INSTITUT SUPÉRIEUR DE RÉÉDUCATION PSYCHOMOTRICE 9 bis, rue du Bouquet de Longchamp – 75116 PARIS PSYCHOMOTRICITÉ AU CAMEROUN: QUELQUES SPÉCIFICITÉS Mémoire présenté par : CHATOT Lauriane En vue de l’obtention du diplôme d’état de psychomotricité Maître de Mémoire : Emilie Baudet, Philippe Scialom Juin 2011
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PSYCHOMOTRICITÉ AU CAMEROUN · INSTITUT SUPÉRIEUR DE RÉÉDUCATION PSYCHOMOTRICE 9 bis, rue du Bouquet de Longchamp – 75116 PARIS PSYCHOMOTRICITÉ AU CAMEROUN: QUELQUES SPÉCIFICITÉS
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INSTITUT SUPÉRIEUR DE RÉÉDUCATION PSYCHOMOTRICE 9 bis, rue du Bouquet de Longchamp – 75116 PARIS
PSYCHOMOTRICITÉ AU CAMEROUN:
QUELQUES SPÉCIFICITÉS
Mémoire présenté par :
CHATOT Lauriane
En vue de l’obtention du diplôme d’état de psychomotricité
Maître de Mémoire : Emilie Baudet, Philippe Scialom Juin 2011
REMERCIEMENTS
A Emilie BAUDET, maître de mémoire et de stage qui m’a guidée et m’a fait
partager sa rigueur, ce qui s’est avéré extrêmement utile tout au long de l’élaboration
de ce mémoire.
A Philippe SCIALOM, maître de mémoire et tuteur du projet extra-académique au
Cameroun, qui m’a encouragé et soutenu dans ce travail, malgré son emploi du temps
chargé.
A Françoise SELMI pour toutes ses connaissances et références bibliographiques.
J’espère que nous aurons d’autres occasions de discuter de la psychomotricité à
travers nos voyages.
A Sœur Catherine Dominique NGO NGUE, directrice de l’IPPR, sans qui ce projet
n’aurait peut être jamais vu le jour. Sa ténacité et son courage permettent à cette
école de vivre et de se développer. Merci à son accueil chaleureux.
A Sophie LIMOUZIN, mon binôme et amie avec qui j’ai découvert le Cameroun pour
la première fois.
A Delphine, Adeline et François pour ce séjour au Cameroun, pour ces aventures
animalières et leur soutien.
A Gaëlle, pour sa relecture pertinente et son aide.
A toute l’équipe pédagogique de l’IPPR et les psychomotriciens camerounais pour
leur accueil, leur hospitalité et leur participation à ce projet.
Et bien sûr, ceux sans qui tout ce travail n’aurait eut aucun sens, tous les étudiants
de l’IPPR qui m’ont communiqué l’amour de leur pays et de leur culture. Ils m’ont fait
découvrir leur psychomotricité. Merci pour tous ces bons moments, en espérant qu’il y
en aura d’autres.
A tous mes proches pour leur soutien inconditionnel et indispensable. Merci de
m’avoir soutenue cette année.
RESUMÉ
La psychomotricité se développe à travers le monde, c’est un fait incontestable.
Peut-on pour autant parler d’ethno-psychomotricité ?
En retraçant les sept ans d’histoire de cette discipline naissante au Cameroun,
nous interrogeons les intérêts de son implantation dans un pays encore fortement
attaché à des traditions et à une culture qui diffèrent tant de ce que nous connaissons
en France. Les particularités africaines de la relation au corps, de la perception du
temps ou de l’espace, de la conception du soin influencent-elles fondamentalement la
pratique professionnelle ? Les interactions entre les étudiants français intervenant au
Cameroun et les Camerounais, étudiants ou professionnels ont-elles du sens compte
tenu de ces différences ? Contribuent-elles à développer « LA » psychomotricité ou
« des » psychomotricités ?
MOT CLÉS : Ethno-psychomotricité – Cameroun – corps et culture – recherche – temps –
It is a widely acknowledged fact that psychomotricity is developing on a
worldwide scale, but can we really describe this trend in terms of ethno-
psychomotricity?
Looking back on the brief history of a field that emerged only seven years ago in
Cameroon, we can question the relevance of its setting up in a country that is still so
strongly tied up to tradition and within a culture that so greatly differs from ours in
France. Do the African specificities, in terms of people’s relationship, to their body,
their perception of time and space, and their approach to care have an impact on
professional practice? Taking those cultural differences into account, how does it make
sense to have French students interact with students and professionals from
Cameroon? Does it contribute to developing psychomotricity as a whole or rather
various “psychomotricities”?
KEYWORDS: Ethno-psychomotricity – Cameroon – body & culture – research –
time – space – mediation – indication – interdisciplinarity – teaching
I
Avant-propos
Je propose ici, quelques pistes qui expliquent le choix de ce thème de travail et la façon
dont il a été écrit. En effet, certains éléments de ma vie personnelle entrent en jeu dans ce
travail mais n’ont pas lieu d’être cités dans le protocole de rechercher ni même au sein du
texte.
Au début de la formation en psychomotricité, j’ai, tout comme l’ensemble des
étudiants, adhéré à un Projet Extra-Académique (PEA)1. Dès la première année, nous avait
été présenté ce fameux « PEA Cameroun ». Etant une amoureuse inconditionnelle de
l’Afrique, il m’était impossible de manquer une telle occasion… C’était décidé, je ferais partie
du PEA Cameroun ! J’ai passé toute mon enfance et une partie de mon adolescence, soit
douze années, en Côte d’Ivoire. Rentrée en France suite aux évènements politiques de 2004,
je n’attendais qu’un prétexte pour retourner à Abidjan (capitale économique de la Côte
d’Ivoire), voire en Afrique centrale ou en Afrique de l’ouest. En outre, j’ai toujours eu à cœur
de m’engager dans une mission humanitaire. Ce PEA me permettait donc de répondre à mes
envies tout en restant proche d’une activité préprofessionnelle relative à la psychomotricité.
C’est lors de mon premier voyage à Douala, en février 2010, et de ma toute première
intervention auprès des étudiants de première année à l’Institut Panafricain de
Psychomotricité et de Relaxation (IPPR) que j’ai saisi toute l’importance de la culture
traditionnelle dans la pratique psychomotrice. En effet, ma collègue et moi proposions aux
étudiants de faire passer les épreuves de ballant et d’extensibilité par deux, quand nous
avons observé de surprenantes réactions de leur part. Nous avons alors compris que la place
du corps au Cameroun n’était visiblement pas la même qu’en France. Puis très vite, nous
nous sommes aperçues qu’il en était de même pour les rapports homme/femme et le
toucher. Le dépaysement et la confrontation à cette nouvelle culture se sont prolongés tout
au long du séjour.
Malgré toute notre bonne volonté et mon expérience personnelle de l’Afrique, nous
avons compris que nous étions arrivées avec de nombreux préjugés sur les relations
humaines, professionnelles ou non, qui tout au long du séjour sont tombés les uns après les
1 PEA : projet extra académique. Projet déjà existant ou à créer auquel chaque étudiants est tenu d’adhérer en début
d’année scolaire. Les thèmes sont variés : recherche, promotion de la psychomotricité ou projet d’aide national ou international. Chaque PEA est coordonné par un psychomotricien professionnel. Les étudiants sont évalués sur un dossier écrit ainsi qu’une soutenance oral en fin d’année scolaire.
II
autres. En effet, après douze ans de vie en Côte d’Ivoire, j’avais inconsciemment fait un
raccourci en considérant que le Cameroun et la Côte d’Ivoire ne devaient pas être bien
différents. Après tout, cela restait l’Afrique…
Pendant la mission, nous étions hébergées au sein même du bâtiment administratif de
l’IPPR. L’école fait partie d’une congrégation de religieuses qui accueille dans son enceinte
un « collège » (en réalité, un collège et un lycée, donc des jeunes de la 6e à la terminale). Ces
jeunes sont en classe toute la semaine et assistent à la messe le samedi et/ou le dimanche. Il
y a donc en permanence du passage, du bruit et du monde autour du bâtiment dans lequel
nous dormions. Après quelques jours difficiles, nous nous sommes pleinement adaptées à
cette vie en collectivité. Ayant grandi dans une culture africaine, j’ai rarement été seule et
suis donc habituée à me déplacer pour provoquer la rencontre et la discussion avec les gens.
A Douala, il en est allé de même : les étudiants restaient discuter jusqu’à tard avec nous. Au
cours de ces voyages, j’ai tissé des liens amicaux avec certains d’entre eux. Il a fallu faire un
effort commun afin de rétablir une distance de chercheur pour ne pas créer de conflit
d’intérêt pendant le travail de recherche.
Lors de mes séjours à Douala, j’ai essentiellement côtoyé des étudiants et des
professeurs, jeunes adultes ayant tous au minimum le baccalauréat. Lors de mon premier
séjour, mon binôme et moi-même échangions avec les étudiants de l’IPPR autour des cours
de psychomotricité qui nous étaient dispensés à Paris. J’ai été impressionnée par les facultés
d’adaptation dont devaient faire preuve ces étudiants face à ce que nous leur apportions.
Lors de cet échange, à l’occasion du PEA et de l’association, j’ai réellement pris conscience
qu’il nous était impossible d’apporter une psychomotricité directement adaptée à la culture
camerounaise. C’est précisément ce travail d’adaptation de la part des étudiants et des
nouveaux professionnels qui a éveillé mon intérêt. Pour Moi, cela a été je pense, l’élément
déclencheur de ce travail.
