Université d’Antananarivo Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie Département Economie Troisième Cycle - DEA Option : « Monnaie, Banque et Finance » Mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies es - sciences économiques Politique monétaire de règle ou discrétionnaire : Quelle politique pour la banque centrale de Madagascar et est-elle efficace ? Impétrante : Mlle Hoby Tina RANDRIAMANANTSOA Encadreur : Mr Mamy Raoul RAVELOMANANA, Agrégé de l’Université d’Antananarivo Soutenu le 29 Janvier 2014 Année Universitaire : 2012-2013
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Quelle politique pour la banque centrale de Madagascar et ...
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Université d’Antananarivo
Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie
Département Economie
Troisième Cycle - DEA
Option : « Monnaie, Banque et Finance »
Mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies es-
sciences économiques
Politique monétaire de règle ou discrétionnaire :
Quelle politique pour la banque centrale de
Madagascar et est-elle efficace ?
Impétrante : Mlle Hoby Tina RANDRIAMANANTSOA
Encadreur : Mr Mamy Raoul RAVELOMANANA, Agrégé de l’Université
d’Antananarivo
Soutenu le 29 Janvier 2014
Année Universitaire : 2012-2013
I
REMERCIEMENTS
Je n’aurais pas pu finir ce mémoire sans l’aide du Seigneur tout puissant, qui m’a
donné de la force et de l’intelligence.
Je tiens à exprimer ma reconnaissance à Monsieur Mamy Raoul RAVELOMANANA,
pour le soutien et l’encadrement qu’il m’a apportés tout au long de l’élaboration de ce
document.
J’adresse aussi mes remerciements à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à
la finalisation de ce travail :
- Tous les membres du département Economie de la Faculté de Droit,
d’Economie, de Gestion et de Sociologie, en particulier Monsieur Fanjava
REFENO, le chef du Département ;
- La direction du crédit de la Banque Centrale de Madagascar, qui m’a
accueilli chaleureusement et fourni des informations dans le cadre de ce
mémoire.
Enfin un grand merci à toute ma famille, en particulier à ma mère qui m’a toujours
soutenue pendant mes années d’études universitaires et à mes amis.
Que cette page soit témoin de ma gratitude envers tous ceux qui sont cités ci-dessus et
même certaines personnes que je n’ai pas citées mais qui m’a rendu services pendant
mon travail de recherche.
II
Résumé
Depuis l’abandon des instruments directs, les réserves obligatoires et le taux directeur
deviennent les principaux instruments de la Banque Centrale de Madagascar (BCM).
Une décision d’une variation du taux directeur ou de coefficient des réserves
obligatoires est prise pendant une réunion de Comité monétaire qui se fait tous les
mois.
Le présent travail de recherche s’attache à décrire le type de politique monétaire
conduite par la BCM et d’analyser les mécanismes de transmission de cette politique
à partir de ce moment où elle a décidé de renoncer à l’encadrement de crédit et au
plafond global de crédit afin de connaître si elle est efficace ou pas.
Pour mieux répondre à ces problématiques, on a mis en évidence les théories et la
mise en œuvre de la politique de la banque centrale. Ensuite on a conçu un modèle
axé sur le rôle joué par le taux d’intérêt ainsi que la masse monétaire dans la variation
du prix et de la production nationale, qui a été traité avec le logiciel « Eviews ».
On a pu ressortir qu’il existe une relation étroite entre l’inflation et la masse monétaire
à Madagascar et que l’impact du mouvement du taux directeur sur la croissance et les
prix ne sont pas significatifs.
L’analyse affirme aussi que la politique monétaire Malgache est une politique plutôt
discrétionnaire. Ce qui engendre un biais inflationniste qui la rendant inefficace. Mais
à long terme, la stabilité du prix peut être atteinte puisqu’on a trouvé une relation de
cointégration.
Mots clés : politique monétaire discrétionnaire ; politique de règle ; taux directeur ;
depuis 1999 jusqu’en juin 2005. Les achats de bons du Trésor des banques par la BCM se
font sur le marché secondaire dans le but d’injecter de la liquidité.
La Banque Centrale a repris en considération les opérations de refinancement et de la reprise
de liquidités sur le marché monétaire, en juin 2005.
Sous la recommandation du FMI, la BCM a été recapitalisée en mai 2007. Les autorités
monétaires ont également eu recours à la titrisation des créances détenues par la BCM sur le
Trésor public sous forme d’obligations échangeables sur le marché financier.
Le présent ouvrage se propose d’apporter des éléments de réponse à la question suivante : le
type de politique conduite par la Banque Centrale de Madagascar lui permet – il
d’atteindre son objectif de stabilité de prix ?
Ainsi dans cette étude, on essaie de définir le type de politique menée par la BCM après avoir
développé la différence entre ces deux types de politique monétaire et ensuite évaluer
l’efficacité de la politique depuis 1995.
Des auteurs ont fait des analyses sur la sorte de politique monétaire qui permet de parvenir à
la stabilité de prix. Pour Kydland et Prescott, il faut que la banque centrale suive une règle
monétaire que d’exercer un pouvoir discrétionnaire qui entraine à l’incohérence temporelle en
rendant ce type de politique inefficace1.
Une analyse économétrique sur des données mensuelles avec un modèle vectoriel
autorégressif (VAR) sera menée avec le logiciel « Eviews » pour quantifier l’impact de la
politique monétaire sur l’économie.
On partage notre travail en deux parties. La première partie se porte sur l’analyse théorique à
savoir les définitions, les différents types et l’efficacité de la politique monétaire. Et la
seconde partie met l’accent sur le type de politique monétaire utilisée par la BCM et l’étude
de l’impact de cette politique sur l’économie, notamment sur le prix et sur la croissance
économique.
1 Annabelle Mourougane, « Crédibilité, indépendance et politique monétaire” », Institut National de la
statistique et des études économiques, France, Octobre 1997, 48p.
4
Partie I : Approche théorique de la
politique monétaire
5
Les autorités monétaires doivent adopter la politique monétaire qui soit optimale pour
l’économie du pays. En conséquence, ils doivent choisir entre la politique discrétionnaire ou
la politique de règle. Certains pays rejettent totalement aujourd’hui la politique monétaire
discrétionnaire et d’autres entrent petit à petit dans la mise en place des règles monétaires.
Partant de notre problématique qui est de vérifier si la politique adoptée par la banque centrale
de Madagascar est discrétionnaire ou de règle et si elle permet d’atteindre l’objectif final qui
est la stabilité de prix. Il serait nécessaire d’étudier la base théorique et de connaître les
caractéristiques de ces différents types de politique monétaire qui vont être traités dans cette
première partie afin de mieux analyser la politique monétaire Malgache. Mais aussi, on étudie
l’efficacité de la politique monétaire.
Avant d’entamer le côté pratique sur le cas de Madagascar, entrons maintenant dans le vif
sujet sur les généralités de la politique monétaire.
6
Chapitre I) Cadre d’analyse de la politique monétaire
En vue de la régulation de l’économie, les autorités monétaires d’un pays maîtrisent
l’inflation en contrôlant la masse monétaire et relancent l’économie par le biais d’une
politique monétaire. Il est essentiel de voir ce qu’on appelle vraiment une politique monétaire
et ses objectifs mais également les instruments à leur disposition.
I-1) Politique monétaire
I-1-1) Définition
On définit la politique monétaire comme un ensemble de mesures prises par la Banque
Centrale pour influer les agrégats de référence notamment la masse monétaire en vue de la
réalisation de certains objectifs économiques particuliers. On peut aussi la considérer comme
une action menée qui a pour objet d’atteindre la stabilité de l’économie en général.
Certains auteurs présentent la politique monétaire comme un ensemble des activités délibérées
par la Banque Centrale pour atteindre les objectifs de la politique économique générale.
Quels sont alors les objectifs économiques visés par la banque centrale ? Les autorités
monétaires emploient des instruments afin d’influencer les objectifs intermédiaires puis en
définitive les objectifs finaux.
La politique monétaire s’apprécie à travers la séquence suivante :
Instruments Objectifs intermédiaires Objectifs
finaux. Mais nous allons faire notre étude à l’encontre de cette séquence c'est-à-dire faire
débuter avec les objectifs finals.
I-1-2) Les objectifs finaux
Selon l’époque, l’état de la conjoncture, et d’un pays à l’autre, les objectifs peuvent se
différencier. Mais les objectifs essentiels de politique monétaire coïncident avec les objectifs
de politique économique définis par le « carré magique » tels que :
« Maintenir la stabilité du pouvoir d’achat de la monnaie locale c'est-à-dire stabilité de
prix ;
Maintenir le taux de change et la balance de paiements à un niveau stable ;
Maintenir un niveau élevé d’emploi ;
7
Favoriser une croissance économique régulière et relever le niveau de vie de la
population. »2
Ces dernières années, les expériences ont montré que privilégier la croissance économique et
l’emploi se traduit par de l’inflation et du déséquilibre extérieur. Et la pluralité des objectifs a
été remise en cause dans les années 80.
De plus la stabilité de prix et le taux de change sont indissolublement liés3 puisqu’une hausse
de prix engendre non seulement une baisse du pouvoir d’achat de la monnaie sur le territoire
mais plus encore, l’offre de celle-ci contre des devises sur le marché détériore le taux de
change. C’est pourquoi les objectifs finaux joindront l’objectif unique, « la stabilité de prix ».
Aussi, un consensus semblait se faire au milieu des années 80 pour assigner à la politique
monétaire une mission simple et bien définie : assurer la stabilité de prix.
Ainsi la stabilité de prix est devenue prioritaire pour un grand nombre de banque centrale.
« On peut parler de stabilité de prix si, en moyenne, les prix n’enregistrent ni hausse ni baisse
mais demeurent stables dans le temps »4. Aussi empruntons la définition donnée par la
Banque Centrale Européenne (BCE). « La stabilité de prix est définie comme une progression
sur un an de l’indice des prix à la consommation harmonisé inférieure à 2% ».5 Pour d’autres
pays, cet indice est remplacé par le simple indice des prix à la consommation.
Identifions maintenant les avantages de centraliser les objectifs à un seul objectif principal, le
maintien de la stabilité de prix.
Parvenir à cet objectif contribue essentiellement à l’obtention d’une croissance économique,
d’un niveau élevé d’emploi et d’un équilibre extérieur puisque (stratégie de politique
monétaire de la BCE) :
- Une stabilité de prix réduit la prime de risque de l’inflation dans le taux d’intérêt. Une
allocation efficace des ressources à l’investissement, favorisant la croissance
économique et l’emploi, serait effectuée suite à une baisse de taux d’intérêt, si la
stabilité de prix était maintenue à l’avenir.
2 Centre africain d’études monétaire de l’association des banques centrales africains, « La théorie et la politique
monétaire en Afrique », Dakar-Sénégal, 1981, P47 3 Christian OTTAVJ, «Monnaie et financement de l’économie », Hachette supérieur, Paris 1999, P 234
4 Banque centrale Européenne, « Pourquoi la stabilité de prix –est –elle importante? », 2009, P 24
5Banque centrale Européenne, « La stratégie de politique monétaire de la banque centrale Européenne », P38
8
- La crédibilité du maintien de la stabilité de prix joue aussi un rôle. Les agents
économiques ne détournent plus leurs ressources des emplois productifs pour se
protéger contre l’inflation.
- Les comportements économiques peuvent être faussés par les effets pervers créés par
les systèmes fiscaux, et ces distorsions sont amplifiées par l’inflation. La stabilité de
prix permet de réduire et d’éliminer même les effets de distorsion.
- Un taux élevé d’inflation entraine fréquemment de l’instabilité sociale que politique.
La tenue de stabilité de prix permet d’échapper au phénomène de redistribution
arbitraire de la richesse et de revenus qui apparaît après une inflation.
- La stabilité est un facteur essentiel du maintien du pouvoir d’achat des ménages c'est-
à-dire au maintien du niveau de vie.
- Puisque les prix des biens exportés évoluent moins vite que ceux des concurrents, si
les actions de la banque centrale parviennent à la stabilité de prix, alors cette dernière
empêche aussi l’affaiblissement de la compétitivité à l’exportation.
Tous ces arguments nous permettent d’avoir dans l’esprit l’idée que si la Banque Centrale
garantit la stabilité de prix, elle contribue de manière significative à la réalisation d’objectifs
économiques.
Mais la banque centrale ne peut agir directement sur cet objectif final. Et pour l’atteindre, elle
suit l’évolution de certaines variables qui sont liées à cet objectif et peuvent être contrôlées
par la banque elle-même. Ces variables constituent les objectifs intermédiaires.
I-1-3) Les objectifs intermédiaires
La banque centrale doit choisir des buts atteignables qui sont mesurables et sous sa contrôle
mais aussi qui ont un impact sur l’objectif final de la politique monétaire. Il s’agit des
objectifs intermédiaires, des variables qui sont attachées à l’objectif et également qui
conditionnent sa réalisation.
Les objectifs intermédiaires sont les suivants :
Le contrôle de la masse monétaire ;
Le niveau du taux d’intérêt ; et enfin
Le taux de change.
Le contrôle de la masse monétaire, qui a pour but de savoir maîtriser l’inflation à travers la
quantité de monnaie, permet de réaliser l’objectif de stabilité de prix. Un excès d’offre de
9
monnaie par rapport à la demande fait augmenter le prix. La croissance de la masse
monétaire doit être plus proche de la croissance économique pour éviter l’inflation, car une
croissance abusive de cet agrégat peut conduire à une élévation de prix.
Cette politique de contrôle d’agrégat est associée à une politique de fermeté sur le taux
d’intérêt.
Lorsque la banque centrale augmente le taux d’intérêt, on assiste à une politique monétaire
restrictive et à une politique expansive lors d’une baisse qui se traduit par une hausse de
l’investissement et de l’activité à travers le crédit. Et la Banque Centrale influence la liquidité
bancaire en contrôlant le taux d’intérêt pour limiter l’effet d’une inflation.
Même si à long terme le taux incorpore les anticipations des agents et échappe au contrôle de
la banque centrale, il peut être effectivement contrôlé à court terme, c’est pourquoi on l’a
défini comme objectif intermédiaire.
Elle se soucie également de niveau du taux de change pour parvenir à sa fin de stabilité.
Maintenir la valeur de la monnaie nationale stable par rapport à la monnaie étrangère est un
des objectifs de la banque centrale. On a déjà vu dans les pages précédentes que le taux de
change et la stabilité de prix sont liés, puisqu’une stabilité externe de la monnaie peut dans
certaine mesure être considérée comme un corollaire de celle du prix6. Un taux de change
faible favorise les exportations mais également une source d’inflation, une inflation induite
par la hausse des prix des matières premières importées élevés. Tandis qu’une appréciation de
change renchérit les exportations et signifie que l’inflation est moindre.
Afin d’atteindre l’objectif final de stabilité de prix, la banque centrale doit avoir des moyens
d’intervention. Ce qui nous amène à la section suivante.
I-2) Instruments de politique monétaire
La banque centrale dispose plusieurs moyens d’actions pour pouvoir parvenir à l’objectif final
de politique monétaire qui est la stabilité de prix. On distingue deux sortes d’instruments : les
instruments directs et les instruments indirects.
6Banque Centrale de Madagascar « Bulletin de la Banque Centrale de Madagascar » - N
o 5 , Novembre
2006 ,p27
10
I-2-1) Instruments directs
Ce sont des instruments qui portent directement sur les quantités. Citons quelques-uns des
instruments directs :
La fixation des plafonds de réescompte
Fixer les plafonds de réescompte relève de l’initiative de la banque centrale pour limiter le
concours que le système bancaire peut attendre d’elle. Le but de cette action est de maîtriser la
liquidité bancaire, de garder la masse monétaire stable et de contrôler les crédits que les
banques pourront octroyer.
L’encadrement de crédit
C’est une technique de politique monétaire consistant à limiter la création monétaire menée
par les banques par le biais de l’octroi de crédit. La banque centrale impose aux banques des
limites de l’ensemble de crédit par voie réglementaire.
Plusieurs pays ont dépassé l’utilisation des instruments directs en tant que moyen d’action de
la banque centrale. Aujourd’hui la politique monétaire passe par une action portée sur le taux
d’intérêt, par un jeu de réserves obligatoires et aussi des opérations d’open market.
I-2-2) Les instruments indirects
Le taux directeur et les réserves obligatoires ainsi que les opérations d’open market forment
les instruments indirects.
Taux directeur
Les autorités monétaires peuvent influencer les taux d’intérêt sur le marché monétaire par les
mouvements du taux directeur.
Le taux directeur sert de référence pour les taux d’intérêt et tout simplement égale au taux
d’escompte auprès de la banque centrale pour certains pays. Pour une hausse du taux directeur,
la séquence est la suivante :
Augmentation du taux directeur hausse des taux de base bancaire hausse
des taux débiteurs baisse des crédits et de la monnaie en circulation, et pour une
baisse, c’est l’inverse.
Et si la banque centrale veut favoriser l’investissement par le biais d’une influence de la
baisse des taux débiteurs des banques, elle ne fait que diminuer le taux directeur.
11
« En agissant sur le niveau du taux d’intérêt, les pouvoirs publiques disposent d’un moyen
efficace pour promouvoir l’activité économique sur le sentier de croissance le plus élevé, mais
également il n’en reste pas moins vrai que les délais entre la réaction sur les marchés des
fonds prêtables et la production de biens d’équipements qui favorise la croissance sont assez
longs »7.
La politique du taux directeur est associée d’une manipulation du coefficient des réserves
obligatoires.
Réserves obligatoires
Les réserves obligatoires servent également comme mesure de contrôle de la liquidité
bancaire. Les établissements de crédit ont l’obligation à déposer à la Banque Centrale des
sommes représentant un certain pourcentage des dépôts de leurs clientèles. Ils ont un double
objet :
Garantir la protection des intérêts des déposants afin que l’argent soit toujours tenu à
leur disposition ;
Contrôler le niveau de la liquidité des banques en vue de réglementer leur capacité de
crédit.
Une élévation du coefficient des réserves obligatoires faisant augmenter le « coût de la
liquidité bancaire » réduit les marges d’octroi de crédit des banques. Par conséquent, ces
dernières répercutent cette hausse sur les taux débiteurs.
Le marché monétaire est le lieu privilégié d’intervention de la banque centrale parce que les
banques viennent s’y procurer de la monnaie centrale8. Alors pour atteindre l’objectif final, il
est nécessaire pour la banque centrale d’intervenir sur ce marché.
Opérations d’Open Market
C’est l’intervention régulatrice faite par la banque centrale sur le marché monétaire. Elle se
sert de leur liquidité potentielle c'est-à-dire les titres en sa possession.
Au sens strict les opérations d’open market constituent l’achat et la vente des titres. La banque
centrale va intervenir aux dépens de l’état général du marché. Cette méthode consiste à
ponctionner de la liquidité en vendant les titres ou à injecter en les achetant. Ainsi l’open
market engendre une variation des taux d’intérêt.
7Lange Jean, « Essai sur l'efficacité de la politique monétaire », In Revue économique Volume 21, n°6, 1970,p
985 8 Gérard Kebabdjian « Les modèles théoriques de la macroéconomique » Ed Dunod, Paris 1987, P 188
12
Si la banque centrale souhaite accroître la liquidité bancaire, elle va acheter des titres en
consentant un prix légèrement plus élevé que le cours qui serait établi sans son intervention.
Celle-ci va donc entrainer une baisse des taux d’intérêt9.
Et si au contraire, elle désire restreindre la liquidité, elle vend massivement des titres en
acceptant un prix un peu inférieur au prix d’équilibre spontané du marché. La conséquence en
sera une baisse de cours des titres et une hausse des taux d’intérêt.
La réussite d’une politique monétaire dépend des instruments utilisés, mais également du
type de la politique, si c’est de la politique discrétionnaire ou des règles monétaires. Ce qui
nous conduit maintenant à s’intéresser à connaitre avec plus de détail les différents types de
politique monétaire. Il est essentiel également d’analyser l’impact des impulsions monétaires
sur l’économie pour donner une réponse à notre problématique.
9Gérard Kebabdjian « Les modèles théoriques de la macroéconomique » Ed Dunod, Paris 1987, P 188
13
Chapitre II) Type et efficacité de politique monétaire
II-1) Type de politique monétaire
Dans sa littérature de time-inconsistency, Kydland et Prescott ont fait ressortir deux formes de
politique, qui peuvent être conduite par les autorités monétaires : « une politique
discrétionnaire, chaque mesure étant adapté à la situation présente, ou une politique fondée
sur une règle, l’autorité décidant d’une règle d’intervention invariante dans le temps et qui est
connue par les autres agents, ces derniers choisissent leur action en tenant compte de cette
règle».10
Donc, on distingue deux types de politique monétaire
Politique discrétionnaire et
Politique de règle
Ainsi le débat concernant la stratégie optimale que la banque centrale devrait suivre, a devenu
un grand dilemme, entre la crédibilité en adoptant une règle et la flexibilité conférée par une
politique discrétionnaire.
II-1-1) Définitions
La politique discrétionnaire se définit comme une politique selon laquelle les autorités
monétaires prennent la décision qui leur parait optimale en fonction de la conjoncture
constatée. Agissant au coup par coup, les autorités n’utilisent pas particulièrement tel ou tel
instrument mais la politique se détermine en fonction de l’état de l’économie, de l’état à venir
et de la façon dont les instruments sont susceptibles d’agir sur l’économie. C’est une politique
qui est élaborée pour résoudre les distorsions de court terme.
Si on se réfère maintenant aux différents auteurs qui ont fait des recherches sur la politique
monétaire discrétionnaire,
Kydland et Prescott définissent la politique discrétionnaire comme étant une prise de décision
de l’autorité compétent à choisir une politique la plus adaptée à la situation actuelle, sans tenir
compte des anticipations rationnelles des agents privés.
Pour Barro et Gordon, la politique monétaire peut être analysée comme un jeu stratégique
entre la banque centrale et le public d’autre part. La politique discrétionnaire est la politique
10
Annabelle Mourougane,” Crédibilité, indépendance et politique monétaire», Institut National de la statistique et des etudes économiques, France, Octobre 1997, p7
14
qui est sous optimale vu les anticipations des agents privés qui peuvent infliger des punitions
à une banque centrale spécialisée dans les surprises.
Une politique de règle, c’est une politique qui consiste à se fixer un objectif de moyen à long
terme auquel doit se plier de façon impérative les décideurs monétaires.
La banque centrale est soumise à une règle de conduite connue à l’avance qui soit le reflet
d’une stratégie transparente puisqu’elle annonce clairement le niveau de l’objectif ciblé.
« La règle doit être crédible car elle ne peut être efficace que si les agents privés ont de
bonnes raisons de croire qu’elle sera respectée »11
.
Pour l’objectif ciblé, on distingue deux sortes de ciblage :
Elle vise soit les agrégats monétaires particulièrement la masse monétaire, soit l’inflation.
Ciblage monétaire : La banque centrale annonce aux agents économiques qu’elle interviendra
sur le marché monétaire de telle sorte que la croissance monétaire ne dépasse pas X % par an.
Ciblage d’inflation : On les distingue par le fait que pour ce type de ciblage, elle interviendra
sur le marché d’une manière à ce que le taux d’inflation ne va pas au-delà de X %.
Après les études faites par Kydland et Prescott, ils énoncent que la prise de décision optimale
à chaque instant par les décideurs publics selon les circonstances souffre d’un problème
d’incohérence temporelle qui la rendant inefficace. C’est pourquoi ont-ils préféré l’autre
forme de politique : la poursuite d’une règle, qui est annoncée à l’avance et à laquelle se tient
la banque centrale. Barro et Gordon ont aussi fait des analyses sur la crédibilité de la politique
monétaire, il en ressort que la politique discrétionnaire fait perdre à la banque centrale sa
crédibilité. Voyons en détail ce qui les pousse à affirmer ces idées dans la section suivante.
