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PDF Campus Mai Juin -2011 Dk

Jul 06, 2015

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ditorialLe regard oblique de Mbaye Sidy Mbaye

SommaireN 0 2 M A I - J U I N 2 0 11 E S PA C E U N I V E R S I T S P. 4ELECTION DE REPRSENTATIVIT Le vote lectronique s'inscrit la Faseg

Obligation de veille

de ltat ! Que de contenants substantiels surveiller. Lorganisation de ltat gnralement distribue les rles et missions publics chargs de notre scurit, de notre confort, de notre ducation. Bref, de tout ce qui contribue notre panouissement dhomme et de citoyen. Mais qui veille sur ltat ? Ltat a prvu de veiller sur lui-mme. Il sest scind en pouvoirs, censs agir les uns sur les autres, en contre pouvoirs. Seul lquilibre entre eux peut garantir la cohabitation harmonieuse et dmocratique. Ces pouvoirs ont noms : Gouvernement, Parlement, Justice. Qui a intrt dominer les autres, casser le consensus fonctionnel ? Quand cela survient, qui doit sonner lalerte et mettre le hol ? Car enfin, faut-il toujours et tout le temps rappeler que la lgitimit de ces pouvoirs viennent du citoyen. Quand le pouvoir excutif devient excessif, pesant, dborde et ronge sur les autres, la dictature pointe son nez hideux. Lorsque le parlement fort de sa fonction de lgislateur lutilise de manire partisane, subjective, par conformisme dallgeance ou dopposition, il empche de gouverner. La machine est bloque. On ne gouverne plus. Le dsordre institutionnel gagne la rue. Et vive le dsordre ! Mais la justice, dernier recours, dernier rempart, imagine, souhaite vertueuse ne doit pas tomber dans la mle. Sa posture, sa pratique ne doivent en rien inspirer la crainte ou le doute chez le citoyen. On attend delle quelle soit svre parce que gardienne des valeurs et normes que traduisent les lois. On exige delle quelle soit juste parce quau service exclusif de la socit dans son entiret. Parce quelle protge chacun de nous et nous tous. Il arrive que les institutions publiques dysfonctionnement se querellent et se livrent des batailles de puissance. Alors, le gardien ultime, celui qui donne mandat, lgalit et lgitimit ces institutions et ceux qui les animent doit se faire entendre. Le citoyen, alors par devoir, doit reprendre son droit dinterpellation publique. Il doit refuser de subir, les yeux dans les toiles, lme tranquillement ailleurs. Il est le centre, celui qui dlgue par contrat de confiance, qui contrle et qui sanctionne. La dmocratie lui donne le moyen lectoral pour cela, tant que celle-ci nest pas bafoue, car alors

L

e territoire national, les institutions publiques et prives, le fonctionnement global

P. 25 E N C O U VCELLOU D. DIALLO : la dmocratisation, en Afrique, c'est l'indpendance et la crdibilit des institutions.

P.5

TEST VIH Les tudiants disent oui

P. 9

ETUDIANTS COIFFEURS DU CAMPUS Ici, on ne rase pas gratis !

P. 10 DROIT

La profession de juriste, nullement menace

P. 22

ZOOM SUR

DOSSIERDEVELOPPEMENT VILLAGEOIS Le miracle de Ndem

BOULY GALISSA, coordonnateur du collectif de la FLSH L'avenir de la jeunesse se trouve en Afrique et non ailleurs

P. 24

SANT

P. 12

LE DON DE SANG EST UN ACTE SIMPLE ! Qui peut sauver des vies

P. 33

C U LT U R E

FESTIVAL DE CANNES Le cinma africain toujours zapp

E N T R E T I E N AV E C P. 20LE Pr ALIOUNE SALL (UCAD) L'UA a manqu de clairvoyance sur la crise ivoirienne

P. 35

SPORT

Tournoi inter-rgions Ces footballeurs du dimanche cultivent la solidarit

CamPusBiDirecteur Gnral Directeur de publication : Mbaye Sidy Mbaye Conseiller : Djib Didhiou Secrtaire gnral de la Rdaction Habibou Dia Rdaction Gnrale : Awa Cheikh Faye, J. K. Brangale, Marie Esprance J. Faye, Bamby Traor, Amadou Sow, Francis Flix Sagna, Habibou Dia, Doro Niane, Daouda Sow, Cheikh Mback Seck, Mame Ngon Faye.

La voix des tudiants !Correspondants rgionaux Kolda : Mame Salate Sambou - 77 447 34 47 Kaolack : Amady Niang - 77 554 29 23 This : Moussa Sne - 77 236 47 54 Ziguinchor : Aboubakry B - 77 254 85 40 Saint-Louis : Petit D. Bnar - 77 718 26 86 Tambacounda : Soukeyna Diague 77 316 76 41 Bambey : Mouhamed Yali - 77 453 92 50 Editing - Prpresse : Gawlo Sarl Conception - ralisation maquette : Mdoune Guye Impression : Polykrome - 3000 exemplaires

Libert 6 Extension (VDN) Villa N 8 rue LIB 53 Tl./Fax : (00221) 33 827 33 31

CAMPUSBI n 02 Mai - Juin 2011- 3

ESPACE UNIVERSITS

ELECTION DE REPRSENTATIVIT

Le vote lectronique s'inscrit la FasegPar Cheikh Abdou Khadir Mback Seck

Le renouvellement du bureau de l'amicale de la Faseg s'est droul sans heurts. Malgr les dnonciations de fraudes et d'irrgularits des perdants, le choix du prsident s'est effectu. Il n'y a pas eu de violence, ni le jour du scrutin, ni le lendemain. Cela grce une innovation de taille : le vote lectronique.

L

es tudiants de la Facult des sciences conomiques et de gestion (Faseg) ont choisi le prsident de leur amicale, par vote lectronique, entre le 29 avril et le 1e mai. La liste Rupture a remport cette lection. Elle est passe ainsi devant Jamm-J et Rassemblement pour lthique, les valeurs et lmergence dans lintgrit et la lumire (Reveil). Le scrutin lectronique est une premire dans lhistoire des lections de reprsentativit lUcad. Cest la mthode adopte par le chef des services administratifs de ladite Facult pour radiquer la violence qui accompagne les lendemains dlections. Trois listes taient en lice pour veiller aux destines de lamicale. Des dbats houleux se sont installs concernant la fiabilit et lutilit dun tel systme. Les opinions sont partages. El hadj Ibrahima Niasse, 4e anne en Gestion des entreprises, par ailleurs candidat de la liste sortante Jam-J pense que cest un moyen pour viter la violence. Mais il met une rserve au sujet de la fiabilit

car il juge que les explications fournies par ladministration ne sont pas exhaustives. Mounirou Aliou Kane, en 3e anne dAnalyse, et tte de liste de Reveil abonde peu prs dans le mme sens. Il estime qu il y a un risque minime de violence car il ny a pas de contact direct entre tudiants. Cependant, le chef de file de la liste Rupture, Pierre Sano Gassama (5e anne) prend le contre-pied de ses adversaires. Il doute de la fiabilit du vote car il pense que le processus est nbuleux. Il estime quil ne peut y avoir transparence, si ladministration enlve le voile dans les procdures de vote 24 heures de llection. Le vote lectronique a t impos par elle, laisse-t-il entendre. Le chef des services administratifs, M. Thiam, soutient, de son ct, que cest la meilleure solution pour radiquer la violence car le taux de participation est suprieur aux annes prcdentes Le scrutin lectronique se droule en diffrentes tapes. Dabord, il faut que ltudiant se connecte sur ladresse lectronique de la Faseg : www. faseg.ucad.sn.

Facult des sciences conomiques et de gestion (FASEG)CAMPUSBI n 02 Mai - Juin 2011- 4

Ensuite, il doit remplir les modalits de vote sur la rubrique Vote du site. Enfin, il termine par un simple clic sur le nom du candidat choisi, et le vote est valid. A propos de la transparence, ladministration a propos comme mot de passe aux tudiants leur numro de carte dtudiant et celui de leur quittance. La Faseg avait t prive dlection, lanne acadmique prcdente, car des violences qui minaient luniversit avaient empch la tenue correcte et date chue des consultations lectorales dans toutes les Facults. M. Thiam prcise que ce sont les tudiants qui ne staient pas entendus sur le systme de vote. Cest ce qui a caus des troubles, en 2009. Et M Thiam dajouter : Lancien systme na pas pu prosprer cause de la violence. Ce sont les tudiants qui ont mis fin au vote en faisant venir des nervis. Un arrt rectoral avait t publi pour prolonger les mandats des dirigeants damicale. Certaines sources affirment, pour leur part, que la mise sac du rectorat par quelques tudiants est la raison pour laquelle aucune structure na t renouvele. Pour viter de vivre les mmes vnements que lanne passe, les autorits administratives de la Faseg, en loccurrence le chef des services administratifs, on a donc relanc la proposition dune nouvelle formule de vote pour amoindrir les affrontements violents dans lespace universitaire : ce vote lectronique. Quant aux rcriminations des vaincus, au sujet de ces rsultats qui ont consacr la victoire de la liste Rupture - celle-ci, pour la petite histoire, doutait elle aussi de la fiabilit de cette formule lectronique, les jours ayant prcd le scrutin -, M. Thiam tient rassurer tout le monde : Aucune preuve dirrgularit ne mest parvenue. Les violences hantent le sommeil des autorits de lUcad, ainsi que celui de la plupart des tudiants. La Faseg vient dinnover en matire de scurit du vote. Elle a franchi un pas dcisif. Gageons que cette exprience fera tache dhuile, pour des lendemains paisibles, aprs chaque lection lUniversit.

TEST VIH

Les tudiants disent ouiMALGR QUELQUES RTICENCESPar Ngon Fall

L

a division du SIDA a pris une bonne initiative qui consiste aller la rencontre des tudiants. Cette initiative est dune valeur capitale car ils doivent tre sensibiliss sur limportance du test VIH. Des journes de dpistage sont ainsi organises dans les diffrentes universits et coles de formations. Conscients de lintrt, certains sempressent passer lentretien. Une assistante sociale est charge de prparer ltudiant en lui expliquant les moyens de transmission du VIH.

M.D, tudiant lIAM prfre garder lanonymat et nous droule les raisons de son accord au test : je fais le test parce que jai confiance en moi, je gre ma sexualit de manire responsable, donc je ne me fais pas de soucis. Cependant, poursuit-il- je reconnais le besoin de faire ce test pour avoir le cur net. Il faudrait reconnatre quavec les filles, nous assistons une tournure diffrente. Elles rpondent massivement la proposition. AD tudiante ISM dfend : Jai adopt une stratgie efficace : labstinence en loccurrence et je prends la peine de striliser tous les objets tranchants que jutilise. Je ne vois pas pourquoi je refuserai de passer le test. Cependant malgr la prise de conscience de certains, dautres manifestent un refus catgorique. Ils voquent souvent plusieurs prtextes. BRG qui, aprs son entretien, dsiste : je suis un homme donc je passe beaucoup de temps chez le coiffeur, explique-t-il. Il arrive souvent que je me coupe avec leurs lames et je ne veux pas subir cette pression ; je prfre ne pas faire le test. Est-ce vraiment la solution? Certains aussi dnoncent un manque de fiabilit. Mass tudiant l UCAD : je nai pas vraiment confiance aux matriels utiliss par les laborantins. Jai entendu dire quun matriel infect peut transmettre le virus une personne saine. Il finit par dire : je ne veux pas prendre de risques. Une fois le test fait, cest lattente. Le stress est au rendez-vous. Le rsultat est en principe donn aprs 30 mn .Ces minutes sont souvent une ternit pour certains. Cest un signe de soulagement sur le visage des tudiants une fois le rsultat ngatif annonc. La division du sida gagne davantage du terrain chez les jeunes, mme si nous notons quelques cas de refus.

