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1 Cattarossi Davide Erasmus (UFR 11 science politique) N. étudiant : 11329074 17/12/2013 Pouvoir, résistance et multitude
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Pouvoir, résistance et multitude

Mar 10, 2023

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bruna pieri
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Page 1: Pouvoir, résistance et multitude

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Cattarossi Davide

Erasmus (UFR 11 – science politique)

N. étudiant : 11329074

17/12/2013

Pouvoir, résistance et multitude

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Introduction

Toute l’originalité de Foucault demeure dans l’analyse du pouvoir, qui n’est plus le pouvoir

d’un roi ou de l’Etat. Chez Foucault le pouvoir devient un rapport de force ; qu’on ne le trouve pas

dans un lieu (au-dessous de la société), mais plutôt dans un « non-lieu ». La problématique c’est

donc d’observée à travers quelle façon, et en quelle période donné, le pouvoir devient quelque

chose d’autre, c’est-à-dire en quel moment, et pourquoi, on doit parler non plus d’un pouvoir, non

plus d’un lieu du pouvoir, mais des pouvoirs éparpiller partout dans la société. L’incontournable

réflexion foucaldienne sur les rapports de pouvoir conduit immédiatement au confronte avec un

autre concept très important de l’analyse, c’est-à-dire la résistance, dans la mesure dont elle est lié

au pouvoir de façon indissoluble selon la fameuse formule « là où il y a pouvoir, il y a résistance ».

Ce lien indissoluble entre le pole du pouvoir et celui de la résistance, introduit cependant un autre

point épineux : comment peut la résistance agir en tant que contre-pouvoir et donc « briser » la

dialectique sans fin, pouvoir/résistance, que la force à être seulement une forme de réaction quasi

physique au pouvoir ? C’est-à-dire, est-ce que on peut penser la résistance elle-meme comme une

puissance productive, capable d’imaginer nouvelles formes de vivre commun, au-delà de la prise du

pouvoir ? Tous ces nœuds conceptuels vont nous conduire à la césure amenée par la biopolitique,

« […] quel moment et selon quelles modalités la vie rentre dans le champ du pouvoir et en devient

un enjoue essentiel »1, qu’il représente, d’une part, un moment très intéressant car « libre » des

nouveaux espaces de manouvre pour les pratiques de résistance.

L’analyse sur la résistance nous conduira immédiatement à l’enjeu des figures de la

résistance, c’est-à-dire quel sujet aujourd’hui sera capable de se charger lui-même du rôle

révolutionnaire détenu d’abord par la classe ouvrière. La multitude comme nouveaux sujet politique

capable de briser les mailles du pouvoir et construire matériellement l’espace du commun ?

1 Antonio Negri, Fabrique de porcelaine, pour une nouvelle grammaire du politique, trad. Judith Revel, Stock, 2006, p.

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1) L’analyse du pouvoir : sa transformation, sa dispersion même,

sa diffusion et son investissement dans les corps

L’enjeu fondamental chez Foucault, sans doute, c’est l’analyse du pouvoir, ou mieux sa

description. Toutes ses œuvres se dissocient de toutes les grandes traditions qui ont étudiées le

pouvoir en cherchant son origine (on peut simplement penser à Rousseau), ou encore à ses causes

(Marx), en réduisant le pouvoir à un produit ou à une supra structure (déterminé par une autre

chose). Le pouvoir chez Foucault devient un objet de description, où analyser le pouvoir signifie le

décrire. La théorie du pouvoir assume, donc, un caractère central. La vrai nouveauté introduite par

l’analyse foucaldienne est surement la vision du pouvoir comme un rapport entre deux pôles, qui

change, qui bouge et qui se redéfinie dans le temps et selon les « émergences » historiques.

A travers une approche archéologique, l’analyse de Foucault découpe l’histoire en segments

qui, partant d’une origine passée, conduit à un présent déterminé. Il s’agit de travailler sur le passé

pour analyser et comprendre, de manière critique le présent. Si on prend une des œuvres plus

connue de Foucault, comme Surveiller et Punir2, on pourrait voir clairement cette approche

généalogique. Foucault réfléchira sur le morcellement du pouvoir de punir, et son humanisation

progressive, jusqu’à la constitution de la prison moderne. Il étudiera la transformation du pouvoir et

ses techniques, et la mise en lumière d’un ensemble de procédures pour quadriller, contrôler,

mesurer et dresser les individus.

Pour Foucault « le pouvoir […] c’est le nom qu’on prête à une situation stratégique

complexe dans une société donné»3. Cette définition lui permet de travailler sur les manifestations

concrètes du pouvoir et sur les modalités à travers lesquelles le pouvoir s’exerce.

Comme on a déjà souligné, il s’agit de décrire le pouvoir et voir comment celui-ci s’articule

pendant le cour des siècles. Foucault nous consigne l’image puissante d’un pouvoir omniprésent,

d’un pouvoir entendu comme relation, comme rapport de force : « le pouvoir est partout, ce n’est

pas qu’il englobe tout, c’est qu’il vient de partout »4

Donc si l’on prend pour vrai la notion du pouvoir chez Foucault, où le pouvoir est pensé

comme relation entre deux pôles, on doit, pour force des choses, refuser toute une vision juridique

qui place le pouvoir dans un lieu précis, dans des institutions ; c’est-à-dire une vision qui lit le

2 Michel Foucault, « Surveiller et punir - naissance de la prison », Gallimard, 1975 3 Michel Foucault, « Histoire de la sexualité I – la volonté de savoir », Gallimard, 1976, p. 122

