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Les soins du premier recours :
Des rponses au plus prs des besoins
Parole dexpert
couter et comprendre pour prparer demainLe 26 janvier 2011,
Xavier CHASTEL ma confi la responsabilit de runir et danimer le
comit technique rgional (Coter) sur le premier recours et les soins
domicile (SPR et SAD). Le Coter SPR et SAD nest pas un organe de
dcision. Il participe ltablissement, llaboration et au suivi du
projet rgional de sant. Le Coter SPR et SAD, travers des avis
techniques des membres qui le composent, doit permettre et
favoriser les rflexions inhabituelles, dynamiques et novatrices en
matire dactions de soins et de prvention, dinter professionnalit,
de coordination, de pratiques et de participation la FMI1, au DPC2
et la recherche en soins primaires. Jai pour ma part souhait que la
reprsentation au sein du Coter SPR et SAD soit la plus large
possible. Tous ses membres, 35 au total, sont reconnus comme des
professionnels de terrain en activit et en prise avec les ralits
quotidiennes de chaque profession. Ainsi nous avons pu compter sur
des professionnels de sant libraux (mdecin gnraliste, pharmacien,
chirurgien-dentiste, sage femme, infirmier, masseur kinsithrapeute,
orthophoniste) ou salaris, mais galement des professionnels ou
reprsentants des tablissements de soins publics et privs, des
structures maisons et ples de sant, de lhospitalisation domicile,
des soins palliatifs, des soins infirmiers domicile et enfin du
mdico-social En fait, tous ceux qui concourent et garantissent
laccs dun patient des soins dits de premier recours, rpartis sur
lensemble de notre territoire. Je les remercie de leur prsence
active, constante et de la richesse de nos changes qui ont permis
une nouvelle approche de nos activits quotidiennes au service de
nos patients. La jeune gnration a, elle aussi t nos cts pour, une
fois nest pas coutume, faire entendre sa parole et ses choix pour
demain. Cest la premire fois que lensemble des professionnels ou
des partenaires des soins dits du premier recours scoutent,
discutent, expliquent, essaient de comprendre et dapprhender le
mtier de lautre, se retrouvent autour dune mme table pour
construire ensemble la rflexion et les orientations de loffre de
soins en Midi Pyrnes pour demain. Cest aussi rare que capital et
certainement bnfique pour laccomplissement de la mission de ce
Coter. Au-del du travail fourni et des larges orientations ou
prconisations prsentes (valorisation financire des pratiques
professionnelles et de lenvironnement professionnel, valorisation
et optimisation du temps
Les soins du premier recours:
Stphane OUSTRIC, mdecin gnraliste install Toulouse depuis 18
ans, Professeur des Universits, conseiller ordinal.
Stphane OUSTRIC
Les soins du premier recours sarticulent autour de trois grandes
fonctions : lentre dans le systme de soins : diagnostic,
orientation, traitement ; le suivi du patient et la coordination de
son parcours (y compris dans le secteur mdico-social) ; le relais
des politiques de sant publique dont la prvention, le dpistage,
lducation la sant. Il appartient lensemble des professionnels de
sant de participer ces missions, qui ne sont pas exclusives de tel
ou tel professionnel. Les projets structurants du volet ambulatoire
du SROS privilgieront une approche en termes de service rendu la
population par une quipe pluri-professionnelle, plutt quune
approche par profession.
mdical avec dlgations de taches concertes, professionnalisation
et dlgation du temps mdicoadministratif, responsabilisation et
dynamique de la coordination du bassin de sant, dveloppement de
moyens dinformation et de communication dynamique entre
professionnels de sant et destination des usagers), nous nous
sommes retrouvs parler, enfin, de notre territoire et de nos
bassins dactivits. Nous nous sommes penchs sur les problmatiques de
nos activits quotidiennes et sur celles de demain. Nous avons
dcortiqu la dmographie de chacune des professions de sant,
ambulatoire ou des tablissements. Nous nous sommes mis en situation
de rflchir comment valoriser, organiser et aider lexistant pour
garantir demain. Notre systme de sant, tant et si souvent envi, se
retrouve aujourdhui la croise de chemins laquelle les ARS, les
tablissements de soins, les professionnels de sant et les usagers
vont devoir rflchir et agir ensemble. Notre systme de sant, trop
souvent tourn depuis une trentaine dannes vers le soin curatif de
qualit, la technologie mdicale de pointe et le fonctionnement
hospitalier, va devoir voluer diffremment dans les annes venir. Ces
volutions doivent porter sur les besoins globaux de sant de la
population, la matrise du cot de la sant dans son ensemble et
enfin, la dmographie dynamique des professionnels de sant et leur
rpartition sur le territoire. Cela va ncessiter doptimiser la
rflexion en terme de prvention et daction de sant publique, de
coordination et de coopration mdicale, dinterdisciplinarit, de
maillage et dinterfaage entre le sanitaire et le mdico-social.
Parce que le plus important a bien t pour nous de garder lesprit
comment garantir: Un accs ambulatoire des soins de qualit, en toute
scurit, pour tous sur notre territoire rgional, La justice sociale
et la rduction des ingalits sociales de sant, La pertinence, la
cohrence et la coordination de lorganisation des soins
extra-hospitaliers, Jai demand aux membres du CoterSPR et SAD de
laudace et de lambition pour les patients et pour les acteurs de la
sant de demain Ils ont rpondu prsents et nous continuons
ensemble.12
2
FMI : Formation Mdicale Initiale DPC : Dveloppement
Professionnel Continu
questionSant - n 4 - dcembre 2011 Les soins de premier recoursLe
magazine de lARS Midi-Pyrnes
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Repres
Mdecins gnralistes :Midi-Pyrnes nest pas confronte au manque de
mdecins gnralistes pas plus qu celui des autres praticiens ou des
professions paramdicales. Se posent pourtant des problmes de
renouvellement, notamment des mdecins gnralistes, et de rpartition.
Les zones urbaines pourraient tre en surdensit quand certains
bassins de sant sont fragiliss. Les mdecins gnralistesEn 2010, la
rgion comptait 3 573 mdecins gnralistes (112 pour 100 000
habitants), soit une densit suprieure lensemble de la France
(99,2/100 000). On estime par ailleurs que la distance daccs un
mdecin gnraliste varie de 1,4 23 km, avec un temps moyen daccs
infrieur 30 minutes. Les mdecins gnralistes sont en revanche
ingalement rpartis et le taux de renouvellement doit nous
interpeller : prs de 50 % dentre eux, soit 1 507 praticiens, ont 55
ans ou plus et 812, 60 ans ou plus. On estime quen 2015, ils ne
seront que 250 sinstaller dans la rgion. Par ailleurs certains
territoires manquent dattractivit.
