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Edito 3 « S o Bassin », un nouveau magazine qui parle du bassin d’Arcachon. Ce magazine, tellement Bassin, n’est pas le premier du genre, il ne sera peut-être pas le dernier. Sauf que celui-ci a été entièrement écrit par les journalistes de La Dépêche du Bassin. L’idée germait depuis quelques années sans que nous osions franchir le pas. Cette fois, c’est fait. Et si nous l’avons fait, c’est parce que nous estimons que près de vingt ans après son lancement, La Dépêche du Bassin et son équipe rédactionnelle peuvent se vanter d’avoir une réelle connaissance du territoire qu’elle couvre chaque semaine. Nous osons donc prétendre que nous apportons un autre regard sur le Bassin pour les gens du Bassin et pour tous ceux qui l’apprécient. Et comme pour bien faire comprendre que le Bassin n’est pas tout à fait comme partout ailleurs, il nous a semblé naturel que de parler de la vie secrète de l’île aux oiseaux. Cette vie retirée presque cachée de ses habitants démontre ainsi combien les Bassineyres sont discrets tout en étant ouvert à ceux qui apprécient et respectent le Bassin. De superbes photos réalisées par un collectif de passionnés, de la gastronomie locale, de l’ostréiculture et de la pêche, un peu d’architecture, du patrimoine maritime avec des charpentiers traditionnels, la Dune, l’eau des Abatilles sont autant de sujets abordés. Et la liste de ces sujets est tellement longue que nous sommes déjà persuadés de vous donner rendez- vous l’an prochain pour un deuxième numéro. Bonne lecture et devenez ou restez « So Bassin ! » Philippe Delavaud Directeur de la publication Q uand on a commencé à parler du magazine autour de nous, certains nous on fait com- prendre qu’on était simplement « barjots » ! Et oui, sortir un 100 pages plein de papier, avec des feuilles à tourner à la seule force du doigt, en 2015, il paraît que c’est un truc complètement inconscient. Bon et bien nous sommes des inconscients ! Mais joyeux. Et même complètement sérieux. Surtout heureux ! Heureux qu’en un mois nous ayons pu faire le tour du plan d’eau et ramener de jolies histoires que vous serez des milliers à lire. Nous n’avons pas eu plus de temps mais nous avons mis toutes nos forces dedans ! Fabriqué à l’aide de six mains de journalistes et l’œil de deux photographes, ce premier « So Bassin » n’a finalement la prétention que de vous emmener à la découverte d’un pays qui regorge de belles histoires, de belles images. Pour tout dire, il nous aurait certainement fallu des milliers de pages supplémentaires. On va plutôt rester modeste, construire avec vous les récits de demain et vous dire déjà à l’an prochain. Régalez-vous ! Alexis Blad Rédacteur en chef Cogérants : Olivier Gerolami - Philippe Delavaud - Directeur de la publication : Philippe Delavaud - Rédacteur en chef : Alexis Blad Journalistes : Jean-Baptiste Lenne et Fabienne Amozigh - Photos : Objectif Bassin d’Arcachon Maquette et mise en page : Service technique Sud Ouest - Directrice de la publicité : Muriel Debouté - Publicité : Stéphane Carrière (05 57 52 75 75) Secrétariat : Patricia Droge Impression : Korus Impression - Eysines (33). Dépôt légal à parution - Commission paritaire : 0216C87576 - ISSN : en cours La rédaction n’est pas responsable des documents envoyés spontanément. Les indications de marques et adresses qui figurent dans les pages rédactionnelles sont libres de toute publicité et sont données à titre indicatif. Reproduction intégrale ou partielle de la présente publication interdite (loi du 11 mars 1957) sans autorisation de l’éditeur Hors série au journal La Dépêche du Bassin - Edité par SEPL, 23, Quai de Queyries, 33094 Bordeaux Cedex On se jette à l’eau ! SOBASSIN_PRINTEMPS_2015_P03_27 08/04/2015 20:00 Page1
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Sep 17, 2018

