RAPPORT EVALUATION MULTISECTORIELLE SECURITE ALIMENTAIRE & MOYENS D’EXISTENCE EAU-HYGIENE-ASSAINISSEMENT SANTE – NUTRITION – SANTE MENTALE & PRATIQUES DE SOIN Départements du Mayo Tsanaga, Mayo Sava, Diamaré, Région de l’Extrême -Nord, CAMEROUN Evaluation menée du 24 juin au 5 juillet 2015
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RAPPORT EVALUATION MULTISECTORIELLE · Première Urgence Internationale (PUI) est une organisation non gouvernementale de solidarité internationale, à but non lucratif, apolitique
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4.1.2. Evolutions et densités démographiques ..........................................................................23 4.1.3. Activité économique des populations ..............................................................................24 4.1.4. Aspects sécuritaires .......................................................................................................26
4.1.5. Accès à la terre / protection des sols ...............................................................................27 4.1.6. Systèmes - Moyens de production et accompagnement technique ....................................28
4.1.7. Stockage, conservation, transformation des récoltes ........................................................32 4.1.8. Chemin de desserte agricole, acheminement des denrées agricoles .................................32 4.1.9. Organisation des marchés ..............................................................................................33
4.2. Situation de la sécurité alimentaire & des moyens d’existence dans la zone ......... 37
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Première Urgence – Aide Médicale Internationale / Action Contre la Faim
4.2.2. Moyens de subsistance ..................................................................................................40 4.2.3. Bilan de situation en sécurité alimentaire – Moyens d’existance ........................................43
4.2.4. Groupes de vulnérabilité face à l’insécurité alimentaire .....................................................44
4.3.1. Climat / Pluviométrie et saisons ......................................................................................45
4.3.2. Sols / hydrogeologie / Localisation des foyers d’habitation ................................................45 4.3.3. Habitudes Culturelles / manque de connaissance ............................................................46 4.3.4. Niveau des Revenus ......................................................................................................46
4.3.5. Etat et collectiivtés .........................................................................................................48 4.3.6. Organisation de GESTION DE l’eau (CGE) .....................................................................48
4.4. Situation en eau – hygiene et assainissement............................................................. 50
4.4.1. Accès à l’eau .................................................................................................................50 4.4.2. Hygiène et assainissement .............................................................................................52
4.5. Facteurs liés a la Santé mentale et pratiques de soins .............................................. 53
4.5.1. A propos de la santé mentale : .......................................................................................53
4.6. Situation en santé mentale et pratique de soins ......................................................... 54
4.6.2. Support psychosocial .....................................................................................................57 4.6.3. Des pratiques de soins inadaptées répandues dans l’Extrême -Nord du pays .....................57
4.7. Situation en santé – nutrition ......................................................................................... 60
4.7.1. Axe MORA ...................................................................................................................60 4.7.2. Santé ............................................................................................................................60 4.7.3. Nutrition ........................................................................................................................62
Annexe 6 : Zones climatiques de l’extrême nord .................................................................... 99
Annexe 7 : Hydrogéologie de l’extrême nord ......................................................................... 100
Annexe 8 : Techniques de conservation traditionnelles ...................................................... 101
Annexe 9 : Circuits et zones de transhumance ..................................................................... 102
Annexe 10 : Carte linguistique ................................................................................................. 103
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TABLE DES FIGURES
Figure 1 : Principales zones agro-écologiques du Cameroun (Source Minader) .................................. 10
Figure 2 : Carte de la zone d'évaluation, Région Extrême-Nord, Cameroun......................................... 15
Figure 3 : Exemple UNICEF technique d'enquête "stylo" au sein d'un village....................................... 16
Figure 4 : Diagramme ombrothermique de Maroua.............................................................................. 22
Figure 5 : Répartition des populations autochtones selon les types d'activité....................................... 24
Figure 6 : Répartition de populations déplacées selon les types d'activi té............................................ 25
Figure 7 : Revenu hebdomadaire moyen totaux, selon les types d'activité en source de revenu 1 et
statut (en XAF) .................................................................................................................................... 25
Figure 8 : Répartition des différents types d'accès à la terre pour les populations autochtones............ 27
Figure 9 : Plantations de Faidherbia sur l'axe Maroua - Mora .............................................................. 28
Figure 10 : Répartition en pourcentage des principaux types de destruction des cultures .................... 30
Figure 11 : Illustration champs de maïs proche des habitations sur axe Maroua-Mora......................... 31
Figure 12 : Illustration de petit élevage à l’attache ou en itinérance / alimentation avec résidus de
Tableau 12 : Couverture en points d'eau moderne et nombre d’habitant moyen par PEM ................... 50
Tableau 13 : Tableau des acteurs sur la zone d’évaluation.................................................................. 75
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LES ACRONYMES
ANJE : Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant
ACF : Action Contre la Faim
ACDEV : Action pour le Développement
CNAS : Centre Nutritionnel Ambulatoire Sévère
CNAM : Centre Nutritionnel Ambulatoire Modéré
CNTI : Centre Nutritionnel Thérapeutique Interne
CRF : Croix Rouge Française
CS : Centre de Santé
DRSP : Directeur Régional de la Santé Publique
EN : Extrême Nord
IEDA : International Emergency And Development Aid
IMC : International Medical Corps
MAG : Malnutrition Aiguë Globale
MAM : Malnutrition Aiguë Modérée
MAS : Malnutrition Aiguë Sévère
MCD : Médecin Chef de District
MSF –Suisse : Médecin Sans Frontière Suisse
OMS : Organisation Mondial de la Santé
PAM : Programme Alimentaire Mondial
PCIMA : Prise en Charge Intégrée de la Malnutrition Aiguë
PCIMAM : Prise en Charge Intégrée de la Malnutrition Aiguë Modérée
PCIMAS : Prise en Charge Intégrée de la Malnutrition Aiguë Sévère
PUI : Première Urgence Internationale
SASNIM : Semaine d’Action de Santé et de Nutrition Infantile et Maternelle
VAD : Visite à Domicile
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INTRODUCTION
1.1. PRESENTATION DE PUI / ACF
Première Urgence Internationale (PUI) est une organisation non gouvernementale de solidarité
internationale, à but non lucratif, apolitique et laïque. L’ensemble de ses personnels se mobilise au
quotidien pour couvrir les besoins fondamentaux des victimes civiles mises en péril, marginalisées ou
exclues par les effets de catastrophes naturelles, de
guerres et de situations d’effondrement économique. Née de la fusion de deux ONG françaises en
2011, PUI s’appuie sur plus de 30 ans d’expérience terrain dans 50 pays en crise, pour adapter ses
programmes à chaque contexte et aux populations les plus vulnérables.
PUI soutient actuellement près de 3 millions de personnes dans une vingtaine de pays, en Afrique, en
Asie, au Moyen-Orient, dans le Sud Caucase, mais aussi en France. Ses équipes mènent en moyenne
250 projets par an, dans les domaines de la sécurité alimentaire, de la santé, de la nutrition, de la
construction et réhabilitation d’infrastructures, de l’eau, l’assainissement et l’hygiène, ainsi que de la
relance économique. Leur objectif commun est d’apporter une réponse globale aux besoins des
populations affectées par des situations d’urgence, et de les accompagner afin qu’elles regagnent
rapidement leur autonomie.
Créée en 1979, Action contre la Faim (ACF) est une organisation non gouvernementale internationale
qui lutte contre la faim dans le monde. Sa charte des principes humanitaires - indépendance, neutralité,
non-discrimination, accès libre et direct aux victimes, professionnalisme, transparence - fonde son
identité depuis 35 ans. Sa mission est de sauver des vies en éliminant la faim par la préven tion, la
détection et le traitement de la sous-nutrition, en particulier pendant et après les situations d’urgence
liées aux conflits et aux catastrophes naturelles.
Action contre la Faim coordonne ses programmes autour de quatre domaines d’activités : nutrition,
santé et pratiques de soins - sécurité alimentaire et moyens d’existence - eau, assainissement et
hygiène - plaidoyer et sensibilisation. En 2012, Action contre la Faim est venue en aide à près de 7,3
millions de personnes dans plus de 45 pays à travers le monde.
1.2. ACTIVITES DE PUI / ACF DANS LA REGION/PAYS
Présente depuis avril 2008 au Cameroun, PUI a jusqu’à présent concentré ses efforts dans les
secteurs de la sécurité alimentaire et de l’eau, l’hygiène et l’assainissement. Depuis sept ans,
l’organisation vient en aide aux réfugiés centrafricains installés à l’est du pays (Régions de l’Est et de
l’Adamaoua) et à leurs populations d’accueil, en partenariat avec l ’UNHCR, EuropeAid, BPRM,
UNICEF, ainsi que la DG ECHO.
Avec le désengagement du PAM en 2011 et de très faibles mouvements de retour en 2012, les
programmes en sécurité alimentaire ont évolué vers un appui à l’autonomisation progressive des
réfugiés centrafricains du point de vue alimentaire, à travers le développement de leurs activ ités en
agriculture et élevage.
Le volet eau, hygiène et assainissement suit également une logique de responsabilisation à différents
niveaux (des usagers aux responsables communaux). Sur le volet accès à l’eau, en parallèle aux
constructions et réhabilitations de forages, une grande part des activités est consacrée à la formation
(des usagers, des Comités de Gestion de l’eau, des responsables locaux techniques et administratifs)
et à un transfert de compétences vers les communes, impulsé par la loi de décentralisation.
Sur le volet assainissement, des sensibilisations sont menées au plus près des populations avec
l’application de la méthode ATPC, ainsi que des constructions de latrines.
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L’aggravation de la crise en République centrafricaine fin 2013 a conduit PUI à lancer de nouvelles
interventions d’urgence. En partenariat avec l’UNHCR, l’UNICEF ou ECHO, PUI assure la gestion de 5
sites aménagés, des activités de construction d’abris, d’Eau, Hygiène et Assainissement (EHA), et de
livelihoods dans plusieurs points d’entrée frontaliers ainsi que dans 5 sites.
En 1998, Action Contre la Faim-UK ouvrait une mission au Cameroun dans la région Extrême-Nord.
Des projets y ont été menés jusqu'en 2001. Initialement, le positionnement au Cameroun était justifié
alors par un contexte régional de multiplication des conflits et par la menace de conflit armé entre le
Cameroun et le Nigéria à propos de la péninsule de Bakassi. Les tensions entre les deux pays s'étant
apaisées peu après l'arrivée d'ACF dans le pays, ACF-UK avait alors choisi de concentrer ses activités
dans l'Extrême-Nord du pays, région caractérisée par une situation nutritionnelle précaire, une
insécurité alimentaire et un taux de pauvreté très élevé.
ACF a choisi de se retirer du pays en 2001, en passant le relais à son personnel local, réuni au sein
d'une structure locale dénommée Action pour le Développement (ACDEV), créée le 23 juin 2001.
En 2007, 2008 et 2011, ACF a mené des missions exploratoires, notamment à la demande d'UNICEF,
pour étudier la possibilité d'appuyer la réponse humanitaire engagée suite à l'arrivée de réfugiés
centrafricains (entre 2003 et 2011) et Tchadiens (2008) au Cameroun. Les conditions pour une
intervention d'ACF n'étaient pas réunies.
En juin 2014, une nouvelle mission exploratoire a été réalisée par ACF, alerté par le nombre important
de réfugiés centrafricains arrivés dans l'Est du Cameroun depuis le début de l'année 2014. En juillet
2014 le processus d’ouverture était lancé. Aujourd’hui ACF intervient dans la Région de l’Est selon une
approche intégrée dans les secteurs de la malnutrition aigüe (Pec des cas MAM et MAS avec et sans
complication) et de la Santé Mentale et Pratiques de soins, dans les sites d’accueil de réfugiés de
Mbilé, Lolo, Timangolo et dans le site spontané de Ketté, ainsi que dans le domaine de la sécurité
alimentaire et moyens d’existence (commune de Kenzou) et normalement prochainement de la Wash
(Communes de Kenzou, Yokadouma).
1.3. JUSTIFICATION DE L’ETUDE
Depuis l’aggravation de la crise sécuritaire en 2014 dans la région de l’Extrême Nord, le nombre de
déplacés internes et de réfugiés n’a cessé d’augmenter, pour être à 81 693 déplacés internes et
environ 55 000 réfugiés en juin 2015 (Données UNHCR). Cette augmentation constante suppose des
besoins humanitaires important pour des populations qui se sont souvent déplacés en abandonnant
leurs biens et leurs récoltes. Il s’agit essentiellement de déplacés en familles d’accueil, de déplacés
ayant loué un logement ou de déplacés en site spontané. Les arrondissements d’a ccueil sont
essentiellement ceux de Mayo Moskota, Fotokol, Mora, Kousserri ou Koza.
D’autre part, L’UNHCR a dénombré 7815 réfugiés hors camp dans l’ensemble de la région (au 23 mai
2015) et 37 171 réfugiés dans le camp de Minawao (au 25 mai 2015) ce qui fa it un total de réfugiés de
44986. Ces déplacements sont principalement causés par la présence de Boko Haram dans la région
de l’Extrême Nord du Cameroun et également dans la sous-région.
Cette situation intervient également dans un contexte de crise alimentaire et nutritionnelle chronique
(Depuis de longues années, la région de l’Extrême Nord connait un taux de MAG qui varie entre
précaire et le seuil d’alerte (≥ 5% - <10% et ≥ 10% et <15%) et un taux de MAS qui oscille entre le seuil
d’alerte et le seuil d’urgence (> 1% - < 2% et ≥ 2%.) qui justifie la présence du Cameroun et de cette
région dans le SRP Région du Sahel (Plan de Réponse Stratégique). Cette crise chronique s’en trouve
logiquement aggravée, mais n’est pas encore suffisamment mesurée.