4 Ibidem, p.121

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pouvoir comme produit de la loi (le parlement conçu comme le lieu du pouvoir) et donc externe aux

autres relations sociales. En refusant cette conception juridique du pouvoir, on doit, en même temps,

aussi, rejette la formulation marxiste de lutte des classes, ou mieux la domination exclusive d’un

groupe sur les autres5. Pas donc substance de la loi, ni tant plus unité d’une domination mais, au

contraire, une relation « strictement relationnelle », où il n’y a plus seulement un pouvoir, mais des

pouvoirs diffusés et une pluralité de rapport de pouvoir qu’on retrouve partout. Le pouvoir n’est

donc pas exhale d’un sujet conscient, un souverain, qui en suite le traduit en loi positive ; il s’agit

plutôt d’un pouvoir « impersonnel », omniprésent, qui ne demeure pas dans un lieu fixe, mais qui

opère à travers des techniques et des stratégies dans chaque coin de la société. Sous cette lumière le

pouvoir, ou mieux les pouvoirs, se déroule comme un ensemble des rapports de force, diffusé

localement, mais jamais reconductible à un siège seulement (le temple du pouvoir). Selon la

réflexion foucaldienne, en plus, nous sommes tous pris dans le morse du pouvoir ; donc pas une

classe qui domine, ni tant plus une classe assujetti, mais des individus qui demeurent, en même

temps, à côté du pôle des dominateurs et aussi à côte du pôle des dominants (dominés dans l’usine

mais dominateurs dans la famille). Foucault nous consigne un scénario où le pouvoir se décompose

en une myriade de petits pouvoirs à différents niveaux de la société pour une meilleure prise sur les

corps sociaux. Toute une multiplicité des sous-pouvoirs, des « micro-pouvoirs » vont-ils se former

et se diffuser.

Intéressant c’est aussi voir comme le philosophe italien Antonio Gramsci6, lui-même, eut

déjà à parler, dans son incontournable ouvrage Quaderni dal carcere écrit pendant les années de sa

captivité, de cette diffusion du pouvoir, en montrant à son parti politique le chemin à travers lequel

se concrétiserait la prise du pouvoir politique ; « […] L'articolazione della società civile ha come

conseguenza una articolazione e un decentramento del potere : i centri di potere, le «casematte»

del capitalismo, sono l'economia, l'informazione, la scuola, la religione, ecc. Prima di proporsi

l'obiettivo della conquista del potere politico, occorre conquistare queste aree con una guerra di

posizione, di trincea […]»7

5 Ce point nécessiterait d’une précision tandis que Marx lui-même considère le capital comme un rapport social et donc

comme une relation jamais fixe car mobil e sujette à des rapports de force. 6 Membre fondateur du Parti communiste italien, dont il fut un temps à la tête, il demeure en prison sous le régime

mussolinien. En tant qu'intellectuel, il a notamment étudié les problèmes de la culture et de l'autorité, ce qui en fait un

des principaux penseurs du courant marxiste. Il oppose à la dialectique matérialiste une « philosophie de la praxis ». Sa

conception de l'hégémonie culturelle comme moyen du maintien de l'État dans une société capitaliste a fait date.

7 Antonio Gramsci, Quaderni dal carcere, a cura di Gerrata V., Einaudi editore, 2007

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Retournant à Foucault le pouvoir, dans la mesure où il est un rapport de force, est immanent,

c’est-à-dire qu’il réside dans l’être et donc il n’est jamais traité comme une entité cohérente,

unitaire et stable, mais il est caractérisé par le fait qu’il est tout le temps en activité mais jamais

neutre ou passif. Le pouvoir n’a jamais arrêté d’augmenter son emprise sur les individus et surtout

ne cesserai jamais d’inventer de nouveaux dispositifs d’encadrements et d’assujettissement, puisque

il est tout le temps en marche pour se développer, pour se modifier et pour englober tous les champs

pas encore réglés.

S’interroger sur la figure de Foucault signifie réfléchir sur la question de comment le

pouvoir s’exerce et à travers quelles pratiques et quels dispositifs il s’est manifesté pendant les

siècles et dans chaque « émergence historique »8. « Il ne s’agit pas par conséquence de décrire un

principe de pouvoir […] mais un agencement où se croisent les pratiques, les savoirs et les

institutions »9.

Le pouvoir ne se réduit pas seulement à l’Etat, mais à de nombreux autres foyers de

pouvoirs, locaux ou régionaux, par exemple, comme les usines, les écoles, les hôpitaux etc.… On

peut dire que l’état, dans la réflexion foucaldienne, perd son monopole du pouvoir qu’en fait est

dissous dans une multiplicité de micro pouvoirs parmi lesquels le pouvoir se diffuse, au fond, dans

le corps social. Toutes les relations sociales sont connotées en termes de pouvoir. L’analyse du

pouvoir nous met vis-à-vis à son ubiquité, c’est-à-dire à sa capacité d’être présent en plusieurs lieux

différents simultanément ; il s’agit d’une microphysique du pouvoir, où on trouve une infinité de

lieux à travers lesquels le pouvoir peut affecter le corps des individus. Le pouvoir devient capillaire.

