Top Banner
Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtique Sous la direction de Isabelle BERTRAND, Alain DUVAL, José GOMEZ DE SOTO, Patrick MAGUER Mémoire XXXV - 2009 Chauvigny
18

Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

Jan 16, 2023

Download

Documents

Welcome message from author
This document is posted to help you gain knowledge. Please leave a comment to let me know what you think about it! Share it to your friends and learn new things together.
Transcript
Page 1: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

Habitats et paysages rurauxen Gaule et regards sur

d’autres régions du mondeceltique

Sous la direction de

Isabelle BERTRAND, Alain DUVAL,

José GOMEZ DE SOTO, Patrick MAGUER

Mémoire XXXV - 2009

C h a u v i g n y

Page 2: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

ISSN 1159-8646ISBN 978-2-909165-84-4

Page 3: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

Bilan et perpectives de recherche sur les sites ruraux au second Âge du Fer

Geertrui BLANCQUAERT, Thierry LORHO, François MALRAIN, Yves MENEZ ....................................... 5-23

Un enclos = une ferme ? ................................................................................................ 25-43

François MALRAIN, Geertrui BLANCQUAERT avec la collaboration de Thierry LORHO

Activités, métiers, vie quotidienne dans les établissements ruraux del’Ouest de la France à travers l’instrumentum (Hallstatt D/début du Haut-Empire) .......................................................................................................................... 45-83

Olivier NILLESSE

Chars, charrettes et transport dans l’agriculture celtique .......... 85-92

Olivier BUCHSENSCHUTZ

Habitats, terroir et paysage rural : Aménagement etstructuration du territoire et de la campagne gauloiseIfs, ZAC “Object’Ifs Sud” (Calvados) .................................. 93-107

Elven LE GOFF

Rythmes de création, fonctionnement et abandon desétablissements ruraux de la fin de l’Âge du Fer dans l’Estde la France .............................................................................. 109-151

Pierre NOUVEL, Philippe BARRAL, Sylvie DEFFRESSIGNE, Vincent RIQUIER,Jean-Marc SÉGUIER, Nicolas TIKONOFF, Muriel ZEHNER avec la collabora-tion de Nathalie ACHARD-COROMPT, Daniel BARTHÉLÉMY, Carole DROUET,Catherine MOREAU, Cécile RAMPONI, Grégory VIDEAU

Définition et organisation des terroirs protohistoriques deNîmes, Gard (de la fin du VIe au Ier s. av. J.-C.) ........... 153-180

Pierre SÉJALON, Valérie BEL, Jean-Yves BREUIL, Hervé POMARÈDES

Les communautés rurales du Languedoc occidental entrel’Âge du Bronze final IIIb et la fin du premier Âge du Fer(IXe - Ve s. av. J.-C.) : études de cas .............................................. 181-214

Ghislain BAGAN, Stéphane MAUNÉ

1

Actes du XXXIe colloque international de l’Association Française pour l’Étude de l’Âge du FerTome II - Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtique C h a u v i g n y

Sommaire

Page 4: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

Actes du XXXIe colloque international de l’Association Française pour l’Étude de l’Âge du FerTome II - Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtique

2

Sites grecs, sites indigènes : Essai sur le fonctionnement des habitats del’Hérault occidental (VIe-IVe s. av. J.-C.) ..................................................... 215-243

Daniela UGOLINI, Christian OLIVE

La question des Viereckschanzen d’Allemagne du Sud revisitée ..... 245-280

Caroline VON NICOLAI

Habitat, économie et environnement en Bohême et Moravie, LT B-C(IVe-IIe s. avant notre ère) ............................................................................... 281-297

Natalie VENCLOVÁ

Économie et environnement : Habitats de La Tène finale (IIe-Ier s. avantnotre ère) en Bohême et en Moravie ........................................................... 299-319

Alžbeta DANIELISOVÁ

Organisation territoriale et espaces ruraux à La Tène finale en Suisseoccidentale : un état des questions .............................................................. 321-361

Frédéric CARRARD

La construction des communautés :Nouvelles perspectives sur l’habitat, le monde rural et la société de l’Âgedu Fer en Grande-Bretagne occidentale .................................................... 363-382

Dr. Tom MOORE

L’agriculture du VIe au Ier s. av. J.-C. en France : État des recherchescarpologiques sur les établissements ruraux ......................................... 383-416

Véronique ZECH-MATTERNE, Laurent BOUBY, Anne BOUCHETTE, Manon CABANIS,Marie DERREUMAUX, Frédérique DURAND, Philippe MARINVAL, Bénédicte PRADAT,Marie-France DIETSCH-SELLAMI, Julian WIETHOLD

Une base de données sur les études de faunes des établissements rurauxen Gaule .................................................................................................................. 417-446

Patrice MÉNIEL, Ginette AUXIETTE, David GERMINET, Anna BAUDRY, Marie-Pierre HORARD-HERBIN

Base de données et S.I.G. palynologiques sur l’Âge du Fer en France : Uneautre approche du paysage végétal et de son anthropisation ............ 447-468

Chantal LEROYER, Muriel BOULEN, Dominique MARGUERIE, Thierry LORHO, Béatrice PRAT,Jacqueline ARGANT avec les contributions de Gisèle ALLENET DE RIBEMONT, David AOUSTIN,Marie-Françoise DIOT, Loïc GAUDIN, Pascal GUENET, Catherine LATOUR-ARGANT,Laurence MAREMBAT, Jeanne PERRIÈRE, Corinne TIXIER, Dominique VIVENT

C h a u v i g n y

Page 5: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

3

Sommaire

L’enclos républicain du Bas Lauvert à Antibes (Alpes-Maritimes) : Uneoccupation du rivage lagunaire durant le dernier tiers du IIe s. avantnotre ère ................................................................................................................. 469-496

Isabelle DAVEAU, Susanne LANG-DESVIGNES

L’occupation du plateau de Corent (Puy-de-Dôme) au premier Âge duFer : Un habitat exceptionnellement bien conservé ............................... 497-509

Julie GASC

Les Gaulois sont dans la Plaine : L’occupation du second Âge du Fer dusite de Puylaurens “La Plaine” (Midi-Pyrénées, Tarn) ....................... 510-518

Laurent GRIMBERT, Marie-Luce MERLEAU, Laurence BENQUET avec la collaboration deGisèle ALLENET DE RIBEMONT, Laurent BRUXELLES, Frédérique DURAND, Hélène MARTIN,Pierre MILLE, Sabine PUECH, Andréas SCHARF