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Edito • 3

«So Bassin », un nouveau magazine qui parle du bassin d’Arcachon. Ce magazine, tellement Bassin, n’est pas le premier du genre, il ne

sera peut-être pas le dernier.Sauf que celui-ci a été entièrement écrit par les journalistes de La Dépêchedu Bassin. L’idée germait depuis quelques années sans que nous osionsfranchir le pas. Cette fois, c’est fait. Et si nous l’avons fait, c’est parce quenous estimons que près de vingt ans après son lancement, La Dépêche duBassin et son équipe rédactionnelle peuvent se vanter d’avoir une réelleconnaissance du territoire qu’elle couvre chaque semaine.Nous osons donc prétendre que nous apportons un autre regard sur leBassin pour les gens du Bassin et pour tous ceux qui l’apprécient.Et comme pour bien faire comprendre que le Bassin n’est pas tout à faitcomme partout ailleurs, il nous a semblé naturel que de parler de la viesecrète de l’île aux oiseaux. Cette vie retirée presque cachée de ses habitantsdémontre ainsi combien les Bassineyres sont discrets tout en étant ouvert àceux qui apprécient et respectent le Bassin.De superbes photos réalisées par un collectif de passionnés, de lagastronomie locale, de l’ostréiculture et de la pêche, un peu d’architecture,du patrimoine maritime avec des charpentiers traditionnels, la Dune, l’eaudes Abatilles sont autant de sujets abordés. Et la liste de ces sujets esttellement longue que nous sommes déjà persuadés de vous donner rendez-vous l’an prochain pour un deuxième numéro.Bonne lecture et devenez ou restez « So Bassin ! »

Philippe DelavaudDirecteur de la publication

Quand on a commencé à parler du magazineautour de nous, certains nous on fait com-

prendre qu’on était simplement « barjots » ! Et oui,sortir un 100 pages plein de papier, avec des feuillesà tourner à la seule force du doigt, en 2015, il paraîtque c’est un truc complètement inconscient. Bonet bien nous sommes des inconscients ! Maisjoyeux. Et même complètement sérieux. Surtout heureux !Heureux qu’en un mois nous ayons pu faire le tourdu plan d’eau et ramener de jolies histoires quevous serez des milliers à lire. Nous n’avons pas euplus de temps mais nous avons mis toutes nosforces dedans !Fabriqué à l’aide de six mains de journalistes et l’œilde deux photographes, ce premier « So Bassin »n’a finalement la prétention que de vous emmener à la découverte d’un pays qui regorge de belleshistoires, de belles images. Pour tout dire, il nousaurait certainement fallu des milliers de pagessupplé mentaires. On va plutôt rester modeste,construire avec vous les récits de demain et vousdire déjà à l’an prochain. Régalez-vous !

Alexis BladRédacteur en chef

Cogérants : Olivier Gerolami - Philippe Delavaud - Directeur de la publication : Philippe Delavaud - Rédacteur en chef : Alexis BladJournalistes : Jean-Baptiste Lenne et Fabienne Amozigh - Photos : Objectif Bassin d’ArcachonMaquette et mise en page : Service technique Sud Ouest - Directrice de la publicité : Muriel Debouté - Publicité : Stéphane Carrière (05 57 52 75 75)Secrétariat : Patricia DrogeImpression : Korus Impression - Eysines (33).Dépôt légal à parution - Commission paritaire : 0216C87576 - ISSN : en coursLa rédaction n’est pas responsable des documents envoyés spontanément. Les indications de marques et adresses qui figurent dans les pagesrédactionnelles sont libres de toute publicité et sont données à titre indicatif. Reproduction intégrale ou partielle de la présente publication interdite(loi du 11 mars 1957) sans autorisation de l’éditeurHors série au journal La Dépêche du Bassin - Edité par SEPL, 23, Quai de Queyries, 33094 Bordeaux Cedex

On se jette à l’eau !

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Déclic • 7

Déclic

Texte : Alexis Blad

Bassin d’Arcachon, quatre garçons sous la lumière

Ils ont tous un métier mais passent leur temps à « shooter »

le Bassin. Dans tous les sens, à n’importe quelle heure

du jour et de la nuit. Traînent leurs boîtiers et leurs yeux

là où la lumière les emmène. Stéphane T., Nicolas

Raspiengeas, Stef Noblet et Fabrice Chabot ne se lassent

jamais d’un coucher de soleil au sommet de la Dune,

d’une épave captée à l’entrée du port ou d’un amas

de ferrailles ostréicoles planté dans la vase. Avec Clément

Viala, Mickaël G. et Arnaud Bertrande, ils forment,

depuis l’été dernier, le collectif Objectif bassin d’Arcachon.

