Université Blaise Pascal Flore de FOUCHIER Clermont-Ferrand Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques Tome 1 Direction de mémoire : Régine Roche Licence Professionnelle Intervention Sociale Spécialité Médiateur Socio-économique Juin 2007
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Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques ...
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Université Blaise Pascal Flore de FOUCHIER
Clermont-Ferrand
Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques
Je tiens à remercier ma tutrice de mémoire pour son accompagnement tout au long de
l'année. Elle a été pour moi un réel soutien et un bel exemple de médiation cognitive ! Merci Madame Roche.
Je remercie les professionnels de m’avoir apporté leur vision sur ce sujet.
(orthophonistes, enseignants, conseiller en orientation psychologue en CIO, conseiller en insertion sociale et professionnelle, consultant en cabinet privé d’orientation, consultant en cabinet de ressources humaines, médecins).
Plus généralement, merci à tous les professionnels rencontrés qui se passionnent pour
leur travail et donnent courage aux personnes dyslexiques et à leur entourage. Et, tout particulièrement, je remercie les établissements scolaires, l’Ecole Saint Benoît à Versailles, l’Ecole St Joseph de Nohanent et le Collège St Joseph de St Saturnin. L’accueil et la qualité de la pédagogie réservés à leurs élèves permettent à mon enfant dyslexique de s’épanouir et d’avoir envie d’apprendre.
Merci à tous les dyslexiques qui nous montrent une autre manière d’être présent au
monde. J’ai eu plaisir à recevoir les témoignages et à les lire. Ces histoires de vie m'ont beaucoup touchée. J’espère que chacun se sentira respecté. Merci à chacun.
Je remercie également mes premiers lecteurs qui ont su améliorer ce mémoire grâce à
leur regard neuf ou pointu sur la dyslexie : Claire d’ Adhémar, Marie-Ange Alligier, Séverine de la Batie, Souela Boukefa, Dalie Chrifi Alaoui, Claude de Féligonde, Alain de Fouchier, Marie-Aude Guesdon et Emmanuelle Marcotte.
Je suis reconnaissante à mon fils et mon mari qui, par leur dyslexie, m'ont ouverte à ce
monde. J'y associe mes deux autres enfants. Merci à eux quatre pour leur soutien dans le cadre de mes recherches pour ce mémoire.
J'espère de tout coeur que ce mémoire créera des liens et apportera sa petite pierre
pour changer le regard porté sur les personnes dyslexiques.
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TOME 1 : PREAMBULE 7
INTRODUCTION 12
1ERE PARTIE : APPORT DE LA RECHERCHE 15
I. LA DYSLEXIE : DES TROUBLES ET DES RICHESSES 16
1.1. Les troubles spécifiques de la dyslexie 16
1.1.1 Le déficit phonologique, au cœur des difficultés du dyslexique
1.1.2. Un déficit de la mémoire à court terme (MCT) et de la mémoire
à long terme (MLT) 18
1.1.3 Un déficit de l'organisation spatiale 19
1.1.4 Un déficit de repères dans le temps 19
1.2 Des signes qui accompagnent la dyslexie 19
1.2.1 Une pensée en images plutôt qu'en mots 19
1.2.2 La désorientation 19
1.2.3 Une lenteur, une fatigabilité et une difficulté de concentration 20
1.3 Les qualités des dyslexiques 20
1.3.1 Une intuition très développée
1.3.2.Maîtrise mentale de l'espace
1.3.3 La curiosité 21
1.3.4 Une imagination et une créativité très vives
II LA RECHERCHE PRECISE LES CAUSES DE LA DYSLEXIE 23
2.1. Hypothèse cérébrale : « un cerveau extra-ordinaire » 23
2.2. L’hypothèse génétique 24
2.2.1. Une récurrence familiale 24
2.2.2. Une mosaïque de gènes participant à la migration neuronale 25
2.3. L'hypothèse environnementale 25
2.4. L'hypothèse d'une difficulté oculomotrice 26
2.5. L’hypothèse auditive 27
2.6. L'hypothèse psychologique 28
III. LA PRISE EN CHARGE DU DYSLEXIQUE 30
3.1. Du dépistage au diagnostic : un réseau de professionnels 30
3.1.1. Le dépistage
3.1.2 Le diagnostic 30
3.2. La rééducation orthophonique : un accompagnement incontournable 33
3.2.1. Un point de vue professionnel : Témoignage recueilli lors d’un
entretien avec une orthophoniste réalisé en novembre 2006 33
3.2.2 Mise en place de stratégies de compensation adaptées 37
2ème PARTIE : ANALYSE DES QUESTIONNAIRES 38
I. MISE EN PLACE DE LA METHODE 39
I.1. La grille de questions 39
I.2. Le public 40
II. PRESENTATION DE DEUX TEMOIGNAGES ET DE LEUR ANALYSE 41
2.1 Michel, 31 ans, Conseiller en insertion socioprofessionnelle
en Mission Locale 41
2.1.1 Questionnaire 41
2.1.2. Analyse de contenu du témoignage de Michel 44
2.1.3. Bilan 51
2.2. Blandine, 34 ans, Créatrice d’une ligne de vêtements 52
2.2.1 Le questionnaire 52
2.2.2 Analyse de contenu du témoignage de Blandine 57
2.2.3. Bilan 64
III. TABLEAUX DE SYNTHESE DES INFORMATIONS RECUEILLIES
SUR LA SCOLARITE 66
3.1 Synthèse des données pour les 6 femmes 66
3.1.1 Tableau des femmes
3.1.2 Résumé des caractéristiques des 6 femmes
3.2 Synthèse des données pour les 11 hommes 66
3.2.1 Tableau des Hommes
3.2.2 Résumé des caractéristiques des 11 hommes
3.3 Commentaire sur les 17 questionnaires 68
IV. DETAIL DES REPONSES ET COMMENTAIRES 69
4.1 Les difficultés d’apprentissage et leurs causes 69
4.2 Les difficultés actuelles 71
4.3 Les causes qu’ils attribuent à leur réussite 74
4.3.1 Dans les matières scolaires 74
4.3.2 Sur le plan professionnel 76
4.3.3 Des stratégies de compensation mises en place 79
4.3.4 Préférences pour d’autres secteurs 81
4.3.5 Activités extra-scolaires et centres d’intérêts 83
4.3.6 Conseils à un jeune dyslexique 86
V. ELEMENTS DE VALIDATION DES HYPOTHESES 88
5.1 Par rapport au sujet : des compétences communes à tous 88
5.1.1 Des compétences cognitives 89
5.1.2 Des stratégies ou compétences compensatoires 91
5.1.3 Des atouts personnels 92
5.1.4 Recherche d’une théorie explicative de la dyslexie :
leurs définitions 93
5.1.5 Par rapport à l’environnement 96
5.1.6 Les secteurs professionnels émergeants 105
3ème PARTIE : PROPOSITIONS 111
I. LE ROLE DES PARENTS 112
1.1. Une attente positive 112
1111....2222.... Un rôle actif dans les choix, persévérance et ténacité 112
1111....3333.... Savoir donner du temps et, si possible, de l’argent 113
1111....4444.... Être parti prenante des associations de parents 114
II. PREVENTION, INFORMATION, TRAITEMENT PRECOCE 115
III. AMELIORER LE DISPOSITIF SCOLAIRE 116
3.1. Ce qui est mis en place
3.2. Former les enseignants 117
3.2.1. Le 1er défi : Rendre l’élève heureux à l’école 118
3.2.2. Mettre l’élève en situation d’apprentissage 118
3.2.3. Amener l’élève au savoir 119
3.3. Consulter un conseiller en orientation 123
3.3.1 L’approche d’une conseillère de CIO 123
3.3.2. L’approche de Claire d’Adhémar, consultante au
« Centre EniXe Profil Conseil » 124
3.4. Expression des talents personnels dans la culture 128 3.4.1. Un vecteur d’apprentissage 128
3.4.2. Une rééducation ludique 128
3.4.3. Un exutoire 129
3.5. Le médiateur ouvre des possibles 129
3.5.1. En général : quelles missions ? 129
3.5.2. Le cas particulier du CISP
(Conseiller en insertion socioprofessionnelle) 131
L’accompagnement des personnes dyslexiques est un parcours dans la durée ayant
pour objectif d’aider chacun à surmonter son handicap en trouvant des voies cognitives
différentes. Comment mieux comprendre les symptômes et les causes de chaque dyslexie afin
que la personne trouve ses propres voies de compensation, tel est l’enjeu de la prise en charge.
Nous verrons tout d’abord les troubles et les richesses que revêt la dyslexie, puis nous
présenterons les causes trouvées par les chercheurs, et enfin nous montrerons la nécessité
d’une prise en charge globale du sujet dyslexique tout en mettant l’accent sur le rôle
incontournable de l‘orthophoniste.
I. LA DYSLEXIE : DES TROUBLES ET DES RICHESSES
1.1. Les troubles spécifiques de la dyslexie
1.1.1 Le déficit phonologique, au cœur des difficultés du dyslexique
De nombreuses études ont démontré que les personnes dyslexiques souffrent d'un
manque de conscience phonologique, capacité à diviser un mot en syllabes et la syllabe en
phonèmes (sons). Or, cette conscience des sons est un préalable obligatoire à l'apprentissage
de la lecture.
� Logiciel permettant une restitution vocale des textes. Voir « Adresses utiles » p 130
17
Le Schéma du Docteur Habib1, exposé ci-dessous, montre le mécanisme normal de la
lecture :
Les personnes dyslexiques ont du mal à lire par assemblage, c'est-à-dire que la
conversion graphème (la lettre) / phonème est laborieuse. La médiation phonologique ne
s'automatise pas. Il en est de même pour l’écrit.
Par exemple, pour écrire «Il est sur un petit voilier de dix mètres. C’est pour voir la
nature de l’océan. », Thibaud, en CE2, transcrira :
Du fait de cette difficulté, il utilise la voie la plus facile pour lui qui est l'adressage,
système de reconnaissance globale immédiate du mot qui permet à un lexique visuel interne
de se constituer.
1 Docteur Michel Habib : Neurologue des hôpitaux de Marseille, enseignant en neurologie et en neuro-
sciences à l'Université d'Aix-Marseille, Rédacteur en Chef de la Revue de Neuropsychologie.
18
La lecture faisant appel à une mobilisation des mots stockés en mémoire ; elle est un
phénomène de va-et-vient entre les données visuelles et des données cognitives. Le « normo-
lecteur » jongle entre les deux méthodes, alors que le dyslexique procèdera naturellement par
adressage. La lecture ne peut donc s'automatiser car, ne pas maîtriser suffisamment la
conscience phonologique rend incapable de distinguer les différents sons qui composent les
syllabes ou les mots parlés (difficulté à segmenter, à dénombrer, à comparer, à remplacer et à
éliminer des phonèmes).
Mais les troubles de la lecture ne sont jamais isolés. Des troubles de l’écriture sont
souvent superposables, et la calligraphie est généralement défectueuse.
1.1.2. Un déficit de la mémoire à court terme (MCT) et de la mémoire à
long terme (MLT)
Le sujet dyslexique connaît des difficultés à mémoriser dès que la mémoire à court
terme est sollicitée. La mémoire à court terme est aussi appelée mémoire de travail en raison
de son utilisation dans de nombreuses activités telles que la lecture, le raisonnement et la
résolution de problèmes. En conséquence il n'arrive pas à accéder automatiquement à son
lexique interne, pour évoquer la représentation graphique du mot et la ramener en mémoire
immédiate. Alors, écrire, lire, copier (recherche des règles d'orthographe, de grammaire),
calculer (retrouver les tables de multiplication...), s’exprimer oralement avec précision,
deviennent laborieux pour lui. Par exemple, il est courant qu'après avoir longtemps travaillé
pour apprendre une leçon, réinterrogé plus tard, il ne sache plus la retrouver. Ceci est très
déconcertant non seulement pour la personne mais également pour son entourage car, selon
les moments, il donnera ou ne donnera pas la bonne réponse. Pour cette même raison, il lui est
difficile de retenir plusieurs consignes à la fois.
Les informations recueillies par les perceptions auditives et visuelles sont stockées par
la mémoire à long terme dans les lexiques phonologiques et visuels. Or, selon le type de
dyslexie, les perceptions sont perturbées.
19
1.1.3 Un déficit de l'organisation spatiale
Il peut confondre longtemps la gauche et la droite. Les notions haut-bas, en avant et en
arrière peuvent être confuses. C'est pourquoi, lorsqu'il lit un texte, il se perd facilement au
bout de la ligne. Par ailleurs, il peut avoir du mal à se repérer dans l'espace, à retrouver son
chemin ... En dépit de ces difficultés, les personnes dyslexiques sont souvent douées en
dessin, qu'ils s'agissent de dessins artistiques ou techniques, plans d'architecte …
1.1.4 Un déficit de repères dans le temps
Il peut connaître des difficultés dans la gestion du temps : il lui est pénible d’utiliser
un agenda, de se repérer dans les jours, les mois, les années et de rendre un devoir dans le
temps qui lui est imparti. Souvent, en 6ème, l'enfant dyslexique ne sait pas lire l'heure. Il a une
« horloge interne » qui n'est pas très fiable1. Il a également du mal à se repérer en Histoire.
1.2 Des signes qui accompagnent la dyslexie
1.2.1 Une pensée en images plutôt qu'en mots
« Le dyslexique réfléchit de manière non-verbale : il pense avant tout en images et a
peu de monologue interne…D’où ses difficultés quand le sens des mots ne peut être mis en
images». Ron Davis, dans son livre «Le don de dyslexie», liste 200 mots déclencheurs pour
lesquels il n’y a pas d’images mentales possible (par exemple : le, la, autant, sans, temps...).
Or, il est impossible pour quelqu’un qui fonctionne de manière non-verbale de réfléchir à
l’aide de mots dont le sens ne peut être mis en image. En effet, pendant la lecture d’une
phrase, dès que le processus de construction de l’image est interrompu, la personne éprouve
un sentiment de confusion parce que la scène qu’elle est en train de concevoir devient
incohérente. Il finit par atteindre un seuil de confusion et se sent désorienté par rapport à son
environnement.
1.2.2 La désorientation
Ron Davis décrit les symptômes de la désorientation, tels que le sentiment de vertige,
les maux au ventre, les lettres et les mots qui tournoient sur la page2.
1 Bulletin Hors-série N°2 d'APEDA FRANCE, Octobre 2005, p.15 2 Voir Annexe A
20
1.2.3 Une lenteur, une fatigabilité et une difficulté de concentration
Pour la lecture, l’écriture et l’orthographe, l'enfant dyslexique doit fournir un tel effort
de concentration, dépenser une telle énergie qu'il sature, fatigue et se déconcentre. Par
exemple, la copie est un exercice particulièrement difficile car elle suppose une lecture
correcte, une mémorisation et une transcription. Alors que les autres élèves réalisent déjà
l'exercice copié, l'enfant dyslexique, après avoir écrit lettre par lettre, essaiera de lire et de
comprendre l'énoncé qu' il a mal copié ! Cette identification déficiente se répercute sur la
compréhension écrite alors qu'en général la compréhension orale des dyslexiques est d'un bon
niveau.
Par ailleurs, d'autres troubles sont plus ou moins associés : trouble du graphisme, du calcul et
en particulier de l'évocation des chiffres, ainsi que des troubles de l'attention.
Le schéma1 ci-dessous résume les difficultés d’apprentissages des personnes dyslexiques :
1.3 Les qualités des dyslexiques
1.3.1 Une intuition très développée
Selon la définition du Petit Robert, «elle est une forme de reconnaissance immédiate qui
ne recourt pas au raisonnement». Ils prennent conscience d’indices qui viennent à la
conscience au moment où on en a besoin, notamment dans les ressources humaines.
