Université d’Antananarivo Faculté de Droit, d’Économie, de Gestion et de Sociologie Département ECONOMIE Second cycle – Promotion sortante Option : Développement Mémoire de fin d’étude pour l’obtention du diplôme de Maitrise ès-Sciences économiques REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE DEVELOPPEMENT Impétrante : RANDRIAMANDIMBY Nantenaina Lova Tahirisoa Encadreur : Monsieur RANDRIANALIJAONA Tiana Mahefasoa Date de Soutenance 03 Mai 2013
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REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE ...
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Université d’Antananarivo
Faculté de Droit, d’Économie, de Gestion et de Sociologie
La vision de la microfinance se réfère à la vision des Nations Unies où le maximum de
foyers pauvres ou assimilés peuvent sortir de la pauvreté1. Cela peut se faire si le maximum
de ces foyers peuvent avoir un accès permanent à une gamme de services financiers de grande
qualité et adaptés à leurs besoins, incluant non seulement le crédit mais l'épargne, l'assurance
et les transferts de fonds. La microfinance a été crée en 1975 pour satisfaire les besoins de
financement des pauvres. Elle a été crée au profit des exclus du financement bancaire. En
Bangladesh, là où elle a été mise au point pour la première fois, elle cherche vraiment l’intérêt
de cette catégorie de population et les institutions qui tirent beaucoup trop de profit sont
sanctionnés, les règlements sont strictes et doivent être respectés.
Jusqu’ici, la loi régissant le taux d’intérêt applicable au microfinancement dit encore
que les institutions pratiquant un taux supérieur à 18%2 seront sanctionnées. Les institutions
de microfinance à Madagascar pratiquent aujourd’hui un taux d’intérêt entre 1.5 et 2.5% par
mois, soit entre 18 et 20% par an et une garantie de 120 à 150% pour chaque prêt3. Avec ce
taux et ces exigences on se pose la question : la microfinance est-elle réellement un outil de
lutte contre la pauvreté ? Sur ce, on a émis trois hypothèses : Primo, les revenus dégagés des
activités financés par la microfinance sont faibles et très irréguliers. Secundo, le taux d’intérêt
payé est supérieur ou égal au taux de rendement de l’activité. Et tertio, les institutions de
microfinance ne prêtent qu’aux riches des pauvres.
Ce travail vise à apporter quelques notions à remettre en cause sur le mode de
fonctionnement de la microfinance. Nous l’avons même intitulé « Regard critique de la
microfinance en tant qu’outil de développement » afin de pouvoir dégager quelques cotés
négatifs de cet outil et d’apporter des idées nécessaire à sa rectification. Il comporte deux
parties dont dans la première je vais m’étaler sur le concept théorique de la microfinance et la
deuxième partie sera une analyse de l’efficacité de la microfinance dont on va voir les rôles
ainsi que les limites et les impacts de la microfinance dans la vie des pauvres.
1 DEUBEL P., 2008. Les stratégies de développements, p 464 2 ACCLASSATO D., 2006. Taux d’intérêt effectif, viabilité financière et réduction de la pauvreté par les IMFs au Benin 3 JdM, Mai 2012. Microfinance : un taux d’intérêt moins de 20%, publié sur Economie, http://www.newsmada.com/2011/microfinance-un-taux-dinteret-de-moins-de-20/
microfinance6. Selon le professeur, il n’avait pas au début l’intention de créer une banque, il
disait : « Je n’avais pas l’intention de créer une banque, mais je me demandais comment les
pauvres pourraient améliorer leurs conditions de vie. En 1974, nous avons eu une famine ;
j’étais dégoûté de l’inutilité du savoir économique que j’enseignais. Je connaissais quelqu’un
qui voulait emprunter pour développer son affaire, mais aucune banque n’acceptait. J’ai
résolu le problème en prêtant de ma poche, mais ce n’était qu’une solution personnelle. Je
cherchais une solution institutionnelle. Je m’offris comme garant, obtins de l’argent de la
banque et donnai aux gens. En même temps, j’en vins à mettre au point quelques règles de
fonctionnement. Ça marchait et j’ai accru mes emprunts à la banque. Le remboursement était
de 100%, mais la banque n’était pas convaincue par la démonstration : ce que vous faites
est à trop petite échelle. Ça ne prouve rien. Alors, je l’ai fait dans sept villages, mais la
banque n’y croyait pas. Puis, j’ai fait ces prêts dans un district entier que les banquiers
avaient identifié pour moi. Ils n’étaient toujours pas convaincus. Alors, j’ai décidé de créer
ma propre banque… »7.
Ce travail a été approuvé et récompensé par le prix Nobel de la paix en 2006. Olé
Danbolt Mjoes, président du comité Nobel a déclaré que « Une paix durable ne peut pas être
obtenue sans qu’une partie importante de la population trouve les moyens de sortir de la
pauvreté » quand il a expliqué le choix fait parmi les 191 candidats.
3. A Madagascar
Les défaillances du système bancaire en milieu rural ont favorisé la création des
Institution de microfinance à Madagascar. L’histoire de la microfinance comporte trois
périodes distinctes : avant 1990, de 1990 à 1996 et 1996 à nos jours. Ainsi, l’origine de la
microfinance à Madagascar remonte à une vingtaine d’années.
Avant 1990, il y avait encore aucune Institution de microfinance à Madagascar mais il
y avait la BTM ou « Bankin’ny Tantsaha Mpamokatra » qui était la seule banque intervenant
dans le secteur de la microfinance. Ses activités étaient limitées à l’octroi de crédit aux
paysans et elle n’atteignait qu’une petite partie de la population rurale. Suite à la privatisation
dans le secteur bancaire dans les années 90, BTM est devenue BOA et elle continuait à
intervenir en faveur du secteur de la microfinance mais elle s’arrêtait après sa récente
privatisation.
6 ORIANE N., RANDRIANATOAVINA P., 2010.Le developpement des organismes de microcredit, p 9
7 Extrait de « Base Arrière » de septembre 1992, Fondation pour le Progrès de l’Homme.
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La période de 1990-1996 est appelée la phase d’émergence des IMFs. Elle a été
surtout favorisée par les interventions des bailleurs de fond, du gouvernement et des
opérateurs techniques spécialisés. Des IMFs mutualistes comme l’Association d’Epargne et
de Crédit Autogérée ou AECA, les Caisses d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuels ou
CECAM, l’Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola ou OTIV et le TIAVO ou Tahiry
Ifamonjena Amin’ny Vola se sont crées avec l’encadrement technique des opérateurs
spécialisés. Il avait aussi des institutions non mutualistes qui se sont crées en même temps
comme le SIPEM ou Société d’Investissement pour la Promotion de l’Entreprise à
Madagascar, l’APEM ou Association pour la Promotion des Entreprises à Madagascar et
l’EAM ou Entreprendre A Madagascar.
Et puis depuis 1996, on parle de phase de développement et de croissance. Il y a une
forte extension géographique et consolidation des réseaux existants, il y a aussi une arrivée de
nouveaux acteurs sur le marché comme le Mutuel d’Epargne et de crédit de l’INSCAE, le
VATSY dans la région de Vakinakaratra, le MAHAVOTSE à Androy et beaucoup d’autres.
En décembre 2003, on a même mis en place la Cellule de Coordination Nationale de la
Microfinance et on a aussi élaboré un Document de Stratégie National de Microfinance. En
Septembre 2005, une loi relative à l’activité et au contrôle des institutions de microfinance a
été décrétée pour fixer les formes juridiques des IMF. Et c’est ainsi que s’est développée la
microfinance à Madagascar.
I.2- Définitions de la microfinance
1. Définition du terme microfinance
Selon Jean Michel Servet, la microfinance est caractérisée par « le faible montant des
opérations, la proximité non seulement spatiale, mais aussi mentale et sociale entre
l’organisation et la population cible, et la pauvreté supposée des client(e)s ou l’exclusion
qu’elles ou ils subissent »8.
Selon Jonathan Morduch, président du groupe d’expert des Nations Unies sur les
statistiques relatives à la pauvreté mondiale : « La microfinance s’illustre comme étant l’outil
le plus prometteur et le moins coûteux de la lutte contre la pauvreté mondiale ».
Selon l’article 3 de la LOI n° 2005 – 016 relative à l'activité et au contrôle des
institutions de microfinance adopté par l’Assemblé nationale malgache et le Sénat du 27 Juin 8 SERVET J.M., 2006. Banquier aux pieds nus. La microfinance.
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20059 : « Est définie comme activité de microfinance, l’offre à titre habituel de services
financiers de proximité à des personnes physiques ou morales n’ayant généralement pas
accès au système bancaire traditionnel. Ce sont des services d’épargne et de crédit qui sont
nécessaires pour promouvoir ou soutenir des activités génératrices de revenus permettant à
cette catégorie de population d’améliorer son niveau de vie, d’atteindre une meilleure
intégration sociale et d’accéder à un développement humain durable. »
La microfinance est donc un moyen de mettre des systèmes financiers au service des
pauvres n’ayant pas accès aux institutions financières classiques. C’est un instrument
considéré comme puissant pour la lutte contre la pauvreté. La microfinance désigne l’activité
de collecte d’épargne et de financement des petits travailleurs ruraux et urbains.
De façon plus générale, la microfinance réfère à une vision du monde où le maximum
de foyers pauvres ou assimilés peuvent avoir un accès permanent à une gamme de services
financiers de grande qualité et adaptés à leurs besoins, incluant non seulement le crédit mais
l'épargne, l'assurance et les transferts de fonds. En principe, la microfinance peut recouvrir
toutes les démarches ayant pour but d'accroître les accès ou d'améliorer la qualité des services
financiers auxquels les pauvres peuvent recourir.
2. Objectifs de la microfinance
Au début, l’objectif de la microfinance était de soulager de la façon la plus immédiate
possible la souffrance des populations précarisées. Cet objectif l’est toujours jusqu’à
aujourd’hui mais il s’est évolué.
De manière globale, l’objectif de la microfinance, surtout la microfinance à
Madagascar, c’est de rendre les services financiers accessibles au plus grand nombre possible
de gens pauvres de manière pérenne. Pour ce faire elle a deux objectifs spécifiques qui sont
de :
- Favoriser l’accès des petits producteurs exclus du circuit bancaire à des services
financiers de proximité et adaptés à la taille de leurs activités (micro-
entreprises/microcrédit). Dans ce cas son rôle c’est d’augmenter le revenu, de créer
des entreprises viables et d’aider les gens à sortir de la pauvreté
- Réaliser une meilleure collecte de l’épargne des ménages et des petits entrepreneurs
pour réinjecter dans le circuit économique.
