’asjamaisdemandé
devenir.—Jen’yaipaspensé,maiscen’estpaslemomentpourça,mêmesiçapartd’unebonneintention.
Tomselèvetôtdemain,etmoiaussi,etje…—Beth,tun’asrienditàNina?—Medirequoi?questionnai-je.Bethregardaitparterre,l’airembarrassé.—Jevoisquenon,reprit-il.Jenetel’aipasditavant,carton«amie»iciprésentem’avaitpromisde
lefaire,maisjevaism’ycoller.—Jenecomprendspas?dis-je.—Beth,n’apasstoppésonharcèlementsurTwitter,mêmeaprèsvotreconversation.Jel’aibloquéen
espérantqueças’arrête,maiselleestpasséeauniveausupérieur.Elleestlààm’attendrequandjevaistravailleretquandj’aifiniaussi.Partoutoùjevais,elleestprésente.Jevaisêtreobligédeprendredesmesures,Beth,situn’arrêtespas,jemefaisbiencomprendre?— Tom, dit-elle, il ne faut pas le prendre comme ça ! Tu joues bien le jeu avec les autres fans,
pourquoipasavecmoi?—ParcequetueslameilleureamiedeNina,tun’espasunefanparmitantd’autres.Tuasuncontact
directavecelle,doncavecmoi.—Beth,dis-je,énervée,jet’avaisdemandéexpressémentd’arrêtertesconneries.—C’estjustedespetitstweetssansimportance.—Quelgenredetweets?Elleneréponditpas.—Tom?Celui-ciavecunelégèrehésitationallacherchersonportable.Ilavaitfaitdescapturesd’écransdes
tweetsdecelle-ci. Je les faisaisdéfilerunàun. J’étaisabasourdieparceque je lisais.Lesmessagesétaientobscèneset très clairs.Les larmesétaient en traindemonter auxyeuxquand je lus celui-ci enparticulier, qui n’était pas le plus explicite,mais le plus vicieux« Jemeurs d’envie de te goûter. Jepourraistefairedeschosesqu’ellenefaitpas.»JerendisletéléphoneàTometmedirigeaiversBeth.Jeluiavaismisuneclaquesansretenueenpleinvisage.Sajoueenétaitdevenuetouterouge.—SiTomreçoitunseulmessagedetapartoùs’il t’aperçoitencoredanslesparages,oùqu’ilsoit,
c’estmoiquiporteraisplaintecontretoi!Tum’entends,Beth?—Espècedesalope,cria-t-elle.Tuastoutetjen’airien.Çaatoujoursététoi!Hein,Nina!Toujours
toietrienquetoi!—Dégagez,toiettabouteille!Jeneveuxplusjamaisterevoiretnet’aviseplusnonplusderevenirà
laclinique.Lesyeuxpleinsdehaine,ellequittalamaisonencognantlaporte.C’étaitofficiel, j’avaisperduma
meilleureamie,sicelle-ci l’avaitétéunjour.Tommepritdanssesbrasenmedemandantsiçaallait.J’avaisuneépouvantablemigraine,maisenmêmetemps,j’avaisétélibéréedeBeth.Certainespersonnesneméritaientpasdedeuxièmechanceetelleenfaisaitpartie.Nousétionsremontésaupremierpourallerdormirpour«l’oublier.»
Lesjourssuivants,ilavaitdonnédesinterviewspourlatéléetlesradios,quelenouveauJamesBondsoitincarnéparTomBradley,çafaisaitlebuzzpartoutdanslemonde.Lessemainess’écoulèrentplutôtvite.Nousétionsdéjàennovembreet ilétaitsur lafindelasérie.Aprèscelle-ci, ilauraiteuunpetitbreakavantdereprendreduservicepour«SaMajesté.»Ilétaitsollicitédepartout,oupresque,et leballetgênantdespaparazzisavaitrepris.Cerôleimpliquaitqu’ilsoitenbonneconditionphysiqueetildevaitsculpterunpeuplussoncorps,prendredumuscleentreautres.Lesoir,quandilrentrait,c’étaitdirectionlesacdefrappequ’ilavaitinstallédanslegarage,çaetun
coachpersonnelquivenaitquatrefoisparsemaine.C’étaitmoiquiétaislaplusheureuse,carj’étaislapremièreàprofiterdesanouvellecharpente.Aprèsl’épisodedelagifle,jen’avaispluseudenouvellesdeBeth.J’avaismêmeentendudirequ’elleavaitdéménagédeNottingHill.Ellememanquaitsansmemanquer.Jeregrettaisnosdiscussionsetnosfousrires,maisunepages’étaittournéeetiln’yavaitpasderetourenarrièrepossible.Ravivenaitpeuàpeuprendrelaplacedecelle-ci,àlaseuledifférencequeluiétaitunvraiami.Letrucleplusdinguequiétaitentraind’arriver,c’étaitqueSarahetlui,çacollait.Ilavaitévoquédenouveaulemariage,carsapetiteIrlandaisenelelâchaitpas.Quantàlui,jevoyaisqu’ilcommençaitàchanger,elleletenaitenlaisseenquelquesorte.Ravicasé!