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ESPACE UNIVERSITS

VOLS AU CAMPUS SOCIALOn ne peut jeter la pierre quaux seuls visiteurs et aux marginaux qui hantent les pavillons. Cest parce que parmi les auteurs de petits larcins et de cambriolages stupfiants se trouvent galement des tudiants, parfois au dessus de tout soupon. Mais le phnomne semble prendre de lampleur. Certains pensionnaires de la cit universitaire sen meuvent.Par Doro Niane

Lautre visage de linscurit

Nous sommes vraiment fatigus de vivre dans cette situation. Il y a trop de cas de vols Abdoulaye B parle dune voix empreinte de colre et dindignation. Il dplore cette inscurit qui semble totale au campus. Pour lui, il ne faut aller chercher les coupables de ces forfais que du ct des tudiants eux-mmes ou alors parmi toutes ces personnes qui rdent autour des pavillons, sans subir aucun contrle pralable de la part des agents de scurit. Il y a, par exemple, les marchants ambulants : ils font du porte porte toute heure de la journe. On les dsigne donc du doigt, sans hsitation. Mamadou Fall, chef de rsidence du pavillon H interrog sur ce fait, exprime sa dsolation : Les pensionnaires de la cit universitaire vivent une situation difficile. Il ny pas un jour o des cas ne soient pas signals. Pour les tudiants, la responsabilit incombe, en grande partie, au service des cits. Car le contrle effectu par les agents de scurit est loin dtre rigoureux. Nimporte qui peut accder facilement au campus social. Les voleurs, soutiennent des tudiants, ne ddaignent aucun objet : habits, chaussures, matriels, et mme des effets intimes (serviettes, caleons, chaussettes) sont drobs. Moulaye Ndiaye, tudiant en licence de Droit, une victime, raconte : Jai perdu mes deux paires de chaussures que javais lhabitude de poser sur la fentre de notre chambre, cause de lodeur quelles dgagent lorsque je les te en rentrant.

Selon certains, il peut arriver que dans la mme chambre quil y ait des cas de vols. Habib a connu pareille msaventure : Cette anne, ceux avec qui je partage la pice mont pris une partie de mon rappel de bourse et tous mes tickets de restaurant. Je ny pouvais rien, puisque je navais aucune preuve contre eux . Il est impossible davoir tout le temps lil sur ses affaires. Les chambres ne sont que des dortoirs, en quelque sorte. Les tudiants passent presque toutes les heures dans les Facults, soit pour les cours, soit pour rviser. Cela encourage peut tre les malfaiteurs. Lautre aspect, selon dautres pensionnaires de la Cit universitaire, cest leffectif plthorique des rsidents ; il dpasse de loin le nombre rglementaire. Compar aux annes 1980, la diffrence est patente. Vieux Ndiaga Diop, un ancien de la Facult des lettres, aujourdhui professeur de franais, se souvient : Le campus social tait trs rglement de sorte que le nombre tait grable. Ainsi, les cas de vols taient quasi inexistants. Dautre part, il fallait enregistrer tous les objets apports pour un remboursement en cas de cambriolage. Aujourdhui, cest comme si le campus social est transform en centre commercial, pour ainsi dire, la situation sest aggrave. Les vendeurs sont nombreux arpenter les couloirs, lintrieur des pavillons, pour couler leurs articles. Cela narrange en rien le sort des tudiants. Ce sont, le plus souvent, des voleurs qui se dguisent en

vendeurs , accusent des tudiants. Pour eux, de tels visiteurs nattendent, de la sorte, que loccasion se prsente pour accomplir leur forfait. Jai une fois surpris une vendeuse dans ma chambre. Elle pensait que je dormais ; elle a rang mon ordinateur portable dans son sac. Cest en ce moment que jai cri pour alerter les voisins avant quelle ne schappe , indique, pour sa part, un autre tudiant. Voulant cote que cote sauver leurs bagages, les tudiants utilisent tous les moyens, allant jusqu emporter avec eux leur patrimoine, partout o ils vont. Cest le cas de Serigne Alioune Mbaye, tudiant la Fac de Droit Jai achet un grand sac dans lequel je mets tous mes documents et mon ordinateur portable ; je ne le quitte pas des yeux. Je suis en matrise et toutes mes recherches se trouvent dans la machine et dans mes documents. Jai peur de les perdre . Comment remdier ces vols rpts ? Certains tudiants estiment quil faut que la surveillance soit plus effective dans les pavillons. Elle doit ltre galement pour les entres et sorties. Des tudes ont montr que les cas de vols sont plus prsents dans les grands pavillons contenant trois fois plus leffectif recommand, comme les pavillons H, N, I, F, A, G. Esprons tous simplement que dans les prochaines annes, avec les universits rgionales que lUcad sera dsengorge et que le nombre de rsidents sera plus facile grer, afin de permettre une diminution des nombreux cas de vols.

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DE LESPRIT CAMPUS BIl est devenu un truisme de dire que les pays de lAfrique sont sous-dvelopps. Tous les indicateurs en attestent : PIB, PNB, taux de croissance, pourcentage de reprsentation dans les transactions internationales, dpendance laide extrieure, taux de scolarisation, taux de bancarisation, utilisation des tics, etc. Les donnes ci-aprs lillustrent assez bien pour le Sngal : produit intrieur brut 23,16 milliards de dollars (2009), produit intrieur brut par habitant 1 700 dollars (2009), taux de chmage urbain 25,6 % (2010) qui touche 40 % des jeunes citadins, dette extrieure 24 % du PNB (2009) indicateur de dveloppement humain 156e (2006), population sous le seuil de pauvret 54 % (2008), coefficient de Gini 41,3 (1995) {Sources : CIA World Facebook}. Le coefficient de Gini est une mesure du degr dingalit de la distribution des revenus dans une socit donne, dveloppe par le statisticien italien Corrado Gini. Le coefficient de Gini est un nombre variant de 0 1, o 0 signifie lgalit parfaite (tout le monde a le mme revenu) et 1 signifie lingalit totale (une personne a tout le revenu, les autres nont rien, cas extrme du matre et de ses esclaves). La dette constitue une part essentielle du budget de lconomie de la majeure partie des pays africains. Le service de la dette constitue par exemple sur les annes 1992-1997, 35 % du budget du Cameroun et de la Ct dIvoire, 40 % de celui du Kenya et la Zambie, 46 % de celui de la Tanzanie (dans le mme temps la part des services sociaux constitue moins de 15 % du budget : 4 % au Cameroun). LAfrique est un continent totalement dlaiss dans la mondialisation : sa contribution dans le commerce mondial est trs faible, et en dclin permanent, de 8 % dans les annes 1990 2 % aujourdhui. Le dbat ne se trouve donc plus ce niveau quelques soient les appellations trouves pour qualifier nos tats : pays les moins avancs, pays les plus endetts, pays en voie de dveloppement. Le constat est l et rel, nous sommes sous-dvelopps car nous ne sommes pas la moyenne reconnue pour que le niveau de vie soit considr comme descent et que ltat puisse assurer des services indispensables aux populations. La question aujourdhui est relative aux stratgies employer pour atteindre le dveloppement. Le dveloppement est un stade qui exige une volution, cette volution est un dfi qui ne peut tre relev que par une socit dans laquelle les notions de citoyennet, dengagement et de bnvolat occupent une place centrale. Il est vident que la population dun pays doit sengager et sorganiser pour accder au dveloppement. Mme si toutes les fanges de la socit participent cet effort que jappelle les efforts de dveloppement il en est une qui joue un rle essentiel, la jeunesse. La jeunesse est donc le pilier central des efforts de dveloppement, mais pas nimporte quelle jeunesse. Il sagit ici de la jeunesse cultive, instruite, outille dinstruments, de supports qui lui permettent dimpulser des projets de dveloppement.

Par Soundjata

La notion deffort de dveloppement

I

Cette jeunesse berce dans le sousdveloppement et le no-colonialisme qui a entretenu et amnag dans ses rves le songe dun Sngal qui se redresse, dune Afrique qui atteint le stade ultime de lindpendance et de lautonomie afin de se relever et de se tenir debout comme le disait Cheikh Anta Diop, Takhaw, Siggi. Cette jeunesse allaite avec du lait au got du sacrifice.(...) Car lexpression de lengagement est le bnvolat et la manifestation du bnvolat est le sacrifice. Le Professeur Abdoulaye BATHILY dit ce propos au total, si les fruits de la lutte pour lindpendance nont pas, cinquante ans aprs, tenu la promesse des fleurs, les raisons desprer un sursaut au cours du nouveau cinquantenaire qui souvre ne manquent pas. Il y a, entre autres, le formidable dynamisme de millions dacteurs (jeunes, femmes, forces du changement dans leur diversit) qui saffirment. Grce leur labeur et leurs sacrifices, ils russiront sans aucun doute, leur pari pour la rdemption de lAfrique. Au del de laspect des sacrifices, cette jeunesse doit tre vtue de citoyennet, cette vertu qui libre lindividu de lindiffrence, fait de lui une personne qui vit en socit, qui se sent concerne par les questions de cette socit, les obstacles son avancement, ses difficults. Ainsi cette personne devient un acteur de changement dans cette socit, un vecteur dune dynamique de progrs et dvolution. Cest cet engagement l qui aboutit leffort de dveloppement. Lindividu se bat pour conserver sa libert et sa dignit et quand il vit en socit et que lordre est rgi par un systme appel couramment tat, nous voyons que les proccupations de libert et de refus de domination rejaillissent. Les juristes parleront de souverainet. Cet tat sefforcera par tous les moyens de garantir la prennit et la crdibilit des institutions incarnant cette souverainet. Si cette souverainet est menace par une agression extrieure, ltat peut mme faire appel leffort de guerre. Leffort de guerre est la mobilisation sociale et industrielle visant subvenir aux besoins militaires dun tat. Il affecte toute lconomie, surtout par une rorientation du systme industriel vers la production darmes ou de matriel ncessaire la poursuite du conflit. Il peut galement comporter les actions de dfense ou de reconstruction des villes et infrastructures, ainsi que les soins mdicaux aux victimes civiles ou militaires. En cas de mobilisation de contingents importants de militaires non-professionnels, leffort de guerre comprend le remplacement des hommes mobiliss, souvent par leurs pouses dans le domaine agricole ou par des personnes qui ne sont plus actives. A ce stade lexistence devient effort de guerre et leffort de guerre incarn et se retrouve dans lexistence de tout un chacun. Pour que nos pays puissent atteindre le dveloppement, ils devraient adopter une stratgie semblable non autour de la cause de guerre mais autour de la cause de dveloppement. Do limportance de la notion deffort de dveloppement. A ltat