8 Surveiller et punir, en développement la généalogie du pouvoir de punir, c’est-à-dire comme l’institut du châtiment est

allé se reformulé et résinifié lui-même (la progressif humanisation du châtiment), nous montres comme le pouvoir a fait

front à chaque époque donné, en modifiant ses modes d’application, ses instruments, ses champs d’intervention. 9 Judith Revel, Dictionnaire Foucault, Ellipses, 2008, p. 107

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« L’émergence historique » du XVIII siècle : les disciplines et les « corps dociles »

La naissance du travaille dans les usines a surement apporté un clivage dans la société, une

mutation d’elle-même, un basculement où le pouvoir se retrouve vis-à-vis à l’émergence historique.

Désormais les corps et les vies de tous les hommes deviennent utiles. L’apparition du system

capitaliste implique en même temps la découverte du corps comme objet actif et productif, donc

indispensable aux rouages économique. Voilà qu’on découvre le corps comme objet et, en même

temps, comme cible du pouvoir. Le corps, en devenant objet, résultera être utile et en même temps

fondamentale au fonctionnement de la machine économique capitaliste. Foucault nous dit que le

corps devient intelligible et donc manipulable. C’est précisément la catégorie de « corps

intelligible » qu’on permit d’introduire l’autre notion foucaldienne de « corps docile » ; dans la

mesure dans laquelle un corps est intelligible est immédiatement objectivé et, à travers une attentive

technique du pouvoir, rendu docile. « […] et docile est un corps qui peut être soumis, qui peut être

utilisé, qui peut être transformé et perfectionné »10. C’est exactement la découverte de la catégorie

de l’homme-machine, du corps comme champ de savoir, que fait émerger le rôle primaire des

disciplines, comme formules générales de domination. Le corps devient un « laboratoire » du

pouvoir. « Les corps humains rentrent dans une machinerie de pouvoir qui les fouilles, les

désarticule et les recomposes. La discipline donc fabrique, littéralement, des corps soumis et exerce

des corps dociles. La discipline majore les forces du corps (en termes économiques d’utilité) et

diminue ces mêmes forces (en termes politiques d’obéissance) » 11. On est exactement vis-à-vis à

une économie du corps humain ; tout ce qui concerne le corps est objet d’analyse : « mouvements,

gestes, attitudes, rapidité »12. Il s’agit d’imprimer un pouvoir infinitésimal sur le corps actif.

La discipline organise un espace analytique dans lequel tout doit être connu, maitrisé et

utilisé. La discipline se déploie en mettent en œuvre plusieurs techniques de coercition : parfois

exige clôture, Foucault nous parle du grand « renfermement » des vagabonds et des misérables, des

casernes, des collèges, des usines, comme lieux pour marquer les corps en les maintenant dans

l’ordre et dans la discipline. Mais la « clôture » ne suffisant pas ; chaque individu alors doit être

placé, quadrillé, « à chaque individu, sa place ; et en chaque emplacement, un individu »13.

L’individu doit être contrôlé pour pouvoir rendre son corps productif, c’est-à-dire un rouage

indispensable à la machine capitaliste. A ce point, l’individu « fabriqué » par la discipline et rendu

10 Michel Foucault, Surveiller et punir – naissance de la prison, Gallimard, 1970, p. 160 11 Ibidem. p. 162 12 Ibidem. p.161 13 Ibidem. p 168

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docile, est distribué dans un’ espace précis ; la force de travaille dans l’usine doit être analysée en

unités individuelles, c’est pour ça que l’aménagement spatial de l’appareil de production devient

fondamental. Chaque individu mis au travail devient une prestation productive, il vient d’être de-

subjectivé et classé comme force-travail.

Il s’agit d’un processus extrêmement violant à travers lequel un sujet vivant est bouleversé,

dressé et transformé littéralement en une chose, un objet manipulable selon un calcul minutieux qui

est à la base du système capitaliste. On disant que l’individu mis au travail est distribué dans un

’espace précis, on veut souligner aussi l’interchangeabilité de chaque individu mis au travail ; les

éléments sont interchangeables puisque chacun se définit par la place qu’il occupe dans une série,

donc en remplaçant un travailleur on est en train de remplacer, tout à fait, une fonction, un geste,

une force physique. Il s’agit d’un processus de mise en série des individus, c’est-à-dire assigné un

corps à un espace. L’individu, désormais, est, à travers une microphysique du pouvoir, des-

subjectivé, maitrisé, atomisé et distribué. Voilà l’organisation du travail sous la machine capitaliste,

voilà le travail des disciplines, voilà comme un corps vivant est durement mis au travail et

dépouillée de tous ses éléments subjectifs.

En bref, les disciplines constituaient un « tableau vivant » qui transforment les multitudes

confuses, inutiles ou dangereuses, en multiplicité ordonnées14 ; c’est-à-dire réduire tous à l’unité,

construire un objet d’observation et d’étude. Les disciplines ont permis au pouvoir de hiérarchiser

les espaces et segmenter les individus ; indiquer des valeurs et garantir l’obéissance des individus.

Tous doivent être observés et connus pour être finalement maitrisés ; il s’agissait de dominer,

littéralement, l’espace total15. A travers la mise en tableau le pouvoir est réussi à organiser la

multiplicité confuse et illisible, à se donner des instruments pour la parcourir, pour la maitriser et

pour lui imposer un « ordre » précis.

On peut voir comme, en suivant la réflexion foucaldienne, le pouvoir, ou mieux, les effets

des pouvoirs, ne sont pas décrient seulement selon ces acceptions négatives : ils excluent, ils

répriment, ils masquent, ils cachent16. Le pouvoir est une puissance productrice ; il produit du réel,

il produit des domaines d’objet et une liturgie de vérité.