11
Pollin Jean-Paul, « Les politiques monétaires à l’aventure », In Revue d’économie financière No3, 1987, p128
15
II-1-2) Etudes sur la politique monétaire discrétionnaire
a) Kydland et Prescott
Sous l’hypothèse d’anticipations rationnelles, la politique monétaire discrétionnaire serait
temporellement incohérente. Il y a incohérence temporelle lorsque le décideur public ne prend
pas la même décision à deux instants différents pour une même question.
Donnons une autre notion d’incohérence temporelle, elle apparait lorsqu’une décision de
politique qui était optimale à une date initiale se révèle par la suite sous optimale sans
qu’aucune information supplémentaire ait été apporté dans l’intervalle.
L’autorité dévie la politique initialement suivie au cours du temps. La question porte alors sur
la capacité des agents privés à anticiper ou non ces déviations. Pour eux, les agents privés
connaissent les principes réagissant le comportement des autorités monétaires c'est-à-dire ses
objectifs, ses contraintes et ses moyens d’action alors ils utilisent toutes ces informations pour
prendre de meilleures décisions en tenant compte des déviations attendues.
Comme les autorités ne sont pas en mesure de prévenir des décisions des agents privés qui
ont des informations satisfaisantes sur les déterminants actuels et à venir de leur action, la
politique aboutit à une situation sous optimale. Ainsi la politique discrétionnaire est inefficace.
En plus d’être inefficace, puisque les agents prévoyaient que la politique initialement
annoncée ne sera pas poursuivie, elle va conduire à la longue à la perte de crédibilité de la
banque centrale.
Définir la crédibilité n’est pas chose facile, on peut évoquer l’idée par un exemple. La notion
d’incohérence intertemporelle et la crédibilité sont liées.
Un professeur fait savoir à ses étudiants que l’examen final va être de niveau élevé en début
d’année et qu’il faut bien travailler. A la fin de l’année, il va remarquer que les étudiants ont
travaillé, cela signifie que le professeur a atteint son objectif. Tenir l’examen n’a plus d’utilité.
Pourtant le professeur va le maintenir malgré la désutilité, il s’agit d’une question de
crédibilité pour l’avenir.
L’utilité de l’examen existe en début d’année, le choix optimal c’est de le faire passer. Elle
disparait à la fin de l’année et l’examen n’est plus utile. Le choix optimal serait de ne pas le
faire passer. C’est là qu’il y a une incohérence temporelle des décisions optimales. Vu cet
exemple, l’incohérence conduirait à la non-crédibilité de la banque centrale.
16
Ainsi, « les auteurs affirment leur préférence pour des politiques automatiques telles que la
croissance constante de l’offre de monnaie ou des taxes constantes »12
.
« La raison pour laquelle on ne doit pas leur donner de pouvoir discrétionnaire ce n’est pas
qu’ils sont stupides ou méchants mais parce que le pouvoir discrétionnaire implique de choisir
une décision qui est la meilleure à partir d’une situation donnée, d’où peut résulter soit une
situation sous optimale soit l’instabilité »13
.
b) Barro et Gordon
Voyons à présent, l’étude faite par Barro et Gordon sur la crédibilité. La politique monétaire
est considérée par eux comme un jeu entre la banque centrale et les agents privés. Mais à la
différence du public, les autorités monétaires peuvent le tromper.
Le jeu se réalise de la manière suivante : La banque centrale joue en premier. Elle annonce
l’objectif de stabilité de prix. Les agents privés forment ensuite ses anticipations compte tenu
de l’effet de l’annonce qui constitue pour eux des informations. A son tour la banque centrale
met en place sa politique. Elle peut mettre en place un taux d’inflation différent de ce qu’elle
a communiqué. Au contraire d’une politique de règle qui doit suivre la politique initialement
définie. C’est cette tricherie qui rend la politique sous-optimale et conduit à un biais
inflationniste.
Le tableau de jeu est le suivant :
Tableau 1 : Jeu entre la banque centrale et les agents économiques
12
Faugère Jean-Pierre « Les règles monétaires génératrices de crédibilité. Eléments de critique des thèses des nouveaux classiques ». In Revue Française d’économie, volume 6 N
o4, 1991, p232
13Idem
17
Politique réalisée Anticipation des agents
Crédibilité : stabilité de prix Non crédibilité : inflation
Stabilité de prix ΔP = ΔP* (1)
Neutre avec stabilité de prix
ΔP*> ΔP (3)
Récession
Inflation ΔP > ΔP* (2)
Effet de surprise : expansion
avec inflation
ΔP = ΔP*(4)
Neutre avec inflation
Source : Auteur
« La crédibilité est définie comme le degré de confiance des agents privés dans la
détermination et la capacité de la banque centrale à suivre la politique monétaire et atteindre
les objectifs qu’elle a annoncés »14
.
On a deux situations de long terme et deux de court terme :
Situation d’équilibre de long terme est définie par (1) et (4), la politique monétaire est
neutre car elle n’agit seulement que sur les prix et non sur des variables réelles.
A court terme, la situation (2) et (3), erreurs des anticipations
Pour les deux chercheurs, « un agent économique a un comportement rationnel alors que le
décideur politique a un comportement mécanique »15
.
Sous l’hypothèse d’anticipations rationnelles, les agents privés connaissaient les actions des
décideurs publics. « Les agents reconstituent par calcul le raisonnement du décideur public :
ils connaissent ses objectifs et les informations dont il dispose et en déduisent le
comportement qu’il va adopter »16. Ainsi l’économie se trouve soit dans la position (1), soit
dans la position (4), ça dépend de l’action des autorités monétaires. « Le public est clairvoyant
mais l’Etat myope ne tient pas compte de la clairvoyance du public »17
. Alors la politique
monétaire restait neutre par rapport à la production et à l’emploi.
Vérifions à partir du modèle de base ce qu’on a cité précédemment.
14
Olivier LOISEL, « La crédibilité de la politique monétaire dans une perspective néo-keynésienne », Bulletin de banque de France, n
0 149, Mai 2006 p 21.
15Faugère Jean-Pierre « Les règles monétaires génératrices de crédibilité. Eléments de critique des thèses des
nouveaux classiques ». In Revue Française d’économie, volume 6 No4, 1991, p 233.
16Idem p 234.
17 Idem p 233.
18
II-1-3) Présentation du modèle KPBR
D’après les travaux de F. Kydland et F.Prescott (1977) sur l’incohérence temporelle des
politiques optimales et ceux de R.Barro et D.Gordon axés sur la crédibilité des politiques
monétaires, la fonction objective peut prendre la forme suivante18
:
( )
( ) (1)
Avec le du revenu à la date, la production potentielle, et le taux d’inflation et
représente le cible d’inflation et désigne le poids relatif attribué à l’objectif de production
par rapport à l’objectif d’inflation.
La banque centrale est supposée avoir les mêmes préférences que les agents privés. Elle
cherche à stimuler la production sans pour autant relancer l’inflation. C’est une fonction semi-
quadratique.
L’output dépend positivement de l’inflation non anticipée.
( ) (2)
Avec , qui détermine l’effet surprise d’inflation sur l’output.
est l’operateur d’espérance.
Le modèle repose sur une hypothèse que les anticipations sont rationnelles et les agents privés
sont supposés réagir de façon optimale à un environnement qu’ils connaissent.19
En introduisant cette équation de l’offre dans la fonction objective, on obtient
( )
( ) (3)
[ ( )]
( ) (4)
La minimisation de la fonction peut être faite dans 3 cas :
1ére cas : Les autorités monétaires respectent une règle et sont crédibles. Ils annoncent un
taux d’inflation , le secteur privé y croit et la banque centrale tient son engagement.
Nous avons
ce qui nous conduit alors à (5)
(6)
18
Ludovic Aubert, “ La politique monétaire: éléments de théories et pratique des banques centrales”, Institut de recherches et sociales- Confédération française de l’encadrement, Décembre 2001, P16 19
Annabelle Mourougane,” Crédibilité, indépendance et politique monétaire”, Institut National de la statistique et des études économiques, France, Octobre 1997, p7
19
(7)
2éme cas : Les autorités monétaires annoncent la règle mais ne respectent par ex-post cette
règle. C'est-à-dire qu’ils trichent.
Seulement,
Ce qui nous mène à (8)
(9)
(10)
3éme cas : les autorités monétaires ne sont pas crédibles et sont obligées de conduire une
politique discrétionnaire.
Les agents privés anticipent de manière rationnelle l’action des autorités et toute annonce de
la part de la banque centrale n’a plus de la valeur.
Nous avons
Dans ce cas, (11)
(12)
(13)
,
Il parait que c’est préférable pour les autorités de mener une politique fondée sur une règle
plutôt que de conduire une politique discrétionnaire.
La banque centrale a intérêt à tricher pour avoir une croissance plus élevé mais la déviation
engendre une inflation supérieure à (situation 2 dans le jeu).
Pour une politique discrétionnaire, les agents privés prennent en compte les incitations de la
banque centrale, mesurés par et les incorporent aux anticipations d’inflation. Ce qui nous
a donné :
(14)
Le biais inflationniste évalué par , augmente suite à l’effet d’une inflation surprise sur
l’output et au poids que les autorités monétaires accordent à son objectif d’output . « Plus
et sont grands, plus l’incitation de la banque centrale à créer de l’inflation est élevée».
20
L’incitation de la banque centrale à dévier de sa cible d’inflation aboutit à un biais
inflationniste. A chaque fois que la banque centrale triche c'est-à-dire ne réalise pas la
politique annoncée, il en résulte une inflation.
La politique monétaire perd de l’efficacité et pour être efficace, la banque centrale doit
surprendre. Or elle peut tromper les agents économiques une à deux fois mais pas tout le
temps. Puisqu’elle a perdu sa crédibilité, à terme si elle veut chercher l’effet surprise pour
avoir des conséquences sur des variables réelles, c’est raté, la politique restait inefficace. Car
les agents économiques pensent qu’elle va choisir une inflation supérieure à celle qu’elle
annonce, ils anticipent ce comportement, d’où une inflation trop élevé (biais inflationniste).
Toute politique expansionniste aboutit en dernière analyse à un taux plus élevé d’inflation. A
long terme l’économie se situe en situation (4) si on se réfère au tableau précédent, c’est à dire
que la monnaie est neutre et que l’inflation persiste.
« La désinflation est plus coûteuse à réaliser lorsque l’opinion publique n’est pas convaincue
de la détermination ou de l’aptitude de la banque centrale à mener à bien la politique
annoncée »20
. « Le jeu non coopératif qui s’institue entre les autorités monétaires qui
cherchent à tromper les plans individuels et les agents privés qui tentent d’anticiper les
décisions de la banque centrale conduit à un équilibre insatisfaisant du point de vue de bien-
être collectif »21
.
Ainsi la politique discrétionnaire délivre une inflation plus qu’avec une politique de règle.
Pour une banque qui ne peut pas s’engager à suivre une politique de règle, plusieurs solutions
alternatives ont été proposées par beaucoup d’économistes face à cette limite.
II-1-4) Règle versus discrétion
Les Keynésiens et les défenseurs des politiques conjoncturelles sont partisans de politique
discrétionnaire. Ils utilisent l’argument du caractère imprévisible des chocs qui affectent
l’économie. La vision keynésienne se caractérise par la dépendance de la banque centrale à
l’égard des autorités politiques et par la liberté de ces dernières à user des instruments
monétaires comme bon leur semblaient.
20
Andréas M. Fischer et Adrian B. Orr, « Crédibilité de la politique monétaire et incertitudes concernant les prix : l’expérience néo-zélandaise en matière d’objectifs d’inflation »,Revue économique de l’OCDE n
0 22,printemps
1994,p 171. 21
Pollin Jean-Paul, « Les politiques monétaires à l’aventure », In Revue d’économie financière No3, 1987, p128
21
« L’exercice discrétionnaire du pouvoir monétaire a deux qualités particulières, il confère à la
gestion de la monnaie une flexibilité certaine, il permet aussi à celle-ci de s’articuler
correctement avec les politiques suivies dans d’autres domaines, comme finances
publiques »22
.
Pour Kydland et Prescott, en s’appuyant sur des résultats mathématiques, ils ont montré que si
la banque centrale décide de faire une politique discrétionnaire, cela conduit à l’incohérence
temporelle qui provoque à la fin un biais inflationniste sans effet bénéfique sur la croissance.
Pour ces auteurs, il est préférable que la banque centrale s’appuie sur une règle même si elle
se prive d’une certaine liberté d’action pour être crédible et doit s’engager à ne pas s’éloigner
de la politique initialement annoncée, ce que permettent les règles monétaires, et non une
politique discrétionnaire.
Pour certains économistes, le débat d’un choix entre une politique monétaire discrétionnaire et
une politique reposant sur des règles est inutile. « Règle versus discrétion est un débat stérile
et infondé. La politique monétaire de la France consiste à témoigner de la permanence des
pratiques discrétionnaires au sein de politique monétaire dites de règles, non seulement sous
leur forme moderne, telle qu’en témoigne le modèle de Woodford, mais aussi dans leurs
versions les plus anciennes »23
.
Pour d’autres, la politique de règle est plus efficace qu’une politique discrétionnaire. La
banque centrale n’a pas besoin de surprendre les agents privés en pensant que l’effet surprise
pourrait avoir des conséquences sur la production, or ceci provoquait un biais inflationniste
tant que ces agents anticipent ses décisions. Avec des règles monétaires, ces agents
connaissaient des informations satisfaisantes de leurs actions.
« Le recours à la règle et plus précisément à l’engagement peut être une source d’efficacité
non parce que les décideurs sont myopes mais parce que les agents privés agissent en fonction
des décisions futurs des pouvoirs publiques »24
.
22
Marc Bassoni et Alain Beitone, « Monnaie : Théories et politiques », Edition Sirey, Paris, 1997, p 145 23
Patrick ARTUS, « Bernanke, Trichet et Barro-Gordon » Flash économie, Recherche économique N0343, 10 Mai
2011. 24
Faugere Jean-Pierre. « Les règles monétaires génératrices de crédibilité. Eléments de critique des thèses des
nouveaux classiques », In Revue française d'économie. Volume 6 N°4, 1991, p 232.
22
« Les objectifs d’inflation permettent d’avoir la certitude que le public non seulement sait à
quel rythme la banque centrale souhaite réaliser la désinflation, mais dispose aussi d’un point
de référence pour évaluer les résultats obtenus »25
.
Les règles peuvent permettre d’améliorer ainsi la transparence, voire la crédibilité de la
politique monétaire.
Aussi l’incapacité de la banque centrale à s’engager et à respecter une politique annoncée
minimise toute efficacité de politique discrétionnaire. L’adoption de règle pourrait servir à
éviter ce problème d’incohérence temporelle, il faut cependant que les règles soient crédibles.
Les règles monétaires apparaissent comme la solution la plus efficace pour une banque
centrale cherchant à stabiliser l’inflation à un niveau cible et à limiter les fluctuations
macroéconomiques (stabiliser l’activité économique). En utilisant une règle de conduite, la
banque du Canada réalisait une stabilité de prix. Après l’adoption de cible d’inflation, la
croissance économique de Canada a une volatilité moins faible qu’avant.
Mais la sélection du type de politique monétaire ne consiste pas tant à choisir entre deux
formes qu’à réaliser le meilleur équilibre entre l’une et l’autre de ces options. « Le choix
d’une option n’exclut pas nécessairement et totalement l’option alternative. Une banque
centrale peut pratiquer des stratégies flexibles ou hybrides »26
.
La thèse de doctorat de Nicolas Barbaroux démontre que le débat règle versus discrétion est
une hérésie car toute politique monétaire sous la forme d’une règle monétaire témoigne d’une
complémentarité entre l’approche sous forme de règle monétaire, plus ou moins rigide, et un
contenu discrétionnaire.
Ce débat « règle versus discrétion » a été dépassé par l’émergence du concept de règle
contingente ou active, avec la règle de Taylor. Comme le note J.P.Pollin, la détermination et
l’affichage d’une règle monétaire contingente permet de résoudre le problème ayant trait à la
conciliation entre crédibilité et flexibilité.
25
Andréas M. Fischer et Adrian B. Orr, « Crédibilité de la politique monétaire et incertitudes concernant les prix : l’expérience néo-zélandaise en matière d’objectifs d’inflation », Revue économique de l’OCDE n
0 22, printemps
1994, p 172. 26
Marc Bassoni et Alain Beitone, « Monnaie : Théories et politiques », Edition Sirey, Paris, 1997, p 147
23
II-2) Efficacité de la politique monétaire
Une politique est efficace lorsque chaque décision prise par la banque centrale se transmette à
l’économie. L’impact de la politique monétaire sur l’économie, surtout sur l’activité
économique réelle, a suscité de plusieurs études de la part des économistes. De nombres des
théories et des études empiriques sont apparus pour faire ressortir l’influence des actions des
autorités monétaires sur la production.
II-2-1) Revue de la littérature
Beaucoup d’économistes s’interrogent sur l’impact de la politique monétaire sur l’économie
notamment sur le prix et la croissance économique, ce qui fait ressortir aussi bien au plan
théorique qu’en empirique des débats sur ce sujet.
Sur le plan théorique, la théorie quantitative de la monnaie affirme que la monnaie n’a aucune
influence sur les variables réelles. (FISHER 1911)27. Toute hausse de l’offre de monnaie
n’entraine uniquement qu’une augmentation de prix, elle est sans effet sur la croissance
économique. Ce qui a prouvé que la monnaie est neutre.
C’est l’équation quantitative des échanges MV= PT qui fait ressortir cette idée. La vitesse de
circulation de la monnaie V est constante à court terme, le volume de transaction également
puisqu’il est déterminé par les facteurs et la fonction de production. Ainsi la croissance de la
masse monétaire est la cause première de l’inflation.
Mais KEYNES (1936) a remis en cause cette analyse. Il appuie l’idée que la politique
monétaire expansionniste peut stimuler l’activité économique28
. Avec le modèle ISLM
élaboré par HICKS (1937), on peut prouver l’affirmation de Keynes29
. Pour les Keynésiens, le
taux d’intérêt joue un rôle actif dans l’économie. Après une augmentation de l’offre de
monnaie, stimuler l’investissement en faisant baisser le taux d’intérêt favorise l’activité
économique.
Un accroissement de la masse monétaire suite à une décision des autorités monétaire fait
augmenter la production. Qu’est ce qui explique cette augmentation ? Comme la monnaie est
nécessairement détenue par les agents et que le niveau du prix est invariant, le montant
d’encaisses réelles des agents est supérieur à ce qu’ils souhaitent. Pour débarrasser cet excès
27
Diemer, « cours d’Economie Générale », IUFM Auvergne, 20p 28
Idem 29
Idem
24
de monnaie, ils accroissent leurs achats de biens, ce qui se traduit par une augmentation de la
quantité de la demande des biens.
Mais l’équilibre du marché des biens n’est pas respecté. Il faut donc stimuler l’investissement
pour restaurer l’équilibre en baissant le taux d’intérêt. Cette baisse accroit la demande de
monnaie et diminue l’ampleur de l’effet d’encaisses réelles. Au total, une hausse de la
quantité de monnaie en circulation dans l’économie a engendré une baisse du taux d’intérêt et
un accroissement de la production.
ROBINSON (1965) renforce ce rôle du taux d’intérêt, dans la politique monétaire. Une
politique de taux d’intérêt bas permet de promouvoir l’investissement et la croissance
économique30
.
Pour TOBIN (1965), la monnaie est capable d’influer sur le niveau d’activité en modifiant le
portefeuille des ménages31
. La monnaie est considérée comme un actif financier. Si jamais la
valeur de la monnaie diminue sous l’effet d’une inflation, les agents privés préfèrent détenir
des actifs réels dans leur portefeuille, ce qui va se traduire par une hausse d’investissement et
donc une croissance économique plus forte.
L’analyse de SIDRAUSKI (1967) lui conduit de nouveau à affirmer que la monnaie est
neutre32. La monnaie entre dans la composition de la fonction d’utilité des ménages car elle
les fournit un flux de services issus de sa détention. Dans ce cas, elle ne jouerait aucun effet ni
à court terme, ni à long terme car elle ne serait pas susceptible de jouer sur le niveau et
l’évolution du PIB.
FRIEDMAN (1968) affirme que les effets de la politique monétaire ne sont que transitoires33
.
La monnaie est neutre à long terme, la production et l’emploi ne sont pas affectés par la
politique monétaire. Seul à court terme qu’elle peut avoir des effets.
Le modèle Offre- demande globale dégage la même idée que celle soutenue par Friedman.
L’effet-quantité d’une politique expansionniste est transitoire tandis que l’effet-prix est
permanant. A long terme, l’effet-prix est plus élevé qu’en court terme et l’effet-quantité
disparait. La politique monétaire est donc neutre à long terme. Il préconise donc une politique
30
Asimakopulos, « Joan Robinson et la théorie économique », Actualité économique, Volum 60- n0 4, Décembre
1984, pp 521-552 . 31
James Tobin, « Money and Economic Growth», Econometrica, Volume 33, Octobre 1965, pp 671-684. 32
Ekkehard Ernst, « Politique Monétaire »,OCDE,2000, 30p. 33
fondée sur des règles strictes fixant la croissance de la masse monétaire par rapport à la
naissance de la production (règle de ).
Au-delà des théories, de grand nombre d’études empiriques est apparu dans le but
d’appréhender l’impact d’une décision des autorités monétaires sur le secteur réel, dans
plusieurs pays.
Avec leur modèle connu sous le nom de modèle de St Louis, ANDERSEN et CARLSON
(1970) ont pu dégager que l’impact de la politique monétaire est plus important, plus rapide
et plus prévisible que celui de la politique budgétaire34
.
Une spécification en termes de taux de croissance a été faite par CARLSON en 197835
. Dans
cette version ultérieure du modèle, il a pu montrer que les effets de l’offre de monnaie sont
significatifs et positifs sur l’activité.
L’application du modèle de St Louis par CHOWDHURY (1988) à six pays Européens aboutit
à une conclusion que l’impact de la politique monétaire sur l’activité économique était plus
important dans trois pays36
.
KHAN et KNIGHT (1991) ont élaboré un modèle macro-économétrique à partir duquel les
effets de la politique monétaire sur le secteur réel peuvent être saisis37
. En ce qui concerne
l’inflation, leurs travaux montrent que c’est par le biais des déséquilibres sur le marché de la
monnaie et celui des biens et services que les variations du taux d’inflation sont expliquées.
De même, une augmentation de l’écart de production (différence entre production effective et
production potentielle) se traduit par des tensions à la hausse sur les prix. Toutefois deux
facteurs sont susceptibles d’expliquer une part de l’inflation, comme le taux d’inflation
anticipé par les agents économiques, formellement lié aux taux d’inflation observés dans le
passé et le niveau des prix à l’étranger.
Ils estiment également l’existence d’un faible impact de la politique monétaire sur la
croissance même si c’est une question purement empirique pour eux dans la mesure où il
n’existe pas de consensus théorique sur le sujet.
34
Simon Yannick Fouda Ekobena, « Politique monétaire et croissance économique en zone CEMAC : une approche en donnée de panel », Université de Yaoundé, Octobre 2013, p5. 35
Idem 36
Idem 37 Kako NUBUKPO, « Impact de la variation des taux d’intérêt directeurs de la BCEAO sur l’inflation et la
croissance dans l’UMOA », Notes d’information et statistiques, Juin 2002, p6.
26
BRUNEAU et DE BANDT (1998) font une application de la modélisation VAR structurel à
la politique monétaire de la France pour avoir l’intérêt et les limites de cette modélisation38
.
Ils trouvent que la politique monétaire a des effets significatifs sur l’activité : un choc
monétaire restrictif entraine une baisse du produit réel.