actuel des choses, le dveloppement doit incarner et se retrouver dans les proccupations de tous. Cependant, comment cet effort de dveloppement doit il sorganiser ? Chacun doit il la vivre pour lui, sa faon, dans son coin ? Nest-il pas prfrable duvrer pour une coordination de tous les acteurs engags et bnvoles dans des associations ou des ONG pour la cause du dveloppement ? Il saute lesprit que la seconde formule reste la meilleure. Une convergence des efforts de dveloppement est fondamentale et essentielle. Des efforts au pluriel car les acteurs sont multiples et les domaines dintervention aussi. Tout doit partir dune prise de conscience, puis des secteurs fondamentaux : lducation, lconomie, lindustrie, lagriculture, les infrastructures, etc. Les acteurs engags dans les efforts de dveloppement doivent donc avoir des spcialisations diverses. Mais o trouver cette htrognit du savoir faire ? videment, dans les lieux o les sciences, les connaissances sont transmises savoir les universits et les instituts de formation. Ainsi pour faciliter la coordination et la jonction des efforts de dveloppement, il est plus simple de sappesantir sur ceux qui constituent ces universits, savoir les tudiants principalement, encadrs par des universitaires savoir leurs professeurs. Cest ce rseau de jeunes acteurs pour la cause du dveloppement que Campus Bi entend, justement, mettre sur pied. En misant sur un travail de sensibilisation pour veiller les consciences, en thorisant et en conceptualisant la notion de citoyennet nouvelle, Campus Bi entend faire des jeunes le centre nerveux, lpicentre dune nouvelle dynamique qui devra impulser des innovations majeures dans la comprhension des stratgies mettre en uvre pour sortir du sous-dveloppement. Ne pas attendre ltat dont la politique est restreinte par les bailleurs de fonds ; mais faire de tout un chacun un preneur dinitiatives pour des projets de dveloppement. Que la socit sorganise pour que chaque membre donne une part cet effort, au mme titre que le service militaire obligatoire ou en lieu et place du service militaire que lengagement et lenrlement au service de la cause du dveloppement de la nation soit institu. Comme cela se fait dans des pays comme lAllemagne. Oui cela est possible. Que le jeune mdecin qui a une bourse sur les frais du contribuable accepte dtre affect dans un village 400 km de Dakar pour allger les souffrances dune population qui a besoin de ses services. Que les tudiants en aviculture de Ziguinchor sinvestissent durant les vacances appuyer grce leur savoir faire les paysans de cette localit dont la terre est trs fertile. Oui une organisation pareille est possible et aiderait les pays sous-dvelopps que nous sommes. Aujourdhui Campus Bi est lembryon de cette approche volontariste et ambitionne dtre le vecteur de la mtamorphose permettant cette rvolution, et cest possible.CAMPUSBI n 02 Mai - Juin 2011- 7

ZOOM SUR

ENGAGEMENT POLITIQUE

Les jeunes se font dsirerPar Amadou SOW

Est-ce le grand dsamour ? Les tudiants et la jeunesse, dune manire gnrale, ne semblent plus sintresser la chose politique. Les partis peinent les mobiliser. Pour certains, ils sont responsables de cette situation.

Le fait dune petite minorit ?Selon Pierre Brechon, le niveau dtudes serait un facteur de lintrt pour la politique. Peut-on en dire, pour autant, que les tudiants ont une telle attitude ? Sont-ils politiquement engags ? Comment cet intrt, sil existe, se manifeste-t-il chez eux ? Il faut dire que les tudiants eux-mmes sont partags sur ces questions. Mariama Bodian, tudiante en Droit, option Droit international public, rpond : Je crois quils ne sont pas assez impliqus dans la vie politique du pays. Du point de vue numrique, on se rend compte quil y a une petite minorit, parmi eux, qui se dit engage politiquement. Et cette minorit, si elle existe, nest pas active au sein des partis politiques.. Ousmane Fall, en DUP, continue sur le mme sujet : Ils ne sont pas sensibiliss politiquement. Si vous faites un tour luniversit, vous vous en rendrez bien compte. Ils ne sont mme pas engags dans la vie active de luniversit. Ils se proccupent juste de leurs tudes, de la lutte, du football, bref des loisirs. Il ny a mme pas de cadre dchanges, de discussions qui puisse montrer leur proccupation propos de la vie nationale. Au-del des tudiants il faut se demander quel est le nombre de jeunes mobiliss sur des questions nationales, par rapport la population des jeunes au niveau du pays.

D

ans le chapitre La jeunesse nest quun mot du livre Questions de sociologie, Pierre Bourdieu dfinit la

jeunesse comme un enjeu de lutte de pouvoir. Selon lui, les divisions entre les ges sont arbitraires. Que les jeunes ne se mobilisent pas pour les partis politiques ne signifie pas quils sont dpolitiss. Au contraire, ils sont fortement politiques. La rvolte des jeunes tunisiens et gyptiens a eu le dessus sur des dictatures que nombre d actions politiques nont pas pu terrasser. Au Sngal, la rvolte des marchands ambulants, les nombreuses manifestations contre les dlestages et cot de la vie et la dernire mobilisation du 19 mars montrent une posture nouvelle dans leur participation. Ce quil faut comprendre cest quils sont naturellement contestataires et plus idalistes. Pour beaucoup de gens, le temps des tudes est aussi celui de lengagement. Celui-ci est une seconde nature de ltudiant. Cest une attitude qui consiste mettre son art ou sa pense au service dune cause politique et qui suppose un choix. La notion dengagement est devenue la mode, aprs 1945, avec lexistentialisme. LHomme est non seulement tel quil se conoit, mais tel quil se veut, et comme il se conoit aprs lexistence, comme il se veut aprs cet lan vers lexistence ; lHomme nest rien dautre que ce quil se fait.. La question centrale de lengagement porte alors sur le degr de libert de lindividu face son choix et sur la contradiction entre lalination que suppose un engagement et la libert de le choisir. Ltudiant semble tre plus dispos cela, si lon considre que son niveau dtudes lui donne plus de chance de comprendre certaines questions. Ltudiant est identifi selon deux catgories. En rgle gnrale, il sagit dun jeune, par lge. Il est galement identifi par rapport au diplme : il est dans la catgorie des diplms. Cependant, sous langle de lengagement il peut y avoir contradiction : le diplm est plus favorable la participation.

Un chec des partisCependant, le fait de ne pas parler de politique ne veut pas dire quon ne soit pas politis. Llection prsidentielle de 2000, qui a install le gouvernement de lalternance, a t marque par la mobilisation particulire des jeunes. Lors de la clbration du 19 mars, cette anne, le mouvement des jeunes rappeurs sest particularis avec son concept y en a marre. A luniversit, mme si cest rare, sur certaines questions, les tudiants se positionnent. Peut-on pour autant en dduire une conscience de la jeunesse face aux questions sociales et politiques, devant ce qui est communment interprt comme un chec du politique ? Il semblerait que la participation des jeunes se fasse dans des mobilisations ponctuelles plutt que dans une participation constante. Les partis politiques ne jouent plus leur rle de formation et dencadrement des jeunes. Ils nattirent plus. Dans la plupart des partis, aujourdhui, au Sngal, la jeunesse politique nexiste que de nom. Lengagement des jeunes est spontan. Ils semblent dsavouer les partis politiques et porter eux-mmes des projets politiques ou sociaux.

Jean-Paul Sartre, Lexistentialisme est un humanisme (1946), coll. Penses, Nagel, 1970, p. 22-23. Les valeurs des jeunes-tendances en France depuis 20 ans, dirig par : Olivier Galland, Bernard Roudet, mention principal : P.Brchon, E. Schweisguth, J-F. Tchernia. LHarmattan. Paris ; collection Dbat Jeunesses La grve des professeurs les tudiants disent y en a marre, Magazine Campus Bi, n 1 avril 2O11.

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ESPACE UNIVERSITS

ETUDIANTS COIFFEURS DU CAMPUS

Ici, on ne rase pas gratis !Leur activit leur permet de surfer sur les vagues de la vie chre. Ces figaros amateurs n'ont rien envier aux pros, cependant. Ils manient avec dextrit tondeuse, rasoir et ciseau, la grande joie de leurs nombreux clients : des tudiants comme eux, pour la plupart.Comment ladministration du Coud ragit-elle face ces multiples inconvnients relevs ? Autorise-t-elle rellement lexercice dune telle activit au sein du campus ? Momar Ly ,chef du pavillon L estime, pour sa part, quelle drange, plusieurs gards. Dabord, il signale un problme dencombrement car, les tudiants coiffeurs se sont installs devant la porte du magasin de produits dentretien. Nous devons les inviter se dplacer, chaque fois, pour y accder. Ensuite, se pose une question dhygine et de salubrit avec ces lames de rasoir qui tranent. Les touffes de cheveux finissent par envahir les pavillons et les chambres. Dailleurs, explique ce responsable, ce sont les tudiants rsidant au rez-de-chausse qui se plaignent le plus de ces cheveux quils retrouvent jusque dans leurs chambres. Enfin, il y a laspect conomique. Cest que, fait remarquer M. Ly, ils utilisent llectricit partir des chambres dtudiants. Donc, cest ladministration qui paie les factures. Les chefs de pavillons ont envoy plusieurs rapports leur hirarchie. Ils demeurent sans suite. Une marque de la tolrance du Coud lgard de ce phnomne ? M. Faye, lun des membres du bureau des tudiants coiffeurs a son ide : Il ny a aucune charte pour autoriser ce que nous faisons, note-t-il. Nous avons souvent des problmes avec les chefs de pavillon. Toutefois il y a eu un changement, cette anne. Nous avons obtenu une autorisation limite. Sagissant de notre assiduit aux cours, il faut dire que nous ne faisons pas de la coiffure plein temps. Nous nous organisons pour cela en fonction de nos emplois du temps. Au regard de ces avances enregistres cette anne, on a comme limpression que la situation tend se rgulariser, malgr tout. Dans tous les cas, on ne peut que souhaiter la prudence et la vigilance aux figaros amateurs du campus et leurs clients. Les premiers doivent observer les mesures dhygine appropries, les seconds exiger des serviettes propres, des tondeuses, lames et autres matriels striliss. Il est tabli que les rasoirs peuvent favoriser la propagation du VIH. Tous doivent surtout se dire le sida ne passera pas par l !CAMPUSBI n 02 Mai - Juin 2011- 9

Par Marie Esperance J. Faye Etudiante en droit

Face aux difficults financires que nous rencontrons, surtout nous les tudiants venant des rgions, nous sommes obligs de faire ce petit boulot pour subvenir nos besoins. M. Faye vient de tondre la tte dun client. Il ramasse les touffes de cheveux tombes par terre, remet en ordre son petit salon de coiffure : juste une petite table et une chaise. Pour linstant, il peut engager un brin de causette. Ce mtier de coiffeur quils exercent, la plupart dentre eux, ne lont pas appris. Ils sy sont mis un jour, comme a, pour rendre service un proche ou un ami. Lexprience est venue au fil des mois ou des ans, comme laffirme lun deux qui dit exercer une telle activit depuis 7 ans dj. Il prfre ne pas donner son nom cependant. Mes parents prendraient cela trs mal, se dfend-il. Cest parce quils nous ont envoys ici pour les tudes, et rien dautre. Et la clientle ? Modou Diome, tudiant la Fac des Lettres, lui aussi figaro ses heures libres, indique que a dpend, car nous recevons aussi bien des camarades que des nontudiants venant des quartiers voisins comme la Gueule-Tape ou Fass. Les clients, eux, ne se plaignent gure du tarif : 500 FCFA. Gilbert Faye, un tudiant et un habitu de ces salons se dit, lui aussi, satisfait du prix et de la qualit de la coiffure. Sauf que, raconte-t-il, une fois, la coupe que lon ma faite ne ma pas plu, du

tout. Je dplore galement les lames et les touffes de cheveux qui trainent par terre. Ces lames de rasoir jonchent lespace compris entre les pavillons L, M, J et K. Cela bien sr nest pas sans risques. A ce sujet, M. Diome donne cette explication : Souvent, il y a des lames qui chappent notre vigilance mais nous avons des caisses o les mettre. Nous admettons le fait quelles reprsentent un danger. Ainsi, lanne dernire, lun de nous sest bless grivement avec. Cest pourquoi, ajoutet-il, chaque coiffeur verse, depuis, une cotisation pour payer ceux qui soccupent du ramassage des lames et touffes de cheveux. Il se garde den indiquer le montant : secret professionnel, justifie-t-il. A ct des risques que constituent les lames, se pose la question de lentretien du matriel. Un autre tudiant coiffeur avoue ce propos que les serviettes sont rarement laves. Peu nombreux sont ceux qui en prennent vraiment soin. Ces lames et tondeuses sont-elles strilises ? Modou Diome rvle que ses collgues et lui le font avec de leau de javel ou du parfum dilu dans de leau.

