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Nomdupoète Paysd’origineoud’exil
Thème Titredupoème Page
Bellefeuille,Normandde(1949-…)
Québec Processusd’écriture «lepoèmeestunemaisondelongséjour»
2
Définitiondel’essencedelapoésie «lepoèmen’estsurtoutpasdel’ordreduparaître»
2
Sujetd’intérêtdelapoésie «lepoèmeestlepresque» 3 «lepoèmeettoi» 3Définitiondelanaturedelapoésie «lepoèmenedésespère
jamais»3
Définitiondelapoésie «accordez-moicettedéfinition»
3
Bonnefoy,Yves France Suitedumonde «Quecemondedemeure» 4
Souveniretmélancolie «Lapluied’été» 7
Castera,Georges(1936)
Haïti Totalitarismeetcensure «Lalettresouslalangue» 8Misère,barbarie,inhumanité «Ranquitte» 9Langue(expression,alphabétisation) «Souhait» 10
Darwich,Mahmoud(1941-2008)
Palestine Réconciliation,pacifisme «Étatdesiège» 11Ségrégation,patriotisme «Identité» 12Miracleamoureux,recommencement «Jenedésiredel'amourque
lecommencement»13
Miracleamoureux,réconciliation «Nuitquidébordeducorps» 14Identitéetpatriotisme «Pourdécrirelesfleurs
d'amandiers»15
Dupré,Louise(1949-…)
Québec Écritureetordredumonde «demémoireturefais...» 16Écritureetprisesurlemonde «chaquepoèmeestun
automne»16
Écritureetcoursecontrelamort «turêvesencore» 16Écritureetengagement «tuavaleslaréalité» 17Écritureetremémoration «tuécris» 17
Kibuanda,Nina(1977-...)
Congo,France
Engagement «Desmots» 18Engagement «L'envied'écrire» 20Mépris «Lerire» 22
ClaireKrähenbühl(1942-…)
Suisse
Éphémèreséduction «Acorpsperdu» 24Résistance(analogieaveclanature) «Contreledoute» 24Avènement «Lamento» 24
Lapointe,P-M(1929-2011)
Québec Appelàlaconsolation «Quelamour?» 25
Nelligan,Émile(1879-1941)
Québec Apitoiement «Berceuse» 26Gloireéphémère «Laromanceduvin» 27Spleen,malaiseexistentiel «Soird’hiver» 28Altérité,marginalité «Unpoète» 29Idéaldéchu «LeVaisseaud’Or» 30
NerudaPablo(1904-1973)
Chili Effusionamoureuse «Poème1» 31Prodigeamoureux «Poème24» 32Âmesœur(amouridentitaire,indigène) «Poème29» 33Harmonie,communionamoureuse «Poème48» 34Tribulationsamoureuses «Poème71» 35Regret,affliction «PoèmeXX» 36
Phelps,Anthony(1928-…)
Haïti,puisQuébec Mélancolieetnégritude(femmecréole) «Monamour» 37Amouretnégritude(femmecréole) «Orchidéenègre» 38Mélancolieetnégritude(femmecréole) «Teinturière» 39
Rilke,RainerMarie(1875-1926)
Autriche,Suisse Viepsychique «J’apprendsàvoir.» 40Écriture(artpoétique) LesCahiersdeMalteLaurids
Brigge41
Saïd,Amina(1953-…)
Tunisie,puisFrance Essencedel’homme «noussommesleshôtesinconnus»
42
Poésie:lieudel’essentiel «toujoursdanslepoème» 43Senghor,LéopoldSédar(1906-2001)
Sénégal Réconciliation,Reconnaissance «Auxsoldatsnégro-américains»
44
Négritude(matrilignage) «Femmenoire» 45Stétié,Salah(1929-…) Liban Essencedel’homme «Lebleudelaquestion» 46
Antimilitarisme «Mortd’unhomme,naissanced’unpays»
48
emilie
Zone de texte
Établissez votre palmarès d'appréciation (de 1 à 10) des textes suivants. Profitez de la lecture qu'en font les auteurs (cf. site web/ onglet Rencontres littéraires).
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NormanddeBellefeuille
NéàMontréal,en1949,NormanddeBellefeuilleapubliéunetrentainedetitresdepuis1973.Poète,nouvellier,essayisteetromancier,iladéjàobtenuleprixdepoésieÉmile-Nelligan(1984),leprixdepoésiedelaFondationdesForges(1986),leprixdelanouvelleAdrienne-ChoquetteetleprixdelanouvelledeRadio-Canada(1989),lesprixdepoésieAlain-Grandboisdel’AcadémiedesLettresduQuébecetduGouverneurgénéralduCanada,(2000).«lepoèmeestunemaisondelongséjour»lepoèmeestunemaisondelongséjoursouventilnesesouvientplusdelaraisonquil'yaemmenéalorsilabandonnecetteinutiletentationdemémoirecen’estpassacompétencecen’estpassonécolecen’estpassaferveurcen’estpassalumièrelepoèmeestunemaisondelongséjourdites-lerépétez-lechantez-lemaisaussidites-vousrépétez-vouschantez-vousquejamaisdecettemaisondelongséjourlepoèmenesortira
«lepoèmen’estsurtoutpasdel’ordreduparaître»lepoèmen’estsurtoutpasdel’ordreduparaîtrediscretàpeines‘ilmurmureneveutdérangerpersonnenesechuchotequ’àlui-mêmeunedeuxettroisparolesd’amourlesentendez-vous?lepoèmelepoèmeestundéploiementhorsdemoisanssoucidesapparencescetteexpérienceestsimplesisimplequeplusieursn’ycroientpasouicelamepoussedanslenoiretpuis?n’arrive-t-ilpasquelenoirvoussoitaccueillant?
