RENAISSANCES URBAINES 城城城城 Jean-Claude CROIZÉ Urban regeneration international forum Taipei, 1-6 november 2013
RENAISSANCES URBAINES
城市再生
Jean-Claude CROIZÉ
Urban regeneration international forum
Taipei, 1-6 november 2013
IntroductionTaïwan et la France
• À 13 000 km. de distance, deux pays qui présentent des aspects communs :
- un gouvernement traditionnellement centralisé,
- deux pays développés qui s’orientent vers le tertiaire,
- deux puissances financières, …
• …mais qui ont aussi des différences :
- héritage culturel,
- étendue du territoire et densité de peuplement,
- style d’urbanisation, …
IDes renaissances efficaces ?
Une controverse ancienne
et
trois cas d’application dans le Paris d’aujourd’hui
Sur les moyens de relancer la dynamique urbaine,une controverse du 19ème siècle.
• L’option de l’Empire Français (1852-1870) : mettre tous les moyens sur la rénovation des centres existants.
• Un choix stratégique critiqué aussi bien par les Républicains parisiens que par le barcelonais Cerda, fondateur des théories modernes de l’urbanisme.
• Les difficultés de l’affaire et ses conséquences financières et sociales (budgets municipaux, faillite du Crédit Foncier de France, ...).
• L’option de Cerda à Barcelone (1860) : miser sur des extensions périphériques, moins coûteuses et considérées comme plus efficaces pour la création d’activités marchandes.
Trois cas d’application dans l’agglomération parisienne d’aujourd’hui
1) Une rénovation urbaine péri-centrale : le quartier d’affaires de la Défense.
2) Un ensemble d’extensions nouvelles : le secteur de l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle.
3) Une rénovation urbaine en zone centrale : Seine Rive Gauche (Paris ville)
Trois sites d’intervention
La Défense
Roissy CDG
Seine Rive Gauche
La Défense : « Quartier d’affaires »Vue générale
La Défense : « Quartier d’affaires »Présentation générale
• Lancement :1958• Surface : 150 ha• Opération pilotée par une établissement public
de l’Etat (EPAD)• Aujourd’hui encore classée parmi les Opérations
d’Intérêt National (OIN)
La Défense : « Quartier d’affaires »Éléments de bilan
• En 2000 (40 ans après…) :
- Bureaux : 2,5 millions de mètres carrés - emploi : 110 000, dont beaucoup d’emplois transférés
• Une histoire mouvementée :- des « moments difficiles »,- une architecture modifiée sous la pression des promoteurs,- des échecs financiers récents : les projets de tours attribués par concours à Jean Nouvel (Tour sans fin, 1993, Tour signal, 2008).
La Défense : « Quartier d’affaires »Les tours de J. Nouvel restées virtuelles…
Roissy CDGPrésentation générale
• Ouverture du terminal 1 : 1974• Aujourd’hui : second aéroport d’Europe• Pilotage :
- depuis l’origine : Aéroports de Paris pour la plateforme aéroportuaire (3200 ha), dotée du statut d’O.I.N.,
- depuis 2002 : Établissement public d’aménagement « Plaine de France Roissy » pour les territoires proches (40 communes, 300 km2, 1 million d’habitants).
Roissy CDG Éléments de bilan
• En 2004 (30 ans après…) :
- plus de 100 000 emplois nouveaux,
- dont 50 000 directement liés à l’aéroport (tendance :
+ 5 % par an),
- des effets induits sous forme de zones d’activités jusqu’à plus de 50 km.
Seine Rive GauchePrésentation générale
• Opération lancée en 1991 • La plus vaste opération de rénovation urbaine à Paris-
Ville depuis les grands travaux du 19ème siècle• Surface : 130 ha., dont 26 ha. en couverture de voies
ferrées• Pilotage : Ville de Paris, via la SEM d’Aménagement de
Paris (SEMAPA)
Seine Rive Gauche Éléments de bilan
• En 2011 (20 ans après…) :
- construction à mi-chemin de l’objectif… même si la couverture des voies ferrées est loin d’en être à ce point,
- 15 000 emplois, dont beaucoup d’emplois publics et d’emplois transférés (Grande Bibliothèque, Université…)
- 60 000 emplois promis à terme ?
La Défense, Roissy, Seine R.G.Bilan comparé
• Trois opérations fondées sur des créations ou des remaniements de grandes infrastructures, ainsi que sur l’arrivée de grands établissements publics.
• Les extensions nouvelles liées à Roissy CdG apparaissent comme les plus efficaces :
- en termes de créations d’activités nouvelles et de perspectives futures,
- du point de vue de la capacité à générer des ressources qui couvrent les dépenses d’aménagement.
• N’est-ce pas la clé des dynamiques urbaines durables ?
« La ville qui se reconstruit sur elle-même »Éléments de problématique
1) Un problème spécifique de la rénovation urbaine : des coûts considérables qui obligent à remplacer les anciens occupants par des preneurs dont l’acceptation à payer est plus élevée.
La difficulté est atténuée quand la reprise urbaine s’effectue sur des secteurs industriels désaffectés, mais le traitement des effets sociaux concernant les habitants alourdit toujours la facture
« La ville qui se reconstruit sur elle-même »Éléments de problématique
2) Un problème commun à tous les ensembles neufs : la quête d’une identité.Avec la « ville internationale », des réalisations qui présentent partout le même visage.
Une issue pour se singulariser : des tours de plus en plus audacieuses.
3) Une autre voie pour se distinguer : l’histoire d’un lieu, son atmosphère particulière, et le culte moderne du patrimoine.
…Ces trois aspects se retrouvent à Seine Rive Gauche.
