MINISTERE DE L’ECONOMIE BURKINA FASO ET DES FINANCES Unité, Progrès, Justice INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE ET DE LA DEMOGRAPHIE PROFIL ET EVOLUTION DE LA PAUVRETE AU BURKINA FASO E E T T U U D D E E S S T T A A T T I I S S T T I I Q Q U U E E N N A A T T I I O O N N A A L L E E D DI IR RE EC CT TI IO ON N D DE ES S S ST TA AT TI IS ST TI IQ QU UE ES S G GE EN NE ER RA AL LE ES S Première édition Ouagadougou, Mars 2000
155
Embed
PROFIL ET EVOLUTION DE LA PAUVRETE AU BURKINA FASO ...
This document is posted to help you gain knowledge. Please leave a comment to let me know what you think about it! Share it to your friends and learn new things together.
Transcript
MINISTERE DE L’ECONOMIE BURKINA FASOET DES FINANCES Unité, Progrès, Justice
INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUEET DE LA DEMOGRAPHIE
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 19982
SOMMAIRE
AVANT PROPOS
I. INTRODUCTION……………………………………………………………….5
II. METHODOLOGIE……………………………………………………………10
. Sources des données : Description et critique……………………………..10
. Constructions de la mesure de bien-être : dépenses, indice de prix et taille du ménage.…………………………………………………………………11. Seuil………………………………………………………………………..12
III DEPENSES. EVOLUTION DE LA PAUVRETE SELON L’APPROCHE DESDEPENSES
. Incidence de la pauvreté, par milieu, région et groupe socio-économique...15
.Profondeur de la pauvreté, par milieu, région et groupe socio-économique..18
IV. EVOLUTION DE LA PAUVRETE SELON LES ACTIFS ET ACCES AUX SERVICES….20
. Biens durablesBiens de commodité………………………………………………...21Biens de communication……………………………………………22Biens de transport…………………………………………………...23
. Accès au services de baseEau potable………………………………………………...………..24Qualité de l’habitat………………………………………………….25
.Les actifs agricoles…………………………………………………………28
V. DEVELOPPEMENT HUMAIN………………………………………….…...30
V.1.1 ALPHABETISATION…………………………………………………..30Sexe et niveau de vie…………………………………………….….30Région et niveau de vie………………………………………….….32Groupe socio-économique et niveau de vie………………………....33
V.1.2. FREQUENTATION SCOLAIRE………………………………………..34
- Scolarisation au primaire……………………..…………………….…..34- Sexe et niveau de vie……………………………………………...34- Milieu de résidence et pauvreté…………………………………...35- Région économique de pauvreté…………….………………...…..36
Scolarisation au secondaire.……………………………………………...37- Sexe et niveau de vie.……………………………………………..37
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 19983
- Milieu de résidence et pauvreté…….…………………………….37- Région économique et pauvreté…….…………………………… 38
Scolarisation au supérieur……………………………………………39
Type d’école fréquentée…………..…… ……………………….……40
Raison d’abandon……………………………………………………..41
V.2. SANTE…………………………………………………………....43
V.2.1 MORBIDITE………………………………………………………43
V.2.2 UTILISATION DES SERVICES DE SANTE…………………………..44
.Degré de consultation…………………..……………………………..44
.Raison de non consultation………………….………………………..46
.VI CONCLUSION
.Annexes…………………………………………………………………48
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 19984
AVANT PROPOS
Le présent rapport, basé sur les données issues de l’Enquête Prioritaire sur lesconditions de vie des ménages réalisée par l’Institut National de la Statistique et deDémographie (I.N.S.D) est une mise à jour du profil de la pauvreté de 1994 au Burkina Fasoet permet de cerner des évolutions. Les données issues des Enquêtes Prioritaires couvrent unemultitude de sujets et permettent une meilleure compréhension des conditions de vie desménages burkinabè.
Le rapport examine la pauvreté au Burkina Faso et l’évolution de celle-ci à travers trois écrans: les dépenses, les actifs et l’accès aux services de base et, le développement humain.
L’objectif principal visé étant d’aider à une meilleure connaissance des conditions de vie desménages au Burkina ( plus particulièrement les groupes pauvres de la population) et unemeilleure appréhension des manifestations de la pauvreté. Le rapport vise à aider lesplanificateurs et autres décideurs à élaborer des stratégies appropriées de réduction de lapauvreté sur le plan national.
La présente étude est réalisée par une équipe composée d’experts de l’I.N.S.D, de la D.G.E.P,de la FA.S.E.G sous la supervision d’un consultant international. Ont contribué à sa réalisationM. Harrold COULOMBE (Economiste, consultant), M Kimseyinga SAVADOGO (professeur,chercheur, consultant, FA.S.E.G), M. Hamado SAWADOGO (Statisticien Economiste,I.N.S.D), M. Alphonse Eouaya YAMEOGO (statisticien, consultant); M. Michel KONE(statisticien, I.N.S.D), M. Maxime BONKOUNGOU (Statisticien économiste I.N.S.D), M.Koudbi SINARE (Planificateur, D.G.E.P), M Antoine Simonpietri (Banque Mondiale),M.Essimi MENYE (Statisticien Economiste, Banque Mondiale), M Hypolite FOFACK(Economiste, Banque Mondiale).
Que toutes les institutions qui ont apporté leur appui à la réalisation de l’Enquête Prioritaire età l’élaboration du profil de pauvreté au Burkina Faso trouvent ici nos remerciements. Cesremerciements vont en particulier au Programme des Nations Unies pour le Développement(PNUD) à travers le P.A.G.E, à la Banque Mondiale à travers le P.A.A et la Banque Africainede Développement (BAD).Nous remercions tous ceux qui, de près ou de loin, directement ou indirectement, ontcontribué à la réalisation de l’étude.
Le Directeur Général de l’INSD
Hamado SAWADOGO
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 19985
• I- INTRODUCTION
Le Burkina Faso figure comme un des pays les plus pauvres du monde. En terme dedéveloppement humain, il se classe depuis 1994 parmi les derniers du monde selon les rapportsmondiaux du PNUD. Une telle situation commande de la part du Gouvernement, uneconnaissance de la manifestation du déficit social, l’adoption et mise en œuvre d’une politiquevigoureuse, volontariste et bien ciblée de réduction de la pauvreté.
Caractéristiques physiques
Le Burkina Faso couvre une superficie d’environ 274 000 Km2. Il connaît un climatmarqué par une pluviométrie faible, irrégulière et inégalement répartie aussi bien dans le tempsque dans l’espace. Le pays dispose par ailleurs de potentialités en terres cultivables très limitéestoute chose qui fragilise la base du développement durable de l’agriculture qui occupe près de85% de la population active. A cela s’ajoute son enclavement qui constitue une contraintemajeure pour les échanges extérieurs et un élément de renchérissement des facteurs deproduction.
Caractéristiques démographiques.
Le Burkina Faso comptait 10,3 millions d’habitants en 19961 contre 7,7 millions en1985 soit un accroissement moyen annuel de 2,37%. A ce rythme, la population atteindra12,7 millions environ en 2005.
La population burkinabé est caractérisée par :
- Une fécondité précoce, fréquente, tardive qui s’est stabilisée quasiment depuis 1991 à 7enfants en moyenne par femme.
- Une mortalité en baisse continue mais encore très élevée : le taux brut de mortalité a diminuéde moitié entre 1960 et 1998, passant de 32‰ à 16,4‰.
- Les migrations (internes et internationales) constituent un phénomène encore important quiaffecte directement la répartition de la population à l’intérieur du territoire national.
- Une frange importante de la population est très jeune. Les moins de 15 ans représentent 48%de la population (RGPH de décembre 1996) ; ce qui explique en grande partie l’écart de plusen plus important, entre la demande et l’offre en matière de scolarisation, de santé et d’emploi.
1 Selon les résultats du dernier général de la population de décembre 1996
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 19986
Situation politico-administrative.
Au plan administratif, le Burkina Faso est organisé en quarante cinq (45) provinces,trois cent cinquante (350) départements, trente-trois (33) communes de plein exercice etenviron huit mille (8228) villages.
Sur le plan politique, le processus de démocratisation entamé en 1991 se consolide. Lesorganes institutionnels prévus par la Constitution de 1991 sont désormais en place etfonctionnent régulièrement. La première législature (1992-1997) a été conduite à son termenormal.
Contexte macro-économique
Des changements économiques majeurs sont intervenus ces dernières années auBurkina Faso. En effet, les mesures de réformes économiques mises en œuvre depuis 1991,conjuguées aux effets de la dévaluation expliquent cette évolution économique du paysmarquée par la poursuite de la croissance. Le taux de croissance moyen du Produit intérieurbrut a été de l’ordre de 5% en termes réels sur la période 1995-1998 contre 1,5% pour lapériode 1993-95.
Le secteur agropastoral a été le moteur de la croissance économique. C’est notammentle boom de la production cotonnière (doublement de la production) qui est à l’origine del’expansion du secteur primaire. La croissance a également été tirée par la demande avec destaux de croissance soutenus de la consommation (8,8%), de l’investissement (18,4%) et desexportations (12%). Le taux d’épargne nationale a été de l’ordre de 16,6% du PIB en moyennesur la période 1994-98 grâce à l’afflux des transferts nets des travailleurs burkinabé immigrés.
Le secteur tertiaire (38% en moyenne du PIB), en particulier les services marchands,s’affirme comme la seconde source de croissance. Le secteur secondaire (18% en moyenne duPIB), en dehors du dynamisme des BTP modernes, est resté peu actif au cours de la périodeconsidérée en raison de la très faible compétitivité des industries burkinabé.
Mesurée par l’indice des prix à la consommation, l’inflation a fortement baissé, passantde 11,5% en moyenne entre 1993 et 1995 (avec un pic de 24,7% en 1994 du fait de ladévaluation) à 2,3% en 1997. Les progrès accomplis dans la gestion de l’offre et dans la miseen œuvre des réformes budgétaires et de la politique monétaire (la croissance de la massemonétaire, est passée de 30% environ en 1994, à 8% en 1998) ont permis une bonne maîtrisede l’inflation.
Les finances publiques se caractérisent par une amélioration des recettes publiques surla période 1996-98 (de 11,8% à 13,2% du PIB), une réduction des dépenses courantes (de11,3% à 10,4% du PIB), soit une épargne budgétaire en nette progression (de 0,5% à 2,8% duPIB). Le solde budgétaire (base engagement), hors dons et hors financements extérieurs desinvestissements dégage un excédent de 0,5% du PIB en 1998 contre un déficit de 1% en 1994du fait d’une part de l’accroissement des recettes dû à l’élargissement de l’assiette fiscale et àl’amélioration des recouvrements et d’autre part, à la rationalisation des dépenses,particulièrement la maîtrise des dépenses de fonctionnement.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 19987
L’accroissement des investissements réalisés ces dernières années a entraîné uneaugmentation des importations de 15,58% en moyenne entre 1995 et 1998 qui n’a pas pu êtrecouverte par les recettes d’exportation qui se sont accrues de 11,45% traduisant ainsi un déficitstructurel (183,7 milliards F CFA en 1998) de la balance commerciale .
Le stock de la dette a atteint 839 milliards F CFA dont 94,5% de dette extérieure en fin1998, soit 57% du PIB courant. Le service de la dette est passé de 25,4% (1994) à 16% desexportations en 1998. Mais la charge de la dette demeure importante pour une économie auxexportations concentrées sur quelques produits (coton, or, produits d’animaux) dont les courssubissent des fluctuations importantes . Les performances actuelles de l’économie burkinabésont satisfaisantes en comparaison de la période 1993-1995. La plupart des indicateurs macro-économiques ont connu globalement une tendance à l'amélioration (PIB, inflation,investissement, épargne budgétaire), à l’exception des comptes extérieurs qui présententencore des faiblesses structurelles. La situation au niveau de certains secteurs porteurs decroissance (agriculture, élevage, industries, mines) demeure encore fragile. Toutefois, cesprogrès enregistrés ne sont pas encore suffisants pour induire un changement qualitatif dans leniveau de vie de la population.
Contexte social.
La pauvreté au Burkina Faso est d’abord et avant tout de nature structurelle : (i) laprincipale source de revenus de la population est l’agriculture et l’élevage qui subissent leseffets des caprices climatiques et pluviométriques ; (ii) le pays est peu doté en ressourcesnaturelles et est obligé d’importer à grands coûts des produits pétroliers pour la production del’électricité et le carburant pour les véhicules ; (iii) les problèmes de santé de la population sontaggravés par les maladies tropicales endémiques et surtout le renchérissement des produitspharmaceutiques compte tenue de la dévaluation ; (iv) l’enclavement du pays renchérit sescoûts de transports, d’équipement et d’approvisionnement toute chose de nature à grever lacompétitivité de son économie ; (v) l’infrastructure économique qui était très peu étoffée voireinexistante à l’indépendance demeure très insuffisante.
Le gouvernement est conscient du caractère préoccupant de la pauvreté au niveaunational et s’attèle à sa réduction. Cette option a été clairement exprimée le 2 juin 1994(lancement des six engagements nationaux) et s’est traduite en 1995 par l’élaboration de laLettre d’intention de politique de développement humain durable (LIPDHD). Aussi, le Burkinaa pris part aux différents sommets mondiaux traitant de la lutte contre la pauvreté(Copenhague en mars 1995, Oslo en 1996 et Libreville en janvier 2000). Pour mieux cerner lephénomène (de pauvreté), suivre son évolution et bien cibler sa stratégie, le gouvernement aentrepris un certain nombre d’actions : mise en place du Groupe National de Réflexion (GNR)sur le DHD et les études sur le profil de pauvreté.