SOMMAIRE
Introduction …………………………………………………………………………………p.1
Bases théoriques et culturelles
I°) LA PSYCHOMOTRICITÉ EN France…………………………………………………………….…. P.2
Congo par une psychomotricienne belge et en lien avec des psychomotriciens
européens. Il est, à l’époque, directeur de l’« institut des enfants sourds-muets et
retardés mentaux » à Douala. Puis, M. Kassaï s’associe avec Sœur Catherine-
Dominique Ngo Ngue, qui est alors supérieure générale de la congrégation des sœurs
servantes de Marie de Douala (CSSMD) et ils mettent en place le premier « séminaire
de psychomotricité et de relaxation » à Douala. Suite au départ de M. Kassaï, Sœur
Catherine-Dominique, fait appel Gérard Hermant, secrétaire général de L’organisation
internationale de psychomotricité et relaxation (OIPR) et directeur général de l’institut
supérieur de rééducation psychomotrice (ISRP) de Paris pour la création et la
reconnaissance de l’IPPR. Enfin M. Scialom intervient à la demande de M. Hermand en
tant que coordinateur du projet extra académique (PEA) de l’ISRP.
Sœur Catherine-Dominique, restant seule directrice de l’IPPR suite au départ en
Angleterre de M. Kasaï, et initiatrice de ce projet, rencontre le coordinateur de la santé
de l’archidiocèse de Douala qui l’oriente vers le ministère des affaires sociales.
En 2005, une demande de reconnaissance est déposée auprès de la délégation
régionale des affaires sociales. L’actuel délégué régional apporte son soutien immédiat
au projet et à l’école en venant régulièrement assister aux séminaires annuels et aux
journées portes ouvertes.
Mais, nous sommes au Cameroun où tout est lent, coûteux et compliqué. Sœur
Catherine-Dominique, seule face aux autorités et à la direction de l’école, demande en
2006 la création d’un partenariat avec l’ISRP et l’OIPR.
b. Le partenariat avec l’ISRP et l’OIPR depuis 4 ans
Sœur Catherine-Dominique responsable de l’école en 2006 dans un contexte
difficile, s’adresse à M. Hermant afin de mettre sur pied une structure pédagogique
valable et reconnue par l’Etat camerounais.
Plusieurs points sont alors abordés et les différents objectifs sont désormais
énoncés. Les soutenances de mémoire doivent avoir lieu au Cameroun afin de créer un
diplôme d’Etat camerounais de psychomotricien dans le but d’éviter l’installation de
charlatans à Douala. Il faut trouver des personnes capables d’assurer l’enseignement
de la psychomotricité et de former des camerounais à cette compétence, car
jusqu’alors il était prématuré de trouver des psychomotriciens diplômés et capables
d’enseigner. Enfin, il faut s’atteler à l’organisation pédagogique de l’école.
24
Création d’un Projet Extra Académique PEA en 2007
En Avril 2007, le partenariat entre l’OIPR/ISRP et l’IPPR se concrétise avec la
nomination par M. Hermant, secrétaire général de l’OIPR, de Monsieur Philippe
Scialom au poste de délégué pour l’organisation pédagogique et académique de
l’enseignement de la Psychomotricité à l’IPPR. Ce dernier, venu au Cameroun en
octobre-novembre 2007, prendra des décisions importantes pour l’école. La
psychomotricité faisant partie du champ du paramédical, la demande de
reconnaissance a été déposée au ministère des affaires sociales puis, au ministère de
la santé publique. Un tutorat a été mis en place entre les étudiants de l’IPPR Douala et
les étudiants de l’ISRP Paris, grâce à Internet. L’extranet créé sur le site de l’ISRP a
permis aux étudiants camerounais, surtout les anciens élèves de M. Kassaï, de
télécharger les cours de psychomotricité afin de se remettre à niveau.
Le PEA Cameroun à l’ISRP a pour vocation d’envoyer pendant trois ans des
professionnels et des étudiants en psychomotricité pour dispenser des cours à l’IPPR
avec quatre objectifs clairs :
- Viser l’autonomie de l’IPPR en formant des futurs enseignants camerounais et
africains.
- Aider à la mise en place du programme et de l’organisation pédagogique.
- Délivrer des certificats de fin de formation correspondant aux exigences de
l’OIPR (programme d’enseignement, niveaux d’étude et validations
d’examens).
- Enfin, reconnaître l’IPPR au sein de l’OIPR.
Cependant, malgré ces évènements positifs qui ont jalonné la période 2007-2009,
l’école a dû faire face, dès ses débuts, à des situations difficiles.
En effet, certains étudiants s’inscrivaient car la soutenance était prévue à Paris et
voyaient l’école comme un moyen de s’expatrier en France. Manquant de sérieux, ils
finissaient par se désinvestir de la formation. Les divers cursus suivis par les étudiants
avant d’intégrer l’école (BEPC, CAP, Probatoire15, Baccalauréat) ne facilitaient pas non
plus le travail des professeurs. Par ailleurs, des limites des étudiants n’ayant pas le
niveau baccalauréat, n’ont pas tardé à se manifester avec l’arrivée des
psychomotriciens français et les programmes de formation en vigueur. Malgré la
15
Correspond à la classe de Première en France, les camerounais passent en fin d’année un examen qui leur permet l’accès en classe de terminal pour passer le baccalauréat.
25
possibilité donnée par le délégué de l’OIPR d’achever sa formation selon son rythme et
son niveau, l’hétérogénéité des classes et le faible niveau scolaire ont créé de
nombreux problèmes. Plusieurs étudiants ont organisé une rébellion, s’opposant aux
examens de validation des modules, au règlement des frais de scolarité, au respect du
règlement intérieur, etc. Le mouvement s’est soldé par leur renvoi de l’école.
La nouveauté de la discipline scolaire et professionnelle, ainsi que sa
méconnaissance du grand public ont rendu difficile le recrutement des étudiants. Les
étudiants représentent justement la seule source de financement de l’école, ce qui
entraîne de lourdes difficultés financières face à des dépenses telles que, les
honoraires des enseignants, l’accueil des étudiants et des psychomotriciens français,
la confection des plans architecturaux pour la construction des futurs locaux, l’achat
du matériel didactique indispensable, les différents loyers des classes, des bâtiments
administratifs ou du centre d’accueil pour enfants, etc.
Malgré ces contraintes, l’école se développe et le partenariat porte ses fruits petit
à petit.
Création de l'association en juin 2009 : action et objectifs:
L’année 2009 a été marquée par la création d’une association baptisée association
pour la diffusion de la psychomotricité panafricaine, née des efforts conjoints de Sœur
Catherine-Dominique et de l’ensemble du PEA. Cette association va permettre aux
prochains étudiants du PEA de trouver plus facilement des sponsors. Il a fallu élire le
bureau de cette nouvelle association et la future présidente s’est rendue à la
préfecture pour constituer le dossier, phase qui s’est avérée plus longue que prévu
mais qui a néanmoins abouti. Puis, il a fallu démarcher les banques pour ouvrir un
compte au nom de l’association (il s’agissait de pouvoir déposer les dons ou l’argent
récolté par les étudiants auprès des différents sponsors ainsi que les cinq euros de
cotisation des membres). Les trésorières ont obtenu les papiers nécessaires à
l’ouverture du compte qui, malgré les lenteurs administratives, est aujourd’hui actif.
Les vagues successives d’étudiants ayant rejoint l’association mènent des actions
variées, telles que des ventes de gâteaux, des trophées de l’étudiant, des recherches
de sponsors, etc. Enfin, en février 2010, un concert organisé par les étudiants de l’ISRP
permet de récolter suffisamment de fonds pour accueillir deux Camerounais lors de
l’Université d’Eté à Paris et acheter du matériel pour le centre de l’IPPR (matériel
informatique, livres pour la bibliothèque de l’IPPR, etc.).
26
c. Reconnaissance ministérielle
Au cours de la journée portes ouvertes organisée par Monsieur Scialom en
Novembre 2007, le délégué régional des affaires sociales décide d’ouvrir les portes des
autres ministères à l’IPPR, vœu qu’il exprime dans sa correspondance du 03 avril 2008
adressée à la promotrice : «… Eu égard au caractère transversal de cette discipline, une
concertation doit être engagée avec les secteurs apparentés notamment ceux de la
Santé et de l’Education Physique, en vue de donner une orientation pertinente à cette
initiative qui vise un meilleur suivi de certaines cibles du Ministère des Affaires Sociales
(petite enfance, handicapés, personnes âgées). …».
Une première rencontre a lieu le 16 avril 2008 dans les locaux du délégué régional
des affaires sociales. Cette réunion de concertation réunissait les délégués : du
ministère des affaires sociales, du ministère de la santé publique, du ministère de
l’éducation physique et du ministère de l’emploi et de la formation professionnelle
ainsi que la promotrice et les psychomotriciens venus de Paris.
Une visite sur le terrain de cette même équipe, renforcée par la Brigade de
Contrôle eut lieu le 24 avril 2008 dans les locaux de l’IPPR au collège Chevreul.
L’appartenance au ministère de la santé publique fut unanimement reconnue au cours
de cette rencontre, après analyse des compétences du psychomotricien. Toutefois, le
partenariat avec les autres ministères a été recommandé.
Le 13 mai 2008, un nouveau dossier est déposé à la délégation régionale de la
santé à Douala. Le 11 mars 2009, une mission d’expertise technique est envoyée par le
ministre de la santé publique comme ultime étape avant toute décision ministérielle.
Le 24 avril 2009, le ministre de la santé publique signe l’autorisation d’ouverture d’un
cycle de formation des techniciens médico-sanitaires16, option psychomotricité et
relaxation, à Douala. Il place cette école au même niveau que les autres écoles
paramédicales formant des techniciens médico-sanitaires et organise le concours
officiel pour la formation, prévoyant 30 places pour l’année académique 2009-2010.
Depuis la reconnaissance officielle de la formation par le ministère de la santé
publique du Cameroun, en juillet 2009, les étudiants sont en partie recrutés par
concours national et recevront donc les premiers diplômes d’Etat camerounais de
psychomotriciens en juin 2012. Les autres étudiants ayant suivi la même formation
sans avoir passé les concours devraient néanmoins obtenir en équivalence ce diplôme.
16
Le découpage de l’équipe soignante n’est pas le même qu’en France, les techniciens médico-sanitaires sont en quelque sorte l’équivalent de la filière paramédicale.