Un outil de promotion de leur travail qu’ils déclinent

sur la Toile, via une page Facebook, et qui compte

aujourd’hui près de 1 300 fans. Forcément, on ne pouvait

pas les rater… Vu le nombre exorbitant de pages Internet

sur le bassin d’Arcachon, le défi est de rassembler

des photographes pour proposer une autre façon de le voir.

Avec un mot d’ordre : la créativité !

A

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Photo : Stef NobletPhoto : Stef Noblet

Photo : Stephane T

Photo : Stephane T

Photo : Fabrice Chabot

Photo : Nicolas Raspiengeas8 • Déclic

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Photo ci-dessus : Fabrice Chabot Photo : Nicolas Raspiengeas

Déclic • 1110 • Déclic Photo : Stef NobletPhoto : Stephane T

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Déclic • 1312 • DéclicPhoto : Stephane T

Photo : Fabrice ChabotPhoto : Nicolas Raspiengeas

Photo : Nicolas Raspiengeas

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14 • Déclic

Fabrice ChabotPour Fabrice Chabot, la photo estavant tout un « exutoire », une « ma-nière de s’échapper » du boulot. Et çafait deux ans que ça dure vraiment.Une sorte de crise de la quarantainedifférente de celle qu’on connaît ha-bituellement. « J’aime découvrir ettenter des expériences techniquescomplètement différentes : poselongue, “light painting” et le bricolagemaison qui va avec, haute vitesse,macro… Je reste à l’affût de tout et jene m’inscris pas dans une case, mêmesi je reste, à la base, proche de la

photo de paysage et d’architecture. Jem’efforce d’apporter ma vision, encherchant des idées originales avecdes titres qui correspondent à ce queme renvoie spontanément une image.Le Bassin, où je ne vis pas à l’année,est une source d’inspiration infinie parla variété de ses tons à chaque sai-son. »

Retrouvez Fabz0_0 sur sa page Facebook

Stéphane T.Installé à Arcachon, Stéphane T. est unauteur-photographe animé par l’enviede partager et d’échanger. Lui aussi axésur la photo de paysage, il tire son ins-

piration de ce qu’il voit et non de cequ’il a déjà vu. Il pose un œil différentsur cet « endroit exceptionnel » pourl’image. Particulièrement créatif, ils’est aussi mis au light painting (« pein-dre avec la lumière »), cette techniquequi lie la photo et la composition ar-tistique des sources de lumière. Lechallenge est grand puisque le tempsde cette fameuse « pause longue », lerésultat de cette composition artis-tique faite de jeux de lumière ne seravisible qu’à la fin : créer sans voir. C’està l’artiste d’imaginer, de composer enmaîtrisant son espace.

Retrouvez Stéphane T. Arcachon Photo sur sa page Facebook

Stef NobletÀ 33 ans, le Gujanais Stef Noblet n’afinalement que trois printemps de« shoot » derrière lui. Il a suffi qu’ils’achète un reflex pour immortaliserla naissance de sa fille et s’est piqué aujeu de la photo. Des nuits passées surla Toile, les forums pour que le virussoit inoculé et faire de cet autodidacteun photographe en puissance. S’iladore traîner ses objectifs du côté duport testerin et de ses prés salés,« pour l’ambiance authentique, mo-derne, sauvage et bordélique deslieux », son goût de la photo de pay-

sage s’accompagne désormais decelui du monde de la cuisine. Pour cetancien chef cuistot, tout ce qui estbeau à mettre dans une assiette estbon à mettre dans la boîte !

Retrouvez Stef Noblet sur sa page Facebook

Nicolas RaspiengeasIl y a encore quelques semaines, Nico-las Raspiengeas et son break Peugeotont quitté le Bassin pour le pays duPère Noël. Ce Testerin a rallié la Lapo-nie pour la chasse aux aurores bo-réales, livré à lui-même… « Avec mesdoutes, mes peurs, mes espoirs et mes

rêves », lâche-t-il. Nicolas veut partir àl’aventure et assure que son « salut »passera par la photographie. « Jourcomme nuit, froid comme canicule,pluvieux ou aride, peu importe l'heure,l'endroit, la météo, seule compte lapassion de découvrir et capter des“moments” éphémères et magiquesqui, à peine photographiés, font déjàpartie du passé. Aujourd’hui, ma quêtetend à explorer ce que la nature nousoffre comme spectacle, beauté. J’es-saie de le retranscrire pour mieux lepartager et le protéger. »

Retrouvez Nicolas Raspiengeas sur www.checkmydream.fr

Stef Noblet. Nicolas Raspiengeas.