En ce début d’année 2000, le gouvernement s’est investi à l’élaboration d’un documentde stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) conformément aux nouvelles orientations etaux nouveaux instruments proposés par les institutions de Bretton Woods et les autrespartenaires au développement.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 19988
Contexte international
En ce début du troisième millénaire, la communauté internationale a pris conscience del’aggravation de la pauvreté dans les pays en développement et particulièrement en Afriquemalgré les progrès économiques réalisés avec les politiques d’ajustement. Elle attachedésormais un intérêt à la réduction de la pauvreté sur le continent. Elle a exprimé cettepréoccupation en mettant en place un mécanisme de réduction de la dette en faveur de ces pays(initiative PPTE) avec pour but essentiel, de permettre à ces pays de consacrer davantage deressources au financement des secteurs sociaux. En vue d’élargir les possibilités d’éligibilité àcette initiative, le sommet du G7 tenu à Cologne en juin 1999 a décidé du renforcement del’initiative.
Récemment, le FMI et la Banque mondiale ont proposé un nouveau cadre de politiquede prêts concessionnels centré sur la réduction de la pauvreté notamment la transformation dela Facilité d’ajustement structurel renforcée (FASR) en facilité pour la réduction de lapauvreté. Pour ce faire, ils recommandent l’intégration totale par les Etats d’une stratégie deréduction de la pauvreté dans leurs programmes de réformes macroéconomiques etstructurelles et particulièrement l’élaboration d’un document de stratégie pour la croissanceéconomique et la réduction de la pauvreté (DSRP).
La dynamique de la pauvreté
La pauvreté est un phénomène complexe en ce sens qu’elle se manifeste sous diversesformes : absence de revenu et de ressources productives suffisantes pour assurer les moyensd’existence viables, faible accès aux services sociaux (santé, logement, éducation, eau potableetc.), l’exclusion sociale et l’absence de participation aux prises de décisions. Elle est nonseulement quantitative (son caractère monétaire -insuffisance de revenu et de consommation-)et qualitative (ses aspects liés à l’accessibilité aux besoins essentiels voire la pénurie decapacités2) mais aussi dynamique. De ce fait, la mise en œuvre d’une politique de réduction dela pauvreté requiert un effort de connaissance du phénomène : la définir, la mesurer, lalocaliser, connaître son ampleur et son incidence dans la population et surtout suivre sonévolution. L’étude sur le profil de la pauvreté est l’instrument qui permet cette appréhension dela pauvreté.
La première étude de ce type au Burkina Faso a été réalisée en 1996 sur la base desrésultats de l’enquête prioritaire I (EP.I) portant sur les conditions de vie des ménagesconduite d’octobre 1994 à janvier 1995. Elle avait établi une ligne de pauvreté correspondant àun besoin calorifique alimentaire journalier adulte de 2283 calories. Sur cette base et selon lastructure des dépenses (alimentaire et non alimentaire) des ménages, le seuil absolu national depauvreté au Burkina Faso a été établi à 41.099 Fcfa par adulte et par an. La proportion de lapopulation vivant en dessous de ce seuil a été estimée à 44,5%.
Il en est résulté qu’en 1994 la pauvreté était principalement localisée dans les zonesrurales ; elle touchait les ménages d’agriculteurs et particulièrement ceux d’agriculteursvivriers.
2 Approche de la pauvreté par le P.N.U.D en terme de pauvreté humaine.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 19989
La présente étude (deuxième du genre au Burkina3) qui utilise les résultats de l’Enquêteprioritaire II réalisée de mai à août 1998 a permis de comprendre l’évolution du phénomènenotamment la valeur courante du seuil établi en 1994 et qui est estimée à 72 690 Fcfa paradulte. Cette étude permet de connaître l’évolution de la pauvreté au niveau national, entre lesmilieux de résidence et les groupes socio-économiques. Elle se fixe pour objectif de donner deséléments d’appréciation qui vont contribuer à l’élaboration des stratégies adéquates deréduction de la pauvreté au Burkina Faso.
3 Au plan national, il s’agit de la deuxième étude sur le profil de la pauvreté. Cependant, en 1998, une autreétude sur le profil de la pauvreté a été réalisée sur la base des résultats de l’EP 1. Mais cette étude étaitspécifiquement relative au profil de pauvreté urbaine.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199810
II. MÉTHODOLOGIE
sources des données : description et critique
Les données utilisées dans la présente étude proviennent de deux (2) enquêtes àcouverture nationale détaillées sur les conditions de vie des ménages : la première fut réaliséed’octobre 1994 à janvier 1995 et, la seconde de mai à août 1998. Toutes les deux ont utilisé unquestionnaire basé sur le modèle standard de l’Enquête Prioritaire (Marchant et al 1987) avecde très légères différences.
L’enquête prioritaire I a concerné 8642 ménages et l’enquête prioritaire II a recueilli lesinformations auprès de 8478 ménages.
Un élément important de différence entre les deux sources de données est due auxpériodes d’observations : contrairement à l’EP I qui a été réalisée d’octobre à janvier , l’EP IIs’est déroulée à une période de soudure (mai – août ) , période d’une très grande sensibilitépour l’approvisionnement alimentaire de la population rurale. Cet état de fait quoique donnantune mesure valable à un moment donné ne permet pas une comparabilité des postes dedépenses observées lors des deux opérations. Par contre les autres biens (équipement et avoirs)sont moins assujettis aux variations saisonnières, aussi l’analyse mettra plus l’accent sur ceux-ci.
la mesure de bien-être : construction d’indicateurs
Définir la pauvreté de manière précise pour la mesurer est assez complexe, aussicomplexe dans son appréhension que dans la mise en œuvre de sa mesure. Tout de même, ainsique le soulignent plusieurs travaux, la mesure de la pauvreté va de paire avec la mesure dubien-être.
Disposer d’un indicateur de bien-être par individu permettrait alors de procéder à unclassement des individus des moins nantis aux individus les plus nantis au sens de la satisfactionde leurs besoins. Partant d’une ligne ou seuil, les individus serait partagés en deux groupes : lespauvres, ceux qui ont un niveau de vie inférieur au seuil et les non pauvres.
En réalité le bien-être n’est pas aussi simple à mesurer car le concept est à la foismultidimensionnel et subjectif. Il est multidimensionnel parce que entre autres plusieurs de sescomposantes ne sont pas forcement quantifiables. Il est subjectif à cause du problème habituelde la comparaison interpersonnelle des niveaux d’utilité.
Toutefois malgré ces problèmes, il est généralement admis qu’une mesure monétairereprésente une des meilleures façons de mesurer le bien-être au niveau individuel.
L’approche de la pauvreté par un seuil national de la pauvreté vise à définir de manièrerelativement objective un but chiffré.
L’approche de la pauvreté par le biais des seuils relatifs repose sur une démarche dedécoupage de la population totale en percentiles d’un ordre donné sur l’échelle de niveaux de
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199811
vie. L’option des quintiles dans l’étude du profil de pauvreté au Burkina Faso, ne peuvent êtreévaluées en termes monétaires percentile d’ordre 5, permet de décomposer sur l’échelle desniveaux de vie la population en 5 fractions de 20 % chacune évoluant ainsi qu’il suit :
Extrêmes pauvres = 1° quintilePauvres modérés = 2° quintileNiveau de vie moyen = 3° quintileNon pauvres = 4 et 5 ° quintile
Les deux approches combinées devraient entre autres répondre aux questionssuivantes :
1°) Quelles sont les caractéristiques de la population lorsque l’on passe de la pauvreté à la nonpauvreté de manière générale et de manière spécifique autour de la ligne de pauvreté dansl’espace suivant le genre, le groupe socio-économique etc.
2°) Quelles sont les contributions et influences spécifiques des pauvres et non pauvres auxcaractéristiques globales de la population ?
Dépenses, indice de prix et taille du ménage :
Pour classer les individus selon le degré de pauvreté ( des pauvres aux non pauvres), unindicateur du niveau de vie proche du revenu par tête dans un ménage a été calculé.L’indicateur proposé est le niveau des dépenses. Il est déterminé sur la base des résultats del’enquête comme étant égal à la somme des principales utilisations des revenus du ménage. Cesont les dépenses en achats (acquisitions payantes) ou en autoconsommation des biens ouservices alimentaires ou non alimentaires ( santé, éducation, habitation, habillement, transport,transfert, loisirs, etc.…) effectués par les membres du ménage. Ces dépenses peuvent se fairepour la satisfaction des besoins individuels ou collectifs, dans les ménages ou à l’extérieur desménages.
L’indice des dépenses ainsi défini, prend en compte toutes les utilisations possibles desrevenus du ménage puisqu’il inclut en plus des acquisitions des biens et services deconsommation, l’autoconsommation, l’épargne et les autres transferts. A défaut d’uneestimation directe des revenus du ménage, l’indice des dépenses en donne une idée très proche.
Les dépenses observées sont nominales et ont été saisies à l’échelle du ménage. Avantde calculer les dépenses par tête au niveau du ménage, il convient donc d’harmoniser lesdonnées par rapport aux écarts régionaux de prix afin que les dépenses nominales puissent seprêter aux comparaisons dans l’espace.
En ce qui concerne la correction des écarts régionaux de prix, des déflateurs régionauxont été construits pour ramener les dépenses à une même base de comparaison. Le dispositif derelevés des prix régionaux a fourni les prix moyens mensuels pour la période d’avril àdécembre 1998. Un prix moyen a été calculé par région sur la base de dix produits dont quatrealimentaires de base et six non alimentaires de base. Tous ces prix ont été ensuite comparés àceux de la région Centre (choisie comme base) donnant ainsi un déflateur pour chacune des 10
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199812
régions. Les dépenses de ménage ainsi déflatées sont rapportées à la taille de celui-ci.L’indicateur de bien-être est donc les dépenses totales réelles des ménages per capita.
Seuil :
Le choix d’un seuil de pauvreté est, au moins en partie, un processus subjectif. Si onutilise un concept absolu de la pauvreté et de la consommation par tête comme mesure dubien-être, le seuil de pauvreté représenterait le niveau minimum de consommation nécessairepour permettre à un individu d’une société donnée de subsister. Mais une telle définition duseuil pose le problème de la définition de la subsistance qui est en partie subjective. Il estdifficile de définir les besoins minima en aliments à fortiori de les définir pour les produits nonalimentaires.
Un seuil absolu national a pu être déterminé dans le cas du Burkina Faso et calculé àpartir des besoins (nutritionnels) spécifiques du pays, il fut estimé à 41.099 F CFA par adulte etpar an aux prix d’octobre 1994 et il a fait l’objet d’un consensus. Ce seuil correspond à lacouverture des besoins alimentaires (coût des dépenses nécessaires à l’obtention de 2283calories) d’une part et des dépenses non alimentaires d’autre part.
Ce même seuil actualisé en coûts réels aux prix de 1998 vaut 72.690 FCFA et couvreentre autres les besoins nutritionnels correspondant à 2283 calories.
La ligne de Pauvreté ou le seuil de pauvreté est le niveau normatif des dépenses endessous duquel les individus sont considérés comme pauvres. A cet égard l'analyse ici seramenée en terme de pauvreté absolue c'est à dire que l'approche passera par l'estimation du coûtd'un volume de biens basé sur les habitudes de la population et susceptibles de couvrir lesbesoins de consommation courante.
Indices de pauvreté.
Ayant défini une mesure du bien-être ( Yi pour l’individu i ) et déterminé un seuil depauvreté (Z), il ne reste plus qu’à élaborer des indicateurs permettant d’appréhender lesprincipales dimensions de la pauvreté au Burkina Faso. Ces indicateurs sont des indicesspéciaux qui décrivent l’étendue, la profondeur et la sévérité. Ces indices peuvent être dérivéscomme des cas particuliers de l’indice de pauvreté Pα développé par Foster, Greer etThorbecke (1984) et défini comme suit :
α
α
PZ Y
Zni
i
q
=−
∑
=
1
1
Où les individus sont classés en ordre croissant, à partir du plus pauvre (i=1) au plusriche (i=n où n est la population totale), q est le nombre d’individus considérés commepauvres, et α est un paramètre représentant l’importance placée sur le bien-être des pluspauvres parmi les pauvres. L’étendu de la pauvreté (la proportion de la population définiecomme étant pauvre ; Po = q/n) peut être obtenu comme un cas spécial où α = 0, tandis que laprofondeur de la pauvreté peut être définie comme P1 et la sévérité comme étant P2.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199813
Les indices Pα sont décomposables, c’est à dire que pour une population répartie en msous-groupes exclusifs et exhaustifs il est possible de calculer pour chaque sous-groupe k (k=1…,m) ayant une proportion de population égale à xk
Pour tout sous–groupe k donné
∑
−=
=kq
ik Z
YZP
kin 1
,
,1α
αou encore
kk
m
xP ,
1
Pαα ∑=
Par suite la contribution de chaque sous-groupe (ck) peut s’obtenir en écrivant :
α
α
PP , kk
kx
C =
La contribution est très utile pour identifier l’affectation différenciée de chaque sous-groupepar la pauvreté .
