PERSPECTIVES PILES à COMBUSTIBLE Allier environnement et sécurité L a pile à combustible (Pac), et plus parti- culièrement la pile à hydrogène, est sou- vent présentée comme une alternative aux procédés conventionnels pour produire de l’électricité. Ses applications se déve- loppent et sont de plus en plus présentes sur le marché, qu’elles soient mobiles – chariots auto- moteurs, machines de levage, recharges pour téléphones portables et pour les véhicules –, ou fixes – chaudières individuelles, groupes électro- gènes. Des centrales de production d’électricité sont sont sur le point d’en être équipées. Si cette technologie semble intéressante du point de vue environnemental, qu’en est-il du point de vue de la santé et de la sécurité au travail ? « Les applications de la pile à combustible étant très récentes, nous n’avons pas encore le recul nécessaire pour connaître tous les effets et impacts en cas de mauvaise utilisation et, sur- tout, en cas de dégradation dans le temps », indique Benoît Sallé, expert d’assistance risques incendie-explosion à l’INRS. Les risques générés par cette technologie se situent à deux niveaux : ceux liés aux différents équipements et ceux liés aux produits mis en œuvre. Les risques liés aux équipements sont, entre autres, l’électricité car la Pac génère un courant continu qui entraîne des risques d’électrisa- tion, d’électrocution et de brûlures, mais aussi la température car la pile a une température de fonctionnement qui peut s’avérer élevée. « Enfin, il y a les risques liés aux caractéristiques des produits mis en œuvre et stockés, notamment l’hydrogène », remarque Benoît Sallé. « L’hydro- gène est très utilisé en milieu industriel et ces risques sont connus, ainsi que les moyens de les prévenir. Les mesures de prévention des risques doivent être les mêmes pour les Pac que dans l’industrie », indique de son côté Michel Junker, directeur d’Alphea Hydrogène 1 et membre de l’Association française pour l’hydrogène et les piles à combustible (Afhypac). Comme la majorité des gaz, l’hydrogène induit des risques d’asphyxie en milieu confiné, mais c’est surtout un gaz extrêmement inflammable pouvant former des atmosphères explosives. D’où l’importance d’une mise en œuvre et d’un stockage approprié, d’autant plus que c’est un produit très petit qui a tendance à s’échapper facilement. C’est pourquoi les raccords sujets aux fuites tels les raccords vissés ou les interventions fréquentes sur le réseau de type montage ou démontage sont à proscrire. Il faut aussi éviter de mettre la Pac dans un milieu confiné et doter, le cas échéant, le local de détecteurs d’hydrogène. La problématique du stockage « De plus, l’hydrogène est très sensible à l’in- flammation. Il faut savoir que l’étincelle qui peut provoquer son inflammation n’est pas percep- tible par l’homme… Enfin, sa flamme est quasi- ment invisible et très chaude (environ 2 000 °C) », explique Benoît Sallé. Il est donc nécessaire de prévenir tout risque d’ignition et de connaître la démarche à adopter en cas de fuite. Plusieurs méthodes existent pour stocker l’hy- drogène. Il peut ainsi être stocké à l’état gazeux en le comprimant, et ce, jusqu’à 700 bars. À cette pression, si une bouteille fuit alors qu’elle est mal arrimée, elle peut se transformer en projectile particulièrement dangereux et, si elle a été fragi- lisée par un choc par exemple, elle peut éclater. Le stockage sous forme liquide présente, lui, deux inconvénients majeurs. D’une part, tech- nique, car pour liquéfier l’hydrogène, il faut le refroidir à - 253 °C, ce qui est très consommateur 26 27 TECHNOLOGIE DE PLUS EN PLUS utilisée pour des applications mobiles ou fixes, les piles à combustible ne sont pas sans risques. Mais le recul manque pour bien les appréhender, les applications industrielles de cette technologie étant récentes. QU’EST-CE QU’UNE PILE à COMBUSTIBLE ? Elle est constituée de deux électrodes, l’une en contact avec de l’hydrogène et l’autre avec de oxygène (provenant de l’air). La réaction électrochimique produit de l’eau, de la chaleur et de l’électricité. D’autres techniques, mettant en jeu d’autres réactifs, existent. Mais la plus répandue est la pile à hydrogène car elle permet l’établissement d’un cercle vertueux : lorsqu’une source d’énergie renouvelable, comme une éolienne, fournit de l’électricité en surplus, de l’hydrogène peut être produit par hydrolyse de l’eau et stocké. Il pourra alors restituer de l’électricité dans la pile à combustible et de l’eau ultérieurement, lorsqu’il y en aura besoin. L’hydrogène est ainsi appelé « vecteur énergétique ». Leslie Courbon travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014