Midi-Pyrnes nen manque pas encore !Les pharmaciensLa Rgion
compte 39 officines pour 100 000 habitants (36 au niveau national)
et 2,5 pharmaciens par officine (2,4 au niveau national). Aucune
commune de 2 500 habitants nest dpourvue de pharmacie : 89 communes
ne comptent quune seule officine et un seul prescripteur. 25
communes ont une seule pharmacie dont le titulaire est g de plus de
60 ans.
Les infirmiersIl y a 169 infirmiers libraux pour 100 000
habitants en Midi-Pyrnes contre 94,1 en moyenne nationale, mais
avec des disparits lchelle des bassins de sant. Ils sont
globalement plus jeunes que les mdecins gnralistes.
Les kinsithrapeutesMidi-Pyrnes en compte 98 pour 100 000
habitants contre 77,4 au niveau national. Mais la rgion abrite de
fortes disparits : 60/100 000 Lavelanet, 147/100 000 Villefranche
de Lauragais.
Les chirurgiens-dentistesMme densit suprieure en Midi-Pyrnes :
71 pour 100 000 habitants contre 55,6 au niveau national, mais avec
des ingalits de rpartition selon les bassins : ils sont 90 Toulouse
et moins de 40 dans certains bassins de lAveyron, du Lot ou du
Gers.
Pour garantir laccs aux soins sur tout le territoire, lARS
Midi-Pyrnes organise 3 niveaux daccs aux services de sant Soins
hautementSoins du premier recours : 33 bassins de sant Soins
spcialiss : 8 territoires de sant spcialiss : ple rgional
Sages-femmesil y a 213 sages-femmes librales en Midi-Pyrnes soit
une densit de 33 pour 100 000 femmes de 15 49 ans (moyenne
nationale : 22).
OrthophonistesIl y a 978 orthophonistes en Midi-Pyrnes, soit une
densit de 35 pour 100 000 habitants. (moyenne nationale : 30).La
Rgion sorganise en 33 bassins de sant o sont assurs les soins du
premier recours, 8 territoires de sant, qui pousent les limites
administratives des dpartements, o se dispensent les soins
spcialiss, autour dun ple rgional pour les soins hautement
spcialiss.
Pdicures-podologuesIl y a 603 pdicure-podologues en MidiPyrnes,
soit une densit de 21 pour 100 000 habitants (moyenne nationale :
18).
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questionSant - n 4 - dcembre 2011 Les soins de premier recoursLe
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Initiatives de terrainPour rendre plus attractif un territoire
et attirer de jeunes mdecins, pour amliorer la continuit, la
coordination et la permanence des soins, et rendre plus efficient
le premier recours, les initiatives sont nombreuses et tmoignent
dune vritable prise de conscience autant que dune volont dapporter
des solutions, souvent innovantes. Attirer de jeunes mdecins pour
les sduire Si rien nest fait, le bassin du Couserans qui compte une
vingtaine de mdecins gnralistes de plus de 55 ans, connatra court
terme des problmes dmographiques importants. Partant de ce constat,
le prsident du conseil de lOrdre de lArige, le docteur Jean-Luc
Rastrelli, a sensibilis les lus sur lurgence agir et sorganiser.
Sachant la difficult faire venir de jeunes mdecins, ce mdecin
gnraliste install Saint-Girons, sest rapproch de luniversit de
Toulouse pour que des internes en mdecine gnrale viennent faire
leur stage au sein de lhpital de proximit qui marche plutt bien.
Avec, derrire la tte, lide que le pays, superbe, et les
Couseranais, accueillants, en sduisent quelques-uns qui pourraient
alors avoir lenvie de sy installer. Et en cinq ans, Saint-Girons en
accueillera une centaine. Stphane Oustric qui dirige lenseignement
de mdecine gnrale luniversit, a accept mais souhait que des
gnralistes deviennent aussi matres de stage ce qua bien volontiers
accept le docteur Rastrelli, suivi par deux autres mdecins de
ville. De fait, depuis un peu plus dun an, sept stagiaires sont
lhpital et trois dans des cabinets de ville. Cest possible parce
que lexcellente rputation de luniversit de Toulouse pour la
spcialit de mdecine gnrale attire de nombreux tudiants de toute la
France explique le docteur Rastrelli qui est persuad que le
Couserans peut, dans ce cadre, tirer son pingle du jeu. Notre rgion
est superbe, la qualit de vie y est exceptionnelle et on est
finalement trs prs de Toulouse. Sauf que Saint-Girons nest pas le
Couserans qui recle des valles superbes mais trs recules et donc
beaucoup plus loignes de Toulouse. Pour ces zones, tout reste
inventer pour avoir des mdecins et organiser la continuit des soins
: un lieu de sant trs bien quip, une mdecine itinrante, un autre
mode de rmunration. Docteur Jean-Luc Rastrelli Mdecin gnraliste
Saint-Girons
Informer les tudiants, inciter linstallation Nous avons organis
la premire confrence de France en 2007 sur la dmographie des
chirurgiens-dentistes pour alerter les pouvoirs publics, car les
tudes ralises nous dmontraient que la rgion Midi-Pyrnes, comme les
autres, serait particulirement touche par la baisse de la
dmographie des chirurgiens-dentistes partir de 2014, avec un pic en
2020. Une trentaine de communes aux limites du Tarn et de lAveyron
pourrait, lors du pic de ce phnomne, en 2020, navoir aucun
chirurgien-dentiste pour rpondre aux besoins de leurs 90 000
habitants ! Pour faire face, on a dsormais une meilleure
communication avec les tudiants, on pense organiser un forum leur
intention pour les inciter sinstaller dans les dpartements ruraux o
lon utilise aussi, bien sr, des techniques modernes de soins. De
fait, grce cela, on pense avoir une couverture des besoins
satisfaisante au moins jusquen 2018. Mais on ne pourra se battre
seul. Ltat doit maintenir les services publics dans ces territoires
fragiles car sans cole ou poste, nos jeunes confrres ne
sinstalleront pas alors quils ne sont pas tous, loin sen faut,
attirs par lexercice en milieu urbain. Dans les maisons
pluridisciplinaires, les chirurgiens-dentistes ont leur place :
nous ne voulons pas travailler de faon isole mais avec les autres
professions mdicales. Nous sommes donc preneurs de ces
infrastructures mme si le plateau technique inhrent notre exercice
qui rend linstallation complexe et onreuse, mriterait des
incitations spcifiques. Le docteur Fournier veut le croire : On
couvrira le territoire pour tre au plus prs des besoins, mme si les
patients devront ncessairement modifier leurs habitudes. Cest pour
nous, collectivement, une obligation car la pnurie des praticiens
et la surcharge de travail qui en dcoulerait se traduirait
immanquablement par une baisse de la qualit des soins, ce que nous
refusons.