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199814
III. EVOLUTION DE LA PAUVRETE SELON L’APPROCHE PAR LESDEPENSES
Résumé
Les données des Enquêtes prioritaires I et II indiquent une légère hausse voire unestabilisation de l’incidence de la pauvreté mesurée selon les dépenses, entre 1994 et 1998.Ainsi, la croissance de l’économie nationale au taux de 5-6 % par an depuis le milieu desannées 90 n’a pas permis de réduire cette incidence de la pauvreté. Ces données montrent desdifférences dans les évolutions entre régions économiques: En milieu urbain, l’incidence dela pauvreté s’est accrue, de même que dans les zones rurales à faible potentiel agricole duPlateau central; elle a diminué dans les régions à forte production de cultures de rente, tellel’Ouest. Dans l’ensemble, la pauvreté reste cependant un phénomène essentiellement rural.La décomposition par groupe socio-économique indique une hausse de l’incidence de lapauvreté parmi les salariés du public et du privé, une baisse modérée dans le groupe desagriculteurs vivriers et une baisse substantielle dans le groupe des agriculteurs de rente.
Considérations méthodologiques
Une méthode couramment utilisée pour mesurer le bien-être est le niveau deconsommation de biens alimentaires et non-alimentaires. On suppose que l’individu a besoind’un minimum de consommation ( évalué en calories) pour mener une vie saine. Ces besoins deconsommation sont ensuite convertis en équivalent monétaire qui constitue le seuil depauvreté.
L’Enquête prioritaire I de 1994 avait établi le seuil de pauvreté absolu à la somme de41.099 FCFA par personne et par an. L’Enquête prioritaire II de 1998 révise ce seuil depauvreté à 72.690 FCFA par personne et par an, sur la base de la variation du niveau des prixet de la modification de la structure de consommation des besoins essentiels. En termes réels,ces deux seuils équivalents permettent l’acquisition du même panier de biens définis en 1994.
Deux aspects de la pauvreté sont importants à considérer: (i) l’incidence de la pauvreté,c’est-à-dire la proportion de la population vivant en - dessous du seuil de pauvreté; (ii) laprofondeur de la pauvreté, ou l’effort en termes monétaires pour tirer au niveau du seuil depauvreté ceux qui vivent en-dessous de ce seuil. [ La classe P? d’indices de pauvretédécomposables est utilisée pour analyser entre autre ces deux aspects. Ces indices peuvents’appliquer à la population dans son ensemble ou à tout autre groupe défini selon les besoins].De plus, ces indices permettent d’estimer la contribution des différents groupes à la pauvretétotale et d’analyser l’évolution de la pauvreté dans le temps.
Il convient d’attirer l’attention sur un problème de compatibilité de données dansl’exercice de comparaison intertemporelle de l’état de la pauvreté. Les données ont étécollectées à des périodes différentes pour les deux enquêtes: période post-récolte (oct-janvier)pour la première enquête et période de soudure (mai-août) pour la deuxième. Les variationssaisonnières des prix, notamment en milieu rural et le caractère d’instabilité temporelle de laconsommation des ménages ruraux, réduisent quelque peu la comparabilité des donnéesmonétaires et de quantité, sans pour autant affecter la qualité de chaque base de données prise
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199815
isolément. Pour cette raison, l’analyse quantitative de la pauvreté sera complétée par uneanalyse qualitative en considérant le niveau de vie des ménages mesuré par leurs avoirs et leursconditions d’habitat (section IV) et leur accès aux services sociaux de base.
Incidence de la pauvreté
L’incidence de la pauvreté au niveau national était estimée à 44,5% en 1994.L’enquête de 1998 comme le montre le graphique III.1 révèle une légère augmentation del’incidence, à 45,37% de la population.
Graphique III.1 : Incidence de la pauvreté selon le milieu de résidence en 1994 et 1998
10,37
51,05
44,5
15,87
50,66
45,27
0
10
20
30
40
50
60
Urbain Rural Ensemble
Milieu de résidence
Pro
po
rtio
n d
es p
auvr
es
1994 1998
Inc
Source : tableaux III.1.1et III.2 en annexes
L’incidence de la pauvreté s’est accrue en milieu urbain de près de 5 points entre lesdeux périodes, s’établissant à près de 16,5% en 1998. Par contre, en milieu rural, l’incidence aconnu une baisse marginale d’environ un demi-point. Cependant, l’incidence de la pauvretérurale en 1998, environ 51%, laisse percevoir que la pauvreté demeure encore un phénomèneessentiellement rural.
Sur le plan des régions économiques, l’incidence de la pauvreté s’est sensiblementaccrue au Centre-nord et au Centre-est. A contrario, le Sahel, l’Est et le Centre-Ouest ontconnu une baisse notable de la pauvreté de près de 6 à 8 points.
Quant à la région de l’Ouest, zone cotonnière, l’incidence de la pauvreté a accusé unelégère hausse, mais elle enregistre encore l’un des plus bas taux de pauvreté en milieu ruralavec 41% environ.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199816
Tableau II1.1 : Indices de pauvreté1994 1998Urbain Rural Total Urbain Rural Total
Indice de la pauvreté(P0) 10,4 51,0 44,5 16,5 51,0 45,3Profondeur(P1) 2,5 16,1 13,9 4,0 15,7 13,7Sévérité (P2) 0,9 7,0 6,0 1,5 6,8 5,9Contribution à la pauvreté (C0) 3,8 96,2 100 6,1 93,9 100Contribution à la profondeur(C1)
2,9 97,1 100 4,9 95,1 100
Contribution à la Sévérité(C2) 2,6 97,4 100 4,5 95,5 100
Source : tableaux III.1.1 et III.1.2 en annexes
Graphique III.2 Incidence de la pauvreté par région, 1994 et 1998
Source : tableaux III.3 et III.1.4 en annexes
6,0
9,9
18,1
39,9
48,8 50,1
56,5
44,8
48,9
54,1
49,7
72,1
47,144,5
12,2 12,2
23,1
40,6
51,5
42,7
48,3 47,2
60,2
48,450,1
65,8
54,8
45,3
0,0
10,0
20,0
30,0
40,0
50,0
60,0
70,0
80,0
Ouaga Bobo Autresvilles
Ouest Nord-oust
Sahel Est Sud-ouest
Centre-Nord
Centre-Oest
Centre Nord Centre-Est
total
Région économique
Po
urc
enta
ge
de
pau
vres
1994 1998
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199817
La distribution de la pauvreté par groupe socio-économique fait ressortir des écartsentre les ménages dont le chef est salarié du public ou du privé et ceux des autres groupes (graphique III.3). Du point de vue de l’incidence moyenne de la pauvreté, ces deux groupes desalariés sont peu touchés (6% et 8 % en 1998), mais du point de vue dynamique on constateune évolution négative, l’incidence s’étant accrue fortement pour les salariés du public etlégèrement pour ceux du privé. Sur le plan des changements temporels, les données indiquentque les gagnants au cours de la période d’analyse sont les agriculteurs de rente, l’incidence dela pauvreté ayant chuté de 7 points pour ce groupe, s’établissant à 42,4% en 1998. A contrarioau sein des agriculteurs vivriers, on constate une augmentation de l’incidence de la pauvreté de2 points: l’incidence s’établit à 53,4 % en 1998. Les raisons probables de ces changements sontles effets des politiques d’ajustement, notamment la dévaluation du francs CFA qui a pu êtrebénéfique aux agriculteurs de rente mais néfaste aux salariés.
Graphique III.3. : Incidence de la pauvreté par groupe socio-économique du chef de ménageen 1994 et 1998
Source : tableaux III.1.5 et III.1.6 en annexes
2,3 0,7
10,1 9,5
50,1 51,5
25,4
13,5
43,6
5,9
1,1
16,212,7
42,4
53,4
29,3 30,1
41,3
0,0
10,0
20,0
30,0
40,0
50,0
60,0
Salarié
s du p
ublic
Salarié
s du p
rivé st
ructur
é
Salar
iés du
privé
non s
tructu
rés
Indép
enda
nts ou
emplo
yeurs
non a
grico
les
Agricu
lteurs
de co
ton
Agricu
lteurs
vivrie
rs
Aides f
amilia
ux , b
énév
oles e
t app
rentis
Chômeu
rs
Chefs d
e mén
age in
actifs
Groupe socio-économique du chef de ménage
Po
urc
enta
ge
de
pau
vres
1994 1998
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199818
Profondeur de la pauvreté
Pour compléter l’indicateur d’incidence de la pauvreté qui compte uniquement lenombre de pauvres, le concept de profondeur ou d’intensité de la pauvreté incorpore le gap quisépare ‘‘le pauvre moyen’’ du seuil de pauvreté. L’intensité de la pauvreté est restée stableentre les deux périodes, s’établissant à environ 14%. En d’autres termes, l’écart à comblerentre le revenu moyen des pauvres et le seuil de pauvreté est estimé à 14% pour les deuxpériodes. Cet écart n’est pas très élevé, suggérant que même si beaucoup de gens sont pauvres,ils sont concentrés assez près du seuil de pauvreté. Pour situer les données, à titre decomparaison au Ghana l’incidence de la pauvreté est estimée à 43% en 1998-99 et laprofondeur de la pauvreté à 36%, suggérant que les pauvres se trouvent en moyenne pluséloignés du seuil de pauvreté que dans le cas du Burkina.
La constance de la profondeur de la pauvreté s’est traduite par une légère baisse enmilieu rural d’un demi-point et d’une hausse de 1.5 points en milieu urbain. Ainsi, en milieuurbain, l’accroissement du nombre de pauvres entre les deux périodes s’accompagne d’uncreusement de l’écart entre ‘‘le pauvre moyen’’ et le seuil de pauvreté.
Sur le plan géographique, l’écart entre le revenu moyen des pauvres et le seuil depauvreté s’est creusé dans le Centre-est et dans le Centre-nord (régions où l’incidence de lapauvreté s’est aussi accrue entre 1994 et 1998), mais surtout au Centre où l’incidence estrestée pourtant quasiment constante ; les pauvres se sont ainsi éloignés davantage de la lignede pauvreté dans cette région.
A contrario, la profondeur de la pauvreté connaît une baisse assez importante dans lesrégions où l’incidence de la pauvreté a diminué entre les deux périodes (Sahel, Est et Centre-nord). Dans ces régions, la croissance semble avoir eu des effets redistributifs au profit des pluspauvres.
Enfin, le Nord, région ayant la plus forte incidence de pauvreté en 1998 a enregistréune baisse de la profondeur de la pauvreté de 5,4 points traduisant une réduction de l’écart quisépare les pauvres de la ligne de pauvreté.
L’analyse de la profondeur au sein des groupes socio-économiques montre une variationtemporelle sensiblement homogène. Aucun groupe social n’a connu une détérioration ouamélioration importante. Une certaine hausse de l’intensité de la pauvreté s’observe pour lessalariés du public (un point) et les agriculteurs vivriers (un-demi point). Le groupe desagriculteurs de rente enregistre une baisse de la profondeur de la pauvreté de 1.5 points environ,rapprochant ainsi ‘‘le pauvre moyen’’ de la ligne de pauvreté.
En conclusion, le constat de l’évolution positive de l’incidence de la pauvreté dans uncontexte de croissance économique (le PIB a crû en moyenne de 5% par an depuis 1996)mérite que l’on s’attarde sur les sources et la répartition de la croissance. En effet, leschangements observés de l’indice de la pauvreté peuvent se décomposer en trois sources: (i)l’évolution des revenus par tête au (e.g. le revenu par tête), ou effet croissance; (ii) l’évolutionde l’inégalité dans la répartition du revenu au sein de la population, ou effet ré distributif; (iii)enfin un effet résiduel qui est l’interaction des deux premiers. Seule une croissance “largement
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199819
distribuée”, c’est-à-dire qui profite à la majorité de la population et notamment aux pauvres,peut conduire à une baisse de l’incidence de la pauvreté. Les résultats obtenus sontinterprétables selon plusieurs axes: (i) La croissance enregistrée n’est pas suffisamment robustepour permettre d’observer un changement significatif des revenus moyens sur une période dequatre ans; (ii) Le temps d’observation est trop court pour que des changements deviennentvisibles; (iii) La croissance observée s’est effectuée dans des secteurs n’intéressant quemarginalement les catégories pauvres. Quel que soit le facteur qui ait le plus largement joué, ilest évident que la pauvreté ne peut être réduite de façon globale et soutenue que si le secteurrural connaît les mutations nécessaires qui instaurent une plus forte productivité des facteurs.Près de 80% de la population y résident et trouvent leur emploi dans l’agriculture et dansd’autres activités connexes.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199820
IV. EVOLUTION DE LA PAUVRETE SELON LES ACTIFS ETL’ACCES AUX SERVICES
Résumé
L’analyse des actifs des ménages et leur accès à certains services révèle desévolutions contrastées. Dans certaines dimensions (eau potable), des progrès réels ont étéenregistrés, notamment dans des régions naguère “en retard” comme le Sud-ouest. Dansd’autres dimensions (électricité domestique, services d’évacuations des eaux sales, toilettes),les progrès sont lents ou inexistants. Dans tous les cas, il existe un fossé frappant entre et lemilieu urbain et rural que ce soit dans la possession des biens durables que dans l’accès auxservices.
Considérations méthodologiques
L’approche monétaire de la pauvreté telle que présentée ci-dessus permet de saisirseulement certains aspects du niveau de vie des ménages. La pauvreté est un phénomènecomplexe, multidimensionnel et ne peut pas se comprendre de façon satisfaisante à traversquelques simples mesures. Les dépenses des ménages, notamment en milieu rural, peuventrevêtir par exemple un caractère saisonnier ou transitoire. Il convient donc de développer,comme complément, des mesures plus robustes et moins soumises aux fluctuationssaisonnières intrinsèques aux données sur la consommation.
