Université Bordeaux 1 Les Sciences et les Technologies au service de l’Homme et de l’environnement N° d’ordre : THÈSE PRÉSENTÉE A L’UNIVERSITÉ BORDEAUX 1 ÉCOLE DOCTORALE DES SCIENCES CHIMIQUES Par Fabien CORPACE POUR OBTENIR LE GRADE DE DOCTEUR SPÉCIALITÉ Physico-chimie de la matière condensée SOUDAGE PAR RESISTANCE DU GAINAGE COMBUSTIBLE ODS D’UN REACTEUR NUCLEAIRE DE 4 EME GENERATION Influence des paramètres opératoires sur le soudage et la soudure Directeurs de thèse : Jean-Pierre MANAUD Ŕ Angéline POULON A soutenir le : 15 décembre 2011 Devant la commission d’examen formée de : (a compléter pour publication) Mme/M. NOM, Prénom Titre Établissement Fonction Mme/M. NOM, Prénom Titre Établissement Fonction Mme/M. NOM, Prénom Titre Établissement Fonction Mme/M. NOM, Prénom Titre Établissement Fonction Mme/M. NOM, Prénom Titre Établissement Fonction Mme/M. NOM, Prénom Titre Établissement Fonction
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Université Bordeaux 1
Les Sciences et les Technologies au service de l’Homme et de l’environnement
N° d’ordre :
THÈSE
PRÉSENTÉE A
L’UNIVERSITÉ BORDEAUX 1
ÉCOLE DOCTORALE DES SCIENCES CHIMIQUES
Par Fabien CORPACE
POUR OBTENIR LE GRADE DE
DOCTEUR
SPÉCIALITÉ Physico-chimie de la matière condensée
SOUDAGE PAR RESISTANCE DU GAINAGE COMBUSTIBLE
ODS D’UN REACTEUR NUCLEAIRE DE 4EME
GENERATION
Influence des paramètres opératoires sur le soudage et la soudure
Directeurs de thèse : Jean-Pierre MANAUD Ŕ Angéline POULON
A soutenir le : 15 décembre 2011
Devant la commission d’examen formée de : (a compléter pour publication)
Mme/M. NOM, Prénom Titre Établissement Fonction
Mme/M. NOM, Prénom Titre Établissement Fonction
Mme/M. NOM, Prénom Titre Établissement Fonction
Mme/M. NOM, Prénom Titre Établissement Fonction
Mme/M. NOM, Prénom Titre Établissement Fonction
Mme/M. NOM, Prénom Titre Établissement Fonction
- II -
- III -
Résumé
Les alliages ODS (Oxide Dispersion Strengthened) sont des matériaux candidats pour
la réalisation du gainage combustible des réacteurs nucléaires de Génération IV de type
RNR-Na. Leurs propriétés mécaniques à haute température sont assurées par une
dispersion d’oxydes nanométriques qui peut être modifiée sous l’effet de la température
et notamment lors du passage par l’état liquide. Les procédés d'assemblage en phase
solide sont donc préconisés. La méthode de soudage étudiée dans cette thèse est le
soudage par résistance en bout.
Une double approche simulation numérique-expérimentation a été mise en place pour
étudier l’influence des paramètres opératoires sur le soudage et la soudure. L’ensemble
des essais (expérimentaux et numériques) est réalisé selon la méthode des plans
d’expériences factoriels complets. Un alliage ODS base fer à 20 % de chrome a été utilisé
comme alliage d’essai.
L’analyse de l’influence des paramètres opératoires sur le soudage est réalisée dans
un premier temps. Les résultats montrent que l’étape de soudage peut se découper en
trois phases. Dans une première phase, la température augmente au niveau des
interfaces. Dans une seconde phase, le procédé de soudage est gouverné par le
changement de section macroscopique lorsque le courant passe du bouchon massif à la
gaine plus étroite. La température augmente alors dans la partie de gaine dépassant de
l’électrode. Lorsque la température atteint une valeur suffisamment élevée, la partie de
gaine dépassant de l’électrode se déforme, entrainant un affaissement général des pièces.
C’est la troisième phase de l’étape de soudage. L’influence des paramètres opératoires
sur les phénomènes physiques lors de l’opération d’assemblage est évaluée. Il est alors
possible d’influer sur les sollicitations thermiques et mécaniques à l’aide des paramètres
opératoires.
L’analyse de l’influence des sollicitations thermomécaniques sur la soudure est
réalisée dans un second temps. Sur les plages de paramètres opératoires étudiées, les
résultats révèlent sur certaines soudures la présence de défauts de compacité ainsi
qu’une modification de la microstructure et de la dispersion des oxydes nanométriques.
Les défauts de compacité peuvent être liés à des phénomènes thermiques et mécaniques
au contact entre pièces. Les modifications de la microstructure sont liées à des
phénomènes de recristallisation dynamique ou de fusion locale et donc à des phénomènes
thermiques mais aussi mécaniques avec la présence dans ces zones de déformations
importantes. Les modifications de la microstructure sont alors reliées à une modification
de la dispersion d’oxydes.
A l’aide des paramètres opératoires, il est possible d’influer sur les températures et les
déformations afin de limiter les modifications de la structure de l’alliage ODS ainsi que
l’apparition de défaut de compacité. A l’aide de l’ensemble de ces résultats, la procédure
de soudage est adaptée sur un alliage ODS à 9 % de chrome, nuance envisagée pour la
réalisation des futurs gainages combustibles. L’influence des propriétés matériaux sur le
soudage et la soudure est alors discutée en comparant les deux nuances ODS de
compositions différentes mais aussi en comparant les résultats obtenus sur l’alliage ODS
à 20 % de chrome avec un alliage non renforcé de composition similaire.
Mots clés : ODS, Oxide Dispersion Strengthened, Gainage combustible, soudage par
Tableau 1.2 : Taille et densité en nombre des renforts dans des alliages ODS de différentes compositions
La taille moyenne des oxydes varie donc fortement d’un alliage à un autre. Leur
cohérence avec la matrice dépend de la taille et de la nature des oxydes [29, 31].
La Figure 1.5 présente la structure de l’alliage MA956 observée par Microscopie
Electronique à Transmission (MET) après répliques extractives.
Figure 1.5 : Observation des renforts au MET sur MA956 [32]
La Figure 1.5 fait apparaitre des renforts de tailles différentes au sein d’un même
matériau. Les différences de tailles des oxydes peuvent témoigner d’une différence de
composition chimique [33]. Au cours de l’élaboration, la composition des oxydes peut se
modifier, notamment pour les oxydes d’yttrium, en s’alliant avec le titane ou l’aluminium
présent dans la poudre pré-alliée [34].
1.1.4.2. Mécanismes de renforcement
Les mécanismes de renforcement dus à l’addition des oxydes nanométriques ont fait
l’objet de plusieurs études [16, 17, 35-37]. Le mécanisme de renforcement dépend de la
température. Son identification est complexe du fait que ces alliages présentent aussi
des mécanismes de durcissement par réduction de la taille des grains (mécanisme de
Hall et Petch) [16] ou de nature chimique (transformation de phase, modification de la
taille et de la distribution des oxydes…) [36].
A basse température (en dessous de 500 °C [17] à 750 °C [37] selon les matériaux), le
renforcement lié à l’addition des particules d’oxydes est principalement expliqué par le
mécanisme d’Orowan. Ce renforcement est alors inversement proportionnel à la distance
moyenne entre obstacles (particules d’oxyde).
A plus haute température, le modèle d’Orowan tend à surestimer la limite élastique.
Un exemple de comparaison entre le calcul de la limite élastique en prenant en compte
un mécanisme d’Orowan et des résultats expérimentaux est présenté sur la Figure 1.6.
- 6 -
Figure 1.6 : Comparaison de la limite élastique mesurée et calculée en prenant en compte le mécanisme d’Orowan (σOr), le durcissement de BaileyŔHirsch (σBH) ainsi
que le modèle de ArztŔRöslerŔWilkinson (σp) [38]
Le mécanisme d’Orowan n’explique plus correctement le mécanisme de renforcement
à haute température. Un mécanisme combiné d’ancrage des dislocations et de
franchissement par montée des dislocations, appelé aussi mécanisme de Srolovitz, peut
expliquer le renforcement observé sur les alliages ODS à haute température comme
proposé dans [37, 39]. La modélisation de ce phénomène est alors réalisée par une loi
d’Orowan corrigée par la notion de « contrainte seuil ». Cependant, il est alors nécessaire
de prendre en compte le fait que seule une partie des oxydes réalise effectivement cet
ancrage. On retrouve alors la dépendance du renforcement avec l’inverse de la distance
entre obstacles.
1.1.5. Synthèse
Les alliages ODS sont fabriqués par mécanosynthèse afin de réaliser une dispersion
d’oxyde nanométrique homogène au sein de la matrice. Cette répartition est garante des
propriétés mécaniques du matériau notamment à haute température.
La densité en nombre et la taille des renforts sont des paramètres importants du
mécanisme de renforcement par dispersion d’oxydes. Une modification de ces paramètres
peut donc engendrer une modification locale des propriétés mécaniques de l’alliage ODS.
1.2. Stabilité des oxydes nanométriques
Dans ce paragraphe, nous nous intéressons uniquement aux alliages ODS à base fer.
1.2.1. Effet de la température
Nous nous intéressons ici à la stabilité des oxydes sous l’effet de la température. Les
alliages ODS peuvent être soumis à l’effet de la température dès l’étape de consolidation
mais aussi après compaction lors de traitements thermiques par exemple.
La Figure 1.7 montre l’effet de la température lors de l’étape de consolidation (par
filage à chaud dans cet exemple) d’un alliage ODS sur la taille de grains, la taille des
oxydes et leur densité en nombre [23].
Etude bibliographique - 7 -
Figure 1.7 : Influence de la température de filage (et de préchauffage) sur la structure d’un alliage ODS (Fe-18Cr-1W-0,3Ti-0,3Y2O3) [23]
Après compaction et mise en forme, les traitements thermiques ont aussi une
influence sur la structure des renforts. Le Tableau 1.3 montre en exemple des données
sur l’évolution de la taille et de la densité en nombre des renforts en fonction de
différents traitements thermiques.
Matériau (composition)
Etat initial Température Temps Taille moyenne des précipités
Densité en nombre
Référence
MA957 (Fe–14Cr,0.9Ti, 0.3Mo,
0.25Y2O3 )
Extrudé à 1100°C
0 900 950 1000
0 3000 h 3000 h 3000 h
2,1 nm 2,2 nm 2,6 nm 3,1 nm
3,9.1023
m-3
5.1023
m-3
1,6.1023
m-3
1,4.1023
m-3
[40]
MA957 (Fe-14Cr-1Ti-0.3Mo-
0.25Y2O3)
Extrudé à 1100°C puis
laminé a 1100°C
0 1225 1350
0 1 h 1 h
11,7 nm 25,6 nm 33,6 nm
8.1020
m-3
[18]
14YWT (Fe–14Cr–3W–0.4Ti–
0.35Y2O3)
Extrudé à 850°C
0 1000
0 1 h
1 nm 1 nm
4.1023
m-3
1.1023
m-3
[41]
MA956 (Fe-20Cr-4.5Al-0.5Ti-
0.5Y2O3)
Extrudé à 1100°C puis
laminé a 1100°C
0 950 1470
0 1 h 1 h
11,4 nm 16,5 nm 34,1 nm
10.1021
m-3
[18]
PM2010 (Fe-20Cr-5.5Al-0.5Ti-1Y2O3)
Barre recristallisée
0 1200 1300 1350 1350
0 110 h 110 h 110 h 300 h
15 nm 19 nm 26 nm 31 nm 45 nm
[42]
Tableau 1.3 : Evolution de la taille et de la densité en nombre des renforts en fonction de différents traitements thermiques sur des aciers ODS
D’après ces données, on observe que l’augmentation de la taille des oxydes dépend de
la température atteinte, du temps d’exposition à ces températures, ainsi que de l’état
initial du matériau. D’après ce tableau, on observe que plus la taille initiale des oxydes
est importante plus l’augmentation de taille est importante. Des températures
supérieures à 1000 °C entrainent un accroissement notable de la taille des oxydes.
1.2.2. Effet d’une modification de la microstructure
Le diagramme d’équilibre fer Ŕ chrome est présenté sur la Figure 1.8.
- 8 -
Figure 1.8 : Diagramme fer-chrome [43]
Pour les alliages dont la teneur en chrome équivalent est inférieure à 11,5% en masse,
la transformation de phase ferrite (structure cubique centrée) Ŕ austénite (structure
cubique faces centrées) entraine une modification de la microstructure.
Pour les alliages à plus haute teneur en chrome, il n’y a pas de transformation
martensitique possible. Cependant, dans les deux cas, une modification de la
microstructure peut intervenir lors d’une étape de recristallisation.
1.2.2.1. Recristallisation
La recristallisation désigne une réorganisation de la structure cristalline sous l’effet
de la température et de l’état d’écrouissage de la matrice du matériau [44]. On distingue
plusieurs types de recristallisation :
La recristallisation primaire consiste en une étape de germination puis une
étape de croissance normale des grains aux dépens de la matrice écrouie ;
La recristallisation anormale ou secondaire consiste en une augmentation de la
taille des grains aux dépens de grains déjà recristallisés (phénomène de
coalescence).
La taille de grain obtenue après recristallisation ainsi que le passage d’un mécanisme
de restauration à celui de recristallisation dépend de la quantité de dislocation
introduite dans le matériau par déformation (une quantité minimale ou seuil est
nécessaire) ainsi que de la température et de la durée du traitement thermique. Plus un
matériau est écroui plus le nombre de germes, prémices de nouveaux grains, est
important entrainant des grains plus nombreux et plus petits après la recristallisation
primaire. Plus la température ou le durée de traitement thermique est grand plus les
grains sont de tailles importantes (croissance puis coalescence).
Lorsque la vitesse de déformation et la température sont élevées, comme lors d’un
procédé de mise en forme à chaud, la recristallisation peut intervenir en cours de
déformation. On parle alors de recristallisation dynamique.
La recristallisation s’accompagne d’un mouvement des joints de grains au travers du
matériau qui est gêné par les renforts dans le cas des alliages ODS. On observe alors des
températures de recristallisation plus importantes que pour un alliage analogue non
ODS [24]. La recristallisation d’un alliage ODS est plus difficile à contrôler du fait des
Etude bibliographique - 9 -
températures élevées nécessaires qui entrainent un passage rapide vers un stade de
recristallisation secondaire entrainant une structure à très gros grains [18, 27, 45-47].
1.2.2.2. Modifications des renforts liées à une transformation de la microstructure
Une recristallisation s’accompagne d’un déplacement des joints de grains ainsi que
d’une modification de l’orientation cristallographique des grains. Une transformation de
phase entraine une modification de la structure et de l’orientation des grains.
Yamamoto [48] observe une augmentation de la taille des renforts lors du passage de
la ferrite à la martensite pour un acier ODS à 9 % de chrome. Cette augmentation de la
taille n’est pas observée dans la ferrite résiduelle.
Cette observation est mise en relation avec les résultats de Yazawa [49] qui observe
un augmentation de la taille de carbures de vanadium nanométriques associée à une
perte de cohérence avec la matrice lors de la recristallisation de ce matériau. Yazawa
indique dans ses conclusions que l’augmentation de la taille des carbures peut être liée à
la fois aux changements dans les énergies de surface accroissant la force motrice de
croissance des précipités et aussi à la diffusion assistée par le déplacement des joints de
grains lors de la recristallisation.
Zhang [50] propose un mécanisme d’interaction entre les boucles de dislocations et les
oxydes nanométriques. Dans ce mécanisme, les boucles se forment par le mécanisme de
Franck et Read autour des particules de tailles importantes (oxyde de titane et
d’aluminium) et génèrent une force attractive sur les petites particules d’oxydes (oxyde
d’yttrium) qui se regroupent alors autour des grosses. Ce mécanisme est schématisé sur
la Figure 1.9.
Figure 1.9 : Mécanisme de grossissement des renforts proposé par Zhang [50]
1.2.3. Synthèse
La dispersion d’oxydes des alliages ODS, garante des propriétés mécaniques à haute
température, peut être modifiée sous l’effet de sollicitations thermiques et mécaniques.
Afin de conserver les propriétés mécaniques des alliages ODS, il est nécessaire
d’éviter de modifier leur microstructure au cours des étapes de fabrication et
d’assemblage. L’étape de soudage doit donc être optimisée en ce sens.
1.3. L’assemblage des alliages ODS
Des synthèses bibliographiques ont été réalisées sur le soudage des alliages ODS [4,
19, 51, 52]. Les conclusions principales de ces études sont présentées dans les
paragraphes suivants.
- 10 -
1.3.1. Procédé de soudage par fusion
Les procédés de soudage par fusion peuvent entrainer sur les alliages ODS une perte
de propriétés mécaniques à haute température du fait d’un regroupement des oxydes, de
leur grossissement ou de leur ségrégation liée a un phénomène de drainage [51] et donc
finalement de la diminution localisée de leur densité en nombre [53].
Une perte de propriétés mécaniques peut aussi survenir lorsque les structures de
solidification ne correspondent pas à l’orientation de grains souhaitée pour maximiser la
résistance dans la direction de sollicitation [54].
Les procédés à haute densité d’énergie comme le faisceau d’électrons et le laser
peuvent être utilisés pour créer une zone fondue de taille faible avec des cinétiques
rapides limitant ainsi la modification de microstructure. Des recuits après soudage au
dessus de la température de recristallisation peuvent améliorer la tenue mécanique des
joints soudés par ces méthodes. Cependant les propriétés mécaniques restent inférieures
à celle du métal de base.
Dans le cadre de fabrication de gainage pour des essais d’irradiation dans BOR-60
(RNR-Na expérimental russe), une collaboration entre JNC et Russian RIAR [55] à
permis de réalisé des soudages par TIG du bouchon inférieur en alliage ferritique-
martensitique non ODS (05Cr12Ni2Mo) sur des gaines ODS ferritique ou martensitique.
Un exemple de morphologie de cette soudure sur une gaine 9Cr martensitique ODS
(Mm13) est présenté sur la Figure 1.10.
Figure 1.10 : Microstructure d’une soudure TIG entre une gaine 9Cr ODS et un bouchon inférieur non ODS [55]
Les caractéristiques de la soudure (fissure, pores, inclusion …) ne dépassent pas la
limite autorisée pour les irradiations BOR-60 (ces spécifications ne sont pas
renseignées). Les tests de tractions à 20 °C et 400 °C ont cependant montré des ruptures
coté gaine, proche du joint soudé. Les auteurs mettent en cause une « disparition » des
particules d’oxydes. Cependant, les tests d’éclatement ont montré des ruptures dans la
gaine et le joint soudé conserve son intégrité. On notera que deux autres études [56, 57]
ont montré la présence importante de porosités dans des soudures réalisées par des
procédés de fusion comme montré sur la Figure 1.11. Selon Inoue et al. [57], au dessus de
1200 °C, des bulles d’argon peuvent se former aux joints de grains. Cependant, il n’est
pas possible de savoir dans la publication, si l’argon provient du gaz de protection de l’arc
ou de gaz initialement présents dans le matériau.
Etude bibliographique - 11 -
Figure 1.11 : Coupe macrographie de deux soudure réalisé par procédé de soudage par fusion ; gauche : Soudage par laser [57] ; Droite : Soudage TIG [56]
Dans l’ensemble, les procédés par fusion diminuent les propriétés mécaniques à haute
température et les procédés en phase solide sont donc préconisés.
1.3.2. Procédé de soudage en phase solide
Les procédés de soudage en phase solide sont donc préconisés du fait de la possibilité
d’une faible modification de la microstructure et de la structure des renforts. Différentes
techniques ont été envisagées pour le soudage en phase solide des aciers ODS.
L’optimisation de ces techniques dépend de l’application et de la géométrie à souder [4].
Le Tableau 1.4 présente les principaux procédés de soudage en phase solide appliqués
aux alliages ODS. Il présente les caractérisations mécaniques et les observations
microstructurales associées. Ce tableau est ensuite détaillé dans les paragraphes
suivant. Le soudage par résistance en bout, objet de ce travail, sera présenté au
Joints soudés sans défaut Modification de l’orientation des grains
Modification de la taille de grains [4]
Traction à 982 °C
Rupture dans la zone où l’orientation des grains est la plus modifiée
Friction inertielle
Cylindrique MA956
Observations métallurgiques
3 zones caractéristiques : (du joint soudé vers le matériau de base)
A : Grains équiaxes recristallisés dynamiquement;
B : Petits grains (plus petit que A) recristallisés dynamiquement;
C : Grains allongés (matériau de base) désorientés.
[4, 19, 58, 59]
Caractérisation des renforts de
grande taille (>100nm)
Modification de la taille, de la forme et de la composition dans les zones A, B et C ;
Agglomération des petites particules autour des plus grosses
Modification plus importante dans les zones les plus déformées du fait d’agglomération
aidée par des phénomènes liés aux déformations plastiques
[58]
Traction à 20 °C et 650 °C
Rupture hors de la zone soudée à des niveaux proches du matériau de base
[58]
Fluage à 650 °C
Rupture dans la région B ou dans la région C (pour des soudures réalisées avec une force
plus importante) du fait d’une modifications de l’orientation des grains et/ou de la dispersion
d’oxyde
[58]
Soudage diffusion
Variée MA956 MA957 PM2000
Observations métallurgiques
Présence d’une zone à petits grains recristallisés à l’interface
Possibilité d’obtenir une recristallisation secondaire à travers le joint soudé pour des
déformations faibles Observation de porosités
[4, 19]
Caractéristiques mécaniques à
20°C
Résultats variés en fonction de la configuration
Possible rupture au niveau de l’interface soudé en cisaillement
[4]
Traction à 750 °C
Reproductibilité difficile Résistance pouvant dépasser celle du
matériau non soudé [60]
Soudage par
impulsion magnétique
Cylindrique MA956 MA957 sur HT9
Observations métallurgiques
Formation de la structure caractéristique en vagues
Soudage possible avec une énergie plus élevée qu’un acier analogue non ODS Fissure dans l’acier HT9 (non ODS)
Pas de précision sur la microstructure
[4]
Friction malaxage (Friction
Stir Welding)
Plaque
MA956 MA957 PM2000
EUROFER ODS
Observations métallurgiques
Recristallisation dynamique dans la zone affectée thermomécaniquement
Formation de grains équiaxes de tailles supérieures aux grains du matériau de base non recristallisés mais de tailles inférieures
aux grains recristallisés après recristallisation secondaire
[4, 19, 28]
Caractérisation des renforts
Modification possible de la taille, de la forme et de la composition des oxydes dans la zone
recristallisée
[4, 19, 61-63]
Caractéristiques mécaniques à
20°C
Diminution de la dureté dans la zone affectée Pas de caractérisation à haute température ou
en durée de vie [4, 62]
Tableau 1.4 : Caractéristiques principales de soudures réalisées sur des alliages ODS par différents procédés de soudage en phase solide
Etude bibliographique - 13 -
1.3.2.1. Soudage par étincelage [4]
Deux macrographies de soudures réalisées en soudage par étincelage sur MA956 sont
présentées sur la Figure 1.12.
Figure 1.12 : Soudure sur MA956 réalisée par étincelage. a : Avant optimisation du procédé, b : après optimisation du procédé [4] (échelle non communiquée)
Après optimisation, le joint soudé ne présente pas de défaut de compacité d’après les
auteurs. Cependant, on observe que l’orientation des grains est fortement modifiée et
qu’une zone fondue peut apparaitre à l’interface lorsque le procédé n’est pas optimisé.
Des ruptures en traction à 982 °C dans la zone où l’orientation des grains est la plus
modifiée ont été observées [4].
1.3.2.2. Soudage par friction inertielle [58]
La macrographie d’une soudure réalisée en soudage par friction inertielle sur MA956
est présentée sur la Figure 1.13.
Figure 1.13 : Soudures sur MA956 réalisée par friction inertielle [58]
En partant de l’interface, on observe trois zones possédant des microstructures
différentes avant de retrouver le matériau de base. Au niveau de l’interface et s’étendant
sur 100 µm, on observe une zone A contenant des petits grains équiaxes recristallisés
dynamiquement puis ayant grossis sous l’effet de la température. Dans la zone B située
sur une centaine de micron après la zone A, on observe à nouveau des petits grains
recristallisés dynamiquement mais de taille inférieure du fait des températures plus
faibles. Enfin la zone C s’étendant sur plus d’un millimètre et possède la structure du
matériau de base simplement déformée plastiquement par la force appliquée. Dans les
zones A, B et C déformées plastiquement, une modification de la taille, de la forme et de
la composition des oxydes à été observée.
A B C Matériau de base
b a
- 14 -
Les essais de traction à 20 °C montrent une tenue mécanique proche de celle du
matériau de base et des ruptures localisées hors de l’interface soudée. Cependant les
essais en fluage à 650 °C montrent une tenue des pièces soudées bien inférieure à celle
du matériau à l’état de réception. Pour les soudure réalisée sous faible pression
(50 MPa), les ruptures apparaissent dans l’une des trois région A, B ou C. Pour les
soudures réalisées sous forte pression (150 MPa), les ruptures apparaissent dans la
région C possiblement du fait que certains grains sont alignés à 45° de la direction de
sollicitation et sont donc alignés avec la contrainte de cisaillement maximale.
1.3.2.3. Soudage par friction malaxage [63]
La macrographie d’une soudure réalisée en soudage par friction malaxage (FSW) sur
PM2000 est présentée sur la Figure 1.14.
Figure 1.14 : Soudure sur PM2000 réalisée par friction malaxage (suivi d’une recristallisation secondaire) [63]
Le procédé de FSW a engendré une recristallisation de la zone affectée par le procédé.
La taille des grains varie dans cette zone en fonction du taux d’écrouissage amené par
l’outil. Au cours du procédé mais aussi au cours du traitement thermique ultérieur, la
composition chimique des oxydes peut être modifiée.
1.3.2.4. Soudage par impulsion magnétique [4]
Deux macrographies de soudures réalisées en soudage par impulsion magnétique sur
MA956 et MA957 sont présentées sur la Figure 1.15.
Figure 1.15 : Soudure sur MA 956 (gauche) et MA 957 (droite) réalisée par impulsion magnétique [4] (échelle non communiquée)
Etude bibliographique - 15 -
On observe les vagues caractéristiques pour les soudures réalisées par impulsion
magnétique. Aucune information concernant l’évolution des microstructures ou des
oxydes n’a été trouvée.
1.3.2.5. Soudage par diffusion [60]
Les auteurs rapportent l’observation d’une zone recristallisée sous forme de petits
grains alignés le long de l’interface soudée. Après un traitement thermique, il est
possible d’obtenir une recristallisation à travers l’interface sous condition que le soudage
ait été réalisé avec une force faible. Cependant, des porosités de quelques microns
peuvent apparaitre à l’interface. Des essais de tractions à 750 °C ont montré la
possibilité de réaliser des soudures ayant une tenue mécanique à haute température
supérieure à celle du métal de base.
1.3.3. Synthèse
Les différents procédés de soudage mettent en jeu des déformations et/ou des
températures qui entrainent une modification de la microstructure de base soit par
déformation des grains, soit par recristallisation dynamique. Des modifications de la
structure des renforts sont alors observées dans les zones les plus déformées et dans les
zone recristallisées (FSW et Friction rotative) ce qui est cohérent avec les phénomènes
observés lors de la recristallisation décrits dans le paragraphe 1.2.2. L’impact de ces
modifications sur la tenue mécanique des assemblages soudés peut être négligeable sur
des essais de type traction à froid mais peut avoir un impact sur les essais réalisés à
haute température [58].
Les procédés de soudages en phase solide engendrent des sollicitations thermiques et
mécaniques pouvant causer des phénomènes de recristallisation dynamique. Ces
phénomènes peuvent modifier localement la dispersion d’oxydes nanométriques et
dégrader les propriétés mécaniques de l’assemblage.
1.4. Soudage des gainages combustibles
Un gainage combustible d’un RNR-Na est formé d’un tube d’une épaisseur de 0,5 mm
environ et de plusieurs mètres de longueur fermé aux deux extrémités par un bouchon.
Ce bouchon doit assurer l’étanchéité. Un schéma d’un gainage combustible est présenté
Figure 1.16.
Figure 1.16 : Schéma d’un gainage combustible pour RNR-Na [3]
En condition normale, le gainage est soumis à des contraintes thermiques
(température de fonctionnement prévue pour les RNR-Na de 550 °C), mécaniques
(augmentation de la pression interne de la gaine avec le temps, pression finale prévue de
100 MPa) et neutroniques (dose prévue supérieure 150 dpa). Le soudage du bouchon sur
la gaine doit donc éviter toute altération des propriétés du matériau.
- 16 -
1.4.1. Le contexte du soudage des gainages combustibles en France
En France, entre 1973 et 1986, le soudage par procédé TIG est le procédé de référence
pour les nuances utilisées dans les RNR-Na durant cette période (alliage 316 puis 316 Ti
en 1985 puis 15-15 Ti en 1986) [64]. Cependant des procédés de soudage alternatifs
(brasage, soudage par laser, soudage par résistance, soudage par friction inertielle,
soudage par faisceau d’électrons, soudage par impulsion magnétique) sont étudiés
notamment pour les alliages jugés insoudables par TIG du fait de l’ajout de phosphore
comme le 316 Ti dopés au phosphore. Cependant en 1994, aucun de ces procédés n’était
entré en vigueur du fait que la nouvelle nuance AIM1 (15-15 Ti optimisé) ne posait pas
de difficulté particulière de soudage par TIG [64].
Concernant les réacteurs à eau pressurisée (alliage Zircaloy), le procédé de référence
utilisé jusque dans les années 90 a été le soudage TIG. Ce procédé a été remplacé par le
procédé laser dans les années 90 pour des questions de production et d’automatisation
[65]. Jusqu’en 2007, le soudage est réalisé par laser pour le bouchon et par TIG pour le
queusot (nécessaire pour la mise en pression du gainage avant mise en place dans le
cœur). Suite à l’apparition de fuites sur l’alliage M5, le procédé de soudage par résistance
remplace le procédé de soudage par laser [66].
1.4.2. Le soudage par résistance des gainages combustibles [67]
Compte tenu de la forte concurrence dans le domaine, peu d’informations concernant
les détails des procédés industriels utilisés par les différents fabricants ont été trouvées.
Le soudage par résistance des gainages combustibles en alliage de zirconium possède un
retour d’expérience important du fait de son utilisation depuis les années 70 en Russie.
Ce procédé a aussi été largement utilisé pour les gainages des réacteurs canadiens de
type CANDU. Depuis 2007, ce procédé est utilisé pour la fabrication des gainages pour
les REP en France.
La Figure 1.18 montre le schéma d’une installation de soudage par résistance ainsi
qu’une soudure réalisée pour des gainages en alliage de zirconium.
Figure 1.17 : a. Schéma d’un appareil de soudage par résistance pour gainages combustibles. b. Soudure réalisée par soudage par résistance sur des gainages en
zirconium (nuances et échelle non communiquées)
On observe que l’installation de soudage proposée permet de réaliser la soudure tout
en maintenant la tolérance sur la taille du bourrelet extérieur et évite ainsi de le
supprimer mécaniquement lors d’une opération ultérieure. On parle alors de USW
(Upset Shape Welding). On observe sur la soudure une zone fortement déformée
composée de petits grains, témoins d’une recrystallisation dynamique.
Les soudures réalisées par ce procédé ont pour caractéristiques :
peu ou pas de zone fondue ;
Etude bibliographique - 17 -
la présence de zone de petits grains proches de l’interface obtenues par
recristallisation dynamique;
une faible extension de la zone affectée thermiquement ;
peu ou pas de contamination ;
un contrôle des soudures à l’aide de mesures en ligne ;
des contrôles non destructifs difficiles à mettre en place ;
l’nfluence importante de la propreté des pièces à souder ainsi que la précision
de leur usinage.
Le soudage par résistance permet de plus l’économie de la soudure du queusot
puisque la mise en pression de la gaine peut être réalisée en même temps que l’opération
de soudage.
Il est cependant important de rappeler que le cahier des charges pour le soudage des
alliages ODS est plus restrictif que celui pour les alliages de zirconium qui peuvent
endurer plus facilement un passage local en phase liquide. Par exemple, la
recristallisation dynamique apparaissant en cours de soudage par résistance des alliages
de zirconium et listée dans les éléments bénéfiques du procédé peut être dommageable
pour les alliages ODS comme indiqué dans le paragraphe 1.2.2.
1.4.3. Le soudage des gainages combustibles en alliage ODS
Le soudage des alliages ODS appliqué au gainage combustible doit répondre aux
critères de soudabilité de ces alliages ainsi qu’aux critères liés à l’application nucléaire.
L’étude bibliographique sur le soudage des alliages ODS dans le cadre du soudage
d’un gainage combustible a été réalisée par Monnier [19] puis synthétisée sous la forme
d’un tableau récapitulatif dans un second temps [68]. Ce tableau présentant les
avantages et les inconvénients des différentes techniques de soudage en phase solide est
exposé ci-dessous.
- 18 -
Méthode Atouts Inconvénients
Soudage par friction (pilotée ou inertielle)
Temps de soudage courts, préparation de surface minimale, automatisation aisée, tenue en traction à froid et à
chaud proche de celle du MB
Grandes déformations propices à des modifications de la microstructure initiale
proche de l'interface soudée, agglomération des dispersoïdes
nanométriques observée, tenue au fluage diminuée par rapport au métal de base
Soudage par diffusion
(CIC ou SDU)
Soudures de bonne compacité, pas de porosité ni d'inclusions par compression
isostatique à chaud (CIC). Le Soudage Diffusion Uniaxial (SDU) parait plus adapté pour l'assemblage
des gaines combustibles
Nucléarisation. Grande influence de l'état de surface initial
Soudage par impulsion magnétique
Très peu de chaleur générée donc risque amoindri de modification de la
microstructure initiale
Difficultés d'industrialisation observée dans les années 1980, mauvaise
reproductibilité, état de surface initial très influent, fissurations observées sur
matériau ODS
Soudage par friction-malaxage
Faisabilité prouvée sur des tôles en ODS base Fe d'épaisseur 6mm
Nucléarisation complexe, peu de retour d’expériences actuellement, existence
d'une zone malaxée qui peut induire une ségrégation des dispersoïdes
nanométriques, modification de la microstructure et de la distribution des
dispersoïdes observée sur matériau ODS
Soudage par résistance
Nucléarisation immédiate (travail sous boîte à gants), mise en œuvre et
industrialisation envisageables à court terme, coût d'installation et de
fonctionnement bas, maintenance aisée et de bas coût, opération de soudage en
phase solide uniquement ou phase liquide expulsée, retour d’expériences
positif
Tableau 1.5 : Synthèse des avantages et inconvénients des différentes méthodes de soudage en phase solide d’une gaine combustible en acier ODS [68]
On distingue dans ce tableau deux catégories d’arguments. Les arguments liés aux
matériaux et les arguments liés à l’industrialisation du procédé dans le cas du gainage
combustible (géométrie et nucléarisation). Pour ces derniers, le soudage par résistance
est en avance puisque ce procédé est déjà utilisé pour le soudage des gainages
combustibles en alliage M5. Cependant, la difficulté à réaliser des contrôles non
destructifs sur les pièces soudées par résistance peut être ajoutée à la case inconvénients
ainsi que la précision nécessaire de l’usinage des surfaces de contact.
D’un point de vue matériaux, le soudage par résistance, tout comme les autres
procédés, peut créer des altérations des propriétés mécaniques lorsque les paramètres
opératoires ne sont pas optimisés [56]. Après optimisation, ce procédé a montré sa
capacité à réaliser des soudures de bonne tenue mécanique tout comme d’autres procédés
tel que le soudage par diffusion ou par friction.
1.4.4. Synthèse
Compte tenu des avantages du soudage en phase solide pour les alliages ODS et du
retour d’expériences sur le soudage par résistance appliqué au gaine combustible, le
soudage par résistance semble être un procédé prometteur pour la réalisation des
soudures du bouchon des gainages combustibles en alliage ODS [2, 19].
Etude bibliographique - 19 -
1.5. Le soudage par résistance
1.5.1. Principe [69]
Le soudage par résistance a été inventé par E. Thomson en 1877. Il reprend le
principe du soudage par forgeage (action mécanique sur un matériau chauffé).
L’élévation de température est obtenue par effet Joule.
En soudage par résistance, une force est appliquée pour maintenir les pièces à souder
en contact. Un courant est alors imposé à travers les pièces au moyen d’électrodes. Il y a
échauffement des interfaces et des volumes par effet Joule. L’action combinée de la force
et de la température permet la réalisation du soudage.
1.5.2. Le soudage par résistance en bout
En soudage par résistance en bout, les deux pièces sont prises dans des électrodes
puis mises en contact l’une avec l’autre et maintenues en place sous l’effet d’une force.
On distingue deux catégories de soudage en bout : le soudage par étincelage et le
soudage conventionnel en bout. L’étude porte sur le soudage conventionnel en bout pour
lequel le contact entre les deux pièces est maintenu fermé tout au long du procédé.
1.5.2.1. Description du procédé
Le procédé de soudage par résistance en bout se déroule en plusieurs étapes comme
présenté sur la Figure 1.18.
Figure 1.18 : Schéma des différentes étapes du procédé de soudage par résistance en bout
Les pièces sont tout d’abord prises dans des électrodes. Une force de contact est
ensuite appliquée entre les deux pièces afin de réaliser la mise en place et le maintien de
celle-ci. Cette phase est appelée l’étape d’accostage.
Un courant est alors imposé à travers les pièces. Ce courant peut avoir différentes
formes (alternatif, redressé, lissé…). Durant cette étape, les pièces chauffent par effet
Joule. C’est l’étape de soudage.
Force
Courant
Electrodes Pièces
Bourrelet
de soudage
Force
Courant
Temps de soudage
Soudage Forgeage Accostage
Temps
- 20 -
Enfin, la force est maintenue après le passage du courant pendant que les pièces
refroidissent. La valeur de la force peut être volontairement modifiée durant cette étape.
La force est enfin relâchée et les pièces laissées libres de tout bridage mécanique.
Les paramètres opératoires principaux sont la force appliquée (Fs), l’intensité du
courant imposé (Is) et le temps de passage du courant (ts) (stricto sensu, il s’agit d’une
durée de soudage mais ce paramètre est systématiquement appelé temps de soudage).
1.5.2.2. Phénomènes physiques au cours du procédé
Durant la phase d’accostage, les pièces sont mises en contact. Lorsque deux solides
sont mis en contact, il y a formation d’une zone macroscopique de contact qui à l’échelle
microscopique est formée par un nombre réduit d’aspérités en contact mécanique [70].
On peut alors observer une résistance de contact électrique (RCE) et thermique (RCT)
entre ses deux solides. Ces résistances dépendent des propriétés physiques des
matériaux et de leur état de surface (rugosité, impuretés…) [71]. Au cours de l’accostage,
il y a écrasement à froid des aspérités sur les surfaces des pièces en contact et
augmentation de la taille du contact à l’échelle microscopique. On observe alors une
diminution des résistances de contact électrique et thermique [72].
Au début du passage du courant, l’échauffement est localisé sur la surface de contact
entre pièce sous l’effet de la résistance de contact électrique. Le chauffage est très rapide
au niveau des aspérités qui s’écrasent du fait d’un dépassement de la limite élastique et
la possibilité de fusion locale [73]. La résistance électrique entre pièces mais aussi entre
pièce et électrode diminue. La température augmente alors dans les matériaux massifs
de par la conduction depuis le contact mais aussi de par la résistivité propre des
matériaux. Il y a alors déformation plastique des pièces avec formation d’un bourrelet de
soudage. En cas de formation de métal fondu, celui-ci peut être expulsé sous l’effet de la
force appliquée.
1.5.3. Le soudage par résistance appliqué aux gainages combustibles en
alliage ODS
On notera le travail important de trois équipes sur le soudage par résistance de
gaines combustibles en acier ODS. En Russie, le soudage par résistance est aussi utilisé
mais trop peu d’information sont accessible [74]. Les travaux menés sont synthétisés
dans le Tableau 1.6 puis détaillés par la suite.
Etude bibliographique - 21 -
CEN/SCK (Belgique) Centre Idaho (USA) JNC (Japon)
Matériaux bouchon Aciers non ODS austénitiques, ferritiques, bainitiques et
martensitique allant de 9 à 22% Cr et de 0 à 33% Ni
Aciers ODS à 13%Cr
HT9 (12%Cr, martensitique, non ODS)
9% et 12%Cr ODS
Matériaux gaine MA957 (14%Cr renforcé Y2O3)
et 1DK1 (composition non communiquée)
9% et 12%Cr ODS
Epaisseur de gaine (µm)
340 à 375 400 400
Diamètre externe bouchon (mm)
5,2 à 6,1 7,6 à 7,9 6,9
Diamètre externe gaine (mm)
5,2 à 6 6,9 à 7,5 6,9
Intensité du courant (kA)
12 à 15 11 à 16 19
Temps de soudage (ms)
10 à 60 33,3 16
Forme du courant Alternatif Non précisé Non communiqué
Force appliquée (N) 600 à 1200 4500 7000
Longueur de gaine dépassant de
l’électrode (mm) 0,4 à 1 1,27 Non communiqué
Caractérisation réalisées
Métallographies ; Mesures en cours de soudage ; Etanchéité
Simulation par éléments finis ; Métallographies ; Mesures en
cours de soudage ; Caractérisation en EDS-MEB
Métallographies ; Etanchéité ;
CND ultrason ;
Tests mécaniques réalisés
Fatigue; Fluage; Eclatement à 700°C; traction
Pliage jusqu’à 400°C; éclatement jusqu’à 760 °C;
traction
Traction ; Pression interne ; Eclatement jusqu’à 800°C ; Traction à 20 °C et à 700 °C
Référence [75, 76] [56, 77] [55, 78]
Tableau 1.6 : Synthèse des études existantes sur le soudage par résistance des gainages combustible en acier ODS [55, 56, 75-78]
1.5.3.1. CEN/SCK (Belgique) [75, 76]
Dans une première publication [75], les gaines étudiées ont un diamètre externe de
6 mm et une épaisseur de 340 µm alors que le bouchon a un diamètre externe de 6,1 mm.
Les matériaux utilisés sont des alliages ODS à 13%Cr. Le courant utilisé est un courant
alternatif à 50 Hz. La description du procédé indique que la gaine plus fine s’échauffe
plus rapidement que le bouchon qui sert alors de bélier forgeant la gaine. Lors de
l’échauffement, la partie de la gaine dépassant de l’électrode se trouve dans un gradient
de température du fait du refroidissement assuré par les électrodes. Ce gradient dépend
de la longueur de gaine dépassant de l’électrode (Lg). Lorsque la température augmente,
le bouchon écrase la gaine diminuant ainsi la longueur de gaine dépassant de l’électrode.
Les auteurs supposent qu’un équilibre se met alors en place et qu’une augmentation de
température soudaine se traduit par une diminution de la longueur de gaine, ramenant
le système vers des températures plus basses. De ce fait, les auteurs supposent que le
soudage ou le forgeage a toujours lieu à la même température quelles que soit les
conditions de chauffage.
Cependant, cet équilibre ne peut être atteint que dans des conditions statiques. C’est
pour cela que la capacité d’accélération du bouchon doit être la plus grande possible. Une
façon d’éviter la nécessité d’atteindre des accélérations trop élevées consiste à réduire la
longueur de gaine dépassant de l’électrode.
Les auteurs insistent sur l’importance des électrodes dans le procédé de soudage. Ils
indiquent que l’électrode enserrant la gaine est chanfreiné sur 400 µm à 45 ° ce qui
- 22 -
augmente la qualité des soudures. Aucune information supplémentaire n’a pu être
trouvée.
Les premiers essais réalisés montraient que les meilleures soudures étaient réalisées
pour un soudage sur 3 périodes (60 ms), un bouchon à contact plat avec un
contre-perçage pour équilibrer l’échange de chaleur entre la gaine fine et le bouchon
massif. Les tests en fatigue ne laissent pas apparaitre de défaut au niveau de la soudure.
Les résultats sont meilleurs après un traitement thermique de détensionnement à
1050 °C pendant 15 minutes montrant l’importance des contraintes internes introduites
durant le procédé. Cependant le contact plat a été par la suite abandonné pour plusieurs
raisons :
L’alignement entre gaine et bouchon est difficile ;
Si le chauffage commence en un certain point de la circonférence, ce point
continue à chauffer avant le reste de la pièce créant une accumulation
d’énergie.
Ces défauts sont réglés par le choix d’un contact entre gaine et bouchon avec un
chanfrein à 45°.
Les auteurs reportent que le forgeage n’a pas lieu au niveau de la jonction entre la
gaine et le bouchon mais par le flambage de la gaine. Ce comportement s’explique par le
fait que, une fois le chauffage de l’interface effectué, la résistance y est faible et le plan
de chauffage maximal se déplace vers des positions intermédiaires. De plus, il a été
montré que le contre-perçage du bouchon est défavorable. Un bouchon massif permet de
« retarder » le soudage (affaissement plus tardif et à des températures plus hautes) et
donc d’obtenir un meilleur forgeage.
Les auteurs indiquent que pour des temps de soudage longs (supérieurs à 20 ms), la
reproductibilité de la soudure devient un problème. Pour des temps plus courts, la plage
des paramètres opératoires permettant de réaliser une soudure correcte est plus grande.
De même, lorsque la longueur de gaine dépassant de l’électrode est réduite, la plage de
soudabilité s’agrandit augmentant ainsi la reproductibilité.
Des mesures en cours de soudage sont réalisées sur ces essais (déplacement, courant,
tension et accélération). Des exemples de ces mesures sont présentés sur la Figure 1.19.
Figure 1.19 : Exemples des mesures en cours de soudage pour trois essais identiques [75] (échelle non communiquée)
Les auteurs proposent de discriminer les soudures à l’aide d’un critère de minimum
du courant intégré et de maximum d’accélération mesurée. Cependant, aucune donnée
quantitative n’est indiquée.
Tension
Accélération
Courant
Déplacement
temps
Etude bibliographique - 23 -
Dans une seconde publication ultérieure [76], les gainages sont constituées d’une
gaine et d’un bouchon chanfreinés à 45 °. Le diamètre extérieur est de 5,75 mm et
l’épaisseur de 375 µm. La longueur de chaque pièce est de 50 mm. Les matériaux testés
sont nombreux et s’échelonnent entre 9 et 22%Cr pour les aciers non ODS. Les aciers
ODS sont eux à 13%Cr.
Les auteurs notent que les paramètres opératoires optimums pour réaliser les
soudures sur ces différents matériaux sont pratiquement identiques. Les paramètres
opératoires sont (Fs ; Is ; ts) = (900 N ; 12 à 15 kA ; 20 ms). Pour l’ensemble des soudures,
le déplacement apparait principalement entre 3 et 6 millisecondes et cette mesure est
utilisée comme indication de la réalisation de la soudure.
Des soudures sont réalisées avec mise en pression interne simultanée du gainage et
seule la force doit être ajustée pour compenser la charge due à la pression interne. Après
soudage sous pression, un test d’étanchéité est réalisé par observation de présence ou
d’absence de bulles lors d’une immersion.
