1 SOMMAIRE Avant propos I. Pourquoi intervenir ? II. Qualité du tir Comment faire un tir foudroyant ? Effets cumulés de l’impact de la balle III. Qualité de la chasse La battue L’affût L’approche La poussée calme de déplacement IV. Qualité des chevreuils Comment l’évaluer ? Qu’est-ce qui assure la qualité des chevreuils ? Comment vont évoluer les chevreuils ? V. Comment intervenir ? En phase de colonisation d’un paysage Au stade de saturation du milieu de vie VI. Des cas concrets Bibliographie Quelques ouvrages de base
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SOMMAIRE
Avant propos
I. Pourquoi intervenir ?
II. Qualité du tir
Comment faire un tir foudroyant ?
Effets cumulés de l’impact de la balle
III. Qualité de la chasse
La battue
L’affût
L’approche
La poussée calme de déplacement
IV. Qualité des chevreuils
Comment l’évaluer ?
Qu’est-ce qui assure la qualité des chevreuils ?
Comment vont évoluer les chevreuils ?
V. Comment intervenir ?
En phase de colonisation d’un paysage
Au stade de saturation du milieu de vie
VI. Des cas concrets
Bibliographie
Quelques ouvrages de base
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AVANT PROPOS
Durant des décennies, le plan de chasse au grand gibier a fonctionné selon la
théorie du surplus récoltable établie par le célèbre forestier américain Aldo
Leopold en 1933 (1). Ce dernier transposait sur les populations de Cervidés un
calcul de la possibilité de récolte annuelle qui convenait à l’économie forestière :
volume d’arbres recensés sur une parcelle multiplié par un pourcentage
d’accroissement. Cela n’a pas marché. Les chevreuils bougent et se cachent. Ils
ne se prêtent pas aussi facilement que les arbres aux dénombrements et
l’accroissement annuel « moyen » de leurs effectifs n’existe pas puisqu’il varie
entre quarante et zéro % ou même moins. D’où, à la longue, une abondance mal
contrôlée qui ne fait pas l’affaire de la régénération forestière. Il fallait bien
trouver autre chose.
La méthode ici proposée résulte non pas d’une illumination subite mais d’un
cheminement et de rencontres fructueuses. Chassant dans ma jeunesse sur trois
grands domaines princiers de Souabe, je croyais dur comme fer aux méthodes
germaniques traditionnelles et au tir sélectif. Jusqu’au jour où devenu sociétaire
d’une chasse de huit mille hectares en forêt domaniale de la Grande Chartreuse,
je m’aperçus que les brocards qui pesaient là bas18 kilos en pesaient entre 28 et
30 dans ce massif qu’ils colonisaient depuis peu.
Dans les années soixante-dix j’eus la chance d’entrer et de rester en contact avec
des esprits novateurs :
- en premier lieu l’anglais Richard Prior (2) qui sauva le chevreuil dans le
Royaume Uni. Engagé par les forestiers de la Couronne pour éradiquer
totalement ces « nuisibles » qui ravageaient leurs plantations, il prouva qu’on
pouvait les conserver à condition de les chasser conformément à leur structure
sociale, de maintenir leur nombre au dessous de la capacité d’accueil du milieu
de vie et d’épargner les brocards territoriaux ;
- ensuite les allemands Hermann Ellenberg et Dietlef Eisfeld (3 et 4) qui
préconisèrent de remplacer les douteux comptages de chevreuils par la
mensuration d’indices biologiques tels que la longueur de la mâchoire inférieure
des adultes, reflet de leur croissance ;
- enfin l’américain Dale McCullough (5) qui démontra que la productivité d’une
petite population de chevreuils vigoureux pouvait égaler celle d’une population
surabondante de chevreuils chétifs.
C’est sous l’inspiration de ces auteurs que s’est formée une méthode
d’aménagement des chevreuils plus conforme à leur écologie.
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Je dois à l’ingénieur général des forêts Jean de Chancel, directeur de la Chasse
au ministère de l’Environnement, d’avoir pu passer outre aux pesanteurs
administratives de notre pays pour mettre en œuvre la présente méthode.
Inaugurée en Alsace en 1982, elle apparut comme révolutionnaire alors qu’elle
n’était que simplement logique.
