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Me ´ moire Nourriture et relations familiales chez des adolescents avec et sans anorexie mentale : une e ´ tude qualitative par Photo-elicitation Food and family relationships among adolescents with and without anorexia nervosa: A qualitative study using Photo-elicitation Jordan Sibeoni a,b,c, *, Assia Khiar Zerrouk a,d,e , Massimiliano Orri a,b , Jonathan Lachal a,b,c QUALIGRAMH a,1 , Marie Rose Moro a,b,c , Anne Revah-Levy a,b,f a Inserm, U-669 PSIGIAM, 75679 Paris, France b Universite ´ Paris-Descartes, Sorbonne Paris-Cite ´, 75270 Paris cedex 06, France c Ho ˆpital Cochin, AP–HP, maison de Solenn, 97 boulevard Port-Royal, 75679 Paris cedex 14, France d University Nancy–Henri-Poincare ´, 54500 Vandœuvre-Le `s-Nancy, France e Centre hospitalier de Jury, maison des adolescents de Metz, 57000 Metz, France f Centre de soins psychothe ´rapeutiques de transition pour adolescents, ho ˆpital d’Argenteuil, 95107 Argenteuil, France Annales Me ´ dico-Psychologiques xxx (2014) xxx–xxx I N F O A R T I C L E Historique de l’article : Rec ¸u le 9 juin 2013 Accepte ´ le 3 octobre 2013 Mots cle ´s : Adolescence Anorexie mentale Entretien Photographie Relation familiale Trouble du comportement alimentaire R E ´ S U M E ´ Objectif. Les relations familiales jouent un ro ˆle important dans notre compre ´ hension de la gene `se de l’anorexie mentale a ` l’adolescence, de son maintien et de son traitement. La the ´ rapie familiale est conside ´ re ´e comme une des modalite ´s de traitement les plus efficaces pour les adolescents anorexiques et, re ´ cemment, les the ´ rapies familiales se focalisant sur la renutrition ont prouve ´ leur efficacite ´. Nourriture et relations familiales sont lie ´es puisque les parents cre ´ ent l’environnement die ´te ´ tique de l’enfant, et influencent ses comportements alimentaires et ses choix alimentaires. Cette e ´ tude propose d’explorer la place de la nourriture dans les relations familiales chez des adolescents pre ´ sentant une anorexie mentale et chez des adolescents sans troubles des conduites alimentaires. Participants et me ´thodes. La me ´ thodologie de l’e ´ tude est qualitative afin de permettre une exploration de l’expe ´ rience subjective des participants. L’e ´ chantillonnage a e ´te ´ se ´ lectif. Un groupe d’adolescents souffrant d’anorexie mentale et leurs parents et un groupe d’adolescents sans trouble de l’alimentation et leurs parents ont e ´ te ´ recrute ´ s. Des entretiens semi-structure ´s ont e ´ te ´ re ´ alise ´s a ` l’aide de la Photo- elicitation, une photographie produite par le sujet est utilise ´e comme support narratif de l’entretien. Les donne ´es retranscrites de ces entretiens ont e ´te ´ analyse ´ es par l’Interpretative Phenomenological Analysis. Re ´sultats. Quatorze adolescents et 18 parents ont e ´te ´ inclus dans l’e ´ tude. Les re ´ sultats retrouvent trois axes d’expe ´ riences : (1) la place de la nourriture dans une modalite ´ relationnelle parents-enfants, (2) la place de la nourriture dans le groupe famille et enfin (3) le rapport individuel de l’adolescent avec la nourriture, retrouve ´ uniquement chez les adolescents sans troubles des conduites alimentaires. Discussion. La mise en perspective des deux populations nous a permis de de ´ gager des pistes de compre ´ hensions nouvelles concernant l’impasse relationnelle familiale chez les adolescents pre ´ sentant une anorexie, ainsi que des implications the ´ rapeutiques telles que la prise en compte dans les soins de la constitution de soi et du groupe de pairs. ß 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve ´s. * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J. Sibeoni). 1 Qualitative Group For Research In Adolescent Mental Health : C. Blanchet, N. Bouaziz, B. Gal, G. Guzman Morales, M. Labey, H. Lefevre, R. Radjack, A. Schmitt, M. Spodenkiewicz, O. Taı ¨eb, J. Sibeoni, A. Khiar Zerrouk, M. Orri, J. Lachal, M.R. Moro, A. Revah-Levy. G Model AMEPSY-1823; No. of Pages 6 Pour citer cet article : Sibeoni J, et al. Nourriture et relations familiales chez des adolescents avec et sans anorexie mentale : une e ´ tude qualitative par Photo-elicitation. Ann Med Psychol (Paris) (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2013.10.006 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2013.10.006 0003-4487/ß 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve ´s.
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Nourriture et relations familiales chez des adolescents avec et sans anorexie mentale : une étude qualitative par Photo-elicitation