Fabrice Chabot. Stéphane T.

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De la naissance à l’assiette

Texte : Alexis BladPhoto : Stef Noblet

Dans le Bassin, ce n’est pas parce qu’on ne figure pas dans le registre

des ostréiculteurs traditionnels qu’on a forcément recours à l’écloserie

pour faire naître ses huîtres. Mais coucher son nom dans le cahier

de l’association est un engagement que la Ferret-Capienne Maria Douet a pris.

Pour sa clientèle et parce qu’elle n’imagine pas élever une huître autrement

qu’en la faisant éclore dans son milieu naturel…

Ça méritait bien une virée dans les parcs avec elle !

K

16 • L’ huître

Militante de l’huître !

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18 • L’ huître L’ huître • 19

est repartis avec de la sauvage, c’estaussi simple que ça ! ».Après un peu moins de vingt ans d’éle-vage, la petite entreprise Douet carburepaisiblement. Sans folie des grandeurs,sans courir après la rentabilité et en sor-tant des parcs, chaque année, ses 30 ou40 tonnes de coquillages. Elle vend endirect, à la cabane et sur le marché duCap-Ferret, s’affiche sur le banc de la cé-lèbre poissonnerie Lucine de la mêmeville, fait la belle sur les tables du restau-rant parisien Huîtres et saumons dePassy, dans le 16e. « Et puis, à part lesmois d’été, où l’huître est un peu plusdélicate à transporter, on expédie aussien Savoie, dans un resto tenu par un an-cien serveur de Chez Hortense, avec quion est restés copains », glisse Maria.Entre le beaufort et l’apremont, le co-quillage s’acclimate plutôt pas mal sur laplus grande terrasse du Cairn, auxArcs.Peu après 11 heures, de retour à lacabane dans le petit village ostréicole duCap-Ferret, le Bassin et les parcs à l’ho-rizon, la famille Douet poursuit le bou-lot. Alexandre, jeune salarié à tempscomplet, est au tri. Jean-Michel le re-joint. Lui, il ne mange pas d’huîtres– « sauf quand elles sont chaudes » – etne boit même pas de vin blanc. Ça faitrire un peu tout le monde, entre les ha-

bitués qui passent dire bonjour, ceux quirepartent avec leurs huîtres en pochepour midi et le pêcheur qui ouvre dixhuîtres tandis que je me bats encoreavec la première. Maria en attrape deux,glisse le doigt sur l’une des coquilles, etinsiste sur la différence de goût entrecelles qui ont poussé à Arguin et les au-tres, au milieu du Bassin. « Celles dubanc ont une petite note sucrée », dit-elle avant vite d’ajouter vite, en guise deconseil, qu’il faut « impérativementmanger ce petit morceau de musclequ’on jette trop souvent à tort avec lacoquille ! C’est le bonbon de l’huître !Les enfants adorent ça ! »

1 500 huîtres sous le brasD’un coquillage qu’elle produit donc à100 % naturellement, Maria Douet ai-merait aujourd’hui qu’au moins une re-connaissance primordiale soit faite. Et,avec elle, tous les « ostréiculteurs tradi-tionnels » : l’étiquetage des huîtres néesen mer ! « Un message clair », dit-ellepour les différencier de celles issues desécloseries. « Le consommateur a le droitde savoir ce qu’il a dans son assiette ! Eton a besoin de son soutien dans notredémarche. En tout cas, je me battraipour ça. » En 2010, l’association a exigéun moratoire sur l’utilisation des huîtres