IISeine Rive Gauche
Pour rétablir les continuités urbaines
dans un quartier cisaillé
par des infrastructures lourdes,
un projet exemplaire…
Seine Rive GaucheUn site au sud-est de Paris Ville
La Défense
Seine Rive Gauche
Seine Rive GaucheUn ensemble de ZAC successives
Seine Rive GaucheLes intentions directrices
• Une ville multifonctionnelle où les logements sociaux permettront de maintenir les anciens habitants.
• Une ville tertiaire, intelligente et innovante : la Grande Bibliothèque, une université de 30 000 étudiants, ses laboratoires de recherche, etc.
• Une ville verte, avec des jardins, des bâtiments économes en énergie, et, peut-être, une source d’énergie renouvelable (le « chauffage urbain » ?).
• Une ville respectueuse de l’héritage parisien et qui conserve le patrimoine industriel en le réutilisant pour les établissements universitaires.
Seine Rive GaucheLe programme, tel qu’il est en 2013
• Espaces verts : 98 000 m2 (8% de l’emprise globale).
• Total à construire : 2,4 millions de m2 (densité : 1,85) :- 585 000 m2 de logements « familiaux » et « étudiants », soit 7500 unités, dont 50% de logements sociaux locatifs,- 745 000 m2 de bureaux (60 000 salariés ?),- 405 000 m2 d’activités (commerce, recherche, loisirs liés au bord du fleuve,…),- 665 000 m2 d’équipements publics (Université, 210 000 m2, Grande Bibliothèque, 250 000 m2, ….).
• Constructions « réalisées ou engagées » en 2013 : 80% des équipements publics, 60% des bureaux,
50% des logements, 25% des activités.
Seine Rive GaucheVue d’ensemble au début des travaux
Couverture des voies ferréesTravaux en cours en 2013
Un geste majeur de l’ÉtatLa Grande Bibliothèque
(Perrault, arch.)
Respect de l’héritage urbainDes immeubles de hauteur « parisienne »
(Avenue de France et bord de Seine)
Conversion du patrimoine industrielLa « Halle aux Farines »
(Université de Paris 7, Dumoulin, arch.)
Conversion du patrimoine industrielLes « Grands Moulins »
(Université de Paris 7, Ricciotti, arch.)
Conversion du patrimoine industrielL’ancienne usine « SUDAC »
(École d’Architecture, Borel, arch.)
Conversion du patrimoine industrielBibliothèque de l’École d’Architecture
(Ancienne usine « SUDAC », Borel, arch.)
Une ville verte…Jardin des Grands Moulins
et patio de la Grande Bibliothèque
Le problème de Seine Rive Gauche…(Prévisions budgétaires « révisées » de 1997)
Ce que révèle le budget de 1997…
• Du côté de la dépense : le coût des rachats immobiliers à Paris Ville, lourdement accru par celui des infrastructures nouvelles, et encore lesté d’honoraires et de frais financiers (opération longue et « technique »).
• Du côté des recettes : faute de pouvoir compter sur une forte densification (limites de hauteur, espaces verts, voirie aérée…) ou sur des logements de standing, on projette une masse de bureaux pour assurer l’équilibre financier de l’opération.
• Cette injection massive de bureaux coïncide avec la volonté de la Ville, qui souhaite développer l’emploi tertiaire à l’Est pour rééquilibrer la géographie des activités
…et l’état actuel du programme
• La tendance historique des bureaux à s’installer vers l’ouest s’est maintenue, réduisant d’autant les perspectives de Seine Rive Gauche, et mettant foncièrement en cause les « prévisions » de 1997.
• Les grands investissements de l’État ont pris le relais, mais sans doute pas au même prix.
• Parallèlement, la volonté de la Ville a accru la part des logements sociaux.
Face au « problème d’argent » qui en résulte, faudra-t-ilcompter sur la dernière tranche de l’opération pourredresser la situation ?
L’issue espérée (1) Site et maquette provisoire de la dernière tranche
(Lion, arch. coordinateur)
L’issue espérée (2)Image virtuelle de la dernière tranche sud-est
Conclusions
1) Les interventions urbaines réellement soutenables sont celles qui assurent l’expansion de l’emploi et des activités marchandes, tout en ménageant les habitants et l’environnement.
2) En extension nouvelle comme en renouvellement de l’existant, les opérations porteuses de renaissances urbaines sont de grosses consommatrices de moyens publics, notamment parce qu’elles reposent en général sur des créations ou remaniements d’infrastructures lourdes.
3) L’efficacité économique et l’équité territoriale commandent que l’allocation de ces ressources rares soit décidée à l’échelle d’une agglomération toute entière, voire de sa région d’élection.
Conclusions
4) Il arrive que leurs limites territoriales ne placent pas les collectivités à cette échelle, et cela peut justifier durablement le pouvoir d’initiative de l’État, …mais, quant à eux, les porteurs de l’investissement marchand ont toujours cette vue globale.
5) Le pari des opérations de centre ville destinées au marché suppose en général la densification du bâti, l’élévation des hauteurs et l’inflation des prix immobiliers.
6) La hausse des prix immobiliers est d’autant plus nécessaire que la course aux hauteurs accroît les coûts techniques, cependant que l’occupation complète du sol, les dalles, etc., accroissent les coûts écologiques.
Conclusions
7) Les opérations les plus crédibles sont assises sur des terrains dont l’occupation initiale était peu dense (industries en déshérence, etc.), mais là où on rencontre des habitants, un traitement adéquat des questions sociales complique sérieusement l’équation financière.
8) Il se peut que l’État, la Ville ou de grandes organisations des affaires décident ici ou là d’un geste architectural peut-être marquant, mais certainement coûteux… et on ne saurait compter partout sur pareille aubaine.
9) Une autre voie permettant de donner du caractère à une opération consiste à l’inscrire dans le fil de l’histoire et des héritages urbains.