Serge Fournier, Prsident du conseil rgional de lOrdre des
chirurgiens-dentistes
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questionSant - n 4 - dcembre 2011 Les soins de premier recoursLe
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Initiatives de terrainDocteur Brigitte Pince,
Chirurgien-dentiste secrtaire du conseil rgional de lOrdre,
prsidente de Domident 31 Pascal Berthin, infirmier en Aveyron, 44
ans infirmier qualiticien devenu libral en 2001, membre du rseau
plaies et cicatrisation Aveyron , animateur du bassin de sant de
Villefranche-de-Rouergue
Domident 31, une rponse unique en France Les
chirurgiens-dentistes ont t prcurseurs en matire de permanence des
soins avec les services de garde mis en place par le conseil de
lordre au niveau de chaque dpartement, mais aussi pour les soins du
premier recours avec laccueil en urgence dans nos cabinets souligne
le docteur Brigitte Pince, installe Toulouse. Mais cela ne rpondait
pas toutes les demandes et notamment aux besoins des personnes ges
dpendantes quelles soient chez elles ou en tablissement spcialis.
Le conseil de lOrdre rgional recevant de nombreux appels de famille
de patients ou de personnels dEhpad dsempars, Domident 31 est cr en
2006. Notre volont tait de soigner l o se trouvent les patients qui
ne pouvaient se dplacer. Brigitte Pince, secrtaire gnrale de
lOrdre, sensibilise au problme de la dpendance, en prend la
prsidence. Elle lance aussitt une enqute auprs de ses confrres pour
dterminer leur intrt et les inviter intgrer lassociation.
Trente-quatre dentre eux rpondent lappel et ds 2007 lassociation,
dote de mallettes de soins et de mallettes de prothse que les
praticiens se passent selon les besoins, est oprationnelle.
Concrtement, les familles ou le personnel des tablissements
appellent le secrtariat de Domident 31 qui remplit une fiche de
traabilit et contacte le dentiste du rseau gographiquement le plus
proche du patient. Sur place, le praticien value le degr de
dpendance et donc lincapacit du patient se dplacer, et relve le
temps pass car il sagit de soins particulirement chronophages qui
ne correspondent pas aux actes ordinaires de la nomenclature. Et a
marche. Tellement bien que Domident 31 a dsormais la volont de se
dvelopper, daller au-del de ses frontires toulousaines. Nous aurons
bientt une antenne en Comminges, une autre dans le Couserans. Pour
les autres dpartements de la rgion, nous souhaitons essaimer
travers les conseils de lordre dpartementaux explique Brigitte
Pince. En attendant, et pour tre toujours plus efficace,
lassociation cartographie les Ehpad de la Haute Garonne et calque
sur la carte les cabinets dentaires en souhaitant affecter chaque
tablissement aux cabinets de proximit. Bien sr, il arrive chaque
chirurgien-dentiste, dans lexercice quotidien de son activit, de se
dplacer au domicile de ses patients pour effectuer des soins. Mais
cela restait une dmarche personnelle au bnfice de sa seule
patientle. Domident 31 apporte une rponse plus large qui reste,
aujourdhui encore, unique en France. Contact Domident 31 : 05 34 43
50 82 www.domident31.fr
Les infirmiers en premire ligne En soins domicile, linfirmier
est souvent en premire ligne pour constater les problmes et plus
particulirement en ce qui concerne les personnes ges et isoles.
Cest donc souvent linfirmier qui, en exerant cette vigilance, tire
le premier la sonnette dalarme de la chane des soins en prvenant
les proches, en sollicitant lintervention du mdecin traitant ou en
alertant les secours durgence ou parfois mme les services sociaux.
Cest ce que nous pratiquons tous les jours. Lorganisation des soins
du premiers recours va donc formaliser une ralit dexercice qui ne
lest pas aujourdhui et faire voluer notre profession vers des
fonctions de soutien aux mdecins et llargissement des comptences
propres . Le docteur Poutrain, gnraliste qui uvre dans la mme
maison pluridisciplinaire que Pascal Berthin, va dans le mme sens :
Les mdecins continueraient prendre en charge les pathologies
volutives et complexes et les infirmiers soccuper de pathologies
quotidiennes, de cas de diabte sans complication ou du
renouvellement dordonnance pour des maladies chroniques par exemple
Cela mdicalise le rle des infirmiers qui en ont la comptence
affirme le gnraliste quand linfirmier ajoute : Avec videmment
lobligation dinformer lorsque lon constate une volution ou une
anomalie . La place des infirmiers dans les taches du premier
recours devrait donc tre appele voluer. Les infirmiers lexemple de
Pascal Berthin est cet gard significatif sont dautant plus
demandeurs quils sont trs impliqus dans lvolution de la politique
de sant. Ainsi Villeneuve dAveyron o les professionnels de la sant,
membres du cabinet mdical ou pas, ont rpondu lappel doffres de lARS
pour lanimation des bassins de sant. Retenu par lAgence, le projet,
anim par le pharmacien, M. Imbert, et Pascal Berthin linfirmier
libral, sarticule autour de deux grands thmes : dune part la
vaccination, le dpistage de certains cancers, lducation
thrapeutique des patients et lducation la sant, et dautre part la
coordination entre mdecine de ville et hpital. Pourquoi ne pas
envisager de partager des formations et une rflexion commune livre
ainsi Pascal Berthin qui souhaiterait que les spcificits de
lexercice domicile pour les infirmiers fassent lobjet dune spcialit
au mme titre que la mdecine gnrale.
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questionSant - n 4 - dcembre 2011 Les soins de premier recoursLe
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Partage dexpriencePour sadapter la dmographie mdicale, attirer
de jeunes mdecins, mieux coordonner le parcours de soins et
travailler en commun, les maisons de sant pluri-professionnelles
semblent un bon outil. Exemple travers un centre mdical qui marche
depuis prs de 40 ans et de lmergence dune nouvelle philosophie
dexercice travers un projet sur le point daboutir.
Un premier recours partagSuperbe bastide pose sur le Causse,
Villeneuve dAveyron, pourrait servir dexemple mme si sa Maison
mdicale, pluri-professionnelle dirait-on aujourdhui, a dj prs de
quarante ans. Un coup de gnie du docteur Audouard, le mdecin du
village qui, en 1975 sassocie avec un dentiste pour crer une SCI
(socit civile immobilire), construire la maison o sinstalle un
deuxime mdecin que viennent rejoindre trois infirmires explique
Jean-Christophe Poutrain qui, aprs avoir, trois annes durant,
remplac le docteur Audouard, y pose sa plaque, la troisime sur la
faade de la maison. Pour accueillir un quatrime praticien, il
faudra agrandir la maison prte dsormais accueillir son cinquime
mdecin, un chef de clinique de la facult de Toulouse dont la Rgion
participe financer le poste. Trois chirurgiens-dentistes et sept
infirmires compltent lquipe de ce centre mdical au sein duquel
trois internes en mdecine gnrale sont en stage et qui comprend
galement deux secrtaires et deux femmes de mnage. Pas mal pour un
village de 2000 habitants, 4 500 pour le canton, qui compte
galement deux pharmacies. Tous les mdecins sont matres de stage.