KONE (2000) dans un article publié à la BCEAO, analyse l’efficacité relative des impacts des
politiques monétaire et budgétaire sur la croissance économique dans les pays membres de
l’UEMOA39
. Il aboutit au résultat que les politiques monétaire et budgétaire influenceraient
positivement le PIB nominal que réel.
NUBUKPO (2002) a réalisé une étude sur l’impact de la variation des taux directeurs de la
BCEAO sur l’inflation et la croissance40. Il note l’existence d’un impact significatif mais
relativement faible à court et long terme des décisions de politique de taux d’intérêt sur le
rythme de l’activité. Et une augmentation des taux d’intérêt directeurs engendre dans tous les
pays de l’UEMOA une diminution de l’inflation. Puisqu’une modification de ces taux
entraine une variation des taux bancaires qui influe sur la demande des biens.
ONDO OSSA (2005) mène une étude sur les pays de la zone CEMAC en utilisant un modèle
de panel41
. Il ressort de son étude que la politique monétaire a des effets expansionnistes sur
l’activité économique à la différence de la politique budgétaire.
MAGNUS SAXEGAARD (2006) montre que la surliquidité bancaire aurait un effet négatif
sur la croissance économique, par l’affaiblissement des mécanismes de transmission de la
politique monétaire, réduisant de ce fait le pouvoir des autorités monétaires à influencer les
conditions de la demande dans l’économie42
.
La lecture attentive de la littérature portant sur l’effet de la politique monétaire sur les sphères
réelles nous a permis d’en savoir plus sur le sujet.
38
Cathérine Bruneau et Olivier de Bandt, « La modélisation VAR structurel : Application à la politique monétaire en France »,Economie et Prévision, Numéro 137, 1999, pp 67-94. 39
Douzounet Mallaye, « Réformes monétaires et croissance économique en zone CEMAC », Université de Yaoundé 2, Décembre 2009,p17. 40
Kako NUBUKPO, « Impact de la variation des taux d’intérêt directeurs de la BCEAO sur l’inflation et la croissance dans l’UMOA », Notes d’information et statistiques, Juin 2002, 38p. 41
Simon Yannick Fouda Ekobena, « Politique monétaire et croissance économique en zone CEMAC : une approche en donnée de panel », Université de Yaoundé, Octobre 2013, p6. 42
Magnus Saxegaard, « Excess liquidity and Effectiveness of monetary policy : Evidence from Sub-Saharan Africa », IMF Woking Paper, Mai 2006, 52p.
27
De nos jours presque toutes les banques centrales ont abandonné les instruments
d’intervention directe. Elles n’utilisent que des instruments indirects notamment les taux
directeurs. La BCEAO a comme principal instrument les taux directeurs. C’est pourquoi pour
évaluer l’efficacité de la politique monétaire de l’UMOA, Nubukpo a étudié l’impact des
variations des taux directeurs sur les variables fondamentales des économies de l’Union.
II-2-2) Modèle utilisé par NUBUKPO
Le canal du taux d’intérêt constitue le principal mécanisme de transmission de la politique
monétaire keynésienne, ayant pour support de base, le modèle IS-LM. Ce dernier permet de
montrer que la conduite d’une politique monétaire expansionniste, en aboutissant à une baisse
des taux d’intérêt réels qui réduirait le coût du capital, entraînerait une augmentation des
dépenses d’investissement et, par là même, un accroissement de la demande globale et de la
production.43
Mécanisme : baisse du taux d’intérêt baisse du coût des crédits augmentation
des investissements croissance économique.
Dans le but d’évaluer l’efficacité de la transmission de la politique monétaire par le canal du
taux d’intérêt en Afrique de l’Ouest, NUBUKPO44
a analysé l’impact d’une variation de ce
taux sur l’inflation et sur l’activité.
On a choisi ce modèle vu que ceci pourrait être considéré comme une des études économiques
récentes et aussi que l’auteur s’est basé sur le modèle macro-économétrique établi par KHAN
et KNIGHT pour les pays en développement.
M. KAHN et M. KNIGHT (1991) ont élaboré un modèle macro-économétrique à partir
duquel les effets de la politique monétaire sur le secteur réel peuvent être appréhendés. Le
modèle est considéré comme une représentation formelle de la théorie sur laquelle s’appuient
les programmes de stabilisation typique qui visent à lutter à la fois contre le problème
d’inflation et celui des déséquilibres de balance des paiements.
La nécessité de financer la croissance des économies en développement a conduit les
décideurs politiques à privilégier des politiques monétaires expansionnistes et qui se traduit
43
Olivier BEGUY, « Trois essais sur la surliquidité bancaire dans la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) », février 2002, p 65. 44
Kako Kossivi Nubukpo, Fondé de pouvoir à la direction de la recherche et de la statistique de la BCEAO. Il est titulaire d’un Diplôme d’Etudes Approfondies en Microéconomie de l’Ecole Supérieure de Cachan et d’un Doctorat Nouveau Régime Es Sciences Economiques de l’université Lumière-Lyon 2.
28
par une hausse du niveau général des prix dans l’économie, toutes choses égales par ailleurs.
Ce résultat est conforme aux enseignements de la théorie quantitative de la monnaie
Afin d’évaluer empiriquement les effets sur l’inflation et la croissance des variations de
l’offre de monnaie, les deux auteurs ont effectué des estimations économétriques fondées sur
la méthode dite du maximum de vraisemblance à information parfaite. Le panel retenu pour
l’étude couvre 29 pays en développement et 232 observations annuelles sur la période 1968-
1975.
En s’inspirant du modèle établi par KHAN et KNIGHT, NUBUKPO a analysé l’influence
exercé par la politique monétaire sur le secteur réel au sein de l’UEMOA depuis la
libéralisation financière, afin d’évaluer l’efficacité de cette politique.
Les taux directeurs deviennent des outils de régulation indirecte de la liquidité, c’est pourquoi
il a considéré le taux de prise en pension et aussi le taux de marché monétaire de manière
simultanée dans son étude.
L’efficacité de la politique monétaire est appréciée à l’aide de l’impact des variations des taux
directeurs sur le taux d’inflation et le taux de croissance, qui va être évalué à l’aide de
l’équation de l’inflation el celui de la croissance.
a) L’équation de l’inflation
Les principaux déterminants de l’inflation en Afrique de l’Ouest ont fait l’objet de
nombreuses études, notamment celles de L. DOE et M. DIALLO (1997), O. SAMBA
MAMADOU (1998, a) pour l’UEMOA, G. MOSER (1995) pour le Nigeria et N. SOWA
(1996) pour le Ghana.
L’auteur a retenu dans son étude l’équation issue de l’étude de KHAN et KNIGHT, développé
par MOSER. Il explique plus que ceux de ces auteurs les déterminants de l’offre de monnaie,
en faisant dépendre celle-ci des variations du taux de marché monétaire et du taux de prise en
pension.
Le niveau des prix à la consommation peut être exprimé comme une moyenne pondérée du
prix des produits locaux et de celui des produits importés (composition du type Cobb-
Douglas).
( ) ( ) (15)
29
: Prix des biens et services produits localement
: Prix en monnaie locale des biens et services importés
: Le taux de change côté à l’incertain
: Le prix en devises des biens et services faisant l’objet d’importation
Mais cet économiste n’a pas pris en considération les variations du taux de change nominal vu
que la parité de franc CFA et l’Euro est fixe. De ce fait, le prix à la consommation (P) a été
supposé dépendre du cout des biens domestiques et celui des biens importés exprimés en
franc CFA.
( ) ( ) (16)
Ecrit sous forme log-linéaire, l’équation est
( )
Le prix domestique dépend de tensions existantes autant sur le marché de la monnaie et celui
des biens et services. Le déséquilibre monétaire a bel et bien un effet significatif sur
l’évolution des prix tant que le déséquilibre entre l’offre et la demande.
De ce fait, il sera fonction d’une part de l’offre de monnaie et de la demande de monnaie et
d’autre part, du gap de production défini par la différence entre la production effective et la
production potentielle.
( ) ( ) avec (17)
L’offre de monnaie dépend des taux directeurs à savoir le taux de marché monétaire IM et du
taux de prise de pension IPS et du PIB
( )
(-) (-) (+)
avec (18)
La demande de monnaie dépend seulement du revenu des agents économiques, qui constitue
la part transactionnelle de la demande de monnaie. Du fait que les marchés financiers dans
les pays subsahariens sont en voie de son développement, Nubukpo a omis le taux d’intérêt
dans l’équation.
( )
30
(+)
(19)
Alors,
( ) ( ) (20)
( ) ( ) (21)
Si on intègre les équations d’IPD et IPM dans celui de P, on a cette équation :
( ) ( ) (
) (22)
Ou encore
( ) ( )
( )
En différenciant l’équation, on obtient
( ) ( ( ) ( ) ( ) ( ) ( )) (23)
(-) (-) ( ?) (-) (+)
(D) est l’opérateur de variation
Le signe attendu du PIB réel, en traduisant un «effet demande» au sein de l’équation est
indéterminé, dans la mesure où la valeur de son paramètre dépend des évolutions relatives de
l'offre de monnaie, de la demande de monnaie et du choc d'offre.
Les taux directeurs sont supposés être négativement reliés à l’évolution du niveau général de
prix. De même pour la production potentielle, qui est considéré en tant qu’offre globale.
Cependant, l’absence de séries statistiques infra-annuelles sur la production potentielle dans
l’UEMOA et surtout, la faible pertinence économique inévitablement liée à la
trimestrialisation de telles données, ont conduit l’auteur à enlever cette variable (PIB
potentielle) des estimations.
Tandis qu’une hausse du prix des biens importés se répercute positivement sur le prix
intérieur. L'inflation importée est aussi une variable explicative dans la mesure où un
renchérissement des produits importés se renvoie sur les prix domestiques, du fait que les
importateurs ne diminuent pas son marge de profit.
31
En final l’équation d’inflation retenue par NUBUKPO est le suivant,
( ) ( ( ) ( ) ( ) ( )) (24)
(-) (-) ( ?) (+)
b) L’équation de croissance
L’équation de croissance s’inspire également des travaux de KHAN et KNIGHT (1991), du
modèle AGENOR (1991) et du modèle PROMES (Samba Mamadou 1998).
Le PIB réel est une fonction positive de l’offre excédentaire d’encaisses réelles et du gap de
production.
( ) ( ) ( ) (25)
γ0, γ1, γ2>0 et ⁄
(D) est l’opérateur de variation et le niveau des encaisses réelles désiré par les détenteurs
de richesse.
Une telle relation soutient que toute offre excédentaire de monnaie engendra une hausse
temporaire du revenu réel. Au contraire, une politique monétaire restrictive influencera
négativement la production. Par ailleurs, KAHN et KNIGHT (1991) estiment que l’élasticité
de la croissance du PIB réel à l’offre de monnaie, mesurée par devrait être assez faible, elle
n’est que de 0,043.
L’équation présente autant que la croissance aura tendance à augmenter lorsque son niveau
effectif est inférieur à son niveau potentiel.
L’évolution de la croissance potentielle est endogénéisée par NUBUKPO, en considérant
qu’elle suit la fonction de production de Cobb-Douglas.
( – ) (26)
Avec g > 0 0 > α> 1 Tr = représente le trend
La main d’œuvre et le stock de capital sont respectivement désignés par L et K. La variation
du stock de capital correspond à l’investissement (INV). La croissance de la main d’œuvre va
de même avec la variation de la population active (PAC)
Les deux équations nous permettent d’écrire la relation dynamique suivante :
32
( ) ( )
( ) (27)
Le niveau de l’offre d’encaisses réelles, qui traduit l’orientation de la politique monétaire est
supposé être fonction des taux directeurs (IM, IPS) et de l’indice de prix (IPC). Une variation
de la population active est négligeable à court terme.
Ainsi l’équation de croissance peut s’écrire :
( ( ) ( ) ) (28)
(-) (-) (+) ( ?)
La croissance est censée évoluer en sens inverse des taux directeurs en conformité avec les
enseignements théoriques de Keynes. L’investissement total est positivement relié à la
croissance du PIB.
La relation entre inflation et croissance a provoquée l’apparition un bon nombre de débats
dans la littérature économique, pour contester la courbe de Phillips. Cependant, dans les
économies subsahariennes, les estimations effectuées (G. MOSER, 1995) mettent en évidence
une liaison inverse entre croissance et inflation. Un tel résultat pourrait s’expliquer par le fait
que dans les pays subsahariens, la croissance de la production, notamment agricole, exerce
généralement un effet dépressif sur les prix.
33
Chapitre III) Analyse de la politique monétaire de la BCM
Dans ce chapitre, on va étudier la mise en œuvre et les caractéristiques de la politique
monétaire de la banque centrale de Madagascar afin de déterminer le type de politique
monétaire qu’elle utilise.
III-1) Conduite de la politique monétaire Malgache
III-1-1) La Banque Centrale de Madagascar (BCM)
La loi N° 94-004 du juin 1994 définit les statuts de la Banque Centrale de Madagascar (BCM).
La BCM est une autorité monétaire malgache, elle est indépendante en matière de conception
de la politique monétaire vis-à-vis des autorités politiques et d’autres entités.
Elle a comme principale mission de garantir la stabilité interne et externe de la monnaie. Pour
mener à bien son rôle, elle
Elabore/définit et met en œuvre la politique monétaire ;
Approvisionne l’économie en signes monétaires (billets de banque et de pièces de
monnaie) ;
Met en œuvre la politique de change et veille à maintenir un niveau approprié des
réserves nationales de change ;
Exerce un contrôle sur les banques et les établissements financiers ; et
Définit la réglementation prudentielle et assure le Secrétariat Général de la
Commission de Supervision Bancaire et Financière.
Puisque notre ouvrage se concentre sur la stabilité interne de la monnaie, voyons en
particulier la direction qui ait le devoir d’accomplir cette vocation, qui est la direction de
crédit.
La DCR comporte trois départements :
o Département de mise en œuvre de la politique monétaire ;
o Département des marchés ;
o Département des entreprises.
Chaque département se divise en deux ou trois services et chacun de ces services est partagé
en un à trois bureaux.
Pour mieux procéder à sa mission :
Elle est en charge de la gestion de la liquidité bancaire ;
34
Elle veille continuellement à l’harmonisation du financement de l’économie suivant
les objectifs fixés par les autorités monétaires ;
Elle agit régulièrement sur le marché monétaire afin de préserver son équilibre. »
Si telles sont les tâches de la BCM et de la DCR, alors quel est l’objectif de politique
monétaire à Madagascar.
III-1-2) Objectifs de politique monétaire à Madagascar
La banque centrale de Madagascar a pour mission de veiller à la stabilité de la monnaie, tant
interne qu’externe.
La stabilité interne de la monnaie se traduit par la stabilité de prix, dit autrement, la maitrise
de l’inflation. Soient les autorités monétaires contrôlent directement cet objectif final de
stabilité de prix, soient ils définissent un objectif intermédiaire qui soit lié à l’objectif final
pour l’atteindre. L’objectif intermédiaire constitue une déclinaison45
de l’objectif final.
Une banque centrale doit choisir entre le ciblage monétaire et le ciblage de l’inflation pour
atteindre l’objectif de stabilité de prix.
Dans les pays à taux de change flexible, les agrégats monétaires deviennent la cible
intermédiaire de la politique monétaire. C’est ce qu’on entend par ciblage monétaire. La
banque centrale utilise ses instruments pour réguler les agrégats monétaires qui sont
déterminés comme les principaux déterminants de l’inflation à long terme. Le contrôle des
agrégats monétaires équivaudrait à stabiliser le taux d’inflation aux alentours de la valeur
cible.
Le ciblage de l’inflation est une cadre de politique monétaire qui astreint la banque centrale à
atteindre un certain objectif d’inflation de faible niveau ou une certaine fourchette d’objectif
dans un délai annoncé. Ce type de ciblage renforce la crédibilité de la politique monétaire et
avec les expériences vécus par les pays industrialisés, il a contribué dans une large mesure au
maintien de la stabilité des prix dans ces pays. Pour ses partisans, ce ciblage est préférable au
ciblage monétaire car une annonce explicite de cible d’inflation est plus facile à comprendre
pour les agents économiques que la notion de tel ou tel agrégat.
45
Banque centrale de Madagascar, « Bulletin de la Banque Centrale de Madagascar » - No 5 Novembre 2006 », p
27.
35
La transition vers le ciblage de l’inflation exige une démarche, qui est utile pour les pays qui
veulent et peuvent opter pour le ciblage. Des exigences économiques, institutionnelles et
techniques sont nécessaires pour son succès. Si leur situation de départ est moins favorable,
c’est mieux que les pays soient en transition vers le ciblage de l’inflation sinon ils ont plus de
mal à atteindre l’objectif.
Les conditions sont les suivants :
La banque centrale doit avoir une mission explicite et disposer de la liberté de
manœuvre et d’indépendance nécessaires pour utiliser les instruments monétaires qui
lui conviennent.
Le gouvernement doit s’engager à appliquer une politique budgétaire compatible avec
ce ciblage car ce dernier exige une solide discipline budgétaire surtout dans les pays
en développement où il existe un lien étroit entre l’expansion monétaire et déficit
budgétaire excessif.
Capacité analytique suffisante au niveau de la banque centrale.
Stabilité macroéconomique car l’instabilité peut discréditer la politique de ciblage de
l’inflation
Il faut réduire au minimum les possibilités de financement monétaire de lourds déficits
publics, la politique monétaire ne soit pas soumise à des impératifs budgétaires.
La stabilité financière, pour permettre à la banque centrale de se concentrer sur le
ciblage de l’inflation
Les marchés financiers doivent aussi être suffisamment développés pur la mise en
œuvre de politique monétaire repose sur des instruments obéissant aux règles du
marché.
Se doter des instruments efficaces
Données nécessaires
Prix non réglementés pour l’essentiel et déterminés par le marché
La banque centrale doit s’appuyer sur des règles puisque l’adoption de cible explicite
la contraint à l’application d’une politique cohérente
Cependant il est difficile d’évaluer si le pays remplit les conditions ou non. Le ciblage
d’inflation ne doit être adopté que si la banque centrale est prête à prendre les décisions et
mesures nécessaires pour mener le projet à terme.
36
Dans la classification de FMI, Madagascar est l’un des pays en transition vers le ciblage de
l’inflation mais ne se situe encore parmi les pays qui adoptent le ciblage de l’inflation.
Voici le tableau illustrant la classification des pays qui adoptent le ciblage.
Tableau 2 : Classification des pays ayant adopté le ciblage de l’inflation par type de régime
de change
Pays ayant adopté le ciblage de l’inflation
(par type de régime de change)
Flottement libre Ancrage sur un taux
pivot
Parité mobile dans
une bande de
fluctuation
Flottement dirigé
sans marge de
fluctuation
préannoncée
Afrique du Sud Hongrie Israël Thaïlande
Australie
Brésil
Canada
Chili
Colombe
Corée
Islande
Mexique
Norvège
Nouvelle-Zélande
Pologne
République Tchèque
Royaume-Uni
Suède
Source : FMI Bulletin-Février 2003
Suite à une étude faite par le FMI, l’inflation à Madagascar est d’origine monétaire, vérifiée
par la théorie quantitative de la monnaie. L’inflation tendancielle est déterminée par l’excès
de croissance de la masse monétaire relativement à celle de la production et puisqu’il n’existe
pas encore une structure favorable au ciblage d’inflation alors Madagascar ne cible pas
l’inflation mais fait un ciblage des agrégats.
Les objectifs de prix fixés dans le cadre général du programme du gouvernement qui est la loi
de finances, peuvent en théorie être maitrisés par des opérations pointées sur la masse
monétaire. Cependant cette dernière ne dépend pas seulement des actions de la BCM, mais
aussi celles des autres secteurs et des banques.
37
Dans l’intention de surveiller la masse monétaire, la BCM définit spécialement une cible
opérationnelle sous son contrôle, à savoir la base monétaire.
La croissance de la masse monétaire (Mmo) est égale à la croissance de la base monétaire
(Bmo) multiplié par le multiplicateur monétaire (r). Ainsi que le stock de ces deux agrégats.
Mmo = r. Bmo
r = [(1 + a) / (a + b)] (29)
a = stock de circulation fiduciaire / stock de dépôts collectés par les banques
b = montant des réserves désirées / stock de dépôts collectés par les banques, il est possible
que b soit le coefficient de réserves obligatoires.
L’expansion de la masse monétaire au sens large M3, est en fonction du comportement de
trois secteurs :
le secteur privé non bancaire à travers les variations du ratio « a »,
les banques primaires à travers les mouvements du ratio « b »
et la BCM à travers les expansions et les contractions de la base monétaire.
La quasi-totalité de la croissance du stock monétaire provient de la multiplication de la
monnaie centrale qui est la base monétaire, c'est donc l’émission de monnaie centrale qui
détermine l’essentiel de l’expansion monétaire. Et régulièrement, l’allure de l’évolution de la
masse monétaire reflète celui de la base monétaire sur le long terme. Les avoirs extérieurs et
les crédits intérieurs constituent les deux principaux déterminants de la base monétaire.
Ces deux thèses justifient le choix de la base monétaire comme cible opérationnelle de la
politique monétaire.
Ainsi la détermination du niveau de la base monétaire constitue un élément primordial pour
mettre en œuvre la politique monétaire et pour atteindre l’objectif final de stabilité de prix,
c'est-à-dire que les méthodes de ciblage d’agrégats monétaires s’avèrent utiles pour lutter
contre l’inflation à Madagascar.
Mais en 2009, suite aux recommandations des Communautés Économiques Régionales, une
étude a été faite sur la possibilité de la mise en place du ciblage de l’inflation à Madagascar.
Parmi les conditions de mise en œuvre figurent la maîtrise de la prévision des prix à l’aide de
modèle fiable avec les données nécessaires ainsi que la confection d’indicateurs qui
contribuent à l’explication de l’inflation. Après analyse, le modèle a notamment mis en
38
exergue les rôles très significatifs du taux de change et de la monnaie sur l’évolution de
l’inflation à Madagascar.
L’approfondissement des autres domaines sont également nécessaires : l’appréciation du
degré d’indépendance de la Banque Centrale et ses impacts et l’amélioration des canaux de
transmission de la politique monétaire à Madagascar.
Ci-dessous la représentation schématique de la procédure d’opération de la politique
monétaire46
.
Instruments Taux directeur, réserves obligatoires, opérations sur le marché monétaire, gestion des
liquidités bancaires
Cible opérationnelle Base monétaire
Mmo= r. Bmo
Objectif intermédiaire Masse monétaire
Théorie quantitative de la monnaie
La prise de décision de la politique monétaire de la BCM se fait pendant la réunion d’un
comité. On distingue deux comités : le comité monétaire et le comité de liquidité.
La définition/ détermination de la politique monétaire est attribuée au Comité monétaire. Ce
Comité est présidé par le Gouverneur. Les membres du comité monétaire sont : la Direction
Général ; la Direction du crédit ; la Direction des études ; la Direction des services étrangers ;
CSBF.
La mise en place du comité monétaire a pour objet de piloter la politique monétaire au niveau
de la Banque Centrale. Ce Comité définit la politique générale pour chaque exercice et assure
le suivi de cette politique et également analyse la réalisation de la politique monétaire.
46
Banque centrale de Madagascar, « Bulletin de la Banque Centrale de Madagascar » - No 5 Novembre 2006 », p
27.
Objectif final La stabilité de prix
39
Normalement la réunion du comité se fait à chaque premier mardi du mois, mais maintenant
ça dépend de la décision des autorités.
A la différence du comité monétaire, le Trésor, la direction de circulation fiduciaire et la
direction de système de paiement s’ajoutent à ces trois directions pour former les membres du
comité. Ils se réunissent tous les mercredis à 15 heures. La raison de l’instauration du comité
de liquidité serait le renforcement de la coordination entre les directions de la BCM et le
Trésor.