triploïdes dans les bassins naisseurs.Mais, malgré les demandes répétées,rien n’a jamais été entrepris. Ces bassins,celui d’Arcachon comme celui de Ma-rennes-Oléron ont la nécessité d’êtrepréservés, affirment les militants del’huître née en mer. Pas simplementpour faire de l’affichage, mais surtoutpour conserver le patrimoine génétiquedes coquillages, protéger aussi lessouches naturelles d’agresseurs exté-rieurs potentiels.En janvier dernier, une dizaine d’ostréi-culteurs traditionnels français ont pris laroute du Sénat, avec 1 500 huîtres néesen mer sous le bras. Et la délicate mis-sion de convaincre la Haute Assembléedes bienfaits de l’étiquetage que le sé-nateur breton Joël Labbé tente de faireadopter depuis 2013. Sans succèsjusque-là.Sur le Bassin, les professionnels, qui re-groupent près de 300 entreprises, ontrécemment fait le choix de l’étiquetage.Ils ont voté le principe début 2015, à lamajorité. Et le sénateur-maire de Gujan-Mestras, Marie-Hélène Des Esgaulx,leur a emboîté le pas. Pour Maria, detoutes les manières, ce ne sera pas autrechose que « nées en mer » !

Maria nous a donné rendez-vous aubout de la jetée, au débarcadère duCap-Ferret. Ce matin de mars, on est unpeu à la bourre, alors que la plate ostréi-cole s’apprête à tracer son chemin versle Courbey. L’un des grands parcs d’éle-vage d’huîtres du bassin d’Arcachon, àquelques flots des cabanes tchanquéeset de l’île aux Oiseaux. Vareuse rose,bandeau orange, vert, bleu et bien d’au-tres couleurs encore pour contenir sescheveux très noirs, Maria ne nous enveut pas vraiment. « Allez, on fait atten-tion de pas tomber à l’eau tout de suite,ce serait dommage », s’amuse l’ostréi-cultrice. Aux commandes de l’« Ama-rante », la plate verte et bleue de lapetite entreprise, Jean-Michel, le maride Maria, met les gaz. L’Amarante, c’estun petit clin d’œil aux origines portu-gaises de Maria. « Mais pas que ! Engrec, “amarantos”, ça signifie “qui ne flé-trit pas”. Comme une dédicace à lapérennité de la perle du Bassin ! »À bord, il y a également Paul, ses lu-nettes et sa coupe impeccable, stagiairede seconde un peu déçu de son orien-tation scolaire, qui a choisi de passerquelques semaines au grand air. Goûterle travail à la cabane, embarquer tous lesmatins et même, comme aujourd’hui,aller gratter les tables sur le parc, histoire

de nettoyer les longues enfilades de ferpour pouvoir y poser rapidement lespoches de jeunes huîtres. La missionn’est pas drôle. Mais elle est essentielle.Quinze minutes de bateau et quelquesrafales de vent dans le nez plus tard,nous voilà au Courbey. Une grande par-celle émergée en ce début de matinéeoù les bernaches assurent l’accueil.Après quelques enjambées dans le che-nal qui mène au parc, voilà le trio,manche en main et grattoir affûté, prêtà arpenter les rangées du chantier. Unboulot que le couple Douet accomplitau moins une fois tous les ans depuisqu’il a repris les parcs que les beaux-pa-rents de Maria exploitaient auparavant.En 1999, quand ils ont repris l’affaire, lestrentenaires qu’ils étaient ont surtout fuila ville. Une carrière d’électricien autodans un garage pour lui, un métier detraductrice-interprète pour elle. Et doncun virage complet pour repartir pen-dant huit mois sur les bancs du lycée dela Mer de Gujan-Mestras, et embrasserune nouvelle vie.« Je suis retournée à l’école et j’ai passémon brevet professionnel agricole etmaritime. » Un changement de cap pascomplètement synonyme de saut dansl’inconnu pour celle qui est aujourd’huià la tête de l’entreprise, puisqu’elle est

née au Cap-Ferret. Sauf que Maria estdevenue ostréicultrice grâce à unebonne dose de convictions. Elle fait naî-tre, élève et vend des huîtres complète-ment naturelles. Hors de question pourelle d’avoir recours à l’écloserie etd’imaginer sortir de ses parcs du Cour-bey, du Cap-Ferret ou d’Arguin des mol-lusques triploïdes. Pourquoi ? Toutsimplement parce qu’elle n’a jamaisimaginé son boulot comme ça.