Jtais matre de stage de Jrme Savignac qui fut, en 2003, le premier
gnraliste de France obtenir une mdaille dor pour sa thse sur les
tests de diagnostic rapide de langine se souvient avec fiert le
professeur Poutrain qui enseigne galement la mdecine gnrale la fac.
La coordination des soins est ici naturelle mme si elle est
informelle. Je ne peux me passer de lexpertise des infirmiers qui
sont considrs comme des collgues, nous changeons videmment en
permanence entre confrres ou avec les dentistes mais aussi les
pharmaciens du village explique-t-il. Lorganisation du travail est,
elle aussi, exemplaire. Dabord parce que les patients sont habitus
ne pas voir le mme mdecin et ont appris apprcier un il neuf,
ensuite parce que lexercice en groupe permet de ne pas sacrifier sa
vie de famille ou ses autres centres dintrt tout en maintenant une
relle qualit de services aux patients. Je prends entre huit et dix
semaines de congs par an, je donne des cours la fac, mes confrres
sont 1er adjoint la mairie ou capitaine des pompiers prcise le
professeur Poutrain qui poursuit : Cette organisation correspond
aux besoins et il sera de plus en plus difficile de faire
autrement. mme si cela nest pas toujours simple ajoute le mdecin
qui consacre chaque mois 2 000 (sur 10 000 bruts dhonoraires) au
fonctionnement de la Maison. Cest dans lorganisation du premier
recours, qui est ici parfaitement partag, que le professeur
Poutrain dcle les invitables volutions : La baisse du nombre de
mdecins entranera immanquablement lactivit se modifier pour un
nouveau partage des tches entre le gnraliste, linfirmier et le
pharmacien. Pour amliorer enfin lattractivit des territoires ruraux
et favoriser linstallation de jeunes gnralistes permettant de ne
pas rompre la chane du premier recours, JeanChristophe Poutrain,
qui prside par ailleurs la Confrence de territoire de lAveyron,
dfinit trois pistes : les pouvoirs publics doivent tenir compte de
lvolution dmographique de la profession (comme par exemple, sa
fminisation), les dpartements et rgions doivent rellement prendre
la mesure du danger, les mdecins eux-mmes doivent enfin proposer
leurs jeunes confrres des conditions attractives.
Jean-Christophe Poutrain, mdecin gnraliste en Aveyron, prsident
de la Confrence de territoire de lAveyron, professeur de mdecine
gnrale luniversit
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questionSant - n 4 - dcembre 2011 Les soins de premier recoursLe
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Partage dexprience
Le docteur Nol Wuithier Vic-Fezensac Plus de trois ans de
travail la fin de lt prochain ouvrira VicFezensac une maison
mdicale pluriprofessionnelle dans laquelle, sur 850 m,
sinstalleront 20 professionnels : les 6 mdecins de la ville, 9
infirmires, 2 kins, 2 podologues et 1 sage-femme. Trois secrtaires
et de lactivit dentretien par le personnel dune association
dinsertion compltent le personnel. Plus de trois ans de travail
auront t ncessaires pour mener bien ce projet port par le docteur
Nol Wuithier, mdecin gnraliste install Vic-Fezensac. Quatre des six
mdecins de la ville ont plus de 60 ans. Dans cinq ans, ils ne
seront plus que deux. Que faire ? a-t-il demand ses confrres
sachant que les jeunes mdecins ne veulent plus dun exercice isol.
Cest donc le souci dmographique qui a conduit imaginer cette
maison, mais aussi un souci thique car pour un mdecin, il nest
jamais facile de mettre la cl sous la porte et dabandonner ses
patients. Restait convaincre ses confrres et les autres
professionnels. Ce fut relativement facile mme si pour les trois
mdecins qui exeraient dans un cabinet isol, sans secrtaire ni
informatique, le changement, important, nest pas vident accepter.
Il a aussi fallu prendre en compte laspect financier des choses car
exercer dans une maison mdicale reprsente un surcot de lordre de 25
% sur un exercice isol dtaille le mdecin qui se flicite au final
que la conscience du danger qui guettait le territoire lait emport
. Pour russir crer une maison de sant de ce type, outre la
participation des professionnels de sant, une entente parfaite avec
les lus est obligatoire, sous peine davoir une maison vide ou un
dossier trs compliqu boucler complte le docteur Wuithier. Cest le
cas Vic-Fezensac : nos relations avec la communaut de communes,
porteur du projet immobilier sont excellentes. Son appui est total
. Tout nest pas aussi simple : Nous aurions voulu intgrer des
travailleurs sociaux afin de nous rapprocher du monde social. On
essaie de ngocier avec le conseil gnral mais pour lheure, on se
heurte un mur. Cest dommage regrette-t-il sans pour autant avoir
renonc convaincre. Le projet de maison mdicale a aussi, dj,
rapproch les professionnels qui ne travaillaient pas forcment
ensemble. On se voit trs rgulirement pour organiser la bonne marche
de lensemble. Tous sont disponibles pour cela . Un fonctionnement
qui prfigure le nouveau mode dexercice professionnel que chacun
imagine dchanges, ouvert vers lextrieur.
Le Docteur Nol Wuithier
Au dbut, jtais seul matre de stage. Une consur ma rejoint il y a
un an et nous passerons quatre lorsque la MSP sera ouverte. Nous
aurons donc en permanence trois ou quatre internes qui peuvent,
nous lesprons, se fixer dans notre territoire qui est ainsi plus
attractif . La tlmdecine, enfin, apportera lexpertise des
spcialistes et louverture de la maison vers luniversit. La Maison
mdicale ? On protge nos coronaires ! rsume le docteur Wuithier dune
formule.
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questionSant - n 4 - dcembre 2011 Les soins de premier recoursLe
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Regards croissQuelle place demain pour chacun des acteurs de la
sant ?Huit URPS, Unions Rgionales des Professions de Sant, ont t
cres en Midi-Pyrnes. Quatre regroupent lensemble des professions
mdicales: mdecin, pharmacien, chirurgien-dentiste et sage-femme, et
quatre les professions paramdicales: infirmier, kinsithrapeute,
orthophoniste et pdicurepodologue. Les prsidents de chacune de ces
URPS croisent leur regard sur lexercice au quotidien de leur
profession, et disent leurs attentes pour lavenir travers leurs
rponses deux questionsdu prsident du Coter, Stphane Oustric.
Dr Jean Louis BENSOUSSAN, URPS Mdecin1) Le premier recours a
clairement t dfini dans toutes ses fonctions dans la loi HPST. Les
diffrents intervenants se trouvent ainsi conforts dans leurs
missions de soins, de prvention, de dpistage et de sant publique.
