.= i= --:=:::::i..i.::, ' i: i:;:: : ii :l '.::: ::: .:. Lhasa De Sela, chanteuse venue d'ailleurs Femme volcan aujourd'hui apaisée, elle célèbre la route, où etle vlt depuis l'enfance. lcs chemins de Lhasa Elle est apparue d'abord au Québec, en 1997, en France un an plus tard, sous les traits de La Llorona - ti'(e d'un premier al- bum, dédié à la mythique Aztèque qui pétri- fiait la chair des guerriers pour venger la mort des enfants. Femme du fond des temps. Femme venue de loin : Lhasa De Sela esl voyageuse de naissance, père mexicain, nère américaine, en'arce aux'rontières gommées par le bus farnllial. Chant sans frontières : débutsjazz à 13 ans dans un café grec de Sân Francisco ; blues, bossas, com- plaintes mexicaines dans les bars.de Moni- réal quelques années plus tard avec le gui- tariste Yves Desrosiers, transfuge du rock; et ce premier album, donc, où les deux alchÊ mistes ont nourride musiques du monde une planèÎe volcanique. Le chant de Lhasa, mi néral, millénaire, en dessinant les contours. Lhasa aujourd'huifête à feu couvert lhe Lr- ving Road, titre de son deuxième album. " C'est laroute qui me guide. Enfant, ie la vivais intensémenL Avec un sentiment d'exil - je n'aime pas ce mot,trop romancé; juste la ceniude queje ne pouvais pas revenir en arrière, repasser par /e connu. , Les nouvel les chânsons ont pour balises chemins, t
Lhasa De Sela, chanteuse venue d'ailleurs Femme volcan aujourd'hui apaisée, elle célèbre la route, où etle vlt depuis l'enfance. les chemins de Lhasa Anne-Marie Paquotte, 2003.
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Lhasa De Sela, chanteuse venue d'ailleursFemme volcan aujourd'hui apaisée, elle célèbre la route, où etle vlt depuis l'enfance.
lcs chemins de LhasaElle est apparue d'abord au Québec, en1997, en France un an plus tard, sous lestraits de La Llorona - ti'(e d'un premier al-bum, dédié à la mythique Aztèque qui pétri-fiait la chair des guerriers pour venger la mortdes enfants. Femme du fond des temps.Femme venue de loin : Lhasa De Sela eslvoyageuse de naissance, père mexicain,nère américaine, en'arce aux'rontières
gommées par le bus farnllial. Chant sansfrontières : débutsjazz à 13 ans dans un cafégrec de Sân Francisco ; blues, bossas, com-plaintes mexicaines dans les bars.de Moni-réal quelques années plus tard avec le gui-
tariste Yves Desrosiers, transfuge du rock;et ce premier album, donc, où les deux alchÊmistes ont nourride musiques du monde uneplanèÎe volcanique. Le chant de Lhasa, mi
néral, millénaire, en dessinant les contours.Lhasa aujourd'huifête à feu couvert lhe Lr-
ving Road, titre de son deuxième album.
" C'est laroute qui me guide. Enfant, ie lavivais intensémenL Avec un sentiment d'exil- je n'aime pas ce mot,trop romancé; justela ceniude queje ne pouvais pas revenir enarrière, repasser par /e connu. , Les nouvelles chânsons ont pour balises chemins, t
fu€usEqueLhasa
@ sur le webDe Reservoir Doqs à Kîlt Bill,écoutez dês exkaits des BO
des fllms de Quentin Tarantinosur www.telelama.tr
à départs, espace. Touts'estouveft. La voix
aussi, intense etsobre,leu et venL Des com-plices québécois du précédent enregistr+ment, le ærcussionniste François Lalonde etle pianiste Jean Massicotte, tous deux in-
ventifs arrangeurs, ont pour celui-là épauléLhasa, interprète, auteur, compositrice, di
rectrice anistique.La voyageuse est retournée à Montréal
pour redevenir chanteuse. Entre-temps, à
nouveau, elle avait pris lâ route, avec lecirque Pocheros, aux côtés de ses sceurs,
Skye, Ayim et Myriam - trapéziste, funam-bule, acrobate. Cercle de la piste, cercle fa-
milial, caravane pa{agée : des retrouvaillespourse retrouver, dit Lhasa, rompre quelque
temps avec ce personnage qui avait son vi-
sage et sâ voix mais lui devenait inconnu,
mettre à distânce le succès, de peur de s'ype.dre. . Se battre pourses /éves, c?st une
chose, mais quand ils sont réalisés, il y abeaucoup de chemin à faire pou accepter,
ne pas se détester, ne pas se saboter. Le