Relisant l’œuvre « Leçons sur la volonté de savoir. Cours au Collège du France (1970-

71) », Foucault nous montre comme la vérité, produit du savoir, n’est jamais innocente. Toute la

tradition philosophique veut nous faire croire que la connaissance est un besoin presque naturel et

pacifique : l’amour spontané pour la vérité. Chez Aristote l’homme était l’éprouve d’un plaisir 14 Ibidem. p. 174 15 Voir signifie objectivé, c’est à dire traité des personnes comme des objets pour le maitriser et dominer, c’est-à-dire le

« but » de l’usine du XIX et XX siècle. Désormais l’individu est considéré comme une « certain quantité de force-

travail. 16 Michel Foucault, Surveiller et punir – naissance de la prison, Gallimard, 1970, p. 227

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naturel à connaitre. Foucault bouleverse complètement la tradition aristotélico en montrant comme,

au contraire, le désire de connaissance est une construction, destinée à protéger l’ordre politique et

économique de la société.

Dans son cours Foucault dénonce « le visage de violence » de la volonté de savoir, lequel

poursuit le chemin de l’exclusion pour installer la « société parfaite ». L’interdit ou la folie, les

pauvres et les athées, la femme. C’est à travers tous ces dispositifs d’exclusion qu’est née la société

bourgeoise et la subjectivité bourgeoise. La volonté de savoir est « toujours serve, dépendante et

intéressée ». En suivant la réflexion foucaldienne nous nous rendons compte qu’aussi l’homme est

un produit des effets du binôme pouvoir-savoir et comme le même concept d’homme est très

friable, lorsqu’il est un produit des dispositifs politiques complexes qui caractérisent la modernité.

Dans l’œuvre le Mots et le Choses17 il annonçait la disparition du sujet humain « comme à la limite

de la mer un visage de sable ». L’homme est une invention dont l’archéologie de notre pensée

montre aisément la date récente. Et peut-être la fin prochaine. Une image puissante à travers

laquelle on peut sonder et critiquer l’invention de l’ « homme », c’est-à-dire un processus de

violente exclusion.

Pour Foucault, pouvoir et savoir sont liés car l’exercice des pouvoirs s’appuie sur des

savoirs. Par exemple il explique que c’est la prison qui fabrique le concept de délinquance, tout

comme le pouvoir psychiatrique aurait fabriqué le concept de maladie mentale. On peut aussi

constater ce lien dans le cadre de la « biopolitique », que nous étudierons plus en détail par la suite,

car les progrès effectués dans le domaine de la biologie et de la génétique permettent au pouvoir

d’avoir de nouveaux champs d’expansion.

«Il faut plutôt admettre que le pouvoir produit du savoir (et pas simplement en le favorisant

parce qu’il le sert ou en l’appliquant parce qu’il est utile) ; que pouvoir et savoir s’impliquent

directement l’un l’autre ; qu’il n’y a pas de relation de pouvoir sans constitution corrélative d’un

champ de savoir, ni de savoir qui ne suppose et ne constitue en même temps des relations de

pouvoir. Ces rapports de "pouvoir- savoir" ne sont donc pas à analyser à partir d’un sujet de

connaissance qui serait libre ou non par rapport au système du pouvoir ; mais il faut considérer au

contraire que le sujet qui connaît, les objets à connaître et les modalités de connaissance sont

autant d’effets de ces implications fondamentales du pouvoir-savoir et de leurs transformations

historiques »18

17 Michel Foucault, Les mots et les choses, Gallimard, 1966 18 Michel Foucault, Surveiller et punir – naissance de la prison, Gallimard, 1970, p. 36

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2) De l’autre côté du Pouvoir : la résistance

« Là où il y a pouvoir, il y a résistance ». Pour analyser la résistance, ou mieux les

résistances, on doit d’abord partir, par force de choses, de cette citation transmise par Foucault ;

c’est-à-dire du rapport indissoluble entre ces deux pôles. La résistance est donc l’autre terme des

relations du pouvoir.

Si on a remarqué qu’il n’existe pas un seul pouvoir mais des pouvoirs diffusés, éparpillés

partout dans le corps social, et que le pouvoir s’appuie sur le concept de résistance, c’est-à-dire que

ces deux termes doivent être pris ensemble, alors on ne peut pas parler d’une résistance au pouvoir

mais à des résistances diffusées en chaque lieu dans lequel les « micros pouvoirs » vont se fixer. La

résistance donc se donne nécessairement là où il y a du pouvoir, parce qu’elle est inséparable de la

relation du pouvoir et dans la mesure où le pouvoir vas se manifesté partout, la résistance représente

la possibilité d’ouvrir des espaces de lutte et de transformation.

Si on se pose l’enjeu de la résistance, il s’agit de prendre congé d’une lecture de l’histoire en

termes d’une dialectique entre pouvoir et résistance, entendue comme contre-pouvoir. Comme on a,

d’abord, souligné, en Foucault va maturé la conviction que pouvoir et résistance nous ne pouvons

pas les penser comme deux termes opposés, mais au contraire comme deux termes liés, deux faces

de la même médaille. De facto la résistance coexiste avec le pouvoir ; ils se donnent ensemble. Si

tout ça est vrai, cela signifie qu’en même temps pouvoir et résistance, produisant chaque fois de

nouveaux instruments, de nouvelles stratégies et de nouveaux dispositifs là où tous les deux sont

puissances créatrices. L’analyse foucaldienne des rapports entre pouvoir, ou mieux relations de

pouvoir, et des espaces de résistance est formulé en termes des tactiques et des stratégies, où chaque

mouvement de l’un constitue la base pour une contre-offensive de l’autre pôle.