La situation actuelle va donc voluer considrablement. La
dsorganisation qui prvaut aujourdhui doit cder la place une vraie
coordination et un vritable parcours de soins identifi par les
citoyens et accept par tous les intervenants. Notre rle aujourdhui
en tant que mdecin traitant est mal compris par nos patients qui se
rendent bien compte que ce nest quun mot sans contenu rel.
Jinsisterai ainsi sur 2 points. Tout dabord la place des
spcialistes libraux en ville et au sein dtablissements. Leur rle
est important et doit venir complter loffre de premier recours par
leur expertise. Les spcialits en accs direct font, de fait, partie
du 1er recours et devront tre intgres dans ce schma rnov. Deuxime
point, lhpital. Il doit voir sa mission de soins redfinie,
notamment pour ce qui est des consultations externes dont laccs,
pourtant essentiel dans certaines situations complexes, est devenu
quasi impossible compte tenu des dlais. Ce sont l des lments qui
sont ncessaires la vritable volution de notre rle de mdecin
traitant pour une meilleure prise en charge globale des patients.
2) LARS a fait le choix dun schma dorganisation des soins autour
dun projet de bassins de sant reprenant les concepts du premier
recours. Cela va dans le bon sens, mais cela ncessite den dfinir
demble les moyens. La quadrature du cercle rside dans la non
fongibilit des enveloppes financires entre hpital et ambulatoire.
Labsence dun ORDAM complique encore la mise en place de relles
rformes allant dans le sens dune efficience accrue du systme de
sant. LURPS mdecins participe lensemble des groupes de travail qui
rflchissent la mise en place de ces exprimentations de bassins de
sant (Coter, CSOS, CRSA, CDT, ...). Nos lus sont trs attentifs ce
dbat et surtout ne pas voir charger la barque des libraux du 1er
recours, en termes de missions, sans moyens financiers flchs. Nous
serons aussi trs vigilants ce que cette nouvelle organisation
saccompagne dune information claire de tous les professionnels de
sant et des assurs sociaux de chaque bassin.
Bernard Champanet, URPS pharmacien1) Le rseau officinal prsente
une rpartition dmo-gographique exemplaire, qui fait de lofficine un
lieu unique de sant publique. Proximit, accs direct sans
rendez-vous, coute, conseils, orientation, lien social, sont autant
de valeurs mises la disposition des 200 000 patients qui
franchissent chaque jour la porte des 1080 officines de
Midi-Pyrnes. Ajoutons cela une participation obligatoire au service
de garde et durgence, avec la prsence effective dun pharmacien
faisant de lofficine un maillon essentiel de la permanence des
soins. La mise en service de Rsogardes (3237) facilite, la
recherche et laccs la pharmacie de garde pour les patients. Espace
de communication, lofficine mne des actions dinformation et de
prvention, actions qui ne sont pas assez dveloppes en France, bien
que chaque pharmacien soit convaincu que la prvention est la
garantie la plus sre et la moins chre contre tous les maux de notre
temps. Le cot de la dispensation du mdicament reprsente 2.90 % des
dpenses dAssurance Maladie. 2) Nous souhaitons participer toutes
les actions de Sant Publique, dans la pluridisciplinarit et la
complmentarit. Cela permettra de transmettre un message unique au
patient, crant ainsi un climat de confiance qui ne peut que
renforcer la thrapie. Plus la pluridisciplinarit sera large et
varie, plus chaque patient se sentira concern et se retrouvera dans
la dmarche de prvention et dans le soin. Le COTER premier recours,
regroupant tous les professionnels de sant, doit voir sa mission
amplifie car seul lchange et la connaissance des missions de chacun
permettront de mettre le patient au cur des dbats. Des actions de
formation continue communes sont indispensables pour permettre une
coordination entre tous les acteurs de sant du premier recours.
1) En votre qualit de professionnels de sant de premier recours
et dans la prise en charge globale des patients, comment
dfinissezvous votre rle actuellement ? 2) Dans la rflexion actuelle
et loccasion de la mise en place des animations et coordination de
soins du premier recours dans les 33 bassins de sant de notre
rgion, quelle place souhaitez-vous avoir 8et quen attendez-vous
?
questionSant - n 4 - dcembre 2011 Les soins de premier recoursLe
magazine de lARS Midi-Pyrnes
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Regards croiss1) En votre qualit de professionnels de sant de
premier recours et dans la prise en charge globale des patients,
comment dfinissez-vous votre rle actuellement ? 2) Dans la rflexion
actuelle et loccasion de la mise en place des animations et
coordination de soins de premier recours dans les 33 bassins de
sant de notre rgion, quelle place souhaitez-vous avoir et quen
attendez-vous ?
Jacques Fabre, URPS chirurgiendentiste1) Les chirurgiens
dentistes, professionnels de sant de premier recours, ont un rle
transversal en ce quils suivent et traitent quotidiennement nombre
de patients prsentant des pathologies gnrales les intgrant dans des
filires de soins. Malgr cette vidence, peu de choses ont t ou sont
mises en place ce jour pour intgrer leur pratique dans le suivi et
le traitement global de ces patients. Preuve en est le peu de
rfrence notre spcialit dans les projets et plans rgionaux en
construction. Pas ou trs peu de points darticulation ou de
coopration entre notre pratique librale de ville largement
majoritaire pour notre profession 92% et les tablissements de sant,
projets minimaux dintgration du volet bucco-dentaire dans les
parcours dfinis dans le PSRS Midi Pyrnes, alors que notre rle ne se
limite pas seulement la ralisation de consultations de suivi mais
plus certainement la dtection, la prvention et au traitement. Nous
souhaitons que le peu dcoute donn jusqualors notre profession dans
les phases prparatoires du PRS soit relay par une vritable prise en
considration de notre rle auprs des patients. Sans cela la
construction rcente des URPS chirurgiens-dentistes, comme
interlocutrices privilgies des ARS, est dnue de tout intrt. 2) Les
chirurgiens dentistes font un constat ; ils sont les oublis de ces
animations et coordinations des SPR en bassins de sant trs (trop !)
mdico-centres. Nous exprimons donc encore une fois le souhait dtre
couts et que les propositions que nous sommes mme de formuler dans
notre domaine de comptence, labores sur la base dune trs bonne
connaissance des problmatiques des patients, soient entendues,
tudies et dclines dans nos territoires.
Nathalie Jalabert, URPS sage-femme1) Les sages-femmes ne sont
gure connues ni du grand public ni des tutelles. Elles sont donc
encore moins reconnues commeprofessionnels de sant de premier
recours et dans la prise en charge globale des patients. Dans son
rapport de 2011 portant sur le rle des sages-femmes dans le systme
de soins, la cour des comptes recommande une meilleure valorisation
des comptences des sagesfemmes pour en faire des professionnels de
premier recours pour les grossesses et les suivis gyncologiques de
prvention. LUNCAM, en signant la convention en 2007 avec notre
profession, stait engage faire la promotion des sages-femmes auprs
des usagers de la sant et cela nest toujours pas ralis. Donc dans
ce contexte nous dfinissons notre rle actuel dans le premier
recours comme trs faible. Par contre dans le soin domicile nous
sommes essentiellement connues pour la surveillance des grossesses
pathologiques qui sont des actes prescrits, donc ne constituant pas
le cur de notre profession qui est dtre garante de la physiologie.