27
La reconnaissance du partenariat entre l’IPPR d’une part et l’ISRP/OIPR d’autre part
vient d’être encouragée par un courrier du ministre de la santé du Cameroun. Le
dossier déposé en 2008 pour obtenir une aide financière auprès de la banque
islamique de développement est suivi par le ministère de l’économie et une inspection
de la banque doit avoir lieu prochainement. L’issue favorable serait la construction de
locaux neufs pour l’IPPR et son centre thérapeutique. Un dossier est en cours de
constitution au ministère de l’enseignement supérieur, de façon à élargir l’éventail de
formations possibles à l’IPPR.
En Septembre 2009, le ministre de la santé publique signe sur la demande de
l’IPPR et son équipe, la lettre d’accord de collaboration. De même, un accord de
financement est signifié par le ministre de l’économie, de la planification et de
l’aménagement du territoire, pour les constructions et les équipements de l’IPPR.
Malheureusement, ce financement reste bloqué au ministère depuis plus d’un an. La
corruption est un problème majeur en Afrique et surtout au Cameroun. En mars 2011,
la directrice de l’IPPR m’a dit avoir « bousculé » le ministère et la subvention qui leur
était promise depuis trois ans leur a été attribuée. Cela a permis de lancer les travaux
de construction de deux nouveaux bureaux et l'aménagement du centre de l’IPPR
(peinture et travaux de sécurisation des locaux).
Création du concours d’entrée à l’IPPR reconnu et organisé par le ministère de la santé
publique. 17
Les modalités du concours sont les suivantes :
Pour s’inscrire, les candidats au concours d’entrée dans les écoles de formation des
techniciens médico-sanitaire en analyses médicales, psychomotricité et relaxation, il
faut être titulaire soit du Baccalauréat C ou D (équivalant BAC S), ou de tout autre
diplôme reconnu équivalent. Les épreuves tirées des programmes officiels porteront
sur les matières suivantes : culture générale, mathématiques, biologie, physique-
chimie et langue. Elles sont présentées sous forme de documents composés de
questions à choix multiples et à réponses courtes et ouvertes. Les résultats de ces
concours seront publiés par une décision du ministre de la santé publique.
17
Informations tirées du site internet www.culturevive.com communiqué de Monsieur André MAMA FOUDA,
Ministre de la Santé Publique fait à Yaoundé, le 30 avril 2010
Mes recherches au Cameroun portent autant sur mon observation que sur les
résultats du questionnaire de recherche que j’ai utilisé. Afin de remettre ce travail dans
son contexte, il me semble important de préciser comment il a été élaboré. En effet,
l’histoire commence en février 2010 lors de mon premier voyage au Cameroun. Suite à
cette expérience, j’ai décidé de baser mon mémoire de fin d’étude sur la
psychomotricité dans ce pays. Ma problématique était encore floue et, bien qu’ayant
une vague idée de l‘approche que je souhaitais donner à ce travail, j’étais consciente
qu’il y avait encore beaucoup à découvrir et à raconter. Quel sujet choisir
précisément ? Le Cameroun d’un coté la psychomotricité de l’autre et au milieu, moi,
surprise, admirative, en colère, déçue. Il se passait visiblement quelque chose entre
mes attentes, ma connaissance de la psychomotricité et ce pays. Alors j’ai décidé d’y
retourner afin de répondre à toutes ces questions. Mon choix était fait, mon mémoire
porterait sur le Cameroun et la psychomotricité. Sans plus de détails, il m’a donc fallu
ouvrir un œil attentif afin d’utiliser ces observations une fois ma pensée mieux
structurée. Je reconnais que l’exercice n’était pas simple : comment « observer »
lorsque l’on n’a pas encore un objet précis à étudier ? Le travail d’exploitation et de tri
des données observées s’est fait à mon retour à Paris, lorsque j’ai pu prendre du recul.
Mes observations portes donc sur le tonus postural et le tonus d’action, sur la place du
corps dans la société camerounaise. Je présente ensuite, le cas clinique d’un enfant de
17 mois et son parcours de santé, mes expériences durant les cours à l’IPPR… Toutes
ces informations permettent de comprendre pourquoi et comment s’installe la
psychomotricité au Cameroun et surtout si elle ressemble à la psychomotricité que
nous connaissons en France.
I°) DONNÉES OBSERVÉES
1) Observations générales :
a. Attitude générale
Le Camerounais est globalement hypotonique, la démarche est lente et
nonchalante. On observe un ballant des bras assez prononcé. Les Doualas, les
Bamilékés et les Bassas, qui sont les trois ethnies que j’ai rencontrées à Douala, sont
de taille moyenne. Les filles, en général plus petites, ont les traits du visage plus ronds
que les garçons, qui ont le visage plus anguleux. En fonction des situations sociales et
des émotions qu’ils ressentent, on observe un changement très brusque du tonus,
29
marqué par une attitude à l’extrême inverse de l’attitude hypotonique décrite ci-
dessus. En effet, ils se révèlent très hypertoniques lors des « palabres »18 par exemple.
Tout le corps est alors mis en mouvement. Ils parlent avec tout le corps (les bras, le
dos, etc.), et sautent, tapent du pied, tapent des mains, etc. j’ai constaté que ces geste,
véritable dialogue tonique, illustrent le dialogue. Effectivement, le vocabulaire étant
souvent imprécis, les gestes, intonations et mimiques deviennent un réel étayage à la
communication verbale. On peut donc observer une certaine capacité naturelle de
dissociation, surtout dans les danses traditionnelles, et à l’inverse, on peut remarquer
une raideur corporelle extrême.
On note une grande capacité d’adaptation rythmique, que l’on retrouve dans les
percussions opérées dès le plus jeune âge quelque soit le support (instrument, table
ou chaise…). Il y a, au centre de l’IPPR, un petit garçon de sept ans prénommé Modeste
dont le diagnostic n’est pas encore posé. Il est né en état de mort apparente avec un
APGAR19 à 0 pendant prés d’une semaine puis, au bout de sept jours, il a poussé son
premier cri. Aujourd’hui, Modeste a un retard intellectuel sévère, il ne parle pas, il est
très difficile de communiquer avec lui. Il souffre également de lourds troubles du
comportement et d’une hyperactivité motrice empêchant sa scolarisation. Comme il
n’existe pas ou peu de structures d’accueil pour ces enfants à Douala, Modeste est
arrivé au centre de l’IPPR. Malgré ses difficultés, il a un sens du rythme et de la
musicalité impressionnants. Il tape et joue de la musique sur tout ce qu’il trouve : c’est
son mode d’expression privilégié.
b. La place du corps
« Le corps est partout dans la culture Africaine » (Norbert Le Guerinel, 1980)
La question de la punition et du châtiment corporel au Cameroun
J’évoque ici la question du châtiment corporel car j’ai assisté au centre de l’IPPR, à
la punition d’un enfant, Modeste. On observe chez lui un syndrome polymorphe avec
une lourde problématique t. Modeste, ne tenant pas en place pendant le temps calme
et essayant de sortir par la porte a été puni. La punition était de rester assis sur une
18
Assemblée coutumière, généralement réservée aux hommes, où s'échangent les nouvelles, se discutent les
affaires en cours, se prennent les décisions importantes` selon le Centre National de Ressources Textuelles et
Lexicales. Aujourd’hui, l’art de la palabre ne se limite pas aux hommes, il s’agit de discussions oisives et
interminables autour de thèmes variés.
19 L’APGAR est un test évaluant la santé du nouveau né sous forme de score. Ce score se base sur l’observation de
certains facteurs comme, la couleur de la peau, la fréquence respiratoire, la fréquence cardiaque, le tonus et la réactivité aux stimuli.
30
chaise. Modeste n’ayant pas respecté la punition, le stagiaire de troisième année, seul
homme et donc représentant de l’autorité au centre, l’a menacé de rester assis avec
une corde. La vision de l’enfant à genoux, mains sur la tête, me choque encore.
D’autant qu’au vue de la problématique de l’enfant, je ne comprends pas le sens que
cela peut avoir pour lui. L’étudiant dit ne jamais avoir tapé d’enfant, il réutilise juste la
menace des parents car c’est leur seul mode éducatif de référence. En discutant
autour de moi à Douala j’ai entendu des témoignages extrêmement controversés par
rapport à la question du châtiment corporel. C’est pourquoi je choisis ici d’exposer
quelques unes de mes recherches et interviews auprès de la population camerounaise
afin de mieux comprendre quelle est la place du corps et au sein de la sphère
éducative et sociale.
«La peur du gendarme est le début de la sagesse » (Maxime populaire)
Le châtiment corporel, « chicotte20 », fait partie de la culture éducative du
Cameroun. C’est une question d’autorité et l’outil principal utilisé par les parents pour
faire respecter le cadre aux enfants. Cette pratique est non seulement reprise par les
parents mais aussi par la majorité des adultes envers les enfants. Le rapport
adulte/enfant est essentiellement vertical et descendant. Néanmoins, les mentalités
sont aujourd’hui en pleine mutation, les exemples occidentaux et les accidents suite à
des « tabassages 21» influencent de plus en plus le pays. En effet, depuis quelques
années, suite au décès d’un lycéen frappé à la nuque par son professeur, une loi est
passée, interdisant aux enseignants de frapper leurs élèves. Cependant, même si cette
loi n’est pas toujours respectée, il semble difficile aujourd’hui de faire des généralités
quant à la position des Camerounais sur cette pratique.
La question que l’on peut se poser dans le cadre thérapeutique d’une prise en
charge en psychomotricité tourne autour du rapport au corps. Il est certes possible
qu’avec notre culture occidentale nous soyons choqués par cette pratique, néanmoins
elle constitue pour les enfants un cadre de référence réel que nous, psychomotriciens,
n’avons pas à juger.