Dans son approche des conditions de vie des ménages, Sen distingue d’une part les“capacités” des réalisations (Sen A.K, commodities and capabilities, North Holland). Lescapacités désignent tous les moyens dont dispose le ménage (revenu, actifs productifs oumarchands) pour atteindre certains objectifs (niveau de nutrition adéquate, sécuritéalimentaire). Pour que les conditions de vie changent et que le ménage atteigne un niveau devie supérieur, il faut que ces capacités soient transformées en réalisations. Les réalisations àcaractère permanent des ménages sont regroupées ici en trois grandes rubriques : (i) les biensdurables; (ii) les biens et services affectant ou reflétant de façon directe la qualité de la vie et(iii) les actifs de production (agricole). L’analyse insiste sur les évolutions constatées entre1994 et 1998 en mettant l’accent sur trois axes: l’axe spatial (comparaison urbain-rural etrégions économiques); l’axe des groupes socio-économiques et l’axe du revenu (analyse parquintile).
Les biens durables analysés peuvent se classer en trois catégories : (i) ceux affectant lacommodité de la vie (réfrigérateur, climatiseur, cuisinière à gaz, réchaud); (ii) ceux favorisantla réception de l’information (postes téléviseur et radio, téléphone) et (iii) ceux liés autransport (voiture, mobylette, vélo). Quant aux services, ils regroupent un ensemble d’élémentsqui déterminent l’aisance de la vie : la qualité du logement, l’accès à l’eau de boisson, lesconditions sanitaires, l’accès à l’électricité et le type d’énergie utilisée pour la cuisine. Enfin, lesactifs regroupent les biens intervenant dans la production du ménage et conditionnant ainsi, aumoins en partie, le niveau de revenu. Ces actifs intéressent surtout le milieu rural, maiségalement le milieu urbain. Cette catégorie regroupe surtout les moyens de traction agricole(tracteur, charrue, charrette), auxquels on peut adjoindre les terres cultivables, les terrains àbâtir, les moyens de pêche (pirogue) et de couture (machine à coudre).
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199821
L’analyse des biens durables, des services et des actifs peut indiquer la “position”économique et sociale de l’individu. Il est vrai que la disponibilité de certains biens au sein d’unménage est parfois soumise à des conditions extérieures au ménage (e.g. biens dont laprovision est publique ou collective) mais de manière générale les conditions de demandejouent et la possession des biens reflète dans une certaine mesure les capacités individuelles.
Biens durables
Biens de commodité. Ces biens sont disponibles surtout en milieu urbain (GraphiquesIII.4 et III.5). L’utilisation de la cuisinière à gaz a progressé de 24,4% à 26,4% entre 1994 et1998, mais la plus grande partie de cette amélioration est attribuable aux ménages à revenusupérieur pour lesquels la proportion est passée de 34,7% à 39,1% . Les progrès sontmodestes ou inexistants pour les autres catégories de revenu. La possession de réfrigérateur aégalement progressé de façon légère au cours de la période d’analyse, de 12,7% à 14,5%. Onnote encore une fois que ce sont les ménages à revenu supérieur qui sont les acteurs de cechangement, la prévalence du réfrigérateur y passant de 18.4% à 21.3%. Environ un quart desménages en 1998 dispose d’un ventilateur mais l’absence de données en 1994 pour cetterubrique ne permet pas de juger de l’évolution dans le temps.
Graphique III.4 :. Proportions des ménages possédant certains biens durables selon le niveaude vie et l’année : Milieu urbain .
Source : tableaux IV.1.3 et IV.1.5 en annexes
1 3
2 4 2 4
7 4
4 8
5 4
8
1 5
2 6 2 7
8 0
5 7
4 9
9
0
1 0
2 0
3 0
4 0
5 0
6 0
7 0
8 0
9 0
R é f r i g é r a t e u r C u i s i n i è r e T é l é v i s i o n R a d i o V é l o M o b y l e t t e V o i t u r e
B i e n s d u r a b l e s
Pou
rcen
tage
1 9 9 4 1 9 9 8
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199822
Graphique III.5 :. Proportions des ménages possédant certains biens durables selon le niveaude vie et l’année : Milieu rural .
Source : tableaux IV.1.4. et IV.1.6 en annexes
Biens de communication. La possession de la radio, le moyen d’information le plus commun, est passéde 42% des ménages au niveau national en 1994 à 53% en 1998, soit un gain de 11 points. Ce gain aété plus remarquable en milieu rural où le taux est passé de 34% en 1994 à 45% en 1998; en milieuurbain, le gain n’est que de 6 points, de 73,8 à 79,6%. Il est important de noter que ces gains sont“largement distribués” au niveau national, la fréquence de possession de la radio ayant augmenté defaçon à réduire le gap entre les classes de revenu : 13 points pour le premier quintile, 14 points pour ledeuxième et 3 points seulement pour le cinquième supérieur. La télévision par contre reste un bienurbain. En 1994, 24% des ménages urbains possédaient un poste téléviseur, ce chiffre est passé à 27%en 1998. Même en ville, la possession d’un téléviseur demeure un phénomène lié au revenu: elle passede 34% à 38% pour les ménages du cinquième quintile, et n’a guère gagné de points pour les troispremiers quintiles. En milieu rural, environ 1,7% des ménages possédaient un téléviseur en 1998,contre 0,6% en 1994. Des événements comme la coupe d’Afrique des Nations de football ont pufavoriser ce progrès en milieu rural. L’incidence de la télévision demeure cependant très faible, mêmeles revenus supérieurs n’ayant progressé que de 3% à 6% entre 1994 et 1998. Le téléphone, toutcomme la télévision, demeure un phénomène essentiellement urbain.
0 2 1
34
70
1 6
01 2 2
4 5
7 7
1 7
00
1 0
2 0
3 0
4 0
5 0
6 0
7 0
8 0
9 0
Réfr igérateur Cuis inière Télévis ion Radio Vélo M obylette Voi ture
Biens durables
Pour
cent
age
1 9 9 4 1 9 9 8
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199823
Graphique III.6 :. Proportions des ménages possédant au moins un poste téléviseurselon le niveau de vie et l’année et le milieu de résidence .
Source : tableaux IV.1.3 , IV.1.4, IV.1.5, IV.1.6 en annexes
Biens de transport. En 1998, 72% pour-cent des ménages enquêtés possédaient un vélocomme moyen de transport, contre 65% en 1994. Cette augmentation est significative etconcerne aussi bien le milieu rural que le milieu urbain. L’augmentation est constatée aussi àl’intérieur de toutes les classes de revenu, avec cependant un léger avantage pour les deuxquintiles inférieurs. Un fait aussi significatif est la baisse de la fréquence du moyen delocomotion substitut du vélo, la mobylette. La proportion de ce moyen de transport baisse de54% à 49% en milieu urbain entre 1994 et 1998 et reste inchangée (16 %) en milieu rural.Lorsqu’on considère les classes de revenu, on constate une légère hausse pour le quatrièmequintile et une légère baisse pour le cinquième quintile en milieu rural. En milieu urbain, labaisse est plus importante, de 65 % à 60 % pour le cinquième et de 39 % à 36 % pour lequatrième quintile. Ces évolutions peuvent trouver leur explication dans la dévaluation de1994. Les habitants urbains, dépendant surtout des salaires, ont vu leur pouvoir d’achatbaisser par suite de l’inflation. En particulier, les prix des motocyclettes ont connu une haussesensible. En milieu rural, les acheteurs de motocyclettes sont surtout les agriculteurs de rente,dont le revenu réel n’a pas subit la même érosion que les revenus salariaux. La possessiond’une voiture, demeure plutôt rare : la proportion des ménages qui en disposent passeglobalement de 7% en 1994 à 8% en ville, et s’établit à moins de 0,5% en milieu rural pour lesdeux passages. Même parmi les ménages à revenu supérieur où l’incidence de la voiture estplus grande, l’évolution est très faible entre 1994 et 1998, de 10 % à 12% en ville et unestagnation autour de 1% en milieu rural.
1 1 1
5
34
0 0 0 0
3
0
4 2
10
38
0 0 0 1
6
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
Urbain
Prem
ier
Urbain D
euxièm
e
Urbain
Troisiè
me
Urbain
Quatriè
me
Urbain
Cinquiè
me
Rural P
remier
Rural D
euxièm
e
Rural T
roisiè
me
Rural Q
uatriè
me
Rural C
inquiè
me
Milieu et Quintile
Pou
rcen
tage
1994 1998
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199824
Accès aux services
Eau potable. L’accès à l’eau potable a peu évolué au cours des quatre années séparantles deux enquêtes. Environ 90% des ménages s’approvisionnaient au puits, au forage ou aurobinet public ou intérieur aussi bien en 1994 qu’en 1998. Durant la même période lepourcentage d’utilisation du robinet a cependant connu une ascendance modérée en milieuurbain, tandis que l’utilisation du forage connaît une certaine progression en milieu rural,comparativement aux autres sources d’eau potable. Ces tendances dénotent une améliorationde la qualité de l’eau disponible pour les ménages. Ces résultats sont en partie attribuables à lapolitique nationale de l’eau potable (“Eau potable pour tous en l’An 2000"). Grâce à cettepolitiqueLa consommation d’eau des rivières dans le Sud-Ouest a passé de 68% en 1994 à36% en 1998.
Graphique III.7:. Proportions des ménages ayant accès à l’eau potable selon le niveaude vie et le milieu de résidence (année 1998) .
Source : tableaux IV.2.3 ,IV.2.4, IV.2.6, IV.2.7.
73 75 7782
90
55 57 57 5661
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Urbain
Prem
ier
Urbain D
euxièm
e
Urbain
Troisiè
me
Urbain
Quatriè
me
Urbain
Cinquiè
me
Rural P
remier
Rural D
euxièm
e
Rural T
roisiè
me
Rural Q
uatriè
me
Rural C
inquiè
me
Milieu et Quintile
Pou
rcen
tage
1998
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199825
Qualité de l’habitat. La qualité du logement, qui regroupe un ensemble d’éléments deconfort (rendant l’habitat agréable ou rude), est analysée à travers plusieurs dimensions : lanature du mur, le type du plancher, du toit, le mode d’évacuation des eaux usées, le type detoilette, la présence d’électricité et le type d’énergie utilisée pour la cuisine. Pour cet indicateurdu développement humain, le hiatus entre la ville et le village est énorme. Parmi les services del’habitat, l’électricité est celui qui peut contribuer à changer substantiellement le mode de vie.En milieu rural burkinabé, moins de 1% des ménages y avaient accès en 1994 et aucun progrèsn’a été enregistré en 1998. Compte tenu de l’absence d’ une politique d’électrification rurale.La proportion des ménages urbains à habitation équipée d’électricité ne progresse quelégèrement passant de 29% en 1994 à 34% en 1998. Même en ville, 63% des ménagess’éclairent à la lampe à pétrole en 1998, une légère baisse par rapport au taux de 1994 qui étaitde 69%. Un constat d’importance est qu’en milieu urbain, les ménages des quintiles inférieursn’ont enregistré aucun progrès remarquable en matière d’accès à l’électricité entre 1994 et1998. Ceci est dû en partie à un déphasage important entre l’offre et la demande en forteprogression . Les efforts actuels visent à couvrir les besoins en milieu urbain qui restentlargement insatisfaits.
Graphique III.8:. Proportions des ménages ayant accès à l’électricité selon le niveaude vie et le milieu de résidence (année 1998) .
Source : tableaux IV.7.3, IV.7.4, IV.7.5, IV.7.6 en annexes
Pourcentage des ménages ayant accès à l'électricité selon le milieu de résidence , l'année et le niveau de vie
0 14
9
40
0 0 0 032 4 4
13
48
0 0 0 02
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
Urbain
Prem
ier
Urbain
Deuxièm
e
Urbain
Troisiè
me
Urbain Q
uatriè
me
Urbain
Cinquiè
me
Rural P
remier
Rural D
euxièm
e
Rural T
roisiè
me
Rural Q
uatriè
me
Rural C
inquiè
me
Milieu et Quintile
Pou
rcen
tage
1994 1998
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199826
Le type de toilette est aussi un indicateur clé de la qualité de l’habitat. Ici encore, lesdifférences entre milieu urbain et rural sont notoires. On enregistre une une quasi stagnationen matière d’utilisation des toilettes entre 1994 et 1998. Au niveau national, près de 70% desménages utilisent la nature comme toilette aussi bien en 1994 qu’en 1998. Le pourcentage deceux qui utilisent un W.c. avec chasse reste stagnant autour de 1%. L’utilisation de la natureest un phénomène essentiellement rural. Cependant en ville, on enregistre une hausse durecours à la nature, qui passe de 10% en 1994 à 11% en 1998. Cette perte en qualité del’habitat se produit surtout parmi les ménages des niveaux inférieurs du revenu. Le moded’évacuation des ordures encore pratiqué par la plupart des ménages est la constitution de tasd’immondices devant la cour. On note une certaine détérioration du mode d’évacuation, mêmeen milieu urbain : le pourcentage d’utilisation de la poubelle, plus hygiénique, passe de 18% en1994 à 12% en 1998. En 1998, près de 11% dans les catégories à bas revenu jettent toutsimplement leurs ordures dans la rue. Ces résultats sont en déphasage avec les programmesd’assainissement urbain souvent annoncés. En réalité, les villes ont besoin d’une politique bientracée et des décisions d’ordre juridique pour les mettre en application.