2) Nous souhaitons tre reconnus comme professionnels de sant du
premier recours et visible en tant que tel au niveau de lARS de
Midi-Pyrnes. Nous souhaiterions pouvoir proposer aux femmes en
bonne sant un suivi de proximit pour la grossesse et la parentalit
(accompagnement des parents aprs la naissance), ainsi que dans le
domaine de la gyncologie de prvention.Nous attendons dela mise en
place des animations et coordinations de soins de premier recours
dans les 33 bassins de sant de notre rgion, une meilleure
collaboration des professionnels de sant afin damliorer laccs aux
soins et la qualit de prise en charge de la sant des femmes. Pour
commencer voici quelques informations sur les comptences des
sages-femmes : nous assuronsla surveillance mdicale et
laccompagnement de la femme lors de la dclaration de grossesse et
les consultations suivantes, de la prparation prnatale, de
laccouchement, de la consultation postnatale, du suivi
dallaitement, de la rducation prinale et du suivi gyncologique de
prvention
Christine Darbelet, URPS infirmier1) Actuellement, en notre
qualit de professionnels de sant de 1er recours, et conventionns
avec lAssurance Maladie, nous prenons en charge dune manire globale
des patients atteints de pathologie trs diverses et de tout ge.
Notre diversification professionnelle est trs bien dfinie dans une
nomenclature dactes trs varis souvent ignors et qui pourrait tre
amliore. De la personne ge dpendante au patient cancreux, des soins
de chirurgie ambulatoire au suivi de traitement psychiatrique, les
infirmiers arrivent avoir des rapports de confiance trs privilgis
avec leurs patients do une prise en charge de la maladie mieux
accepte. Nous regrettons que notre rle soit souvent rtrci par
mconnaissance de nos connaissances et de nos capacits. 2) Plus de
4500 IDE libraux en Midi-Pyrnes, avec un maillage territorial trs
satisfaisant (trs peu de territoires sous dots) et une dmographie
en hausse. Avec la mise en place de lanimation et la coordination
des soins au sein des bassins de sant, nous ne pouvons quavoir un
avis dentire participation puisque, notre niveau, nous sommes dj l
: en sortie dhospitalisation, nous assurons le relais entre hpital,
famille et auxiliaire de vie pour assurer le retour domicile quel
que soit le jour ou lheure. Nos relations avec les mdecins
traitants sont en gnral trs bonnes. Nous sommes tout fait disposs
participer des actions cibles si, bien sr, nos comptences et notre
esprit danalyse sont reconnus. Tel que le prvoit lARS, nous
assumons dj la permanence des soins 7 J /7 et le maintien des
patients domicile fait partie de nos priorits. En revanche, la
cration de maisons de sant pluridisciplinaires porte encore
rflexion dans la mesure o nos interventions sont, en trs grosse
majorit, domicile. Quant au dveloppement des HAD (hospitalisation
domicile), notre secteur libral y collabore dj. LHpital, par
ailleurs, manque dinfirmiers. Pourra-t-il en dlguer lextrieur? Il
faudrait en priorit tudier et dfinir dune manire plus rigoureuse
les critres dinclusion en HAD pour distinguer ce qui ressort de
lhospitalisation ou du soin infirmier libral (quand mme beaucoup
moins onreux!!!)
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questionSant - n 4 - dcembre 2011 Les soins de premier recoursLe
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Regards croiss1) En votre qualit de professionnels de sant de
premier recours et dans la prise en charge globale des patients,
comment dfinissez-vous votre rle actuellement ? 2) Dans la rflexion
actuelle et loccasion de la mise en place des animations et
coordination de soins de premier recours dans les 33 bassins de
sant de notre rgion, quelle place souhaitez-vous avoir et quen
attendez-vous ?
Fabrice Hennion, URPS Masseurkinsithrapeute1) La mise en place
de lURPS des masseurskinsithrapeutes devait tre pour notre
profession la possibilit de nous exprimer enfin et de participer
activement la politique rgionale de sant. Promouvoir des projets de
prvention, participer lamlioration de la qualit des soins par la
mise en place dactions de formation dans le cadre du DPC, essayer
de dvelopper de nouvelles missions pour la profession dans le cadre
de la coopration interprofessionnelle, telles taient nos attentes.
Aprs un semestre dexistence, quelle dception de voir les runions se
multiplier sans aucun rsultat concret! Les professionnels de sant
sont convis par lARS valider implicitement, par leur prsence, le
travail de lARS dans un simulacre de concertation Jai actuellement
limpression davoir brass de lair et que finalement, on ne nous a
jamais couts! 2) Avec le cahier des charges actuel impos par lARS,
les masseurs-kinsithrapeutes ne seront jamais des acteurs majeurs
de lanimation des bassins de sant ! Ce dispositif est bien trop
rigide et contraignant pour quun masseur-kinsithrapeute libral
puisse lintgrer! De plus, avec ce systme Mdecin-centr , revendiqu
par lARS, y a-t-il seulement une place pour les autres professions
de sant? Les masseurs-kinsithrapeutes souhaitent tre reconnus comme
des acteurs du systme de sant et non seulement comme des effecteurs
de soin! Nous souhaitons que lon nous donne des moyens pour faire
de la prvention et que lon nous permette de mettre en place des
exprimentations daccs en premire intention sur la petite
traumatologie et la kinsithrapie respiratoire. Nous souhaitons
pouvoir montrer que nous sommes en capacit de gnrer des conomies et
de dsengorger priodiquement les services durgences dune partie de
leur activit non motive.
Christophe Rives, URPS orthophoniste1) Lorthophoniste, en tant
quacteur de sant, spcialiste des troubles de la communication, est
amen intervenir, de la petite enfance la personne ge, dans un large
champ de comptences. Les diffrents domaines dintervention intgrent
les troubles du langage oral et crit, ceux de la voix (trouble
fonctionnel, rhabilitation vocale aprs chirurgie larynge), des
dysfonctionnements oro-faciaux mais galement, ceux des pathologies
chroniques complexes (neurologiques ou neuro dgnratives), et des
handicaps (sensoriels, moteurs ou mentaux). Ces spcificits
dintervention dans le domaine du premier recours, placent
lorthophoniste au centre de la dmarche de soins mise en uvre.