La réunion du comité vise à :
échanger des vues ;
prendre des orientations ;
formuler des propositions.
Ce deuxième Comité se concentre surtout sur la préparation des interventions de la BCM en
matière de gestion/régulation de la liquidité des banques commerciales et le suivi des facteurs
autonomes de liquidités. Pour cette régulation de la liquidité, les membres posent les
questions suivantes pendant la réunion : quelles quantités de liquidités mettre à la disposition
de l’économie pour lui permettre de bien fonctionner et de se développer dans de bonnes
conditions ? Intervenir ou ne pas intervenir ? Où/combien/comment ponctionner/injecter ?
Quels instruments ?
40
III-2) Mise en Œuvre de politique monétaire
III-2-1) Instruments de politique monétaire de la BCM
Afin de veiller à la stabilité interne de l’économie Malgache, la BCM doit avoir à sa
disposition des instruments qui permettent de contrôler les agrégats monétaires.
En 1994, la BCM a commencé à abandonner les instruments d’intervention directe .
L’encadrement du crédit et le plafond global de crédit ont été suspendus respectivement en
1994 et 1995 . Depuis 1996, la BCM utilisait des instruments indirectes comme les réserves
obligatoires et le taux directeur.
a) Réserves obligatoires
Les réserves obligatoires (RO) sont des réserves financières que les banques doivent déposer
auprès de la banque centrale suivant un coefficient appliqué sur une partie du passif des
banques. En augmentant le coefficient de réserves obligatoires, la BCM réduit la capacité des
banques à consentir des crédits en gelant une partie de liquidité.
Le montant minimum est déterminé par une partie des dépôts en Ariary et en Devises des
résidents que des non-résidents à la banque.
Le coefficient est de 15% depuis 2004 et ça n’a pas changé jusque maintenant. Pour réviser la
politique auparavant expansionniste vers une politique restrictive que la BCM a décidé de
modifier le taux à 15% sur tous les dépôts. Avant seuls les dépôts à vue et assimilables qui
sont assujetties à ce taux, pour les dépôts à terme le taux a été de 0%. Cette mesure sert à
corriger la situation de surliquidité pendant cette année et à limiter la marge de manœuvre des
banques en termes d’octroi de crédit.
Les RO sont calculées sur la base de ses éléments au mois m-1 et donnent lieu à constituer
pendant un mois à partir du premier jusqu’au dernier jour ouvré du mois m. Une déclaration
sera faite par les banques au plus tard le 10 de chaque mois faisant ressortir les éléments du
calcul de leurs réserves.
Jusqu’à réception de la déclaration du 10 du mois, le suivi journalier de la situation de
l’établissement de crédit est effectué provisoirement sur la base des RO requises du mois
précédent. Cette situation est ajustée dès la réception de la déclaration.
A chaque début du mois la BCM pratique un contrôle des RO du mois précédent. Chaque
banque ne doit pas être en situation de besoin tous les fins du mois. L’établissement de crédit
41
qui n’a pas constitué durant le temps fixé le montant minimum des réserves exigées est
passible de pénalité calculée en fonction de l’insuffisance constatée et du nombre du jour que
comporte la période.
Le taux de pénalité est le même que le taux de pensions majoré de 5 points. Ce taux vaut aussi
au taux directeur plus 6 points, car le taux de pensions est semblable au taux directeur
additionné de 1 point. De nos jours la pénalité est calculée au taux de 15.5% puisque le taux
directeur est égal à 9.5 %.
Les intérêts de la sanction sont portés d’office au débit du compte courant de l’établissement
de crédit ouvert dans les livres de la BCM. Pour éviter la sanction, des banques font des
échanges de liquidité si une banque présente dans son solde une insuffisance quelques jours
avant fin de mois.
b) Taux directeur
Le taux directeur est défini comme le taux d’intérêt fixé par la BCM, qui sert de référence
pour les taux du marché monétaire. Le taux directeur influence la manipulation du taux sur le
marché et du taux de base bancaire.
Une baisse du taux directeur vise la relance de l’économie car le taux débiteur des banques
doit être faible après une décroissance de ce taux et les agents économiques vont demander
plus de crédit d’investissement à la banque. Mais les canaux de transmission de cette politique
expansive ne suivent pas ce principe à Madagascar, puisque les fourchettes des taux des
banques ne dépendent qu’infiniment petit du taux directeur. La répercussion de taux est peu
significative. Vu l’instabilité politique, l’environnement non stable à Madagascar et
l’aversion au risque, l’impact est très minime.
La manipulation de ce taux ne peut être qu’un signal à nos jours. Une baisse veut dire qu’il
faut plus d’investissement. Par contre une hausse montre une volonté de diminuer les crédits
dans le cas où les banques consentent plus de crédit à la consommation.
Pour renforcer les mesures restrictives prises en 2004, en vue de maitriser la surliquidité la
BCM a reconsidéré son intervention sur le marché monétaire en 2005.
A une situation d’insuffisance de liquidité ou de surliquidité constatée ou prévue par la BCM,
elle a deux instruments sur le marché, qui sont les appels d’offres (AO) et l’open market
(OM). Par rapport au déséquilibre, l’AO et l’OM peuvent être positifs et négatifs.
42
Avant de manipuler le RO ou le taux directeur ainsi qu’une intervention sur le marché
monétaire, il faut évaluer le déséquilibre.
III-2-2) Opérations sur le marché monétaire
a) Déséquilibre de liquidité
Pour corriger les déséquilibres, la BCM est engagée à opérer sur le marché monétaire.
L’instabilité est déterminée à partir d’une différence des valeurs des RO et des facteurs
autonomes (FA).
Qu’est-ce qu’on appelle facteurs autonomes ?
Les Facteurs autonomes sont les éléments qui accroissent ou réduisent le solde en compte des
banques. On les appelle « autonomes car leurs variations sont indépendants des mesures de
politique monétaire ».
La BCM avait le moyen de contrôler la liquidité bancaire par le suivi et les prévisions de ces
facteurs .Les prévisions des FA se font par deux (02) méthodes :
Méthode de flux
Méthode de stock
La méthode de flux est basée sur les opérations qui affectent quotidiennement le compte des
établissements de crédit, tandis que la méthode de stock tient compte et regroupe les différents
postes du bilan de la BCM.
Les FA sont classifiés en quatre (04) comptes :
Billets : les versements et les retraits en numéraires
Extérieurs : les achats et ventes de devises
Trésor : les virements du trésor vers les établissements du crédit et vice-versa
Divers : tous ceux qui sont pas classés dans ces comptes
Si telles sont les valeurs des RO et des FA, alors comment décrit-on un excédent ou une
surliquidité ?
Toute intervention se suit d’un excédent ou d’une insuffisance de liquidité du système
bancaire. Excédent est mesuré par la formule suivante :∑n
i=1FAi/n > ∑ n
i=1ROi/n
Et celle de l’insuffisance est :∑n
i=1FAi/n < ∑ n
i=1ROi/n
Avec FAi : le montant quotidien des FA
43
ROi : montant quotidien du niveau des RO au cours d’une période de constitution
n : nombre de jour écoulé durant la période de constitution de RO
Plus facile à lire, on résume l’inégalité comme suit :FA – RO > 0 et FA – RO < 0
En absence d’intervention, les FA sont égaux au solde en compte des banques. Mais vu
l’action de la BCM sur le marché monétaire pour corriger la disharmonie, reconsidérons une
autre inégalité.
Le solde en compte des banques est expliqué par les facteurs autonomes et les interventions
de la BCM.
SCB = FA + Intervention de la BCM
Ainsi le déséquilibre est mesuré par l’écart du solde en compte des banques et les RO, si
SCB – RO > 0, ça définit un excédent de liquidité alors il faut une ponction, par contre
SCB – RO < 0, signifie une insuffisance, la BCM doit injecter de la liquidité
L’équilibre parfait est défini par l’égalité de solde en compte et les réserves obligatoires.
Après avoir constaté l’instabilité de liquidité, la BCM décide d’agir afin de rétablir l’équilibre.
Cependant, il est nécessaire de connaitre la moyenne des écarts entre les RO et FA avant que
la banque centrale entre en jeu dans le marché. On est obligé de calculer l’Allocation
Théorique Neutre (ATN) pour déterminer la valeur d’une opération, exemple une vente de
titres.
b) Allocation Théorique Neutre
Selon le cas de déséquilibre constaté et prévu, la BCM est appelé à intervenir sur le marché
monétaire afin de réaliser la stabilité, d’une manière hebdomadaire. La définition de
l’Allocation Théorique Neutre est fondamentale pour évaluer le montant convenable à cette
intervention.
Le montant de l’ATN « qui correspond à la moyenne quotidienne des écarts entre les réserves
obligatoires requises et le solde en compte des banques depuis le début de la période de
constitution jusqu’à l’échéance de l’intervention » est évalué par la direction de crédit.
Ainsi l’appréciation des réalisations des FA et la constitution des prévisions des FA durant la
période d’intervention sont des étapes indispensables pour que la direction de crédit puisse
faire disparaitre l’instabilité.
44
Le montant exact de l’ATN est décrit par la formule suivante :
ATN = ∑J+n
I RO − ∑ J+ n
I FA / n
RO : niveau des RO pour la période de constitution en cours
FA : le montant quotidien tenant compte des interventions antérieures pour les jours déjà
écoulés et montant quotidien prévu du stock de FA pour les jours allant jusqu’à l’échéance
des opérations de la BCM.
n : nombre de jours entre la date de valeur des interventions et l’échéance de celle-ci
I : début de la période de constitution des RO en cours
J : date de valeur des interventions de la BCM
La valeur de la liquidité qu’on doit ponctionner en situation d’excédent ou celle de
refinancement en cas de besoin est théoriquement donnée par le montant de l’ATN. Mais dans
la pratique, on se réfère tout simplement à cette valeur car l’intervention dépend également
des autres conditions comme les instruments à utiliser, les montants à collecter des BTA pour
la prochaine adjudication et les totalités de la valeur des titres que la BCM a à sa disposition.
Entrons maintenant dans le vif sujet d’intervention de la BCM.
c) Intervention de la BCM sur le marché monétaire
A Madagascar, la gestion de la liquidité bancaire se fait à travers l’intervention sur le marché
monétaire. La BCM garantit la manipulation des instruments sur le marché afin de maintenir
la liquidité bancaire à un niveau qui permet une bonne transmission de la politique monétaire,
de façon à ce que le solde en compte des banques soit le plus proche possible des RO.
L’intervention sur le marché monétaire a pour objectif de :
« Garantir la solvabilité des établissements de crédit vis-à-vis des dépositaires de
fonds.
Maitriser l’inflation via le contrôle de la liquidité bancaire ».
Dans les pays en développement comme Madagascar, la liquidité du système bancaire est plus
excédentaire que déficitaire, puisque les banques n’accordent que peu de crédit
d’investissement pour financer l’économie. Avec cet excédent, les banques peuvent financer
des bons de trésor (BTA) et consentir beaucoup plus de crédit à la consommation, vu qu’elles
sont toutes des banques commerciales.
45
Les BTA et le crédit à la consommation sont des premiers facteurs de création monétaire à
Madagascar. Des excès de ces facteurs ne produisent que de l’inflation avec un taux de
croissance « zéro ». Pour éviter que les banques mobilisent abusivement leurs excédents dans
ces deux facteurs constitue un autre motif d’une intervention de la BCM sur le marché
monétaire.
Vue l’impossibilité d’assurer l’équilibre, la BCM cherche une situation optimale telle que
« SCB = RO + une marge »
Cette marge peut être modifiée à tout moment aux dépens de circonstances. Actuellement, la
marge est à 25 milliards en maximum.
Pour réaliser cette situation optimale, la BCM doit pouvoir utiliser ses instruments comme le
taux directeur, et les réserves obligatoires. Mais en 2005, la BCM a repensé à réutiliser ses
instruments sur le marché monétaire. Lorsque la liquidité s’avère excédentaire la BCM
procède à des ponctions sur le marché monétaire. Mais confronté à une insuffisance de
liquidité, elle refinance le système bancaire.
Une opération sur le marché sera retenue pendant un comité de liquidité chaque mercredi et
sera communiqué le jeudi.
Les instruments de ponction et de refinancement sont les appels d’offre, et l’open market
c-1) Appel d’offres (AO)
Les AO sont devenus une pratique courante des banques centrales.
o AO négatif (AON) sert à ponctionner tout excédent de liquidité bancaire dans
l’économie, c’est une opération d’emprunts de la BCM auprès des banques.
o Tandis que l’AO positif (AOP) contribue à injecter de la liquidité en cas de besoin,
l’AOP est une opération de prêts accordés par la BCM aux établissements de crédit.
La BCM lance un appel d’offre (négatif ou positif) à l’intention des établissements de crédit,
si elle remarque un déséquilibre
En plus pour l’AOP, ils doivent procurer à la BCM une garantie d’un montant supérieur ou
égale à l’emprunt majoré de l’intérêt. Les garanties sont constituées par des titres publics
comme les bons de trésor par adjudication (BTA) ou d’autres titres de créances négociables
de la BCM.
46
c-2) Open market (OM)
L’OM indique une technique d’intervention d’une banque centrale sur le marché monétaire
par l’achat ou vente de titres. A terme les opérations d’OM remplaceront les AO car elles
servent à instaurer la stabilité de liquidité sur le marché monétaire de façon durable.
Les OM négatif et positif se manifestent respectivement par des ventes et des achats de titres.
La vente de titres permet à ponctionner de la liquidité par contre l’achat c’est pour l’injecter.
Il existe deux (02) sortes de titres :
Les titres sur les créances consolidés, titres issues des créances de la BCM à l’Etat
Titres issues de l’augmentation de capital de la BCM
On compte deux (02) formes d’intervention avec ces opérations d’OM
o Intervention sous forme de gré en gré
o Intervention par voie d’adjudication
- Intervention sous forme de gré en gré
Directement la BCM elle-même négoce les opérations avec tel ou tel établissement de crédit.
La banque centrale déclare à la banque la nature des opérations, vente ou achat, en
mentionnant dans son annonce plusieurs informations : la date de règlement et les conditions
de l’opération, la date et l’heure limite de la réception des réponses, la liste exhaustives des
titres en vente ou à acheter et leurs caractéristiques (nature, référence, montant nominal, taux
d’acquisition).
En fonction du déséquilibre estimé par la direction des crédits, la BCM prend les conditions
qui lui conviennent suite à un recensement des conditions communiqués par les
établissements de crédit. Après elle peut commencer les négociations avec les banques
concernées. La BCM divulgue dans les résultats le montant des interventions, la fourchette
des taux retenus et le taux moyen pondéré de l’opération.
En contrepartie de l’acquisition ou de la cession des titres, le compte respectif des banques
est débité ou crédité par la BCM le jour du règlement.
- Intervention sous forme d’adjudication
Les opérations font l’objet d’appel d’offre. La communiqué de l’opération se fait la veille (J-1)
et est transmise à toutes les banques par télécopie.
47
Lors de communiqué d’une opération, la BCM fait figurer les renseignements suivants : la
nature de l’opération (achat ou vente), la plage d’échéance voulue, l’horaire prévu pour la
réception des réponses.
Sur la base des conditions des établissements de crédit et en fonction des besoins ou des
excédents de liquidité déterminés par la DCR, la BCM en retenant d’abord les taux supérieurs
ou les plus bas respectivement s’il s’agit d’un achat ou d’une vente, accepte les offres ou les
demandes aux taux proposés jusqu’à concurrence du montant de liquidité retenu.
Le montant net à régler accordé (achat) ou repris (vente) est porté le jour même au crédit ou
au débit du compte des établissements à la BCM et simultanément leur compte titre est débité
ou crédité du montant nominal de l’opération.
Il est possible qu’une banque est en situation de besoin de liquidité même si le système
bancaires est excédentaire. Pour rattraper leur retard par rapport aux RO requises, elle a
recours à la liquidité des autres banques, c’est qu’on appelle échange interbancaire. Mais
confrontée à une situation d’impossibilité de se procurer les liquidités dont elle a besoin
auprès de ses consœurs, elle fait appel à la BCM. Ainsi sont nées les opérations de
refinancement à la demande des banques, le troisième instrument d’intervention de la BCM
sur le marché.
c-3) Les opérations de refinancement à la demande des établissements de crédit
Suivant leurs besoins, les banques peuvent se refinancer auprès de la BCM de manière
systématique en recourant aux prises en pension de titres.
Il existe deux catégories d’opération de refinancement,
Prise en pension de titres pour une durée de 2 à 10 jours
Prise en pension spéciale de titres (24 heures)
Fixé par la BCM, le taux des pensions est à 2.5 points au-dessus du taux directeur. Le taux de
pension spécial est fixé à 2 points au-dessus du taux de la pension de 2 à 10 jours.
Le déroulement de cette opération est le suivant : les banques qui sont en situation de besoin
envoient leur demande par télécopie à la BCM avant la clôture journalière du marché
interbancaire. Après la BCM informe sa décision par télécopie le même jour et procède à la
passation des écritures. A l’échéance les montants augmentés des intérêts sont portés au débit
du compte de bénéficiaire.
48
Suite à une insuffisance de liquidité dans son solde, les établissements de crédit demandent à
la BCM des prises en pension des titres de sa propre initiative. Tandis que les décisions des
opérations d’OM et d’AO sont prises par la BCM.
A quel moment la BCM utilisait ses instruments ?
La BCM agit sur le marché monétaire avec les AO et l’OM pour équilibrer la situation de
liquidité.
Remarque : A une situation d’excédent de liquidité, la BCM a la possibilité de ne pas
intervenir hebdomadairement sur le marché monétaire durant les six premiers mois d’une
année à condition qu’il n’existe pas des menaces inflationnistes, pour conserver les
instruments au second semestre.
Pour arriver aux objectifs d’inflation et de croissance dans le programme monétaire, les
banques ont aussi certains devoirs. Elles doivent mobiliser ses surliquidités par des nouveaux
octrois de crédits bancaires jusqu’à « un tel pourcentage » en terme de glissement annuel.
Aucune menace d’inflation si les montants des nouveaux crédits consenties n’atteignent pas
encore ce pourcentage, et à condition que les BTA restent modérés .De plus si les
représentants du Trésor confirment pendant le comité de liquidité un simple renouvellement
des tombées pour la prochaine séance d’adjudication de BTA, ou davantage si les émissions
de bons supplémentaires se trouvent encore dans la limite fixée par la loi de finances.
C’est à ce moment précis que la BCM a le droit de ne pas agir sur le marché. Néanmoins la
BCM par le biais de la DCR analysera d’une manière permanente les opérations des banques
et du Trésor. La BCM réagit immédiatement en cas d’une déviation.
Graphique 1: Intervention de la BCM sur le marché monétaire
49
Source : Auteur
Pendant ces trois dernières années, l’injection de liquidités se fait à travers le refinancement
des banques qu’on appelle aussi pensions que par l’AOP. Et pour ponctionner les excédents
de liquidités, la BCM a préféré de vendre ses titres plutôt que d’utiliser l’autre forme de
ponction qui est l’AON.
On a pu découvrir la définition de politique monétaire et les instruments qu’une banque
centrale peut utiliser pour accomplir sa mission. Mais aussi les caractéristiques de politique
discrétionnaire et ses limites à qui reposent les spécificités du deuxième type de politique
monétaire, qui est la politique de règle. On a étudié également comment les impulsions
monétaires se transmettent-elles à l’économie. Maintenant, on a la possibilité de connaitre si
la banque centrale de Madagascar mène encore cette politique discrétionnaire ou déjà la
politique qui suit de règle et si la politique est efficace ou non.
-200
-100
0
100
200
300
400
I II III IV I II III IV I II III IV
2011 2012 2013
AON AOP
PENSION vente de titres
50
Partie II : Etude empirique de la
politique monétaire (cas de
Madagascar)
51
En 1995, la BCM commençait à abandonner les instruments directes et n’utilisait que les
instruments indirectes comme le taux directeur et la manipulation de coefficient de réserves
obligatoires. Aussi le régime de taux de change devenait flexible.
Nous avons vu dans la première partie les fondements théoriques de la politique monétaire.
Maintenant il est temps d’analyser les impacts de la politique monétaire Malgache sur la
stabilité de prix, qui est le premier objectif de la BCM et sur la croissance économique et de
connaître le type de politique conduite par la banque centrale. C'est-à-dire que dans cette
deuxième partie, on va orienter notre étude sur l’analyse empirique du cas de Madagascar.
Il s’avère nécessaire de faire des études économétriques en utilisant le modèle VAR (Vecteur
Autorégressif) avec des données à fréquence mensuel sur des variables sur la période 1995 à
2011. On va faire appel à un logiciel économétrique qui est nommé « Eviews » pour nous
aider à mieux traiter le modèle.
Cette partie va être axée sur le type de la politique Malgache et sur la modélisation
économétrique ainsi que les tests sur l’analyse de l’efficacité de la politique monétaire à
Madagascar.
52
Chapitre IV) Type de politique monétaire de la BCM
Avant de connaitre le type de politique monétaire utilisée par la banque centrale de
Madagascar, prenons comme un exemple de politique de règle, le cas de Canada. Pour la
raison de mieux cerner le type de politique du pays en se référant à une politique dite de règle
qu’on a pris cet exemple.
IV-1) Etude comparative du type de la politique Malgache
IV-1-1) Cas pratique d’une politique de règle
On a choisi expressément le cas du Canada du fait que ce pays a orienté sa politique
monétaire sur la poursuite d’une règle. L’instauration d’une règle monétaire peut présenter un
avantage par rapport à la politique discrétionnaire à condition que quelques critères soient
exigés.
Citons la simplicité de l’objectif, la précision de la cible et la crédibilité de la banque centrale,
La simplicité de l’objectif veut dire que l’objectif doit être claire, bien défini, et facile à
comprendre par les agents économiques mais également être quantifié.
Ensuite, il faut trouver un instrument qui soit bien contrôlé par les autorités monétaires
et lié directement à la cible.
Et que la banque centrale soit aussi transparente qu’indépendante.
La banque du Canada, d’une indépendance considérable par rapport au gouvernement fédéral,
met en œuvre sa politique monétaire en modifiant les taux d’intérêt dont l’objectif consiste à
préserver la confiance dans la valeur de la monnaie en maintenant l’inflation à un niveau bas,
stable et prévisible, à 2% en moyenne.
« En Février 1991, le gouvernement fédéral et la banque du Canada ont conclu une entente
sur l’adoption de cible d’inflation. L’objectif initial était de réduire graduellement l’inflation
mesurée par l’indice des prix à la consommation global, en la ramenant du taux d’environ 5%
auquel elle se situait vers le fin de 1990 à un taux de 2% avant la fin de 1995, et de continuer
ensuite à la réduire jusqu’à ce que la stabilité des prix soit atteinte47
. » La banque du Canada
ne dispose qu’un seul instrument de politique. « Cet instrument est la cible que la banque se
47
Banque du canada, Documents d’information « Pourquoi le cible d’inflation au Canada a-t-elle été établie à 2% ? », p1.
53
fixe pour le taux du financement à un jour48
» Cette cible pour ce taux du financement à un
jour est également appelée taux directeur.
Au canada, les banques commerciales s’octroient mutuellement des prêts pour de très courtes
périodes au taux du financement à un jour, un taux qui est déterminé par le marché et qui
fluctue quotidiennement. De plus, en modifiant son taux cible, la banque de Canada peut
influencer le taux du financement à un jour exigé dans la pratique par les banques
commerciales. « Lorsqu’elle abaisse le taux cible du financement à jour, les taux d’intérêt
reculent, la demande de crédit des entreprises et des ménages se raffermit et les banques
commerciales augmentent leur offre de crédit. A l’inverse, lorsqu’elle le relève, les taux
d’intérêt grimpent, la demande de crédit des entreprises et des ménages fléchit et les banques
commerciales réduisent leur offre de crédit49
. »
Le maintien du taux d’inflation à un niveau bas permet aux agents privés de prendre de
décisions en matière de dépenses et d’investissements.