La procédure élaborée par le CEN/SCK génère un bourrelet de soudure supérieur à la
spécification demandée. Le bourrelet extérieur de la soudure est donc retiré à l’aide
d’une matrice coupante [79]. Des tests mécaniques en fatigue ont été réalisés et
montrent une rupture dans la gaine, hors du joint soudé. Des macrographies montrent
une fissure qui s’amorce proche du bourrelet interne et s’étend dans la gaine, proche de
la frontière entre la zone affectée par le procédé et le métal de base. Le nombre de cycles
avant rupture est bien supérieur (facteur 2 à 3) à celui d’un cas de soudage réalisé par
TIG.
Un exemple de macrographie de soudure est présenté sur la Figure 1.20
Figure 1.20 : Macrographie de soudage par résistance d’un alliage DT2906 [80] (échelle non communiquée)
La macrographie laisse apparaitre une interface marquée ainsi qu’une expulsion de
matière vers l’intérieur de la gaine. Les déformations sont peu marquées.
Les auteurs rapportent aussi la possibilité de réaliser des soudures hétérogènes gaine
ODS sur bouchon non-ODS avec ce procédé sans reporter de modifications des
paramètres opératoires dans cette configuration.
En conclusion, ces études montrent :
la capacité du soudage par résistance à réaliser des soudures sur aciers ODS à
13% Cr présentant une bonne tenue en fatigue ;
la capacité à réaliser des soudures homogènes et hétérogènes pour différentes
nuances d’acier ODS (13% Cr) et non ODS (de 9%Cr à 22%Cr) ;
Bouchon
Gaine
- 24 -
l’importance de la longueur de gaine dépassant de l’électrode du fait d’un
déséquilibre thermique entre la gaine étroite et le bouchon massif entraînant
un chauffage important de la gaine et la formation de la soudure par flambage
de cette partie ;
la capacité à réaliser un contrôle en ligne des soudures à l’aide de mesures en
cours de soudage (minimum d’énergie et détection de l’affaissement par
mesure d’accélération).
Ces études ne présentent aucune observation concernant la conservation de la
dispersion d’oxydes nanométriques en fin de procédé.
1.5.3.2. Centre d’Idaho (USA) [56, 77]
L’équipe américaine du centre d’Idaho [77] réalise des soudures de gaines en
INCO MA957 (14%Cr ODS) et un alliage nommé 1DK1 (composition non communiquée
fabriqué par PNC (Power reactor for Nuclear fuel development Corporation) sur des
bouchons en acier martensitique HT9 (12%Cr non ODS). La gaine a pour diamètre
extérieur 7,5 mm et une épaisseur de 400 µm. Le bouchon a un diamètre légèrement plus
grand que celui de la gaine (7,6 mm). Les paramètres de soudage utilisés sont une force
de 4500 N et un courant de 11 kA pendant 33,3 ms. La gaine dépasse de 1,27 mm des
électrodes et le bouchon dépasse de 2,54 mm. Aucune indication concernant un éventuel
chanfrein n’est donnée.
Les examens métallographiques n’indiquent aucune trace de recristallisation et
aucune agglomération d’yttrium n’a été observée par MEB/EDS. Cependant, l’association
du titane et de l’yttrium (forme supposée Y2TiO5) a été observée par cette technique.
Les résultats des tests en traction à température ambiante montrent des ruptures
localisées dans la gaine et non dans la soudure. L’article présente des résultats de tests
en pression interne à des températures comprises entre 550 °C et 760 °C. Cependant
seules les pressions de rupture sont indiquées et la localisation de la rupture n’est pas
renseignée.
Lors de la fabrication de crayons, l’étanchéité des crayons est testée à l’hélium (débit
de fuite < 2.10-5 cm3.s-1) et chaque soudure est radiographiée.
Les auteurs indiquent que le contrôle des paramètres du courant de soudage (tension,
courant, déphasage et angle de phase) permet d’assurer la qualité de la soudure.
Dans une communication plus récente [56], des soudures entre MA957 (gaine) et HT9
(bouchon) sont réalisées sur une géométrie différente de la précédente (diamètre
extérieur de la gaine : 6,9 mm ; diamètre extérieur du bouchon : 7,9 mm).
Un temps de forgeage plus court de 83 ms est utilisé. La plage de paramètres
opératoires testés se situe entre 7 kA et 25 kA pendant 33 ms à 55 ms pour une force de
forgeage de 3620 N. Il est indiqué que des tests sont réalisés concernant l’évolution de la
force au cours du procédé ainsi que l’évolution du courant (impulsion, montée
progressive du courant …) mais aucun résultat n’est présenté. Des soudures de bonne
continuité métallique sont obtenues pour des temps de soudage de 33 ms et une intensité
du courant entre 11 et 16 kA.
La Figure 1.21 présente une macrographie de soudure obtenue pour
(Fs; Is; ts) = (4448 N; 17 kA; 33 ms). Des tests en pression interne ont révélé des ruptures
dans le joint soudé pour des températures supérieures à 575 °C. Aux températures
inférieures, aucune rupture n’a été constatée à des pressions de 75 Mpa.
Etude bibliographique - 25 -
Figure 1.21 : Macrographie d’une soudure réalisée par soudage par résistance entre MA957 (gaine) et HT9 (bouchon) [56]
La macrographie laisse apparaître une forte déformation de la gaine qui s’écrase
contre le bouchon.
En conclusion, ces études montrent :
la capacité du soudage par résistance à réaliser des soudures sur aciers ODS à
14% Cr présentant une tenue en pression interne identique ou supérieure à
celle de métal de base jusqu'à des températures de 575 °C ;
la capacité du soudage par résistance à réaliser des soudures hétérogènes
entre un bouchon martensitique et une gaine ferritique ;
Les analyses EDS n’ont pas révélé de modification de la dispersion d’oxydes.
Cependant, aucune information concernant le nombre de soudures observées ou les
paramètres de soudage utilisés pour ces soudures n’est communiquée.
1.5.3.3. JNC (Japon) [55, 78]
L’équipe japonaise de JNC (Japan Nuclear Cycle development institute) étudie le
soudage de gainage combustible en acier ODS 9%Cr et 12%Cr dans le but de fabriquer
des gainages pour des essais d’irradiation [55, 78]. La gaine a un diamètre extérieur de
6,9 mm et une épaisseur de 400 µm. Le diamètre du bouchon est identique à celui de la
gaine.
Les paramètres opératoire optimaux, identiques pour les deux nuances, sont
(Fs; Is; ts) = (7000 N; 16 kA; 16 ms). Un courant de préchauffage de 5 kA pendant 200 ms
est renseigné dans l’article mais aucune indication de son utilisation pour la soudure
optimisée n’est précisée.
Le bourrelet de soudage est enlevé par usinage. Un traitement thermique de
détensionnement après soudage est réalisé. La température et la durée dépend du
matériau :
Pour l’acier ODS à 9%Cr le traitement réalisé est de 780 °C pendant 10
minutes
Pour l’acier ODS à 12%Cr le traitement réalisé est de 750 °C pendant 20
minutes
Ce traitement thermique permet entre autre de réduire les contraintes résiduelles et
d’homogénéiser les carbures pour les matériaux à 12 %Cr et permet de réaliser le revenu
de la martensite associé à une diminution de la dureté pour les matériaux à 9%Cr.
400 µm
Bouchon
Gaine
- 26 -
La Figure 1.22 présente une macrographie d’une soudure réalisée sur un acier ODS à
9%Cr.
Figure 1.22 : Macrographie de soudage d’un acier 9%Cr ODS [78]
La macrographie laisse apparaitre une bonne continuité et une bonne compacité. Le
joint soudé est difficile à localiser et il est donc difficile de connaitre la géométrie du
contact initial ainsi que les modes de déformation ayant eu lieu en cours de soudage.
Avant traitement thermique, les mesures de dureté à travers le joint soudé montrent
une élévation de la dureté (de 350 HV à 500 HV) dans la zone affectée thermiquement.
Après traitement thermique, la dureté mesurée est proche de celle du matériau de base.
Des tests de traction, d’éclatement et de fluage ont été réalisés jusqu’à 800°C.
L’ensemble des tests ont montré des ruptures localisées dans la gaine et n’affectant pas
la soudure.
Une technique de contrôle non destructif par ultrasons est développée et comparée à
des coupes macrographiques. La technique est jugée fiable pour des défauts de largeur
supérieure à 3 µm.
En conclusion, ces études montrent :
la capacité du soudage par résistance à réaliser des soudures sur aciers ODS à
9% et à 12% Cr présentant une bonne résistance en pression interne en
température ;
la capacité du CND par ultrason à évaluer des défauts de compacité d’une
largeur supérieure à 3 µm.
Ces publications ne présentent aucune observation concernant la conservation de la
dispersion d’oxyde nanométrique au cours du procédé.
1.5.4. Synthèse
Le procédé de soudage par résistance permet de réaliser le soudage de gainage
combustible en acier ODS. Les soudures peuvent présenter des tenues mécaniques
identiques ou supérieures au matériau de base. Cependant, les caractérisations
mécaniques sont réalisées sur l’éprouvette soudée complète et ne donnent donc pas accès
aux propriétés mécaniques de la soudure elle-même. Ces caractérisations mécaniques
peuvent donc être insuffisantes pour l’analyse des propriétés mécaniques de la soudure.
Enfin, peu d’études intègrent des observations concernant le devenir des renforts après
soudage.
1.6. Conclusions
Les alliages ODS présentent des propriétés mécaniques à haute température assurées
par une dispersion d’oxydes nanométriques au sein de la matrice métallique. Cette
dispersion initialement homogène peut être modifiée sous l’effet de sollicitations
Bouchon
Gaine
Etude bibliographique - 27 -
thermiques et/ou mécaniques. Ces modifications peuvent être accrues sous l’effet de
modifications métallurgiques (recristallisation, changement de phase).
Le soudage des gainages combustibles en alliage ODS doit répondre à la fois à la
problématique du soudage en environnement nucléaire et à la problématique liée à la
conservation des propriétés du matériau ODS. Le soudage par résistance est déjà utilisé
industriellement pour l’assemblage des gainages combustibles en alliage de zirconium.
Ce procédé en phase solide à aussi montré sa capacité à produire des soudures de bonne
tenue mécanique à haute température sur des alliages ODS. De ce fait, le CEA a choisi
d’étudier ce procédé de soudage. Cependant les études disponibles dans la littérature se
focalisent sur la tenue mécanique des soudures et peu d’études métallurgiques sur le
soudage par résistance des gainages combustibles en alliages ODS existent à ce jour.
L’objectif de cette thèse est donc d’apporter une meilleure compréhension des
phénomènes thermomécaniques ayant lieu en cours de soudage par résistance et d’en
observer les effets sur les caractéristiques métallurgiques d’un alliage ODS. Une
attention particulière sera apportée au contrôle de ces caractéristiques métallurgiques
par le contrôle des paramètres opératoires de soudage. Une bonne compréhension de
l’évolution des caractéristiques métallurgiques permettra d’obtenir une meilleure
compréhension des propriétés mécaniques de l’assemblage.
- 28 -
Chapitre 2
Techniques expérimentales
Dans cette étude, nous avons réalisé des soudures d’un bouchon sur un tube (appelé
gaine) par la méthode de soudage par résistance en bout.
Ce chapitre présente les différents matériaux, les différentes géométries, l’installation
expérimentale de soudage ainsi que les techniques de caractérisation, de mesure et de
traitement des résultats.
2.1. Matériaux de l’étude
Dans cette étude, plusieurs nuances d’alliages base fer sont utilisées. Les différentes
nuances sont approvisionnées en diverses géométries. Chaque nuance est décrite dans le
Tableau 2.1 puis détaillée par la suite.
Catégorie Dénomination ODS Base Cr Ti Y2O3 Autre Fabricant Géométrie (mm)
20Cr PM2000 Oui Fe 20 0,5 0,5 5,5 Al Plansee Barre Ø100
Kanthal APM Non Fe 20,5-23,5 5,8 Al Kanthal Barre Ø12
9Cr J26-M2 Oui Fe 9 0,5 0,3 2 W CEA/SRMA Tube Ø10,73
J23 Oui Fe 9 0,5 0,3 2 W CEA/SRMA Barre Ø20,7
Tableau 2.1 : Composition nominale (% massique) et géométrie des matériaux utilisés dans l’étude à la réception
Afin de faciliter la lecture de ce document, on utilisera aussi la dénomination par
catégorie. On parlera ainsi des alliages 9Cr ou 20Cr que l’on pourra préciser par
xCr-ODS ou xCr-non ODS.
Seules les informations concernant le PM2000 (matériaux principalement utilisé) sont
présentées ici. Les informations sur les autres matériaux sont présentées en Annexe 1.
Techniques expérimentales - 29 -
Dans le cadre de l’étude, l’alliage ODS PM2000 est utilisé pour la réalisation des
gaines et des bouchons en alliage 20Cr-ODS
L’alliage ODS PM2000 est un alliage ODS fabriqué par Plansee. Il est réalisé par
mécanosynthèse puis compacté à chaud (la méthode n’est pas renseignée par le
fabricant [81]). L’alliage PM2000 existe sous deux états. Un état non recristallisé
(PM2000 KKL4) présentant une microstructure fine et un état recristallisé à l’aide d’un
traitement thermique (PM2000 KKL6) présentant une microstructure grossière (grains
millimétriques). Au cours de cette étude, seule la nuance recristallisée a été étudiée.
2.2. Géométries des pièces à souder
La fabrication des gainages combustibles requiert le soudage d’un bouchon sur une
gaine. Les éprouvettes d’essais en PM2000 sont présentées sur la Figure 2.1.
Figure 2.1 : Pièces à souder en PM2000 : bouchon et gaine
L’épaisseur et le diamètre des pièces sont représentatifs du design issu du cahier des
charges de la conception du cœur du réacteur de type RNR-Na de 4eme génération. En
revanche la forme des surfaces en contact peut être modifiée afin d’optimiser la soudure.
2.2.1. Le bouchon
Le bouchon est composé d’un cylindre plein de diamètre 10,5 mm et de longueur
15 mm chanfreiné à 45 ° sur 1 mm. La géométrie est représentée sur la Figure 2.2.
Figure 2.2 : Géométries utilisées pour le bouchon
2.2.2. La gaine
La gaine est composée d’un tube d’un diamètre extérieur de 10,5 mm, d’une épaisseur
de 0,5 mm et d’une longueur de 15 mm. La géométrie est représentée sur la Figure 2.3.
Axe de symétrie de révolution
1mm
45°
Ø 10,5 mm
15 mm
Représentation sans échelle
Bouchon Gaine
10.5
mm
Chanfrein à 45°
- 30 -
Figure 2.3 : Géométries utilisées pour la gaine
2.3. L’installation expérimentale SOPRANO
L’ensemble des essais ont été réalisés sur une installation de soudage expérimentale
au sein du laboratoire baptisée SOPRANO (SOudage Par Résistance Appliqué aux
gaiNages cOmbustibles) a été conçue et assemblée par la société TECHNAX industrie.
La Figure 2.4 montre une partie de cette installation.
Figure 2.4 : Photographie de l’installation expérimentale SOPRANO
Les composants principaux de l’installation sont la tête de soudage où les pièces sont
mises en place afin d’être soudées, l’armoire électrique et de commande permettant le
contrôle du cycle de soudage, et le groupe de refroidissement assurant le refroidissement
de la tête de soudage ainsi que de l’appareillage électrique.
2.3.1. Tête de soudage et mise en place des pièces
2.3.1.1. Tête de soudage
La Figure 2.5 présente une vue de la tête de soudage.
Enregistreur de données SEFRAM
Transformateurs électriques
Tête de soudage
Axe de symétrie de révolution
0,5 mm
45°
Ø 10,5 mm
15 mm Représentation sans échelle
Techniques expérimentales - 31 -
Figure 2.5 : Tête de soudage de l’installation SOPRANO a : hors position de soudage, b : en position de soudage, c : vue schématique
La tête de soudage est composée d’un support en laiton servant de socle. Le socle de la
partie droite est lié au châssis de l’installation et sera appelée la partie fixe alors que
partie gauche se trouve sur glissière et est appelée la partie mobile. Les pièces (1 et 2)
sont entourées par des électrodes en CuCrZr qui constituent les amenées de courant. La
géométrie de ces électrodes est abordée par la suite (paragraphe 2.3.1.3). Les pièces et
leur électrode respective sont prises dans un mors (4 et 5) afin d’assurer le serrage des
électrodes autours des pièces. Ce serrage est indépendant de la force de soudage. Enfin,
une butée permet d’éviter le recul des pièces lors de l’application de la force à l’aide du
vérin pneumatique (3) sur la partie mobile.
2.3.1.2. Protocole de mise en place des pièces
La mise en place des pièces sur la tête de soudage se déroule en 5 étapes résumées sur
la Figure 2.6.
Figure 2.6 : Protocole de mise en place des pièces dans les électrodes et sur la tête de soudage
1. Les pièces sont insérées dans deux électrodes. Le positionnement des pièces dans
les électrodes est effectué à l’aide d’une cale d’épaisseur calibrée. La longueur de bouchon
dépassant de l’électrode (Lb) est généralement fixée à 2,5 mm. La longueur de gaine
dépassant de l’électrode (Lg) est un paramètre opératoire d’après les précédentes études
1
2
Bouchon Gaine
Electrodes Support
Butée
réglable
3 4 5
Mors
Lb Lg
c
Butées
Electrode de soudage
Pièce à souder
Mors
Support en laiton - fixe a Support en laiton - mobile
b
- 32 -
(Chapitre 1, paragraphe 1.5.3). Afin d’estimer l’erreur réalisée sur le positionnement de
l’électrode enserrant la gaine, dix mises en places ont été réalisées pour Lg = 0,5 mm puis
la longueur de gaine effective a été mesurée à l’aide d’une colonne de mesure en trois
points de la circonférence. La Figure 2.7 présente la distribution statistique de la mesure
effective de Lg sur ces 10 mises en place:
Figure 2.7 : Mesure de Lg lors de 10 mises en place pour une consigne de Lg = 0,5 mm
On observe que la majorité des mesures sont proches de la valeur cible mais que des
mesures extrêmes avec une erreur de 90 µm (18 %) peuvent apparaitre. De plus, des
variations de l’ordre de ±30 µm (6 %) sont mesurées le long de la circonférence d’une
même pièce. Ces variations peuvent avoir un impact sur la reproductibilité ainsi que sur
l’homogénéité circonférentielle de la soudure.
2. Les pièces entourées par leurs électrodes sont placées sur les supports en laiton.
3. La buttée est réglée de façon à repousser l’épaulement de l’électrode et éviter son
contact avec le support en laiton.
4. Les pièces sont mises en contact afin de s’assurer que les pièces sont bien en butée
5. Les mors de serrage sont serrés à la main avec une clé Allen jusqu’au maximum de
serrage possible manuellement.
La mise en place des pièces est une étape primordiale au bon déroulement du soudage
puisque durant la mise en place, l’un des paramètres opératoire (Lg) est fixé. Le suivi de
ces étapes doit permettre de limiter le glissement des pièces dans leur électrode lors de
l’application de la force de soudage ainsi que de limiter le risque de perte d’alignement
en cours de soudage.
2.3.1.3. Géométrie des électrodes
Les électrodes sont des éléments fondamentaux de la tête de soudage puisqu’elles
constituent les amenées de courant en contact avec les pièces à souder. Elles sont
réalisées en CuCrZr et fournies pas la société TECHNAX industrie. Elles ont la forme
d’une bague fendue dont le diamètre intérieur est ajusté au diamètre extérieur des
pièces. La Figure 2.8 montre une photo de l’électrode ainsi qu’un schéma de ses
dimensions.
0,3
0,35
0,4
0,45
0,5
0,55
0,6
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
L gm
esu
ré
n° d'essai
Techniques expérimentales - 33 -
Figure 2.8 : Photo et dimensions (mm) des électrodes sous la forme de bagues fendues
La fente réalisée dans la bague permet d’en assurer le serrage à l’aide du mors.
Cependant, cette fente génère une singularité et brise la symétrie de révolution du
système. Une étude de dimensionnement expérimentale et numérique menée en début
de la thèse a montré que lorsque la taille de fente était importante (1 mm), les
températures obtenues dans l’axe de celle ci étaient plus faibles qu’aux autres points de
la circonférence. De plus la fente crée une singularité dans la déformation des pièces
puisque la matière de la gaine se trouvant dans la fente ne peut s’appuyer sur l’électrode
lors de sa déformation [82]. La taille de fente de la bague à donc été réduite au minimum
des capacités de découpe (300 µm) afin de limiter ces deux phénomènes.
De plus, nous avons montré [82] que les effets de la fente de l’électrode entourant le
bouchon et de celle entourant la gaine s’additionnaient et qu’il était donc préférable de
disposer les pièces de façon à mettre les deux fentes à 180° l’une de l’autre. Ces deux
résultats ont fait l’objet d’un brevet (dépôt en cours) portant sur la géométrie et le
positionnement des électrodes de soudage.
Lors de l’approvisionnement des électrodes par la société TECNAX industrie, nous
avons observé une variation de la géométrie de celle-ci. En effet, certaines électrodes
possèdent un chanfrein sur la surface intérieure alors que certaines n’en possèdent pas
comme schématisé sur la Figure 2.9.
Figure 2.9 : Représentation du chanfrein réalisé sur certaines électrodes avec mise en avant du paramètre Lg effectif et de la partie de gaine dépassant de l’électrode
Par la suite, on pourra utiliser la notion de longueur de gaine dépassant effectivement
de l’électrode (Lg effectif). Cette grandeur est représentée sur la Figure 2.9. Cette mesure
permet de rendre compte de la longueur de gaine de section nominale qui dépasse
effectivement de l’électrode. Cette grandeur peut être nulle et peut même être négative.
Lg
Lg effectif
Lg Lg effectif =0
Cas d’une électrode
avec chanfrein
Cas d’une électrode
sans chanfrein Partie de gaine dépassant de l’électrode
12 mm
2 mm
Taille de
fente
Ø=D
Ø20
Ø16
Ø16
- 34 -
Elle possède l’avantage, par rapport à Lg, de rendre compte de l’angle du chanfrein de la
gaine mais aussi de la présence ou de l’absence d’un chanfrein sur l’électrode.
Cependant, cette mesure n’est pas facilement accessible lors de la mise en place de la
gaine dans son électrode ce qui justifie de l’utilisation de Lg comme paramètres
opératoire. Par la suite, on utilisera aussi le terme de « partie de gaine dépassant de
l’électrode » qui désigne la partie hachurée sur la Figure 2.9.
Lorsqu’un chanfrein est présent sur l’électrode, il possède des dimensions
inconstantes le long de la périphérie de l’électrode. Son angle est estimé à 45° et sa
profondeur peut varier entre 150 et 200 µm au sein d’une même électrode ce qui modifie
Lg effectif. Ces variations peuvent avoir un impact sur l’homogénéité circonférentielle de la
soudure.
La présence ou l’absence d’un chanfrein modifie aussi la valeur de Lg effectif et peut donc
avoir un impact sur le déroulement du soudage et sur la soudure finale obtenue.
2.3.2. Armoire de commande et paramètres opératoires
L’armoire de commande permet de spécifier les paramètres du cycle de soudage. Les
valeurs introduites seront appelées valeurs de consigne.
2.3.2.1. Cycle de force
La force peut être ajustée en cours de procédé à deux valeurs différentes afin, par
exemple, de spécifier une valeur différente au cours de l’étape de soudage et au cours de
l’étape de forgeage. Cependant en pratique, le temps de réaction du vérin pneumatique
est trop long pour pouvoir configurer des cycles de force complexes. Les paramètres
opératoires du cycle de force utilisé sont exposés sur la Figure 2.10.
Figure 2.10 : Représentation de la consigne d’évolution de la force en cours de soudage en fonction du temps
Comme indiqué sur la Figure 2.10, le cycle de force est constitué d’un palier de
1000 ms à une valeur basse (environ 200 N) afin d’effectuer l’accostage des pièces suivi
de l’application de la force de soudage Fs durant 1500 ms avant d’effectuer le cycle de
soudage (pic de courant). Enfin la force est maintenue pendant 5000 ms afin de réaliser
le forgeage. Ces paramètres sont les paramètres utilisés pour une grande majorité des
essais. En cas de variation dans le cycle de force, celui-ci sera spécifié explicitement.
2.3.2.2. Cycle de courant
Le cycle de courant classique met en jeu une seule impulsion et est exposé sur la
Figure 2.11.
Fs
200
1000 1500 5000
Force ( N )
Pic de
courant
Temps ( ms )
t = 0
Techniques expérimentales - 35 -
Figure 2.11 : Représentation de la consigne d’évolution de l’intensité du courant en cours de soudage en fonction du temps
Ces paramètres sont les paramètres utilisés pour une grande majorité des essais. En
cas de variation dans le cycle de courant, celui-ci sera spécifié explicitement. Comme
indiqué sur la Figure 2.11, le cycle de courant est composé d’une impulsion de courant à
l’intensité Is durant un temps ts. L’intensité Is est atteinte après 5 ms. La descente en
courant s’effectue en 1 ms.
2.3.2.3. Synthèse des paramètres opératoires principaux
Le cycle de soudage est contrôlé par de nombreux paramètres opératoires. Au cours de
cette étude, un certain nombre de paramètres ont été fixés (durée de monté et de
descente du courant, durée de l’accostage, durée du forgeage)
En soudage par résistance, nous avons vu que trois paramètres opératoires sont
fondamentaux : la force, l’intensité du courant et le temps de soudage. Dans le cas du
soudage par résistance en bout des gainages combustibles en acier ODS, la longueur de
gaine dépassant de l’électrode a été identifiée comme un quatrième paramètre opératoire
fondamental.
Les quatre paramètres opératoires principaux retenus sont reportés dans le Tableau
2.2. Par la suite, on pourra noter ces paramètres opératoires comme un quadruplet :
effectuée à l’aide d’une rondelle de charge piézoélectrique, appareil permettant de
mesurer une force. Une déformation de la rondelle piézoélectrique modifie la capacité
mesurée à ses bornes par effet piézoélectrique. Cette capacité est proportionnelle à la
déformation et peut donc être ensuite étalonnée pour être proportionnelle à la force.
Le capteur de type KISTLER 9102A associé à un amplificateur de charge modèle
5015A1000 a été calibré une fois mis en place sur l’installation afin que la mesure de
force corresponde à la consigne. La rondelle est placée entre le vérin et la partie mobile
de la tête de soudage afin que l’ensemble de la force transmise à la partie mobile par le
vérin passe par la rondelle. La Figure 2.13 présente la rondelle mise en place ainsi qu’un
exemple de mesure pour une consigne de Fs = 2200 N.
Figure 2.13 : a. Rondelle piézoélectrique mise en place b. Exemple de mesure typique de la force en fonction du temps en cours de soudage
La consigne de force ne peut être réglée avec une précision supérieure à 40 N. La force
mesurée est, malgré l’étalonnage, supérieure à la consigne (+ 110 N, 5%). Au moment du
passage du courant (t = 0 ms à t = 15 ms), on observe que la consigne n’est pas
maintenue du fait que les pièces sont en déplacement et une diminution de la force de
l’ordre de 150 N est observée. Hormis durant le passage du courant, la force appliquée
est proche d’un essai à l’autre (±20 N à 2200 N, 1 %).
2.4.1.3. Mesure de déplacement
Le déplacement des pièces est une conséquence de l’écrasement des pièces sous l’effet
de la température et de la force. Le déplacement de la partie mobile est mesuré par un
capteur à courant de Foucault, détecteur permettant de mesurer sans contact la distance
le séparant d’une cible métallique. Lorsque la cible métallique arrive à proximité du
capteur, celui-ci génère dans la cible des courants de Foucault à l’aide d’un champ
magnétique qui est alors atténué par ces courants induits (loi de Lenz). Cette
atténuation dépend de la distance entre le capteur et la cible.
Le capteur de type MICRO-EPSILON ES4 avec un amplificateur modèle NCDT3300
est installé en vis-à-vis d’une plaque métallique relié à la partie mobile de la tête de
soudage. Il mesure donc le déplacement du bouchon par rapport à la gaine avec une
précision de 0,1 µm. La Figure 2.14 présente la position du capteur ainsi qu’une mesure
type du déplacement.
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
1800
2000
2200
2400
-2 -1 0 1 2 3 4 5 6
Fo
rce ( N
)
Temps ( s )
2200N; 16kA; 13ms; 0,5mm
Partie mobile
Tige du vérin
Rondelle piézoélectrique
2100
2150
2200
2250
2300
2350
2400
2450
0 0,005 0,01 0,015 0,02
a. b.
- 38 -
Figure 2.14 : a. Capteur à courant de Foucault mis en place b. Exemple de mesure typique du déplacement en fonction du temps en cours de
soudage
La mesure de déplacement brut du bouchon par rapport à la gaine est fortement
perturbée. Une moyenne sur 50 points (0,5 ms) est donc réalisée afin de rendre la
mesure exploitable (moyenne réalisée à posteriori). La référence pour le déplacement
(déplacement nul) est prise à t = 0 ms alors que les pièces sont compressées sous l’effet
de la force de soudage. Une mesure type correspond à une première phase où le
déplacement n’évolue que peu suivi d’une phase ou il diminue fortement (cette phase
sera appelée l’affaissement). Après cette forte diminution, on observe des oscillations
dans la courbe de déplacement. Ces oscillations sont imputées à la rigidité de
l’installation.
2.4.1.4. Mesure de la différence de potentiel entre les mors
La mesure de potentiel au niveau des mors est réalisée à l’aide de fils de cuivre d’un
diamètre de 2,5 mm sertis d’œillets et placés au niveau des vis de serrage des mors. Le
potentiel de référence est le potentiel du mors enserrant la gaine, c'est-à-dire celui de la
partie fixe de la tête de soudage. La Figure 2.15 présente la position des fils de mesure
ainsi qu’une mesure type de la différence de potentiel entre les mors (ddpmors).
Figure 2.15 : a. Fils de mesure de potentiel mis en place sur les pièces et sur les mors b. Exemple de mesure typique de la différence de potentiel entre les mors en fonction
du temps en cours de soudage
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
4
4,5
5
0 0,005 0,01 0,015 0,02
dd
pm
ors
( V
)
Temps ( s )
2200N; 16kA; 13ms; 0,5mm
Œillet du fil de mesure de
différence de potentiel
entre les mors
Mors
b. a.
Fil de mesure de potentiel
sur les pièces
-0,6
-0,5
-0,4
-0,3
-0,2
-0,1
-1E-15
3,6
3,7
3,8
3,9
4
4,1
4,2
0 0,005 0,01 0,015 0,02
Dép
lacem
ent (
mm
)
Dép
lacem
ent b
rut (
mm
)
Temps ( s )
2200N;16kA; 13ms; 0,5mm
Déplacement brut Déplacement
Capteur
Cible
Partie mobile
a. b.
-0,6
-0,5
-0,4
-0,3
-0,2
-0,1
-1E-15
3,6
3,7
3,8
3,9
4
4,1
4,2
0 0,005 0,01 0,015 0,02
Dép
lacem
ent (
mm
)
Dép
lacem
ent b
rut (
mm
)
Temps ( s )
2200N;16kA; 13ms; 0,5mm
Déplacement brut Déplacement
Techniques expérimentales - 39 -
On observe que la mesure de tension suit la forme de la mesure de courant (voir
Figure 2.12). On notera que contrairement à la mesure de courant, la mesure de tension
ne devient pas négative après la décroissance de courant mais devient très faible. La
mesure de tension permet principalement de calculer la résistance entre les mors (voir
paragraphe 2.4.2.1).
2.4.1.5. Mesure de potentiel sur les pièces
Pour certains essais des mesures de potentiel ont été réalisées sur les pièces à souder
à l’aide de fil monobrin. Une boule est réalisée à l’extrémité du fil par décharge
électrique. Cette boule est ensuite sertie sur l’éprouvette dans un perçage de 400 µm de
diamètre et 300 µm de profondeur. Un exemple de mise en place de mesure est présenté
sur la Figure 2.15. La mesure de tension sur les pièces permet entre autre de calculer
l’évolution de la résistance en cours de soudage de façon plus locale que pour la mesure
entre les mors.
Ces mesures de potentiel n’ont pas été menées systématiquement du fait que les fils
de mesure ne pouvaient être placées directement sur l’installation, nécessitait une
préparation particulière des éprouvettes et limitait les paramètres opératoires
accessibles du fait de l’encombrement créé par la mesure.
2.4.1.6. Mesure de températures sur les pièces
Les mesures de température sont réalisées à l’aide de thermocouples de type K. Les
fils de 100 µm composant le thermocouple (chromel et alumel) sont soudés entre eux par
décharge électrique afin de former une boule soudée qui est ensuite sertie sur la pièce
selon le même protocole que pour les mesures de potentiel sur les pièces.
La Figure 2.16 montre un exemple de la mesure de température réalisée lors d’un
essai de soudage, sur le bouchon, à 1,5 mm du contact entre pièces.
Figure 2.16 : Exemple de mesure typique de la température en fonction du temps réalisée sur le bouchon en cours de soudage
La mesure de température est erratique durant le passage du courant. De plus, on
observe qu’au moment de l’arrêt du courant (t = 13 ms), la mesure de température
retombe alors à une valeur nulle avant d’augmenter.
La mesure de température atteint son maximum environ à t = 100 ms soit bien après
l’arrêt du courant (t = 13 ms). Le temps de réaction du thermocouple est donc trop faible
0
200
400
600
800
1000
1200
0 0,005 0,01 0,015 0,02
Tem
péra
ture
(°C
)
Temps ( s )
2200N; 14kA; 13ms; 0,5mm
0
20
40
60
80
100
120
140
160
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4
Tem
péra
ture
(°C
)
Temps ( s )
2200N; 14kA; 13ms; 0,5mm
- 40 -
pour observer le chauffage du au passage du courant. Cependant la mesure peut être
utilisée pour observer la cinétique de refroidissement.
Durant le passage du courant, le thermocouple se trouve sur une pièce présentant de
forts gradients de potentiel (> 1 V.mm-1). La boule du thermocouple (Ø 400 µm) se trouve
donc elle-même dans un gradient de potentiel pouvant atteindre plusieurs centaines de
millivolt, bien supérieur à la différence de potentielle obtenue par effet Seebeck
(quelques mV/100°C).
Il est donc très complexe de mesurer la température des pièces en cours de soudage du
fait de l’inertie du capteur ainsi que de sa perturbation du fait du gradient de potentiel.
Pour les mesures de température, seule la cinétique de refroidissement peut être
exploitée. La simulation numérique doit permettre de compenser le manque de données
thermiques accessibles par les mesures expérimentales.
De même que pour la mesure de tension, ces mesures nécessitant une préparation
particulière de l’éprouvette n’ont pas été réalisées systématiquement.
2.4.2. Grandeurs calculées
A partir de mesures réalisées par les capteurs mis en place sur l’installation,
plusieurs grandeurs sont calculées en fonction du temps.
2.4.2.1. Mesure de la résistance électrique entre les mors
La mesure de la résistance électrique entre les mors (dans la suite de ce document, le
terme « résistance » désignera par défaut la résistance électrique) est obtenue par le
rapport entre la différence de potentiel entre les mors et l’intensité du courant. La
Figure 2.17 présente une mesure type de la résistance entre les mors (Rmors).
Figure 2.17 : Exemple de mesure typique de la résistance entre les mors en fonction du temps en cours de soudage
On observe une décroissance de la mesure de résistance au cours de l’étape de
soudage. En fin d’étape de soudage, on observe que la résistance croît fortement. La
croissance de la résistance correspond au moment ou le courant diminue et devient
négatif du fait de sa dérive. La valeur du courant passant par zéro fait tendre celle de la
résistance vers l’infini. Cette croissance de la résistance ne représente donc pas un
phénomène physique et est donc uniquement dû à la dérive de la mesure de l’intensité
du courant.
0,E+00
2,E-04
4,E-04
6,E-04
8,E-04
1,E-03
0 0,005 0,01 0,015 0,02
Rm
ors
( O
hm
)
Temps ( s )
2200N; 16kA; 13ms; 0,5mm
Techniques expérimentales - 41 -
La résistance mesurée est la somme de plusieurs résistances :
Figure 2.18 : Résistances électriques (de contact et volumiques) traversées lors du passage du courant d’un mors à l’autre
résistance des volumes des mors ;
résistance de contact mors et électrode ;
résistance des volumes des électrodes ;
résistance de contact entre électrode et pièce ;
résistance des volumes des pièces ;
résistance de contact entre pièces (bouchon et gaine).
L’identification de certaines de ces résistances est réalisée dans le Chapitre 3
(paragraphe 3.2.4) afin de servir de données d’entrée à la simulation numérique.
2.4.2.2. Mesure de l’énergie électrique dissipée
La mesure de l’énergie électrique dissipée (appelée plus simplement énergie) est
calculée à l’aide de la formule suivante :
t
m ors dtIddptE0
)( eq. 2.1
L’enregistrement étant réalisé de manière numérique, l’intégration est réalisée par la
méthode des rectangles. La Figure 2.19 présente une mesure typique de l’énergie en
fonction du temps.
Courant
Résistance des
volumes des pièces
Résistance de
contact entre
pièces
Résistance des
volumes des mors Mors
Gaine
Bouchon
Electrode Résistance de
contact entre
électrode et pièce
Résistance de
contact entre mors
et électrode
Résistance des
volumes des
électrodes
Electrode
Mors
ddpmors
- 42 -
Figure 2.19 : Exemple de mesure typique de l’énergie en fonction du temps en cours de soudage
La croissance de l’énergie se déroule en 3 étapes. Une première étape liée à la montée
du courant qui entraine une croissance en énergie de plus en plus importante. Une étape
quasi-linéaire est ensuite présente jusqu'à diminution du courant ou le taux
d’accroissement de l’énergie diminue.
2.5. Techniques de caractérisation des soudures
Au cours de l’étude, les pièces (soudées ou non) ont été caractérisées par plusieurs
techniques complémentaires.
2.5.1. Préparation des échantillons
La méthode de préparation des échantillons dans le cas d’une éprouvette soudée est
illustrée sur la Figure 2.20.
Figure 2.20 : Méthode de préparation des échantillons pour les caractérisations par microscopies
Après soudage, les pièces sont en premier lieu tronçonnées. Les deux moitiés sont
enrobées dans une résine à froid sous pression atmosphérique afin d’éviter la
déformation des gaines. L’une des moitiés est enrobée dans une résine conductrice alors
que l’autre est enrobée dans une résine non conductrice. Elles sont ensuite polies par
polissage mécanique. Chaque moitié est utilisée pour des caractérisations différentes.
Pour chaque moitié, deux cotés de la soudure sont accessibles (repéré par un point blanc
Résine conductrice
Résine non conductrice Polissage mécanique
Tronçonnage
Pièce soudée
Zone soudée accessible
pour l’observation
0
100
200
300
400
500
600
0 0,005 0,01 0,015 0,02
En
erg
ie ( J
)
Temps ( s )
2200N; 16kA; 13ms; 0,5mm
Montée du
courant
Palier de
courant
Descente de
courant
Techniques expérimentales - 43 -
et un point noir sur la Figure 2.20). Certaines observations réalisées du même coté de la
soudure (exemple, coté du point blanc) peuvent donc présenter des observations
légèrement différentes du fait de l’épaisseur du trait de coupe et de la profondeur de
polissage. Dans la suite, le terme « faces en vis-à-vis » désignera deux faces situées du
même coté de la soudure (exemple le point blanc) mais chacune sur une moitié de la
soudure. La « face opposée » désignera la seconde face accessible située sur la même
moitié.
2.5.2. Observations au microscope optique
Les observations au microscope optique permettent d’évaluer la compacité de la
soudure (observations sans attaque métallographique) ainsi que la microstructure de la
zone soudée (observations après attaque métallographique).
L’observation de la compacité des soudures est réalisée à l’aide d’un microscope
optique sous lumière blanche à un grossissement x50 sur la moitié de la pièce enrobée
dans la résine conductrice. La taille limite de défaut visible est de 5 µm environ.
L’observation optique de la microstructure est réalisée après attaque
métallographique (20 mL d’eau distillé, 20 mL d’acide chloridrique à 37 %, 15 mL d’acide
nitrique à 65 % pendant 20 à 30 secondes) sur la moitié enrobée dans la résine non
conductrice.
2.5.3. Caractérisations à la microsonde de Castaing
Les caractérisations à la microsonde de Castaing permettent d’étudier la répartition
des renforts afin de caractériser une éventuelle modification de la dispersion des oxydes
consécutive à un cycle de soudage.
Ces observations permettent de quantifier la teneur en éléments choisis. Le principe
fondamental de la mesure est la collecte des photons X émis par la désexcitation d’un
atome suite à un bombardement électronique focalisé. L’analyse de ces photons X peut se
faire soit par dispersion de longueur d’onde (capteur WDS) soit par dispersion d’énergie
(capteur EDS). Il est possible de réaliser une cartographie d’une zone par déplacement
du support et par des pointés successifs.
Dans cette étude, les observations sont réalisées à l’aide d’une microsonde de type
CAMECA SX100 avec une tension accélératrice de 20 kV et un courant d’échantillon de
50 nA. Les observations sont réalisées sur la partie de pièce soudée enrobée dans la
résine conductrice. Sauf précisions contraires, les cartographies de la répartition des
éléments sont réalisées en un seul balayage de la zone par des pointés successifs avec un
pas de 1 µm (résolution) et un temps de survol de 7 à 10 ms. Les pourcentages atomiques
et massiques sont ensuite recalculés à partir de fiche de calibration expérimentale sans
rééquilibrage à 100 %. Pour les analyses par EDS, aucune correction du bruit de fond
n’est apportée (durée d’acquisition trop long). Les éléments quantifiés par WDS sont le
titane, l’yttrium et l’aluminium. Le fer, le chrome et l’oxygène sont quantifiés par EDS.
Le volume échantillonné en chaque point analysé est de l’ordre du µm3 du fait de la
taille de la zone d’interaction. Il est cependant possible de réaliser des cartographies par
pointés successifs avec des pas inférieurs à 1 µm afin d’améliorer la qualité des images.
Cependant, cela ne diminue pas le volume analysé. La microsonde permet donc de
détecter des modifications micrométriques de la répartition des renforts. Des
modifications à une échelle plus faible (augmentation de la taille des renforts) ne sont
pas observables. De même, la formation de composés de petites tailles tels des carbures
ne peut être mise en évidence sauf s’il y a en plus regroupement dans une zone
préférentielle. Enfin, du fait qu’il n’y ait pas de correction du bruit de fond pour les
- 44 -
analyses EDS, seul un accroissement significatif de la quantité d’un élément peut être
détecté.
2.5.4. Caractérisations par diffraction des électrons rétrodiffusés
La caractérisation par diffraction des électrons rétrodiffusés (EBSD) permet
d’analyser la structure cristallographique par microscopie électronique à balayage
(MEB) de la zone analysée. Dans cette étude, elle est utilisée afin d’étudier les
modifications de la microstructure liées à l’étape de soudage en termes de taille et
d’orientation cristallographique des grains.
Le principe fondamental est la diffraction d’un faisceau d’électrons focalisé sur les
plans cristallins de la pièce étudiée qui est inclinée à 70 ° par rapport au faisceau. Le
cône de diffraction formé pour chaque famille de plans est intercepté par un écran
phosphorescent et forme des lignes de Kikuchi. Le schéma formé par les lignes est
ensuite ramené à l’orientation de la maille sous la condition d’en connaitre la structure
et la composition. Il est possible de réaliser une cartographie de cette zone en la balayant
par des pointés successifs.
Les observations sont réalisées sur la moitié des pièces qui est enrobée dans la résine
conductrice. Afin de faciliter l’observation, les pièces enrobées et polies mécaniquement
sont soumises à un polissage vibratoire à la silice colloïdale pendant trois à cinq heures.
Les observations sont réalisées à l’aide d’un MEB EVO50 de ZEISS équipé d’un
filament en LaB6 et d’un détecteur EBSD de type TSL OIM. Les cartographies sont
réalisées à 20 kV et 1 nA. La résolution des cartographies dépend de la taille de la zone
observée et sera précisée au cas par cas.
2.5.5. Microscope électronique à transmission
Les observations par microscopie électronique à transmission permettent d’observer
la structure du matériau jusqu'à une échelle nanométrique. Dans cette étude, elles
permettent notamment d’observer la taille et la morphologie des renforts nanométriques.
Le principe fondamental est l’observation du faisceau électronique transmis à travers
une éprouvette suffisamment mince. L’image n’est pas formée par balayage du faisceau
électronique focalisé mais par « éclairage » d’une partie de la zone à observer. Cependant,
un faisceau balayant focalisé peut être utilisé afin de réaliser des analyses par
EDS-STEM (Scanning Transmission Electron Microscopy).
Pour l’observation du matériau de base, les lames minces sont tronçonnées dans la
matière puis affinées jusqu’à 100 µm par polissage mécanique. Les échantillons sont
ensuite polis par méthode électrolytique à l’aide d’un amincisseur électrolytique de type
TENUPOL de chez STRUERS dans une solution électrolytique (1 L de méthanol, 200 mL
d’acide sulfurique à 96 %) jusqu'à perçage à 0 °C et 17 V.
Une lame mince à été prélevée sur une soudure par EDF les Renardières à l’aide d’un
appareillage de type Dual Beam.
Les observations sont alors réalisées à l’aide d’un microscope JEOL 2200FX à effet de
champ sous une tension de 200 kV en champ clair. L’analyse chimique est réalisée à
l’aide d’un système EDS-STEM
2.6. Les plans d’expériences
La méthode des plans d’expériences est utilisée dans cette étude afin d’évaluer
l’influence des paramètres opératoires sur les résultats obtenus à l’aide des mesures en
Techniques expérimentales - 45 -
cours de soudage, des observations réalisées sur les soudures ou encore à l’aide des
simulations numériques.
La méthode des plans d’expériences est une méthode permettant de calculer les effets
de facteurs (comme des paramètres opératoires) sur des réponses (comme des mesures).
De nombreuses méthodes de plan d’expériences existent. La définition du vocabulaire de
cette méthode ainsi que le calcul de certaines de ces grandeurs sont exposés en
Annexe 2.
Au cours de cette étude, différents plans d’expériences ont été menés. Afin de faciliter
la comparaison de ceux-ci, tous les plans d’expériences ont été réalisés avec 4 facteurs
exprimés à 2 niveaux. La matrice d’essai est une matrice L16 (16 essais réalisés par
plan) afin de réaliser un plan d’expériences factoriel complet (ensemble des combinaisons
possibles). Nous avons choisi d’approcher la réponse par un modèle linéaire avec
interaction d’ordre 1.
Au cours de l’étude nous avons réalisés 3 plans d’expériences. La dénomination de ces
différents plans ainsi que la plage étudiée de paramètres opératoires et le matériau
Tableau 2.3 : Plages étudiées de paramètres opératoires lors des différents plans d’expériences utilisés dans cette étude
Le plan d’expérience servant de référence à cette étude est le plan PM2000-1 pour
lequel les essais expérimentaux ont été complétés d’une simulation numérique pour
chaque essai.
Ce plan est réalisé une seconde fois (plan PM2000-2) mais avec des électrodes
différentes (absence de chanfrein, voir paragraphe 2.3.1.3). Ce plan permet de mettre en
avant certain caractères reproductibles au cours des essais mais aussi les différences
liées à la géométrie de l’électrode.
Le plan Kanthal, ayant servi à pré-dimensionner la plage étudiée lors du plan
PM2000-1, est réalisé sur une plage pour laquelle l’intensité du courant est plus faible de
2 kA. Il permet cependant de préciser l’effet de la modification des propriétés du
matériau sur le soudage et la soudure suite à l’ajout de renforts.