Le rapport entre ces deux termes n’est jamais fixe, jamais symétrique ni tant plus donné ; un

rapport est définie pour son caractère mobile et pour la tension qu’il le traverse, on peut le penser

comme un « jeu » asymétrique d’avancement et de recul. In cette cadre le pouvoir se redéfinie

parmi la création de nouveaux rapports mais toujours en fonction des manœuvres de la résistance

pour l’englober ; inversement la résistance se redéfinie au moment dont les rapports de pouvoir

capturent des nouveaux espaces, en le forçant à s’élargir, à se bouger encore, pour étouffer la charge

transformatrice de la résistance. Foucault nous décrit donc une réciprocité entre les deux pôles.

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Foucault tiens a précisé que ce n’est pas contre le pouvoir que prend forme la lutte, la

résistance, mais contre les effets du pouvoir, contre la domination du pouvoir en tentant d’englober

les espaces pas encore soumis à ses règles. C’est paradoxalement l’action du pouvoir qui permet et

rend possible les pratiques de résistance, là où sont les rapports de pouvoir à ouvrir l’espace où se

déroule le « joue » entre les deux polarités, à savoir entre pouvoir et résistance.

Ce que Foucault nous souligne c’est la corrélation incontournable entre l’exercice du

pouvoir et la pratique de la résistance. La résistance n’est jamais en position d’extériorité au

pouvoir, plutôt elle est dans le pouvoir, c’est dans le pouvoir que n’importe quelle forme de

résistance peut se constituer et s’articuler. On peut constater donc que dans les relations de pouvoir

la résistance devient l’ennemi à battre, la cible à capturer, l’objet à englober. Le pouvoir se nourri

de la résistance, tandis que où il n’y a pas de résistance, le pouvoir n’a pas raison d’être.

L’analyse du rapport indissoluble entre pouvoir et résistance possédait sans doute une

formidable originalité et une puissante théorie du pouvoir, en constituant un élément de césure par

rapport aux « veilles » conceptions du pouvoir. Il me semble intéressant de voir comme la lecture

foucaldienne du pouvoir, se heurte avec toute la doctrine marxiste qui voyait la révolution comme le

moyen à travers lequel s’approprier du pouvoir politique. Là où la doctrine marxiste voyait le

pouvoir come un’ entité unitaire et homogène, Foucault nous présente des micro-pouvoirs diffusés

et inhomogènes ; en plus là où la doctrine marxiste opposait au pouvoir la révolution, le grand refus,

Foucault nous parle des « points de résistance présent partout dans le réseau du pouvoir »19.

Foucault, plus généralement conteste l’idée que la révolution doit être soutenue par une

partie politique en opposant l’idée d’un spontanéisme révolutionnaire de masse. La révolution est

donc considérée comme un mythe inefficace et surtout qu’il n’y a pas aucune mission historique de

la classe ouvrières, là où le chemin à interpréter doit être celui des révoltes et des résistances

disséminées partout dans le corps de la société.

D’abord la notion de révolution chez Foucault assume un caractère négatif et il faut attendre

l’expérience de militance dans le GIP pendant les années ’70 pour voir le terme révolution décliné

positivement, c’est-à-dire une puissance révolutionnaire au pouvoir. C’est donc à travers le

militantisme que la révolution peut matériellement prendre forme. En commentant l’ouvrage

kantienne « Qu’est-ce que sont les Lumières ? », Foucault nous consigne une image de révolution

puissante, c’est-à-dire la fixation d’une différence politique dans les trames du pouvoir20 ; selon

cette lecture la révolution n’est pas entendue comme la prise du palais du pouvoir mais comme un

soulèvement, un geste de résistance qui né dans les singularités.

19 Michel Foucault, « Histoire de la sexualité I – la volonté de savoir », Gallimard, 1976, p. 126 20 Judith Revel, Dictionnaire Foucault, Ellipses, 2007

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Je trouve que la notion de résistance restes un des aspects les plus considérable et fascinant

pour ceux qui veuillent aujourd’hui travailler sur l’actualité de la pensée foucaldienne (et tous ceux

qui veulent s’interroger sur notre présent global en cherchant continuellement de créer de nouveaux

espaces de conflit et de lutte), mais au même temps est une catégorie qu’il faut problématisé. La

résistance que Foucault décrie est un concept élémentaire, « physique ». Si la cible du pouvoir est le

corps, celui-ci en suite résistera. Tout cela me semble condamner la résistance à une action de reflex

et donc à une condition de dépendance par rapport au pouvoir, en un joue ou la résistance vient

toujours après le pouvoir.

Cette lecture de la résistance, comme entité symétrique au pouvoir, me semble nous apporter

à accepter un cercle vicieux sans fin, où pouvoir et résistance se succèdent l’un à l’autre. En bref il

s’agit de briser la symétrie entre les deux. Il faut trouver la manière « d’armer » la résistance, la

« libérer » d’un état d’immobilisme qui la réduite seulement à une action de « réaction », c’est-à-

dire affirmer que la résistance, de la même manière du pouvoir, soit une puissance productive

capable de créer du réel. Il faut essayer de penser et imaginer la résistance comme un vrai moment

constitutif, un laboratoire d’expérimentation politique et une « gym » d’antagonisme.