Graphique III.9:. Proportions des ménages ayant accès à des toilettes hygiéniquesselon le niveau de vie et le milieu de résidence .
Source : tableaux IV.6.3, IV.6.4 en annexes
58
7478
86
94
7 9 10
20
38
58
7276
84
94
912 13 15
28
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Urbain
Prem
ier
Urbain
Deuxièm
e
Urbain
Troisiè
me
Urbain Q
uatriè
me
Urbain
Cinquiè
me
Rural P
remier
Rural D
euxièm
e
Rural T
roisiè
me
Rural Q
uatriè
me
Rural C
inquiè
me
Milieu et Quintile
Pou
rcen
tage
1994 1998
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199827
Enfin, les matériaux de construction des maisons indiquent leur degré de stabilitéphysique et reflètent les niveaux de revenu. Au niveau du Burkina, la proportion des ménageshabitant dans des maisons en parpaing ou en pierre est passée de 6% en 1994 à 11% en 1998.Ici encore comme pour la plupart des indicateurs de qualité de la vie, les différences entre lemilieu rural et le milieu urbain sont frappantes. En milieu rural construire en parpaing est unphénomène qui demeure rare : 1,5% des ménages en 1994 et 1,6% en 1998. Même parmi lescatégories “aisées”, la proportion ne s’est pas améliorée, stagnant autour de 6%. En ville, laproportion de ce type de maison (“en dur”) a fortement progressé de 27% en 1994 à 43% en1998. Ces progrès se son surtout opérés au sein des catégories ménages à revenu supérieur(de 33% à 54%). Une remarque importante est la quasi-stagnation pour les quintiles inférieursdu revenu : on note une progression lente de la proportion de maisons en dur pour le premierquintile de 5% à 6%, pour le deuxième quintile de 7% à 13%. Pour ces quintiles, lepourcentage de maisons en banco a eu tendance à augmenter.
Quant à la toiture de la maison, le pourcentage des maisons en tôle ondulée passe de37% en 1994 à 39% en 1998. Avoir une maison en tôle est signe de distinction sociale, surtouten milieu rural: La fréquence y baisse cependant de 25% à 23%, cette baisse étant le fait descatégories aisées, de 48% à 37%. En milieu urbain, la norme est la toiture en tôle: de 88% desménages en 1994 à 92% en 1998. La progression s’observe à tous les niveaux de revenu, maissurtout au niveau des quintiles inférieurs. On peut noter que les quintiles supérieurs avaientdéjà atteint des niveaux élevés en 1994 et que des substitutions au profit d’autres types detoiture se sont opérée à la marge. Tous ces faits reflètent, en partie, les effets des politiqueséconomiques qui ont pu affecter le pouvoir d’achat (dévaluation, politique du ciment, haussegénéralisée du prix des matériaux stabilisés).
Lorsqu’on affine davantage l’analyse, la plupart des maisons demeurent à un stade“modeste”. La proportion de ménages possédant des maisons dont le sol est en carreau estpresque nulle en milieu rural ; en milieu urbain elle ne progresse que de 4% en 1994 à 5% en1998. Le sol en ciment semble être la norme en ville, la fréquence régressant cependant de83% en 1994 à 81% en 1998. Dans les villages, la norme est la terre battue, dont lepourcentage atteint 78% aussi bien en 1994 qu’en 1998. Il convient de noter que même dans laplus grande ville, Ouagadougou, la part des maisons ayant le sol revêtu en carreaux n’a évoluéque de 5% en 1994 à 7% en 1998.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199828
Les actifs agricoles
Les actifs utilisés dans la production intéressent surtout les ménages ruraux. L’un desfacteurs de production le plus significatif au sein d’un ménage rural est la traction animale,mesurée ici par la possession de charrue, de charrette et d’animaux de trait. En 1994, environ27% des ménages ruraux possédait la charrue, ce chiffre évoluant à 37% quatre années plustard. Il est montré dans des études réalisées en milieu rural du Burkina que la traction animale aun effet important sur la productivité agricole4. L’évolution positive de cet actif est donc unpoint significatif. La possession de la traction animale est positivement corrélée à l’accès à desrevenus hors-agriculture, obtenus à partir des activités de contre-saison ou des transferts reçusd’ailleurs. Il y a donc un lien direct entre la vulgarisation de la traction animale avec unepolitique de réduction de la pauvreté en milieu rural.
L’accès à la charrue varie énormément selon le type d’agriculture. La fréquence desménages l’utilisant passe entre 24% et 28 %chez les producteurs de coton et de 26% à 33%chez les agriculteurs vivriers en 1994 à 64% et 33%. Les mêmes tendances inégalitairess’observent dans l’utilisation à la charrette.
On note également une forte variabilité par région économique. Dans le Sud-Ouest,région à fort potentiel agricole, la proportion des ménages l’utilisant la charrue est faible (6%)en 1998, de plus elle a connu une régression par rapport à 1994 (11%). La zone cotonnière,par essence la zone d’adoption de la culture attelée, ainsi que la région du Nord, quitraditionnellement a été une zone d’expérimentation de ce type de culture , connaissent desprogrès remarquables entre les deux périodes.
Synthèse: Le développement rural et la réduction de la pauvreté
L’analyse de la pauvreté fait ressortir le poids que détient le secteur rural dans cephénomène. Seule une croissance largement distribuée affectant la plupart des producteursagricoles sera à même de réduire de façon sensible l’incidence de la pauvreté car cesproducteurs contribuent pour près de 95% à la pauvreté au niveau national aussi bien en 1994qu’en 1998. Le processus de la croissance qui prévaut actuellement semble largementinégalitaire. Les données montrent que le Burkina présente les plus fortes inégalités surl’échelle des pays en développement: Les 20% les plus riches (cinquième quintile) disposentde près de 60% du revenu national, contre 52% pour l’ensemble de l’Afrique sub-saharienne,44% en Asie de l’Est, 40% en Asie du sud et 40% pour l’ensemble des pays endéveloppement.
Les données indiquent que l’agriculture est la source principale des revenus dans laplupart des régions économiques, les exceptions étant le Centre (effet urbain de Ouagadougou)et le Nord (où l’agriculture est peu productive). Les ménages ruraux tirent également unegrande partie de leurs revenus d’entreprises non-agricoles et de travail salarié. Les politiquesd’accroissement des revenus doivent donc porter sur ces différentes dimensions, avec unaccent particulier sur le raffermissement de la productivité des facteurs en agriculture. Ladiffusion des technologies qui économisent le travail (traction animale) et la terre (engrais) encombinaison avec des mécanismes appropriés de gestion des ressources naturelles constituent
4 Voir Savadogo, K. Reardon et K. Pietola, 1995 et 1998
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199829
les premiers éléments d’un développement rural dynamique. Comme résultats des rechercheseffectuées en milieu rural burkinabé, il apparaît que le marché et le désenclavement jouent unrôle primordial dans le renforcement de la production agricole. Les villages désenclavés, ayantun accès facilité au marché ont tendance à la fois à pratiquer une agriculture plus productive età diversifier les sources de revenu, instaurant de ce fait une atmosphère de croissance localedynamique5. Le rôle central des marchés et de la diversification des sources de revenus tient aufait que pour s’épanouir et maintenir la croissance une fois qu’elle est lancée, le milieu rural abesoin de sources d’incitations en termes d’opportunités d’utilisation des revenus. Lamultiplication des biens de consommation à travers la facilitation des communications et deséchanges rendrait plus visible la nécessité de produire et les liens qui s’établissent entre laconsommation et la production pourraient résulter en un cercle vertueux de croissancecumulative.
Le processus économique doit être accompagné par des changements institutionnels.Dans le processus de décentralisation présentement engagé, les collectivités locales doiventjouer un rôle clé dans l’instauration d’un climat favorisant la croissance. L’organisationcommunautaire devra privilégier des actions qui renforcent l’autonomie de ces communautésvillageoises dans le temps, ce qui sera un départ des pratiques courantes où les villages ontplutôt tendance à se transformer en ensembles d’acteurs dépendant du monde extérieur. Lerôle de l’Etat sera entre autres d’appuyer les initiatives locales ou d’en susciter là où elles sontabsentes. L’Etat doit notamment mettre en place les dispositions institutionnelles quipermettent les échanges entre les communautés, en d’autres termes des règles qui régissent lecommerce, les échanges de service et qui garantissent les droits de propriété. Ces dispositionsqui auront pour effet de réduire les risques liés aux affaires sont nécessaires aussi bien pouraffermir une économie locale que pour favoriser l’intégration entre les différentes régions. Aces dispositions s’ajoute la nécessité de la mise en place d’infrastructures physiques liant lesrégions entre elles. Dans ce domaine, l’accent doit être mis sur la facilitation des liaisonsroutières entre régions complémentaires en production et en consommation de produitsagricoles.
En matière de politique de développement rural, l’Etat travaillera à instaurer un cadrecohérent touchant à toutes les initiatives menées en direction du monde rural. Les actionsmenées dans divers domaines comme la gestion des ressources naturelles, les ressourcesanimales, l’hydraulique, les technologies et services agricoles devraient voir émerger un cadrefédérateur qui en assure la cohérence. Cette politique sectorielle majeure nécessite des cadresde concertation inter-ministériels dans le contexte actuel de configuration des différentsdépartements. Le processus de décentralisation du développement rural devra favoriser laconjonction de toutes ces différentes actions là où elles doivent prendre leurs effets, la provinceet le village.
5 Voir l’étude de McMillan, Nana et Savadogo(1993) dans les zones libérées de l’onchocercose.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199830
V. DÉVELOPPEMENT HUMAIN
V.1 ÉDUCATION
V.1.1. ALPHABETISATION
Vue d’ensemble
Le taux d’alphabétisation reste faible au Burkina Faso. En effet, moins d’une personneâgée de 15 ans et plus sur cinq a été alphabétisée. Ce taux est resté quasi stable entre 1994 et1998 (18,9% à 18,4% ).Sur l’échelle des niveaux de vie, on constate que le taux d’alphabétisation croît avec l’élévationdu niveau de vie, traduisant ainsi une corrélation négative entre pauvreté et alphabétisation.C’est ainsi qu’au niveau du premier quintile le taux d’alphabétisation n’est que de 7,3% en1998 contre 42,4% au niveau du cinquième quintile.
Tableau V1.10 : Indicateurs d`alphabétisation1994 1998Urbain Rural Total Urbain Rural Total
Les taux d’alphabétisation selon le sexe indiquent un déséquilibre très marqué audétriment des femmes. En effet, si le taux d’alphabétisation est de 24,8% chez les hommes en1998, il n’est que de 12,9% chez les femmes au pour la même année.Sur l’échelle du niveau de vie, quelques tendances se dégagent. Tout d’abord, on note que quelque soit le sexe, le taux d’alphabétisation est corrélé positivement avec le niveau de vie. Eneffet, plus le niveau de vie augmente plus le taux d’alphabétisation s’améliore.
Ensuite, au niveau des trois premiers quintiles, le taux d’alphabétisation est très faible etcroît faiblement. A contrario au niveau des deux derniers quintiles, le taux d’alphabétisation estrelativement élevé et s’élève rapidement lorsque l’on passe du quatrième au cinquième quintile,différenciant ainsi ce quintile de tous les autres.
De plus, quel que soit le niveau de vie, il y a une discrimination au détriment desfemmes. Elle est même très prononcée au niveau du premier quintile. Ainsi, si le tauxd’alphabétisation au niveau du premier quintile est d’environ le 1/5 de celui du cinquièmequintile chez les hommes en 1998, il n’est plus que de 1/8 chez les femmes.
Enfin, on est en droit de penser que la pauvreté n’explique qu’en partie la faiblealphabétisation des femmes par rapport aux hommes. En effet, l’écart d’alphabétisation entrehommes et femmes est également très important au niveau du quatrième et du cinquièmequintile. Les facteurs socio-culturels jouent certainement un rôle non négligeable dans cetécart.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199831
Alphabétisation, milieu de résidence et niveau de vie
A l’examen du graphique IV.1 on constate que quel que soit le quintile de niveau de vie, il y aun hiatus entre le milieu rural et le milieu rural du point de vue alphabétisation. En effet, lemilieu urbain affiche des taux d’alphabétisation nettement plus élevés que le milieu rural aussibien chez les hommes que chez les femmes et quel que soit le niveau de vie.
De plus, les écarts sont plus prononcés chez les femmes que chez les hommes. Ainsi, chez leshommes, au niveau des cinq quintiles, le taux d’alphabétisation en milieu rural est d’environ 2,5fois moins important en milieu rural qu’en milieu rural. Chez les femmes, ce coefficientmultiplicatif est d’environ 4 au niveau des 3 derniers quintiles
En milieu rural, et quel que soit le sexe, les écarts de taux d’alphabétisation sont moinsprononcés entre les quatre premiers quintiles ; le cinquième quintile se détache des autres etaffiche un taux relativement élevé mais qui reste voisin de celui du premier quintile du milieuurbain.
En milieu urbain, les deux derniers quintiles se détachent des trois premiers avec des tauxd’alphabétisation largement au-dessus de la moyenne nationale quel que soit le sexe.
Graphique IV.1 : Taux d’alphabétisation selon le sexe, le niveau de vie et le milieu derésidence (1998)
Source : Tableau V.1.1.2.
