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Rapport BRGM RP-60468-FR 3
L’original du rapport muni des signatures des Vérificateurs et Approbateurs est disponible aux Archives du BRGM.
Le système de management de la qualité du BRGM est certifié AFAQ ISO 9001:2008.
Ce rapport est le produit d’une expertise institutionnelle qui engage la responsabilité civile du BRGM.
Ce document a été vérifié et approuvé par :
Approbateur :
Nom : M. Audibert Date : 14/11/2011
Vérificateur :
Nom : G. Grandjean Date : 14/11/2011
Le système de management de la qualité du BRGM est certifié AFAQ ISO 9001:2008.
Mots clés : expertise – appuis aux administrations – risques naturels – glissement de terrain – catastrophe naturelle
En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante :
COLAS B. (2011) – Avis technique : effondrement à l’aplomb d’une ancienne décharge – Commune de Molières-Cavaillac (Gard). Rapport BRGM/RP-60468-FR. 17 p., 13 ill.
Date de la formulation de la demande d’expertise au BRGM : 8 novembre 2011
Demandeur : Sous-Préfecture du Gard (Le Vigan)
Nature de l’expertise / question posée : avis géotechnique sur effondrement à l’aplomb d’une ancienne décharge aujourd’hui déchetterie
Situation du sujet : lieu-dit Rognès, commune de Molières-Cavaillac (Gard)
Date d’occurrence ou de constat : 8 novembre 2011
Nature de l’intervention du BRGM : visite de terrain en présence de représentants des services de l’Etat, des collectivités et de l’exploitant du site notamment.
Faits constatés :
Suite aux fortes pluies des 3, 4 et 5 novembre 2011, une partie des matériaux de l’ancienne décharge de Molières-Cavaillac a été entrainée dans l’Arre (affluent de l’Avène). La décharge est établie dans l’axe d’un talweg et le drainage du versant est assuré par une buse métallique (diamètre 1,8 m) enfouie en fond de décharge entre la zone amont du site et un ancien ouvrage SNCF de franchissement du talweg (diamètre env. 4 m).
Un fontis (effondrement localisé) d’environ 9 m de diamètre pour plus de 10 m de profondeur est observé au milieu de la plate-forme de l’ancienne décharge. Le mouvement d’affaissement / effondrement est actif et en évolution. Des vides résiduels importants subsistent dans le corps de décharge. Aucun dommage corporel n’est à déplorer.
Diagnostic du Brgm :
D’après le constat sur site réalisé, il apparait que le débourrage violent soit dû à une érosion interne du corps de la décharge au voisinage de la buse. La charge hydraulique augmentant avec la montée du niveau d’eau en amont a conduit à un débourrage violent au travers de l’ouvrage SNCF. Le fontis est une conséquence de l’apparition de vides dans le corps de décharge.
Les tronçons de buse observés dans la rivière et le tronçon a priori en place écrasé en fond de fontis conduit à penser que l’intégralité des 25 m de buse à l’aval du fontis ont été emportés laissant autant (et plus) de volume de vides résiduels. A ce titre, la présence de vides en dehors de l’emprise de la buse initiale n’est pas à exclure puisque des circulations d’eau anarchiques ont pu se développer dans le corps de décharge au cours du temps.
Compte tenu de l’historique de pluies cévenoles dans le secteur, le sous-dimensionnement de la buse (quoique probable au regard de sa section et des variations de débit karstique) ne parait pas responsable directement du sinistre. A contrario, la conception du système de drainage (buse métallique « légère »), voire sa mise en œuvre, semble de nature à expliquer le sinistre.
Recommandations du Brgm :
A l’heure actuelle de nombreux risques subsistent sur le site :
Rapport BRGM RP-60468-FR 5
- avéré : évolution du phénomène d’effondrement et comblement partiel ou total des cavités créées ;
- potentiel : nouveau débourrage en cas de comblement des vides par des déchets remaniés (probable à court terme) conjugué à un nouvel épisode pluvieux intense mettant en charge le réseau (buse amont, avaloir).
Ces risques importants imposent des mesures préventives et curatives. Enfin des mesures devront probablement être prises vis-à-vis des pollutions accidentelles du cours d’eau.
Dispositions préventives
En premier lieu il convient de prendre les dispositions pour empêcher / interdire l’accès à la zone présumée instable. En second lieu (cette mesure a été prise dès la fin de la visite de site avec l’exploitant) il convient d’engager un suivi d’évolution du site, même rustique.