1 Bulletin Hors-série N°2 d'APEDA FRANCE, Octobre 2005, p.10
21
1.3.2 Maîtrise mentale de l'espace
Leur mode de pensée en images favorise cette maîtrise multi-dimensionnelle.
Comme le souligne le Docteur Habib1, «Les dyslexiques auraient des aptitudes de perception
et d'attention spatiales supérieures à celles de non-dyslexiques. Ils obtiennent des
performances au-dessus de la moyenne à des épreuves consistant à manipuler l'espace. Par
exemple, les épreuves de rotation mentale où il s'agit de reconstituer mentalement en trois
dimensions un cube mis à plat. ». Ils bricolent, démontent des appareils électroniques et
engins de toutes sortes. Par exemple, certains arrivent « naturellement » à remonter
entièrement une mobylette sans l’aide de plan.
1.3.3 La curiosité
Les dyslexiques ont tendance à se montrer plus curieux que la moyenne des gens dès leur
plus jeune âge. Leur conscience est en éveil et embrasse tout l’environnement. Entouré de
stimuli, si l’enfant n’est pas intéressé par ce qui lui est dit, il s’ennuie, et part dans
l’imaginaire ou porte son attention sur ce qui l'entoure et le captive le plus.
Comme le précise Rebecca Duvillié dans son livre2 « la curiosité est une graine qu’il
faut faire pousser. Elle est à la racine de la connaissance. Sans elle, pas de savoir ! La
curiosité est une force dynamique… et également source de créativité. »
1.3.4 Une imagination et une créativité très vives
Elle permet de concevoir et de donner naissance à des choses qui n'existaient pas.
Pour Ron Davis, « les personnes qui fonctionnent de manière non-verbale sont créatives...et
leur créativité est accrue par la pensée en images, la pensée intuitive, la pensée multi-
dimensionnelle et la curiosité3 ». Ron Davis explique ainsi leurs dons pour «les arts, le
théâtre, la musique, les sports, la mécanique, l’art du conte, le business, les affaires, le design,
la construction ou les métiers d’ingénieur4».
C’est la raison pour laquelle on rencontre parmi eux des inventeurs (Leonard de Vinci,
Thomas Edison), des écrivains (Gustave Flaubert, Agatha Christie, Hans Christian
1 Article sur le site : www.orthophonie.fr 2 Petit dyslexique deviendra grand, 2004, Marabout, 234p. Rebecca Duvillié, psychologue scolaire en zone d’éducation prioritaire et thérapeute au centre Pluralis à
Paris. 3 « Le don de dyslexie » p. 85 4 www.dyslexia.com : les 37 signes révélateurs de la dyslexie
22
Andersen1), des artistes (Michel Ange, Auguste Rodin), des scientifiques (Thomas Edison,
Einstein), des créateurs (Walt Disney, Steven Spielberg), des acteurs (Marlon Brando, Tom
Cruise, Depardieu), etc.
A la fois composée de troubles et de richesses, la dyslexie est pleine de paradoxes qui
ont amené depuis plus d'un siècle les chercheurs du monde entier à l'étudier.
1 Celui-ci présentait à son éditeur des manuscrits témoignant de ses troubles de l’écrit.
23
II LA RECHERCHE PRECISE LES CAUSES DE LA DYSLEXIE
L'un des premiers à avoir décrit un cas d’enfant dyslexique est le médecin anglais W.
Pringle-Morgan en 1896. Il développa la théorie de cécité congénitale spécifique aux mots.
Son hypothèse se basait sur l’idée que la dyslexie était un simple trouble visuel, d’où
l’inversion des lettres.
Dès le début du XXème siècle, les recherches commencent principalement aux USA
et en Europe. En 1948, lorsque les études d'orthophonie sont créées en France, elles incluent
tout naturellement la rééducation de la dyslexie.
Autour des années 70, le renouveau des études est dû à l'émergence de disciplines
telles que la psychologie cognitive et les neurosciences, dont le but est de comprendre les
liens entre le cerveau et les fonctions mentales (le langage, la mémoire, l'attention, la
lecture...). L'équipe américaine d'Albert Galaburda et de Norman Geschwind a établi en 1979
que la lecture n'était pas simplement une activité visuelle, mais avant tout une activité
langagière. Ils ont mis en évidence que le cerveau des dyslexiques présentait des déficiences
spécifiques dans les zones de langage.
2.1. Hypothèse cérébrale : « un cerveau extra-ordinaire »1
Dès la 2ème moitié du XIXè siècle, l'équipe de Paul Broca en France (1865) et de Carl
Wernicke en Allemagne (1874) établissent que le fonctionnement du langage dépend de zones
spécifiques de l'hémisphère gauche du cerveau. En effet, le cerveau humain est constitué de
deux hémisphères reliés par le corps calleux, pont de substance blanche. Ils fonctionnent de
façon différentes : le gauche contient tous les centres et circuits spécialisés dans le langage, le
droit contient les circuits permettant la perception spatio-visuelle.
En 1979, les recherches du Neurologue américain Albert Galaburda sur des cerveaux
de patients dyslexiques décédés montrent une anomalie cérébrale.
Le Docteur Habib a constaté que les dyslexiques ont une structure cérébrale unique
ayant un hémisphère droit plus grand que la normale, et une augmentation du corps calleux.
Cela pourrait expliquer leurs talents pour la musique, les arts, les sports, la visualisation
tridimensionnelle, la mécanique, la créativité, l'intuition dans les ressources humaines. De
1 « Le cerveau singulier », Solal, 1997
24
plus, ses travaux1 signalent les zones du langage dans l’hémisphère gauche comme
déficitaires2 avec des « connexions inhabituelles » : les neurones ne sont pas ordonnés aussi
précisément que dans le cas de cerveaux non-dyslexiques. En effet, l'imagerie structurale
(IRM), qui examine les détails anatomiques, montre une concentration anormale de plusieurs
millions de cellules en excès, réalisant de véritables ectopies neuronales3 à la surface du
cortex. Cette anomalie serait responsable de la dyslexie : en désorganisant les connexions au
sein du cortex, ces petits agrégats entraîneraient des troubles de la lecture et de l’écriture. Leur
importance en millions serait proportionnelle à l’importance de leur trouble. On ne sait pas
encore pour quelle raison un cerveau peut contenir des millions de neurones en plus, mais une
hypothèse possible est qu’au cours du développement du fœtus, la destruction de cellules qui
est un phénomène naturel, ne se serait pas produite.
De plus, l’IRM révèle une trop faible activité de ces zones qui font partie du «réseau
de la lecture», à la fois siège des représentations phonologiques, du maintien des mots dans la
mémoire à court terme, et du stockage des représentations orthographiques dans le lexique,
vaste système cérébral oeuvrant quand on déchiffre un texte. On peut donc supposer que les
personnes dyslexiques, qui ne font pas fonctionner cette partie la plus efficace du cerveau au
cours de la lecture et de l’écriture, développent des mécanismes de compensation pour pallier
leurs difficultés. D'après ce courant de recherche, la dyslexie découle d'une différence
neurologique, c'est-à-dire d'un fonctionnement différent du cerveau.
2.2. L’hypothèse génétique
2.2.1. Une récurrence familiale
A partir de la seconde moitié des années 80, plusieurs équipes de recherche ont étudié
la composante génétique de la dyslexie. Par exemple, le psychologue américain John DeFries
a observé que lorsqu’un jumeau monozygote (ayant le même patrimoine génétique que son
frère) est dyslexique, la probabilité que l’autre le soit également est de 70%. En revanche, la
probabilité n’est plus que de 45% pour les jumeaux dizygotes. Un constat qui prouverait que
les gènes jouent un rôle dans la genèse de la dyslexie. En tout cas, on constate une récurrence
familiale4.
1 « Le cerveau singulier », Solal, 1997 2 Revue Sciences Humaines N°134, p.18 3 Une ectopie : il s'agit d'un amas de cellules et de neurones qui, au cours du développement embryonnaire,
2.2.2. Une mosaïque de gènes participant à la migration neuronale
En 2003, le généticien finlandais Mikko Taipale a identifié le gène DYX1C1 sur le
chromosome 15. Ce gène remplirait apparemment une fonction déterminante dans la
migration des neurones vers les différentes couches du cortex chez le foetus en
développement. Pour autant, les mutations de ce gène ne s'observent que chez certains
dyslexiques. Récemment, trois autres gènes participant à la migration neuronale ont été
découverts. Si bien qu'il faut s'attendre à ce qu'il y ait une mosaïque de gènes de la dyslexie.
2.3. L'hypothèse environnementale
La dyslexie existe partout où les langues sont construites à partir de signes
représentant des sons. Selon sa langue maternelle, l'enfant dyslexique aura plus ou moins des
difficultés d'apprentissage. Par exemple, en anglais, il existe 1120 combinaisons de
graphèmes pour représenter 40 phonèmes, en français, 190 graphèmes environ pour 35
phonèmes, alors qu'en italien, 33 graphèmes suffisent à représenter 25 phonèmes. Il est donc
plus ou moins facile d'effectuer les conversions grapho-phonémiques selon les langues.
En 2001 l’équipe du Professeur Eraldo Paulesu1, a montré qu’à trouble biologique
égal, les symptômes de la dyslexie sont plus graves quand l’orthographe de la langue est
irrégulière.
Franck RAMUS (chargé de recherche au C.N.R.S., laboratoire de sciences cognitives
et psycholinguistiques) a défini, à l’aide d’un graphique, un cadre général qui permet de
formuler les hypothèses sur la dyslexie et de comprendre les interactions entre ces différentes
hypothèses.
1 Professeur de Neurologie à l’Université de Biacocca à Milan
26
Figure 1 : Modélisation causale de la dyslexie développementale. L’objectif des
recherches est de préciser l’enchaînement des causes génétiques, cérébrales, cognitives et
environnementales qui conduisent aux manifestations comportementales de la dyslexie.
2.4. L'hypothèse d'une difficulté oculomotrice
Les dyslexiques éprouvent une grande fatigue et une grande lenteur à lire. Il leur
arrive de se plaindre que les lettres bougent et qu'elles sont floues lorsqu'ils tentent de les lire.
Par ailleurs, ils peuvent également ressentir des vertiges, des nausées, des problèmes de
repères dans l'espace1….
La lecture commence par la vision et exige une motricité oculaire complexe, avec des
mouvements de saccades (pour positionner les yeux sur le mot) et des mouvements de
vergence (pour mettre au point). Depuis plus de 20 ans, le Professeur da Silva, chef du service
d'ophtalmologie de l'hôpital de Lisbonne, effectue des recherches, reprises par un certain
nombre de professionnels américains et français, dont le Docteur Quercia, qui mettent en
évidence que le dyslexique présente des limites oculomotrices entravant la qualité de la
vision. Concrètement il présente des difficultés de convergence et de divergence lui 1 Voir Annexe B : questionnaire sur les symptômes de la personne dyslexique posé aux patients du Dr Quercia
(à comparer avec celle Ron Davis en annexe A)
27
demandant un effort d'attention soutenu pendant la lecture qui le fatigue. Les travaux en 1987
de l'équipe de John Stein aux USA ont montré que 75% des enfants dyslexiques présentent
ces dysfonctionnements, qui peuvent passer inaperçus lors d'un examen visuel standard, et
demandent donc un examen spécifique.
Toutes ces recherches prouvent que ces problèmes de muscles oculaires entraînent
non seulement des difficultés de lecture, mais présentent également des troubles de la
proprioception, sorte de « 6ème sens » grâce auquel nous avons conscience de notre posture1.
Or les muscles oculaires jouent sur l'équilibre de la personne, ses repères dans l'espace....et
donc également sur sa croissance ! Nos yeux jouent un rôle majeur au sein du système
proprioceptif. D'où l'idée, en cas de déficience de cette mécanique interne, de la corriger par
une relaxation des muscles oculomoteurs et ce, par un ensemble de remédiation : le port de
lunettes à verres prismatiques, des semelles orthopédiques et quinze minutes quotidiennes
d’exercices posturaux.
2.5. L’hypothèse auditive
« Alfred A. Tomatis2, oto-rhino-laryngologiste, fut le premier à observer, vers 1950, que
« nous chantons grâce à nos oreilles », après avoir noté des distorsions dans la voix de
travailleurs d'usine ayant une perte d'audition, et une perte auditive chez les chanteurs d'opéra
ayant des troubles de la voix. Ce phénomène fut ensuite vérifié scientifiquement et nommé
« effet Tomatis ».
Ce fut le point de départ d'une longue série d'observations cliniques qui amenèrent
Tomatis à redéfinir notre compréhension de l'oreille et de son influence non seulement sur la
voix, mais aussi sur le développement du langage, de la communication, de la capacité
d'attention, de la langue écrite et de la facilité d'apprentissage.
La méthode Tomatis est utilisée traditionnellement par des gens faisant une utilisation
intensive de leur voix dans un contexte professionnel (chanteurs, acteurs, enseignants,
thérapeutes) afin de développer et d’approfondir leur voix sans fatigue. Cependant, cette
méthode est surtout utilisée auprès d'enfants ayant des difficultés de communication et
d'apprentissage (dyslexie, trouble de déficit de l'attention, troubles évasifs du développement,
1 Article Le Monde du 8 novembre 2006, Catherine Vincent. 2 Alfred Tomatis (1920-2001) était docteur en médecine de la Faculté de Paris, oto-rhino-laryngologue et
spécialiste des troubles de I’audition et du langage. Auteur du livre « Education et dyslexie »
28
autisme, désordre de l'intégration sensorielle, syndrome de Down et autres handicaps de retard
psychomoteur), dans le but d’actualiser leurs désirs d’écouter et, ainsi, optimiser leurs
capacités de communication.
Bien que quelques études aient été effectuées sur les effets de la méthode Tomatis
dans les années 1970 à 1980, les effets bénéfiques observés reposent majoritairement sur des
observations cliniques et des expériences personnelles. Aucune étude scientifique bien
contrôlée n’a été publiée à ce jour. Il n’y a donc aucune preuve démontrant l’efficacité de la
méthode Tomatis comme thérapie contre les troubles de communication et d’apprentissage.
Des études contrôlées adéquates sont donc nécessaires avant de recommander la méthode
Tomatis. »1
2.6. L'hypothèse psychologique
On a longtemps attribué les difficultés d'apprentissage de l'enfant dyslexique à un
défaut éducatif, alors qu'il existe des enfants dyslexiques dans tous les milieux sociaux et dans
toutes les écoles. On a également associé la dyslexie à des troubles psychologiques ou
affectifs (conflits familiaux, déménagements, décès d'un proche...). D'après les statistiques, 20
% des enfants français éprouvent des difficultés de lecture à l'entrée en classe de 6ème2. Or, la
définition de la dyslexie donnée par l'OMS et la Fédération Mondiale de Neurologie ne se
limite pas à des difficultés d'apprentissage de la lecture mais précise la notion de « difficulté
spécifique et durable ». Ainsi, il n'y aurait que 5% à 8% des enfants scolarisés qui
correspondraient à cette définition. Les problèmes d'ordre psychologique, s'il en a, sont une
conséquence de ce handicap, et non une cause. C'est pourquoi, «les troubles psychologiques
éventuellement présents dans la dyslexie sont aujourd'hui considérés comme secondaires aux
difficultés de lecture et d'écriture»3. Néanmoins, l'accompagnement psychologique peut
s'avérer nécessaire pour soulager les tensions et conflits, les sentiments de mal-être, de
dévalorisation, liés à cette frustration de ne pas réussir et ce, malgré de nombreux efforts et
une réelle intelligence. Béatrice Sauvaugeot et Jean Métellus brossent4 le portrait de ce que
peut vivre l’enfant dyslexique : « Il travaille plus que les autres avec tout ce que cela
comporte comme conséquences : fatigue, sentiment d’inutilité, moquerie, pas de récréations,
1 site internet : www.passeportsante.net 2 Revue Sciences humaines N°82, P.27 3 www.orthophonie.fr 4 Vive la dyslexie, p. 48
29
de sorties scolaires, punitions. Souvent, il doit rester en classe pendant les récréations pour
terminer un travail. Il est toujours bien placé pour occuper la dernière place au classement de
la classe. Entre la fatigue due au surmenage, qui peut, d’ailleurs être facteur déprimant, et
l’ambiance scolaire et familiale, il est pris dans un cercle vicieux qui le maintient dans le repli
sur soi. »
L'évolution de la recherche, grâce aux nouvelles technologies, progresse rapidement.