DROIT

LA PROFESSION DE JURISTE, MENT MENACE ! NULLEMagistrat, avocat, huissier, notaire Des mtiers qui gardent encore toute leur vigueur. Leur ancrage reste aussi trs fort au sein de la socit et dans le monde des affaires. De nouvelles filires ont d'ailleurs ouvertes en fonction de l'volution de tous les secteurs de la vie sociale et conomique. Anciens ou nouveaux, tous ces mtiers ont de beaux jours devant eux.n connat bien les mtiers traditionnels du Droit. Ils tournent autour du rglement du litige et de lenseignement. Ce sont : le magistrat (juger), lavocat (plaider), lhuissier (excuter les dcisions de justice), le notaire (scurisation des transactions) et lenseignant. Le Pr Abdoulaye Sakho, de la Fac de Droit, la rappel dans son expos introductif, le samedi 9 avril dernier, la faveur de la crmonie de lancement des activits, pour lanne universitaire en cours, du Club danimation pdagogique (CAP) dudit tablissement. Ctait au cours dune confrence organise sur le thme Quel avenir pour la profession de juriste ?. Lvolution du monde a, cependant, entran lapparition de nouveaux mtiers, comme la soulign le Pr Sakho : ceux de juriste de conseiller, dans le domaine de la rgulation, du sport, de lenvironnement, etc. Ils offrent ainsi de nouvelles possibilits aux juristes. Ce sont l autant de nouveaux secteurs o le besoin en comptences juridiques est de plus en plus manifeste. Le droit doit donc sadapter, dans un contexte nouveau marqu par des secteurs nouveaux et par lexigence des nouveaux besoins. Il y a, notamment, lenvironnement, lconomie, (la rgulation), le sport, entre autres. Dans son intervention, Me Mame Adama Guye, un des confrenciers, a abord le sujet dans le mme sens que le Pr Sakho. En tant que professionnel, il est all plus loin dans son analyse en insistant sur la formation. Selon lui, la formation na pas volu. Ce constat est partag, du reste, par le Pr Sakho. Me Guye prcise, cependant, que des mesures sont prises par les enseignants, avec laccompagnement des autorits dcanales. La problmatique de la formation telle que pose par Me Guye apporte, toutefois, un clairage sur le fort taux dchecs des tudiants certains concours (celui du Barreau, entre autres) Le profil moyen nest pas bon. Par ailleurs, il a dnonc ce quil appelle la culture du contournement. Cela fait que le march nest pas favorable au dveloppement de la fonction juridique. Cest pourquoi, il prconise que les acteurs concerns aient une posture de militants du droit. Face aux crises multiples, sur le plan social, conomique et politique, il a annonc la revanche du droit. Ctait pour souligner que ce dernier peut beaucoup jouer dans le contexte o nous sommes. Ainsi lancien btonnier de lOrdre des avocats du Sngal, a soutenu quil y avait des pr-requis cela. Dabord lmergence et la conscration de lEtat de droit. Un systme bas sur la bonne gouvernance politique et judiciaire est ncessaire. Dans un autre registre, lavocat recommande une forte interaction

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Hotesses

Discours du prsident du Club

entre les Facults et le monde professionnel. Le juriste doit sadapter au march. Le juriste doit intgrer une conception plus dynamique du mtier. Cette nouvelle conception conduit ncessairement louverture de la formation en droit dautres disciplines. Il faut au-del de la spcialisation explorer de nouveaux horizons, a-t-il affirm. La formation dans les Facults de Droit doit, par consquent, intgrer des disciplines comme le marketing. INSUFFISANCE DE LA FORMATION Cette ouverture prconise par Me Mame Adama Guye doit prendre galement en compte linformatique et la langue anglaise. Selon le confrencier, beaucoup de perspectives restent ouvertes aux tudiants, si ces lments sont considrs dans leur formation. Et pour finir, dans ses propositions, il a indiqu quil soutenait la cration dun certificat de formation professionnelle. Cela comblerait les insuffisances de la formation, avec des modules en marketing (sensibilisation), management (interaction avec les autres), informatique, etc.L'amphi plein craquer

En dfinitive les diffrents intervenants, au cours de cette confrence de lancement des activits du CAP, staient accords sur un point : le mtier de juriste nest pas menac. A en croire le Pr Mayatta Mbaye de la Facult de Droit, la fonction a de beaux jours devant elle. Larchitecte Pierre Atpa Goudiaby, parrain de cette crmonie douverture a, pour sa part, exhort les tudiants persvrer dans leffort et cultiver lexcellence. Il est possible selon lui de faire du Sngal le phare de toute

lAfrique. Mais pour cela, a-t-il lanc aux tudiants : soyez droits pour que le Sngal soit un pays de Droit. Fier du choix que le C.A.P. a port sur lui comme parrain de cette deuxime dition, il a exprim toute la joie quil avait partager avec les tudiants des moments de rflexions. Jai dcid de consacrer un peu de mes activits aux jeunes, a-t-il rvl. Il leur a sance tenante, promis un amphithtre en plein air, avec un cran gant.

Le CAP : Un cadre dchanges

CA la fin de la confrence photo de famille

r en Janvier 2010, le club danimation pdagogique (CAP.) est une association regroupant des tudiants de la Facult de Droit de lUcad. Selon son prsident, ltudiant Abdourahmane Bald, il sagit dun cadre dchanges qui veut renforcer les liens entre tudiants, enseignants et autorits administratives ; un cadre dpanouissement intellectuel pour les tudiants membres. Il vise aussi crer un espace de communication et de partenariat. Dans ses activits il organise, avec lappui de ladministration et des enseignants de la Facult de Droit des sances de rvisions pour les tudiants. Cela, selon Bald, est dune grande utilit pour les tudiants du premier cycle.

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DOSSIERRalis par Habibou Dia et Amadou Sow

DEVELOPPEMENT VILLAGEOIS

Le miracle de NdemSerigne Babacar Mbow

Ndem revient de loin. Pendant la dcennie de scheresse qua connu le Sngal, il sest vid de la plupart de ses jeunes. Ctait lexode rural. Ndem est revenu la vie grce la clairvoyance de lun de ses fils : Babacar Mbow. Vritable leader, il a su gagner la confiance des habitants de son village quil a entrains dans une aventure exemplaire.

Au village, il a t frapp par la pauvret des populations. Les longues annes de secheresse avaient fini par y installer la misre. Cela avait pouss les hommes quitter ce terroir pour chercher de meilleures conditions dexistence dans les villes du pays. LAVN a mis en oeuvre, depuis sa cration de nombreux projets. Ils ont, aujourdhui, transform le visage de la zone. Cest aussi une belle preuve que les populations la base peuvent sorganiser et prendre leur destin en main. Lducation est ainsi un secteur important dans la vision de Serigne Babacar Mbow. Les femmes constituant un groupe particulirement vulnrable face certaines maladies, son pouse, Sokhna Acha Ciss, porte sur elles toute son attention On a commenc travailler petit petit. Au dpart on avait une caisse trs modeste. On cotisait 200 ou 100 francs par mois, afin de soffrir toutes les choses de base dont on pourrait avoir besoin, comme la pharmacie villageoise. Aujourdhui, le poste de sant de Ndem polarise plusieurs villages. A cela sajoutent dautres ralisations dans des domaines divers et utiles : eau potable (forages), marachage (notamment des cultures bio avec un systme goute goute), boulangerie fonctionnant avec le combustible bio-terre, etc.

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eul le travail paie. Assis au milieu de ses disciples, Serigne Babacar MBow ne cesse de le marteler. Cest son credo. Celui du mouridisme. Celui de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur de cette voie, de cette tarikha qui a essaim travers le Sngal. Celui de Cheikh Ibra Fall, fidle compagnon et serviteur de ce saint homme dont il se rclame en particulier. Cest un acte spirituel, souligne-t-il. Nous ddions notre travail non pas notre vie extrieure, terrestre, mais Dieu. Cest l le ct mystique du travail. En tout cas, les fruits du labeur sont l, bien en vidence dans ce village de Ndem, situ 120 km de Dakar, dans le dpartement de Bambey (rgion de Diourbel). Jugez-en, plutt. Une cole primaire, une maternelle et un collge ont t crs. Ils accueillent tous les enfants de la contre. La prise en charge sanitaire y

est aussi un domaine prioritaire.Il a fallu, sur ce plan, organiser la population, la sensibiliser sur toutes les questions lies lhygine et la sant. Lexode rural a t frein en grande partie. Tout cela grce aux nombreux projets entrepris, qui permettent depuis lors aux villageois de sadonner lartisanat et den tirer des revenus apprciables, grce au commerce quitable et des appuis venant de lextrieur. A la base de toutes ces actions, une organisation non gouvernementale (ONG): lAssociation des villages de Ndem (AVN). Celle-ci a t cre en 1985, linitiative de Serigne Babacar Mbow. Elle implique 14 localits du secteur, soit, auourdhui, une popluation de prs de 8 500 habitants. Tout a commenc en 1985, alors que ce natif de Ndem venait de rentrer au Sngal, aprs un long sjour en Europe.

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C E N T R E

D E S

M E T I E R S

M A A M

S A M B A

La trame de lespoirQuand la terre ne nourrit plus son homme, ou pas suffisamment, celui-ci peut compter sur l'artisanat. Cette activit multisculaire peut se rvler trs fconde, si l'on y met tout son cur.

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ans la famille de Mbissane Diop, le tissage est une vielle t r a d i t i o n . Cependant, cest une activit que lui ne pouvait plus exercer cause de la scheresse et de ses corolaires. Avant, dit-il, je sillonnais tout le pays pour vendre mes tissus, produits la main. Aujourdhui, grce Serigne Babacar et au projet quil a entrepris, je travaille sur place et jai un salaire fixe. Cest que cet homme participe aux activits du Centre des mtiers Maam Samba de Ndem. Depuis, confie-t-il, jai si bien russi que jai engag dautres tisserands.

