S C I E N C E P O L I T I Q U E 3 Politiques Étrangères Introduction générale La politique étrangère est vraisemblablement la première ou la plus ancienne des politiques publiques. Historiquement, l'activité des États, des souverains s'est d'abord concentrée sur la gestion des rapports avec les autres, États ou souverains, élément que l'on retrouve si on lit les ouvrages des fondateurs de la réflexion sur la politique, de l'antiquité à Machiavel: l'activité du souverain, du Prince se limitait essentiellement à la politique étrangère. La politique étrangère pose des problèmes de substance et de limite. On peut dire que la politique étrangère recouvre l'ensemble des activités gouvernementales qui ont pour objet l'organisation des relations avec les autres États. Ce qui englobe les relations pacifiques d'échanges mais aussi la gestion des relations conflictuelles et de la guerre. Cependant la politique étrangère peut être considérée comme une politique publique, c'est-à-dire des organes (institutions administratives...) et des moyens budgétaires en vue de la réalisation d'objectifs clairement identifiés. Il s'agit d'une politique publique à part car ses résultats ne peuvent s'apprécier selon les mêmes critères que les politiques publiques classiques, le problème se trouvant dans la difficulté d'en tracer les contours. En effet, il y a un grand enchevêtrement des dossiers, une très grande dépendance entre l'économique et le politique, le local et le global. Quantitativement, l'activité économique des ambassades à considérablement augmenté au cours des trente dernières années. Les ambassades jusqu'alors considérées comme représentations politiques des États, deviennent des plus en plus des postes économiques avancés (=comptoirs pendant la colonisation). Historiquement la politique étrangère était cantonnée à l'activité des relations avec les autres États notamment par la recherche d'alliance, de prévention des guerres, de les mener, de les gagner. Elle était liée à l'activité militaire. En remontant plus loin en se posant la question de l'origine de la politique étrangère, on constate que c'est dans la volonté des groupes de se rassembler pour se protéger que se trouve la source de la politique étrangère. Au fond, la politique en général, ne se déduit pas obligatoirement de la recherche de relations pacifiques à l'intérieur du groupe, et la politique étrangère trouve son origine dans la gestion des relations avec les autres groupes. Si on valide cette hypothèse, la politique étrangère aurait certainement précédé la mise en œuvre de politiques internes
This document is posted to help you gain knowledge. Please leave a comment to let me know what you think about it! Share it to your friends and learn new things together.
Transcript
S C I E N C E P O L I T I Q U E 3
P o l i t i q u e s É t r a n g è r e s
Introduction générale
La politique étrangère est vraisemblablement la première ou la plus ancienne des politiques
publiques. Historiquement, l'activité des États, des souverains s'est d'abord concentrée sur la gestion
des rapports avec les autres, États ou souverains, élément que l'on retrouve si on lit les ouvrages
des fondateurs de la réflexion sur la politique, de l'antiquité à Machiavel: l'activité du souverain, du
Prince se limitait essentiellement à la politique étrangère. La politique étrangère pose des
problèmes de substance et de limite.
On peut dire que la politique étrangère recouvre l'ensemble des activités gouvernementales
qui ont pour objet l'organisation des relations avec les autres États. Ce qui englobe les
relations pacifiques d'échanges mais aussi la gestion des relations conflictuelles et de la guerre.
Cependant la politique étrangère peut être considérée comme une politique publique, c'est-à-dire
des organes (institutions administratives...) et des moyens budgétaires en vue de la réalisation
d'objectifs clairement identifiés. Il s'agit d'une politique publique à part car ses résultats ne peuvent
s'apprécier selon les mêmes critères que les politiques publiques classiques, le problème se trouvant
dans la difficulté d'en tracer les contours. En effet, il y a un grand enchevêtrement des dossiers,
une très grande dépendance entre l'économique et le politique, le local et le global.
Quantitativement, l'activité économique des ambassades à considérablement augmenté au cours des
trente dernières années. Les ambassades jusqu'alors considérées comme représentations politiques
des États, deviennent des plus en plus des postes économiques avancés (=comptoirs pendant la
colonisation). Historiquement la politique étrangère était cantonnée à l'activité des relations avec
les autres États notamment par la recherche d'alliance, de prévention des guerres, de les mener, de
les gagner. Elle était liée à l'activité militaire.
En remontant plus loin en se posant la question de l'origine de la politique étrangère, on
constate que c'est dans la volonté des groupes de se rassembler pour se protéger que se trouve la
source de la politique étrangère. Au fond, la politique en général, ne se déduit pas obligatoirement
de la recherche de relations pacifiques à l'intérieur du groupe, et la politique étrangère trouve son
origine dans la gestion des relations avec les autres groupes. Si on valide cette hypothèse, la
politique étrangère aurait certainement précédé la mise en œuvre de politiques internes
(rapport inversé aujourd'hui). Ainsi, l'autorité du souverain ne procèderait pas d'abord de sa
capacité à assurer la paix intérieure, mais à celle d'assurer la paix extérieure, avec les autres
groupes.