Mar 29, 2023

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Annales Medico-Psychologiques xxx (2014) xxx–xxx

G Model

AMEPSY-1823; No. of Pages 6

Memoire

Nourriture et relations familiales chez des adolescents avec et sansanorexie mentale : une etude qualitative par Photo-elicitation

Food and family relationships among adolescents with and without anorexia

nervosa: A qualitative study using Photo-elicitation

Jordan Sibeoni a,b,c,*, Assia Khiar Zerrouk a,d,e, Massimiliano Orri a,b,Jonathan Lachal a,b,c QUALIGRAMHa,1, Marie Rose Moro a,b,c, Anne Revah-Levy a,b,f

a Inserm, U-669 PSIGIAM, 75679 Paris, Franceb Universite Paris-Descartes, Sorbonne Paris-Cite, 75270 Paris cedex 06, Francec Hopital Cochin, AP–HP, maison de Solenn, 97 boulevard Port-Royal, 75679 Paris cedex 14, Franced University Nancy–Henri-Poincare, 54500 Vandœuvre-Les-Nancy, Francee Centre hospitalier de Jury, maison des adolescents de Metz, 57000 Metz, Francef Centre de soins psychotherapeutiques de transition pour adolescents, hopital d’Argenteuil, 95107 Argenteuil, France

I N F O A R T I C L E

Historique de l’article :

Recu le 9 juin 2013

Accepte le 3 octobre 2013

Mots cles :

Adolescence

Anorexie mentale

Entretien

Photographie

Relation familiale

Trouble du comportement alimentaire

R E S U M E

Objectif. – Les relations familiales jouent un role important dans notre comprehension de la genese de

l’anorexie mentale a l’adolescence, de son maintien et de son traitement. La therapie familiale est

consideree comme une des modalites de traitement les plus efficaces pour les adolescents anorexiques

et, recemment, les therapies familiales se focalisant sur la renutrition ont prouve leur efficacite.

Nourriture et relations familiales sont liees puisque les parents creent l’environnement dietetique de

l’enfant, et influencent ses comportements alimentaires et ses choix alimentaires. Cette etude propose

d’explorer la place de la nourriture dans les relations familiales chez des adolescents presentant une

anorexie mentale et chez des adolescents sans troubles des conduites alimentaires.

Participants et methodes. – La methodologie de l’etude est qualitative afin de permettre une exploration

de l’experience subjective des participants. L’echantillonnage a ete selectif. Un groupe d’adolescents

souffrant d’anorexie mentale et leurs parents et un groupe d’adolescents sans trouble de l’alimentation

et leurs parents ont ete recrutes. Des entretiens semi-structures ont ete realises a l’aide de la Photo-

elicitation, une photographie produite par le sujet est utilisee comme support narratif de l’entretien. Les

donnees retranscrites de ces entretiens ont ete analysees par l’Interpretative Phenomenological Analysis.

Resultats. – Quatorze adolescents et 18 parents ont ete inclus dans l’etude. Les resultats retrouvent trois

axes d’experiences : (1) la place de la nourriture dans une modalite relationnelle parents-enfants, (2) la

place de la nourriture dans le groupe famille et enfin (3) le rapport individuel de l’adolescent avec la

nourriture, retrouve uniquement chez les adolescents sans troubles des conduites alimentaires.

Discussion. – La mise en perspective des deux populations nous a permis de degager des pistes de

comprehensions nouvelles concernant l’impasse relationnelle familiale chez les adolescents presentant

une anorexie, ainsi que des implications therapeutiques telles que la prise en compte dans les soins de la

constitution de soi et du groupe de pairs.