Si on se demande aujourd’hui quelles sont les exemples des pratiques de lutte et des formes

de résistance on doit pour force des choses lier notre présent à travers le filigrane des études

postcoloniales. En fait, le regard postcolonial nous permet d’investiguer les espaces dit du tiers-

monde que, loin d’être considérés comme des phénomènes périphériques, par rapport à une vision

euro centrique, nous donne certainement l’image formidable des grands laboratoires de résistance

contre le gouvernementaliste néolibéral.

Nous pouvons penser aux travails des subaltern studies sur l’Inde postcoloniale, à

l’expérimenta zapatiste en Chiapas, et encore à la pratique de résistance du mouvement Piqueteros

en Argentine au lendemain du default, seulement pour en citer quelques-uns.

Généralement on est en train de parler de toutes ces expériences de conflit qu’on pourrait

appeler « mouvement des pauvres ». A travers la grille foucaldienne, on peut s’apercevoir que tous

ces slums, loin d’être envisagés comme espaces vides du pouvoir où on trouve seulement pauvreté

et misère, sont des lieus saturés de pouvoir, réglé par de précises pratiques gouvernementales, et

donc en même temps des formidables laboratoires et des formidables expériences de résistance.

L’approche postcoloniale et les catégories foucaldiennes, nous permettent de mettre en

lumière les histoires oubliées, les histoires cachées, les histories misent en silence parmi la grand

narration du capital, nommé, en citant Dipesh Chackrabarty, Histoire 1. Il s’agit donc de faire

résonner le cri révolutionnaire de ces expériences, en découvrant « i punti ciechi della Storia »

(Adorno 1975).

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3) La vie comme cible du pouvoir et espace de la résistance

"La vie est devenue maintenant un objet du

pouvoir. La vie et le corps. Jadis, il n’y avait que des

sujets, des sujets juridiques dont on pouvait retirer les

biens, la vie aussi, d’ailleurs. Maintenant, il y a des corps

et des populations. Le pouvoir est devenu matérialiste."

Maintenant nous devons nous arrêter sur un autre concept clef de la pensée foucaldienne, le

biopouvoir, c’est-à-dire l’investissement par le pouvoir de la totalité de la vie. Parler de biopouvoir

signifie parler de biopolitique, entendu chez Foucault comme le moment dans lequel le pouvoir

s’est redéfini pour affronter un basculement de la société. La biopolitique va se former en réponse à

la naissance du libéralisme.

Foucault nous montre comme la société occidentale crée une catégorie de pouvoir inédite,

qu’il nomme « biopouvoir », c'est-à-dire un nouveau système de contrôle. Ce nouveau pouvoir doit

accroitre la vie ; c'est-à-dire qu’il doit prendre en charge la vie, qui devient objet du pouvoir.

La biopolitique est un ensemble de mécanismes de pouvoir, une technologie de pouvoir

historiquement située. Foucault distingue la biopolitique, qui désigne le pouvoir exercé sur l’espèce

et l’anatomo-politique, qu’on a déjà développé en précédence, en tant que pouvoir exercé sur les

corps, les deux constituent donc un pouvoir exercé sur le vivant. La biopolitique, c’est la politique

sur la population en tant qu’espèce.

La biopolitique est construite en opposition au modèle de la souveraineté. Le pouvoir

souverain peut être le pouvoir de laisser vivre ou de faire mourir, c’est le pouvoir du roi, et vient

entendu comme un pouvoir répressif. La biopolitique au contraire est le pouvoir de « faire vivre et

de laisser mourir », donc son domaine d’activité est bien plus large et elle a pour objectif la vie. La

vie et la population en tant qu’elles sont vivantes deviennent les champs où se déroule l’activité de

la biopolitique. La biopolitique est donc un pouvoir sur la vie détenue par des technologies qui

relèvent de la discipline et de la régulation, tandis que la souveraineté était un pouvoir détenu par un

sujet qui s’appuyait sur la mort. On peut citer la définition que donne Foucault du biopouvoir au

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début de l’œuvre Sécurité, territoire, population21 : « Ensemble des mécanismes par lesquels ce qui,

dans l’espèce humaine, constitue ses traits biologiques fondamentaux va pouvoir entrer à

l’intérieur d’une politique, d’une stratégie politique, d’une stratégie générale de pouvoir, autrement

dit comme la société, les sociétés occidentales modernes, à partir du XVIIIe siècle, ont repris en

compte le fait biologique que l’être humain constitue une espèce humaine. » Le but de la

biopolitique est de faire « du bonheur des hommes l’utilité de l’Etat », ce qui est le rôle de la police

selon Foucault.

La biopolitique donc est née, au lendemain du XVIII siècle, comme réponse rationnelle à

toute une série de circonstances qui apparaissent avec l’avènement du libéralisme, afin de gouverner

non seulement les individus mais l’ensemble de ces individus, c’est-à-dire la population. On peut

parler tout à fait de la découverte de la population, en la mesure dans laquelle émerge, à un moment

donné, pour répondre à une contingence historique, là où elle n’est pas quelque chose de naturel. La

population est seulement une unité de mesure, élevée à naturelle à travers une attentive technique du

pouvoir, qui rend possible la pratique gouvernemental. D’abord les micro-pouvoirs avaient cherché,

à travers le rôle des disciplines, d’individualiser et marquer les hommes pour les transformer en

individus productifs, c’est-à-dire force de travail dans les usines, mais il y a un moment où tout ceci

n’est plus suffisant.

A côté des techniques d’individualisation, émergera un dispositif parallèle consistant à

gouverner une multitude confuse et non homogène. La population se présent justement comme un

prolongement d’un processus de sérialisation, en répondant à une logique économique.