Par la voie du mécanisme de transmission de la politique monétaire, une modification du taux
cible du financement à un jour influe l’économie. Une variation du taux directeur agit sur les
taux d’intérêt du marché. Une diminution des taux d’intérêt incite les agents économiques à
augmenter leurs emprunts et leurs dépenses et à baisser leur épargne. Ce changement se
transmet sur les prix des actifs également, faisant ainsi augmenter ou diminuer la richesse des
ménages.
Au cas où une modification de la cible provoquait une hausse de richesses des ménages, ceci
encourage des dernières à les dépenser. Une baisse du taux directeur rend les actifs en dollars
canadiens moins attrayants. Ce qui engendre un risque de réduction du taux de change du
dollar canadien. Tandis qu’une hausse pourrait accroitre l’attention que les étrangers portent à
ces mêmes actifs et en résulte après une appréciation du dollar.
« Si la demande globale est trop forte (faible) et que l’économie tourne au-dessous (en dessus)
de sa capacité de production, le taux d’inflation atteint sera constamment supérieur (inférieur)
à la cible, ce qui incitera la banque à augmenter (diminuer) son taux directeur, dans l’espoir
de freiner (encourager) les dépenses et de ramener l’inflation à la cible. »50
48
Christopher Ragan, « L’importance de la politique monétaire, une perspective canadienne », Université Me Gill, 2005, p5. 49
Idem p6. 50
Banque du canada, Documents d’information, « Politique monétaire », 2002, p2.
54
Mais la banque ne poursuit pas aveuglement cet objectif d’inflation, et non plus une question
d’appliquer des règles mécaniques. Le ciblage de l’inflation ait flexible. « Et la banque doit
aussi un jugement sur l’horizon le plus approprié pour ramener l’inflation à la cible, afin
d’atténuer la volatilité économique et financière que les mesures de politique monétaire sont
susceptibles d’entrainer51
. »
Habituellement l’horizon visé pour ramener l’inflation à la cible est de deux années, entre six
à huit trimestres.
Pour plus de transparence, la banque du Canada annonce le taux qu’elle vise pour le
financement à un jour. Elle a instauré depuis 2000, un système de huit dates préétablies par
année pour cette annonce du taux directeur.
Deux ou trois semaines avant une date de communiqué, une analyse des éléments
d’information sera faite. Une analyse des données des agrégats de la monnaie et du crédit, une
projection économique se fondant sur un modèle de l’économie canadienne, des écarts entre
les taux d’intérêt et des variations de l’accès au crédit, ainsi que les attentes des opérations des
marchés financiers en matière de taux d’intérêt formaient les éléments d’information et
d’analyse de la banque de Canada. Elle publiait également les étapes de processus décisionnel
qui mène à la détermination du taux directeur, ainsi que plusieurs documents d’information
pour que le public en sait beaucoup sur la politique monétaire menée par la banque centrale.
IV-1-2) Cas de la BCM
On a déjà vu auparavant ce qui différencie la politique discrétionnaire des règles monétaires.
Le concept de règle monétaire peut être défini comme un processus systématique de prise de
décision sur la base d’informations économiques et financières fiables et prévisibles. (Poole
1999). Les autorités monétaires s’engagent à atteindre l’objectif défini et annoncer
publiquement les règles d’action fixées en avance. Les décideurs prennent une décision qui lui
semblait optimale suite à un choc, ce qui provoque l’incohérence temporelle de la politique
discrétionnaire. « Les règles se distinguent d’une politique entièrement discrétionnaire par le
fait que, en présence d’une règle, les autorités ne peuvent réoptimiser leur politique d’une
période à l’autre.52
»
51
Banque du canada, Documents d’information, « Politique monétaire », 2002, p3. 52
Richard Black, Tiff Macklem et David Rose, « Des règles de politique monétaire permettant d’assurer la stabilité des prix », 2001, p446.
55
Par rapport aux définitions et au cas du Canada, que peut Ŕon dire sur le type de la politique
monétaire de la banque centrale de Madagascar (BCM) ?
Donnons un bref résumé de la mise en œuvre de la politique monétaire de Madagascar.
Sa mission est d’assurer la stabilité interne et externe de la monnaie .Chaque année, un
programme monétaire sera établi pour définir les agrégats monétaires favorables pour
l’économie pour chaque mois de l’année, ce pourcentage de nouveau crédit qu’il faut octroyer
pour avoir une croissance de tel pourcentage et la cible d’inflation mais aussi le seuil du
financement bancaire du déficit public. La BCM fait un ciblage d’agrégats monétaire. La cible
opérationnelle est la base monétaire, qui a la même allure de l’évolution que la masse
monétaire pour atteindre l’objectif final de stabilité de prix. Le taux directeur et les réserves
obligatoires sont les instruments de politique monétaire de la BCM. Chaque mercredi, les
membres de comité de liquidité analysent et donnent un aperçu de la situation monétaire de la
semaine dernière et font une prévision de la semaine à venir, mais aussi pour prendre une
décision d’intervention sur le marché monétaire.
On peut affirmer que la politique de la BCM n’est pas entièrement de règle, vu la différence
avec celle de la banque du Canada. L’objectif est de court terme mais pas de moyen terme ou
de long terme comme dans une règle monétaire, il serait toujours pour une année.
La banque du Canada a un comportement bien défini, à telle ou telle situation on augmente ou
diminue le taux directeur. Elle suit une règle de conduite qui est basé sur son seul instrument,
le taux directeur. Or pour Madagascar, déjà on a plus d’instruments que Canada et elle ne
prend une décision d’une variation du taux directeur ou du coefficient des réserves
obligatoires qu’après un choc.
La BCM agit également coup par coup, suite à un choc qu’elle va prendre une décision
d’intervention sur le marché monétaire. Une autre caractéristique de la politique
discrétionnaire est vérifiée.
Aussi pour la Canada, elle établit des dates pour annoncer au public l’objectif visé et la valeur
du taux directeur. Pour notre pays, ces dates n’existent pas. Le programme monétaire ne sera
pas annoncé publiquement, mais seulement un signal de l’orientation de la politique est donné
en faisant varier le taux directeur et le coefficient des réserves obligatoires. C'est-à-dire
manque de transparence de la politique de la BCM.
56
Les autorités monétaires ne pourraient pas changer sa décision d’une période à l’autre, mais
doit respecter la constance d’une règle dans le cas où la banque centrale suit une règle. Et on
peut parler de l’incohérence temporelle lorsqu’elle ne prend pas la même décision pour un
même problème à deux instants différents.
Avant juin 2005, la BCM vend des bons de trésor de maturité inférieur ou égale à un pour
résoudre le problème de surliquidité bancaire, or après, elle a intervenu sur le marché
monétaire pour ce même problème. Ce qui soutient encore le caractère « discrétionnaire » de
la politique de la BCM.
La banque centrale a peur de mettre en jeu sa crédibilité, c’est pourquoi elle ne fait pas savoir
au public les chiffres dans le programme monétaire, ils sont confidentiels. Seuls ceux qui
lisent la loi de Finances savent le taux d’inflation et le taux de croissance à atteindre
seulement mais pas toutes les données macroéconomiques.
La crédibilité d’une banque centrale est basée sur les succès réalisés. Le fait de s’engager à
l’avance sur une règle de conduite avec une cible bien chiffrée et connue publiquement, n’est
pas encore bénéfique pour la BCM car elle peut compromettre sa crédibilité si l’objectif n’est
pas atteint. Elle préfère agir avec discrétion, ce qui nous amène à dire que le type de politique
monétaire de la BCM est discrétionnaire.
Mais trop de discrétion pourrait nuire à l’économie. Alors la BCM se limite à communiquer
des informations un peu vagues. Ainsi, on peut dire aussi qu’elle n’est pas totalement
discrétionnaire vu que la BCM donne un aperçu de sa politique dans le site web et publie des
rapports annuels et des bulletins trimestriels.
Puis aussi le gouverneur se réunie avec l’association professionnelle des banques (APB),
chaque début de l’année, pour les encourager à octroyer plus de crédit d’investissement et les
faire connaitre les conjonctures économiques.
Pas totalement discrétionnaire puisqu’elle se réfère toujours aux objectifs établis dans le
programme monétaire avant toute décision de telle façon qu’on peut considérer le programme
annuel comme une sorte de règle monétaire à suivre. Mais pas une règle de conduite constante
comme dans une politique de règle car elle est différente chaque année.
Cependant la poursuite d’une politique de règle nécessite plusieurs critères à savoir la
transparence ; l’indépendance de la banque centrale ; l’officialisation de l’objectif à viser et la
promesse de la réalisation de l’objectif. Et la BCM se limite seulement à la poursuite de
57
l’objectif de stabilité des prix en restant indépendante. La transparence et la publication de la
cible ne sont pas respectées.
On peut affirmer que la politique de la BCM est plutôt discrétionnaire, mais elle retient une
des caractéristiques d’une politique de règle comme atteindre le cible d’inflation en se référant
au programme monétaire.
La BCM a comme objectif final la stabilité de prix en ciblant la base monétaire. Le taux
directeur et les réserves obligatoires constituent ses instruments. En 2005, elle a reconsidéré
les opérations d’intervention sur le marché monétaire afin de ponctionner la surliquidité
bancaire. En comparant avec la politique de banque du Canada, on peut assurer qu’elle agit en
grande partie avec de la discrétion.
IV-2) Biais inflationniste
Kydland et Prescott, et Barro et Gordon ont estimé que la politique monétaire discrétionnaire
délivre une inflation élevé que la politique de règle, ce qui pourrait la rendre inefficace.
On a affirmé que la banque centrale de Madagascar mène une politique plutôt discrétionnaire
relativement à la politique monétaire de la banque du Canada.
Voyons alors si la politique monétaire de notre pays engendre un biais inflationniste. Mais
tout d’abord illustrer par un graphe l’écart entre l’inflation désirée et l’inflation observée.
On représente l’inflation par le glissement annuel du niveau de prix et la cible par la valeur de
prévision de l’inflation à atteindre dans le programme monétaire de la banque centrale. Cette
valeur est le même que celle dans la loi de Finances.
Graphique 2 : Ecart entre la cible d’inflation et l’inflation observée
58
Source : Auteur
On s’aperçoit avec ce graphe que l’inflation est généralement maintenue au-dessus de
l’objectif. Seulement entre 2003 et 2004 que la banque centrale a pu amener le niveau de prix
en dessous de sa cible.
On a vu auparavant que . Si la banque suit une règle de conduite, le biais
inflationniste disparait c'est-à-dire que = 0.
On va estimer l’équation, (30)
(1.26) (5.27)
Théoriquement vu les raisonnements de Kydland et Prescott, pour une banque centrale qui
suit une norme de conduite, c et b devraient approximativement égaliser respectivement à 0
et 1. De la sorte, on peut dire que la politique de la BCM est une politique discrétionnaire car
elle entraine un biais inflationniste.
Cependant le constant est non significatif car le t-stat est de 1,26, une valeur inférieure à 1,96.
Notre équation se transforme en (31)
(17.92)
-10
0
10
20
30
40
50
60
70
80
1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012
INFCIBL INFOBS
59
Même si notre équation explique pas mieux l’inflation observée, vu que R2 est faible mais il
nous a permis de voir l’écart qui existe entre celle-ci et l’objectif d’inflation.
Le niveau de prix à Madagascar s’écarte jusqu’à 40% de la cible en plus de la cible elle-
même. On peut affirmer que la banque centrale n’atteint pas son objectif.
C’est pour remédier cette situation même que la BCM a décidé de vendre ou acheter de
nouveau des titres sur le marché monétaire en juin 2005.
Depuis l’abandon des instruments directs, on a déjà vu avant que les réserves obligatoires et la
manipulation du taux directeur deviennent les instruments de la banque centrale de
Madagascar.
Une étude a été faite avec le FMI sur les déterminants de l’inflation dans le pays. Il en résulte
que l’inflation est de provenance d’un excédent monétaire.
Ainsi en vue de maîtriser la surliquidité bancaire pour assurer davantage la stabilité de prix, la
banque centrale a reconsidéré son intervention sur le marché monétaire, puisque les deux
instruments ne sont pas appropriés à ponctionner l’excédent de liquidité.
Après avoir vu la relation entre l’inflation observée et l’inflation ciblée, maintenant voyons si
la reconsidération de l’intervention sur le marché monétaire a une influence sur le niveau de
prix à Madagascar.
Maintenant introduisons dans notre équation une variable « dummy » pour représenter
l’intervention sur le marché monétaire, appelée im.
Ainsi l’équation devient, (32)
avec im prend la valeur 1 pour les années où la banque centrale intervienne en cas de
déséquilibre de liquidité.
Le résultat de l’estimation par MCO de la relation est :
(2.29) (5.57) (-3.86)
L’hypothèse de significativité de l’intervention s’écrit,
H0 :
H1 :
60
Si le t-stat est supérieur à 1,96 alors d est significativement différent de zéro.
Puisque le t-stat correspond à la variable « dummy » im, (-3.86) est supérieur à 1,96 en valeur
absolue alors on peut dire que l’achat et la vente des titres par la banque centrale sur le
marché monétaire a un impact sur le niveau de prix à Madagascar.
La présence de la BCM sur le marché monétaire à contrôler la liquidité bancaire fait diminuer
l’inflation de 5.43 points.
Donc le niveau du prix sous les deux périodes « avant et après reprise de l’intervention sur le
marché monétaire » sont différentes.
Nous allons tester maintenant à quelle période « avant ou après » cette reprise, l’inflation ne
s’écarte pas trop de son cible.
Pour cela utilisons deux autres variables dummy , avim qui exprime la variable avant juin
2005 et apim exprime celle d’après.
Pendant les années avant le recommencement de l’intervention
Avec avim=1 pour les années avant la reconsidération de l’intervention et 0 ailleurs
(33)
(0.99) (11.53)
On voit que la valeur de est non significativement différente de 0. Ainsi
(34)
(16.55)
De juin 2005 jusqu’à nos jours
Avec apim=1 pour les années où la banque centrale intervienne en cas de déséquilibre et 0
ailleurs
(35)
(-0.037) (54.78)
De même pour cette équation, le constant est non significatif.
61
(36)
(72.04)
On constate que pendant la période de non intervention de la banque centrale l’inflation
s’égalise à 1,61 fois de l’inflation désirée, un niveau beaucoup plus élevé que le niveau
espéré. C’est à dire avec un surplus de 61% de la cible elle-même sur l’inflation observée. Et
dès que la BCM a repensé à acheter et à vendre des titres sur le marché monétaire, cet écart
s’est réduit jusqu’ à 8% seulement de la cible. L’inflation s’éloigne beaucoup plus de la cible
sans l’intervention de la banque centrale.
L’intervention de la BCM sur le marché monétaire pour limiter l’expansion monétaire
contribue essentiellement donc à parvenir à la stabilité de prix.
Déchiffrons dans la section suivante l’impact de la politique monétaire de la BCM sur
l’économie pour mieux analyser ce qui entraine l’inflation, si la stabilité de prix qui est
l’objectif final de la banque centrale n’est pas atteinte.
62
Chapitre V) Etude de l’impact de la politique monétaire sur
l’économie Malgache
On a déjà vu auparavant que la BCM a pour mission de veiller sur la stabilité interne et
externe de la monnaie.
Puisque notre étude se consacre sur la stabilité interne et suite à des analyses faites par la
direction des études de la BCM, la stabilité externe de la monnaie à Madagascar peut être
considérée comme un corollaire de la stabilité interne alors nous allons voir l’impact de la
politique sur la stabilité de prix et le PIB.
Le modèle qu’on va utiliser pour notre étude est le modèle VAR, mais petit à petit après
quelques tests qu’on peut bien définir si c’est un VAR simple, ou avec un mécanisme d’erreur
ou le VAR structurel.
V-1) Cadre méthodologique
Avant de déterminer sa politique monétaire, la banque centrale doit décider si cette politique a
pour le seul but la maitrise de l’inflation à un niveau bas ou si elle doit également viser
l’objectif de production, et d’influer le niveau de chômage et du taux de change.
Pour la BCM, elle a comme objectif final la stabilité de prix. Et après la réalisation de cet
objectif, la BCM espère que Madagascar atteindra la croissance économique prédéfinie dans
le programme monétaire.
Pour effectuer une évaluation globale de l’impact de la politique monétaire sur l’inflation à
Madagascar, on va se baser sur le modèle de Nubukpo.
V-1-1) Méthodologie d’études
Vu qu’on s’intéresse à l’atteinte de l’objectif final de la banque centrale qui est la stabilité de
prix, pour apprécier l’efficacité de la politique monétaire de Madagascar, on retient seulement
l’équation de l’indice de prix à la consommation.
On va retenir l’équation de NUBUKPO mais adaptée à l’économie de notre pays.
Le prix à la consommation (P) a été supposé dépendre du cout des biens domestiques et celui
des biens importés. Ecrit sous forme log-linéaire, l’équation est
63
( ) (16)
Les tensions existantes sur le marché de la monnaie influencent le niveau du prix domestique.
La théorie quantitative de la monnaie explique l’inflation par une croissance excessive de la
quantité de monnaie par rapport à celle de la production. Alors le prix domestique sera
fonction de l’offre et de la demande de monnaie.
L’offre de monnaie est définie comme le volume des moyens de paiement disponible dans
l’économie, la masse monétaire qui est considéré comme politique monétaire de la BCM.
La demande de monnaie est « le montant d’encaisse que les agents désirent détenir en
prévision des transactions qu’ils envisagent d’effectuer pour satisfaire leurs besoins »53
. Elle
dépend de la préférence pour la liquidité, expression employée par JM. Keynes. Cette
préférence est régie par deux motifs, dont le motif de transaction dans un futur plus ou moins
proche qui dépend de revenu (Y) et le motif de spéculation qui est influencé par le niveau de
taux d’intérêt (I).
Pour la BCEAO, Nubukpo considère le taux de pension et le taux de marché monétaire
comme les taux directeurs de la banque centrale. Pour notre pays, on tient compte le taux
directeur proprement dit comme il constitue le principal instrument de la BCM, et qui sert de
référence et de signal pour l’orientation de la politique monétaire Malgache. En conséquence,
on n’a qu’un seul taux d’intérêt à estimer.
( )
(37)
On a vu auparavant que,
( ) ( – ) (17)
Alors,
( ) (38)
Le taux de change à Madagascar est flexible et notamment c’est l’efficacité de la politique
monétaire qu’on veut évaluer alors il est fondamental de faire entrer le taux de change dans
notre estimation.
53
Joe RABEANTOANDRO, « Une analyse monétariste de la formation des prix », Revue économie de Madagascar N
0 3, Octobre 1998, p85
64
On sait que le niveau de prix des biens importés est en fonction de taux de change (E) et de
prix en devises des biens et services importés (IPM*).
(39)
(40)
Mais pour simplifier, supposons que l’indice de prix extérieur est normalisé, c'est-à-dire à
l’unité.
(41)
En théorie, l’appréciation de la monnaie nationale devrait baisser l’inflation, tandis que lors
d’une dépréciation, le niveau des prix tend à croître. Kofi Ben Nassar a pu affirmer cette
situation lors de son estimation des déterminants de l’inflation à Madagascar. La hausse de
prix à l’importation se manifeste d’une manière que : d’après Bruno (1979), et Gylfason et
Schmid (1983), une dévaluation monétaire augmente les prix à l’importation de biens à
consommation directe et de biens intermédiaires, qui pourrait être un frein à la production et
par conséquent ceci entrainerait un ralentissement de l’activité de production. « Si le prix des
produits locaux ne varie pas et si la composition du panier de consommation ne change pas
alors une dépréciation du taux de change ou une hausse des prix dans les pays en relation
commerciale avec Madagascar induit de l’inflation sur le marché domestique »54
.
Si on intègre les équations d’IPD et IPM dans celui de P, et puisque dans notre modèle de
base le Pib potentiel est enlevé des estimations, on a cette équation :
( ( ) ) ( ) (42)
En généralisant l’équation et en même temps la rendre dynamique, ainsi l’évolution du
niveau général des prix suivra la fonction suivante :
(43)
Tels que a, b, c, d, et e peuvent être négatifs ou positifs. D est l’opération de variation.
En résumé l’évolution du prix est supposé être expliquée par une inflation importée à travers
le taux de change (appréciation ou dépréciation) et par une variation du taux d’intérêt. Aussi
la production réelle du pays a un impact sur le prix à la consommation. Et enfin l’influence de
la masse monétaire sur le prix qui est développé par la théorie monétariste et soutenue par le
FMI.
54
Joe RABEANTOANDRO, « Une analyse monétariste de la formation des prix », Revue Economie de Madagascar N
0 3, Octobre 1998, p 92
65
Notre objectif est d’analyser la stabilité de prix en réponse de la politique monétaire.
L’estimation de cette équation nous permet de déterminer l’impact de la politique monétaire
sur le prix à Madagascar. Le prix est en fonction de la masse monétaire ; de la production ; du
taux de change et du taux d’intérêt aussi.
Les variables : prix ; production ; masse monétaire ; taux de change ; et taux d’intérêt sont
reliées entre elles.
On sait que parvenir à l’objectif de la stabilité contribue essentiellement à une croissance
économique. La stabilité de prix instaure un climat sain pour l’investissement et l’épargne, ce
qui fait qu’elle constitue un facteur déterminant de la croissance de la production nationale.
Tandis que, basé sur des théories traditionnelles, qu’une hausse de niveau des prix freinerait
l’activité économique et provoquerait une dégradation du PIB.
On peut aussi représenter la masse monétaire et le taux de change par des équations en
fonction des autres variables. Une variation positive de PIB et / ou de prix augmenterait la
demande de monnaie .Pour motif de spéculation, une variation du taux d’intérêt peut
engendrer un changement sur la demande de monnaie. « Une expansion de la masse
monétaire ferait déprécier la monnaie locale. Cette dépréciation se traduit une hausse du taux
de change réel »55
.
On peut alors avoir cinq équations simples à partir de ces cinq variables, mais pour mieux
analyser l’influence d’une variable sur une autre et étudier les chocs, on va combiner les cinq
variables dans un seul vecteur. Nous obtenons un modèle sous forme matricielle à partir de
ces équations. C’est ce qu’on appelle modèle VAR.
V-1-2) Présentation des données
a) Données
Nous utilisons cinq variables pour estimer le degré de l’efficacité de la politique monétaire à
Madagascar. La politique monétaire conduite par la banque centrale amène ŔtŔelle notre pays
vers une économie stable. Plus convenable, on a retenu des données mensuelles comme la
majorité des données sont disponibles mensuellement, seul le PIB est une donnée annuelle, en
espérant que ce choix de fréquence ne diminue pas la fiabilité des données.
On a pris en considération des données mensuelles puisque la politique monétaire de la BCM
même, est orientée vers un objectif de stabilité de prix à moyen terme. Toutes les séries telles
55
Tiarinisaina Olivier RAMIANDRISOA, « La dévaluation a-t-elle un effet récessif ?, Cas de Madagascar », Madagascar, 2006, p7
66
que le PIB, la masse monétaire, la base monétaire, le taux directeur et le taux de change sont
obtenues durant le stage à la BCM. Chaque variable qu’on va utiliser dans notre modèle allait
de Janvier 1995 à Décembre 2011.