Si on revient vers l'idée selon laquelle le politique se construit autour d'un pacte au sens de
Hobbes (agir contre les ennemis de l'extérieur est ce qui guide l'action du souverain: « Le motif et le
but de celui qui renonce à son droit ou le transfert ne sont que la sécurité de sa propre personne dans
sa vie et dans les moyens de la préserver. »), ce pacte doit protéger la société organisée contre les
survivances de l'état de nature: conflits internes, guerres... Les chroniques et récits historiques
démontrent que les luttes contre les Princes et souverains environnant forment l'essentiel de la
chronique des faits politiques. Les réalisations internes sont moins cités et moins décrites que les
faits d'armes. Si on regarde le processus de formation des États modernes, on s'aperçoit que
parallèlement au renforcement de l'assise interne du contrat social, on note un renforcement du
monopole d'exercice de la politique extérieure. Si on s'en tient à la réflexion sur l'État moderne et
ses fonctions, tous pensent que la diplomatie constitue la pierre angulaire de la souveraineté: une
fonction indivisible ne pouvant être cédée. Même si des États, dans une étape plus actuelle ont
renoncé à des activités économiques, ils ne partagent que très rarement l'exercice de la politique
étrangère (exemple de l'Union Européenne, chaque État membres a conservé son ambassade dans
les différents pays membres, il n'y a pas un siège de l'Union Européenne à l'ONU). Tout État même
le plus petit est doté d'institutions qui lui permettent d'exercer sa politique étrangère. Tous les États
représentés à l'ONU disposent de structures de représentation de leurs intérêts vis à vis des autres
États, par le biais de missions diplomatiques. La politique étrangère est spécifique dans la mesure
où son rapport à la politique interne est lui aussi spécifique. Ainsi, si l'exercice du pouvoir du
politique en interne requiert le consentement des individus par le biais du suffrage ou du plébiscite,
la souveraineté est la condition première pour l'exercice de la politique vis à vis des autres. La
souveraineté s'obtient par la reconnaissance des autres, ce qui passe par l'acceptation et l'échange de
missions diplomatiques, ces dernières ne sont qu'un prolongement administratif de la politique
étrangère de chaque État. De fait, la politique étrangère apparaît comme une constante du pouvoir
politique. Cependant, depuis la seconde guerre mondiale, il est possible de nuancer cette
affirmation. Ainsi, les nouvelles fonctions des États modernes n'entrent pas dans le stricte cadre des
fonctions régaliennes (diplomatie, justice, prélèvement de l'impôt, pouvoir de guerre). Peu à peu, la
politique étrangère va apparaître comme une politique particulière permettant le prolongement de
ces politiques publiques dans le champ international. Au cours du XXe siècle, les États se sont
adjoint de nouvelles fonctions en matière industrielle, technologique... qui amènent de nouveaux
rapports avec les États, et donc de nouvelles institutions ce qui étoffe cette nouvelle administration
et transforme la politique étrangère. Celle ci tend à épouser les contours d'un réseau d'inter
dépendance entre les États. La question reste celle de la conservation et de la progression des
intérêts de l'État à laquelle s'ajoutent les missions de coopération économique, scientifique...
S'ajoute à cette évolution celle de la démultiplication des acteurs politiques ou non qui peuvent agir
dans le champ des relations entre les États, l'action des entreprises, les actions de ONG, des
collectivités locales voire de certains individus. Il est donc très difficile de tracer avec précision les
contours de ce qui relève ou non de la politique étrangère. Sur un autre plan, la diversité des
systèmes politiques a un impact certain dans la définition et la conduite de la politique étrangère.
Malgré la forte interdépendance entre les États, les modèles nationaux de conduite de la politique
étrangère connaissent une forte pérennité puisqu'ils sont le reflet des intérêts politiques des États.
On peut donc, à partir d'une lecture institutionnelle, retracer l'évolution de la politique étrangère
moderne, c'est-à-dire à partir de la fin du XIXe siècle. On commencera donc par étudier le statut
constitutionnel des politiques étrangères. Par ailleurs, il n'est pas possible de remonter l'ensemble de
la chronologie de la politique étrangère afin de saisir la transformation des modèles. Enfin sur un
plan géographique, on se contentera essentiellement des modèles de politique étrangère et de
diplomatie de trois ou quatre pays.
Chapitre 1: La science politique est l'étude de la politique étrangère
La politique étrangère est une activité d'acteurs politiques dument habilité. Cette activité à pour
objet de régler les rapports entre des acteurs étatiques souverains. On exclu tout un ensemble
d'acteur qui ne sont pas habilité à agir au nom des États (définition minimale cantonnant la politique
étrangère dans la régulation des rapports entre États et exclu toutes autres formes de rapports entre
les acteurs non étatiques). Très tôt, certains acteurs ont en exergue mis les caractères particuliers de
la politique étrangère qui la singularise et la spécialise au sein de l'action de l'État. Deux
conceptions se succèdent dans le temps et montrent une évolution dans l'étude de la politique
étrangère. Selon une première conception, le politique étrangère serait l'activité étatique tournée
vers l'extérieur. La seconde plus récente entérine et prend en compte les évolutions constatées dans
la nature même des relations internationales pour construire un cadre d'analyse qui tienne compte de
la complexité récente des relations internationales.
Section 1: Les premiers fondateurs
Quelles ont été les origines de l'analyse et de l'étude de la politique étrangère?
Trois perspectives apparaissent au cours des années 50 et dont ont voit aujourd'hui une grande
partie des représentants.
L'approche décisionnelle
SNYDER – Decision making as an approch to the study of international politics
On insiste sur le processus comme explication, il pense que les budgets et les résultats dans la
politique étrangère ne sont pas plus importants que la conduite de la politique étrangère.
Quel processus pour mettre en œuvre une politique étrangère? Une politique étrangère ne peut être
étudiée que selon un déroulement particulier. Elle doit en quelque sorte s'adapter à l'évolution du
contexte. On va travailler sur des séquences historiques
La théorie de l'acteur
ROSENAU – Pre-theory of foreign policy
On s'intéresse à la théorie de l'acteur, en mettant l'accent sur des styles de comportement.
« L'objectif est d'identifier les facteurs, de comprendre les processus qui affectent, qui influencent le
comportement extérieur, de comprendre ce qui rend certains facteurs opérationnels dans certaines
circonstances. Il faut reconnaître que la politique étrangère est façonnée tout autant par des facteurs
internes que par des facteurs externes. » (Pourquoi un pays comme l'Argentine a-t-il voulu
reprendre les Maldives? Elle avait une force militaire mais pas la force de défier le Royaume-Uni
qui a eu le soutien des États-Unis. Mais quel a été l'objectif? Problème de politique intérieure:
recherche d'une légitimation de la part des militaires qui se devaient de rendre le pouvoir aux
civils.). Contrairement à l'ensemble de ses contemporains, Rosenau pensait qu'il était possible
d'établir une théorie générale de la politique étrangère. Chaque Etat aurait un style, une sorte de
génotype qui permet d'expliquer le comportement des Etats. Il pense que la politique étrangère se
déduit d'un processus qui part des individus agissant dans le cadre d'une politique étrangère et qui
aboutit au système international. L'explication se doit d'être multi-niveau et multi-causale, c'est-à-
dire intégrant un ensemble d'informations qui partent de l'analyse du système social, vers l'analyse
du système international.
La relation au milieu et au contexte
SPROUTS (modèle de l'approche contextuelle) – Man-milieu relationship in the context of
international politics
Ils ont contribué à la construction du domaine et de l'étude de la politique étrangère en se
concentrant sur les résultats. Ils pensaient que les résultats d'une politique étrangère dépendaient des
capacités de chaque État dans le cadre d'un système international des moyens et capacités de l'Etat.