2.7. Synthèse
La méthode des plans d’expériences est appliquée à l’étude du soudage par résistance
d’éprouvettes représentatives du gainage combustible d’un RNR-Na.
L’étude est menée à l’aide d’une installation expérimentale de soudage. Cette
installation est instrumentée ce qui permet d’obtenir in-situ des informations électriques
et mécaniques lors du soudage. Cependant les mesures de températures, pourtant
fondamentales pour la compréhension des phénomènes, se heurtent à des difficultés de
mise en œuvre. Une simulation numérique par élément finis a donc été développée afin
de pallier cette difficulté.
- 46 -
Chapitre 3
Modèle numérique
Le développement d’une simulation numérique du procédé de soudage par résistance
appliqué à la configuration géométrie du gainage combustible répond à deux objectifs
principaux:
pallier les difficultés rencontrées dans l’estimation in situ des températures lors des
essais de soudage ;
aider à l’interprétation et à la compréhension des résultats expérimentaux.
Cette simulation réalisée par la méthode des éléments finis a été développée en
utilisant le logiciel SYSWELD (développé par ESI group).
L’objectif est de disposer d’une simulation numérique du procédé de soudage capable
de donner des résultats cohérents avec les essais expérimentaux sur l’ensemble de la
plage de paramètres opératoires étudiée. Il est donc nécessaire que la simulation
numérique soit robuste sur l’ensemble de la plage de soudabilité, à savoir, capable de
converger pour des jeux de paramètres différents.
Ce chapitre établit les hypothèses du modèle numérique pour l’alliage PM2000. Ces
hypothèses sont issues du retour d’expérience de 50 ans de simulation numérique du
soudage par résistance notamment en ce qui concerne la prise en compte ou l’exclusion
de certains phénomènes physiques. L’influence des hypothèses les plus critiques est
étudiée afin d’évaluer les limites d’utilisation du modèle. Enfin, les résultats obtenus par
le modèle numérique sont comparés aux résultats expérimentaux.
Modèle numérique - 47 -
3.1. Etude bibliographique
3.1.1. Historique de l’évolution des modèles [83-85]
La simulation numérique a connu son essor en parallèle du développement de
l’informatique. Au cours des décennies, les modèles se sont complexifiés en même temps
que les puissances de calcul augmentaient. Les paragraphes suivants montrent les
grandes étapes d’évolution des modèles de soudage par résistance et mettent en avant
les nouveaux phénomènes physiques pris en compte. Il est à noter que l’ensemble de ces
modèles concerne le soudage résistance par point.
En 1958, Greenwood et Williamson [86] développent un modèle montrant la
distribution des lignes de courant et des températures dans deux solides mis en contact
via une petite surface.
En 1961, Greenwood [87] développe le premier modèle de soudage par résistance
appliqué au soudage par point de deux tôles d’acier. Ce modèle axisymétrique utilise la
méthode des différences finies et prend en compte la variation des propriétés physiques
avec la température ainsi que la chaleur créée par effet Joule dans les volumes mais pas
celle créée au niveau des interfaces. En 1963, Bentley [88] montre l’insuffisance de ce
modèle dans la prévision des premiers instants de soudage à l’aide d’une comparaison
avec des examens métallographiques.
En 1967, Rice et Funk [89] développent un modèle monodimensionnel de transfert
thermique prenant en compte la génération de chaleur dans les volumes mais aussi à
l’interface, contrairement à Greenwood. Leur modèle montre que la génération de
chaleur aux interfaces est prépondérante en début de procédé mais a peu d’influence sur
le résultat final (notamment la forme et la taille du noyau fondu). Ce phénomène est
expliqué par un échauffement rapide de l’interface qui entraine une décroissance rapide
de la résistance de contact électrique (RCE).
En 1973, Chakalev [90] introduit la chaleur latente de fusion dans le modèle de
Greenwood. Une comparaison avec des résultats expérimentaux montrent un bon accord
des résultats simulés avec la dynamique de soudage.
En 1984, Nied [91] est le premier à utiliser la méthode des éléments finis à l’aide du
logiciel ANSYS®. Il est aussi le premier à réaliser un calcul mécanique en prenant en
compte l’évolution des températures obtenues par le modèle thermique. On parle alors
de modèle thermomécanique. Le modèle mécanique est par la suite utilisé pour simuler
la taille des contacts après la phase d’accostage.
On notera qu’en 1987, Gould [92] introduit les changements de phase dans le modèle
monodimensionnel de Rice et Funk. Cependant, la comparaison expérimentale montre
les limites du modèle monodimensionnel.
En 1990, Dickinson [93] utilise le logiciel ANSYS® et prend en compte la déformation
mécanique tout au long du procédé avec une analyse séquentielle thermique mécanique.
En 1992, Thieblemont [94] développe avec le logiciel SYSWELD® un couplage des
équations électriques et thermiques. On parle alors de couplage électrothermique.
La Figure 3.1 synthétise les avancées majeures de la simulation du soudage par
résistance réalisées entre 1958 et 1992.
- 48 -
Figure 3.1 : Synthèse des avancées majeures dans le développement de la simulation du soudage par résistance appliqué au soudage par point
Avec la puissance de calcul qui évolue rapidement, les modèles sont maintenant
capables de prendre en compte l’ensemble des phénomènes décrits ci-dessus. Depuis 20
ans, les modèles ont encore évolués et tendent vers une caractérisation plus fine des
conditions interfaciales [72, 83, 95, 96] ou encore vers un couplage avec des calculs de
résistance mécanique [97]. On notera aussi la réalisation par Li [98] d’un modèle
prenant en compte les mouvements fluides du noyau fondu sous l’effet du champ
magnétique crée par le procédé dans le soudage par point.
La simulation du soudage par résistance a surtout évolué du fait de l’évolution des
modèles concernant le soudage par point. Cependant ces études sont au moins en partie
transposables au cas du soudage par résistance en bout.
3.1.2. Phénomènes physiques en cours de soudage
Le procédé de soudage par résistance peut induire des phénomènes thermiques,
électriques, mécaniques (des solides ou des fluides) et métallurgiques. Ces différents
phénomènes influent les uns sur les autres. Ces interactions ont été schématisées par
Dupuy [99] et sont représentées sur la Figure 3.2.
Greenwood &
Williamson
1958
Modèle électrique
Modèle thermique
Greenwood
1961
Différences finies
Effet Joule dans les volumes
Rice & Funk
1967
Propriétés des matériaux dépendantes de la température
Chaleur latente de fusion
Chakalev
1973
Nied
1984
Transformations de phases
Gould
1987
Eléments finis
Dickinson
1990
Modèle
thermomécanique
Couplage séquentiel
thermique - mécanique
Thieblement
1992
Couplage
électrothermique
Effet Joule aux interfaces
Modèle numérique - 49 -
Figure 3.2 : Phénomènes physiques impliqués dans la simulation du soudage par résistance [99]
Selon les applications et selon les objectifs de la simulation numérique, seule une
partie de ces phénomènes peut être simulée.
3.1.2.1. Les phénomènes électriques
D’après la Figure 3.2, on observe que la prise en compte des phénomènes électriques
permet le calcul de l’effet Joule dans les volumes et aux contacts. L’effet Joule est la
principale source de chaleur en soudage par résistance.
Thieblemont [94] a montré que, compte-tenu des caractéristiques physiques des aciers
et des épaisseurs mises en jeu en soudage par point (de l’ordre de 1 mm), la phase
transitoire électromagnétique est inférieure à 10 µs. Pour le soudage par point, un calcul
stationnaire (indépendant du temps) électrocinétique est suffisant.
En simulation du soudage par point, l’effet Peltier et l’effet Thomson sont
généralement négligés vis-à-vis de la prépondérance de l’effet Joule dans le cas du
soudage par point avec un courant alternatif. L’effet de peau est aussi négligé compte
tenu de la fréquence du courant (50 Hz) et de la dimension des pièces.
- 50 -
L’utilisation d’un courant non alternatif (continu, redressé lissé…) limite l’effet de
peau mais augmente l’effet Peltier et l’effet Thomson.
3.1.2.2. Les phénomènes thermiques
La chaleur est générée par effet Joule. Le calcul thermique doit donc calculer la
diffusion de la chaleur afin de définir la température en chaque point et à chaque
instant.
Comme le montre la Figure 3.2, le calcul de la température permet d’utiliser des
propriétés des matériaux et de contact dépendantes de la température pour les calculs
électriques, thermiques et mécaniques ainsi que de calculer les transformations
microstructurales et les déformations dues à la dilatation thermique.
Contrairement aux phénomènes électriques, les phénomènes thermiques sont
beaucoup plus lents (constante de temps de l’ordre de la seconde) et un calcul
instationnaire (fonction du temps) thermique est nécessaire [94].
3.1.2.3. Les phénomènes mécaniques
Le modèle mécanique permet de calculer le déplacement des pièces et donc leurs
déformations et les contraintes générées.
Comme le montre la Figure 3.2, le calcul mécanique permet de prendre en compte la
dépendance des propriétés des contacts avec la pression de contact ainsi que de calculer
les transformations métallurgiques dépendantes de la déformation.
Dans le cas du soudage par résistance en bout, la déformation des pièces peut être
suffisamment importante pour générer une modification des lignes de courant par
création ou suppression de zones en contact.
L’actualisation de la géométrie a été développée et utilisée pour la première fois par
Dickinson en 1992 [93]. Elle a montré son importance dans plusieurs études portant sur
le soudage par point afin de prévoir l’étendue de la zone de contact entre les deux tôles
ou encore entre les tôles et les électrodes [95, 100].
Il a été montré que les résistances de contact électrique (RCE) et thermique (RCT)
pouvaient dépendre de la pression locale au contact [72]. Le calcul mécanique permet
donc d’ajuster ces valeurs en fonction de la pression.
3.1.2.4. Les phénomènes métallurgiques
Le calcul métallurgique permet de prévoir la taille et la nature des zones
transformées.
Comme le montre la Figure 3.2, la simulation des phénomènes métallurgiques permet
la prise en compte de l’évolution des propriétés des matériaux en fonction des phases
présentes, de la possible déformation créée par les changements de phase ainsi que de la
chaleur latente de fusion.
En simulation numérique, les transformations métallurgiques sont généralement
modélisées par des modèles mathématiques descriptifs des transformations et non
prédictif. Ces modèles utilisent les résultats thermiques afin de calculer les proportions
des différentes phases [101, 102].
3.1.2.5. La mécanique des fluides
D’après la Figure 3.2, la mécanique des fluides permet la simulation du
refroidissement des électrodes qui influe sur les phénomènes thermiques.
Modèle numérique - 51 -
La simulation du refroidissement des électrodes est plus communément réalisée par
un coefficient d’échange ou une température imposée que par simulation de la
mécanique des fluides dans l’électrode. La mécanique des fluides peut par exemple être
utilisée pour des calculs de durée de vie des électrodes [103]. L’influence du mécanisme
de refroidissement des électrodes est faible lorsque celui-ci se situe loin de la zone soudée
[104].
3.1.2.6. Les contacts
D’après la Figure 3.2, la conduction thermique et la conduction électrique des contacts
sont des liens entre les phénomènes thermiques, mécaniques et électriques. La
conduction thermique des contacts est liée à la prise en compte d’une RCT (résistance de
contact thermique) qui limite les échanges de chaleurs entre deux surfaces. La
conduction électrique est elle liée à une RCE (résistance de contact électrique) qui génère
de la chaleur par effet Joule au niveau des interfaces.
Les conditions interfaciales entre pièces (p-p) ainsi qu’entre pièces et électrodes (p-e)
sont des points critiques des simulations numériques du soudage par résistance. Alors
que, dès 1967, Rice et Funk montrent que la RCE p-p a peu d’influence sur le résultat
final en soudage par point [89], il a été montré que cette valeur a une forte influence sur
le développement de la soudure [95, 105].
De même, la RCT p-e et la RCE p-e ont une influence significative en soudage par
points puisque les électrodes sont très proches du noyau fondu et que le refroidissement
des pièces est réalisé principalement par conduction vers les électrodes [83].
L’estimation des valeurs des RCE et RCT est fondamentale et complexe [72, 83, 95,
96]. De nombreux modèles mathématiques ont été proposés depuis les années 1950,
permettant d’estimer la valeur et l’évolution de ces résistances en fonction de différents
paramètres. On peut distinguer plusieurs types de modèles en fonction des paramètres :
Des modèles descriptifs [95, 105, 106] : Ces modèles décrivent l’évolution des
résistances de contact en fonction de la température et de la pression. Puisque
aucune donnée liée aux matériaux en contact (excepté la température de fusion) ni
liée à la rugosité des surfaces en contact n’est intégrée dans ces modèles, ceux ci
nécessitent la connaissance de certaines valeurs des résistances qui doivent donc être
mesurées expérimentalement.
Des modèles liés à la géométrie [107] : Ces modèles permettent d’estimer les
résistances à partir des données géométriques de la surface (taille de contact, nombre
de contact, rugosité…). La connaissance des paramètres géométriques de contact
dans le cas de surfaces réelles est très complexe.
Des modèles liés au matériau [70] : Ces modèles utilisent principalement la dureté ou
la limite élastique comme paramètre d’entrée. Cependant, ils possèdent aussi des
coefficients afin d’ajuster le modèle et nécessite donc la connaissance de résultats
expérimentaux.
Des modèles mixtes [71, 108]: Ces modèles utilisent à la fois des données
géométriques et des données du matériau. Ces modèles possèdent alors de très
nombreux paramètres dont l’identification nécessitent généralement l’utilisation de
mesures expérimentales.
Pour l’ensemble des modèles, on notera qu’une confrontation avec des valeurs
obtenues expérimentalement est requise.
L’introduction de ces résistances dans le modèle par éléments finis peut être réalisée
par deux méthodes.
- 52 -
Une méthode liée à l’introduction de mailles de contact [109] permet d’introduire
directement la RCE et la RCT et permet la mise en contact de nouvelles surfaces en
cours de calcul.
Une seconde méthode considère une couche de mailles volumiques localisée à
l’interface et de très petite taille. La résistivité électrique de cette couche de mailles
est alors ajustée afin que la traversée de la couche de mailles génère une résistance
équivalente à la résistance du volume additionné de la résistance de contact [70, 106,
110].
3.1.3. La simulation du soudage par résistance en bout
Contrairement a la simulation du soudage par point, les ressources disponibles sur la
simulation du soudage par résistance en bout sont moins abondantes.
Kerstens et Richardson en 2008 [110] proposent un modèle 3D électrothermique
réalisé avec le code Marc-Mentat. Aucun modèle mécanique n’est introduit et la RCE
entre pièces est simulée par une couche de mailles volumiques. L’objectif de ce modèle
est l’évaluation des disparités thermiques le long du joint suite à une disparité de
chargement électrique. Ce modèle très simple permet aux auteurs d’atteindre leur
objectif.
Monnier en 2006 [84, 111] propose un modèle 2D-axisymétrique du soudage par
résistance en bout réalisé à l’aide du logiciel ANSYS®. L’étude traite du cas du soudage
en bout de rivets en cuivre OFHC (Oxygen Free High Conductivity) pour des
applications de contacteurs électriques. Ce modèle utilise le principe du couplage
séquentiel électrothermique-thermomécanique. La particularité de ce modèle repose
dans la simulation des résistances de contact qui est réalisée géométriquement par
l’introduction d’aspérités sur l’une des surfaces. Le profil de cette surface est équivalent
à la rugosité mesurée expérimentalement et permet de disposer d’un modèle prédictif ne
nécessitant pas de mesure préalable de résistances de contact. Ce modèle est présenté
sur la Figure 3.3.
Figure 3.3 : Modèle éléments finis du procédé de soudage par résistance en bout avec prise en compte de la rugosité à l’interface [84, 111]
Une analyse de sensibilité du modèle aux variations des propriétés du matériau (à
plus ou moins 50 %) montre que la résistivité électrique, la chaleur spécifique et la
masse volumique ont une influence significative sur les températures obtenues au
contact. L’analyse de sensibilité du modèle aux paramètres opératoires montre que
Modèle numérique - 53 -
l’intensité du courant est plus influente que la force au regard de la différence de
potentiel au contact, résultat confirmé expérimentalement.
En 2010, Hamedi et al. [112] proposent un modèle de soudage par résistance en bout
dans le cadre de l’assemblage d’un capteur de pression d’huile. Ce modèle 2D-
axisymétrique est réalisé à l’aide du logiciel ANSYS®. Le principe du couplage
séquentiel électrothermique-thermomécanique est utilisé et permet de mettre en contact
de nouvelles surfaces au cours du procédé. La résistance de contact est considérée
dépendante de la température. Sa dépendance est estimée à l’aide de la limite élastique
des matériaux en contact. La particularité de ce modèle est la simulation d’un essai de
traction à la suite de la simulation du soudage. Dans ce cadre, un critère basé sur la
température atteinte (765 °C) et la distance entre nœuds permet de définir quels sont les
nœuds qui ont formé une liaison métallique. Aucune indication quant à la méthode de
détermination de ces valeurs n’est indiquée. La simulation numérique montre que la
température maximale est obtenue au niveau des surfaces en contact. La comparaison
des résultats expérimentaux et numériques des tests de traction montre que la
simulation prévoit les effets des paramètres opératoires sur la résistance mécanique.
Cependant, des différences peuvent apparaitre pour des courants d’intensité élevée. Les
auteurs reportent que le modèle peut être limité dans sa capacité de prédiction du fait de
l’estimation de la résistance de contact électrique entre les pièces.
Une simulation thermomécanique par éléments finis à l’aide du logiciel ANSYS® a
été proposée par l’équipe américaine du centre Idaho National Laboratory en 1991 [77]
dans le cadre du soudage par résistance d’un gainage combustible en alliage ODS. Très
peu d’informations sur les hypothèses du modèle sont disponibles notamment en ce qui
concerne la méthode d’obtention des informations thermiques (utilisation d’un calcul
électrostatique ou source de chaleur équivalente). Le modèle prend en compte la
géométrie du gainage ainsi que celles des électrodes de soudage. La simulation
numérique indique un soudage en deux étapes. La Figure 3.4 présente un exemple des
résultats obtenus avec cette simulation numérique.
Figure 3.4 : Températures et déformations obtenues par simulation numérique par éléments finis du procédé de soudage par résistance appliqué à un gainage en acier
ODS [77]
Durant les premiers instants (1,5.10-6 s), le chauffage est plus important au niveau de
la gaine et plus particulièrement sur le point intérieur de la gaine en contact avec le
bouchon. La gaine dépasse alors largement la température de fusion (température
maximale de 2700 °C) et la deuxième phase consiste en l’expulsion du métal fondu issu
de la partie de la gaine dépassant de l’électrode. Aucune indication concernant la
Déformation à 1,5 ms Températures à 0,5 ms
- 54 -
méthode utilisée pour simuler l’éjection de matière n’est disponible. Le bouchon vient
alors s’écraser sur le bourrelet formé par la gaine qui s’écrase sur son électrode. Les
auteurs indiquent que si la force n’est pas correctement maintenue durant tout le
procédé, une surchauffe apparait ce qui entraine une recristallisation, une croissance de
grains ou une éjection de matière très importante. Cependant, les informations
disponibles ne permettent pas de savoir si ce résultat provient de la simulation
numérique ou de résultats expérimentaux.
En 2010, la même équipe présente un modèle 3D du soudage par résistance en bout
réalisé à l’aide du logiciel COMSOL [56] dans le but de l’appliquer au cas du soudage des
gainages combustibles en alliage ODS. Le développement du modèle est en cours et trop
peu d’informations sont actuellement disponibles pour connaitre les hypothèses du
modèle.
3.1.4. Conclusions de l’étude bibliographique
Les modèles de soudage par résistance en bout sont issus des avancés dans les
modèles de soudage par point. La puissance de calcul actuel permet de prendre en
compte de nombreux phénomènes physiques ainsi que de les coupler entre eux.
Tout comme en soudage par point, la modélisation des résistances de contact
électrique et thermique dans le cas du soudage par résistance en bout est fondamentale.
Dans le cas du soudage par résistance en bout des gainages combustibles, de fortes
déformations sont attendues. Dans ce cas, l’actualisation des surfaces de contact est
développée.
3.2. Propriétés du modèle numérique
L’objectif est de développer une simulation numérique du procédé de soudage par
résistance en bout appliqué au cas du soudage des gainages combustibles en alliage
ODS. Le modèle numérique est développé pour l’alliage ODS PM2000 KKL6.
Les hypothèses et les choix de modélisation sont issus des informations
bibliographiques, de la nécessité de développer une simulation robuste et utilisable pour
de nombreux jeux de paramètres opératoires ainsi que des spécificités du logiciel
SYSWELD (version 2009 à 2011). La simulation développée se base sur un modèle
2D-axisymétrique composé d’un calcul électrothermique (ET) couplé séquentiellement
avec un modèle thermomécanique (TM). Les alliages à 20 % massique en chrome ne
possèdent pas de transformation métallurgique. Les phénomènes métallurgiques ne sont
donc pas pris en compte dans le modèle numérique à l’exception de la chaleur latente de
fusion.
Dans la suite, les hypothèses du modèle numérique sont présentées puis certaines de
ces hypothèses sont discutées.
3.2.1. Géométrie et maillage
Le maillage comprend le bouchon, la gaine ainsi que les deux électrodes de soudage
entourant les pièces (voir Chapitre 2, paragraphe 2.3.1). Les maillages utilisés pour le
calcul ET et le calcul TM sont légèrement différents l’un de l’autre (enveloppe
géométrique identique mais discrétisation différente). Le maillage ET est composé de
quadrangles à 4 nœuds alors que le modèle TM est composé de quadrangles à 8 nœuds.
Le maillage est présenté sur la Figure 3.5.
Modèle numérique - 55 -
Figure 3.5 : Maillage utilisé pour le calcul ET (cas Lg = 0,8 mm)
Les dimensions de la géométrie maillée sont celles des éprouvettes présentées dans le
Chapitre 2, paragraphe 2.2. Pour Lg = 0,5 mm, le maillage ET comporte 2171 nœuds et
2130 éléments alors que le maillage TM comporte 6341 nœuds et 2114 éléments. Ce
maillage a été choisi afin de limiter les temps de calcul et en accord avec le test de
convergence.
Le maillage est affiné dans les zones proches du contact et dans la gaine, là où les
plus fortes déformations et les gradients thermiques les plus importants sont attendus.
Le maillage des surfaces de contact fera l’objet du paragraphe 3.2.4.
3.2.2. Propriétés des matériaux
Les propriétés matériaux du PM2000 utilisées dans le modèle numérique sont issues
de mesures expérimentales réalisées au cours de cette étude ainsi que de donnée issues
de la littérature. Le modèle ET utilise quatre paramètres : La conductivité électrique, la
conductivité thermique, la masse volumique et la capacité calorifique massique.
La définition des propriétés du modèle TM est plus complexe que celle des propriétés
du modèle ET. En effet, il est nécessaire de définir le modèle d’écrouissage (loi de
plasticité). Compte tenu que les propriétés TM de l’alliage PM2000 sont assez
méconnues, nous avons choisi un modèle d’écrouissage élastoplastique (critère de Von
Mises) linéaire à écrouissage isotrope. La loi de comportement d’un modèle
élastoplastique ainsi que le calcul de la contrainte équivalente de Von Mises en fonction
des contraintes principales dans les trois directions (σ1, σ2 et σ3) sont présentés sur la
Figure 3.6.
Bouchon
Axe de
révolution
Gaine Electrodes
1 mm
5 mm
- 56 -
Figure 3.6 : Loi de comportement élastoplastique et contrainte équivalente de Von Mises utilisées pour la simulation des propriétés TM de l’alliage PM2000
Cette loi de comportement se définie donc avec trois paramètres : Le module de Young
(E), la limite élastique (σE) et la pente d’écrouissage (H). La dilatation thermique s’ajoute
aux paramètres du modèle TM.
Les données complètes en fonction de la température sont présentées en Annexe 3.
Au-delà de 1490 °C, on considère qu’il y a formation d’une phase liquide. Dans ce cas,
il y a annulation de l’historique d’écrouissage du matériau et la température ne peut
dépasser 1490°C (dans le calcul TM uniquement). Cependant, la phase liquide ne
possède pas de propriétés mécaniques particulières dans le modèle. Les résultats
obtenus lorsqu’un point dépasse 1490 °C seront donc à analyser avec précaution.
Nous avons évalué l’erreur obtenue du fait d’une variation individuelle de ± 20 % de la
valeur d’une des propriétés matériaux ET ou TM. Les observables choisis sont les
températures obtenues au contact initial entre pièces ainsi que le déplacement (Chapitre
2, paragraphe 2.4.1.3) au cours du temps. Les résultats montrent une variation des
températures obtenues inférieure à 5 % (la conductivité électrique est le paramètre le
plus influent) et une variation du déplacement inférieur à 8% (la limite élastique est le
paramètre le plus influent). Dans l’ensemble des cas, on observe que les phénomènes
thermiques (localisation des points les plus chauds, forme des isothermes) et mécaniques
(forme de la déformée, affaissement globale) sont semblables. Une erreur d’évaluation
des propriétés matériaux de cet ordre de grandeur (± 20 %) ne remet donc pas en cause
les résultats obtenus numériquement.
3.2.3. Conditions aux limites et chargements
Les conditions aux limites ainsi que les chargements doivent reproduire les
sollicitations auxquelles les pièces sont soumises en cours de soudage. On peut les
distinguer en 3 familles :
Les sollicitations électriques pour simuler le passage du courant ;
Les sollicitations thermiques pour simuler le refroidissement des électrodes ;
Les sollicitations mécaniques pour simuler le bridage ainsi que la force appliquée.
La localisation des conditions aux limites est représentée sur la Figure 3.7. Leurs
caractéristiques sont détaillées par la suite.
Déformation
E
H
σ = σE
2
1
133221 )²()²()²(2
1
Contrainte équivalente de Von Mises :
Contrainte
Modèle numérique - 57 -
Figure 3.7 : Localisation des surfaces d’application des chargements et des conditions aux limites des modèles ET et TM
3.2.3.1. Sollicitations électriques
Expérimentalement, l’installation est pilotée en courant. Dans la simulation
numérique, le chargement doit donc s’effectuer en courant. Ainsi on impose une densité
de courant uniforme sur la surface 2 alors que la surface 1 est maintenue à un potentiel
nul. La densité de courant imposée est équivalente au courant de consigne de
l’installation expérimentale (Chapitre 2, paragraphe 2.4.1.1). Les oscillations du courant
(courant redressé lissé) ne sont pas représentées ce qui facilite la convergence des
calculs.
Nous avons souhaité connaitre l’erreur commise par la simulation du courant de
consigne et non du courant réel. Du fait d’un courant efficace d’une intensité plus élevée
(Chapitre 2, paragraphe 2.4.1.1), l’introduction du courant réel engendre une
température plus importante de 10 % en moyenne mais pouvant atteindre 20%
localement. Une augmentation de 30 % du déplacement finale est aussi observée.
Cependant, les phénomènes thermiques et mécaniques considérés sont identiques dans
les deux cas et seules des modifications quantitatives sont à noter.
Il est à noter que le temps de calcul nécessaire à la simulation numérique du courant
réel est le double du temps nécessaire pour la simulation du courant de consigne (1 h
contre 30 minutes). De plus, la simulation du courant réel nécessite sa mesure préalable
et donc la réalisation d’un essai. Les différences observées compte tenu du temps de
calcul nécessaire ne justifient pas l’utilisation du courant réel dans la simulation
numérique.
3.2.3.2. Sollicitations thermiques
Dans le cas du soudage par résistance, la source de chaleur est l’effet Joule. Il est
calculé à l’aide des sollicitations électriques. Aucune autre source de chaleur n’est prise
en compte.
Expérimentalement, le refroidissement des pièces est assuré par la circulation d’eau
dans les supports en laiton sur lesquels reposent les électrodes. Le refroidissement des
électrodes est modélisé par une température imposée du fait des vitesses de soudage
rapides et de la faible influence du mécanisme de refroidissement des électrodes lorsque
celui-ci se situe loin de la zone soudée [104]. Afin de simuler ce refroidissement, une
température de 20°C a été imposée sur les surfaces 1 et 2.
Compte tenu de la petite taille des pièces et des temps de soudage très courts mis en
œuvre, aucun coefficient d’échange n’a été défini sur les surfaces extérieures. Toutes les
autres surfaces en contact avec l’extérieur sont donc considérées comme adiabatiques.
Conditions d’axisymétrie
1 2
3
4
y
x
O
- 58 -
3.2.3.3. Sollicitations mécaniques
Les sollicitations mécaniques permettent de simuler l’application de la force au cours
du procédé. Le bridage des pièces doit aussi être pris en compte. Afin de simuler
l’application de la force sur la partie mobile, une pression uniforme selon Ŕ(Oy) est
appliquée sur la surface 4 correspondant à la surface de contact avec la butée. Sa valeur
est calculée en fonction de la force de consigne. La montée à la valeur nominale est
réalisée avant la monté du courant. Afin de représenter l’appui en butée de la gaine, la
surface 3 est bloquée en déplacement selon (Ox) et selon (Oy). Afin de représenter le
serrage des électrodes à l’aide des mors, l’ensemble des nœuds des électrodes est bloqué
selon (Ox).
3.2.4. Surfaces de contact
La simulation du soudage par résistance demande une gestion avancée des surfaces
en contact d’un point de vue ET et d’un point de vue TM. Les surfaces de contact sont
représentées sur la Figure 3.8.
Figure 3.8 : Localisation des surfaces de contact pour la simulation numérique des contacts ET et TM
Différentes catégories de surfaces de contact peuvent être définies en fonction de leur
localisation (entre pièces ou entre pièces et électrodes) ainsi que de leur existence avant
le soudage (surface A et surface C) ou de leur formation en cours de soudage (surface B
ou surface D). Le Tableau 3.1 récapitule leur localisation, leur type. Leurs
caractéristiques sont détaillées dans les paragraphes suivants.
Préexistante Formée en cours de soudage
Pièce-Pièce (p-p) Surface C Surface D
Pièce-Electrode (p-e) Surface A Surface B
Tableau 3.1 : Catégories des surfaces en contact
3.2.4.1. Contact préexistant entre pièces (surface C)
3.2.4.1.1. Contact ET
Dans le calcul ET, une RCE est introduite entre les deux surfaces de contact à l’aide
de mailles de peau (maille 1D) [109] ainsi qu’une procédure spécifique à Sysweld de
A
A
A
A
B
C
D
Modèle numérique - 59 -
contact généralisé [113]. Le coefficient d’échange thermique du contact est fixé tel que le
contact soit considéré comme parfait d’un point de vue thermique.
En soudage par résistance en point, il a été montré que la RCE p-p est de première
importance dans le développement initial du point soudé [88, 89]. Cette grandeur a donc
été déterminée expérimentalement. La méthode de caractérisation ainsi que l’évolution
de la RCE p-p avec la température sont présentées en
Annexe 4. La RCE p-p est de 2,5 mOhm.mm² à 20 °C et devient quasi nulle à 800 °C.
Nous avons souhaité évaluer l’influence de cette RCE p-p. En l’absence de RCE p-p
(i.e. RCE p-p = 0), on observe que le chauffage initial au niveau de l’interface n’est pas
observé mais que les champs de températures et la déformée obtenus en fin de procédé
de soudage (t = 13 ms) ne s’en trouvent que très peu affectées comme on peut l’observer
sur la Figure 3.9.
Figure 3.9 : Comparaison des résultats obtenus (températures et déformée) par simulation numérique avec ou sans RCE p-p
(Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2200 N ; 16 kA ; 13 ms ; 0,5 mm).
En 1967, Rice et Funk [89], ont montré, sur un modèle monodimensionnel du soudage
par point, que la RCE p-p jouait un rôle prépondérant dans les premiers instants de
développement du point soudé mais pas sur le résultat final. Ces conclusions semblent
donc aussi valables dans le cas du soudage par résistance en bout d’un gainage
combustible.
L’absence de RCE p-p entraine donc une variation importante dans l’histoire
thermique de la soudure mais une variation modérée sur l’état final. On justifie donc
l’effort particulier mis en place pour la caractérisation de la RCE p-p même si une erreur
dans son estimation n’entraine que peu de variation sur l’état thermique final.
3.2.4.1.2. Contact TM
En cours de soudage, les surfaces de contact p-p peuvent subir des déplacements
relatifs (glissement, ouverture du contact…). Cependant, le besoin de développer une
simulation robuste et l’absence de caractérisation des propriétés tribologiques de l’alliage
PM2000 justifie que le contact TM n’a pas été modélisé. Le maillage TM considère une
continuité du maillage à l’interface. Par conséquence, aucun mouvement relatif des
surfaces en contact avant soudage n’est possible.
Tem
pér
atu
res
(°C
)
T°max= 1368°C
t = 13 ms
Sans RCE p-p Avec RCE p-p
T°max= 1372°C
t = 2 ms t = 13 ms
Tem
pér
atu
res
(°C
)
Tem
pér
atu
res
(°C
)
Tem
pér
atu
res
(°C
)
T°max= 152°C T°max= 307°C
t = 2 ms
- 60 -
3.2.4.2. Contact préexistant entre pièce et électrode (surface A)
3.2.4.2.1. Contact ET
Afin de faciliter la convergence du calcul, la méthode de la couche de mailles
volumiques de conductivité électrique équivalente a été utilisée. Cette couche de maille
d’une épaisseur de 20 µm est introduite dans le maillage de l’électrode au niveau du
contact avec la pièce. Cette couche présente une conductivité électrique telle que la
résistance électrique soit équivalente à celle présentée par la résistance de volume de la
couche additionnée de la RCE p-e. Cette valeur a été déterminée expérimentalement.
Elle est de 70 mOhm.mm² à 20°C et devient quasi nulle à partir de 320 °C. La méthode
de détermination de la valeur de la RCE p-e est présentée en Annexe 4. En revanche,
aucune RCT p-e n’est introduite.
3.2.4.2.2. Contact TM
Le contact mécanique p-e n’est pas modélisé car la mise en place des pièces assure
l’absence de glissement des pièces dans les électrodes. Le maillage TM considère donc
une continuité du maillage au niveau de l’interface.
3.2.4.3. Contact entre pièces formées en cours de soudage (surface D)
Lors de sa déformation, la gaine peut entrer en contact avec la surface chanfreinée du
bouchon. Il est donc nécessaire de définir les propriétés de ce contact.
3.2.4.3.1. Contact ET
Le contact est considéré comme effectif lorsque la distance entre un nœud de la gaine
et le chanfrein du bouchon est inférieure à un seuil de valeur définie par l’utilisateur (un
seuil de 10 µm a été choisi pour faciliter la convergence des calculs). Le contact présente
alors les mêmes propriétés que le contact p-p préexistant, à savoir une RCT nulle et une
RCE comme définie sur la Figure 7.
3.2.4.3.2. Contact TM
Le contact mécanique est réalisé à l’aide de mailles de peau (maille 1D) sur les
surfaces en contact. L’algorithme de contact 2D généralisé du code SYSWELD est utilisé.
Le contact est considéré comme glissant et seules des forces normales aux surfaces en
contact sont exercées sur les nœuds.
3.2.4.4. Contact entre pièce et électrode formé en cours de soudage (surface B)
Lors de sa déformation, la gaine peut entrer en contact avec la surface chanfreinée de
l’électrode. Il est donc nécessaire de définir les propriétés de ce contact.
3.2.4.4.1. Contact ET
Le contact ET est considéré comme effectif à partir du moment où un nœud de la
gaine est à une distance inférieure à 10 µm du chanfrein de l’électrode.
Le contact présente alors une RCE indépendante de la température de 0,07 Ω.mm²
(RCE p-e estimée à 20°C). Une RCT quasi nulle est introduite entre ces surfaces.
Les hypothèses réalisées sur ce contact n’ont que très peu d’influence sur le calcul. En
effet, si ce contact n’est pas pris en compte, on observe une variation des températures
au contact entre pièce inférieure à 1 %. Localement, au niveau du bourrelet externe, on
observe une température supérieure de 10 % qui entraine un affaissement supérieur de
6%. Encore une fois, cette hypothèse n’a aucune influence sur les phénomènes
Modèle numérique - 61 -
thermiques et mécaniques principaux et les variations sont essentiellement
quantitatives.
3.2.4.4.2. Contact TM
La modélisation du contact TM p-e est strictement identique à celle réalisée pour le
contact TM p-p formé en cours de soudage (paragraphe 3.2.4.3.2).
3.2.5. Méthode de calcul - couplage
Le logiciel SYSWELD met en œuvre un couplage fort des équations électriques
stationnaires et thermiques instationnaires [113] selon le formalisme développé par
Thieblemont en 1992 [94].
Les dimensions utilisées dans le soudage en bout des gainages combustibles sont de
l’ordre du millimètre et sont donc considérée s suffisamment proches pour reprendre
les hypothèses de Thieblemont à notre cas de soudage (voir paragraphe 3.1.2.1). Le
calcul ET considère donc les phénomènes électriques comme statiques et les phénomènes
thermiques comme transitoires. Les calculs ET sont effectués avec un pas de temps
(Δttherm) de 0,1 ms. De plus l’effet de peau sera négligé du fait de l’utilisation d’un courant
continu ainsi que l’effet Thomson et l’effet Peltier du fait de la prépondérance de l’effet
Joule.
Le calcul TM est réalisé en « statique transitoire » c'est-à-dire que les températures
évoluent au cours du temps mais chaque calcul est réalisé en statique. Le calcul est
réalisé avec un pas (Δtmeca) de 0,1 ms lorsque les pièces se déforment peu et diminue à
0,01 ms lors de l’affaissement des pièces.
Dans le cas du soudage en bout, de fortes déformations sont prévisibles et il est donc
nécessaire d’actualiser la géométrie et les surfaces de contact.
Afin d’actualiser régulièrement la géométrie au cours de calcul ET, une procédure de
calcul séquentiel a été réalisée en SIL (langage d’interface avec le programme
SYSWELD). Cette procédure permet de séquencer automatiquement les calculs ET avec
les calculs TM. Puisque des maillages différents sont utilisés pour le calcul ET et le
calcul TM, le transport des données physiques (température, déplacement …) d’un
maillage à un autre est nécessaire à chaque étape. Un schéma simplifié du modèle et de
la procédure de couplage est présenté sur la Figure 3.10 et un schéma complet est
présenté en Annexe 5.
- 62 -
Figure 3.10 : Schéma simplifié de la procédure de couplage séquentiel des calculs ET et TM
La fréquence d’actualisation de la géométrie (Δtactu) varie au cours du calcul. Elle est
de 1 ms lorsque les pièces se déforment peu et diminue à 0,1 ms lorsque les pièces
s’affaissent.
Les valeurs des différents pas de temps et de la période d’actualisation de la
géométrie ont été choisies afin de limiter la durée des de calculs et en accord avec le test
de convergence.
3.3. Mise à l’épreuve de la simulation numérique
Il est nécessaire de vérifier sa cohérence avec les résultats expérimentaux. Trois
points seront abordés dans ce paragraphe. Dans un premier temps, une comparaison
thermique est réalisée. Ensuite, on réalisera une comparaison avec les mesures en cours
de soudage et enfin, la déformée sera comparée.
3.3.1. Comparaison thermique
Nous avons vu qu’il était très complexe de mesurer les températures en cours de
soudage (Chapitre 2, paragraphe 2.4.1.6). La simulation numérique doit permettre de
palier cette lacune. Cependant afin d’utiliser les températures simulées, il est nécessaire
de réaliser une comparaison thermique entre les résultats des simulations et des essais
expérimentaux pour évaluer la cohérence et la précision des calculs.
Afin de répondre à cette problématique, un stage a été réalisé au sein du laboratoire
(I.Serrano Ŕ 2010). Le sujet porte sur la validation expérimentale des cycles thermiques
simulés lors du procédé de soudage par résistance appliqué aux gainages combustibles.
Pour obtenir une information expérimentale de la température durant le procédé de
soudage par résistance, un matériau à transformation de phases a été choisi. Le
matériau a été choisi selon trois critères principaux :
Propriétés mécaniques en
fonction de la température
Géométrie déformée;
Nouveaux contacts
Conductivité
électrique en fonction de la
température
Electrique
Potentiels
Thermique
Températures
Mécanique
Déplacements
Effet Joule
Calcul électrothermique (ET)
Calcul thermomécanique (TM)
ET TM
Extraction des déplacements et
mise à jour de la géométrie t = t+Δtactu
Extraction des températures et mise à jour
des propriétés mécaniques en fonction de
la température
Fin du calcul ? t = 0
Modèle numérique - 63 -
Transformations métallurgiques lors de l'échauffement caractérisées pour différentes
valeurs de vitesse de chauffage et n'évoluant plus à partir d'une certaine vitesse.
Possibilité d'évaluer la température atteinte lors du soudage à posteriori à l'aide
d'une caractéristique du matériau (modification de la dureté liée à la transformation
de phase et à la dissolution de carbure).
Pas de transformation de phase autre qu'austénite/martensite lors du
refroidissement dans les conditions du soudage par résistance (refroidissement
rapide).
Ainsi, l'analyse et l'interprétation des phases en présence dans la pièce après soudage
permettent d'identifier les champs de températures maximales obtenus dans les pièces
au cours de l'opération de soudage.
Le matériau à transformation de phases choisi pour cette étude spécifique est l'acier
EN X37CrMoV5-1. Il fait partie de la famille des aciers à outils pour travail à chaud et
est classé dans la catégorie des aciers résistants aux chocs thermiques. Ces
caractéristiques sont reportées en Annexe 6.
Afin de prendre en compte les transformations métallurgiques dans la simulation et
de les comparer avec les essais expérimentaux, un module métallurgique est introduit.
Les transformations métallurgiques à l’échauffement sont calculées par SYSWELD à
l’aide d’un modèle de Leblond et les transformations au refroidissement par un modèle
de Koistinen-Marburger [102]. Ces deux modèles permettent de décrire les diagrammes
TTV et TRC.
Les propriétés mécaniques de l’acier de test étant méconnues, le modèle utilisé est le
modèle électro-thermo-métallurgique sans prise en compte de l’aspect mécanique. De ce
fait nous nous contenterons d’étudier des cas de cycles de soudage pour lesquels il n’y a
que pas ou peu de déformation.
La comparaison est réalisée à l’aide des géométries utilisées pour les alliages 20Cr et
porte sur deux configurations :
La géométrie gaine-bouchon avec grande longueur de gaine dépassant de l’électrode :
l’objectif est de pouvoir évaluer la précision des températures simulées loin des
électrodes.
La géométrie gaine-bouchon en configuration de soudage : l’objectif est de réaliser un
essai dans les mêmes conditions que lors du soudage des alliages 20Cr (pour autant
le soudage n’est pas atteint puisque la plage de soudabilité du X37CrMoV5-1 peut
être très différente de celle des alliages 20Cr et que nous devons rester dans des cas
de faible déformation).
Chaque essai est instrumenté et les pièces sont ensuite découpées puis observées au
microscope optique après attaque métallographique. Des mesures de dureté complètent
l’analyse.
3.3.1.1. Hors configuration de soudage
L’objectif est, dans un premier temps, d’évaluer la précision des températures
simulées loin des électrodes. Un cycle de soudage est donc réalisé sur éprouvette
représentative de la géométrie du gainage mais avec une longueur de gaine dépassant de
l'électrode bien supérieure à celle utilisée lors d'une opération de soudage sur gainage en
acier ODS.
On réalise un essai instrumenté ainsi qu’une simulation numérique avec les
paramètres opératoires (Fs, Is, ts ; Lg ) = (2000 N, 15 kA, 10 ms ; 3 mm) ;
La Figure 3.11 présente les cartographies des températures maximales et la
répartition des phases finales obtenues par simulation numérique.
- 64 -
Figure 3.11: Résultats obtenus lors de la simulation numérique sur un matériau témoin pour (Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2000 N ; 15 kA ; 10 ms ; 3 mm)
a. Champ de températures maximales simulées; b. Simulation de la proportion de martensite à la fin du procédé de soudage;
L'observation de la Figure 3.11 indique que la température maximale atteinte dans la
pièce au cours de l'opération de soudage est supérieure à la température de début
d’austénitisation Ac1 (910 °C), et qu'il y a donc formation d'une zone transformée. La
simulation montre que les températures maximales sont obtenues dans la gaine. Le
point le plus chaud est localisé au niveau du repère 1, à la jonction gaine-bouchon vers
l’intérieur de la gaine.
L'ensemble de la partie de la gaine dépassant de l'électrode est transformé sauf au
niveau du repère 2 où une zone non transformée existe.
La Figure 3.11 présente les macrographies des pièces réalisées lors de l’essai
expérimental correspondant.
Te
mpéra
ture
(°C
) P
roport
ion d
e m
art
ensite
a.
b.
1
2
4
1
3 2
Modèle numérique - 65 -
Figure 3.12: Macrographies (coté droit et gauche) après attaque métallographique sur le matériau témoin après le cycle de soudage
(Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2000 N ; 15 kA ; 10 ms ; 3 mm)
L’objectif n’est pas ici de réaliser le soudage de cet acier mais d’étudier les cycles
thermiques. Ainsi, le fait que les pièces soient ou ne soient pas soudées n’est pas un
critère retenu.
Les macrographies après soudage montrent en premier lieu une légère disparité entre
le coté gauche et le coté droit (on notera la présence d’un trou coté gauche lié au perçage
réalisé pour le sertissage d’un fil de mesure).
Coté droit, on observe une zone transformée dans la gaine. Ce résultat est
qualitativement en accord avec la simulation. La forme de la zone non transformée
proche du bouchon (repère 2) est légèrement différente de celle prédite par la simulation.
Cependant, la forme est proche de la forme des champs de températures simulés. La
forme de la zone transformée proche de l'électrode (repère 3) est différente de celle
prédite en simulation. Les mesures de dureté dans la partie de gaine transformée coté
droit indiquent des duretés comprises entre 430 Hv0,1 et 500 Hv0,1. D'après le diagramme
TTV (Annexe 6), ce niveau de dureté correspond à des températures atteintes comprises
entre 1100 et 1250 °C. La simulation indique dans cette zone une température atteinte
de 1130 °C ce qui indique un bon accord quantitatif.
Coté gauche, la zone transformée ne couvre pas l’intégralité de la partie de gaine
dépassant de l’électrode. On y observe cependant 3 zones transformées. La première
située à l’intérieur du contact (repère 1) avec une légère extension de la zone transformée
dans le bouchon (repère 4) est bien représentée par la simulation puisque le point le plus
chaud se situe ici. Le deuxième point transformé (repère 3) correspond au point de
contact avec l’électrode et n’est pas correctement représenté par la simulation numérique
qui ne prédit ni transformation ni point chaud. Enfin, la partie de gaine dépassant de
l’électrode est en majeure partie non transformée (seule la partie de gaine proche du
perçage est transformé, repère 5). Dans la partie de gaine dépassant de l’électrode, la
simulation prédit une température de 1100 °C soit 190 °C au dessus de Ac1 (910 °C).
Compte tenu du fait qu’il n’y ait pas de transformation observée, la simulation surestime
la température de près de 200 °C soit environ 20 %.
Cependant, cette valeur est équivalente à la dispersion observée entre coté droit
(dureté indiquant une température de 1100°C) et coté gauche (pas de transformation
indiquant une température inférieure à 910°C).
Gauche
Droite
2
2
1
3
Position estimée de
l'électrode
3
1
Trou lié au sertissage
d’un fil de mesure
4 5
- 66 -
La simulation montre donc sa capacité à estimer la position des points les plus chauds
sous condition de se placer loin des électrodes. L’estimation des températures atteintes
est alors bonne compte tenu de la dispersion observée expérimentalement entre le coté
droit et le coté gauche.