Quil’eutcru?Detempsentemps,mesparentsnousinvitaientpourleweek-endetmonpèreainsiquemamère étaient sous le charme de Tom. Granny, elle, faisait toujours le mur sans que ma mère s’enaperçoive.Avantd’yaller,ons’arrêtaitvoirÉlise.Parfois,çasepassaitbien,etparfoisbeaucoupmoins.J’avais trouvé à Londres un chocolatier qui faisait des écureuils en chocolat et on lui en emmenait àchaquefois.ElleétaitheureusedelesmangeretTométaitcontentdeluienapporter.LasérieétaitenfinterminéeetTomallaitavoirsescongés.J’avaisprislesmienségalement,mêmesi
jen’avaispasbesoindedemanderlapermission,afindeprofiterdesaprésence.Cesdernierstemps,onsevoyaitentredeuxclaquementsdeportetellementsonplanningétaitchargé.Nousétionscalésdanslecanapé,commetouslessoirs,entraindemangerdelaglaceetdupop-corntoutenregardantunfilm.—TuconnaisMonaco?marmonna-t-il,lacuillèredanslabouche.—Denom,commetoutlemonde.—Çateplairaitd’yaller?Palacecinqétoiles,restaurantsgastronomiquesetcasinos!—Oui,unjour,pourquoipas.—Enfait,dansdeux,onpartaprès-demain.—Pourquoifaire?—Jeviensdeteledire.—Sérieuxdechezsérieux?—JenesavaispasquedeparlerdeMonacoétaitsicomique!—Jepensaisquetuvoulaispassertesvacancestranquilleàlamaison.—J’aiuntrucàallerchercherlà-bas,unecommandequej’aifaitepourlavoiture.—Jemedisaisaussi!—Quoi?—Çan’arienderomantique…c’estintéressé.—Çavameprendrecinqminutes,dixàtoutcasser,pourrécupérermoncolisetonauradeuxjours
completspourenprofiter.—Ouais… tu t’en tires àboncompte !Au fait,mesparentsnousont invitéspourNoël. Jepensais
qu’onpourraits’arrêtervoiraussitasœurpourluidonnersoncadeau.—T’asdéjàpenséauxcadeauxdeNoël?—Non,pastous.Maisj’aitrouvéunesuperboutique,attends,jevaistemontrer.J’étais partie dans le placardpourdéballer et amener toutesmes trouvailles. J’avais achetéunpull
avecdesécureuils,uneécharpe,unbonnet,desgants.Enfinbref,j’avaisdévalisélemagasinavectoutcequi comportait l’animal dessus. Il s’amusait beaucoup àme voir lui montrer tous ces trucs avec tantd’enthousiasme, peut-être même un petit peu trop. Le lendemain, j’avais fait nos bagages, donné lesinstructionspourOlafetlejourd’après,nousavionsprisl’avionendirectiondeNice.UnefoisarrivéeenFrance,uneberlinenousattendaitpournousconduiresurlerocher,àMonaco.J’écarquillailesyeuxetregardaidepartout,carc’étaitlapremièrefoisquejevoyaisautantdevoituresetdebateauxdeluxeaum2.Laberlinenousemmenadansunpalacequidominaitleportdelaville.Toutétaitatrocementbeauet
démesuré.Mêmeunpetitboutonbanalprenaittoutesonampleur.Tomavaitrécupérélesclefsdenotresuiteetongrimpaaussitôtdansl’ascenseur.Ilouvritlaportesurunsalonavecdegrandesbaiesvitréesqui donnaient directement sur la mer. Le marbre et les dorures étaient présents, mais pas trop dansl’excès.Tout était somptueux. Ilmepria de regarder le sol et unparterre depétales de roses en étaitrecouvert,entourédephotophores.Ceux-ciformaientunchemin.D’unsignedelatête,ilmedemandadelesuivreetc’estcequejefis.Ce petit chemin rouge éclairém’emmena dans la pièce d’à côté qui n’était ni plus nimoins que la
chambre à coucher. Un immense lit King size blanc et beige et un énorme paquet sur celui-ci nousattendait.Ilmepoussalégèrementpourquej’ouvrelaboîte.J’ensortisunemagnifiquerobedesoiréeenmousseline rose poudré. Délicatement plissée sur le devant, des fines bretelles, elle était sublime etparfaite.Ilprenaitduplaisiràm’offrircegenredechoses.—Elleteplaît?—Elleestmagnifique.Enquelhonneurai-jedroitàcecadeau?—Ce soir nous allons au casino et une tenuede soirée est exigée. Je dois partir, je dois faire des
courses.—Onvientàpeined’arriver!rouspétai-je.Jepensaisqu’onauraiteuletempsdesereposerunpeu,
dis-jeavecdessous-entendus.— J’aurai aimé aussi,me répondit-il enme prenant dans ses bras,mais on se rattrapera plus tard.