20
La chicotte vient du portugais et signifie « fouet ». Historiquement, c’est un fouet à lanière épaisse, en cuir d’hippopotame utilisé pendant la colonisation, elle existe encore beaucoup en Centre Afrique et Afrique de l’Ouest pour l’éducation des enfants. L’objet n’est plus forcément un fouet, il peut s’agir d’une corde, d’un bâton, d’un journal…http://fr.allafrica.com/stories/200906170633.html Cameroun: La chicotte, « Arme d'éducation » massive, Eric Elouga, 17 Juin 2009
21 En utilisant ce terme, je réemplois, le mot utilisé par la population camerounaise, quelque soit les personnes que
j’ai interrogé à ce sujet. c’est un mot fort, qui peut choquer, c’est pourquoi je chois de le retranscrire ici.
Lors d’une discussion avec le préfet des études22 de l’IPPR, qui a suivi la formation
de psychomotricien, ce dernier m’a confié qu’il n’était pas d’accord avec ces méthodes
qui lui semblent vouées à l’échec. En effet, selon lui, le jour où les enfants grandissent
et acquièrent la capacité physique de rendre les coups, il ne reste plus aux parents
« que leurs yeux pour pleurer ». Il lui paraît donc important pour ne pas perdre le
respect pour ne pas se retrouver démuni face à ces jeunes adultes23 et de développer
d’autres modes de communication et d’éducation avec les enfants. Lui a choisi de
passer par le dialogue avec ses propres enfants. Mais il m’a confié tout bas qu’il était
très mal perçu par sa communauté, qui le juge faible et irresponsable.
c. Un exemple de parcours de santé typique et confus.
Afin de concrétiser mon exposé, je choisis de vous présenter un cas clinique. Il me
permet de présenter quelques notions éducatives et socioculturelles camerounaises
face au handicap. Vanessa, la maman, nous confie sa perception du système de santé
camerounais, entre tradition et médecine occidentale, sur l’empreinte du magico-
religieux dans la société, sur l’impact de la famille et sur l’importance qu’a pris pour
elle la psychomotricité dans la prise en charge de son fils Maël.
L’histoire de Maël et de ses parents est celle d’une famille démunie face au
handicap d’un enfant. Vanessa, est une Camerounaise de Douala, son papa est
Français. Maël est un petit garçon de 17 mois qui a convulsé à la naissance. Sa dernière
convulsion remonte à 8 mois. Aujourd’hui, aucun diagnostic n’a été posé. Il y a
toutefois une suspicion d’AVC24 anténatal.
Dès le lendemain de sa naissance, il convulse pour la première fois. On observe
alors de légères myoclonies au niveau du pied et de la main gauche, dans un premier
temps. On lui injecte alors du Gardénal®25 et du Valium26®. Mais, à l’hôpital de Douala
il y a eu une erreur sur le poids de l’enfant qui a reçu des doses beaucoup trop fortes
et a « dormi » pendant plusieurs jours. A son réveil, il présente une paralysie de
22
Responsable pédagogique qui fait le lien entre les étudiants les professeurs et la direction.
23 Le terme d’adolescent est très peu ou pas utilisé au Cameroun. Il existe des rituels de passage de l’enfance à l’âge
adulte donc c’est une période qui n’existe quasiment pas.
24 Accident vasculaire cérébral.
25 Gardénal® : anticonvulsivant qui appartient à la famille des barbituriques.
Il est utilisé dans le traitement de certaines formes d'épilepsie. http://www.eurekasante.fr/medicaments/vidal-famille/medicament-mgarde01-GARDENAL.html 26
Valium® : anxiolytique de la famille des benzodiazépines. Il possède également des propriétés anticonvulsivantes. http://www.eurekasante.fr/medicaments/vidal-famille/medicament-ovaliu01-VALIUM-ROCHE.html
l’hémicorps gauche. Les examens ne révèlent aucunes anomalies. Afin d’éviter de
nouvelles convulsions, on place l’enfant sous Dépakine®27 et on lui prescrit de l’éveil et
des stimulations psychomotrices. Maël est aussi suivi pour des séances d’ostéopathie,
d’acupuncture et d’ergothérapie. A quatre mois, il refait une convulsion hypotonique à
32° C. On lui injecte du Valium® et il est alors hospitalisé quatre jours dans une clinique
privée de Douala. La semaine suivante, il fait une convulsion hyperthermique. À 5
mois, Maël est rapatrié à l’hôpital Necker à Paris.
Vanessa, me racontait lors de notre entretien combien le handicap représente une
véritable malédiction au Cameroun. Pour beaucoup de parents, c’est donc une honte
d’avoir un enfant handicapé. Le handicap, associé à la malédiction renvoi à la faute. On
peut facilement imaginer la culpabilité que représente le handicap de cet enfant dit
« maudit ». Au village, on considérait Maël comme un enfant « boa28 » qu’il fallait
déposer prés de la rivière pour qu’il redevienne un serpent29. D’autres parle
« d’enfant-cordon » pour parler de l’autisme. Eric de Rosny (1996, p132) parle des
traitements par cordelettes attachées autour des reins pour qu’il reste « avec nous ».
Outre les soins médicaux qu’il a pu recevoir, en France ou au Cameroun, Maël a
également bénéficié de la médecine traditionnelle. En effet, Vanessa, reste très
attachée aux traditions. Elle pratique matin et soir des rituels de purification de la
maison à l’encens, afin de refouler les ondes négatives et de chasser les mauvais
esprits. Elle m’explique que dans sa culture, l’enfant vient d’un autre monde. On le
place dans le ventre de sa future mère. Ainsi lorsqu’il naît et qu’il arrive sur Terre, il se
peut que viennent avec lui ces petits njounjous30, ou esprits invisibles. Lorsque l’enfant
gazouille, elle suppose qu’en réalité il s’adresse à ces esprits qui peuvent être amis ou
maléfiques. Ce sont eux que Vanessa tente de chasser par l’encens. Afin que le bébé
veuille bien rester dans ce nouveau monde, on attache à l’enfant des bracelets, des
colliers et des lacets autour des chevilles ou de la taille. Une façon de matérialiser le
lien avec ses parents et faciliter la transition entre ces deux mondes. Ce lien doit l’aider
27 Dépakine® : appartient à la famille des anticonvulsivants non barbituriques. Il est utilisé dans le traitement de l'épilepsie, seul ou en association avec un autre antiépileptique et le traitement préventif des convulsions liées à la fièvre chez l'enfant. http://www.eurekasante.fr/medicaments/vidal-famille/medicament-mdepak01-DEPAKINE.html 28
Le concept de l’enfant « boa » renvoi à l’infirmité motrice cérébrale (IMC), en effet puisque l’enfant présente une phase de flasticité la population considère qu’il s’agit en réalité d’un serpent qui s’est métamorphosé en enfant.
29 Il faut souligner que la pauvreté au Cameroun limite grandement l’accès au soin, ou alors au prix de lourds
sacrifices qui engagent toute la famille.
30 « Les jins sont ainsi compris comme des êtres spirituels crées par Allah à partir du feu de la Fournaise Ardente. Ils
sont doués d’intelligence mais restent invisibles aux yeux des humains » E WEBER (1996) cité par Marion James dans Culture et psychomotricité, vers une ethno psychomotricité l’exemple de l’enfant maghrébin. Issu du monde musulman ils ont intégré la culture camerounaise. Ils sont souvent « mauvais » et responsables des maladies.
Les équipes comptent peu de professionnels, les stagiaires se retrouvent souvent
seuls face à des patients qu’ils ne connaissent pas. Ils bénéficient d’une supervision par
une psychomotricienne diplômée depuis plus de trois ans, une fois par mois sur leurs
lieux de stage. Néanmoins, les collaborations interdisciplinaires établies, si elles sont
peu nombreuses, semblent bien fonctionner.
Tableau c. 8 : L’utilisation des prescriptions médicales en psychomotricité au Cameroun
Oui : 6 Non : 3
Les stagiaires psychomotriciens travaillent majoritairement sur prescription
médicale.
56
ANALYSE DES RESULTATS ET DISCUSSION
I°) ANALYSE DES RÉSULTATS : Comparaison entre le cadre de la pratique
des étudiants français et camerounais et des professionnels
camerounais
Afin d’évaluer la progression temporelle de la psychomotricité au Cameroun et
d’observer l’emprunt de la culture locale sur la discipline, je vais confronter les
réponses des trois groupes, étudiants de troisième année français et camerounais et
professionnels camerounais.
Je vais reprendre les items et comparer les réponses données tant sur le fond que
sur la forme. C’était la liberté que je voulais garder en proposant un questionnaire
ouvert.
1) Le temps34
a. La perception du temps et le respect des horaires
Le respect des horaires est sans doute ce qui diffère le plus entre la France et le
Cameroun. Alors que la question a été largement ignorée ou non comprise par les
étudiants français, les professionnels camerounais ont perçus la question de façon
globale. Ils évoquent autant les horaires que l’évolution de la pathologie dans le
temps, l’impatience des malades à guérir, l’influence du temps sur le corps et le
rapport à la mort.
Commençons par aborder la problématique de l’influence du temps sur le corps.
Dans son travail à la SWAA35 , Adolf me dit avoir remarqué qu’il y avait de moins en
moins de retard moteur chez les enfants infectés par le VIH, grâce au progrès des
traitements anti-rétro viraux (ARV). Par contre, il constate un retard au niveau des
apprentissages et de l’accès au symbolisme. Il suit des enfants de 9 à 13 ans deux fois
par mois. Il travaille sur la préparation de l’annonce de la maladie, évalue les patients
avant puis après. Il est également encadrant d’un groupe de parole avec des adultes
infectés. On voit bien ici, la prise en compte du temps en psychomotricité et dans la
culture. En effet, la problématique corporelle et temporelle n’est pas abordée de la
même manière en France et au Cameroun, même si nous sommes tous égaux face à la
maladie. La constante recherche du jeunisme en France est une conception du temps
34
Cf. Annexe 3, tableau 1
35 Cf. page 40
57
tout à fait opposée à celle du Cameroun où l’âge est synonyme d’expérience et où le
respect se mesure en années. Les camerounais ne courent pas après le temps,
contrairement à nous, Occidentaux, dont la journée est rythmée par le tic tac des
aiguilles, l’agenda et ses rendez-vous, les échéances. On cherche à maîtriser, à
apprivoiser le temps. On lui a donné une valeur métrique. Le temps fait référence à la
mort surtout dans la maladie, mais la mort n’a pas la même signification dans nos deux
cultures, ce qui change la problématique temporelle. Les enterrements sont plutôt des
moments festifs au Cameroun, même si les rituels varient en fonction des traditions
ethniques.