Au-del de la prise en charge rducative, ces interventions
concourent diminuer limpact des troubles et des handicaps de
communication dans la vie scolaire, professionnelle et sociale des
patients et de leur entourage. Lapprentissage de moyens
augmentatifs et alternatifs de la communication, par exemple,
contribue diminuer la dpendance du patient dans de nombreuses
situations de vie. La prise en charge englobe galement laide
lentourage proche du patient (les aidants naturels) et permet la
coordination avec les aidants professionnels et les soignants. 2)
Les orthophonistes pourraient tre associs et mme tre intgrs ces
quipes danimation des bassins de sant de notre rgion. Leur rle
particulier ( tous les ges de la vie) en terme de coordination des
soins ambulatoires pourrait tre reconnu tant sur des aspects
techniques (par exemple la prise en charge de la dysphagie
oro-pharynge qui peut se manifester dans de nombreuses pathologies
et qui impacte considrablement la qualit de vie du patient) que sur
un aspect plus global damlioration du handicap de communication
(aphasies, maladie dAlzheimer). Les orthophonistes en intervenant
au domicile du patient, dans son environnement, participent la
prvention de laggravation ou de la chronicisation de certaines
pathologies et au dpistage (par des bilans spcifiques) datteintes
connexes. La participation des runions ddies la coordination
permettrait aux orthophonistes dapporter des indicateurs et des
lments de diagnostic pour amliorer la prise en charge globale du
patient mais galement de participer des actions de prvention ou
dducation sanitaire sur les diffrents bassins de sant.
Catherine Journot,URPS
podologue1) Bien qutant prsents sur tout le territoire de
Midi-Pyrnes, les podologues sont sousreprsents dans les groupes de
travail, la cause tant certainement un exercice libral,
relativement isol, ainsi que labsence de convention. Laccs aux
prestations podologiques (soins, appareillage) est limit, du fait
du non-remboursement; cest le patient qui en subit les consquences
en prenant en charge la quasi-totalit de ses soins. Cela cre une
ingalit flagrante face aux soins, car le facteur pcuniaire est
primordial pour la majorit des patients. En effet, lexception du
patient diabtique risque de plaie (grade 2 ou 3), aucun acte nest
rembours correctement. La convention mettant en place le forfait
podologique pied diabtique a cr une dynamique, avec la mise en
place de journes de formation continue et lintgration des
podologues aux quipes plurisdisplinaires dducation thrapeutique. En
Midi-Pyrnes, 98 % des podologues sont venus se former, cela prouve
le dynamisme de la profession. 2) Les podologues souhaitent devenir
acteurs dans lanimation des soins du premier recours dans les
bassins. Ils peuvent intervenir en diabtologie, griatrie,
dermatologie pdiatrie Leur formation initiale et continue leur
permet dintervenir au niveau des soins de podologie, mais aussi de
pratiquer des bilans, de confectionner diffrents appareillages
destins amliorer la statique et lquilibre Lducation thrapeutique
fait aussi partie de leurs comptences. Le podologue intervient
souvent trop tardivement dans la prise en charge des patients, cest
le dernier recours. Il souhaite tre sollicit plus prcocement,
participer au dpistage, agir prventivement, faire partie intgrante
de lanimation des bassins.
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Dcryptage
Les jeunes mdecins gnralistes ne veulent plus dun exercice
solitairedes mdecins gnralistes : dans lorganisation collective. Je
souhaite un cabinet avec plusieurs praticiens, des internes, et des
pauses programmes pour que lon puisse changer entre nous. En clair,
je ne veux pas tre isole dans lexercice de mon mtier. On est donc
au-del du cabinet de groupe o chacun exercerait de faon solitaire
On retrouve cette proccupation dans la volont dtre matre de stage,
tout au long de sa carrire, et donc accueillir des internes. De la
mme faon, Anne-Lise Yverns souhaite pouvoir passer plus de temps
avec ses patients. Et pour cela, en limiter le nombre. Je suis prte
limiter mon chiffre daffaires indique-t-elle, prcisant que largent
nest pas, loin sen faut, la premire de ses proccupations .
Lignorance des aides linstallation que rvle lenqute cidessous
tmoigne quelle nest pas seule sur cette ligne. Mais cela pourrait
ne pas tre aussi simple, voire rester un vu pieu car Anne-Lise
Yverns le sait : la dmographie mdicale, le dpart en retraite de
nombreux gnralistes dans les annes venir pourrait obliger les
jeunes gnralistes enchaner les consultations pour faire face aux
besoins. On retrouve lessentiel de ces proccupations dans les
rsultats de lenqute mene en 2010 par le syndicat national des
internes en mdecine gnrale. Anne-lise Yverns a attaqu son premier
remplacement de mdecin gnraliste diplm. Avec enthousiasme. Au terme
de ses neuf ans dtudes, lheure dintgrer la vie professionnelle, la
jeune gnraliste prend conscience de la page qui se tourne et du
temps qui passe. Il faut bien que a sarrte un jour mais je suis
triste de voir sachever linternat. Nous avons pass trois annes trs
varies, avec des stages formidables. Il y a Toulouse un internat
vraiment super. Cest srement pour cela que 75 % des internes en
mdecine gnrale dcident dexercer en MidiPyrnes, mme ceux la moiti
dentre eux environ qui nen sont pas originaires. Une chance pour
notre rgion.
Les chiffres de lenqute70 % des internes en mdecine gnrale (IMG)
sont des femmes 87 % ont fait le choix de la mdecine gnrale 76 %
dentre eux souhaitent exercer en Midi-Pyrnes mme ceux qui viennent
dailleurs 9 : le nombre de demi-journes quils entendent travailler
par semaine et pas plus de 9 heures par jour. Ils souhaitent dans
leur majorit une rmunration mixte privilgiant les forfaits la
capitation et la performance. 72 % aimeraient dlguer les tches
administratives 71 % souhaitent tre plus tard matre de stage 86,5 %
pensent que la permanence des soins fait partie de leur mtier. Ils
veulent moins de 30 minutes de leur lieu dexercice, un laboratoire
danalyses mdicales, des professions paramdicales, une pharmacie et
un cabinet de radiologie avec chographie. La moiti souhaite un
hpital local proche, 46 % un centre hospitalier, une minorit (3 %)
veulent tre proximit dun CHU. 33 % veulent un scanner. 3 %
seulement dentre eux connaissent les aides linstallation proposes
en MidiPyrnes
Le docteur Anne-Lise Yverns, ancienne prsidente de lassociation
des internes en mdecine gnrale de Midi-Pyrnes (AIMG-M.-P.).
Contrairement aux ides reues, la ville nattire pas les jeunes
mdecins gnralistes comme laimant la limaille. En revanche, ils ont
une ide trs prcise de ce quils ne veulent pas. Ce quAnne-Lise
Yverns rsume dune phrase : Prendre la suite dun mdecin exerant
seul, cest fini. Prsidente de lassociation rgionale des internes en
mdecine gnrale (AIMG-MP) en 2010, thse depuis quelques jours, elle
entend, avant de sinstaller, effectuer une srie de remplacements.