Détends-toi,commandecequetuveuxauroomserviceetd’iciunpetitmoment,jet’enverraisuntexto.Tuenfilerastarobeettuviendrasmerejoindreaucasinodel’hôtel.Çateconvient?—J’ailechoix?—Jecrainsquenon.Jeteprometsqueçavapasservite.—OK.Aprèsm’avoirdéposéunbaiser,ils’envolaenmelaissantseuledanscetteimmensesuite.Jeprofitai
unpeudelaterrassequidonnaitsurleport.Accoudéeàlarambade,jelaissaimonespritvagabonder.Monaco, luxeetcasinos, toutauraitpuressembleràunJamesBond,saufque jenesavaispasoùmonespionétaitparti.J’erraidanslasuitepourfinalementatterrirdanslasalledebainetmedélasserdansde l’eau chaude et mousseuse. Après quelques heures, je reçus un texto de Tom. Il me convia à lerejoindreenbasoùsetrouvaitlecasinodel’hôtel.J’enfilaimarobeetmemaquillaidanslelot.Jeprisavecmoilapetitepochetteenargentquiavaitétélivréeaveccelle-ciainsiqueleschaussuresrosesàtalons.Underniercoupd’œildanslemiroiretjedescendislàoùilm’avaitdemandédemerendre.Lasalle
étaitbondée.Lescroupierscriaient,lesgensdéçusouheureuxfaisaientdemême.Toutétaitnouveauetintimidantpourmoi.JecherchaiTomduregard,maisjenel’avaistrouvéquequelquesminutesaprès.Ils’étaitchangéjenesaisoù,maisdelevoirdanscesmokingnoirquifaisaitressortirsesyeuxbleus,ilétait évident que ça devait être lui le nouveau JamesBond. Ilme décocha un sourire dont il avait lesecret,maisnebougeapasdelàoùilétait.Onsecontemplaitl’unl’autrecommesic’étaitlapremière
foisqu’onsevoyait.Cemomentétaitintemporeletirréel.Mêmesicetinstantétaitplaisant,jemesentaisunpeucrucheàresterfigerdelasorteetjemedécidaiàlerejoindre.Ilm’embrassadenouveaupluslongtempsqu’àsondépart,sourireauxlèvres.—Nina,tuescarrément…«hot»danscetterobe!—C’estellequifaittout,moijemesuismiseuniquementàl’intérieur.—Arrêtedeminimisertoutletempstonpouvoirdeséduction.—J’ignoraisquej’enavaisun.—Tuescomplaisanteavecmoi,maistun’aspasbesoindel’être.Jesuisfierquetusoisàmoi,enfin
sereprit-ilavecmoi.—Àtoi,meconvienttrèsbiencommetournuredephrase.—Etmoi,commentjesuisdanscesmoking?—Commejedisais,c’estl’habitquifaittout!—Lestempssontdurspouravoirunpetitcompliment.—Queveux-tu?Maintenantqu’onvitensembledepuisquelquesmois,lamagieestpartie.Celadit,si
j’étaispassipudiqueetbienélevée,jet’auraisprobablementemmenédansuncoinsombredecethôtel,làoùpersonnenenousauraitvuspourteprendretoutdesuite.—Meprendre?s’étonna-t-il.—Oui,vousavezbienentendu,M.Bradley!Teprendre.Lesfillesaussisaventfaireça.—Jedemandeàvoir.—Commejetel’aidit,jenepeuxpas,jesuisbienéduquée.—Tuesunedégonflée,surtout.—Ehbien…àpartirdemaintenantméfie-toi, jepourrais teprendren’importeoùn’importequand,
soissurtesgardes!—J’adoreavoirdesmenacesdecegenre.Unhommehabilléensmoking,luiaussibelhomme,vintnousinterromprepourm’adresserlaparole.—Bonsoir,jem’appelleMartin.J’espèrequecemonsieurestvotrefrère,cardepuisvotrearrivéeje
vousaimangédesyeuxdepuisl’autrecôtédelasalle.Tomvoulutluirépondre,maisjefusplusrapide.—Bonsoir,Martin. Je vous conseille de repartir de là où vous venez et je vous souhaite un « bon
appétit»,dis-jeenfrançais.Celui-ci,déçuetvexé,retournalittéralementlaqueueentrelesjambes.—Tuvois,c’estcequejedisais,tuasunpouvoirmagnétiquesurleshommes.—Unpeucommetoisurlesfemmes.—Moi,c’estlacélébritéquimerendbeauetattiranttandisquetoi,c’estnaturel.—Mêmesansêtretoi,tuesséduisantetàtomber.—Enfinuncompliment!IlafalluqueMartininterviennepourt’enextirperun.—C’estpasjustecequetudis,jet’enfaistoutletemps.—C’estvrai!Elleétaittrèsbonne,«bonappétit»,jelaressortirais.—Alors,tuaspufairetescoursesetrécupérertacommande?—Oui,çaaétéunpeuchaud,maisc’estbon.Leplusduraétédetrouvercesmoking,j’aioubliéle
mienàlamaison.Tuveuxjoueràlaroulette?—Jenesaispascommentonyjoue.—Jevaist’initier.Onpassalasoiréeàmisersurlesnumérosoulescouleurs.Ilmemontralesrudimentsdujeu.C’était
amusantaudébut,maisàforcedeperdredel’argent,çal’étaitbeaucoupmoins.Onregardaitlesautres
tablesdejeux,Craps,BlackJack,sanstrops’yaventurer.D’observerlesautresjouerprocuraitaussiunecertainesatisfaction.Ilcommençaitàsefairetardetilmesuggéra,toutenmecaressantledos,qu’ilétaittemps qu’il me ramène là-haut. On était grimpé dans l’ascenseur et pendant la durée de notre courtvoyage,illaissasesmainsseperdresurmapeaud’unefaçonimpudique,cequiréveillalessensdemoncorps et le désir me dévorait. Comme si ce n’était pas suffisant, il appuya ses caresses de baisersdélicieux.Lasonnettenousrappelaàl’ordrepournoussignifierquenousétionsarrivés.Ilm’avaitprécédéepourouvrir laporte,etmeprit lamainpourmetirer jusquedanslachambre.Il
n’étaitpasdifficilededevinersesintentions.Surlelit,unautrepaquetavaitétédéposé,àmasurprise.Ilm’intimadel’ouvrir.Jeretirailecouverclequilaissadécouvriruneboîtepluspetiteàl’intérieur.Delatête, ilme fit comprendrede continuer ledéballage.À l’ouverturede celui-ci, je restai sansvoix.Unincroyableetscintillantcaillourosemontésurunebagueétaitdedans.—Jetrouvequelerosetevaàravir.Lesdiamantsdecettecouleursontraresetpeudebijoutiersen
ont.—C’étaitçatacommande?Letrucquetuesvenuchercher?—Ouic’estce«truc.»—Labagueestmagnifique,maiscen’estpasencoremonanniversaire.C’estmoncadeaudeNoëlen
avance?—Nonplus,Nina.Jenesuispas très fortpour lesgrandesdéclarations,mêmesic’estmonmétier.