3.3.1.2. Configuration de soudage
Le deuxième essai sur ce matériau à transformation de phase est réalisé dans des
conditions de soudage comparables à celles utilisées pour le soudage des gaines
combustibles en acier ODS. Par rapport au point central du plan PM2000-1, seule
l’intensité du courant diffère de façon à conserver l’hypothèse des petites déformations.
On réalise un essai instrumenté ainsi qu’une simulation numérique avec les
paramètres opératoires (Fs, Is, ts ; Lg) = (2200 N, 13 kA, 13 ms ; 0,5 mm);
La Figure 3.11 présente les cartographies des températures maximales et des phases
finales obtenues par simulation numérique.
Figure 3.13: Résultats obtenus lors de la simulation numérique sur un matériau témoin pour (Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2200 N ; 13 kA ; 13 ms ; 0,5 mm)
a. Champ de températures maximales simulées; b. Simulation de la proportion de martensite à la fin du procédé de soudage
Comme observé précédemment, la simulation montre une formation du point chaud
au passage bouchon-gaine sur le coté intérieur du joint (repère 1). La température
atteinte dans la gaine est supérieure à 910 °C. On observe alors une zone transformée
dans la partie de la gaine dépassant de l'électrode qui s’étend en partie dans le bouchon
(repère 4).
La Figure 3.11 présente les macrographies des pièces réalisées lors de l’essai
expérimental correspondant.
Te
mpéra
ture
(°C
)
Pro
port
ion d
e m
art
ensite
b. a.
2
1
4
Modèle numérique - 67 -
Figure 3.14: Macrographies (coté droit et gauche) après attaque métallographique sur le matériau témoin après le cycle de soudage
(Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2200 N ; 13 kA ; 13 ms ; 0,5 mm)
Les macrographies après soudage montrent en premier lieu une disparité entre le coté
gauche et le coté droit.
Considérant le coté gauche (coté le plus transformé), on observe une zone transformée
qui commence au niveau de la position de l'électrode (repère 3) et s’étend jusque dans le
bouchon (repère 4). Le coté le plus extérieur de la gaine près du bouchon (repère 2) n'est
quand à lui que peu ou pas transformé. Ce résultat est qualitativement en accord avec la
simulation.
Considérant le coté droit, on observe une zone transformée au niveau de la jonction
bouchon-gaine du coté intérieur de la gaine (repère 1). La taille et la forme de cette zone
transformée est qualitativement en accord avec la zone de plus haute température
repérée par la simulation. Cependant la taille de la zone transformée est plus petite que
celle calculée par la simulation numérique.
Coté gauche, dans le bouchon (repère 4), les mesures de microdureté Vickers
indiquent des valeurs comprises entre 450 Hv0,1 et 550 Hv0,1 ce qui, d'après la Figure 10,
correspond à des températures atteintes comprises entre 1150 °C et 1350°C. La
simulation nous indique des températures atteintes dans cette zone comprises entre
1000° et 1300°C (gradient important). La simulation est donc en bon accord quantitatif.
La filiation de microdureté dans la gaine, coté gauche, est présentée sur la Figure 3.15
2
1
1 Gauche Droite
3
Posi
tion
est
imée
de l
'éle
ctro
de
Posi
tion
est
imée
de l
'éle
ctro
de
4
- 68 -
Figure 3.15: Filiation de dureté dans la gaine sur le matériau témoin après le cycle de soudage (Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2200 N ; 13 kA ; 13 ms ; 0,5 mm)
On observe cinq zones avec des paliers de microdureté différents.
Entre le point n°1 au point n°4 (zone A), on se trouve dans la partie de la gaine proche
du bouchon à l'extérieur de la gaine (repère 2). Cette zone semble peu ou pas
transformée. La température devrait donc être inférieure à Ac1 (950°C). Cependant les
mesures de microdureté présentent des valeurs comprises entre 450 Hv0,1 et 500 Hv0,1.
D'après le diagramme TTV, ces valeurs correspondent à des températures atteintes
comprises entre 1100 °C et 1200 °C. Du fait des gradients thermiques importants, il
semble donc difficile d’évaluer précisément les températures. La simulation indique dans
cette zone une température atteinte comprise entre 900 et 1050°C (fort gradient de
température). L'écart entre les mesures de microdureté et la simulation reste donc faible
(inférieure à 20 %) compte tenu des fortes variations de température dans cette zone.
Entre le point n°5 et le point n°8 (zone B), on observe des valeurs de microdureté
comprises entre 600 Hv0,1 et 775 Hv0,1. D'après la Figure 10, ces valeurs correspondent à
des températures atteintes supérieure à 1275 °C (775 Hv0,1 est supérieur à la dureté
maximale renseignée dans le diagramme TTV). La simulation indique dans cette zone
une température atteinte comprise entre 1250°C et 1320°C (fort gradient de
température). L'écart entre les mesures de microdureté et la simulation est donc très
faible compte tenu des fortes variations de température dans cette zone.
Entre le point n°9 et le point n°10 (zone C), on observe des valeurs de microdureté
comprises entre 850 Hv0,1 et 900 Hv0,1. Ces valeurs ne sont pas reportées sur le
diagramme TTV et la température est donc estimée comme supérieure à 1300 °C. La
température simulée est de 1300 °C, ce qui montre un bon accord entre la simulation et
les températures estimées expérimentalement.
Entre les points 10 et 13 (zone D), les valeurs de microdureté chute brutalement. Les
températures simulées rendent bien compte de cette chute. Du fait des gradients très
importants, il est difficile d’estimer précisément les températures dans cette zone. Ces
valeurs correspondent à des températures comprises entre 950 et 1300 °C ce qui est en
bon accord avec la simulation.
Entre les points 13 et 15 (zone E), on retrouve la microdureté du métal de base et la
zone n’est pas transformée. Les températures sont donc inférieures à Ac1 (950°C).
Les niveaux de microdureté mesurés sur le coté gauche de la pièce semblent indiquer
que la simulation rend bien compte des variations de température au sein de la gaine et
permet d’estimer avec une bonne précision les températures atteintes.
15.
1
11 6
0
100
200
300
400
500
600
700
800
900
1000
0 5 10 15Numéro de points
Dure
tés V
ickers
HV
0,1
600
700
800
900
1000
1100
1200
1300
1400
Tem
péra
ture
sim
ulé
e (
°C)
B
A
C D E
C B A D E
Températures évaluées expérimentalement à l’aide
de la dureté et du diagramme TTV
Modèle numérique - 69 -
3.3.1.3. Conclusion de la comparaison thermique
Les résultats indiquent que les localisations des transformations, leurs étendues ainsi
que la valeur des températures obtenues sont en bon accord avec les essais sauf en ce qui
concerne les zones proches des électrodes. Les différences de température observées
entre simulation et expérimentation sont du même ordre de grandeur que les différences
obtenues entre le coté droit et le coté gauche des pièces (manque d'homogénéité
circonférentielle).
Enfin, cette étude a été réalisée dans le cas des faibles déformations et l’analyse des
températures obtenues après déformation devra être réalisée avec prudence.
3.3.2. Comparaison avec les mesures en cours de soudage
L’installation expérimentale SOPRANO est instrumentée avec plusieurs capteurs
permettant de suivre la force, l’intensité du courant, le déplacement et la différence de
potentiel entre les mors en fonction du temps comme indiqué dans le Chapitre 2,
paragraphe 2.4.
L’objectif est ici de comparer les données mesurées avec les données issues de la
simulation numérique. La comparaison, ici locale, porte sur le point central du plan
d’expérience PM2000-1 (voir Chapitre 2, paragraphe 2.6) à savoir
(Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2200 N ; 16 kA ; 13 ms ; 0,5 mm). La comparaison plus globale sur
l’ensemble de la plage des paramètres opératoires est réalisée au Chapitre 4.
Les résultats numériques obtenus avec le modèle de référence sont comparés aux
mesures expérimentales. La Figure 3.16 présente les évolutions du déplacement, de la
résistance électrique entre les mors (Rmors) et de l’énergie électrique dissipée obtenues
par les mesures expérimentales et par la simulation numérique.
Figure 3.16: Comparaison entre les mesures expérimentales (trait plein) et les données obtenues par simulation numérique (pointillé) du déplacement, de la
résistance entre les mors et de l’énergie en fonction du temps pour (Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2200 N ; 16 kA ; 13 ms ; 0,5 mm)
3.3.2.1. Comparaison du déplacement
La comparaison du déplacement simulé et du déplacement mesuré montre l’existence
de plusieurs étapes. Entre 2 ms et 6 ms, on observe sur les deux courbes une légère
augmentation du déplacement. A partir de 6 ms, les deux courbes montrent une
décroissance liée à la phase d’affaissement. Le déplacement mesuré décroit plus
rapidement que celui simulé. A la fin de la phase de soudage, la valeur du déplacement
simulé est inférieure à la valeur du déplacement mesuré (265 µm contre 346 µm).
La différence dans la cinétique d’évolution du déplacement ainsi que dans les valeurs
peut s’expliquer par les propriétés du matériau à haute température évaluées par
extrapolation de données issues de la littérature. L’hypothèse du contact collant entre
pièces peut lui aussi expliquer une partie de la différence (voir paragraphe 3.3.4.2).
3.3.2.2. Comparaison de la résistance entre les mors
Au début du procédé (t < 3 ms), on observe une diminution rapide de la résistance
électrique entre les électrodes pour les données mesurées ainsi que pour les données
simulées. On observe ensuite une décroissance plus lente jusqu’à l’affaissement des
pièces. Après affaissement des pièces, on observe sur la résistance mesurée que la valeur
n’évolue quasiment plus. L’affaissement étant plus lent dans la simulation, cette
stagnation n’est pas observée.
La simulation rend bien compte des variations de résistance obtenues en cours de
soudage. Cependant, la simulation surestime la valeur de la résistance de 20 à 30 %.
La résistance engendrée par la RCE p-e est prédominante dans la mesure de
résistance entre les mors (environ 50 % de la valeur mesurée). La différence entre la
résistance électrique simulée et mesurée provient donc probablement d’une différence
dans la valeur de RCE p-e introduite dans la simulation et les valeurs réelles. En effet,
celle-ci peut varier en fonction, entre autre, des électrodes utilisées ainsi que de leur état
d’usure.
3.3.2.3. Comparaison de l’énergie électrique dissipée
La comparaison de l’énergie électrique dissipée montre que la simulation tend à sous-
estimer cette valeur avec une différence sur l’énergie finale de 100 J soit 20 % de la
valeur de cette dernière. Cette différence provient du fait que le courant de consigne et
donc le courant simulé est plus faible que le courant réel. Cependant, l’évolution de
l’énergie simulée est semblable à celle mesurée.
3.3.2.4. Conclusion sur la comparaison avec les mesures
La simulation permet de rendre compte de l’évolution de grandeurs mesurées. La
différence dans l’estimation de la valeur des grandeurs est de l’ordre de 20 %. La
cinétique d’évolution du déplacement est la grandeur la moins bien représentée. Malgré
ces différences, la bonne représentation des évolutions montre que la simulation rend
compte des principaux phénomènes physiques en cours de soudage. Cette conclusion
s’étend sur l’ensemble de la plage des paramètres opératoires testés. Le Chapitre 4
détaille les éléments de comparaison utilisés sur l’ensemble de la plage des paramètres
opératoires.
3.3.3. Comparaison de la déformée finale
La déformée simulée est comparée avec la forme de la soudure observée après découpe
et attaque métallographique de la soudure. La comparaison est représentée sur la Figure
3.17.
Modèle numérique - 71 -
Figure 3.17 : Comparaison de la déformée simulée de la soudure (en pointillé) avec la forme observée par microscopie optique (après attaque métallographique) pour
(Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2200 N ; 16 kA ; 13 ms ; 0,5 mm)
La déformée simulée montre que la partie de gaine dépassant de l’électrode est la
zone la plus déformée, phénomène aussi observé expérimentalement. La gaine prend
appui sur l’électrode de soudage dans les deux cas.
Cependant, la forme des bourrelets interne et externe simulés ne correspond pas à la
morphologie observée expérimentalement. Le bourrelet externe observé
expérimentalement est plus important que celui simulé. Au niveau du bourrelet externe,
il semble que la gaine glisse le long du chanfrein du bouchon et qu’elle est poussée vers
l’extérieur. Cet effet n’est pas pris en compte par la simulation du fait que le contact
initial entre pièces est modélisé par une continuité du maillage. Le bourrelet interne
simulé est quant à lui plus important que celui observé expérimentalement. Différentes
hypothèses sont proposées pour expliquer ce phénomène :
Le glissement de la gaine au niveau du contact peut entrainer un déplacement
généralisé de la partie de gaine dépassant de l’électrode vers l’extérieur réduisant la
quantité de matière à l’intérieur de la gaine et augmentant celle à l’extérieur.
La partie interne de la gaine subit les plus hautes températures. Les hypothèses
réalisées sur les propriétés mécaniques du matériau à haute température peuvent
aussi entrainer la différence observée.
Sur la macrographie après attaque métallographique, on observe que le bourrelet
interne est composé de grains allongés indiquant un passage à l’état liquide. La
simulation numérique ne prend pas en compte les propriétés d’une phase liquide et
donc ne modélise pas la possible éjection de matière en fusion réduisant la taille du
bourrelet.
La comparaison de la déformée obtenue montre encore une fois la limitation du
modèle dans la prédiction quantitative (méconnaissance des propriétés matériaux à
hautes températures) et même qualitative (modélisation du contact par continuité du
maillage) des phénomènes mécaniques.
3.3.4. Conclusion et discussion de la mise à l’épreuve
La simulation numérique permet de rendre compte des températures obtenues dans
les pièces dans le cas des faibles déformations avec une précision acceptable puisque
celle-ci est de l’ordre de grandeur des différences observées le long de la circonférence de
la soudure. La simulation numérique permet aussi de rendre compte de l’évolution des
grandeurs mesurées en cours de soudage. Deux points de divergence ont été mis en
avant.
Déformée
simulée
250µm
Bourrelet interne
Bourrelet externe
Zone en appui sur l’électrode
Partie de gaine
ayant glissé
Vers l’extérieur du gainage Vers l’intérieur du gainage
- 72 -
3.3.4.1. Températures proche de l’électrode
Les températures simulées proches des zones de contact avec l’électrode peuvent être
sous estimées. Par simulation numérique, il est possible de montrer que la température
obtenue en ce point était fortement dépendante de la valeur de la RCT introduite entre
les pièces et les électrodes.
La valeur de la RCT choisie est de 5 W-1.mm².K. Cette valeur est le cas extrême pour
lequel la température proche de l’électrode dépasse la température de fusion. Cependant
cette valeur correspond aussi à l’ordre de grandeur de la RCT entre un acier et du cuivre
rapportée dans plusieurs études [83, 114]. La comparaison des champs thermiques avec
et sans RCT p-e est présentée sur la Figure 3.18.
Figure 3.18 : Comparaison des résultats obtenus par simulation numérique (températures et déformée) avec ou sans RCT p-e. (Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2200 N ; 16 kA ; 13 ms ; 0,5 mm)
Lorsqu’une RCT p-e est présente, un point chaud se forme au niveau de la jonction
entre la gaine et l’électrode. Ce point chaud grandit au fur et à mesure du temps. A
t = 13 ms, on observe que le point le plus chaud se trouve proche de l’électrode
contrairement au calcul réalisé sans RCT p-e et atteint des températures supérieures à
la température de fusion.
La RCT p-e à donc une influence importante sur les champs de températures
obtenues proche de l’électrode. Plus on s’éloigne de l’électrode et moins son influence est
importante. De fait, plus l’électrode est proche du contact p-p (Lg faible) et plus il faut
s’attendre à ce que le point chaud formé proche de l’électrode modifie la température au
contact par conduction thermique.
L’évaluation des températures proches de l’électrode à l’aide de la simulation
numérique devra donc être réalisée avec prudence puisque la température de cette zone
dépend de caractéristiques interfaciales entre l’électrode et la pièce que nous n’avons pas
pu mettre en œuvre (mesure de RCT). Cependant nous n’avons pas intégré
systématiquement une RCT dans le modèle puisque comme montré sur la Figure 3.11, la
présence du point particulièrement chaud proche de l’électrode n’est pas systématique et
peut apparaitre d’un coté de la soudure sans pour autant apparaitre de l’autre.
3.3.4.2. Comportement lors de l’affaissement et glissement de la gaine
Nous avons observé que l’affaissement obtenu par simulation numérique était plus
lent et moins important que celui obtenu expérimentalement. De plus la comparaison de
la déformée montre l’existence d’un glissement de la gaine le long du chanfrein du
bouchon.
Tem
pér
atu
res
(°C
)
T°max= 1368°C
t = 13 ms
Avec RCT p-e Sans RCT p-e
T°max= 1520°C
t = 5 ms
Tem
pér
atu
res
(°C
)
t = 5 ms
Tem
pér
atu
res
(°C
)
Tem
pér
atu
res
(°C
)
t = 13 ms
Modèle numérique - 73 -
Un calcul a été réalisé dans lequel un contact glissant entre pièce a été introduit selon
la même procédure que pour le contact mécanique p-p (voir paragraphe 3.2.4.3.2).
Figure 3.19 : Comparaison des résultats obtenus par simulation numérique en fonction de la nature du contact mécanique entre pièces (collant ou glissant) pour
(Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2200 N ; 16 kA ; 13 ms ; 0,5 mm) a : Champ de température simulée ; b : Déformée ; c : Déplacement en fonction du
temps)
L’ensemble des observables est identique jusqu’à t = 5,5 ms, temps à partir duquel
l’affaissement commence dans le cas du contact glissant.
A t = 5,5 ms, on observe une ouverture du contact extérieur dans le cas du contact
glissant et l’affaissement commence. A t = 13 ms, on observe que le contact glissant
génère un bourrelet extérieur de taille plus importante et un bourrelet interne de taille
plus réduite ce qui correspond mieux aux observations expérimentales de la déformée.
Le contact glissant engendre un affaissement plus important et plus rapide dont la
valeur finale représente mieux l’affaissement final mesuré. Cependant, il entraine aussi
un affaissement plus précoce, phénomène qui n’est pas observé dans les mesures
expérimentales. Cela montre que la situation réelle se trouve entre ces deux cas
extrêmes (contact frottant). Il est aussi tout à fait possible que le contact réel passe d’un
régime plutôt glissant à un régime plutôt collant au cours du procédé du fait de la
température.
Malheureusement, nous n’avons pas pu réaliser de caractérisation tribologique du
contact p-p. Nous avons donc choisit de conserver le contact collant afin d’éviter les
problèmes de convergence des calculs.
-0,45
-0,40
-0,35
-0,30
-0,25
-0,20
-0,15
-0,10
-0,05
0,00
0,05
0 0,005 0,01 0,015
Dép
lacem
ent (
mm
)
Temps ( s )
(2200 N, 16kA, 13 ms, 0,5 mm)
Mesure Expérimentale
Simulation - Contact collant
Simulation - contact glissant
Contact collant Contact glissant
Tem
pér
atu
res
(°C
) T°max= 1307°C T°max=1368 °C
t = 13 ms t = 6 ms
T°max=1092 °C
t = 6 ms
T°max=1273 °C
t = 13 ms
Déformée –
contact glissant
Déformée –
contact collant
a.
b. c.
- 74 -
3.4. Conclusion
Le modèle numérique du procédé de soudage par résistance appliqué au gainage
combustible a été développé à l’aide du logiciel SYSWELD. Il prend en compte les
phénomènes électriques, thermiques, mécaniques impliqués dans l’opération de soudage
par résistance. Une procédure spécifique de couplage séquentiel a été mise en place afin
d’actualiser la géométrie au fur et à mesure du calcul électrothermique.
La simulation comparée à des essais expérimentaux montre une bonne capacité à
rendre compte des températures obtenues dans le cadre de petites déformations. La
simulation montre aussi une bonne capacité à rendre compte des évolutions des
grandeurs mesurées expérimentalement (Différence de potentiel entre les mors,
déplacement). La déformée obtenue par simulation est représentative mais présente des
différences locales au niveau des bourrelets internes et externes du fait de la
méconnaissance des propriétés mécaniques et tribologiques.
La simulation est donc performante pour évaluer les phénomènes électriques et
thermiques avant déformation. Lorsque les pièces commencent à se déformer la
simulation est alors représentative des phénomènes observées mais est limitée quant à
leurs quantifications. Les résultats obtenus numériquement lorsque les pièces se
déforment doivent donc être utilisés avec précaution. De plus, il a été montré que la
simulation pouvait ne pas être représentative des phénomènes de chauffage proches des
électrodes du fait des hypothèses réalisées sur les conditions interfaciales entre pièces et
électrodes.
Influence des paramètres opératoires sur le soudage - 75 -
Chapitre 4
Influence des paramètres opératoires sur le
soudage
L’objectif de ce chapitre est d’évaluer l’influence des paramètres opératoires sur les
sollicitations électriques, thermiques et mécaniques en cours de soudage de l’alliage
PM2000. L’influence de ces sollicitations sur la métallurgie des matériaux soudés sera
étudiée dans le chapitre suivant.
Dans un premier temps, les phénomènes électriques, thermiques et mécaniques
seront identifiés. Chaque phénomène sera associé à une ou plusieurs mesures
caractéristiques provenant d’essais expérimentaux ou de simulations numériques dans
le but de définir les réponses du plan d’expérience. L’influence des paramètres
opératoires sur les phénomènes physiques présents en cours de soudage (thermiques,
électriques, mécaniques) sera alors étudiée.
4.1. Identification des phénomènes physiques
L’identification des phénomènes physiques en cours de soudage est réalisée à l’aide
d’un parallèle entre la simulation numérique et les mesures expérimentales réalisées sur
le point central du plan d’expérience n°1 réalisé sur PM2000 (PM2000-1). Les
paramètres opératoires sont donc (Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2200 N ; 16 kA ; 13 ms ; 0,5 mm). Ce
point central permet d’illustrer les phénomènes typiques observés sur l’ensemble de la
plage de paramètres opératoires testée. Les variations autour de ce point seront étudiées
dans les paragraphes suivants à l’aide du formalisme des plans d’expériences.
La distribution des températures en cours de soudage obtenue par simulation
numérique, le déplacement mesuré et simulé ainsi que la résistance mesurée entre les
- 76 -
mors et la température calculée au contact initial p-p (T°ctc) sont présentés sur la Figure
4.1.
Figure 4.1 : Résultats numérique et expérimentaux pour (Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2200 N ; 16 kA ; 13 ms ; 0,5 mm)
a. : Températures et déformée obtenue par simulation numérique b. :Températures minimale, moyenne et maximale au contact p-p et déplacement en
fonction du temps obtenus par simulation numérique c. : Déplacement et résistance entre les mors en fonction du temps obtenus par
mesure en cours de soudage
4.1.1. Chauffage des interfaces
Durant les premières millisecondes (t < 5 ms), la température au niveau du contact
entre les pièces à souder augmente rapidement d’après la simulation (>100 °C/ms), et la
résistance entre les mors diminue. En effet, au début du procédé, les valeurs élevées de
la RCE p-p et de la RCE p-e entrainent un chauffage plus important à ces contacts par
effet Joule. Cette augmentation de température aux contacts diminue alors les valeurs
de RCE, et entraîne une diminution de la résistance entre les mors. Les RCE diminuant,
la génération de chaleur aux contacts devient plus faible.
Le déplacement évolue peu pour t < 5 ms. Cependant, la mesure expérimentale
montre une légère diminution du déplacement (-6 µm) entre t = 0 ms et t = 2 ms qui n’est
pas observée par simulation numérique. Cette phase est suivie d’une phase
d’augmentation (jusqu’à 4 µm) qui cette fois ci est observée par simulation numérique et
est peut être attribuée à la dilatation thermique des pièces. La diminution initiale du
-0,95
-0,75
-0,55
-0,35
-0,15
0,05
0
400
800
1200
1600
2000
0 0,005 0,01 0,015
Dép
lacem
nent (
mm
)
Tem
péra
utr
e ( °
C )
Temps ( s )
2200N; 16kA; 13ms; 0,5mm
T°ctc - Simulation Déplacement - Simulation
-0,95
-0,75
-0,55
-0,35
-0,15
0,05
0,E+00
2,E-04
4,E-04
6,E-04
8,E-04
1,E-03
0 0,005 0,01 0,015
Dép
lacem
ent (
mm
)
Rm
ors
( O
hm
)
Temps ( s )
2200N; 16kA; 13ms; 0,5mm
Résistance électrique- Exp. Déplacement - Exp.
Ele
ctro
des
Ele
ctro
des
Gaine
Gaine
Bouchon Bouchon
Lg
2 ms 7 ms 13 ms
Max.
Moy.
Min.
(a)
(b) (c)
2 ms 7 ms 13 ms
200 µm
Influence des paramètres opératoires sur le soudage - 77 -
déplacement est supposée due à des micro-ajustements du contact mécanique suite au
chauffage des contacts (déformation des aspérités, glissement).
4.1.2. Chauffage des volumes
Il y a un changement de régime à partir de t = 5 ms. Le soudage passe d’un régime où
le chauffage aux interfaces est prépondérant à un régime où le chauffage dans les
volumes (notamment de la partie de gaine dépassant de l’électrode, voir Figure 2.9) le
devient.
Entre t = 5 ms et t = 7 ms, la vitesse de chauffage au contact p-p diminue et la
diminution de la résistance entre les mors se fait, elle aussi, moins marquée.
L’augmentation du déplacement, due à la dilatation thermique, se poursuit jusqu'à
t = 7 ms, temps à partir duquel l’affaissement commence.
Au niveau des champs de températures, un déséquilibre thermique est observé entre
la gaine et le bouchon. Les températures les plus élevées se situent dans la gaine. En
effet, le passage du bouchon massif à la gaine plus étroite génère une macro-constriction
du courant qui engendre une densité du courant plus élevée dans la gaine que dans le
bouchon augmentant ainsi l'effet Joule. Plus particulièrement, on observe un point
chaud localisé vers l’intérieur de la gaine et une zone de températures plus basses
localisée vers l’extérieur de la gaine. Ceci provient de la constriction de courant qui est
plus importante à l’intérieur de la gaine comme l’illustre la densité de courant électrique
obtenue par simulation numérique présentée sur la Figure 4.2.
Figure 4.2 : Densité de courant électrique normalisée obtenues par simulation numérique pour Lg = 0,5 mm
On observe bien une densité de courant électrique plus importante dans la gaine par
rapport au bouchon et plus particulièrement à l’intérieur du contact p-p ainsi qu’au
niveau du contact avec l’électrode.
Sous l’effet de l’augmentation de la température dans la gaine, les propriétés
mécaniques locales du matériau diminuent. Au bout d’un certain temps, la partie de
gaine dépassant de l’électrode atteint une température qui sous l’effet de la force
entraine l’écrasement de la gaine et conduit à l’affaissement des pièces.
Les phénomènes thermiques sont donc, après quelques millisecondes, principalement
pilotés par la différence de section macroscopique entre le bouchon massif et la gaine
plus étroite. Ce phénomène conduit alors au chauffage de la partie de gaine dépassant de
l’électrode et à son affaissement.
200 µm
Den
sité
de
cou
ran
t
no
rmal
isée
(%
)
Vers l’intérieur du gainage Vers l’extérieur du gainage
- 78 -
4.1.3. Affaissement - Déformation des pièces
L’affaissement des pièces intervient à t = 7 ms dans cet exemple. Il découle de la
diminution des propriétés mécaniques du matériau dans la partie de gaine dépassant de
l’électrode du fait de l’augmentation de température. On rappelle que lors de la
déformation, les informations issues de la simulation numérique sont à utiliser avec
précaution du fait que la cinétique de l’affaissement ainsi que la forme de la déformée
prévue par la simulation numérique. Elles présentent des disparités avec les observables
La résistance électrique continue de diminuer jusqu’à la fin de l’affaissement puis
reste constante jusqu’à la fin de l’application du courant. On notera que pour certains
paramètres opératoires, une singularité est observée sur la mesure de résistance
électrique. Cette singularité est analysée en Annexe 7.
Au niveau du déplacement mesuré, la diminution commence lentement puis accélère.
On observe à la fin de l’affaissement des oscillations dans la courbe de déplacement que
l’on suppose être dues à la rigidité de l’installation.
La déformation des pièces peut être analysée en observant la déformation des grains
alignés initialement dans la direction de la gaine. La Figure 4.3 présente la
macrographie typique d’un essai expérimental réalisé sur PM2000 où les déformations
sont mises en évidence par des traits noirs.
Figure 4.3 : Macrographie après attaque métallographique d’une soudure sur PM2000 avec mise en évidence de la déformation (traits noirs)
(Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2200 N ; 14 kA ; 10 ms ; 0,8 mm)
On observe que la zone la plus déformée est la partie de gaine dépassant de
l’électrode. Au cours de l’affaissement, la gaine semble glisser le long du chanfrein du
bouchon et un déplacement généralisé vers l’extérieur est observé. On observe que la
gaine prend appui sur le chanfrein de l’électrode.
La déformation de la gaine proche de l’électrode (repère A) forme alors un S
entrainant a priori des contraintes de cisaillement. Au niveau de l’intérieur du contact
(repère B), on observe que la matière est fortement déformée. Il a été montré par
simulation numérique que ce point était le point le plus chaud des pièces. Sous l’effet de
l’écrasement, la matière fortement chauffée (et pouvant être à l’état liquide) semble être
chassée vers l’intérieur et forme le bourrelet interne. Le bourrelet interne (repère C) est
ici en partie formé d’une zone fondue. Dans le cas présenté Figure 4.3, le bouchon n’est
pas déformé.
Forte
déformation
Mouvement de
matière
Position de
l’électrode
200µm
A B
C Vers l’extérieur du gainage Vers l’intérieur du gainage
Influence des paramètres opératoires sur le soudage - 79 -
4.1.4. Conclusion sur les phénomènes physiques
L’étape de soudage typique dans la plage de paramètres opératoires étudiée peut se
découper en trois phases consécutives mettant en jeu des phénomènes physiques
particuliers :
une phase de chauffage des interfaces durant les premières millisecondes : cette
phase est liée aux RCE et entraine une élévation rapide des températures aux
contacts qui ont pour effet de diminuer la résistance mesurée entre les mors.
une phase de chauffage des volumes s’étendant jusqu’à l’affaissement des pièces.
Cette phase est liée à la diminution des RCE suite à l’augmentation des
températures aux contacts. La constriction du courant dans la gaine étroite entraine
alors une augmentation de la température de la gaine. Cette augmentation de
température va entrainer l’affaissement de la gaine.
une phase d’affaissement des pièces et de déformation de la gaine. Durant cette
phase, la partie de gaine dépassant de l’électrode s’écrase entrainant une diminution
de la longueur des pièces et une déformation importante de la partie de gaine
dépassant de l’électrode. Une partie de la gaine est poussée vers l’extérieur et entre
en contact avec l’électrode. La partie la plus intérieure du joint est chassée vers
l’intérieur de la gaine et forme le bourrelet interne.
Ces phénomènes sont observés sur l’ensemble des essais. Cependant, il est évident
qu’en fonction des paramètres opératoires, des variations de l’intensité de ces différents
phénomènes (chauffage plus ou moins rapide, affaissement plus ou moins important…)
apparaissent. Dans le paragraphe suivant, nous analysons donc l’effet des paramètres
opératoires sur ces différents phénomènes dans le cas du PM2000.
4.2. Reproductibilité des mesures
Avant de s’intéresser à l’influence des paramètres opératoires sur les différents
phénomènes en utilisant les mesures en cours de soudage, il est nécessaire de
s’intéresser à la reproductibilité de celles-ci. La reproductibilité est illustrée sur le point
central du plan d’expérience (PM2000-1) pour lequel deux essais ont été réalisés (PM66
et PM67). La comparaison entre ces deux essais du déplacement et de la résistance entre
les mors est présentée sur la Figure 4.4.
Figure 4.4 : Comparaison du déplacement et de la résistance entre les mors obtenue par mesure en cours de soudage entre deux essais (PM66 et PM67) réalisés avec des
paramètres opératoires identiques sur PM2000 (Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2200 N ; 16 kA ; 13 ms ; 0,5 mm)
La variation de la résistance est inférieure à 10 µOhm, soit 2 % de la valeur mesurée
à t = 5 ms. Concernant le déplacement, l’affaissement commence 0,10 ms plus tôt pour
l’essai PM66 (pour un taff de 6,47 ms) et l’affaissement final présente une différence de
38 µm soit 10 % de la mesure.
On observe donc une variabilité inférieure à 10 % pour les mesures liées au
déplacement et de 2% pour celles liées à la différence de potentiel entre les mors
(résistance électrique et énergie). Cependant, nous avons observé que la valeur de
résistance électrique entre les mors peut varier de manière plus importante (10 %)
notamment lorsque les électrodes sont utilisées pour de nombreux essais (on observe
alors une augmentation de la résistance au fur et à mesure des essais).
Cependant, on notera que dans le cas du formalisme des plans d’expériences factoriels
complets, les effets sont calculés par la différence de deux moyennes comme indiqué ci-
dessous :
2 x Effet de Is = (moyenne des 8 essais avec Is = +1) – (moyenne des 8 essais avec Is = -1)
L’utilisation de ces moyennes permet de « lisser » les variations observées sur chaque
essai élémentaire. Par exemple, si pour une mesure, la distribution des valeurs mesurées
suit une loi normale d’écart-type σ0, l’effet calculé aurait pour écart-type σ0/16.
La disponibilité commerciale de l’alliage PM2000 ne nous a pas permis de réaliser
suffisamment d’essais pour connaitre la loi de distribution des mesures. Nous
retiendrons simplement que la reproductibilité des mesures est dans l’ensemble bonne
(variation de 10 % environ) et que le formalisme du plan d’expériences tend à diminuer
la variabilité des résultats.
4.3. Influence des paramètres opératoires
L’objectif est d’identifier l’influence des différents paramètres opératoires sur les trois
grandes phases de l’étape de soudage mettant en jeu des phénomènes physiques
particuliers (chauffage des interfaces, chauffage des volumes et affaissement). Le
formalisme des plans d’expériences adopté pour cette étude nécessite la définition de
« réponses ». Pour chaque phénomène physique dont on souhaite connaitre les variations
en fonction des paramètres opératoires, il est donc nécessaire d’identifier des mesures
qui serviront de « témoins » de ce phénomène.
La plage de paramètres opératoires étudiée est reportée dans le Tableau 2.3.
Paramètres opératoires
Fs (N) Is (kA) ts (ms) Lg (mm)
Niveaux -1 +1 -1 +1 -1 +1 -1 +1
Valeurs 1800 2600 14 18 10 15 0,2 0,8
Tableau 4.1 : Plage de paramètres opératoires étudiée pour l’alliage PM2000
Afin d’aider à l’interprétation des résultats, ce plan d’expériences a aussi été réalisé
par simulation numérique. Dans la suite de l’étude, les interactions entre facteurs seront
négligés car leur contribution est faible (inférieure à 10 % de l’effet principal le plus
important). Les contributions des résidus aux différentes réponses sont elles inférieures
à 5 % montrant la capacité de la régression linéaire à rendre compte de l’effet des
paramètres opératoires.
Influence des paramètres opératoires sur le soudage - 81 -
4.3.1. Le chauffage des interfaces
4.3.1.1. Identification des mesures
Le premier phénomène physique important est le chauffage aux interfaces. D’un point
de vue expérimental, ce chauffage est associé à une diminution des RCE p-p et p-e et
donc à une diminution de la résistance entre les mors. On peut donc utiliser la mesure de
résistance entre les mors à t = 5 ms (Rinit) comme mesure représentative du phénomène
de chauffage des interfaces (de façon plus précise, Rinit désigne la résistance moyenne
mesurée entre t = 5 ms et t = 6 ms). Cependant, nous avons observé (voir Annexe 4) que
la résistance entre les pièces n’était qu’une très faible partie de la mesure de résistance
entre les mors (environ 5 %). On utilisera donc aussi la simulation numérique et
notamment la valeur de la température du contact entre pièces à t = 5 ms (Tctcinit).
4.3.1.2. Influence des paramètres opératoires sur la résistance électrique initiale
On étudie l’influence des paramètres opératoires sur Rinit. Les effets des paramètres
opératoires obtenus expérimentalement et par simulation numérique sont exposés dans
le Tableau 4.2 .
Tableau 4.2 : Effets des paramètres opératoires sur la résistance initiale en milliohm obtenus par mesure en cours de soudage lors du plan PM2000-1 et par simulation
numérique de ce même plan
On rappelle que la constante représente la moyenne des mesures obtenues pour les 16
essais de chaque plan. Plus l’effet d’un paramètre opératoire est important (positivement
ou négativement) et plus le paramètre est influent sur la réponse.
Dans un premier temps, on observe que Lg et Is ont des effets importants alors que Fs
et ts ont des influences faibles.
ts devrait avoir une influence nulle puisque la mesure est réalisée avant l’arrêt du
courant. Les effets observés pour ts sont donc issus de la variabilité des mesures et nous
donne une indication quant à la précision des effets des autres facteurs.
Plus le courant est fort et plus il y a de chaleur générée par effet Joule aux contacts
donc plus la température augmente vite entrainant une diminution des RCE p-p et p-e.
L’effet de Lg n’apporte aucune information quant au chauffage des interfaces. En effet,
la résistance est modifiée du fait d’une longueur de gaine plus grande à traverser. Il n’est
pas possible d’accéder à son effet sur le chauffage des interfaces à l’aide de cette mesure.
Le peu d’influence de Fs sur cette mesure montre encore une fois que ce paramètre a
une influence trop faible (entre les bornes étudiées) sur la RCE p-p pour être détectée
par les mesures en cours de soudage (voir Annexe 4).
Les résultats obtenus par simulation numérique sont proches des résultats obtenus
expérimentalement avec des écarts inférieures à 3 % de la constante obtenue
expérimentalement (de manière générale, les écarts entre les deux plans seront exprimés
en pourcentage de la constante qui représente la valeur moyenne). Il est donc acceptable
PM2000-1 Simulation
Constante 232 236
Fs -5 - 1
Is -18 -11
ts -3 0
Lg 22 23
- 82 -
d’utiliser la simulation numérique pour analyser l’effet des paramètres opératoires sur le
chauffage des interfaces en début de procédé.
4.3.1.3. Influence des paramètres opératoires sur les températures au contact p-p
On utilise quatre températures issues de la simulation numérique pour caractériser le
chauffage à l’interface p-p.
La température moyenne au contact p-p à t = 5 ms noté Tctcinit-moy;
La température maximale au contact p-p à t = 5 ms noté Tctcinit-max;
La température minimale au contact p-p à t = 5 ms noté Tctcinit-min;
La différence entre la température maximale et la température minimale au contact
p-p à t = 5 ms noté ΔTctcinit.
On notera que l’estimation de la valeur des températures au contact par la simulation
ne doit être utilisée qu’à titre indicatif. En effet, le contact est une région de singularités
géométriques (aspérités) entraînant localement des gradients de température très
importants. Les températures obtenues dans la simulation doivent être vues comme des
températures « macroscopiques » au contact et ne donnent pas d’indication quant à la
valeur de la température obtenue localement au niveau des aspérités [115].
Les effets des paramètres opératoires sur ces quatre grandeurs sont présentés dans le
Tableau 4.3.
Tableau 4.3 : Effets des paramètres opératoires sur les températures caractéristiques du contact en degrés Celsius obtenus par simulation numérique
On observe que Is est le paramètre le plus influent sur les températures au contact. Lg
est le second paramètre ayant le plus d’influence. Fs et ts ont une influence très faible.
On observe qu’une augmentation de Is tend à augmenter la température au contact de
façon générale mais augmente l’hétérogénéité de température.
En revanche, une augmentation de Lg a pour seul effet d’accroitre l’écart entre la
température maximale et la température minimale sans pour autant augmenter la
température moyenne. Cela provient du fait que plus Lg est grand et plus les lignes de
courant sont concentrées vers l’intérieur de la gaine comme le montre les lignes de
courant simulées présentées sur la Figure 4.5.
Tctcinit-moy Tctcinit-max Tctcinit-min ΔTctcinit
Constante 777 1134 576 558
Fs -1 -6 0 -5
Is 73 115 42 72
ts 0 0 0 0
Lg 1 61 -16 78
Influence des paramètres opératoires sur le soudage - 83 -
Figure 4.5 : Répartition des lignes de courant en fonction de Lg
La concentration des lignes de courant entraîne une densité de courant plus élevée à
l’intérieur de la gaine ce qui augmente localement l’effet Joule.
4.3.2. Synthèse
En conclusion, seuls Is et Lg ont une influence significative sur le phénomène de
chauffage initial au contact p-p. Un Lg au niveau haut a pour conséquence un écart plus
important entre les températures maximales et minimales au contact sans pour autant
apporter une température moyenne plus importante. Is au niveau haut génère lui aussi
un écart plus important des températures mais permet aussi d’augmenter la
température générale au contact. D’après l’analyse numérique réalisée au Chapitre 3
(paragraphe 3.2.4.1), la valeur de la RCE p-p a aussi une influence importante sur le
phénomène de chauffage initial au contact.
4.3.3. Le chauffage des volumes
4.3.3.1. Identification des mesures
La seconde phase du soudage est le chauffage de la partie de la gaine dépassant de
l’électrode. Lorsque la température dans cette partie est suffisante pour permettre son
affaissement sous la force considérée, une décroissance du déplacement mesuré est
observée. Il est alors possible de caractériser la vitesse de chauffage de cette partie par la
mesure du temps de début d’affaissement (taff = temps à partir duquel un déplacement de
-0,02 mm est observé). On notera que pour certaines configurations, l’affaissement est
trop faible pour être détecté. Dans ces cas, le temps à l’affaissement (taff) sera considéré
égal au temps de soudage (ts).
Il est aussi possible d’évaluer les températures atteintes dans les volumes à t = 5 ms
et au moment de l’affaissement en utilisant la simulation numérique.
Enfin, on s’intéressera à la mesure de l’énergie électrique dissipée à
l’affaissement (Eaff).
4.3.3.2. Influence des paramètres opératoires sur le temps à l’affaissement
On étudie l’influence des paramètres opératoires sur taff. Les effets des paramètres
opératoires obtenus expérimentalement et par simulation numérique sont reportés dans
le Tableau 4.4.
Lg = 0,2 mm Lg = 0,8 mm
- 84 -
Tableau 4.4 : Effets des paramètres opératoires sur le temps à l’affaissement en millisecondes obtenus par mesure en cours de soudage lors du plan PM2000-1 et
par simulation numérique de ce même plan
Les paramètres opératoires les plus influents sur taff sont Lg et Is. Fs et ts possèdent
des influences plus faibles.
Un Fs plus élevé permet un affaissement plus précoce puisque les températures à
atteindre pour permettre l’affaissement sont plus basses.
Lorsque Is augmente, l’affaissement est également plus précoce. En effet, plus le
courant est élevé et plus l’effet Joule est important entrainant une élévation de
température accrue et donc l’obtention plus rapide de températures permettant
l’affaissement.
Même si taff est majoritairement mesuré avant t = ts, l’effet de ts n’est pas nul puisque
certains essais montrent un affaissement après l’interruption du courant. Cependant, il
est évident que ts n’a pas d’influence sur tous les phénomènes se déroulant avant la
descente en courant (t = 9 ms ou t = 14 ms).
Lorsque Lg augmente, l’affaissement est plus précoce. Lg a donc un effet important sur
la vitesse de chauffage des volumes ou sur les températures atteintes lors de
l’affaissement.
On montre que les résultats obtenus par simulation numérique sont proches de ceux
obtenus expérimentalement avec la même hiérarchie dans les paramètres opératoires et
une différence dans les valeurs inférieure à 2 % de la mesure. Il est donc possible
d’utiliser la simulation numérique afin de caractériser l’influence des paramètres
opératoires sur le phénomène de chauffage des volumes.
4.3.3.3. Influence des paramètres opératoires sur la température à t = 5 ms
Puisque ts et Fs ont peu d’influence sur taff, on étudiera uniquement les différences
engendrées par Lg et Is (Fs est fixé à 2600 N et son influence est négligeable ; ts a aucune
influence). La Figure 4.6 montre les champs de températures à 5 ms pour les quatre
combinaisons possibles de Lg et Is.
PM2000-1 Simulation
Constante 7,09 7,58
Fs -0,22 -0,28
Is -0,99 -1,06
ts -0,04 0,07
Lg -1,02 -1,06
Influence des paramètres opératoires sur le soudage - 85 -
Figure 4.6 : Champs de températures dans les pièces (avec mise en évidence de la température le long d’une ligne au centre de la gaine) à t = 5 ms obtenus par
simulation numérique pour quatre essais différents montrant l’influence de Lg et de Is
A t = 5 ms, on observe qu’une augmentation de Is tend à accroître de façon générale
les températures obtenues sans pour autant modifier fortement la distribution des
températures (forme des isothermes, pic de température au contact et températures
élevées dans la partie de gaine dépassant de l’électrode).
A contrario, Lg influence principalement la distribution des températures avec une
zone à plus haute température plus étalée dans le cas d’un Lg plus important. Cependant
la température maximale est proche dans les deux cas (différence de 40 °C).
Pour Lg au niveau haut, on observe la formation d’un point chaud proche du contact
entre l’électrode et la gaine (repère B). Ce point chaud semble moins présent pour Lg au
niveau bas. Cependant les températures obtenues par simulation numérique dans les
zones proches de l’électrode peuvent être sous estimés comme cela a été montré au
Chapitre 3 (paragraphe 3.3.1).
L’intensité du courant et la longueur de gaine dépassant de l’électrode ont donc une
influence importante sur le phénomène de chauffage dans les volumes. Il est donc
nécessaire de s’intéresser à la distribution et aux valeurs des températures au moment
où la gaine s’affaisse (t = taff).
0
100
200
300
400
500
600
700
-1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2
Tem
péra
ture
(°c
)
Position ( mm )
Effet de Is
Is = -1 Is=+1
0
100
200
300
400
500
600
700
-1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2
Tem
péra
ture
( °C
)
Position ( mm )
Effet de Lg
Lg = -1 Lg = +1
↑ Is
0
Lg = 0,2 mm Lg = 0,8 mm
I s =
14
kA
I s
= 1
8 k
A
1
0
1
0
1
Tem
pér
atu
re (
°C)
↑ Lg
B
A
- 86 -
4.3.3.4. Influence des paramètres opératoires sur la température à t = taff
On analyse maintenant la distribution des températures au moment de l’affaissement
(taff). La Figure 4.7 montre les champs de températures à t = taff.
Figure 4.7 : Champs de températures dans les pièces (avec mise en évidence de la température le long d’une ligne au centre de la gaine) à t = taff obtenus par simulation
numérique pour quatre essais différents montrant l’influence de Lg et de Is
On remarque que les plus hautes températures ne sont pas atteintes au contact p-p
(position = 0) mais dans les volumes, montrant encore une fois le passage d’un
phénomène de chauffage aux interfaces vers un phénomène de chauffage des volumes au
cours du procédé
Lorsque Is varie, les niveaux de températures atteints au centre de la gaine au
moment de l’affaissement sont très proches (différences inférieures à 15 °C) alors même
que les temps à l’affaissement sont très différents (7,10 ms contre 5,60 ms). En revanche,
on observe de légères différences dans la distribution des températures. Lorsque Is est au
niveau haut et comparé a Is au niveau bas, le point le plus chaud de la partie de gaine
dépassant de l’électrode (repère A) est à une température plus élevée (1371 °C contre
1238°C) alors que le point le plus froid de cette zone (repère C) atteint une température
légèrement plus faible (486 °C contre 521 °C).