� 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

Disponible en ligne sur

ScienceDirectwww.sciencedirect.com

* Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected] (J. Sibeoni).1 Qualitative Group For Research In Adolescent Mental Health : C. Blanchet, N. Bouaziz, B. Gal, G. Guzman Morales, M. Labey, H. Lefevre, R. Radjack, A. Schmitt,

M. Spodenkiewicz, O. Taıeb, J. Sibeoni, A. Khiar Zerrouk, M. Orri, J. Lachal, M.R. Moro, A. Revah-Levy.

Pour citer cet article : Sibeoni J, et al. Nourriture et relations familiales chez des adolescents avec et sans anorexie mentale : une etudequalitative par Photo-elicitation. Ann Med Psychol (Paris) (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2013.10.006

http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2013.10.006

0003-4487/� 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

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A B S T R A C T

Objectives. – Family relationships have an important role in our understanding of the genesis of

adolescent Anorexia Nervosa, in its maintenance, and especially in the caring process. Family therapy is

considered as the most effective treatment modalities in adolescent anorexia nervosa and nowadays

family renourishment therapies such as family based treatment have shown evidence base. Food and

family relationships are bound since parents create the eating and dietary environment of the child, and

influence dietary behaviors and food choices. This study aims to explore the place of food in family

relationships among adolescents with Anorexia Nervosa and adolescents without any eating disorder.

Materials and methods. – A qualitative exploratory design was employed in order to explore the

subjective experience of participants. This study relied on purposive sampling. A group of adolescents

with Anorexia Nervosa and their parents and a group of adolescents without any eating disorder and

their parents were recruited. Interpretive phenomenological analysis was applied to semi-structured

interviews using photo-elicitation to support participant’s narratives.

Results. – Fourteen adolescents and eighteen parents were included in the study. Emerging themes

were gathered and ordered into three axes of experience that described three different relational

patterns regarding food and family: (1) the place of food in a parent–child relational mode including 3

themes: Food so as to be like/unlike, Food and relational control and Food and proof of love, (2) the place of

food in the family group including 4 themes Food and cohesion vs. conflict, The meal as a ‘‘photograph’’ of

family functioning, Food, cohesion and relational interplay and Food, transmission and family history, and (3)

the individual relationship entertained by the adolescent with food, found solely among adolescents

without any eating disorder.

Conclusions. – The contrasts between these two populations enabled new insights regarding the family

relational deadlock among adolescents with anorexia nervosa and the issue of self in this disease. The

absence of an individual relationship among adolescents with anorexia nervosa provided the idea of

integrating the human agency concept into care.

� 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords:

Adolescence

Anorexia nervosa

Interview

Eating disorder

Family relationships

Photography.

1. Introduction

L’anorexie mentale est une maladie grave qui se caracterise par lagravite de son pronostic marque par une mortalite elevee et unemorbidite importante avec de nombreuses complications tantsomatiques que psychiatriques. Les recommandations therapeu-tiques actuelles preconisent une prise en charge pluridisciplinaireassociant readaptation nutritionnelle et interventions psychoso-ciales, auxquelles s’associe obligatoirement pour les adolescents unabord familial. Certaines etudes ont d’ailleurs demontre la supe-riorite de la therapie familiale sur la therapie individuelle [7] etd’autres les benefices de leur association [8]. Pourtant, l’anorexiementale est avant tout consideree comme une pathologie de larelation a la nourriture et, pour certains auteurs, il est impossible dedeterminer si c’est l’implication des parents dans les soins autour del’alimentation de leur adolescent ou les changements dans lesrelations intrafamiliales qui expliquent l’efficacite de ces therapies[5]. Nourriture, famille et anorexie apparaissent comme les troissommets d’un meme triangle et pourtant il n’existe, a notreconnaissance, aucune etude decrivant les mecanismes de leursinteractions et leurs implications sur les soins.

Nous avons donc decide d’investiguer, par une methodologiequalitative phenomenologique, la place de la nourriture dans lesrelations familiales chez des adolescents presentant une anorexiementale (AN) et egalement chez des adolescents normo-ponderessans troubles des conduites alimentaires (TCA). La mise enperspective de ces deux populations nous permettra de degagerdes nouvelles pistes de comprehension autour de l’anorexiementale et surtout de son traitement. Notre etude s’integre dansle travail effectue au sein du groupe de recherche QUALIGRAMH(QUALItative Group of Research in Adolescent Mental Health).