Pour tester plusieurs styles dinstallation et voir la rgion. Voir
ce que je veux et surtout ce que je ne veux pas dit-elle trs
pragmatique. Pendant son internat, des stages dans le Gers, lArige
et les Hautes-Pyrnes lincitent sinstaller plutt en milieu rural,
mais une heure au plus de Toulouse o mon compagnon travaille .
Dsormais, les jeunes mdecins gnralistes nentendent pas sacrifier
leur vie de famille une profession certes vcue comme une vocation
mais plus comme un sacerdoce. Il nest pas question pour moi dtre
joignable 24 heures sur 24, davoir mon tlphone en permanence sur
moi affirme-t-elle, ajoutant notre gnration veut lquilibre entre
vie professionnelle et vie personnelle mais je veux participer la
continuit des soins et celle-ci doit tre organise Pour autant, cest
ailleurs que semble se trouver la proccupation majeure de la
nouvelle gnration
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PerspectiveLessentiel du plan stratgique vient du terrainLe bon
soin au bon endroit, par le bon professionnel. Telle est lambition
du Projet rgional de sant qui se dcline en deux grands chapitres :
le plan stratgique et le schma rgional dorganisation sanitaire
(SROS). Dix-huit mois de travail, de concertation, dcoute du
terrain et de mobilisation des acteurs de sant auront t ncessaires
pour rdiger le document. Le plan stratgique a mobilis prs de huit
cents professionnels de sant runis dans 17 comits techniques
rgionaux, les Coter. Ils ont parfaitement jou le jeu au point quune
grande partie du contenu de ce plan vient du terrain. Avant sa
prsentation officielle qui interviendra avant lt, il est
actuellement soumis aux acteurs de sant et aux lus dans des
allers-retours permanents entre le terrain et lAgence. Au-del des
obligations nes de la Loi HPST, le directeur gnral de lARS a en
effet voulu, en Midi-Pyrnes, que ce soient les professionnels
eux-mmes qui fassent remonter leurs besoins et leurs rponses aux
problmes de toute nature, attractivit et dmographie incluses. De
notre ct, on leur a pos toutes les questions que lAgence se posait.
Autre spcificit rgionale voulue par le directeur gnral de lARS :
lintgration des problmes situs en amont de la maladie, quil sagisse
de prvention, dducation la sant ou thrapeutique, de promotion de la
sant Xavier Chastel a galement voulu que lon dfinisse trs prcisment
le degr de proximit ncessaire des soins. La rponse en Midi-Pyrnes,
ce sont les trentetrois bassins de sant qui constituent le point-cl
du dispositif. Dans chacun de ces bassins de sant, les habitants
doivent pouvoir trouver tous les soins du premier recours, tous les
soins de mdecine polyvalente mais aussi un service durgence. Nous
voulons galement que les conditions dexercice soient les plus
agrables possibles pour les professionnels de sant notamment dans
les zones isoles. Pour cela, le plan stratgique entend favoriser la
mdecine itinrante, dvelopper le double statut ville-hpital,
mutualiser les moyens du public et du priv lorsque cest ncessaire y
compris pour la continuit des soins qui doit tre particulirement
bien articule inventer de nouveaux modes de fonctionnement ou
dexercice et aussi de rmunration. Enfin, cest une nouveaut et une
autre des spcificits du Projet rgional de sant de Midi-Pyrnes, nous
avons voulu rapprocher luniversit des bassins de sant et du premier
recours dont les mdecins gnralistes sont au cur du dispositif. Le
professeur Stphane Oustric prside le Coter Premier recours qui
propose dquiper toutes les maisons de sant dune liaison autorisant
la tlmdecine et davoir dans chacune des matres de stage. Le plan
stratgique reprend ces propositions. En cours de validation, le
document sera prsent avant lt 2012.
Docteur Thierry Godet, conseiller mdical du directeur gnral de
lARS
Rpondre aux besoins, responsabiliser les acteurs de sant et
faire fonctionner la democratie sanitaireLobjectif de lAgence vise
structurer le secteur ambulatoire par une meilleure coordination
entre les professionnels autour du patient mais aussi larticulation
avec lhospitalier et le mdico-social lchelle du bassin de sant.
Cela passe par la coordination du parcours de sant des patients
dans des bassins rendus attractifs par la ncessaire mutualisation
des moyens : secrtariat, accueil tlphonique, mais aussi changes
autour des problmes rencontrs par chacun des acteurs du bassin. On
parle donc de dynamique locale, ce qui permet de construire partir
des besoins du terrain et de la volont des acteurs locaux les
mettre en place. LARS souhaite mobiliser et responsabiliser les
professionnels de sant dans lorganisation des soins du premiers
recours des bassins de sant. Elle considre quune telle dmarche est
la mieux mme de garantir latteinte des objectifs fixs dans le plan
stratgique rgional de sant. Une animation dans tous les bassins de
sant, confie des quipes composes de professionnels de sant libraux,
dtablissements de sant et mdico sociaux, se mettra en place
progressivement. Elle fournira un cadre de concertation, dchange et
danalyse, et des outils, des procdures, des rfrentiels et
ventuellement des expertises pour les situations complexes. Un
appel candidatures a t lanc. 15 quipes se sont portes candidates :
8 dmarrent lanimation du bassin de sant et les 7 autres affinent
leur projet. Ces quipes prsenteront leurs projets aux confrences de
territoire, ce qui permettra de participer la dmocratie sanitaire.
Tout au long de la dmarche, ma connaissance du terrain dans ses
moindres dtails et celle de lensemble des acteurs a t essentielle
car il fallait savoir ce quils taient en capacit de faire et
daccepter , rsume le Docteur Jean-Jacques Ormires qui conclut en
citant Goethe : La meilleure gouvernance est celle qui nous apprend
nous gouverner nous-mmes . (*) les 8 bassins retenus dans un
premier temps : Saint-Girons/Couserans pour lArige, Le Murtain et
le Lauragais pour la Haute Garonne, Tarbes pour les Hautes-Pyrnes,
Saint-Cr pour le Lot, Villefranche-deRouergue et Espalion pour
lAveyron, CastresMazamet pour le Tarn.
Docteur Jean-Jacques Ormires, mdecin gnraliste , conseiller
mdical Sous direction de la dmographie et des professionnels de
sant Agence Rgionale de Sant Midi-Pyrnes
questionSant, Magazine bimestriel de lARS Midi-Pyrnes10 chemin
du Raison, 31 050 Toulouse CEDEX 9 -
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Chastel Responsable de la Rdaction : Vronique Bardissa Secrtaire
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Michel Heuillet Invit de la rdaction : Professeur Stphane Oustric
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Ormires, Thierry Godet, Benot Elleboode, Vronique Bardissa,
Christine Fraboul, Muriel Amilhat-Guelfi, Mat Delarue Avec la
participation du service communication de lARS Midi-Pyrnes
Maquette/direction artistique : Manu ClabecqDiffus uniquement sur
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