C’estunebaguedefiançailles.Jemedisaisquetuseraispascontrededevenirmafemmeunjour,enfin,dumoins,tumel’asfaitcomprendre,rit-ilnerveusement,etilfautbiencommencerpardesfiançailles.—Tuveuxm’épouser?J’articulemal?Oùc’esttoiquinecomprendspas?—Trèsromantiquecommedemande,eneffet!—Trèsbien,trèsbienjemerends,jevaislafaireplustraditionnelle.Ilmitungenouàterreetpritsarespiration.—NinaLockwood,meferais-tul’honneurdedevenirmafemme?—Jecrois…queoui!m’amusai-je.— Tu crois que oui ? C’est ça ta réponse ? Je vais y réfléchir à deux fois avant de t’épouser,
finalement.—Non,nonj’airiendit,merepris-je,enayantpeurqu’ilchanged’avis.Biensûrquejeveuxdevenir
tafemme.Ilsereleva,sourireauxlèvres,etvintm’embrasser.Ilattrapalabaguepourl’enfileràmondoigt.Elle
étaitsuperbeetjenemelassaispasdelaregarder.Cettenuit-là,ons’étaitaimésjusqu’àl’overdose.
Chapitre21
De retour à Londres, j’avais appelé ma famille pour annoncer la bonne nouvelle. Granny étaitenchantéedecelle-ciainsiquemonpère,quantàmamère,elleétaitauxanges.Elleallaitenfinavoirsonmariagederêve.Àlaclinique, j’avais informéégalementRaviquiétaitheureuxd’apprendrequeTomallaitdevenirmonépoux.Jesavaisquec’étaitsincère. Ilnefallutpas longtempspourque lesréseauxs’emparentduscoop.Certainesdesesfansétaientheureusespourlui,mêmesijem’étaisvueaffubléedehashtagscomme#garce,#traînée,etc...Lesfansetleursuniversimpitoyable.Mêmesic’étaitblessant,j’étaispasséeparlàetjesavaiscequecelafaisaitdevoirsonidoletrouver
l’amour.C’étaitfrustrantdefaireleconstatdécourageantquecen’étaitjamais«nous»qu’onchoisissait.Pourtant cette fois, c’étaitmoi son choix et pas une autre. J’étais assise sur le lit dema chambre enregardantmondiamantrose.Tomvintmerejoindrepours’installeràmescôtés.—Tamèrevientd’appeler,elleveutfaireunepetitefêtepournosfiançailles.—Laisse-moideviner?Chezeuxaveclafamilleetlesamis.—Gagné!—Tuesd’accordavecça?Parcequejetepréviens,ellevateprésenteràtoutelaville,oupresque,et
nevapassegênerpourraconteràtoutlemondequesonfuturgendreestunacteurcélèbre.—Tusais trèsbienqu’onnepeutpasdirenonà tamère.Et il fautprendreencomptequec’estma
familleaussi,maintenant.—Etquellefamille,souriais-je.—Tafamillen’estpassimal.Çamefaitdubiendesavoirquej’enaiuneànouveau.Depasserdu
tempsàpêcheravectonpère,parleràGranny,depenserànepasmettredejeantropmoulantquandtamèreestprésente.—J’avaisbesoindeçaettumel’asapporté.—Tuasunefamille,tuastasœur,mêmesic’estcompliqué.—Jesais,jesais...répéta-t-il.Unmoisplus tard,mesparents,mamèreplusexactement, avaientorganisénotre fêtede fiançailles.
Elleavaitinvitétoutelacommune,oupresque,etTom,desoncôté,quelquesamisacteurs.Pourmapart,j’avais convié Ravi et Sarah qui étaient indéniablement de plus en plus ensemble. La presse s’étaitemparéede l’évènementaupointqu’undispositifdesécuritéavaitdûêtre installéautourde lamaisonfamiliale où se tenait notre petite fête. Je sentais Tom pas complètement heureux, car je savais qu’ilmanquait quelqu’unau tableau : sa sœur.Aprèsdes embrassades interminables suiviesde l’inévitable«jepeuxvoirvotrebague»,lespectacleavaitaumoinsduréunebonneheure.Mamèreetmagrand-mèreavaienttoutpréparé.TraiteuretDJsousuneimmensetonnelleàl’extérieur
où on se gelait sévère. Tant pis pour le côté glamour de la journée, j’avais opté pour des vêtementschauds,mêmesiTométaitclassedanssoncostumegrisetsonpardessusnoircolmao.Jen’avaispaseulecouragedebraverlefroiduniquementpour«leparaître.»Jevoulaiséviterdemeretrouversouslacouetteàsnifferpendantdesjours.Grannyavaitramenédesmunitionsetmisquelquesgouttesd’alcoolfort dans mon punch pour me réchauffer. Je la soupçonnais de l’avoir fait également dans les autresboissons,cartoutlemondeétaitincroyablement«gai.»Ravis’étaitlancésurlapistededansequandilavait entendu«Chandelier»deSia.«Danser»n’étaitpas lemot juste, carSarah se tenait à l’écart,voiretrèsàl’écart,delui.Ilsetrémoussaitdemanièretrès«spéciale»etencontinuantcommeça, ilauraitputuerquelqu’un.