Face à cette situation, il convient pour nos deux organisations de mettre à niveau notre connaissance
des besoins et de contribuer à la production d’information, dans un contexte où l’accès aux zones les
plus sévèrement touchés est aussi très limité. Les données collectées qui permettront de mesurer les
niveaux de vulnérabilité et d’identifier les populations les plus touchées, doivent permettre d’identifier
également des gaps et possibilités d’intervention afin de contribuer à la réponse.
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2. CONTEXTE
2.1. GEOGRAPHIE
Créée par décret présidentiel n° 83/392 du 22 août 1983, la région de l’Extrême -Nord couvre une
superficie de 34 262 km² soit 7% du territoire national. Elle est limitée à l’Ouest par le Nigéria, au Sud
par la région du Nord, au Nord par le Lac Tchad et à l’Est par la République du Tchad. Elle est
composée de six départements : le Diamaré, le Mayo Tsanaga, le Mayo Sava, le Mayo Danay, le Mayo
Kani et le Logone et Chari et 47 arrondissements avec autant de communes.
Cette région couvre quatre grandes zones écologiques (les monts Mandara, les plaines du Diamaré,
les Yaérés et le delta du Lac Tchad. De manière générale, les pluies y sont rares (3 mois de pluies sur
l’année) avec un impact sur les sols et les productions agricoles. Une seule campagne agricole est
possible, on retrouve cependant des cultures adaptés en saison sèche comme le karal. Le département
du Mayo Tsanaga a par contre un climat particulier dans cette région. Il bénéficie de six mois de pluies,
favorables aux activités agricoles, c’est d’ailleurs le bassin de production agricole par excellence. Il
dessert également certaines localités (Mora) de la région en eau potable.
Figure 1 : Principales zones agro-écologiques du Cameroun (Source Minader)
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2.2. ECONOMIE
L’économie de la région de l’Extrême-Nord est basée sur l’agriculture, l’élevage, le commerce
l’artisanat, la pêche et le tourisme. Aussi, les échanges effectués avec les Etats voisins dont le Tchad
et le Nigéria sont des atouts économiques importants pour cette région du Cameroun. Malgré
l’irrégularité des pluies et les aléas du climat, la région de l’Extrême -Nord exporte dans les autres
régions du pays ses produits agricoles (mil, oignon, niébé ou riz) et de pêche (poisson séché ou fumé).
La région abrite d’importants marchés à bétail très courus par les acheteurs internes et ceux venus des
pays voisins. L’ensemble de la région couvre 13% des sites touristiques du pays avec 7% de capacité
d’accueil hôtelière. Les ¾ du cheptel national se concentrent dans les régions du Nord et de l’Extrême -
Nord.
Malheureusement, cette dynamique économique est nettement stoppée par la montée en puissance de
la secte islamiste Boko Haram et surtout ses incursions depuis 2013 qui ont paralysé l’économie de
cette région.
2.3. POLITIQUE ET SECURITE
La situation politique est stable sur l’ensemble du territoire national. Les élections présidentielles
législatives et municipales de 2018 se préparent dans le calme et la sérénité par ELECAM (Elections
Cameroon). La région de l’Extrême-nord est dirigée par un Gouverneur, 6 préfets pour les 6
départements ainsi que 47 Sous-préfets pour les 47 arrondissements que compte la région.
La région de l’Extrême-Nord partage une longue frontière avec le Nord-Est du Nigéria, fief de la secte
islamiste Boko Haram. La déclaration de guerre contre Boko Haram le 17 mai 2014 par le Président
Paul Biya a intensifié les incursions de cette secte en territoire camerounais.
Il a été enregistré entre mai 2014 et mai 2015 plus de 130 attaques de Boko Haram au Cameroun avec
des conséquences importantes. Les exactions en territoire nigérian et les incursions dans l’Extrême -
Nord ont conduit à la fuite des Nigérians en territoire camerounais et les déplacements des
Camerounais des zones frontalières vers l’intérieur .
Les troupes tchadiennes appelées en renfort sont entrées au Cameroun le 17 janvier 2015. Entrée
salutaire, car bénéficiant des accords entre le Nigéria et le Tchad sur la frontière (droit de poursuite),
les troupes tchadiennes repoussent loin des frontières camerounaises les éléments de Boko Haram.
Visiblement diminuée, la secte islamiste change progressivement de mode opératoire avec notamment
les attentats suicides.
Les attentats de Ndjamena du 15 juin (15 morts et plus de 100 blessés) et 11 juillet 2015 (14 morts et
74 blessés) et celui du 12 juillet à Kolofata (Cameroun) sont attribués à Boko Haram. Cette situation
installe une peur au sein de la population de l’Extrême-Nord.
Face à cette insécurité quasi permanente, le Gouverneur de la région de l’Extrême-Nord a pris
certaines mesures sécuritaires parmi lesquelles l’interdiction du port du voile, l’interdiction complète des
motos en zones rurales et en ville de 20h à 6h.
Au niveau des villes frontalières comme, entre autres, Limani, Banki ou Fotokol, les postes de douanes,
de gendarmerie et les commissariats ont été fermés et les personnels rappelés dans les villes à
l’intérieur du pays à l’instar de Mora et Mokolo. Les localités situées à la frontière sont désormais
surveillées par la BIR (Brigade d’Intervention Rapide) et la BIM (Brigade d’Intervention Motorisé). Les
membres de l’opération Alpha contrôlent des bandes de frontières régulièrement attaquées par BH.
Le changement de président à la tête du Nigéria n’ayant pas apporté une solution immédiate,
l’insécurité à l’Extrême-Nord reste permanente tant en zones rurales qu ’urbaines.
Le double attentat du 22 juillet 2015 à Maroua, implante des doutes dans les populations qui se
pensaient en sécurité. On note également la montée de la fréquence des vols et du petit banditisme
mais surtout de la grande criminalité transfrontalière et à l’intérieur de la région.
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2.4. DEMOGRAPHIE
Avec 2 721 500 habitants en 2001, 3 480 414 habitants en 2010, la région de l’Extrême-Nord en 2013
est de 3 709 691. C’est la région la plus peuplée du Cameroun avec une densité 108 habitants au km².
La région de l’Extrême-Nord abrite une multitude de peuples dont les Guiziga, les Massa, les Toupouri,
les Mousgoum, les Kotoko, les Moundang, les Massa, les Mafa, les Kapsiki, les Moufou sont les plus
importants.
Tableau 1 : Répartition de la population de la région de l’extrême -nord par département en 2013
Département Sexe
Population totale Densité (hbts/Km²) Masculin Féminin
Diamaré 382 140 383 484 765 624 164
Logone et Chari 299 643 280 925 580 568 48
Mayo Danay 302 417 328 297 630 715 119
Mayo kani 324 531 247 864 482 395 96
Mayo Sava 203 862 212 064 415 926 152
Mayo Tsanaga 407 636 426 828 834 463 190
Extrême- Nord 1 830 229 1 879 462 3709691 108 Source : Ce tableau a été réalisé grâce aux données du Rapport du MINPAT Extrême-Nord 2013
Depuis 2013, la région de l’Extrême-Nord accueil des réfugiés nigérians. Selon le HCR, jusque début
juillet 2015, la région de l’Extrême-Nord abrite environ 55 000 réfugiés, 81 693 déplacés internes et
35 957 retournés.
Le Mayo-Tsanaga, le Mayo-Sava et le Logone et Chari du fait de leur contigüité avec le Nigéria sont les
départements de la région les plus touchés par la ruée des refugiés nigérians et les déplacés internes.
Le Mayo-Tsanaga, département le plus peuplé avec une densité de 190 habitants/Km² et le Mayo Sava
sont les principaux points de convergence des réfugiés nigérians et des déplacés internes. Les localités
de Mora et de Mokolo sont les principaux points de chutes des déplacés internes.
2.5. AGRICULTURE & ELEVAGE
L’agriculture et l’élevage sont les deux principales activités des populations de l’Extrême-Nord (surtout
en zone rurale).
A cause de la rareté des pluies, des aléas climatiques et de la faible fertilité des sols, la région de
l’Extrême-Nord connait une seule campagne agricole sur l’année. Dans l’ensemble, pendant la
meilleure saison, la région est un important bassin de production de céréales (mil, sorgho, maïs, riz),
haricot blanc (niébé), oignon, arachide. Le coton est la principale culture de rente. L’agriculture est
familiale et essentiellement extensive. On assiste de plus en plus à l’utilisation des charrues et bêtes
par des agriculteurs disposant des moyens financiers pour l’achat ou pour la location. La majorité des
agriculteurs utilisent houes, machette et leur force physique
Située en zone sahélienne, la région abrite des types d’élevage diversifiés, mais l’élevage extensif est
la plus importante. L’élevage sert d’épargne. On note d’importants marchés à bétail où convergent
vendeurs et acheteurs camerounais, tchadiens et nigérians. Le plus important marché est celui de
Bogo tenu tous les jeudis.
Malheureusement, l’insécurité et la violence imposées par Boko Haram place l’élevage et l’agriculture
dans une courbe descendante. En effet, spoliés et victimes de vol de bétail, les éleveurs ont migré vers
le sud du pays pour sécuriser leurs biens. De même, les agriculteurs habitants les zones frontalières
avec le Nigéria ont vu incendier leurs productions agricoles. Fuyant les violences, de Boko Haram, de
nombreux cultivateurs n’ont pas récolté leurs champs.
Tableau 2 : Calendrier agricole de la zone d’évaluation
J F M A M J J A S O N D
Observations :
les nuances de couleur représentent les variabilités selon les zones géographiques,
étapes influencées par l’arrivée des pluies.
Pluies
Une saison de pluies qui dure 4 à 6 mois (mi-octobre) et 6 à 8 mois de saison
sèche (novembre-avril). Pluies très variables selon les territoires. Longues pluies à l’Ouest (Mayo Tsanaga), avec plus de 1 000 mm par an. Plus on tend vers l’Est et le Nord plus le climat devient aride. Les précipitations passent de 800 à 400 mm par an environ.
Période de soudure
Début et durée de la soudure très dépendante de la saison agricole passée, des
rendements et des marchés. La soudure peut durer plusieurs mois, pour certains ménages elle peut commencer dès mars-avril.
Cultural J F M A M J J A S O N D Observations : Cycles moyens de 90 à 120 jours
Défrichage/brûlis
Nettoyage de la parcelle à cultiver (pas ou peu d'herbe mais sol caillouteux)/cotisation du frais de la charrue et de semence pour certains.
Travail du sol
Nettoyage/sarclage et canalisation des eaux de ruissèlement. Travail très dépendant de l’arrivée des pluies (travail du sol facilité).
Sorgho SP Semis
Le sorgho SP (saison des pluies) ou mil blanc est la principale céréale consommée par l’ensemble de la population de l’Extrême-Nord.
Récolte
Sorgho SS
Pépinière Adapté à la saison chaude, le sorgho de la saison sèche appelé localement
"Karal" est mis en pépinière en début septembre. Les nouveaux plants de karal
sont repiqués entre octobre et novembre dans des espaces bien adaptés (humides) pour être récolté entre février-mars.
Repiquage
Récolte
Arachide Semis
-
Récolte
Maïs Semis
Céréale apprécié par les autochtones après le mil. Récolte
Pénicillaire Piquage
Le mil pénicellaire est la plus pratiquée dans le mayo tsanaga, semé entre mai et juin, il est récolté entre novembre et décembre.
Récolte N+1
Niébé Repiquage
Encore appelé dolique à œil noir ou pois à vache, le niébé est une variété de haricot très cultivée. Il est très apprécié et c’est l’un des constituants de plusieurs sauces. Récolte
Soja Semis
Moins pratiqué dans la zone.
Récolte
Riz pluvial Semis
Le riz pluvial est aussi pratiqué dans le mayo Tsanaga. Produit agricole local, le riz pluvial est plus consommé que celui importé de Douala ou de tout autre pays. Récolte
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Tableau 3 : Calendrier d'élevage de la zone d’évaluation
J F M A M J J A S O N D Observations
PATURAGES LOCAUX
Pâturages limités composés essentiellement de graminées à cycle court.
POUSSE CULTURES FOURRAGERES
Très peu d'éleveurs pratiquent les cultures fourragères. L’achat de tourteau (de coton car zone cotonnière), l’utilisation de tigres de mil/maïs (résidus de cultures), et de sons, sont en revanche très courants. Les animaux se nourrissent aussi beaucoup de
feuillus, épineux dans les pâturages, où se trouve aussi des résidus de culture. Des stockages de résidus de culture sont souvent réalisés à proximité des habitations.
SOUDURE ANIMALE
TRANSHUMANCE
Plusieurs circuits de transhumance, présentés en Annexe 9. Des circuits spécifiques existent suivant les zones climatiques de la région : parcours vers le sud (région Nord), vers le nord (plaines, région du lac et fleuve logone), et autour du mont Mandara.
MISE BAS
Vaches et génisses peuvent mettre bas toute l'année, toutefois, la fertilité est meilleure lorsque les animaux sont dans une bonne situation alimentaire vers août- septembre, ce qui concentre un certain nombre de mise bas vers avril-mai.
PRODUCTION DE LAIT
Pics de production de lait après vêlages et lorsque l'alimentation est suffisante. Toutefois, production de lait toute l'année.
MISE EN VENTE ANIMAUX
Mise en vente toute l'année sur les marchés, mais pics avant saison sèche pour achat de tourteaux, de sel ou de fourrages.