Dispositions Curatives
Concernant la gestion du site à court terme, le principe est d’éviter la reproduction du même type de phénomène. La maîtrise du processus d’effondrement en cours n’est pas envisageable sans prononcer l’évacuation totale des terres à l’aplomb des vides créés. La maitrise du processus d’entrainement de matériaux vers l’Arre repose donc sur la maitrise des eaux de ruissellement. Deux solutions sont a priori envisageables :
- Solution 1 : rétablissement d’un exutoire aux eaux du versant au droit de l’ancien talweg avec terrassement d’un chenal dans les déchets avec les contraintes que ce travail comporte (profondeur 12 m) ;
- Solution 2 : déviation des eaux de ruissellement hors de l’emprise de la zone de décharge avec obstruction préalable de la buse au niveau de l’avaloir avec maitrise de la surverse ;
Le nettoyage de la rivière sera naturellement organisé après définition de la solution appropriée et la réalisation des travaux de phase transitoire. Quelle que soit la solution initiale retenue, une proposition de mise en sécurité définitive pourra être proposée à l’appui :
- d’un levé topographique précis de la zone ;
- d’une étude hydraulique ;
- d’un diagnostic géotechnique ;
- d’un dimensionnement des ouvrages dans les règles de l’art.
6
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4. DIAGNOSTIC – EVOLUTION
Les observations réalisées mettent en évidence :
- un fontis de 9 m de diamètre et 12-13 m de profondeur environ en cours d’évolution ;
- une cuvette d’affaissement en cours d’évolution excédant les limites du fontis de 12 m mesurés le jour de la visite ;
- la présence de vides d’extension inconnue en aval au moins de la zone de fontis en profondeur.
Les causes de déclenchement du sinistre sont les pluies des 4 au 5 novembre qui ont provoqué l’embâcle et le débourrage du « drain de talweg » que constituait la buse métallique. La zone d’obstruction des écoulements le long de la buse n’est pas établie formellement. Cependant, le fontis est apparu après le débourrage et donc ce mouvement n’est pas responsable du désordre (l’effondrement ne cause pas l’embâcle). On peut formuler l’hypothèse suivante :
- endommagement lent de la buse (à ses raccordement notamment et ce probablement depuis plusieurs années – témoignage de « boues » sortant de l’ouvrage SNCF lors de forts épisodes pluvieux passés) engendrant peu à peu de la suffosion (lessivage / entraînement de fines du corps de décharge) et création de vides ;
- écrasement de la buse suite à un effondrement souterrain localisé au voisinage de la buse ;
- mise en charge du système et débourrage violent une fois les conditions hydrauliques atteintes (les hétérogénéités de perméabilité dans le corps de décharge et au voisinage de la buse sont à l’origine de circulations d’eau qui peuvent entraîner une érosion interne accentuée par le faible poids volumique des déchets et l’augmentation du gradient hydraulique le long de la buse : phénomène de renard hydraulique) ;
- érosion souterraine très violente avec création de vides de grande ampleur (au moins 3 m de largeur pour autant de hauteur présumée) ;
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16 Rapport BRGM RP-60468-FR
illustration 12 –profil type en phase transitoire
La solution 2, le cas échéant appuyée par un pompage au niveau de l’avaloir, présente l’intérêt de pouvoir être mise en œuvre rapidement sous réserve qu’une solution technique adaptée soit développée pour assurer l’obstruction de la buse amont (diamètre 1,8 m). Cette solution n’apporte cependant aucune amélioration de la situation au niveau de la zone effondrée. Dans ce cas, le principe est d’accepter l’affaissement global de la plate-forme puis les cas échéant d’intervenir ultérieurement une fois les principaux risques d’effondrement écartés. A ce titre la zone est gelée pour l’exploitation.
Le nettoyage de la rivière sera naturellement organisé après définition de la solution appropriée et réalisation des travaux de phase transitoire. Quelle que soit la solution initiale retenue, une proposition de mise en sécurité définitive pourra être proposée à l’appui :
- d’un levé topographique précis de la zone ;
- d’une étude hydraulique caractérisant :
o le débit à évacuer en période de crue et qualifiant les écoulements au sein de la décharge actuelle (en intégrant les sources karstiques du versant) ;
o le type de déversoir et le chenal préférentiel à valoriser (Ouest ou Est) (solution 2) ;
- d’un diagnostic détaillé (mission d’étude géotechnique de type G5) avec :
o repérage de l’extension des vides souterrains par méthode géophysique (électrique ou électro-magnétique) ou mécanique (a priori sondages pénétrométriques) ;
o suivi de l’évolution de la décharge (plots topographiques) ;
o vraisemblablement mise en œuvre d’un suivi piézométrique du corps de décharge au voisinage de la digue de pied et vérification de l’absence de possibilité de glissement ;
o le cas échéant la définition des conditions de stabilité des talus dans les déchets, le dispositifs d’évacuation des eaux (a priori ouvrage ouvert en U par exemple) et le système de protection des « berges » du futur chenal (solutions 1et 2).