Hiérarchie des habitats et formes de l’occupation du sol à la confluenceSeine-Yonne à la transition entre le premier et le second Âge duFer ............................................................................................................................. 519-527

Régis ISSENMANN

Présentation préliminaire du site de la fin de l’Âge du Fer de l’Alba(Castres, Tarn) : Étude pluridisciplinaire dans son contexteenvironnemental et historique ...................................................................... 529-541

Lionel IZAC-IMBERT, Frédéric SERGENT avec la collaboration de Laurence BENQUET,Laurent BRUXELLES, Marie-Pierre BUSCAIL, Frédérique DURAND, Hélène MARTIN,Christian SERVELLE

C h a u v i g n y

Page 6: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

(1) L. Izac-Imbert : conservateur, Drac Midi-Pyrénées ; Frédéric Sergent, L. Benquet, L. Bruxelles, H. Martin : Inrap Grand Sud-Ouest ; M.-P. Buscail :Université de Paris I ; F. Durand : EHESS Toulouse ; Ch. Servelle : service régional de l’archéologie Midi-Pyrénées ; É. Thomas : service régionalde l’archéologie Auvergne.

Fig. 1 – Localisation du sitede l’Alba (Castres, Tarn) et vueaérienne en cours de décapage

Lionel IZAC-IMBERT, Frédéric SERGENT

avec la collaboration de Laurence BENQUET, Laurent BRUXELLES, Marie-Pierre BUSCAIL,Frédérique DURAND, Hélène MARTIN, Christian SERVELLE

(1)

Présentation préliminaire du site de la fin de l’Âge du Fer del’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son

contexte environnemental et historique

Actes du XXXIe colloque international de l’Association Française pour l’Étude de l’Âge du FerTome II - Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtique

529

C h a u v i g n y

Page 7: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

RRééssuumméé : La création du nouveau centre hospitalier intercommunal Castres-Mazamet a conduit à laréalisation, en 2001, d’un important diagnostic archéologique systématique des 15 ha correspondant àl’emprise du projet. Cette opération a mis en évidence l’existence de trois sites : des vestiges ténusd’une occupation de l’Âge du Bronze final, une église et un cimetière médiévaux qui ont été mis enréserve archéologique ainsi qu’un enclos fossoyé de la fin de l’Âge du Fer localisé sur l’emplacement dufutur bâtiment principal. Une opération de fouille préventive a été mise en œuvre, pendant l’été 2005,par une équipe de l’Inrap sous la co-direction de Lionel Izac-Imbert et Frédéric Sergent.

Alors que dans la moitié Nord de la France les installations rurales sont désormais connues en grandnombre grâce à la prospection aérienne et aux opérations d’archéologie préventive conduite durant les vingt dernières années, le site de l’Alba n’est que le second du genre fouillé en Midi-Pyrénées. Le déficit d’informations était tel que certains chercheurs mettaient parfois en doute l’existence de ce mode d’exploitation des campagnes dans le Sud-Ouest de la Gaule. C’est dire l’importance quis’attachait à la réalisation de cette fouille qui, du fait de l’emprise concernée par les travaux, permettaitd’appréhender cet établissement dans son ensemble. Il se présentait, à la fin du IIe siècle av. J.-C., sousla forme d’un grand enclos fossoyé de forme quadrangulaire, mesurant près de 100 m de côté, munid’un ponton en bois pour y pénétrer. L’intérieur était notamment occupé par un petit enclos égalementquadrangulaire qui protégeait un bâtiment à charpente sur ossature bois.

L’étude du mobilier rejeté dans les fossés (céramique commune, céramique à vernis noir, amphore,faune, éléments de parure, etc.) constitue par sa qualité et sa quantité un important référentiel dansl’établissement du faciès culturel régional de la fin de l’Âge du Fer.

Au-delà, la reprise des données archéologiques et environnementales du segment de la vallée du Thoré,au bord duquel est installé le site, permet de proposer une nouvelle lecture de l’occupation humainedurant la Protohistoire récente, l’Antiquité et les périodes historiques.

Actes du XXXIe colloque international de l’Association Française pour l’Étude de l’Âge du FerTome II - Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtique

530

a pu être détecté à cette occasion dans l’emprise mêmedu secteur d’implantation du futur bâtiment central duchic (Catalo, Viers 2001).

Compte tenu de sa destruction inéluctable, uneopération de fouille préventive a été mise en place auprintemps 2005, financée par l’Hôpital de Castres,confiée à l’Institut national pour la recherche archéo-logique préventive (Inrap) et placée sous la responsa-bilité de Lionel Izac-Imbert et de son adjoint, FrédéricSergent. Durant deux mois et demi, sur une emprised’un peu moins de 2 ha, le site de la fin de l’Âge du Fer,délimité par un grand enclos fossoyé, a pu être étudiéde manière exhaustive, via un décapage mécaniqueintégral, pratique encore jusqu’alors assez rarementmise en œuvre en région Midi-Pyrénées.

Face à la méconnaissance globale de ce type de siteau plan régional (Izac-Imbert, Sireix 2007) et du richecontexte archéologique local, on se trouvait devant undouble enjeu scientifique :

- d’une part, caractériser de manière aussi précise quepossible la géométrie, la chronologie et le statut du site ;

- d’autre part, évaluer sa place et son rôle à la fin del’Âge du Fer, dans un secteur au contact de la Provincede Narbonnaise, au pied de la Montagne Noire, à

IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN

Depuis la fin du XIXe siècle, la région de Castres,dans le département du Tarn, fait l’objet d’une intenseactivité archéologique. Les premières explorations deterrain de qualité sont à mettre au crédit des éruditslocaux comme A. Caraven-Cachin (CDA 81, p. 40).Après la Seconde Guerre mondiale, mais surtout àpartir des années 70, les recherches se poursuivent à un rythme soutenu dans le Castrais ; elles se concentre-ront notamment sur les nombreuses découvertes denécropoles du Bronze final et de la fin de l’Âge du Fer(Giraud et al. 2003 en dernier lieu).

Les recherches sur le site de Castres proprement ditet son évolution durant l’Antiquité se sont multipliéesdurant les années 80 dans le cadre de l’archéologiebénévole puis, à partir des années 90, suivant en celaune évolution plus globale, dans celui professionnel del’archéologie préventive.

C’est dans ce contexte qu’a été mise en œuvre, en2001, une importante opération de diagnostic archéo-logique (resp. J. Catalo, Afan) préalable à la construc-tion du futur Centre hospitalier intercommunal (chic)de Castres-Mazamet. Totalement inédit, le site de l’Alba

C h a u v i g n y

Page 8: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

Fig. 2 – Sites archéologiques de la région castraise (d’après CAD 81, p. 85 complétée).