Tableau 4 : Complément du calendrier saisonnier
J F M A M J J A S O N D Observations
Mauvais état des routes
Dégradation des pistes en terre. Aussi traversée des mayos qui peut devenir impossible par endroit après des pluies en amont.,
Prix haut (denrées locales)
Hausse des prix pour les denrées locales, sollicités en cette période également pour les semences => hausse de la demande et raréfaction sur les marchés. Période de revente privilégié pour les commerçants.
Prix bas (denrées locales)
Prix bas car période de récolte du mil, sorgho, maïs, arachide, niébé et oignon. Période à laquelle les commerçants rachètent à bas prix.
Sécheresse
Période sans ou avec de rares pluies. Période très variable selon les territoires de la région. Plus longue sur Bogo/Mora. Plus courte sur Mokolo.
Risques d’inondations
Inondations qui se produisent parfois le long des Mayos (rivières asséchées). Les
inondations se produisent en cas de forte pluie sur place ou plus en amont.
Fortes période de travail, notamment des femmes
Travaux des champs, qui viennent se coupler aux travaux domestiques habituels (préparation des repas, enfants, recherche de l’eau, entretien de la maison).
Période scolaire
Période scolaire de septembre à juin.
3. METHODOLOGIE
3.1. OBJECTIFS DE L’EVALUATION
3.1.1. OBJECTIF GENERAL
Répertorier les besoins multisectoriels d’urgence des déplacés internes et populations hôtes de
la région de l’Extrême -Nord du Cameroun, identifier les opportunités d’interventions adaptées
au contexte local et aux contraintes mission (déploiement, ouverture de base).
3.1.2. OBJECTIFS SPECIFIQUES
1. Analyser et évaluer la situation en SANME, WASH, Santé nutrition et SMPS et les besoins de
la zone d’étude ;
2. Identifier les GAPS, et opportunités d’intervention, visant à améliorer de façon urgente et
significative les conditions de vie des populations ciblées ;
3. Répertorier les principaux éléments logistiques et sécuritaire nécessaires au déploiement de la
mission dans la région ;
4. Formuler une proposition de réponse.
3.2. METHODOLOGIE DE L’EVALUATION
La zone évaluée s’étend sur trois départements de la région de l’Extrême-Nord notamment le Mayo
Sava, le Mayo Tsanaga et le Diamaré. L’évaluation conjointe s’est plus précisément déroulé sur les
axes et localités suivantes :
- Maroua-Mora (localités de Mora, Maklingaï, Mikiri, Lalawaï, Godola) ;
- Maroua-Mokolo (localités de Mokolo, Zamaï, Mokong, Gazawa) ;
- Maroua-Bogo (localités de Bogo, Diguir, Balaza Alkali, Kodek).
Figure 2 : Carte de la zone d'évaluation, Région Extrême-Nord, Cameroun
Zones
d’évaluation
16
Juillet 2015 / Rapport d’Evaluation Multisectorielle, Région de l’Extrême -Nord, Cameroun
Première Urgence – Aide Médicale Internationale / Action Contre la Faim
3.2.1. METHODOLOGIE SAME / WASH
La méthodologie adoptée utilise à la fois des outils d’enquête quantitatifs (questionnaires
ménages/Wash/EHA) et qualitatifs (entretiens individuels et focus groups), afin de favoriser le
croisement des données et leur analyse.
Elle s’oriente autour des principaux indicateurs de sécurité alimentaire et moyens de subsistance des
ménages (Score de consommation alimentaire, composition des ménages, Coping Strategy Index,
Score Card NFI, revenu, niveau d’accès à l’eau potable et postes de dépense, etc.). Les indicateurs
mesurés et leurs potentiels facteurs déterminants sont aussi abordées en entretiens de
groupes/individuels dans le but d’affiner au mieux l’analyse des résultats finaux.
Recherche documentaire, source de données secondaires en amont de l’évaluation terrain.
Enquêtes ménages, regroupant les principaux indicateurs en sécurité alimentaire - moyens
d’existence (SAME), Wash mais aussi Santé/Nutrition et Santé Mentale -Pratiques de Soins
(SMPS) :
196 enquêtes pour "population autochtone" et 179 enquêtes "population déplacés internes".
Total de 375 enquêtes ménages, variabilité de 30%, marge d'erreur de 5%. ( en annexe 1)
Les questionnaires sont administrés à partir de la méthode d’enquête du « stylo ». Afin d’enquêter des
personnes au hasard, les enquêteurs se présentent au centre de la localité ou d’un quartier et doivent
suivre la direction que leur indique leur stylo, jeté au sol. L’ensemble des ménages sur le côté droit de
la rue emprunté sont ensuite enquêté. L’opération est ensu ite renouvelée lorsque qu’il n’y a plus
d’habitation, pour s’orienter vers une nouvelle direction.
Figure 3 : Exemple UNICEF technique d'enquête "stylo" au sein d'un village
(Source: CSI: Field Methods Manual)
Questionnaires WASH/EHA : échantillon de 13 localités sur principaux indicateurs ( en annexe 2)
Entretiens avec personnes clés par secteur (48) : principales autorités administratives et
traditionnelles, responsables et agents des centres de santé, représentants communautaires,
services techniques, professionnels (commerçants, cultivateurs, etc.), partenaires humanitaires et
association locales.
17
Juillet 2015 / Rapport d’Evaluation Multisectorielle, Région de l’Extrême -Nord, Cameroun
Première Urgence – Aide Médicale Internationale / Action Contre la Faim
Tableau 5 : Liste des personnes rencontrées (classé par localité)
Noms et prénoms Intitulé poste Lieu Fonction enquête
1 OUMAROU AHMADOU Prince BALAZA ALKALI Représentant communautaire
Focus groups (5) auprès de groupes de femmes, d’hommes et de commerçants : afin
d’appréhender les spécificités culturelles locales, difficultés et comportements adoptés en réaction
à la crise, fonctionnement des marchés.
Relevés de prix (4) et de disponibilité des principales denrées alimentaires locales : réalisés
sur les principaux marchés de la zone (Mokolo, Mora, Bogo et Godola) .
3.2.2. METHODOLOGIE SMPS
En cas conflits, les besoins des victimes sont très nombreux et portent sur plusieurs secteurs. Afin de
pouvoir y répondre, il s’agit de pouvoir prioriser, quelles conséquences sont les plus néfastes sur la
population à court et moyen terme, mais aussi de prendre connaissances des structures existantes et
toujours en fonctionnement. L’évaluation peut aussi permettre d’apporter des informatio ns sur une
nouvelle zone dans le cadre d’une mission exploratoire.
Les données en SMPS ont été principalement recueillies grâce à deux outils :
• Deux types de focus group discussion (pratiques de soins et santé mentale)
• L’entretien individuel ouvert avec un questionnaire pour les acteurs locaux et représentants
communautaires.
Un questionnaire ménage a également été effectué. Ce questionnaire comportait de multiples
dimensions, et ne sera repris que partiellement dans cette analyse par les chiffres et pourcentages
illustrant notre propos.
Les focus group discussion : Construits sur une base existante d’une évaluation en santé mentale, deux thématiques ont été
sélectionnées :
- La première porte sur la perception des besoins en santé mentale : impact sur les comportements, sur
les activités, sur les liens dans la communauté.
- La seconde est orientée sur l’impact du déplacement et des attaques sur les enfants, les modifications
de comportements et les pratiques de soins et des changements dans ces pratiques de soins ont pu
être relevés.
D’autres outils ont pu être consultés pour étayer l’évaluation tels que :
- des données démographiques et épidémiologiques disponibles auprès des districts de santé
- les relevés statistiques mise à disposition par les différentes agences des Nations Unies présentes
dans la zone.
Nous avons pu réaliser 43 focus groups répartis dans 12 villages, sur les deux thèmes « pratiques de
soins » et « santé mentale ». Environ deux tiers de ces groupes ont pu se dérouler auprès des
populations déplacées, un tiers avec la population hôtes. Certains de ces groupes ont été mixtes
(déplacées – hôtes) et mixtes hommes/ femmes (avec toute la prudence nécessaires à l’interprétation
quant à la liberté de parole dans ces deux types de mixité).
Ces temps ont permis de rencontrer 410 personnes, hommes et femmes. Certains groupes ne
rassemblaient que des femmes (pour faciliter la parole du fait de la culture musulmane) en âge de
procréer, avec une moyenne de 10 à 12 personnes par groupe.
Cette trame permet aux enquêteurs de pouvoir orienter les rencontres groupales organisées dans les
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Juillet 2015 / Rapport d’Evaluation Multisectorielle, Région de l’Extrême -Nord, Cameroun
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villages hôtes, mais également dans les quartiers de déplacés. Selon la configuration du village, les
groupes ont pu rassembler aussi bien exclusivement des populations locales, que déplacées, et parfois
ont permis de réunir les deux populations dans un même temps de groupe.
L’entretien individuel ouvert : L’objectif des entretiens auprès des personnes ressources de la communauté a consisté d’une part à
s’informer de l’existence de personnes atteintes de troubles mentaux et les réactions des
communautés, et d’autre part à évaluer l’impact du déplacement et du conflit sur la personne elle -
même et surtout d’évaluer les ressources de la communauté favorisant la reconstruction psychologique
suite aux évènements traumatiques (notion de résilience). Ces personnes ressources sont des
personnes qui ont une certaine influence sur les communautés (chefs de village, accoucheuses
traditionnelles, aides-soignants), et qui ont par conséquent une très bonne connaissance de la
communauté et un regard global sur les personnes qui recomposent les villages. Elles constituent une
source d’information essentielle à l’évaluation.
Ce questionnaire ouvert s’articule autour de 3 thémat iques, décomposées en plusieurs questions :
- la santé mentale dans la communauté
- les évènements traumatiques et le stress provoqué dans la communauté
- les ressources de la communauté favorisant la reconstruction.
3.2.3. METHODOLOGIE SANTE NUTRITION
Les données en santé et nutrition proviennent de sources primaires et secondaires de la région de
l’Extrême Nord. Des entretiens auprès des acteurs œuvrant dans la région de l’Extrême Nord ainsi
qu’auprès des autorités sanitaires ont été menés ainsi que des recherches documentaires. Les
données sanitaires récoltées sont issues des registres de consultations curatives, des différents
rapports mensuels des centres de santé et des entretiens du personnel médical de ces mêmes
structures. Ensuite d’autres informations concernant les activités humanitaires menées par les
différents acteurs et la cartographies de leurs interventions ont été recueillies lors de rencontres avec :
PAM, UNICEF, MSF, IEDA, UNHCR, CRF, PLAN, ACDEV et DRSP. Pour ce qui est des autorités
sanitaires de la région, seule la DRSP a pu être rencontrée, permettant ainsi d’avoir l’autorisation de
conduire l’évaluation et d’obtenir les contacts des équipes cadres des différents districts concernés par
l’évaluation
Recherche documentaire
Entretiens semi directifs : Entretiens dans 12 centres de santé
Entretiens à Maroua avec le MCD (Médecin Chef de District) régional et PF (Point Focal)
nutrition et représentant du Ministère des affaires sociales (Avec grille d’entretien)
Focus Groups : Auprès des différentes catégories de population (hommes / femmes,
réfugiés dans camp /déplacés internes)
Observation / Entretiens et discussions informelles : Activités conduites auprès de :
réfugiés, déplacés internes, population hôte, hôpital sur Maroua
Questionnaires individuels
20
Juillet 2015 / Rapport d’Evaluation Multisectorielle, Région de l’Extrême -Nord, Cameroun
Première Urgence – Aide Médicale Internationale / Action Contre la Faim
3.3. CHRONOGRAMME DETAILLE
3.4. COMPOSITION DE L’EQUIPE
L’équipe d’évaluation était constitué de :
o Un Responsable Evaluation PUI: Vincent ROTUREAU
o Un Responsable Log et Sécurité Evaluation : Isaac MASUBUKO BAH’OGWERHE
o Un Log support ACF : Séverin Aimé ATANGANA EBODE
o Un Responsable Santé et Nutrition ACF: Jean Jacques NIYONKURU
o Un Chargé d’évaluation PUI : Simplice GBOWE GBOWE
o Un Chargé d’évaluation Wash PUI : Youssaou ALIOU
o Un Responsable projet SMPS ACF: Danie Hugues KEMGUEU
o Une Infirmière Nutritionniste ACF : Gwladys Irène NGANSOP FANMEGNE
o Une Animatrice SMPS ACF: Keli DJABOU DAMA
o Une équipe de 10 enquêteurs
3.5. SOURCES DE DONNEES SECONDAIRES
Plan de réponse stratégique (SRP) Cameroun, juillet 2014
Enquête Nutritionnelle et de Mortalité Rétrospective SMART, Rapport préliminaire, Ministère de la
santé du Cameroun/UNICEF, septembre/octobre 2014.
MINACHIF, MINADER Cameroun, 2009.
Annuaire des statistiques du secteur agricole (AGRISTAT), MINADER Cameroun, 2009-2010.
Enquête sur les échanges transfrontaliers de marchandises au Cameroun : Bilan méthodologique
et résultats, Institut national des statistiques, Cameroun, 2014.
Evolution de l’inflation au cours des neuf premiers mois (janvier-septembre) de l’année 2014,
Département des statistiques démographiques et sociales, 2014.