L’affaissement apparaît donc sensiblement aux mêmes températures quelle que soit
l’intensité du courant pour un Lg fixé. L’intensité du courant a alors uniquement un effet
sur la vitesse de chauffage et donc sur taff comme montré dans le paragraphe 4.3.3.2.
0
200
400
600
800
1000
1200
-1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2
Tem
péra
ture
( °C
)
Position ( mm )
Effet de Lg
Lg = -1 Lg = +1
0
200
400
600
800
1000
1200
-1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2
Tem
péra
ture
(°c
)Position ( mm )
Effet de Is
Is = -1 Is = +1
I s =
14
kA
I s
= 1
8 k
A
Lg = 0,2 mm Lg = 0,8 mm
↑ Is
taff = 9,60 ms
0
1
0
1
taff = 7,10 ms
taff = 5,60 ms
0
1
taff = 7,00 ms
Tem
pér
atu
re (
°C)
↑ Lg
B
A
C
Influence des paramètres opératoires sur le soudage - 87 -
Plus le courant est faible, plus l’affaissement apparaitra tardivement. Ce retard permet
un affaissement à des températures plus homogènes dans la partie de gaine dépassant
de l’électrode du fait d’une meilleure diffusion de la température depuis les points
chauds liés à la constriction du courant (repère A et B).
Lorsque Lg varie, la valeur et la distribution des températures lors de l’affaissement
varient. Pour Lg au niveau haut, les températures au centre de la gaine (ligne rouge) sont
plus faibles et la zone de hautes températures affecte une plus grande longueur côté
gaine et une longueur plus faible côté bouchon. Le point le plus chaud de la gaine situé
proche du contact vers l’intérieur du joint (repère A) atteint une température comparable
quelle que soit Lg avec une différence de 53 °C entre les deux niveau de Lg. En revanche,
le point le plus froid de la partie de gaine dépassant de l’électrode (repère C) est plus
froid lorsque Lg est au niveau haut avec une différence de 230 °C (486 °C contre 717 °C).
Diminuer Lg permet donc de réaliser l’affaissement de la gaine à des températures plus
homogènes dans la partie de gaine dépassant de l’électrode.
La génération de chaleur est liée à l’énergie électrique dissipée dans les pièces. Il est
donc nécessaire de s’intéresser à l’effet des paramètres opératoires sur cette grandeur.
4.3.3.5. Influence des paramètres opératoires sur l’énergie dissipée à l’affaissement
Il est possible de calculer l’énergie à l’affaissement (Eaff). Cette quantité est calculée
par l’intégration du produit de l’intensité du courant par le potentiel mesuré entre les
mors depuis t = 0 jusqu’à t = taff. Lorsque l’affaissement n’est pas détecté, on considère
alors que taff = ts et l’énergie à l’affaissement est donc considérée égale à l’énergie totale
dissipée durant l’étape de soudage. Les effets des paramètres opératoires sur cette
quantité sont exposés dans le Tableau 4.5.
Tableau 4.5 : Effets des paramètres opératoires sur l’énergie à l’affaissement en joules obtenus par mesure en cours de soudage lors du plan PM2000-1 et par
simulation numérique de ce même plan
Les paramètres opératoires les plus influents sont Lg et Fs. L’influence des autres
paramètres opératoires est plus faible.
Lorsque Fs augmente, l’énergie apportée nécessaire pour déformer la gaine diminue
puisque la température nécessaire à l’affaissement est plus faible.
Is à une influence très faible (<5% de Eaff) alors même que ce paramètre est très
influent sur taff. Cela confirme que même si la pièce s’affaisse plus tôt lorsque Is est élevé,
elle s’affaisse sensiblement aux mêmes énergies et aux mêmes températures pour un Lg
et un Fs données.
Augmenter Lg tend à diminuer Eaff. Nous avons vu que lorsque Lg augmente, la
température à l’affaissement était plus faible, ce qui explique que Eaff est plus faible.
Là encore, de faibles différences sont observées entre les résultats numériques et
expérimentaux (différences inférieures à 5 %) montrant la cohérence de la simulation
numérique dans l’évaluation de l’influence des paramètres opératoires sur le phénomène
de chauffage dans les volumes et ce jusqu’au moment de l’affaissement.
PM2000-1 Simulation
Constante 274 287
Fs -23 -14
Is -4 2
ts -2 5
Lg -40 -29
- 88 -
4.3.3.6. Synthèse
La partie de gaine dépassant de l’électrode chauffe jusqu’à atteindre une température
entraînant son affaissement La vitesse de chauffage est principalement contrôlée par Is.
L’état thermique de la gaine au moment de l’affaissement est principalement lié au
paramètre opératoire Lg. Plus Is est faible et plus le temps à l’affaissement est grand ce
qui permet une meilleure diffusion de la température depuis les points chauds liés à la
constriction du courant et permet d’obtenir des températures plus homogènes dans la
gaine au moment de l’affaissement. Il est donc maintenant important de s’intéresser à
l’influence des paramètres opératoires sur le phénomène d’affaissement des pièces.
4.3.4. Affaissement et déformation des pièces
4.3.4.1. Identification des mesures
Lorsque les températures dans la gaine atteignent des valeurs permettant sa
déformation sous la force considérée, on observe une déformation ainsi qu’un
déplacement important des pièces. Ce déplacement peut être quantifié par la mesure de
l’affaissement des pièces (Aff.) qui représente le déplacement final après le passage du
courant ou, exprimé de façon différente, la modification de la longueur en cours de
soudage des pièces assemblées comme montré sur la Figure 4.8. De manière plus précise,
l’affaissement est le déplacement mesuré à t = 35 ms (moyenne entre t = 30 ms et
t = 40ms) de façon à se trouver après le passage du courant et après la période
d’oscillation de la mesure de déplacement due à la rigidité de l’installation (voir Chapitre
2, paragraphe 2.4.1.3).
Figure 4.8 : Schéma de la méthode de mesure de l’affaissement des pièces
4.3.4.2. Influence des paramètres opératoires sur l’affaissement
On étudie l’influence des paramètres opératoires sur la valeur de l’affaissement (Aff.).
Les résultats obtenus sont exposés dans le Tableau 4.6.
Tableau 4.6 : Effets des paramètres opératoires sur la valeur de l’affaissement en micromètres obtenus par mesure en cours de soudage lors du plan PM2000-1 et par
simulation numérique de ce même plan
PM2000-1 Simulation
Constante 380 257
Fs -21 25
Is 102 79
ts 36 68
Lg 159 153
Aff. t = 0 t = 35 ms
Electrodes
Influence des paramètres opératoires sur le soudage - 89 -
On observe que les résultats obtenus par simulation numérique diffèrent de ceux
obtenus lors des mesures expérimentales (différence allant jusqu’à 12 %). Cette
différence avait déjà été notée lors de la comparaison réalisée avec les paramètres
opératoires du point central du plan PM2000-1 présentée au Chapitre 3 (paragraphe
3.3.2). Cette différence peut provenir de l’approximation faite pour les propriétés
matériaux à haute température ainsi que de la méconnaissance des caractéristiques
tribologiques du contact entre pièces. La simulation numérique ne sera donc pas utilisée
pour analyser le phénomène d’affaissement et de déformation.
On observe que Lg est le paramètre opératoire le plus influent sur l’affaissement suivi
de Is. Les paramètres ts et Fs ont des effets plus faibles mais qui restent significatifs
(10 % de la mesure).
Une augmentation de Fs (dans les bornes du plan d’expérience) tend à diminuer
l’affaissement. Nous avons vu qu’une augmentation de la force avait tendance à
diminuer le temps de début d’affaissement (taff) et à diminuer l’énergie électrique à
l’affaissement (Eaff). On peut donc supposer que la diffusion thermique ayant été moins
importante, les zones de plus hautes températures sont moins étendues lorsque Fs est au
niveau haut. De plus, les températures sont plus faibles ce qui limite les déformations
dans la gaine et donc limite l’affaissement.
Is est le second paramètre opératoire le plus influent sur l’affaissement et son effet est
positif. Nous avons vu précédemment que Is avait peu d’influence sur les températures
au moment de l’affaissement. L’influence de Is sur l’affaissement final provient donc de
phénomènes se déroulant pendant l’affaissement ou après et non d’une différence
survenue avant l’affaissement.
L’effet de Lg est positif et c’est le paramètre le plus influent. Augmenter Lg tend à
augmenter l’affaissement du fait d’une plus grande partie de gaine atteignant une
température élevée comme montré dans le paragraphe précédent. Cela entraine alors
une plus grande partie déformée.
Une augmentation de ts tend à augmenter l’affaissement. L’influence du temps de
soudage s’explique par deux phénomènes distincts en fonction de l’intensité du courant :
Lorsque Is est au niveau haut, un second affaissement apparait après le premier
autour de t = 13 ms si le courant est maintenu jusque là.
Lorsque Is est au niveau bas, l’affaissement principal est interrompu par l’arrêt du
courant pour des temps de soudage courts et non pour des temps de soudage longs.
Ces deux effets sont illustrés sur la Figure 4.9 pour Fs = 2600 N et Lg = 0,8 mm.
- 90 -
Figure 4.9 : Déplacement des pièces en fonction du temps obtenus par mesures expérimentales pour quatre jeux de paramètres opératoires mettant en évidence
l’influence typique de Is et de ts sur PM2000
On observe pour (2600 N ; 14 kA ; ts ; 0,8 mm) (courbe violette et bleue) que le
déplacement est identique pour les deux essais jusqu’à t = 9 ms, temps à partir duquel le
courant commence à diminuer pour ts = 10 ms (courbe violette). L’effet du temps de
soudage est dans ce cas purement lié au fait que l’intensité du courant est maintenue
tout au long de l’affaissement pour ts = 15 ms et non pour ts = 10 ms.
Lorsque le courant est plus élevé (courbe rouge et verte), l’affaissement principal
commence et finit plus tôt. Il finit avant t = 9 ms. Cependant, on observe un second
affaissement aux alentours de t = 13 ms pour ts = 15 ms (courbe rouge). Cet affaissement
est dû au fait que pour ts = 15 ms, le courant continue à générer de la chaleur après le
premier affaissement ce qui n’est pas le cas pour ts = 10 ms.
4.3.4.3. Influence des paramètres opératoires sur la déformée des pièces
La déformée des pièces est observée lors des coupes métallographiques réalisées après
soudage. On étudie la déformée des pièces en fonction des deux paramètres les plus
influents sur l’affaissement (Lg et Is). Les soudures présentées sur la Figure 4.10
illustrent les effets de Lg et de Is pour Fs = 2600 N et ts = 15 ms. Les déformées sont
mises en évidence à l’aide de flèches noires.
-0,8
-0,7
-0,6
-0,5
-0,4
-0,3
-0,2
-0,1
0
0,1
0 0,005 0,01 0,015
Dép
lacem
ent (
mm
)
Temps ( s )
(2600N; Is ; ts; 0,8mm)
Is = 18 kA; ts = 15 ms Is = 14 kA; ts = 15 ms
Is = 18 kA; ts = 10 ms Is = 14 kA; ts = 10 ms
t = 9 ms
Second affaissement
Affaissement
principal
Influence des paramètres opératoires sur le soudage - 91 -
Figure 4.10 : Mise en évidence des déformations des pièces observées (flèches noires) sur les macrographies des soudures sur PM2000 après attaque métallographique
obtenues pour quatre essais différents montrant l’influence de Lg et de Is
Nous nous intéressons uniquement à la déformée des pièces. L’analyse des
microstructures sera réalisée au chapitre 5.
Nous avons vu précédemment qu’une augmentation de Is tend à augmenter
l’affaissement. On observe sur la Figure 4.10 qu’une augmentation de Is a pour effet de
créer une déformation du bouchon, phénomène non observé lorsque Is est faible. On
notera que le bouchon est déformé uniquement lorsque ts est aussi à son niveau le plus
haut et peut donc provenir du second affaissement. L’augmentation de Is a aussi pour
effet d’accentuer les déformations observées pour un courant faible. En effet, les
déformations se font plus franches lorsque Is augmente mais leur forme reste identique.
Nous avons vu précédemment qu’une augmentation de Lg tend à augmenter
l’affaissement. On observe que Lg modifie fortement la déformée des pièces. Dans les
deux configurations de Lg, la gaine prend appui sur l’électrode. Cependant, plus Lg est
faible moins la gaine s’appuie sur l’électrode. Pour un Lg faible, le glissement de la gaine
le long du chanfrein du bouchon est présent mais moins marqué. En effet, l’électrode
contraint radialement la gaine et le maintien de la gaine est donc mieux assuré lorsque
Lg est faible.
4.3.4.4. Synthèse
Lorsqu’on observe les cartographies de températures obtenues par simulation
numérique au moment de l’affaissement (à taff) (Figure 4.7), on observe que la partie qui
se déforme est bien la partie qui atteint les plus hautes températures. La partie de gaine
Is = 14 kA
Lg = 0,2 mm Lg = 0,8 mm
↑ Lg
↑ Is
Is = 18 kA
Forme en S
- 92 -
proche du joint et située vers l’extérieur, glisse le long du chanfrein sans se déformer du
fait que cette partie se trouve à des températures plus faibles.
Il est alors possible de schématiser sur la Figure 4.11 le mécanisme de déformation
apparaissant dans la gaine pour les deux longueurs de gaine.
Figure 4.11 : Schéma du mécanisme de déformation des pièces pour deux valeurs de Lg
La partie de gaine située sur l’extérieur du contact est chassée vers le bourrelet
extérieur sous l’effet de la matière à haute température qui est comprimée. Sous l’effet
de la compression, la matière s’écarte vers l’extérieur et s’appuie sur l’électrode. Lorsque
le bouchon s’enfonce alors dans la gaine, les zones de plus hautes températures sont
recentrées sur l’interface.
4.3.5. Différences observées entre PM2000-1 et PM2000-2
Le plan d’expériences sur PM2000 (PM2000-1) a été réalisé une seconde fois afin de
confirmer les résultats (plan nommé PM2000-2). Cependant, les électrodes de soudage
utilisées sont différentes. Contrairement aux électrodes utilisées lors du plan PM2000-1,
les électrodes utilisées lors du plan PM2000-2 sont neuves. De plus, le chanfrein de ces
nouvelles électrodes est moins profond voire inexistant en certains endroits de la
circonférence entrainant un Lg effectif plus faible d’environ 200 µm comme illustré sur la
Figure 2.9.
Figure 4.12 : Comparaison des géométries des électrodes entre le plan PM2000-1 et le plan PM2000-2 (cas Lg = 0,5 mm)
Lg
Lg effectif
Lg Lg effectif =0
Cas d’une électrode avec
chanfrein (PM200-1)
Cas d’une électrode sans
chanfrein (PM2000-2)
Lg = 0,2 mm Lg = 0,8 mm
Mise en évidence de la déformée
Direction supposée des forces
t < taff t > taff t > taff t < taff
Zone de
température élevée
Influence des paramètres opératoires sur le soudage - 93 -
Ce second plan montre des résultats très similaire à ceux du premier ce qui montre la
bonne reproductibilité des mesures en cours de soudage malgré la différence dans les
électrodes. Seuls quelques résultats sont modifiés du fait de cette différence.
L’effet de ces électrodes est dans un premiers temps électrothermique. Les électrodes
neuves semblent avoir réduit la RCE p-e réduisant ainsi le chauffage au niveau de
l’interface p-e (valeur moyenne de Rinit plus faible de 10%).
Ensuite, l’effet de l’électrode est mécanique. La différence de longueur de gaine
effective entraine une différence dans le comportement à l’affaissement. Cette différence
est principalement visible lorsque Lg est faible. En effet, dans cette configuration,
l’absence de chanfrein sur les électrodes dans le plan PM2000-2 entraine que la longueur
de gaine effective dépassant de l’électrode est très faible ce qui limite fortement les
déformations et le glissement de la gaine. La Figure 4.13 présente les mesures de
déplacement typique en fonction de Lg et du jeu d’électrode utilisé (plan PM2000-1 et
plan PM2000-2).
Figure 4.13 : Différence d’évolution typique du déplacement en fonction du temps obtenu par mesure en cours de soudage et fonction des électrodes utilisées pour deux
jeux de paramètres opératoires
Lorsque Lg est égale à 0,8 mm, on observe que peu de différences dans les cinétiques
d’affaissement entre les deux plans. Les différences observées entre PM2000-1 et
PM2000-2 sont du même ordre de grandeur que la variabilité observée sur un même
essai (en moyenne l’affaissement est plus faible de 28 µm (5 %) pour le plan PM2000-2).
Lorsque Lg est égale à 0,2 mm, on observe une différence importante dans la cinétique
de l’affaissement entre les deux plans. Pour le plan PM2000-2, l’affaissement est plus
tardif, plus rapide et plus important. On retrouve alors le même phénomène que celui
expliquant l’effet de Fs sur l’affaissement. L’affaissement étant plus tardif, celui-ci se fait
à une température plus élevée et pour des zones de haute température plus étendues
(plus de diffusion thermique). Ces deux phénomènes entraînent un affaissement plus
important. Il est à noter que, du fait du meilleur maintient de la gaine, l’affaissement n’a
pas du tout été détecté pour certains essais du plan PM2000-2 contrairement aux mêmes
essais réalisés sur PM2000-1.
La différence dans la géométrie des électrodes entraîne aussi une modification de la
déformée des pièces comme illustré sur la Figure 4.14 où la déformée typique est
présentée pour deux jeux de paramètres opératoires, chacun réalisé lors de PM2000-1 et
lors de PM2000-2.
-0,8
-0,7
-0,6
-0,5
-0,4
-0,3
-0,2
-0,1
0
0,1
0 0,005 0,01 0,015
Dép
lacem
ent (
mm
)
Temps ( s )
(1800N; 18kA; 10ms; 0,2mm)
plan PM2000-1 Plan PM2000-2
-0,8
-0,7
-0,6
-0,5
-0,4
-0,3
-0,2
-0,1
0
0,1
0 0,005 0,01 0,015
Dép
lacem
ent (
mm
)
Temps ( s )
(2600N; 14kA; 15ms; 0,8mm)
plan PM2000-1 Plan PM2000-2
- 94 -
Figure 4.14 : Différence de déformations typiques obtenues par macrographie après attaque métallographique pour des deux jeux de paramètres opératoires et en
fonction de la géométrie des électrodes (en pointillés blancs)
Pour Lg au niveau haut, la gaine est fortement déformée et s’appuie donc plus
fortement sur l’électrode. Un changement de la géométrie du chanfrein de l’électrode
entraine donc une modification importante des lignes de déformation. Les points
d’inflexion sont plus francs dans le cas du plan PM2000-2 que dans le cas du plan
PM2000-1. On observe cependant les mêmes mécanismes de déformation et les mêmes
tendances que PM2000-2 que pour PM2000-1.
Pour Lg au niveau bas, le bouchon est fortement déformé dans le cas du plan
PM2000-2, phénomène qui n’apparaît pas pour le plan PM2000-1. La forme du bourrelet
est aussi très différente puisque celui-ci est composé à la fois de matière provenant de la
gaine et à la fois de matière provenant du bouchon. Cependant compte-tenu que, pour le
plan PM2000-1, la gaine s’appuie peu sur l’électrode, la différence observée provient
avant tout de la longueur de gaine effective dépassant de l’électrode. En effet la présence
du chanfrein tend à augmenter cette valeur de 150 µm à 200 µm environ. Dans
PM2000-2, l’électrode se retrouve plus proche du contact et le point chaud formé proche
de l’électrode peut affecter le bouchon d’autant plus que la diffusion thermique est plus
importante (augmentation de taff). De plus, l’électrode permet d’éviter à la gaine de se
déplacer latéralement, la gaine est plus contrainte dans le cas du PM2000-2 et aucun
glissement n’est observé mais on observe que la matière est chassée vers le bourrelet
externe.
Les conséquences de ces différences sur les caractéristiques métallurgiques des
soudures seront analysées au chapitre 5.
1800 N ; 18 kA ; 10 ms ; 0,2 mm
2600 N ; 14 kA ; 15 ms ; 0,8 mm
PM2000 -1 PM2000 -2
Influence des paramètres opératoires sur le soudage - 95 -
4.3.6. Différences observées entre Kanthal APM et PM2000
Nous avons aussi comparé les résultats obtenus lors du plan d’expériences PM2000-1
avec le plan d’expériences réalisé sur Kanthal APM (alliage 20Cr-non ODS) et ayant
permis de prédéfinir la plage de soudabilité opératoire sur PM2000. Il est à noter que le
plan Kanthal APM a été réalisé sur la même plage de paramètres opératoires à
l’exception de Is qui est inférieur de 2 kA pour le plan sur Kanthal APM.
Compte tenu de la différence de Is, les mesures en cours de soudage réalisées sur
Kanthal APM et sur PM2000 présentent des comportements très similaires en valeurs,
mais aussi dans l’influence des paramètres opératoires. Une comparaison typique des
mesures en cours de soudage pour deux jeux de paramètres opératoires est présentée sur
la Figure 4.13.
Figure 4.15 : Comparaison des mesures en cours de soudage typique (résistance entre les mors et déplacement) entre Kanthal APM et PM2000 pour deux valeurs de Lg
On observe bien un comportement similaire des courbes entre les mesures réalisées
sur Kanthal APM et les mesures réalisées sur PM2000. Les mesures réalisées sur
Kanthal APM pour Is = 16 kA sont encadrées par les mesures réalisées sur PM2000 pour
Is = 14 kA et Is = 18 kA.
On compare sur la Figure 4.16 la déformée obtenue pour deux jeux de paramètres
opératoires représentatifs des phénomènes de déformation chacun réalisé sur PM2000 et
sur Kanthal APM.
-0,95
-0,75
-0,55
-0,35
-0,15
0,05
0,E+00
2,E-04
4,E-04
6,E-04
8,E-04
1,E-03
0 0,005 0,01 0,015
Dép
lacem
ent (
mm
)
R m
ors
( O
hm
)
Temps ( s )(1800N; Is ; 15ms; 0,2mm)
Rmors - PM2000 - 14 kA Rmors - Kanthal - 16 kARmors - PM2000 - 18 kA Dépla. - PM2000 - 14 kADépla. - Kanthal - 16 kA Dépla. - PM2000 - 18 kA
-0,95
-0,75
-0,55
-0,35
-0,15
0,05
0,E+00
2,E-04
4,E-04
6,E-04
8,E-04
1,E-03
0 0,005 0,01 0,015
Dép
lacem
ent (
mm
)
Rm
ors
( O
hm
)
Temps ( s )(2600N; Is ; 15ms; 0,8mm)
Rmors - PM2000 - 14 kA Rmors - Kanthal - 16 kARmors - PM2000 - 18 kA Dépla. - PM2000 - 14 kADépla. - Kanthal - 16 kA Dépla. - PM2000 - 18 kA
- 96 -
Figure 4.16 : Différence de déformations typiques obtenues par macrographie après attaque métallographique pour des deux jeux de paramètres opératoires et en
fonction du matériau (Kanthal APM et PM2000)
On retrouve les mêmes mécanismes de déformation sur Kanthal APM que sur
PM2000 à savoir le glissement de la gaine vers l’extérieur du contact entrainant une
déformation générale de la gaine qui s’appuie sur l’électrode. Les déformations sur
Kanthal APM sont moins prononcées du fait de la différence dans l’intensité du courant.
Ces comparaisons montrent que le comportement de ces deux matériaux est similaire
en termes de mécanismes observés (chauffage des interfaces, des volumes et déformation
des pièces lors de l’affaissement). Les effets des paramètres opératoires sont aussi très
proches et nous n’avons pas mis en avant de différence autre que celles issues de la
différence de plage de paramètres opératoires. Cela confirme aussi que le procédé est
principalement piloté par la configuration géométrique.
4.3.7. Synthèse de l’influence des paramètres opératoires
La Figure 4.17 synthétise l’effet des paramètres opératoires sur les mesures en cours
de soudage.
2600 N ; Is = +1 ; 15 ms ; 0,2 mm
2600 N ; Is = -1 ; 15 ms ; 0,8 mm PM2000 - Is = 14 kA
Kanthal APM - Is = 12 kA
PM2000 - Is = 18 kA
Kanthal APM - Is = 16 kA
Influence des paramètres opératoires sur le soudage - 97 -
Figure 4.17 : Synthèse des effets des paramètres opératoires principaux sur les mesures de résistance électrique et de déplacement en fonction du temps
L’analyse de l’influence des paramètres opératoires sur les mesures en cours de
soudage montre la prédominance de deux des quatre paramètres opératoires : l’intensité
du courant et la longueur de gaine dépassant de l’électrode.
Sur les réponses observées dans ce chapitre, la force a peu d’influence dans la plage
des paramètres opératoires testés.
Le temps de soudage a lui aussi peu d’influence du fait que les mesures
représentatives des phénomènes physiques sont majoritairement réalisées avant la fin
du temps de soudage. Cependant, il possède une influence sur l’affaissement final.
Les effets des paramètres opératoires sur les différents phénomènes physiques
observables à partir des mesures en cours de soudage, de la simulation numérique et des
macrographies après soudage sont synthétisés dans le Tableau 4.7.
-0,95
-0,75
-0,55
-0,35
-0,15
0,05
0,E+00
2,E-04
4,E-04
6,E-04
8,E-04
1,E-03
0 0,005 0,01 0,015
Dép
lacem
ent (
mm
)
Rm
ors
( O
hm
)
Temps ( s )
2200N; 16kA; 13ms; 0,5mm
Résistance électrique- Exp. Déplacement - Exp.
Effet de Lg
Effet de Is
Effet de Lg ou Is
Effet de Lg ou Is
- 98 -
Phénomène physique
Grandeurs observées
Effet d’une augmentation de
Fs
Effet d’une augmentation de
Is
Effet d’une augmentation de
ts
Effet d’une augmentation de
Lg
Chauffage des
interfaces
Valeur de la température
Aucun effet observé
Augmentation des températures du
fait d’une augmentation de
l’effet Joule
Aucun effet Aucun effet observé
Homogénéité des
températures au contact
Aucun effet observé
Augmentation des différences de températures
Moins de diffusion thermique du fait d’un chauffage
plus rapide
Aucun effet
Augmentation des différences de températures
Constriction de courant plus importante
Chauffage des volumes
Vitesse de chauffage
Aucun effet observé
Augmentation de la vitesse de
chauffage du fait d’une
augmentation de l’effet Joule
Aucun effet Faible
Températures à
l’affaissement
Température nécessaire à l’affaissement
légèrement plus faible
Aucun effet observé
Aucun effet Température à
l’affaissement plus basse
Homogénéité des
températures lors de
l’affaissement
Aucun effet observé
Augmentation des différences de températures
Moins de diffusion thermique du fait d’un chauffage
plus rapide
Aucun effet
Zone de plus hautes températures plus
étendue
Température minimale dans la
gaine plus basse du fait d’une différence dans la répartition
du courant
Affaissement Cinétique et valeur finale
Affaissement plus précoce et moins important du fait
d’un affaissement à des températures
plus basses
Augmentation de l’affaissement et
de la vitesse d’affaissement du
fait d’une génération de
chaleur importante durant
l’affaissement
Augmentation de l’affaissement du
fait de la présence d’un second
affaissement ou de l’affaissement
qui n’est pas interrompu
Affaissement plus important du fait
d’une zone chaude plus étendue
Déformation Lignes de
déformation Aucun effet observé
Déformations plus accentuées
Lorsque Is est au niveau haut, on
observe une déformation du bouchon pour ts au niveau haut
Glissement de la gaine plus important
Zone déformée plus importante
Tableau 4.7 : Synthèse de l’influence des paramètres opératoires sur les phénomènes physiques observés en cours de soudage
On note qu’il est observé que quelle que soit l’intensité du courant, l’énergie à
l’affaissement ainsi que les températures dans les pièces au moment de l’affaissement
sont sensiblement identiques pour un Lg donné. Is a cependant une influence sur la
distribution des températures dans les pièces. On peut donc conclure que pour une
configuration mécanique donnée (Lg et Fs fixés), les niveaux de températures et l’énergie
dissipé à l’affaissement sont sensiblement les mêmes. Seule la distribution des
températures est influencée par les paramètres opératoires. Plus Is est faible et plus les
températures sont homogènes au niveau du contact p-p ou dans les volumes.
Lors de l’affaissement, la partie la plus chaude est écrasée et s’écarte sur les cotés,
principalement vers l’extérieur où la matière entre en contact avec l’électrode. La partie
extérieure du joint à plus faible température glisse le long du chanfrein, chassée par de
Influence des paramètres opératoires sur le soudage - 99 -
la matière à plus haute température. Is a alors une influence sur l’énergie dissipée
pendant l’affaissement et donc sur la chaleur générée par effet Joule. Plus l’intensité du
courant est élevée et plus l’affaissement sera important et rapide. Lg a lui une influence
très importante sur l’affaissement puisque ce paramètre contrôle l’étendue de la zone de
plus haute température et donc de la zone qui se déforme. Enfin ts possède aussi une
influence sur l’affaissement soit en permettant à l’affaissement principal de se terminer
soit en créant un second affaissement.
Il est d’ailleurs possible de regrouper les paramètres Is et ts sous un même paramètre
opératoire à savoir l’énergie électrique dissipé finale (Efin). Cette mesure correspond à
l’énergie électrique totale dissipée au cours du temps. La Figure 4.18 présente la valeur
de l’affaissement en fonction de l’énergie finale pour les essais réalisés lors des plans
d’expérience sur PM2000.
Figure 4.18 : Valeur de l’affaissement (Aff.) en fonction de l’énergie électrique dissipée finale (Efin) pour le PM2000
Il apparait globalement que pour un Lg donné, plus Efin augmente plus l’affaissement
augmente.
On observe que les valeurs d’affaissements mesurés, pour un Lg donné, sont plus
importants lorsque Is est au niveau haut et ts au niveau bas que lorsque Is est au niveau
bas et ts au niveau élevé alors même que Efin est proche pour ces deux configurations.
Lorsque Lg augmente, on observe bien l’augmentation de la valeur de l’affaissement
quelle que soit l’énergie.
Il est aussi à noter que cette énergie peut être évaluée a priori des essais
expérimentaux en fonction de l’évolution du courant de consigne en fonction du temps
(Chapitre 2, paragraphe 2.4.1.1) par l’équation ci-dessous où R a la dimension d’une
résistance électrique.
dttIREst
sThéorique 0
)²(
Il est possible de déterminer la constante R en traçant Efin en fonction de cette
grandeur divisée par R comme le montre la Figure 4.19 où l’ensemble des essais réalisés
au cours des plans d’expériences sont reportés.
0
100
200
300
400
500
600
700
800
250 350 450 550 650 750 850
Aff. (
µm
)
Efin (J)Lg = 0,2 mm Lg = 0,8 mm
Is = +1
Is = -1
ts = -1
Is = +1 et ts = -1 ou
Is = -1 et ts = +1
Is = +1
ts = +1
- 100 -
Figure 4.19 : Energie électrique dissipée (Efin) en fonction de Is et ts pour l’ensemble des essais réalisés dans le cadre des plans d’expériences
La Figure 4.19 montre que les points des différents essais sont regroupés autour d’une
droite. Le coefficient directeur de cette droite est de 236 mOhm ce qui correspond à
l’ordre de grandeur de la résistance électrique entre les mors mesurée à t = 5 ms (Rinit).
L’énergie finale peut donc être estimée a priori en fonction des paramètres opératoires Is
et ts.
4.4. Conclusions
L’étape de soudage peut se découper en trois grandes phases au cours desquelles
différents phénomènes physiques sont prépondérants :
le chauffage des interfaces ;
le chauffage dans la partie de gaine dépassant de l’électrode ;
l’écrasement de la partie de gaine dépassant de l’électrode.
Ces différents phénomènes peuvent être contrôlés par les paramètres opératoires. Le
chauffage aux interfaces est principalement influencé par l’intensité du courant.
Les températures atteintes dans les volumes au moment de l’affaissement sont
principalement influencées par la longueur de gaine dépassant de l’électrode. Dans ces
conditions, la géométrie de l’électrode (et plus particulièrement la présence d’un
chanfrein) peut avoir des conséquences importantes sur le procédé de soudage. En effet,
plus la longueur de gaine dépassant de l’électrode est faible plus les zones de
températures les plus hautes sont étroites et proches du contact entre pièces. Pour des
longueurs de gaine dépassant de l’électrode au niveau bas et des électrodes sans
chanfrein, les températures dans le bouchon sont plus importantes ce qui réduit le
déséquilibre thermique entre la gaine étroite et le bouchon massif.
L’écrasement de la gaine est en premier lieu influencé par la longueur de gaine
dépassant de l’électrode du fait de variations importantes dans la taille des zones de plus
hautes températures lorsque ce paramètre varie. De plus, lorsque la longueur de gaine
est importante, une partie de la gaine reste à des températures plus faibles (par rapport
au reste de la partie de gaine dépassant de l’électrode) et glisse de façon significative le
long du chanfrein sur le bouchon lors de l’affaissement. L’intensité du courant a aussi
une influence importante sur l’affaissement et la déformée des pièces.
Enfin, l’énergie électrique dissipée en cours de soudage (Efin) permet de regrouper
sous un même paramètre le temps de soudage et l’intensité du courant de soudage. Ce
paramètre est très influent sur l’affaissement final des pièces.
Influence des paramètres opératoires sur le soudage - 101 -
Par ailleurs, nous avons établi que le Kanthal APM, alliage 20Cr-non ODS et le
PM2000, alliage 20Cr-ODS se comportaient de façon similaire d’un point de vue des
mesures en cours de soudage ainsi que des mécanismes de déformation. Cela traduit un
comportement similaire de ces deux matériaux vis-à-vis des phénomènes électriques,
thermiques et mécaniques ayant lieu en cours de soudage. Cela montre surtout que le
procédé est avant tout piloté par les changements de section macroscopique.
- 102 -
Chapitre 5
Effet du soudage sur la soudure
Dans le chapitre 4, les paramètres opératoires ont été reliés à des phénomènes
physiques (électriques, thermiques et mécaniques). L’objectif de ce chapitre est d’étudier
l’influence de ces phénomènes sur les caractéristiques métallurgiques (compacité, tailles
de grains et répartition des éléments de renforts) des soudures.
Dans un premier temps, les matériaux de base seront caractérisés afin de pouvoir les
comparer, dans un second temps, avec les microstructures des soudures étudiées. Enfin,
l’influence des paramètres opératoires sur ces caractéristiques sera établie. Comme dans
le chapitre 4, les résultats sont issus des essais réalisés lors des plans d’expériences.
Nous rappellons que l’objectif d’un tel formalisme est d’étudier l’effet des paramètres
opératoires sur les soudures et non d’obtenir des soudures sans défauts (dans le sens
d’une variation par rapport aux caractéristiques initiales du matériau) pour l’ensemble
des configurations testées. L’objectif est de comprendre comment se forme les défauts
afin de les éviter.
5.1. Les matériaux de base
5.1.1. Alliage 20Cr-non ODS : Kanthal APM
La Figure 5.2 présente une macrographie de l’alliage Kanthal APM à l’état de
réception et après attaque métallographique.
Effet du soudage sur la soudure - 103 -
Figure 5.1 : Macrographie du Kanthal APM à l’état de réception après attaque métallographique
La microstructure du Kanthal APM est bimodale avec des zones de petits grains de
l’ordre de 50 µm et des zones de grains pouvant atteindre le millimètre. Aucune porosité
n’a été observée lors des différentes observations.
5.1.2. Alliage 20Cr-ODS : PM2000
La Figure 5.2 présente une macrographie de l’alliage PM2000 à l’état de réception et
après attaque métallographique.
Figure 5.2 : Macrographie du PM2000 à l’état de réception après attaque métallographique
L’alliage PM2000 présente une structure à gros grains dont la morphologie est
fortement anisotrope. Les grains sont allongés selon la direction de la barre et peuvent
atteindre une longueur de l’ordre du centimètre et une largeur de l’ordre du millimètre.
Par ailleurs, on observe que le PM2000 n’est pas parfaitement densifié et des porosités
pouvant atteindre 20 µm sont observées (indiquées par des flèches sur la Figure 5.2).
La Figure 5.3 présente des cartographies des répartitions en éléments yttrium et
titane réalisées par microsonde de Castaing sur l’alliage PM2000 à l’état de réception.
Sens longitudinal
Porosités
Porosités
Sens longitudinal
- 104 -
Figure 5.3 : Cartographies de la répartition des éléments yttrium (gauche) et titane (droite) du PM2000 à l’état de réception obtenues par WDS sur microsonde de
Castaing (résolution : 0,5 µm)
La répartition en Yttrium avant soudage est globalement homogène même si des
lignes de déplétion alignées dans le sens de l’extrusion (bande bleue sur la Figure 5.3
gauche) sont observées. La répartition en titane montre une dispersion homogène ainsi
que la présence de points riches en titane d’une taille de 2 à 5 µm dans l’ensemble du
matériau (point rouge sur la Figure 5.3 droite).
La Figure 5.4 présente une image en MET (champ clair) de l’alliage PM2000 à l’état
de réception ainsi que l’analyse chimique par EDS-STEM correspondante.
Figure 5.4 : a : Image réalisée en champ clair par MET du PM2000 à l’état de réception
b : Cartographies de la répartition des éléments Y, Al, Ti ainsi que la cartographie de superposition des éléments Y et Al obtenues par EDS-STEM
Des particules d’oxydes pouvant être classées en différentes familles selon leurs
tailles sont observées. Les particules les plus petites (< 50 nm) sont essentiellement
composées d’yttrium. Les particules de taille plus importante (entre 50 et 100 µm) sont
des composés riches en aluminium et en yttrium. Les particules de titane sont de taille
plus importante ( > 100 nm et allant jusqu'à l’ordre du micromètre).
Sens longitudinal
Y
Al
Y+Al
a b
Sens longitudinal 100 µm
Yttrium (%m) Titane (%m)
Sens longitudinal 100 µm
2,5 %
0 %
2 %
0 %
Effet du soudage sur la soudure - 105 -
5.2. Ejections de matière
Nous avons observé pour certaines soudures la présence de cavité débouchant dans
les pièces après soudage créant un défaut de compacité. Ces défauts sont apparus en
trois localisations préférentielles comme illustrées sur la Figure 5.5 dans le cas du
PM2000. Il est à noter que ces défauts ont aussi été observés sur Kanthal APM.
Figure 5.5 : Exemple sur PM2000 d’éjections de matière observées en trois localisations préférentielles a : au voisinage de l’électrode enserrant le bouchon
b : côté gaine, à l’intérieur du contact c : au voisinage de l’électrode enserrant la gaine
La catégorie C regroupe des défauts de différentes morphologie et, comme l’illustre la
Figure 5.5, pouvant affecter uniquement la gaine (macrographie C1) mais pouvant aussi
affecter une très grande partie de l’interface et le bouchon (macrographie C2). Leur
regroupement provient de leur localisation au regard de la position de l’électrode. En
effet, on retrouve systématiquement une partie du défaut au voisinage de l’électrode
enserrant la gaine. La position de ce défaut au regard de l’interface soudée est explicitée
dans le paragraphe 5.2.2.
Ces défauts s’assimilent au défaut de type P522 (norme ISO 6520-2) dénommé
« noyaux débouchant en surface ». Cette dénomination est particulièrement adaptée au
soudage par point mais pas à notre cas de soudage. Nous parlerons ici d’éjection de
matière.
Ces trois localisations préférentielles correspondent aux trois zones de
macro-constrictions de courant observées par simulation numérique et confirmées lors
des essais expérimentaux sur l’alliage X37CrMoV5-1 (chapitre 3).
Les éjections de matière sont fortement localisées d’un point de vue circonférentielle
puisque, lorsqu’une éjection de matière est observée sur une face, la face en vis-à-vis
située sur la seconde moitié de pièces n’est pas affectée dans deux tiers des cas.
Cependant, on y observe majoritairement la présence de grains allongés typiques d’une
structure de solidification et donc liée au passage local par un état liquide. Nous
parlerons de façon plus simple de zones fondues ou ZF. Les ZF sont étudiées plus en
détail au paragraphe 5.3.
En ce qui concerne la reproductibilité, l’analyse peut être réalisée sur les points
centraux des plans d’expériences réalisés deux fois et présenté en Annexe 8. Dans
PM2000-1 comme dans PM2000-2, seul un des deux essais laisse apparaitre la présence
d’une éjection de matière. On retiendra donc que l’éjection de matière est fortement
localisée dans la circonférence, que sa reproductibilité n’est pas assurée et que son
observation est de plus soumise au hasard de la localisation du découpage des pièces.
A
B
C
C1 B
2600 N; 14 kA;
10 ms; 0,2 mm
A
1800 N; 18 kA;
15 ms; 0,2 mm Au voisinage de
l’électrode enserrant le
bouchon
2600 N; 14 kA;
10 ms; 0,8 mm Côté gaine, à l’intérieur
du contact Au voisinage de l’électrode enserrant la gaine
C2
180 N; 18 kA;
15 ms; 0,2 mm
- 106 -
Ceci peut donc engendrer une variation importante des résultats. L’analyse qui suit sera
donc réalisée avec précaution.
Le nombre d’éjections de matière observées lors des trois plans d’expériences et en
fonction de la localisation est indiqué dans le Tableau 5.1 :
Plan Côté bouchon,
proche de l’électrode (A)
Côté gaine, à l’intérieur du contact (B)
Côté gaine, proche de l’électrode (C)
Nb d’essais observés
Kanthal APM 1 0 2 16
PM2000 - 1 1 1 9 18
PM2000 - 2 4 1 8 18
Tableau 5.1 : Nombre d’occurrences des éjections de matière en fonction de leur localisation et du plan d’expériences considéré
Les éjections de matière les plus courantes sont celles observées au voisinage des
électrodes. L’éjection de matière à l’intérieur du contact est moins fréquente.
5.2.1. Ejection de matière au voisinage de l’électrode enserrant le bouchon
Les éjections de matière au voisinage de l’électrode enserrant le bouchon sont
observées pour des énergies électriques dissipées élevées (majoritairement Is et ts au
niveau haut). Leurs positions et leurs formes rappellent la zone chaude observée sur les
cartographies de températures obtenues par simulation numérique comme montré sur la
Figure 5.6.
Figure 5.6 : Températures maximales obtenue dans le bouchon proche de l’électrode par simulation numérique (a) et comparaison avec la macrographie après attaque
métallographique dans la même zone dans le cas du PM2000 (b)
Alors que la forme et la position de la zone qui atteint les plus hautes températures
sont semblables aux formes et positions des éjections de matière, nous rappellons que les
valeurs de températures atteintes au voisinage de l’électrode obtenues par simulation
peuvent être fortement sous estimées par rapport aux températures obtenues lors des
essais expérimentaux (Chapitre 3, paragraphe 3.3.4.1). Nous avons vu que cette
différence pouvait s’expliquer par une mauvaise prise en compte des conditions
interfaciales entre les pièces et les électrodes et notamment par la résistance de contact
thermique qui influe très fortement sur la température obtenue en ce point. Cela peut
expliquer le fait que, dans le cas d’une modification locale des propriétés interfaciales
entre l’électrode et le bouchon (suite à une singularité), le point chaud formé proche de
l’électrode atteigne localement une température suffisamment élevée pour engendrer
une éjection de matière.
5.2.2. Ejection de matière au voisinage de l’électrode enserrant la gaine
Ce même type de défaut est observé au voisinage de l’électrode enserrant la gaine à
l’exception que, du fait que l’électrode se trouve proche de l’interface soudée, l’éjection de
Ele
ctro
de
Tem
péra
ture
(°C
)
2200 N
16 kA
13 ms
0,5 mm
Ele
ctro
de
a b 200 µm
Effet du soudage sur la soudure - 107 -
matière peut affecter l’interface et le bouchon lorsque l’affaissement est suffisant comme
l’illustre la Figure 5.7 présentant les éjections de matière obtenue lors du plan PM2000-1
pour les essais réalisé pour Is = 14 kA et Lg = 0,2 mm.
Figure 5.7 : Ejection de matière observée lors du plan PM2000-1 pour Is = 14 kA et Lg = 0,2 mm en fonction de la valeur de l’affaissement
On observe donc que plus l’affaissement augmente, plus l’électrode est proche de
l’interface et donc, plus l’éjection de matière affecte l’interface ainsi que le bouchon.
Sur PM2000, nous avons observé qu’une augmentation de la longueur de gaine
permettait de limiter la présence d’éjection de matière (12 essais sur 16 présentent une
éjection de matière pour un Lg au niveau bas contre 4 essais sur 16 pour un Lg au niveau
haut).
Une force au niveau haut semble aussi permettre de limiter la présence d’éjection de
matière puisque 10 essais présentent une éjection de matière pour un Fs au niveau bas
contre 6 pour un Fs au niveau haut.
En revanche, nous n’avons pas observé d’effet de Is ou de ts dans les plages étudiées et
nous avons observé des éjections de matière aussi bien pour les essais avec les plus
hautes énergies que pour les essais réalisés avec les plus basses énergies.
Comme observé pour les éjections de matière au voisinage de l’électrode enserrant le
bouchon, celles situées dans la gaine proche de l’électrode sont très localisées au niveau
de la circonférence de la soudure. Pour une série d’essais réalisés avec un même jeu
d’électrode (plan PM2000-2), les pièces ont été découpées systématiquement selon le
même diamètre au regard de la position des pièces dans les électrodes comme le
schématise la Figure 5.8. Nous avons alors observé que les éjections de matière sont très
majoritairement observées dans une même zones au regard de la position des électrodes
(7 des 8 éjections de matière sont observées du même côté de la soudure).
Figure 5.8 : Localisation de la découpe des pièces réalisée lors du plan PM2000-2 au regard de la position des pièces dans les électrodes et dans le système de serrage avec mise en avant de la zone préférentielle pour laquelle des éjections de matière ont été
observées
Cette observation étaye le fait que même si le point chaud localisé au voisinage de
l’électrode est lié à la constriction du courant, l’obtention de températures telles qu’une
éjection de matière ait lieu est conditionnée par une inhomogénéité inhérente au
système d’électrode ou au système de serrage et non à un défaut ou une inhomogénéité
quelconque existant sur les pièces où apparaissant durant le soudage (défaut d’usinage
au contact, inhomogénéité chimique…).
Il est à noter que seules deux soudures ont présenté une éjection de matière au
voisinage de l’électrode enserrant la gaine lors du plan d’expérience sur Kanthal APM.
La différence dans l’intensité du courant entre le plan réalisé sur Kanthal APM et le
plan réalisé sur PM2000 ne suffit pas à expliquer la différence de comportement de ces
deux matériaux. En effet, seule une éjection de matière sur huit essais est relevée pour
Is = 16 kA sur Kanthal APM alors que pour PM2000-1 et pour une intensité du courant
plus faible (Is = 14 kA), on observe que 4 essais sur 8 présentent une éjection de matière.
En revanche, nous n’avons pas observé de différences significatives dans le nombre
d’occurrence d’éjection de matière entre le plan PM2000-1 et PM2000-2 à l’exception que
les éjections de matière se situent plus proche de l’interface entre pièces dans le cas du
plan PM2000-2 du fait que Lg effectif est plus faible. Cette différence est principalement
observée pour Lg = 0,2 mm.
5.2.3. Ejection de matière côté gaine, à l’intérieur du contact
Les éjections de matière côté gaine, vers l’intérieur, ont été observées exclusivement
pour Lg = 0,8 mm. Il est à noter que nous avons aussi observé des ZF à l’intérieur du
contact là encore uniquement pour Lg = 0,8 mm.