30 29
34
47
72
1012
1417
28
10
18 17
30
57
4 46 7
15
0
10
20
30
40
50
60
70
80
Urbain
Premier
Urbain
Deuxièm
e
Urbain
Troisièm
e
Urbain
Quatriè
me
Urbain C
inquiè
me
Rural P
remier
Rural D
euxièm
e
Rural T
roisiè
me
Rural Q
uatriè
me
Rural C
inquiè
me
Milieu et Quintile
Tau
x d'
alph
abét
isat
ion
Homme Femme
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199832
Alphabétisation, région et niveau de vie
Graphique IV.2 : Taux d’alphabétisation selon le sexe, le niveau de vie et la région derésidence (1998)
Source : Tableau V.1.1.4. en annexes
En matière d’alphabétisation, d’importantes disparités existent entre les régions.Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et les autres villes sont les plus nantis, avec des tauxd’alphabétisation oscillant entre 41,2% et 58,7% en 1998. Les autres régions qui sont ruralesse repartissent en deux groupes : les régions à très faible taux d’alphabétisation avec le Sahelcomme tête de file, et le groupe composé du Centre, Nord-ouest, Centre-ouest, Ouest avecdes taux oscillant entre 12 et 14%. La région Est se particularise avec un taux de 16,5%, leplus fort taux après celui des villes.
Sur l’échelle des niveaux de vie, d’une façon générale, le taux d’alphabétisations’améliore lorsque le niveau de vie s’élève ; et une différence prononcée de tauxd’alphabétisation s’observe entre le quatrième et le cinquième quintile, avec un accentparticulier dans quatre régions : Ouagadougou, Autres villes, Est et Sud-ouest.
A côté de ces tendances générales, des particularités existent dans certaines régions.Pour le premier et le deuxième quintiles à Ouagadougou, les taux d’alphabétisation sontinférieurs à ceux de Bobo-Dioulasso et dans des autres villes ; par contre pour le 5e quintile,Ouagadougou enregistre un taux d’alphabétisation supérieur à Bobo-Dioulasso.
65
61
50
1719
8
22
10 11
21 20
13
8
52
38
33
7 8
2
12
7
3
810
5 5
0
10
20
30
40
50
60
70
Ouaga Bobo Autresvilles
Ouest Nord-ouest
Sahel Est Sud-ouest
Centre-nord
Centre-ouest
Centre Nord Centre-est
Région et sexe
Tau
x d'
alph
abét
isas
tion
Homme Femme
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199833
Le Sahel et le Centre-nord se caractérisent par des taux d’alphabétisation faibles auniveau de tous les quintiles et les différences inter-quintiles sont très peu prononcées. De cefait, les pauvres et les non pauvres ont des taux d’alphabétisation très voisins.
Alphabétisation, groupes socio-économiques et niveau de vie
L’analphabétisme frappe essentiellement les personnes habitant un ménage dont le chefest agriculteur vivier ou agriculteur de coton. En effet, alors que le taux d’alphabétisation estde 79,4% en 1998 chez les salariés du public et 78,1% chez les salariés du privé moderne, iln’est que de 10,8% chez les agriculteurs vivriers et 12,3% chez les agriculteurs de coton ;ailleurs il oscille entre 29 et 49%.
Sur l’échelle des niveaux de vie, on constate qu’à l’intérieur des GSE, la tendance est àl’accroissement du taux d’alphabétisation lorsque l’on passe du premier au cinquième quintile,avec une envolée après le quatrième quintile, sauf chez les agriculteurs de coton et dans unemoindre mesure chez les agriculteurs vivriers. Les écarts d’alphabétisation sont ainsi moinsprononcés entre les agriculteurs pauvres et les agriculteurs non pauvres.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199834
V.1.2 : FRÉQUENTATION SCOLAIRE
Certains indicateurs permettent d’isoler les facteurs de causalité de pauvreté (input),des facteurs caractéristiques d’une situation de pauvreté (indicateur d’output). Les indicateursde l’éducation en font partie : ainsi le faible niveau de revenu d’un ménage ne lui permet pas descolariser ses enfants ( pauvreté du ménage entraînant la non scolarisation des enfants); demême le faible niveau d’instruction d’un adulte explique plutôt sa pauvreté (Output). On seretrouve dans un cercle vicieux ou la sous scolarisation est à la fois cause et conséquence. Il estdonc intéressant d’analyser de tels indicateurs pour mieux comprendre le phénomène de lapauvreté.
Résumé
L’éducation, plus particulièrement la scolarisation a un coût. Les différents tauxanalysés permettent d’expliquer certaines dimensions de la pauvreté des ménages, ilscaractérisent ceux-ci : les enfants vivant dans les ménages pauvres n’ont pas accès à lascolarisation au supérieur, ils sont très peu au secondaire et sont relativement présents auprimaire.
D’un autre côté, le niveau d’instruction des membres d’un ménage explique en retour( dans le processus de l’appauvrissement) l’état de pauvreté des individus ; les ménages dontles individus ont un faible niveau d’instruction sont pauvres.
Tableau V1.11 :Indicateurs de scolarisation1994 1998Urbain Rural Total Urbain Rural Total
Au Burkina Faso, le taux brut de scolarisation au primaire observé est de 40,6% en1998. Il est très inégalement réparti entre milieu de résidence (30,8% en milieu rural et 102,3%en milieu urbain), entre sexe ( 46,7% pour les garçons et 34,7% pour les filles ).
Le taux brut de scolarisation au primaire est passé de 35,2% à 40,5% en 1998 , soit unbond de 5 points. Ce gain est surtout attribuable au milieu urbain. En milieu rural le taux brutde scolarisation ne croît que 2,4%.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199835
Scolarisation au primaire, sexe et pauvreté
Dans les ménages les plus pauvres, les filles ont deux fois moins de chance d’êtrescolarisées que les garçons (17,9% contre 33,2% pour le premier quintile), tandis que dans lesménages nantis (ceux du 5ème quintile) accordent la même chance d’accès à l’école primaire àleurs filles et garçons.
Les disparités dans la scolarisation entre les sexes sont relativement moins prononcéesen milieu urbain qu’en milieu rural.
Les disparités observées entre sexes sont plus accentuées par les différences de niveauxde vie des ménages.
Scolarisation au primaire, milieu de résidence et pauvreté
Contrairement aux ménages ruraux, ceux du milieu urbain, quelque soit le niveau dedépenses, scolarisent davantage les enfants ( 102,3% contre 30,8%) : En milieu urbain unenfant a trois fois plus de chance d’être scolarisé au primaire qu’en milieu rural. En outre il està noter qu’ entre 1994 et 1998, pendant que le taux de scolarisation brut enregistre à peine uneaugmentation de 2,4% pour le milieu rural , en milieu urbain l’accroissement est de 28,1%.
Par rapport au milieu de résidence, il ressort que l’enfant d’un ménage rural ‘‘plusriche’’ a beaucoup moins de chance (56,2%) que celui d’un ménage urbain « très pauvre »(71,7%).
L’analyse de la scolarisation au primaire selon les quintiles de dépense suggère unecorrélation positive entre scolarisation et niveau de vie : plus on est riche, plus on scolarise sesenfants.
Graphique IV.3 :Taux brut de scolarisation au primaire selon le sexe, le niveau de vie
Source : Tableau V.1.2.1 , V.1.2.2 en annexes
24
31
37
48
72
13 15
23
38
62
33 33
42
51
86
1821
29
40
78
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Garçon
Prem
ier
Garçon
Deuxièm
e
Garçon
Troisiè
me
Garçon
Qua
trième
Garçon
Cinquiè
me
Fille Prem
ier
Fille Deux
ième
Fille Troi
sième
Fille Q
uatriè
me
Fille C
inquiè
me
Sexe et Quintile
Tau
x br
ut
1994 1998
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199836
Scolarisation au primaire, région économique et pauvreté
Le graphique V 1.4 indiquent qu’en plus de sa répartition très inégale suivant le niveaude dépenses il existe une grande disparité du taux brut de scolarisation au primaire d’unerégion économique à l’autre :
• C’est surtout dans les villes -notamment à Ouagadougou (110,8%) et Bobo-dioulasso(97,0%) suivi des autres villes (96,3%) que les ménages scolarisent davantage les enfants auprimaire ; en 1994, ces proportions étaient respectivement de 77,5%; 81,1% et 64,3%. Dansles ménages ‘‘ plus riches ’’ (ceux du 5ème quintile ) on a tendance à scolariser autant la filleque le garçon.
• Au niveau des régions économiques en dehors des villes, la situation de lascolarisation est très différenciée. Hormis la région du centre (42.4%) partout ailleurs le tauxbrut est très largement en dessous de la moyenne nationale (40.9%) et les ménages qui yrésident ont peu amélioré leur score depuis 1994. De surcroît pour toutes les régionséconomiques, indépendamment des niveaux de dépenses, on note une disparité dans lascolarisation entre sexe généralement au détriment de la jeune fille. Par exemple dans la régiondu Sahel, où l’on enregistre les plus faibles taux bruts de scolarisation, la fille ‘‘ très pauvre ’’ a27 fois moins de chance d’être scolarisée que le garçon ‘‘ très pauvre ’’de Ouagadougou
Graphique v.1.4 :Taux brut de scolarisation au primaire selon la région économique et l’année.
Source : Tableau V.1.2.3. ,V1.2.4 en annexes
Scolarisation au secondaire
7881
64
33 34
1318 20 21
44
30 2822
111
97 96
31 33
15
27 27
19
3942
37
23
0
20
40
60
80
100
120
Ouaga Bobo Autresvilles
Ouest Nord-ouest
Sahel Est Sud-ouest
Centre-nord
Centre-ouest
Centre Nord Centre-est
Région
Tau
x br
ut
1994 1998
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199837
Le Taux brut de scolarisation au secondaire pour l’ensemble du pays est de 13,0% en1998 et, il est très inégalement réparti entre milieu rural (4,5%) et milieu urbain (48.8%), entresexes ( 15.4% pour les garçons et 10.5% pour les filles ).
Entre 1994 et 1998 le taux brut de scolarisation au secondaire , quoique toujours faibleet a connu une légère progression de 1,8%, due essentiellement aux ménages du milieu urbain.
Scolarisation au secondaire, genre et pauvreté
Tout comme pour l’enseignement primaire, la scolarisation au secondaire est trèsdiscrimante vis-à-vis du sexe féminin et cela quel que soit le niveau de dépenses des ménages.Cependant on note une atténuation de ce comportement en passant des plus pauvres aux plusnantis de (1,0% pour 3,6% pour le premier quintile à 30,9% à 50,0% au dernier quintile ).Ainsi qu’il apparaît sur le graphique V1 5 ; l’enfant de sexe masculin a 3,6 fois plus de chanced’accéder à l’enseignement secondaire que sa collègue fille.
D’une manière générale, les ménages ont tendance à accorder une plus grandeimportance à la scolarisation du jeune garçon qu’à celle de la jeune fille.
Scolarisation au secondaire, milieu de résidence et pauvreté
Graphique V1.5 :Taux brut de scolarisation au secondaire selon le sexe, le niveau de vie etl’année
Source : Tableau V.1.2.5 , V.1.2.6 en annexes
25
7
13
40
12 2
6
26
4 47
12
50
13
58
31
0
10
20
30
40
50
60
Garçon
Premier
Garçon
Deuxièm
e
Garçon
Troisiè
me
Garçon
Qua
trième
Garçon
Cinquiè
me
Fille Prem
ier
Fille Deux
ième
Fille Troi
sième
Fille Q
uatriè
me
Fille Cinq
uième
Sexe et Quintile
Tau
x br
ut
1994 1998
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199838
On observe que les ménages qui résident en zone rurale scolarisent au secondaire -toute proportion gardée- 10 fois moins que ceux en milieu urbain. En rapport avec le niveaudes dépenses des ménages, les écarts successifs des taux bruts de scolarisation au secondaireobservés entre milieux pour les 4 premiers quintiles sont très prononcés. Les ménages rurauxdu 5ème quintile en dépit des efforts fournis pour la scolarisation des enfants au secondaire,demeurent loin des scores établis par les urbains du même niveau .
Scolarisation au secondaire, région économique et pauvreté
Les disparités décrites précédemment entre milieux apparaissent évidentes àl’observation du graphique V.6.1. Entre 1994 et 1998 la croissance du volume des élèves ausecondaire a profité surtout aux ménages des villes de Ouagadougou (58,7% en 1998 contre38,3% en 1994) et Bobo-dioulasso (43,4% contre 39,3%) suivi des autres villes (40,9% contre32,3%). Partout ailleurs dans les 10 régions économiques rurales le taux brut de scolarisationau secondaire est très en dessous de la moyenne nationale, pire on assiste à une baisse généraledes taux durant la même période notamment dans les régions rurales du Nord-ouest et du Sud-ouest.
Dans les régions du Sahel et de l’Est, les enfants des ménages pauvres ( 1er et 2èmequintiles) sont quasi absents de l’école secondaire et, en particulier à l’Est ce sontessentiellement les enfants du 5ème quintile qui y accèdent .
Le comportement discriminatoire des ménages à l’égard de la scolarisation des jeunesfilles au secondaire est très accentué dans les régions économiques rurales en général. Enparticulier dans le Sahel, le Nord et le Centre-est, l’éducation au secondaire de la jeune fille nepréoccupe guère les ménages .
Graphique V.1.6 :Taux bruts de scolarisation au secondaire selon la région économique etl’année.