Néanmoins, il faut rester prudent, car les découvertes n'en demeurent pas moins partielles.
Aujourd'hui, grâce à l'ensemble de ces recherches, le puzzle prend forme. Loin de se
contredire, ces recherches se complètent et les rendent plus cohérentes.
C'est en comprenant mieux la dyslexie sur les plans cognitif et physiologique que l'on
comprend la nécessité de mettre en place une prise en charge globale.
30
III. LA PRISE EN CHARGE DU DYSLEXIQUE
3.1. Du dépistage au diagnostic : un réseau de professionnels
3.1.1. Le dépistage
La langue écrite ou orale permet l’accès au savoir et reste un besoin dans nos activités
quotidiennes. A moins d'avoir un suivi respectant le rythme de l'enfant, le système scolaire
français, fondé sur l'écrit et donc l’hémisphère gauche du cerveau, risque d'exclure ceux qui
ne lui correspondent pas. On comprend alors la nécessité d’appréhender le trouble de la
dyslexie le plus tôt possible afin d’éviter qu’il fasse souffrir.
Dès la maternelle et le CP, si un enfant montre des problèmes liés à l’écrit, à la
lecture, ou à des comportements, cela doit susciter des questionnements. En outre, d’après le
Rapport Ringard1 publié en 2001 permettant d’élaborer un plan national d’action pour les
enfants atteints d’un trouble spécifique du langage, l’école devrait alerter les parents dès la
moyenne et la grande section de maternelle si l’enfant présente des perturbations du langage
écrit, oral, des difficultés d’orientation ou des maladresses motrices. Le RASED (Réseau
d'Aide Spécialisée aux Elèves en Difficulté) est chargé notamment du repérage des fragilités
et de l’information des parents et de l’enseignant. Il revient au médecin traitant de prescrire
différents bilans afin d’établir un diagnostic.
La dyslexie étant un trouble spécifique du langage écrit, on ne pourra la diagnostiquer
réellement qu’après une difficulté persistante de lecture, soit vers l'âge de 7-8 ans (fin du
CE2). C’est en définitive un âge bien avancé car l’enfant souffrira déjà de troubles de
l'apprentissage. Pour les scientifiques, un décalage d’un an et demi ou deux ans par rapport au
niveau de lecture attendu, doit être observé pour parler de dyslexie.
3.1.2. Le diagnostic
En fonction du repérage des difficultés de l’enfant, différents examens médicaux
peuvent être demandés avant de pouvoir poser définitivement le diagnostic d’une dyslexie. Il
est alors essentiel de se limiter au strict nécessaire afin de respecter le rythme et la sensibilité
de l'enfant qui risque d’être effrayé par tant de tests.
� Un examen audiométrique chez l’ORL afin de s’assurer que l’enfant entende bien car
1 www.sante.gouv.fr
31
souvent des otites répétitives ou un rhume peuvent déranger l’audition et par conséquent
engendrer une mauvaise prononciation et la confusion des sons.
� Un examen de la vue chez l’ophtalmologiste pour voir si l’enfant n’est pas sujet à un
déficit visuel qui l’empêcherait par exemple de déchiffrer correctement un texte.
� Un bilan chez l'orthoptiste pour vérifier notamment ses muscles oculomoteurs.
� Parfois, il est recommandé de passer un bilan psychomoteur pour observer le contrôle
tonique, la coordination des gestes, la motricité fine, la dominance latérale, le rythme, la
perception et l’organisation de l’espace, la graphomotricité (posture et tenue du crayon)...
� Vers 8 ans, l'enfant peut passer auprès d'un psychologue le WISC IV, test
psychométrique permettant notamment de confirmer la normalité de l'intelligence et
d’évaluer les troubles d’apprentissages.
� Le bilan orthophonique : il est réalisé sur prescription du médecin traitant.
l’orthophoniste écoute et recueille des informations concernant la vie de l'enfant et les
antécédents familiaux, puis lui fait passer des tests.
Ce bilan permet de poser un diagnostic, d'évaluer le type de TSALE (Trouble Spécifique
d’Apprentissage du Langage Ecrit) et son degré de sévérité :
• S’il s’agit d’un TSALE dit dysphonétique ou profond (dans la majorité des cas), il y a une
atteinte auditive, une difficulté à manipuler les sons du langage (confusion des sons
proches tels que b/d, ch/j f/v...), engendrant un déficit de la mémoire à long terme pour
retenir les sons et les structures grammaticales et une atteinte de la voie phonologique :
L’enfant reconnaît visuellement les mots familiers mais la conversion graphème /
phonème est impossible. Il ne sait pas lire par assemblage. Donc les mots nouveaux ne
sont pas lus. L’enfant essaie de deviner à partir de syllabes qu’il reconnaît isolement ou en
s’aidant du contexte. Son écriture est peu compréhensible. Il a des difficultés avec la voie
d'assemblage, et développe une stratégie par adressage.
• S’il s’agit d’un TSALE dit dyséidétique ou de surface, le cas le plus rare, il y a une atteinte
visuelle (confusion des lettres visuellement proches telles que b/d, u/n, ...) engendrant un
déficit de la mémoire à long terme visuelle et une atteinte de la voie lexicale (une
difficulté à la reconnaissance globale des mots même familiers). Ils ont alors une difficulté
à traiter l’image visuelle de la lettre et des mots écrits. L’enfant maîtrise la conversion
graphème / phonème mais les mots sont des suites de sons sans sens. Il a du mal à lire par
32
adressage. La lecture reste donc possible mais elle est lente et laborieuse et le texte reste
incompris. La phase orthographique est impossible, l’enfant redécouvre le mot à chaque
lecture : il écrit phonétiquement.
• S’il s’agit d’un TSALE mixte : à la fois dysphonétique et de surface, avec une tendance
plus ou moins forte. La lecture par adressage et par assemblage est mauvaise. Il faut
(Tests de QI, dyslexie, précocité, ...Bilan d'orientation pour les jeunes, bilan de compétences pour adultes, formation en entreprise) Madame d’Adhémar 5 bv du Maréchal Joffre 92 500 Rueil-Malmaison Tél : 01 47 08 64 10
� Institut de la Vocation (Bilans d'orientation à partir du lycée) Monsieur Jourda 317, cours Emile Zola 69 100 Villeurbanne Tél : 04 78 03 76 26 ��������� ��� � ������������������ ��������� ��
Psychologue et Psychothérapeute pour enfants et adolescents 38 Orée de Marly 78 590 Noisy le Roy Tél : 01 30 56 58 84 Mail : [email protected]
135
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• Ecole Maternelle et Primaire St Joseph A taille familiale, l’école rassemble trois classes (Maternelles, Cycle 2 et Cycle 3) avec des effectifs limités. L’accompagnement des enseignants privilégie le rythme de chacun.
Directrice : Madame Mathais 3 rue des caves 63830 Nohanent Tél : 04 73 60 51 50
• Collège St Joseph L’établissement dispose depuis 23 ans d’une structure d’accueil en 6ème pour enfants dyslexiques. Après deux années, les élèves sont intégrés en 5ème au cursus traditionnel avec un projet individualisé. Directeur : Monsieur Rondepierre 3 rue Principale 63 450 St Saturnin Tél : 04 73 39 30 19
� Ecole Collège Lycée Massillon L'établissement forme notamment ses enseignants sur la différence (enfants intellectuellement précoces, dyslexie, hyperactivité...) afin d’améliorer le suivi des enfants. Directeur : Monsieur Maître 5 rue Bansac 63 000 Massillon Tel : 04 73 98 09 70
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•La FEED (Fédération des Etablissements scolarisants des Enfants Dyslexiques) www.feedfrance.fr�
� Madame Fromageot (Proche de la méthode Sensonaime) 1 bis rue pasteur 78 150 Le Chesnay Tel : 01 39 43 16 54
� Madame Rougon-Clamens Rééducation, entre autres, de la dyslexie, la dysorthographie et la dyscalculie. 123 rue Sully 63 000 Clermont-Ferrand Tel : 04 73 30 87 64
� Madame Sellier (Méthode du Docteur Gelbert) 11 bv Courtais 03 100Montluçon Tel : 04 70 03 65 11
� Madame Raynaud Dans le cadre de sa thèse sur la dyslexie, madame Raynaud fait de la recherche au sein du laboratoire de psychologie et neurosciences, à Boulogne-Billancourt. 19 place des ramacles 63 170 Aubière Tel : 04 73 27 13 07
� Madame MESSECA (Méthode sémiophonie) 14 chemin du l’abreuvoir 78 860 St Nom La Bretèche Tel : 01 34 62 67 02
137
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� Stage de Gestion mentale : (pour professionnels et élèves du collège et lycée)
« Initiative et formation » : suivant la pédagogie d’Antoine de la Garanderie. www.ifgm.org
� Pédagogie « Jean Qui Rit » (stages pour enseignants et parents) Méthode gestuée et syllabique d’apprentissage de la lecture et de l’écriture.
Responsable : Mademoiselle Lemaire 82 rue Bonaparte 75 006 Paris Tel : 01 43 25 08 65
� Méthode Borel-Maisonny Méthode gestuée et syllabique d’apprentissage de la lecture. ���������� ��������������� �
� Stage de Ron Davis
• Madame Nelson 197 bis avenue de Versailles 75 016 Paris Tel : 08 70 27 70 29 Mail : [email protected]
� Stage de la méthode Sensonaime : Puissance Dys 5 rue pierre Chausson 75 010 Paris Tel : 01 40 40 90 37 Site internet : www.bilexie.fr ������ �������� ���� ���� �� ������
�
Docteur QUERCIA Rééducation proprioceptive 15 rue du Clair Matin 210200 Beaune Tel : 03 80 52 71 58 www.quercia.info
138
Université Blaise Pascal Flore de FOUCHIER Clermont-Ferrand
Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques
Annexe A : Liste de symptômes dressée par Ron Davis 143 Annexe B : Questionnaire du Docteur Quercia 144 Annexe C : Lettre de demande de contacts 145 Annexe D : Tableau des femmes 146 Annexe E : Tableau des hommes 148 Annexe F : Témoignages 152
� Alice 152 � Antoine 157 � Benoît 162 � Caroline 168 � Catherine 173 � Charles 178 � Florence 183 � François 188 � Gilles 192 � Hubert 196 � Jean 200 � Louis 204 � Patrick 208 � Yves 212 � Yvonne 217 � Vincent 223
140
Annexe A / Liste dressée par Ron Davis des symptômes les plus courants, classés en fonction de la perception sensorielle la plus affectée :
LA VISION � Les formes et les séquences de lettres ou de chiffres paraissent changées ou
inversées. � Les mots sont épelés de manière erronée ou incohérente. � Des mots ou des lignes sont omis au cours de la lecture ou de l‘écriture. � Les lettres ou les chiffres donnent l’impression de bouger, de disparaître, de
grossir ou de rétrécir. � La ponctuation ou les majuscules sont omises, ignorées ou ne sont pas vues. � Des mots ou des lettres sont omis, transformés ou substitués au cours de la
lecture ou de l’écriture.
L’OUIE � Certains sons du discours sont difficiles à émettre. � Des sons sont mal prononcés. � Des sons « erronés »sont entendus. � La personne donne l’impression de ne pas écouter ou de ne pas entendre ce
qui est dit. � Les sons sont perçus comme s’ils étaient plus doux, plus forts ou provenant
de plus loin ou de plus près qu’ils ne le font en réalité.
L’EQUILIBRE / LE MOUVEMENT � Vertige ou nausées pendant la lecture. � Mauvais sens de l’orientation. � Incapacité à rester assis tranquillement. � Graphisme malhabile. � Problème d’équilibre et de coordination.
LE TEMPS � Hyperactivité. � Hypoactivité. � Peine dans l’apprentissage des concepts mathématiques. � Difficultés à être ponctuel ou à savoir l’heure. � Rêvasse trop. � Perd aisément le cours de sa pensée. � Difficulté à ordonner les choses en terme de séquence (c’est-à-dire à les
mettre dans le bon ordre).
141 ann
Annexe B / Questionnaire du Docteur Quercia
142
Annexe C / Lettre de demande de contacts Chers amis, et Chers amis d'amis, Dans le cadre de mes études de Conseiller en insertion et orientation professionnelle, je rédige un mémoire sur le thème «Le devenir professionnel des dyslexiques », un sujet qui me tient d'autant plus à coeur que je suis maman d'un garçon de 11 ans dyslexique. Les dyslexiques ont des talents et des compétences propres développés grâce et/ou à cause de leur dyslexie. Je cherche à savoir si ces profils particuliers permettraient de dégager des secteurs professionnels où ils seraient particulièrement heureux et performants. C'est pourquoi, je recherche d'ici fin avril 2007 des adultes dyslexiques heureux de leur orientation professionnelle afin de les interroger sur leur parcours. Je me permets donc de me tourner vers vous en espérant que dans votre entourage certains acceptent de répondre à mon questionnaire. Je vous remercie de l'attention que vous porterez à ce courrier. Flore de Fouchier PS : Afin de pouvoir contacter ces personnes, je vous remercie de me répondre par mail: [email protected]
143 1
Annexe D / Tableau des femmes
Prénom Caroline Yvonne Catherine Florence Alice Blandine Age 45 ans 46 ans 47 ans 43 ans 38 ans 34 ans
Type d’études - DESS de recherche développement génétique de l’enfant et l’adolescent - Formation en RH par le CNAM
- DESS de psychologie clinique et pathologie - DESS d’Administration des entreprises
- Infirmière / puéricultrice - DU de Directeur Petite Enfance
- DEUG de droit - Etudes de comptabilité par le CNAM
- Maîtrise de RH et communication interne (CELSA) - Master de management à l’ISCT
- Prépa Beaux-arts - 1ère année de design industriel en école privée - Concours d’intégration à la fac pour les non-bacheliers - Maîtrise d’Arts Plastiques - Mastère marketing Management à l’ESSEC
Orientation « N’importe comment » En littéraire car plus féminin : influence sociale
Influence familiale pour 1ère année de sciences Accord parental pour la psychologie
En seconde, par choix personnel, après un stage dans les métiers de la santé proposée par une conseillère d’orientation et par goût
Test d’orientation avec psychologue en terminale vers le droit pour être juge pour enfants : Par goût
Orientation personnelle en droit, comme 70% de ma classe influence sociale
Orientation par sa mère selon les souhaits professionnels de Blandine, puis par choix personnel
145 1
Annexe E / Tableau des hommes
Prénom Michel Charles François Yves Benoît Patrick Age 31 ans 40 ans 42 ans 62 ans 44 ans 35 ans
Très bon en latin, en Allemand et en mathématiques. Pour le français, fort en grammaire et en explication de texte pour « décortiquer » J'aime l'économie.