531

Présentation préliminaire du site de la fin de l’Âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn)Étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique

sein d’une zone de bas de versant, présentant un reliefassez monotone, occupé aujourd’hui par des entitésbocagères et des prairies artificielles. Ce secteur estactuellement en pleine mutation urbaine, impulsée parl’implantation de zones d’activités technologiques aucontact de la rocade sud toute proche.

Le terrain extrêmement argileux (molasses de Saïx)comporte d’importants horizons de recouvrement decolluvions entaillés, par endroits, par les phénomènesd’érosion de bas de pente au gré d’une série dethalwegs. Aux abords du site, en bordure du Thoré, lazone ripisylve présente une variété végétale beaucoupplus riche alors qu’à quelques kilomètres au nord c’estun paysage de type caussenard (Causse de Labruguière),a substratum calcaire, qui prédomine dans les formespaysagères.

BB.. HHiissttoorriiqquuee ddeess rreecchheerrcchheess aauu ssuudd ddee ll’’aagggglloomméérraattiioonnccaassttrraaiissee

Cette zone du sud de Castres (fig. 2) a fait l’objetd’intenses prospections pédestres animées par leséquipes d’archéologues bénévoles sous la houlette,

proximité d’un très important district minier contrôlépar des sociétés de publicains romains (Gourdiole,Landes 2000).

Dans l’attente de la publication monographique du site et afin d’aller au-delà d’une première présen-tation succincte (Izac-Imbert, Sergent 2006), l’objectifpoursuivi par cet article se limitera à une présenta-tion préliminaire des structures mises au jour, desproblématiques développées et des premières pistes deréflexion.

II.. LLEE SSIITTEE DDEE LL’’AALLBBAA :: IINNSSEERRTTIIOONN DDAANNSS UUNNRRIICCHHEE CCOONNTTEEXXTTEE AARRCCHHÉÉOOLLOOGGIIQQUUEE

AA.. SSiittuuaattiioonn ggééooggrraapphhiiqquuee

Le site de l’Alba (Castres, Tarn) est localisé au sudde l’agglomération actuelle de Castres (fig. 1). Il estcompris entre le relief molassique et la partie externed’un méandre du Thoré, dans la partie concave duversant. Il est positionné sur un lambeau de replat assezdégradé par l’érosion à ce niveau. Il a été implanté au

C h a u v i g n y

Page 9: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

Actes du XXXIe colloque international de l’Association Française pour l’Étude de l’Âge du FerTome II - Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtique

532

Pour ce qui concerne le site de l’Alba, plusieursportions d’un système d’enclos fossoyé sont alorsrepérées, lors du diagnostic, même si sa morphologiegénérale demeure à l’époque encore incertaine. Lespremiers jalons chronologiques sont établis à partir desprincipaux éléments recueillis (céramiques communes,céramiques à vernis noir et amphores) : la premièrefourchette chronologique proposait un ancrage chrono-logique dans le courant de la seconde moitié du IIe siècle av. J.-C. Aucune réoccupation postérieure du site, notamment antique, à l’exception d’éléments de parcellaire d’époque moderne, n’a été détectée.Quelques éléments erratiques plus anciens signalentune occupation périphérique du Bronze final - premierÂge du Fer vraisemblablement liée au site du Clot(Carozza et al. 1997).

En fonction des résultats obtenus par le diagnostic,en accord entre l’aménageur et le service régional del’archéologie, la zone médiévale a été mise en réservearchéologique, la zone septentrionale n’a pas fait l’objetd’une exploration plus poussée et la zone centrale,assiette du site de la fin de l’Âge du Fer, a fait l’objet detoutes les attentions.

Un décapage intégral, sur un peu moins de 2 ha, aété prescrit par le service régional de l’archéologie afind’assurer la fouille intégrale du site de l’Alba au vu deson intérêt scientifique.

CC.. PPrroobblléémmaattiiqquueess ddee rreecchheerrcchhee

Un site de morphologie similaire avait été exploré,en Haute-Garonne, au lieu-dit Raspide, en 2001, dans lecadre des opérations d’archéologie préventive liées à laZAC aéroconstellation (Sireix et al. 2007). Il s’agissait là quasiment d’un unicum sur le plan régional àl’exception de trois exemples d’enclos fossoyés de la fin de l’Âge du Fer fouillés en domaine quercynois(Gangloff et al. 2007).

En outre, considérant la chronologie proposée pourle site de l’Alba (seconde moitié du IIe siècle av. J.-C.),se posait la question de son insertion dans le contextegéopolitique et les circuits d’échanges lors de la créationde la Province de Narbonnaise. De plus, les relationsentretenues entre l’enclos détecté à l’Alba et celuifouillé, dix ans auparavant, à moins de 500 m, au lieu-dit Lou Cros (Gangloff 1997) posaient question. Enfin,on pouvait évoquer la problématique de la genèsemême du site antique de Castres, jusqu’alors essentiel-lement connu grâce aux fouilles anciennes ou plusrécentes sur le plateau Saint-Jean ou dans la zone dudomaine de Gourjade (CAD 81, p. 96-102) au nord deCastres, à l’opposé de la zone de l’Alba par rapport àl’agglomération actuelle.

depuis au moins deux décennies, du Centre archéo-logique d’études et de recherches du Castrais (Cerac).Dès la fin des années 60, des suivis archéologiques detravaux liés à la création de zones pavillonnaires péri-urbaines amènent leur lot de découvertes comme, près du site de l’Alba, à Lameilhé, où a pu être fouilléune importante fosse de la fin de l’Âge du Fer (CDA 81,p. 109).

Durant les années 90, les interventions archéologi-ques connaissent un nouveau regain et sont menées,cette fois-ci, de manière systématique à l’occasion de lacréation de la nouvelle artère que constitue la rocadesud de Castres.

Au lieu-dit le Clot, un site d’habitat de la transitionBronze final - premier Âge du Fer (Carozza et al. 1997)a ainsi été repéré et fouillé (resp. F. Pons, Afan) àquelques centaines de mètres au nord du site de l’Alba.

De la même manière, un imposant bâtiment antiquedaté du Haut-Empire a été fouillé (resp. D. Paya, Afan),et conservé in situ, à environ 200 m au nord-ouest du site de l’Alba, lors de la création du rond-pointraccordant la rocade à la future zone hospitalière.L’identification exacte de ce bâtiment (chais ? entrepôt ?)n’a pu clairement être établie même si ses dimensionsimportantes et la qualité de son architecture invitent àne pas le classer comme une simple annexe liée à uneexploitation rurale antique (Paya, Amiel 1999).