D’autres m’ont honoré de leur confiance et de leurs conseils comme Paul
Pesson, professeur de zoologie à l’Institut national d’Agronomie de Paris-
Grignon, Jean Dorst, dernier successeur de Buffon au Muséum national
d’Histoire naturelle et Bernard Fischesser (6), directeur de l’unité Ecologie du
Paysage de Montagne au Centre d’études du Génie rural, des Eaux et des Forêts.
Comme on peut le constater, je ne prétends pas avoir inventé la brouette.
Références :
1. Leopold, A. (1933). Game management. New York : Charles Srcribner’s
Sons.
2. Prior, R. (1968). The Roe Deer of Cranborne Chase. An ecological survey.
Oxford University Press, London, 222 p.
3. Ellenberg, H. (1974). Die Körpergrösse des Rehes als bioindicator.
Verhandlungen der Gesellschaft für Ökologie, Erlangen : 141-154.
4. Eisfeld, D. und Ellenberg, H. (1975). Rehwild Abschussplanung ohne
Zählung. Wild und Hund, 77 : 541-543.
5. McCullough, D. R. (1979). The George Reserve Deer Herd. Population
ecology of a K-selected species. University of Michigan Press, Ann Arbor, 270
p.
6. Fischesser, B. et Dupuis-Tate, M. F. (1996). Le Guide illustré de l’Ecologie.
La Martinière, Paris, 319 p.
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I. POURQUOI INTERVENIR ?
Le but d’un aménagement soutenu des populations de chevreuils et de leur
milieu de vie est de répondre à divers besoins de la société en les intégrant. Etant
donnée la fluidité du maillage de la population, pour être efficace, cet
aménagement doit s’étendre à l’échelle du paysage occupé par l’espèce jusqu’à
ses limites naturelles, c'est-à-dire d’un à plusieurs milliers d’hectares. C’est dire
l’importance de la coopération entre voisins et groupes d’intérêts différents.
L’absence de chasse aurait des conséquences néfastes. Outre la dégradation
végétale, la prolifération des chevreuils entraînerait leur chétivité, leur
infécondité, leur vulnérabilité aux infections parasitaires et microbiennes, la
mortalité des faons et le vieillissement des populations. Il n’y a pas de chevreuils
malades dans des populations qui sous-utilisent leur milieu de vie.
Le retour des grands prédateurs a pu être présenté comme « la » solution par les
dévots d’une nature sacralisée. Ces derniers ignorent-ils que c’est le nombre de
proies qui détermine le nombre de prédateurs et non l’inverse ? En Amérique du
Nord, il a été vérifié qu’au-delà d’une densité de sept cerfs de Virginie* aux cent
hectares, les loups sont incapables d’en diminuer les effectifs. Dans les Vosges
alsaciennes, la réapparition du lynx n’a pas empêché la prolifération de
chevreuils de médiocre qualité.
C’est donc à l’homme et en particulier aux chasseurs et aux sylviculteurs
qu’incombe la charge d’un aménagement aboutissant à de beaux et vigoureux
chevreuils dans des boisements variés en régénération naturelle. Un art plus
qu’une rigide technique.
Tout se tient. Pas d’aménagement adapté à la nature du chevreuil, à sa vie
sociale et à son écologie qui ne s’appuie sur une chasse à la fois efficiente et peu
perturbante. C’est ce qui sera traité en premier lieu.
* «Cerf » de Virginie et «cerf » mulet sont en réalité les chevreuils de l’Amérique du Nord.
Appartenant à la même famille que leurs cousins d’Eurasie, celle des Odocoïléinés, ils sont
appelés chevreuils par les Québécois et jadis aussi par Buffon. Ils n’ont rien de commun avec
le wapiti qui lui, est le cerf élaphe du Nouveau monde. Pour ajouter aux confusions de
langage, les anciens pionniers ont dénommé ces cerfs « Elk » - qui veut dire Elan – parce
qu’ils étaient de grande taille… et c’est resté dans la langue américaine moderne !
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1I. QUALITE DU TIR
Si un chasseur se dit satisfait de sa carabine, c’est qu’il en a choisi la marque et
le calibre en connaissance de cause. Il a raison, inutile d’en débattre. La plupart
des armes de chasse disponibles dans le commerce permettent de bons
groupements.