En citant Foucault, « Les traités biologiques d’une population deviennent des éléments

pertinents pour une gestion économique, et il est nécessaire d’organiser autour d’eux un dispositif

qui n’assure pas seulement leur assujettissement, mais la majoration constante de leur utilité »22

La naissance de la population, comme unité d’ensemble, corresponde aussi à un changement

dans la governance « […] le passage d’un art de gouverner à une science politique, le passage d’un

régime déterminé par les structures de souveraineté à un régime dominé par les techniques du

gouvernement se font autour de la population ». Voilà la naissance de la moderne économie

politique. La population devient u même moment l’entité sur laquelle s’articulent les techniques

gouvernementales, c’est-à-dire une manière spécifique de gouverner l’Etat en suivant l’impératif de

la rationalité, et aussi la cible parmi laquelle les biopouvoirs exercent leur prise sur la vie des

individus.

21 Michel Foucault, Sécurité, Territoire, Population – Cours au Collège de France, 1977-1978, Haut Etude, Gallimard

Seuil, 2004. 22 La politique de la santé au XVIII siècle, Les Machines à guérir. Aux origines de l’hôpital moderne ; dossier et

documents, Paris, Institut de l’environnement, 1976, p. 11-21

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Désormais la vie est devenue l’enjeu fondamental pour le déroulement du pouvoir. Cette

centralité de la vie résulte être très intéressante car peut nous ouvrir des espaces de réflexion en

termes de résistance au pouvoir. En la mesure dans laquelle « la vie fait désormais partie du champ

du pouvoir »23, cela représente aussi, par conséquence (nous pouvons dire), l’espace où les

résistances peuvent trouver un champ d’action pour déploie leurs potentialités et se constituer

comme formes d’antagonismes. Certainement la césure apporté du passage de la modernité à la

postmodernité24 (et au même temps du passage de la production fordiste à la production

postfordiste) a augmenté cette possibilité de résistance, en la mesure où les murs des usines sont

tombés (non pour tous évidemment) et le travail est devenu toujours plus immatériel25 c’est-à-dire

que la créativité et les capacités intellectuelles, c’est-à-dire le capitale humain, des hommes et des

femmes produisent valeur.

On peut constater donc le caractère réversible de la période postmoderne dans la mesure où

la biopolitique est au même temps la prise en charge par le pouvoir de la vie humaine mais aussi

l’espace où créer de nouvelles pratiques politique et de nouveaux chemins de lutte contre le

pouvoir. Les résistances deviennent désormais, elles-mêmes, comme déjà souligné ci-dessus, des

puissances productrices, capables de se transformer et de construire ce que la plus part ont appelé

Commun26, c’est-à-dire un ’espace qu’il surmonte, en même temps la dimension publique et privée.

C’est donc à l’intérieur de la biopolitique qu’on peut inscrire les pratiques des résistances, c’est-à-

dire la production d’une subjectivité libre (est dans l’acte de résistance de sorte qu’ils se forment les

subjectivités libéré). La résistance, grâce à son caractère constitutif, dans la mesure dont est

productif et créatif (des langages, des pratiques, des luttes nouvelle) elle est en soi l’affirmation de

la liberté du sujet résistant. C’est donc à travers la résistance (dans son acte et dans son geste) qu’il

se « matérialise » la subjectivité.

23 Antonio Negri, Fabrique de porcelaine, pour une nouvelle grammaire du politique, trad. Judith Revel, Stock, 2006,

p. 41 24 Faire referment à un temps postmoderne signifie parler d’un ensemble des formes culturelles, des étiquettes

idéologique et des dispositifs institutionnels qui sont postérieurs à la crise de l’Etat-nation, et qui prennent part au

processus de formation de la souveraineté impérial, en citant Toni Negri. Voir Micheal Hardt and Antonio Negri,

Empire, Harvard University Press, 2000 25 Il s’agit d’un travail qui produit avant tout des biens immatériels tels que du savoir, de l’information, de la

communication, des relations, des émotions, des rêves 26 Voir à ce sujet Micheal Hartd/ Antonio Negri, Comune, oltre il pubblico e il privato, Rizzoli, 2010 et a.cura di Sandro

Chignola, Il diritto del comune. Crisi della sovranità, proprietà e nuovi poteri costituenti, ombre corte, Verona, 2012

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La multitude comme sujet politique et l’horizon du commun

Il ne s’agit pas de prendre le pouvoir parce que

cela signifierait devenir un autre pouvoir, c’est-à-dire

malgré tout, toujours un pouvoir, le même qu’ont le

voulant extirper.

A ce stade, il s’agit de réfléchir sur ce qui est le sujet « potentiellement révolutionnaire »

approprié à la postmodernité, là où la classe ouvrière a « épuisée » sa « mission historique » et

surtout car s’est présenté comme concept excluent et incapable de contenir la prolifération de tout

un corollaire de figures subjectives. Dans l’ouvrage Multitude, Guerre et démocratie à l’âge de

l’Empire (Paris, La Découverte, 2004), Negri et Hartd tentent d’identifier le sujet adapte à l’époque

postmoderne, en travaillant sur la figure du prolétariat décrie chez Marx.