9 Assemblé Nationale malgache et le Sénat, 27 juin 2005.Article 3 de la LOI n° 2005 – 016 relative à l'activité et au contrôle des institutions de microfinance.
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3. Les principaux axes
La microfinance vise surtout les micro-entrepreneurs, elle les incite à produire.
Produire la quantité optimale s’ils ne demandent que des renforcements de crédit, à assurer
leur production et à prendre aux sérieux leurs activités s’ils demandent un financement d’un
nouveau projet. Beaucoup de gens ont des meilleurs idées et des ambitions de réussir mais ne
se dotent pas de capitaux propre pour démarrer leur activité et c’est là qu’intervienne la
microfinance.
4. La différence entre la microfinance et les activités de crédit classique
4.1- Microfinance et microcrédit
Aujourd’hui encore, beaucoup de personne confondent la microfinance avec le micro
crédit et pour le grand public en particulier, ils sont indifférents et désignent la même activité.
Pourtant, la microfinance se diffère de la micro crédit par le fait que ce dernier n’est qu’une
des déclinaisons particulières de la microfinance. Pour plus de précision, la microfinance
désigne les dispositifs permettant d’offrir des crédits de faible montant que l’on appelle :
« micro crédit » à des familles pauvres pour les aider à conduire des activités productives ou
génératrices de revenus leur permettant ainsi de développer leurs petites entreprises.
Le secteur du microcrédit s’est développé avec le temps mais ne porte que sur le crédit
et son environnement c'est-à-dire le garantie, la fiscalité, la préparation, le suivi. Devant cela,
la microfinance, elle aussi s’est élargie pour inclure désormais une gamme de services plus
larges tels : crédit, épargne, assurance, transfert d’argent,… et une clientèle plus étendue
également.
Actuellement, la microfinance ne se limite plus à l’octroi de micro crédit aux pauvres
mais bien à la fourniture d’un ensemble de produits financiers à tous ceux qui sont exclus du
système financier classique ou formel.
4.2- Microfinance et banque
On apprécie cette distinction par rapport aux caractéristiques du crédit à octroyer c'est-
à-dire en volume. Les banques classiques ne prêtent que des sommes à grandes valeurs tandis
que la microfinance est destinée au pauvre donc plus souple. Dans certains cas les banques
financent des agences de microfinance.
8
La différence principale par rapport au crédit bancaire est que la mirofinance est
orientée vers une cible nouvelle : les pauvres et les exclus. Elle reconnait leurs talents, leurs
besoins et leurs capacités à rembourser les prêts au lieu de les éliminer parce que les
méthodes, les critères et les garanties ne sont pas adaptés à leur situation, elle invente des
méthodes et des garanties qui leurs conviennent. Au lieu de leurs imposer l’objet de leur prêt,
elle est à l’écoute de leurs besoins, elle leur permet ainsi de découvrir que les gens exclus du
crédit bancaire sont, comme les autres, dotés de l’esprit de l’entreprise, de la capacité de
jugement, et qu’au surplus ils remboursent plutôt mieux que les riches. La méthodologie de
crédit bancaire dans les pays pauvres se fonde généralement sur les actifs et repose largement
sur le gage et autres garanties matérielles pour assurer le remboursement. A l’opposer, en
microfinance les méthodologies de crédit qui fonctionnent reposent, pour leur part, davantage
sur le profil individuel : l’évaluation de crédit est centré sur la volonté et la capacité des
clients à rembourser, plus que sur les actifs pouvant être saisie en cas de non remboursement.
II. Les activités entreprises par la microfinance
Aucune intervention ne peut, à elle seule, éliminer la pauvreté10. Les pauvres ont
besoin d’un emploi, d’instruction et de soin de santé. Certains des individus les plus pauvres
ont besoin de bénéficier de transfert de revenus ou de secours immédiats pour survivre. Les
micofinances contribuent donc à réduire la pauvreté et à atténuer ses effets de multiples de
manières concrètes. Et de plus, au fur et à mesure que les programmes améliorent, ils peuvent
servir les clients bien au-delà de ce que leur permettraient les rares ressources que peuvent
leur procurer les bailleurs de fonds.
II.1- Les différentes natures des IMF
1. Les microfinances mutualistes
Les Institutions financières mutualistes sont constituées par des caisses primaires,
rurales ou villageoises pratiquant la collecte de l’épargne et l’octroi des crédits aux membres
comme a fait Raffeisen en Rhénanie en 1846. Ces caisses de base sont gérées par les membres
eux-mêmes. Chaque personne dans membre a le même droit c'est-à-dire "une personne, une
10LITTLEFIELD E., MORDUCH J. Et HASHEMI S., juin 2003. La microfinance est elle une strategie efficace pour atteindre les objectifs du millenaire pour le developpement ?p 4
9
voix". Les résultats des exercices des Institutions ne sont pas redistribués sous forme de
dividendes mais réincorporés afin d’augmenter les moyens d’autofinancement et de rendre
pérenne l’activité financière. Les caisses de base se regroupent en unions, puis en fédération,
voire même en réseaux afin d’augmenter la capacité financière et l’envergure de l’institution
financière.
Les principales institutions financières mutualistes à Madagascar sont les suivantes :
Action pour le Développement et le Financement des micro-entreprises (ADéFi)
Association Mutualiste d'Épargne et de Crédit (AECA Union AVOTRA) Association Mutualiste d'Épargne et de Crédit (AECA Union TAFITA) Association Mutualiste d'Épargne et de Crédit (AECA Union TSARAJORO) Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola (OTIV Unité de Promotion) Tahiry Ifampisamborana Amin'ny VOla (TIAVO Union FITTIA) Union interrégionale des Caisses d'Épargne et de Crédit Mutuel (UNICECAM)
2. Les microfinances non mutualistes
Ce sont toutes les Institutions Financières de la Microfinance qui ont choisi la forme
juridique autre que mutualiste à travers leurs activités financières classiques. Il n’existe pas
d’unicité des IMF non mutualistes, mais plutôt une double distinction entre :
- celles qui peuvent collecter l’épargne du public et celles qui sont limitées à l’octroi de crédit
- celles qui sont contraintes au statut de société anonyme (société de capitaux) par la loi et
celles qui peuvent adopter d’autres formes (associations à but non lucratif notamment).
Les institutions de la microfinance non mutualistes à Madagascar s’associent dans
l’AIM ou l’Association des Institutions de Microfinance non mutualistes. L’AIM est une
association à but non lucratif régie par l’ordonnance n° 60 133 du 03 Octobre 1960. L’AIM
assure la représentation du mouvement de microfinance non mutualiste et la sauvegarde des
intérêts professionnels des membres au niveau national, elle fournie des soutiens techniques
dans la constitution de ces institutions, elle encourage la coopération entre les différentes
institutions impliquées dans le développement des systèmes de microfinance décentralisés
non mutualistes, elle veille à l'application par ses membres des textes régissant le secteur
financier, en général, et des textes régissant le mouvement de la microfinance non mutualiste,
en particulier et de manière générale elle effectue toutes opérations se rattachant directement
ou indirectement à son objet ou à tout autre objet similaire ou connexe, de la manière la plus
étendue.
10
Les principales institutions financières non mutualistes à Madagascar sont les suivantes : APEM : Association pour la Promotion de l'Entreprise à Madagascar ;
SIPEM : Société d'Investissement pour la Promotion des Entreprises à Madagascar
II.2- Les principaux types de produits offerts
1. Les crédits aux très petites entreprises
Le financement des TPE appelle des techniques spécifiques parce que les garanties
classiques, ainsi que l’analyse des dossiers et le suivi des remboursements bancaires ‘types’
sont inadaptés. Il s’agit d’un métier en soi différent de celui des banques classiques, qui
connaissent mal ce segment en général. Aujourd’hui, les IMF n’entre encore que très
partiellement dans la satisfaction des besoins de ce segment. Elles commencent par accorder
des microcrédits à court terme, cela couvre une partie des besoins de ces petites entreprises,
mais une faible partie seulement.
Ce ne sont pas toutes les IMF qui peuvent se lancer sur ce segment du financement des
TPE : pour débuter, il est préférable de privilégier les entreprises saines, ayant une activité
établie (par exemple, depuis plus de cinq ans), et ne présentant pas des risques trop élevés.
2. Le crédit bail ou leasing
Le crédit-bail (ou leasing-purchase agreement, de l'anglais) est un mode particulier
de financement des investissements, où la société de crédit-bail met un bien d'équipement à la
disposition d'une entreprise pour une période déterminée, contre un paiement d'une redevance
périodique. Au terme du contrat, l'entreprise a généralement le choix entre plusieurs options :
restituer le bien, l'acquérir pour un montant défini lors de la conclusion du contrat ou
renouveler le contrat à des conditions le plus souvent moins coûteuses. L'entreprise n'étant pas
propriétaire du bien tant qu'elle n'a pas levé l'option d'achat, ce dernier ne figure pas au bilan
de celle-ci mais elle est néanmoins tenue de le mentionner dans certains documents comme
l'annexe au bilan ainsi que dans la liste des engagements donnés.
A titre d’exemple, le CECAM à Madagascar offre du crédit de campagne pour la
production agricole, des crédits de stockage, des crédits de court terme pour activités para-
agricoles et commerciales, des crédits sociaux, ainsi que des crédits pour l’acquisition de
matériel de production, la location vente mutualiste.
11
3. Services d’épargne
Les IMFs se dotent de deux types d’épargne : épargne obligatoire et épargne
volontaire (ou “ libre”). On parle d’épargne obligatoire lorsque l’IMF oblige ses clients ou
membres à épargner sur une base régulière et systématique (elle en fait par exemple une
condition d’accès au crédit). Cette épargne est souvent bloquée sur un compte. Par opposition,
pour l’épargne volontaire, l’épargnant est libre de déposer ou non son argent, et de réaliser des
retraits, dans la limite du produit proposé (voir plus loin la distinction entre dépôts à vue et
dépôts à terme, à titre d’exemple). L’épargne volontaire est donc instable et il intéresse moins
les institutions de microfinance alors que l’épargne obligatoire est stable et elle constitue un
outils très utile, elle est utilisée comme garantie des prêts, c’est-à-dire que les clients ne
peuvent pas retirer leur épargne obligatoire tant qu’ils n’ont pas remboursé leurs prêts.
4. Micro assurance
« La micro-assurance est un mécanisme de protection des personnes à faible revenue
contre les risques ( accident, maladie, décès dans la famille, catastrophe due aux aléas
naturels,…) en échange du paiement des primes d’assurance adaptées à leur besoin et niveau
de risque. Elle cible principalement les travailleurs à faible revenue dans les pays en voie de
développement, particulièrement ceux travaillant dans le secteur informel qui sont souvent
mal desservis par les assureurs commerciaux et les systèmes d’assurance sociale »11.