Non loin de là, au nord du site, près de la métairieSaint-Laurens (CDA 81, p. 111-112 et p. 93), une petitenécropole de l’Antiquité tardive (IVe s. d. C.) a égale-ment été fouillée (resp. F. Pons, Afan).

Enfin, en 1997, un enclos de la fin de l’Âge du Fer,occupé par un bâtiment au Haut-Empire, a été fouillé(resp. N. Gangloff, Hadès) en amont de la création dela ZAC du Causse (Labruguière), au lieu-dit Lou Cros(Gangloff 1997), à moins de 500 m à l’est du site del’Alba.

Comme on peut s’en rendre compte à la lecture de ce tour d’horizon du potentiel archéologique, cettezone se révèle, au fil des ans, particulièrement riche etparaît avoir concentré, au moins depuis la Protohistoireancienne, un noyau de peuplement significatif.

À l’époque médiévale, une mention du monastèremérovingien d’Altaripa indique une installation dans lemême secteur. Le diagnostic archéologique mené dansl’emprise du chic, sur une quinzaine d’hectares, sous laresponsabilité de J. Catalo (Catalo, Viers 2001), a permisnotamment de mettre au jour, par voie de sondages, lesvestiges d’une église disparue et d’une vaste nécropolemédiévale, en bordure du Thoré, à moins de 50 m ausud du site de l’Alba.

C h a u v i g n y

Page 10: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

Fig. 3 – Plan général des principales structures de la fin de l’Âgedu Fer mises au jour sur le site de l’Alba et vue aérienne du site(prise de vue : ULM Imagin’air).

533

Présentation préliminaire du site de la fin de l’Âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn)Étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique

tion depuis la phase de creusement initial jusqu’à sonabandon.

De manière synthétique, on distingue :

- une première phase de creusement “en caissonsdiscontinus”, à profil en U ;

- une seconde phase qui voit la mise en place d’undispositif palissadé assez complexe alliant une clôtureen bois, armée d’un clayonnage enduit à la terre etéquipé d’un possible système de contreventementinterne ou externe ;

- une phase de fonctionnement en mode ouvertcaractérisé par des rejets importants constitués essen-tiellement par des restes de récipients céramique, defaune et de nombreux éléments lithiques.

1. La phase de conception initiale

La première phase de creusement qui a été iden-tifiée présente des caractères parfaitement homogènesrévélées par l’ensemble des coupes stratigraphiquesréalisées sur le fossé. Les pendages mesurés sont trèsfaibles, de l’ordre de 1 à 2 % pour les plus grandstronçons, ce qui est tout à fait remarquable compte tenudu développement de l’ouvrage fossoyé.

L’angle sud-est du fossé paraît avoir joué un rôled’exutoire du trop-plein des eaux de ruissellementreprenant en cela le drainage naturel, via un thalweg,en direction du Thoré en contrebas.

IIII.. RRÉÉSSUULLTTAATTSS PPRRIINNCCIIPPAAUUXX :: PPRRÉÉSSEENNTTAATTIIOONNSSYYNNTTHHÉÉTTIIQQUUEE

AA.. UUnn vvaassttee eennccllooss ffoossssooyyéé eett ppaalliissssaaddéé

Une attention toute particulière a été accordée à la fouille stratigraphique et planimétrique du grandenclos fossoyé (fig. 3), d’orientation polaire, aux dimen-sions imposantes (90 m x 60 m environ).

Du point de vue méthodologique, reprenant uneapproche de terrain expérimentée et développée enFrance septentrionale (Malrain et al. 2002, p. 162),nous nous sommes attachés à réaliser, dans un premiertemps, une série de sondages manuels régulièrementrépartis sur le tracé de l’enclos. Ces sondages tests ontensuite été suivis par l’ouverture de caissons de fouillesmanuelles. Ce sont ces zones de fouilles qui ont livré leplus d’informations tant sur la géométrie du fossé quesur le dispositif de clôture palissadé qui lui a succédé.Enfin, les ultimes tronçons du fossé ont été traités par passes mécaniques successives, à l’aide d’une mini-pelle. L’ensemble des vestiges mobiliers présents dansles différents horizons de colmatage du fossé a étéprélevé par tronçon de 2 m linéaires. Des prélèvementsde sédiment ont été réalisés de manière systématiqueen vue d’analyse carpologique (étude F. Durand).

L’analyse morphologique de ce grand enclos apermis de déterminer les grandes lignes de son évolu-

C h a u v i g n y

Page 11: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

Fig. 4 – Mise en évidence du creuse-ment initial en caisson dans labranche sud du fossé méridional.

Actes du XXXIe colloque international de l’Association Française pour l’Étude de l’Âge du FerTome II - Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtique

534

architecturale qui est, en outre, renforcé par la présenced’un dispositif de franchissement central du transectméridional du fossé (fig. 6). En effet, nous avons pumettre en évidence un tel dispositif grâce à la présencede trois négatifs de calages de poteaux bois se répon-dant de part et d’autre du fossé. Ces creusements sont complétés, du côté interne de l’enclos, légèrement en retrait, par deux fosses creusées de manière symé-trique. Elles présentent, toutes les deux, des traces assez évidentes d’arrachement de poteaux bois.L’ensemble de ce dispositif permet d’évoquer undispositif de franchissement, de type ponton, éven-tuellement relevable.

3. Une phase d’abandon riche en informations

L’ultime phase marquante dans l’histoire de cegrand enclos fossoyé correspond au colmatage terminalcomposé, pour partie, d’artefacts (céramique commune,céramique à vernis noir, amphores), de restes fauni-ques et d’éléments lithiques qui seront présentés endétail dans la monographie du site à venir.

On a pu observer, dans au moins trois sondages,une interruption de faible ampleur (1 à 2 m de largemaximum) dans le creusement des fossés (fig. 4).L’interprétation d’un tel phénomène demeure incer-taine. De tels dispositifs ont été observés sur d’autressites dans le Sud-Ouest ; ils ont été interprétés commede possibles dispositifs artisanaux en rapport avec desactivités de rouissage (Sireix et al. 2007, p. 305-307).Nous demeurerons – pour notre part – beaucoup plusprudents et pencherions, dans le cas de l’Alba, pour undispositif lié à la gestion du flux hydraulique.