Pour les étudiants français, le respect des horaires est une marque de
professionnalisme qui délimite le cadre thérapeutique de la séance. Un réel effort est
réalisé par les étudiants camerounais pour tenir les horaires. Ils veulent montrer
l’exemple par la fermeté du respect des règles. Certains reconnaissent tout de même
que c’est difficile. Les patients aussi sont régulièrement en retard de 15 à 20 minutes
environ. Certains psychomotriciens camerounais banalisent les retards lorsqu’ils sont
inférieurs à 15 minutes car c’est une réalité tellement présente qu’ils n’ont pas tous le
courage de se battre contre. Il faut prendre les rendez-vous en fonction de la
disponibilité du patient ou de ses parents, s’il n’est pas autonome, et, bien
évidemment, de celle du psychomotricien. Certains étudiants justifient ce manque de
considération vis-à-vis des horaires par une faute de moyen financier (payer le
transport et la séance, ne pas aller travailler pour conduire son enfant en séance). Il
faut savoir qu’au Cameroun, peu de personne dispose d’un compte bancaire et le
compte courant n’existe pas. Tout se règle en argent liquide. Beaucoup d’emplois ne
sont pas déclarés et sont payés au jour le jour ou au mois. Ce qui explique la
fluctuation financière des familles qui peuvent payer les séances pendant un certain
temps, puis une certaine semaine ne peuvent pas mais peuvent à nouveau la semaine
suivante.
Un stagiaire travaillant à domicile est donc assez libre et organise ses rendez-vous
en fonction des disponibilités du patient et des siennes. Il travaille parfois en journée
continue, parfois avec une pause le midi (midi – 14 heures) ou à mi-temps. En France,
pour des raisons pédagogiques, mais aussi de responsabilité institutionnelle, le
stagiaire est suivi par son maître de stage et n’a pas autant de liberté qu’au Cameroun.
Le stagiaire français bénéficie du cadre contenant et rassurant de la structure, de
l’équipe et surtout de l’appui de son maître de stage. Néanmoins, les stagiaires
camerounais semblent satisfait de la situation. Ils apprécient cette liberté d’action. En
réalité, ce n’est pas vraiment un statut de stagiaire, puisque l’étudiant est déjà
58
catapulté dans le monde professionnel, au sein d’une équipe qui ne connaît pas trop
son champ d’action et le sollicite donc, trop ou pas assez.
Concernant les horaires, il semble tout de même que les professionnels soient un
peu plus rigoureux que les étudiants camerounais car ils dénoncent ces retards et se
sont imposés une certaine rigueur. Ils reconnaissent bien la difficulté que représente
l’adaptation aux multiples retards, les conséquences que cela représente sur une
journée de travail. Certains psychomotriciens annulent le rendez vous si le patient est
en retard. A force d’insister sur les horaires et l’importance que cela revêt dans le cadre
de la thérapeutique, ils arrivent à des résultats plutôt concluants. Néanmoins, des
retards sont encore observables. Ils sont parfois catégoriques, « un patient en retard
ne sera pas accepté en séance ! » disait une psychomotricienne interviewée.
Néanmoins son directeur de clinique l’obligeait de temps en temps à prendre quand
même les patients pour des raisons financières. Visiblement, on perd la dimension
thérapeutique au prix de celle du rendement. Puisque l’on attend un rendement de ce
patient il devient en réalité un client. A la clinique, le patient paye et le client est roi. Le
plus souvent, le patient en retard paye et rate sa séance, il ne reviendra donc que la
semaine suivante. Cela pose la question de l’investissement du patient dans sa cure, de
la place du soin dans la culture, mais aussi de l’investissement financier. En outre, la
clinique cible volontairement une certaine catégorie socioprofessionnelle, ayant les
moyens financiers nécessaires au paiement des séances. Cela témoigne bien de
l’inégalité d’accès au soin. C’est une question éthique qui malheureusement ne se pose
pas uniquement pour la psychomotricité et ne se pose pas seulement au Cameroun.
Ces éléments soulèvent l’importance du cadre temporel en psychomotricité et tout
simplement de l’organisation logistique. En effet, comment organiser un emploi du
temps quand aucun patient n’arrive à l’heure prévue ? Les professionnels se
rapprochent des pratiques françaises considérant le temps et les horaires comme
faisant partie intégrante de la thérapeutique en psychomotricité. Néanmoins, les
habitudes culturelles camerounaises représentent un obstacle majeur.
b. Le découpage des séances
Si le découpage de la séance de psychomotricité en trois temps est quasiment
omniprésent dans les réponses des étudiants français et des professionnels
camerounais, il n’en est pas de même chez les étudiants camerounais. En effet, la
première moitié seulement reprend ce découpage, l’autre moitié, quant à elle, reste
très floue, disant se baser sur le patient, ses troubles et le projet thérapeutique.
Quelques soient les rituels utilisés, il y a un début, un milieu et une fin. Chacun utilise
59
son « bonjour » (rituels des chaussures, échauffement corporel ou entretien) pour
marquer le début de la séance. Puis, se déroule la phase des exercices, jeux et
médiations. Enfin, arrivent les moments de verbalisation, des chaussures, des
étirements ou autres rituels de départ pour marquer la fin de la séance, l’heure de se
dire « au revoir ». Peut-être que les étudiants camerounais, qui n’ont pas de maître de
stage sur place, ont besoin de plus de temps pour apprendre à structurer leur séance.
Ou alors, il s’agit d’une volonté affirmée de construire les séances différemment ou du
moins d’expérimenter de nouvelles choses. Cela montre bien à quel point les étudiants
camerounais sont dans un processus dynamique de réflexion par rapport à leur
pratique.
c. La durée et la fréquence des séances
La durée de la séance est plus longue au Cameroun, en moyenne 45 minutes à une
heure. J’imagine qu’ils prennent en compte, les retards habituels de leurs patients de
15 ou 20 minutes. Toutefois, celles des étudiants sont un peu plus courtes que celles
des professionnels, se rapprochant des durées françaises. En France, nous privilégions
des séances de courtes durée : 30 minutes voire 10 minutes (prenant en compte la
fatigabilité et le nombre de rendez-vous également pour certaines institutions).
La fréquence des rendez-vous est légèrement plus importante chez les étudiants
français, une à deux fois par semaine, contre une fois par semaine chez les étudiants
de l’IPPR. Certains professionnels, qui ont une activité réduite compte tenu de la
méconnaissance de la discipline, peuvent se permettre de voir plusieurs fois le même
patient dans la semaine. D’autres en revanche, ayant trop de demandes, ne peuvent
assurer qu’une consultation ou deux par mois.
d. Le bilan psychomoteur
Le bilan se fait en deux heures au Cameroun et en une heure et demie en France,
sans compter le temps de cotation et de rédaction de bilan. Je ne pense pas que cette
différence soit réellement significative. Visiblement, en ce qui concerne le « format »
des séances de psychomotricité, les deux écoles s’organisent de façon similaire. Les
différences trouvées relèvent plus de variables interpersonnelles que de réels courants
de pensée. En revanche, les professionnels camerounais n’évoquent pas du tout le
temps de cotation et de rédaction du bilan. Les bilans réalisés sont essentiellement des
bilans d’observation. Dans les structures que j’ai visitées, les bilans étaient rédigés soit
dans un cahier propre à chaque enfant, soit dans le cahier du psychomotricien. Dans ce
cahier, on pouvait retrouver tous les bilans et compte rendus de séances des enfants
ayant un même psychomoteur référent. Pour l’instant ils n’ont pas l’obligation de
60
communiquer leurs conclusions et informations au reste de l’équipe car ils travaillent
peu avec les autres soignants. Mais s’ils veulent inciter les médecins à leur indiquer des
patients pour initier un travail d’équipe, il leur faudra également leur renvoyer un
compte rendu.
Les tests qu’ils pratiquent leur sont donnés avec les étalonnages français. Or, en ce
qui concerne le développement psychomoteur du jeune enfant, on a pu remarquer
que les âges d’acquisition ne sont pas tout à fait les mêmes. Le développement
comprend bien les mêmes étapes que le développement d’un enfant français mais les
paliers ne se passent pas dans le même ordre. Ceci explique que pour les acquisitions
motrices, notamment la marche, un enfant camerounais est en avance de quelques
mois par rapport à un enfant français. Il prononcera en revanche ses premiers mots un
peu plus tard. Seulement pour l’instant, il n’existe pas de référence scientifique ni
d’étalonnage coté. Les étudiants camerounais utilisent les cotations dans l’optique du
test/re-test uniquement. Ils ne comparent pas les résultats de l’enfant avec sa
moyenne d’âge mais avec son résultat précédent. C’est d’ailleurs un futur projet de
l’IPPR que de lancer la recherche sur le développement, pour qu’ils puissent créer leur
propre outil.
2) L’espace 36
La majorité des structures citées par les étudiants français n’existent pas au
Cameroun, surtout les structures médico ou socio-éducatives telle que les IME ou les
SSESD37. J’ai remarqué qu’au Cameroun les institutions publiques sont corrompues,
comme expliqué plus haut. Elles ont peu de budget pour embaucher du personnel ou
proposer des stages, ce qui explique le peu de stagiaires à l’hôpital. L’hôpital général
demande également que l’IPPR paye une assurance responsabilité civile pour couvrir
ses étudiants en cas d’accident, ce que l’école n’est malheureusement pas en mesure
de faire. Beaucoup d’étudiants et de professionnels espèrent travailler en clinique
privée car elles disposent de plus de moyens financiers et leur assurent un minimum
de matériel et un meilleur salaire.