Cette politique étrangère dépendait aussi d'un contexte psychologique dans lequel agissent des
acteurs politiques. Ce qu'ils appellent psycho-milieu. Il s'agit à la fois de l'environnement
international et opérationnel tels qu'il se présente à l'acteur, au décideur. Ils pensaient aussi que la
politique étrangère serait la résultante d'une distorsion entre ce qui est perçu par chaque acteur et la
structure réelle du contexte opérationnel et international. Ces distorsions entre le perçu et le réel ont
différentes sources. Pour les cerner, il faut lancer des recherches multi-causales. L'intérêt des
travaux des Sprouts vient du fait qu'ils ont réussi à mettre en évidence la différence entre l'analyse
de la politique étrangère et la théorie générale de l'acteur. Dans l'édition de 1967 de leur ouvrage ils
affirmaient: « Au lieu de construire des conclusions, quand à la motivation et les objectifs possibles
des acteurs, leur contexte de connaissance et les liens entre processus intellectuel et leur objectif,
sur la base de supposition quand au comment de comportement des individus, il faut plutôt cerner
comment les individus perçoivent et agissent dans des contingences particulières. »
Ces trois perspectives ont permis de mettre en évidence trois objectifs fondamentaux de recherche
sur les politiques étrangères :
• L’étude de l’action, du comportement, du charisme, de la culture de ceux qui décident de
ceux qui agissent dans le champ de la politique étrangère
• L’étude de l’interface entre national et international, en axant plutôt sur les organisations et
les cadres de décisions et moins sur les individus, la politique étrangère est plutôt la
résultante de jeux organisationnel
• Le troisième niveau se veut à moyen ter !e entre les deux précédentes : on ne peut analyser
la politique étrangère en axant uniquement sur le niveau micro sociologique (l’individu) ou
uniquement sur le milieu macro sociologique (organisation). La politique étrangère peut être
étudiée en montrant qu’il y a un rapport entre le niveau micro et le niveau macro. Cela
expliquerait qu’une même structure, un même système décisionnel autoriserait ou non des
actions
A partir de ces trois grandes perspective, on va mettre en évidence quatre axes que l’on va trouver
dans l’ensemble des analyses d’étude de la politique étrangère :
• Le processus cognitif : comment les décideurs comprennent le contexte, l’envisage et
comment ils traduisent cette compréhension en décision
• La personnalité et l’orientation du leadeur : ce sont les explications psychologiques. Au
États-Unis, au cours des années 50-60, on a essayé de mettre l’accent sur les possibilités
d’anticipation des décisions des actions des leaders politiques à partir des leur portrait
psychologique
• La dynamique des groupes restreints : toutes les grandes décisions se font dans des groupes
restreints. L’étude des groupes restreints va intéresser deux auteurs : Gallhoffer et Saris, qui
démontrent qu’une négociation à l’intérieur d’un groupe restreint dépend d’un certain
nombre de paramètres. Le premier est la règle de discussion à l’intérieur du groupe (un
leader impose une règle pour construire la décision finale)
• L’interface entre la personnalité du leader et l’étude de la composition des groupes
restreints : l’objectif est de montrer qu’en réalité les décision en politique étrangère constitue
une somme d’un certain nombre de variable psychologique, organisationnelle…
Ces quatre outils déterminent en quelque sorte l’ensemble des grandes théories de l’étude de la
politique étrangère.
Section 2 Les analyses classiques de la politique étrangère (1950-
1995)
La première génération est très dense, et s’est employé à construire une conceptualisation, un cadre
méthodologie pour les politiques étrangère. Dans les analyses classiques, identifie deux sous
périodes. L’une va jusqu’aux années 70, période de forte querelle atour de la construction d’une
cadre méthodologique. A partir des années 70, suit une capitalisation et le test de l’ensemble de ces
méthodes par des moyens techniques qui n’existaient pas auparavant. On s’aperçoit durant cette
période qu’environ cinq méthodologies majeures vont être testées
Paragraphe 1 Group decison making
Snyder et l’ensemble de ses héritiers… des groupes participants. Durant les années 50 jusqu’en 75,
on s’aperçoit que la perspective la plus intéressante aura été l’étude de la dynamique de décision
dans les microgroupes. Irving Janis démontre que le volonté de maintenir un consensus à l’intérieur
d’un groupe ou de maintenir la cohésion du groupe peut avoir une incidence sur la qualité de la
décision du processus décisionnel. Si par exemple la qualité de la décision, la nature de la décision
pouvait induire l’éclatement du groupe, la décision prise sera certainement de nature à éviter
justement l’éclatement de ce groupe. Cela aura forcément une incidence sur la qualité de la
décision. Diverses recherches empiriques montrent cette dynamique particulière propre à la
politique étrangère. Ainsi en 1978, Herman, politologue américain, va construire une typologie des
groupes en tenant compte d’un certain nombre de paramètre (taille, rôle du leader, règle de décision,
autonomie du groupe). A partir d’un analyse fine de l’ensemble de ses paramètres, Herman pense
qu’il est possible de ‘prévoir’ l’issu des délibérations de l’ensemble des groupes. C’est ainsi que
Herman et bien d’autres ont essayé de comprendre comment les acteurs construisent un consensus
autour des actions de la politique étrangère. Herman pense que la politique étrangère n’est pas
tributaire des opinions les plus largement diffusées, connues. Il pense qu’elle est le produit des
groupes restreints. Elle est tributaire du degré d’autonomie des participants : les ‘groupthink’. Au
début des années 80, d’autres vont reprendre la notion de ‘groupthink’. Hart Peter come d’autres
pose une nouvelle question : comment un groupe restreint comprend, se représente et dresse le
cadre d’une politique étrangère dans le cadre d’une conjoncture particulière ? Pour répondre à cette
question, un certain nombre d’auteurs, à partir des études des enregistrements des auditions d’une
commission du Sénat, vont essayer de montrer comment les membres de cette commission se
construisent un sens et une vision des événements. Ainsi les questions et les réponses dans le cadre
de ses auditions peuvent être considérées comme l’ensemble d’un processus narratif par lequel se
cristallise progressivement l’interprétation partagée entre les membres de la commission et ceux qui
apportent leur témoignage. Quelques années plus tard, Khong, politologue d’origine vietnamienne,
reprend à son compte ce type d’analyses dans Analogies at war. Il démontre que la construction
d’une cadre de décision ou d’action se fait par consensus mais aussi par analogie, c’est-à-dire que
les acteurs vont se faire exposer des cas de crises ou des situations similaires et agir par analogie à
partir des crises précédentes. Ainsi, la guerre de Corée à largement servi par analogie à construire le
cadre d’action américain pendant la guerre du Vietnam. Il démontre que la mauvaise interprétation
des faits et des variables de la guerre du Vietnam vient de la mauvaise analogie.