D’ailleurs personne ne s’était aventuré sur le dancefloor avant qu’il ait terminé. Tom me présentaquelques-unsdesesamisquejeconnaissaisplusoumoinsgrâceàlatélé.Toutlemondeavaitl’airde
s’amuseretpendantquelafêtebattaitsonplein,j’allaisvoirGrannypourluidirequeTometmoiallionsnousabsenterunpetitmoment.Ellem’avaitglisséqu’ellecomprenaitqu’onveuillejoueraudocteuretjerétorquaiquecen’étaitpasdutoutça.Jeprisaupassagedugâteauetquelquesfriandisessurlatableetlescachaientdiscrètementàl’abridesregards.JedemandaiàTomdevenirmeretrouverdans lavoiture.Jevissesyeuxperverss’allumeretà lui
aussi, jenotifiaiquecen’étaitpascequ’ilpensait.Jepartis lapremièreetm’installaiauvolantde laMaseratiaprèsavoirrangémespetitstrésorsàl’arrière.Tomnetardapasàmerejoindre,surprisdemevoirsurlesiègeconducteur.Ilpritplaceàcôtédemoi.—Tucomptesallerquelquepartcesoir?—Oui!Attachetaceinture.—Tusaisconduire?—Onverra,c’estlapremièrefois.C’estbienlàqu’onmetlaclef,c’estça?—Nina!!!—Jeplaisante.Biensûrquejesaisconduire.—Oùonva?—Surprise.JeprisladirectiondeLondres,maisjem’arrêtaiàl’institutiond’Élise.Jevoulais,mêmesiçaaurait
étéuncourtmoment,queTomoffre à sa sœurunepartdegâteau. Il avaitvite comprismes intentionsquandjeprislabretelledesortie.Unpetitsouriresedessinasursonvisage.—Tuesétonnante!—Onmeleditparfois.J’aivoléunpeudegâteauetdesbonbons,tupourrasluifaireunpeuprofiter
denotrefête.—Jesaispassijetel’aidéjàdit,maisjet’aime.—Oui,jecroisquejel’aientenduuneoudeuxfois,memoquai-je.Cettefois,jelelaissaisallertoutseullavoir.Jevoulaisqu’ilprofitedecemomentavecsafamille,
mêmesij’allaisenfairepartiebientôt.Ilréapparutmoinsd’unedemi-heureaprès.Éliseétaitsurlepointderemontersecoucheretlesinfirmiersneluiavaitpaspermisderesterplus.Ilavaitjusteeuletempsdemangerunboutdegâteauavecelle.Onétaitrepartispourlamaisondemesparentsoùlasoiréeétaitloind’êtreterminée.—Nina,tuveuxbiendanseravecmoi?—Ilétaittemps!Jepensaisquetuallaisjamaismeledemander.Ilme trainasur lapisteparmi lesautressur l’airde«NoOrdinaryLove»deSade.C’estvraique
notrehistoired’amourétaitloind’êtreordinaire.Aprèsunedernièredanseverslescinqheuresdumatin,nousnousétionséclipséspournouscoucher.Lesdernierssurvivantsdelasoirée,eux,pournepasrentrersurLondresalcoolisés,avaientdécidédesquattersoitchezdesamisoudansdeshôtelsauxalentours.Lejardindemesparentsquiétaitplutôtdegrande tailleavaitàprésentdesalluresdechampdebataille.J’étaisdetoutcœuraveclespersonnessupposéesfaireleménagelelendemain,mêmesinousyétionsdéjà.Jemeréveillaitoutdoucementenlacéedanssesbras.Ildormaittoujours.Jefisattentiondem’arracher
desesbrasleplusdélicatementpossiblepournepasleréveiller.Ilétaitpresquemidietmafamilleétaitinstalléeautourdelatablepourlebrunch.Nousavionstousdestêteshorribles.Encoredanslesvapes,jeprisplaceaveceux,uncaféàlamain.—Jevoulaisvousremercierpourlasoirée,elleétaitsuperbe.—Derien,mapuce,ditGranny.Tamèreetmoiavonsprisbeaucoupdeplaisiràlefaire.—Merciàtouteslesdeux.
—EtTom,ilestcontent?demandaMartha.—Oui,luiaussi,net’inquiètepas.—Ondoitêtrepartoutdanslesjournaux,cematin!Ted,quandtuserasprêt,vaviteenacheterquelque
uns.—C’estpaspresséàlaminute,jefinisdeprendremonpetit-déjeunerd’abord,rouspéta-t-il.—Ohtoi,tuesgrognonparcequetuaspaseutonpetitcouphiersoir,ditmamère.—Maman!criai-je.Tupourraist’abstenirenmaprésencedeparlerdeça?—Qu’est-cequ’ilyadechoquant?J’aiditquelquechosedechoquant,Ted?Monpèrelevalesyeuxaucielpournepascontinuerlaconversationetmangersonbaconetsesœufs.