2. Participants et methodes

2.1. Participants

Notre technique de recrutement a ete selective [19] pour retenirles adolescents et leurs parents susceptibles d’apporter le plus

Pour citer cet article : Sibeoni J, et al. Nourriture et relations familialequalitative par Photo-elicitation. Ann Med Psychol (Paris) (2014), h

d’informations sur le phenomene etudie. L’echantillon se composede deux groupes : le groupe des adolescents presentant uneanorexie mentale et leurs parents (Groupe ANOREXIE) et le groupedes adolescents sans TCA et leurs parents (Groupe NON-TCA). Cetterecherche a recu l’approbation du Comite d’evaluation de l’ethique

des projets de recherche biomedicale (CEERB) du GHU Nord de Paris(France). Les adolescents du groupe ANOREXIE presentent tous uneanorexie mentale selon les criteres du DSM-IV-TR. Les adolescentssans TCA sont issus d’une population clinique mais notre demarched’echantillonnage selectif a retenu des patients dont les troubles nedevaient pas interferer avec l’objet de notre etude. Avant lerecrutement, les cliniciens referents de chaque adolescent se sontassures de l’absence de symptomes alimentaires.

2.2. Recueil des donnees

Pour le recueil des donnees, nous avons utilise la photo-elicitation. Il s’agit d’une methode de narrativite visuelle [20]. Tresutilisee dans le champ des sciences sociales, celle-ci est encore peurepandue dans la recherche clinique medicale. Nous avons choisicet outil du fait de notre objet d’etude et de notre population.L’alimentation est un sujet complexe, ou la Photo-elicitation a dejaete utilisee avec efficacite [11]. Elle permet chez les adolescentsune meilleure implication envers l’etude. Elle facilite la rememora-tion, les echanges et l’expression de l’experience [9].

Un appareil photographique numerique a donc ete confie auxadolescents, avec l’instruction suivante : « Vous devez prendre unephotographie de la table apres un repas en famille. La table ne doitpas encore avoir ete debarrassee. Aucune personne ne doitapparaıtre sur la photographie, les personnes a table doivent doncs’etre levees. Vous pouvez prendre autant de cliches que vous ledesirez, mais vous devrez en choisir un seul que vous commenterezavec le chercheur lors de l’entretien. » La photographie produite etchoisie par l’adolescent etait alors projetee sur un ecrand’ordinateur et un entretien avait lieu avec l’adolescent puis avecses parents. Les interviewers disposaient d’une liste de questionspour mener l’entretien mais celui-ci devait rester libre et ouvert

s chez des adolescents avec et sans anorexie mentale : une etudettp://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2013.10.006

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pour donner toute amplitude aux participants d’introduire autourdu phenomene etudie des problematiques non connues parl’interviewer.

2.3. Analyse

Pour l’analyse des donnees nous avons utilise l’Interpretative

Phenomenological Analysis (IPA) [22]. L’IPA est une methodequalitative reconnue qui permet d’explorer en profondeur la facondont les individus percoivent les situations particulieres aux-quelles ils sont confrontes et le sens qu’ils leur donnent.L’approche est phenomenologique, c’est-a-dire qu’elle impliqueune exploration detaillee de l’experience des participants. Lamethode analytique a donc consiste a lire plusieurs fois chaqueverbatim d’entretien et de les coder pour identifier des themesinitiaux autour du phenomene etudie. L’analyse transversale desentretiens a ensuite permis d’identifier les themes recurrents.Enfin, il a fallu organiser les themes de maniere coherente etordonnee. L’analyse des donnees a ete inductive, une revue de lalitterature a donc ete effectuee dans un second temps. L’analysephenomenologique a ete effectuee par trois chercheurs (J.S., A.K.et A.R.L.) pour assurer que les themes identifies etaient bien issusde l’analyse des donnees et ne se confinaient pas a la vision uniqued’un seul chercheur. Ceci a permis d’ameliorer la coherence et lapertinence des themes retrouves par l’analyse.

2.4. Resultats

Quatorze familles ont ete recrutees pour cette etude et vingt-neuf entretiens realises avec un total de 32 participants. Lescaracteristiques des participants sont resumees dans le Tableau 1.L’analyse phenomenologique retrouve trois axes d’experiences : lepremier concerne la place de la nourriture dans une modaliterelationnelle parents–enfants. Le deuxieme rend compte d’unemodalite relationnelle groupale. Le troisieme axe explore lerapport individuel de l’adolescent avec la nourriture et n’estretrouve que pour le groupe NON-TCA. Nous avons obtenu unesaturation des donnees dans les deux groupes.