Paragraphe 2 L’intérêt pour les processus organisationnels et le cadre
bureaucratique
(Presque en même temps que les groupes restreints)
L’objectif ici était d’envisager la politique étrangère sous l’angle de la théorie wébérienne. Si on
considère que la politique étrangère est un produit de la bureaucratie traditionnelle, on peut penser
que la politique étrangère ne serait que le produit de bureaucraties dont l’objectif est de se
perpétuer. Autrement dit, si on veut maintenir et augmenter son influence en temps que
bureaucratie, il faut augmenter l’ensemble des crises, l’ensemble des contextes pour maintenir son
influence. Ainsi Graeme ALISON dans son analyse de la crise des missiles de Cuba démontre que
l’analyse fondée sur la prise de décision rationnelle n’est pas satisfaisante. Il pense que chaque
organisation, chaque sous système à sa logique propre, à sa rationalité propre qui découle de sa
bureaucratie et qui va avoir une incidence certain sur la conduite de la politique étrangère. HALPERIN
dans Bureaucratic politics and foreign policy (1974) va renforcer la thèse d’Alison : il montre qu’en
réalité la guerre du Vietnam a été construite, mené dans le cadre d’objectifs latents d’ordre
bureaucratique et pas obligatoirement dans la cadre d’une lecture des rapports de force sur la scène
internationale.
Paragraphe 3 Les analyses fondées sur la comparaison des politiques
étrangères
C’est une perspective très ancienne et très connue en Europe. L’analyse démarre au cours des
années 60 avec James ROSENAU qui voulait construire une théorie générale des politiques étrangères.
Il va chercher à savoir quel est le déterminant d’une politique étrangère. Par analogie avec une…
interne, il constate que le vote constitue l’unité élémentaire permettant d’éclairer la suite de
question suivante : qui fait quoi ? En faveur de qui ? Et comment ? Peut-on trouver un
questionnement analogue pour la politique étrangère ? ROSENAU va envisager les évènements, les
péripéties de la scène internationale sous l’angle de l’action et de l’usage des instruments de l’Etat.
Ainsi les outils de la diplomatie, la négociation ou les moyens de la puissance ou ceux de
l’économie sont mobilisés par l’Etat pour faire face aux évènements. C’est en fonction de cette
analogie entre les Etats sur la scène internationale et les individus sur la scène nationale que
ROSENAU va essayer de conceptualiser la politique étrangère. Or cette analogie est très limitée. Les
insuffisances de l’analyse de ROSENAU, notamment sa confrontation à la multitude d’évènements et
la multitude de paramètre amène une rectification de la perspective sur la base de l’étude et de
l’analyse de l’évènement ce qui amène la trame de la quatrième vague
Paragraphe 4 L’analyse des données issues de l’étude et de la description
des évènements élémentaires
Au centre de cette perspective, la possibilité de collecter de classer et d’analyser tous les
évènements prenant place sur la scène internationale et pouvant avoir une incidence sur la politique
étrangère d’un pays. Ainsi entre 1967 et 1981, cette organisation a dépensé 5 millions de dollars
pour développer une méthode d’exploitation des données génériques par les politiques étrangères ou
par les évènements internationaux d’un certain nombre de pays. Il s’agissait de mobiliser des
chercheurs et des étudiants pour sélectionner, collecter tous les évènements intéressants de la
politique étrangère et à partir de support ouverts comme les quotidiens, les revues ou les rapports
officiels. Après une phase de codage de la source, des protagonistes, de la nature de l’action, ces
données vont donner les bases de données des centres de recherches. L’objectif final est d’essayer
de trouver des trames qui permettent de composer un modèle de politique étrangère. Cette
perspective part de l’hypothèse qu’il existe des styles d’intervention et qu’à partir d’évènements, de
nombres de personnes, de types d’acteurs, il est possible de reconstituer des trames d’actions.
Paragraphe 5 L’analyse psychosociologique des milieux décisionnels en
politique étrangère
L’hypothèse de départ est de considérer que l’acteur de politique étrangère est porteur de
convictions, de croyances et de valeurs, que son action prend place dans un contexte dans un
champs particulier à travers un style propre et en fonction de son expérience. Chacune de ses
décisions est influencée par le contexte culturel, l’histoire, la géographie, l’économie et le contexte
politique. C’est ainsi que l’on peut lire les conclusions de BRECHER : il y a un rapport entre le style
de politique étrangère et la variable socio psychologique qui peuvent influencer le décideur. Ainsi
dans son ouvrage Foreign policy system of Israel, BRECHER explore le rapport en l’univers socio
psychologique de la population israélienne et la conduite de la politique étrangère. A partir de ses
conclusions, on peut démontrer que le style de politique étrangère d’un pays est plus tributaire
d’une psychologie générale que de variables… C’est une remise en question de l’ensemble de ce
qui a été écrit avant. Ces analyses fondées sur la socio psychologie se scindent en deux voies :
- Ceux qui pensent que les capacités individuelles du décideur priment. Dans cette perspective
on va avoir recourt à la psychologie politique branche émergente de la science politique. On
considère que dans certaines conditions (stress, forte incertitude, contexte institutionnel) que
les capacités personnelles de l’acteur deviennent déterminantes dans l’explication de l’action
et la conduite de la politique étrangère. Lasswell avait dès les années 30-40 exploré le biais
psychologique dans la prise de décision politique. Au cours des années 60, J. De Rivera va
essayer de ré exploiter un concept appelé le ‘code opérationnel’ mis en évidence au début
des années 50 qui serait en quelque sorte la synthèse des convictions fondamentales
politiques ou autres qui ont un impact sur la vision et sur le cadre général sur lequel il
envisage son action. M. HERMAN dans un ensemble d’articles démarrant en 69 et terminant en
78 a tenté de construire une typologie des styles de leaders en fonction des variables
psychologiques. Pour se faire, elle va croiser d’une part ce qu’elle estime être le ‘code
opérationnel’ de chacun des leaders et d’autre part l’ensemble des évènements qu’elle va
tirer des banques d’évènements. Les recherches d’Herman vont se faire parallèlement à une
autre voie de recherches fondées sur la perception et son impact sur la politique étrangère.