Causes Grâce à un travail énorme Pas de réponse Pas de réponse logique Esprit logique et concret.
148 1
Prénom Hubert Jean Louis Antoine Gilles Activités extra-scolaires
Tennis cyclisme Tennis Rugby Chant Théâtre « J'aime l'esprit d'équipe, le groupe. Avoir une activité d'expression orale. »
Niveau d’études Bac +15 CAP Bac + 5 en informatique
CAP Mécanique poids lourds
Bac + 5
Type d’études Médecine et chirurgie Couvreur-zingueur Ecole d’ingénieur Mécanique Ecole supérieure de commerce Master dans les RH Internationales
Orientation Pas de possibilité en agro et grandes écoles Métier du père
Forum des métiers, rencontre avec les Compagnons du Devoir
Choix personnel par goût e l’informatique
Maman Influence familiale
Par goût
- 149 -
Questionnaire de témoignage anonyme : Alice
1) Êtes-vous : un homme une femme X
2) Quel âge avez-vous ? 38 ans
3) Êtes-vous : gaucher X droitier
4) Quel métier exercez-vous ? Direction d’agence de communication 9 personnes (dans un groupe de conseil en
management)
5) Comment s'est passée votre scolarité ?
- En primaire :
Nombreuses difficultés scolaires : apprentissage très difficile de la lecture. Pas de
problèmes spécifiques à l’écrit. Je me souviens d’annotations scolaires blessantes.
4 années d’orthophonie. Passage d’un QI.
- Au collège :
Difficultés persistantes surtout en mathématiques. Faible vision de la géométrie dans
l’espace, lenteur dans la résolution des exercices. Difficulté à mémoriser les théorèmes
et à les visualiser.
Immaturité jusqu’à la fin de la troisième.
- Au lycée :
Cette période fut meilleure : les dissertations me posaient moins de difficultés.
Niveau en français correct (13 et 14 au bac en 1ère) ainsi qu’en Hist Géo. Grande
curiosité et intérêt pour les Sciences Naturelles (18/20 en option au bac)
Difficultés en mathématiques et en langues.
- 150 -
- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?
La Terminale
- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-
vous ?
Français : Attrait pour l’écriture (formulation d’idées, de sentiments)
Sc Naturelles : Goût pour la compréhension des mécanismes du corps humain
Hist Géo : intérêt pour la matière
Pour l’ensemble de ces matières mes bons résultats étaient le fruit d’heures
interminables de travail. Je résumais inlassablement mes cours, les schématisant au
maximum afin de les retenir.
- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-elles et pourquoi ?
Dessin (j’aimais beaucoup), musique (5 ans de violon en primaire, trop exigeant,
j’avais des difficultés à lire les partitions), tennis, danse classique, théâtre, écriture
d’un recueil de poèmes vers 10 ans et à l’adolescence, visite d’une personne âgée
pendant 10 ans, voyage humanitaire en Inde en fin de terminale,
J’ai toujours eu un niveau médiocre dans l’ensemble de mes activités extra-scolaires
me projetant alors parfois dans un sentiment d’échec. Le recueil de poèmes m’a donné
l’occasion de dire des choses que je ne pouvais exprimer autrement. Aucune n’a été
véritablement une passion sauf ce voyage en Inde. Pourtant j’ai exprimé ma sensibilité
au travers de ces activités.
6) Etudes
- Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?
Bac + 4 : Maîtrise de Ressources Humaines et Communication interne (diplômes de la
Sorbonne et du Celsa). Master de management à l’ISCT
- Comment avez-vous été orienté ?
Orientation vers le droit (Paris II Assas) comme 70% de ma classe : autrement dit, zéro
orientation !
- 151 -
- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?
La volonté
- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?
7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Différente par :
1° ma lenteur,
2° ma trop grande sensibilité,
3° ma difficulté à énoncer clairement une idée.
J’ai longtemps eu l’impression de comprendre de travers les énoncés. Je réussissais
plus facilement les épreuves orales que les épreuves écrites.
8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Ils ont pris très au sérieux ma dyslexie. J’ai vu très rapidement Dolto puis le docteur
Debré Ritzen, également psychologue. Tous les 2 ont exigé que je continue
normalement ma scolarité. Mon examen de QI a été un « permis de passage en classe
supérieure » de nombreuses fois.
Je suis gauchère à 100%. Mes parents ont souhaité que je puisse écrire de la main
gauche (ce qui était assez précurseur à cette époque là)
- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?
J’ai eu de nombreuses années d’orthophonie (2 à 3 fois par semaine à l’heure des
récréations après la cantine) J’en garde le souvenir d’une grande humiliation.
Pourtant cela m’a permis d’apprendre à lire et à écrire.
- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?
J’ai grandi dans une fratrie de surdoués. Ma sœur et mon frère avaient 2 ans d’avance.
Je faisais figure de canard boiteux.
J’ai toujours souffert de ne pas sentir mes parents fiers de mes résultats.
9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et
- 152 -
dans le temps ? J’ai du mal à me représenter dans l’espace. Cela me demande un effort de
concentration.
J’ai toujours des difficultés à lire un plan, et à comprendre ce qui est en plusieurs
dimensions.
Mais, je n’ai pas de problème particulier de sens de l’orientation.
10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Aucune.
11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Comme un aveugle, il s’agissait pour moi de combler par différents moyens mon
handicap :
Par le travail.
Par le développement de mon niveau de communication orale.
Par ma qualité d’écoute et mon intuition relationnelle : En effet, ma difficulté à
comprendre les énoncés, ma grande lenteur m’ont obligé à beaucoup écouter : je crois
aujourd’hui que cette écoute est une force en stratégie commerciale. Aujourd’hui, je
comprends très bien les énoncés et ma qualité d’écoute m’aide à cerner les attentes de
mes clients. Je crois que ce sont là les clés de ma réussite dans ce domaine.
12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Je souhaitais travailler dans un univers au service des autres. J’ai commencé dans une
ONG comme responsable communication et recueil de fonds.
- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?
La passion de l’écrit et de la communication. J’ai toujours aimé écrire et relater des
évènements auxquels je participais.
Aujourd’hui j’enseigne à la Sorbonne en master II et au Celsa. J’éprouve un réel plaisir
à transmettre ce qui me semble le plus passionnant dans mon métier.
Ce sont les mots employés par les entreprises, les discours des dirigeants, les stratégies
mises en place, qui retiennent mon attention. J’écris des articles sur ce sujet
- 153 -
(notamment pour les Echos). Actuellement, j’ai entamé l’écriture d’un livre sur les
stratégies de discours et l’analyse sémiologique des phrases.
- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?
Mon parcours professionnel est jalonné de rencontres décisives et d’opportunités.
- Y a-t-il une influence familiale ?
La capacité à entreprendre est un « gêne » familial.
13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent
de réussir dans ce domaine professionnel ? L’art de négocier, la capacité à convaincre. Mon côté sérieux qui inspire confiance.
Je suis souvent en compétition sur des appels d’offres. L’échec ne me fait plus peur.
J’ai appris à le surmonter. Enfin ma capacité de travail, mon souci de perfectionnisme
sont aujourd’hui des forces.
14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller
plus loin ?
Je ne crois pas. (Sauf, peut-être la confiance en soi !)
15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? A la volonté d’y arriver un jour et à ma capacité de travail. Je pense que le fait d’avoir
souvent échoué rend le dyslexique plus persévérant.
16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Journaliste grand reporter
17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la
- 154 -
vie ? Ma famille
18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes
dyslexiques ? Se développer là ou ils se sentent en confiance. Le dyslexique se sent souvent
incompris. Il souffre d’un système scolaire inadapté pour lui. Il a besoin de
reconnaissance.
19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Je partirai d’un ressenti et proposerai une définition peu scientifique : l’impression de
ne pas arriver à exiger de son cerveau des choses qui semblent aux autres si simples.
Comme si certaines connexions cérébrales étaient troublées.
Parallèlement le dyslexique développe d’autres aptitudes. Sa sensibilité est un atout.
- 155 -
Questionnaire de témoignage anonyme : Antoine J’ai reçu par la poste ce témoignage écrit manuellement.
En encre bleue, une tierce personne inconnue ajoute des commentaires.
1)Êtes-vous :un homme X une femme
2)Quel âge avez-vous ? 45ans
3)Êtes-vous ? :gaucher droitier X
4)Quel métier exercez-vous ? Mécanicien poids lourds et ouvrier de maintenance qualifié électricien
5)Comment s'est passée votre scolarité ? - En primaire :
Une catastrophe : j’étais gaucher et on m’a forcé à écrire de la main droite. De plus, on
me prenait pour un débile et on m’a fait passé des tests de QI. Le résultat était de 120.
NB : la méthode globale l’a anéanti
- Au collège :
Je passais pour un fainéant et on m’a placé en CPPN.
- Au lycée :
Je travaillais 2 fois plus que tous les autres pour avoir des résultats, mes notes étaient
moyennes et en fin de trimestre, le professeur notait (travail bien mais lent). Et j’ai
passé mon DFEU avec brio à la remise des diplômes le professeur m’a dit que je
l’avais eu avec compassion.
- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?
CE1 et CE2
- 156 -
- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-
vous ?
Les maths, la géométrie. Je l’attribue à la logique.
- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?
Les compétitions cyclistes. Je me trouvais seul sur mon vélo et donnais le meilleur de
moi-même pour que mes parents soient fiers de moi (j’ai gagné toutes les courses et je
me suis surpassé : 5 fois champion de Côte d’or, 1 fois champion de France sur route.
6)Etudes
- Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?
CAP Mécanique poids lourds
- Comment avez-vous été orienté ?
Par ma maman
- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?
La volonté de réussir et l’aide de maman plus des personnes formidables qui m’ont
aidé bénévolement pour la plupart. Ils me voyaient déterminé.
- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?
Trop faible en français ;
7)Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Oui, je me sentais différent. Il fallait que je travaille davantage pour avoir des résultats
satisfaisants (pour moi)
8)Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? A cette époque, on appelait ça un défaut de motricité et maman a tout tenté et c’est
grâce à sa persévérance que je suis arrivé à un niveau moyen. En 1970, on ne
connaissait rien sur la dyslexie. Il a fallu qu’en 2006 je découvre qu’il existe des
opticiens qui ont trouvé une méthode et des lunettes à prismes (elles sont magiques).
- 157 -
- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?
Oui, par des professeurs qui m’ont donné des cours particuliers. Ils avaient confiance
en moi.
A mon envie de me surpassé.
- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?
Au niveau professionnel : pour passer des concours ou des stages avec un diplôme
professionnel.
9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et
dans le temps ? Pour l’instant mon cas est particulier (je suis en prison) et c’est là que j’ai découvert
les lunettes à prismes (grâce à un copain qui lui, et deux de ses enfants, qui portent
aussi des lunettes).
10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? J’avais d’énormes difficultés et très vite ma vue se troublait, mes mains étaient moites
et j’étais vite fatigué.
11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Des stratégies de compensation, il fallait bien que j’en trouve par centaines si ce n’est
pas plus !
12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Je suis intelligent et un très bon manuel. (Doué d’une très grande habileté, polyvalent
Je dois réussir tout ce que je fais et surtout que je sois satisfait du résultat obtenu.
- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?
Tout ce qui touche de près ou de loin à la Nature. (Pêche, chasse, champignons, faune,
flore, piégeage, garde particulier)
- 158 -
- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?
Des concours de circonstances, il y En a tous les jours plus ou moins important.
Des rencontres décisives, il y en a eu énormément.
- Y a-t-il une influence familiale ?
Oui, dans le choix de mon travail. Je voulais être dans les pépinières (la nature, quoi),
mais mon frère qui était plus âgé faisait ce métier et on m’a orienté du côté de la
mécanique où j’ai bien réussi.
13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent de
réussir dans ce domaine professionnel ? Je m’adapte très vite, je m’entends avec tout le monde, les talents étaient de cacher ma
différence et de surpasser tous les autres, de cumuler des stages et les formations
professionnelles pour me surpasser moi-même et pour être reconnu comme un
véritable professionnel de la part de mes supérieurs. (Surtout leur cacher ma dyslexie)
14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller
plus loin ? Il y en avait avant que je porte mes lunettes magiques. Là, je reprends les cours de
français, l’espagnol et des cours d’informatique, et déjà un diplôme en français CFG et
un autre en informatique.
15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? Un jour, j’ai fait la rencontre d’un homme formidable qui m’a tendu la main et je l’ai
écouté. Trois mois plus tard je portais les lunettes magiques (à prismes) et toujours
aussi persévérer malgré ce que pense la femme : pour elle, je ne fais rien ou presque.
Mes lunettes ça fait que 5 mois que je les possède et 2 diplômes en poche (Alors)
16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Oui, dans un secteur qui est en plein air et qui a un lien avec la nature.
- 159 -
17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la vie ? Les champignons, la nature, et une fois mes problèmes réglés, je vais me consacrer à
ma femme et mes filles.
18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes
dyslexiques ? De trouver au plus vite un spécialiste de la vu et qu’il soit formé pour soigner les
dyslexiques. Du courage, de la persévérance et on déplace des montagnes.
19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? La dyslexie est un obstacle de plus, qui à notre époque n’est que de la rigolade par
rapport à ce que j’ai enduré. Pour vous les jeunes si vous êtes sérieux et déterminés
(c’est gagné), un nouveau jour s’ouvre à vous. Bon courage.
- 160 -
Questionnaire de témoignage anonyme : Benoît
1) Êtes-vous :un homme X une femme
2) Quel âge avez-vous ? 44 ans
3) Êtes-vous :gaucher droitier X
4) Quel métier exercez-vous ? Technicien agricole
5) Comment s'est passée votre scolarité ? - En primaire :
Difficulté à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. J’en garde un mauvais
souvenir car je me sentais différent même si j’avais des copains. Apparemment, on ne
s’est rendu compte que j’avais des problèmes qu’en CM2
- Au collège :
A l’issue du CM2, j’ai été orienté en établissement spécialisé dans le choletais dans
lequel j’étais pensionnaire. (J’y ai passé 3 ans) Je m’y sentais mieux mais je ne crois
pas y avoir progressé. L’éducateur spécialisé qui me suivait voulait m’envoyer en
apprentissage d’ouvrier boulanger.
Dans le même temps, après avoir perdu mon père dans un accident et un de mes frères
(autre accident) l’année de mes 12 ans, je perdais ma mère d’un autre accident alors
que j’allais sur mes 13 ans.
Cela explique que je n’ai que mes propres souvenirs du primaire, et par exemple, je
suis incapable de dire si j’ai ou non redoublé à cette période ?
C’est un frère de mon père et sa famille qui m’ont accueilli, et sans me connaître
beaucoup, ont pensé que je pouvais faire « mieux » que boulangerie, ils m’ont donc
retiré de cet établissement pour me mettre dans un collège à Saumur.
J’y ai fait une 5è et une 4è en suivant mes 1ers cours d’orthophonie. J’ai fait de gros
progrès, aidé aussi par ma tante.
- 161 -
J’avais beaucoup de mal à retenir les poésies.
Le directeur de l’établissement a fait un bulletin élogieux en disant à mon oncle et ma
tante que je pouvais faire mieux. Cela m’a permis de rentrer au lycée agricole de
Derval.
- Au lycée :
J’ai eu le CAP agricole à Derval en 1 an mais ils ont dit que je pouvais faire mieux et
je suis parti en BEP agricole, mais me sentant enfin à l’aise, j’ai fait le clown toute
l’année et je n’ai eu le Bepa que l’année suivante.
- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?
Donc le BEP, en primaire ???
- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-
vous ?