A Ndem et un peu partout en Afrique, le tissage est un savoir qui sexerce et se transmet dans les familles, depuis des gnrations. Cest une activit de substitution pour chaque foyer, quand la terre ne donne plus. Mbissane Diop est le chef de latelier de tissage, qui compte prs de 100 tisserands, tous originaires du village et de ses environs. Le centre des mtiers Maam Samba est une unit de production artisanale. Il compte 12 filires artisanales : textile, teinture, cuir, bois, mtal, poterie, vannerie, calebasse, etc. Il emploie 300 personnes de tous les sexes. Cest avec des moyens trs sommaires que nous lavons ouvert, rvle Mbisane Diop. Pour latelier de couture, Serigne Babacar raconte :

Nous navions quune machine coudre que nous avions fait venir de Paris. Elle accompagnait les bagages de mon pouse. Il yavait ici un jeune. Ctait le seul jeune rest au village car tous les autres taient partis. Il tait mme un peu dsuvr. Il nous avait dit quil avait appris coudre, plus ou moins. Nous lui avons, alors, confi la machine coudre dans une case. Il a commenc faire des progrs. Nous lui avons achet deux ou trois tissus, et lactivit attenante a dmarrr comme a. Ensuite, deux, trois ou quatre autres jeunes sont venus et sy sont intresss. Petit petit, nous avons mis en place ce petit atelier de couture qui ne faisait que du patchwork, du ndiakhass, si vous voulez.. Cette unit de production propose aussi des formations: Plus de 200 personnes ont eu en bnficier en quatre ans dans la teinture et le tannage. 80 % dentre elles habitent la zone. Plus de la moiti des produits est destine lexportation. Cela a t possible grce la collaboration dorganisations telles que Artisans du monde, Solidarmonde, etc. par le biais dune coopration pour le commerce quitable.

Projet de marchage bio aliment en eau par goutte goutte

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DOSSIERF E M M E S D U V I L L A G E

Des activits plus noblesAvec le dpart des hommes elles devaient faire face, souvent toutes seules, aux besoins du foyer. Voil que l'AVN a attnu le lourd fardeau que sont les travaux domestiques. Libres, elles jouent un rle plus valorisant dans l'artisanat et le commerce.

Innauguration de l'unit de production Bio terre avec les dlgu de la Wallonie Bruxelles et le Maire de Bambey

43 ans, la dame Nogaye Kb travaille dans la section teinture du Centre des mtiers Maam Samba de Ndem. Vtue de sa tenue de travail, elle est assise lombre dun nim avec cinq autres femmes moins ages quelle. Elles sont en train de slctionner les feuilles dune plante locale utilise comme colorant naturel. Elles seront mlanges de la boue, selon une technique traditionnelle : celle du bogolan. Avant la cration du centre, nous confie, Nogaye, nous navions aucune activit. Aujourdhui, nous pouvons nourrir nos enfants, aider nos maris et participer aux activits organises dans le village. Idem pour sa voisine Astou Fall. cest moi qui assure tous les besoins de mes enfants avec mon salaire gagn dans les ateliers Maam Samba, grce Serigne Babacar Mbow, affirme-t-elle. La place centrale de ces villageoises est dailleurs assez bien illustre par le rle que joue Sokhna Acha Ciss, lpouse de Serigne Babacar, dans la bonne marche du projet. Dans sa foi la philosophie Baye Fall et en son poux, cette Franaise dorigine, ne Pascale Blanchard, a accept de renoncer tous les conforts dune vie en Europe. En plus davoir suivi son poux dans ce qui semble tre un coin perdu marqu par la dsertification, elle sest investie corps et me pour cette entreprise de rhabilitation de toutCAMPUSBI n 02 Mai - Juin 2011- 14

un village ainsi que des hameaux environnants.Elle a t dun grand apport, dautant que sa propre famille nest pas en reste. Selon un habitant du village, leur arrive, Serigne Babacar avait demand Sokhna Acha de faire le tour des localits pour assister les personnes malades et leur prodiguer des soins. Il arrivait quelle le fasse pieds nus. Serigne Babacar, lui-mme se souvient: Lorsque nous sommes arrivs, mon pouse avait une machine coudre dans ses valises. Cest avec elle que nous avons dmarr lactivit de couture. Nous lavons mise la disposition dun jeune qui tait l et qui savait coudre. Lorsque le problme de lcoulement des produits sest pos, note encore le guide de Ndem, elle a fait appel sa mre qui nous a aid trouver des boutiques en France pour vendre ce que nos ateliers produisaient. Il a fallu galement assister les femmes dans certains domaines, afin quelles soient soulages dans leur vie quotidienne. Les forages ont attnu considrablement, les pnibles corves deau potable. Les moulins mil ont fait des coups de pilon dans les mortiers un mauvais souvenir. En plus de cela, la construction dune maternit a vritablement chang leur vie. Dailleurs, cest parce quelles sont dbarasses de tous ces fardeaux quelles sinvestissent dans des activits gnratrices de revenus.

ENSEIGNEMENT ET FORMATION

La scolarisation pas mesursDs le dpart, l'Association villageoise de Ndem a inscrit l'ducation en tte, quand il s'est agi pour elle de dfinir des priorits. La premire cole, puis la premire maternelle et, enfin, le premier collge ont t ainsi construits. A l'horizon, se profile maintenant le centre de formation destin aux jeunes.vant la naissance de lAssociation villageoise de Ndem, il il ny avait pas dcole dans cette localit. On avait quelque chose de trs sommaire, lpoque, explique Serigne Babacar Mbow, le fondateur de cette ONG. Il n yavait pas, non plus, de poste de sant ni de maternit. Pas deau potable. Les deux puits quon avait ici avaient tendance tarir, et leau ntait pas bonne boire. Selon lui, les conditions gnrales taient telles quil fallait rflchir pour dgager des priorits. Pour nous, lducation, la sant et leau passaient avant toutes les autres. Et voil, nous avons eu la chance de construire, relativement vite quelques classes avec le concours de lAssociation genevoise qui sappelle Coopration coups de mains. Elle tait dirige, quils pouvaient. Grce leurs efforts, leurs comptences et leur engagement, nous avons russi mettre en place une cole primaire que tous les enfants de la contre commenaient frquenter. Pour nous, ctait une chose essentielle. Cependant, tant en zone rurale, les coliers sont confronts des difficults de dplacement dues de la distance qui spare les villages. Cest pourquoi, trs tt, le projet ouvert une cantine scolaire. En 1992, lAVN a cr la premire maternelle, devenue, par la suite, la case des tout-petits. En 2008, le primier collge de Ndem a vu le jour. Il facilitera davantage lduaction des jeunes. Avant, les lves partaient Bambey, Dioubel, ou ailleurs afin de poursuivre leurs tudes moyennes secoindaires. Pour linstant, lAVN travaille sur un projet douverture dun centre de formation dnomm Centre Cheikh Ibrahima Fall. Il offrira une formation professionnelle de qualit aux jeunes. Sa particularit, sera quil comprendra galement, ce niveau de formation, des modules denseignement religeiux. En cela, rien dtonnant, pour un village spirituel....CAMPUSBI n 02 Mai - Juin 2011- 15

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lpoque, par un de mes amis, le clbre Tarek Ramdane. Ensuite, il y a eu la construction dun poste de sant avec laide du ministre de la Sant parce que nous avions les plans et lappui du mdecin-chef de Diourbel. Cest donc en 1989 que la premire cole primaire de Ndem est sortie de terre. Aujourdhui, elle accueille des enfants de Ndem et des villages environnants. Pour son fonctionnement, Serigne Babacar confie que pendant cinq ans, ctait grce au bnvolat. Certains de mes amis sngalais qui taient venus me soutenir. Nous navions quune seule classe ; puis nous en avons ouvert deux, trois, ensuite quatre, etc. Et a progress comme a pdagogiquement. Bien sr, ce ntait pas lidal, mais ils faisaient tout ce

RESSOURCES ENERGETIQUES

Le rgne du bio-terre

Atelier Bio Terre

Les mnages, Ndem, n'utilisent ni lectricit, ni gaz, ni bois de chauffe, pour la cuisine. Ils ont trouv une parade la dforestation et ont rgl, leur manire la question. La recette ? L'emploi d'un nouveau combustible base de produits locaux.fin de lutter contre la dforestation et doffrir un combustible moins cher que le gaz ou le charbon, lunit de production de boulets bioterre sest dveloppe. Compos dun mlange de coques darachide et dargile des marigots locaux, le bioterre est utilis Ndem par toutes les cuisines des collectivits (cantine scolaire, crmonies familiales, boulangerie, etc.) A la fois cologique et nergiquement rentable, le combustible bio-terre, est efficace et permet de rduire la dforestation. Cest un exemple crdible de lutilit de la coopration internationale. Ce projet est n de la volont des acteurs locaux et de celle des partenaires internationaux. Ici, il sagit de la Wallonie- Bruxelles (Belgique). Serigne Babacar raconte : On avait un ami, Pierre Hazette, qui tait le dlgu gnral de la Wallonie-Bruxelles au Sngal. Quand il est venu ici, il a t trs touch par ce quil y avait trouv. Alors, il nous a suggr daller Ross-Bethio (dpartement de Dagana, rgion de Saint Louis) voir une exprience qui y tait en cours. Elle tait mene par des Belges, en collaboration avec quelques ingnieurs sngalais. Ctait sur un combustible base de paille de riz et dargile. L-bas, nous avons vu quils exprimentaient unCAMPUSBI n 02 Mai - Juin 2011- 16

combustible trs cologique avec un sous-produit du riz : la paille de riz. Ce sont des experts de linstitut de Gembloux qui faisaient cette exprience avec dautres Sngalais. Au retour, poursuit Serigne Babacar, nous savions que nous navions pas de paille de riz, car nous sommes dans le Bassin arachidier. Nous avons donc pens aux coques darachide. Nous les avions utilises comme matire de substitution pour commencer exprimenter, justement, ce nouveau combustible. On sait, a priori, que toute matire vgtale est un combustible, lherbe, la paille, les feuilles darbre, etc. La coque darachide a certaines proprits. Peu aprs, nous avons fait lexprience. Quand nous avons allum le combustible, nous avons eu des rsultats trs satisfaisants. Ainsi, nous avons pris contact avec les amis belges qui nous avaient mis en rapport avec les experts qui taient Ross-Bethio. A leur arrive, ces invits ont eu droit une sance de dmonstration. Le fondateur de lAVN relate la suite : Nous avons allum le combustible. Nous avons fait la cuisine avec. Ils taient trs impressionns et tellement satisfaits, dautant que ctait leur ide. Ils ont tout de suite financ la ralisation de cette unit de production que vous avez visite, hier. Ils ont financ et install toutes les machines. En plus, ce sont eux qui ont construit ce local et nous ont donn un fonds de roulement pour essayer de travailler sur ce projet. Quelques mois aprs, ctait linauguration, avec la dlgation venue de Wallonie- Bruxelles, lambassade de Belgique. Lee maire de Bambey tait, lui aussi, venu. A lpoque ctait Pape Diouf. Ctait le 10 juillet 2007 . A Ndem et environs, cest ce combustible qui est utilis partout, dans les foyers. Il fait galement fonctionner la boulangerie du village.