Juin Juillet
ETAPES S3 S4 S1 S2 S3
Planification de la mission Veille sécuritaire et humanitaire Poursuite de recherche documentaire Elaboration des outils Formation des équipes à Bertoua Mission terrain J1 : Départ sur Maroua J2 : Arrivée mission Maroua / Recrutement enquêteurs / Présentations J3 & J4 : Mise à niveau informations sécuritaire / Formation des enquêteurs J5 : Finalisation des préparatifs terrain / cadre de la mission J6 : Evaluation terrain - Axe Mora / Entretien sur Maroua J7 : Evaluation terrain - Axe Mora / Entretien sur Maroua J8 : Evaluation terrain - Axe Mokolo Entretien sur Maroua J9 : Evaluation terrain - Axe Mokolo / Entretien sur Maroua J10 : Evaluation terrain - Axe Bogo / Entretien sur Maroua J11 : Evaluation terrain - Axe Mora (Rattrapage) / Entretien sur Maroua J12 : Finalisation de la mission / compilation des données J13 : Départ mission Saisie des données Mission terrain Nettoyage et analyse des données Rédaction du rapport
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Juillet 2015 / Rapport d’Evaluation Multisectorielle, Région de l’Extrême -Nord, Cameroun
Première Urgence – Aide Médicale Internationale / Action Contre la Faim
Annuaire statistique du Cameroun, Institut national de la statistique, version 2013.
Population du Cameroun 2010, République du Cameroun, 2011.
De manière globale, les populations déplacées sont les plus touchées par l’insécurité alimentaire, les
stratégies d’adaptation graves, pour maintenir une consommation alimentaire correspondant à cette
période, sont très fortement employées, pour des score alimentaires relativement bas.
Pour des indicateurs identiques, la vulnérabilité des ménages ayant dû subir un déplacement
est bien plus forte , elle s’explique aussi par une plus faible intégration sociale, de plus faibles
possibilités de recours (aide d’amis, etc.), et des aléas à venir encore très importants (précarité en
terme de logement, d’emploi, d’intégration, etc.).
On estime à 40-45% le pourcentage de déplacés internes dans une situation de vulnérabilité
alimentaire forte ou extrême, dont environ 20-25% d’extrêmement vulnérables.
Chez les populations hôtes, on estime à 20-25% la part de ménages dans une situation de
vulnérabilité alimentaire forte ou extrême, dont 5 à 7 % d’extrêmement vulnérables.
Il est à prévoir que d’août à octobre, l’alimentation des ménages les plus vulnérables se dégradera très
fortement avant les prochaines récoltes et la baisse des prix des produits alimentaires sur les marchés.
Egalement, on compte 16% des ménages autochtones étant des familles d’accueil . Les moyens de
subsistance de ces ménages ont été visiblement affectés, avec notamment un recours à des stratégies
d’adaptation plus importantes (CSI de 36, supérieur de 57% à la moyenne). Les familles d’accueil sont
représentés par l’ensemble des catégories de vulnérabilité, il ne s’agit pas que des plus aisés.
A noter enfin que 12% des déplacés eux même constituent des familles d’accueil pour d’autres
déplacés. Dans ces cas, l’association des moyens semble plus vertueuse .
4.2.4. GROUPES DE VULNERABILITE FACE A L’INSECURITE ALIMENTAIRE
Caractéristiques
(une ou plusieurs réunies ; indicativ es et non exhaustiv es)
Comportements, stratégie de
subsistance
Type d’alimentation / situation
nutritionnelle
Hypothèses
représentativité
Extr
êm
es vu
lnéra
ble
s
Déplacés comme autochtones : sans stock de vivre, peu ou pas de cash. Difficulté de logement : habitent
les périphéries des localités dans des abris souvent très précaires.
Sol cultivable rare et pauvre, souvent dans zones à fortes contraintes agricoles pour cultivateurs. Score NFI
très élevé, souvent seuil urgent (>3). Totalement dépendants de l’aide extérieure 7jour/7 = endettement,
vente biens très fort (CSI supérieur à 50-60). Pas de stocks alimentaires. Taille de ménage souvent très
élevée (moyenne = 13), surface habitable souvent très faible (inf à 3m²/personne) parfois beaucoup d’actifs
mais très petit revenu. Souvent aucun revenu. Femme déplacée sans mari / personnes âgées vivant
seules. Vieil lards déplacés/hôtes. En période normale : SCA largement/régulièrement sous les 28.
Entière dépendance des dons :
particuliers, aide de l’état ou humanitaire.
Stratégies employés nombreuses et
souvent très extrêmes : mendicité, vente
de biens, prostitution, un ou plusieurs
jours sans manger.
Alimentation de faible qualité et
irrégulière. Pas de protéines, peu de
légumineuse. SCA très faible, pauvre
ou limite même pendant ramadan.
Pauvre assurément après le ramadan.
Eau très souvent à des points d’eau
non protégés.
Estimation à
environ 20-25%
des déplacés
internes et 5-7
% des ménages
autochtones.
Trè
s v
uln
éra
ble
s
Déplacés comme autochtones : femme chef de ménages / tail le de famille moyenne 8, pas de stock de
vivre, peu ou pas de revenus (souvent inférieur à 2000 XAF par semaine), activité très précaire souvent
journalier, vente de bois, etc. CSI supérieur à 40-50. Si autochtones, possible cultivateur, mais dans zones
à fortes contraintes agricoles et faibles rendements. Habite aussi souvent en périphérie de la vil le ou des
localités dans logements très précaires. Ménages parfois en famille d’accueil ou famille d’accueil lui-même.
Scores NFI en souvent en seuil urgent ou légèrement en dessous. Abris mur brique toit paille ou tige de mil
/ tôle en vil le mais délabré. En période normale : SCA sous les 28 avec passages en « limite » (entre 28 et
42).
Dépendance relative à l’aide, petits
revenus qui permet de ne pas l’être tout
le temps, mais alimentation très
aléatoire. Stratégies employés variables
suivant les revenus : endettement,
demande d’aide, adaptation des repas
(réduction ou suppression pour certains
membres).
Céréales (riz, mil), feuilles (lalo séché,
foléré), poisson séché viande séché
très peu fréquent, faible
consommation de légumineuse. Forte
monotonie alimentaire. Aliments locaux
peu chers. Dépendance aux aléas de
marché. Inflation qui a de fortes
conséquences pour ces ménages.
Estimation à 20-
25% des
déplacés
internes et 15-
20% des
autochtones.
Vu
lnéra
ble
s
Quasi reste de populations déplacées. Population autochtones, souvent cultivateurs, combiné à d’autres
activités, dont la campagne agricole dernière a échoué (dévastation de champs, faible pluviométrie).
Déplacés qui ont pu se déplacer avec quelques biens voir bétail, avec revenus moyens, souvent travaux
précaires comme catégories précédentes, mais avec plus d’actifs et bénéficiant parfois de privilèges
familiaux (travaux plus facilement accordés car proximité familiale), parfois développement d’une petite
activité individuelle. Autochtones avec travaux stables mais revenus faibles et avec un pouvoir d’achat
fortement impacté par la hausse des prix et la perte d’activités économiques (petits commerces, micro
activités artisanales, etc.). Scolarité permise des enfants mais assez faible, souvent par manque de
moyens. Revenus hebdo qui vont de 3000 à 6000 XAF. CSI de 20 à 40 maximums, SCA souvent l imite en
période normale : entre 28 et 42. Pas d’épargne ou très peu, mais parfois du petit bétail (volaille, petits
ruminants). Petits stocks de vivres (1 à 3 semaines).
Faible revenus, mais relative régularité.
Revenus et pouvoir d’achat en baisse
dans le contexte. Habitude de recourir à
des stratégies, et relative capacité à
s’adapter au contexte : petit vente de
bien/bétail, entraide, aide avec
amis/famille, adaptation de l’alimentation,
achats de denrées moins préférées ou
moins chers, etc.
Riz, mil rouge, feuilles sauce, avec des
variantes de protéagineux (niébé,
haricots, arachides). Faible
consommation de viande, mais
présente. Peu de variations
alimentaires, privilégie un maintien de
quantité avec alimentation qui se réduit
en qualité (suppression de variantes).
Estimation à 35-
40% des
déplacés
internes et 25-
30% des
autochtones.
Faib
lem
en
t
vu
lnéra
ble
s
Souvent autochtones et plus faiblement déplacés. Déplacés qui ont pu fuir avec un capital, qui ont souvent
du petit voir gros bétail, avec reprise d’une activité commerciale. Autochtones disposant de bonnes terres
cultivables et stock de vivres (3 à 6 semaines). Dispose souvent d’ânes et bœufs pour labours, recours à la
main d’œuvre extérieure. Abris, mur parpaing toit tôle. Taille de famille moyenne (8), enfants vont
régulièrement à l’école. Vente de semence et autres commerces. Agents de l’Etat/agents de sécurité, aux
revenus modestes. Revenus entre 7000 et 12000 XAF/semaine. SCA acceptable, toute l’année, peu
variable. CSI bas, inférieur à 20. Score NFI sous les 2.
Très faibles recours à des stratégies
d’adaptation. Eventuellement ponctuelles
en cas d’imprévu (décès, etc.). Stratégies
sui n’ont pas d’impact sur la stabil ité du
ménage. Ménages qui risquent toutefois
d’être impacté en cas de prolongement
de la crise.
Légumes, céréales, légumineuse,
produits laitiers chaque jours.
Consommation de viande ou poisson 4
à 5 fois par semaine.
Estimation à 5-
10% des
déplacés
internes et 25-
30% des
autochtones.
No
n v
uln
éra
ble
s Tous autochtones. Déplacés internes uniquement pour rares grand notables/hommes d’affaire avec des
biens sécurisés (qui avaient une activité hors de la localité de déplacement déjà avant).
Populations autochtones avec d’importantes activités agricoles plus de 2 hectares, transport et vente des
produits au-delà de leur localité, investissements dans le secteur de l’immobilier, forte épargne, avance
enfants actifs et éduqués, plusieurs sources de revenus (commerce, élevage, travail salarié permanent),
haut fonctionnaires.
Peu impacté par la crise et larges
capacité de s’adapter à un changement
de contexte.
Alimentation largement satisfaisante en
qualité et quantité.
Estimation à 1%
des déplacés
internes et 10-
15% des
autochtones.
4.3. FACTEURS LIES A L’EAU – HYGIENE - ASSAINISSEMENT
4.3.1. CLIMAT / PLUVIOMETRIE ET SAISONS
Le climat est un des facteurs les plus importants. Il faut remarquer que le niveau de pluviométrie est
très variable d’un territoire à l’autre au sein même de la région. De là, les réserves disponibles sur
chaque zone sont elles aussi très variables.
La pluviométrie peut-être par exemple selon les années le double à Mokolo (jusqu’à plus de 1
000mm/an) par rapport à Bogo (jusqu’à 500 mm/an au minimum). Le Mayo Tsanaga est
particulièrement bien arrosé, ce qui lui permet notamment d’avoir une réserve d’eau alimentant pa r
adduction la localité de Mora. (cf Annexe 6: Zones climatiques de l’Extrême-Nord).
La saisonnalité est aussi très importante en parlant d’accès à l’eau sur la zone. L’accès est en général
très faible à partir du milieu, jusqu’à la fin de saison sèche : de février à juin. Entre autre par : le
tarissement de puits, forage, coupure des systèmes d’adduction en eau (faible niveau d’eau du barrage
de Mokolo).
4.3.2. SOLS / HYDROGEOLOGIE / LOCALISATION DES FOYERS D’HABITATION
La nature des sols impact également énormément l’accès à l’eau mais aussi l’accès à l’assainissement.
En premier lieu elle conditionne l’infiltration de l’eau dans les sols et l’accès aux nappes par puits ou
forages. La zone d’étude a la particularité de se composer d’un massif montagneux et rocheux
important. Un grand nombre de localités ont trouvé place sur des hauteurs et non en plaine,
historiquement très probablement pour faciliter la visibilité et anticiper l’arrivée d’éventuels
envahisseurs. Cette situation complique très souvent la réalisation de points d’eau dans la localité
même et oblige à un déplacement des populations pour la recherche de l’eau. Ce constat est fait
notamment à Mora, où de nombreux ménages sont contraints de se déplacer sur les localités de Mémé
ou Kourgui (en saison sèche à partir de février), car en zone de granite et roche associées. Annexe 7)
on retrouve aussi des sols de formation volcanique, essentiellement dans le Mayo Tsanaga. Les
localités en zone de formation sablo-argileuses ont un accès à l’eau facilité.
La réalisation de puits s’avère parfois difficile et coûteuse en zone sableuses car elle nécessite la pose
de buses de protection. Le bas niveau des nappes en saison sèche impose aussi des profondeurs
importantes pour les ouvrages (puits souvent au-delà de 20 mètres, forages au-delà de 100
mètres).
Figure 25 : Illustration d'un puit sur la localité de Mora (proche de Mayo)
46
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L’accès à l’assainissement est lui globalement difficile, sur l’ensemble de la zone d’étude . Il
existe bien des latrines construites, mais leur construction est assez lourde et coûteuse. Les sols
rocheux compliquent fortement la réalisation de fosses, et les sols sableux obligent la réalisation d’un
coffrage cimenté de la fosse pour éviter les éboulements.
Des projets d’assainissement ont été menés par l’Etat camerounais en partenariat avec des
associations et acteurs humanitaires, notamment SANCAM, favorisant et encourageant la construction
de latrines.
Les réalisations sont très visibles sur la zone d’étude. Les communautés bénéficiaient de l’apport de
ciment et du paiement de maçon, contre le creusage de la fosse et l’apport de sable et de gravier.
4.3.3. HABITUDES CULTURELLES / MANQUE DE CONNAISSANCE
Il n’est pas simple de discerner ce qui relève du manque de connaissance et des habitudes culturelles.
Des latrines sont présentes, publiques dans certaines localités, individuelles pour certains ménages.
Malgré cela la défécation à l’air libre est très présente et visible.
Ce qui est très clair c’est qu’elle ne choque que peu de personnes et qu’il est difficile de trouver des
leaders prêts à se mobiliser contre cette pratique.