2.4.1. 1er axe d’experience : modalites relationnelles parents–enfants

2.4.1.1. Theme commun aux deux groupes : la nourriture pour se

ressembler, se differencier. Les adolescents vont, a travers lanourriture, exprimer difference et ressemblance avec leursparents. Cette dialectique est retrouvee chez les adolescents des

Tableau 1Caracteristiques des adolescents.

Genre Age IMC Situation parentale F

Groupe NON-TCA

F1 Fille 18 19,6 Divorces 1

F2 Fille 17 23 Divorces 1

F3 Fille 16 21 Divorces 1

F4 Fille 14 18,4 Maries 1

F5 Fille 13 21 Maries 1

F6 Fille 16 22,3 Divorces 1

F7 Fille 17 21,5 Maries 0

M1 Garcon 13 22,7 Divorces 1

M2 Garcon 16 19,1 Divorces 1

Groupe ANOREXIE

F10 Fille 18 15,2 Maries 0

F20 Fille 16 15,4 Maries 1

F30 Fille 16 16,1 Maries 2

F40 Fille 16 15,5 Divorces 1

F50 Fille 15 16,7 Maries 0

TCA : troubles des conduites alimentaires ; groupe ANOREXIE : le groupe des adolescents

adolescents sans TCA et leurs parents.

Pour citer cet article : Sibeoni J, et al. Nourriture et relations familialequalitative par Photo-elicitation. Ann Med Psychol (Paris) (2014), ht

deux groupes mais recouvre des modalites relationnelles differ-entes. Dans le groupe ANOREXIE, cette question est uniquementintrafamiliale, les adolescentes affichant une volonte nette de sedifferencier de leurs parents en mangeant differemment et enrevendiquant des gouts differents.

F10 : Ce qu’ils mangent ne m’interesse pas, ils mangent ce qu’ilsveulent tant qu’ils ne m’obligent pas a manger comme eux.

Dans le groupe NON-TCA, on observe egalement une volonte dedifferenciation des adolescents mais aussi une confirmation del’appartenance a la famille. La nourriture est pour ces adolescentsun marqueur de la rupture mais aussi de la continuite avec leursparents, continuite parfois signifiee explicitement par l’appropria-tion du discours parental autour de la nourriture.

M2 : En fait le raisonnement c’est faux que je goute a chaquefois. . . c’est a force de l’avoir tellement entendu quand j’etais petit. . .

Ma mere tout le temps [. . .] aujourd’hui voila, la voix elle est dansma tete.

Enfin, pour ces adolescents sans TCA, differenciation etressemblance autour de la nourriture se jouent egalement dansle groupe de pairs. Celui-ci semble occuper une place toute aussiimportante que celle de la famille quand il s’agit de nourriture.

F4 : Entre copines, on parle souvent de nourriture, on sepasse des recettes ou juste des idees, on se dit ce qu’on amange. . . puis des fois on fait des party crepes entre nous et alorsc’est super, on se tape des bons delires.

2.4.1.2. Theme specifique au groupe ANOREXIE : La nourriture et le

controle relationnel. Il s’agit ici des enjeux de pouvoir a travers lanourriture entre les adolescentes presentant une anorexie mentale etleurs parents. Ce theme est present dans tous les entretiens de cegroupe. La nourriture se retrouve support d’une lutte de pouvoir.Adolescentes comme parents vont tenter de controler la relationduelle en decidant, imposant, refusant, s’opposant. Cet enjeu s’illustredans le choix du menu ou au moment de la preparation des repas.

F20 : C’est toujours ma mere qui prepare mais je mets mongrain de sel. . . alors la je suis infernale [. . .] je dis ne mets pas ca,elle me dit tu te tais, tu vas dans ta chambre, c’est moi qui fais amanger.

2.4.1.3. Theme specifique au groupe NON-TCA : Nourriture et preuve

d’amour. On retrouve de maniere recurrente chez les adolescentset les parents du groupe NON-TCA une dimension affective quientoure la nourriture. La nourriture est un moyen d’exprimer sonamour. C4e discours est explicite chez les meres.

ratrie TCA dans la fratrie Parents interviewes

sœur 0 Mere

sœur 0 0

sœur 0 Mere

frere 0 Pere

sœur 0 Parents

frere 0 Mere

0 Parents

sœur 0 Mere

frere, 1 sœur, 1 demi-sœur 0 Mere

0 Parents

sœur 0 Mere

sœurs 0 Mere

demi-frere, 1 demi-sœur 0 Parents

0 Parents

presentant une anorexie mentale et leurs parents ; groupe NON-TCA : le groupe des

s chez des adolescents avec et sans anorexie mentale : une etudetp://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2013.10.006

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Mere de M2 : Y’a de l’amour, c’est que de l’amour [. . .]. Puiseux ils savent que j’ai sue pour faire. . .