En 1976, JERVIS publie Reception and ruisperception in international politics. JERVIS et
Cottam souligne l’impact de la mauvaise perception sur la politique étrangère. Ainsi les
stratégies de dissuasion peuvent échouer si les intentions des protagonistes étaient mal
perçues de part et d’autre. Autour des années 80-90, R. HERMAN montre qu’en réalité la
politique étrangère est tributaire de stéréotypes et d’images. Il se propose alors de construire
une typologie de ses images et stéréotypes et de mesurer leur impact sur la politique
étrangère. Avec les HERMAN, on entre dans l’ère des contraintes cognitives dans la mise en
œuvre de la politique étrangère. On sait déjà que la notion de contraintes cognitives a été
testée et étudiée en économie, en science de gestion et en psychologie de la décision. Ces
contraintes cognitives conditionnent la façon d’agir et de réfléchir des décideurs. Ainsi on
peut dégager des styles de décisions dans des contextes de rationalité forte ou limitée.
L’importance du style national : HOLSTI va croiser la psychologie du décideur et la
psychologie du milieu dans lequel il doit agir. A travers ce concept, il a essayé de cerner
comment une nation ou un pays pouvait se situer et envisager con rôle sa situation dans une
arène internationale. HOLSTI pense que cette vision se construit à travers une élite c’est-à-dire
un nombre d’acteurs restreints qui va façonner une perception d’un pays et forger son style
national. Ce style dépend aussi de l’ensemble des mécanismes de socialisation en cours dans
un pays.
- A la suite de HOLSTI, certains vont aller plus loin en insistant non pas sur la socialisation,
mais en insistant sur un rapport plus général à la culture politique. Cette notion de culture
politique a été mise en exergue au cours des années 60 pour contre balancer la trop forte
importance donnée à la variable idéologique. On estime que le culture a un impact sur l
construction des perceptions (perception de l’ennemi, de ses forces et de ses faiblesses).
Cette même perspective va revenir en force à la fin des années 80 parce que la fin des
confrontations idéologiques amène un retour vers des variables non seulement constitutives
de la politique étrangère mais aussi des variables de la politique interne. Ce qui est
constitutif de la politique interne serait explicatif de la politique étrangère. Contrairement à
le politique bipolaire, on envisage la politique étrangère selon un axe interne-externe et non
pas externe-interne, comme dans le cadre des grandes théories post deuxième guerre
mondiale. Ainsi, on serait près à penser que les groupes sociaux peuvent avoir une influence
sur la conduite de la politique étrangère. Il s’agit donc ici de transposer dans l’étude de la
politique étrangère une perspective qui a été forgée pour la politique nationale. La question
est de savoir si la politique étrangère comme toute politique domestique ou publique, celle-
ci fait l’objet d’une sorte de marchandage, de jeu d’influence de la part de groupes sociaux.
Dès 1973 aux Etats-Unis, R. Dahl va essayer de jeter une passerelle entre le jeu politique
interne et la mise en œuvre de la politique étrangère notamment avec le jeu des groupes de
pressions ou des groupes sociaux. Dans Régimes and opposition, Dahl va essayer d’étudier
le poids des groupes dans le cadre de la politique étrangère. D’un point de vue pratique on
s’aperçoit qu’aux Etats-Unis vers les années 80 il y a eu des cas dans lesquels la politique
étrangère a été fortement influencée par l’activité de groupes sociaux ou de groupes de
pression (cas de l’embargo sur le blé pour l’Urss). Au cours des années 80, cette perspective
va être corrigée. Certains vont démontrer que l’Etat avait une autonomie relative, faible
autonomie de l’Etat par rapport à différents groupes. C’est ainsi qu’il faut envisager les
travaux de R. Putnam (Diplomacy and domestic politics). Il va développer le jeu à deux
niveaux où il montre que le niveau international et le niveau national sont dans une
dialectique perpétuelle. Ainsi Putnam montre qui l’hypothèse selon laquelle la politique
étrangère est spécifique et particulière qui intéresse peu les électeurs, c'est-à-dire que
l’opinion politique nationale est peu concernée par la politique étrangère, l’hypothèse
Almond & Lippman est fausse. Traditionnellement, aux Etats-Unis (y compris en Europe),
la politique étrangère était peu présente dans les débats publics. Putnam démontre que ceci
était vrai mais ponctuellement car Almond et Lippman on envisager une période avant la
guerre du Vietnam, mais après la deuxième guerre période relativement stable. Putnam
remarque qu’après la guerre du Vietnam, l’opinion public s’intéressé a la politique étrangère
et qu’elle pèse plus lourd dans le processus décisionnel. Ainsi le cadre géopolitique, les
capacités économiques, les capacités militaires, la taille, la richesse, la nature du régime
constituent très certainement es déterminants fondamentaux d’une politique étrangère.
Certains aux cours du XIXème siècle ont pensé que la taille d’un pays pouvait avoir une
incidence sur sa propension à faire la guerre. D’autres ont essayé de démontrer que les
régimes autoritaires étaient plus belligérants que les pays non autoritaires. Seule l’économie
politique a été en mesure d’explorer l’effet des structures et des déterminants économiques
sur la structure de la politique étrangère. L’économie politique internationale a essayé de
montrer que les Etats peuvent avoir à travers leur richesse, un rapport ou une situation
particulière par rapport aux autres Etats. Ceux qui étudient la politique étrangère vont
essayer de croiser les deux perspectives : l’économie politique internationale et la politique
étrangère. A partir de là, on essaie de mettre en exergue des situations où la conduite de la
politique étrangère lorsqu’elle se fait dans le cadre d’un système d’échange pacifiée,
amenait une paix démocratique. L’échange marchand minimisait voir se substituerait à la
conflictualité. Il existerait des situations d’échange, des situations de politique internationale
qui ne permettent pas l’apparition de guerre et qui impose la coopération des Etats, la guerre
devenant ainsi impossible non pas pour des raisons étiques ou morales, mais parce que les
régimes des échanges et l’interdépendance entre les Etats ne le permettraient plus. L’extrême
spécialisation pourrait conduire à un conflit armé. On s’aperçoit par ailleurs que la disparité
entre la nature de régimes politiques expliquerait jusqu’à un certain point certains types de
guerre et donc expliquerait les différentes types de politiques étrangères. Ainsi on remarque
qu’il n’y a pas de guerre entre démocraties. On remarque également que les démocraties ne
font la guerre qu’au Etats non démocratiques. Enfin des régimes non démocratiques se font
la guerre plus souvent. Les différents régimes politiques conduisent à des différences de
comportement et de politiques étrangères. Cette hypothèse permet de créer un lien entre
l’analyse des relations internationales et l’étude de la politique étrangère. Pourquoi les
démocraties ne se font-elles pas la guerre ? La réponse à cette question impose un dialogue
entre les théories de la guerre et l’analyse de la politique étrangère. M. Herman e tenté d’y
répondre en revenant vers les théories qui ont axé l’analyse sur la nature du système
international comme un espace dans lequel se construit une communauté d’acteurs dotté de
différentes politique étrangères. Elle pense que le système international du moment a un
effet mesurable sur la politique étrangère. En cela, elle revient vers les notions mises en
évidence par Caplan dans Systems and process in internatonal politics (1957/1972). Elle
pense comme Caplan que les effets d’un système de RI sur le type de politique étrangère
dépendait du nombre de pôles qui composent le système ainsi que la règle du jeu dans ce
système. Cette structure va déterminer jusqu’à un certain point la palette des choix possibles
dans l’organisation de la politique étrangère. On retrouve une partie des analyses de K.