Cette préférence de tranche de période est due au changement établi à la politique monétaire
Malgache en 1995 telles que l’instauration de change flexible et l’abandon des instruments
directs, même si certains variables sont disponibles quelques années précédentes.
o Prix à la consommation
On va prendre l’indice de prix à la consommation (IPC, base 100 = 2000) pour exprimer la
variable prix, en logarithme noté (p).
o Masse monétaire
La masse monétaire est estimée par l’évolution des agrégats monétaires M3, qui rassemble la
monnaie fiduciaire, le dépôt à vue, le dépôt à terme et les placements liquides dans les
institutions financières non bancaires. En logarithme, elle est notée (m).
o Taux de change
Le niveau du taux de change est constitué par l’indice du taux de change effectif réel (TCER),
(base 100=1993). TCER est défini comme taux de change nominal de la monnaie nationale
par rapport aux monnaies des principaux pays partenaires de Madagascar, ajusté du
différentiel d’inflation. En logarithme, on le note (e).
o Activité économique
La production nationale est représentée par la production intérieure brute réelle (PIBR). Cette
série n’est disponible qu’à fréquence annuel, alors il est nécessaire de la transformer en une
série mensuelle comme les autres. Pour qu’elle soit appropriée, on a supposé que le PIB
mensuel croit de façon géométrique.
Ainsi estimons que le PIBR annuel est équivaut à la somme de PIBR mensuel pour chaque
année. On a une suite géométrique de raison (1+a) tels que « a » le taux de croissance
mensuel et de premier terme le PIBR du mois de janvier . Le taux de croissance mensuel pour
chaque année a été donné par la BCM. Comment calculer le PIBR du mois de Janvier alors ?
Posons
( ) représente notre suite,
( )
67
( )
. . .
. . .
. . .
. . .
( )
[ ( ) ( ) ( ) ( ) ]
Notons que A=[ ( ) ( ) ( ) ( ) ]
donc
Après la valeur du PIBR pour chaque mois de l’année, en commençant par le mois de Février
est donné par le calcul de cette suite. Pour vérification, notons que les PIBR en série annuelle
est équivaut à la somme des PIBR mensuels. En logarithme, cette variable est notée (y).
o Instrument de la BCM
Le taux directeur décrit l’instrument de la Banque centrale. Depuis 1995, les instruments
directs sont rejetés, elle n’utiliserait que des instruments indirects tels que manipulation du
taux directeur et du coefficient de RO. Ce dernier ne change pas trop, depuis il restait à
15%, c’est pourquoi on va saisir un seul instrument représenté par le taux directeur. Non
transformé, le taux est noté (i).
b) Evolution des variables
Pour analyser l’impact de la politique monétaire Malgache sur l’économie, nos variables sont
la production, le taux de change, la masse monétaire et le prix. En ce qui concerne le taux
d’intérêt, on a pris en considération le taux directeur qui est l’instrument de la BCM, et qui
sert du taux de référence pour les banques du pays.
b-1) Evolution de l’économie
o Evolution de la production nationale
La production nationale d’un pays est indiquée par la valeur de son PIB. Ce dernier est défini
comme un ensemble des biens et services produits au cours d’une période sur le territoire
national.
Afin de mieux évaluer l’évolution de la production nationale, on a pris le PIB réel pour ne pas
avoir une analyse erronée.
68
Les faits qui ont survenu à Madagascar tels que la concrétisation de la politique de relance
économique basée sur la privatisation, la finalisation des accords sur la facilité d’ajustement
structurel renforcé et des abaissements tarifaires avec quelques partenaires économiques ont
fait avancer la production nationale.
L’activité économique n’a pas cessé d’augmenter jusqu’en décembre 2001. Avec la crise
politique en 2002 à Madagascar, on a enregistré une chute exorbitante du PIB. La croissance
économique était négative, soit de -12,68% en prix courant.
Il y a une reprise de l’activité en 2003 et l’amélioration de la croissance s’est poursuivie
jusqu’à ce qu’une nouvelle crise politique a surgi en 2009. Le PIB a chuté mais pas de même
ampleur qu’en 2002 puisque l’activité de production a diminué de Ŕ4,12 %, faible qu’en
2002.
Depuis 2010, la croissance économique du pays a vu un progrès après l’effondrement des
activités mais elle est encore de faible rythme. Elle n’est que 0,54% en 2010 et 0,73 en 2011
en terme réel.
Graphique 3 : Evolution du produit intérieur brut réel
Source : Auteur
o Evolution du prix
Vu cette courbe de l’évolution de l’indice de prix à la consommation, on peut en déduire que
le prix n’arrête pas d’augmenter en général.
Cependant on va étudier l’inflation à Madagascar pendant les deux dernières crises politiques.
3.0E+10
3.5E+10
4.0E+10
4.5E+10
5.0E+10
5.5E+10
1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
PIBR
69
La crise politico-économique à Madagascar en 2002 a fortement marqué l’évolution des prix
des biens avec en moyenne annuelle de 16.5% contre 6.9% en 2001, même si les revenus des
ménages ainsi que la demande de consommation ont diminué.
La hausse des coûts de production générée par la crise a provoqué cette inflation. La quantité
d’offre des biens a baissé subitement pour occasionner une flambée des prix.
Par rapport en crise de 2002, la crise de 2009 n’a pas provoqué une forte hausse de prix.
Contrairement l’inflation a été en baisse de 0,2% par rapport à la variation entre 2007 et 2008.
Cette diminution de l’inflation a découlé du ralentissement de la demande suite à une baisse
de revenu des ménages et à la maîtrise de l’expansion monétaire. Ce qui différencie la
situation de 2009 du 2002, c’est la disponibilité de l’offre sur le marché des biens et services.
C’est pourquoi les prix n’ont pas pu trop augmenter comme en 2002 durant la deuxième crise
politique.
Graphique 4 : Evolution de l’indice de prix à la consommation
Source : Auteur
o Evolution du taux de change
Pour mieux analyser la fluctuation du taux de change, on a pris le taux de change réel effectif.
Le taux de change réel est égale au taux de change nominal divisé au taux de change PPA
(théorique). Il tient compte des écarts entre le taux de change nominal et le taux de change
PPA, c’est un indicateur de la compétitivité prix du pays. Quand le taux réel s’élève, la
monnaie s’apprécie et la compétitivité prix se détériore.
0
50
100
150
200
250
300
1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
IPC
70
Depuis que la BCM a mis en place en 1995 le taux de change flexible, il ne cesse de se
fluctuer. On voit sur ce graphe trois pics d’appréciation et un pic de dépréciation. C’est en
2002, que la monnaie nationale s’apprécie considérablement et en 2004 qu’elle s’est déprécie
le plus. Qu’est ce qui explique ces deux situations ?
En 2002, l’offre sur le marché interbancaire de devises s’est réduit de 59% relié à la réticence
des détenteurs de devises et d’autre part au détérioration des transactions de la balance des
règlements courants. En plus par rapport en 2001, les recettes de devises relatives aux
exportations ont diminué de moitié. Le volume de la demande de devise a également chuté.
Cette baisse est due à la décroissance des paiements des importations de l’ordre de 30%, en
moyenne.
C’est la situation de l’offre et de la demande sur le marché de devises qui a provoqué cette
appréciation de 7,4%, en moyenne annuelle.
Maintenant voyons ce qui a causé ce pic de dépréciation. La dépréciation a été très forte : 66,0%
par rapport à l’Euro et de 53% par rapport au Dollar, en 2004.Ceci est dû à l’augmentation de
la demande de devises par rapport à l’offre. La monnaie nationale a connu cette période de
dépréciation en raison de la forte augmentation de la demande en importation de biens et
services. Grâce aux mesures de redressements apportés par la BCM, le cours s’est stabilisé
progressivement au second semestre.
Graphique 5 : Evolution du taux de change réel effectif
Source : Auteur
60
70
80
90
100
110
120
130
140
1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
TCER
71
b-2) Evolution de la politique monétaire
o Evolution du taux directeur
D’une manière générale, le taux directeur continue de diminuer depuis 1995 jusqu’en 2011.
A partir de 1995, la BCM a pratiqué une politique expansionniste en baissant petit à petit le
taux directeur jusqu’à ce que la situation économique l’ait poussé à élever le taux en 1998.
La balance courante s’est dégradée et l’Etat a eu un besoin crucial de financement en devises.
Cette situation a provoqué une augmentation de la demande sur le marché interbancaire de
devises .Dans le but d’alimenter l’offre sur le marché, la banque centrale a décidé de relever
le taux de 9 à 10% en septembre 1998 pour résorber ce problème de surplus de demande.
La banque centrale a décidé de ramener à la hausse le taux directeur en 1999 de 10% à 12%
en Avril et de 12% à 15% au mois d’Août pour limiter les excédents de liquidité des banques.
Et le taux s’est resté jusqu’en octobre 2000, où elle a porté le taux à la baisse en passant de 15%
à 12%. Cette mesure a été prise dans l’objectif d’atténuer les entrées de devises en réduisant le
différentiel de taux d’intérêt avec l’étranger.
La stabilité financière conjuguée à l’abondance de liquidité a conduit la BCM à diminuer le
taux directeur deux fois pendant l’année 2001, de 10,5% au mois de Juin puis à 9% au mois
d’Octobre.
Il a été encore révisé à la baisse en passant de 9 à 7%, le taux le plus bas au cours de notre
année d’étude, en 2003. C’est pour relancer les activités de production et promouvoir les
investissements après la crise politique dans le pays en 2002. Cette modification a été appuyée
par une mesure de facilitation des crédits bancaires.
En 2004, pour réviser la politique monétaire auparavant expansionniste vers une politique
plutôt restrictive, la banque centrale a décidé de porter de 7 à 9,5% en Avril son taux
directeur de 9,5 à 12% en juin et enfin de 12 à 16% en septembre.
L’atténuation des chocs du côté de l’offre a entrainé un repli de l’inflation à partir du mois de
Juillet 2006. Et un léger renforcement de la valeur externe de la monnaie s’est produit suite à
une amélioration nette de la situation des paiements extérieurs. Tout cela a conduit la banque
centrale à assouplir les conditions monétaires en ramenant le taux directeur de 16% à 12% au
mois d’Août.
72
L’assouplissement de la politique monétaire s’est poursuivi car la BCM a révisé le taux de 12%
à 10% en Janvier 2009 et de 10% à 9,5% en Août. La faible progression des crédits et le
ralentissement de l’activité économique ont conduit les autorités à adopter cette politique.
Graphique 6 : Evolution du taux directeur
Source : Auteur
o Evolution de la masse monétaire
On voit bien d’après cette figure que la masse monétaire ne cesse d’augmenter en général.
Pour chaque année, l’accroissement de M3 est différent. La masse monétaire a évoluée de
manière modérée de 1998 à 2000, la hausse est causée par la hausse croissante de la part de la
circulation fiduciaire. Cette augmentation de la circulation semble provenir de la progression
des paiements en numéraire des secteurs publics et privés.
En 2001, la croissance de M3 a été plus importante qu’en 2000 en termes de moyenne
annuelle, elle est de 24,7% contre 18,9%.
Contrairement aux attentes découlant de la crise politique à Madagascar, un ralentissement de
la masse monétaire s’est produit en 2002. Ceci correspond à une baisse de 5% de l’encaisse
réelle du secteur non bancaire, exprimant une perte du pouvoir d’achat de la population.
Après la crise, l’agrégat M3 a augmenté dû à l’accroissement de la position extérieure nette,
du gonflement des créances nettes sur l’Etat mais également d’une forte reprise des crédits
bancaires au secteur privé.
.05
.10
.15
.20
.25
.30
.35
1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
I
73
Le ralentissement du glissement annuel depuis 2008 s’est poursuivie jusqu’en 2009 avec un
rythme modéré. Une augmentation de 10,1% contre 12,8% en 2008. La tendance à la baisse
de l’expansion monétaire s’est amorcée jusqu’en 2010.
Graphique 7 : Evolution de la masse monétaire
Source : Auteur
V-1-3) Méthode d’estimation
a) La structure du modèle VAR (Vecteur Auto Régressive)
On a compris antérieurement que les cinq variables, prix ; production ; masse monétaire ; taux
de change ; et taux d’intérêt sont connectées entre elles.
L’étude de la fonction de réaction de ces cinq variables par des chocs qui vont les impacter et
les chocs relatifs de ces variables exigent l’utilisation d’un modèle plus raisonnable, pour une
analyse d’un choc dans la politique monétaire. Ce qui justifie le choix du modèle VAR.
Notre modèle de base est un VAR à 5 variables : prix à la consommation, production
intérieure brute réelle, taux de change effectif réelle, taux directeur, masse monétaire. Ce
modèle nous permet de répondre à la question d’impact des conditions monétaires sur
l’économie malgache.
0E+00
1E+12
2E+12
3E+12
4E+12
5E+12
6E+12
1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
M
74
De manière formelle, chacune des cinq équations du système (prix ; production ; masse
monétaire ; taux de change ; et taux d’intérêt) est estimée à l’aide de la méthode des moindres
carrés ordinaires en utilisant comme variables dépendantes, les variables retardées.
Si les variables à utiliser sont stationnaires , on va retenir le VAR simple. Mais dans la
mesure où ces variables ne sont pas stationnaires et sont cointegrées, on utilisera le modèle
VAR à mécanisme de correction d’erreur.
L’étude économétrique nous donne aussi l’occasion de mieux analyser la fonction de réponses
des variables suite à une décision de politique monétaire.
Toutes les variables sont en logarithme, sauf le taux directeur. Une formulation simple du
modèle VAR à p retards, s’écrit :
…………. (44)
est le vecteur des variables, pour notre étude est de
(
)
(
)
(
)
(
)
(
)
(45)
est le vecteur de constant correspond à chaque variable sont les matrices de
coefficients, le vecteur qui forme des bruits blancs.
Seulement si les variables sont stationnaires qu’on utilisera ce modèle VAR simple. C’est
après le test de stationnarité, qu’on peut identifier le modèle de notre analyse.
b) Ordre de variables
La décomposition de Cholesky est utilisée pour l’identification du VAR structurel à partir du
VAR estimé. Et cette méthode exige au niveau pratique un ordre particulier de placement de
variables dans le vecteur.
75
Pour notre analyse, puisqu’on cherche à apprendre l’impact de la politique monétaire sur
l’économie, pour définir l’efficacité de la politique monétaire Malgache. Dans le modèle
VAR, nos variables sont classés de la manière suivante : Prix, PIB, Taux de change, Taux
Directeur, Masse Monétaire.
Ce choix d’ordre est économiquement expliqué par : les trois premières variables
représentent l’économie, et les deux dernières correspondent à la politique monétaire de
Madagascar. Cet ordre prend en compte le lent ajustement de la production face aux chocs
monétaires .Une politique monétaire expansionniste provoque simultanément une hausse de
prix et du revenu réel, mais de faible ampleur sur ce dernier (KHAN et KNIGHT 2000).Pour
le cas de Madagascar, la stabilité externe peut être considérée comme un corollaire de la
stabilité interne dans certaine mesure.
V-2) Tests économétriques
V-2-1) Traitement des données
Il est nécessaire d’examiner les propriétés des données utilisées en vue de connaître le modèle
à utiliser, si c’est avec ou non de correction d’erreur.
a) Test de stationnarité
Une série est dite stationnaire, si elle satisfait les trois conditions suivant :
1- ( ) est indépendante de
2- ( ) est une constante finie indépendante de
3- ( )est une fonction finie, ne dépendant pas de
Si les variables sont non stationnaires, une présomption d’un risque de cointégration entre
elles doit être vérifiée.
Pour confirmer la stationnarité de chaque variable, il est important de passer en test de
« DICKEY-FULLER ou ADF (Dickey-Fuller Augmenté)
La procédure de notre test consiste à analyser une forme de non stationnarité et prendre les
deux autres hypothèses comme vérifications. On estime par la méthode MCO (Moindre
Carrés Ordinaires) le paramètre pour ces trois (3) modèles.
76
Or, le test de Dickey-Fuller repose sur l’hypothèse que est un bruit blanc. Cette hypothèse
ne soit pas, à priori, vérifiée. C’est pourquoi le test de Dickey-Fuller Augmenté prend en
considération l’autocorrélation des erreurs.
C’est ainsi qu’on a choisi le test d’ADF, qui se déroule comme suit :
On compare en valeurs absolu la valeur de l’ADF contre la valeur du « Critical Value ». A un
seuil de 5%, la valeur « Critical Value » est de 2,88. Si la valeur de l’ADF est inférieure à la
valeur du seuil, on accepte l’hypothèse nulle, c'est-à-dire que la variable est non stationnaire,
sinon on rejette l’hypothèse.
Pour la significativité du coefficient de la constante, si le «t-statistic » est inférieur à 2,52
(donné par le table ADF), le constant n’est pas significativement différent de 0.
Pour la tendance c’est le même mais seulement on compare le « t-statistic » avec 2,78.
Prenons comme hypothèse de base la forme avec constante et les deux (2) autres hypothèses
comme hypothèses de vérifications à un seuil de 5%.
Maintenant, suite à un test, on va pouvoir examiner la stationnarité de chaque variable
Le résultat des tests sera présenté dans le tableau suivant :
Tableau 3 : Test de stationnarité
Variable ADF in level ADF in first differences
-1,9061 -7,1114
-0,9561 -12,7276
-2,5738 -14,6130
-1,7013 -11,2669
-0,4313 -13,39
Source : Auteur
77
Encadré 1 : Test de Dickey- Fuller
Le test de Dickey-Fuller se repose sur l’hypothèse suivant :
Processus non stationnaire
[ ] une variable quelconque
(non stationnaire)
(stationnaire)
Le rejet de l’hypothèse nulle revient à affirmer que la variable est stationnaire.
Il existe deux autres hypothèses à prendre en compte.
[ ] (avec constante)
[ ] (avec tendance)
Source : Auteur
Ce tableau nous montre que les variables sont non stationnaires, au seuil de 5%. Le temps
influence l’évolution de ces variables.
C’est en différence première qu’elles sont devenues stationnaires, au seuil de 5%. Cela nous
permet de dire que les variables sont intègres d’ordre 1, ( )
Les coefficients de la constante sont significatifs pour tous les variables. Seuls pour le taux de
change et le taux directeur qui sont non significatifs, inferieurs à 2,52.
Alors pour bien vérifier la stationnarité de ces deux (2) variables en différence première, on a
réalisé le test avec le modèle sans constante. Après avoir fait le test, on peut confirmer la
stationnarité de ces variables (voir annexe 2).
La stationnarité d’une variable fait référence à un ordre d’intégration nulle, ( ) Pour notre
donnée, on a pu vérifier que les variables sont toutes intégrés d’ordre 1. Un risque de
cointégration des variables est alors possible.
On peut aussi envisager l’estimation d’un modèle VECM. Pour ce faire, on commence par
déterminer le nombre de retards p du modèle VAR (p) à l’aide des critères d’information
Akaike et ensuite, on fait le test de Johansen afin de connaitre le nombre de relation de la
cointégration.
78
Encadré 2 : Test de Dickey – Fuller Augmenté
Dans le test d’ADF, les hypothèses deviennent :
Processus non stationnaire, les formes de non stationnarité sont :
[ ] ∑
[ ] ∑
[ ] ∑
Ou ( )
| |
Source : Auteur
b) Détermination du nombre de retard
Avant de faire le test de cointégration, il est nécessaire de déterminer le nombre de retards du
modèle VAR.
On a cinq (5) critères pour définir le nombre de retards : LR (Sequential modified LR test
Information Criterion), HQ (Hannen-Quinne Information Criterion). On déterminera
précisément le nombre de retards à attribuer au modèle VAR en regardant les critères AIC et /
ou Swharz, pour notre étude
On choisit le modèle VAR qui a le nombre de décalage, correspondant au critère AIC et/ ou
Swharz minima.
Voici un tableau représentant les critères
Tableau 4 : Valeurs des critères
Lag AIC SC HQ
0 -9.352012 -9.268387 -9.318156
1 -27.28450 -26.78275 -27.08137
79
2 -27.70629 -26.78641* -27.33388*
3 -27.76504 -26.42703 -27.22335
4 -27.81510 -26.05896 -27.10413
5 -27.77548 -25.60122 -26.89524
6 -27.73837 -25.14598 -26.68884
7 -27.78738 -24.77687 -26.56858
8 -27.92545* -24.49681 -26.53738
Source : Auteur
Le critère AIC indique pour notre modèle, mais pour limiter les nombres des
coefficients à estimer dans le modèles, on va retenir celui donné par le critère SC, et
qui correspond aussi au critère de HQ.
Notre modèle est donc le modèle VAR(2), il se présente comme suit :
avec (46)
le vecteur des variables et les matrices des coefficients.
La possibilité de cointégration entre les variables qui nous a poussés à rechercher le nombre
de décalage avant d’établir le test de cointégration.
L’une des étapes à procéder pour le modèle à correction d’erreur est la mise en place de test
de Johansen afin de connaitre le nombre des relations de cointégration. Alors on doit procéder
au test de cointégration.
c) Analyse de la cointégration
Granger a pu étudier que dans des séries temporelles non stationnaires pourraient exister une
perturbation temporaire qui a un effet prolongé sur le long terme.
D’après les résultats des tests de stationnarité des variables, elles sont non stationnaires et il
faut le différencier une fois pour les rendre stationnaires, c'est-à-dire que tous les variables
sont intégrés d’ordre 1.
Si les séries sont intégrées de même ordre alors elles peuvent être cointégrées. Pour
déterminer le nombre de relation de cointégration ou plus précisément le nombre de relation
de long terme existant entre les variables, on va faire appel au test de Johansen.
80
Encadré 3 : Test de cointégration
Le test de cointégration se déroule comme suit :
Considérons un vecteur contenant N variables (pour notre cas c’est N=5) qui sont toutes
intégrées d’ordre 1.
De manière générale, si la représentation VAR(p) est de :
pour notre modèle p est de 2.
Conformément au théorème de représentation de Engle et Granger, le modèle VECM va
s’écrire comme suit :
Où les matrices et contiennent les coefficients ; les premières concernent les relations de
court terme qui sont stationnaires, les seconds, de long terme qui ne le sont pas, ( )
Pour rendre le produit ( ) afin d’avoir un équilibre de l’ordre d’intégration.
On pose
Tels que α et β’ sont respectivement des matrices ( ) et ( ) avec pour notre
étude. β contient les « r » vecteurs de cointégration et α les points associer à chaque vecteurs.
Pour pouvoir estimé un modèle VECM, il faut que ( ) ( ) , ce qui implique
que a r valeurs propre non nulle.
L’hypothèse de cointégration est formulée comme le rang r dans la matrice π
( )
L’hypothèse implique que le processus est stationnaire, que est non stationnaire mais
que devient stationnaire.
Trois cas peuvent se présenter :
( ) donc , il n’existe pas de relation de cointégration. Et on ne peut pas
estimer un modèle VECM.
( ) , il existe relation de cointégration, un modèle VECM peut alors être
estimé
( ) il n’existe pas de relation de cointégration.
Le test de la trace nous donne le nombre .
On rejette l’hypothèse nulle de r relations de cointégration, si la statistique de la trace est
supérieure à sa valeur critique.
Source : Auteur
81
Prenons un seuil critique de 5% pour limiter le nombre de relation « lorsque , le vecteur
est le vecteur de cointégration entre les variables ; il correspond à une seule relation de long
terme. Lorsque est une matrice définissant l’espace de cointégration ; il existe
alors plusieurs relations de long terme. est le vecteur, ou la matrice, d’ajustement, c’est à
dire la mesure de la vitesse de convergence vers l’équilibre de long terme. »56
Tableau 5 : Analyse de la cointégration
Trace Valeur critique
0 91,260 69,818
1 40,142 47,856
2 21,851 29,797
3 9,071 15,494
4 0,808 3,841
Source : Auteur
Les statistiques de la trace de sont tous inferieurs à ses valeurs critiques, mais il n’y
a qu’une seule relation de cointégration.
Le test de trace indique alors qu’à un seuil de 5%, on a une relation de cointégration, car dès
que Rang r est égal à 1, on peut accepter l’hypothèse nulle (statistique de la trace est inférieur
à la valeur critique). Cela nous permet donc d’affirmer que, ( ) , on peut estimer le
modèle VECM.