Lorsqu’une IMF envisage de proposer un produit d’assurance, il lui est tout d’abord
nécessaire d’analyser attentivement les aspects suivants :
• Un environnement réglementaire favorable
• Des capacités institutionnelles suffisantes
• Une compréhension claire de la demande
• Une compréhension des concurrents et partenaires potentiels
11 BIT, 2008. Fond pour l’innovation en micro-assurance
12
Chapitre II- THEORIES ECONOMIQUES MESURANT
L’EFFICACITE DE LA MICROFINANCE
Plusieurs théories économiques peuvent contribuer à élucider les performances de la
microfinance du point de vue des organisations de microfinance et des bénéficiaires de leurs
services financiers. M ais nous allons plutôt nous concentrer sur la théorie de l’asymétrie
d’information ainsi que la théorie des couts de transaction que j’estime les plus explicatifs des
performances en microfinance. En fonction des approches retenues, l’appréciation des
performances de l’institution de la microfinance s’articulera autour des concepts tels que
l’efficacité institutionnelle, la viabilité financière et l’efficacité productive.
I. Théorie de l’asymétrie d’information
L’asymétrie d’information permet d’analyser des comportements et des situations
courantes de l’économie du marché. Elle implique qu’un des participants à l’échange dispose
d’une information « privée », qu’il cache à l’autre partie. Cette théorie est un élément
fondamental d’innovations théoriques et de relecture des faits économiques. Elle a permis de
comprendre des échecs de marché, des insuffisances d’incitation, et de proposer des
améliorations de politiques et de contrats économiques
Dans la relation de crédit, l’information apparait en effet asymétriquement distribuée.
On concevra aisément que l’emprunteur dispose d’une meilleure information que le prêteur
sur les paramètres qui vont déterminer la rentabilité effective du projet et ensuite en
gouverner le partage des revenus12 .
I.1- Définition de la théorie
1. Contexte et auteurs
Georges A. Arkelof a obtenu son doctorat au MIT en 1966. Akerlof a consacré une
large partie de sa recherche sur les imperfections de marché au problème des asymétries
d’information. L’asymétrie d’information est chose courante sur les marchés. Elle implique
qu’un des participants à l’échange dispose d’une information « privée », qu’il cache à l’autre
12 Tshimpaka F. K., 2007. La restructuration de l’espace microfinancier du Kivu, p269
13
partie. Il privilégie l’exemple du marché de voiture d’occasion13 sur lequel le vendeur
connaît mieux que l’acheteur la qualité de sa voiture. Il était inspiré par le questionnement
suivant : pourquoi une voiture à peine utilisée subit une décote importante sur le marché de
l’occasion ? Il montre que pour se prémunir des vices cachés de véhicules de mauvaise
qualité, les acheteurs intéressés proposent des prix délibérément faibles. Insatisfaits par les
prix proposés, les vendeurs de véhicules de bonne qualité quittent le marché, ne laissant alors
disponibles à la vente que des produits de mauvaise qualité. Un phénomène de « sélection
adverse » (ou « anti sélection ») est donc à l’œuvre : les voitures de piètre qualité chassent du
marché les bonnes voitures. L’asymétrie d’information conduit ainsi à un équilibre inefficace.
Cela contredit donc l’hypothèse de transparence de l’information du modèle de concurrence
pure et parfaite. Des individus rationnels qui maximisent leur utilité sont donc prêts à avoir
des comportements opportunistes qui risquent de compromettre le fonctionnement du marché.
La contribution très novatrice d’Arkelof montre qu’une asymétrie d’information entre
les prêteurs et les emprunteurs explique les taux d’intérêts très élevés dans les pays du tiers
Monde.
Michael Spence a obtenu son doctorat à Harvard en 1972. Il s’est fait connaitre par
ses travaux sur le fonctionnement des marchés en asymétrie d’information en étudiant les
moyens que peuvent mettre en œuvre les agents économiques qui ne disposent pas des mêmes
informations pour concevoir des formes de contrats qui protègent leurs intérêts réciproques. Il
a montré par un exemple que par le biais d’une formation supérieure ou en choisissant une
filière de formation extrêmement difficile, un étudiant peut tenter de signaler à un futur
employeur qu’il possède des qualités uniques. Spence a ainsi été le premier à mettre en
lumière que les producteurs ou les consommateurs peuvent envoyer des signaux pour
informer les agents économiques des caractéristiques ou des particularités de leurs produit ou
services
Joseph E. Stiglitz a obtenu son doctorat au MIT en 1967. Il a apporté une réponse aux
problèmes d’anti sélection de la part des acteurs les moins informés. Ces acteurs obtiennent
généralement de l’information auprès des acteurs mieux informés : c’est le processus de
« screening » (criblage ou dépistage). Il a démontré comment et quand les agents
13 George Arkelof, 1970. "Le marché des voitures d’occasion : incertitude sur la qualité et mécanisme de marché"
14
économiques les moins informés pouvaient améliorer leurs revenus ou leurs résultats par le
moyen de procédure de criblage.
Ces trois auteurs sont les auteurs de référence de cette théorie. Leurs travaux sur
l’analyse des imperfections de marché ont été récompensés par le prix Nobel d’Economie
2001. Ils montrent que le modèle de concurrence pure et parfaite (modèle standard de la
théorie économique), qui suppose notamment que l’information des agents est elle-même
parfaite, est une approximation très éloignée de la réalité.
2. Les grands principes de la théorie
On peut citer deux situations d’asymétrie d’information : d’une part l’anti sélection ou
sélection adverse et d’autre part l’aléa moral.
2.1- La sélection adverse
Elle désigne un effet perver du fonctionnement du marché résultant de problèmes
informationnels qui surviennent lorsqu’il y a inobservabilité d’une caractéristique inaltérable
du bien échangé. Il y a question d’asymétrie d’information ex-ante. Par exemple, sur le
marché des biens et services, les acheteurs observent imparfaitement la qualité des biens et les
vendeurs ont intérêt à surestimer le prix. Les acheteurs ne peuvent donc ni avoir confiance
dans les déclarations des vendeurs, ni déduire qu’un prix élevé signifie une bonne qualité.
Ainsi les vendeurs des biens de bonne qualité, qui valent un prix élevé, peuvent être dans
l’impossibilité de vendre leurs produits à leur véritable prix. L’exemple célèbre d’un tel cas
est le marché de voiture occasionnée avancé par Arkelof qu’on a cité précédemment. Dans
une telle situation, Arkelof propose un prix unique qui pourrait être un prix moyen mais ceci
expulsera les vendeurs de produit de bonne qualité et il n’y aura plus que des ventes des
modèles médiocres sur le marché. L’asymétrie d’information exclut donc du marché les
produits de bonne qualité au profit des produits de moindre qualité et c’est ce qu’on appelle
sélection adverse ou anti-sélection.
Les deux principaux mécanismes de marché qui apparaissent comme étant des
réponses au problème de la sélection adverse sont le signal de Spence et le criblage de
Stiglitz. Ce dernier est le fait de la partie non informée qui consiste à proposer un menu de
contrat qui, après auto-sélection sur la base des prix non linéaires, de distinguer entre les
différentes qualités de biens ou d’individu. D’autres solutions peuvent être avancé pour faire
15
face à la sélection adverse14 : du coté du vendeur, il peut proposer un système de garantie aux
acheteurs afin de se donner une image de sérieux et de crédibilité, du coté de l’acheteur, il doit
tenter de s’informer au maximum à partir des donnés observable sur le produit ou l’entreprise
et enfin une solution externe peut être avancée comme une instauration de règlementation qui
rend obligatoire la révélation de tout ou partie de l’information par le vendeur.
2.2- L’aléa moral
C’est un problème d’asymétrie d’information ex-post. C’est une absence de
connaissance parfaite du comportement après achat qui conduit à une situation où le marché
ne peut être traité de façon globale, chaque cas devient particulier15. Un exemple est souvent
cité en économie de l’assurance, celui de l’assurance contre l’incendie et le vol. La question
qui se pose est de savoir si l’assuré prendra autant de précaution après s’être assuré qu’il en
prenait avant pour éviter le vol ou l’incendie. Le comportement caché de l’assuré modifie la
nature de l’équilibre par rapport à celui observé là où le comportement est rationnel et
prévisible. On distingue alors deux types de situations : dans le premier cas, l’individu non
informé (le principale) ne peut apprécier l’action de son partenaire ( l’agent), celui-ci est donc
tenté d’agir dans son propre intérêt et d’annoncer au principal que les mauvais résultats des
évènements indépendants de sa volonté ; et dans le second cas, le principale non informé peut
observer l’action mais ne peut vérifier si elle est appropriée. Par exemple un garagiste peut
choisir de remplacer une roue et la poser parfaitement alors qu’une simple réparation de pneu
aurait suffit.
La solution est donc d’inciter l’agent qui dispose d’une information privée à prendre
une décision optimale pour l’individu non informé. Et un moyen pour s’en sortir c’est de
trouver une procédure incitative pour motiver l’agent à coopérer avec son principal. Le
principal peut par exemple proposer un contrat qui stipule un paiement en fonction du résultat
ou des contrats qui instaurent une compétition sur les résultats, ou encore proposer aux agents
de collaborer pour une longue période car la durée de la relation permet de mieux connaitre
l’effort moyen fourni par l’agent.
14Garcia R., 1986. La théorie économique de l’information : exposé synthétique de la littérature,p. 90 15 Op.cit, p : 92
16
3. Les effets de l’asymétrie d’information
L’asymétrie d’information fait que16 :
-Le prix n’est plus un parfait signal de la valeur du bien puisque pour un même prix, il
est possible d’obtenir des biens de différentes qualités.
-Le prix ne peut plus jouer son rôle d’information car l’agent victime d’une manque
d’information risque de sélectionner un produit qui ne correspond pas au prix affiché.
-Et l’élévation du taux d’intérêt sur le marché de crédit pour permettre aux banquiers
de se couvrir de la probabilité de tomber sur de mauvais emprunteurs ;
II .2- Les stratégies utilisées par la microfinance pour faire face au
problème d’asymétrie d’information
Conscient de ce que la transaction risque d’avoir lieu dans des mauvaises conditions,
le prêteur est amené à rationner le crédit c'est-à-dire à réduire le montant ou en refuser l’octroi
aux emprunteurs apparemment véreux. Comme les clients de la microfinance sont déjà des
gens exclus de la banque, alors leur risque est de plus en plus élevé : elle ne peut distinguer
parmi les emprunteurs potentiels ceux qui pourront s’acquitter de leurs engagements de ceux
qui ne le pourront pas et il y a aussi risque dû à l’opportunisme comportemental de
l’emprunteur. Or le rationnement de crédit n’est pas solution adéquate face à ces risques car
un client non satisfait par le crédit accordé par une institution se voit obliger de recourir
simultanément à plusieurs sources de financement et il multiplie son coût de crédit donc le
risque de crédit.