La nourriture peut devenir un langage affectif de la famille dansune dialectique donner/rendre l’affection. Au « cuisiner pour sonenfant » repond un « manger parce que son parent l’a cuisine ».

F4 : Je n’aime pas forcement le pot-au-feu et en fait elle (samere) en cuisine souvent [. . .] je me force quand meme a enmanger un petit peu parce que ca lui fait plaisir.

2.4.2. 2e axe : modalites relationnelles groupales

2.4.2.1. Themes specifiques au groupe ANOREXIE. Nourriture, cohe-

sion Vs conflitLe repas des familles du groupe ANOREXIE est decrit a premiere

vue comme marqueur de la cohesion familiale mais en fait, lanourriture apparaıt davantage comme le marqueur d’un desir decohesion familiale. En effet, la tentative de cohesion echoue,adolescentes et parents rapportent des echanges superficiels etune communication limitee et difficile.

Pere de F40 : J’essaie de discuter [. . .] alors des fois je vois bienque je lui prends la tete avec mes questions [. . .] si je vois qu’elleest receptive oui, mais si elle ne l’est pas ce n’est meme pas lapeine, je n’insiste pas.

De plus, le repas est percu par ces familles comme une sceneprivilegiee des conflits de la famille, exclusivement autour de lanourriture. Les conflits existants entre adolescents et parentsapparaissent en effet comme deplaces dans la nourriture. Touteautre forme de conflits est deniee.

Le repas, une « photographie » du fonctionnement familialLa configuration des familles a table, c’est-a-dire la place de

chacun et surtout leur fixite, donne une image figee du fonctionne-ment de la famille. Dans le groupe ANOREXIE, le repas est une scenefixee, un rite familial qui ne supporte aucun changement.

Pere de F10 : chacun sa place, c’est un rituel, chacun sa place.Adolescentes et parents percoivent leur fonctionnement lors du

repas comme fige dans le temps et l’espace.

2.4.2.2. Themes specifiques au groupe NON-TCA. Nourriture, cohe-sion et jeu relationnel

Les familles du groupe NON-TCA font l’experience d’uneveritable cohesion a travers la nourriture et plus specifiquementlors du repas. Le repas est un moment privilegie pour etreensemble et partager. La nourriture devient secondaire et apparaıtparfois comme un pretexte pour se retrouver.

F4 : On mange aussi evidemment mais on communiquebeaucoup. . . des fois le repas il est fini et on continue a parlerensemble. . .

La cohesion familiale lors du repas est surtout le support d’un jeurelationnel du groupe famille. Ces familles jouent avec la nourriture,surtout lorsqu’elles sont a table. Au-dela de la dimension ludique etdivertissante, ce sont les modalites relationnelles qui sont au centredu jeu de la famille. Ce jeu relationnel, fluide et souple, permetd’exprimer et de partager toutes sortes d’emotions, du rire auxlarmes, de la colere a la joie, de l’excitation a la tranquillite et ce d’unrepas a l’autre ou au cours d’un meme repas.

Pere de F7 : Ca peut etre deux minutes de cris et deuxminutes apres on sera en train de rire, on change [. . .] ca veutbien dire que c’etait pas pour de vrai.

Nourriture, transmission et histoire familiale

Dans le groupe NON-TCA, la nourriture sert egalement atransmettre l’histoire de la famille, passee, presente et futur, ainsique sa culture et son identite. Il y a d’abord une transmission del’histoire familiale passee : certaines pratiques et certaines recettesse transmettent de generation en generation et portent en ellesl’histoire de la famille et sa culture. La nourriture sert aussi desupport au recit familial present comme on l’observe toutparticulierement dans les situations de separation parentale. Les

Pour citer cet article : Sibeoni J, et al. Nourriture et relations familialequalitative par Photo-elicitation. Ann Med Psychol (Paris) (2014), h

remaniements autour de la nourriture vont etre le temoin deschangements dans l’histoire familiale.

M1 : Mon pere nous privait d’oignons et de beurre. La parexemple, on peut se faire des tartes a l’oignon assez souvent, onpeut mettre du beurre sur notre maıs.