Si les conditions de stage des étudiants camerounais ne sont pas catastrophiques,
elles ne sont pas non plus idéales. En effet, peu d’étudiants bénéficient d’une salle de
psychomotricité et ils doivent généralement se contenter des chambres
d’hospitalisation, des salles partagées avec d’autres professionnels ou de la chambre du
36
Cf. Annexe 4, tableau 2
37 Cf. page 45
61
patient lors des visites à domicile. Lorsqu’ils disposent d’une salle, elle est assez petite
et dépourvue de matériel. En France, les conditions sont beaucoup plus variables. Si les
salles de psychomotricité sont partagées avec d’autres psychomotriciens, elles sont
néanmoins relativement adaptées, ou adaptable avec du matériel. On retrouve des
objets quasiment incontournables pour le psychomotricien, comme le miroir, les tapis,
les chaises et le gros ballon. Les psychomotriciens camerounais qui se déplacent à
domicile verbalisent leur agacement par rapport au manque de considération de leur
travail par les familles. Elles entrent et sortent de la chambre pendant la séance ou
alors, continuent leur tâches domestiques en cours jusqu’à retarder le rendez-vous
d’une heure. Les étudiants camerounais, étant en stage dans des locaux sans
psychomotriciens, n’ont pour la plupart pas d’espace adapté, encore moins de salle de
psychomotricité. Pour les professionnels installés ou salariés, des salles sont mises à
disposition, bien qu’elles ne soient pas toujours adaptées. Malgré tout, ils disposent
d’un espace à eux.
Faute de moyens financiers, les psychomotriciens camerounais disposent de peu
de rangements et de matériel. En France, le matériel est rangé dans des salles,
placards, caisses, armoires ou tout autre rangement. Le matériel est ainsi classé par
thèmes ou même par items psychomoteurs et souvent caché pour éviter la sur-
stimulation chez les enfants. Les praticiens, se déplaçant à domicile, n’ont pas de
rangement puisqu’ils utilisent le matériel disponible sur place ou en transportent un
minimum. Les stagiaires et professionnels camerounais, bénéficiant de locaux adaptés,
ont à leur disposition du matériel et surtout des rangements. Ceux-ci sont surtout
utilisés pour protéger le matériel rare et coûteux des enfants qui pourraient l’abîmer.
Certains évoquent tout de même la question de la sur-stimulation chez le patient. Il
faut donc filtrer l’environnement pour qu’il ne soit pas trop intrusif.
Je m’interroge quant à la façon dont la psychomotricité va pouvoir s’intégrer dans
le paysage camerounais. Mais surtout, comment les psychomotriciens pourront faire
leur propre choix dans leur pratique ? En effet, comment savoir si les positions pour
lesquelles ils optent sont des choix ou des obligations budgétaires ?
62
3) Les indications et la population ciblée
Je ne remarque pas de différence significative au niveau des âges des
populations reçues entre le Cameroun et la France. Il y a peu d’adultes cités par les
étudiants camerounais. Nous pouvons nous demander s‘il s’agit d’un manque de
structures existant pour ces patients, s’il y a peu de patients adultes requérant des
soins ou si cette promotion d’étudiants est bien sensibilisée à cette population. Après
les avoir questionné, il se trouve qu’en cours d’année certains ont trouvé des stages en
neurologie ou à l’hôpital militaire auprès d’adultes. Néanmoins, lors de mes voyages,
j’ai vu peu de structures accueillant des adultes. J’ai entendu parler de la maternité que
certaines de mes collègues ont visitée. J’ai moi-même visité un centre d’accueil pour
des religieuses âgées. Il faut savoir qu’au Cameroun la plupart des personnes âgées
sont accueillies dans leur famille. Enfin, j’ai vu des centres d’accueil pour enfants mais
pas pour adultes. A priori, tout comme les personnes âgées, les adultes handicapés
sont confiés aux familles, surtout lorsque le handicap est mental et ne nécessite pas de
soins somatiques. Les étudiants camerounais souhaitent visiblement développer leurs
compétences auprès d’enfants et de personnes âgées. Etonnamment, la
psychomotricité s’est développée extrêmement rapidement dans le milieu gériatrique
alors qu’il a fallu presque 40 ans pour que cela s’installe en France. Les étudiants
français qui sont venus au Cameroun étaient très influencés par le plan Alzheimer mis
en place récemment en France. Ils ont, je pense, influencé le développement de la
psychomotricité camerounaise.
La psychomotricité s’étend et se développe. Les étudiants, aujourd’hui, suivent
toutes les catégories d’âges. Mais, comme les professionnels camerounais, ils sont
sollicités pour des cas pathologiques lourds : affections neurologiques, maladies
génétiques, infirmités motrices ou pathologies psychiatriques telles que l’autisme ou
des psychoses graves. On retrouve très peu de suivi auprès de troubles des
apprentissages ou de l’orientation spatiale, s’ils ne sont pas associés à un trouble plus
grave par exemple. Il faut du temps pour que la psychomotricité se développe, qu’elle
soit connue des populations et des équipes soignantes. En France, aujourd’hui encore, nous découvrons de nouveaux champs d’application de la psychomotricité, comme la
prise en charge de la douleur, la psychomotricité en entreprise ou encore en unité pour
malade difficile (UMD) par exemple.
63
4) Les outils 38
a. Le matériel
La question des outils est difficile à cerner. Manque de budget, pratique culturelle
ou choix personnel ? J’ai constaté que peu de matériel était utilisé en séance que ce
soit par les professionnels ou les étudiants. Néanmoins, dans les deux cas, tous les
domaines sont couverts, tous les items psychomoteurs sont travaillés. S’il y a peu de
matériel au Cameroun, il y a néanmoins l’essentiel. On ressent l’empreinte des
étudiants de l’ISRP qui sont venus échanger autour des outils psychomoteurs. Les
étudiants de l’ISRP, comme ceux de l’IPPR, semblent beaucoup plus sensibilisés à la
stimulation sensorielle et donc à l’utilisation de balles à picots, de tissus, de coussins ou
de la musique.
On observe une nette différence dans la quantité et la diversité du matériel par
rapport à la France. Pour les professionnels camerounais disposant de très peu de
matériel, il y a parfois un outil pour travailler un item. Par exemple, la pâte à modeler
pour travailler la motricité fine ou le ballon pour la motricité globale. Leur utilisation
du matériel est assez sectorisée. Les étudiants disposent d’un peu plus de matériel et,
surtout, ont développé grâce à leur formation une capacité à adapter le matériel pour
qu’il devienne du matériel psychomoteur. Néanmoins, qu’il soit camerounais ou
français, l’outil principal du psychomotricien reste avant tout le corps. Les camerounais
semblent d’ailleurs bien s’accommoder de cette situation. Pour la motricité fine, ils
utilisent une bouteille en plastique coupée en deux et des petits cailloux pour faire des
transvasements, travailler la pince fine et la régulation tonique. Ils montrent une
grande capacité d’adaptation.
b. Le transport du matériel
La question sur le transport du matériel est peu traitée par les étudiants français
qui y ont peu recours dans leurs stages. Lorsqu’il y a un déplacement, il se fait avec une
voiture de fonction, prise en charge et assurée par l’employeur en cas d’accident. Le
matériel est transporté au moyen de grands sacs. Les psychomotriciens camerounais,
faute de structures existantes, exercent beaucoup à domicile. Le transport du matériel
est là encore dicté par la loi de l’argent car il est aux frais des stagiaires et
professionnels. De plus, transporter un sac plein de matériel dans les rues de Douala
n’est pas très discret. Cela pourrait inciter les voleurs à se servir et donc être le motif
d’agressions. En effet, n’oublions pas la situation parfois peu sécuritaire de Douala.
38
Cf. Annexe 5, tableau 3
64
Enfin, pour des raisons simples, transporter un sac de matériel sur un taxi moto39 n’est
pas pratique, le matériel pourrait tomber, s’abîmer et la quantité est forcément
limitée.
c. L’achat du matériel
En France, le matériel est principalement acheté par la structure et de temps en
temps par le psychomotricien. Si certains Camerounais travaillent au sein de cliniques
privées qui fournissent du matériel, ils achètent, pour la plupart, leur matériel eux-
mêmes. Ce matériel est difficile à se procurer à Douala. En effet, si les magasins de jeux
ne sont pas rares, les jeux coûtent chers ou sont de mauvaise qualité. Il n’y a pas de
commerciaux qui démarchent les institutions pour leur proposer du matériel
psychomoteur. Au mieux, les commandes doivent se faire sur Internet et sont livrées
en France. Lorsque quelqu’un fait le voyage, il ramène la commande. Ils leur arrivent
même de solliciter les parents et les familles pour l’achat du matériel nécessaire au
suivi du patient; ce que l’on ne retrouve pas en France, du moins dans les réponses des
étudiants.
d. L’utilisation des médiations
En France, les médiations font partie de l’enseignement pratique de la
psychomotricité. Nous avons des intervenants, psychomotriciens ou non, professeurs
de Taï-chi-chuan, de danse, de cirque, de musique ou de théâtre, par exemple, qui
nous donnent des pistes de travail dans leur domaine, à adapter à la psychomotricité.
C’est vraiment ce qui manque à Douala : des intervenants compétents dans leur
domaine, assez intéressés par la psychomotricité pour proposer un travail en lien avec
la thérapeutique psychomotrice. C’est en train d’être mis en place, notamment car les
étudiants de deuxième année de l’ISRP n’ont pas le niveau pour enseigner la théorie.
Ils peuvent en revanche apporter leur expérience pratique des médiations. En France,
beaucoup participent à des activités sportives ou artistiques extrascolaires, ce que l’on
retrouve peu au Cameroun. Les étudiants camerounais, souvent déjà parents ou avec
une famille à charge et habitant loin de l’IPPR, n’ont pas le temps de s’investir dans des
activités extrascolaires. En France, nos expériences artistiques ou sportives
enrichissent et influencent notre pratique professionnelle. Les camerounais manquent
sûrement d’éprouver corporel sain qui participe à la construction et à la finesse de la
représentation corporelle. Une représentation interne de soi sert de ressource. Les
camerounais manquent de créativité dans l’invention de nouveaux jeux. Ou alors, ils
39
Compte tenu des embouteillages et du prix du taxi voiture, le taxi moto est largement utilisé à Douala, davantage
que le taxi voiture.