Pour mieux affronter ces risques, les institutions de microfinance adoptent des
mécanismes ou des techniques novatrices. Il s’agit des prêts de groupe à base de caution
solidaire et des incitations dynamiques offerts aux clients.
1. Prêts de groupe à base de caution solidaire
C’est un mécanisme de lutte contre la sélection adverse dans une relation de crédit. Le
prêt de groupe de caution solidaire est un mécanisme de crédit très utilisé dans des institutions
de microfinance opérant en milieu pauvre. Etant donné que le problème principal auquel se
16 Fondement théorique de l’efficacité de la microfinance, Chapitre 3 p : 9
17
heurte les micro-entreprises et les pauvres est l’absence de garantie réelle, une solution
consiste à faire supporter le risque par un ensemble de personne. Cette technique a des
avantages qu’on va énumérer ci-après.
1.1- La sélection de bon risque
En règle générale, les emprunteurs acceptant de former un groupe caution solidaire se
connaissent bien. On considère donc que l’information est parfaite entre eux. Ils se
témoignent réciproquement qu’ils constituent un groupe et si l’un d’entre eux est réputé
capable de jouer faux jeu, il ne sera pas admis comme membre du groupe à constituer. Les
bons risques se sélectionnent donc entre eux.
Pour éviter des risques, les membres de groupes ne doivent pas être de la même
famille (frère, sœur, père/mère), ils ne peuvent exercer la même activité ou plus précisément
ils ne doivent pas vendre les même biens car la chute des prix d’une marchandise peut rendre
tout le groupe insolvable, tous les membres ne doivent pas vendre dans le même endroit mais
doivent habiter dans le même quartier ou commune pour la surveillance mutuelle et les visites
des agents de crédit17.
1.2- La maîtrise du risque de défaut
Puisque les membres d’un groupe se connaissent bien et se font confiance, alors ils
s’engagent solidairement les uns contre les autres. Cet engagement est peut-être la toile de
fond de tout crédit groupé. En effet, chaque membre du groupe est responsable et redevable
de la totalité du crédit même s’il n’a pas encore bénéficié du prêt. La responsabilité conjointe
garantit le remboursement du crédit à l’institution de la microfinance malgré la défaillance de
l’emprunteur car les emprunteurs se connaissent bien et disposent mieux que le prêteur des
moyens pour se faire rembourser. Ainsi, le risque s’en trouve maitrisé.
1.3- La possibilité d’accroissement du montant des prêts
Dans une logique strictement séquentielle de prêt de groupe, le fait que l’organisation
de microfinance accorde du crédit à tour de rôle à chaque membre d’un même groupe libère
celle-ci de la pression de devoir accorder simultanément un crédit à tous ses clients.Il est doc
possible, en fonction des ressources prêtables, que le montant moyen accordé à chaque
membre soit plus important.
17 Op.cit
18
2. Les incitations dynamiques et les autres facteurs
Des incitations dynamiques et certains autres facteurs culturels peuvent être
considérés comme des mécanismes visant à lutter efficacement contre l’aléa moral.
Pour révéler les bonnes informations cachés par l’emprunteur ou ses véritables
intentions ou actions, le prêteur peut adopter des techniques de prêts progressifs ou par pallier.
Des prêts de ce type permettent de nouer une relation contractuelle durable entre prêteurs et
emprunteurs et impliquent pour un remboursement sans incident du prêt, le blocage du second
plus important et ainsi de suite.
Mais la portée de cette technique est limitée par la concurrence que peuvent se livrer
les IMF et par le degré de mobilité spatial des emprunteurs.
Dans certains milieux, le recours à certains facteurs culturels peut aussi permettre de
lutter contre l’opportunisme comportemental de la part des emprunteurs. L’invocation de
Dieu et sa crainte en tant qu’Omniprésent, Omniscient, et Omnipotent est un facteur de
réduction de défaut stratégique18.
II. Théorie des coûts de transaction
Olivier Williamson a consacré sa vie à la recherche théorique sur les couts de
transaction. Il est partie d’une analyse de deux formes extrêmes de mode de gouvernance du
marché et de la firme avant d’étudier les formes hybrides comme les alliances et les contrats.
Il a ainsi pu établir des propositions normatives permettant aux agents économiques de choisir
le mode de gouvernance qui serviront d’institution pour leurs transactions aux moindres couts.
Il y a transaction lorsque deux agents spécifient contractuellement la date et le lieu d’échange
d’un bien particulier.
II.1- Définition de la théorie
Un coût de transaction est un coût lié à un échange économique, plus précisément une
transaction sur le marché. Ce coût n’existe pas dans le cadre de la concurrence pure et
parfaite. Il concerne plus précisément les ressources utilisées pour effectuer le transfert de
droit de propriété qui incluse la recherche d’information, la négociation des contrats, la
18 Op.cit
19
standardisation des biens, les honoraires des conseils juridiques et la fiscalité appliquée à ces
transactions.
1. Contexte et origine
1.1- Origine des couts
L’idée de ce coût a été évoquée pour la première fois par Ronald Coase.Il explique
que : « Lorsque l’on souhaite opérer une transaction sur un marché, il est nécessaire de
rechercher son ou ses contractants, de leur apporter certaines information nécessaire et de
poser les conditions du contrat, de conduire les négociations instaurant ainsi un véritable
marché, de conclure le contrat, de mettre en place une structure de contrôle des prestations
respectives des obligations des parties, etc.»19
L’origine des coûts de transaction entre deux individus apparait ainsi directement liée
à des facteurs comportementaux naturellement présents chez l’homme : la rationalité limitée
et l’opportunisme. On conçoit la théorie des coûts de transaction comme un prolongement des
théories fondées sur l’asymétrie d’information.
1.2- Les coûts composants du coût de transaction
Les coûts de transaction désignent le prix de la mise en œuvre d’une transaction entre
deux agents individuels ou collectifs. D’une manière assez détaillée, ils se décomposent en20 :
- Coût de collecte des informations relatives aux clients potentiels ;
- Coût de traitement de ces informations ;
- Coût de passation des accords avec les emprunteurs sélectionnés ;
- Coût de surveillance ou de contrôle d’exécution de ces accords ;
- Coûts des opportunités manquées du fait de ces accords.
2. Postulats comportementaux de la théorie
La théorie des coûts de transaction repose sur trois hypothèses que sans eux on ne peut
pas dire qu’il a un coût de transaction. Ce sont : la spécificité des actifs, le risque
d’opportunisme et la rationalité limitée.
19COASE R., 1937. The nature of the Firm 20GOMEZ P., La théorie des coûts de transaction, EM Lyon, p : 9
20
2.1- La spécificité des actifs
Tous les objets échangés ne sont pas de même nature. Certains objets ne
peuvent pas être réutilisés pour un autre échange. D’autres au contraire sont absolument
neutres et peuvent être échangés quels que soient les contractants. Donc là on introduit une
subtilité supplémentaire pour mieux caractériser des marchés. Sur les marchés, tous les objets
ne sont pas homogènes, comme le prétend une certaine micro économiste, ils sont hétérogènes
dans la mesure où leur usage, dans certains cas, n’est pas indépendant des contractants. C’est
ce qu’on appelle la spécificité des actifs. .Un actif est donc considéré comme spécifique si son
usage est limité au regard de la fonction qu’il remplie ou au regard des individus qui
l’utilisent. « La spécificité d’un actif se définit en référence au degré avec lequel un actif peut
être redéployé pour un autre usage ou par d’autres utilisateurs sans perte de sa capacité de
production. »21
En matière de crédit, la spécificité de la transaction est à relier à la qualité de
la signature. En effet, lorsqu’on a affaire à un emprunteur de qualité, c'est-à-dire non suspect
d’insolvabilité, le prêt ou la créance parait peu spécifique. Par contre, une créance sur un
débiteur risqué est plus difficilement négociable. Des risques comme l’absence des garanties
réelles et d’information comptables fiables font l’opération de micofinance une transaction
spécifique. C’est à ce titre justement que les clients des IMF sont des exclus du secteur
financier officiel.
2.2- Le risque d’opportunisme
Ici on revient aux deux composantes de l’asymétrie d’information qui sont la sélection
adverse et l’aléa moral qu’on a déjà évoqué dans le chapitre précédente. Il est très important
de comprendre que l’opportunisme est normal dans le cadre de cette théorie. Ca ne veut pas
dire que tous les acteurs sont mauvais ou méchants, ou encore qu’ils cherchent à tromper ou à
ruser. Ca veut dire que si on postule l’autonomie des acteurs, il est naturel d’anticiper qu’ils
vont chercher à défendre plutôt leur intérêt personnel que l’intérêt collectif. C’est une
conséquence du modèle. Tant mieux s’ils ne sont pas opportunistes, tant mieux s’ils cherchent
l’intérêt de leur cocontractant, le problème c’est qu’ils peuvent être opportunistes, qu’ils
peuvent ne pas vouloir le bien du contractant et que ce simple risque oblige le contractant de
se prémunir de l’opportunisme. On peut même dire qu’à la limite, même si l’opportunisme
n’existait pas, le simple fait qu’il puisse exister crée les conditions nécessaires à la 21 Ghertman M., 2003. « Oliver Williamson et la théorie des coûts de transaction
21
contractualisation. Il faut contractualiser, il faut signer des contrats pour se prémunir d’un
opportunisme, fût-il potentiel.
2.3- La rationalité limitée
Dans la théorie économique classique, les acteurs de l’échange sont supposés agir de
manière rationnelle (rationalité absolue), mais que va-t-il se passer lorsque la transaction
prend du temps ? L’acteur rationnel n’est pas en mesure d’anticiper tous les cas de figure
c'est-à-dire que sa rationalité est limitée. Comment vont donc les acteurs rationnels et
autonomes se comporter lorsque l’échange n’est pas instantané, mais se déroule dans le
temps ? Dire que la rationalité est limitée signifie que l’acteur ne peut pas traiter un nombre
d’informations ou anticiper un nombre de situations infiniment extensible et cela, pour des
raisons techniques, cognitives. Ca ne veut pas dire que la rationalité n’est pas substantive,
qu’elle n’est pas liée à l’individu. Mais elle est limitée, elle ne peut pas intégrer tous les cas de
figure, en particulier quand la transaction se déroule dans le temps.