Comme en photographie, le succès dépend de celui qui est derrière l’oculaire.
En la matière, personne n’est parfait. Qui d’entre nous ne garde-t-il pas en
mémoire l’humiliation d’avoir manqué le brocard d’une vie ou le cuisant
remords d’avoir blessé et perdu une chevrette en privant ses deux faons du
soutien maternel ?
Le tir sur du vivant est un acte grave qui ne tolère pas l’à peu près.
Mettons donc les chances de notre côté pour que tout chevreuil tiré s’écroule
avant même d’avoir entendu le coup de feu. Ce qui consiste à devenir aussi bon
que sa carabine et à savoir placer sa balle dans le corps de l’animal avec la
précision d’un bon praticien.
Trois conditions déterminantes :
- de l’entraînement : par économie, avec une carabine 22 ou même à air
comprimé jusqu’à la parfaite coordination des gestes et de l’œil. Ensuite au
stand avec la carabine de chasse jusqu’à ce qu’elle devienne aussi familière à
son propriétaire que sa fourchette de table ;
- de la retenue : ne jamais hésiter à s’abstenir si les conditions rendent le tir
hasardeux (animal en mouvement, trop grande distance ou mauvaise
présentation, visibilité douteuse, essoufflement, stress, « buck fever »). Pas de
regret : une seconde occasion se présentera tôt ou tard ;
- une connaissance de l’anatomie topographique du chevreuil, c'est-à-dire de
la projection des organes internes sur sa silhouette.
C’est simple et c’est indispensable.
Comment faire un tir foudroyant ?
En visant vers l’avant du thorax.
Le tir classique au défaut de l’épaule (à la verticale de la patte) n’abat pas
forcément l’animal sur place. Touché au muscle cardiaque avant l’expansion de
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la balle, il peut détaler sur 50 mètres et disparaître à couvert. Si l’impact est top
bas, il casse la patte. S’il est trop postérieur, il perce le poumon et permet une
fuite assez longue avant d’être fatal.
Le tir au cou peut soit paralyser l’animal sans le tuer (nécessité d’un coup de
grâce), soit manquer la colonne vertébrale. Le tir à la tête peut fracasser la
mâchoire, interdisant l’alimentation. Heureusement, il y a plus expéditif :
Le tir aux gros vaisseaux de la base du cœur
Leur aire de projection se situe au centre d’un triangle formé par :
- l’épaule (omoplate) oblique vers l’avant,
- le bras (humérus) oblique vers l’arrière
- et la verticale abaissée de la pointe de l’omoplate jusqu’au coude.
C’est le triangle mou que la balle pénètre sans résistance.
Le tir « au triangle mou » (Roucher , 1978)
Calque d’une radiographie de chevreuil debout
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Effets comparés de l’impact de la balle :
(a) La perforation du ventricule, muscle épais, n’empêche pas le sang de se
propulser vers le cerveau tant que la pompe cardiaque n’est pas désamorcée par
la fuite du sang. L’animal peut encore courir.
(b) La blessure de l’aorte prive instantanément le cerveau de l’afflux sanguin.
La destruction de l’oreillette, mince membrane, désamorce la pompe
cardiaque.
Ainsi, l’animal tombe sur place sans avoir même entendu le coup de feu.
Tir au ventricule Tir aux gros vaisseaux
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Faon de cerf tiré à l’approche par l’auteur en hiver dans le massif du Vercors.
On voit l’impact au « triangle mou » dans l’angle omoplate-humérus.
Le ventricule musculaire du cœur est intact tandis que les oreillettes et la crosse
de l’aorte, ici béante, sont détruites
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III. QUALITE DE LA CHASSE
Chasser court et bien consiste à gratifier les chevreuils d’une quiétude quasi
permanente en pratiquant des prélèvements brefs, discrets et efficaces. Du point
de vue du bien être des chevreuils, tous les modes de chasse ne se valent pas.