cirque m'y a aidée. Malntenant, je tiens/'angoisse en respect, ,
Quitté le chapiteau, Lhasa fait escale à
lvlarseille. Elle marche dans les collines, boitle vent de Ia mer, chine en vllle chez les bou-quinistes de vieux livres ornés de gravures :
une expo de collages surréalistes visitée à
Pêris I'inspire, ceux de Max Ernsten pârticu-
lier. Elle avait peint la pochette de La Lloron4elle scande le livret de The Living Road de
ses trouvailles picturales, armure médiévale
couronnée de plumes indiennes, poisson velantaudessus d'un viaduc - autres voyages,
temps sans frontières.Dans la vie, elle a la voix douce- tr La l/G
rona, ce n'est pas moL Ce personna9e m'apermis de lîbéret ma raÊle, ma passion, ce
. volcan que je tiens de ma mère. Cette voie
m'est fermée maintenanL En studio, i'aiersayé d'y revenir, ça m'épuisaiL Pour être jus'
te, je devais être plus intérieure, moins théâ-
84 TéGr.rna n" 2go9 - 12 rbvemb.e 2@3
tale ; faire passer l'énet€ie par la douceur, "Sur cette route, la guide parle lrois langues,
deux maternelles, une adoptée. L'espagnol
résonne familièrement, moins frotté désor'mais à la mémoire de la grande chanteusemexicaine Chavela Va rgas qu'à celle parfois
de Cuco Chavez, autre idole des années 50.L anglais appe,le le blues 1" C'est en moi,je suis un peu américaine, et i'en ai tantécouté... ù,la raucité d'un Tom Wâits, lâ fèture d'un Randy Newmân - aussi l'envoû-
tante étrangeté d'une Bjôrk. Lefrançais, Lha-
sa Ie sculpte d'un phrasé puissant, lui offre
des images{ollages baroques et belles. La
chanteuse se réjouit du lien direct qu'ellepourra dorénavant avoir avec le public, en
France ou aux Etaisunis : . L érnotion étaitjusquelà mon seul langaÉe, quand les
spectateuÆ ne cornp renaient pas I'espagnol.
A NéSent, nous communiquerons autrement, je ne leur lancerai plus de véhémence
JJà Ia figure, je leu( demanderai de venir, d'en-
ùet dans la chanson...,Musicalement, la planète Lhasa garde son
don d'ubiquité, ses alchimiques échos, MexÈ
que et fado, flamenco, afrGblues. Couleurs
reconnues qui composent un ailleurs. n Pour
la plupaft des chansons. i'ai plongé en moipour trouvet des musiques comme imagi-
naires, entendues en rêve, Je rêve souventde musique, et si au réveil mes souvenirs sontyagues, i,s me Jaissent l'impression d'avoirfrôlé un auve monde. Un monde humain,
mais pas socla, j physigue, et poétrque, C'est
lui que j'ai cherché à atteindre en eomposant
ce chant d'os et d'étoiles qu'on entend dans
la musique ambe, dans /es dards de feo du
flamenco. La musique est magique, e e d6place l'éner4iie, soulève les vagues, fait trem-
bler la tetre. La musique, et tous les arts- d'un rcgard, une comédienne peut faireîissonner une foule, Les artistes sont un peu
chamans, je crols, c'est une constellationd'âmes éveillées qui répandent la magie sectète de la vie. Un Éiroupe comme Radiohead
a cette force, cette foi - et dans ie méme
temps, il me fait aimet mon époque, mème
si ses chânsons sont parfois très nolres. Mâis
c'est une noirceur qui éclaire, parce qu'elle
ose dire nos peurs co ntemporaines... ,
Ces peurs lui évoquent une histoire que ra-
conte aussi Bruce Chatwin dans son livre Le
Chântdes pistes : celle d'Aborigènes pris depanique dans une voiture dont la vitesse ne
respecte pas le Mhme de Ieur chant. . Cha-
que ancêtre avaît laissé dans son sillage une
suite de mots et de notes de rnusigue et [..] c6
lns artistes sont un peuchamans, c'est une constellationd€mes éveillées qui Épandentla magie secrète de la via"
pistes de réves forrnaient dans tout le pays
des "vorès' de comm unîcation entre les tri-bus les p/us é/oréinées [...]. Les Aborigènesne pouvaient pas croire que Ie pats existaitavant qu'ils ne i'aient vu et chanté ,, éctiIChâtwin. En suivant ses propres pistes, le
chant de Lhasa rejoint le temps du Rève
aborigène.
' Soon this space wil/ be too small / and/7 go outs,?e , G Bientôt cet espace sera troppetit/ etj'irai dehors "), murmure sa dernière chanson. La route estouverte. La voie estlibre a AnneMade Paquotte