Le manque d’infrastructure ne peut clairement pas être la seule raison évoquée à la forte
défécation à l’air libre . Globalement les habitants eux-mêmes ne peuvent expliquer et trouver des
raisons au fait que malgré la présence de latrines, il existe de la défécation à l’air libre et que certaines
latrines ne semble quasiment pas utilisées.
Il semble s’agir dans l’ensemble d’une forme de mimétisme, d’effet de masse. N’ayant pas de rejet
massif de cette pratique, elle reste très présente. On est dans cette situation sur un comportement
apparent « d’acceptation » de son sort et de résignation. La société locale ne souhaite visiblement pas
porter de combat contre cette pratique.
Tableau 11 : Répartition des populations selon les pratiques de défection (déclarations des
ménages)
Air libre Latrine Trou-Tranchée Autre
Autochtone 3% 75% 22% 0%
Déplacé interne 5% 68% 27% 1%
Les liens entre défécation à l’air libre et maladie hydrique n’est probablement que peu établit. En
hypothèse également, le rapport à la défécation est probablement différent dans cette zone sahélienne,
où avec la forte présence de bétail et l’absence de végétation , elle se retrouve quotidiennement dans
l’environnement des populations et en est plus facilement acceptée.
Enfin, la forte densité de population de cette région fait aussi que même avec des taux d’utilisation de
latrine médians, le nombre de personnes pratiquant la défécation à l’air libre en reste plus élevé
qu’ailleurs.
4.3.4. NIVEAU DES REVENUS
L’accès à une eau de qualité ou à des infrastructures sanitaires est très clairement lié au revenu
des ménages. L’accès ne peut en revanche se lier qu’aux revenus, d’autres facteurs ont aussi un rôle
très important.
De manière générale, plus les ménages ont un revenu important, plus l’accès à des points d’eau
moderne ou protégés est important. Constat qui est encore plus avéré pour les populations déplacés.
Cela s’explique par les cotisations, nécessa ires pour l’accès aux points d’eau ou au paiement de l’eau
au niveau des bornes fontaines par exemple lorsqu’elles existent.
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Figure 26 : Représentation de l'utilisation des points d'eau (en % des populations), selon les types de
points d'eau et tranches de revenus hebdomadaires des ménages.
POPULATION AUTOCHTONE POPULATION DEPLACEE
Egalement, plus les niveaux de revenus sont importants, plus l’utilisation des latrines l’es t également.
Constat ici d’avantage vrai pour les populations autochtones. En hypothèse pour les déplacés, les
populations en famille d’accueil bénéficient aussi de latrines même sans moyens. La construction de
latrine est en revanche dépendante des capacités de financement des populations hôtes.
Figure 27 : Représentation des pratiques de défécation (en % des populations), selon les revenus
hebdomadaires des ménages
POPULATION AUTOCHTONE POPULATION DEPLACEE
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4.3.5. ETAT ET COLLECTIIVTES
La construction des infrastructures (forages, puits, latrines publiques) est coûteuse et ces installations
dépendent des capacités de financement de l’Etat et du suivi des infrastructures.
Les communes ont depuis quelques années la compétence et la responsabilité de la gestion des
infrastructures en eau. Leurs réalisations dépendent des financements que les communes obtiennent
et notamment des subventions de l’Etat. Celles-ci sont très faibles en proportions des coûts et les
capacités des communes sont ainsi en général très limitées. Il en est de même pour les
capacités de suivi des agents des communes : moyens de transport, méthodologie de suivi,
anticipation des besoins.
Un Plan d’Urgence a été lancé par l’état, afin de faire bénéficier à la région d’importants projets
à travers le budget d’investissement public (BIP), le plan d’urgence triennal et le programme
d’intervention d’urgence pour l’éducation. Il n’a pas été possible durant l’évaluation d’obtenir les
détails de ce plan, notamment sur l’accès à l’eau. La construction de nombreux forages y est prévue,
sans en connaitre le détail.
Afin d’accroître les capacités d’accueil des écoles surchargées par les élèves ayant fui les zones
touchées par Boko Haram, l’Etat a également annoncé début 2015 le déblocage d’une enveloppe de
5,3 milliards de XAF devant permettre la réalisation d’un plan d’urgence de construction des
infrastructures scolaires. Ce financement doit notamment servir à la construction de 79 forages, 196
salles de classe, 83 blocs de latrines, 20 dortoirs, 10 cantines et des branchements électriques dans
106 localités de la région.
Au-delà de ces objectifs, le bilan des années précédentes présente que le secteur des marchés publics
de la région souffre de plusieurs maux, dont les principaux diagnostics reposent sur la mal-
gouvernance, la lourdeur administrative et la non-application des textes régissant les marchés publics.2
4.3.6. ORGANISATION DE GESTION DE L’EAU (CGE)
L’accès à l’eau est aussi très lié aux capacités des populations et leaders à organiser les gestions des
points d’eau construits, avec notamment leurs utilisations, entretiens et réparations.
Le plus souvent des comités de gestion de points d’eau existent, mais ceux-ci ont été fortement
perturbés par l’arrivée des déplacés. Ces populations, dans les principales localités de déplacement
ont entrainés une surutilisation des points d’eau, sans cotisation (incapacité financière) et une
mauvaise utilisation des points d’eau (man ipulation, etc.). Cette situation a entrainé des pannes rapides
à répétition. Sans cotisations suffisantes et capacités financières, les comités de gestion d’eau (CGE)
ne peuvent souvent plus réaliser les réparations, mêmes mineures et lorsqu’elles sont fa ites, elles le
sont souvent à bas coût, avec des pièces de mauvaises qualités. Les réparations ne durent ainsi que
très peu de temps (pannes observés après seulement quelques semaines de réparation, forages neufs
en panne avec absence de capacité de réparation).
L’implication, l’engagement et la motivation des membres des CGE est aussi souvent remise en cause.
Une des principales limites semble être la représentation des genres au sein des CGE, en effet
ils sont presque tous représentés uniquement par des hommes qui ne sont pas concernés dans
le ménage par la recherche de l’eau (tâche des enfants ou des femmes) . De ce fait les décisions
prises ne sont pas toujours cohérentes avec les réalités d’utilisation des points d’eau. Egalement,
l’utilisation, les pratiques ou les réparations ne sont pas les priorités des hommes, qui ne sont ainsi pas
présents autour des points d’eau pour véhiculer les messages.
2 Source : Cameroon tribune website
49
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4.3.7. PRESENCE D’OPERATEURS LIES A L’EAU
Des artisans réparateurs sont présents et semble -t-il bien formés. UNICEF organise des
recyclages d’artisans réparateurs. L’accès aux pièces est aussi globalement facile, avec de nombreux
magasins sur Maroua (India ou Vergnet).
A noter également qu’avec les particularités hydrogéologiques de chaque zone, les points d’eau ne
sont pas toujours concentrés et opérationnels à proximité des habitations. Aussi, pour un grand nombre
de points d’eau et forages s’assèchent durant la saison sèche.
Dans cette situation, l’activité de portage d’eau s’est fortement développée . Accessible pour les
ménages les plus aisés, elles permettent de limiter les déplacements, les corvées d’eau pour les
ménages et l’approvisionnement en eau de qualité à des forages plus lointains (localités de Mora,
Mokolo, notamment).
4.3.8. PRESENCE D’INFRASTRUCTURES
La présence d’infrastructure est enfin un grand facteur déterminant. On parle ici des latrines ou forages,
mais aussi de plus grandes infrastructures collectives comme : système d’adduction en eau (à Mokolo
ou Mora, par le Barrage de Mokolo), château d’eau (no tamment à Bogo).
Ces systèmes appartiennent à la Camerounaise des eaux (créée en décembre 2007 pour assurer la
gestion, la production et la distribution de l’eau potable en milieu urbain et périurbain) et sont le plus
souvent utilisés par les ménages aisés ou moyens (notamment aux bornes fontaines).
Figure 28 : Illustration de points d’eau, accès à l’eau sur la localité de Mora
50
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4.4. SITUATION EN EAU – HYGIENE ET ASSAINISSEMENT
4.4.1. ACCES A L’EAU
Une forte proportion de points d’eau non fonctionnels
La proportion de forage non fonctionnel est évaluée à 30% sur l’ensemble de la zone d’évaluation,
confirmant les données du Profiling HCR/OIM du 19 mai 2015.
Elle peut parfois même atteindre plus de 80%, notamment pour la localité de Mora. Après Mora, les
localités les plus touchés sont Bogo, Diguir, Maklingaï, Balaza Alkali, Mikiri ou Gazawa avec environ
50% de forages non fonctionnels pour chaque localité.
Une majorité des pannes semble liée à l’arrivée des déplacés. Ce n’est en revanche pas le cas pour
Bogo par exemple, localités avec peu de déplacés : la structuration des CGE et les coûts de
réparations sont là d’autres facteurs expliquant ces pannes prolongées.
A noter que pour les localités de déplacement, les CGE ont été fortement déstructurés avec
l’arrivée de populations : absence de cotisation, mauvaise utilisation, affluence et surutilisation
des points d’eau.
Il a été observé de nombreux forages tombés en pannes juste après réparation ou construction neuv e.
Couverture en points d’eau protégés globalement faible
En considérant un standard maximum de 500 personnes par pompe manuelle fonctionnelles
(Standard SPHERE), on observe que 50% des localités enquêtés sont touchées par un
sureffectif par point d’eau / manque de point d’eau. Avec le peu de puits protégés fonctionnels ce
taux n’évolue que très peu.
Ces données sont à relativiser pour certaines localités, notamment Mora, Mokolo et Bogo, qui
disposent aussi, au moins une partie de l’année, d’un système d’adduction en eau. Mais ce système ne
fonctionne pas pendant une importante partie de la saison sèche.
Tableau 12 : Couverture en points d'eau moderne et nombre d’habitant moyen par PEM
Axe Localité Nb PEM Nb PEM non fonctionnels
% PMH non fonctionnels
Population par PEM fonctionnel (estimation)
Pop/PEM idéale si PEM fonctionnelles
Maroua-Mokolo Mokolo 7 0 0% 7 071 7 071
Maroua-Mokolo Zamaï 6 0 0% 385 385
Maroua-Mokolo Mokong 5 0 0% 403 403
Maroua-Mokolo Gazawa 11 4 36% 2 861 1 821
Maroua-Bogo Bogo 24 12 50% 3 333 1 667
Maroua-Bogo Diguir 3 2 67% 713 238
Maroua-Bogo Balaza alkali 5 2 40% 4 000 2 400
Maroua-Bogo Kodek 6 1 17% 400 334
Maroua-Mora Mora 17 14 82% 25 333 4 471
Maroua-Mora Mikiri 2 1 50% 800 400
Maroua-Mora Lalawaï 1 0 0% 2 020 2 020
Maroua-Mora Makilingaï 8 4 50% 908 454
Maroua-Mora Godola 2 0 0% NC NC
A noter que les données avancées sont ici d’une fiabilité très relative, car l’accès à des données de
population fiables est très difficile.
51
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Une quantité d’eau très souvent en dessous des standards
Sur l’ensemble de la zone d’étude, on relève une consommation en eau plus faible en quantité pour les
déplacés internes, que pour les autochtones, avec une moyenne de 15,3 litres / jour / personne en
moyenne pour les déplacés contre 19,7 litres / jour / personne pour les autochtones.
Plus précisément, 65,4% des IDP n’ont pas accès à un minimum de 15 litres d’eau / personne /
jour (Standard SPHERE), contre 40,5% des autochtones.
Cette faible consommation d’eau est à la fois liée, à la surcharge des points d’eau, mais aussi au coût
de l’eau (notamment pour l’eau aux bornes payantes et forages), aux capacités de transport et de
stockage de l’eau (points d’eaux peu nombreux = point d’eau éloigné pour de nombreux ménages).
La capacité de stockage moyenne en eau pour les déplacés internes est de 44 litres par ménage
(en bidon), soit 7 litres par personne . Elle est en revanche de 96 litres par ménage pour les
autochtones, soit 14 litres par personne.
Un faible approvisionnement à des points d’eau protégés pour les déplacés internes
En conséquence des revenus faibles et irréguliers des populations déplacés, seuls 49% des déplacés
internes s’approvisionnent à un point d’eau protégé, contre 76% des populations autochtones (en
saison des pluies).
Figure 29 : Répartition en pourcentage de population, des types de points d'eau utilisés
En conséquence, les déplacés internes sont plus nombreux en proportion à se plaindre de la qualité de
l’eau consommé, 36% la jugeant non suffisante (contre 24% des autochtones).
Parmi les ménages insatisfait de la qualité de l’eau, 41% des autochtones évoquent des problèmes de
santé (20% des IDP), 47% un problème de goût (32% IDP).
Des distances par rapport aux points d’eau plus longues pour les déplacés
De par le lieu d’habitation, en hypothèse, plus lointain pour les déplacés allant chercher des habitats
moins coûteux en périphérie des localités, les distances pour l’approvisionnement en eau sont plus
grandes pour les déplacés internes.
76%
18%
6% 1% 0%
49%
31%
13%
6% 1%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
Point d'eau protégé Puits non protégé Puits traditionnel Rivière Source non aménagée
Autochtone Déplacé interne
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Elles restent conformes aux standards (500 mètres par rapport au point d’eau pour SPHERE), pour
54% des IDP et 74% des autochtones.
Figure 30 : Répartitions des populations selon les distances par rapport a u principal lieu
d'approvisionnement en eau
4.4.2. HYGIENE ET ASSAINISSEMENT
Des particularités locales pour le stockage de l’eau
Dans cette région du pays, l’eau est très souvent stockée dans des canaris, servant également à
rafraichir l’eau de boisson. Fabriqué en terre cuite, le canari retient l’eau, mais laisse par ses parois, en
s’évaporer une très petite quantité. Sous l’effet du changement d’état (évaporation) de l’eau, l’eau se
rafraichi à l’intérieur du canari.