II.2- Impacts de l’existence des coûts de transaction sur la
microfinance
A l’issue de l’ébauche de la mesure concrète des coûts de transaction, il importe
d’examiner comment l’évaluation de l’efficacité productive des institutions de la
microfinance peut être améliorée et comment leur viabilité peut être abordée grâce à la théorie
des coûts de transaction.
1. Améliorations de l’efficacité productive des organisations de la
microfinance
Pour justifier le mécanisme de financement efficace des microfinances en faveur des
micro-entreprises, ils doivent occasionner un coût total inférieur à celui qu’implique le
recours aux prêteurs individuels. Il faut proposer des coûts financiers suffisamment inférieurs
à ceux des prêteurs individuels afin de compenser le surcoût qui est engendré en coût de
transaction. L’efficacité productive des IMF c'est-à-dire la profitabilité de leurs services
financiers aux micro-entreprises sera donc prouvée si et seulement si cette inégalité est
vérifiée. Au plan théorique, on peut bien imaginer que les coûts de transaction qu’un micro-
22
entrepreneur doit supporter en traitant avec une IMF doivent être inferieur à ceux qu’il
supporterait s’il avait l’opportunité de traiter avec des autres prêteurs ,sinon l’IMF perdrait
toute sa raison d’être. Ainsi, l’existence des IMF se justifie par le fait qu’elles fournissent un
crédit aux pauvres.
La théorie des coûts de transaction suggère plutôt l’adoption par les IMF d’un mode
d’organisation leur permettant d’économiser sur ces coûts. Compte tenu de la forte spécificité
des actifs en microfinance, certains modes d’organisation tels que l’internalisation des
activités ou l’intégration verticale peuvent contribuer à réduire les coûts de transaction et donc
à accroitre l’efficacité productive des organisations de microfinance.
2. La viabilité des institutions
Deux éléments sont essentiels à ce niveau afin de préserver la viabilité d’une
institution de microfinance : le suivi de la qualité du portefeuille et la structure assurant la
sécurisation de l’activité.
On utilise souvent la méthode des ratios pour apprécier la qualité du portefeuille d’une
institution de microfinance. Elle donne une indication sur le sérieux des institutions dans la
gestion de ses avoirs. Une mauvaise gestion du portefeuille peut déboucher sur la faillite et
donc la cessation d’activité. Il faut donc surveiller sans arrêt le portefeuille à risque qui
mesure la partie du portefeuille contaminée par les impayés. Il est complété par les ratios de
pertes sur créance et de couverture de risque, ce dernier représente 100 à 200 % du
portefeuille à risque pour une IMF sinon elle risque de perdre une importante part de son
crédit.
23
Chapitre III - MODE DE FONCTIONNEMENT DE LA
MICROFINANCE
Les grandes institutions pionnières de la microfinance ont démontré que l’offre de
service de ce type peut être financièrement pérenne22. L’utilisation du capital emprunté par
les clients pauvres est si productive, ils sont capables et prêts à payer des taux d’intérêt
suffisant pour couvrir le coût total de ces services. Aujourd’hui, il existe des milliers
d’institution de microfinance dans le monde et peu d’entre elle ont atteint la pérennité
financière. Il y a forcement des raisons à avancer pour déterminer cet échec. Pour ce faire,
allons voir la quantité de la population cible et le taux de pénétration de chaque institution
ainsi que les exigences qu’elles émettent.
I. La population cible et le taux de pénétration
Les groupes cibles de la micro finance sont des publics de manque de revenu23 donc
d'épargne; de crédit; d’emploi; de moyens d'équipement ou des moyens de production et
d’éducation, formation ou d'information. C'est-à-dire une population pauvre incapable
d'organiser une vie autour des services financiers intégrés.
I.1- La population cible
On a déjà répété plusieurs fois auparavant que les clients cibles des IMF sont des
personnes dont les revenus sont faibles et qui n’ont pas accès aux institutions financières
formelles faute de pouvoir remplir les conditions exigées par ces institutions. Nous n’allons
plus revenir là-dessous mais on va quand même donner quelques précisions sur les activités
entreprises par ces personnes.
1. Dans la zone rurale
Ce sont les paysans ou des personnes possédant une petite activité de transformation
alimentaire ou un petit commerçant. Les deux types d’IMF (mutualiste et non mutualiste)
22 Comprendre le secteur de la microfinance, http://microfinancement.cirad.fr/fr/bao/pdf/v2chapitre3.pdf. 23 OUEDRAOGO, cité par INGABIRE 2000 :48 et cite par Ngirumpatse D., 2008.Analyse de l'effet des crédits octroyés par les institutions de microfinance au développement socio-économique de ses membres
acceptent de financer dans ces zones grâce aux facilités d’accès. Nombreuses opportunités
existant en milieu rurale permettent la réalisation des activités de la microfinance. On peut y
voir d’épargne rural non négligeable, de la forte cohésion sociale des villageois, de la
présence des acteurs locaux dynamique dans le village et l’existence d’une demande organisé
et solvable à travers les exploitations agricoles.
Mais il est à mentionner aussi que le financement des activités dans le milieu rural ne
passe pas si facilement. De nombreuses contraintes rendent l’emprunt difficile à gérer surtout
pour le cas de Madagascar. Les principales contraintes de microfinancement dans la zone
rurale sont les suivants24 :
- Coûts d’information et de transaction très élevés en raison du mauvais état des
infrastructures et de l’absence d’historique au sujet de la clientèle
- Faiblesse de la capacité institutionnelle des prestataires financiers en milieu rural due à
la difficulté de recruter des personnels instruits et bien formés dans les petites
agglomérations rurales
- Risques spécifiques dus à la nature même des activités agricoles comme la
pluviométrie irrégulière, la variation des prix des produits agricoles et la saisonnalité
de nombreux produits agricoles.
Ces situations rendent la défaillance des activités de microfinancement dans le milieu
rural. Beaucoup d’entre eux n’arrivent pas à survivre car la rentabilité est faible ou presque
nulle. On entend souvent des institutions financières sous forme d’ONG opérant dans ces
zones qui s’arrêtent après un ou deux ans d’activité car elles n’arrivent plus à survivre, le taux
de remboursement de crédit devient nul non pas à cause des emprunteurs mais de la situation
des produits agricoles et que personne ne peut rien y faire.
Une interview a été faite au sein de la Société d’Investissement pour la Promotion des
Entreprises à Madagascar (SIPEM SA) Andavamamba pendant lequel j’ai pu parler avec
Andry RATSIMBARIVONY, agent chargé de mission, qui est vraiment proche du client et
qui a l’occasion de faire, à chaque projet, une descente sur terrain et un suivi du travail. Il m’a
parlé d’un cas d’un homme qu’il poursuit pendant des semaines à cause de ce problème de
non remboursement, il a avoué que ce n’est pas quand même la faute de ce monsieur s’il
n’arrive pas à payer mais le brusque chute du prix des produits agricoles auquel il entreprend.
24 Dakar consulting and engineering group, Rapport annuel Aout 2010. Etat des lieux sur la microfinance p 20, http://www.gtms.sn/IMG/pdf/Etat_des_Lieux_sur_la_Microfinance_Rurale.pdf
Les irrégularités des revenus sont donc un des éléments qui empêchent l’efficacité de la
microfinance.
2. Dans la zone urbaine
Ce sont les petits commerçants, prestataires de service, artisans, vendeur de rue, etc.
qui sont les bénéficiaires. On les désigne par « micro entrepreneur » et la plupart d’entre eux
travaille dans le secteur informel.
Presque toutes les activités financés par la microfinance sont exercées dans le secteur
informel alors que ceci n’est pas mesuré dans le PIB de la nation25, on peut dire alors qu’elle
travaille à l’aveuglette car elle travaille sans être enregistré. Peut-être que les effets se feront
sentir aux niveaux des bénéficiaires mais on observera presque rien au niveau national alors
qu’on va dire que la microfinance est un outil efficace pour le développement. En plus les
bénéfices des emprunteurs sont alloués dans la satisfaction des besoins alimentaires non pas
pour améliorer leurs activités. Il n’est donc pas étonnant de voir une activité financée qui se
dégrade car il n’y a pas d’amortissement des infrastructures, ni amélioration de mode de
production.
I.2- Taux de pénétration
En marketing, le taux de pénétration du marché est un taux mesurant la couverture du
marché par un produit ou service donné. Il s'exprime en pourcentage et s'obtient par le rapport
suivant : Demande actuelle du produit / Demande potentielle du produit26. L’évolution du
taux de pénétration d’un produit est notamment étudiée pour mesurer efficacité d’une
opération. Le taux de pénétration diffère de la part de marché qui est la part de chiffre
d'affaires de chaque fournisseur par rapport au total des ventes de l'ensemble de ceux-ci, sur
une année par exemple.
25Roesch M., Helies o., 2007. La microfinance, outil de gestion du risque ou de mise en danger par sur-endettement ?, http://www.cairn.info/revue-autrepart-2007-4-page-119.htm 26LOYENS M., 2010. Cours de Technique Commerciale de deuxième année en économie, Département Economie, Faculté DEGS, Université d’Antananarivo
27 Répartition des points de service au 31-12-2012, www.madamicrofinance.mg 28 Voir le tableau de répartition des points de service par région, situation au 31-12-2012
Les idées avancées ci-après sont des idées de ceux qui sont pour sur la positivité des
résultats des IMF mais les limites ainsi que les impacts nous permettront de remettre en cause
cette raisonnement :
- La microfinance est un moyen de financement du monde agricole et rural34,
- C’est un outil pour atteindre un développement humain durable35,
- Elle permet aux individus d’accéder au « secteur formel »36.
- La microfinance aide les pauvres dans la promotion de leurs activités. Selon Michel
Lelart (CNRS-Université d'Orléans), membre du Réseau Entrepreneuriat de l'Agence
universitaire de la francophonie (AUF) : "La microfinance repose sur le lien social et s'en
sert"....."La microfinance est une finance de proximité, proximité géographique bien sûr,
car les personnes se connaissent et se cautionnent parfois mutuellement, mais surtout
culturelle. Elle est toujours adaptée aux besoins, c'est pourquoi elle innove en permanence
: ce sont des services d'assurance, ce sont aussi les services de transferts de fonds utilisés
par les migrants »
- La microfinance protège les pauvres des pratiques de crédit abusives.
Ainsi, la microfinance permet un essor dans nombreux secteurs de la vie humaine.
Ceci n’empêche quand même pas qu’elle ait certaines limites.
II.2- Limites de la microfinance
Le simple fait que la microfinance permet à des milliers, sinon des millions de
personne de se dégager de la situation d’exploitation, de dépendances, et de leur offrir un
espoir de sortir de la pauvreté devrait être un argument suffisant pour reconnaitre son rôle
positif. Mais la question de sortir réellement de la pauvreté reste encore sans réponse exacte.