Les deux auteurs vont présenter dans leur ouvrage le concept de multitude. La multitude est

entièrement ouvert et incluent et concerne en droit chacun de nous : tous les travailleurs, mais aussi

les « mouvements des pauvres », qu’on a déjà nommé, c’est-à-dire chômeurs, sans domicile, les

sans-papiers, migrants et plus en générale tous les figures subjectives. Les pauvres, en sens large,

expriment une richesse et un potentiel formidable (altérité, biodiversité ecc…), mais au même

temps sont les victimes de la violence de la gouvernamentalité néo-libéral et aussi des agents actifs

et puissants, c’est-à-dire sujet capable de créer du réel. En la mesure dans laquelle ces sujets sont

intégrés dans la production sociale et biopolitique, en tant que leurs vies représentent le moteur du

capitalisme cognitif, participent à une condition commune (au travailleurs) et sont donc considérés

part à la multitude. « L’ensemble de ceux qui travaillent sous la tutelle du capital sont donc,

potentiellement, comme la classe de ceux qui refusent la domination du capital »27

La multitude est donc, en citant Negri et Hartd, une « multiplicité non-organique,

différentielle et puissance », composé de toutes les figures pluriels de la production sociale, lesquels

à multitude, c’est-à-dire qu’elle se donne à partir des résistances au pouvoir, à l’Empire qui

préfigure, dans la postmodernité, le nouvel ordre global. En plus la multitude, en tante que ouverte

et incluait, n’est peut pas être y pensé comme un « mouvement » nationale dans la mesure dans

laquelle est immédiatement globale, c’est-à-dire qu’elle va au-delà des frontières nationales, aussi

27 Negri et Hardt, Multitude. Guerre et démocratie à l’âge de l’Empire, Paris, La Découverte, 2004, p. 132

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bien que globale est l’espace dès ses luttes. C’est l’immatérialité du travail que rende possible le

déploiement de la multitude.

Hartd et Negri développent le concept de la multitude en la mettent en opposition à tous une

séries de catégories formulé dans la tradition moderne. Elle est pensé contrairement au peuple, qu’a

réduit le multiple à l’un, c’est-à-dire une homogénéisation à travers l’identité, contrairement à la

foule, désordonne et incohérente et contrairement à la masse, faible et manipulable.

En cette cadre la multitude se présente comme un ensemble de singularités, lesquelles

conservant leurs différences, que ne déterminant la puissance, sont capables de penser, d’inventé et

d’agir en commun. La multitude est donc un « réseau ouvert et expansif dans lequel toutes les

différences peuvent s’exprimer librement et au même titre, un réseau qui permet de travailler et de

vivre en commun »28. Etant l’immatérialité du travail, désormais, la condition commune à tous les

travailleurs, la multitude deviendra la cible du biopouvoir, la puissance productive que le

capitalisme cognitive doit exploiter pour consentir la reproduction de la valeur. Mais contre

l’exploitation la multitude oppose, un peu partout, la lutte et la résistance animées par un formidable

désire de quelque chose de nouveau, un désir qui parle d’une démocratie profonde (et radicale)

fondée sur une condition commune d’égalité et de liberté, c’est-à-dire, ce que le philosophe français

Etienne Balibar a appelé égaliberté.

En la même manière dans laquelle l’immatérialité du travail a rendu possible l’exploitation

et l’assujettissement du capitale humain, cela représente, au même temps, la condition qui permit à

la multitude elle-meme d’opposé des résistances, en tant que productive c’est-à-dire capable de

mettre les bases pour l’ouverture des espace de conflit et des processus constituant. La multitude, en

tant que sujet politique, doit s’affirmer comme puissance « destitutiva », car elle s’oppose au

biopouvoir, en minant l’exploitation et l’assujettissement qui sont à la base du système capitaliste

moderne lui-même, mais immédiatement aussi comme puissance constitutive capable de penser,

d’imaginer et d’imposer l’espace du commun. Dans ce cadre le commun devient pour la multitude

son horizon productif et en même temps son point de vue politique29.

28 Ibidem. p. 7 29 Antonio Negri, Fabrique de porcelaine, pour une nouvelle grammaire du politique, trad. Judith Revel, Stock, 2006,

p. 86

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Conclusion

La lecture des ouvrages de Foucault, où mieux essayer de lire notre présent à travers sa grille

conceptuelle, peut représenter un moment vraiment formidable pour chercher de nouveaux modèles

de société et pour tenter de formuler un rapport avec la politique complètement diffèrent, en

effaçant les vieux liens du pouvoir et en laissant la place à de nouvelles expériences de lutte et à des

pratiques de subjectivation . Son analyse du pouvoir, mise en corrélation avec la résistance, mais

plus en générale, toute sa pensée, est faite pour donner lieu à des expériences de vie et pour créer un

parcours de conflit et d’antagonisme, animé, à mon-à-vis, encore une fois et malgré plus d’ un

siècle, de lumière incertaine mais jamais en dehors, de ce que Marx, dans une lettre à Ruge daté

1843, appelle « le rêve d’une chose » (Traum von einer Sache, MEW, I, p. 346).

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Bibliographie

Micheal Foucault, Surveiller et punir, naissance de la prison, Gallimard, 1975

Micheal Foucault, Histoire de la sexualité I, la volonté de savoir, Gallimard, 1994

Frédéric Gros, Micheal Foucault, Presses Universitaires de France, 1995

Antonio Negri, Fabrique de porcelaine, pour une nouvelle grammaire du politique, trad. Judith

Revel, Stock, 2006

Michael Hardt et Antonio Negri, Moltitudine, guerra e democrazia nel nuovo ordine imperiale,

Rizzoli, 2004

Judith Revel, Dictionnaire Foucault, Ellipses, 2007