Entre le beaufortet l’apremont« Quand on est né ici comme moi, c’estimpossible ! Dans le Bassin, on a tous lesatouts pour faire des huîtres naturelle-ment. On a quand même la chanced’être le plus grand centre naisseurd’Europe ! » Et, même quand les vaguesde mortalité se sont abattues, que l’her-pès a frappé et que l’algue Dinophysisest venue en remettre une couche,Maria s’est accrochée. « On a repris lacabane quand les problèmes ont com-mencé, s’amuse-t-elle aujourd’hui. Onest même passé par la case “écloserie”une fois à cette époque-là ! Et on estbien content de ne pas y avoir remis lespieds ! » Alors, quand les stocks étaientquasiment réduits à zéro, « on a achetéde l’huître à nos voisins de port ou on

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L’île aux Oiseaux

Texte : Jean-Baptiste LennePhoto : Stef Noblet

Insulaires et insoumis

Une île mystérieuse, une île de Robinsons…

L’île aux Oiseaux charme et étonne à la fois.

Mais qui sont ses occupants ?

Et comment vivent-ils sur ce bout de terre,

loin du Bassin clinquant de l’été… ?

Chaussez vos cuissardes, « So Bassin » vient

de jeter l’ancre à quelques mètres

de son rivage, à l’heure où la marée

entame sa descente.

J

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«Très tôt le matin, on entend lebruit des camions poubelles du

Cap-Ferret, les cloches des églises…On sent la terre toute proche. On voitla dune, le phare et cette impressionqu’Arcachon n’est qu’à quelques cen-taines de mètres. Mais nous sommessur l’île et tout est différent. » Discrèteet farouche, elle fascine. Les bateauxl’encerclent l’été, s’agglutinent aupied des cabanes tchanquées. Et, si lamarée est favorable, l’apéritif à borddes vedettes devient le sport national.Les touristes en font le tour mais l’îlene leur offre guère qu’une morneplaine. Après tout, le point culminantne se hisse qu’à 5,74 m…« C’est un paradis qui se mérite », ré-pètent ses occupants, eux aussi dis-

crets. Taiseux, même. Surtout depuisque les télés ont posé leurs camérasautour des cabanes et que la puis-sance publique s’est immiscée dans lagestion de cette île, il y a une dizained’années. « Ici, on n’est pas dans le pa-raître, c’est authentique. Ce n’est pascomme au marché du Cap-Ferret, oùles types se baladent en Méhari, piedsnus et chapeau de paille façon bobo »,entend-on. Ils savent que leurs ca-banes suscitent « l’envie, la jalousie »et que certains les considèrent« comme une petite poignée de pri-vilégiés ». Voici pourquoi ses occu-pants se protègent des sollicitations etrestent à l’écart des circuits média-tiques – souvent échaudés par de pré-cédents et douloureux épisodes.

« Tout ce que tu vois là, il afallu l’amener en bateau »Pourtant, lorsque l’on creuse un peuleur histoire, que l’on arpente les sen-tiers faits de coquilles d’huître, et quel’on traverse les petites passerelles partemps gris, l’île se dévoile. Non, ellen’a rien à cacher, sinon sa tranquillitéet ses traditions. Ni trésors enfouis nirichesses en sous-sol, même si le pé-trole y est extrait à quelques centainesde mètres de là… « C’est simplementun autre monde, sans montre, sans sesoucier du temps. L’heure n’est pas leplus important. Ce qui rythme la vie,ce sont les marées… » Voici la philoso-phie d’un des occupants, qui a sou-haité conserver son anonymat. Nous

l’appellerons Stéphane. Il n’est pas un« historique » du site et ses aïeulsn’ont pas construit la cabane de leursmains… Mais l’esprit de l’île, il s’en im-prègne depuis plusieurs années main-tenant. « Oui, nous avons conscienced’être dans un petit paradis. Mais ceparadis demande de l’organisation etdes efforts. Ce n’est pas simplementouvrir les volets de sa maison et pro-fiter de la vue comme sur le conti-nent… » Il le répète, une cabaneimplique beaucoup de choses. « Toutce que tu vois là, il a fallu l’amener enbateau. Les outils, les planches, le ma-tériel pour entretenir sa cabane maisaussi les meubles, les assiettes, lesbouteilles de gaz, jusqu’aux couvertset aux briquets. » Bref, cette impres-

sion d’être dans un bout du monde,au milieu du Bassin. Et la nuit, mêmesensation : « La terre semble si proche,il y a les lumières des villes. C’est im-pressionnant d’être au cœur du Bas-sin, plongé dans le noir mais entouréà 360 degrés du monde moderne etconfortable. On capte la 3G mais si tuoublies une bouteille d’eau à terre,point de salut ! »Sur l’île, plus personne n’y vit à l’an-née. Tout de même, certains y restentplusieurs semaines sans revenir et sefont approvisionner en pain et en fraispar quelques voisins des quartiers… « Ilfaut y passer du temps pour vraimentconnaître l’île », raconte un occupantde longue date, parlant de son en-fance passée « à pêcher les crabes et