Le sport (j’y étais heureux et j’avais besoin de me défouler, j’y étais mis en valeur car
j’étais assez bon partout), les maths, j’aimais bien l’histoire géo, les sciences, la
technologie. Cela m’intéressait et j’étais soutenu par mon oncle et ma tante.
- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-elles et pourquoi ?
Judo, foot, tennis, hand ball, athlétisme, les soirées-films « connaissance du monde »
J’aimais bien ce dépaysement et je pense que j’apprenais sans effort. La sculpture.
6) Etudes - Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?
CAP et BEP agricoles
- Comment avez-vous été orienté ?
J’aimais bien la nature, mon père, mon grand-père et un de mes oncles (pas celui chez
lequel j’étais) étaient agriculteurs. Je me voyais bien dans cette branche
- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?
La ténacité de mon oncle et ma tante ainsi que le fait que 2 directeurs d’établissement
aient crû en mes capacités
- 162 -
- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?
J’aurai pu faire un bac agricole mais j’en avais assez des études et j’ai eu mon BEP à
18 ans
7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Oui, parce que toutes les matières scolaires me demandaient un effort.
8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Je ne suis pas sur que le diagnostic de dyslexie ait été fait avant mon arrivée à Saumur.
Ils étaient désemparés par mes difficultés.
- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?
Par ma « nouvelle famille » qui a pris les choses à « bras-le corps » chacun m’aidant
selon mes besoins. Par exemple ma + jeune cousine (plus jeune que moi) corrigeait les
fautes de mes devoirs. Ma tante me faisait travailler tous les soirs et trouvait des
astuces à certaines difficultés : ainsi pour apprendre les poésies, elle me les faisait
enregistrer pour que je les écoute ensuite dans ma chambre.
- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?
L’incompréhension de certains professeurs (rare), la démagogie d’autres : ainsi en
établissement spécialisé, on ne m’a plus fait ni lire ni écrire et lorsque mon oncle et ma
tante m’ont repris, ils leur ont dit qu’il ne fallait plus me faire faire de français. Quant
au professeur de sculpture, activité que j’aimais bien, il prenait le contre pied de
l’éducation que voulaient me donner mon oncle et ma tante .Or c’est à ces derniers que
je dois de m’en être sorti, ils avaient donc raison.
9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et
dans le temps ? Aucun
10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ?
- 163 -
Oui, je lis des histoires à mes enfants en primaire, je lis des BD ou des revues mais
rarement des livres car cela me fatigue et me demande de gros efforts et de toutes
façons jamais en public. Pour ce qui est d’écrire, je fais mes brouillons (le moins
souvent possible !) que mon épouse corrige. Qui croyez vous qui écrit ces lignes ?!!
11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Le téléphone plutôt que des courriers
Mon épouse comme secrétaire….
De la répartie pour me laisser du temps
Je trouve le moyen pour que les agriculteurs me donnent des papiers antérieurs ou je
réussis à trouver les mots dont j’ai besoin.
Travail en amont avant mes périodes de vente pour repérer ce que j’aurai besoin
d’écrire.
12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Par un concours de circonstances
- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?
Au départ l’agriculture en général
- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?
OUI, beaucoup.
Après mon service militaire (que j’ai voulu faire dans les paras pour me prouver que
j’étais capable de quelque chose et qui m’a donné un peu plus confiance en moi), j’ai
travaillé comme vacher dans une exploitation agricole, j’ai pris ce qui se présentait à
moi et j’y ai été heureux. C’était dans le département de cousins de mon père qui
m’accueillaient souvent. L’oncle qui m’accueillait désirait autre chose pour moi et a
envisagé de m’installer sur une de ces fermes, mais cela s’est révélé trop compliqué.
C’est alors qu’un de ses gendres en a parlé à son père qui à son tour en a parlé à son
patron qui était directeur d’une société d’engrais (AZF) et qui avait à cœur de lancer
des jeunes en difficulté.
Après plusieurs entretiens, ce dernier a pensé que je serai bien dans le commercial et
m’a envoyé à La Rochelle ou j’ai été formé par un commercial pour promouvoir des
- 164 -
engrais en vigne.
Suite à une restructuration, j’ai été au chômage 3 semaines mais le directeur m’a fait
embaucher dans une filiale aux alentours d’Arras ou je suis maintenant depuis 20 ans,
malgré toutes les fusions et restructurations et où j’ai progressé, devenant technicien
agricole et commercial.
- Y a-t-il une influence familiale ?
Oui comme vous pouvez le constater !
13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent de
réussir dans ce domaine professionnel ? Un très bon contact relationnel et une grande adaptabilité aux différents milieux.
De la volonté.
Une bonne connaissance des cultures
Les maths pour la vente,
de l’intérêt pour ce que je fais
J’ai pris confiance en moi en surmontant toutes ces épreuves
14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller
plus loin ? Oui, si je n’avais pas ce handicap, je pourrai prendre des responsabilités
administratives qui m’auraient intéressés (management des techniciens, .directeur
commercial.)
Les formations sont sources d’angoisse pour moi et du coup je ne fais que celles qui
sont obligatoires pour mon travail
15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? Au fait que des gens ont cru en moi, ce qui m’a donné envie de réussir
Aux bonnes rencontres au bon moment et au fait que je n’ai pas fait le difficile,
n’hésitant pas à subir seul de nouveaux déracinements (Normandie, La Rochelle,
Arras) mais j’avais le soutien moral de ma famille
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16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ?
Etre agriculteur
17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la
vie? Ma famille
Les braderies pour alimenter la kermesse des religieux de St Vincent de Paul qui
tiennent une maison des jeunes .
Je suis dans l’organisme de gestion de l’école
Le foot avec mes garçons
18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes
dyslexiques ? Il me semble que c’est plutôt aux parents qu’il faudrait donner des conseils, car ils se
trouvent souvent démunis devant cette difficulté. J’en parle d’autant plus en
connaissance de cause que nous avons aussi un fils de 13 ans dyslexique et cela a été
un vrai parcours du combattant pour le sortir de l’échec
Pour ce qui est des plus grands (ados et +) : rechercher et cultiver ses points forts, ne
pas se décourager, trouver sa voie de départ, ne négliger aucune piste et saisir les
opportunités.
Ne pas s’isoler, trouver des activités qui lui permettent de s’épanouir et d’évacuer le
stress.
19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Comme un handicap qui demande énormément d’énergie au quotidien
5)Comment s'est passée votre scolarité ? - En primaire :
MAL
- Au collège :
MIEUX après la 4ème/ Orientée en seconde paradoxalement car orientée en filière A
(littéraire) alors que profil technique et scientifique. Pas assez de temps pour traiter les
énoncés à l’écrit.
- Au lycée : difficile
- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?
3ème
- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-
vous ?
Techniques scientifiques très bonne en maths mais TDA (les chiffres « bougent »
et les formules avec…..
- 167 -
- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?
Gym/danse/piano/ travaux manuels (piano douée mais difficile de suivre une
partition…..cette activité m’a aidée à me rééduquer §concentrer)
6) Etudes - Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel
domaine ?
DESS recherche développement génétique enfant et ado + CNAM formation
complémentaire RH
- Comment avez-vous été orienté ? N’importe comment. A ma sortie de 3ème
les préconisations étaient : « douée en technologie et technique ». Mais j’étais une
fille….
- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?
J’ai dû m’accrocher ! ! ! Et je travaillais en parallèle. Donc cette autonomie et le
concret m’ont permis de tenir. J’aurais du faire une formation en alternance, je pense
que cela aurait été idéal.
- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?
7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Oui très clairement une autre forme de pensée. J’étais précurseur et avais depuis
longtemps mis en pratique le langage SMS ! ! ! (Typiquement je n’arrivais jamais à me
souvenir du sens de l’accent…et surtout ne n’en voyais pas l’intérêt…et aujourd’hui
encore très faiblement….en SIMPLIFIE, je n’entrais dans une possibilité d’expertise
que lorsque cela était nécessaire. Le travail du traitement de l’orthographe était très
pénible pour moi et je ne me focalisais que sur les priorités de mémorisation en
fonction de l’opérationnel ! ! ! Je pensais « Qu’est ce qu’il est important que
j’apprenne pour survivre dans ce monde. Qu’ai-je que j’ai besoin de savoir ?». J’aurai
adoré faire de l’histoire en partant de la réalité d’aujourd’hui. Par exemple, partir du
code civil d’aujourd’hui et de remonter le temps et intégrer la dimension pratique
(Pourquoi a t-on modifié tel décret/loi ? qu’est que cela veut dire dans le QUOTIDIEN
- 168 -
des personnes d’il y a 100 ans ? 200 ans ? ? ? J’avais besoin de me faire des IMAGES,
de me représenter la réalité. Les mots abstraits n’avaient pas de sens si je ne pouvais
pas les intégrer à mon ressenti, à du concret.
Je n’ai pas l’impression que la plupart des autres personnes fonctionnent comme cela.
C’est en lisant DAVIS …que j’ai pu me retrouver.
8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Je n’ai su que je l’avais été qu’à l’âge de 30 ans lorsque ma fille a présenté les mêmes
difficultés.
- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?
Personne. Et pourtant j’avais tellement besoin d’apprendre et de canaliser mes
énergies….jeux de construction, écriture de poèmes, broderie, tricot, ….
- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?
Je me suis débrouillée. Le pire c’est de comprendre les mathématiques et d’avoir des
notes aussi moyennes ! ! !
D’avoir envie de comprendre la chimie et de ne pas avoir le temps de mettre en
mémoire de travail ts ces symboles et formules…et pourtant je voulais être chercheur
en neurosciences pour travailler sur le comportement et le cerveau. A l’époque étant
TDA (hyperactive associée prob) j’oubliais de lire l’émotionnel et le besoin affectif
des autres…j’étais autoritaire et avec besoin de réalisation….je vivais les autres
comme des « BOULETS » et de plus je ne pensais pas comme eux….pourtant j’ai fini
par atterrir en psychologie (après avoir tenter une année en droit…catastrophe ! ! !) car
j’ai vu qu’enfin, en psycho, il y avait des statistiques et des neurosciences…Ce sont les
matières qui m’ont permis de réussir ! ! ! !
9) À présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et
dans le temps ? Pas dans le temps (toujours en retard mais parce que le temps n’est pas extensible ! ! !)
Dans l’espace je suis bien latéralisée et bonne intégration psychomotrice, mais lorsque
je me déplace je perds mes repères parce que je n’arrive pas à mémoriser les
informations trop nombreuses liées aux déplacements. Je pense que c’est un problème
d’attention car je suis bonne en mécanique / technologie / architecture
- 169 -
10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Oui et non. J’adore lire et écrire mais je dois m’y reprendre à plusieurs reprises pour
mémoriser ou me recentrer (mémoire de travail).
11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Couleurs, lunettes grossissantes. Synthèse écrite (en réécrivant des textes que je
synthétise pour les relire de tps à autres et tenter de fixer l’info)
12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Au hasard…mais un hasard qui m’amènera malgré tout peut-être aux
neurosciences ! ! ! (Psychologie en lien avec le médical). Issue d’une famille de
médecin/Ingénieur
- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?
Oui décoration construction. Recherche de l’optimisation pour un confort de l’humain
et un respect de notre paradis. Je suis sensible à la protection de la planète et au respect
de l’humain (soyons moins nombreux sur terre pour une optimisation ! j’adore
réfléchir et participer à des projets architecturaux. Comme la création d’espaces de
vie),
- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?
Une enseignante en CM2, un enseignant de philosophie en seconde. ….l’entrée en CP
de ma fille ! ! !
- Y a-t-il une influence familiale ?
Terrain transgénérationnel de dyslexie / Haut Potentiel. Pas de TDA identifié sinon
moi et ma fille…nous sommes les martiennes.
13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent de
réussir dans ce domaine professionnel ? Je me crois visionnaire ! Et je pense souvent que j’ai raison. Et mes stratégies ont
souvent des stratégies adaptées et porteuses….ou mes pressentis négatifs se sont
- 170 -
révélés exacts. Mon chemin de progrès apprendre à écouter et comprendre les MOTS
pour gagner en communication interpersonnelle ! ! !
14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller
plus loin ? Oui mémoire de travail liée au stock de l’information verbale. Grande difficulté pour
mémoriser les noms et les visages (futur ALZEIMER ou est le H ?)
15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? A ma ténacité….mais celle-ci me conduira probablement à l’échec….je n’en suis qu’à
la moitié de ma vie (j’espère pas moins !)
16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Tout m’intéresse, du moment que c’est pour être dans la qualité de vie. J’ai horreur du
gâchis…mais finalement ces notions sont relatives et correspondent à notre propre
système de valeur ! ! ! !
17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la
vie ? Neurosciences et nutrition / finances / humain/ architecture (construction écologique)
et génie civil.
18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes
dyslexiques ? Il y a plusieurs forme de dyslexie…tout dépend du profil, tout dépend s’il est HP et
19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Une autre forme de pensée, qui est mise à rude épreuve dans un système académique
classique.
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Questionnaire de témoignage anonyme: Catherine
1) Êtes-vous : un homme une femme X
2) Quel âge avez-vous ?47 ans
3) Êtes-vous : gaucher droitier X
4) Quel métier exercez-vous ? Directrice de crèche (formation initiale infirmière puéricultrice)
5) Comment s'est passée votre scolarité ?
- En primaire :
Difficile, les instituteurs me punissaient vu mes résultats en orthographe jusqu’en CM1
ils pensaient que je ne voulais pas travailler par contre j’avais de très bon résultats en
maths. Une institutrice s’est penchée sur mes difficultés et a conseillé ma mère d’aller
voir une orthophoniste. C’est à ce moment que nous avons découvert une dyslexie
- Au collège :
Très bien, avec des séances d’orthophonie à un rythme de trois par semaine. Les profs
n’ont jamais considéré le surcroît de travail et l’effort de concentration que je devais
fournir
- Au lycée :
J’ai arrêté en seconde par choix pour me diriger vers un métier de santé
- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?
Le CM1
- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-
- 172 -
vous ?
Les mathématiques, pour moi c’était facile et logique, je n’avais pas besoin de me
concentrer et d’apprendre
- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?
L’équitation, le cheval me comprenait et je me sentais bien.
6) Etudes
- Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?
Licence.
J’ai donc fait une seconde C. Puis une année préparatoire de remise à niveau bac pour
tenter le concours à l’école d’infirmière. Cette année me permettait d’avoir un niveau
bac sans le passer mais me permettant de tenter le concours. J’ai donc fait mes études
d’infirmière puis je me suis spécialisée et j’ai fait alors une école de puériculture d’une
durée d’un an. Je parle d’un niveau de licence car le diplôme d’infirmière est
équivalent à une licence quoique dernièrement la fac de Bordeaux m’a précisée qu’il
était équivalent à un DEUG. En 2004 j’ai eu un Diplôme Universitaire de Directeur
Petite Enfance. Je désire faire un master d’anthropologie mention sciences de
l’éducation mais avec la réponse de la fac sur les équivalences ce sera sûrement une
licence.
- Comment avez-vous été orienté ?
Après plusieurs orientations, j’ai rencontré une conseillère d’orientation qui m’a
suggéré les métiers de la santé et m’a conseillé de faire stage en milieu hospitalier.
- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?
La persévérance et mon père qui a su croire en moi malgré les commentaires des profs
- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?
Le manque de confiance que j’ai pu acquérir par la suite avec l’âge ? Effectivement, je
n’ai recommencé mes études que depuis 2004 où j’ai eu ma licence. J’ai eu un
mémoire à rendre, j’ai eu alors les vieux démons qui sont remontés et je me suis dit
- 173 -
mais rappelle toi tu n’es pas capable tu es bien trop nulle on te l’a pourtant répété tu es
maso ma pauvre. Alors mes enfants et mon mari m’ont rappelé à l’ordre et m’ont dit
avant de dire que tu es nulle, essaie.