Waltz qui pense qu’un système anarchique avait une incidence particulière sur le
comportement des Etats. Initialement d’ailleurs, au cours des années 70-80, l’étude de la
politique étrangère ne tenait pas compte des caractéristiques intrinsèques de système
international. Ce n’est qu’à partir des années 90 que l’on va tenir compte des paramètres que
forment la politique étrangère… Cela va amener une réécriture des fondements
Paragraphe 6 L’ébranlement de fondements et la reconstruction
méthodologique
La remis en question des fondements de le politiques étrangères démarre vers le fin des années 70,
début des années 80. Il s’agit d’une remise en question… Dans le cadre des analyses décisionnelles,
il y a eu peu de renouvellement des perspectives. Cette perspective a été peu transposée à l’étude de
la politique étrangère. La barrière va être d’ordre empirique et notamment l’absence
informationnelle et l’absence documentaire. La base du travail en analyse de la politique étrangère
est le dépouillement archivistique de sources premières. La matière première, ce sont les
informations collectées à partir de sources gouvernementales. Or pour des raisons de sécurité, de
confidentialité, les informations sont indisponibles pour une longue période. En ce qui concerne
l’analyse de la politique étrangère sous l’angle de l’analyse psychologique on remarque qu’il y a un
véritable essor au cours des années 60, 70 et 80. L’analyse comparative va aussi franchir des étapes.
Jusque là on s’était intéressé aux pays les plus forts. Mais à partir du début des années 90, on va
s’intéressé à un autre type de pays car en effet, si on veut démontrer l’impact des variables sociales,
culturelles, politiques, géopolitiques sur la conduite de la politique étrangère on a besoin de tester
des modèles d’analyse sur un nombre important de pays. Ainsi, l’étude de l’impact de la variable
locale ou nationale et son impact sur la conduite de la politique étrangère va être croisée avec la
taille du pays, la nature du régime. D’où le nécessité d’élargir le panel. Au cours des années 80, les
chercheurs vont emprunter à la sociologie politique fondamentale certains de ses outils pour
analyser l’impact de l’opinion public sur la formulation de la politique étrangère. Voilà les
perspectives qui vont nécessiter au cours des années 90 une réécriture.
La question qui se pose au lendemain de la fin de la bipolarité aux spécialistes de l’analyse de la
politique étrangère était la suivante : doit-on privilégier l’analyse de certains cas spécifiques qui
permet d’expliciter le jeu des variables ? Ou alors doit-on construire des modèles d’analyse
généraux pouvant s’appliquer aux cas nationaux ?
Se pose également le problème de la quantification ou de la non quantifications de variables. Il y a
par ailleurs de variables qui entre dans la construction de la politique étrangère qui ne sont pas
quantifiable (mémoire collective,…). Ce dilemme pose un problème particulier car si on veut
considérer la politique étrangère comme une politique publique la quantification est nécessaire. Or
comment faire face à des variables par nature non quantifiables ? Durant cette période, se pose aussi
la question du financement des recherches puisqu’entre 1945 et 1990, les financements étaient
essentiellement motivés par le souci de la lisibilité des modèles et par la possibilité de l’anticipation
de l’action de l’ennemi, de l’adversaire ou du rival. Au cours des années 1990, la perspective se
transforme puisqu’on essaie de construire des systèmes de pré-alertes, c’est-à-dire des systèmes qui
permettent aux acteurs politiques de visualiser l’action des précurseurs de crise. Mais là aussi
s’opposent deux dimensions fondamentales de l’analyse de la politique étrangère :
- L’étude des styles des modèles de nature rétrospective historique
- L’illusion prédictive
Section 3 Les axes contemporains de l’étude de la politique étrangère
Il s’agit de rompre avec les techniques de quantification et d’essayer de réécrire l’analyse de la
politique étrangère à partir d’une relecture d’une grande théorie des relations internationales. La
vision du monde au cours des années 45 à 90 à eu un impact certain sur la formulation des
politiques étrangères. La fin de cette vision amène une révision substantielle de celle-ci qui coïncide
avec une relecture des RI. La fin du monde bipolaire remet en question les analyses fondées sur
l’étude des macro-contraintes imposées par le système. Dans le champ des grandes théories des RI,
l’analyse centrée sur l’acteur a relégué dans une position secondaire l’analyse de la boite noire (le
système de décision). Mais la fin du système bipolaire amène un retour en grâce des théories et des
perspectives explicatives fondées sur l’étude des variables internes qui ont amené la fin d’un
système des relations internationales. C’est ainsi que la fin de ce système a été expliquer comme la
résultante de la fin de l’action de certains groupes ou institution ou de l’action d’un leader. De là
certains pensent que dans l’ère post guerre froide, l’analyse de la politique étrangère se devait de
prendre en compte un certain nombre de points, d’éléments, qui n’ont pas été envisagé ou qui n’nt
pas été assez pris en compte lors de la précédente phase de construction des paradigmes de la
politique étrangère. Il s’agit de cinq points :
- Prendre en compte le niveau sub-national (régions…)
- Essayer de construire des théories intermédiaires qui font l’interface entre la théorie de
l’acteur et la théorie d’un système international complexe
- Rechercher des explications multi-causales
- Utiliser les techniques et concepts mis en œuvre par les sciences sociales
- Le processus de politique étrangère devrait être considéré aussi important que le résultat,
l’impact
Néanmoins, l’analyse de la politique étrangère va au cours des années 15 dernières années
d’aborder de nouvelles questions. Il en va ainsi de l’influence d’un leader sur la formulation d’une
politique étrangère et de l’étude de sa personnalité qui constitue aujourd’hui l’un des biais de
l’étude la politique étrangère. Au niveau des groupes, ces dernières années, on s’est posé la question
de savoir comment ses groupes parvenaient-ils à identifier un problème comme nécessitant une
action, comment se construire au sein d’un groupe de décideur une vision commune, et comment
cette vision se traduit-elle de façon pratique sur le même modèle qu’une politique étrangère. Si on
prend en compte la société dans son ensemble, comment la perception du grand public, des citoyens
influencent-elles les attitudes des leaders et leurs décisions, comment ses attitudes en fonction d’un
changement de contexte influencent-elles la mise en œuvre d’une politique étrangère. De là suivent
un certain nombre d’autres questions : quels sont les effets des débats politiques internes ? Quels
sont les effets des débats politiques internes sur la politique étrangère ? Comment mesurer l’impact
de la culture sur la formulation de la politique étrangère ? Y a-t-il une relation ou une corrélation
entre politique étrangère et type de système politique ? Sur un pan méthodologique, les
préoccupations sont de trois ordres :
- Les matériaux de base : quel usage doit-on faire des bases de données ?