à apprendre la vie ». Une île de Robin-sons sans eau potable, sans électricité,parfois à la dure. « Avant, tout lemonde se lavait avec un broc et unpeu d’eau bouillie. Aujourd’hui, mêmesi les panneaux photovoltaïques amè-nent l’électricité dans certaines ca-banes, peu ont installé l’eau chaude »,explique Stéphane. « Quant aux WC,ce sont souvent des fosses septiquesou parfois des toilettes chimiques. »

« Quelques bouquins, un tricot, un jeu de cartespour les parties de rami »Direction le quartier du Saous. Cetété, Annette a prévu d’y passer quinzejours avec sa fille. Cette Anderno-sienne a connu l’île il y a cinquante

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ans, lorsqu’elle était enfant. À l’inté-rieur de sa cabane, rien n’a changé :une pièce de vie, deux petites cham-bres, un coin cuisine et un coin d’hy-giène. « Je suis en train de bricolerune douche de camping », glisse sonmari. Le confort, le couple l’a chez lui,sur le continent. « Alors pourquoivoulez-vous qu’on emmène la télé oule canapé sur l’île ? Ici, on ne veut pasêtre comme à la maison, on est à lacabane. » Bref, coupés du monde, sur-tout lorsque les occupants de l’île nese comptent que sur les doigts d’unemain… « Pas besoin de grand-chose :quelques bouquins, un tricot, un jeude cartes pour les parties de ramilorsque le soleil se couche. Une viesimple », insiste-t-elle. « Je m’y pro-

mène, je fais le tour avec ma voisine,c’est ça ma conception de l’île. » An-nette emprunte les petites passerellestraversant les esteys, les chemins tra-cés avec des matériaux de récupéra-tion, puis longe les marais maritimeset leur cortège de salicorne, de joncet de lavande de mer… Sur la chemi-née de sa cabane – aujourd’hui com-blée et laissant place à un chauffaged’appoint au fuel –, quelques photosd’oiseaux et une vieille carte postale :« C’était le quartier avant, à l’époquedes ostréiculteurs… » Sur le cliché,d’imposantes piles de « tuiles chau-lées » sont adossées aux cabanes, àcôté des chalands. Image d’un mondequi n’existe plus aujourd’hui.

Un écu par têteMais l’île a longtemps fait office deterritoire de labeur et de travail. Il ya deux cents ans déjà, ce bout de terreétait habité. Une lettre d’un inspec-teur des impôts de l’époque nousl’apprend : « Depuis quarante ans, unvieillard et sa femme ont faitconstruire sur la partie la plus élevéede l’île », écrit-il. On y faisait nourrir« 150 têtes de bétail, chevaux, ânes,vaches, taureaux, appartenant à diverspropriétaires qui payent au vieillard unécu par tête, chaque année ». Cin-quante ans plus tard, Napoléon IIIcrée trois premiers parcs ostréicolesimpériaux au nord de l’île. Deux ca-nonnières, le Chamois et le Léger, gar-

daient ces sortes de fermes modèles.La construction des cabanes sur l’îlefut alors justifiée par la difficulté pourles ostréiculteurs, tributaires des ma-rées, qui n’avaient à l’époque que despinasses à voile et à rames pour re-joindre leurs parcs…

« Personne n’aurait les moyens de se la payer »Aujourd’hui, sur ce petit confetti, sontposées quelques dizaines de cabanesen bois, d’un noir vif.Précisément 42 dans le domaine pu-blic et 11 dans le privé. Car, hormis lapartie privée, gérée via une société ci-vile immobilière, personne n’est pro-priétaire de son toit. Le Conservatoiredu littoral a confié leur gestion à la