7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Oui, je devais faire toujours plus, j’aurais peut-être pu développer des compétences
dans le secteur artistique mais a mon époque il fallait être excellente en français et en
maths, je l’étais en maths donc aucune raison existait pour les profs pour que je sois
mauvaise en français à part ne pas travailler ce que je faisais. En résumé l’Education
Nationale n’a rien compris au problème des dyslexiques !!
8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Très bonne, enfin, il y avait une raison.
- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?
Oui par mes parents et une institutrice, mais cela se résume à peu de personne.
- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?
La moquerie des autres qui a provoqué un repli et une « hyperactivité » pour prouver
que je pouvais y arriver
9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et
dans le temps ? Non plus dans la concentration, lorsque je suis fatiguée je dois me concentrer pour
faire des phrases claires aussi bien à l’orale qu’à l’écrit
10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Plus maintenant pour la lecture quoique j’ai besoin de calme et de concentration pour
imprimer ! A l’écrit oui mais de moins en moins depuis que je suis un traitement
11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Je parlerai des stratégies de compensation mais maintenant quand je sens que je suis
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fatiguée j’avertis les personnes que je risque de faire des erreurs car je suis dyslexique
12) Comment avez-vous choisi votre métier ? - Y a-t-il un goût personnel, une passion ?
Une passion
- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?
Oui bien sûr mon mari et mon directeur, des amis psychologues
- Y a-t-il une influence familiale ?
Oui
13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent de
réussir dans ce domaine professionnel ?
La persévérance, l’intuition, l’observation des gens, l’écoute, la compréhension.
14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent
d'aller plus loin ? Oui bien sûr le manque de confiance qui surgit à tout moment et la lenteur mais à l’âge
que j’ai maintenant je tente et si il y a échec tant pis c’est tout de même une expérience
positive.
15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? À mon optimisme et à des lectures du Dalaï-Lama .Cela pourrait paraître loufoque
mais pour moi c’est le premier homme qui a parlé de la bien-traitance et de la pensée
positive ;
16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Oui peut-être dans la médecine légale ou le secteur artistique mais à voir je n’en suis
pas sur !!
17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la
- 175 -
vie ? Les voyages pour la passion et le centre d’intérêt la connaissance des autres cultures
18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes
dyslexiques ? De s’acharner et de ne pas écouter les gens qui ne croit pas en vous. De suivre ses
objectifs.
19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Une maladie galère que personne ne prend au sérieux surtout l’Education Nationale
qui la prend à la légère. Une maladie où l’on se sent seule. Jeune il est difficile d’en
parler. Les personnes atteintes de dyslexie sont classées dans le registre des idiots des
analphabètes. Ces gens ne sont pas intelligents et n’y arriveront jamais il faut les
mettre dans des voies de garages puisqu’ils ne savent ni lire ni écrire !
Un seul médecin a su me donner un traitement médicamenteux car la rééducation était
trop difficile à organiser et les résultats non concluant. certain ne la considère pas
comme sérieuse et handicapante
- 176 -
Questionnaire de témoignage anonyme : Charles
1) Êtes-vous : un homme X une femme
2) Quel âge avez-vous ? 40 ans
3) Êtes-vous : gaucher droitier X
4) Quel métier exercez-vous ? Directeur industriel d’un site de 200 personnes
5) Comment s'est passée votre scolarité ? - En primaire :
Bien, j’étais très bon à l’oral mais nul à l’écrit. J’ai toujours limité le nombre de traits
dans les exercices, de peur de mal faire.
- Au collège :
Je n’ai su lire qu’en 4è, ce qui explique que mes résultat à l’écrit étaient déplorables, et
que ma culture générale en soit limitée
-Au lycée :
Les lacunes accumulées dans les matières littéraires ont été très handicapantes.
Aux concours de Central nous n’étions que 2 ou 3 sur la France à avoir passer haut la
main la barre scientifique tant redouté par les candidats et ne pas avoir eu la barre
générale
- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?
Oui, la 4è je me suis d’ailleurs fait renvoyer du collège et la terminal puis j’ai fais 5/2.
- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-
vous ?
Dans toutes les matières scientifiques. J’ai eu un très bon prof en 5ème qui ne portait
- 177 -
pas forcément la réduction des points sur la rédaction mais avait une orientation de
notation sur le raisonnement. J’avais enfin une matière où je pouvais me distinguer…
Très important pour un enfant. Avoir 1 point fort reconnu.
- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?
Sport, Kayak, Violon (mais là encore, la dyslexie ne m’a pas permis de m’exprimer, la
lecture des notes était trop difficile, faire la note suivante avant la première, ou en
rajouter une), le dessin là par contre, je me suis éclaté et m’éclate toujours.
6) Etudes
- Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?
BAC + 5
- Comment avez-vous été orienté ?
Par mes parents au début, jusqu’en terminal, sinon je devais quitter le cycle général en
5ème. Puis l’attrait de certains domaines où je me sentais bien.
- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?
La ténacité de mes parents. Et un certain psy qui a déceler, je ne sais comment que
j’avais des ressources non utilisés
- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?
Les gros problèmes de diction, d’expression, d’écriture. (entre 70 à 150 fautes sur un
texte de 10 lignes)
7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Je ne comprenais pas comment faisait les autres pour écrire sans faute. Pour aimer lire.
Par contre, pour la partie analyse, je ne comprenais pas non plus la lenteur d’esprit des
autres mais j’étais incapable d’exprimer ma rapidité.
- 178 -
8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Je n’en ai jamais rien su, ils m’ont toujours soutenu à l’école et je crois que c’est déjà
beaucoup.
- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?
Mes parents, un psy, certains profs de math et de physique. Ensuite, mon épouse
- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?
L’incapacité d’exprimer les idées. Et plus jeune, une honte de faire des fautes ou de ne
pas être compris car trop rapidement je passais d’une idée à l’autre sans y avoir mis de
liaison. Et donc j’étais très difficile à suivre.
9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et
dans le temps ? J’ai toujours des problèmes de repère dans l’espace, mais mon cursus professionnel et
mes études ont minimisé ces problèmes. Toutefois, je me suis mis à la radiocommande
d’hélicoptère pour forcer mon cerveau à gérer le déplacement relatif et absolu.
10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Je n’ai toujours pas l’envie de lire. C’est toujours pour moi une contrainte mais cela est
indispensable pour mon métier…
11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Pour l’écriture, je synthétise au maximum, et j’ai appris à compenser mon problème de
transmission et d’ordonnancement des idées avec l’ordinateur.
12) Comment avez-vous choisi votre métier ? - Y a-t-il un goût personnel, une passion ?
Il s’agit d’un métier d’impression d’image, de technique pur donc un domaine où je
me sens à l’aise
- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?
- Y a-t-il une influence familiale ?
- 179 -
13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent de
réussir dans ce domaine professionnel ? La rapidité de passer d’une idée à l’autre, le fait de ne pas pouvoir rester très
longtemps focaliser sur une idée. Le fait de ne pas aimer écrire ni lire m’oblige à
compenser par une architecture intellectuelle sans faille, et donc me permet de prendre
des décisions structurés avec un but déjà construit. La modélisation de toutes mes idées
pendant ma scolarité pour « survivre » me sert aujourd’hui
14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller
plus loin ?
La communication de mes idées est toujours très difficile, je dois me faire violence
pour m’exprimer. Pour ma situation c’est vraiment un handicap, je pense que si je
n’avais pas cette « maladie » la vie serait plus facile…
15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? La ténacité de mes parents au début et je pense surtout à un prof de math qui m’a
permis de voir que je pouvais être bon dans certaines matières, et que ça valait le coup
de s’y attarder. Un enfant ou même un adulte a besoin de la reconnaissance d’autrui…
16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Non plus maintenant
17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans
la vie ? Le dessin, mes enfants, mon travail
18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes
dyslexiques ? Je dirais à un jeune dyslexique que cette « maladie » peut se vaincre, chose qui est très
difficile à concevoir quand on est au fond du gouffre. Que nous n’en serons jamais
débarrassés, mais qu’il y a un moyen de vivre avec. Il faut pouvoir trouver la faille qui
permet de nous valoriser pour nous même. De s’y accrocher et de balayer tous le reste
avec. De prendre ce domaine où nous avons des facilités (je pense dans la parti
- 180 -
brainstorming personnel) et d’en faire un chemin de bataille pour nous permettre de
nous faire comprendre par le monde qui nous entoure.
19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? La dyslexie est pour moi une incapacité à faire le lien entre ce qui est écrit avec la vie
qui nous entoure. Et je dirais même que cela va même jusqu’à mettre de coté la théorie
qui dit que la pensée a besoin des mots pour exister… Je pense qu’un dyslexique pense
sans l’appui des mots où même d’un support abstrait structuré.
- 181 -
Questionnaire de témoignage anonyme : Florence
1) Êtes-vous : un homme une femme X
2) Quel âge avez-vous ? 43 ans
3) Êtes-vous : gaucher droitier X
4) Quel métier exercez-vous ? Jusqu’à il y a un an : comptable.
En pleine évolution vers le secteur sanitaire et sociale : actuellement auxiliaire de vie.
5) Comment s'est passée votre scolarité ? - En primaire :
J’ai manqué de redoubler mon CP
Excellente en mathématiques et en grammaire
De graves difficultés en français, surtout en dictée et en expression écrite.
Toujours comme appréciation : « lente », « dans la lune » : en effet, j’avais besoin
d’évasion, de souffler.
- Au collège :
Les mêmes remarques avec une difficulté dans l’apprentissage des langues étrangères.
J’ai été diminuée par certains enseignants dont la directrice du collège, professeur
d’anglais qui, par des insultes publiques, ne m’a pas donné confiance en moi.
- Au lycée :
Excellente en matières scientifiques et philosophique
Plus de difficultés dans les matières littéraires
Nombreux sont les enseignants qui m’ont fait confiance mais je n’avais plus vraiment
confiance en moi.
- 182 -
- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?
Je n’ai redoublé aucune classe (sauf la 1ère année de droit)
- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-
vous ?
Les bons résultats sont dus en partie à beaucoup d’intuition dans ces matières
- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?
Le hand-ball et l’athétisme où j’étais excellente
le patronage
L’accompagnement de jeunes enfants dès le collège
6) Etudes
- Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?
Bac + 4, en comptabilité par le CNAM
J’ai commencé par un DEUG de Droit, mais j’ai raté ma licence à deux reprises à
cause de l’expression écrite qui était trop lourde.
- Comment avez-vous été orienté ?
En terminale, j’ai fait un test d’orientation auprès de la psychologue de l’enseignement
catholique qui m’a expliquée que j’avais les possibilités de poursuivre des études
mêmes longues. Mon orientation s’est faite selon mes goûts : désir de travailler avec
des enfants. J’ai choisi juge pour enfant.
Comme je n’ai pas validé la licence en droit, j’ai directement travaillé en tant que
conseillère commerciale bancaire, et je me suis formée en comptabilité car j’étais
bonne en maths.
- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?
C’est ma volonté de réussir
- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?
C’est mon expression écrite, ma lenteur et ma difficulté à mémoriser de gros volumes
- 183 -
7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Ma différence venait surtout du fait que je comprenais très vite mais mon passage à
l’écrit m’empêchait d’avoir des résultats.
8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Mes parents ont compris que j’avais des difficultés sans pouvoir vraiment les qualifier.
Ils ont fait confiance aux enseignants. Ils ont accepté la lenteur me diminuant parfois à
la fainéantise. Ils ont vite cru que mes résultats moyens venaient de mon manque de
travail.
J’ai pu nommer ma dyslexie au lycée, un peu par hasard. J’ai fait le lien avec ce que je
vivais. Cela m’a rassurée, mais je n’ai pas eu de rééducation.
- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?
Ce sont les personnes qui m’ont connu hors scolarité qui m’ont aidée en me redonnant
confiance
- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?
Je rencontre encore beaucoup de difficultés dans tout ce qui est passage à l’écrit et
mémorisation
9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et
dans le temps J’avais de très bons repères spatiaux que je suis en train de reperdre. Ces repères
étaient innés et je ne les pas cultivés me laissant guider par mon mari par ex
La notion de temps s’estompe elle aussi (pourquoi ?): les évènements du passé
appartiennent au passé et pour moi peu importe l’ordre chronologique Le passé est très
peu compartimenté mes seuls repères sont scolaires ou professionnels je ne retiens
aucune date
10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ?
- 184 -
Pour lire à voix haute, il m’arrive d’inverser des syllabes, accrocher sur une lettre,
voire même de remplacer par un mot de même sens et de sens proche. Il m’arrive de
lire en public : Il faut alors, lorsque je prépare une lecture, que je prenne mon temps,
que je lise à voix basse le texte avec une grande attention car si je me trompe, j’ai du
mal à corriger derrière. Je compense en m’entendant dire les choses. J’ai besoin de
verbaliser et de m’entendre.
Dans mon écriture, vous le constatez peut-être, il m’arrive d’oublier un mot et mon
écriture n’est pas très fluide.
11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Je ne sais pas vraiment comment je m’y suis prise pour compenser. Je pense avoir
toujours synthétiser au maximum pour ne pas avoir à trop écrire.
12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Le métier de comptable que j’ai exercé : cela a été des concours de circonstances.
Pour le métier que je souhaite exercer dorénavant, médiatrice familiale, est un
choix personnel, avec une meilleure connaissance de mes aptitudes.
- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?
- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?
- Y a-t-il une influence familiale ?
13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent de
réussir dans ce domaine professionnel ? La patience, l’écoute, la persévérance
14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent
d'aller plus loin ?
- 185 -
Toujours le passage à l’écrit
15) A quoi attribuez-vous votre réussite ?
16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ?
17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la
vie ? La rencontre avec l’autre, mieux comprendre la relation humaine, l’Homme.
18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes
dyslexiques ? Ne pas rester là il y a des gens qui existent pour vous aider
Faire nommer et reconnaître leur dyslexie. Cela permet de se libérer de cette sensation
que l’on est nul et capable de rien. Trouver la méthode de travail ou de rééducation qui
permettra de travailler lire écrire plus aisément, ne pas perdre le contact avec la
société.
J’insisterai sur la déculpabilisation et le maintien du lien parents-enseignants et
rééducateur car à ce jour le travail de rééducation n’est pas harmonisé…
19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Raisonnement pas adapté aux méthodes d’apprentissages actuelles
- 186 -
Questionnaire de témoignage anonyme : François
1) Êtes-vous : un homme X une femme
2) Quel âge avez-vous ? 42 ans
3) Êtes-vous : gaucher droitier X
4) Quel métier exercez-vous ? Conseiller Commercial en assurance
5) Comment s'est passée votre scolarité ? - En primaire :
Des difficultés dans l'écriture je me souviens où une fois j'ai eu les félicitations
de mon maître pour un 0,5 sur 10
- Au collège :
Très dur je compensais par autre chose que la scolarité
- Au lycée :
Dans le privé tu paie, on te laisse tranquille
- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?
La 4eme trois fois et la terminale
- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-
vous ?
Les maths, le sport, le dessin, les travaux manuels et la musique
En tout premier lieu les profs, ensuite les matières où il n'y avait pas d'écriture et une
logique.
- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-elles et pourquoi ?
J'ai eu plein d'activité comme la chorale le scoutisme la croix rouge les échecs et
- 187 -
le sport et tout ce qui pouvait me faire oublier l'école
J'avais besoin d'être reconnu dans des disciplines autre que la scolarité là ou je
n'excellait pas.
6) Etudes - Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?
Bac
- Comment avez-vous été orienté ?