En effet, nous avons vu au chapitre 4 que la constriction de courant à l’interface entre
pièces, vers l’intérieur, était plus importante pour Lg = 0,8 mm ce qui entraine des
températures plus élevées en ce point. D’après la simulation numérique, plus l’intensité
du courant est élevée plus la température de ce point chaud avant affaissement est
élevée. Donc nous devrions observer plus d’éjection de matière. Cependant, nous avons
observé que lorsque l’intensité du courant augmente, l’affaissement augmente
entrainant une fermeture des trous crées par l’éjection de matière ainsi que l’expulsion
Mors
Support
Electrode
Fente de l’électrode
Gaine
Position pour laquelle des
éjections de matière ont été
relevées pour PM2000-2
Position de découpe
des pièces dans le cas
de PM2000-2
Effet du soudage sur la soudure - 109 -
des ZF vers le bourrelet interne. Ce phénomène est illustré sur la Figure 5.9 pour un Lg
de 0,8 mm et un Is de 14 kA.
Figure 5.9 : Macrographies réalisées lors du plan PM2000-1 pour Is = 14 kA et Lg = 0,8 mm
On observe bien qu’à partir d’une certaine énergie, un défaut de compacité associé à
une ZF se forme à l’intérieur du contact (b). Lorsque l’affaissement augmente, le défaut
de compacité se referme (c) puis la ZF est expulsée vers l’intérieur du gainage et peut
former le bourrelet interne (d).
L’optimisation à mener pour éviter la formation de zone fondue ou d’éjection de
matière à l’intérieur du contact est alors une diminution de la longueur de gaine. Ceci a
pour effet la limitation de la constriction du courant à l’intérieur du contact ou une
augmentation de l’affaissement. En effet, lorsque l’affaissement est plus important, il est
possible de chasser les zones fondues et de fermer les éventuels trous laissés par
l’éjection de matière. Les ZF sont étudiées plus en détail au paragraphe 5.3.
5.2.4. Synthèse
Des défauts de compacité liés à une éjection de matière ont été observés pour
certaines soudures au voisinage des électrodes entourant le bouchon ou entourant la
gaine. Ces éjections de matière sont très localisées dans la circonférence de la soudure et
sont de ce fait liées à une inhomogénéité inhérente aux électrodes ou au système de
serrage.
Le PM2000 semble plus sensible aux phénomènes d’éjections de matière que le
Kanthal APM. Cependant, il est important de rappeler que lors du plan PM2000-1, les
électrodes avaient déjà servi et lors du plan PM2000-2, l’électrode ne possédant pas de
chanfrein, le Lg effectif était plus faible. Nous avons vu qu’un Lg faible était une
configuration défavorable au regard de la présence d’éjection de matière.
Les mécanismes associés à cette éjection de matière ainsi que les voies d’optimisation
pour éviter de tels défauts seront discutés au chapitre 6.
De manière moins fréquente, des éjections de matière ont été observées dans la gaine
vers l’intérieur du contact lorsque Lg = 0,8 mm et que l’affaissement n’est pas suffisant
pour écraser le point chaud qui se forme à l’intérieur du contact.
Enfin, il est à noter que nous n’avons pas réussi à mettre en évidence un critère lié
aux mesures en cours de soudage permettant d’indiquer si une éjection de matière avait
eu lieu ou non.
Fs=2600 N
ts = 10 ms
Fs=1800 N
ts = 10 ms
Fs=2600 N
ts = 15 ms
Fs=1800 N
ts = 15 ms
Augmentation de l’affaissement
Aff. = 375 µm
Efin = 370 J
Aff. = 426 µm
Efin = 390 J
Aff. = 449 µm
Efin = 547 J
Aff. = 503 µm
Efin = 574 J
PM
2000-1
a b c d 200 µm
(Fs ; 14 kA ; ts ; 0,8 mm)
- 110 -
5.3. Présence d’une zone fondue
Pour certains essais, nous avons relevé sur les macrographies après attaque
métallographique la présence de ZF. Elles ont été observées aussi bien sur Kanthal APM
que sur PM2000. Un exemple de ZF typique pour chaque matériau est présenté sur la
Figure 5.10.
Figure 5.10 : Exemples de ZF observées sur Kanthal APM (gauche) et sur PM2000 (droite)
On observe sur ces exemples que les ZF se localisent dans la gaine au voisinage de
l’électrode. De façon générale, les positions des ZF sont identiques à celles des éjections
de matière (au voisinage des électrodes et vers l’intérieur du contact entre pièces). De
plus, nous avons observé que lorsqu’une face était affectée par une éjection de matière, la
face en vis-à-vis présente majoritairement la trace d’une ZF comme illustré sur la Figure
5.11.
Figure 5.11 : Comparaison des différentes faces observées sur une même soudure en PM2000 présentant une ZF et une éjection de matière
(1800 N ; 14 kA ; 15 ms ; 0,2 mm)
On observe bien sur cette figure que la ZF se trouve à la même localisation que
l’éjection de matière et que la face en oppposé ne présente ni ZF ni éjection de matière.
D’un point de vue de l’homogénéité circonférentielle et de façon générale, la ZF n’est
observée que sur une face sur deux de la même soudure. Tout comme les éjections de
matière, le phénomène est donc localisé en une zone de la circonférence de la soudure.
ZF
Face opposée Face en vis à vis Face de référence
Kanthal APM PM2000
(2600 N ; 18 kA ; 15 ms ; 0,8 mm) (1800 N ; 16 kA ; 15 ms ; 0,8 mm)
1800 N ; 14 kA ; 15 ms ; 0,2 mm
Effet du soudage sur la soudure - 111 -
On note que 3 essais (hors point centraux) laissent apparaitre une ZF aussi bien lors
du plan PM2000-1 que PM2000-2. Sept essais ne font pas apparaitre cette
reproductibilité.
En ce qui concerne les points centraux des plans d’expériences, chaque essai a été
réalisé deux fois comme présenté en Annexe 8. Dans PM2000-1 les deux essais laissent
apparaitre une zone fondue alors que seul un essai sur deux fait apparaitre une ZF lors
du plan PM2000-2.
Enfin, on observe que lorsqu’une ZF est observée pour un temps de soudage court (6
essais), celle-ci peut ne pas être observée lorsque le temps de soudage est plus long (deux
essais sur six). Ceci peut traduire un manque de reproductibilité ou le fait qu’un temps
de soudage plus long permette de chasser la ZF vers les bourrelets en produisant un
affaissement plus important.
Comme pour les éjections de matière, on retiendra donc que la ZF est fortement
localisée dans la circonférence, que sa reproductibilité n’est pas assurée et que son
observation est de plus soumise au hasard de la localisation des découpes des pièces.
Ceci peut donc engendrer une variation importante des résultats.
5.3.1. Modification de la répartition des éléments de renfort
Les cartographies de répartitions du titane et de l’yttrium obtenues par microsonde de
Castaing sur la soudure réalisée sur PM2000 et présentée sur la Figure 5.10 (droite) sont
exposées sur la Figure 5.12.
- 112 -
Figure 5.12 : Répartition des éléments de renforts sur PM2000 lors de la présence d’une ZF sur l’ensemble de la soudure (haut) et localisé sur la ZF (bas)
(2600 N ; 18 kA ; 15 ms ; 0,8 mm)
On observe que la répartition des éléments de renfort est modifiée lorsqu’il y passage
par la fusion. Au niveau de la répartition en yttrium, on observe une zone de déplétion
(en bleu) dont la taille, la forme et la position correspondent aux limites de la zone
fondue observée sur la macrographie. Dans cette zone de déplétion, on observe des points
enrichis en yttrium dont la taille varie entre 2 µm et 12 µm.
Au niveau de la répartition en titane, on observe un enrichissement sur la périphérie
de la ZF (en vert). Au centre de la ZF, on observe une diminution de la densité de points
enrichis en titane initialement présents dans le métal de base.
Enfin, nous avons relevé quelques points enrichis en aluminium d’une taille de l’ordre
de 5 µm. Ces points coïncident avec ceux d’yttrium ou de titane.
5.3.2. Effet des paramètres opératoires
La présence ou l’absence de zone fondue en fonction de l’énergie est présentée sur la
Figure 5.13. L’ordonnée de chaque point est dépendante de la présence ou de l’absence de
ZF et/ou d’éjection de matière (les points sont plus ou moins haut de façon a les
Figure 5.13 : Présence de ZF et/ou d’une éjection de matière en fonction de l’énergie finale et du matériau
On observe que la présence ou l’absence d’une zone fondue est fortement corrélée à
l’énergie électrique dissipée dans les pièces (Efin) et ce notamment pour Kanthal APM.
Sur PM2000, cette tendance est moins marquée, notamment du fait de la présence
d’éjection de matière en grand nombre. L’augmentation de Is et l’augmentation de ts
tendent donc à augmenter le risque de présence de ZF. En revanche, nous n’avons
observé aucun effet de Fs ou de Lg.
On observe que, à l’exception de deux essais présentant une éjection de matière,
l’ensemble des essais présentant une zone fondue sont observées pour une énergie
supérieure à 490 J. La différence dans les plages de paramètres opératoires entre les
plans d’expériences PM2000-1 et Kanthal APM peut donc expliquer le nombre de zones
fondues plus faible observées sur Kanthal APM par rapport au PM2000. Il ne semble pas
y avoir de différence entre le PM2000 et le Kanthal APM d’un point de vue de la
présence de zone fondue.
En revanche, on observe une différence importante entre les deux plans d’expériences.
Pour PM2000-2, on observe un nombre réduit de ZF par rapport au plan PM2000-1 (5
contre 11) et l’on observe que des soudures sans ZF ont été obtenues pour des énergies
supérieures à 490 J (point entouré sur la Figure 5.13). Ces énergies sont valables dans le
cadre de la configuration étudiée lors des différents plans d’expériences et sur le banc
d’essai considéré.
Sur la Figure 5.14, on compare une des soudures entourées sur la Figure 5.13 et
réalisées lors du plan PM2000-2 avec les essais réalisés avec les mêmes paramètres
opératoires lors du plan PM2000-1.
Absence de zone fondue sur
l’ensemble des faces observées
Présence de zone fondue
sur au moins une face
Présence d’une
éjection de matière sur
au moins une face
490 J
200 300 400 500 600 700 800
Efin ( J )Kanthal APM PM2000-1 PM2000-2
- 114 -
Figure 5.14 : Comparaison des macrographies des soudures obtenues pour le même jeu de paramètres opératoires (2600 N ; 18 kA ; 10 ms ; 0,2 mm) lors des plans
PM2000-1 et PM2000-2
On observe dans le cas du PM2000-1 une ZF localisée sur l’extérieur proche de
l’électrode. Dans le cas du plan PM2000-2, cette zone fondue est observée dans le
bourrelet extérieur et semble donc avoir été chassée vers l’extérieur du fait que la gaine
pénètre plus dans le bouchon. L’affaissement est plus important lors du plan PM2000-2
alors même que la longueur de gaine dépassant effectivement de l’électrode est plus
faible. On peut donc supposer qu’une augmentation de l’affaissement tend à chasser les
zones fondues phénomène que nous avions aussi observé dans le paragraphe 5.2.3.
L’expulsion vers le bourrelet externe est favorisée par l’absence de chanfrein sur
l’électrode.
Cependant, il est nécessaire de rappeler que ces observations doivent être prises avec
précaution du fait qu’elles sont fortement dépendantes de la localisation de la découpe
des pièces.
5.3.2.1. Synthèse
L’apparition d’une zone fondue est un phénomène localisé dont la répétabilité n’est
pas assurée.
Les formes et les localisations des zones fondues sont similaires aux formes et aux
localisations des éjections de matière observées dans le paragraphe 5.2.
Lorsqu’une ZF est observée, on note localement une modification de la répartition des
renforts. Ce constat est cohérent avec les observations issues de la littérature sur le
soudage par fusion des alliages ODS (Chapitre 1, paragraphe 1.3.1).
On observe que la présence d’une zone fondue est principalement reliée à l’énergie
électrique dissipée dans les pièces et que plus l’énergie est faible moins le nombre de
zones fondues observées est important. Une énergie inférieure à 490 J est conseillée afin
de limiter le risque de présence de ZF. Cependant l’utilisation d’électrodes sans
chanfrein permet de faciliter l’expulsion des zones fondues ce qui permet d’augmenter
cette énergie d’une centaine de Joules.
5.4. Compacité de la soudure au niveau de l’interface
Il est évident que la compacité de la soudure (absence de cavité au niveau du joint
soudé) est le critère primordial de la réalisation d’une soudure de caractéristiques
acceptables.
PM2000-2
(2600 N ; 18 kA ; 10 ms ; 0,2 mm)
PM2000-1
Aff. = 332 µm Aff. = 250 µm
Effet du soudage sur la soudure - 115 -
La macrographie avant attaque permet d’étudier la présence de défaut de compacité
au niveau du joint soudé. Par cette méthode et au grandissement choisi, des défauts
d’une taille supérieur à 4 µm (selon le plan de coupe) peuvent être détectés. Cette
dimension est inférieure à la taille des porosités présentes initialement dans le PM2000
(20 µm).
Une soudure typique sur PM2000 présentant une bonne compacité ne laisse pas
apparaitre la trace du joint soudé comme présenté sur la Figure 5.15 (a). Cependant, au
cours des plans d’expériences, des défauts de compacité au niveau de l’interface peuvent
apparaitre comme présentés sur la Figure 5.15 (b).
Figure 5.15 : Macrographie sans attaque métallographique pour une soudure présentant une bonne compacité (a) et une soudure présentant un manque de
soudage (b) réalisées lors du plan PM2000-1
Le défaut est lié à un manque de soudage entre les surfaces à souder. Ce défaut peut
apparaitre localement à l’extérieur du joint ou sur toute la longueur du joint soudé. Dans
le cas extrême, les deux pièces sont trop faiblement soudées et rompent durant la
découpe des pièces. Ce défaut s’assimile au défaut de type P4 (norme ISO 6520-2)
dénommé défaut de manque de fusion. Nous parlerons ici de manque de soudage afin de
ne pas créer de confusion du fait que notre procédé est défini comme un procédé en phase
solide.
La localisation de ce défaut correspond donc au minimum de température au contact
comme observé par simulation numérique précédemment (Chapitre 4, paragraphe
4.3.1.3). De plus, nous avons vu que durant le soudage, la gaine pouvait glisser le long du
chanfrein du bouchon ce qui peut provoquer l’ouverture du contact dans cette même zone
et donc limiter le soudage.
Sur chaque macrographie sans attaque, il est possible de mesurer la longueur de joint
affectée par le manque de soudage (appelée longueur non soudée) comme indiqué sur la
Figure 5.15. Pour chaque soudure, deux faces sont observées sur PM2000 et quatre sur
Kanthal APM (pièces découpées en quart). La longueur non soudée est mesurée pour
chaque face. La longueur non soudée de chaque soudure est alors la moyenne de ces
mesures. On notera que lorsqu’un défaut lié à une éjection de matière est présent au
niveau de l’interface, la longueur non soudée n’est pas mesurée sur cette face. Si
l’ensemble des faces possèdent une éjection de matière, l’information de longueur non
soudée n’est alors pas accessible pour cette soudure.
Manque de soudage
2600 N ; 14 kA, 10 ms ; 0,8 mm
Bonne compacité
2600 N ; 18 kA, 15 ms ; 0,8 mm
317 µm
- 116 -
5.4.1. Homogénéité et reproductibilité
En moyenne la mesure de la longueur non soudée entre les deux faces opposées varie
de 30 µm. Pour les soudures dont une face ne présente pas de manque de soudage, la
seconde face ne présente pas de manque de soudage non plus dans 65 % des cas et la
longueur non soudée de la seconde face (face opposée) ne dépasse jamais les 100 µm.
L’homogénéité vis-à-vis de cet observable est donc satisfaisante.
La reproductibilité ne peut être étudiée que sur les points centraux des plans
d’expériences. Pour les quatre essais réalisés sur le point central des plans PM2000-1 et
PM2000-2, la longueur non soudée est nulle. Pour les deux essais réalisés sur le point
central du plan Kanthal APM, la longueur non soudée est de 17 µm. Le nombre de
répétitions de ces essais est faible mais donne une première indication. La
reproductibilité semble donc satisfaisante.
5.4.2. Effets des paramètres opératoires
Afin d’étudier l’influence des paramètres opératoires sur la longueur non soudée, on
représente sur la Figure 5.16 la longueur non soudée en fonction de l’énergie électrique
totale dissipée (Efin) pour deux longueurs de gaine dépassant de l’électrode (Lg = 0,2 mm
et Lg = 0,8 mm).
Figure 5.16 : Longueur non soudée observée lors des trois plans d’expériences en fonction de l’énergie électrique dissipée pour Lg = 0,2 mm (gauche) et
Lg = 0,8 mm (droite)
Pour les deux valeurs de Lg, on observe qu’une augmentation de Efin permet de
diminuer la longueur non soudée. Pour un Lg de 0,2 mm, des soudures dont la longueur
non soudée est nulle sont obtenues à partir d’une énergie de 450 J. Cette énergie est de
530 J lorsque Lg = 0,8 mm. De plus, au dessus de ces valeurs, seule 1 soudure sur 12
présente une longueur non soudée non nulle pour Lg = 0,2 mm alors que 6 soudures sur
14 présentent une longueur non soudée non nulle pour Lg = 0,8 mm. Pour s’assurer de
l’absence de ce défaut, une énergie supérieure à 540 J est nécessaire pour Lg = 0,2 mm.
Elle est de 730 J pour Lg = 0,8 mm. Ces niveaux d’énergie sont trop importants pour
s’affranchir du risque de ZF (voir paragraphe 5.3.2).
La force ne semble pas avoir d’influence significative sur la longueur non soudée.
5.4.2.1. Synthèse
En cours de soudage, un défaut de compacité lié à un manque de soudage peut
apparaitre à l’extérieur du joint soudé. Ce défaut se localise dans la zone de température
0
100
200
300
400
500
600
700
800
200 300 400 500 600 700 800
Lon
gue
ur
no
n s
ou
dé
e (
µm
)
Efin ( J )
Lg = 0,8 mm
Kanthal APM PM2000-1 PM2000-2
0
100
200
300
400
500
600
700
800
200 300 400 500 600 700 800
Lon
gue
ur
no
n s
ou
dé
e (
µm
)
Efin ( J )
Lg = 0,2 mm
Kanthal APM PM2000-1 PM2000-2
Effet du soudage sur la soudure - 117 -
la plus basse ainsi que dans la zone où un possible décollement des surfaces peut
apparaitre suite au glissement de la gaine le long du chanfrein du bouchon.
Afin de limiter ce défaut, l’énergie de soudage doit être suffisante. La valeur de
l’énergie nécessaire est plus faible lorsque Lg est au niveau bas. Cela provient soit d’un
meilleur maintien mécanique de la gaine évitant son glissement soit de la présence du
point chaud proche de l’électrode qui entraine un apport de chaleur plus important sur
l’extérieur du joint. De plus, nous avons vu au chapitre 4 que lorsque Lg augmente, la
température minimale au contact diminue ce qui peut accentuer le manque de soudage
et va donc là encore dans le sens qu’un Lg au niveau bas permet d’obtenir des soudures
de meilleure compacité et ce pour une énergie plus faible.
Sur Kanthal APM, peu de soudures sans manque de soudage ont été réalisées (3
soudures seulement). Ceci provient de la plus faible intensité du courant qui diminue
l’énergie électrique dissipée. Les résultats obtenus sur PM2000-1 et PM2000-2 ne
laissent pas apparaitre de différences importantes.
5.5. Microstructure à l’interface
Sur les macrographies réalisées sur PM2000 et en l’absence de manque de soudage,
on observe de façon générale que le joint soudé est visible du fait d’une forte réactivité à
l’attaque chimique au niveau de l’interface comme le montre la macrographie après
attaque métallographique présentée sur la Figure 5.17 (flèche rouge pleine). Nous avons
analysé l’interface d’une soudure par diffraction des électrons rétrodiffusés (EBSD). Les
résultats obtenus par cette technique en qualité d’image et en orientation cristalline sont
présentés sur la Figure 5.17.
Figure 5.17 : Caractérisation par EBSD et macrographie après attaque métallographique de la face en vis-à-vis d’une soudure réalisées lors du plan
PM2000-1 pour (1800 N ; 14 kA ; 15 ms ; 0,2 mm)
Dans un premier temps, on observe que le grain du bouchon se déforme légèrement
(passage de violet à rose) au niveau de l’interface sous l’effet du forgeage. Le grain de la
gaine se déforme de façon plus importante notamment au niveau des bourrelets interne
et externe. Cela conduit localement à des changements d’orientation cristalline qui se
font de manière continue sans formation de nouveaux grains ou de sous-joints.
Imagerie en orientation
Imagerie en qualité d’image
Imagerie en orientation Macrographie après
attaque métallographique
1800 N
14 kA
15 ms
0,2 mm
- 118 -
Sur la macrographie avec attaque métallographique, on observe dans la gaine, hors de
l’interface, une réactivité accrue à l’attaque métallographique (flèche blanche pointillée)
qui n’est pas observée sur la caractérisation par EBSD et ce du fait que les deux faces
observées sont les faces en vis-à-vis et sont donc séparées par l’épaisseur du trait de
coupe et la profondeur de polissage. La caractérisation de ce type d’observation est
réalisée au paragraphe 5.6.
A l’interface, on observe la présence de petits grains de tailles micrométriques et
submicrométriques expliquant la forte réactivité du joint soudé à l’attaque chimique.
5.5.1. Répartition des éléments de renforts
La répartition des éléments de renforts a été caractérisée par microsonde avec une
résolution de 0,2 µm dans la zone de l’interface comme indiqué par le carré rouge sur la
Figure 5.17. Les résultats obtenus sont présentés sur la Figure 5.18.
Figure 5.18 : Caractérisation de la répartition de l’yttrium et du titane obtenue par WDS sur une interface soudée lors du plan PM2000-1
(1800 N ; 14 kA ; 15 ms ; 0,2 mm)
Les analyses présentent des points riches en titane dont la taille et la répartition sont
identiques à celles observées dans le métal de base. La répartition de l’yttrium est elle
aussi identique à celle du métal de base. On notera l’observation d’un point riche en
yttrium (indiqué par une flèche) d’une taille de l’ordre de 800 nm.
A l’échelle observable à la microsonde, aucune modification de la répartition des
éléments au niveau de l’interface n’apparait lorsque de petits grains sont présents. Nous
nous intéressons donc à la répartition des renforts à l’échelle de la microscopie en
transmission. A l’aide d’un « dual beam », une lame mince est prélevée au niveau de
l’interface d’une soudure présentant cette structure de petits grains (lame mince
prélevée sur la soudure réalisée sur le point central du plan PM2000-1,
(Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2200 N ; 16 kA ; 13 ms ; 0,5 mm)). La vue générale de cette lame mince
est présentée sur la Figure 5.19.
Imagerie en orientation
Imagerie en qualité d’image Electron rétrodiffusé 2,5 % Titane (%massique)
Interface
Yttrium (%massique)
0 %
2 %
0 %
Effet du soudage sur la soudure - 119 -
Figure 5.19 : Image MET en champ clair : Vue générale de la lame mince prélevée à une interface de la soudure réalisée avec
(Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2200 N ; 16 kA ; 13 ms ; 0,5 mm)
Dans un premier temps, on observe la présence de plusieurs grains dont la taille est
de l’ordre du micromètre ce qui correspond à la taille de grain observée par EBSD au
niveau de l’interface.
On observe sur cette lame la présence de différentes zones avec des densités de
dislocations différentes. Certains grains mettent en évidence la présence de cellules de
dislocations.
Dans les zones possédant une faible densité de dislocations, on retrouve la présence
de précipités d’yttrium d’une taille proche de celle observée dans le métal de base comme
montré sur la Figure 5.20.
Figure 5.20 : Image MET en champ clair (BF) et cartographies de la réparation des éléments aluminium (Al), titane (Ti) et yttrium (Y) réalisées par EDS-STEM de la
zone de l’interface ne présentant pas de cellule de dislocations
Comme pour le métal de base, la présence de particules riches en yttrium d’une taille
inférieure à 50 nm est observée. Les particules de tailles plus importantes (entre 50 nm
Zone avec forte densité
de dislocations Ŕ
Présence de cellules de
dislocations
Zone avec faible
densité de dislocations
- 120 -
et 200 nm) montrent la présence d’aluminium associé à de l’yttrium. Aucune particule
riche en titane n’a été observée.
Dans les zones où des cellules de dislocation sont observables, les caractéristiques des
renforts (taille, répartition, composition) sont différentes de celles du matériau de base.
Un exemple typique des caractérisations réalisées dans cette zone sont présentées sur la
Figure 5.21.
Figure 5.21 : Image MET en champ clair (BF) et cartographies de la réparation des éléments aluminium (Al), titane (Ti) et yttrium (Y) réalisées par EDS-STEM de la
zone de l’interface présentant des cellules de dislocations
On détecte la présence de particules d’yttrium dont la taille est supérieure à 100 nm.
Ces particules sont localisées sur les murs des cellules de dislocations (repérées par une
flèche). Dans cette zone, nous n’avons pas observé de particules de taille inférieure à 50
nm. Les petites particules semblent s’être regroupées et avoir coalescé.
5.5.2. Synthèse
Sur l’alliage ODS PM2000, on observe systématiquement la présence de petits grains
micrométrique au niveau de l’interface à partir du moment où aucun défaut de compacité
n’est observé. A l’échelle d’observation de la microsonde, aucune modification de la
répartition des éléments de renforts n’est visible. Cependant, on observe une
modification de la dispersion des éléments de renforts au niveau nanométrique dans les
zones à fortes densités de dislocation.
Comparé au Kanthal APM, l’interface soudée est très différente. En effet sur Kanthal
APM, il est possible, pour des énergies élevées, « d’effacer » l’interface et d’obtenir des
grains de tailles semblables à ceux du matériau de base comme le montre la
macrographie présentée sur la Figure 5.22.
Effet du soudage sur la soudure - 121 -
Figure 5.22 : Macrographie d’une soudure réalisée sur Kanthal APM pour (Fs ; Is ; ts ; Lg) = (1800 N; 16 kA; 15 ms; 0,2 mm) et dont l’interface n’est plus visible
Nous rappelons que pour le Kanthal APM, la taille initiale des grains initiale est
petite (50 µm) comparée à celle du PM2000 (millimétrique). De plus, la présence de
renforts nanométriques dans le cas de l’alliage ODS peut bloquer le mouvement des
dislocations et des joints de grains. Ces caractéristiques modifient alors les mécanismes
de recristallisation et peuvent expliquer une telle différence.
5.6. Recristallisation dynamique et répartition des éléments
5.6.1. Modification de la microstructure
Pour certaines soudures, nous avons observé localement une réactivité accrue à
l’attaque métallographique en dehors de l’interface. Cette structure a aussi bien été
observée sur Kanthal APM que sur PM2000. Des exemples de soudures présentant cette
caractéristique sont présentées sur la Figure 5.28.
Figure 5.23 : Macrographies après attaque métallographique de soudure réalisée sur PM2000 (gauche) et Kanthal APM (droite) présentant localement une réactivité
accrue à l’attaque métallographique (entourée en bleu)
Nous observons que la zone présentant une réactivité accrue (entouré en bleu) est
située grossièrement à la même localisation, indépendamment de l’alliage soudé, à savoir
PM2000
1800 N ; 18 kA ; 15 ms ; 0,8 mm
Kanthal APM
2200 N ; 14 kA ; 13 ms ; 0,5 mm
Kanthal APM
1800 N
16 kA
15 ms
0,2 mm
- 122 -
au voisinage de l’électrode et s’étendant jusqu’à l’interface. Dans certains cas, comme
celui de la soudure sur PM2000 présentée sur la Figure 5.28, la modification s’étend
jusqu’au bourrelet interne en passant par l’interface.
Pour une configuration géométrique donnée (Lg fixé et électrodes identiques), la zone
de forte réactivité forme un angle spécifique avec la gaine comme mis en évidence par les
pointillés rouges sur la Figure 5.24.
Figure 5.24 : Estimation qualitative de l’angle formé par la zone de forte réactivité hors de l’interface en fonction de Lg (0,2 mm ; 0,5 mm ; 0,8 mm)
La localisation de ces zones est schématisée sur la Figure 5.25 et comparée avec les
déformations déjà relevées au chapitre 4 (Figure 4.3).
Figure 5.25 : a. Macrographie d’une soudure avec mise en évidence de la déformée (trait noir)
b. Schématisation de la zone préférentielle pour la modification de la microstructure
Dans le chapitre 4, nous avons vu que la zone proche de l’électrode correspondait à
une zone où la déformation des pièces était importante du fait du déplacement de la
gaine qui s’appuie sur le chanfrein de l’électrode (Chapitre 4, paragraphe 4.1.3). Dans
cette zone, la température est particulièrement élevée du fait du point chaud qui se
forme proche de l’électrode. Pour la zone proche du bourrelet interne, le même
phénomène est observé mais du fait du mouvement de matière. Dans cette zone, un point
chaud est aussi observé du fait de la macroconstriction du courant lors du passage du
bouchon massif à la gaine plus étroite. Un phénomène associant déformation et
température est donc responsable du changement d’aspect observé après attaque
métallographique.
Zone préférentielle
pour la modification
de la microstructure Forte
déformation
Mouvement de matière
Position de
l’électrode
200µm
a b
2600 N; 18 kA; 10 ms; 0,8 mm 2600 N; 18 kA; 10 ms; 0,2 mm 2200 N; 16 kA; 13 ms; 0,5 mm
PM
2000-1
Effet du soudage sur la soudure - 123 -
La soudure réalisée sur PM2000 présentée sur la Figure 5.23 a été analysée par
EBSD dans la zone indiquée par le carré rouge. L’orientation cristalline observée pour
cette soudure est présentée sur la Figure 5.26.
Figure 5.26 : Caractérisation par EBSD d’une soudure sur PM2000 présentant une indication de modification de la microstructure (1800 N ; 18 kA ; 15 ms ; 0,8 mm)
Nous observons sur ces images que la zone présentant une réactivité accrue (repère A)
est composée de petits grains de l’ordre de 5 µm de diamètre. Les grains sont, dans
l’ensemble, équiaxes et sans orientation spécifique.
Sur cette soudure, nous observons que la zone avec des petits grains s’étend jusqu'au
bourrelet intérieur en passant par l’interface (repère B puis C). Au niveau du repère B et
sur cet exemple, les grains sont aplatis le long du joint soudé et ont une taille de l’ordre
de 5 µm ce qui est bien supérieure à celles observées à l’interface sur la Figure 5.17. La
largeur de la zone affectée par la présence de ces petits grains est de 10 µm environ ce
qui est là encore, bien supérieure à celle observée à l‘interface sur la Figure 5.17. Plus on
se rapproche du bourrelet interne plus les grains ont une taille importante. Au niveau du
repère C, on observe la présence de grains d’une taille de la centaine de microns qui sont
fortement déformés.
L’indication observée sur la macrographie optique après attaque est donc liée à une
modification de la taille de grain. Ce phénomène apparait dans les zones de haute
température et de forte déformation. L’orientation des grains est aléatoire. Il semble
donc légitime de supposer que cette modification de la microstructure est liée à un
phénomène de recristallisation dynamique.
5.6.2. Répartition des éléments de renfort
L’analyse de la répartition des éléments de renforts réalisée par microsonde de
Castaing de cette soudure est présentée sur la Figure 5.27.
Gaine
Bouchon 10 µm
B
200 µm
A
B
10 µm
C
A
- 124 -
Figure 5.27 : Cartographie de la répartition en yttrium et en titane obtenue par WDS d’une soudure présentant une modification de la microstructure et comparaison avec
les cartographies obtenues par EBSD sur PM2000 (1800 N ; 18 kA ; 15 ms ; 0,8 mm)
Il y a corrélation entre la position de la zone recristallisée et la position de la zone où
il y a modification de la répartition des renforts.
Dans la partie la plus proche de l’électrode (cercle pointillé), on observe une déplétion
en yttrium dans laquelle on trouve des points riches en yttrium (points rouges) d’une
taille de l’ordre de 2 µm à 8 µm. Dans cette même zone, on observe la présence d’un
enrichissement en titane avec la présence de quelques points de forte teneur en titane de
tailles identiques à celles observées dans le métal de base. Cette zone correspond à la
zone qui présente les grains de plus grande taille (10 µm environ).
Dans la partie modifiée la plus proche de l’interface (cercle plein), on observe une
modification de la répartition en yttrium avec la présence de points riches en yttrium
d’une taille de 2 µm à 5 µm environ. Dans cette même zone, on observe une légère
déplétion en titane avec cependant toujours la présence des points riches en titane
identiques à ceux observés dans le métal de base.
Yttrium (% massique) Titane (% massique)
La position et le cadre des images EBSD peuvent être légèrement différents de ceux de l’analyse microsonde
EBSD : Imagerie en qualité d’image
EBSD : Imagerie en orientation
B
A A
B
100 µm
Effet du soudage sur la soudure - 125 -
On a vu précédemment que la modification de la taille de grain s’étend jusqu’au
bourrelet interne en passant par l’interface. On observe une très légère modification de
la répartition des éléments au niveau de l’interface avec une déplétion en titane ainsi
que la présence de quelques points riches en yttrium allant de 1 µm à 3 µm.
La recristallisation dynamique est corrélée à une modification de la répartition de
l’yttrium et du titane. Ces deux éléments sont liés au renforcement par dispersion
d’oxyde de l’alliage ODS PM2000. Une modification de la dispersion de l’yttrium ou du
titane est donc liée directement à la modification de la dispersion des renforts ce qui peut
donc entrainer une modification locale des propriétés mécaniques. L’influence des
paramètres opératoires sur la localisation et la taille de ces modifications doit donc être
analysée.
Il est important de noter que la recristallisation dynamique n’est pas liée à la
présence de renforts puisque celle-ci est aussi observée sur Kanthal APM. Il est donc
probable que ce soit la recristallisation dynamique qui entraine la modification de la
répartition des renforts et non l’inverse.
5.6.3. Influence des paramètres opératoires
Les zones recristallisées dynamiquement sont observées par microscopie optique
après attaque métallographique. On distingue deux catégories en fonction de la
localisation comme présentées sur la Figure 5.28.
Figure 5.28 : Catégorisation des soudures en fonction de la forme et de la localisation des zones recristallisées dynamiquement
La catégorie 1 regroupe l’ensemble des soudures dont la zone recristallisée
dynamiquement s’étend jusqu’au bourrelet interne. Pour la catégorie 2, l’extension
jusqu’au bourrelet interne n’est pas observée. Les modifications sont alors
principalement localisées en un point de l’interface proche de l’électrode comme présenté
ci-dessus ou alors dans la partie de gaine qui dépasse de l’électrode (le trait noir observé
sur l’interface est lui systématiquement visible et n’est pas pris en compte ici, voir
paragraphe 5.5).
Sur PM2000, deux faces de chaque soudure sont observées (face opposée). Les faces
pour lesquelles on observe une ZF ou une éjection de matière ne sont pas prises en
compte. Lorsque les deux faces présentent cette caractéristique l’information sur la
modification de la microstructure n’est alors pas accessible. Pour chaque face, on
attribue une note en fonction de la catégorie (lorsqu’aucune modification n’est observée,
une note de 0 est attribuée). Pour chaque soudure, la valeur de « modification de la
microstructure » correspond à la moyenne des notes attribuées pour chaque face.
Catégorie 2 : Sans extension vers le bourrelet interne Catégorie 1 : Avec extension vers le bourrelet interne
PM2000-1
2600 N
18 kA
10 ms
0,8 mm
PM2000-1
2600 N
18 kA
15 ms
0,2 mm
- 126 -
5.6.3.1. Homogénéité et reproductibilité
D’un point de vue de l’homogénéité, la présence de ZF et d’éjections de matière,
phénomènes tous deux localisés limitent l’analyse de l’homogénéité puisque sur
PM2000-1, seule une soudure ne présente ni ZF ni éjection de matière sur les deux faces.
Sur Kanthal APM, nous avons observé un nombre plus faible de ZF et d’éjections de
matière alors même que quatre faces sont observées par soudure. L’analyse de
l’homogénéité est donc réalisée sur les soudures de ce matériau.
Parmi les 16 soudures observables, huit présentent le même caractère sur l’ensemble
des faces et quatre ne possèdent qu’une seule face différente. L’homogénéité vis-à-vis de
cet observable est donc satisfaisante. Un exemple de quatre macrographies obtenues sur
une soudure réalisée sur Kanthal APM et découpée en quart est présenté sur la Figure
5.29:
Figure 5.29 : Homogénéité circonférentielle d’une soudure réalisé sur Kanthal APM et présentant une zone recristallisée dynamiquement
On observe sur ces macrographies la présence évidente de recristallisation dynamique
sur trois des quatre faces. Une des faces laisse apparaitre des traces plus légères de cette
modification de la réactivité. La modification de la microstructure est de plus
systématiquement localisée au même endroit ce qui montre une homogénéité
circonférentielle satisfaisante.
La reproductibilité ne peut être observée que sur les point centraux des plans
d’expériences et sont présentés en Annexe 8. La reproductibilité de cet observable n’est
pas assurée sur PM2000 mais on peut supposer que cela provient des éjections de
matière et des zones fondues qui ne sont que faiblement reproductibles et qui
« parasitent » l’observation de ce phénomène.
5.6.3.2. Corrélation avec l’affaissement
Nous avons vu que la modification de la microstructure était localisée dans les zones
présentant des déformations importantes. On étudie donc ce phénomène en fonction de
l’affaissement mesuré. La Figure 5.30 présente la valeur de modification de la
microstructure en fonction de l’affaissement pour Lg = 0,2 mm et Lg = 0,8 mm.
2600 N ; 18 kA ; 10 ms ; 0,8 mm
Effet du soudage sur la soudure - 127 -
Figure 5.30 : Modification de la microstructure en fonction de l’affaissement, de Lg et des différents plans d’expériences
Pour les soudures réalisées avec un Lg de 0,8 mm, on observe clairement que
l’augmentation de l’affaissement entraine une augmentation de la valeur de modification
de la microstructure. Pour les soudures réalisées avec un Lg de 0,2 mm, le lien entre
affaissement et modification de la microstructure est moins apparent que dans le cas
Lg = 0,8 mm, notamment dans le cas du plan PM2000-2. Enfin, il est important de noter
que nous avons obtenu un nombre plus important de soudures ne présentant pas de
modification de la microstructure pour Lg = 0,2 mm que pour Lg = 0,8 mm, (14 contre 6).
Lorsque l’affaissement augmente, les déformations dans la gaine augmentent ce qui a
pour conséquence l’apparition d’un phénomène de recristallisation dynamique dans la
gaine. Pour des affaissements importants, la modification de la microstructure dans la
zone proche du bourrelet interne n’est plus observée sur les macrographies du fait que la
matière est très écrasée et chassée vers le bourrelet interne.
5.6.4. Synthèse
Pour certaines conditions de déformation et de température, on peut observer dans la
gaine des zones recristallisées dynamiquement et ce aussi bien sur PM2000 que sur
Kanthal APM. Ces zones sont localisées proche de l’électrode et forment un angle
préférentiel avec la direction de la gaine en fonction de la configuration géométrique.
Une modification de la répartition des éléments de renforts est observée dans les
zones recristallisées dynamiquement. Ces résultats sont cohérents avec les conclusions
issues de l’étude bibliographique concernant les modifications de la structure des
renforts lors d’une recristallisation ou d’un changement de phase (Chapitre 1,
paragraphe 1.2.2).
Pour limiter le phénomène de recristallisation dynamique dans la gaine, il est possible
d’utiliser un Lg au niveau bas ainsi que de limiter l’affaissement des pièces, ce qui, selon
la Figure 4.18, peut, pour une configuration géométrique donnée, être réalisé par une
diminution de l’énergie électrique dissipée dans les pièces. Cependant, on observe aussi
qu’une augmentation de l’affaissement permet de chasser des zones recristallisées
dynamiquement vers les bourrelets et ce notamment dans le cas du plan PM2000-2 du
fait de l’absence de chanfrein sur les électrodes. Un exemple typique de cette différence
est présenté sur la Figure 5.31
0,0
0,5
1,0
1,5
2,0
0 100 200 300 400 500
Mo
dif
icat
ion
de
la m
icro
stru
ctu
re
Affaissement ( µm )
Lg = 0,2 mm
Kanthal APM PM2000-1 PM2000-2
0,0
0,5
1,0
1,5
2,0
0 100 200 300 400 500 600 700 800
Mo
dif
icat
ion
de
la m
icro
stru
ctu
re
Affaissement ( µm )
Lg = 0,8 mm
Kanthal APM PM2000-1 PM2000-2
- 128 -
Figure 5.31 : Macrographies après attaque métallographique de deux soudures réalisées pour (Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2600 N; 18 kA; 10 ms; 0,2 mm) lors du plan PM2000-1 et PM2000-2 montrant l’effet de la géométrie des électrodes sur la position des zones
recristallisées dynamiquement
Dans cet exemple, les macrographies de la soudure réalisée lors du plan PM2000-2 ne
montrent pas de recristallisation dynamique dans la gaine contrairement à la soudure
réalisée lors du plan PM2000-1. On observe sur PM2000-1 la présence d’une zone
recristallisée dynamiquement (entourée en rouge) dans la partie de gaine dépassant de
l’électrode. Cette partie de gaine n’est pas observée dans le cas de l’essai réalisé lors du
plan PM2000-2 et a été chassée vers le bourrelet interne ou externe. La partie de gaine
restante est donc contrainte en déplacement par l’électrode et se déforme peu ce qui
empêche la recristallisation dynamique dans la gaine.
5.7. Conclusions
La soudure est dans un premier temps définie par sa compacité (soudabilité
opératoire). Une soudure dont la compacité n’est pas assurée peut engendrer une baisse
importante des propriétés mécaniques de l’assemblage.
Deux types de défauts de compacité ont été observés sur les pièces.
Le premier défaut est lié à un phénomène d’éjection de matière qui apparait proche de
l’électrode enserrant le bouchon ou enserrant la gaine ainsi que vers l’intérieur de
l’interface entre pièces. Ce défaut très localisé est faiblement reproductible. Côté
bouchon au voisinage de l’électrode, plus l’énergie électrique dissipée est importante plus
on observe d’éjection de matière. Côté gaine, au voisinage de l’électrode, des éjections de
matière ont aussi été observées mais dès les énergies électrique les plus faibles du plan
d’expérience. Plus Lg est faible plus on observe un nombre important d’éjections de
matière et ce quelque soit l’énergie électrique dissipée. Les mécanismes à l’origine de ces
éjections de matière seront discutés au chapitre 6. Le défaut situé vers l’intérieur de
l’interface entre pièces est observé pour un Lg au niveau haut et lorsque l’affaissement
n’est pas suffisant.
Le second défaut de compacité est lié à un manque de soudage sur l’extérieur du joint.
Ce défaut disparait avec l’augmentation de l’énergie électrique dissipée et ce, d’autant
plus rapidement que Lg est faible.
Dans un second temps, la soudure est définie par sa microstructure et par la
dispersion des éléments de renforts (soudabilité métallurgique). Nous avons vu qu’une
modification de la microstructure (fusion, recristallisation dynamique) entraînait une
2600 N; 18 kA; 10 ms; 0,2 mm
Plan PM2000-1 Plan PM2000-2
Effet du soudage sur la soudure - 129 -
modification de la dispersion macroscopique des renforts. Cette dernière peut conduire à
une modification des propriétés mécaniques à haute température ou une diminution de
la durée de vie de l’assemblage. Les zones fondues sont observées pour les énergies
électriques les plus élevées.
Lorsque l’affaissement augmente, la déformation augmente ce qui entraîne un
phénomène de recristallisation dynamique dans la partie de gaine subissant les
déformations les plus importantes. Cet effet est particulièrement visible lorsque Lg est
important. Une prolongation jusqu’au bourrelet interne en passant par l’interface est
observée pour certains cas de soudage. Cette zone recristallisée peut être chassée vers le
bourrelet interne ou externe lorsque l’affaissement augmente.
Enfin, on observe pour le PM2000, la formation de petits grains à l’interface soudée.
Des modifications de la répartition des renforts à l’échelle nanométrique ont été
observées dans les zones à forte densité de dislocations.
Il est possible de définir les différents observables sur une représentation de
l’affaissement en fonction de l’énergie électrique dissipée pour les deux valeurs de Lg.
Cette représentation est présentée sur la Figure 5.32.
Figure 5.32 : Représentation des différents observables (manque de soudage, risque de zone fondue, risque de recristallisation dynamique dans la gaine) en fonction de
l’énergie électrique dissipée et de l’affaissement pour les deux niveaux de Lg (0,2 mm et 0,8 mm)
Pour Lg = 0,8 mm, nous observons que la zone où les soudures présentent
systématiquement un manque de soudage et la zone pour laquelle un risque important
de zone fondue existe se recoupent et il n’est pas possible de satisfaire les différents
critères en même temps.
Pour Lg = 0,2 mm, une plage entre 450 J et 490 J peut permettre d’éviter le manque
de soudage ainsi que la formation d’une ZF.
Cependant, aucune des soudures réalisées sur PM2000 au cours des plans
d’expériences n’a montré ni modification d’yttrium (liée à la présence de recristallisation
dynamique dans la gaine ou liée à la présence de ZF) ni défaut de compacité à l’interface,
ni éjection de matière sur l’ensemble des faces observées. Les voies d’optimisation seront
discutées dans le chapitre 6.
5.7.1. Comparaison entre Kanthal APM et PM2000-1 : Effet du matériau
Le Kanthal APM et le PM2000 se comportent de manière analogue au regard du
manque de soudage, de la formation de zone fondue ainsi que de la présence de
recristallisation dynamique. En revanche, les deux matériaux présentent un
Risque de
zone fondue
Au
gm
en
tati
on
du
ris
qu
e d
e
recr
ista
llis
ati
on
dyn
am
iqu
e
dan
s la
gain
e
0
100
200
300
400
500
600
700
800
200 300 400 500 600 700 800
Aff
aiss
em
en
t (
µm
)
Efin ( J )
Lg = 0,2 mm
Kanthal APM PM2000-1 PM2000-2
Recr
ista
llis
ati
on
dyn
am
iqu
e d
an
s
la g
ain
e
Manque de
soudage
Manque de
soudage
0
100
200
300
400
500
600
700
800
200 300 400 500 600 700 800
Aff
aiss
em
en
t (
µm
)
Efin ( J )
Lg = 0,8 mm
Kanthal APM PM2000-1 PM2000-2
Risque de
zone fondue
- 130 -
comportement très différent au regard de la sensibilité aux éjections de matière et de la
microstructure à l’interface.
Le PM2000 est plus sensible au phénomène d’éjections de matière que le Kanthal
APM alors que ces deux matériaux ne montrent pas de différence vis-à-vis de la présence
de zone fondue. Les mécanismes possibles à l’origine de ces éjections de matière sont
discutés au chapitre 6.
Sur Kanthal APM, lorsque l’énergie électrique est suffisamment élevée, il est possible
d’effacer l’interface contrairement au PM2000. Il n’est cependant pas possible de
présupposer de l’impact de cette différence sur les propriétés mécaniques de
l’assemblage.
5.7.2. Comparaison entre PM2000-1 et PM2000-2 : Effet de l’électrode
Nous n’avons pas observé d’effet de l’électrode sur le manque de soudage ainsi que sur
la microstructure à l’interface.