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DISTINCTION

Un linguiste sngalais prim aux Etats-UnisSes travaux sur l'Ajami, systme d'criture driv de l'arabe, ont valu au Pr Fallou Ngom d'tre distingu par la prestigieuse Fondation Guggenheim.Habibou DIA (Avec bonjourlafrique.com)

a fondation John Simon Guggenheim Memorial base New York City a publi, dans la semaine du 18 avril, la liste de ses prestigieux Guggenheim 2011 Fellows pour les USA et le Canada. Les laurats de cette anne comptent parmi eux un professeur amricain dorigine sngalaise : le Pr Fallou Ngom. Ses recherches approfondies portent sur les littratures africaines dites ajami, en gnral, et sur lajami wolof communment appel wolofal, en particulier. Lajami est un systme dcriture multisculaire driv de larabe classique. Luniversitaire sngalais y a travaill, de mme que sur lafricanisation de lIslam en Afrique au sud du Sahara en gnral et en Sngambie en particulier. Le prix de la Fondation John Simon Guggenheim Mmorial de New York est une bourse offerte des artistes, scientifiques ou universitaires. Le spectre des domaines reprsents est extrmement large : il inclut par exemple la mdecine, la danse, la gomtrie, les sciences politiques ou le cinma. Le prix encourage donc linnovation, la recherche et la cration sous toutes ses formes. Selon le linguiste sngalais, ce prix va lui permettre de finaliser ses recherches qui visent mettre jour les perspectives mourides sur des sujets religieux mais aussi laques, relevant de la vie de tous les jours. Ces perspectives endognes nont pas t souvent prises en compte dans les travaux acadmiques concernant le monde islamique en Afrique publis dans les langues europennes et en arabe.

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regards sur les raisons culturelles, spirituelles, pdagogiques, historiques et politiques qui expliquent le dveloppement de lajami chez les mourides. Elles aideront galement ouvrir une nouvelle fentre sur le pass () permettant de mieux comprendre la manire dont lIslam sest rpandu mais a aussi t africanis dans la Sngambie. Cet ouvrage proposera, en outre, un modle de recherche, danalyse et de traitement applicable toutes les langues africaines tradition ajami telles que loromo, le somali, le tigrigna, le swahili, lamharique, le malagasy en Afrique de lEst, le mandingue/bambara/dioula et les autres langues apparentes, le kanuri, le yoruba, le berbre, le haoussa, le wolof, et les diverses variances du pulaar en Afrique de lOuest. Les manuscrits en ajami devront dornavant tre traits comme une ressource importante dans ltude de lIslam en Afrique, de lhistoire africaine, ainsi que des socits et cultures dAfrique . Selon le Pr Ngom, en Afrique islamise, loralit et lcrit ont t imbriqus depuis des sicles. Une telle approche devra corriger la croyance gnralise qui limite le patrimoine historique africain loralit. Il est le seul africain dorigine parmi les rcipiendaires.

Valorisation des langues nationalesUn autre projet qui lui tient cur permettra de crer des manuels dtudes des langues africaines ayant lajami en partage, facilitant ainsi leur intgration dans lenseignement moderne et dans les technologies de linformation et de la communication. A terme, mme des informations importantes concernant la sant publique, lagriculture et dautres domaines, destines aux populations rurales pourraient tre diffuses en ajami,

Un livre sous pressesLes conclusions des travaux de recherche du Pr Ngom seront publies dans un livre qui portera de nouveaux

au moins dans les zones utilisant ce systme dcriture, de la Sngambie la Corne de lAfrique. Les rsidents de ces localits pourraient ainsi plus facilement lire et comprendre les propos les concernant ou tenus leur endroit. Les informations jusquici souvent publies en langues trangres sont largement inaccessibles aux populations locales. Le Pr Ngom est un ancien lve du lyce Djignabo de Ziguinchor. Il a obtenu sa matrise luniversit Gaston Berger de Saint-Louis, avant de senvoler pour les tats-Unis pour le reste de sa formation acadmique, y compris le doctorat. Actuellement, il est matre de Confrences en Anthropologie linguistique et directeur du Programme des Langues africaines au Centre des tudes africaines Boston University. Quant la John Simon Guggenheim Memorial Foundation, elle a t porte sur les fonts-baptismaux en 1925 par John Simon Guggenheim et son pouse, en mmoire de leur fils dcd le 26 avril 1922. Ses prix sont attribus des professionnels qui ont dmontr leur capacit exceptionnelle par la publication dun important corpus de travaux dans les domaines des sciences naturelles, des sciences sociales, des sciences humaines et des arts cratifs, lexclusion des arts de la scne. La Fondation slectionne ses boursiers par le biais de deux concours distincts, un pour les tats-Unis et le Canada, lautre pour lAmrique latine et les Carabes. Les concurrents soumettent leurs demandes lun des deux comits de slection, composs chacun denviron six minents savants ou artistes. En 2004, la Fondation a octroy 185 bourses aux tats-Unis et au Canada, pour un total de 6.912.000 dollars (en moyenne, une subvention de 37 362 dollars).CAMPUSBI n 02 Mai - Juin 2011- 17

ENTRETIEN AVEC

LE PR ALIOUNE SALL (UCAD)

L'UA a manqu de clairvoyance sur la crise ivoiriennePropos recueillis par Habibou Dia

Quatre mois de crise. Puis il y a eu l'offensive-claire des forces fidles au prsident lu Alassane Dramane Ouattara. Mais ce sont surtout les frappes ariennes de la Force franaise Licorne et celles de l'Onuci qui ont t dcisives. Certains observateurs ainsi que des Africains s'interrogent encore sur la lgitimit de ces interventions trangres. Dans cette interview, le chef du dpartement de Droit public de l'Ucad, pour sa part, s'appuie sur les textes de l'ONU pour apporter un clairage sur cette question.

En vertu des rsolutions 1973 et 1975, lOtan a procd des frappes en Libye, et la force Licorne a aid au renversement de Gbagbo. Que renferment ces rsolutions pour permettre de telles oprations ? Ces rsolutions renferment une notion qui conditionne laction du Conseil de Scurit partout dans le monde. Cest la notion de menaces la paix et la scurit internationales. Laction de ce gendarme du monde est conditionne par lexistence dune menace relle et pas potentielle. Le Conseil de Scurit, dans sa pratique, tablit cette distinction dune menace relle portant sur la paix et la scurit internationales. On a donc estim, pour ces deux cas, quil y avait une menace relle.

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Pourquoi des situations, apparemment nationales, peuventelles tre rattaches linternational ? Comment un conflit postlectoral et une rbellion peuvent-ils tre qualifis de menaces la paix et la scurit internationales ? -Depuis un certain nombre dannes, la pratique du Conseil de Scurit soriente vers une sorte de rduction du domaine de comptence nationale des tats. Cest--dire une rduction du principe de non ingrence dans les affaires intrieures. Et, aujourdhui, il y a un acquis dans les relations internationales : tout ce qui concerne les droits de lHomme, au sens propre, sest internationalis. La communaut internationale, que ce soit lONU ou une autre organisation internationale, a le droit de se pencher sur des situations concernant le traitement inflig des Hommes par un tat, y compris ses propres citoyens. Et donc, cest un domaine qui sest drob, en quelque sorte, la comptence des tats et qui sest internationalis, dans les annes 1990. En Libye cest lOtan qui sest charge, en dfinitive, de lintervention militaire. Mais en Cte dIvoire, cest surtout la Force Licorne qui tait au premier plan. LOnuci ne pouvait-elle pas se charger de lexcution de la rsolution des Nations Unies ? Au nom de quoi les troupes franaises ont pu aider larrestation dun prsident dchu ? Il faut savoir que la France nest pas intervenue de sa propre initiative. Avant le renversement du prsident Gbagbo, il y avait un certain nombre de rsolutions qui plaaient la Force Licorne sous le mandat des Nations Unies. De plus, il y avait une prsence franaise autonome rsultant daccords bilatraux entre la France et la Cte dIvoire. Ainsi, dune part les forces franaises ont eu effectuer des tches dvacuation de ressortissants franais rsidant en Cte dIvoire. De lautre, elles sont intervenues en vertu du mandat reu des Nations Unies. Leur action sest jointe celle de lOnuci, la demande du secrtaire gnral Ban Ki Moon. Donc, le parapluie de lONU tait prsent. On ne peut, alors, dire que la France est intervenue de sa propre initiative, abstraction faite dun mandat international. Justement, selon vous, quel sort sera rserv au prsident Laurent Gbagbo ? Sera t-il jug par une juridiction internationale ou en Cte divoire ? tant donn quil est accus de crimes contre lHumanit ? Le prsident Ouattara a indiqu, dans un discours rcent, quune procdure judiciaire serait effectivement engage contre lui. La question est de savoir si ce sera une procdure nationale ou internationale. En dautres termes, le sera-t-il par les tribunaux ivoiriens ou par la Cour pnale internationale ? Il faut savoir que le jugement, par la CPI, requiert lexistence dincriminations prcises. Elle nest pas comptente pour tout. Elle lest pour les crimes de guerre, les crimes de gnocide, les crimes contre lHumanit et les crimes dagression. Il faudra bien insrer les agissements des partisans de Laurent

Gbagbo dans lune de ces catgories pnales. Le deuxime lment prendre en compte, cest que la comptence de la CPI est subsidiaire. En principe, ce sont les tats et les juridictions de ces derniers, partir du moment o elles fonctionnent normalement, qui ont vocation juger ces affaires. La juridiction de la Cour ne simpose pas doffice. Troisimement, en dpit de cette deuxime affirmation, il faut rappeler quun procs national pourrait raviver les plaies et paratre, dans les conditions actuelles, comme une justice du vainqueur. Par consquent, relever dune sorte dopration de vindicte. Donc, il y a tous ces paramtres prendre en compte avant de dcider qui se prononcera sur les agissements du prsident Gbagbo. Pour la Cte dIvoire, la CEDEAO avait prconis une intervention militaire. LUA, elle, avait propos des solutions politiques. Les troupes de la CEDEAO ne sont pas intervenues ; la solution politique de lUA na pas t, non plus, retenue. Par ailleurs, malgr lopposition de lUA, lOtan a procd des frappes en Libye. Comment analysez- vous cette situation ? Les organisations internationales africaines sont- elles crdibles ? Il faut savoir que pour une intervention militaire, cest le Conseil de Scurit qui donne son accord. LUA, parce quelle est une organisation africaine, na pas le droit dexiger de donner son aval des oprations qui se droulent en Afrique. Car elle na pas la mme vocation que le Conseil de Scurit. Ce nest pas dans son mandat, ni dans son trait constitutif. Donc, le gendarme du monde, cest bien le Conseil de Scurit et non lUA. Vous parlez dinitiatives qui ont t prises par lUA dans le cas des deux crises, et qui nont pas abouti On voit bien, en tout cas pour ce qui concerne la Cte dIvoire, que lintervention de lUA a t nulle dans le processus qui a dbouch sur un dnouement de la crise. Cela pose un problme pour lUA, dautant plus que, sur cette question, elle ntait pas sur la mme longueur donde que la CEDEAO qui prconisait plutt une solution militaire, alors que lUA demandait une solution politique. Or, le dnouement de cette crise a t militaire et non politique. Cela pose un problme de clairvoyance de lUA. La crise ivoirienne devrait tre, au moins pour lUA, loccasion de se poser des questions. *Le Pr Alioune Salle est agrg de Droit public et de Sciences politiques, chef du dpartement de Droit public lUCAD, Il est galement avocat-conseil devant la Cour internationale de Justice de la Haye et des cours de Justice de la CEDEAO et de lUEMOA. Cest lauteur de plusieurs articles scientifiques ainsi que de trois ouvrages : Les Mutations de lintgration des tats en Afrique de lOuest (Lharmattan 2006). La Justice de lintgration. Rflexion sur les institutions judiciaires de la CEDEAO et de lUEMOA (Credila 2011). LAffaire Hissne Habr (A paratre en 2011).