Cette technique n’est utilisée que pour l’eau de boisson et les ménages ont bien souvent d’autres
moyens de stockage de l’eau.
Les autres moyens de stockage les plus utilisés sont les bidons, bassines et ustensiles de cuisine (marmite).
Le canari, utilisé par la quasi-totalité des autochtones et 2/3 des déplacés internes, est assez difficile à
maintenir propre, étant en terre cuite.
Une utilisation encore insuffisante des latrines compte tenu de la densité de population
Selon les déclarations des enquêtés, il ressort que le taux d’utilisation des latrines se situe dans la moyenne en Afrique Sub-Saharienne de 71%
3.
Il est de 75% pour les populations autochtones, et de 68% pour les déplacés internes. La forte défécation à l’air libre apparente semble donc d’avantage lié à la forte concentration de population dans la région et les zones d’accueil.
Des pratiques d’hygiène très superficielles
Pour déplacés comme autochtones, le lavage des mains est déclaré comme réalisés aux étapes clés
comme après être allé aux toilettes ou avant la préparation des repas (85% des enquêtés affirment
respecter ces étapes).
Cependant, l’utilisation du savon à chacune de ces étapes est très peu systématique : 76% des
déplacés déclarent en utiliser « parfois », 61% des autochtones. Seuls 20% des déplacés l’utilise
3 Source: Base de données – enquêtes AICD DH/MICS, 2007.
74%
20%
6% 0%
54%
29%
13% 3%
0%
20%
40%
60%
80%
100%
0 à 400m 400m à 1km 1 à 3 km + de 3km
Autochtone Déplacé interne
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systématiquement contre 32% pour les autochtones.
4.5. FACTEURS LIES A LA SANTE MENTALE ET PRATIQUES
DE SOINS
4.5.1. A PROPOS DE LA SANTE MENTALE :
Les déplacements provoqués par les conflits armés, les persécutions ou les catastrophes naturelles,
imposent un grand stress psychologique et social aux individus, aux familles et aux communautés qui
les subissent. La façon dont les réfugiés ressentent et réagissent au deuil, à la douleur, à la
désorganisation et à la violence, peut varier sensiblement et affecter leur santé mentale et leur bien-
être psychosocial ou faire augmenter le risque qu’ils développent des problèmes de santé mentale.
Généralement, les réactions devant des situations perturbantes sont d’ordre normal et s’atténuent avec
le temps. De nombreux réfugiés sont capables de faire face à ces expériences difficiles et leur
résilience peut en être renforcée s’ils bénéficient d’un soutien familial et communautaire.
Dans les situations de déplacement massif, il arrive que les structures communautaires normales et
traditionnelles soient disloquées, telles que la famille élargie et les réseaux communautaires informels,
qui soutiennent habituellement le bien-être communautaire. Ceci peut entraîner des problèmes sociaux
et psychologiques ou aggraver des problèmes préexistants, mais dans les situations d’urgence, des
initiatives et des mécanismes nouveaux surgissent parfois, qui peuvent entraîner l’apparition de
nouveaux leaders qui seront représentatifs ou non de tous les membres de la communauté (UNHCR,
2007a). Certains réfugiés développent des mécanismes d’adaptation négatifs qui peuvent s’aggraver
lorsqu’ils doivent lutter pour subvenir à leurs besoins essentiels. Quelques -uns commencent à souffrir
de troubles mentaux et d’autres, qui présentaient déjà des signes de troubles mentaux, connaissent
une aggravation de leurs symptômes. Quand les systèmes habituels de soins de santé mentale ont été
ébranlés, les personnes qui souffrent de troubles mentaux courent le risque de ne plus recevoir de
traitement adéquat.
La réduction des risques à court et long terme et leurs conséquences sur la santé mentale et le bien -
être des personnes (enfants et adultes), des familles et des communautés, fait partie intégrante de
l’approche d’ACF. C’est pourquoi la santé mentale et les pratiques de soins (SMPS) sont un élément
permanent de la réponse humanitaire d’ACF à la situation des réfugiés ou déplacés.
Adopter une approche psychosociale signifie procurer une réponse humanitaire qui soit bénéfique pour
la santé mentale et le bien-être psychosocial des réfugiés/déplacés.
Les interventions psychosociales consistent à réaliser une ou plusieurs activités dans l’objectif
d’améliorer la santé mentale et le bien-être psychosocial des réfugiés. Les interventions sont
généralement réalisées dans les secteurs de la santé, de la protection basée sur la communauté et de
l’éducation.
La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en
une absence de maladie ou d’infirmité». Cette définition a pour important corollaire que la santé
mentale est davantage que l’absence de troubles ou de handicaps mentaux.
La santé mentale est un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les
tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté.
Dans ce sens positif, la santé mentale est le fondement du bien-être d’un individu et du bon
fonctionnement d’une communauté.
La santé et le bien-être mentaux sont indispensables pour que l’être humain puisse , au niveau
individuel et collectif, penser, ressentir, échanger avec les autres, gagner sa vie et profiter de
l’existence. C’est pourquoi, la promotion, la protection et le rétablissement de la santé mentale sont des
préoccupations centrales pour les personnes, les collectivités et les sociétés. (OMS)
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La dimension santé mentale est rarement intégrée à la prise en charge des situations difficiles, et en
particulier dans le cas de la malnutrition, ou lors d’évènements traumatisants : détresse psychologique,
déstructuration des liens familiaux, relation mère-enfant problématique, manifestations du
psychotrauma avec perturbation du cycle de sommeil, réminiscences traumatiques, difficulté de
concentration, perte d’appétit, dépression post-traumatique, deuil etc. Ces difficultés influencent
grandement les parents dans leur capacité à prendre soin de leurs enfants et donc entraînent
souvent une dégradation de la santé de ces derniers. Cela freine également le bon
développement de l’enfant et perturbe le déroulemen t des prises en charge et des traitements.
4.6. SITUATION EN SANTE MENTALE ET PRATIQUE DE
SOINS
4.6.1. SANTE MENTALE
En conséquence de la situation politico-militaire, les mouvements de populations ont entrainés des
changements dans l’organisation et le fonctionnement de la communauté ; les activités pastorales
quotidiennes s’en sont vues impactées. Les évaluations rapides effectuées par l’équipe dans la région
ont mis en exergue des signes de détresse psychosociale importants au niveau de la population en
générale :
La peur et l’angoisse sont constantes.
Les niveaux de stress et d’anxiété des populations sont très élevés du fait de l’instabilité de la situation
et donc du sentiment d’insécurité entretenu par les pillages et les violences quotidiens peu éloignées.
L’ensemble de la population est extrêmement vigilante, « en attente ». (95% sont habités par un
sentiment de peur constante, et 65% souffrent de peurs soudaines)
Le désœuvrement et le découragement percent dans les discours: manque d’argent, manque
d’opportunités professionnelles, appauvrissement général, déstructuration des organisateurs
sociaux habituels, ou services sociaux, qui ont un impact sur l’estime de soi des adultes, et en
particulier des hommes, aujourd’hui incapables de subvenir aux besoins de leurs familles et de
leurs hôtes (40% environ présentent au moins 5 signes ou symptômes dépressifs)
La baisse de fréquence ou l’arrêt des activités professionnelles : (notamment les activités
agricoles) et sociales du fait du déplacement, mais également de la peur, sont non seulement
des conséquences du déplacement, mais aussi des signes de souffrance psychologique
particulièrement préoccupants.
L’exacerbation du sentiment religieux témoigne du désespoir et du dénuement des
populations. Ce recours au religieux signe l’impuissance de chacun à pouvoir travailler à
l’amélioration de sa condition. Cette prégnance du religieux de référence musulmane, a pour
effet de stigmatiser une partie de la population déplacée comme pouvant être des soutiens ou
« infiltrés de Boko Haram. Il est devenu interdit de prononcer le nom « Boko Haram » dans
certains villages de craintes de représailles. Ces signes de détresse psychosociale montrent un
affaiblissement des mécanismes de résilience de la population face à la situation, et une grande
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fragilisation du lien social.
99% de la population interrogée montre des signes d’anxiété, 94% de dépression et 97% de Stress
Post Traumatique. Ces données montrent que la population est fortement touchée et affectée
psychologiquement, sans distinction de sexe ou d’ethnie.
En moyenne les personnes ont exprimé avoir 4,6 signes d’anxiété sur 8, 4,6 signes de dépression sur 8
et 4,3 sur 7 pour le Stress Post Traumatique.
Une analyse plus détaillée nous donne une idée des signes les plus fréquents exprimés par la
population:
Figure 31: Symptômes de l'anxiété
Figure 32 : Symptômes de dépression
358
244
138 134 195 186 165
306
Sen
tim
en
t d
e p
eur
Pe
ur
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da
ine
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tre
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du
Ma
ux
de
tête
Sen
sati
on
de
te
rre
ur
ou
pan
iqu
e
SYMPTOMES DE L'ANXIETE
172 152
176
230 257
201
296
235
Baisse del'énergie
Pleursfaciles
Perted'intéret
Perted'appétit
Troubledu
sommeil
Pas oupeu
d'espoirdans
l'avenir
Sentimentde
tristesse
Sentimentde
solitude
SYMPTOMES DE DEPRESSION
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Figure 33: Symptômes de stress post-traumatique
Plus de la moitié des personnes interrogées présentent des signes et symptômes de stress post
traumatiques.
« Les choses ont beaucoup changé; rien ne se passe plus comme avant ». Les pères de familles,
censés être garants des familles, subvenir à leurs besoins ne peuvent plus assumer leurs
responsabilités. Les femmes et les enfants n’ont désormais plus la même perception de leur mari, père.
Ces populations soucieuses, sont dans une situation difficile à vivre et disent avoir perdu tout espoir
d'améliorer leurs conditions de vie.
Certaines personnes disent ne plus avoir confiance en Dieu, qui peut décider de tout améliorer, mais
qui les a quand même laisser seul dans cette situation.
Les souvenirs de pires moments s'imposent régulièrement aux femmes surtout, en particulier, celles
qui ont assisté à l’exécution de leur mari.
Les conditions difficiles dans lesquelles vivent ces déplacés (manque de nourriture pour les enfants,
manque d'argent pour emmener les enfants à l'hôpital lorsqu'ils sont malades), et le fait de r evivre des
souvenirs difficiles les conduisent à faire le lien entre tous ces vécus et à se demander si cela pourra
s'arrêter un jour.
Plus de la moitié ont la tête envahie de souvenirs douloureux (64%). Beaucoup ont perdu des êtres
chers, parfois plusieurs et à des intervalles très courts. Ces personnes finissent par s'isoler et
s’effondrent psychologiquement.
Dans ces cas, l'entourage leur vient en aide, par la prière, et parfois en leur prodiguant des conseils.
Il existe là, des personnes qui, par succession de réminiscence traumatique se trouvent très fragilisées.
Dans ces cas, il est rapidement fait recours aux marabouts qui écrivent des versets coraniques qu’ils
font boire selon les pratiques de soutien en santé mentale traditionnelles.
Nombreuses, sont les personnes qui se plaignent de cauchemars récurrents, de mauvaise qualité de
sommeil (troubles du sommeil : 66%, cauchemars : 58%). Ces personnes sont très souvent identifiées
par la communauté comme « malades » (en lien avec les croyances de possession).
« Lorsqu'on a tout perdu, on ne peut plus se nourrir, on ne peut plus conduire son enfant à l'hôpital
quand il est malade; lorsqu'on n'a pas où se loger, on a forcément des problèmes de sommeil ».
(Relaté par un Lawal4 rencontré au cours de l’enquête)
Depuis que les déplacés sont partis de leurs villages, ils se sentent un peu plus en sécurité, la
présence des forces de l'ordre les rassurent, mais ils ne sont pas tout à fait tranquilles car ils sont à
4 Responsable communautaire traditionnel
234 239 222 268
206 194 234
Sou
ven
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te
rrif
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STRESS POST-TRAUMATIQUE
57
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moins de 30 kilomètres de la frontière avec le Nigeria et de ces "mauvaises personnes".
« Les BH peuvent arriver dans ces lieux d'accueil à tout moment; surtout la nuit , c'est aussi pourquoi
les nuits sont difficiles 5»
Tristesse et fatigue sont monnaies courantes chez ses populations (76,8% se plaignent d’une tristesse
constante). Les annonces régulières de tueries ou décès d’un proche, entretiennent les craintes.
Désormais, la seule bataille vitale que ces gens mènent, est celle de trouver de quoi manger. « Si on a
pas la peur du cœur, on ne peut qu'être tendu, on vit avec la peur permanente de perdre ce qu'on a de
plus cher »6.
Les malaises sont bien présents et vécus par ces déplacés. Les plaintes somatiques (maux de têtes :
44%, tremblements : 51%, vertiges : 37%, et pertes d’appétit : 60%) sont importantes et témoignent de
la difficulté à intégrer psychiquement les événements et les pertes à l’origine de la situation.
4.6.2. SUPPORT PSYCHOSOCIAL
Il n'existe pas dans toute la zone d'enquête, de structures psychiatriques ou de prise en charge
psychosocial. "Lorsque nous avons des personnes qui ont l'esprit dérangé, nous les emmenons voir
des marabouts ou des guérisseurs"7.
Généralement, quand la communauté se trouve face à des membres qui ont un problème de santé
mentale, elle ne les abandonne pas, elle se débrouille comme elle peut.