En revanche, des différences de positions des éjections de matière, des zones fondues
ainsi que des zones recristallisées dynamiquement ont été observées du fait de la
différence dans la longueur de gaine dépassant effectivement de l’électrode. L’absence de
chanfrein sur l’électrode permet plus facilement de chasser la matière vers l’extérieur ce
qui peut limiter la présence de zone fondue au sein même de la gaine. L’absence de
chanfrein entraine aussi un meilleur maintien de la gaine ce qui limite sa déformation et
limite ainsi la présence d’une zone recristallisée dynamiquement dans la gaine. Ces
différences sont principalement visibles pour une faible longueur de gaine dépassant de
l’électrode (Lg = 0,2 mm).
Discussions et perspectives - 131 -
Chapitre 6
Discussions et perspectives
Dans ce chapitre, nous proposons de discuter des différents points rencontrés au cours
de l’étude. Dans un premier temps, un mécanisme simplifié permettant de comprendre
la formation de la soudure et des structures métallurgiques qui en résultent est proposé.
Les mécanismes de modification de la répartition des renforts en cours de soudage
sont ensuite analysés. L’accent est mis sur les éléments de compréhension apportés par
l’étude mais aussi les éléments nécessitant d’être approfondis.
Une discussion concernant le phénomène d’éjections de matière est ensuite menée
afin de tenter d’identifier les causes possibles et d’identifier les voies d’optimisation
possibles.
L’étude sur le soudage des alliages 20Cr est alors finalisée par l’étude des voies
d’optimisation hors des plans d’expériences avec des propositions visant à améliorer
différents aspects de la soudure. Les voies les plus intéressantes et celles nécessitant des
développements complémentaires sont identifiées.
Enfin, l’étude du soudage des alliages 20Cr est transposée à l’étude du soudage d’un
alliage 9Cr-ODS pour lequel les caractéristiques des soudures typiques sont présentées
avant de discuter les différences et les points communs entre le soudage des deux
matériaux.
6.1. Mécanisme de formation de la soudure
Nous avons vu que, après quelques millisecondes, les phénomènes thermiques du
procédé de soudage étaient gouvernés par les changements de sections et par les
constrictions du courant. Dans la zone au voisinage de la soudure, deux points chauds
ont été relevés et semblent fondamentaux pour la compréhension de la formation de la
soudure. Les positions des points chauds avant et après affaissement sont schématisés
sur la Figure 6.1 pour Lg = 0,2 mm et Lg = 0,8 mm.
- 132 -
Figure 6.1 : Schéma de la position et de l’interaction entre les deux points chauds (en rouge) avec mise en évidence de la déformation des pièces (trait noirs) lors de
l’affaissement pour Lg = 0,2 mm et Lg = 0,8 mm
Dans les deux cas, la génération de chaleur est réalisée de façon prépondérante au
niveau des deux constrictions. La chaleur diffuse ensuite depuis ces points vers le reste
de la pièce. L’augmentation de la température dans cette zone entraîne une diminution
locale des propriétés mécaniques. Lorsqu’une température suffisante est atteinte, la
partie de gaine dépassant de l’électrode s’écrase. Plus spécifiquement, nous avons
observé que le point chaud vers l’intérieur du joint est écrasé et forme une partie du
bourrelet interne. La partie plus froide située vers l’extérieur est, elle, peu déformée et
glisse vers l’extérieur le long du chanfrein du bouchon.
Nous avons vu que la présence de ces points chauds pouvait expliquer la présence des
éjections de matière et des zones fondues (Chapitre 5, paragraphe 5.2). On observe aussi
que la direction entre ces deux points chauds (zone à particulièrement haute
température du fait de sa proximité aux deux points chauds et aussi particulièrement
déformée) correspond à l’angle préférentiel formé par les zones de recristallisation
dynamique en fonction de Lg comme précédemment présenté sur la Figure 5.24. On
retrouve aussi que dans le cas de Lg = 0,8 mm, la partie extérieure du joint est plus
éloignée des points chauds ce qui peut entraîner, en partie, le manque de soudage
observé pour certaines soudures sur l’extérieur de l’interface entre pièces.
En conclusion, les phénomènes thermiques et mécaniques apparaissant en cours du
procédé sont principalement gouvernés par la géométrie des pièces à souder ainsi que
par la position de l’électrode enserrant la gaine (paramètre Lg). La géométrie de cette
électrode est elle aussi importante du fait que lors de la déformation de la gaine, celle ci
s’appuie sur l’électrode. La déformée est alors en partie contrôlée par la forme de
l’électrode ce qui peut entraîner un déplacement des zones recristallisées
dynamiquement et donc des zones dont la dispersion des renforts est modifiée. Les
facteurs géométriques sont donc fondamentaux dans la compréhension des
caractéristiques métallurgiques de la soudure.
6.2. Modification de la répartition d’yttrium et méthodes de
caractérisation
La répartition d’yttrium a été caractérisée par deux techniques : la microscopie
électronique en transmission et la microsonde de Castaing. A ces techniques de
caractérisation s’ajoute la diffraction des électrons rétrodiffusés (EBSD) qui peut, sous
certaines conditions, renseigner sur la microstructure de la zone observée (phase,
structure cristalline, taille de grains, désorientation des grains…). Chaque technique
Lg = 0,2 mm Lg = 0,8 mm
Discussions et perspectives - 133 -
permet de caractériser le matériau à une échelle différente et avec une résolution
différente liée à l’appareillage utilisé. Nous allons donc réaliser un parallèle entre les
résultats obtenus à l’aide de ces trois techniques afin de mieux appréhender les
mécanismes de modification de la répartition d’yttrium.
6.2.1. Limites et observables
On rappelle ici les principales caractéristiques des différentes techniques.
La microsonde de Castaing permet de quantifier la teneur en différents éléments dans
un volume de 1 µm3 (correspondant au volume de la poire d’interaction dans une matrice
ferritique et pour une tension d’accélération de 20 kV). C’est une analyse chimique
quantitative.
La microscopie en transmission permet d’imager le matériau à fort grandissement en
s’affranchissant de la poire d’interaction ce qui permet la visualisation des renforts
nanométriques, des dislocations et des joints de grains. Il est possible de coupler ce
système à un système EDS (EDS Ŕ STEM), ce qui permet de déterminer les éléments
chimiques présents. La résolution latérale est alors de l’ordre du nanomètre.
Enfin, l’imagerie par EBSD permet d’obtenir une information cristallographique qui,
par comparaison avec des standards identifiés, permet de déterminer la phase présente
et son orientation cristalline. Sa résolution est de l’ordre de plusieurs dizaines de
nanomètres.
La répartition initiale des renforts dans le PM2000 est composée de particules d’une
taille allant de la dizaine à la centaine de nanomètres. Celles-ci sont observables par
microscopie électronique en transmission. Observé par microsonde, le métal de base ne
présente que de légères fluctuations du pourcentage massique d’yttrium mais la nature
nanométrique et discrète des renforts n’apparait pas du fait de la taille de la poire
d’interaction qui moyenne l’observation comme le représente la Figure 6.2.
Figure 6.2 : Schéma de la zone d’interaction entre un alliage ODS et un faisceau électronique (vue simplifiée)
6.2.2. Modification de la dispersion d’yttrium observée par microsonde
Malgré le faible pouvoir de résolution de la microsonde compte tenu de la taille des
renforts, nous avons noté dans le chapitre 4 des modifications de la répartition d’yttrium
et de titane par rapport au métal de base lorsqu’une recristallisation ou un passage par
la fusion avait eu lieu en cours de soudage.
Faisceau électronique
Poire
d’intéraction
Renforts
≈ 1 µm
- 134 -
L’observation d’une modification de la dispersion d’yttrium à l’échelle de la
microsonde signifie que des déplacements de particules sur une distance de plusieurs
microns ont eu lieu. En effet, une modification locale comme le regroupement de petites
particules ou leur coalescence ne seraient pas observées par microsonde du fait du
volume échantillonné comme le schématise la Figure 6.3.
Figure 6.3 : Schéma de différentes morphologies de répartitions des renforts donnant le même résultat de quantification lors d’une analyse par microsonde de Castaing
En conclusion, la microsonde ne garantit pas qu’aucune modification de la dispersion
des renforts n’a eu lieu à plus petite échelle. Ces modifications peuvent diminuer
localement la densité volumique en renfort (paramètre essentiel au mécanisme de
renforcement). L’analyse par microsonde ne permet pas non plus de statuer quant à la
structure des renforts après modification. Toutefois cette technique permet de
cartographier l’ensemble de la soudure, ce qui serait impossible actuellement par
microscopie électronique en transmission, avec un seul échantillon.
6.2.3. Caractérisation par EBSD
Une caractérisation par EBSD a été réalisée sur une zone frontière de zone fondue
afin de corréler ces caractéristiques avec celles obtenues par microsonde. La Figure 6.4
présente la cartographie en orientation de la phase ferrite et, pour cette même zone, les
répartitions en yttrium et en titane sur lesquels l’image EBSD en qualité d’image a été
superposée afin de mettre en évidence les joints de grains et les zones non indexées.
≈ 1 µm
Morphologie initiale Morphologie en amas Morphologie en
grain
Discussions et perspectives - 135 -
Figure 6.4 : Caractérisation par EBSD (a) et répartition en yttrium (b) et en titane (c) d’une zone frontière d’une zone fondue avec superposition de la cartographie obtenue en qualité d’image par EBSD afin de mettre en évidence la position des grains et des
zones non indexées
D’un point de vue de la localisation, on observe que les zones enrichies en titane sont
principalement regroupées en périphérie de ZF proches de joints de grains. Considérant
la cartographie de l’yttrium, on note que des zones enrichies se trouvent dans la ZF sans
localisation particulière par rapport aux joints de grains. Pour les zones où une
recristallisation dynamique a eu lieu, la taille de grain est de l’ordre de 5 µm ce qui est
trop petit pour pouvoir être précisément superposé avec les observations de la
microsonde (nous n’avons donc pas pu distinguer si les zones de haute teneur en yttrium
ou en titane étaient localisées sur un joint de grains ou non).
D’un point de vue de la corrélation entre les deux techniques, on observe deux
situations :
Des zones de plusieurs micromètres apparaissent comme fortement enrichies en
yttrium ou en titane (teneur comprise entre 10 et 20 % en masse). Ces zones
n’apparaissent pas comme des zones spécifiques sur la cartographie EBSD ;
Des points ou des zones ne sont pas indexés comme une phase ferritique par EBSD
(et ceux notamment aux joints de grains) mais n’apparaissent pas comme des zones
spécifiques par microsonde.
Le fait de ne pas observer de zones spécifiques par EBSD signifie que la zone enrichie
en un élément (yttrium ou titane principalement) observée par microsonde ne correspond
pas à une morphologie en grain ou en amas de petits grains de même orientation
cristallographique. Il peut alors s’agir d’une morphologie en amas de grains
nanométriques sans orientation particulière et générant donc un bruit de fond. Seul le
signal de la matrice ferritique est alors identifié et indexé. Cependant, cela peut aussi
provenir de la méthode de détection des phases qui nécessite la connaissance des
structures cristallographiques des entités recherchées. Deux types d’oxydes ont été
recherchés : Y2O3 et TiO2. Seuls des points isolés (correspondant à quelques pixels) sont
apparus aux joints de grains et dans les grains lors de l’indexation de l’oxyde d’yttrium.
a b c Limite approximative de la ZF
ZF
Zone non
indéxée
- 136 -
Le TiO2 possède lui une structure trop proche de la ferrite pour le discriminer. De plus, il
a été montré que la structure de ces oxydes pouvait être modifiée par des sollicitations
thermomécaniques comme par exemple lors du soudage par FSW [63] ce qui rend très
complexe cette méthode de détection.
En conclusion, les modifications de la répartition des renforts observées par
microsonde dans les zones fondues et les zones recristallisées dynamiquement
correspondent à des modifications liées à des déplacements de particules sur une
distance supérieure à plusieurs microns. Les structures formées ne semblent pas être
liées au regroupement et à la coalescence de ces particules formant alors des grains
cristallisés de taille suffisamment importante pour être observés par EBSD. Afin
d’affiner les caractérisations par EBSD, il est nécessaire de connaitre la structure
cristallographique et donc la nature chimique des entités présentes. L’utilisation de la
microscopie électronique en transmission dans les zones modifiées devrait alors
permettre, par couplage avec des analyses EDS-STEM ou haute résolution, de connaitre
la structure des renforts après modification et de statuer sur le type de modification
obtenu lors du soudage. Pour prélever ces échantillons avec précision, l’utilisation d’un
appareillage de type dual beam est conseillée.
6.2.4. Caractérisation par MET
L’analyse d’une lame mince prélevée à l’interface soudée (Chapitre 5, paragraphe
5.5.1) a laissé apparaitre des différences avec le métal de base (augmentation de la taille
de certaines particules d’yttrium dans les zones à forte densité de dislocation) qui n’ont
pas été détectées par microsonde, ni par EBSD.
Cependant, afin de confirmer ces observations, il est nécessaire de réaliser plus de
caractérisations par cette méthode et notamment une analyse dans le métal de base afin
de vérifier que la technique de préparation ne modifie pas la structure initiale. En effet,
l’échantillon prélevé par dual beam possédait une épaisseur plus importante que ceux
utilisé pour l’analyse du métal de base et obtenue par méthode électrolytique. Les
images en champ clair obtenues par MET suite à ces deux méthodes de préparation sont
présentées sur la Figure 5.4.
Figure 6.5 : Image réalisée en champ clair par MET du PM2000 à l’état de réception préparé par polissage électrolytique (a) et au niveau de l’interface soudée préparée
par dual beam(b)
Il a donc été difficile de vérifier la présence d’aluminium dans les particules d’yttrium
(comme observé dans le métal de base) du fait que la matrice renvoyait un signal
important sur la présence d’aluminium. Enfin, cette méthode de prélèvement ne permet
Sens longitudinal
a b
Discussions et perspectives - 137 -
d’observer des lames minces que d’une dizaine de microns de côté. Il est donc nécessaire
de multiplier les prélèvements le long de l’interface afin d’être bien représentatifs.
6.2.5. Discussion et perspective autour du mécanisme de modification de la
dispersion d’oxydes d’yttrium
Des modifications de la dispersion d’yttrium ont été observées par microsonde dans
les zones fondues et les zones recristallisées dynamiquement. Afin de mieux comprendre
le phénomène, un essai spécifique appelé essai SABLIER a été mis en place afin de
décorréler l’effet de la température et l’effet de la déformation. Cet essai est présenté en
Annexe 8. Il montre qu’aucune modification de la répartition des renforts n’est observée
par microsonde lorsque la température de 1300 °C était atteinte en cours de soudage et
ce sans déformation. Malheureusement, avec notre installation expérimentale
SOPRANO, il n’a pas été possible de reproduire les cycles mécaniques observés en cours
de soudage sur cette éprouvette.
Les modifications de la dispersion d’yttrium sont alors imputables soit à l’obtention de
températures supérieures à 1300 °C soit à la force appliquée qui engendre une
déformation en cours de soudage.
Les modifications de la dispersion des renforts ont été observées dans des zones où la
recristallisation dynamique a été observée et donc dans des zones où des déformations
importantes existent (voir chapitre 5). De plus, nous avons observé au niveau de
l’interface que des modifications de la structure des renforts pouvaient apparaitre dans
des zones de forte densité de dislocation, témoins d’un effet mécanique lié à une
déformation importante. On observe alors des oxydes d’yttrium de taille plus importante
que dans le matériau de base. Ces oxydes sont localisés sur des murs de dislocations ou
sous joints.
Comme indiqué dans le Chapitre 1, des modifications de la dispersion des oxydes ont
été observées sur d’autres alliages ODS lorsqu’une perte de cohérence avec la matrice
était réalisée suite à une transformation de phase et/ou une recristallisation. Certains
auteurs ont aussi proposé des mécanismes de regroupement d’oxydes dont le mouvement
est facilité par l’accumulation de dislocations (Chapitre 1, paragraphe 1.2.2.2).
Dans notre étude, il semblerait que les mouvements de dislocations, de joints de
grains ou de sous joints issus de la recristallisation modifient la nanostructure du
matériau. En effet, les petites particules semblent se regrouper puis coalescer et former
de particules de taille plus importante qui se localisent alors aux joints de grains ou sur
les murs de dislocations (phénomène observé à l’interface). Lorsque les zones
recristallisées sont de tailles plus importantes (zones localisées dans la gaine), des
mouvements de particules sur plusieurs micromètres sont observés (modification
observée par la microsonde). Cependant, les limites des techniques de caractérisation
utilisées dans cette étude restreignent la compréhension du phénomène. Le prélèvement
de lames minces dans différentes zones de la soudure où l’analyse d’éprouvettes ayant
subit des cycles thermomécaniques représentatifs des cycles de soudage permettraient
de mieux comprendre les mécanismes qui entraînent une modification de la répartition
de l’yttrium.
Enfin, les phénomènes de recristallisation dynamique dans l’alliage PM2000 KKL6
pourraient être étudiés en profondeur afin de mieux comprendre et de modéliser les
mécanismes à l’origine des modifications de la dispersion d’oxydes. La contribution de la
recristallisation dynamique continue, de la recristallisation dynamique discontinue et
des phénomènes de restauration dynamique [116] reste à étudier.
C’est pourquoi, afin d’identifier un critère lié à la température et à la déformation qui
pourrait indiquer si un risque de modification des renforts existe, des tests spécifiques
- 138 -
pourraient être mis en place comme des essais sur machine « Gleeble » (machine
permettant de reproduire des cycles thermomécaniques). Une autre solution pourrait
être de compléter le modèle mécanique de la simulation numérique en caractérisant les
propriétés des matériaux aux hautes températures et à grande vitesse de déformation
ainsi que les propriétés tribologiques. Le modèle mécanique pourrait alors être indicatif
des taux et des vitesses de déformation des différentes zones permettant ainsi d’établir
un critère lié au risque de modification de la répartition des renforts.
6.3. Ejections de matière et mécanismes
Rappelons que nous avons vu au Chapitre 5 (paragraphe 5.2) que l’éjection de matière
semblait être liée à une inhomogénéité circonférentielle inhérente à l’électrode ou au
système de serrage.
6.3.1. Causes possibles d’une inhomogénéité sur l’électrode
Par simulation numérique, nous avons montré qu’une modification des conditions
interfaciales entre les pièces et les électrodes pouvait engendrer une température
particulièrement élevée du point chaud proche de l’électrode (chapitre 3).
La modification des conditions interfaciales peut s’expliquer par une usure des
électrodes, par la présence d’un défaut sur celles-ci ou bien par un serrage de l’électrode
mal assuré ou inhomogène.
L’usure des électrodes entraînerait une modification générale des conditions
interfaciales et on observe d’ailleurs que la résistance électrique initiale (Rinit) diminue
lorsqu’on utilise des électrodes neuves. Or nous n’avons pas observé de diminution du
nombre d’occurrence des éjections de matière au voisinage des électrodes lors de
l’utilisation d’électrodes neuves (plan PM2000-2 comparé au plan PM2000-1).
Cependant, la différence dans la profondeur du chanfrein des électrodes utilisées lors de
ces deux plans (Figure 4.12) entraîne aussi une diminution de la longueur de gaine
dépassant effectivement de l’électrode, configuration favorisant l’apparition d’une
éjection de matière. L’usure générale des électrodes quoi que évidement fondamentale
dans les caractéristiques de l’interface pièces-électrode, ne semble pas pouvoir expliquer
le phénomène.
Un serrage inhomogène ou un défaut sur l’électrode (encoche, défaut d’usinage, usure
localisée, impuretés chimiques surfacique) semble donc pouvoir expliquer l’augmentation
de température des points chauds proche de l’électrode. Cette théorie est étayée par le
fait que pour une série d’essais réalisés avec un même jeu d’électrode, les éjections de
matière sont très majoritairement observée dans une même zone au regard de la position
des électrodes.
Enfin, il serait nécessaire de s’assurer que la géométrie de la tête de soudage ne crée
pas une zone préférentielle au passage du courant qui pourrait entraîner une
inhomogénéité de la densité de courant le long de la circonférence. Des mesures de
potentiel le long de la circonférence de l’électrode peuvent alors êtres mise en place afin
d’évaluer les disparités de potentiel électrique et ensuite d’évaluer les disparités
thermiques par simulation numérique. Cette méthodologie se rapproche alors de celle
utilisée par Kerstens et Richardson en 2008 [110] (Chapitre 3, paragraphe 3.1.3).
6.3.2. Explication des effets des paramètres opératoires
Les éjections de matière situées dans le bouchon apparaissent principalement lorsque
l’énergie électrique est élevée. Par simulation numérique, on observe aussi que la
Discussions et perspectives - 139 -
température du point chaud est plus élevée lorsque l’énergie électrique dissipée (Efin) est
grande.
L’effet de Efin n’a pas été observé pour les éjections de matière localisées au voisinage
de l’électrode enserrant la gaine. Elles ont été observées aussi bien pour des énergies
électriques dissipées faibles qu’élevées. Cependant, nous avons vu qu’une dissymétrie
thermique existait entre la gaine et le bouchon. La chaleur générée dans la gaine
s’additionne à la chaleur générée par la constriction du courant au niveau de l’électrode
et le phénomène d’éjection de matière dans la gaine est donc observé pour de plus faibles
énergies électriques dissipées que pour les éjections observées dans le bouchon. Ce
phénomène est schématisé sur la Figure 6.6
Figure 6.6 : Schéma d’addition des sources de chaleur menant à l’éjection de matière dans la gaine
Ce phénomène permet aussi d’expliquer qu’un nombre plus faible d’éjections de
matière est observé pour Lg = 0,8 mm. En effet, nous avons vu au chapitre 4 que lorsque
Lg est au niveau bas, l’affaissement était retardé. De plus, la température dans la partie
de gaine dépassant de l’électrode au moment de l’affaissement est plus élevée que pour
Lg = 0,8 mm. La chaleur générée proche de l’électrode s’additionne alors avec la chaleur
générée dans la gaine de manière plus importante lorsque Lg est au niveau bas ce qui
engendre un échauffement plus important qui se traduit par un nombre plus élevé
d’éjection de matière. Nous avons observé la même tendance sur l’effet de Fs.
Fs et Lg sont les deux paramètres qui ont le plus d’effet sur la température de la gaine
lors de l’affaissement (Chapitre 4, paragraphe 4.3.3.4). Ces deux paramètres sont aussi
les deux seuls pour lesquels nous avons observé un effet sur les éjections de matière au
voisinage de l’électrode enserrant la gaine. Il semble donc probable que, sans en être la
cause principale, une température élevée dans la gaine au moment de l’affaissement,
favorise l’apparition d’une éjection de matière au voisinage de l’électrode.
Cependant, même si pour Lg = 0,8 mm, les éjections de matière sont moins
nombreuses, des zones fondues sont observées proche des électrodes (Chapitre 5,
paragraphe 5.3) ce qui montre bien que le point particulièrement chaud est toujours
présent dans cette configuration mais que l’éjection de matière est majoritairement
évitée. Ceci peut être lié au fait que la matière fondue est mieux confinée du fait d’un
plus grand volume de matière solide qui l’entoure.
6.3.3. Voie d’optimisation
Dans un premier temps, nous avons essayé de réaliser une optimisation au sein de la
plage de paramètres opératoires testés lors des plans d’expériences.
Dans le chapitre 5, nous avions vu que Fs et Lg au niveau haut semblait être une
configuration favorable pour éviter la présence d’une éjection de matière sur PM2000.
Nous n’avions pas observé d’influence de Is ou de ts. Afin de limiter le risque d’éjection de
matière côté gaine, vers l’intérieur du contact, Is est fixé au niveau haut. ts est fixé au
niveau bas afin de limiter Efin et donc de limiter l’éjection de matière dans le bouchon. Le
+
- 140 -
jeu d’électrodes ne possédant pas de chanfrein (jeu d’électrodes utilisé lors du plan
PM2000-2) est utilisé puisque cela permet de chasser les éventuelles zones fondues et
zones recristallisées vers le bourrelet externe (Chapitre 5, paragraphe 5.7.2). Cet essai
réalisé lors du plan PM2000-2 (Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2600 N ; 18 kA ; 10 ms ; 0,8 mm) n’avait
montré ni zone fondue, ni défaut de compacité mais avait montré une modification de la
répartition des renforts à l’échelle de la microsonde localisée proche du bourrelet
extérieur.
Sur cinq essais réalisés avec ces paramètres, une éjections de matière au voisinage de
l’électrode enserrant la gaine a été observée (cavité débouchante). Ce taux de défaut n’est
évidement pas acceptable.
Dans le plan d’expériences et avec le système d’électrodes utilisé, il semble donc
particulièrement complexe de déterminer un point optimisé pour le PM2000 (ne
présentant ni défaut de compacité ni modification de la répartition d’yttrium observée à
l’échelle de la microsonde). Il est donc nécessaire d’évoquer des optimisations hors de la
zone étudiée dans le plan d’expérience. Ces possibilités sont discutées au paragraphe 6.4.
Cependant, il est très important de noter que la présence d’éjections de matière,
phénomène très localisé, peuvent et semblent être principalement du à une
inhomogénéité sur le système d’électrodes ou sur le système de serrage. L’utilisation
d’électrode ou d’un système de serrage optimisé pourrait alors permettre d’éviter ces
phénomènes et alors d’achever une soudure sans défaut de compacité ni modification de
la répartition d’yttrium au sein même de la plage considérée dans les plans d’expérience.
Des voies d’optimisation du système d’électrodes sont proposées au paragraphe 6.4.3.
Enfin, nous avons observé que le Kanthal APM semblait moins sensible aux
phénomènes d’éjections de matière que le PM2000. Il peut donc être intéressant de
mieux comprendre cette différence afin peut être de réaliser des préconisations sur la
gamme de fabrication des alliages ODS afin d’améliorer leur soudabilité par ce procédé.
6.4. Voie d’optimisation hors des plans d’expériences
Nous avons vu que du fait de la présence d’éjections de matière proches des
électrodes, nous n’avons pas pu déterminer un point dans la plage de paramètres étudiés
lors des plans d’expériences. Nous avons au mieux trouvé des points préférentiels
satisfaisant un certain nombre de critères.
Il est donc nécessaire d’évoquer des pistes pour l’optimisation hors de la plage de
paramètres opératoires testés lors des plans d’expériences.
6.4.1. Optimisation des paramètres opératoires, comparaison à l’existant
Dans un premier temps, il est nécessaire de réfléchir à une optimisation des
paramètres opératoires en dehors de la plage testée lors des plans d’expériences
(Tableau 2.3). Pour cela nous comparons nos résultats avec ceux obtenus dans d’autres
études.
Nous rappelons sur la Figure 6.7 les macrographies de soudures sur alliages ODS
présentées par trois équipes différentes [55, 56, 75-78] (Chapitre 1, paragraphe 1.5.3).
Discussions et perspectives - 141 -
Figure 6.7 : Macrographie de soudure sur alliage ODS réalisé par trois équipes différentes [56, 78, 80]
Les paramètres opératoires Is et ts utilisés par l’équipe japonaise de JNC, pour le
soudage d’alliage 9Cr-ODS (Is = 16 kA, ts = 16 ms), sont proches de ceux utilisés dans
notre étude alors même que la section de leur gaine est deux fois plus faible. La force
appliquée est elle bien plus importante (7000 N, environ un facteur 3). Cependant, la
géométrie de la gaine et du bouchon ainsi que la longueur de gaine dépassant de
l’électrode ne sont pas renseignées dans ces articles. On observe pour la macrographie
communiquée une pénétration de la gaine dans le bouchon bien plus marquée que celle
que nous observons. De plus, il est possible qu’un cycle de courant de pré-soudage ait été
utilisé. Une augmentation de la force de soudage associée à une énergie électrique plus
importante peut donc aussi être une voie intéressante. Nous avons pour notre part été
limité en force par les limites de pression accessibles sur notre installation.
Comparée aux essais réalisés par l’équipe Belge du CEN/SCK, la plage opératoire
utilisée est légèrement différente (Fs ; Is ; ts ; Lg) = (900 N ; 12 à 15 kA ; 20 ms ; 0,4 à
1 mm) mais là encore la section de la gaine est plus faible (6,75 mm² contre 16,5 mm²) et
les teneurs en chrome des matériaux soudés sont différentes (alliage ODS à 13 % de
chrome). Malgré tout, les déformations observées sur les macrographies sont proches et
cela provient principalement du fait que les géométries utilisées dans les deux études
sont semblables en termes de Lg, d’angle du chanfrein sur le bouchon et la gaine mais
aussi de géométrie de l’électrode (électrode chanfreiné). Cette comparaison permet de
montrer encore une fois la prédominance des facteurs géométriques dans les
phénomènes thermiques et mécaniques observés en cours de soudage.
Comparé aux essais réalisés par l’équipe américaine du centre d’Idaho, la plage
opératoire présente des temps de soudage plus long (33 ms) , une force de soudage plus
importante (environ 4500 N) ainsi qu’une longueur de gaine dépassant de l’électrode plus
importante (1,27 mm). La section de la gaine est là encore plus faible (9,5 mm² contre
16,5 mm²) et les matériaux différents (alliage ODS à 14 % de chrome). Du fait de la
longueur de gaine dépassant de l’électrode plus importante, on retrouve une déformation
de la gaine plus importante notamment vers le bourrelet externe. Le bouchon semble
JNC (Japon) Idaho (USA) CEN/SCK (Belgique)
- 142 -
aussi plus affecté par la déformation ce qui peut provenir du temps de soudage plus long
comme nous l’avons montré au chapitre 4.
Nous avons vu que lorsque l’affaissement augmentait, il était possible de chasser vers
les bourrelets internes et externes les éventuelles zones fondues. Nous avons aussi
évoqué la possibilité qu’un affaissement suffisamment important pourrait refermer les
éventuelles éjections de matière. L’augmentation de l’affaissement peut être réalisé par
une augmentation de l’énergie électrique qui cependant devra être compensée par une
force plus importante afin d’éviter toute ouverture du contact électrique (formation d’un
arc électrique). Cependant, de telles déformations pourraient conduire à une
modification de la répartition des renforts du fait de la recristallisation dynamique qui a
lieu. Un temps de soudage plus long (supérieur à 15 ms) peut aussi être utilisé ce qui
peut cependant limiter la reproductibilité des soudures d’après l’étude du CEN/SCK.
Il est cependant difficile de comparer notre étude aux autres études du fait de la
différence dans les géométries et les matériaux étudiés. De plus, ces études se sont
principalement intéressées aux propriétés mécaniques des soudures alors que nous nous
sommes principalement intéressé aux propriétés métallurgiques et la comparaison ne
peut alors se faire que sur les déformées.
6.4.2. Optimisation de la géométrie du chanfrein
Une solution pour limiter la température des points les plus chauds peut consister en
une diminution importante de Efin. Cependant, nous avons vu que lorsque Efin était trop
faible, nous n’avons pas pu achever le soudage sur l’ensemble du joint soudé. Le manque
de soudage observé sur l’extérieur de la gaine est dû à l’ouverture du contact du fait du
glissement de la gaine le long du chanfrein du bouchon ou du fait de températures plus
faibles atteintes dans cette zone.
Afin de limiter le glissement de la gaine mais aussi limiter la différence de
température le long du contact, l’angle du chanfrein entre pièces a été diminué à une
valeur de 20 °. Nous avons essayé d’aller plus loin dans l’optimisation du soudage sur
l’extérieur du joint en réalisant une géométrie de chanfrein (appelée géométrie double
chanfrein) qui augmente l’effet joule sur l’extérieur du joint en réduisant la surface de
contact initial à l’aide d’un usinage particulier. Les différentes géométries testées sont
illustrées sur la Figure 6.8.
Figure 6.8 : Dimensions de différentes géométries de contact étudiées dans le but d’éviter le manque de soudage sur l’extérieur du joint
Chanfrein à 45 °, Référence Chanfrein à 20 ° Double chanfrein
20 °
30 °
0,2 mm
20 ° 45 °
0,5 mm
Discussions et perspectives - 143 -
La Figure 6.9 présente pour deux jeux de paramètres opératoires, les macrographies
obtenues avec un angle de 20 ° et avec un angle de 45 °.
Figure 6.9 : Comparaison de macrographies réalisées sur Kanthal APM pour deux jeux de paramètres opératoires et pour deux angles de chanfrein différents
On observe pour l’angle de 45 ° une tendance plus importante à un glissement
généralisé de la gaine vers l’extérieur. Pour un angle de 20 °, la répartition entre la
déformation vers l’intérieur et vers l’extérieur est plus équilibrée. La matière semble
aussi plus chassée vers les bourrelets dans le cas de l’angle de 20 °. Enfin, les soudures
obtenues semblent aussi avoir des interfaces plus continues et le bouchon est déformé.
L’angle de 20 ° diminue donc bien le glissement de la gaine et semble aussi produire
une température plus importante sur l’extérieur puisque le bouchon est déformé dans le
cas de l’angle de 20 ° et non dans le cas de l’angle de 45 °. De plus, on observe sur
l’extérieur du joint un manque de soudage pour l’angle de 45 ° qui n’est pas observé pour
l’angle de 20 °.
L’angle de 20 ° semble donc favorable pour éviter le manque de soudage à l’extérieur
du joint, phénomène qui était limitant pour diminuer Efin dans le cas de l’angle à 45 °.
La configuration avec un angle de 20 ° semble donc permettre de réaliser des soudures
de bonne compacité avec une énergie plus faible.
Enfin il est à noter que, pour un Lg donné, l’angle de 20 ° augmente le Lg effectif de
320 µm par rapport à l’angle de 45 ° comme l’illustre la Figure 2.9. Cet écart peut aussi
engendrer une partie des différences observées entre les deux configurations.
2600 N; 16 kA; 10 ms; 0,2 mm
2600 N; 16 kA; 10 ms; 0,8 mm
Angle de 45 ° Angle de 20 °
- 144 -
Figure 6.10 : Différence de Lg effectif pour deux valeurs d’angle de chanfrein
L’étude de la géométrie double chanfrein a fait l’objet d’un stage de fin d’étude d’école
d’ingénieur (T LEPILLET - 2011). Les résultats ont montré que l’augmentation de
constriction initiale permet effectivement de réaliser un chauffage accru sur l’extérieur
du joint et de limiter les défauts de compacité. Cette tendance est en partie illustrée par
la Figure 6.11 présentant des soudures réalisées avec ces différentes géométries mais
aussi avec différents paramètres opératoires.
Figure 6.11 : Comparaison de macrographies réalisées après soudage sur Kanthal APM et pour les différentes géométries de contact (45 ° ; 20 ° ; double
chanfrein)
Pour la géométrie double chanfrein, on observe que la gaine pénètre plus loin dans le
bouchon et que l’interface n’est plus visible. La continuité de l’interface est comparable à
celle observée pour l’angle à 20 ° sur Figure 6.9. Pour certains essais avec cette
géométrie, il a été observé une perte d’alignement entre la gaine et le bouchon,
phénomène qui n’a pas été observé sur les autres géométries. Cette géométrie peut
cependant être intéressante mais nécessite de plus amples développements et
notamment une optimisation la longueur du contact initial afin d’éviter la perte
d’alignement tout en conservant la bonne homogénéité de la soudure finale.
Ces différentes études ont été réalisées sur Kanthal APM (20Cr-non ODS). Il sera
donc nécessaire de vérifier leurs transpositions aux cas des alliages ODS afin de
contrôler les éventuelles modifications de la répartition des renforts.
2600 N; 12 kA; 15 ms; 0,5 mm
Géométrie double chanfrein
2600 N; 12 kA; 15 ms; 0,8 mm
Chanfrein à 45 °
2600 N; 12 kA; 10 ms; 0,8 mm
Chanfrein à 20 °
Lg
Lg effectif 20°
Lg
Lg effectif 45°
Chanfrein 45° Chanfrein 20°
Discussions et perspectives - 145 -
Initialement, l’angle du chanfrein à 45 ° avait été choisi suite au retour d’expériences
du CEN/SCK (voir chapitre 1). Cette géométrie peut cependant être optimisée et
notamment avec la réduction de l’angle du chanfrein jusqu’à un angle de 20 ° comme
nous l’avons montré dans cette étude. Le facteur géométrique étant le facteur pilotant le
procédé (chapitre 4), l’optimisation de la géométrie du chanfrein est une voie
d’optimisation prometteuse.
6.4.3. Optimisation du système d’électrode
Une optimisation de la géométrie des électrodes peut aussi être réalisée. Le CEN/SCK
avait rapporté que la réalisation d’un chanfrein sur l’électrode permettait d’améliorer la
qualité de la soudure, sans pour autant préciser son effet [75]. Nous avons trouvé qu’il
valait mieux éviter la présence du chanfrein et ce dans le but de chasser les éventuelles
ZF vers le bourrelet extérieur. Enfin, il est à noter que l’optimisation de la géométrie de
l’électrode peut aussi être réalisée comme dans le cas du soudage USW (Upset Shape
Welding) afin de conserver une taille de bourrelet externe acceptable sans nécessité un
La température atteinte par le point chaud proche de l’électrode est, d’après la
simulation numérique, fortement dépendant des conditions interfaciales entre la pièce et
l’électrode. L’électrode peut donc aussi être optimisée dans le but de réduire la
température du point chaud proche de l’électrode et d’éviter ainsi les zones fondues ou
les éjections de matière.
Nous avons souhaité modifier l’état de l’interface entre les pièces et les électrodes. A
cette fin, nous avons réalisé sur la face interne des électrodes un dépôt par PVD d’une
couche de 100 nm de molybdène (conductivité électrique à 20 °C = 18,7×106 S.m-1 ;
conductivité thermique à 20 °C = 138 W.m-1.K-1).
La mesure de résistance entre les mors pour un des essais de caractérisation réalisés
sur Kanthal APM est comparée sur la Figure 6.8 avec le même essai réalisé avec une
électrode sans dépôt.
Figure 6.12 : Comparaison de la résistance électrique entre les mors en fonction du temps pour deux jeux d’électrodes différents (avec ou sans dépôt de Mo)
On observe une diminution de la résistance électrique mesurée traduisant bien une
diminution de la RCE p-e initiale (diminution de 40 % environ) suite au dépôt réalisé. Au
fur et à mesure du temps, la différence entre les deux configurations diminue
probablement du fait du chauffage de l’interface qui lisse les différences.
0,00E+00
2,00E-04
4,00E-04
6,00E-04
8,00E-04
1,00E-03
1,20E-03
0 0,002 0,004 0,006 0,008 0,01 0,012 0,014
Résis
tance e
ntre le
s m
ors
( O
hm
)
Temps ( s )
(2200 N ; 14000 A; 13 ms; 0,5 mm)
Sans dépôt Avec dépöt
- 146 -
La diminution de la RCE p-e traduit une modification de l’état de l’interface.
Cependant, cela ne signifie pas pour autant que la RCT p-e (montrée comme influente
sur le point chaud proche de l’électrode) a diminué. De plus, au cours des quelques essais
réalisés avec ce système d’électrodes, nous avons observé visuellement une dégradation
rapide du dépôt qui pourrait donc perdre ses propriétés. Cependant, le matériau de
dépôt, son épaisseur, ainsi que la méthode de dépôt pourrait être grandement optimisés.
De plus, cette étude devra être menée sur un plus grand nombre d’essais et transposer
aux alliages ODS pour connaitre l’effet de ce dépôt sur les éjections de matière ainsi que
sur les modifications de la répartition des renforts.
Au lieu de limiter le point chaud proche de l’électrode, une autre solution consiste à
éloigner plus encore l’électrode de la zone soudée. Cependant, nous avons vu que plus Lg
était grand et plus la gaine se déformait et glissait du fait des températures importantes
atteintes par la partie de gaine dépassant de l’électrode. Une solution pourrait consister
en un découplage des fonctionnalités électriques (amenée du courant) et thermiques
(refroidissement des pièces) des électrodes. L’amenée du courant pourrait se faire plus
loin de la soudure tandis qu’un second système permettrait de refroidir la partie de gaine
dépassant de l’électrode afin de conserver des Lg proches de ceux étudiés lors du plan
d’expérience (entre 0,2 mm et 0,8 mm). Le schéma d’un tel système est proposé ci-
dessous.
Figure 6.13 : Schéma de principe d’un système d’électrodes permettant de séparer la fonctionnalité thermique et la fonctionnalité électrique
L’avantage d’un tel système serait que le point chaud formé proche de l’électrode se
trouverait a priori mieux refroidi. Cependant, ce système hypothétique nécessite un
développement important notamment en ce qui concerne l’isolement électrique de la
partie assurant la fonction thermique. La simulation numérique pourrait cependant
aider dans le dimensionnement d’un tel système.
6.4.4. Optimisation du cycle de courant
Les zones fondues ainsi que les éjections de matière sont deux phénomènes localisés
dans la circonférence. Afin de tenter d’améliorer l’homogénéité circonférentielle mais
aussi la reproductibilité des soudures, nous avons réalisé des soudures sur Kanthal APM
avec différents cycles de courant afin d’avoir une étape de pré-soudage. Deux cycles de
pré-soudage ont été testés :
Impulsion de courant (5 kA pendant 5 ms) précédent le cycle de soudage (délai de
0,1 à 1 seconde) ;
Cycle de préchauffage (3,8 kA pendant 100 ms) suivi immédiatement du cycle de
soudage.
Pour chaque cycle, deux essais ont été réalisés. Les mesures du déplacement et de la
résistance entre les mors (moyenne sur les deux essais) pour ces deux configurations et
en l’absence de cycle de préchauffage (référence) sont montrées sur la Figure 6.14.
Zone de constriction du courant
Fonction électrique Fonction thermique Lg
Discussions et perspectives - 147 -
Figure 6.14 : Comparaison de la résistance électrique et du déplacement en fonction du temps pour différent cycles de courant de pré soudage
Au niveau des mesures en cours de soudage, nous avons montré qu’une impulsion de
courant permettait de réduire la résistance électrique initiale entre les mors mais ne
modifiait pas le déplacement mesuré au cours du temps. En revanche, un cycle de
préchauffage permettait de réduire la résistance électrique initiale et de modifier le
déplacement mesuré en fonction du temps.
En plus de la diminution de la résistance initiale, nous avons observé qu’un cycle de
pré soudage semble permettre une meilleure reproductibilité de la mesure de résistance
au cours du temps ce qui peut traduire une meilleure reproductibilité du procédé.
Cependant, il sera nécessaire de vérifier ce phénomène sur un plus grand nombre
d’essais et sur un plus grand nombre d’observables.
Pour chacune des configurations (impulsion de courant, cycle de préchauffage et
référence) un des deux essais a laissé apparaitre une éjection de matière localisée proche
de l’électrode enserrant la gaine et ce au même point de la circonférence par rapport à
l’électrode (phénomène observé aussi lors du plan PM2000-2, voir Chapitre 5,
paragraphe 5.2.3). Ceci montre que le cycle de préchauffage n’améliore pas la situation
d’un point de vue de cette observable.
Les analyses macrographiques de ces soudures n’ont pas montré l’effet de l’impulsion
de courant. En revanche, la soudure obtenue avec le cycle de préchauffage montre un
caractère particulier comme présenté sur la Figure 6.15
Figure 6.15 : Comparaison des macrographies des soudures avec et sans cycle de préchauffage pour (Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2200 N ; 14 kA ; 15 ms ; 0,8 mm)
Cycle de préchauffage Référence
-0,95
-0,75
-0,55
-0,35
-0,15
0,05
0E+00
2E-04
4E-04
6E-04
8E-04
1E-03
0 0,005 0,01 0,015
Dép
lacem
ent (
mm
)
Résis
tance e
ntre le
s é
lect
rodes
( O
hm
)
Temps ( s )(2200N; 14000A; 13ms; 0,5mm)
Impulsion de courant Cycle préchauffage Référence
Déplacement
Résistance
- 148 -
On observe que pour la soudure réalisée avec un cycle de préchauffage, l’interface est
plus continue et on observe une déformation plus importante du bouchon (possible
corrélation avec l’observation d’un second affaissement). Cette solution peut donc aussi
être utilisée pour améliorer la continuité de l’interface soudée ainsi que le forgeage côté
bouchon.
En conclusion, le cycle de pré-soudage semble permettre d’améliorer la
reproductibilité mais pas l’homogénéité circonférentielle. Un cycle de pré-chauffage
permet d’améliorer l’état de l’interface soudée et le forgeage du bouchon pour une énergie
électrique dissipée au cours du cycle de soudage identique. Cependant, l’énergie totale
dissipée est évidement plus importante puisque 500 J sont dissipés au cours du cycle de
pré-soudage puis 450 J lors du cycle de soudage. Ces résultats restent à vérifier sur un
alliage ODS.
6.4.5. Conclusion
Une première voie d’optimisation pourrait consister en une augmentation de
l’affaissement en augmentant par exemple l’énergie électrique de soudage ce qui
permettrait de chasser les éventuelles ZF et zones de recristallisation vers les bourrelets
externes comme nous l’avons montré aux chapitres 4 et 5.
Nous avons aussi vu qu’il était possible de diminuer la limite basse en énergie tout en
évitant le manque de soudage à l’interface en optimisant la surface de contact et
notamment par l’utilisation d’un chanfrein à 20 °. De plus, cette configuration modifie le
mécanisme de déformation de la gaine. La matière semble chassée de façon plus
équilibrée entre le bourrelet interne et externe ce qui, comme nous l’avons vu, permet de
chasser les éventuelles zones fondues vers les bourrelets externes. L’utilisation d’un
angle à 20 ° est donc préconisée.
L’optimisation du système d’électrodes et du système de serrage peut aussi être une
voie d’optimisation intéressante au regard des problématiques liées à l’existence
d’éjection de matière. Cependant, la mise en place de telles solutions nécessite un
développement technologique important. Nous n’avons pas pu le mettre en place sur un
nombre d’essais suffisamment important et surtout le tester sur l’alliage ODS.
L’optimisation du cycle du courant avec la réalisation d’un cycle de préchauffage est
une voie intéressante pour l’amélioration de la continuité de l’interface soudée ainsi que
pour la reproductibilité. Là encore, cette voie d’optimisation nécessite de plus amples
caractérisations et notamment un nombre plus important d’essais afin de confirmer
l’amélioration de la reproductibilité.
6.5. Application à l’alliage 9Cr-ODS.
Les alliages 20Cr ont permis de mener une première étude de la soudabilité des
alliages ODS par le procédé de soudage par résistance pour une géométrie représentative
d’un gainage combustible d’un réacteur à neutron rapide de 4eme génération.
Or, les alliages à 20Cr-ODS ne font pas partie des candidats potentiels pour la
fabrication des gainages combustibles en alliage ODS. Actuellement deux familles sont
candidates : la famille des alliages 14Cr et la famille des alliages 9Cr. Cependant, ces
deux familles de matériaux n’étant plus fabriquées au niveau industriel, nous n’avons
pas pu mener une campagne de caractérisation aussi importante que sur l’alliage
commercial PM2000.
Nous avons cependant pu mettre en place un nombre ciblé d’essais sur des
éprouvettes représentatives d’un gainage combustible en alliage 9Cr-ODS. La gamme de
fabrication de ce matériau ainsi que les dimensions géométriques de ces éprouvettes
Discussions et perspectives - 149 -
peuvent être trouvées dans l’Annexe 1. 16 essais ont été réalisés selon la méthode d’un
plan d’expérience complet. La plage de paramètres opératoires étudiée est reportée dans
le Tableau 2.3.