Si on écoute ceux qui disent que la microfinance réduit vraiment la pauvreté, ils le
présente comme ceci: Premièrement, la microfinance permet aux micro-entrepreneurs
d’investir dans des projets productifs. Deuxièmement, ces projets productifs génèrent un
revenu plus que suffisant pour rembourser le crédit obtenu et ses intérêts. Troisièmement, le
surplus est investi par le micro-entrepreneur dans des éléments permettant l’amélioration des
34 NIYONGABO E., 2008. Défis du financement agricole et rural, rôle pour la microfinance et implications pour les politiques publiques en Afrique subsaharienne. 35BLONDEAU N.La microfinance : un outil de developpement durable ? 36 Audit externe des institutions de microfinance : guide pratique, volume2, Chapitre3 : Comprendre le secteur de la microfinance, http://microfinancement.cirad.fr/fr/bao/pdf/v2chapitre3.pdf
conditions de vie de sa famille. Quatrièmement, et il s’agit ici vraiment d’un aspect implicite,
l’amélioration des conditions de vie des divers micro-entrepreneurs doit déboucher sur
l’amélioration des conditions de vie de la communauté à laquelle ils appartiennent.37
Or, ce premier argument montre déjà deux limites importantes de la microfinance.
Tout d’abord, la microfinance est réservée aux micro-entrepreneurs38, ensuite elle est avant
tout réservée au financement des activités productives39, et même hautement productive si on
considère les marges élevées nécessaires pour supporter les taux d’intérêt exigés. Cette
seconde limite est insistée par le deuxième argument.
Diverses études et expériences montrent qu’en effet, de nombreux micro-entrepreneurs
privés d’accès à des services financiers disposent souvent de projet d’investissement
susceptibles de déboucher sur un rendement suffisant pour assumer les taux d’intérêt
importants exigés par les organismes de microfinancement. Dans un document intitulé « The
microfinance Schism », Jonathan Morduch montre la vision idéalisée de la mocrofinance. Il
dit que les institutions pérennes fourniraient du crédit à des ménages disposant de projet
suffisamment productifs pour assumer des taux d’intérêt élevés. L’argument dont il est ici
question semble suggérer qu’avec un financement à un coût approprié, toutes les micro-
entreprises susceptibles de bénéficier de ce microfinancement peuvent être rentables. Or, de
nombreuses recherches ont montré que si la question des services financiers est en effet
essentielle, elle n’est cependant pas la seule. D’autres difficultés entravent nombreuses micro-
entreprises pour ne citer que les problèmes liés au manque de formation et les problèmes
d’approvisionnement en matières premières.
Deux points remettent en cause le troisième argument. L’étude d’impact sur
l’amélioration du niveau de vie des familles ayant bénéficiée de microcrédit ne permettent pas
d’affirmer de manière définitive, qu’effectivement la microfinance permet à elle seul
d’engendrer un phénomène d’accumulation et de transfert suffisant pour améliorer de manière
identifiable et à long terme les conditions de vie des familles bénéficiaires. L’autre point est
celui de l’existence du surplus. La microfinance permet effectivement d’améliorer les
conditions de financement d’un micro-entrepreneur mais il est malheureusement souvent plus
rare qu’on peut dire qu’ elle leur permet de dégager des surplus40.
37RUTHERFORD S., 2000. The poor and their money, p 24 38 Op.cit. p : 25 39 Op.cit. p : 27 40 Op.cit. p : 28
45
Sur le dernier argument, il faut garder à l’esprit la différence qui existe entre
amélioration individuelle et collective des conditions de vie. Parce que soit on estime que tous
les individus d’une communauté peuvent se convertir en micro-entrepreneurs et donc
lorsqu’on améliore la condition de vie des micro-entrepreneurs, la situation de toute la
communauté sera bonifiée. Soit on pense que l’amélioration de la situation de quelques-uns
aura des retombées indirectes sur tous et profitera ainsi indirectement à toute la
communauté41.
II.3- Impact de la microfinance sur la pauvreté
La microfinance permet de soutenir l’entrepreneuriat d’une clientèle qui n’avait
auparavant pas ou peu accès aux services financiers, elle ne permet ni de créer les conditions
de cet entrepreneuriat ni de fournir des opportunités d’investissement quand elles n’existent
pas ni de protéger totalement contre les aléas qui affectent l’économie. Pourtant, elle n’est pas
pour autant un instrument miracle qui permettrait d’éradiquer définitivement la pauvreté.
1. La microfinance atteint-elle les plus pauvres ?
Bien que la plupart des IMF affiche l’objectif de l’accessibilité élargie des pauvres aux
services financières, rares sont celles qui mènent une politique de ciblage volontariste en
faveur de cette catégorie de population42. Les opérateurs dressent des critères strictes comme
les prêts de faible montant et à court terme, remboursement rapide et fréquent, garantie à plus
de 100%, taux d’intérêt très élevé, etc. qui induisent leur auto exclusion. Cela ne signifie pas
pour autant que le microcrédit atteindra en priorité les plus pauvres
Les IMF ne touchent pas les plus pauvres des pauvres mais ceux qui sont juste au
dessous de la ligne de la pauvreté43. Les opérateurs des prêts à des groupes de caution
solidaire atteignent davantage les plus pauvres que des prêts à des individus. Les IMF
intervenant en milieu rural aussi touchent davantage les plus pauvres que celles intervenant en
milieu urbain. Ces derniers avancent qu’ils ne sont pas solvables et que les risques de non
41Op.cit. p : 28 42 Travail dirige d’Economie internationale encadre par Mme Lalao RAJAOSON, Troisième années 2011, Universite d’Antananarivo. 43Gubert F., Roubaud F. en collaboration avec Rakotomanana F., 2005. Analyser l’impact d’un projet de microfinance : l’exemple d’ADéFI à Madagascar
46
paiement sont très élevés. Les plus pauvres ont tendance à utiliser leur crédit à la
consommation.
Des études suggèrent que les IMF parviennent à atteindre les ménages pauvres mais
qu’elles échouent à atteindre ceux qui sont vulnérables44. Les ménages à la fois pauvres et
vulnérables ne sont pas touchés par l’intervention des IMF. Le taux de couverture des
ménages pauvres est faible. Ceci n’est pas seulement lié à une insuffisance d’offre de service
de la part de l’IMF mais également à un phénomène d’auto-sélection au sein des populations
éligibles.
Certes, les IMF n’ont pas pour objectif prioritaire de cibler les plus pauvres mais les
critères d’éligibilités qui affichent une volonté de cibler les plus pauvres ne suffisent plus à
écarter définitivement les plus pauvres.
2. La microfinance contribue-t-elle à faire sortir durablement les
populations de la pauvreté ?
L’augmentation moyenne du revenu des emprunteurs par rapport à celui de non
emprunteur varie entre 10 – 12% et 30%45. Le revenu des emprunteurs non pauvres augmente
en moyenne davantage que celui des emprunteurs se situant en dessous du seuil de pauvreté.
Pour les groupes les plus pauvres, l’impact des prêts serait ainsi en moyenne faible, voire
négatif. La raison est qu’ils contracteraient des prêts de faible montant pour assurer leur
consommation et non pour investir dans une activité économique.
Sur la santé et l’éducation, on a trouvé des impacts positifs : augmentation de taux de
scolarisation des filles et des garçons et amélioration des indicateurs de santé des enfants de la
clientèle46. Peu de microfinance sont capable d’offrir des formations d’an alphabétisation des
clientèles car la plupart de la formation sont chère et prennent du temps
Les villageois les plus riches ont une probabilité plus forte de participer à un
programme de microfinance mais aussi l’impact estimé des crédits qui leur sont octroyés est
plus fort que celui au moins riches. Les ménages disponibles disposants déjà d’un certain
niveau de ressource sont ceux qui bénéficient le plus dans la micro financement. La majorité
44 Ibid. 45 Indicateurs de Performance pour les Institutions de Microfinance, 2003. Guide technique, 2em Edition, 46GUBERT F., 2005. La microfinance est-elle un outil de réduction de la pauvreté ?
47
des clients du première agence de microfinance à Antsahavola et le SIPEM SA
d’Andavamamba vérifie cet étude ont dit l’intervenant.
3. Rapport coût-efficacité de la microfinance
Compte tenu de la difficulté méthodologique évidente et du ménage de données
fiables, très peu d’étude ont cherché à comparer avec les bénéfices attendues d’un programme
de microfinance avec le coût engendré. Le rapport coût-efficacité est défini comme le coût
d’une unité monétaire supplémentaire de consommation au profit d’un ménage pauvre47. Le
rapport de coût-efficacité est moins élevé sur la clientèle masculine plutôt que féminine. La
question de savoir si la microfinance est nécessairement moins couteuse que d’autres types
d’intervention ne trouve pas de réponse évidente.
Pour beaucoup de partisans de la microfinance, l'évidence que la microfinance est un
outil efficace de lutte contre la pauvreté va de soi. Le sociologue Jon Westover a trouvé que
l'efficacité de la microfinance à réduire la pauvreté reposait sur des études de cas. Il a consulté
100 articles sur le sujet. Parmi cela, six articles seulement prenaient appui sur des données
assez quantitatives pour être représentatives. Et parmi ces 6 publications, l'une d'entre elles
trouvait que la microfinance réduisait la pauvreté, deux autres étaient dans l'incapacité de
conclure que la microfinance réduisait la pauvreté bien que les auteurs attribuassent quelques
effets positifs au programme considéré. Les 3 autres études parvenaient, en gros, à la même
conclusion : une majorité des participants avaient le sentiment que leurs affaires financières
avaient évolué favorablement mais certains avaient le sentiment inverse.
III. Approche analytique : Comment faire pour que la microfinance soit mise au service des microprojets destinés au développement local ? Cas de Madagascar.
Cette question nous incite à voir les solutions dont le but est de permettre à la
microfinance d’être accessible aux personnes qui ont des microprojets puis afin qu’elles
puissent être disposés au service de la population.
Pour que les institutions de microfinance et les microprojets puissent se rencontrer, la
première proposition c’est de renforcer les politiques publiques sur le rapport 47 fr.wikipedia.org
48
microfinance/microprojet48. Ensuite étant l’acteur majeur dans ce rapport, les microfinances
devront être plus ouvertes aux demandeurs de financement en particulier les détenteurs
d’initiative individuelle.
III.1- L’Etat et les bailleurs de fond incontournables
D’abord concernant les actions de l’Etat, d’une part, il joue un rôle d’intermédiaire
entre les aides provenant des bailleurs de fond et les institutions de microfinance49. En effet le
Cercle de Coordination Nationale de la Microfinance, un organe du ministère des finances et
du budget coordonne et facilite l’accès de la population aux institutions de microfinance.