Les différents leaders se réunissent, discutent en communauté pour décider de la suite ou de ce qu'ils
peuvent faire des personnes qui ont un changement inquiétant de comportement ou d'habitudes.
Très souvent, l'issue est connue d'avance: traitement traditionnel comprenant l’ingestion de plantes,
écorces et décoctions psychoactives, la contention par enchainement, ou prière.
Lorsqu’une personne a des problèmes psychologiques mineurs, elle peut se confier à une amie. Mais
quand cela est ou devient compliqué, c'est la communauté qui remarque et décide de ce qu'il y a lieu
de faire.
Les seules activités communautaires organisées sont des travaux agricoles (plantation, récoltes…).
Les activités pouvant procurer le bien être ou celles de soutien psychosocial, n'existent pas selon eux,
en dehors des activités de réjouissances organisées en période de fête .
4.6.3. DES PRATIQUES DE SOINS INADAPTEES REPANDUES DANS L’EXTREME-
NORD DU PAYS
Sur les structures familiales et les ressources sociales :
Dans la majorité des situations rapportées en groupe, il apparait que les femmes sont les seules à
s’occuper des enfants. Ils sont constamment avec elles, aux champs comme ailleurs. Quand la famille
se trouve rassemblée, il peut arriver qu’on confie les enfants aux grand-mères, aux tantes présentes.
Les décisions concernant la vie de famille sont prises par les hommes quand ils sont présents. Le
statut des hommes semble avoir en parti changé du fait de la perte de leurs activités. Dorénavant et au
vu des désorganisations familiales, les femmes participent de plus en plus aux décisions concernant
les enfants, quand ce n’est pas le chef de la famille d’accueil qui se substitue à l’autorité familiale.
Nombre de femmes disent leur isolement quand les maris ont décidé de rester dans le village, ou d’y
retourner. Certaines évoquent une fuite dispersée pour augmenter les chances de survie des uns et
des autres. Beaucoup ont alors du mal à se retrouver.
5 Une f emme dans un temps de groupe
6 Op.cit.
7 Id
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Première Urgence – Aide Médicale Internationale / Action Contre la Faim
On constate une grande précocité des mariages ; certaines familles déplacées ne pouvant être
hébergées qu’à la condition de la négociation d’un mariage entre une de leur très jeune fille et
l’hébergeur ou un membre de sa famille. Ainsi, les premières grossesses précoces (14 ans, voire
moins), entraine des complications pour la mère lors des accouchements (fistules, par exemple).
L’espacement des naissances est peu répandu. Les précautions concernant les femmes enceintes ne
sont pas suivies. Ces femmes sont souvent sous-alimentées pour éviter des bébés de trop gros poids
et diminuer les risques d’accouchement difficile ; elles ont peu d’accès aux soins prénataux et
postnataux (le coût de la consultation et des examens sont mis en avant comme trop élevés), et
diminuent rarement leur charge de travail. 75% des femmes interrogées disent accoucher avec
l’assistance d’une personne qualifiée (matrone, infirmière, sage -femme).
L’arrivée des déplacés dans les villages a eu un effet immédiat sur l’épuisement de s réserves
alimentaires locales conséquence de l’augmentation importante du prix des denrées de bases sur les
marchés et sur la disponibilité et l’accès à l’eau. Ces facteurs, font que les déplacés sont souvent
perçus comme porteurs de malheur et de malchance par la population locale hôte.
Pour les déplacés, arriver jusqu’à leur lieu de refuges, parfois prise en charge par des familles, parfois
par des autorités locales, leur a coûté très cher. Beaucoup ont vendu au fil des semaines et des mois
leurs maigres biens emportés pour survivre.
Ainsi pour tous, l’accès aux vivres est conditionné par leurs ressources financières.
Pratiques d’allaitement :
On trouve, surtout dans les villages, peu d’enfants allaités exclusivement pendant les 6 premiers mois .
De l’eau, souvent de mauvaise qualité, est utilisée en complément de l’allaitement. Le climat
septentrional du Nord Cameroun, les fortes chaleurs amènent les mères à penser que les bébés ont
les mêmes besoins qu’elles quant à l’hydratation. Elles leurs donnent donc à boire en plus. Les femmes
proposent rarement un allaitement à la demande et la mise au sein a lieu sur des temps très courts.
Malgré tout, 40% des femmes disent allaiter exclusivement au sein leur enfant pendant les 6 premiers
mois, tout en nuançant cette pratique pas l’apport d’eau en journée quand le climat est trop chaud.
Elles disent mettre l’enfant au sein « aussi souvent qu’il le réclame, comme on leur a appris ».
Toutes disent ne pas utiliser de lait en poudre du fait de son coût et de la précarité de leur situation qui
ne leur permet pas. Quand il y a de quoi acheter à manger, leur priorité va à nourrir la famille plutôt que
l’enfant, ce qui leur fait dire qu’elles remarquent l’amaigrissement des enfants depuis le déplacement
ou l’arrivée des déplacés.
Les seuls problèmes d’allaitement qu’elles disent conna itre font référence à la possibilité que le lait de
la mère tourne quand elles sont malades ou selon ce qu’elles mangent.
Les sevrages sont souvent précoces, non progressifs et sans utilisation d’alimentation de transition
(bouillie). L’une des pratiques ayant un grand impact sur la survenue de la malnutrition consiste à
arrêter immédiatement l’allaitement d’un enfant en cas de nouvelle grossesse, ce qui conduit à un
sevrage brutal et prématuré. En général, l’alimentation proposée à l’enfant est pauvre en termes
nutritionnels et peu diversifiée.
Dans le domaine du développement de l’enfant (y compris la vie intra -utérine) les parents disposent
d’un savoir limité aux consignes données par les accoucheuses ou à l’hôpital, et bon nombre d’enfants
ne bénéficient pas d’une stimulation (motrice, cognitive, jeu) suffisan te pour soutenir la croissance.
La plupart du temps, les consultations au service de santé se font en dernier recours, les services des
guérisseurs traditionnels sont privilégiés, entraînant parfois des mutilations pour l’enfant : ablation de la
luette, extraction des dents, brûlure de l’anus, scarifications. En général, les connaissances sur les
pratiques de soins sont mieux diffusées dans les villes, à l’exception des villages bénéficiant
Au vu du graphique ci-dessus et selon les réponses par « OUI, NON ou je ne sais pas », sur un
échantillon de 69 ménages enquêtés, le statut vaccinal des enfants de plus de 9 mois se présente de la
manière suivante : 62,3% n’ont pas d’enfants vaccinés, 34,8% ont des enfants vaccinés et 2,9% n’ont
pas su répondre à la question.
0,0%
50,0%
100,0%
NONOUI
SANS REPONSE
69,8%
26,4%
3,8%
Enquête ménage - Statut vaccinal - Villages Balaza Alkali, Balaza Lawan, Bogo, Diguir, Kodek et Magoumay - Enfant de plus de 9 mois
72
Juillet 2015 / Rapport d’Evaluation Multisectorielle, Région de l’Extrême -Nord, Cameroun
Première Urgence – Aide Médicale Internationale / Action Contre la Faim
Balaza 19%
Balda 12%
Bogo 20% Borai
16%
Guingley 9%
Madaka 11%
Sedek 13%
Nouvelles admissions MAS - District sanitaire Bogo Janvier - Avril 2015
Balaza 23%
Balda 17%
Bogo 18%
Borai 12%
Guingley 5%
Madaka 8%
Sedek 17%
Nouvelles admissions MAM - District sanitaire Bogo Janvier - Avril 2015
4.7.9. NUTRITION
Malnutrition
Sur l’axe Bogo, le programme nutritionnel est réalisé dans toutes les formations sanitaires. C’est un
programme régulier sous la gestion du Ministère de la santé. Les structures nutritionnelles pour la prise
en charge en ambulatoire fonctionnent. Il existe également un CNTI au niveau de l’hôpita l de district,
anciennement appuyé par la Croix Rouge Française. Cette structure existe à Bogo depuis 2011 et
fonctionne via l’appui du Ministère et d’UNICEF. Entre juillet 2013 et mai 2015, le CNTI de Bogo a
bénéficié de l’appui de la CRF. La capacité du CNTI est de 8 lits. La phase aiguë est située dans le
bâtiment principal de l’hôpital tandis que les deux autres phases et la cuisine se trouvent à l’extérieur
dans un local d’extension construit par la CRF.
Aucun enfant n’était pris en charge au CNTI, le jour de l’évaluation. Cependant, d’après l’infirmier
chargé du CNTI, il y aurait habituellement une moyenne de 3 enfants en charge9.
Aperçu des nouvelles admissions dans les structures nutritionnelles de l’axe Bogo pour la période de
janvier à avril 2015.
En rapport avec les nouvelles admissions et selon les graphiques ci-dessus, on peut en déduire que les
cas de sous-nutrition aiguë sont présents dans l’ensemble du district sanitaire de Bogo. Seule la
formation sanitaire de Guingley a peu d’enfants souffrant de la sous-nutrition aiguë si l’on compare
avec les autres formations sanitaires.
9 Les données du CNTI de Bogo n’étaient pas disponibles
Figure 50: Nouvelles admissions MAS District
Sanitaire de Bogo de Janvier à Avril 2015
Figure 49: Nouvelles admissions MAM District
Sanitaire de Bogo de Janvier à Avril 2015
73
Juillet 2015 / Rapport d’Evaluation Multisectorielle, Région de l’Extrême -Nord, Cameroun
Première Urgence – Aide Médicale Internationale / Action Contre la Faim
Taux de guiéri Taux d'anbandon Taux de décès
CNAS 98,0% 1,5% 0,5%
0,0%
20,0%
40,0%
60,0%
80,0%
100,0%
120,0%
Indicateur performance CNAS - District sanitaire Bogo (Janvier à Avril 2015)
Taux de guiéri Taux d'anbandon Taux de décès
CNAM 13,5% 86,5% 0,0%
0,0%
20,0%
40,0%
60,0%
80,0%
100,0%
Indicateur performance CNAM - District sanitaire Bogo (Janvier à Mars 2015)
Tendance des admissions
Figure 51: Tendance des admissions MAS et MAM, District sanitaire de Bogo de Janvier à Avril 2015
La tendance des admissions montre une courbe ascendante pour les MAM et stagnante pour les MAS.
Aucune raison n’a été trouvée pour expliquer ce fait. Il serait nécessaire d’avoir un suivi sur les mois à
venir pour voir si cette tendance persiste.
Indicateurs de performance district sanitaire de Bogo
Selon les informations recueillies au district sanitaire de Bogo, les graph iques suivant représentent les
indicateurs de performance pour la PCIMAS (de janvier à avril 2015) et pour la PCIMAM (de janvier à
mars 2015).
Une différence notable entre les performances CNAS et CNAM est le taux d’abandon qui est
extrêmement élevé (bien au-delà des 15% attendus) dans la PCIMAM. Il est important de préciser que
les données obtenues auprès des centres de santé sont différentes de celles compilées au niveau de la
Délégation sanitaire régionale.
0
50
100
150
200
250
300
janv.-15 févr.-15 mars-15 avr.-15
Tendance des admissions - Axe Bogo - District Sanitaire de Bogo
CNAS CNAM
Figure 53 : Indicateurs de performance MAS- District
sanitaire de Bogo de Janvier à Avril 2015
Figure 52 : Indicateurs de performance MAM - District
sanitaire de Bogo de Janvier à Avril 2015
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4.7.10. LIMITES
Lors de l’évaluation sur l’axe Mora, les équipes cadres des différents districts étaient occupées par la
planification de la campagne de vaccination dans le cadre de la SASNIM. L’équipe chargée de
l’évaluation n’a pas pu rencontrer toutes les autorités sanitaires . Au niveau des centres de santé, les
équipes ont pu rencontrer les chefs de centre de santé de Mora, Massare, Clinique de la volonté, de
Maklingay, de Mikiri et de Godola. La rencontre avec le Médecin chef de district a duré moins de 10
minutes.
Sur l’axe de Bogo, les mêmes limites que pour les axes de Mora et Mokolo ont été observées.
4.8. ACTEURS DE LA ZONE D’ETUDE
Tableau 17 : Tableau des acteurs sur la zone d’évaluation
OBJECTIFS/ROLES
DISTORSIONS /CONFLITS
EVENTUELS OBSERVES AIRE INTERLOCUTEURS LOCAUX
AUTORITES ETATIQUES
Gouverneur
- Représentant de l’Etat dans la région.
- Coordination des services techniques
publics
-
Rég
ion
- Police et gendarmerie
- Services techniques de l’état,
délégations régionales.
- Préfectures
- Ministères/Etat
Préfets
- Représentant de l’Etat dans le
département.
- Coordination des services techniques
publics
-
Dép
arte
me
nt
- Police et gendarmerie
- Services techniques de l’état,
délégations départementales.
- Sous-préfectures / gouvernorat
- Mairies
- Autorités traditionnelles / locales
Sous-préfets
- Représentant de l’Etat dans
l’arrondissement
- Coordination des services techniques
publics
- Plus les services de l’état sont
déconcentré plus la présence et
l’implication visible est faible.
Arr
ondi
ssem
ent
- Mairie
- Préfecture
- Services techniques
d’arrondissement
- Autorités traditionnelles / locales
Gendarmerie
Police
- Assure la sécurité de la population
- Maintien de l’ordre
- Tracasseries
- Cas de corruption
-
- Préfectures / sous-préfectures
- Les commissaires de la sécurité
publique
- Populations
AUTORITE TRADITIONNELLE
Lamibé
Lawans
- Auxiliaire de l’administration
- Diffuse et véhicule des messages et
consignes sociales dans sa zone de
compétence.