- Est-il envisageable de construire des systèmes experts capable de simuler le système
décisionnel humain ?
- Est-il possible d’envisager les relations entre les variables multiples sous un mode non
arithmétique ?
Ces questions se superposent à une préoccupation centrale, celle de la révision encore plus
fondamentale des paradigmes de l’étude des relations internationales
Paragraphe 1 La révision des paradigmes des RI et le révisions du cadre
théorique de l’étude de la politique étrangère
C’est autour et parfois contre le réalisme qu’une grande partie des écoles de pensée et de politiques
étrangères se sont développé. Pour les réalistes, il y a un certain nombre d’hypothèses de départ. En
ce qui concerne l’étude de la politique étrangère, l’école réaliste pense qu’il y a une influence des
données internes sur la construction de la politique étrangère. Etant donnée que l’Etat est l’acteur
central, de cette centralité découle la nature, la structure de mise en œuvre de la politique étrangère.
Autrement dit, les groupes extérieurs et toutes les structures infranationales n’influencent pas la
politique étrangère. Ce qui influence, construit la politique étrangère, ce sont les visions propres au
sommet de la pyramide qui incarne la vision global et qui a la capacité à agir au nom de l’Etat dans
l’espace internationale et de se garantir de se fait la meilleur place possible dans le cadre d’une
politique fondée sur la garantie des intérêts de l’Etat. Par ailleurs, le réalisme est marqué par la
volonté d’axé l’analyse sur la pratique réelle. On s’intéressera réellement aux actions réalisées et à
leur impact. Tout ce qui relève de la perception, des schémas mentaux ne constituent pas des
déterminants de la politique étrangère. Ce qui constitué le socle de l’analyse est ce qui est réalisé
directement par les acteurs. Par ailleurs, l’objectif de l’école réaliste dans l’étude de la po etrangère
est de construire un modèle a-historique, c'est-à-dire une théorie générale permanente donc de
systématiser dans un savoir, une théorie générale l’ensemble des expérience en politique étrangère.
Le réalisme s’est constitué autour de trois piliers :
- L’importance du groupe dirigeant
Pour les réalistes, chaque groupe pour survivre a besoin d’une cohésion, d’une solidarité,
d’une structure qui justement va lui garantir cette cohésion et cette solidarité. En même
temps, cette cohésion et cette solidarité est à la source de ce qui est indépassable selon les
groupes : la conflictualité. La glorification de la solidarité mais aussi le test de la solidité du
groupe constitue la source principale des conflits. En revanche, les réalistes ne tranchent pas
obligatoirement quant à la qualité, quant à la nature du cadre dans lequel prend place
l’action politique
- La recherche de l’intérêt
Le seul intérêt des groupes ne se dirige pas vers l’extérieur, mais vers l’intérieur. La
politique étrangère est menée au bénéfice du groupe et non pas au bénéfice du monde
extérieur. Cette égoïsme s’enracine dans la nature humaine et ne constitue pas une
exception. Au niveau de l’Etat, ct égoïsme s’exprime par le recherche des intérêts et la
sauvegarde des intérêts.
- L’importance de la notion de puissance
La puissance est le déterminant central de la politique au regard des réalistes. Pour eux,
depuis longtemps, les groupes et les individus ont eu à gérer une inégalité dans la puissance
et dans les ressources. La politique n’est alors rien d’autre que l’interaction, la dialectique
entre le a au sens social et la puissance au sens matériel du terme.
Si on valide ses trois présupposés, on considérera alors que les intérêts du groupe seraient centraux
dans la politique ou les actions de ce groupe. Ceci a pour conséquence d’orienter la politique
étrangère vers la sauvegarde et la réalisation des objectifs de l’Etat cela même qui vont garantir sur
la scène internationale les intérêts du groupe. Si on veut étudier la politique étrangère, il suffit de
chercher et localiser les lieux de la puissance, de cerner les intérêts du groupe et de cerner aussi et
surtout le jeu de la puissance dans le cadre d’un conflit des intérêts.
En quittant le paradigme réaliste, on a de la politique étrangère une vision particulière a la fois
pessimiste et cynique. La politique ne sert que des objectifs de ce groupe et rien que cela. A cette
critique les réalistes opposent « l’objectif n’est pas de dépeindre le monde tel qu’il doit être mais de
montrer le monde te qu’il est ». La politique ne sert pas un idéalisme mais a montrer un intérêt
immédiat. A partir de là, il est possible de construire une théorie des RI à partir d’une vision réaliste
d’une monde mais aussi une théorie réaliste de la politique étrangère. Par ailleurs, on remarque au-
delà du cadre théorique, il existe une pratique réaliste de la politique étrangère. Le problème est
alors de toute autre nature, il est structuré autour de la question suivante : comment passer de la
vision réaliste des acteurs, comment passer de l’action réelle à une théorie au sens académique du
terme ?