Ainsi ce bureau élabore des lois pour expliciter les actions des microfinances qui servent de
balise en cas d’éventuel problème. Il sensibilise aussi la population rurale afin de les informer
de la nécessité des microfinances. De plus il encourage les microprojets à s’investir au fin
fond du monde rural. A l’instar du projet PROSPERER (Programme de Soutien aux Pôles de
Micro-Entreprises Rurales et aux Economies Régionales de MADAGASCAR et FANOITRA
(FANohanana ireo Orinasa Iraisan’ny Tantsaha Rehetra eny Ambanivohitra) sont encours
pour améliorer l’efficacité de la microfinance avec l’appui financier du Fonds International de
développement Agricole (FIDA) et en collaboration avec la fédération des Chambres de
Commerce et de l’industrie (FCCI )
L’Etat peut agir aussi directement avec ses moyens dont ses fonctions régaliennes.
Récemment, afin d’alléger le taux d’intérêt, l’Etat malgache a supprimé les impôts sur les
bénéfices des microfinances. Pour atteindre l’OMD (Objectif du Millénaire pour le
Développement) l’Etat a mis en œuvre la Stratégie Nationale de la Microfinance dont la cible
est la population défavorisée. Par conséquent tous les ministères en fonctions des politiques
publiques sont en étroites collaborations.
Ensuite à propos des bailleurs de fond, ils interviennent de façon directe ou indirecte
dans la microfinance. De façon directe car non seulement ils garantissent les prêteurs et les
donnent des formations, mais aussi appuis les microprojets et les ONG dans la gestion des
ressources et des dépenses. Cependant pour la plupart des cas les bailleurs de fonds à savoir la
Banque Mondiale, le PNUD ( Programme des Nations Unis Pour le Développement), la
FIDA , le FMI , ces institutions finances des programmes incluant la nécessité des
48RAJOELINA B., coordinateur national de la microfinance. 49 Op.cit.
49
microfinances tel que l’amélioration du pouvoir d’achat des populations les plus démunis, en
intégrant l’approche d’égalité entre homme et femme. Plus loin, ces organismes œuvrent pour
la protection des clients et des membres afin de mieux contribuer à l’amélioration de la vie
des personnes vulnérables, principaux cibles des IMF.
III.2- Institutions de microfinance : une entreprise pour le
développement.
Chaque microfinance a sa spécialité. Il y a celles qui sont spécialisées dans le monde
rurale, dans la majorité ce sont les mutualistes tels que CECAM, OTIV, PROSPERER, et
celles qui occupent le milieu urbain à savoir SIPEM SA, Première Agence de Microfinance,
etc. Toutefois elles ont le devoir de subvenir aux besoins du consommateur de crédit.
La réussite se trouve dans l’objectif qui est de créer et de se développer des services
d’appui aux petites et microentreprises qui répondent de façon efficace à leurs besoins, et de
renforcer la capacité de celles-ci à identifier leurs propres besoins par gamme de produits et
en vue d’assurer leur durabilité et un accroissement du marché tout en les reliant aux pôles de
croissance régionaux50. Le programme aidera également les jeunes et adultes à s’insérer sur le
marché du travail en leur proposant une formation professionnelle et des stages
d’apprentissage pour qu’ils puissent, à terme, créer leur propre entreprise. Il se propose enfin
de développer un réseau d’organisations professionnelles faitières permettant aux petites
entreprises d’accéder à des services financiers et non financiers adéquats.
Pour atteindre ces objectifs il faut que la microfinance :
Soit proches et comprend la situation des familles bénéficiaires : implantation des
agences dans les bidonvilles, où sont également recrutés les agents conseil qui seront
formés et encadrés. Des comités bénéficiaires participent à la définition des actions.
Soit flexible pour toucher les plus graves : étude minutieuse des dossiers et les
montants de remboursements et de l’épargne à mobiliser sont adoptés à la capacité de
la famille.
Propose un prêt et un outil d’épargne : accompagnement au long terme des micros
entrepreneurs en leur apportant le nombre de micro prêt successif nécessaire pour
Annexe 1 : Loi n 2005-016 du 29 Septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des
institutions de microfinance………………………………………………………………p 55
Annexe 2 : Localisation géographique des interventions des IMF et Etablissement de crédit
exerçant des activités de microfinance………………………………………. ………….p 59
Annexe 3 : Principes clés de la microfinance selon le CGAP……………………………p 60
55
ANNEXE 1 : LOI N°- 2005 - 016 DU 29 SEPTEMBRE 2005 relative à l'activité et au
contrôle des institutions de microfinance
REPOBLIKAN’I MADAGASIKARA
Tanindrazana - Fahafahana - Fandrosoana
PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE
LOI N°- 2005 - 016 DU 29 SEPTEMBRE 2005
relative à l'activité et au contrôle des institutions de microfinance
EXPOSE DES MOTIFS
L'Etat malgache a décidé de faire de la microfinance un instrument privilégié de
réduction de la pauvreté pour diminuer le niveau de celle-ci de moitié en dix ans,
conformément aux objectifs de développement du millénaire.
Pour la majorité de la population malgache qui n'a généralement pas accès aux
services des établissements de crédit traditionnels, la microfinance est censée contribuer à
l'amélioration de son niveau de vie pour lui permettre une meilleure intégration sociale, et
l'accès à un développement humain durable.
La loi n° 96-020 portant réglementation des activités et organisation des institutions
financières mutualistes régit la mise en place et le fonctionnement de ces institutions
(Ombona Tahiry lfampisamborana Vola «OTIV»; Caisse d'Epargne et de Crédit Agricole
Mutuels «CECAM»...). Depuis son application, une meilleure vision permet d'y apporter des
améliorations.
Des institutions non mutualistes existent mais exercent leurs activités sans cadre
juridique spécifique. Il convient de combler le vide dans lequel elles opèrent. Dans ce
contexte, des dispositions incitatives en matière de réglementation et de supervision de
l'activité de microfinance s'avèrent plus qu'opportunes.
56
Les grandes lignes de la nouvelle réglementation peuvent être résumées comme suit :
1. Définition de l’activité de microffnance
Par rapport à la loi n° 95-030 du 22 février 1996 relative à l’activité et au contrôle des
établissements de crédit dite « loi bancaire », la présente Loi vise tout d'abord à définir les «
activités de microfinance » (articles 3 à 7),
Elle vise ensuite à préciser les caractéristiques des opérations que peuvent effectuer les
« institutions de microfinance», une nouvelle catégorie d'établissement de crédit à insérer
dans la loi bancaire en englobant Institutions Financières Mutualistes (IFM) et Institutions
Financières Non Mutualistes (IFNM). Ces opérations, dites « activités de microfinance »
comprennent (cf. articles 5 à 7):
-l'octroi de micro-crédits ;
-la collecte de l'épargne;
-les services connexes à la microfinance.
2. Classiffcation en trois niveaux des Institutions de Microfinance (IMFs)
Soumettre les institutions à un même régime en matière de suivi et de contrôle
constitue une entrave à l'activité et à un épanouissement des plus petites initiatives. Un
assouplissement est alors proposé.
L'approche retenue par la présente loi est basée sur une classification des institutions
de microfinance (articles 14 à 17). La loi distingue 3 niveaux progressifs d'IMF (IMF 1 à 3)
que ces institutions soient à caractère mutualiste ou non. Plus le niveau est élevé, plus les
opérations sont complexes, les ressources, l'organisation, le degré d'institutionnalisation et le
contrôle plus développés.
Les objectifs en matière de contrôle des établissements de crédit étant la protection des
déposants et la sécurisation du secteur financier, ces exigences peuvent, pour les IMFs, varier
en fonction de leur taille et selon que l'institution peut collecter ou non les dépôts du public.
Concernant la collecte de l'épargne, une distinction est faite entre les IMFs à caractère
mutualiste qui ne peuvent pas collecter les dépôts du public, et les IMFs non mutualistes qui
57
le peuvent sous certaines conditions. Ces dernières peuvent recevoir des dépôts du public si
elles bénéficient d'un agrément au niveau le plus élevé (IMF 3) ou, lorsqu'elles sont au moins
en niveau 2 et qu'elles sont constituées sous forme de société anonyme à capital fixe
comportant plusieurs actionnaires.
En raison de la faiblesse de leur taille et de la limitation de leur activité à certains types
de dépôts à leurs membres, les IMFs 1 doivent prévoir un système de contrôle satisfaisant en
vue de l'obtention d’une « licence » par l'autorité de supervision des établissements de crédit,
acte qui leur permet de se livrer à leurs premières activités.
L’autorisation d'exercer des IMFs de niveau 2 et des IMFs de niveau 3 prendra la
forme d'« agrément » octroyé par l'autorité de supervision des établissements de crédit.
Toutefois, sur la substance économique, les IMF de niveau 2 sont à compétences et risques
moyens alors que les IMF de niveau 3 sont dotées d'une assise financière et de compétences
techniques avérées, proches de celles des banques traditionnelles, la nature de leurs opérations
les classent dans la tranche supérieure de la microfinance.
Au-delà de certains seuils à fixer par instructions, l'autorité de supervision des
établissements de crédit, actuellement Commission de Supervision Bancaire et Financière
CSBF, peut exiger le passage dans la catégorie supérieure afin de mettre les contraintes
réglementaires en adéquation avec les risques auxquels s'expose l'institutiom
Le texte prévoit un régime adapté pour l'accès à la profession et pour le contrôle.
3. Méthodes de suivi et de contrôle adaptées
Les méthodes de suivi et de contrôle varient suivant les niveaux et particulièrement
selon que les IMFs sont autorisées ou non à collecter les dépôts du public.
Deux notions distinctes sont prévues « surveillance » et « supervision »,
La « surveillance » consiste à vérifier l'existence d'un dispositif de contrôle et/ou à
analyser les informations recueillies auprès des IMFs 1 dont les opérations de crédit à court
terme, et les dépôts du public sont interdits. Elle vise au respect de règles de gestion plus
souples eu égard aux risques plus faibles encourus par ces institutions (cf. articles 8, 36 et 37).
58
La « surveillance » des IMFs 1 comme la supervision sont assurées par l'autorité de
supervision des établissements de crédit.
La « supervision » des IMFs 2 et 3, à l'instar des établissements de crédit autorisés à
collecter les dépôts du public, est assurée directement par l'autorité de supervision des
établissements de crédit, dont la vocation première est de protéger les déposants et de veiller à
l'intégrité du secteur bancaire. Elle fait référence, d'une part aux principes fondamentaux du
Comité de Bâle pour un contrôle bancaire efficace lesquels visent à garantir la solvabilité, la
liquidité et l'intégrité du secteur financier, et d'autre part aux pratiques internationales en
matière de microfinance. Elle consiste à vérifier le respect par ces institutions des règles de
gestion et des normes de prudence compte tenu du niveau et du type de risques auxquels elles
sont exposées (cf. articles 8, 36 et 37).