Par mes propres moyens
- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?
L'argent de mes parents
- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?
Mon niveau beaucoup trop bas
7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Non
8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Ils ne s'en sont jamais doutés. C'est quand mon fils Benoît en fin de CP ou nous avons
décelé une dyslexie dysorthographie et dyscalculie que tous ses troubles mon fait
comprendre que je soufrais des mêmes symptômes et mes parents ne l'ont su qu'à ce
moment et n'ont pas du tout compris ce que je pouvais ressentir.
- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?
Jamais puisque je ne savais pas. Pour moi j'étais nul.
- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?
Surtout les langues anglais allemand
- 188 -
9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et
dans le temps ? Tourne à gauche en montrant la droite
Je ne comprend pas les changements d'heure il me faut un moyen mémotechnique
que j'oublie 6 mois après
10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? J'ai horreur d'écrire sauf sur l'ordinateur.
Et lire il faut que j'accroche dès les premières pages
11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Oui mais pour les expliquer je ne saurais pas expliquer
12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Toujours par opportunité
- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?
Non
- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?
Oui
- Y a-t-il une influence familiale ?
Non
13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent
de réussir dans ce domaine professionnel ? Mon empathie, ma sociabilité, ma culture générale.
14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller
plus loin ? Les langues surtout l'anglais
- 189 -
15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? Le défi chalenge, et surtout ma ténacité
16)Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? OUI
17)Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la vie
? La bande dessinée et tous ce qui touche les gros engins comme les tracteurs,
les bull, les pelleteuses, les dameuses etc.
18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes
dyslexiques ? Foncer et ne pas avoir honte.
Avoir un centre d'intérêt et de graviter un maximum autour.
Etre opportuniste et ne pas avoir peur de prendre le train en route.
Ressentir les choses et ne pas trop se poser de questions. En général la première
impression est la bonne.
19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? C'est passé par des chemins de traverses pour arriver au but.
- 190 -
Questionnaire de témoignage anonyme : Gilles
1) Êtes-vous : un homme X une femme
2) Quel âge avez-vous ? 42 ans
3) Êtes-vous : gaucher droitier X
4) Quel métier exercez-vous ?
Consultant en Ressources Humaines (créateur d'entreprise)
5) Comment s'est passée votre scolarité ? - En primaire :
Le CP a été très difficile, puis les instituteurs ont été compréhensifs et m'ont toujours
encouragé.
- Au collège :
Mieux
- Au lycée :
Mieux
- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?
La 4ème
- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-
vous ?
J'étais très bon en latin, en Allemand et en mathématiques.
Pour le français, j'étais fort en grammaire et en explication de texte pour
« décortiquer ».
J'aime l'économie.
Pour toutes ces matières, je pense que c'est grâce à mon esprit logique et concret.
- 191 -
Mais j'étais nul en dictée et lent en rédaction ; je mettais 2 fois plus de temps que les
autres pour écrire.
J'étais moyen en anglais, et nul en philosophie car je ne lisais pas et la matière n'était
pas assez concrète.
- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?
Tennis, rugby, chant, théâtre
J'aime l'esprit d'équipe, le groupe. Avoir une activité d'expression orale.
6) Etudes - Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?
J'ai fait un bac B, une prépa écoles de commerce et l'ESLSCA, avec option ressources
humaines en dernière année. Puis, j'ai fait un Master de RH international à l'âge de 36
ans.
Mes difficultés ont développé ma volonté et ma rigueur dans le travail.
J'ai des facilités à décortiquer, à comprendre. Faire un plan et organiser ma pensée sont
faciles.
- Comment avez-vous été orienté ?
- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?
- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?
7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Oui dans la manière de travailler, mais pas par rapport aux résultats.
8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?
- Quels obstacles avez-vous rencontré(s) ?
Mes parents étaient exigeants mais compréhensifs (pas de punitions à cause des
mauvais résultats en dictée)
Ma mère m'a soutenu dans le travail du soir.
- 192 -
9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et
dans le temps ? Aucun. Je suis même très à l'aise dans l'espace. J'étais excellent en topographie à
l'Ecole d'officiers pendant mon service militaire.
10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Oui. Je suis toujours lent en lecture et en rédaction. Cela me demande un effort. Je ne
lis jamais pour mon plaisir.
11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Face à ma lenteur de lecture et rédactionnelle, j'ai élaboré ma méthode de travail et ai
développé mon esprit de synthèse. Grâce à cela, en prépa écoles de commerce, le
résumé de documents est devenu ma meilleure matière.
12) Comment avez-vous choisi votre métier ? - Y a-t-il un goût personnel, une passion ?
J'ai toujours voulu concilier l'économique et l'humain.
- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?
- Y a-t-il une influence familiale ?
13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent
de réussir dans ce domaine professionnel ? Je suis très créatif.
J'ai un esprit logique.
J'ai une capacité à trouver des solutions.
J'ai une bonne capacité d'écoute empathique et de jugement : je suis dans le plaisir
quand il s'agit d'aider les autres. Je crois que le dyslexique n'ayant pas d'intérêt pour la
lecture qui est un plaisir individuel, il se tourne naturellement vers les autres. Je
ressens comme un besoin de me situer dans le concret, ce qui est une force pour un
créateur d'entreprise.
- 193 -
14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller
plus loin ?
15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? J'ai un bon contact et des valeurs (respect mutuel, droiture, équité) qui inspirent
confiance.
Je suis très rationnel dans mon jugement.
En étant dans le concret rapidement, dans l'opérationnel, j'obtiens des résultats que les
clients apprécient.
16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Etant très curieux et créatif, j'aurai aimé travailler dans pleins de secteurs.
Notamment, le théâtre, écrire des sketches comiques, faire rire.
17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la
vie ? Le tennis
La musique, le chant
18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes
dyslexiques ? D'abord, de persévérer, car plus on avance et moins la dyslexie est un handicap. En
effet cela devient plus facile car on va plus vers le raisonnement.
Après, de travailler dans des métiers, des secteurs et des cultures d'entreprises où l'oral
est privilégié.
19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Pour moi, la dyslexie est une difficulté à lire et à rédiger (formuler les phrases par
écrit).
- 194 -
Questionnaire de témoignage anonyme : Hubert
1) Êtes-vous : un homme X une femme
2) Quel âge avez-vous ? 54 ans
3) Êtes-vous : gaucher X droitier
4) Quel métier exercez-vous ? Chirurgien
5) Comment s'est passée votre scolarité ?
- En primaire :
Difficile
- Au collège :
Très difficile
- Au lycée :
Epouvantable
- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?
6ème et 4ème
- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-
vous ?
Sciences, histoire géo,
plus ou moins langues et physique
Grâce à un travail énorme par rapport d’autres
Mon épouse était avec moi au collège, elle travaillait 4 fois moins pour un résultat très
supérieur.
- 195 -
- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?
Beaucoup de scoutisme
Très peu de contraintes extérieures
6) Etudes
- Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?
Bac + 15 : 8 ans de médecine, 7 ans de chirurgie
- Comment avez-vous été orienté ?
Impossible de faire Agro et Grandes Ecoles
- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?
L’acharnement, je travaillais de 2 heures du matin à 20 heures pendant les concours. Je
me lève toute l’année à 5 heures et je peux faire des journées de 20 heures de travail.
4 h. à 5 h. de sommeil sont suffisantes
- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?
7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Impossibilité de lire et d’écrire sans fautes, ma vie a changé avec les prismes.
8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Ils ont cherché comment me traiter mais en fait j’ai fait le traitement des prismes, après
un de mes neveux très dyslexiques qui ne lisait pas et n’écrivait pas à 17 ans.
Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?
Ma famille, mon épouse
Quels obstacles avez-vous rencontrés ?
Tout est obstacle quand vous ne lisez pas les étiquettes, les modes d’emploi, des
conditions d’entretiens etc.
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9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace
et dans le temps ? Oui, je ne sais pas les dates de naissances de mes enfants.
10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Beaucoup moins, je lis avec plaisir et volontiers des articles
11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Le travail
12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Non, je les fait, faute de faire mieux, puis c’est devenu une passion
- Y a-t-il un goût personnel, une passion ? Oui
- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?
Oui, j’ai découvert la microchirurgie, ce qui m’a fasciné.
- Y a-t-il une influence familiale ?
Oui, mon père était chirurgien
13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous
permettent de réussir dans ce domaine professionnel ? La rapidité, l’ingéniosité, la rigueur
14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent
d'aller plus loin ? Oui, j’ai du mal à entretenir mon savoir.
15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? A l’acharnement
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16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Je ne peux pas finalement.
17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans
la vie ? J’aime la pêche à la mouche, la montagne, la marche, plutôt les loisirs physiques ou
demandant de la précision.
18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes
dyslexiques ? Mettez des prismes
19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Un handicap méconnu et non compris.
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Questionnaire de témoignage anonyme : Jean
1) Êtes-vous : un homme X une femme
2) Quel âge avez-vous ? 22 ans
3) Êtes-vous : gaucher droitier X
4) Quel métier exercez-vous ? Je suis couvreur zingueur, en réorientation pour des raisons médicales, à la recherche
d’un emploi.
5) Comment s'est passée votre scolarité ? - En primaire :
Apprentissage de la lecture et de l’écriture au même rythme que les autres enfants avec
de grosses difficultés en orthographe et une sorte de dégoût pour la lecture.
- Au collège :
Apprentissage des langues vivantes avec beaucoup de difficultés, un grand intérêt pour
les matières technologiques, sciences physique, SVT …
Arrêt des études en fin de 3ème technologique.
- Au lycée :
Apprentissage du métier de couvreur-zingueur dans le lycée des compagnons du
devoir, et en alternance avec l’entreprise en couverture -zinguerie
- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?
La 5ème
- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-
vous ?
La géographie, l’histoire, les sciences et vie de la terre, les mathématiques.
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- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?
Sports : escalade, marche à pied, vélo, ski, natation, foot…
6) Etudes - Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?
J’ai obtenu mon CAP de couvreur zingueur en juin 2003
- Comment avez-vous été orienté ?
Au cours d’une visite au forum des métiers de Dijon, mon père et moi-même sommes
allés voir les différents métiers. Je me suis arrêté au stand des compagnons du devoir
pour discuter d’une éventuelle orientation dans ce secteur.
- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?
- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?
Un manque d’intérêt pour les études
7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Différent, oui et non.
Plus de difficulté à apprendre et à retenir que la plupart des enfants.
8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? La même que la leur. Pas surpris du fait que mon père, mon frère et ma sœur le sont.
- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?
Oui, énormément par la famille et les amis.
- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?
Renoncer au travail de couvreur, du en partie à ma dyslexie, pour un problème postural
de la colonne vertébrale ;
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9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace
et dans le temps ? Oui, parfois, sans que ce soit très courant.
10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Mis à part les fautes d’orthographe, et le fait de ne pas aimer lire, non.
11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ?
12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Sur les facteurs suivants :
- métier manuel
- peu d’années d’études
- métier d’extérieur
- métier à long terme
- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?
Le dessin industriel est une chose que j’apprécie
- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?
Pas spécialement, différents employeurs pour des postes de couvreur-zingueur,
charpente
- Y a-t-il une influence familiale ?
Non, pas du tout
13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous
permettent de réussir dans ce domaine professionnel ? Le fait d’être en extérieur, de passer du temps à réaliser quelque chose qui reste
pendant des années.
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14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent
d'aller plus loin ? Je ne pense pas que l’on puisse parler de freins mais d’envie pour mon propre cas.
Non, je ne pense pas.
15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? A l’envie de progresser
16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Oui, bien sûr, il y a même sûrement des métiers que je ne connais pas qui pourraient
m’intéresser
17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans
la vie ? La nature, le calme, la tranquillité
18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes
dyslexiques ? De se battre contre leur dyslexie.
19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Je la définirais comme une gêne pouvant être perçue sous différentes formes.
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Questionnaire de témoignage anonyme : Louis
1) Êtes-vous : un homme X une femme
2) Quel âge avez-vous ? 26 ans
3) Êtes-vous : gaucher droitier X
4) Quel métier exercez-vous ?
Ingénieur informaticien
5) Comment s'est passée votre scolarité ?
- En primaire :
Très difficile. J’étais dans le brouillard. Rééducation en CM1-CM2.
- Au collège :
Après rééducation, très bien, sauf l’apprentissage des langues qui est resté très
difficile.
- Au lycée :
Très bien
- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?
CM2
- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-
vous ?
Maths, Physique, Histoire-géo
- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?
Le tennis, activité plaisante, sauf la compétition (stress).
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6) Etudes - Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?
Bac + 5, informatique
- Comment avez-vous été orienté ?
Je n’ai pas rencontré de conseiller en orientation, choix personnel après une scolarité
normale.
- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?
Aucune difficulté d’apprentissage
- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?
Rien
7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Non, mais j’avais un sentiment d’infériorité jusqu’à ma rééducation.
8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Ils m’ont aidé. Ils ont eu es difficultés à trouver un programme adapté pour la
rééducation. Aucune aide du système scolaire par les instituteurs, et les psychologues
scolaires qui ne connaissaient pas et riaient de la dyslexie.
- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?
Oui, par ma famille, mais pas par les instituteurs.
- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?
Difficulté d’apprentissage de la lecture, de l’orthographe et des langues.
9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace
et dans le temps ? Non
10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ?
- 204 -
Non, mais des fautes d’orthographe et pas de goût pour l’écriture.
11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Non
- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?
Non
- Y a-t-il une influence familiale ?
Non
13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous
permettent de réussir dans ce domaine professionnel ? Logique, goût pour les mathématiques, sérieux, serviable
14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent
d'aller plus loin ? Les langues
15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? Je suis doué pour l’informatique
16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Non, pas spécialement
17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans
- 205 -
la vie ? Non, mais j’aime lire et voyager
18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes
dyslexiques ? De travailler, de ne pas se décourager
19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Je n’en sais rien
- 206 -
Questionnaire de témoignage anonyme : Patrick
1) Êtes-vous :un homme X une femme
2) Quel âge avez-vous ? 35 ans
3) Êtes-vous : gaucher droitier X
4) Quel métier exercez-vous ?
Chef d’entreprise en bâtiment et construction
5) Comment s'est passée votre scolarité ?
- En primaire :
Très bien
- Au collège :
Moyennement
- Au lycée :
Arrêt après la seconde
- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?
La 2nde
- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-
vous ?
Le dessin, talent naturel
- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?
Théâtre : oui, j’avais plus de liberté, mise en avant des différences, de l’excentricité
- 207 -
6) Etudes
- Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?
Bac F2, obtenu par équivalence
- Comment avez-vous été orienté ?
Je n’ai pas été orienté. Choix effectués par hasard et par défi.
- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?
Rien
- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?
Résultats scolaires insuffisants
7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Non, pas vraiment
8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Ils ne se sont jamais vraiment posés la question, de même que les enseignants
- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?
Non, pas dans l’enfance.
Dyslexie non détectée avant l’âge adulte.
- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?
L’incompréhension et l’assimilation à de la fainéantise, de la bêtise.
9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace
et dans le temps ? Oui, incapacité à s’orienter sans plan.
Difficultés entre la droite et la gauche.
10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ?
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Enormément de fautes d’orthographe.
Difficultés à découvrir un texte en lecture à voix haute devant d’autres personnes.
11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Oui, j’évite de lire devant d’autres personnes et je m’entraîne avant (apprentissage par
cœur).
Beaucoup de démarches téléphoniques.
12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Par hasard
- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?
Non
- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?
Oui
- Y a-t-il une influence familiale ?