2.4.3. 3e axe specifique au groupe NON-TCA : le rapport individuel a la

nourriture

Il s’agit d’un axe d’experience retrouve uniquement dans legroupe des adolescents sans TCA. Ils reconsiderent leur rapport a lanourriture dans une perspective individuelle, alors qu’elle etaitdans l’enfance avant tout familiale et relationnelle. Il s’agit de sereapproprier son gout comme pour s’adresser cette question :qu’est-ce que j’aime vraiment pour moi ? Les adolescents sans TCAaffichent une volonte de choisir et decider a partir d’eux-memes etde leurs propres experiences.

F7 : Je crois que mes parents ils m’ont pas force a manger cequi fait que j’ai toujours dit que j’aimais pas. . . donc, y’abeaucoup de choses que je dis que je mange pas ; maismaintenant j’essaie, je verifie si j’aime vraiment pas. . . et bonj’aime ou j’aime pas.

Dans cette perspective individuelle, on retrouve egalement chezces adolescents une volonte de cuisiner pour soi, de « faire soi-meme ». Ils restent pourtant attaches a la cuisine familiale et pour laplupart, il s’agira juste de « se debrouiller », de se reconnaıtre unecapacite a etre autonome sans pour autant s’en saisir. On a ici acces ala mise en scene des mouvements d’autonomie et de dependancedes adolescents.

Mere de F6 (sur la capacite de cuisiner de sa fille) : en fait c’est ca. . . c’est « je peux faire mais je prefere quand tu fais pour moi ».

Enfin, en miroir, les parents des adolescents donnent a voir euxaussi un rapport individuel a la nourriture. Chacun dispose de sonespace propre avec la nourriture et les echanges se font alors apartir de ces espaces.

Mere de F3 (a propos de legumes qu’elle est la seule a aimer) :Si ! J’en fais, j’en fais que pour moi [. . .] et puis je crois que cam’embeterait de me dire que je me prive de quelque chose pourles gouts de mes filles. . . je veux dire, le frigo est assez grand.

3. Discussion

L’objectif de cette etude etait d’investiguer la place de lanourriture dans les relations familiales chez des adolescents sansTCA et des adolescents presentant une anorexie mentale. Trois axesd’experiences ont ete retrouves, une dimension relationnelleparents-enfants, une dimension groupale et une dimension derapport individuel a la nourriture (Groupe NON-TCA).

A propos de notre premier axe, un point important est a soulever :chez les adolescentes presentant une anorexie, le processus dedifferenciation concerne uniquement ce qui se passe dans la famille ;celles-ci concentrent leur discours sur les aspects relationnelsfamiliaux et n’abordent pas la question du groupe de pairs. Alors quedans le groupe NON-TCA, ce theme de la ressemblance et de ladifferenciation est justement aussi mis en scene dans le groupe depairs ; les adolescents sans TCA depassent le sujet des relationsfamiliales et nous ramenent a eux-memes et a leur vie sociale. C’estl’interet des pairs comme levier therapeutique dans les soins del’anorexie mentale qui se dessine en contraste. Des etudes recentesont demontre le role et l’influence des pairs a l’adolescence sur lecomportement alimentaire [21,27], d’autres ont souligne leurimportance dans la construction identitaire de l’adolescent [24].Nos resultats viennent renforcer les conclusions de plusieurs etudesqualitatives dans lesquelles les relations amicales et l’ouverture versle monde exterieur sont reconnues comme des facteurs essentiels dela guerison [10,13,18].

s chez des adolescents avec et sans anorexie mentale : une etudettp://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2013.10.006

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Dans le deuxieme axe d’experience est decrite la dimensiongroupale de la famille ; l’enjeu de la cohesion familiale apparaıtcentral chez toutes les familles recrutees. Le lien entre nourritureet cohesion familiale est decrit dans la litterature, principalementla fonction cohesive du repas de famille [6]. Il est egalementretrouve dans les familles des adolescents obeses [13]. Dans legroupe ANOREXIE, la tentative de cohesion echoue et le repasdevient une scene conflictuelle repetitive autour du seul sujet de lanourriture. Les conflits autour de la nourriture dans ces famillessont deja connus de la litterature, plus specifiquement la questiondes enjeux de pouvoir et celle de l’evitement des conflits [3]. Notremethode par photo-elicitation a permis l’emergence d’un themeoriginal autour du fonctionnement de ces familles lors des repas.Utilisant la metaphore de la photographie, ces familles offrent avoir une image figee, a la fois dans la fixite des places mais aussidans la repetition de la scene du repas. Dans la recherchequalitative, la methode utilisee influe sur le resultat obtenu[14], c’est le cas ici ou la metaphore photographique vient illustrerl’aspect fige de ces familles et l’impasse relationnelle dans laquelleelles se trouvent, apportant ainsi un eclairage et une nouveautedans l’information sur le phenomene etudie.