Paramètres opératoires
Fs (N) Is (kA) ts (ms) Lg (mm)
Niveaux -1 +1 -1 +1 -1 +1 -1 +1
Valeurs 1800 2600 15 17 10 15 0,2 0,8
Tableau 6.1 : Plage de paramètres opératoires étudiée pour l’alliage 9Cr-ODS
En corrélation avec l’étude sur les voies d’optimisation, les éprouvettes sur 9Cr-ODS
ont été réalisées avec un angle de chanfrein de 20 °.
Les macrographies typiques des soudures, la caractérisation de la répartition en
éléments de renfort (yttrium et titane) ainsi que les éjections de matière rencontrées au
cours de ce plan d’expérience sont reportées dans la suite. Un point de fonctionnement
préférentiel est ensuite établi avant de discuter de la comparaison des caractéristiques
métallurgiques des soudures entre l’alliage 9Cr-ODS et l’alliage 20Cr-ODS.
6.5.1. Macrographies des soudures
Sur la Figure 6.16, on illustre les macrographies typiques obtenues sur l’alliage
9Cr-ODS.
Figure 6.16 : Macrographies typiques obtenues après attaque métallographique sur soudures en 9Cr-ODS
Dans un premier temps, on observe que la taille de grains de l’alliage 9Cr-ODS est
beaucoup plus faible (grains micrométriques) que celle du PM2000 KKL6 (grains
millimétriques). Cette différence cruciale rend difficile la comparaison des
microstructures après soudage de ces deux matériaux.
Sur la macrographie (a), on retrouve la présence d’un manque de soudage sur
l’ensemble du joint soudé avec la présence de porosités à l’interface. Ce manque de
soudage a été observé lorsque l’énergie électrique était faible et contrairement au
PM2000, celui-ci est toujours observé sur l’ensemble du joint soudé et non sur la partie
extérieure du joint uniquement. L’alliage 9Cr-ODS ainsi que l’utilisation d’un angle de
chanfrein à 20 ° est donc bénéfique pour l’homogénéité le long du joint soudé puisque
lorsque la soudure n’est pas réalisée, celle-ci n’est pas réalisée sur l’ensemble du joint et
inversement.
a c b 2600 N
15 kA
10 ms
0,8 mm
2600 N
15 kA
15 ms
0,2 mm
2600 N
17 kA
15 ms
0,8 mm
Efin = 317 J
Aff. = 143 µm
Efin = 408 J
Aff. = 200 µm
Efin = 484 J
Aff. = 858 µm
- 150 -
Sur la macrographie (b), on n’observe pas la présence de porosités mais l’interface
entre les deux pièces est toujours visible après soudage contrairement au cas de la
macrographie présentée en (c) où elle est très atténuée. Cette trace peut, comme dans le
cas du PM2000, être liée à la présence de très petits grains à l’interface. Des analyses
par EBSD pourront être mises en place afin d’identifier la microstructure.
A l’échelle de la microscopie optique, nous n’avons pas identifié la présence de zones
recristallisées dynamiquement en dehors de l’interface, sur aucune des soudures
réalisées. Cependant, cela peut provenir du fait que la taille de grain étant initialement
micrométrique, nous n’avons pas pu distinguer une zone recristallisée d’une zone dont
les grains ont simplement été déformés. Par ailleurs, aucune microstructure témoignant
du passage en zone fondue n’a été observée, même dans les bourrelets internes et
externes.
Enfin, on observe que les déformées rappellent fortement les déformées obtenues sur
l’alliage Kanthal APM pour un angle de 20 ° (Figure 6.9) avec un bon équilibre entre la
matière chassée vers le bourrelet interne et le bourrelet externe. La comparaison des
déformées obtenues sur Kanthal APM et sur 9Cr-ODS pour différents jeux de
paramètres opératoires sont présentés en Annexe 10 et montrent que même si les
mécanismes de déformations sont proches, les déformations sont plus importantes sur
Kanthal APM que sur 9Cr-ODS malgré un courant inférieur de 1 kA pour le Kanthal
APM.
On retiendra cependant que contrairement au PM2000, nous avons montré que,
notamment pour des énergies élevées, il était possible de faire disparaitre la trace de
l’interface observée entre les deux pièces après soudage sur les macrographies après
attaque. Cependant, nous ne pouvons connaitre actuellement l’effet de cette différence
sur les propriétés mécaniques finales de la soudure.
6.5.2. Modification de la répartition des renforts
Comme sur PM2000, nous avons observé des modifications de la répartition des
renforts sur alliage 9Cr-ODS à l’échelle de la microsonde pour certaines soudures. La
Figure 6.17 illustre une soudure typique présentant une modification de la répartition
des renforts.
Figure 6.17 : Macrographie après attaque (a), répartitions du titane (b) et de l’yttrium (c) obtenues par microsonde de Castaing pour une soudure présentant une
modification de la répartition des renforts (entouré en rouge)
On observe que la zone de modification de la répartition des renforts (entouré en
rouge) s’étend depuis le contact entre la pièce et l’électrode jusqu’au bourrelet interne
tout comme nous l’avions observé sur PM2000. Cependant, et contrairement au PM2000,
la taille des grains ne semble pas modifiée dans les zones ou une modification de la
a c b 2600 N
15 kA
15 ms
0,2 mm
Efin = 408 J
Aff. = 200 µm
% massique de Ti % massique de Y c
0 %
3,5 %
0 %
2,5 %
Discussions et perspectives - 151 -
répartition des renforts est visible et seule leur forme semble modifiée du fait de la
déformation. Là encore, des caractérisations par EBSD devraient permettre de préciser
la microstructure de ces zones.
La majorité des zones modifiées observées sont localisées comme illustré par la Figure
6.17. Cependant, certaines modifications ont été observées uniquement proche du
contact avec l’électrode. Sur l’alliage 9Cr-ODS et pour un angle de 20°, on retrouve donc
des modifications de la répartition des renforts dans les zones de macroconstriction du
courant comme représenté sur la Figure 6.1.
6.5.3. Ejection de matière
Des éjections de matière ont aussi été observées sur 9Cr-ODS (7 essais sur 16). Là
encore, celle-ci sont localisées au niveau des macroconstrictions de courant comme
l’illustre la Figure 6.18.
Figure 6.18 : Macrographies après attaque de soudures réalisées sur 9CR-ODS présentant des éjections de matière typiques
Comme sur PM2000, on retrouve des éjections de matière localisées au niveau des
points chauds créés par la constriction de courant. L’éjection de matière peut dans
certains cas (comme le cas (c)) faire le lien entre ces deux points chauds.
Tout comme sur PM2000, lorsqu’une éjection de matière est observée, seule une des
deux faces observées (face en opposée) est affectée. Montrant encore une fois
l’inhomogénéité circonférentielle de cet observable.
6.5.4. Paramètres opératoires et point préférentiel
L’affaissement final mesuré en fonction de l’énergie finale pour l’ensemble des essais
réalisé sur 9Cr-ODS est représenté sur la Figure 6.19. Les caractéristiques de ces
soudures en termes de modifications de la répartition d’yttrium ou d’éjections de matière
sont reportées sur ce graphique.
a c b 1800 N
17 kA
15 ms
0,8 mm
Efin = 561 J
Aff. = 689 µm
c 1800 N
15 kA
10 ms
0,8 mm
Efin = 344 J
Aff. = 51 µm
Efin = 310 J
Aff. = 113 µm
1800 N
15 kA
10 ms
0,2 mm
Ejection au voisinage de
l’électrode
Ejection au voisinage
de l’intérieur du contact
Ejection reliant les
deux points chauds
- 152 -
Figure 6.19 : Affaissement en fonction de l’énergie finale pour les essais réalisés sur 9Cr-ODS avec mise en évidence des caractéristiques des soudures
Sur 9Cr-ODS, les éjections de matière situées au voisinage de l’électrode sont
observées pour les énergies électriques les plus élevées. Lorsque l’énergie est basse et
que Lg est au niveau haut, on observe une éjection de matière à l’intérieur du fait d’une
constriction de courant importante et d’un affaissement trop faible pour fermer l’éjection
de matière. Enfin pour une énergie faible et un Lg au niveau bas, l’éjection traverse la
gaine et relie les deux points chauds.
Une soudure présente une absence d’éjection de matière et une absence de
modification d’yttrium sur les deux faces observées. Cette soudure présente
l’affaissement le plus important et a été réalisée pour les paramètres opératoires
(Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2600 N ; 17 kA ; 15 ms ; 0,8 mm). Les caractérisations de cette soudure
sont présentées sur la Figure 6.20
Figure 6.20 : Point préférentiel obtenu sur l’alliage 9Cr-ODS pour (Fs ; Is ; ts ; Lg) = (2600 N ; 17 kA ; 15 ms ; 0,8 mm)
Yttrium (% massique) Titane (% massique) Macrographie après attaque
3,5 % 2,5 %
2,5 % 3,5 %
0 % 0 %
0 % 0 %
Ejection reliant les deux points
chauds
Ejection au voisinage de l’intérieur
du contact p-p
Ejection au voisinage de l’électrode
coté gaine
0
100
200
300
400
500
600
700
800
900
250 350 450 550 650
Aff
aiss
em
ne
nt
( µ
m )
Efin ( J )
9Cr-ODS
Lg = 0,2 mm Lg = 0,8 mm
Modification de la répartition des
renforts reliant les deux points chauds
Modification de la répartition des renforts
au voisinage de l’électrode, coté gaine
Discussions et perspectives - 153 -
Malgré le fait que cette soudure ait été réalisée avec un Lg au niveau haut, on observe
peu de matière dans la partie de gaine dépassant de l’électrode signifiant que celle-ci a
dû être éjectée durant le procédé. Par ailleurs, une zone présentant une modification de
la dispersion des renforts est située au voisinage de l’électrode (entouré en rouge) mais
se trouve principalement dans le bourrelet externe. L’interface entre pièces est continue.
On notera que les trois autres soudures réalisées à une énergie élevée (Is = 17 kA et
ts = 15 ms) ont toutes présentées une éjection de matière au voisinage de l’électrode et un
affaissement plus faible. Cela permet d’étayer l’une des voies d’optimisation proposées à
savoir une augmentation importante de l’affaissement visant à fermer les éventuelles
éjections de matière et visant à chasser les ZF vers les bourrelets internes et externes.
6.5.5. Discussion autour de l’effet du matériau et de l’effet des renforts
6.5.5.1. L’effet des propriétés matériaux
Les propriétés électrothermiques de l’alliage 9Cr-ODS n’ont pas été caractérisées
comme celle du PM2000. Cependant, de façon générale, la conductivité électrique et la
conductivité thermique diminuent avec l’augmentation de la teneur en chrome. Celles-ci
sont estimées être 2 à 3 fois supérieures pour les alliages 9Cr par rapport aux alliages
20Cr utilisés dans cette étude. La masse volumique et la capacité calorifique entre ces
deux alliages ne diffèrent que peu (différence estimée inférieure à 10 %, propriétés de
l’alliage 9Cr estimées à partir du code RCC-MR2007). En conséquence, pour une même
densité de courant (principalement dépendante de la géométrie des pièces traversées et
de l’intensité de soudage), la quantité de chaleur générée par effet Joule sera moins
importante et la chaleur sera plus rapidement diffusée depuis les points chauds (liés à la
constriction du courant) pour l’alliage 9Cr. Cette différence peut expliquer en partie la
meilleure homogénéité de la soudure réalisée sur l’alliage 9Cr-ODS ainsi que l’absence
d’observation de zones fondues.
Les propriétés mécaniques des différents alliages n’ont pas été suffisamment
caractérisées dans la littérature, notamment pour les hautes températures et les
grandes vitesses de déformation. Il est donc particulièrement complexe de discuter de
l’effet des propriétés mécaniques sur le procédé de soudage. Cependant, hormis les
caractéristiques métallurgiques et la sensibilité aux éjections de matière, nous n’avons
pas vu de différence entre le Kanthal APM et le PM2000. Cela laisse penser que l’effet de
la modification des propriétés mécaniques suite à l’ajout des renforts a peu d’influence
sur les observables macroscopiques analysés dans ce document à savoir les mesures en
cours de soudage témoins des phénomènes électriques, thermiques et mécaniques en
cours de soudage ainsi que les déformées des pièces témoins des mécanismes de
déformation. Toutefois, l’ajout des renforts n’est pas la seule différence entre ces deux
matériaux (teneur en titane et taille de grains différente notamment).
6.5.5.2. L’effet de la composition chimique
Hormis la modification des propriétés matériaux du fait de la modification de la
composition, il est intéressant de noter que les oxydes d’yttrium dans le PM2000 était
associés à l’aluminium. Or, l’alliage 9Cr-ODS ne contient pas d’aluminium ce qui signifie
que les renforts nanométriques n’ont pas les mêmes compositions et structures initiales.
De plus, lorsqu’une modification de la répartition des renforts apparait, on observe que
les zones enrichies en yttrium pour le 9Cr-ODS sont aussi enrichies en titane. Cette
correspondance n’était pas systématique sur PM2000 ce qui peut signifier que les
renforts n’ont pas les mêmes compositions et structures finales et le mécanisme de
modification de la dispersion des renforts en cours de soudage peut être différent.
- 154 -
Malgré ces différences de structure et de composition, il semblerait que les
mécanismes de modification de la répartition des renforts aient des similitudes puisque
les modifications apparaissent dans les deux cas dans les zones de hautes températures
et de fortes déformations. Là encore, la reproduction de cycles thermomécaniques
représentatifs du soudage sur des éprouvettes spécifiques permettrait de comparer les
deux alliages pour des cycles thermomécaniques identiques. L’analyse au MET de ces
éprouvettes pourrait permettre de mieux comprendre les différences liées à la nature des
oxydes.
Enfin, il est très important de noter que du fait de la teneur en titane de l’alliage
9Cr-ODS utilisé (0,3 % en masse), celui-ci ne présente pas de transformation de phase.
Le passage en phase martensitique peut entraîner une perte de cohérence des renforts
avec la matrice (Chapitre 1, paragraphe 1.2.2.2) ce qui peut par la suite faciliter leur
modification (regroupement, croissance). Il faudra donc être particulièrement attentif à
ce phénomène dans le cas de soudage de gainage combustible en alliages 9Cr-ODS avec
une teneur en titane plus basse.
6.5.5.3. Recristallisation, taille de grain et effet des renforts
Au cours de l’étude, nous avons réalisé des soudures sur trois différents matériaux
possédant trois tailles de grains très différentes. Pour l’alliage PM2000, possédant la
taille de grain la plus grande (millimétrique), nous avons observé la formation
systématique de petits grains (micrométrique) à l’interface soudée. La présence de ces
petits grains à l’interface soudée est une structure proche de la structure observée sur ce
même matériau en soudage par diffusion (Chapitre 1, paragraphe 1.3.2.5). A l’inverse,
sur Kanthal APM (taille de grains de 50 µm), nous avons obtenu des soudures pour
lesquelles l’interface n’était plus visible. Il se peut que cette différence soit liée à la
présence de renforts qui bloquent la croissance des grains dans le PM2000 expliquant le
fait que les grains recristallisent mais qu’aucune croissance ne soit observée. La
différence de taille de grain initiale pourait aussi influencer l’activation des systèmes de
glissement et la formation de cellule de. Là encore, une étude plus complète de la
recristallisation dynamique des ces alliages est nécessaire pour mieux comprendre le
phénomène.
L’alliage 9Cr-ODS possède la taille de grains la plus faible (micrométrique). La
structure initialement très fine ne nous a pas permis de distinguer les grains initiaux
potentiellement déformés et les grains éventuellement recristallisés. Il est donc
nécessaire de mieux caractériser ce matériau, notamment par EBSD et MET afin
d’évaluer la présence de recristallisation mais surtout afin d’observer quelle est la
structure au niveau de l’interface puisque la présence de renforts peut là encore bloquer
la croissance des grains.
6.5.6. Synthèse sur le soudage de l’alliage 9Cr-ODS
Malgré les différences de propriétés matériaux entre l’alliage 9Cr-ODS et le PM2000
(20Cr-ODS), nous avons obtenu des soudures de bonne compacité pour une plage de
paramètres opératoires incluse dans celle déterminée sur PM2000. On retrouve alors la
faible variation des plages de soudabilité opératoires pour le soudage d’alliages
ferritiques allant de 9% Cr à 22 % Cr et déjà constaté par l’équipe belge du CEN/SCK
[75, 76]. Cependant, le passage d’un angle de chanfrein de 45 ° pour le 20Cr-ODS à un
angle de 20 ° pour le 9Cr-ODS a pu déplacer la plage de soudabilité. Cette optimisation
de l’angle du chanfrein est aussi un facteur important dans l’obtention de soudures de
bonne compacité et cette voie d’optimisation est validée.
Discussions et perspectives - 155 -
Comme sur PM2000, on observe que le procédé est piloté principalement par les
facteurs géométriques puisque, pour le soudage sur 9Cr-ODS, on retrouve les points
chauds liés aux constrictions du courant au niveau de l’interface vers l’intérieur ainsi
que au niveau du contact avec l’électrode. Ces deux macro-constrictions ont comme pour
le PM2000 conduit à des éjections de matière mais aussi à des zones de modification de
la répartition des renforts. Cependant et contrairement au PM2000, celles-ci n’ont pas
pu être corrélées à des zones de recristallisation dynamique du fait de la taille de grains
initialement micrométrique du 9Cr-ODS ce qui rend difficile l’observation des soudures
par microscopie optique.
Des paramètres opératoires préférentiels de soudage ont été identifié sur 9Cr-ODS.
Comme pour le PM2000, il sera nécessaire de tester la reproductibilité des
caractéristiques métallurgiques des soudures obtenue pour ce jeu de paramètres
opératoires.
Comme pour l’alliage 20Cr-ODS, il sera nécessaire d’approfondir les caractérisations
métallurgiques aux échelles microscopique et nanométrique.
6.6. Conclusions
Au cours du soudage par résistance des gainages combustibles en alliage ODS, nous
avons observé des modifications de la réparation des renforts à l’échelle d’analyse de la
microsonde signifiant que « des déplacements » d’oxyde sur plusieurs microns ont eu lieu
et ce sur 20Cr-ODS ainsi que sur 9Cr-ODS à priori. Ces modifications semblent liées à
une association entre des phénomènes thermiques et mécaniques pouvant entraîner un
phénomène métallurgique de recristallisation dynamique. Le déplacement des renforts
serait alors aidé par le mouvement des dislocations, des joints de grains ou des sous
joints.
Afin de mieux comprendre les phénomènes thermiques et mécaniques et
métallurgiques incriminés ainsi qu’afin de pouvoir comparer différentes nuances
d’alliages ODS, il peut être nécessaire de mettre en place des essais reproduisant de
façon contrôlés les cycles thermomécaniques typiques du soudage par résistance à l’aide
d’un simulateur thermomécanique de type « Gleeble » par exemple. Ces éprouvettes
d’essais pourront être caractérisées par MET en s’affranchissant de la difficulté de
prélèvement des lames minces dans des zones spécifiques de la soudure. Cela
permettrait de mieux comprendre les phénomènes de modification de la répartition et
notamment de mieux caractériser les structures finales des renforts.
Du fait de la présence d’éjections de matière liées à une inhomogénéité inhérente au
système d’électrode ou au système de serrage, nous n’avons pas pu établir un point de
fonctionnement optimisé (pour lequel aucune modification de la répartition des renforts
à l’échelle de la microsonde, ni aucun défaut de compacité n’est observé) pour l’alliage
PM2000 dans la plage des paramètres opératoires testée lors des plans d’expériences.
Des voies d’optimisation ont été alors proposées. Du fait que le procédé de soudage est
principalement gouverné par la géométrie des pièces, l’optimisation de l’angle du
chanfrein est l’une des voies les plus intéressantes et permet notamment de diminuer
l’énergie électrique minimale nécessaire à la réalisation de soudures sans manque de
soudage sur l’extérieur du joint.
Cette voie d’optimisation a été appliquée sur un alliage 9Cr-ODS et un premier point
préférentiel a été établi. Cependant il est nécessaire de tester la reproductibilité et la
robustesse du procédé autour de ce point de fonctionnement.
- 156 -
Conclusion générale
Les alliages renforcés par dispersion d’oxydes (alliages ODS) sont des alliages
candidats pour la réalisation des gainages combustibles des réacteurs à neutrons rapides
à caloporteur sodium (RNR-Na). Ces alliages possèdent de bonnes propriétés mécaniques
en fluage et à haute température du fait d’oxydes nanométriques dispersés de manière
homogène dans la matrice. Or, cette dispersion d’oxydes peut être modifiée lors d’une
étape de soudage et notamment lors de soudage par fusion.
Le soudage par résistance en bout est un procédé déjà employé industriellement dans
la fabrication des gainages combustibles des réacteurs à eau pressurisée (alliage
Zircaloy). Ce procédé est un procédé en phase solide et semble donc tout à fait adapté à
la réalisation du soudage des gainages combustibles en alliage ODS. Des équipes belges,
américaines et japonaises ont d’ores et déjà montré la capacité de ce procédé à réaliser
des assemblages de gainage combustible ODS ferritique de différentes teneurs en
chrome. Ces soudures proposent des tenues mécaniques à hautes températures et des
durées de vie satisfaisantes. Cependant, seul un lien direct entre les paramètres
opératoires du procédé et les caractéristiques mécaniques de l’assemblage a été réalisé.
Cette thèse propose de mieux comprendre ce lien en détaillant dans un premier temps la
corrélation entre les paramètres opératoires du procédé et les phénomènes thermiques et
mécaniques observés en cours de soudage. Dans un second temps, le lien entre ces
phénomènes et les caractéristiques métallurgiques de la soudure a été réalisé.
L’influence des paramètres opératoires sur le soudage est réalisée à l’aide d’une
double approche expérimentale et numérique. Les résultats sont ainsi issus d’une
modélisation électrothermique-thermomécanique du procédé, développée spécifiquement
pour cette application. En parallèle, des essais expérimentaux sont réalisés sur une
installation expérimentale instrumentée.
Cette étude est principalement réalisée sur le PM2000 KKL6, alliage 20Cr-ODS
commercial mais qui ne fait pas partie des nuances candidates pour la réalisation des
gainages combustibles. Cette approche se justifie par la faible quantité d’alliages 9Cr-
ODS (une des nuances candidates) disponible. En parallèle, des essais ont été réalisés
sur un alliage 20Cr-non ODS (Kanthal APM) afin de mettre en évidence un éventuel
effet du renforcement sur le soudage et la soudure.
Les résultats montrent que l’étape de soudage peut se découper en trois phases :
Echauffement de l’interface à souder : Il est dû à la résistance de contact
électrique (RCE) initiale. Au fur et à mesure du chauffage de l’interface, la
RCE diminue entrainant à son tour une diminution de la génération de
chaleur à l’interface. Le procédé passe alors après seulement quelques
millisecondes d’un régime de chauffage aux interfaces à un régime de
chauffage dans les volumes. Cette phase est principalement pilotée par
l’intensité du courant traversant les pièces.
Chauffage dans les volumes : Cette phase est pilotée par les changements de
sections macroscopiques entre la gaine étroite et le bouchon massif. On observe
alors un déséquilibre thermique avec un chauffage plus important dans la
gaine (et plus particulièrement dans la partie de gaine dépassant de
l’électrode) que dans le bouchon. On observe alors la formation de deux points
particulièrement chauds, l’un localisé vers intérieur du contact entre pièces,
l’autre, au niveau de la jonction entre la gaine et l’électrode. Lorsque la gaine
Conclusion générale - 157 -
atteint une température suffisamment importante (au regard de la force
appliquée) celle-ci s’écrase provoquant un affaissement général des pièces.
C’est le début de la troisième et dernière phase. Cette phase de chauffage des
volumes est principalement pilotée par la longueur de gaine dépassant de
l’électrode (Lg) qui permet d’influencer la taille et la position de la zone de plus
haute température. L’intensité du courant à une influence uniquement sur la
vitesse de chauffage et donc sur le temps pour lequel l’affaissement débute. La
force permet d’influencer la température à partir de laquelle l’affaissement
débute.
Affaissement des pièces : Sous l’effet de la force et du chauffage dans la partie
de gaine dépassant de l’électrode, cette dernière se déforme alors fortement.
Plus spécifiquement, on observe qu’une partie de la gaine commence à se
déformer pendant que la partie située sur l’extérieur glisse le long du
chanfrein du bouchon. La gaine prend alors appui sur l’électrode enserrant la
gaine. Cette étape est alors influencée par l’état thermique de la gaine au
moment de l’affaissement et est donc influencé par la longueur de gaine
dépassant de l’électrode et par la force. De plus l’énergie électrique dissipée
durant la phase d’affaissement et donc le temps de soudage et l’intensité du
courant, permet d’influencer la cinétique de l’affaissement.
Dans une seconde partie, les caractéristiques des soudures sont reliées aux
phénomènes observés en cours de soudage. Trois caractéristiques fondamentales de la
soudure ont été évaluées : la compacité, la microstructure et la dispersion des oxydes.
L’étude de la compacité de la soudure permet de définir si la soudure a bien été
réalisée sur l’ensemble du joint. Au niveau de l’interface entre pièces, un manque de
soudage a été constaté sur l’extérieur des pièces pour les plus faibles énergies électriques
dissipées. Ce phénomène peut être mis en relation avec la différence de température
observée entre l’intérieur et l’extérieur de l’interface du fait de la constriction de courant
formant un point plus chaud sur l’intérieur du contact que sur l’extérieur. Ce manque de
soudage peut aussi être mis en relation avec le glissement de la gaine le long du
chanfrein du bouchon qui tend à ouvrir le contact sur l’extérieur. Ce manque de soudage
peut être évité en augmentant l’énergie électrique dissipée (en chauffant plus) ou en
utilisant une longueur de gaine dépassant de l’électrode faible (et ainsi limite le
glissement de la gaine). Nous avons aussi vu qu’une optimisation de la géométrie du
chanfrein permet de limiter ce phénomène.
L’étude de la compacité de la soudure permet aussi de s’assurer que le procédé
n’engendre pas de cavité dans la soudure. Pour certaines soudures, des cavités
débouchantes qualifiées d’éjection de matière ont été observées en certains points de la
circonférence. Ces défauts se forment principalement au voisinage des électrodes et
semblent impliquer une inhomogénéité liée au système de serrage ou aux électrodes.
L’optimisation du système d’électrode et l’utilisation d’une force plus importante ont été
proposée comme voie d’optimisation mais reste à mettre en œuvre. Une meilleure
compréhension de ce phénomène est tout de fois nécessaire et notamment en ce qui
concerne les différences de comportement entre les différents matériaux étudiés
(Kanthal APM et PM2000).
L’étude de la microstructure des soudures a laissé apparaitre deux types d’altération
de la structure du métal de base. Nous avons observé des structures solidifiées témoins
d’un passage à l’état liquide. Ce phénomène est principalement observé pour les énergies
électriques élevées. Une voie d’optimisation consisterait à limiter cette énergie. Cette
voie d’optimisation entre alors en contradiction avec l’utilisation d’une énergie électrique
élevée nécessaire pour éviter le manque de soudage. Nous avons aussi observé la
présence d’une modification de la microstructure dans des zones de hautes températures
et de fortes déformations. Ces modifications ont été reliées au phénomène de
- 158 -
recristallisation dynamique. La valeur de l’affaissement est alors un paramètre essentiel
dans le contrôle de la déformée et donc dans le contrôle du phénomène de
recristallisation dynamique. Des voies d’optimisation ont alors été proposées visant à
limiter l’affaissement ou visant à chasser les zones modifiées vers les bourrelets internes
et externes de la soudure.
Enfin, l’étude de la dispersion des renforts a montré que lorsque la microstructure
était modifiée (zone solidifiée ou zone recristallisée dynamiquement), des modifications
de la dispersions des oxydes sont observées. Ce phénomène associant la recristallisation
dynamique et la modification de la dispersion d’oxydes lors du soudage par résistance
des gainages combustibles en alliage ODS n’avait jamais été montré dans littérature et
est un élément de compréhension majeur de ces travaux. Ces modifications ont alors été
reliées à des phénomènes d’interaction entre les oxydes nanométriques et le
comportement des dislocations. Une meilleure compréhension de ce phénomène est toute
fois nécessaire et notamment en ce qui concerne les phénomènes de recristallisation de
ces alliages ODS. Des critères thermiques et mécaniques pourront alors être définis
permettant d’évaluer le risque de modification de la dispersion d’oxyde en cours de
soudage.
L’ensemble de cette étude d’influence a aussi été transposée sur un nombre réduit
d’essais de soudage réalisés sur 9Cr-ODS. Un jeu de paramètres opératoires préférentiel
a été défini mais doit cependant être validé sur un nombre plus important d’essais.
Les mécanismes microstructuraux impliqués dans ces modifications doivent
maintenant être identifiés avec précision. Une approche plus conventionnelle et
théorique sur des éprouvettes modèles et un simulateur thermomécanique pourra être
mise en place. L’objectif final encore à atteindre sera l’expression d’un critère
thermomécanique permettant de maitriser la structure de la soudure. L’étude
d’influence réalisée ici sur les phénomènes thermomécaniques en cours de soudage
permettra, après implémentation du critère, d’optimiser pleinement les soudures.
Les conséquences sur les propriétés mécaniques des modifications de la dispersion des
renforts restent à quantifier.
Annexes - 159 -
Annexes
- 160 -
Annexe 1 : Matériaux de l’étude
20Cr-non ODS : Kanthal APM
Dans le cadre de l’étude, l’alliage est utilisé comme alliage de composition chimique
proche de celle du PM2000 mais non renforcé par dispersion d’oxyde. Il permet de
compenser la faible quantité d’alliage PM2000 disponible et permet, par comparaison,
d’évaluer l’influence du renforcement du matériau sur le soudage et la soudure.
L’alliage Kanthal APM est un alliage non-ODS fabriqué par Kanthal (groupe
Sandvick, division Sandvik Materials Technology). C’est un alliage généralement destiné
aux éléments résistifs chauffants pour les fours à haute température. Il est fabriqué par
métallurgie des poudres puis extrudé. Sa méthode de fabrication n’est que peu
renseignée par le fabricant [117].
9Cr-ODS
Les soudures en 9Cr-ODS sont composées d’un bouchon en alliage de dénomination
J23 et d’une gaine en alliage de dénomination J26-M2. Par commodité, les deux
matériaux sont regroupés sous le nom de 9Cr-ODS.
Gaine : alliage J26-M2
L’alliage de dénomination J26-M2 est un alliage ODS fabriqué par le SRMA/LTMEX
au CEA Saclay. Les poudres initiales sont fournies par Aubert&Duval puis renforcées
(incorporation de l’oxyde d’yttrium) par Plansee. Elles sont ensuite filées à chaud sur
aiguille à 1100 °C pour former un tube de diamètre 18,4 mm et de 1,275 mm d’épaisseur.
Cette ébauche est ensuite amenée à un diamètre 10,73 mm et une épaisseur de 0,5 mm
par 6 étapes de laminage à pas de pèlerin avec un traitement thermique (TT) toute les
deux étapes (soit 2 TT) à 1050 °C pendant 1 h. Le tube final subit un TT à 1050 °C
pendant 30 minutes avec un refroidissement rapide (70 °C.min-1) puis un revenu à
750 °C pendant 1 h. De par sa teneur en élément d’alliage, ce matériau est ferritique. La
géométrie de la gaine en alliage 9Cr-ODS est présentée sur la Figure 1.
Figure 1 : Géométries utilisées pour la gaine en 9Cr-ODS
Bouchon : Alliage J23
L’alliage de dénomination J23 est un alliage ODS fabriqué par le SRMA/LTMEX au
CEA Saclay. Les poudres renforcées sont identique à celles utilisés pour la fabrication de
l’alliage J26-M2. Elles sont ensuite filées à 1100 °C (préchauffage d’1 heure) entourées
d’une gaine en acier doux. Le barreau à un diamètre total de 20,7 mm et le cœur en acier
Axe de symétrie de révolution
0,5 mm
30°
Ø 10,73 mm
15 mm Représentation sans échelle
Annexes - 161 -
ODS à un diamètre de 16 mm. La géométrie du bouchon en alliage 9Cr-ODS est
présentée sur la Figure 2.
Figure 2 : Géométries utilisées pour le bouchon en 9Cr-ODS
Axe de symétrie de révolution
1mm
30°
Ø 10,73 mm
15 mm
Représentation sans échelle
- 162 -
Annexe 2 : Les plan d’expériences [118]
Vocabulaire
La méthode des plans d’expériences fait appel à un vocabulaire précis :
Facteurs : On appelle facteurs les paramètres d’entrée dont on souhaite connaitre
l’influence. Un domaine de variation est défini pour chaque facteur.
Niveau d’un facteur : Le niveau du facteur est exprimé entre -1 et 1 et représente la
valeur du facteur après que son domaine de variation ait été centré et réduit.
Matrice d’essai : La matrice d’essai représente l’ensemble des essais à réaliser. Elle
est composée de combinaisons des différents niveaux des facteurs.
Réponses : On appelle réponses les grandeurs de sortie dont on souhaite connaitre les
variations en fonction des facteurs.
Effets : L’effet d’un facteur sur une réponse représente son influence.
Interaction : L’interaction entre deux facteurs représente la variation de l’effet d’un
facteur du fait de la variation d’un second facteur.
Modèle : Le modèle est la représentation mathématique qui permet d’approcher la
réponse observée par une réponse calculée à l’aide du niveau des facteurs et de leurs
effets.
Résidu : Le résidu d’un plan d’expériences représente la différence entre la réponse
calculée et la réponse observée.
Contribution : La contribution représente la contribution des effets et des résidus à la
variance de la réponse. La contribution d’un effet ou des résidus est exprimée en
pourcentage.
Définition des facteurs et choix de la matrice d’essais
La matrice d’essai définit l’ensemble des essais à réaliser. Elle dépend du nombre de
facteurs à étudier, du nombre d’essai réalisables et du type d’analyse souhaitée.
Quatre paramètres opératoires ont été identifiés (Tableau 2.2) et sont donc considéré
comme quatre facteurs. Pour chaque plan d’expériences, on défini la borne supérieure et
la borne inférieure de variation de ce paramètres opératoires. Une fois défini, chaque
facteur est centré réduit afin d’être exprimé par la valeur (ou niveau) -1 lorsqu’il prend
sa valeur minimale et +1 lorsqu’il prend sa valeur maximale.
Afin de réaliser le calcul d’influence des facteurs mais aussi de leurs interactions,
nous avons choisi de réaliser un plan d’expériences factoriel complet. Ce plan consiste à
réaliser un essai pour chaque combinaison possible des bornes supérieure et inférieure
de chaque facteur. On obtient ainsi 24 essais. Le Tableau 1 présente la matrice d’essai.
Annexes - 163 -
Réf Fs Is ts Lg
1 -1 -1 -1 -1
2 -1 -1 -1 1
3 -1 -1 1 -1
4 -1 -1 1 1
5 -1 1 -1 -1
6 -1 1 -1 1
7 -1 1 1 -1
8 -1 1 1 1
9 1 -1 -1 -1
10 1 -1 -1 1
11 1 -1 1 -1
12 1 -1 1 1
13 1 1 -1 -1
14 1 1 -1 1
15 1 1 1 -1
16 1 1 1 1
Tableau 1 : Matrice d’essai L16.
Définition des réponses et calcul d’influence
Le plan d’expériences permet de calculer l’effet des facteurs sur des réponses choisies.
Afin de permettre le calcul d’influence, une réponse numérique doit être définie et
accessible pour chaque essai comme présenté dans le Tableau 2
Réf Fs Is ts Lg Réponse
1 -1 -1 -1 -1 R1
2 -1 -1 -1 1 R2
i Ri
16 1 1 1 1 R16
Tableau 2 : Réponses obtenue lors d’un plan d’expériences.
Il est alors possible de définir l’effet de chaque facteur sur la réponse. L’effet d’un
facteur représente son influence. L’effet d’un facteur X (Ex) est calculé par l’équation
suivante où 1XR représente la moyenne des réponses pour laquelle X est au niveau 1 :
2/)( 11 XXX RRE eq. 1
Il est aussi possible de calculer l’interaction d’ordre 2 d’un facteur X avec un facteur Y
par l’équation suivante
2/)( 11 XYXYXY RRI eq. 2
Ce qui correspond à la demi-variation de l’effet de X lorsque Y passe du niveau -1 au
niveau 1.
2/)( 11 YsachantXYsachantXXY EEI eq. 3
On peut alors estimer la réponse théorique du plan d’expérience par
- 164 -
YXIXERRN
XYnXth n
nsinteractio'facteursN
eq. 4
Le résidu représente alors l’erreur commise dans l’estimation théorique de la réponse.
RRrésidu th eq. 5
Annexes - 165 -
Annexe 3 : Propriétés du matériau PM2000
utilisées dans le modèle numérique
Propriétés ET
Les propriétés matériaux utilisées dans le modèle ET sont exposées ci-dessous. Ces
propriétés sont celles du PM2000 KKL6.
Figure 3 : Propriétés ET du matériau utilisées dans le modèle numérique pour le PM2000
Les valeurs sont issues de la littérature [119, 120] ou de mesures réalisées par nos
soins. Les valeurs sont ensuite extrapolées pour les températures supérieures à celles
trouvées dans la littérature ou accessibles par nos mesures. Ces limites sont récapitulées
dans le Tableau 0.3.
Nom Notation Unités Source principale Limite mesure Limite biblio
Conductivité électrique σélec S.mm-1
Mesure 600 °C 1000 °C
Conductivité thermique λ W·m-1·K
-1 Mesure 1000 °C 1200 °C
Masse volumique mv kg.mm-3
Biblio / 20 °C
Capacité calorifique massique Cp J.kg-1.K
-1 Mesure 700 °C 1000 °C
Tableau 0.3 : Limites en température des données obtenues par mesure expérimentales et dans la littérature pour les propriétés ET du PM2000
400
500
600
700
800
900
0 500 1 000 1 500
Cap
acité c
alo
rifiq
ue (J.k
g-1.K
-1)
Température ( °C )
PM2000
Référence = Avancée
Pic de Cp pour chaleur
latente de fusion
Masse volumique constante =
7,18.10-6 kg.mm-3
400
500
600
700
800
900
0 500 1 000 1 500
Co
nductiv
ité é
lect
rique (S
.mm
-1)
Température ( °C )
PM2000
Référence
0
5
10
15
20
25
30
35
40
0 500 1 000 1 500
Co
nductiv
ité th
erm
ique (m
W.m
m-1.K
-1)
Température ( °C )
PM2000
- 166 -
Propriété TM
Les propriétés matériaux utilisées dans le modèle TM sont exposées ci-dessous.
Figure 4 : Propriétés TM du matériau utilisées dans le modèle numérique pour le PM2000
Les valeurs sont issues de la littérature [9, 119, 120]. Les valeurs au-dessus de
1000°C sont extrapolées. Ces valeurs sont issues des données fournies par le fabricant et
semblent provenir de caractérisations sur lePM2000 KKL4 (nuance petits grains).
0
200
400
600
800
1000
1200
0,00% 0,50% 1,00% 1,50% 2,00%
Co
ntr
ain
te (M
Pa)
Déformation ( % )
PM2000
Référence
20°C
350°C
800°C
0
100
200
300
400
500
600
700
800
900
1000
0 500 1 000 1 500
Mo
dule
d'é
crouis
sage
(MP
a)
Température ( °C )
PM2000
Référence
0
50
100
150
200
0 500 1 000 1 500
Mo
dule
de Y
oung (G
Pa)
Température ( °C )
PM2000
0
200
400
600
800
1000
1200
0 500 1 000 1 500
Lim
ite é
lastique (M
Pa)
Température ( °C )
PM2000
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
20
0 500 1 000 1 500
Co
effic
ient d
e d
ilata
tion th
erm
ique m
oye
n (10
-6. K
-1)
Température ( °C )
PM2000
Annexes - 167 -
Annexe 4 : Détermination des RCE
Résistance de contact électrique entre pièces
Dans un premier temps, la RCE a été mesurée sur une machine spécifique du
LIMATB de l’université de Lorient [72]. La RCE p-p a été mesurée en fonction de la
pression (jusqu'à 160 MPa) et de la température (jusqu’à 550 °C). Des exemples de
mesure en fonction de la pression et en fonction de la température sont présentés sur la
Figure 5.
Figure 5 : Evolution de la RCE entre deux cylindre en PM2000 : a. en fonction de la pression à 25 °C ; b. en fonction de la température à 70 MPa (3 mesures)
La valeur de la RCE diminue avec la pression et la température. On observe un palier
entre 250 °C et 450 °C suivi d’une nouvelle chute vers 450 °C. Par ailleurs, on observe
que le retour à la température ambiante se fait à une valeur de RCE constante puisque
les aspérités se sont écrasées plastiquement et que la surface de contact microscopique
n’évolue plus.
Introduites dans le modèle numérique, ces mesures ont engendré des valeurs de
potentiel proche du contact (entre A et B comme indiqué sur la Figure 6 a.) deux fois
supérieures à celles mesurées expérimentalement (voir Figure 7). Les valeurs de
mesures ont donc été réajustées tout en gardant la forme de l’évolution avec la
température.
Des essais ont été réalisés avec des fils de mesure de potentiel sertis en deux points (A
et B) sur les pièces à souder. La résistance électrique entre ces points calculée à l’aide
des mesures a été comparée à une mesure réalisée dans les mêmes conditions mais sur
une pièce monobloc de même géométrie (équivalent à un essai double épaisseur en
soudage par point). Un exemple de mesure est montré sur la Figure 6.
0,001
0,01
0,1
1
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180
RC
E p
-p ( O
hm
.mm
² )
Pression ( MPa )
A 25°C
0
0,002
0,004
0,006
0,008
0,01
0 100 200 300 400 500 600
RC
E p
-p ( O
hm
.mm
² )
Température ( °C )
Protocole n° 270 MPa 25 °C
a b
- 168 -
Figure 6 : Positions des mesures de potentiel sur les pièces mises en place pour la détermination de la RCE p-p (a et b) et évolution de la résistance entre ces points de mesure en fonction du temps pour les deux configurations avec mise en évidence de
l’effet de la RCE p-p (c)
La RCE p-p génère une augmentation de la résistance de 35 mΩ à t = 5 ms. Ces
mesures expérimentales n’ont pas permis d’établir une différence significative en
fonction de la force de soudage appliquée (testée à 1500 N et 2500 N). La dépendance de
la RCE p-p avec la force n’est donc pas prise en compte dans la simulation numérique
développée ici.
A l’aide de ces mesures et de la simulation numérique, la RCE p-p mesurée au
LIMATB a donc été réajustée. La RCE p-p ajustée et utilisée dans la simulation est
présentée sur la Figure 7. La résistance électrique entre A et B obtenue par mesure
expérimentale ainsi que par simulation numérique avec la valeur de RCE p-p avant et
après ajustement sont présentées aussi sur la Figure 7.
Figure 7 : RCE p-p utilisée dans la simulation numérique (a) et comparaison des résistances obtenues par simulation numérique pour deux valeurs de RCE p-p avec la
mesure expérimentale (c)
0
0,0005
0,001
0,0015
0,002
0,0025
0 200 400 600 800 1000
RC
E p
-p ( O
hm
.mm
² )
Température ( °C )
0,0000
0,0001
0,0002
0,0003
0,0004
0,0005
0,0006
0 0,001 0,002 0,003 0,004 0,005
Résis
tance A
-B ( O
hm
)
Temps ( s )
2500 N; 3800 A; 5 ms; 3 mm
Mesure expérimentale
Simulation avant ajustement
Simulation après ajustement
a. b.
0,00019
0,00021
0,00023
0,00025
0,00027
0,00029
0,00031
0 0,001 0,002 0,003 0,004 0,005
Résis
tance A
-B ( O
hm
)
Temps ( s )
2500 N; 3800 A; 5 ms; 3 mm
a. Géométrie de référence b. Eprouvette monobloc
1,5 mm 1,5 mm
Bouchon
Electrode
A
Gaine
Electrode
1,5 mm 1,5 mm
Monobloc
Electrode Electrode
a. Géométrie de référence 20Cr b. Géométrie équivalente réalisée dans une pièce monobloc
Effet de la
RCE p-p
B A B
c.
Annexes - 169 -
Résistance de contact électrique entre pièce et électrode
Comme indiqué dans le Chapitre 2 (paragraphe 2.4.1.4) la différence de potentiel
entre les mors est mesurée systématiquement. Des mesures complémentaires ont montré
que la valeur du potentiel mesuré sur les mors était très proche de celle mesurée sur les
électrodes. La valeur de potentiel au niveau de l’électrode obtenue par simulation
numérique peut donc être comparée aux valeurs de potentiel mesurées au niveau des
mors. Nous avons ainsi pu obtenir une estimation de la valeur de la RCE p-e en fonction
de la température en procédant par méthodes inverses à partir de mesures
expérimentales de la résistance entre les mors.
La valeur de RCE p-e identifiée à l’aide de ces mesures est présentée sur la Figure 8.
La résistance électrique entre les mors obtenue par mesure expérimentale ainsi que
par simulation numérique avec une valeur de RCE p-e indépendante de la température
et la valeur de RCE p-e ajustée sont présentées aussi sur la Figure 8.
Figure 8 : RCE p-e utilisée dans la simulation numérique (a) et comparaison des résistances obtenues par simulation numérique pour deux valeurs de RCE p-e avec la
mesure expérimentale (c)
On obtient une valeur de RCE p-e plus élevée que la RCE p-p mais qui décroit aussi
plus rapidement avec la température.
Par ailleurs, on observe que la résistance entre pièces (entre A et B) sur la Figure 7
contribue à moins de 30 % de la résistance mesurée entre les mors (Figure 8). La
résistance entre les mors est de 750 mΩ à t = 5 ms alors que le contact p-p génère une
résistance de 35 mΩ soit 5 % de la mesure de résistance entre les mors.
0,00
0,01
0,02
0,03
0,04
0,05
0,06
0,07
0,08
0 100 200 300 400 500 600 700 800
RC
E p
-e ( O
hm
.mm
² )
Tempérauture ( °C )
0,0000
0,0002
0,0004
0,0006
0,0008
0,0010
0,0012
0,0014
0 0,001 0,002 0,003 0,004 0,005
Rm
ors
( O
hm
)
Temps ( s )
2500 N; 3800 A; 5 ms; 3 mm
Mesure expérimentale
Simulation, RCE p-e ajustée
Simulation, RCE p-e indépendante de T°
a. b.
- 170 -
Annexe 5 : Couplage des calculs
Le schéma complet du couplage séquentiel réalisé pour la simulation numérique est
présenté sur la figure ci-dessous.
Figure 9 : Schéma de la procédure de couplage des calculs ET et TM
t représente le temps courant du calcul. t0 est le temps de début du macro pas de
temps ET Ŕ TM. Ce macro pas de temps a une durée Δtactu. Le calcul ET est réalisé avec
un pas de temps Δttherm alors que le calcul TM est réalisé avec un pas Δtméca.
t0 = 0
Calcul ET au temps t
Projection des températures sur
le maillage TM
t = t0
t = t0+Δtactu?
t = t+Δttherm
Calcul TM au temps t
t = t0
t = t0+Δtactu?
t = t+Δtmeca
t0 = t0+Δtactu
Projection des déplacements
sur le maillage ET
Actualisation de la géométrie
du maillage ET
Annexes - 171 -
Annexe 6 : Acier X37CrMoV5-1 [121]
Composition
La composition normalisée du X37CrMoV5-1 est donnée dans le Tableau 4.