65
ont ces ressources mais ne pensent pas ou n’osent pas puiser dedans.
En France, il a fallu de nombreuses années pour que les médiations soient pensées
comme de véritables outils en psychomotricité. Au Cameroun, pour l’instant, les
médiations sont peu utilisées ou de façon très stéréotypée, mais je pense qu’il faut
leur laisser le temps de construire leurs propres médiations, leurs propres outils en
prenant ce qui peut être intéressant et en adéquation avec leur fonctionnement et
leur culture, tout comme nous avons pu le faire en France avec les médecines
traditionnelles chinoises. Pendant longtemps en France, n’ont été utilisés comme
médiation en psychiatrie adulte que la relaxation, la gymnastique douce et le tai chi
chuan. Mais, les médiations pour l’adulte commencent à se penser et à trouver leur
place dans l’univers de la psychiatrie adulte. On pensait que l’utilisation de médiations
pouvait être trop infantilisante mais nous savons aujourd’hui que l’engagement du
corps dans le suivi des adultes réunifie le corps et constitue un encrage solide. En
outre, la médiation thérapeutique, aussi multiple qu’elle puisse être, est un outil choisi
en fonction des aptitudes du psychomotricien et du patient. Plus le patient aime la
médiation et plus il adhère au soin.
On retrouve, dans la pratique camerounaise, ce que j’ai pu observer avec les
étudiants, c'est-à-dire une certaine difficulté à lâcher prise et à proposer des activités
expressives telles que le théâtre ou la danse en séance, surtout avec des adultes. Les
professionnels ont mis en place quelques médiations comme la danse ou les
percussions ainsi que le mime avec des patients. Cependant, ils décrivent leur
difficulté à proposer des activités qui parfois leur paraissent infantilisantes et surtout
qui semblent s’éloigner du soin. J’ai rencontré un psychomotricien camerounais
exerçant à Douala : il a remarqué que plus de la moitié des patients qu’il a reçu l’année
dernière et pour qui il a fait le bilan en même temps que l’entretien lors de la première
séance, ne sont jamais revenus. Il a compris que les patients venaient en réalité avec
une demande masquée et lorsque le rendez-vous les décevaient en ne répondant pas
directement à leur problématique, ils ne revenenaient pas. En outre, il est difficile de
mettre le corps en mouvement chez un adulte ; c’est jugé comme trop infantilisant
même lorsque le corps est dénigré. Mettre le corps tout de suite au centre de la séance
est trop violent pour eux. Il a donc décidé de commencer par quelques entretiens où il
« applique l’empathie et la congruence. » Il recentre la problématique du patient sur le
corps, un peu plus tard dans le suivi. Cela marque le début de l’alliance thérapeutique.
Il suit actuellement une vingtaine de patients régulièrement depuis deux ans. C’est en
utilisant l’essai / erreur que les professionnels camerounais trouvent un mode de
fonctionnement qui leur convient et qui convient à leurs patients. Les étudiants
66
camerounais, quant à eux, semblent un peu plus perdus entre toutes ces nouvelles
choses apportées par l’ISRP et les pratiques possibles au Cameroun. Néanmoins, il leur
faudra peut être plus de temps pour intérioriser toutes ses informations et fonctionner
par essai / erreur. Ils sont dans un processus de remise en question et de réflexion et
non pas dans un système d’application linéaire de ce que l’on peut leur apporter.
En ce qui concerne les médiations employées au Cameroun, elles sont peu
nombreuses et peu exploitées. Mais elles sont néanmoins citées dans les réponses des
questionnaires. En outre, si les étudiants ont un bon niveau théorique, ils sont en
difficulté dans le domaine créatif. Ce qui est en train de changer car c’est évidement en
lien étroit avec la formation de l’IPPR. En effet, dans un premier temps l’accent a été
mis sur le niveau théorique, puis le bilan et l’évaluation psychomotrice, les tests et les
principales médiations ont été énoncés. L’équipe pédagogique de l’IPPR et l’ISRP s’est
vite rendue compte du peu de médiations utilisées, outre la relaxation
instauré entre les deux écoles, entre les deux pays, depuis quatre ans. Mais sans
l’intervention de l’ISRP, l’IPPR ne se serait peut être pas aussi vite ni aussi bien
développée.
Je me suis posée la question d’une éventuelle peur de l’échec, peur de ne pas
répondre correctement. Ils ont mis beaucoup de temps pour y répondre, voire pas du
tout. Je me suis également rappelée qu’après l’enthousiasme dont ils avaient fait
preuve lorsque je leur ai annoncé le sujet de mon mémoire, ils s’inquiétaient un peu de
lire ce que j’allais écrire sur eux.
La problématique temporelle correspond aux observations que j’ai pu faire sur leur
gestion du temps et l’ordre de leurs priorités. Ce n’est pas facile pour nous,
Occidentaux, qui vivons dans l’urgence de concevoir une certaine lenteur de
réalisation. Cela nous paraît lent par rapport à notre point de vue et nos priorités.
Cependant, si la dimension culturelle de la perception et de l’utilisation du temps n’est
pas à négliger, je pense qu’il est possible que d’autres hypothèses entrent en jeu.
La question de la motivation et la distance sont à prendre en compte (l’étude a été
réalisée à plus de 6 000 kilomètres). Il est difficile d’anticiper les conséquences ou les
tenants et aboutissants lorsqu’on participe d’aussi loin à un projet. En outre, j’ai choisi
mon sujet de mémoire sans leur demander leur avis et certain n’avaient peut-être tout
simplement pas envie que je parle d’eux. Malgré les avancées considérables
observables à Douala, on constate tout de même une certaine fragilité dans la réalité
des choses.
Bien que j’aie envoyé une trentaine de questionnaires aux étudiants français, dix
m’ont répondu rapidement, ce qui suffit pour mon étude. Sur neuf étudiants de l’IPPR,
six seulement ont répondu, ce qui fait deux tiers, alors qu’un tiers des étudiants
français m’a répondu. Dans notre promotion à l’ISRP, nous sommes 156 étudiants. Si
un tiers des étudiants participe à un projet donné, cela fait quand même plus d’une
cinquantaine d’étudiants investis. A l’IPPR, ils ne sont que neuf étudiants en troisième
année, l’on attend d’eux d’être particulièrement irréprochables en raison de leur petit
nombre. En effet, lorsque trois étudiants refusent un projet cela fait déjà un tiers des
étudiants en moins…
74
3) Le devenir du partenariat ISRP/IPPR :
Suite à la dernière réunion à Douala le 22 février 2011, un courrier a été adressé au
chef de la division de la coopération au ministère de la santé publique. Le but étant de
faire un bilan des objectifs atteints et des nouveaux objectifs à fixer, sachant que cette
coordination de M. Scialom a pour but, depuis 2007, d’assister Sœur Catherine
Dominique dans le développement et l’organisation de l’IPPR.
Au niveau de l’enseignement, la formation atteint un bon niveau d’autonomie. Les
étudiants progressent et sont bien suivis par une équipe pédagogique qualifiée. A
l’occasion du séminaire international, sur le thème de la psychomotricité aux différents
âges de la vie, a eu lieu la cérémonie de remise officielle des attestations de formation
des douze premiers psychomotriciens camerounais. Ces attestations sont cosignées
par l’IPPR-OIPR. Ces premiers psychomotriciens ont trouvé des débouchés
professionnels dans différents secteurs (VIH, exercice libéral, hôpital psychiatrique,
centres pour enfants handicapés). Parmi eux, deux sont les premiers enseignants de
l’IPPR. Avec la participation de sept étudiantes de l’ISRP et de deux professionnelles
françaises durant cette année universitaire, de nouveaux étudiants prochainement
diplômés pourront être formés à l’enseignement. Il faudrait toutefois accentuer
l’entraînement inter et intra promotions, la verbalisation des projets thérapeutiques et
varier le contenu des séances de façon plus créative et adaptée à la culture
camerounaise.
L’IPPR est un institut de formation bien structuré. L’équipe pédagogique gère
efficacement l’organisation générale de l’école. L’équipement informatique est utilisé
à bon escient, la bibliothèque propose des ouvrages spécialisés et le règlement
intérieur est clair et appliqué.
Cependant, il faudrait nommer un responsable coordinateur de l’ensemble des
stages. En effet, pour l’instant c’est Adeline qui s’en charge, elle passe sur les lieux des
stages des étudiants à peu près une fois par mois. Elle quitte l’école à la fin de l’année
scolaire. La question de sa succession se pose car le suivi pédagogique des étudiants
pendant leurs stages est fondamental.
Afin de créer de nouveaux outils propres au Cameroun, un projet de recherche est
évoqué depuis quelques temps déjà. Un objectif de recherche potentiel serait d’établir
un étalonnage des âges de développement psychomoteur, dans un premier temps
pour les enfants de 0 à 3 ans. Pour cela, il faudrait nommer un coordinateur
enseignant et des stagiaires de première année en maternité et en crèche. En effet,
75
cela fait plusieurs années déjà que le Cameroun n’a pas d’outil pour évaluer le
développement de l’enfant. Plusieurs observations ont pu montrer que les enfants
camerounais ne se développent pas de la même façon ni à la même vitesse que les
enfants français. Donc les échelles de développement n’ont pas de valeur significative
au Cameroun. Il serait également intéressant de renforcer l’ancrage de la
psychomotricité dans les maternités, la prévention pour les prématurés et la guidance
dans les relations précoces mère-enfant.