A la fixite d’une photographie du groupe ANOREXIE s’opposentle dynamisme et la fluidite d’un film pour le groupe NON-TCA. Lejeu mis en place autour de la nourriture autorise mouvement etcreativite dans l’expression des affects et des conflits intrafami-liaux. Les familles du groupe NON-TCA font de leur repas une airede regulation du controle relationnel. Tout le monde joue un role ettout peut etre mis en scene. La metaphore cinematographique seretrouve egalement dans le theme Nourriture, transmission et

histoire familiale puisqu’on a acces a l’histoire passee, presente etfuture de la famille. Ce theme est tres present dans la litterature [2]et son absence dans le groupe ANOREXIE vient renforcer l’imagefigee de ces familles et conforte l’idee d’une dimension relation-nelle familiale entravee.

Les resultats de ce deuxieme axe d’experience renforcent l’ideed’un abord familial dans le traitement de l’anorexie mentale al’adolescence. Pourtant, on a ici acces au vecu des adolescentespresentant une anorexie et elles apparaissent comme prisonnieresde cette impasse relationnelle familiale, dans l’impossibilite desortir de cette scene conflictuelle fixe et repetitive.

Notre 3e axe d’experience, le rapport individuel a la nourritureretrouve uniquement chez les adolescents du groupe NON-TCA,nous invite a considerer un autre levier therapeutique face a cetteentrave relationnelle des familles du groupe ANOREXIE : les soinscentres sur le sujet lui-meme et le sujet au centre de ses soins. Eneffet, a travers l’elaboration du rapport individuel a la nourriture,on a acces a la construction identitaire des adolescents du groupeNON-TCA. Dans la litterature, est deja decrit le lien entrecomportement alimentaire et self concept [17], c’est-a-dire ladefinition qu’un individu se donne a lui-meme, comment il sepercoit.

Plus encore, on peut saisir chez les adolescents sans TCA unepreoccupation pour leur devenir propre. Ils se vivent auteur de leuraction et de leur choix autour de la nourriture. Dans cetteperspective, on connaıt le concept d’human agency (agentivitehumaine), c’est-a-dire la capacite d’une personne a se reconnaıtrecomme l’auteur de ses actes, a s’attribuer ses idees, ses actions etses sensations. Issu du champ des neurosciences [23], ce conceptest egalement decrit dans le champ de la psychologie sociale etcognitive [1]. L’human agency y est defini comme la capacite d’unepersonne a disposer de mesures de controle sur sa vie, a choisir etdecider a partir d’elle-meme et de ses propres experiences. Chezl’adolescent, des etudes ont montre qu’un niveau eleve d’agentiviteetait correle a un meilleur developpement cognitif et emotionnel[15] et qu’il augmentait la capacite a faire face efficacement a dessituations stressantes [25]. Les liens entre agentivite et anorexie

Pour citer cet article : Sibeoni J, et al. Nourriture et relations familialequalitative par Photo-elicitation. Ann Med Psychol (Paris) (2014), ht

mentale sont peu etudies, uniquement dans l’optique des gender

studies [16].Nos resultats et ces etayages theoriques nous permettent ainsi

de considerer l’enjeu therapeutique autour du self dans l’anorexiementale a l’adolescence. Il s’agit, d’une part, de penser des soinscentres sur le sujet lui-meme et visant a la construction de soi ens’appuyant sur son rapport avec lui-meme et aussi, comme on l’avu, sur les relations avec ses pairs. Des etudes qualitativesconfortent cette idee et retrouvent un lien etroit entre anorexiementale et self de l’adolescent, a travers l’ambivalence et la lutteinterieure avec la maladie [24] mais aussi l’importance dans lessoins du rapport a soi et de l’acceptation de soi [4,26]. D’autre part,en s’appuyant sur le concept d’human agency, il s’agirait derepenser la place de l’adolescent presentant une anorexie dans sessoins, en lui permettant de se ressentir et de se vivre agent de sapropre guerison.

Declaration d’interets

Les auteurs declarent ne pas avoir de conflits d’interets enrelation avec cet article.

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