ville de La Teste en 2005. Les cabanes– situées dans cinq quartiers auxnoms parfois étranges : l’Afrique, leTruc Vert, le Saous, le Port de l’île etl’Îlot – sont accordées pour une duréede sept ans. Y compris celles qui ontété achetées il y a vingt ou trente ans.Et leurs occupants disposent d’uneautorisation d’occupation temporaire(AOT) renouvelable. On les appelle« aotistes ». Lorsque l’un d’entre euxdécède, une commission d’attributionse réunit pour étudier les candida-tures, toujours très nombreuses. Maisla vie d’aotiste se mérite et les ca-banes ne sont accordées qu’auxconnaisseurs de l’île, ayant un vérita-ble projet patrimonial, un amour dulieu et souhaitant se plier aux

contraintes architecturales et environ-nementales strictes du site. La filiation,elle, n’est pas prise en compte, augrand dam de nombreux occupants,vieillissants. Quant au prix payé parchaque titulaire, il varie de 1 500 à2 500 euros par an. « Nous nesommes pas fous… Sur le continent,une petite cabane comme celle-là,avec vue sur le Bassin, presque aucund’entre nous n’aurait les moyens de sela payer », insiste un vieil aotiste. « Surl’île, ce sont surtout des gens de petitecondition. Qu’on arrête avec le mythedes privilégiés et des fortunés… »

« Tout au gaz »On l’a compris, leur île, les aotistes ladéfendent contre les assauts de l’ex-

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térieur… Jean-Michel, lui, n’a pas demots pour décrire son amour pour cebout de terre : « J’aime l’île parce quej’aime l’île, c’est tout. » Mais, petit àpetit, ce retraité se déride : « Monplaisir à moi : me lever très tôt lematin, avec une tasse de café et écou-ter les canards sur ma terrasse. » Desbonheurs simples en somme : « Mapêche à pied, profiter du langage desoiseaux, mon feu de cheminée. » CeTesterin a côtoyé les plaisanciers du-rant toute sa vie professionnelle, alors,aujourd’hui, il les évite. « Je n’aime pasvraiment le monde et l’esprit de l’îleen plein été. Parfois, aux abords, ondirait les Quinconces ! D’ailleurs, jen’aime pas que l’on fasse de la publi-cité sur l’île. » Caractère bien trempé,Jean-Michel lâche ses phrases tels desslogans : « J’ai l’habitude de dire que,sur l’île, il y a 42 cabanes et noussommes 42 cons ! On est tous façon-nés par elle et, parfois, ça gueule… »Mais il s’y investit sans compter, lorsdes réfections de quais ou des jour-

nées de nettoyage collectif. Car sonbout de terre, il l’aime authentique etpropre. « Depuis quelques années etl’arrivée du garde, Thierry, tout estmieux entretenu. Il y a une vraie diffé-rence. » Sa cabane, Jean-Michel l’a to-talement refaite à ses débuts et ainstallé l’éclairage, la cuisine, le frigo,le chauffe-eau, la douche… « Tout augaz », précise-t-il. Avec une cuve de3 500 litres pour récupérer les eauxde pluie. « Je tiens quand même àmon petit confort, mais ça n’a pas étésans efforts. »

« Elle risque pas de cramer,ta chaussette… »À un jet de pierre de là, voici Jacky. Luin’a pas l’eau chaude. « On se lave àl’ancienne », répond-il du tac au tac.Avec deux de ses amis, il revient d’unepêche à pied plutôt fructueuse. « Et là,on mange le fruit de notre pêche »,sourit-il en entamant… une cuisse depoulet ! La cheminée crépite, lesverres se vident et l’ambiance est

gouailleuse… « On n’est pas bien, là ?On ne fait de mal à personne, on ra-masse nos trois huîtres et on fait unepartie de cartes entre copains… » De-vant le feu, les vêtements peinent àsécher : « Elle risque pas de cramer, tachaussette, Jacky, y a plus de feu ! Pourun maître de la braise… »Amoureux de l’île, ce retraité y passede longues journées avec ses copainsou en famille. Sur sa cabane, des pan-neaux solaires lui fournissent l’électri-cité, le seul luxe qu’il s’autorise. « Onpeut allumer, si vous voulez ; vous ver-rez, c’est Versailles », rigole-t-il. Cesanciens connaissent l’île depuis desdécennies et avouent que rien n’avraiment changé : « Ces cabanes doi-vent rester comme elles sont, dansleur jus, et avec ce même esprit.Sinon, l’île se perdra et ce sera la fin. »Puis, s’adressant au journaliste, ilconclut : « D’ailleurs, faut pas faire unarticle trop bien, sinon les gens vontvenir… »

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