Ce qui nous amène vers une autre section, le modèle à correction d’erreur, après avoir
identifié le nombre de la relation de long terme.
V-2-2) Modèle à correction d’Erreur
Nos tests de stationnarité nous avaient permis d’affirmer que les variables sont toutes
intégrées d’ordre 1. La possibilité de cointégration entre les variables nous a poussés à faire le
test de trace pour déterminer le nombre des relations de long terme et les identifier après.
On a cinq (5) variables le Rang ( ) , ainsi on peut estimer un modèle VECM.
56
Jean François GOUX, « Conditions monétaires et activités économiques dans la zone euro », 2003, p4
82
a) Modèle VECM
Toutes les conditions pour estimer le modèle VECM, sont réunies. Ce modèle est aussi un
modèle VAR mais avec un mécanisme d’erreur. C’est pourquoi on a choisi ce modèle. Mais
également avec le modèle VAR simple, la régression peut être fallacieuse car les variables en
niveau sont non stationnaires et même avec le modèle VAR avec les variables en différence
première qui sont stationnaires, car il ne prend pas en compte l’historique et la relation de
long terme.
On a vu que (44)
conformément au théorème de représentation de Engle et Granger(1987), peut être formulé
dans une version à correction d’erreur (VECM).
avec (47)
Pour notre étude, est le vecteur, qui contient nos 5 variables
(
)
Aussi, on a déjà vu que le nombre de retards est de 2. Et qu’on une relation de long terme plus
explicitement, notre modèle VECM se présente comme suit :
(
)
(
)
(
)
(
)
( )
(
)
(
)
(48)
Maintenant, on va estimer notre modèle avec le logiciel « Eviews7 ».
Le système d’équation obtenu après l’estimation du modèle comporte 5 équations. La
validation du modèle VECM nous amène à faire des tests usuels de la significativité des
coefficients et le test de Ljung-Box pour vérifier si les résidus issus de chacune des 5
équations sont des bruits blancs.
Pour les tests de la significativité, prenons un à un les 5 équations.
Le test t-stat se fait de la manière suivante :
: Coefficient = 0
: Coefficient ≠ 0
83
Si| | , on rejette l’hypothèse nulle, alors le coefficient est significativement
différent de zéro, sinon le coefficient n’est pas significatif.
Dans l’équation de court terme du prix, les montants du prix deux mois passés et du mois
dernier influenceraient le prix au temps t. Car les coefficients correspondants sont
significatifs (respectivement -2,93 et 9,23).
La croissance de l’activité économique fait baisser le prix, mais cette diminution n’est pas
ressentie tout de suite, c’est deux mois après son hausse que le PIB freinait l’inflation de -0,24
pour une augmentation de 1 point. Puisque ce sont les produits agricoles qui déterminent le
plus le niveau de prix à Madagascar dans la proportion du PIB, alors peut être les transports
de ces produits pour arriver au marché explique ce délai de transmission.
Le taux de change du mois dernier réagit sur le prix du mois. Les prix des produits importés
influent également le niveau général de prix. Et que les prix de ces produits sont en fonction
de la volatilité du taux de change. Les biens alimentaires et les carburants consommés en mois
m sont déjà importés en mois m-1, ce qui donne raison à cette situation de retard de
l’influence du taux de change sur le prix.
La quantité de la masse monétaire du mois antérieur exerce un effet sur le prix du mois par le
fait qu’une augmentation de l’offre de monnaie pendant le mois fait croitre le prix du mois
suivant. Ceci est expliqué par le fait qu’en un mois la production ne peut pas s’ajuster à la
demande suite à la croissance de la masse monétaire.
Le constant dans l’équation du prix pourrait représenter le biais inflationniste qui existe dans
le pays. Pour Kydland et Prescott, ainsi que Barro et Gordon seule la politique discrétionnaire
présente un biais inflationniste. Alors ce qui vérifie encore notre idée que la BCM adopte une
politique plutôt discrétionnaire. Ce biais est dû à la tricherie de la BCM, elle ne réalise pas la
politique prédéfinie dans le programme monétaire. Souvent elle ne respecte pas les seuils,
surtout pour le financement de déficit étatique.
Pour l’équation de la production, seul le constant est significatif. L’activité économique ne
peut pas être influencée en un ou deux mois par ces variables qu’on a pris dans notre étude.
Pour la politique monétaire, une décision des autorités monétaires sur le taux directeur ou
l’offre de monnaie se transmettent à la production nationale qu’à travers le financement
bancaire des investissements, et un investissement engendre une hausse de la production qu’à
moyen à long terme mais pas à court terme. Seule la productivité des entreprises et celle des
agriculteurs exercent un effet sur la production en un à deux mois.
84
Ce constant évoque l’idée que le PIB doit avoir une croissance minimale d’une valeur de
0,003 pour satisfaire les besoins de consommation de la population.
Dans l’équation du taux de change, le taux de change du mois m-2 agit sur le taux de change
du mois m.
Pour le taux directeur, l’indice du prix qui constitue l’indicateur de l’objectif de stabilité et le
taux de change, une variable de contrôle de la banque centrale exercent un effet sur la
décision d’une variation du taux directeur. Le taux de change du mois m-1 agit sur le taux
directeur mais de faible ampleur et pour le prix du m-2, l’influence est un peu plus élevée.
Avant de modifier le taux de référence, la banque centrale porte la vue sur ce qui s’est passé
sur le marché de change et sur le marché des biens et services, un à deux mois avant surtout.
Pour la masse monétaire, tous les coefficients sont non significatifs, seule la valeur du
constant est significative. Car l’offre de monnaie dépend une part de l’action de la banque
centrale dans le but de conduire une politique expansionniste ou restrictive, qui ne se transmet
pas en deux mois seulement à l’économie et d’autre part des crédits octroyés par les banques,
et des avoirs extérieurs qui ne sont pas dans nos variables.
Cette valeur correspond à une offre de monnaie créée par la banque centrale chaque mois qui
constitue la part transactionnelle, et proportionnelle à la croissance de la production
mensuelle (règle de K%, Friedman 1968). Elle est de 300% de la croissance économique.
Toutefois, ce pourcentage est probablement très élevé pour que la masse monétaire génère de
l’inflation.
On a saisi ce qui ait lieu à court terme, examinons actuellement ce qui se déroule à long terme.
b) Identification de la relation de cointégration
Avec le test de trace, on a pu connaitre que notre modèle a une relation de cointégration.
L’objectif final de la BCM est la stabilité de prix. On va prendre comme hypothèse qu’à long
terme cet objectif de stabilité est atteint. La relation de cointégration nous révèle la relation de
long terme du prix. Le vecteur est donné par le tableau
Tableau 6 : Détermination de vecteur de cointégration
85
P Y e i m c
1 0,005
(0,022)
0,379
(4,782)
-0,061
(-0,307)
-0,711
(-13,009)
-1,386
Source : Auteur
La relation de cointégration met en évidence un impact de l’activité réelle et des conditions
monétaires sur le prix. Les valeurs entre parenthèses sont les t-stat associés aux coefficients
estimés. Notre relation de long terme est de :
(49)
( ) ( ) ( ) ( )
A long terme la production et le taux d’intérêt n’ont pas d’effet sur le prix à Madagascar
puisque les t-stat sont inférieurs à 1,96 en valeur absolue.
(50)
En dérivant notre modèle, on obtient
(51)
Le coefficient du taux directeur qui est le principal instrument de la banque centrale n’est pas
significativement lié au taux d’inflation. Ce qui justifie que la BCM conduit une politique
plutôt discrétionnaire que de suivre une règle.
Une appréciation du taux de change d’un point devrait freiner l’inflation, de -0,38.
L’appréciation de l’Ariary contribuerait à la baisse du niveau de prix tandis que la
dépréciation accélère l’inflation puisque Madagascar est un pays importateur de pétrole et des
produits alimentaires, vu que la production réelle intérieure ne suffisait pas à faire manger
toute la population. Une dépréciation d’une monnaie fait augmenter le prix à l’importation, et
après ça répercute sur le prix domestique.
Ça se voit dans cette équation de long terme, que l’augmentation de la masse monétaire a un
effet positivement élevé sur le prix. Le niveau de prix croit de 0,71 après hausse d’une unité
de la masse monétaire. Ce qui vérifie l’idée avancée par Fischer (1911).
Contrairement pour faire baisser l’inflation, la BCM doit diminuer l’offre de monnaie. Afin de
maîtriser l’inflation dans notre pays, elle limite le financement bancaire de déficit de l’Etat et
les crédits à l’économie qui sont les facteurs de création monétaire.
86
A long terme, l’inflation à Madagascar est expliquée par la masse monétaire et la valeur de
l’Ariary par rapport aux monnaies étrangères, notamment le Dollar et l’Euro.
Afin de mesurer le degré de stabilité, nous déterminons le vecteur des poids correspondant
à la relation de cointégration (noté Z) pour les différentes variables du VECM.
Tableau 7 : Les poids
Z -0,044 -0,008 -0,094 -0,046 0,005
Source : Auteur
La présence des signes négatifs est normale étant donné que les poids sont interprétés comme
la vitesse moyenne de convergence vers la relation cointégrante.
On remarquera que le signe correspondant à est bien négatif, confirmant ainsi la bonne
spécification du modèle. La stabilité de prix est bel et bien atteinte à long terme car le prix
tend petit à petit vers son chantier d’équilibre.
c) Le test de Ljung-Box
Pour s’assurer que les résidus ne sont pas autocorrelés pour , il nous faut d’étudier le
correlogramme des résidus en faisant un test de Ljung-Box.
Encadré 4 : Test de Ljung-Box
Le test de Ljung-Box repose sur l’analyse de statistique Q qui est défini par
( ) ∑
La statistique Q suit aussi asymptotiquement la loi du à degrés de liberté.
Le test se déroule de la manière suivante :
H0 : les résidus sont des bruits blancs ( )
Si la probabilité du test pour (choisi) est de superieur à 0,05, on accepte l’hypothèse nulle
de bruit blanc, ce qui confirme l’absence d’autocorrelation. Sinon, on rejette l’hypothèse.
Source : Auteur
Pour un choix de lags de 10, pour un ordre k allant de 1 à 10, figurent ce correlogramme.
87
La statistique Q de Ljung-Box pour le retard h =10, affirme l’absence d’autocorrelation pour
les 4 résidus.
Les probabilités du test pour sont respectivement 0,140 ; 0,995 ; 0,577 et 0, 245
(valeurs supérieurs à 0,05), donc l’hypothèse de bruit blanc est acceptée.
Pour la série des résidus de la cinquième équation, la statistique Q de Ljung-Box pour le
retard ne confirme pas l’absence d’autocorelation. En effet la probabilité du test pour
est 0,017 inférieur à 0,05, donc l’hypothèse nulle de bruit blanc est rejetée.
Après avoir validé notre modèle VECM. Voyons maintenant le test de Causalité au sens de
Granger.
d) Test de Causalité
On peut penser que la masse monétaire influence le prix et non pas l’inverse. On peut le
vérifier avec le test de causalité de Granger. Et pour déterminer si telle variable agissait sur
telle variable, il est essentiel de passer à ce test.
Le test se déroule comme suit :
: ne cause pas au sens de Granger, si la probabilité est supérieure à 0,05, on accepte
, ce qui signifie que ne cause pas vraiment .
Sinon, on rejette l’hypothèse. C'est-à-dire que dans le cas où la probabilité est inférieure à
0,05, on peut affirmer la causalité. Le test se porte sur les séries stationnaires
On voit bien d’après le résultat du test (en annexe) que seuls le PIB, le prix et la masse
monétaire peuvent avoir une influence sur une variable.
Une variation du PIB exerce un effet sur le prix, qu’une hausse de la production réelle peut
faire baisser le niveau du prix à Madagascar. On a déjà vu cette proposition dans le
mécanisme de correction d’erreur. Seulement que le prix attend deux mois après
l’accroissement de la production.
Au sens de Granger, le prix agit sur le taux directeur de la banque centrale. On peut expliquer
ce phénomène de la manière suivante : Quand le prix est élevé, la Banque augmente le taux
directeur. Pour que le taux sur le marché monétaire va également augmenter, puisque que le
taux directeur est le taux de référence. C’est là que le Banque centrale attire les banques à
acheter des titres pour ponctionner quelques liquidités.
88
Aussi, ce qu’on a vu dans la relation de court terme que l’indice de prix à la consommation
deux mois précédent a une conséquence sur la prise de décision de la banque centrale sur la
variation du taux directeur.
Le test de causalité nous assure également qu’une variation de la masse monétaire produit un
effet sur le prix. Elle déterminera le niveau du prix à venir car une expansion monétaire se
traduit toujours à une inflation, pour les monétaristes. Ce fait a été déjà prouvé par les études
qu’on a vu dans notre équation de cointégration, et même à court terme un changement dans
la quantité de la masse monétaire entraine une inflation s’il s’agit d’une hausse et d’une
désinflation en cas d’une baisse.
Notre but dans ce mémoire est de connaitre si la politique monétaire menée par la BCM nous
permet d’atteindre l’objectif de stabilité de prix et amener vers une croissance économique.
On peut alors abusivement dire jusque-là que la politique n’est pas efficace puisque la masse
monétaire et le taux directeur qu’on a considéré comme politique monétaire n’influenceraient
pas la croissance économique, c'est-à-dire neutre vis-à-vis de l’activité économique. Mais on a
pu montrer ou même vérifier le lien qui existe entre la masse monétaire et le prix à
Madagascar.
Prouvons si on a encore le droit de dire à nouveau cette déclaration après l’analyse des
fonctions de réponses et de la décomposition de la variance de l’erreur de prévision qui
constituent les éléments de synthèse du modèle VAR.
89
Chapitre VI) Analyse des résultats
Dans ce dernier chapitre, nous allons observer si une variation du taux directeur ou de la
masse monétaire a un impact sur le prix et la croissance économique. Et finalement les limites
de la politique menée par la BCM.
VI-1) Analyse des impulsions
Les résultats des tests ont montré que les variables sont intégrées d’ordre 1, ( ) et sont
cointegrés en présentant une relation de long terme. Et ce qui nous a permis d’estimer le
modèle VECM. Avec les résultats obtenues précédemment dans le système d’équation, on a
déjà vu si telle variable influence telle variable. Dans cette section, on va étudier si la
manipulation du taux directeur donne des résultats significatifs en termes de réponse des
variables de l’économie.
VI-1-1) Analyse de la stabilité de prix
L’analyse des impulsions permet d’expliquer les influences du choc d’une des variables sur
les autres variables. Les réponses aux impulsions indiquent la réaction dans le temps des
variables aux chocs.
HAIRAULT (1995) soutient même l’idée que l’analyse de fonction de réponses et la
décomposition de la variance de l’erreur de prévision « constituent deux exercices qui
permettent de synthétiser l’essentiel de l’information contenue dans la dynamique interne
d’un système VAR. Elles mesurent l’influence relative à différents horizons, des différents
chocs dans la dynamique de chaque variable »57
.
On a représenté l’économie par le prix, et le PIB, voyons un à un l’impact de la manipulation
du taux directeur et de la variation de la masse monétaire sur ces variables.
L’instrument de politique monétaire, le taux directeur et la variation de la masse monétaire
exercent quelle réaction sur le prix ? On essaie de répondre cette question dans cette section.
La réponse de l’inflation aux chocs monétaires est marquée par des graphes. Une variation de
la masse monétaire agit sur le prix tandis que le taux directeur n’a pas d’influence.
57
Cheikh Tidiane Ndiaye, « La sensibilité de l’activité économique aux chocs monétaire et budgétaire », Laboratoire d’Economie d’Orléans, 2006, p17.
90
a) Réponse du prix au choc du taux d’intérêt
Graphique 8 : Comportement prix après une variation du taux d’intérêt
Source : Auteur
Le résultat nous révèle que l’action du taux directeur sur le prix n’est pas très significative. Ce
qui est conforme à notre résultat dans le système d’équation, que l’influence de ce taux
directeur sur le prix ne décrit rien car le coefficient correspondant est non significativement
différent de zéro. Cette réponse de prix semble conforme à celle annoncée par le test de
causalité de Granger, que le prix ne réagit pas à la variation du taux directeur.
C’est par le biais des banques qu’une décision des autorités monétaires à faire baisser ou à
augmenter le taux directeur se transmette à l’économie. Le taux de base bancaire n’est pas très
sensible à la variation de ce taux de référence. Aussi il existe des problèmes structurels au
niveau des banques comme le problème de garantie et que l’asymétrie d’information pousse
les banques à préférer financer le déficit de l’Etat à travers les bons de trésor.
b) Réponse du prix à l’expansion monétaire
Graphique 9 : Comportement du prix suite à une hausse de la masse monétaire
-.020
-.015
-.010
-.005
.000
.005
.010
.015
.020
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Response of LIPC to I
91
Source : Auteur
Suite à une augmentation de la masse monétaire, le prix réagit de manière durable. La réponse
du prix au choc monétaire est considérablement positive puisque la hausse du prix est très
importante et permanente à Madagascar. L’effet de l’expansion monétaire sur le prix a une
ampleur de 0,51% après 3 mois, et il se stabilise à 1,30% après quelques mois.
Cette croissance de l’inflation est surtout liée à la hausse de crédit de consommation mais
aussi au financement bancaire du déficit de l’Etat.
L’effet du choc tend à accentuer sur le long de la période. Ce qui a été dit dans le modèle
offre-demande globale.
La théorie quantitative de la monnaie affirme aussi cette situation que la monnaie ne fait
qu’augmenter l’inflation. Et la BCM s’est basé sur cette théorie, c’est pourquoi elle a choisi la
masse monétaire comme objectif intermédiaire de stabilité de prix.
Le test de causalité de Granger a affirmé que la production a des répercussions sur le prix
Alors voyons l’impact d’une variable de la production sur le prix.
c) Réponse du prix à la variation de la production
Graphique 10 : Comportement du prix suite à une croissance économique
-.020
-.015
-.010
-.005
.000
.005
.010
.015
.020
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Response of LIPC to LM
92
Source : Auteur
D’après ce graphe, une augmentation de l’activité économique faire descendre le prix. Un
choc positif sur l’activité économique se traduit sur l’inflation par une réaction à la baisse sur
le court terme, certifiant la sensibilité du prix au choc affectant l’activité pour atteindre la
valeur -0,00691 ou de 0,69% en cinquième mois.
On remarque aussi qu’après avoir diminué, le prix monte et revient à son niveau normal.
Après 20 mois, le choc n’a plus d’effet sur le prix. L’accroissement de l’inflation à partir de la
cinquième période semble être dû à la réaction de la BCM à faire diminuer le taux directeur
pour relancer encore plus l’activité en visant la baisse de prix (réponse du taux d’intérêt au
choc du PIB en annexe). Or que les crédits de consommation augmentent avec les crédits
d’investissement. Et que le prix est sensible au choc de la masse monétaire.
Dans la relation de cointégration, on a vu qu’une appréciation de la monnaie nationale fait
diminuer aussi le prix vérifions ce résultat avec l’analyse d’un choc du taux de change sur le
prix.
d) Réponse du prix au choc du taux de change
Il faut aussi penser à l’inflation importé car le secteur extérieur peut influencer le prix à
Madagascar mais pas une inflation d’origine monétaire seulement.
Graphique 11 : Comportement de prix suite à une appréciation de l’Ariary
-.020
-.015
-.010
-.005
.000
.005
.010
.015
.020
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Response of LIPC to LPIBR
93
Source : Auteur
Une appréciation de la monnaie nationale agit sur le prix. Elle provoque une baisse de
l’inflation dès le quatrième mois. Cependant, l’impact n’est pas considérable qu’à partir de
dixième mois.
Cette situation peut être bénéfice pour l’économie Malgache. La BCM a intérêt à diriger son
intervention sur le marché interbancaire de devises vers une appréciation de l’Ariary pour
minimiser le coût inflationniste d’une politique expansionniste. Comme le rôle de la politique
monétaire est de maitriser l’inflation. La politique monétaire est perçue comme étant
appropriée pour atténuer les menaces inflationnistes qui sévissent dans toutes les économies58
.
Même si une appréciation fait détériorer le compétitivité-prix du pays, la BCM doit trouver
des solutions pour faire apprécier la monnaie nationale. On connaît qu’une stabilité de prix
réduit les risques d’investissement, ce qui est favorable pour relancer la croissance, alors il est
nécessaire d’apaiser ce biais inflationniste.
Mais en sens inverse notons qu’une dépréciation de l’Ariary fait apparaitre une montée du
niveau de prix car le prix est très sensible au choc du taux de change. Et c’est ce dernier cas
qu’on constate d’habitude dans l’économie Malgache puisque l’Ariary s’est souvent déprécié
et on sait aussi que Madagascar est un pays importateur surtout du pétrole. Ce qui certifie la
présence d’une inflation importée dans notre pays.
58
Cheikh Tidiane Ndiaye, « La sensibilité de l’activité économique aux chocs monétaire et budgétaire », Laboratoire d’Economie d’Orléans, 2006, p2.
-.020
-.015
-.010
-.005
.000
.005
.010
.015
.020
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Response of LIPC to LTCER
94
VI-1-2) Analyse du taux de change et de la production
a) Contrôle du taux de change
Le taux de change constitue la variable de contrôle de la BCM, même si le change est déjà
flexible depuis 1995, la banque centrale peut intervenir sur le marché interbancaire de devises
pour limiter modérément la volatilité de ce taux, et de rééquilibrer le marché voire satisfaire
l’objectif de réserves de change.
Examinons si elle peut vraiment contrôler le change, à partir d’une réponse de l’offre
monétaire suit à un choc de change.
Graphique 12 : Comportement de la masse monétaire suite à un choc du taux de change
Source : Auteur
On peut dire que la BCM a le contrôle de ce taux car la volatilité du change ne se répercute
pas sur la masse monétaire qui est l’origine de l’inflation à Madagascar. L’offre de monnaie
reste invariante vu qu’elle essaie d’éviter une volatilité trop importante du taux de change
nominal à très court terme, en intervenant sur le marché.
L’idée d’une politique d’intervention sur le marché dans le but de faire apprécier l’Ariary
pour maitriser le biais inflationniste est soutenable car l’appréciation du change réel n’agit pas
sur l’offre monétaire.
Ainsi on peut dire que la politique expansionniste doit être suivie par une politique
d’intervention de la banque centrale sur le MID.
-.005
.000
.005
.010
.015
.020
.025
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Response of LM to LTCER
95
Est-ce que une variation au niveau de la politique monétaire a un impact sur l’activité de
production à Madagascar.
b) Comportement de la production suite à un choc du taux directeur
Graphique 13 : Comportement de la production suite à une variation du taux d’intérêt
Source : Auteur
L’impact du choc du taux directeur sur l’activité économique n’est pas très significatif même
si il est durable. La production nationale n’est pas sensible à la variation du taux directeur. On
peut expliquer cette situation par le fait que :
Même si la BCM diminue le taux directeur pour relancer l’économie, les banques ne baissent
pas leurs taux pour promouvoir l’investissement. Ce taux ne sert plus de référence au taux des
bases bancaires, il n’est maintenant qu’un signal. Sa modification donne l’orientation de la
politique monétaire, si c’est expansionniste ou restrictive mais sa transmission à l’économie
est de faible ampleur. Et même les ressources bancaires ne sont pas suffisamment canalisées
vers le financement des activités du secteur privé en raison du contexte économique difficile
et de l’imprévisibilité de l’environnement des affaires, surtout depuis la crise de 2009, elles
étaient de plus en plus attirées par le marché des Bons du Trésor par Adjudication (BTA).
D’après le modèle ISLM, une baisse du taux d’intérêt stimule l’investissement pour rétablir
l’équilibre sur le marché des biens après une hausse de la demande dû à l’excès d’offre de
monnaie. Dans le cas de Madagascar, ce mécanisme de transmission n’est pas admissible.