Tomfitsonapparition,àmoitiéendormi.Jemelevaipourl’embrasser,maismatêtecommençaàtourner.J’étaisunpetitpeudéstabilisée.Toutdevenaitconfus,j’entendaisTomm’appeler,jevoyaismesparentssedresserenpanique.Jeperdaismonéquilibre,toutétaitflou.L’imagedeTomdisparaissaitpetitàpetit,jenevoyaisplusrien,letrounoir.Je sentais des présences près de moi, des voix familières qui discutaient. Mes paupières étaient
lourdes,maisjemeforçaisàlesouvrir.J’avaisunsacrémaldecrâne.Mavisionétaitbrouillée,maiselle commençait à revenir doucement. J’entendais les voix de mes parents et de Granny qui disaient«Elleseréveille.»Jeregardaiautourdemoi,jen’étaispasaucottage,maisàl’hôpital.Jemesouvenaispeuàpeudelacuisine,deTometdemonvertige.J’avaisdûm’évanouiretilsavaientdûm’emmenericiparprécaution.J’avaislabouchepâteuseetquandjepusarticulerenfinunmot,jedemandaiunverred’eau.—Qu’est-cequiestarrivé?—Tutravaillestrop,mapuce,ditGranny.Tuestombéedanslespommesàforced’épuisementettu
t’escognéelatête.—Çafaitlongtempsquejesuislà?—Àpeuprèsdeuxjours,repritmamère.—Deuxjours?J’ail’impressionquecelafaitcinqminutes.—C’estJeremyquit’aamenéàl’hôpital.Ilt’aretrouvéeétendueparterrechezvousetnousaappelés
justeaprès.—Jeremy?Jecomprendspas,commentçaJeremy?OùestTom?—Tom,Nina?ditGranny.C’estundetesamoureuxsecrets,fit-elleenmefaisantunclind’œil.—Tomestmonfiancé!dis-jepaniquée.Onafêtéçachezvous.Mesparentsetmagrand-mèreseregardèrent,l’airperplexe,maissurtoutinquiet.Jenecomprenaispas
cequim’arrivait.Mamèreselevapourallerchercherunmédecin.Peudetempsaprès,Jeremyfitsonapparitionetvintàmonchevetpourm’embrasser.Jelesobservaitoussansriensaisiràcequiétaitentraindesepasser.OùétaitTom?Pourquoic’étaitJeremyquisetenaitauprèsdemoietpaslui?Oùétaitmavie?Jeremymeparlait,jel’écoutais,leslarmesdanslesyeux,carilm’expliquaitavecgentillessecequim’étaitarrivéeréellement.Cesderniers temps, j’avais troptravailléà lacliniqueet j’avaisfaitunburn-out.J’étaistombéeàlamaisonetm’étaiscognéelatête.Unmédecinentraàsontour,confirmantlesdiresdecelui-ci.Lechocavaitétéplutôtviolentetjedevaismereposer.D’iciquelquesjours,j’auraipuretourneràlamaison,celledeNottingHill.Leslarmescoulaient,car
jecommençaisàcomprendrequeTom,lesmoisquej’avaispassésàsescôtés,n’avaitétéqueleproduitdemonimaginationetquerienn’étaitvrai.J’étaisperdue,désorientée.J’avaisvéculegrandamouretonmel’avaitenlevé.Pourquoionmefaisaitsubircela?Tout lemonde était auxpetits soinspourmoi,même Jeremy.Bethvintmevoir également, carnous
étions toujoursamiesdans lavraievie. J’avaisprofitéque Jeremyquitte lachambrepourparler avec
elle.—Jepeuxteconfierquelquechoseetpromets-moidenepasrire?—Vas-y,pasdeproblème.—Pendantquej’étaisendormie…Jenesaispascommenttelediresanspasserpourunefolle.—Lance-toi,jet’écoute!Pendanttoutcetempsoùj’étaisinconsciente,j’aicruquej’étaisavecTomBradley.—Nonsérieux?«Notre»TomBradley?—Oui,maiscequiestleplusdéroutant,c’estqueçaparaissaittellementvrai.Mêmemaintenant,j’ai
l’impressionquej’airéellementvécuetoutça,tucomprends?—Tuveuxm’endireplus?—Pastout,c’estgênant.Seulementqu’ilétaitamoureuxdemoietmoidelui.Demeretrouverlà,dans
cettechambre,ensachantquetoutça,toutcequej’airessentietvécun’étaitqueduvent,c’estunetotaleagonie,pleurai-jesansmecontenir.—OhmonDieu,Nina.Qu’est-cequ’ilt’estarrivée?—Jesaispas,tucroisquejedeviensdingue?—Avanttachute,onavaitunpeuparlédelui.Enfin,jet’avaissaouléavecluiplusexactement,carle
mois prochain, il vient tourner dans le quartier quelques jours. Je pense que ton cerveau s’est un peuégaréet,enquelquesorte,t’asdonnécequetudésirais.—Ilm’adonnéTom.—Quinevoudraitpasavoirdesrêvescommecelui-là?QueTomBradleytombeamoureuxdevous!—Oui,probablement.—Neprendspascetairtriste,Nina.Çavaaller?—Ledocteuraditquej’avaisbesoinderepos,c’estcequejevaisfaire.—RaviavecSarahsedébrouillenttrèsbienàlacliniquesanstoi.Profitedecesquelquesjourspour
prendresoindetoi.RavietSarahsontensemble…balbutiai-jeOuiçafaitunboutdetempsmême!Tuasl’airsurprise?Mon « coma » ne me fait plus distinguer le vrai du faux, soufflai-je, dépitée. Beth, tucoucheraisavecJeremy?