2. Un dispositif palissadé très élaboré

Le fossé est remplacé, dans une seconde phase, parune palissade en bois, que nous avons pu détecter grâceaux restes des calages de poteaux bois réalisés avec des blocs lithiques. Plus originale a été la découverted’une série de négatifs imprimés dans la molassecorrespondant aux empreintes de pieux battus en bois (fig. 5). Nous proposons d’interpréter cet agence-ment de pieux, disposés régulièrement du côté interne(tronçon ouest et nord) ou externe (tronçon sud) dufossé, comme faisant partie d’un possible dispositif decontreventement. Il paraît avoir équipé au minimumtrois portions du système de palissade. L’examenattentif de la rose des vents actuels nous livre une pistede recherche, même s’il faut demeurer prudent en de pareil cas, puisque les contreventements qui ont été disposés correspondent à l’orientation des ventsdominants, de secteur sud ou sud-ouest. La fouilleplanimétrique d’une portion sud du fossé a permis demettre en évidence une portion de clayonnage brûléqui nous donne des indications précieuses sur le modede construction de la palissade. La présence d’uneconcentration linéaire de torchis brûlé, notammentdans l’angle nord-ouest de l’enclos, permet égalementd’envisager l’hypothèse d’une application de terreargileuse sur ce clayonnage en bois. Dans cette hypo-thèse, les négatifs de pieux repérés de part et d’autre de la palissade centrale pourraient correspondre auxvestiges d’une armature de renfort lors du montage dela palissade enduite de terre (de Chazelles-Gazzal 1997,p. 91 et fig. 96).

L’ensemble de ce dispositif frappe du fait de lacomplexité relative de sa mise en œuvre qui amènequelques interrogations quant à sa destination et à ladifficulté soulevée par son entretien. On s’interrogerasur l’aspect ostentatoire de cet ensemble compte tenupar ailleurs des dimensions globales du systèmed’enclos.

Cet aspect un peu particulier renvoie l’image d’un dispositif savamment pensé dans sa conception

C h a u v i g n y

Page 12: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

Fig. 7 – Vue du colmatage terminal sur une portionde la branche orientale du fossé principal.

Fig. 5 – Vues de détail de négatifs depieux en bois et vue générale, lors dumoulage des négatifs, du dispositif misen évidence sur la section ouest dufossé principal.

Fig. 6 – Vue zénithale (photo cerf-volant : S. Négre) du dispositif defranchissement de la branche méridionale de l’enclos principal.

535

Présentation préliminaire du site de la fin de l’Âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn)Étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique

Le spectre lithographique (étude C. Servelle) des éléments entassésdans le fossé fait apparaître une très importante proportion de galets (plusde 3 tonnes au total …), tirés du lit du Thoré, qui forment, dans certainssecteurs – comme par exemple près de l’angle nord-est – un puissantcolmatage qui scelle le fossé principal (fig. 7).

Une telle pratique – massive et homogène – nousest apparue, à la fouille, assez singulière et posequestion. On ne peut exclure la volonté soit d’obtenir

C h a u v i g n y

Page 13: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

Fig. 8 – Plan et vue de l’enclos central depuis l’ouest en fin de fouille, vues de détails des rejets concentrés dans l’angle sud-estcomprenant notamment des fragments de vases de stockage, une moitié de bracelet en verre, un bois de chute de chevreuil et uneportion de meule rotative (Relevé et dessin de la meule : É. Thomas).

Actes du XXXIe colloque international de l’Association Française pour l’Étude de l’Âge du FerTome II - Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtique

536

C h a u v i g n y

Page 14: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

537

Présentation préliminaire du site de la fin de l’Âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn)Étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique

exhaustive à venir, il nous est apparu primordiald’aborder la question du statut du site.

Un premier niveau de lecture des vestiges rencon-trés inviterait à y reconnaître les éléments d’un site àvocation agricole, éventuellement identifiable commeun enclos pastoral équipé d’une unité centrale destockage du type grenier (?).

Une analyse plus poussée, intégrant les donnéesissues de l’étude morphologique des structuresfossoyées et des rejets mis au jour dans leurs comble-ments, inviterait à nuancer cette première interpré-tation. Ainsi, la qualité des assemblages de mobilierrecueilli – et notamment le mobilier d’importation –alliée à la complexité du dispositif de clôture, munied’une architecture de terre et de bois, trahit, de fait, laprésence d’un propriétaire de statut social relativementélevé. Les rares exemples septentrionaux d’un dispositifde palissade quelque peu comparable semblent allerdans le même sens (Brunaux, Méniel 1997, p. 116-121).

L’utilisation du site ne semble pas se prolonger au-delà d’une génération comme l’atteste, par exemple,l’étude (L. Benquet) du faciès des amphores dont la période d’arrivée sur le site se concentre dans unefourchette chronologique comprise dans la secondemoitié du IIe siècle avant notre ère. La fermetureraisonnée du site au-delà de cette période est remar-quable de par son caractère étonnamment systéma-tique.

BB.. PPoouurr uunn rrééeexxaammeenn dduu ccoonntteexxttee aarrcchhééoollooggiiqquuee

Le réexamen du contexte archéologique donne unéclairage complémentaire sur l’importance du site à lafin de l’Âge du Fer. En effet, la présence d’un site demorphologie (et de statut ?) assez comparable, fouilléau lieu-dit Lou Cros (Gangloff 1997), un peu plusrécent que l’Alba et occupé au Haut-Empire, ne nousparaît pas anodine. On pourrait y voir une solution decontinuité, sorte de relais implanté au moment mêmeoù s’achève l’occupation de l’Alba.

En outre, une étude parcellaire (M.-P. Buscail)menée sur une fenêtre test autour du site a permis demesurer l’étroite relation qui unit les deux sites lorsquel’on considère leur insertion dans une trame paysagèretrès cohérente et structurée dès la fin de l’Âge du Fer(fig. 9 et fig. 10 - 3).

De plus, l’étude d’anciennes missions aériennesverticales de l’IGN autour de la zone de l’Alba a permisde mettre en évidence, sur certains clichés, une séried’anomalies phytographiques.

un effet drainant, soit de réunir les conditions propres à pouvoir remettre le terrain en culture lorsque l’occu-pation du site s’est achevée. L’impression dominante est celle d’un démantèlement raisonné de structuresinternes à l’enclos, le fossé jouant alors un rôle deréceptacle. Lors de l’abandon du site, dont la raison desa fermeture nous échappe, on aurait fait table rase de l’existant en comblant littéralement le fossé parendroits.