-.005
.000
.005
.010
.015
.020
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Response of LPIBR to I
96
L’économie correspond à une situation où la courbe IS est verticale car l’investissement dans
notre pays est insensible à une baisse du taux directeur. Ainsi la politique devient inefficace.
Si c’est ça le comportement de l’activité de production suite à une variation du taux directeur,
voyons sa conduite après une hausse de l’offre de monnaie.
c) Réponse de la production au choc monétaire
KHAN et KNIGHT59
obtiennent à partir de leur modèle que, pour des pays en développement,
une hausse de 10% de l’offre de monnaie issue de la hausse des crédits bancaires fait
augmenter le PIB réel de 0,5%.
Examinons si c’est aussi vérifié pour le cas de Madagascar.
Graphique 14 : Comportement de la production suite à une expansion monétaire
Source : Auteur
On peut dire que l’influence exercée par la hausse de la masse monétaire sur la croissance
économique n’est pas considérablement différent de zéro.
La monnaie a plutôt restée neutre vis-à-vis de l’activité économique. La théorie quantitative
de la monnaie est vérifiée à Madagascar, un choc monétaire ne se traduit qu’à une inflation
mais également celle de SIDRAUSKI, qui stipule que la monnaie ne procure qu’un flux de
services pour défendre sa fonction d’instrument d’échanges.
59
Kako NUBUKPO, « Efficacité de la politique monétaire de la banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest depuis la libéralisation de 1982 », 2003, p19
-.005
.000
.005
.010
.015
.020
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Response of LPIBR to LM
97
L’expansion monétaire n’accroît pas l’activité économique car la croissance de l’offre de
monnaie est souvent expliquée par l’utilisation par l’Etat des ressources bancaires qui
constitue une source importante de création monétaire et un excès de crédit de consommation
à la disposition des agents privés, une situation qui n’est pas bénéficiaire pour l’économie.
Par rapport à l’effet du choc au prix, l’effet prix l’emporte, l’effet quantité est nul. C'est-à-dire
que si on compare la réponse de l’inflation après une hausse de la masse monétaire à celle de
la production, on peut soutenir que la relance de l’économie par une politique monétaire
expansionniste est inefficace à Madagascar. On a déjà vu que peut être une appréciation de
l’Ariary pourrait la rendre efficace.
L’étude précédente, basée sur les fonctions de réponses peut être complétée par une étude de
la décomposition de la variance de l’erreur de prévision. Ce qui nous amène à entrer dans la
section suivante, pour illustrer cette décomposition.
VI-2) La décomposition de la variance de l’erreur de prévision
Cet examen de décomposition de la variance est important pour nous permettre d’apprécier
l’impact des différents chocs sur une variable à différents horizons.
L’objectif est de calculer la contribution de chacune des innovations à la variance de l’erreur
en pourcentage. Quand une innovation explique une part importante de la variance de l’erreur
de prévision, il est noté que la variable est très sensible aux chocs affectant cette série.
VI-2-1) Décomposition de la variance du prix
On a pris dans le tableau comme horizon 5 mois et dans le graphe (annexe 5), 2 ans.
Tableau 8 : Décomposition de la variance de l’erreur de prévision de l’inflation
Périodes p y e i m
1
2
3
4
5
100
97,855
91,283
84,349
78,801
0
0,156
2,935
5,974
7,880
0
0,074
0,115
0,079
0,137
0
0,005
0,021
0,065
0,082
0
1,910
5,646
9,533
13,100
98
Source : Auteur
La décomposition de la variance de l’erreur de prévision indique que pour la première période,
l’inflation provient de ses propres innovations. C’est au deuxième mois que les chocs des
autres variables l’impacter. 1,91% du prix est dû aux modifications de la masse monétaire ;
0,156% de la variance de l’erreur de prévision résulte des changements au niveau de la
production nationale ; 0,005% est la conséquence des innovations du taux directeur ; 97,855%
provient de ses propres innovations et le reste c'est-à-dire 0,074 est attribuable à l’inflation
importée.
On voit bien que plus le temps avance, plus la répercussion de la masse monétaire sur le prix
augmente, et c’est le choc de cette variable qui a une forte pourcentage dans la description de
la variabilité du prix. Ce qui justifie l’effet positif et significatif de l’offre de monnaie sur
l’inflation et la sensibilité du prix au choc monétaire.
Les graphes relatifs à la décomposition de la variance de l’erreur de prévision nous fait voir
qu’aux termes de deux ans, le choc de l’inflation correspond à moins de 30% de la variabilité
du prix ; le choc de l’offre de monnaie parvient jusqu’à 40% ; et le choc du taux de change
monte pour atteindre un pourcentage de 25% dans la décomposition. Le taux d’intérêt ne
figure pas dans la décomposition de la variance du prix et pour la production nationale, elle ne
représente que 5% de l’inflation.
Ceci nous prouve encore que l’inflation est d’origine monétaire à Madagascar.
Dans un délai de deux ans seulement, le pourcentage du choc de l’expansion monétaire dans
la décomposition de la variance de l’erreur du prix dépasse celui de ses propres innovations
même. Modèle de l’offre-demande globale nous a enseigné que l’effet-prix est permanent et
devient de plus en plus intense au fil du temps.
On peut avancer que le niveau général de prix à Madagascar réagit le plus au choc monétaire
à court, moyen et long terme. Ces résultats sont conformes à ceux obtenues sur la fonction de
réponse.
Par rapport à l’impact des chocs des autres variables, les innovations de l’offre de monnaie
contribuent essentiellement à la hausse du prix dans notre pays et suivi par l’inflation importé
qui décrit le quart de cette hausse, vu que Madagascar importait beaucoup des produits
pétroliers et des produits alimentaires.
99
VI-2-2) Décomposition de la variance de la production
Tableau 9 : Décomposition de la variance de l’erreur de prévision de la production
Périodes p y e i m
1
2
3
4
5
0,060
0,162
0,536
0,969
1,300
99,940
99,736
99,218
98,691
98,308
0
0,080
0,158
0,195
0,181
0
0,007
0,067
0,105
0,121
0
0,015
0,021
0,040
0,090
Source : Auteur
En premier mois, seuls des innovations du prix ont une part d’attribution dans la production.
La décomposition de la variance de l’erreur de prévision dans ce tableau nous montre qu’en
deux mois, 99,736% du PIB provient de ses propres changements ; 0,162% de la variance tire
son origine aux innovations du prix, 0,015% et 0,080% représentent respectivement le taux de
change et la masse monétaire dans la variabilité de l’activité économique et seulement 0’007%
qui est dû aux variations du taux directeur. On rend compte que l’influence du taux directeur
sur la croissance économique est de très faible ampleur. C’est pourquoi une variation de ce
taux après une décision de la BCM, ne se transmis pas à l’économie nationale.
La variabilité de la croissance économique ne dépend que de ses propres innovations, puisque
les contributions du taux de change, du taux directeur et de la masse monétaire dans la
production nationale ne prennent pas de valeurs positives, elles sont nulles et celle du prix
n’est que 3% seulement. On a pu apprécier cette contribution des variables après une analyse
des graphes de la décomposition de la variance de l’erreur de prévision de la production
Malgache (en annexe), à l’horizon de vingt-quatre mois.
VI-2-3) Cause de la faible efficacité de la politique monétaire
Une décision des autorités monétaires se transmis à l’économie par les canaux de
transmission de la politique monétaire.
La théorie économique distingue plusieurs canaux de transmission. Citons quelques-uns.
Une baisse des taux affecte les revenus des agents économiques, adoucie les charges
financières des emprunteurs et fait baisser les revenus financiers des prêteurs.
100
L’augmentation de l’offre de monnaie accroit les passifs des banques, les
établissements de crédit ont alors l’opportunité de développer leur offre de crédit.
Une modification du taux directeur provoque une variation des taux bancaires et
ensuite influe sur la demande des biens. Ainsi une baisse du taux d’intérêt incite les
agents économiques à emprunter pour les dépenses de consommation et
d’investissement.
Est Ŕ ce que cette théorie est vérifiée pour le cas de Madagascar ?
Le fait que 99% de la variance de l’erreur de prévision de la production nationale soit due à
ses propres innovations révèle l’absence d’un effet réel de la fluctuation du taux d’intérêt et de
la masse monétaire sur l’activité économique.
Pour l’inflation, l’influence du taux directeur est faible, tandis qu’une variation de la masse
monétaire a un impact durable sur le prix.
Quelles explications pourraient être la raison de ces faits ?
Certains nombres de problèmes structurels causent cette faible efficacité de la politique
monétaire à Madagascar.
o Malgré l’intervention de la banque centrale sur le marché monétaire, l’excédent de
liquidités bancaires persiste. Insuffisance des instruments de ponction compte tenu de la
surliquidité, il faut chercher d’autres instruments ou reformuler les instruments existants.
o Le financement du déficit de l’Etat par les bons de trésor par adjudication provoquait une
inflation. Le pourcentage trop élevé de financement bancaire du déficit de l’Etat produit
une hausse de prix, puisque ce dernier est expliqué en grande partie par la masse
monétaire.
o L’excès des crédits à la consommation, les banques allouent beaucoup de crédit à la
consommation.
o La BCM n’est pas certainement transparente .la Banque centrale ne diffuse pas
largement les informations , elle ne communique que certaines seulement à travers sa
publication dans le site web ,comme rapports annuels et les instructions .Ainsi,
l’asymétrie d’information existe entre la Banque centrale et les agents économiques .Vis
à vis des banques , la BCM ne fait le communiqué de son intervention sur le marché
monétaire que le jeudi.
101
Une baisse du taux directeur se répercute sur les taux débiteurs des banques, ce qui engendre
une hausse de la demande de crédit bancaire et une augmentation des investissements et de la
consommation et ensuite induit une hausse de la production nationale.
Or, pour Madagascar le taux directeur n’est qu’un signal envoyé aux opérateurs économiques
et aux banques concernant l’orientation de la politique monétaire.
Le non répercussion de la variation du taux d’intérêt sur la croissance économique
nécessiterait des commentaires.
Une variation du taux directeur ne pourrait pas contribuer à l’augmentation du PIB. Ceci est
dû au fait qu’un changement du taux directeur n’exerce pas d’effet significatif sur les taux
débiteurs des banques .C’est à dire qu’après une baisse du taux directeur, les banques ne
diminuaient leurs taux débiteurs qu’infime. C’est pourquoi utiliser le taux directeur comme
un instrument est encore inefficace.
Comme toutes entreprises, les banques cherchaient de profits. En plus les banques à
Madagascar ne sont pas des banques d’investissements mais des banques commerciales.
Les taux débiteurs dépendent aussi de leur classement des clients .Les clients privilégiés
obtiennent un crédit avec un taux minimum .Pour les autres clients, le taux est élevé.
Il y existe un autre problème, plus le taux des bons de Trésor (BTA) est bas, plus les banques
préfèrent allouer de crédit à la consommation pour ponctionner leurs excédents de liquidité .
On sait qu’un crédit de consommation est une source d’inflation . Car c’est un facteur de
création monétaire qui ensuite fait augmenter la demande globale par rapport à la production.
Il y a également le problème de fonds de garantie à la banque. Pour un projet présenté à la
banque, il faut plus de garantie avant d’obtenir un crédit. Avec les critères des clients et le
problème de garantie, les agents économiques sont réticents à un emprunt à la banque pour
faire de l’investissement.
L’instabilité politique à Madagascar provoquait un climat non favorable pour un
investissement. L’impact d’une variation du taux directeur est de faible ampleur, dû aussi à
l’aversion au risque à l’investissement.
Du fait que la majeure partie de la population se trouve dans le secteur agricole et n’accède
pas ainsi au financement bancaire, à travers le crédit. Alors l’autoconsommation et l’auto
investissement existent encore. Pourtant des institutions financières s’installaient dans les
zones rurales, mais les habitants de la campagne ne veulent pas emprunter, même à un taux
102
faible. De même, cette situation explique le fait que, pourquoi la variabilité de la production
est due à ses propres innovations.
Depuis la crise de 2009, la politique monétaire de la BCM se consacre à la gestion de la
liquidité bancaire pour limiter l’inflation, pas pour relancer l’économie.
Une variation du taux directeur n’a pas d’effet réel sur l’économie Malgache .Une baisse du
taux directeur n’agit pas sur le niveau des taux débiteurs des banques. Pour les banques à
Madagascar avec leur statut de banques commerciales, la priorité pour elle est la recherche de
profit. Elles allouent plus de crédit de consommation que de crédit d’investissement. Or le
principal déterminant de l’inflation du pays est l’inflation d’origine monétaire. Cependant
notre résultat n’exclut nullement pas l’influence du taux de change sur l’évolution des prix.
De cette façon l’objectif final de stabilité de prix n’est pas atteint.
La faible efficacité de la politique monétaire provient d’ autre part de la banque centrale elle-
même. On a vu que la BCM pratique une politique plutôt discrétionnaire et elle essaye
d’entamer pas à pas la politique de règle.
L’incohérence temporelle et le biais inflationniste rend sa politique inefficace. L’incohérence
temporelle vu qu’elle prenne des décisions différentes pour un même problème et le seuil du
financement bancaire du déficit public dans le programme monétaire pour maîtriser l’inflation,
en début de l’année devient plus optimale après. Le programme monétaire restait confidentiel
pour que les agents privés ne connaissent pas le taux d’inflation visé, les différents seuils de
financement et les autres valeurs des agrégats macroéconomiques.
Pour Kydland et Prescott, l’adoption d’une règle de conduite est la solution pour que la
banque soit crédible et que la politique soit efficace. Et Madagascar se trouve parmi les pays
qui ne sont pas encore en mesure de mener une politique de règle. D’autres auteurs proposent
des solutions envisageables pour les pays qui ne peuvent pas s’engager.
On ne va pas remettre en cause la question de ciblage d’agrégats avec ce qu’a été avancé par
Svensson (1995), que le ciblage d’inflation permet à une banque centrale d’atteindre le taux
d’inflation socialement optimal, vu qu’on a pu vérifier que l’inflation est d’origine monétaire.
En plus de la délégation de pouvoir à la banque centrale et son indépendance qui est déjà
établi à Madagascar, Mc Callum (1995) et Jensen (1996) soutiennent qu’il est exigé de mettre
en place un « coût de rupture de contrat » comme le licenciement du gouverneur et l’arrêt du
primes des employés de la banque au cas où ils n’honorent pas ses contrats, ce qui est
impossible dans le pays actuellement, puisqu’il entraine une grève.
103
La stratégie de mécanisme de la punition de Barro et Gordon peut être une solution pour la
BCM. Tant que la banque centrale n’atteint pas la cible d’inflation dans le programme général
de l’Etat, les entrepreneurs et les banques la punit en anticipant une inflation plus élevée qui
se traduit par la suite par une réticence des entrepreneurs à investir et des banques à octroyer
des crédits d’investissement vu l’incertitude sur l’environnement économique.
Mais la banque centrale s’en fiche de la punition qu’elle va recevoir par les agents privés
quand elle ne parvienne pas à aboutir à la stabilité de prix, ou même qu’elle ne confronte
même pas le gain de tricher et le coût de la tricherie à l’économie malgache si elle ne respecte
pas le seuil du financement bancaire du déficit public. Or ce financement constitue le facteur
de création monétaire qui est à l’origine de l’inflation. Le gain peut être défini par
l‘accomplissement des dépenses de fonctionnement de l’Etat, voire l’exécution des pressions
provenant des autorités politiques. Tandis que la perte est déterminée par une inflation élevée
et une croissance minimale. Avant de tricher la banque doit apprécier ce gain par rapport au
coût.
Une amélioration de mécanisme de transmission de la politique monétaire au secteur réel
s’avère indispensable. L’inefficacité d’une politique du taux directeur nous amène à envisager
d’autres leviers susceptibles d’accroître l’efficacité de la politique monétaire à Madagascar.
Toutefois l’implantation d’un autre schéma de financement du déficit public et une solution
pour mobiliser l’épargne du secteur non bancaire sont aussi essentiels.
L’inflation à Madagascar est largement liée à la masse monétaire. Or la contribution du taux
directeur et la masse monétaire dans la variabilité de la croissance économique sont infimes.
Aussi la variation du taux directeur ne se transmit pas à l’économie.
Cette faible efficacité est dû tant à la faible sensibilité des taux débiteurs des banques après
un changement du taux directeur ; à des autres facteurs comme les banques allouent de crédit
de consommation que de crédit d’investissement, problème de fonds de garantie ; à la non
accès de la population rurale qui constitue une grande partie de la population Malgache, au
financement bancaire ; et enfin au statut la banque centrale dans la mise en œuvre de la
politique.
104
Conclusion
105
Au début, on s’est posé la question si le type de politique monétaire dirigée par la Banque
Centrale de Madagascar (BCM) lui permet à arriver à son objectif de stabilité ou non.
L’objectif de la présente étude consiste alors à définir le type de politique monétaire
Malgache et à analyser la transmission de la politique à l’économie.
On a su déterminer que la politique menée par la banque centrale du pays est basé par une
politique dite discrétionnaire. Pourtant même si elle ne suit pas une règle, elle essaye d’être
transparente en publiant des documents d’information.
L’étude de l’impact de la politique monétaire à travers le modèle VAR avec le mécanisme de
correction des erreurs, nous révèle qu’un choc positif sur le taux directeur se traduit par une
hausse non significative du prix et l’effet sur l’activité économique n’est pas considérable.
Aussi, on a la possibilité d’affirmer que l’inflation est d’origine monétaire et que la
dépréciation de l’Ariary provoquait une hausse du prix, vu que Madagascar est un pays
importateur.
D’ailleurs, les banques octroient plus de crédit de consommation que de crédit
d’investissement. Et le financement monétaire du trésor public qui est considéré comme le
facteur de création monétaire ainsi que cet accroissement du crédit de consommation
provoquent une inflation puisque le prix réagit de manière importante après une augmentation
de la masse monétaire. Et qu’une politique expansionniste ne produit pas une montée de
l’activité économique.
On peut en tirer la conclusion, qu’une décision de politique n’agit seulement que sur le prix,
c'est-à-dire que l’effet prix emporte par rapport à l’effet quantité et que l’utilisation du taux
directeur comme instrument est inefficace maintenant.
Ainsi une amélioration des mécanismes de transmission de politique monétaire au secteur réel
s’avère indispensable à Madagascar.
La Banque Centrale de Madagascar (BCM) a peur de mettre en jeu sa crédibilité si l’objectif
n’est pas atteint en suivant une règle de conduite. C’est pourquoi, elle préfère mener une
politique plutôt discrétionnaire, en essayant quand même d’être transparente et adoptant sa
décision en référant au programme monétaire.
106
On peut dire que la BCM chemine petit à petit vers une mise en place de la politique de règle.
La crainte de perdre sa crédibilité et la manque de structure favorable au ciblage d’inflation la
poussent à ne pas changer aussitôt sa politique.
Or les partisans du politique de règle garantissaient qu’en plus d’être efficace, on peut
restaurer la crédibilité d’une banque centrale en instaurant une règle monétaire et également
en l’accordant une indépendance totale.
La mise en place d’une règle de jeu pourrait- elle rendre efficace la politique de la Banque
Centrale de Madagascar, en éliminant ce biais inflationniste ?
VII
Annexe
VIII
Annexe 1 : Organigramme de la BCM
Source : BCM
IX
Annexe 2 : Equation de l’inflation
Dependent Variable: INFOBS Method: Least Squares Date: 11/06/13 Time: 15:57 Sample: 1995M01 2013M04 Included observations: 220
VAR Lag Order Selection Criteria Endogenous variables: LIPC LPIBR LTCER I LM Exogenous variables: C Date: 09/06/13 Time: 15:34 Sample: 1995M01 2011M12 Included observations: 196
Lag LogL LR FPE AIC SC HQ 0 921.4972 NA 5.97e-11 -9.352012 -9.268387 -9.318156
LR: sequential modified LR test statistic (each test at 5% level) FPE: Final predictionerror AIC: Akaike information criterion SC: Schwarz information criterion
XV
HQ: Hannan-Quinn information criterion
Cointégration Date: 09/06/13 Time: 00:57 Sample (adjusted): 1995M03 2011M12 Included observations: 202 afteradjustments Series: LIPC LPIBR LTCER I LM Lags interval (in first differences): 1 to 1
Unrestricted Cointegration Rank Test (Trace) Hypothesized Trace 0.05
No. of CE(s) Eigenvalue Statistic Critical Value Prob.** None * 0.223579 91.26062 69.81889 0.0004
Trace test indicates 1 cointegratingeqn(s) at the 0.05 level * denotes rejection of the hypothesis at the 0.05 level **MacKinnon-Haug-Michelis (1999) p-values
Robert Lavigne, Rhys R.Mandes et Subrata Sarkar, « Les régimes de ciblages de l’inflation :
l’expérience internationale récente », In Revue de la Banque du Canada, Printemps 2012,
pp17-31.
Simon Yannick Fouda Ekobena, « Politique monétaire et croissance économique en zone
CEMAC : une approche en donnée de panel », Université de Yaoundé, Octobre 2013, 25p.
XXX
Sylvianne Guillaumont Jeannenay, « Conduite de la politique monétaire : défis et
perspectives, le cas de l’UMOA », 2012, 18p.
Tiarinisaina Olivier RAMIANDRISOA, « La dévaluation a-t-elle un effet récessif ?, Cas de
Madagascar », Madagascar, 2006, 36p.
XXXI
Liste des tableaux
Tableau 1 : Jeu entre la banque centrale et les agents économiques………………………...16
Tableau 2 : Classification des pays ayant adopté le ciblage de l’inflation par type de régime de
change ………………………………………………………………………………………36
Tableau 3 : Test de stationnarité…………………………………………………………….76
Tableau 4 : Valeurs des critères……………………………………………………………..78
Tableau 5 : Analyse de la cointégration……………………………………………………..81
Tableau 6 : Détermination de vecteur de cointégration……………………………………..84
Tableau 7 : Les poids………………………………………………………………………..86
Tableau 8 : Décomposition de la variance de l’erreur de prévision de l’inflation…………..97
Tableau 9 : Décomposition de la variance de l’erreur de prévision de la production………99
Liste des encadrés
Encadré 1 : Test de Dickey- Fuller…………………………………………………………………77
Encadré 2 : Test de Dickey Ŕ Fuller Augmenté…………………………………………….78
Encadré 3 : Test de cointégration…………………………………………………………...80
Encadré 4 : Test de Ljung-Box……………………………………………………………...86
XXXII
Liste des graphiques
Graphique 1: Intervention sur le marché monétaire………………………………………48
Graphique 2 : Ecart entre la cible d’inflation et l’inflation observée……………………..57
Graphique 3 : Evolution du produit intérieur brute réel…………………………………..68
Graphique 4 : Evolution de l’indice de prix à la consommation………………………….69
Graphique 5 : Evolution du taux de change réel effectif …………………………………70
Graphique 6 : Evolution du taux directeur………………………………………………..72
Graphique 7 : Evolution de la masse monétaire…………………………………………..73
Graphique 8 : Comportement prix après une variation du taux d’intérêt…………………90
Graphique 9 : Comportement du prix suite à une hausse de la masse monétaire…………90
Graphique 10 : Comportement du prix suite à une croissance économique………………91
Graphique 11 : Comportement de prix suite à une appréciation de l’Ariary……………...92
Graphique 12 : Comportement de la masse monétaire suite à un choc du taux de change..94
Graphique 13 : Comportement de la production suite à une variation du taux d’intérêt….95
Graphique 14 : Comportement de la production suite à une expansion monétaire………..96
XXXIII
Table de matières REMERCIEMENTS ........................................................................................................................ I
Résumé ....................................................................................................................................... II
Abstract ..................................................................................................................................... III
Sommaire .................................................................................................................................. IV
Acronymes .................................................................................................................................. V