4. Dispositions diverses
Le texte attribue à l'association professionnelle une autre dimension. En effet une seule
Association Professionnelle des IMFs (APIMF) constitue la section des IMFs au sein de
l'Association Professionnelle des Etàblissements de Crédit (APEC). Les deux associations
existantes que sont l'Association Professionnelle des Institutions Financières Mutualistes
(l’APIFM) et l’Association des Institutions de microfinance non mutualistes (AIM)
constituent des sous-sections de l’APIMF.
Les IMFs en tant qu'établissement de crédit doivent adhérer à l’APIMF dès l'obtention
de leur licence ou agrément (cf. article 62).
Enfin, un délai de régularisation fixé par la loi et par instruction de l'autorité de supervision
des établissements de crédit est accordé aux IMFs pour se conformer pleinement aux
dispositions de la présente loi (articles 80, 81 et 82).
Tel est l'objet de la présente loi.
59
ANNEXE 2 : Localisation géographique des interventions des Institutions de MicroFinance et des Etablissements de Crédit exerçant des activités de microfinance
Jeudi, 21 Février 2013 00:00 GMT+3
Source : CNMF 2012
60
ANNEXE 3 : PRINCIPES CLES DE LA MICROFINANCE selon le CGAP
Mettre en place les systèmes financiers
adaptés aux besoins des pauvres adaptés aux besoins des pauvres
PRINCIPES CLES DE LA MICROFINANCE
1. Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de
prêts. Les pauvres ont comme tout le monde, besoin d’une vaste gamme de services financiers
pratiques, souples, et d’un prix raisonnable. Selon la situation dans laquelle ils se trouvent, les
pauvres peuvent avoir besoin non seulement de crédit, mais aussi d’instruments d’épargne, de
services de transfert de fonds et d’assurances.
2. La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreté. L’accès à des
services financiers viables permet aux pauvres d’accroître leurs revenus, de se doter d’actifs et
de se protéger dans une certaine mesure des chocs extérieurs. La microfinance permet aux
ménages pauvres de ne plus avoir à lutter au quotidien pour simplement survivre mais de faire
des plans pour l’avenir et d’investir afin d’améliorer leur nutrition, leurs conditions de vie, et
la santé et l’éducation de leurs enfants.
3. La microfinance est le moyen de mettre des systèmes financiers au service des pauvres. Les
pauvres constituent la vaste majorité de la population dans la plupart des pays en
développement. Or un nombre considérable d’entre eux n’ont toujours pas accès à des
services financiers de base. Dans beaucoup de pays, la microfinance continue d’être
considérée comme un secteur marginal et relever essentiellement des activités de
développement des bailleurs de fonds, des pouvoirs publics, et d’investisseurs soucieux des
intérêts de la collectivité. Pour qu’elle puisse réaliser pleinement son potentiel en desservant
un grand nombre de pauvres, il faudrait que la microfinance devienne une partie intégrante du
secteur financier.
61
4. Il est nécessaire d’assurer la viabilité financière des opérations pour pouvoir couvrir un
grand nombre de pauvres. La plupart des pauvres ne sont pas en mesure d’avoir accès à des
services financiers en raison de l’absence d’intermédiaires financiers solides offrant des
services de détail. La mise en place d’institutions financièrement viables n’est pas une fin en
soi. C’est la seule façon d’accroître l’envergure et l’impact des opérations de manière à porter
leur volume à un niveau supérieur à ce que peuvent offrir les bailleurs de fonds. La viabilité
s’entend de la capacité d’une entité fournissant des microfinancements à couvrir l’intégralité
de ses coûts. Elle permet d’assurer la poursuite des opérations de l’entité en question et de la
fourniture de services financiers aux pauvres. La viabilité financière passe par la réduction des
coûts de transaction, l’offre de meilleurs produits et services répondant aux besoins des
clients, et l’adoption de nouveaux moyens de servir les pauvres qui n’ont pas accès aux
services bancaires.
5. La microfinance implique la mise en place d’institutions financières locales permanentes.
Pour créer des systèmes financiers destinés aux pauvres, il faut mettre en place des
intermédiaires financiers intérieurs solides en mesure de fournir en permanence des services
financiers à ceux-ci. Ces institutions doivent pouvoir mobiliser et réinjecter l’épargne
intérieure dans l’économie, accorder des crédits et fournir toute une gamme de services. La
mesure dont elles dépendent des financements des bailleurs de fonds et des pouvoirs publics –
y compris les banques de développement financées au niveau des États – diminuera
progressivement à mesure qu’elles, et les marchés des capitaux privés, se développeront.
6. Le microcrédit n’est pas toujours la solution. L’octroi de microcrédits n’est pas
nécessairement une solution adéquate pour tout le monde ou dans toutes les situations. Les
indigents et ceux qui souffrent de la faim, qui n’ont ni revenus ni moyens de rembourser un
emprunt doivent recevoir d’autres formes de soutien avant de pouvoir emprunter. Souvent, il
vaut mieux faire de petits dons, améliorer les infrastructures, mettre en place des programmes
d’emploi et de formation et fournir d’autres services non financiers pour lutter contre la
pauvreté. Dans toute la mesure du possible, ces services non financiers doivent aller de pair
avec la constitution d’une épargne.
7. Le plafonnement des taux d’intérêt peut nuire à l’accès des pauvres aux services financiers.
Il est beaucoup plus onéreux d’accorder un grand nombre de petits prêts qu’un petit nombre
de prêts de montantélevé. À moins que les fournisseurs de microfinancements ne puissent
demander des taux d’intérêt nettement supérieurs aux taux moyens des prêts bancaires, ils ne
62
seront pas en mesure de couvrir leurs coûts, de sorte que leur croissance et leur viabilité sont
tributaires d’une offre très limitée et incertaine de financements à des taux bonifiés. Lorsque
les pouvoirs publics réglementent les taux d’intérêt, ils fixent généralement ces derniers à des
niveaux trop bas pour que les opérations de microfinancement puissent être viables.
Toutefois, il importe aussi que les fournisseurs de microfinancements ne répercutent pas les
coûts que pourraient entraîner des inefficacités dans leurs opérations sur leurs clients en fixant
leurs prix (taux d’intérêt et autres commissions) à des niveaux nettement supérieurs à ce qu’ils
devraient être.
8. Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers, mais non les
fournir directement. Les autorités nationales jouent un rôle important en menant une action
favorable au développement des services financiers tout en protégeant l’épargne des pauvres.
Les mesures les plus favorables au microfinancement qu’un gouvernement peut prendre
consistent à assurer la stabilité macroéconomique, à ne pas plafonner les taux d’intérêt, et à
éviter d’introduire sur le marché les distorsions qu’engendrerait la poursuite de programmes
de prêts bonifiés non viables et sources d’arriérés considérables. Les autorités peuvent aussi
appuyer les services financiers destinés aux pauvres en améliorant le climat des affaires, en
luttant contre la corruption, et en améliorant l’accès aux marchés et àl’infrastructure. Dans
certains cas, en l’absence d’autres financements, l’État peut avoir de bonnes raisons de
financer des institutions de microfinancement indépendantes et solides lorsqu’il n’existe pas
d’autres financements.
9. Les financements bonifiés des bailleurs de fonds doivent compléter les capitaux du secteur
privé, ils ne doivent pas les remplacer. Il importe que les bailleurs de fonds utilisent, pendant
un temps, des instruments appropriés de don, de prêt et de participation pour renforcer les
capacités institutionnelles des prestataires de services financiers, développer l’infrastructure
nécessaire (agences de notation, agences d’évaluation du crédit, capacités d’audit, etc.), et
appuyer des services et produits innovants. Dans certains cas, il leur faudra peut-être fournir
plus longtemps des financements bonifiés pour pouvoir atteindre des groupes de population
qui sont difficiles à toucher parce qu’ils vivent dans des régions faiblement peuplées
ou pour d’autres raisons. Pour que leur appui financier soit efficace, les bailleurs de fonds
doivent chercher à intégrer les services financiers axés sur les pauvres dans les opérations des
marchés financiers locaux ; faire appel à des compétences spécialisées pour la conception et la
mise en oeuvre des projets ; exiger que les institutions financières et les autres partenaires
63
respectent des normes de performance minimales pour continuer à bénéficier d’un appui ; et
planifier dès le début leur stratégie de désengagement.
10. Le manque de capacités institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle. La
microfinance est un domaine spécialisé qui conjugue les services bancaires à des objectifs
sociaux, et un renforcement des capacités est nécessaire à tous les niveaux, des institutions
financières aux instances de réglementationet de contrôle et aux systèmes d’information,
jusqu’aux organismes de développement de l’État et aux bailleurs de fonds. La majeure partie
des investissements, publics et privés, effectués à ce titre devrait viser le renforcement des
capacités.
11. L’importance de la transparence des activités financières et des services d’information. Il
est indispensable de disposer d’informations exactes, comparables et présentées selon un
format standard sur les résultats financiers et la performance sociale des institutions
financières qui fournissent des services aux pauvres. Les organes de contrôle et de
réglementation des banques, les bailleurs de fonds, les investisseurs et, surtout, les pauvres qui
sont les clients des services de microfinancement, doivent avoir accès à ces informations pour
bien évaluer les risques et les avantages de leurs opérations .
64
Nom : RANDRIAMANDIMBY
Prénoms : Nantenaina Lova Tahirisoa
Titre : « Regard critique de la microfinance en tant qu’outil de développement »
Nombre de pages : 51
Tableaux : 06
Résumé
La microfinance est censé être un instrument pour répondre aux besoins financières
des exclus du financement bancaire. Mais depuis quelques temps, surtout à Madagascar, elle
n’est plus là où elle doit être. Ceci est dû à l’élévation du taux d’intérêt, des exigences ainsi
que le délai de remboursement imposés aux bénéficiaires. Ces derniers ne laissent plus qu’un
très fin avantage pour la clientèle. Non seulement ces IMF tirent les avantages censés
attribués aux pauvres mais elles empêchent aussi les démunis de sortir de sa situation vu la
barrière indirecte qu’elles émettent à travers la quantité des ces exigences et ce taux d’intérêt.
Ce qui fait que la microfinance n’atteint pas les plus pauvres mais seulement ce qui sont juste
au dessous de la ligne de la pauvreté et elle est devenue un moyen d’enrichissement pour les
riches mais non plus un moyen de financement pour les pauvres.
Mots clés : pauvres, riches, moyen de financement , microfinance, avantages