La battue répétée avec chiens courants et rabatteurs bruyants ayant été traitée
dans l’introduction, nous n’y reviendrons pas. C’est le meilleur moyen d’aboutir
à des chevreuils stressés et donc invisibles de jour, à des populations
déstructurées, à des orphelins et des blessés-perdus. Tout cela au nom de la
convivialité et de l’aléatoire « tir au saut du layon » dont on se vantera au
moment du casse-croûte ! L’élégant chevreuil ne mérite-t- il pas mieux que cette
loterie de foire ambulante ?
L’affût perché, par contre, allie la discrétion, la poésie contemplative et la
commodité d’un tir appuyé, calme et précis. Le mirador souvent situé en lisière
des champs ou d’une clairière doit être accessible par le chemin le plus court et
le plus direct de façon à répandre le moins d’odeur possible. Comme l’affût est
souvent pratiqué le soir, un tir foudroyant évite une recherche de nuit.
L’approche appelée stalking par les britanniques et pirsch par les germaniques
est le plus exaltant des sports. Dans la fraîcheur d’un petit matin, l’esprit tendu,
qui n’a pas tressailli au cri soudain d’un coq faisan ou à l’envol d’un ramier ?
Aujourd’hui, la chasse individuelle n’est pas assez efficace à elle seule pour
maîtriser les effectifs de chevreuils, surtout quand ils sont ajustés à l’exigence
d’une régénération naturelle. Elle exige d’investir de plus en plus de temps pour
réaliser le plan de tir. Son dérangement permanent de juin à février prochain
s’ajoute à celui, croissant, des promeneurs.
Cervidés et sangliers ont en commun – en l’absence de dérangements – d’utiliser
le plein jour pour leur phase d’activité. Une chasse individuelle trop étalée dans
le temps leur fait identifier tout promeneur à un chasseur et les pousse à se
dérober et à devenir nocturnes. Il en découle le besoin de faire appel à certaines
méthodes de chasse collectives pour un meilleur ajustement aux conditions qui
se sont modifiées. Alors par nécessité, un mode de chasse plus performant se
répand aujourd’hui en Europe.
La poussée calme de déplacement vers des tireurs perchés
.
Heureux retour de l’Histoire, cette méthode est la plus traditionnelle qui soit.
C’est la chasse des gens de pied codifiée au quatorzième siècle dans Le Livre du
Roi Modus et de la Reine Ratio par Henri de Ferrières pour abonder le château
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en venaison fraîche. On poussait gentiment le gibier vers des archers comme on
le ferait de vaches nonchalantes.
Cette méthode permet de parachever un plan de tir en peu de temps. Elle
mobilise les animaux sans stress. Elle est efficace à condition d’être exécutée
dans les règles de l’art comme c’est le cas en forêt domaniale de Basse-Saxe.
Elle s’exécute une seule fois par an sur chaque parcelle d’au moins 200 hectares
avec 60 à 80 personnes, tireurs et marcheurs dont une vingtaine de maîtres
chiens, chacun parcourant de façon désordonnée mais lente une dizaine
d’hectares plusieurs fois de suite pendant trois heures. Les tireurs sont postés à
l’aube sur des petites chaises hautes garnies de brande et d’une barre d’appui et
disposées à l’intérieur des peuplements en bordure d’endroits dégagés que les
animaux traversent calmement en marquant l’arrêt de temps en temps.
Les marcheurs doivent avoir une connaissance approfondie de la parcelle
parcourue, des remises et des voies habituelles des animaux. Ils se signalent à
voix normale. Ils doivent intriguer le gibier, le mettre en éveil plutôt qu’en état
d’alarme. Le gros du travail de mise sur pied est fait par le vent. Les marcheurs
progressent avec et non contre le vent. Si le gibier se met à courir, la partie est
irrémédiablement perdue et il vaut mieux rentrer à la maison.
La poussée calme de déplacement se révèle comme un des plus passionnants
exercices de la chasse. Chacun des acteurs - tireurs, marcheurs, maîtres chiens,
gardes, organisateurs - y apporte son expertise et sa satisfaction d’exécuter cet
art en harmonie mutuelle comme dans un orchestre symphonique.
L’éthique de la chasse y trouve son compte puisqu’elle assure la tranquillité du
gibier pour le reste de l’année.