—T’esfolleouquoi?Jeremy?Etpuisquoiencore?—Merci,çameconfortedansmonchoix.—Mêmesicen’estpaslemomentd’enparler,jet’aitoujoursditetrépétéjenesaiscombiendefois
qu’iln’étaitpaspourtoi.—Oui,jesais!J’avaispasséquelquesjoursdeplusàl’hôpitalafinqu’ons’assurequelechocàlatêten’avaitpasfait
plusdedégâtsqueprévu.Onm’avaitlaissépartiràlafindelasemaine.Mesparentsétaientrentréschezeux et Jeremy, accompagnédeBeth,m’avait ramenée àNottingHill.Une fois de retour, j’étais restéequelquesinstantsplantéedanslehallennemesentantpluschezmoidésormais.Laviequej’avaisrêvéétait ancrée profondément et j’étais commeune étrangère dansmavie. Jeremymeproposad’allermereposeraupremierpendantqu’ilallaitprépareràmanger.J’avaisreprismavied’avant,mêmesicelleavecTométaitentraindemerongerdel’intérieur.Aprèsquelquesjoursderepos,RavietSarahétaientpassés me voir, s’excusant de ne pas l’avoir fait plus tôt, mais la clinique marchait trop bien et ilsn’avaientpaseuletempsdelefaireplustôt.Ilmefit lerésumédecequej’avaisloupé,etparticulièrementsademandeenmariageànotrepetite
Irlandaise. Je les félicitai tous les deux chaleureusement, car j’étais contente qu’enfin, ils trouvent le
bonheur. Quand jeme sentais bien, j’allais faire de longuesmarches dans le parc, j’avais besoin derespireretderéfléchir.Maviemesemblaittellementcreuseàprésent.Jeremyavaitétéadorablependantma convalescence, mais c’était toujours Jeremy et j’avais pris la décision de rompre avec lui « unenouvellefois»àsagrandesurpriseetàcelledemesparentségalement.Moncoupsurlatêteétaitpeut-êtreunsignald’alarmem’indiquantqu’ilfallaitquejechangedevieetvirerJeremyenfaisaitpartie.Bethm’avaitfélicitéedemonchoixetonétaitentraindefêterça,unverreàlamaindansmonsalon.—Beth ? demandai-je. Par hasard, tu ne saurais pas s’il y amoyen de voir Tom pour une avant-
premièreouquelquechosed’autrebientôt?—Maintenantquetum’enparles!Ilseradanstroisjoursàuneémissionderadiopourpromouvoirsa
nouvellesérie.Jecomptaisallerlerencontrerjustement.Tuveuxvenir?—Oui,absolument,dis-jeavecconviction.J’avaisbesoindelevoirenvraidelesentirprèsdemoi.Mavie,sionpouvaitl’appelercommeça,
partait en pièces. Je ne savais plus vivre sans lui. Je regrettais parfois dem’être réveillée, car je nesentaisplussonamour,toutavaitdisparu.Jepleuraistouslesjoursdepuismonretourdel’hôpitaletjen’avais plus le goût à rien. Onm’avait tout donné pour tout me reprendre aussitôt.Ma vie était unesouffrance.Trois jours après,Beth etmoi attendions parmi tant d’autres devant les portes de la radio qu’il en
sorte. Elle avait joué des coudes pour qu’on soit au-devant des barrières pour avoir son énièmeautographeainsiquesonselfie.Jenesavaispascequej’espéraisdecetterencontrefortuite.Enfaitsi,jevoulaisquemonrêven’ensoitpasunetqu’ilmereconnaisse.Bethn’arrêtaitpasdemenoyersousunetonnedequestionset réponsesetmoi, toutceque j’entendais,c’étaitmoncœurbattreviteet fort.Lesflashs commençaient à s’exciter, les filles à crier, il était là, souriant, charmant, posant et donnantdesautographesàquiledésirait.Ilétaitenfacedenousdel’autrecôtédelarue.J’avaisdumalàrespirer,àavaler,jepriaipourquetoutsoitunmauvaisrêveetqu’ilmeprennedanssesbrasànouveaupoureffacermonchagrin.Jeledévisageaiencoreetencore,moiqui,quelquepart,leconnaissaissibien.Ilvintenfindenotre
côté,ilpassaitd’unefanàuneautre,toujoursentourédesongardeducorpsetdesonagent,lafameuseBarbara.IlétaitarrivéauniveaudeBeth.Elleétaitexcitéedelevoir,elleéchangeadeuxmotsaveclui,eutsonautographeetsaphoto.Quandcefutfait,ilétaitàprésentàmahauteur.Nousétionslesyeuxdanslesyeux,moncœurbattaitàtoutrompre.Jenepouvaispasarticulerquoiquecesoit,etdevantmonsilence,ilpassaàquelqu’und’autresanségardspourmoi.C’était la douche froide. J’espérais qu’il me reconnaisse, enfin quelque chose dans le genre, et la
réalitévintmemettreuneclaque.Mavieavec lui,aussi réellequ’ellemesemblait,n’avaitétéque lefruitdemonimagination.Jerestaiàleregardersansriendirejusqu’auderniermomentoùils’engouffradanslavoitureavecsonstaffenfaisantundernieraurevoirdelamain.Bethmepritparlebraspourmetirerdemaléthargie.C’étaitfini,ilétaitparti.Ilnesavaitmêmepasquej’existais.—Pourquoituneluiasriendit,Nina?—Tuvoulaisque je lui racontequoi?SalutTom,vous savezquenous sommes fiancés…dansma
tête?—Ditcommeça,c’estsûr!—Onvarentrer,jevaism’écroulercommeunsacetmelamenteraumoinsjusqu’àlafindemavie.