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ZOOM SUR

BOULY GALISSA, COORDONNATEUR DU COLLECTIF DE LA FLSH

Lavenir de la jeunesse se trouve en Afrique et non ailleursPropos recueillis par DAOUDA SOW

Lamicale des tudiants de la Facult des Lettres et des Sciences humaines (FLSH) nexiste plus depuis 2008. Elle a t suspendue, cette anne-l, cause des violences qui y avaient t notes. A la place, les tudiants ont mis sur pied un collectif. Dans cet entretien, le coordonnateur de cette structure, Bouly Galissa, en parle. Il voque aussi le sens son combat et ses autres activits.e club Campus Bi sest fix comme objectif lexcellence et la citoyennet. En tant que jeune et tudiant, comment percevez-vous cet objectif que nous nous sommes fix ? Je flicite dabord les initiateurs de Campus Bi qui ont eu la maturit de mettre sur pied un tel club. Jespre que ce ne sera pas un magazine de trop, mais un magazine de plus. Lexcellence et la citoyennet sont les bienvenues, en tant quobjectifs, parce que lexcellence est ce qui fait la diffrence entre les pays qui sont en comptition sur le plan international. Elle doit tre un idal atteindre, un combat de tous les jours et de tous. La citoyennet, elle, ncessite lamour de sa patrie ; et dans toute chose, il faut mettre au devant la nation. Car la volont de cette dernire doit tre celle du citoyen. Celui-ci ne peut pas tre hors ou devant la nation. Il ne peut que se soumettre sa volont. Cest la raison pour laquelle des gens se sont donn corps et me, au risque mme de perdre leur vie pour leur nation. Cest ainsi que,

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dans ce souci de responsabilit et de comptitivit, des hommes et des femmes militent pour lexcellence qui ne peut, mon avis, merger sans la citoyennet. Et quand on est excellent et citoyen, on ne peut que servir sa nation. Do vient le surnom de Lumumba que vous portez, et quest-ce qui explique votre engagement dans la lutte pour la restauration de lamicale de la Facult des Lettres et Sciences humaines ? Lumumba ? Si je me rappelle bien, ctait lors dune assemble gnrale, lanne dernire, devant la direction du Centre des uvres universitaires de Dakar (Coud) Il tait question de la restauration de lamicale de la FLSH. Ce jour-l, si je me souviens bien, nous avions tenu trois sances : lune devant le rectorat, la deuxime devant la direction du Coud et la troisime devant les bureaux de la scolarit de la FLSH. Et cest lors de celle-ci quun tudiant du nom de Youssouph Samb, me voyant apparaitre, a scand le nom de Lumumba. Ensuite

toute la foule a rpt en chur : Lumumba ! Depuis ce jour, les gens prfrent mappeler ainsi, dautant que beaucoup dentre eux ne connaissent pas mon vritable nom quest Bouly Galissa. Pour mon engagement pour la restauration de lamicale de la FLSH, il faut souligner que je suis un fervent militant des droits humains. Par rapport la modeste exprience acquise de mes tudes, le droit est fondamental, tel point quil a t lorigine de la Socit des Nations (SDN) et de lOrganisation des Nations Unies (ONU), ainsi que de la Dclaration universelle des droits de lHomme. Mais il est tellement important que des institutions comme la Cour pnale internationale et des organisations comme Amnesty International ont t mises en place pour dfendre ces droitsl. Cest un acquis. Alors, lamicale fait partie de ces institutions. Mme si les gens ne le comprennent pas, cest une institution garantie par un dcret prsidentiel. Et durant toute la priode pendant laquelle lamicale a t dissoute,

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les nouveaux bacheliers qui arrivaient taient sans assistance. On a cr ensuite des coles doctorales manquant de laboratoires et des masters vides de contenu. Pendant ce temps-l aussi, les inscriptions avaient augment, le quota des bourses tatiques accordes la Fac des Lettres avait connu une baisse. Les attestations et relevs de notes ntaient dlivrs quau mois dAvril. Cela portait prjudice aux tudiants titulaires dune prinscription. Tous ces problmes sont survenus cause du manque de concertation entre les tudiants et ladministration. Ce pont de liaison devait tre restaur pour la dfense de nos intrts (tudiants FLSH). Cest ce qui a motiv notre engagement dans cette lutte pour ainsi faire revenir lamicale de la FLSH dans le concert des amicales. Quelles analyses faites-vous des violences rcurrentes au campus ? Quelles solutions proposer pour touver cela ? Dabord, sur le plan administratif, il y a un dphasage entre le ministre de lEnseignement suprieur et les reprsentants du gouvernement luniversit. Il faut ainsi une analyse deux niveaux : sur le plan structurel et sur le management de linstitution universitaire. Au niveau structurel, luniversit accueille, chaque anne, une plthore de bacheliers qui ne trouvent pas sur place les infrastructures ncessaires pour leur accueil - autant pdagogiques que sociales. Mme lintrieur des restaurants, il faut des fois attendre plus de 15 mn pour avoir une place pour manger. Cela pose srieusement problme. Sur le plan du management, les autorits responsables de luniversit doivent, par moralit ou par souci de transparence, ne pas appartenir un parti politique : ils doivent tre quidistance des obdiences politiques. Il est aussi ncessaire de souligner le rle jou par les tudiants. Cest que je narrive pas comprendre que quelquun qui est appel tre un futur leader puisse prner la violence comme seul moyen darriver ses fins. L, je pense quil nya aucune rflexion dans les actes que posent les tudiants. Pour radiquer ce flau, il nous appartient, nous qui sommes dans les mouvements de revendications, de crer une alternative qui ne sera rien dautre que la non-violence. Cest ce combat que mne le collectif de la FLSH en sinspirant dun homme comme le Mahatma Gandhi qui a toujours prn la nonviolence. Et la philosophie qui nous anime est celle de largumentaire, cest-dire faire valoir la force de largument et non largument de la force, car les violents nont pas leur place luniversit. Nous appelons ainsi tous les tudiants la rflexion, bref lusage de la raison. Donc, pour reprendre le juge Kba Mbaye, chacun doit faire de son

comportement une conduite morale qui sera rige en maxime universelle. Vous tes membre dun autre mouvement de jeunes qui lutte pour le retour de la paix en Casamance. Pouvez-vous nous en parler ? A loccasion de mon second voyage ltranger, nous avons beaucoup parl de dignit humaine, de paix, de tolrance et de pardon. A mon retour, jai rencontr des jeunes qui avaient conceptualis un mouvement appel Mouvement des Jeunes pour la Paix en Casamance (MJPC). Nous lui avons trouv un contenu. Nous venons de terminer la rdaction du manifeste de ce mouvement. Nous allons bientt organiser une journe portes-ouvertes pour le faire connaitre aux tudiants. Dabord, nous voulons faire de ce retour de la paix en Casamance notre sacerdoce, en faire un dbat quotidien, mais aussi une urgence pour lensemble des pays frontaliers concerns par ce conflit, en loccurrence la Gambie et la GuineBissau. Dans notre mouvement, vous retrouverez toutes ces trois nationalits : sngalaise, gambienne, bissauguinenne. Ensemble, nous rflchissons pour faire de ce conflit un mauvais souvenir et lutter pour un retour dfinitif de la paix dans cette rgion sud du Sngal. Car cela fait prs de 29 ans que lon vit en Casamance une situation de ni guerre, ni paix qui a fait avorter llan de dveloppement de cette rgion du Sngal. Nous voulons que lEtat et le Mouvement des forces dmocratiques de la Casamance (MFDC) trouvent enfin une solution dfinitive. Nous aspirons faire de ce conflit un pass inscrit dans les pages sombres de notre histoire. Enfin, nous souhaitons nous dire bientt : Nous lavons connu mais nous ne voulons plus connaitre la guerre. En tant qutudiant syndicaliste, vous avez eu effectuer des voyages ltranger. Ditesnous comment cela sest pass, dautant que beaucoup de jeunes, votre place, ne seraient pas rentrs au bercail. Tout au long de ma vie, un principe ma toujours anim : savoir qui lon est et croire en soi. Csaire disait que lidentit est importante. Qui es-tu ? Qui sommesnous ? Cest vrai que jai eu effectuer deux voyages ltranger : le premier en Turquie, le second en Norvge. Le premier avait t organis par le World yourth congress (WYC), Istanbul, du 22 Juillet au 22 Aout 2010. Il avait runi plus de 1 000 jeunes qui combattent pour le respect des droits de lHomme et des tudiants. Le second runissait aussi de jeunes syndicalistes. Il avait eu lieu du 4 Fvrier au 4 Mars 2011. Je disposais dun visa Shenguen qui me permettait de circuler dans 27 Etats de lespace Shenguen. L, javais la possibilit de mclipser. Je ne lai pas fait parce que, comme jai coutume de le dire, le

Sngal est mon berceau et lAfrique, ma raison dtre . Car mon rve, mon objectif, cest de voir un jour la jeunesse sngalaise et africaine, dans le sens large du terme, porter haut le flambeau. Je ne suis pas de ces gens qui peuvent tre des clandestins car la clandestinit nous emprisonne et nous prive dune facult fondamentale : la rflexion. Quand on est dans cette condition, on est priv de libert et on ne vit pas avec tranquillit. On dit habituellement quun homme qui a peur vit moiti. Cest pour cela que je me devais de revenir au pays, sinon ce serait memprisonner et trahir toute une gnration. La jeunesse africaine doit savoir que tout passe par lducation. Elle se doit dtre instruite pour faire de lAfrique sa principale priorit pour quelle puisse rayonner lavenir comme tous les autres continents qui ont aussi eu[dbut signet RTF:}_GoBack[fin signet RTF:}_GoBack connaitre une poque sombre dans leur histoire. Elle doit croire en cette Afrique, tre patriote, savoir que la seule issue, pour elle, cest lAfrique et nul autre continent.

Une me de combattant

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l fait ses tudes primaires Kolda, mais Thiarra, 45 km de l, est le village o voit le jour le 7 mars 1981. Cest Dakar quil fait ensuite la classe de cm2. En 2007, son pre est rappel Dieu. En Septembre 2009, sa mre, elle aussi, est arrache son affection. En 2001, Galissa obtient le Brevet de fin dtudes moyenne (BFEM) au Groupe scolaire Amadou Timbo Barry, un collge colge priv de Gudiawaye qui a ferm ses portes. Ses tudes secondaires, il les effectue au lyce Maurice Delafosse, de 2002 2004. Mais il choue au baccalaurat. Il reprend la classe de terminale au Carillon Limamoulaye (PikineGudiawaye) et russit au bac (2005). Lanne suivante, cest lentre lUcad, en 1e anne dHistoire la fLSH. Il porte dans son me la ferveur du militant engag dans la lutte pour la cause des collgiens et lycens. Rien dtonnant donc, sil se montre actif au sein de lamicale de la FLSH. Elle est suspendue en 2008. En licence dhistoire, cette anne, Bouily Galissa ne renonce nullement laction syndicale estudiantine. Il dirige actuellement le Collectif des tudiants de cette Facult.