Ndlr. : Pour compléter son information, le lecteur peut consulter le livre de
l’auteur, Chevreuils d’Hier et d’aujourd’hui, au chapitre La Poussée, pp. 205 à
225. Il y trouvera le récit d’une journée de chasse d’hiver en forêt domaniale de
Basse-Saxe et la traduction du Merkblatt n° 26, note d’instruction du Service
forestier du Land de Basse-Saxe intitulée : Méthodes de chasse collectives :
substitut à la chasse individuelle au grand gibier.
Ceux qui voudraient expérimenter cela sur place peuvent s’adresser à :
Dr Hans Werner Streletzki
Niedersächsisches Ministerium für Ernhärung Landwirtschaft
Verbraucherschutz und Landesentwicklung
Calenberger Strasse 2
30169 Hannover
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IV. QUALITE DES CHEVREUILS
1. Comment l’évaluer ?
En tirant du chevreuil abattu des informations chiffrables sur sa corpulence, sa
croissance et s’il s’agit d’une femelle, sur sa fertilité. Cumulées sur au moins
trente sujets de même classe sociale (faon, yearling, adulte, mâle et femelle) on
en extraira des moyennes qui traduisent l’état des chevreuils locaux à un
moment donné. C’est le point de repère à partir duquel sera enregistrée la
tendance des animaux vers la stabilité, le progrès ou la régression de leur
qualité.
1. LA CORPULENCE est traduite par le poids de la bête totalement vidée
depuis la trachée jusqu’ à l’anus. Le poids vidé correspond aux ¾ du poids vif.
Ce correctif est utile à connaître lorsqu’on ne dispose que du poids vif d’une
série.
C’est dans les paysages où la densité est la plus basse par rapport à l’offre du
milieu de vie (densité relative) que l’on trouve les chevreuils les plus lourds,
comme le montre ce tableau comparatif :
- les colonnes A, B et C correspondent à la moyenne des poids vifs des
chevreuils dans trois régions en voie colonisation : Sussex et Surrey en
Angleterre il y a quarante ans ; Emilie - Romagne en Italie aujourd’hui.
- la colonne D correspond à une forêt privée de 600 ha en Normandie où
l’abondance mal maîtrisée des chevreuils se traduit déjà par une baisse modérée
des poids et par des dégâts inacceptables à la régénération naturelle du chêne.
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Dans les régions surpeuplées en chevreuils depuis des décennies comme en
Alsace et en Bavière, les poids vidés moyens descendent aussi bas que 12 à13
kg pour les adultes et à 9 à10 kg pour les faons.
Influence de la densité relative des chevreuils sur leur prise de poids (Loudon 1979)
- à densité modérée, le poids d’adulte (ici : poids vidé) est pratiquement atteint à
18 mois, ce qui permet à un jeune mâle de partir à la conquête d’un territoire
dès sa deuxième année ;
- à densité trop élevée pour la capacité d’accueil du milieu végétal, un chevreuil
n’atteint pas en trois ans le poids qu’il devrait avoir à 18 mois. Les yearlings
émigrent peu ou pas du tout et contribuent à encombrer leur lieu de naissance.
2. LA CROISSANCE du chevreuil est exprimée par la longueur d’un os.
Certains se contentent de mesurer la patte postérieure. Cependant, il paraît plus
instructif et plus précis de mesurer la longueur de la mâchoire inférieure (lmi) :
- elle est corrélée à la longueur de la base du crâne ;
- depuis les années soixante-dix, elle a été utilisée en Allemagne pour
établir des plans de chasse sans comptages et sert de référence ;
- chez l’adulte (2 ans révolus) elle montre jusqu’à quel point a pu
s’élever la croissance d’un individu ;
- enfin, l’état de la dentition permet de retenir trois classes d’âge :
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- faon : 0 (présence de la 3ème
prémolaire trilobée qui disparaît vers 1 an),
- yearling : 2 - (molaires hautes, acérées, dernière molaire neuve, bordée d’une
rigole osseuse, le tout coïncidant avec, à la coupe horizontale du crâne, une
cloison nasale cartilagineuse ou très peu ossifiée),
- adulte : 2 + sans plus de précision au simple examen visuel, tant les erreurs
d’appréciation sont grandes comparées à l’examen des coupes de cément
dentaire au microscope. La table dentaire des vrais vieux est complètement
abaissée et aplanie.