Source : Tableau V.1.2.7, V.1.2.8 en annexes
38 39
32
0
13
1 2
8
36
9
24
59
4341
5 42 4
63
58
34
0
10
20
30
40
50
60
70
Ouaga Bobo Autresvilles
Ouest Nord-ouest
Sahel Est Sud-ouest
Centre-nord
Centre-ouest
Centre Nord Centre-est
Région
Tau
x br
ut
1994 1998
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199839
Scolarisation au supérieur.
Le taux brut de scolarisation au supérieur pour l’ensemble du pays est de 1,3% en1998, les élèves bénéficiaires résident essentiellement dans les ménages des centres urbains(4,9%) ; De façon précise c’est surtout à Ouagadougou (9,5%) que se trouve concentrée lamajorité des élèves de l’enseignement supérieur du pays, par ailleurs on les trouve ensuitedispersés dans les autres villes.(1,3%) et à Bobo-dioulasso. Cette répartition résulte del’installation exclusive des établissements d’enseignement supérieur dans ces localités.
La scolarisation au supérieur concerne surtout les ménages du 5eme quintile qui a untaux 3 fois supérieur au niveau national . Les ménages du 4ème quintile suivent très loin avec untaux brut de 0,1% .Les enfants issus de ménages des premiers quintiles sont quasi absents de lascolarisation au supérieur.
La scolarisation au supérieur concerne surtout les garçons (2,3%) dont le taux est5fois supérieur à celui des filles (0,4% ).
L’évolution entre 1994 et 1998 est en dents de scie, le taux brut de scolarisation ausupérieur, en dépit de son faible niveau, se détériore (-0,1%) pendant la même période.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199840
Types d’école fréquentée :
D’une manière générale que ce soit en 1994 ou 1998, les établissements publics sont lelieu de la scolarisation de la majorité des enfants au Burkina Faso : 89,1% des élèvesscolarisés du primaire en 1998 contre 88,5% en 1994. L’importance de cette proportion desenfants scolarisés dans les écoles primaires publiques s’observent pour tous les niveaux dedépenses même si par ailleurs, toutes proportions gardées, les ménages pauvres (ceux des 1° et2° quintiles) envoient davantage leurs enfants dans les établissements publics que dans lesprivés.
Le secteur privé de l’enseignement primaire quoique ne concernant qu’environ 10 %des enfants scolarisés demeure très important et dynamique. Regroupant le privé laïc, privécatholique, privé protestant et medersa, les établissements privés sont essentiellement localisésen milieu urbain. Ce sont surtout les ménages urbains des deux derniers quintiles (4eme et 5eme)qui y scolarisent leurs enfants.
Par rapport à la fréquentation des types d’établissement suivant le sexe, toutesproportions gardées, les ménages scolarisent presque autant les garçons (89,0%) que les filles(89,4%) dans le public : à l’inverse dans le privé l’on retrouve pour 100 enfants scolarisés plusde garçons scolarisés que de filles .
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199841
Raisons d’abandon de l’école
Au niveau du primaire, le renvoi pour insuffisance scolaire et le coût élevé de lascolarité sont les deux principales raisons d’abandon avant le terme du cycle, quel que soit lemilieu, le sexe ou le GSE.
Pour chaque niveau d’analyse pris isolément en relation avec les quintiles, on constatequ’il n’y a pas a priori de tendances ou d’éléments qui puissent suggérer une corrélation entreune raison d’abandon donnée et le niveau de vie.
Par contre, des différences existent entre les sous-groupes au sein de chaque niveaud’analyse, lorsqu’on met en parallèle les quintiles de niveau de vie. Ainsi, quel que soit lequintile, le «coût élevé» est plus la raison d’abandon en milieu urbain qu’en milieu rural.
Du point de vue sexe, le coût élevé est plus une raison d’abandon chez les filles quechez les garçons.
Il est également une raison d’abandon chez les personnes vivant dans des ménages desalariés du privé non structuré et de chômeurs que chez les autres GSE.
Enfin, la raison «pas nécessaire » est plus évoquée par les personnes issues de ménagesdont le chef est agriculteur de coton que par ceux vivant dans des ménages dont le chefappartient à d’autres GSE, quel que soit le quintile de niveau de vie.
Graphique V.1.7. : Raisons d’abandon au primaire ( année 1998).
Renvoyé0,53
Coût élevé0,19
Pas nécessaire0,12
Veut travailler0,06
Autres0,10
Renvoyé Coût élevé Pas nécessaire Veut travailler Autres
Source : Tableau V.1.5.1 en annexes
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199842
Au niveau du secondaire, le coût élevé est plus source d’abandon en milieu urbainqu’en milieu rural quel que soit le quintile considéré. De même, le coût élevé est plus raisond‘abandon pour la fille que pour le garçon ; cette tendance à l’abandon pour des raisonsfinancières est très prononcée au détriment de la fille que pour le garçon dans les ménages dupremier quintile. En effet, dans le premier quintile 80,5% des filles qui ont abandonné lesecondaire l’ont fait pour des raisons de coûts alors que chez les garçons, ce sont 32,8% quiont abandonné l’école pour ce même motif.
Enfin, chez les salariés et les agriculteurs de coton, quel que soit le quintile, la proportion deceux qui abandonnent l’école secondaire pour travailler est relativement plus élevée que dansles autres groupes socio-économiques.
Graphique V.1.8. : Raisons d’abandon au secondaire ( année 1998).
Renvoyé24,9%
Coût élevé25,9%
Pas nécessaire7,7%
Veut travailler34,1%
Autres7,4%
Renvoyé Coût élevé Pas nécessaire Veut travailler Autres
Source : Tableau V.1.6.2 en annexes
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199843
V.2. SANTE
La qualité de la santé d’une population détermine avec le niveau d’instruction, la qualitédes ressources humaines et la productivité du travail. La qualité de la santé peut s’appréhenderà travers la morbidité et l’accessibilité aux services de santé.
V.2.1 Morbidité
La morbidité est relative au nombre de personnes tombées malade au cours d’unepériode. Dans le cadre de l’Enquête prioritaire II, il s’agit des personnes ayant déclaré avoir étémalades au cours des 15 derniers jours précèdent l’interview.
Le taux de morbidité6 global en 1998 était de 7,1% au Burkina Faso; ce qui signifie queenviron 7 individus sur 100 ont connu au moins un cas de maladie. La morbidité masculine(6,9%) comme l’indique le tableau V.2.1, est légèrement inférieure à celle des féminins (7,2%).Cette observation est surtout valable en milieu urbain.
De ces constats, il résulte que les personnes vivants en milieu urbain déclarent avoir étémalades plus que celles résidant en milieu rural (10,6% contre 6,3%). Cela proviendrait de laperception différenciée de la maladie entre ces deux milieux, en milieu rural, plus on estpauvre, moins on déclare avoir été malade. En réalité, le burkinabé (surtout le pauvre vivant enmilieu rural) ne se considère malade que lorsque son mal atteint un degré de gravité.
Tableau V2.1 : Indicateurs de la santé1998Urbain Rural Total
Taux de consultation 5,2 2,5 2,9Homme 4,7 2,4 2,8Femme 5,8 2,5 3,1Source : tableaux V.2.2.8 et V.2.4.12 en voir annexes
L’analyse de la morbidité au Burkina Faso ne peut se faire dans une perspectivetemporelle à l’aide des deux enquêtes prioritaires à cause d’un changement intervenu de lapériode de référence. En effet, tandis que l’enquête de 1994 demandait si l’individu avait étémalade dans les 30 derniers jours, celle de 1998 le fait pour les 15 derniers jours. Il en va demême pour la comparabilité des taux de consultation.
6 On définit ici le taux de morbidité comme étant la proportion de personnes ayant déclaré être tombé maladeau cours des 15 derniers jours précédent l’enquête
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199844
Graphique V.2.1. Taux de morbidité selon le sexe , le milieu de résidence et le niveau de vie (année 1998).
Source : tableaux V.2.4.12 en annexes
V.2.2 Utilisation des services de santé
L’utilisation des services de santé est appréhendée à travers les consultations dans leslieux fréquentée par les populations. Mais compte tenu du fait qu’au Burkina Faso, la médecinetraditionnelle “cohabite” avec la médecine moderne, la notion de consultation a concerné aussibien les services de la médecine moderne que ceux des guérisseurs traditionnels, des tradi-praticiens et de marabouts ou autre forme de pratique.
Degré de consultation
D’une manière générale, les constats suivants qui concordent avec les taux de morbiditépeuvent être faits au regard de la fréquentation des lieux de consultation :
- Les burkinabé dans leur grande majorité ne consultent pas : seulement 2,9% de lapopulation et 41,3% des malades ont recours à la consultation toute forme confondue.
- Les femmes (3,1%) fréquentent légèrement plus les centres de santé que les hommes(2,8%). Ce constat comme le montre le tableau V.2.1, est surtout valable en milieu urbain.
8
6
88
12
5 5
6
8
109
6
8
11
14
4
5
7
8
11
0
2
4
6
8
10
12
14
16
Urbain
Premier
Urbain
Deuxièm
e
Urbain
Troisièm
e
Urbain
Quatriè
me
Urbain
Cinquiè
me
Rural P
remier
Rural D
euxièm
e
Rural T
roisiè
me
Rural Q
uatriè
me
Rural C
inquiè
me
Milieu et Quintile
Pou
rcen
tage
Homme Femme
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199845
- De façon générale, il ressort que, plus on est pauvre, moins on a recours à laconsultation ceci sans distinction de sexe ou de milieu de résidence.- Les citadins, avec un taux de 5,2% consultent 2 fois plus que les ruraux (2,5%). Onobserve la même tendance au niveau des régions. En effet, hormis Ouagadougou (5,9%),Bobo-Dioulasso (4,5%) et les autres villes (4,9%), seules les régions économiques rurales ducentre et du sud-ouest ont des taux de consultation au moins égaux au taux national avecrespectivement 3,6% et 2,9%.
L’observation de la distribution selon les groupes socio-économique confirme lesconstats faits ci-dessus. En effet, les plus faibles taux de consultation médicale se rencontrentchez les ménages d’agriculteurs, de chômeurs, d’inactifs et ‘‘d’aides familiaux, bénévoles etapprentis’’.
Types de consultation
Les burkinabé qui vont en consultation recourent beaucoup plus aux CSPS (57%) , auxCMA/CM (13,2%) et aux guérisseurs traditionnels/marabouts (8,8) qu’aux professionnels quiexercent en privé : 3% pour les médecins, 4 % et 1,4% pour les pharmaciens et les infirmiersrespectivement. Cependant, on constate que les plus pauvres consultent plus les guérisseurstraditionnels et les marabouts que dans les CMA/CM.
Le privé est beaucoup plus fréquenté par les plus nantis. Toutefois, les plus pauvresconsultent tout de même les pharmaciens privés (8%) et les infirmiers privés (5%).
En milieu urbain, les populations fréquentent beaucoup plus les services publicsnotamment les CSPS (25,9%) et les CMA/CM (21,4%). Cependant une portion nonnégligeable recourent aux services privés (14,6%), en particulier les médecins (9,3%). Cettesituation pourrait s’expliquer principalement par la proximité des centres de santé des lieux derésidence et les disponibilités financières. Elles ont moins recours aux guérisseurs traditionnelset aux marabouts (3,3%) qui constituent le deuxième lieu de consultation des plus pauvres(24,6%) après les CMA/CM (44,1%).
Par contre, en milieu rural, en dehors du CSPS (70,8%), les guérisseurs traditionnels etles marabouts sont les plus consultés par les individus des ménages, quelle que soit la situationsocio-économique (riche ou pauvre). Mais de façon globale, ils ont recours aux centres desanté publics (5 personnes sur 6).
Selon le sexe, les centres publics restent les plus fréquentés aussi bien par les hommesque par les femmes. Toutefois, il convient de remarquer que :
- les hommes consultent plus les guérisseurs traditionnels et les marabouts (9,3%) que lesprestataires modernes privés (4,2%). A l’opposé, les femmes recourent plus aux privés(12,3%) qu’à la médecine traditionnelle et au service des marabouts (2,4%). Ainsi, par rapportaux hommes, les femmes consultent 2,7 fois plus les privés et environ 4 fois moins lestradipraticiens / marabouts.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199846
- à la différence des hommes qui ont recours aux différents types de consultation quelleque soit la situation socio-économique, ce sont essentiellement les femmes riches surtout lesplus riches qui utilisent tous les types de services de consultation ; les pauvres d’entre elles secontentant exclusivement des centres publics particulièrement les CMA/CM et les CSPS.Raisons de la non consultation .
Dans l’ensemble, l’inaccessibilité géographique des lieux de consultation est certes unélément limitant la fréquentation des centres de santé mais elle n’est pas le facteur déterminantde la non consultation au Burkina. En effet, en 1998 seulement 4,4% des personnes tombéesmalades l’ont évoquée contre 4,6% en 1994; surtout celles du milieu rural. La mauvaisequalité du service et de l’accueil ne sont pas non plus des raisons déterminantes :en 1998 moinsd’une personne sur 100 (0,5%) les a évoquées. Par contre, la pratique de l’automédication par1 personne sur 3 et la non nécessité de consulter (2 personnes sur 7) et le coût élevé (1personne sur 4) expliquent en essence le faible niveau de consultation en 1998. Le graphiqueV.2.3 illustre bien ces propos.