BB.. UUnn ppeettiitt eennccllooss cceennttrraall

Le hasard de l’implantation des sondages lors dudiagnostic (Catalo, Viers 2001) n’avait révélé dansl’emprise de l’enclos qu’une série réduite de structuresponctuelles comme quelques négatifs de calage depoteaux isolés. Lors du décapage initial, est apparu unpetit enclos central, fossoyé sur trois de ses côtés, ouvertau nord et muni d’un petit diverticule d’évacuation deseaux au sud-est (fig. 8). Au centre de ce petit enclos estapparue une série de structures en creux trahissant laprésence de quatre dispositifs de calage de poteaux. La disposition de ces négatifs permet de restituer unpetit bâtiment, de plan carré, sur ossature bois, d’uneemprise au sol que l’on peut estimer, au minimum, à 25 m2 environ (fig. 8).

Dans l’angle sud-est de ce petit enclos, une zone derejets présentant un assemblage de mobilier tout à faitremarquable a pu être fouillé. Elle recelait outre desfragments de céramique commune, les restes de grandsvases de stockage, des éléments de meule rotative(étude É. Thomas), un fragment de bracelet en verrebleu cobalt à décor moulé, des éléments de faune(étude H. Martin) dont une portion de bois de chuted’un chevreuil et un galet de quartzite poli (fig. 8).

CC.. LLeess aauuttrreess ssttrruuccttuurreess iiddeennttiiffiiééeess

Hors l’enclos principal et l’enclos central doté d’unbâtiment, le reste de l’espace enclos a essentiellementlivré une petite série de fosses et foyers majoritairementconcentrés dans les angles nord-ouest et sud-est dugrand enclos. Les structures externes à ce grand enclossont anecdotiques.

IIIIII.. PPRREEMMIIÈÈRREESS CCOONNCCLLUUSSIIOONNSS EETT PPEERRSSPPEECCTTIIVVEESS

AA.. QQuueell ssttaattuutt ppoouurr llee ssiittee ddee ll’’AAllbbaa ??

À l’issue de cette présentation préliminaire,volontairement synthétique des données recueillies à l’issue de la fouille et en attente d’une publication

C h a u v i g n y

Page 15: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

Fig. 9 – Étude des éléments parcellaires fossilesavec report du plan de l’enclos de l’Alba et de laportion de l’enclos du Cros visible sur clichéaérien vertical.

Fig. 10 – Anomalies révélées par l’étude desclichés aériens verticaux de l’IGN. Secteur deSaint-Laurens (1), de Pierre-Haut (2) et de LouCros (3).

Actes du XXXIe colloque international de l’Association Française pour l’Étude de l’Âge du FerTome II - Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtique

538

Concernant ce dernier secteur, dans lacoupe du talus surplombant la routeactuelle, un sol de terrazzo, était visibledans les années 80 (information orale A. Rayssiguier, Cerac, que nous remer-cions). Une visite réalisée dans la parcelleconsidérée a permis de repérer de nom-breux fragments de tegulae antiques enquantité non négligeable.

Dans le premier secteur, au nord-est du site de l’Alba, on semble avoiraffaire – sous réserve d’une explorationgéophysique puis stratigraphique pluspoussée – à un petit ensemble monu-mental, vraisemblablement antique, tota-lement inédit.

CC.. RReemmiissee eenn ppeerrssppeeccttiivvee

Comme on peut s’en rendre compte àla lecture de ce dernier paragraphe, c’estpeut-être moins l’étude intrinsèque dusite de l’Alba que la remise en perspective

Il s’agit en particulier :

- de la zone toute proche du site de l’Alba,sise autour du bâtiment du Haut-Empire(fig. 10 - 1a), fouillé en 1997, visible surces clichés et entouré par une série debâtiments (dont un présentant un impor-tant mur à redents fig. 10 - 1c) ;

- du promontoire naturel, dominant lecimetière actuel, à moins de 100 m dusite de l’Alba, où un cliché (fig. 10 - 2)témoigne, très nettement, de la présenced’un double enclos quadrangulaire (bâti ?)associé à des éléments de parcellaire claire-ment discordants par rapport aux limitesactuelles.

C h a u v i g n y

Page 16: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

539

Présentation préliminaire du site de la fin de l’Âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn)Étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique

cadre de cet article, en regard de ce que l’on peutconnaître du monde rural à la fin de l’Âge du Fer dansun grand Sud-Ouest (Izac 1995 ; Izac-Imbert, Sireix2007).

D’un point de vue strictement méthodologique,l’exploration du site telle qu’elle a été pratiquée montretoute la nécessité de réaliser de grands décapages, seulsà même de permettre d’appréhender ce type de site à une échelle de compréhension adaptée. Le recours à une mécanisation assez poussée, grâce aux moyensdégagés par l’archéologie préventive, ne doit cepen-dant pas faire oublier la nécessité de mettre en œuvre dans certains secteurs des approches fines, par voiemanuelle. La compréhension des systèmes fossoyés, qui présentent parfois des histoires complexes, ne serarendue possible qu’à cette seule condition.

Au-delà, seuls des regards croisés, appuyés sur des discussions poussées avec différents spécialistes(archéozoologue, carpologue, céramologue, géologue,spécialiste du mobilier de mouture, etc.) peuventpermettre d’être à même de dépasser la simple étudede plan et de tenter d’approcher le statut réel de ce type de site.

Finalement assez peu débattue lors des présen-tations et des discussions du présent colloque laquestion de la hiérarchisation des sites mériterait, dans les années à venir, une large synthèse. Il s’agit là d’une priorité absolue si l’on considère l’inflation desdonnées issues de fouilles de ce type d’établissement,amenées, en très grande majorité, par l’archéologiepréventive.

À ce titre, la variété des sites rencontrés, dontcertains comparables au site de l’Alba, la diversité desstructures et des assemblages de mobilier invitentdésormais à repenser nos grilles d’analyse (Marion,Blancquaert 2000 ; Izac-Imbert, Malrain, à paraître). Au-delà, il faut tenter de dépasser la seule étude intra-site, condition nécessaire mais non suffisante, afin d’amorcer une recontextualisation du site. Cettedémarche développée depuis de nombreuses années enFrance septentrionale (Lambot 1996 ; Pion 1996) peutrevêtir diverses formes (étude de carte archéologiqueclassique, études environnementales, analyse spatiale,etc.) et être menée à différentes échelles (étude d’unfinage, d’un transect de vallée, d’une micro-région,etc.). Ce type d’exercice, on l’a vu dans le cas de l’Alba, se doit d’englober les occupations immédiatementantérieures, lorsque cela est possible, et postérieuresafin de disposer de l’ouverture que constituent lesproblématiques plus historiques.