Commentjepouvaisêtreidioteàcepoint?Jepensaisdébarquercommeçaetqu’enmevoyant,hop!Ilallaittomberamoureuxdemoi?—Ilfallaitquetusaches,machérie.—Pour savoir… je sais, je suis dingue ! Le coup a dû faire de sacrés ravages au niveau demon
cerveau.—Tun’ypenserasplus,bientôt.Toutseraqu’unmauvaissouvenir.Tuvastetrouverquelqu’undebien
ettoutrentreradansl’ordre.J’acquiesçaipournepasen rajouteretmefairepasserpourunefolle,mais j’étaisàdeuxdoigtsde
l’évanouissement. Mais si seulement, elle savait que depuis que Jeremy était parti, je me réveillaischaquematinavecl’espoird’ouvrirlesyeuxetdemeretrouveràcôtédemastar.Ilmefallutquelquesjours pour reprendremes esprits et digérer que je n’existais pas dans le monde de TomBradley. Jedormaisdemoinsenmoinsetj’avaisreprisàtravaillerdeplusenplus.Laréputationdelacliniqueétaitgrandissanteetonavaitbeaucoupdemonde.AvecRavi,onpensaitsérieusementàsedévelopperetàenouvriruneautre.Leboulotmefaisaittenirpournepassombrerendépression,mêmesic’étaitleboulotquim’avaitmisedanscettepositioncomplètementimprobable.Parfois,quandj’étaisdevantmonpostedetélévision,jetombaissurlui,surundesesfilms,maisjene
restaisquequelquessecondesàleregarder,cartoutremontaitinstantanémentàlasurfaceetçanefaisaitquemerendrelavieencoreplusinsupportable.Plusieurssemainess’étaientécouléesetjecommençaisàsortir la tête de l’eau. Lorsque j’allais chez mes parents, mamère s’était fait un devoir de me fairerencontrerdeshommescélibatairesqu’elleconnaissait,etbienévidemment,quinem’intéressaientpas.Auboutd’unmoment,ellesavaientabandonné,magrand-mèreetelle.Ellesvoulaientsavoircequinetournaitpasrondchezmoi,maisbiensûr,jenepouvaispasleurconfiermadétresse,quej’avaisvécuparprocurationunehistoired’amourintenseetbelleetquejamaisplus,j’enrevivraisunecommecelle-là.SeulBethétaitaucourantdetoutemonépopée,oupresque.C’étaitlundimatinetilfallaitquejereparteauboulot.Avantd’yretourner, jefaisais laqueueauStarbuckspourm’achetermoncafé.Jevoyaislesfillesaucomptoirquiétaientunpeuexcitéesparleclientdevantmoi.Jen’yprêtaipasattention,carmoi,cequim’intéressaitc’étaitsonmagnifiquelabradorquiétaitàsespieds.Jecommençaisà le regarderetcelui-ciallaàmarencontreen tirantsonmaîtrede forcequi,par la
mêmeoccasion,m’avaitrenversésoncaféqu’ilvenaitfraîchementdepayer.Enfinchaudementd’avoir,auraitétéplusexact.Jepoussaiunpetitcridesurprise,caruncafébrûlantn’avaitriend’agréable.Sonmaîtreseconfonditenexcusesetquandjerelevailesyeuxsurcelui-ci,j’étaistombéenezànezavecTomBradley.—Jesuisvraimentdésolé,mademoiselle,maisOlafatirésursalaisseetjen’aipasfaitattentionà
moncaféetilesttombésurvous.Jerestaitétaniséeparlascèneetcetteimpressionde«déjà-vu»,maisjegardaisàl’espritquetoutça
étaitunheureuxhasardcertes,maisriend’autre.Ilnem’avaitpasremarquéelapremièrefois,pourquoileferait-ilmaintenant?—C’estpasgrave.Jen’habitepastrèsloin,jevaisallermechanger,dis-je,troublée.—Laissez-moivouspayeruncafé,unteinturierouquelquechose.Jenevoudraispasquevouspensiez
quejesuisungoujat.Mêmesic’estM.Olaf,iciprésent,leresponsable.Vilainchien,l’engueula-t-il.—Jenelepensepas,To…M.Bradley,rassurez-vous.—Vousmeconnaissezdonc?—Quinevousconnaîtpas?Votrechienestadorable,n’est-cepas,Olaf?Celui-ci,àsonnom,remualaqueuedetoutessesforces.—J’aientendudirequevousétiezdanslesparagespourvotrenouveaufilm.—Pasavantlasemaineprochaine.Jesuisvenudanslequartierpourmonchien,justement.Ilparaît
qu’il y a une star au niveau véto ici. On me la recommandé. Olaf a besoin qu’on s’occupe de luicorrectement.Voussavezoùjepeuxletrouver?—Qui?dis-je,unpeuhébétée.
—Levétérinaire.—Oh!Oui.C’estfait!C’estmoi,fis-je,nerveuse.Lastar,jesaispas,maislevétérinaire,c’estsûr.—C’estvouslefameuxvéto?—Oui,jesuisNinaLockwood.—Ça,sicen’estpasunecoïncidence.—Lavieestpleinedesurprises,lançai-je,encoresouslechoc.—Oui,c’estvrai,reprit-il.—Vousm’accompagnez?J’allaisjustementàlaclinique.—Jevoussuis.Nina!Jepeuxvousposerunequestion?—Oui?—Vouscroyezaucoupdefoudreouaudestinoùvousavezcetteimpressiondeconnaîtreunepersonne
depuistoujoursalorsquevousvenezàpeinedelarencontrer?—Ohqueoui!Tomj’ycrois!
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