A/ La théorie réaliste des relations internationales
Une des hypothèses du réalisme est l’égoïsme, la concentration sur le groupe et la centralité de la
notion de puissance. Ces trois présupposés concomitants expliquent le caractère conflictuel de la
scène internationale à moins que les Etats ne prennent en charge… pour éviter l’anarchie, propre de
la société internationale. On sait par ailleurs, qu’aucun des Etats n’est capable, outillé ou intéressé
par une gestion de l’anarchie mondiale. Les Etats ne s’intéressent qu’à leur propre intérêt. Face à
l’anarchie du monde, les Etats ne peuvent opposer que la puissance, la guerre. Dès lors,
théoriquement, ce qui est intéressant pour l’étude des RI sont les questions de sécurité internationale
et de défense, parallèlement par glissement, ce sont ces questions qui deviennent centrales. Cela dit,
si on regarde de très près on s’aperçoit que le réalisme n’est pas un cadre unifié. A partir des
présupposés centraux, le réalisme sera progressivement amandé transformé récrit notamment à
partir des années 50 et tout au long des années 60. C’est à K. Waltz qu’est revenu la tache de
rassembler dans le cadre d’un projet de théorie générale les préceptes du réalisme dans Man, the
State and the war (1959). Il pensait que l’une des limites des thèses réalistes provient de leur
capacité de distinguer le niveau d’analyse et d’argument entre ce qui relève de l’individuel, du
niveau du groupe et ce qui relève de l’Etat. Autrement dit, est-il intéressant et possible de transposer
vers les Etats une notion forgée pas l’être humain : l’égoïsme ? Ainsi dans son ouvrage Theory of
international politics (1979), il entreprend de clarifier l’héritage réaliste et notamment, il essaie de
prendre en compte l’impact de la structure, de la nature du système international sur la politique
étrangère d’un Etat. Il va clarifier l’une des hypothèses du réalisme que attestait que le fait que les
individus, les Etats vivent dans un système anarchique peut pousser à une course à la puissance et à
la guerre. Et cette nature anarchique réduit en fait toute possibilité d’une politique étrangère qui sert
à diminuer le niveau d’anarchie et le niveau de tension. Comme toutes les théories réalistes, la
théorie de Waltz est abstraite et ne tient pas compte de la technoligie ni de la géographie. Elle ivre
une théorie de la politique étrangère en deux variantes possibles :
- L’une fondée sur l’hypothèse d’un réalisme défensif
On retrouve la vision centrale, celle de l’anarchie spécifique au système international. Mais
dans ce courant, on démontre que l’anarchie du monde est telle que la course à la puissance
amène les Etats à ne pas vouloir attaquer les autres et surtout à privilégier leur autodéfense.
- L’autre fondée sur l’hypothèse d’un réalisme offensif
Il est le plus actuel. On part ici du constat de l’absence d’autorité mondiale capable de
maintenir un état de paix. Le monde est incertain mais rien ne peut garantir qu’un Etat ne
s’affranchisse pas des règles et qu’il menace les autres Etats. Etant donnée cette limite, les
Etats doivent conjurer toutes les menaces pour se défendre, donc se préparer à la guerre
devient donc l’axe principal de l’action des Etats.
A partir de ces fondements, comment étudier la politique étrangère ? Le réalisme a prospéré sur
l’observation et l’analyse sur lequel agissent les Etats, sans donner de théorie générale. De même
que ce qui est produit est essentiellement centré sur la théorie de l’acteur. Les différents exemples
présentés ont pour objectif de valider l’hypothèse selon laquelle les acteurs font du réalisme offensif
ou défensif sans en être réellement conscient. Le premier exemple est le rapport rédigé en 1900 par
le prince Kuropatkin pour le tsar Alexandre II. A l’époque, ce rapport était cité pour ses options
défensives car il proposait d’une part que la Russie ne tente plus des guerres d’annexion parce qu’il
s’agit d’une puissance satisfaite. Dès lors, il pense que toute nouvelle expansion pouvait avoir pour
résultante d’effrayer d’autres puissances et de les amener donc à réagir contre la Russie. Le
rédacteur de ce rapport pense que la Russie au regard de se puissance a intérêt à se lancer ni dans
une politique d’alliance, ni dans des projets d’annexion. Ce rapport est illustratif de ce qu’on
appelle le réalisme défensif en partant de la balance de la puissance qu’il estimait défavorable à la
Russie. L’autre exemple est le rapport rédigé par le diplomate britannique, Eyre Crowe, en 1907 à
l’adresse du gouvernement britannique et qui incite… pour tenir compte de la montée en puissance
de l’Allemagne. Le diplomate britannique a utilisé la théorie de balance et d’équilibre des
puissances pour montrer la nécessité pour la Grande-Bretagne de contenir la puissance allemande.
Ce rapport insiste surtout sur d’une part l’impact du système international du moment et sur
l’impact de la politique interne de l’Allemagne sur le système des RI. En 1946, l’ambassadeur
américain en Urss, G Kennan, a rendu un rapport (« le long télégramme ») dans lequel il aborde
l’affermissement de la politique soviétique : « L’Urss, à moins de rencontrer une puissance et une
opposition continuera son expansion […]. Les Etats-Unis d’Amérique se doivent de hâter
l’avènement d’un équilibre des forces. ». Au début des années 70, Nixon et Kissinger ont
reconstruit et réorienté la politique étrangère américaine en partant du constat d’une perte
d’influence des Etats-Unis en Asie. Ils proposent alors une politique étrangère fondée sur trois
axes :
- Attirer la Chine en hors du girond de l’Urss
- Convaincre les alliés de partager le fardeau du containement de l’Urss
- Amorcer une détente avec l’Urss
Vers la fin des années 80, on s’est rendu compte que la guerre froide et la bipolarité ont formaté le
cadre théorique (pour plus d’une génération). Le changement politique en Urss change
complètement la donne. Gorbatchev avait mis en place un nouveau faisceau de principe « nouvelle
façon de réfléchir et d’envisager les rapports politiques ». Son objectif était une réduction de la
tension internationale, et d’établir une stratégie de façon ouverte et verbale. Cependant, nombres
d’analystes de l’époque on conclu que le fait de l’action de Gorbatchev était très dangereuse car elle
entrainait le monde occidental dans une suite de concessions. Une minorité a essayé de démontrer
qu’il s’agit d’un sérieux changement. C’est notamment un chercheur russe, Sestanovich, dans un
article parut en 1987-88 Gorbatchev’s, foreign policy. Diplomacy of decline ? qui va s’y atteler en
partant de la structure des groupes au pouvoir, de l’analyse des groupes au pouvoir autour de
Gorbatchev et de la puissance que ces groupes dispose au sein de l’espace politique soviétique. A
partir de ses paramètres il a essayé de comprendre l’évolution du système soviétique et de sa
politique étrangère. Contrairement aux idées dominantes de l’époque, Sestanovich démontre qu’il
s’agit là d’une évolution fondamentale du système soviétique, évolution qu’il va rendre visible à
partir de l’étude de sa diplomatie.
Courant Théoriciens Points centraux en Points centraux de en