On ne peut qu’appeler, à l’instar de la fouillepréventive de l’Alba, la multiplication de ce type

de son contexte archéologique qui paraît la plus richeen matière de pistes de recherche.

En effet, on peut aujourd’hui vraisemblablements’interroger sur la genèse antique du site de Castres et sur le rôle qu’a pu jouer le site de l’Alba ainsi que les sites fouillés ou détectés dans sa proche périphérie.La masse de données recensées dans ce secteur, enbordure du Thoré, signale un noyau de peuplementbien structuré, installé dans la durée au moins depuis leBronze final.

Le site de l’Alba est lui-même créé durant unepériode où l’on enregistre des changements géo-politiques de première importance avec la création de la Narbonnaise. Si l’insertion du site au sein duterritoire des Rutènes indépendants fait encore débat(Gruat, Izac-Imbert 2002 et 2007 en dernier lieu) son insertion dans une zone soumise à des enjeuxstratégiques ne fait plus guère de doute. Cette positiond’interface entre monde méditerranéen et mondeceltique explique d’ailleurs, pour partie, la qualité etl’origine des produits d’importation mis au jour sur lesite.

De manière plus générale, si l’on veut bien retenir,pour la fin de l’Âge du Fer, l’hypothèse (Duval 1982)d’un système de société où les grands propriétairesfonciers joueraient un rôle de premier plan dans lecontrôle des richesses et des flux commerciaux, le rôled’un site comme celui de l’Alba mérite réflexion. L’unedes pistes de recherche conduit immanquablement àévoquer le potentiel économique que constituent lesressources minières de la Montagne Noire (Barruol2000) et l’enjeu qu’elles ont représenté pour Rome, à date haute, dès la fin du IIe siècle a. C., comme lemontre bien l’exemple des recherches menées sur ledistrict de Lascours dans l’Hérault (Gourdiole, Landes2000).

Il ne s’agit bien sûr pas d’une piste de rechercheunique et, dans le dossier des contreparties, exportéesdans le cadre des échanges commerciaux à base deproduits romains, comme le vin, les produits manu-facturés de l’artisanat et les productions agricoles et de denrées ont dû également jouer un rôle nonnégligeable.

CCOONNCCLLUUSSIIOONN

Que dire en guise de conclusion ? On soulignera,une nouvelle fois, l’apport que constitue l’étude du site de l’Alba, déjà présenté de manière succincte (Izac-Imbert, Sergent 2006), puis très préliminaire dans le

C h a u v i g n y

Page 17: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

CDA 81 : Comité départemental d’archéologie du Tarn,Le Tarn. Carte archéologique de la Gaule, 81. Paris1995, 298 p.

de Chazelles-Gazzal 1997 : de Chazelles-Gazzal (C.-A.),Les maisons en terre de la Gaule méridionale. Éd.Monique Mergoil, Montagnac 1997 (Monographiesinstrumentum, 2), 231 p.

Duval 1982 : Duval (A.), Autour de Vercingétorix : del’archéologie à l’histoire économique et sociale. In :Collis (J.), Duval (A.), Périchon (R.) dir., Le deuxièmeÂge du Fer en Auvergne et dans le Forez et ses relationsavec les régions voisines. Actes du IIIe colloque AFEAF,Clermont-Ferrand (mai 1979). Centre d’Études Foré-ziennes, Université de Sheffield, Saint-Étienne 1982, p. 298-335.

Gangloff 1997 : Gangloff (N.), Lou Cros (Labruguière,Tarn). Bilan scientifique SRA Midi-Pyrénées, 1997.

Gangloff et al. 2007 : Gangloff (N.), Izac-Imbert (L.),Rigal (D.), Al Claus (Varen), Larsou (Réalville) et leBois de Dourre (Montalzat) : étude micro-régionale detrois exemples d’exploitations agricoles de la fin del’Âge du Fer dans le Tarn-et-Garonne. In : Vaginay (M.),Izac-Imbert (L.) dir., Les Âges du Fer dans le Sud-Ouestde la France. Actes du XXVIIIe colloque AFEAF,Toulouse (20-23 mai 2004). Bordeaux 2007 (Aquitania,Suppl. 14/1), p. 345-384.

Giraud et al. 2003 : Giraud (J.-P.), Pons (F.), Janin (T.),Nécropoles protohistoriques de Castres (Tarn) : LeCausse, Gourjade, Le Martinet. Paris 2003 (Documentsd’archéologie française, 94), 775 p., 3 vol.

Gourdiole, Landes 2000 : Gourdiole (R.), Landes (C.),Une société minière italienne en pays rutène. In :Dedet (B.), Gruat (Ph.), Marchand (G.), Py (M.),Schwaller (M.) éd., Aspects de l’Âge du Fer dans le suddu Massif central. Actes du XXIe colloque AFEAF,Conques-Montrozier (mai 1997). Lattes 2000 (Mono-graphies d’archéologie méditerranéenne, 6), p. 61-64.

Gruat, Izac-Imbert 2002 : Gruat (P.), Izac-Imbert (L.), Leterritoire des Rutènes : fonctionnement et dynamiquesterritoriales aux deux derniers siècles avant notre ère. In : Garcia (D.), Verdin (F.) éd., Territoires celtiques.Espaces ethniques et territoires protohistoriquesd’Europe occidentale. Actes du XXIVe colloque AFEAF,Martigues (1er-4 juin 2000). Éd. Errance, Paris 2002, p. 66-87.

Gruat, Izac-Imbert 2007 : Gruat (P.), Izac-Imbert (L.),L’organisation du territoire des Rutènes avant les deux derniers siècles avant notre ère. In : Les Rutènes,organisation d’un peuple gaulois entre Languedoc et Massif central. Catalogue d’exposition, Musée deMontrozier, Rodez 2007, p. 16-29.

d’opérations dans un large Sud-Ouest, si l’on veutpouvoir disposer d’un corpus suffisamment fiable pour alimenter, une fois le travail de recollement desdonnées de terrain réalisé, le jeu des comparaisons etquelque ébauche de synthèse. C’est à ce prix-là, ententant d’uniformiser autant que possible la norma-lisation des procédures d’enregistrement, que l’onpourra – peut-être – obtenir une vision plus nuancée durôle de ces sites et dégager des fonctions différenciées à partir d’exemples parfois morphologiquement trèssemblables (Grimbert et al., dans ce volume, p. 510).