Non
13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous
permettent de réussir dans ce domaine professionnel ? La facilité d’expression et de communication
La maîtrise des chiffres
14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent
d'aller plus loin ? Plus maintenant, car j’ai choisi un métier qui ne nécessite pas de qualification
particulière.
15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? Une grande capacité de travail
A la confiance de mon épouse
16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ?
- 209 -
Non
17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans
la vie ? Ma famille
18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes
dyslexiques ? De suivre ses propres règles
19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Ça n’est un problème que pour les autres, dans le système tel qu’il existe (on peut très
bien vivre avec, mais les enseignants, non)
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Questionnaire de témoignage anonyme : Yves
1) Êtes-vous : un hommeX une femme
2) Quel âge avez-vous ? 62 ans
3) Êtes-vous : gaucher droitier X
4) Quel métier exercez-vous ?
Chef de département rayons frais dans un hypermarché (retraité depuis 6
mois)
5) Comment s'est passée votre scolarité ?
- En primaire :
Long avec beaucoup de soutien scolaire
J’avais de bons camarades.
J'avais beaucoup de difficultés en français: il y a des aberrations dans la langue
française, beaucoup trop d'exceptions
- Au collège
En 6ème adaptée dans laquelle où je n’avais pas de Langue étrangère enseignée, mais
des cours de français.
J'avais 3 ans de retard, ce qui était difficile à vivre par rapport aux autres collégiens
- Au lycée : professionnel agricole
Directement après la 6ème (vers l'âge de 15 ans), en cycle dit long (sur 5 ans) pour
atteindre un diplôme agricole du second degré.
Il y avait moins de décalage d'âge, et j'avais moins de difficultés scolaires.
Les matières enseignées sont très intéressantes et concrètes.( en particulier la
botanique et la zoologie)
J'ai eu mon diplôme vers 20 ans
- 211 -
- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?
A l’époque et de mémoire la 9 ème et la 7 ème
pour avoir le certificat d’études.
- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-
vous ?
De meilleurs résultats en maths, car c'est plus logique
j'aimais la géographie par intérêt personnel (tout ce qui concerne la nature, comprendre
comment ça fonctionne) et aussi parce que c'est concret
- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-elles et pourquoi ?
Aucune.
Je jouais aux jeux d'enfants: billes, vélos, patins à roulettes...j'aimais aussi beaucoup
bricoler
j'étais d'une nature très autonome (j’allais tous seul chez le dentiste 7 ans) et renfermé
Je participais très bien à vie de famille (courses, vaisselles….)
6) Etudes
- Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...)
Diplômes agricoles le dernier équivalent au BAC
- Comment avez-vous été orienté ?
Tests d’orientation par un cabinet privé à l’époque.
- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?
Avoir un bagage pour l’avenir et encouragé par les parents à tenir.
Aucune remarque désobligeante sur les mauvais résultats scolaire.
- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?
Niveau intellectuel et compréhension
Français dans toutes les matières (orthographe, écriture……)
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Langues (rien ne rentre)
7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ?
Non
8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Mal connu dans les années 1950/55, quand j'étais en primaire.
Recherche au près de spécialistes rares : Je me suis déplacé 4-5 fois avec mon
instituteur à Lyon alors que j’étais à Clermont-Ferrand pour rencontrer une sorte
d'orthophoniste qui voyait mes progrès et qui formait mon maître pour m'expliquer
comment m'apprendre.
J'ai appris que j'étais dyslexiques que vers l'âge de 30-40 ans, par hasard : une lecture
d'article ou bien une discussion, où je me suis reconnu
- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?
Par un soutien scolaire très soutenu pendant de nombreuses années par le dévouement
sans compter de mon maître d’école.
- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?
Quelques petits problèmes avec les camarades surtout en fin de primaire et en 6ème
car un grand « dadé » dans une petite classe !!
9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace
et dans le temps ? Non, j'ai un très bon sens de l'orientation : par exemple je me repère très facilement
dans une nouvelle ville
10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ?
La lecture n’est pas très rapide mais correcte et satisfaisante. De temps en temps
quand c’est possible je lis à voix haute. Exercice très profitable est intéressante pour la
voix et l’intonation.
Pour l’écriture le moins possible c’est la catastrophe à cause des constructions des
phases et la recherche des mots. pas un mot sans faute d’orthographe et les tournures
- 213 -
de phases sont toutes incorrectes Connaissance vocabulaire sûrement inférieur à la
moyenne des français.
Pour copier un texte 5 minutes point final !
Ecriture illisible comme pas encore formée mélangeant dans le même mots les
minuscules et majuscules mélange assez curieux !
11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ?
Ecriture manuelle illisible pour effacer les fautes au point où j’ai du mal à me relire.
Utilisation au maximum de l’ordinateur avec la correction automatique.
Besoin de répéter les choses pour les retenir; il faut en permanence que je réactive mon
moteur de mémoire. C'est comme une formation en continue mais sur des choses déjà
apprises et soit disantes acquises. C'est la même chose pour la lecture et l'écriture,
sinon je régresse.
12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Par l’intermédiaire de mon père : il m’a fait entrer dans une entreprise où là
j’ai réussi à faire une très bonne carrière.
- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?
- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?
- Y a-t-il une influence familiale ?
Oui, neutralité le plus absolu du coté des frères et sœurs (famille nombreuse 6 enfants)
J’étais comme tout le monde.
13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous
permettent de réussir dans ce domaine professionnel ? Travail et ténacité et savoir évoluer dans la formation continue.
Organisation des taches à accomplir.
- 214 -
14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent
d'aller plus loin ? Problèmes sur la composition de l’écriture.
Problème de prononciation dans une discutions mais qui s’estompe dans la lecture.
Problème de mémorisation : j'ai une mémoire courte. Par exemple, il m'était
impossible de retenir une poésie.
15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? A la ténacité : il faut bien vivre et ne pas baisser les bras.
16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Oui : conseiller en foret et tout ce qui touche aux bois
L’arboriculture ou maraîchage ?
17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié
dans la vie ? Toujours la nature.
Le bricolage, la mécanique (les machines, les moteurs...): j'aime comprendre comment
ça fonctionne en repérant les mécanismes. Je n'utilise pas de plans car j'ai du mal à lire
les schémas monoplans, à l'horizontale, je préfère ce qui est en 3 dimensions.
18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes
dyslexiques ? Ne pas abandonner et se diriger sur des métiers manuels et touchant la nature
(horticulture, paysager, menuisier, foret, ……..) métiers très intéressants et
demandant pas trop d’écriture et de langue.
Les efforts fournis sont récompensés par les progrès
19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Personne possédant des difficultés sérieuses et durables sur la maîtrise de la langue
française
Comme une maladie que j'ai eu enfant entraînant un retard de scolarité.
- 215 -
Questionnaire de témoignage anonyme : Yvonne
1) Êtes-vous : un homme une femme X
2) Quel âge avez-vous ? 46 ans
3) Êtes-vous : gaucher droitier X
4) Quel métier exercez-vous ? Conseil en recrutement
5) Comment s'est passée votre scolarité ?
- En primaire :
Je n'ai pas de souvenirs particuliers de l'école primaire, excepté pour le travail
laborieux à la maison concernant la lecture, l'écriture et l'orthographe. Beaucoup de
dictées ...
- Au collège :
Je n'étais pas malheureuse à l'école. Le plus dur était de poursuivre au collège les
dictées : c'est lassant d'avoir toujours zéro! Comme je n'aimais pas lire, je ne lisais pas,
sauf bien sûr ce qui était imposé par l'école.
J'avais des difficultés en anglais. En espagnol, je me souviens n'avoir retenu que les
mots de vocabulaire qui étaient illustrés par des images.
En technologie, j'ai un souvenir épouvantable dès qu'il s'agissait de faire des tracés.
En mathématiques, la géométrie me demandait de gros efforts. Quand c'était abstrait,
je trouvais cela moins pénible à vivre car j'avais l'impression d'être sur un même pied
d'égalité avec les autres élèves pour qui ce n’était pas facile non plus.
En histoire, j'avais des difficultés à apprendre et à retrouver des noms propres, sauf
ceux que je pouvais associer à quelque chose de concret.
- Au lycée :
- 216 -
J'ai eu une révélation ! J'ai enfin compris qu'il ne fallait pas que je cherche à
comprendre : on attendait de moi simplement de restituer par analogie les
raisonnements.
J'ai également pris conscience que je pouvais par d'autres chemins arriver au même
résultat. Par exemple, pour la règle de trois, je la résous par une équation à 2 inconnus.
- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?
Non
- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-
vous ?
Pour chaque matière, cela dépend de la manière dont le savoir était apporté : j'ai besoin
de visualiser, que ce soit concret. Si la matière n'est pas concrète, je cherche à
l'associer à quelque chose de concret pour pouvoir la visualiser.
Par exemple, j'adore la physique car c'est une matière très concrète, sauf en études
supérieures car elle est abordée autrement.
- Aviez-vous des activités extra-scolaires qui vous plaisaient et pourquoi ?
Je faisais de la danse, ce qui me posait beaucoup de difficultés car j'avais des
problèmes de coordination et donc de repères dans l'espace.
J'aimais beaucoup le ski
6) Etudes - Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) :
Bac D, 1 année en fac de sciences, puis un DESS de Psychologie clinique et
pathologique et un DESS d'Administration des entreprises.
- Comment avez-vous été orienté ?
J'ai passé 1 année en fac de sciences, le temps de mûrissement de mes parents avant
d'accéder à ma demande de faire Psycho.
- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études :
- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?
7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ?
- 217 -
Non
8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ?
- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?
Mes parents m'ont envoyé chez l'orthophoniste en primaire. Ma mère me faisait faire
beaucoup de dictées et de lectures.
- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?
9) Avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et dans le
temps ? Je n'ai pas de problème dans le temps, sauf en vacances quand le rythme est changé.
J'ai toujours des problèmes de repères dans l'espace : je ne peux pas lire de plan. Pour
retrouver l'endroit où j'ai garé ma voiture, je mémorise des repères visuels (un arbre,
un panneau publicitaire...), et je fais la même chose pour retrouver mon chemin en
forêt !
10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Je n'ai pas de freins concernant la lecture, à partir du moment où le sujet abordé
m'intéresse, sauf en période de stress.
11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Je fonctionne beaucoup par associations d'idées et par images pour retenir et
comprendre.
12) Comment avez-vous choisi votre métier ? - Y a-t-il un goût personnel, une passion ?
- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?
- Y a-t-il une influence familiale ?
Je me suis aperçu que je pouvais travailler dans les RH avec ma formation de psycho.
Pour cela, il me fallait élargir ma formation pour avoir une connaissance de
l'entreprise. D'où mon DESS à l'IAE de Paris, pour travailler en cabinet de
recrutement.
13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent
- 218 -
de réussir dans ce domaine professionnel ? J'ai un grand sens de l'observation.
J'ai une bonne perception des situations, j'ai de l'intuition.
Ma formation initiale de Psycho m'a bien formée à l'écoute et à l'entretien.
14)Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller
plus loin ? Ce qui peut me gêner quelque soit le métier, c'est ma difficulté à transmettre les
perceptions, le ressenti, et à expliquer le pourquoi. Cela constitue un frein.
15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? A l'intérêt des études choisies et à la persévérance.
16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Lors de mes études en Administration des Entreprises, j'ai découvert une foule de
métiers que je ne connaissais pas. J'aurai pu m'orienté différemment.
17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la vie ? Pas particulièrement.
18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes
dyslexiques ? Se dire que ce n'est pas grave si on ne raisonne pas comme les autres.
Ce n'est pas parce qu'on ne sait pas expliquer les choses qu'on a tord.
Il faut persévérer.
Savoir qu'on est dyslexique permet de comprendre et de déculpabiliser. Mais, le savoir
peut constituer un frein, limité le potentiel de la personne à cause du regard des autres
et du regard que l'on peut porter sur soi-même. Mais cela peut être aussi un atout car
paradoxalement en va peut-être plus vite dans la réflexion, la recherche et mise en
pratique grâce à l'habitude de « recoder » l'inconnu n'est pas une nouveauté.
- 219 -
19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? C'est avoir un disque dur qui n'est pas formaté comme tout le monde, et reconstituer
des puzzles avec des morceaux manquants qu'il faut imaginer.
- 220 -
Questionnaire de témoignage anonyme : Vincent Je remercie Vincent d’avoir répondu à ce questionnaire. Je le joins aux autres en remarquant ses nombreux points communs avec les autres témoins. 1) Êtes-vous : un homme X une femme
2) Quel âge avez-vous ? 47 ans
3) Êtes-vous : Gaucher Droitier X
4) Quel métier exercez-vous ? Agriculteur
5) Comment s'est passée votre scolarité ?
- En primaire :
Ai toujours eu des difficultés dues aux problèmes de lecture.
- Au collège :
N’ai fait que 2 x la 6e … difficiles
- Au lycée :
- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?
7e et 6e
- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-
vous ?
De bons résultats en matières scientifiques à l’oral mais dès qu’il s’agissait d’écrire,
j’inversai les chiffres et le résultat bon dans ma tête était faux sur le papier.
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- Aviez-vous des activités extra-scolaires qui vous plaisaient et pourquoi ?
Equitation, bricolages et mécanique en tous genres … moteurs de voitures, quart,
motos etc
6) Etudes - Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) :
BEP Agricole + spécialisation Ovins
- Comment avez-vous été orienté ?
Maison familiale agricole avec stages/école en alternance, après la 6e … ce qui
convenait le mieux à mon cas et me permettait de faire mon métier d’agriculteur
comme je l’entendais (avoir les prêts …)
- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études
Rien et personne
- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?
Ma dyslexie !
7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ?
Je me suis retrouvé, en maison familiale, avec pleins d’autres qui avaient des
difficultés, alors je ne voyais pas la différence, sauf que j’avais plus de facilités à
l’oral. J’avais tout dans la tête.
8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? J’ai perdu mon père à 8 ans, … j’ai eu quelques séances d’orthophoniste mais après la
mort de mon père on m’a envoyé chez mon grand-père et ce dernier n’a rien continué.
- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?
Par ma mère qui remplissait tous mes papiers
- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?
Documentation et culture générale en ont pâtit.
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10) Avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et dans le
temps ? Complètement ! Ai du mal a différencié la Gauche et la Droite mais ai un très bon sens
de l’orientation. Dans le temps … ai beaucoup de mal à me repérer.
11) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Et comment …. Je ne peux pas écrire une phrase correctement, ce qui est écrit là est
écrit par ma femme sous ma dictée. Je mets beaucoup de temps à lire un article de
journal.
12) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? J’ai une excellente mémoire visuelle. Je ne lis pas les panneaux sur la route mais j’ai
des repères visuels des routes.
13) Comment avez-vous choisi votre métier ? Je suis tombé dedans étant petit
- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?
C’est devenu une vocation
- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?
Ma mère a repris une exploitation seule, veuve à 36 ans, nous l’avons naturellement
aidée dès que nous avons pu et c’est resté pour moi ma vie, ma passion.
- Y a-t-il une influence familiale ?
Certes
13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent
de réussir dans ce domaine professionnel ? La mécanique, la mémoire, le bon sens …
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14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller
plus loin ? Oui, je ne peux pas prendre des responsabilités dans des groupements, associations,
voire même dans la vie publique, politique etc …
15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? J’aime mon métier et ce qu’il m’apporte.
16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Peut-être dans la recherche, ingénieur …
17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la vie ? Aviation, voile …
18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes
dyslexiques ? Se forcer à s’entraîner à lire
19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Un handicap qui diminue les capacités à lire et écrire. C’est épouvantable de ne pas
arriver à lire, au point d’en avoir des maux de crâne et ne rien comprendre de ce que
l’on lit, de ne pas arriver à écrire ce que l’on pense