Le centre thérapeutique annexé à l’IPPR est un lieu de soins et de stages. Le suivi
des patients est régulier. Les différentes observations et évolution se rapportant au
bilan psychomoteur pourraient être différenciées des observations cliniques
quotidiennes. Il pourrait également être intéressant d’étoffer l’éventail des
orientations psychomotrices possibles, vers les difficultés scolaires, par exemple. Ce
centre pourrait être l’occasion d’intégrer des thérapeutes d’autres professions
complémentaires tels que les orthophonistes ou les kinésithérapeutes. Une stagiaire
éducatrice de jeunes enfants a fait un stage de six mois au centre de l’IPPR, ceci a
permis une révision de l’organisation de la journée mais aussi une affirmation de
l’identité du psychomotricien bien distincte de celle de l’éducatrice.
En conclusion de ce bilan, des progrès exponentiels ont été accomplis en trois ans
et demi pour atteindre un bon niveau d’autonomie, de professionnalisation et de
formation. L’envoi d’étudiants français n’est plus indispensable et se situe aujourd’hui
à un niveau d’échange réciproque. La décision d’arrêter ou de poursuivre le
programme doit être prise au plus tard fin avril 2011 par l’IPPR. Il est discuté en ce
moment d’une fusion potentielle avec le PEA « penser le corps africain » pour l’année
universitaire prochaine. Des rendez vous seront prochainement pris avec la présidente
de ce PEA afin d’évoquer les objectifs que nous pourrions fixer ensemble.
Malgré ses efforts et ses progrès, le développement de la psychomotricité à
l’échelle du pays dépend de la place que lui laissera le système de santé.
4) Système de santé camerounais : est ce que l'État est prêt à laisser
une place à la psychomotricité ?
Quelle est la place de la psychomotricité dans le système de santé camerounais
actuel ? On remarque une répartition inégale des services médicaux dans le pays et se sont les zones enclavées du Grand Nord et de l'Est du pays qui en pâtissent le plus. Le
76
Cameroun bénéficie d’un potentiel significatif en structures sanitaires, dont
l’organisation générale s’appuie sur le cadre suivant45 :
- Un niveau central qui comprend les services centraux du Ministère de la Santé
Publique.
- Les hôpitaux qui regroupent des établissements publics administratifs :
o L’hôpital Général de Yaoundé
o L’hôpital Général de Douala
o L’hôpital de Gynéco obstétrique pédiatrie
o Le centre hospitalier universitaire (CHU)
- Des services rattachés :
o L’hôpital central de Yaoundé
o L’hôpital Jamot de Yaoundé
o L’hôpital Laquintinie de Douala
- La province, qui comprend :
o Une délégation provinciale de la santé publique
o Un hôpital provincial ou assimilé (il y a actuellement au Cameroun dix
délégations provinciales de santé publique)
- Le district de santé :
Il y a actuellement au Cameroun 143 districts de santé. La population d’un district
de santé varie entre moins de 50 000 habitants et plus de 150 000 habitants. Un
district de santé peut couvrir plusieurs entités administratives limitrophes. Il
correspond à un ou deux arrondissements dont il épouse les limites administratives. Il
ne doit en aucun cas être à cheval sur deux arrondissements ou deux départements.
La psychomotricité, malgré des spécificités culturelles, reste internationale et
accessible à tous, à condition d’être réellement à l’écoute des patients. Au-delà des
spécificités culturelles, de l’histoire de chaque patient et de chaque thérapeute engagé
dans la relation thérapeutique, la psychomotricité prend à la fois en compte la culture
de chacun et en même temps la globalité du sujet.
Aujourd’hui, la psychomotricité au Cameroun est en plein essor. Il reste encore des
choses à faire mais il faut laisser du temps au temps. Nous avons pu voir à travers ce
travail, comment les camerounais gèrent le temps et, s’ils sont souvent en retard au
quotidien, ce n’est pas le cas pour la psychomotricité. Je souhaite de tout cœur que ce
partenariat fructifiant entre l’ISRP et l’IPPR continue et permette à d’autres étudiants
de vivre cette expérience tant enrichissante sur le plan professionnel qu’humain.
J’ai, pendant ma formation, étudié l’histoire de la psychomotricité en France, les
différents courants qui l’ont influencé, les difficultés de la création d’un diplôme, la
mise en place d’écoles et la difficulté d’insertion d’une nouvelle profession au sein des
équipes médicales, paramédicales et éducatives. En arrivant à Douala et en discutant
avec les étudiants, les « diplômants »47 et la directrice, j’ai été fascinée par le fait que
tout ce que j’ai appris sur l’histoire de la psychomotricité, ils sont en train de le vivre.
Ils écrivaient leur histoire. En effet, dans 50 ans, ce sont ces pionniers de la
psychomotricité camerounaise que les jeunes élèves étudieront en cours. Je trouve
cela incroyablement grisant et vertigineux de jongler ainsi avec l‘avenir et le passé.
Malgré tous les problèmes auxquels les précurseurs sont immanquablement
confrontés, ils restent motivés et je suis admirative de leur force de caractère et de
leurs convictions. Ils appellent cela de la foi, moi, l’espoir…
47
En train d’être diplômés, n’ayant pas encore validé, le mémoire.
BIBLIOGRAPHIE
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- WINNICOTT. D, (1971, traduction 1975), Jeu et réalité, Ed. Gallimard.
ANNEXE 1 :
ORGANIGRAMME DE L’IPPR RENTRÉE SCOLAIRE 2010
ANNEXE 2 :
RÉCAPITULATIF CHRONOLOGIQUE DE L’HISTOIRE DE L’IPPR
ANNEXE 3 :
TABLEAU 1 : RÉCAPITULATIF DES TROIS GROUPES CONCERNANT LE TEMPS
ÉTUDIANTS CAMEROUNAIS (7)
ÉTUDIANTS FRANÇAIS (10) PROFESSIONNELS CAMEROUNAIS (6)
Horaires difficiles à respecter pour le patient et le stagiaire. Découpage des séances en 3 temps utilisés par la moitié des étudiants. L’autre moitié s’adapte au patient et sa problématique. Durée et fréquence des séances : 45 minutes 2 fois par semaine. Bilan réalisé en deux séances environ.
Horaires respectés, marque de professionnalisme et garant du cadre thérapeutique. Découpage des séances en 3 temps systématique, les rituels diffèrent. Durée et fréquence des séances : 30-45 minutes 1 à 2 fois par semaine. Bilan réalisé en deux ou trois séances, environ 1h30 sans compter le temps de cotation et de rédaction.
Horaires difficiles à respecter pour les patients donc nécessite adaptation au retard de 15-20 minutes en moyenne, surtout pour des raisons financières. Découpage des séances en 3 temps, systématique, les rituels varient. Durée et fréquence des séances : 45 minutes – 1 heure, 2 fois par semaine. Bilan réalisé en 2 heures sur deux séances.
ANNEXE 4 :
TABLEAU 2 : RÉCAPITULATIF DES TROIS GROUPES CONCERNANT L’ESPACE
ETUDIANTS CAMEROUNAIS (7)
ETUDIANTS FRANÇAIS (10) PROFESSIONNELS CAMEROUNAIS (6)
Propre : non en majorité. Espace peu adapté mais adaptable. Peu de lieux de stage en hôpitaux, plus de cliniques privées ou d’associations. Le peu de rangements présents est justifié pour protéger le matériel des enfants.
Propre : mitigé mais oui pour une grande partie. Espace adapté. Lieux de stage dans une multitude de secteur privé et public. Rangement par thèmes et items psychomoteurs, pour éviter la sur stimulation et facilité l’accès.
Propre : oui et non mais très peu adapté. Peu de lieux de travail en hôpital. Plus de centre, de « libéral ». Peu de rangement sinon sur étagères, ou armoires.
ANNEXE 5 :
TABLEAU 3 : RÉCAPITULATIF DES PRINCIPALES INDICATIONS ET POPULATION AU
CAMEROUN ET EN FRANCE
ETUDIANTS CAMEROUNAIS (7)
ETUDIANTS FRANÇAIS (10) PROFESSIONNELS CAMEROUNAIS (6)
TABLEAU 4 : RÉCAPUTILATIF DE L’UTILISATION DES OUTILS EN PSYCHOMOTRICITÉ
DANS LES TROIS GROUPES
ETUDIANTS CAMEROUNAIS (7)
ETUDIANTS FRANÇAIS (10) PROFESSIONNELS CAMEROUNAIS (6)
Peu de matériel ni qualitatif, ni quantitatif mais couvre tous les domaines. Beaucoup de stimulation sensorielle. Transport à leur frais. Achat : par le stagiaire ou les familles (parents), parfois par la structure. Médiations : très pauvre.
Matériel très varié et très utilisé. Un peu moins de motricité fine par rapport aux autres items. Standardisation du matériel. Peu de transport en stage. Sinon voiture de fonction. Achat par la structure et parfois le psychomotricien de l’institution. Médiations : multiples et variées, beaucoup d’expressivité, et stimulation sensorielle
Peu de matériel, mais couvre tous les domaines (un outil par item presque) travail sur la motricité fine et le dessin important. Transport à leur frais. Achat : peu par la structure, principalement par le psychomotricien ou la famille. Médiation : relaxation et toucher thérapeutique quasi unique médiation. Mais commencent à se développer : danse, musique, mime… reste pauvre.
ANNEXE 7 :
TABLEAU 5 : RÉCAPITULATIF DE LA PLACE DES TROIS GROUPES AU SEIN DE L’ÉQUIPE
PLURIDISCIPLINAIRE
ÉTUDIANTS CAMEROUNAIS (7)
ÉTUDIANTS FRANÇAIS (10) PROFESSIONNELS CAMEROUNAIS (6)
Travail en équipe peu développé. Surtout pour l’organisation du partage du temps et des salles.
Travail en équipe indispensable en France.
Beaucoup travaillent seuls, sauf compte rendu au supérieur quand il y en a un. Un seul est vraiment intégré dans une équipe pluridisciplinaire.
ANNEXE 8 :
TABLEAU 6 : RÉCAPITULATIF DU TRAVAIL SUR PRESCRIPTION MÉDICALE DANS LES
TROIS GROUPES
ÉTUDIANTS CAMEROUNAIS (7)
ÉTUDIANTS FRANÇAIS (10) PROFESSIONNELS CAMEROUNAIS (6)