La participation de l’un d’entre-nous (LII) à l’éla-boration de l’enquête nationale sur les sites à enclos dela fin de l’Âge du Fer (Blancquaert et al., dans cevolume, p. 5) montre la volonté de faire émerger cetype de problématique de recherche protohistoriquedans le Sud-Ouest de la France depuis au moins unedizaine d’années (Vaginay, Izac-Imbert 2007). La fouilledu site de l’Alba s’inscrit dans cette logique au seind’une recherche régionale en plein renouvellementcompte tenu de la croissance quasi exponentielle del’activité préventive en Midi-Pyrénées en matièreprotohistorique. Il s’agissait dans le cas de l’opérationde l’Alba d’un galop d’essai, fruit d’une étroitecollaboration entre deux chercheurs issus d’horizonsdifférents et entourée par une équipe pluridisciplinaire.Gageons que l’avenir de la recherche protohistoriquerégionale permettra de reproduire ce type de scénario.

BBIIBBLLIIOOGGRRAAPPHHIIEE

Barruol 2000 : Barruol (G.), Les peuples pré-romains du sud du Massif central d’après les sources écrites. In : Dedet (B.), Gruat (Ph.), Marchand (G.), Py (M.),Schwaller (M.) éd., Aspects de l’Âge du Fer dans le suddu Massif central. Actes du XXIe colloque AFEAF,Conques-Montrozier (mai 1997). Lattes 2000 (Mono-graphies d’archéologie méditerranéenne, 6), p. 7-18.

Brunaux, Méniel 1997 : Brunaux (J.-L.), Méniel (P.), Larésidence aristocratique de Montmartin (Oise) du IIIe au IIe s. av. J.-C. Paris 1997 (Documents d’archéo-logie française, 64), 270 p.

Carozza et al. 1997 : Carozza (L.), Lagarrigue (A.), Pons(F.), Le mobilier des habitats Bronze final du Clot et de Lacaze-Haute, Documents d’archéologie méridionale19-20, 1996-1997, p. 57-78.

Catalo, Viers 2001 : Catalo (J.), Viers (C.), CentreHospitalier Saint-Laurens d’Hauterive à Castres (Tarn).DFS d’évaluation archéologique, opération 204/01,2001, 22 p., 12 pl.

540

Actes du XXXIe colloque international de l’Association Française pour l’Étude de l’Âge du FerTome II - Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtiqueC h a u v i g n y

Page 18: Présentation préliminaire du site de la fin de l’âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn) : étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique.

Izac 1995 : Izac (L.), L’habitat à la fin de l’Âge du Fer sur la bordure sud-ouest du Massif central. État de larecherche, problématiques et perspectives. Mémoire deDEA, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, 1995,2 vol. 518 p.

Izac-Imbert, Sergent 2006 : Izac-Imbert (L.), Sergent(F.), Le site de l’Alba à Castres (Tarn) : un enclos fossoyéde la fin de l’Âge du Fer, Bulletin de l’Associationfrançaise pour l’Étude de l’Âge du Fer 24, 2006, p. 61-62.

Izac-Imbert, Sireix 2007 : Izac-Imbert (L.), Sireix (C.),Les exploitations agricoles de la fin de l’Âge du Fer dansle Sud-Ouest de la France : premier état de la question.In : Vaginay (M.), Izac-Imbert (L.) dir., Les Âges du Ferdans le Sud-Ouest de la France. Actes du XXVIIIecolloque AFEAF, Toulouse (20-23 mai 2004). Bordeaux2007 (Aquitania, Suppl. 14/1), p. 285-292.

Lambot 1996 : Lambot (B.), Les Rèmes à la veille de la romanisation, le Porcien au Ier siècle av. J.-C. In :Bayard (D.), Collart (J.-L.) dir., De la ferme indigène àla villa romaine. Actes du IIe colloque de l’associationAGER, Amiens (Somme) (septembre 1993). Amiens1996 (Revue archéologique de Picardie, n° spécial 11),p. 13-38.

Malrain et al. 2002 : Malrain (F.), Matterne (V.), Méniel(P.), Les paysans gaulois (IIIe siècle - 52 av. J.-C.). Éd.Errance et Inrap, Paris 2002 (collection des Hespérides),236 p.

Marion (S.), Blancquaert (G.) dir., Les installationsagricoles à l’Âge du Fer en France septentrionale.

Presses de l’École Normale Supérieure, Paris 2000

(Études d’Histoire et d’Archéologie, VI), 527 p.

Paya, Amiel 1999 : Paya (D.), Amiel (C.), Un bâtimentmystérieux d’époque gallo-romaine dans la plaine deSaint-Laurens (Castres, Tarn), Archéologie tarnaise 10,1999, p. 71-100.

Pion 1996 : Pion (P.), Les établissements ruraux dans la vallée de l’Aisne, de la fin du second Âge du Fer au début du Haut-Empire romain (IIe siècle av. J.-C. /Ier siècle ap. J.-C.) : bilan provisoire des données etesquisse de synthèse. In : Bayard (D.), Collart (J.-L.)dir., De la ferme indigène à la villa romaine. Actes du deuxième colloque de l’association AGER, Amiens(Somme) (septembre 1993). Amiens 1996 (Revuearchéologique de Picardie, n° spécial 11), p. 55-107.

Sireix et al. 2007 : Sireix (C.), Benquet (L.), Berthet (A.-L.), Convertini (F.), Gé (T.), Martin (H.), Poirier (P.),Pradat (B.), Tixier (C.), Raspide 1 (Blagnac, Haute-Garonne) et Les Vergnasses (Gours, Gironde) : deuxexemples de fermes gauloises dans le Sud-Ouest de laFrance. In : Vaginay (M.), Izac-Imbert (L.) dir., Les Âgesdu Fer dans le Sud-Ouest de la France. Actes duXXVIIIe colloque AFEAF, Toulouse (20-23 mai 2004).Bordeaux 2007 (Aquitania, Suppl. 14/1), p. 293-343.

Vaginay, Izac-Imbert 2007 : Vaginay (M.), Izac-Imbert(L.) dir., Les Âges du Fer dans le Sud-Ouest de la France. Actes du XXVIIIe colloque AFEAF, Toulouse(20-23 mai 2004). Bordeaux 2007 (Aquitania, Suppl.14/1), 448 p.

Présentation préliminaire du site de la fin de l’Âge du Fer de l’Alba (Castres, Tarn)Étude pluridisciplinaire dans son contexte environnemental et historique

541

C h a u v i g n y