L’automédication est une pratique aussi bien des pauvres que des nantis. Ceci pourraitlaisser penser que (ce sont) les sources d’approvisionnement varient surtout suivant les niveauxde vie : les pauvres utilisant les plantes médicinales ou s’approvisionnant auprès des vendeursambulants ; les plus nantis utilisant les produits pharmaceutiques.
La raison financière (manque d’argent ou coût élevé du service) comme cause de la nonconsultation est manifeste quel que soit le milieu de résidence (23,4% et 24,7% en milieuurbain et en milieu rural ) que selon le sexe (23,3% d’hommes et 36% de femmes). Elle estd’autant plus explicite en milieu urbain où malgré l’existence de l’offre de services, plus de lamoitié des pauvres (55,5%) ne consultent pas pour des raisons financières.
Les femmes ressentent beaucoup plus le manque d’argent et le coût élevé du servicecomme facteurs limitant leur accès aux services de santé. En effet, le taux de non fréquentationdes services de santé pour des raisons financières chez les femmes est 1,6 fois supérieur à celuides hommes.
Graphique V.2.2. Raisons de la non consultation( année 1998).
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199847
Eloignement4,4%
Coût élevé24,4%
Pas nécessaire28,6%
Autres9,3%
Automédication33,3%
Source : tableaux V.2.4.2 en annexes
Les raisons de la non consultation n’ont pas évolué par rapport à 1994. Les principalesraisons demeurent la non nécessité de se faire consulter et le manque d’argent / coût élevé. Lesraisons financières étaient le facteur “bloquant” la consultation de 32% et 24,4% des personnestombées malades en 1994 et 1998 respectivement. Si l’on estime que l’accessibilité financièrepourrait être un des facteurs explicatifs de la non nécessité d’aller en consultation (ceux quiestiment que la consultation n’était pas nécessaire), de l’automédication et peut-être même lerecours aux guérisseurs, tradipraticiens et marabouts7, il s’ensuit que l’amélioration de la santéde la population et partant le développement humain passerait entre autre par l’amélioration duniveau des revenus.
Ainsi, une politique de développement des ressources humaines devrait se construireautour de deux piliers essentiels que sont l’élévation du niveau de revenu des populations et laréduction du coût des services.
7 la consultation des guérisseurs, tradipraticiens et marabouts est une pratique socio-culturelle qui n’est pasforcement liée à une inaccessibilité des services de la médecine moderne.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199848
VI. CONCLUSION
La réédition de l’enquête prioritaire au Burkina Faso en 1998 présente une source dedonnées riches en informations sur différents aspects des conditions de vie des ménages. Leprésent rapport mené simultanément sur la base des données de 1994 et 1996 examine ladynamique de la pauvreté à travers trois dimensions différentes et complémentaires : lesdépenses de consommation ; la pauvreté selon les actifs et l’accès au service de base ; et ledéveloppement humain.
On y retrouve dans les tendances révélées beaucoup de similitudes, on y rencontreégalement beaucoup de points de différence.
Dans l’ensemble, la pauvreté qui s’est accrue de 0,7% entre 1994 et 1998 et demeureun phénomène essentiellement rural même si par ailleurs on observe qu’en milieu urbain elles’est accrue. La décomposition par groupe socio-économique indique une hausse chez lesménages salariés, une légère baisse chez les ménages d’agriculteurs de produits vivriers(grande poche de la pauvreté) et une baisse substantielle chez les agriculteurs de rente.
L’approche par les actifs de ménages et l’accès à certains services révèlent desévolution contrastées. Dans des domaines tel l’accès à l’eau potable, des progrès réels ont étéfait qu’il faut poursuivre. Dans d’autres domaines tel l’électricité domestique, le serviced’évacuation des déchets ménagers, les toilettes, des progrès sont lents ou quasi inexistants. Defaçon générale il existe un fossé marqué entre milieu urbain et rural entre pauvre et non pauvretant du point de vue de la possession de biens durables que pour l’accès aux services sociauxde base.
En matière de développement humain, les performances réalisées sont assez mitigées :le taux d’alphabétisation reste faible et quasi stable entre 1994 et 1998 avec un écart importantentre milieu rural et urbain, entre hommes et femmes, entre pauvre et non pauvre.
La scolarisation des enfants dans les écoles primaires progresse très timidement entreles 2 période (35,2% à 40,9%) ; par ailleurs les enfants des ménages pauvres ont moins accès àl’école primaire plus particulièrement la petite fille qui accède moins à l’école que le garçon.Les enfants vivant dans les ménages pauvres n’ont pas accès à l’enseignement supérieur. Ilssont très peu au niveau du secondaire et relativement peu présents au primaire.
En matière de santé il ressort d’une manière générale, que plus on est pauvre moins onse déclare malade. De pus la population, plus particulièrement celle des pauvres à tendance àconsulter de moins en moins les centres de santé. Par contre de façon significative, une grandeproportion de la population pratique l’auto-médication.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199849
ANNEXE 1
Structure et présentation du questionnaire de l’enquête
Le questionnaire ménage utilisé pour l’EPII, tout comme à l’EPI, comporte treize sections :
Première page de couverture : Identification du ménage par des caractéristiques géographiques(Région économique, province, département, milieu de résidence, N° de ZD, village/secteur,N° de concession, numéro de ménage dans la ZD).
Deuxième page de couverture : variables de contrôle.
Section 0 : Chefs de ménage : données socio-culturelles sur le chef de ménage (ethnie ounationalité, religion) données relatives à l’ancienneté du ménage, nombre de couples duménage, etc.
Section 1 : Liste des membres (résidents) du ménage avec leurs caractéristiques socio-démographiques (situation de résidence, lien de parenté avec le chef de ménage, Situationmatrimoniale, sexe, date de naissance, handicap dont souffre le CM).
Section 2 : Santé (tout membre du ménage) : état de morbidité, fréquentation des centresde santé, dépenses de santé.
Section 3 : Education/formation (pour les 6 ans ou plus) : scolarisation, niveaud’instruction, cause d’abandon de l’école.
Section 4 : Alphabétisation et migration (pour les 10 ans ou plus) : langued’alphabétisation, migration (localité, durée, motif), recherche d’emploi).
Section 5A : Chômage et emploi principal (personnes âgées de 10 ans ou plus) : statutd’occupation, activité exercée, activité principale, branche d’activité, Catégorie socio-professionnelle, situation dans la profession, nature de l’emploi (au cours des 7 derniers jourset au cours des 12 derniers mois), recherche de travail au cours des 7 derniers jours et raisons,protection sociale, congés, durée l’activité au cours des 12 derniers mois, revenus tirés (7derniers jours et 1é derniers mois), évolution du revenu monétaire au cours des 12 derniersmois).
Section 5B : Emploi secondaire (personnes ayant occupé un emploi au cours des 12 derniersmois) : emploi secondaire, branche d’activité, nature de l’emploi, situation dans la profession,revenu tiré, durée activité, évolution du revenu.
Section 5C : Emploi précédent (personnes occupées ou inoccupées) : emploi précédent,durée d’exercice, branche d’activité, nature de l’emploi, situation dans la profession, pensionretraite, congés payés, raisons du départ de l’emploi précédent.
Section 6 : Logement et le confort (du ménage) : informations sur la qualité du logement,son équipement, les sources d'approvisionnement en eau et la principale source d'énergie.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199850
Section 7A : Bétail et exploitation agricole du ménage/bétail (du ménage) : Nombre de têtesde bétail possédé, évolution du nombre et raison éventuelle de diminution du nombred’animaux (bœufs, moutons, chèvres, ânes, chevaux, dromadaires, porcs).
Section 7B : Bétail et exploitation agricole du ménage/production agricole de la campagne1997/98 (du ménage) : production, vente, équipement agricole, fertilisation des sols, créditsagricoles, main-d’œuvre salariée, semences sélectionnées ; dépenses d’inputs agricoles.
Section 7C : Bétail et exploitation agricole du ménage/production agricole de la campagne1996/97 (pour les ménages qui existaient) : production, main-d’œuvre salariée, évolution dessuperficies et de la production, raison éventuelle de la diminution de la production.
Section 8 : Entreprises et activités non-agricoles du ménage (Seules les 4 premières sontretenues) : branche d’activité, .ancienneté de l’activité, effectif personnel employé, dépenses,Chiffre d’affaires, impôts et taxes, évolution du revenu tiré, raison principale de la dégradationéventuelle du revenu tiré.
Section 9 : Accès aux services de base : temps d’accès aux services de base et moyenutilisé, raison de non fréquentation de ces services de base (école primaire, école secondaire,centre de santé et marché).
Section 10 : Dépenses du ménage. Elles se divisent en trois sous-sections :
Section 10A : Niveau et évolution des dépenses d'éducation et de santé ;
Section 10C : Dépenses sur les produits non-alimentaires (y compris autoconsommation).
La période de référence des dépenses d'éducation est l'année scolaire1997/1998 ; celle des dépenses alimentaires est les 15 derniers jours et les postes de dépensesalimentaires sont renseignés sur les 30 derniers jours précédant la visite de l'enquêteur.
Section 11 : Revenu des ménages : Principales sources de revenus (revenu tiré del'agriculture ; revenu tiré de l'exploitation d'entreprises non-agricoles ; salaires et revenus nonagricoles sur commission ; transferts, versements et autres revenus.
Section 12 : Avoirs du ménage : inventaire principaux biens, durée de la possession,acquisition ou cession 12 derniers mois.
Section 13 : Anthropométrie (enfants âgés de 6 à 59 mois) : mesures directes de taille et depoids, diarrhée ou pas. Ne concerne qu'un sous-échantillon de ménages.
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199851
ANNEXE 2
Quintiles de niveaux de vie individuelle
QuintilesTranches de dépense totalemoyenne ajustée partête et par an( FCFA) Désignation sur l’échelle
Premier quintile Moins de 49706 FCFA Extrême pauvretéDeuxième quintile De 49706 a moins de 68220 Pauvre modéréTroisième quintile De 68220 à moins de 91530 Niveau de vie moyenQuatrième quintile De 91530 à moins de 140331 Non pauvreCinquième quintile 140331 et plus Non pauvre extrême
Profil et évolution de la Pauvreté au Burkina Faso en 199852
ANNEXE 3
Tableau III.1.1.: indices de la pauvreté selon le milieu de résidence - 1994Incidence Contribution à
Tableau V.1.5.14: raisons d'abandon par quintile et selon le groupe socio-économique du chef deménage (primaire):1998Salariés du privé structuré
quintiles de dépenses total1 2 3 4 5
Renvoyé 70,4 34,3 38,8Fin des études ,8 ,7Veut travailler 9,0 7,7Coût élevé 100,0 20,0 37,3 35,6Pas nécessaire 9,6 16,5 15,5Pas d école/éloignéManque de cantine 1,0 ,9Maladie 1,0 ,8NDTOTAL 100,0 100,0 100,0 100,0Tableau V.1.5.15: raisons d'abandon par quintile et par groupe socio-économique du chef deménage (primaire):1994groupe socio-économique du chef de ménage Salariés du privé non structuré
quintiles de dépenses total1 2 3 4 5
Renvoyé 27,0 66,8 31,0 30,0 32,1Fin des études 5,1 1,1Veut travailler 10,4 8,3 10,5 9,4Coût élevé 62,5 8,8 45,6 33,6 35,8Pas nécessaire 2,6 3,2 2,8Refus parents 13,7 2,1 6,3 5,6Pas d école/éloigné ,8 ,6Autre 10,7 5,2 15,6 12,6TOTAL 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0Tableau V.1.5.16: raisons d'abandon par quintile et selon le groupe socio-économique du chef deménage (primaire):1998Salariés du privé non structurés
Pas nécessaire 17,7 7,1 10,9 13,0 11,4Pas d école/éloigné ,6 ,4Manque de cantineMaladie 6,3 1,5 1,1ND 5,9 1,7 1,9 2,2TOTAL 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
Tableau V.1.5.17: raisons d'abandon par quintile et par groupe socio-économique (primaire):1994groupe socio-économique du chef de ménage Aides familiaux, bénévoles et apprentis
Tableau V.1.5.19: raisons d'abandon par quintile et par groupe socio-économique du ménage(primaire):1994groupe socio-économique du chef de ménage indépendants ou employeurs non agricole
Tableau V.1.5.21: raisons d'abandon par quintile et par groupe socio-économique du ménage(primaire):1994groupe socio-économique du chef de ménage Inactifs
Tableau V.1.5.23: raisons d'abandon par quintile et par groupe socio-économique du ménage(primaire):1994groupe socio-économique du chef de ménage Agriculteurs de cotons
Tableau V.1.5.25: raisons d'abandon par quintile et par groupe socio-économique du ménage(primaire):1994groupe socio-économique du chef de ménage Autres agriculteurs
Tableau V.1.5.26: raisons d'abandon par quintile et par groupe socio-économique du ménage(primaire):1994groupe socio-économique du chef de ménage Chomeurs
Tableau V.1.6.11: raisons d'abandon par quintile et par par groupe socio-économique du chef deménage (secondaire):1994groupe socio-économique du chef de ménage Salariés du public
Tableau V.1.6.13: raisons d'abandon par quintile et par par groupe socio-économique du chef deménage (secondaire):1994groupe socio-économique du chef de ménage Salariés du privé structuré
quintiles de dépenses total1 2 3 4 5
Renvoyé 38,3 16,4 16,7Fin des études 3,1 2,9Veut travailler 39,9 30,9 30,2Coût élevé 21,8 20,3 19,7Pas nécessaire