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SANTE

Le don de sang est un acte simple !

Qui peut sauver des viesFrancis Flix SAGNA Etudiant en 5ime anne Pharmacie

La banque de sang peine couvrir les besoins du pays. Et pourtant, si tous tendaient priodiquement le bras, devant le personnel du Centre de transfusion sanguine, et le laissaient prlever un peu de leur sang, plus de patients dans les hpitaux et maternits seraient sauvs.ls ne veulent pas laisser aux autres le monopole du cur : grands donneurs bnvoles, militaires des casernes, dtenus des prisons, personnel des entreprises, etc. Les mouvements associatifs organisent priodiquement, eux aussi, des sances de don de sang. Mais les rsultats sont parfois maigres, les stocks accusent, par moments, des baisses inquitantes. Le constat est vite tabli : les donneurs ne se bousculent pas souvent au portillon du Centre national de transfusion sanguine (CNTS), avenue Cheikh Anta Diop. Il faudrait tous les jours plus de jeunes, de femmes et dhommes, acceptant de doffrir quelques gouttes de leur sang afin de sauver des vies. La demande est suprieure loffre. Cest mme lavis de Moussa Ndour, tudiant en Pharmacie et interne des hpitaux. Il travaille au CNTS. Il relve que la banque de sang est insuffisante, alors que les cas qui ncessitent un apport de sang sont frquents en milieu hospitalier : accouchement, hmorragie intense, anmie svre Michel, en 6e anne de Mdecine prcise quil peut sagir une femme en travail et perdant beaucoup de sang, ou dune blessure occasionnant une perte norme de ce liquide vital. Mais tout le monde ne mesure pas cette importance que le don de sang reprsente. Fatou, tudiante en Banque-Finance lEcole suprieure polytechnique, ne le voit pas sous cet angle. Pour elle et pour bien dautres gens, cet acte prsente des risques tels que laCAMPUSBI n 02 Mai - Juin 2011- 24

contamination, la perte de sang en donnant. De fausses ides, bien sr. Du reste, M. Ndour fait remarquer, pour clarifier, que les conditions de travail sont sres, au CNTS, et garantissent la protection du donneur. Il y a une scurit transfusionnelle, assure-t-il, qui est base sur un protocole bien dfini. Avant tout prlvement, la personne est reue successivement par un mdecin et un assistant social. On prend le soin de vrifier son poids, sa tension artrielle, et sil na pas des antcdents de maladies. On ne fait de prlvement que sur les individus en parfait tat de sant. En outre, le personnel qui intervient est certifi apte prlever travers un document dlivr par le CNTS. Certes, certains sont domins la peur ; celle de la douleur, ou de dcouvrir quil sont sujets une maladie. Mais il nen est rien. Modou, un autre tudiants de lUcad, craint que la quantit de sang prleve soit trop leve. Sur ce point encore, M. Ndour indique que que cela varie de 350 400ml, ce qui ne reprsente quun cinquime du volume sanguin total, chez ladulte, qui est de 5 6 litres. Dailleurs, cest pour compenser cette perte que lon remet au donneur un repas (sandwich et boisson) aprs chaque prise. Une fois les poches de sang collectes, elles sont achemines vers le centre ou elles subissent un certain nombre danalyses. Puis, elles sont identifies. La conservation se fait temprature adquate dans la banque de sang. La transfusion se fait sur ordonnance mdicale aux nombreux patients qui sont dans les hpitaux. Quelquun qui a dj donn doit rester au minimum trois mois avant de refaire ce geste qui sauve. Les universits et autres coles et instituent constituent un cadre idal pour la mobilisation de donneurs potentiels. Cest parce que la population est constitue, pour lessentiel, de jeunes.

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LINVIT DU MOIS

CELLOU DALLEIN DIALLO, OPPOSANT GUINEEN

Le problme de la dmocratisation, en Afrique, cest celui de lindpendance et de la crdibilit des institutions.Par Awa Cheikh Faye et Habibou Dia

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l a encore le cur gros, cinq mois aprs la victoire de son adversaire, Alpha Cond, au second tour de la prsidentielle guinenne. Il met en cause l'utilisation de l'arme ethnique dans la course. Il clame son attachement aux valeurs dmocratiques et l'unit de son pays. Les souvenirs du massacre et des viols du 28 septembre 2010 hantent toujours son esprit. Il a rcemment effectu une tourne en Occident et dans certains pays africains, pour remercier ceux qui avaient vot pour lui. Il a fait un sjour Dakar, pour les mmes raisons. Il n'a pas renonc lutter pour une Guine rconcilie avec ses enfants et avec ellemme. Tout cela, Cellou Dallein Diallo l'a confi Campus-Bi.

Quel message que tes-vous venu porter vos compatriotes et vos militants Dakar ? Comme vous le savez, la communaut guinenne, au Sngal, a vot plus de 90 %pour moi, pendant l lection prsidentielle. Je me devais, lissue de cette lection, de venir la remercier et lencourager et, surtout, lui expliquer pourquoi jai dcid daccepter le verdict de la Cour suprme de mon pays. Ma mission ne sarrtait pas au Sngal. Je suis all en Gambie, en Guine-Bissau, au Mali, au Burkina Faso, en France. Partout, jai dlivr le mme message. Ctait dabord de remercier mes compatriotes de ltranger qui ont vot, tous pays confondus, hauteur de 77 %, pour le candidat Cellou Dalein Diallo. Jtais trs fier de leur vote, dans la mesure o il y a dans cette communaut beaucoup dintellectuels et de cadres qui ont vot par conviction et non par dmagogie ; qui ont vot le projet de socit dont jtais porteur. Et, malgr tout ce qui a t dit, Paris, aux USA, en Angleterre, en Belgique, il y a beaucoup dintellectuels guinens qui ont vot massivement pour

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moi. Jtais trs fier. Donc, il est normal de venir leur exprimer ma gratitude et ensuite leur demander de ne pas tomber dans le pige du tribalisme. La Guine doit rester une et indivisible. Il est vrai que mes adversaires ont parfois utilis la haine et la violence ethniques comme armes de campagne. Mais lUnion des forces dmocratiques de Guine (UFDG) doit rester fidle ses valeurs. Censurer le tribalisme, le rgionalisme et lethnocentrisme comme instruments de campagne dans la gestion des Etats. Parce que nos Etats sont trs fragiles. Vous voyez ce qui se passe partout. Je pense que nous sommes une poque o nous devons moderniser nos mentalits. Juger les hommes partir de leurs caractres, leurs valeurs, leur conviction, et non travers les ethnies auxquelles ils appartiennent. Voil le message que je suis venu dlivrer. Et je leur ai demand de rester mobiliss et vigilants pour que les acquis dmocratiques ne soient pas dvoys en Guine. Et, si ncessaire, nous mnerons la lutte pour protger les acquis, et pour linstallation de la dmocratie et de lEtat de droit. Pourquoi les juridictions nont pas tranch en votre faveur, vu les fraudes observes pendant les lections ? Pourquoi le mutisme de la communaut internationale, de la CEDEAO ? Le problme de la dmocratisation, en Afrique, cest celui de lindpendance et de la crdibilit des institutions. Donc, ce sont la Ceni (Commission lectorale nationale indpendante), la Cour suprme, la justice, de faon gnrale. Nos institutions sont trs vulnrables. Elles sont souvent influenables pour des raisons multiples. Elles sont parfois corruptibles. Parfois elles prennent des dcisions en fonction des intrts particuliers dune ethnie ou dune rgion. Elles dcident en fonction, par exemple, de directives politiques quelles

peuvent recevoir. Tant que lindpendance de la Ceni et autres institutions judiciaires ne sera pas garantie, il y a des risques normes que la dmocratie soit dvoye. Vous avez vu ce qui se passe en Cte divoire. La Ceni dclare

En 2015, je serais plus vigilant, si je suis candidat

crdits de 43 % des suffrages exprims. Nous voulions que dans cette dynamique, le second tour soit organis. Mais mon adversaire na pas voulu. Et il a eu des soutiens pour que le second tour ne soit pas organis immdiatement. S bien quil nait eu lieu que le mois suivant. La Communaut internationale tait presse parce quil y avait la transition. Elle estimait quil y avait suffisamment de risques. On a cherch faire rentrer larme dans les casernes, sacrifier les rgles et principes dmocratiques. Cest ce qui sest pass. Si bien quelle na pas pu dnoncer ou soutenir les dnonciations quon a faites par rapport a la qualit du scrutin. Voulez vous voquer les vnements du 28 septembre ? -Ce que nous dplorons le plus, cest que, malgr tous ces sacrifices, malgr tout ce combat, la dmocratie nest pas encore au rendez-vous ; encore moins lEtat de Droit ou la bonne gouvernance. Ce sont les valeurs pour lesquelles nous nous sommes battus. Le 28 septembre, il y a eu 155 morts au stade, en moins de deux heures. Ces jeunes, ces femmes ont donn leurs vies pour lavnement de la dmocratie. En vain. Il faut rappeler quen janvier- fvrier dj, nous avons perdu 150 de nos compatriotes qui luttaient pour une socit plus juste. Le 28 septembre, jtais au stade. On ma cass quatre ctes. Jai pu tre vacu de Conakry grce aux bons offices du prsident Wade qui a pass toute une nuit ngocier avec Moussa Dadis Camara pour que je sorte de la Guine. Le capitaine Dadis avait, en effet, refus de me laisser partir de la Guine bien quil ft au courant que ma vie tait en danger parce que jtais grivement bless. Je vois encore des femmes tomber sous les balles des militaires. Je vois encore, pour la premire fois de ma vie, midi, en plein jour, des militaires en train de violer une

quelque chose, la Cour suprme en dclare une autre. Parce quune des deux institutions a subi des pressions qui ont conduit cette dcision. Parce que les deux ne peuvent pas avoir raison. Chez nous aussi, on a dplor le fait quon ait mis en vidence des fraudes massives, tous les niveaux, avec des preuves irrfutables. Naturellement, la Cour suprme na pas dni examiner nos rclamations, si bien quelle a confirm sans aucune modification des rsultats provisoires proclams par la Ceni. Pour les observateurs de la communaut internationale, la transition en Guine avait beaucoup dur ! Au-del du temps prvu, en raison du dlai quon a dabord pris entre les deux tours, contre notre volont. A lissue du premier tour, nous avons t

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femme sous mes yeux, juste avant que je perde connaissance. Voil les souvenirs atroces que jai de cette journe. Et la douleur physique que jai ressentie, ce jour-l nest rien, compare ces familles dorphelins. Sur les 150 victimes, 145 taient de mon parti. Donc, cest une perte norme. Et ce que je dplore, ce nest pas le sacrifice mais le fait que les valeurs pour lesquelles ces gens sont tombs ne sont pas encore au rendez-vous en Guine. Des actions ont-elles t menes dans le sens didentifier les auteurs de ces crimes, en vue de les traduire en justice? Aucun de ceux qui ont viol, tu, assassin, na t poursuivi. Personne na t interpell devant un tr