Comment doit être mesurée la longueur de la mandibule
Depuis le rebord alvéolaire des incisives jusqu’au bord postérieur de apophyse
articulaire (et non jusqu’à l’angle de la mâchoire dont l’ouverture varie selon les
individus indépendamment de leur croissance).
3. LA FERTILITE de la population s’exprime par la production annuelle de
faons. Comme on ne peut dénombrer ces derniers avec certitude sur le terrain, il
est plus fiable d’examiner l’appareil génital des chevrettes abattues en comptant
le nombre de fœtus qu’il comporte.
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Hélas, ce serait trop simple ! Parmi les Cervidés, le chevreuil est la seule espèce
chez laquelle l’accouplement ait lieu en juillet tandis que le ou les embryons ne
commencent à grossir qu’au début du mois de janvier, ce qui permet aux
naissances d’avoir lieu en mai-juin. On appelle cela la diapause embryonnaire.
Les fœtus ne sont visibles et ne peuvent donc être comptés que si la chevrette
est abattue après le début de janvier.
Or il est fréquent que le prélèvement des femelles ait lieu en novembre et
décembre. Il est même autorisé à partir du 23 août dans les départements
alsaciens. C’est donc seulement par l’examen des ovaires que le taux de
fécondation peut être facilement connu. D’où l’intérêt de savoir les trouver en
vidant l’animal. Ce sont deux petites boules de la grosseur d’un poids chiche
situées aux extrémités des trompes utérines.
L’appareil génital de la chevrette, ovaires et trompes utérines
A la coupe (une lame bien aiguisée suffit) s’observent le ou les corps jaunes
(CJ), glandes sécrétrices d’hormone de gestation. Leur nombre correspond
grosso modo à celui d’embryons présents. Le voile du mystère est ainsi aisément
levé.
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Coupe des deux ovaires
Bien visibles sur ce cliché, un corps jaune de couleur chamois sur chaque ovaire.
Comme les fœtus, on peut en compter zéro, un, deux ou trois par chevrette et
même rarement quatre.
Plus les femelles pèsent lourd, plus elles sont fécondes. A partir d’un certain
poids les yearlings sont aussi fécondes que les adultes et participent donc à
l’accroissement annuel de la population. Les faons femelles de poids élevé (16
kg vif et plus) peuvent avoir été couverts en automne et présenter un corps jaune
sans pour autant mener une grossesse à terme. C’est une des explications du
second rut.
Ne serait-il pas dommage, en vidant une chevrette ou un faon femelle après le
tir, de se passer de la précieuse source d’information que représente son degré de
fécondation ? Faute d’avoir enregistré le poids, la taille et la fécondité moyenne
des chevreuils d’un territoire pris en location, impossible de savoir à partir de
quel état initial leur qualité évolue ou de comparer avec d’autres territoires
2. Qu’est-ce qui assure la qualité des chevreuils ?
L’élimination des déficients ? La structure de la population ? L’affouragement ?
La richesse du biotope ? Pas nécessairement :
a/ Eliminer les brocards mal coiffés, tradition germanique, n’a jamais abouti au
moindre résultat car cela relève d’un contresens. La sélection naturelle agit par
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la multiplication des mieux adaptés et non par l’élimination de tel ou tel type
arbitraire d’individus.
b/ Intervenir sur la structure sociale d’une population (proportion des sexes et
des classes d’âge) n’a guère d’influence qualitative tant que ses effectifs saturent
le milieu de vie, cas fréquent aujourd’hui.
c/ L’affouragement fausse la sélection naturelle et concentre les dégâts de gibier
autour des points de nourrissage.
d/ Même la qualité apparente du paysage peut ne jouer qu’un rôle secondaire.
Au Danemark les chevreuils sont plus rares mais plus grands et plus lourds dans
les mornes landes à résineux du nord-ouest que dans le verdoyant bocage du
sud-est où ils abondent, du fait d’un goulot d’étranglement hivernal.
Et pour ceux qui s’intéressent aux trophées primés, les deux meilleurs spécimens
français proviennent de biotopes apparemment arides de la Provence comme :