- Dans l’Extrême-Nord, le lamido a sous
son autorité les Lawans
- Abus d’autorité
- Accumulation de fonctions et
confusion de rôle. Lamido/maire ou
maire/lamido.
Law
anat
/Can
tona
t - Sous-préfet.
- Population hôtes/déplacés.
- Les ONG
- Les leaders communautaires.
SERVICES TECHNIQUES
Délégations
régionales /
départementales /
d’arrondissement
Exemple :
Santé / Eau – Energie
Agriculture /Elevage
Education / Etc.
- Coordination des activités selon secteurs
et entités géographiques
- Mise en œuvre des projets de l’état
- Formation des acteurs, mobilisation des
communautés
- Suivi de situation
- Présence sur le terrain parfois
limité
- Plus les services sont déconcentré
plus la présence et l’implication
visible est faible
- Selon les secteurs et entités
géographiques : lourdeur
administrative, abus de pouvoir
Rég
ion,
Dép
arte
me
nt,
Arr
ondi
ssem
ent
- Ministères
- Gouvernorat
- Préfectures
- Sous-préfectures
- Populations
- Acteurs privés et associatifs
AUTORITES LOCALES
Mairies
- Développement communal
- Appui des services public
- Suivi techniques avec différents services
communaux (eau, assainissement,
énergie, etc).
- Accumulation de fonction et
confusion de rôles : Maire/Lamido
avec un impact négatif sur le
développement de la localité. Co
llect
ivit
é
terr
ito
rial
e - Sous-préfets
- Autorités traditionnelles
- Acteurs privés et associatifs
- Représentants population
ACTEURS HUMANITAIRES
Organes des nations
unies, ONG, bailleurs
de fond
- Assistance humanitaire
- Appui à l’état et services locaux sur
gestion de crise
- Suivi et veille humanitaire
- Mécanismes de coordinations en
construction
- Faible visibilité/connaissance de la
situation humanitaire –
production/traitement et diffusion
d’une information pratique.
Rég
ion,
dép
arte
me
nts,
arro
ndis
sem
ent
s
- Services techniques de l’état,
délégations départementales.
- Sous-préfectures / gouvernorat
- Mairies
- Autorités traditionnelles / locales
- Populations
ACTEURS PRIVES
Entreprises, commerçants, artisans
Points d’eau : 30% des points d’eau non fonctionnels
Accès à l’eau : 65,4% des IDP n’ont pas accès à un minimum de 15litres d’eau/personne/jour ;
40,5% des autochtones.
Seuls 49% des IDP s’approvisionnent à un point d’eau protégé, contre 76% des populations autochtones (en saison des pluies).
Indice des stratégies d’adaptation (CSI) : 39 pour les déplacés internes ; 22 pour les
populations autochtones.
Activité génératrice de revenu : 20% des déplacés n’ont aucune activité ni revenu.
La moitié (47%) des IDP avec une activité n’ont qu’une activité très précaire (exemple : travail
journalier, vente de bois).
Revenu hebdomadaire moyen des déplacés internes inférieur de près de 60% par rapport au
autochtones (3 935 XAF pour les déplacés interne, 9 099 XAF pour les autochtones).
Dépenses des ménages : Le logement représente en moyenne 9% des dépenses des IDP,
contre 1,4% des populations autochtones.
Biens non alimentaires : 37% des IDP ont un score NFI (Score Card NFI) en seuil d’urgence
(supérieur ou égal à 3) ; 5,1% des populations autochtones.
Marchés alimentaires : Hausse du prix de certaines denrées : 47% pour le mil par rapport à la
même période les années précédentes. Baisse du prix du riz local (5 à 10%), avec la baisse des exportations.
Santé Mentale Pratiques de Soins : 95% des IDP sont habités par un sentiment de peur
constante, et 65% souffrent de peurs soudaines ; 40% environ présentent au moins 5 signes ou symptômes dépressifs. Ces signes de détresse psychosociale montrent un affaiblissement des
mécanismes de résilience de la population face à la situation, et une grande fragilisation du lien social.
Santé : Un accès aux soins limité (et le recours au traitement traditionnel comme premier soins),
un taux de couverture vaccinal faible selon les zones / zone endémique - épidémies saisonnières
Nutrition : Une situation nutritionnelle critique dans le DS de Mora avec une prévalence de la
malnutrition aiguë globale de 12,6% dépassant le seuil d’alerte de 10% selon la catégorisation de l’OMS dont 3,0% (2% seuil d’urgence) de malnutrition aiguë sévère et 9,6% de malnutrition aiguë
modérée
Ruptures intermittentes d’intrants nutritionnels. Faibles activités de mobilisation communautaire.
Solidarité – Assistance : 16% des populations autochtones hébergent des personnes déplacées
ou réfugiées. 11,7% des déplacés hébergent également des populations ayant fui.
Seul 23,5% des IDP déclarent avoir reçu une forme d’aide en 2015.
Source : Evaluation multisectorielle PU-AMI / ACF Juillet 2015
4.9. SYNTHESE DES RESULTATS
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5. RECOMMANDATIONS
5.1. RECOMMANDATIONS
5.1.1. STRATEGIE EN SECURITE ALIMENTAIRE ET MOYENS D’EXISTENCE
La stratégie globale en SAME est d’assurer à très court terme le rétablissement ou l’atteinte des seuils
minimaux d’urgence, pour les populations les plus vulnérables face à une insécurité alimentaire .
L’atteinte des résultats passe globalement par un renforcement essentiel du ciblage des ménages
bénéficiaires. Ce ciblage doit passer par les communautés et être davantage appuyé par les acteurs
humanitaires. Il convient de responsabiliser les communautés et les leaders, tout en s’assurant d’un
impact maximum.
Cette réponse d’urgence doit préparer et ne pas compromettre un redressement rapide des zones
touchées. Il convient d’adapter au mieux les modalités de l’aide pour dans le même temps, faciliter une
réinsertion économique rapide et redynamiser les marchés paralysés par la fermeture des frontières
avec le Nigéria.
A moyen terme, la stratégie est totalement conditionnée par l’évolution des conditions de sécurité du
territoire. Les projections ne peuvent se faire raisonnablement que sur l’année 2016.
En hypothèse, avec une amélioration des conditions sécuritaires et la réouverture progressive des
frontières, l’assistance consistera à un accompagnement au retour et la reprise des activités :
commerciales, culturales et d’élevage essentiellement. L’appui à un redressement rapide des
conditions de vie sera important pour faciliter cette reprise (logement, accès aux marchés, à l’eau, etc.).
En cas d’insécurité prolongée ou aggravée, de nouveaux circuits économiques vont devoir se
développer qu’il sera important d’encourager. Les marchés seront tournés uniquement sur le
commerce intérieur, de nouvelles filières vont devoir se créer. Les populations déplacées et
autochtones touchées par la crise vont devoir s’y insérer pour retrouver de l’activité. On peut imaginer
qu’il s’agira d’activités parallèles, assez modestes mais nombreuses, limitant les regroupements de
population notamment et tournées vers les produits de base (alimentaires locaux, artisanat et
commerce local).
Pour toutes les recommandations suivantes, il convient, d’adapter les procédures de sécurité à
l’évolution du contexte. De manière globale, en limitant les regroupements de populations trop
nombreux, déplacements, lieux et heures d’interventions.
5.1.2. STRATEGIE EN EAU – HYGIENE & ASSAINISSEMENT
La stratégie globale en EHA est à court terme de rétablir un accès à l’eau pour l’ensemble des
populations touchées par les déplacements et une récurrence des pannes. L’aide liée à l’eau est
d’autant importante qu’elle permet d’équilibrer l’assistance, bénéficiant aussi aux populations locales.
Les réparations, fournitures de kits de réparation, appui des CGE et rétablissement de bonnes
conditions d’hygiènes autour des points d’eau permettront de combler les principaux problèmes
immédiats.
L’apport de kits NFI et d’hygiène de base aux déplacés permettra aussi d’améliorer les conditions de
transport et de stockage de l’eau qui constituent des limites importantes, notamment avec les distances
aux points d’eau.
Egalement à court terme, l’accès à une eau de consommation de qualité (payante) est très difficile pour
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les déplacés notamment, sans revenus réguliers. Une couverture de ces besoins minimums, via une
dynamisation des circuits économiques locaux doit permettre une couverture urgente des besoins le
temps d’une intégration économique plus forte des ménages et de la réparation des nombreux points
d’eau hors d’usage. La dynamisation des activités, avec les systèmes de portage d’eau notamment,
contribuera à maintenir de l’activité pour les jeunes notamment et à une circulation diffuse du cash.
A moyen terme, suivant l’évolution des conditions de sécurité, il conviendra de renforcer les conditions
d’hygiène (accès aux latrines, pratiques d’hygiènes, etc.) dans les zones de déplacement, ou de
s’engager dans un renforcement de l’accès à l’eau dans les zones de retour (si amélioration des
conditions de sécurité) afin d’encourager à une déconcentration des populations, notamment dans les
centres urbains et un retour à une situation initiale.
5.1.3. STRATEGIE – SMPS
Les déplacements provoqués par les conflits armés, les persécutions ou les catastrophes naturelles,
imposent un grand stress psychologique et social aux individus, aux familles et aux communautés qui
les subissent. Dans des situations d’urgence, certaines personnes peuvent créer des mécanismes
d’adaptation négatifs qui peuvent s’aggraver lorsqu’elles doivent lutter pour subvenir à leurs besoins
essentiels. La réduction des risques à court et long terme et leurs conséquences sur la santé mentale
et le bien-être des personnes (enfants et adultes), des familles et des communautés, fait partie
intégrante de l’approche d’ACF. C’est pourquoi la santé mentale et les pratiques de soins (SMPS) sont
un élément permanent de la réponse humanitaire d’ACF à la situation des réfugiés ou déplacés.
5.1.4. STRATEGIE EN SANTE - NUTRITION
Le dépistage conduit lors de SASNIM a permis de mettre en lumière que le district sanitaire de Mora
présentait des taux élevés de malnutrition aigüe avec notamment un taux de MAS supérieur au seuil
d’urgence. Ceci associé aux informations recueillies durant l’évaluation permet de confirmer la
nécessité d’une intervention dans le secteur santé-nutrition et en particulier dans le DS de Mora.
La région de l’Extrême Nord du Cameroun connait un contexte sécuritaire volatil dû à sa proximité avec
le Nigéria, fief de la secte islamique Boko Haram, dont la région partage une longue frontière, Les
activités terroristes de cette secte ont des impacts conséquents sur la région, à travers des exactions
au Nigéria et des incursions au Cameroun, qui entraînent des flux importants de réfugiés et de
populations déplacées dans la zone. Cette situation instable a complexifié l’accès aux ressources
naturelles déjà limitées. Les violences pratiquées par Boko Haram ont contraint les populations à
abandonner leur champs et élevage, deux activités principales de la région, paralysant ainsi la
croissance économique. Dans ce contexte, cette évaluation a permis d’identifier les besoins des
populations et les enjeux liés à cet environnement difficile, en vue d’apporter une réponse adaptée pour
améliorer de façon immédiate et significative les conditions de vie des populations locales.
A travers ce rapport, les conditions de vie des populations affectées sont décrites et une approche
multisectorielle est proposée pour répondre au mieux aux besoins identifiés. En effet, la situation en
Sécurité Alimentaire et Moyens d’Existence est critique dans l’Extrême Nord. Les activités génératrices
de revenus sont limitées et donnent accès à un niveau de rémunération global très faible qui ne permet
pas de faire face à la hausse des prix généralisée des marchés. Notre évaluation préconise une
réaction rapide qui permettrait l’atteinte des seuils minimaux d’urgence en sécurité alimentaire, puis
une relance progressive de l’économie. Concernant les besoins en EHA, ce rapport identifie de
profondes lacunes en accès à l’eau potable pour la région et recommande de réhabiliter les points
d’eau non fonctionnels pour combler les manques vitaux immédiats. Dans un second temps, il
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conviendrait d’accompagner les populations ciblées vers des conditions d’hygiène et d’assain issement
décentes et de construire de nouveaux points d’eau et d’assainissement dans des zones de retour pour
encourager la déconcentration des populations. La situation en santé et nutrition de la zone est aussi
très préoccupante, puisque l’accès aux soins y est limité et le taux de malnutrition aigüe globale excède
le seuil d’alerte fixé par l’OMS. Aussi, suite à cette évaluation ACF et PUI recommandent un
renforcement des structures de santé du district sanitaire de Mora ainsi que la mise en place d’un
système de surveillance de malnutrition. Enfin, cette enquête met en évidence le contexte de peur
généralisée instaurée par la dégradation de la situation sécuritaire, qui induit des répercutions
conséquentes en termes de détresse psychologique et d’affaibl issement des mécanismes de
résilience. Afin de répondre à ces besoins et de limiter les recours à des stratégies d’adaptation
négatives, nous recommandons de mettre en place une approche en santé mentale et pratiques de
soins.
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Annexes
ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE MENAGE
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ANNEXE 2 : QUESTIONNAIRE WASH LOCALITE
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ANNEXE 3 : QUESTIONNAIRE NUT/SANTE/SMPS
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ANNEXE 4 : QUESTIONNAIRE CENTRE SE SANTE PRIMAIRE
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ANNEXE 5 : QUESTIONNAIRE COMPLEMENTAIRE
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ANNEXE 6 : ZONES CLIMATIQUES DE L’EXTREME NORD
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ANNEXE 7 : HYDROGEOLOGIE DE L’EXTREME NORD
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ANNEXE 8 : TECHNIQUES DE CONSERVATION TRADITIONNELLES
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ANNEXE 9 : CIRCUITS ET ZONES DE TRANSHUMANCE
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