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NormanddeBellefeuille
«lepoèmeestlepresque»lepoèmeestlepresquerienunmotunautreainsidesuitemaissansmoded’emploisauflavielourdedetouscesmots-làquiinsistentpourêtrenommésépeléschuchotéscriésrayéstraduitspuisoubliésàjamaisvoilà:c’estça,précisémentlepresquerien«lepoèmeettoi»lepoèmeettoiserezmonhappyendmaintenantjen’endouteplusjemesuistoujoursméfiédeshappyendmaistumeréconciliestum’aidesàapprivoiserlanuitetlepoèmeetlanuitdupoèmelàoùilyaquelquechosequiavance,noirnoir,endessousquenousneconnaissonspasquenousneconnaîtronsjamais
avantd’enpartagerprécisément,ledessoussinoirsinoiralorsquisaitsicenoirneserapas,ànouveauunhappyendquisait?dis-moi?«lepoèmenedésespèrejamais»
lepoèmenedésespèrejamaislepoète,luitropsouventalorslepoèmelerappelleàl’ordreetluimontredesbeautésqu’ilavaitdepuissilongtempsperduesdevuelepoèmeestclairvoyantetlepoètesimyope«accordez-moicettedéfinition»accordez-moicettedéfinition:lepoèmeestuneparolemuetteetuneinfirmitéprofondelàjustelàoùellecoïncideavecl’obscuritéétrangedel’amour
3
emilie
Zone de texte
De Bellefeuille, Normand, Le poème est une maison de long séjour, Éditions du Noroît, 2014, 178p.
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YvesBonnefoy
YvesBonnefoy,néàTours(Indre-et-Loire) le24 juin1923, est un poète, critique et traducteur français.(Source,Wikipédia.)
«Quecemondedemeure»
Jeredresseunebranche
Quis'estrompue.Lesfeuilles
Sontlourdesd'eauetd'ombre
Commececiel,d'encore
Avantlejour.Ôterre,
Signesdésaccordés,cheminsépars,
Maisbeauté,absoluebeauté,
Beautédefleuve,
Quecemondedemeure,
Malgrélamort!
Serréecontrelabranche
L'olivegrise.
II
Quecemondedemeure,
Quelafeuilleparfaite
Ourleàjamaisdansl'arbre
L'imminencedufruit!
Queleshuppes,leciel
S'ouvrant,àl'aube,
S'envolentàjamais,dedessousletoit
Delagrangevide,
Puisseposent,là-bas
Danslalégende,
Ettoutestimmobile
Uneheureencore.
III
Quecemondedemeure!
Quel'absence,lemot
Nesoientqu'un,àjamais,
Danslachosesimple.
L'unàl'autrecequ'est
Lacouleuràl'ombre,
L'ordufruitmûràl'or
Delafeuillesèche.
Etnesedissociant
Qu'aveclamort
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YvesBonnefoy
Commebrillanceeteauquittentlamain
Oùfondlaneige.
IV
Oh,quetantd'évidence
Necessepas
Commes'éteintleciel
Danslaflaquesèche,
Quecemondedemeure
Telquecesoir,
Qued'autresquenousprennent
Aufruitsansfin,
Quecemondedemeure,
Qu'entre,àjamais,
Lapoussièrebrillantedusoird'été
Danslasallevide,
Etruisselleàjamais
Surlechemin
L'eaud'uneheuredepluie
Danslalumière.
V
Quecemondedemeure,
Quelesmotsnesoientpas
Unjourcesossements
Gris,qu'aurontbecquetés,
Criant,sedisputant,
Sedispersant,
Lesoiseaux,notrenuit
Danslalumière.
Quecemondedemeure
Commecesseletemps
Quandonlavelaplaie
Del'enfantquipleure.
Etlorsquel'onrevient
Danslachambresombre
Onvoitqu'ildortenpaix,
Nuit,maislumière.
VI
Bois,disaitcellequi
S'étaitpenchée,
Quandilpleurait,confiant,
Aprèssachute.
5
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YvesBonnefoy
Bois,etqu'ouvretamain
Maroberouge,
Queconsentetabouche
Àsabonnefièvre.
Detonmalpresqueplus
Riennetebrûle,
Boisdecetteeau,quiest
L'espritquirêve.
VII
Terre,quivintànous
Lesyeuxfermés
Commepourdemander
Qu'unemainlaguide.
Elledirait:nosvoix
Quiseprennentaurien
L'unedel'autresoient
Notresuffisance.
Noscorpstententlegué
D'untempspluslarge,
Nosmainsnesachentrien
Del'autrerive.
L'enfantnaissedurien
Duhautdufleuve
Etpasse,danslerien,
Debarqueenbarque.
VIII
Etencore:l'été
N'auraqu'uneheure
Maislanôtresoitvaste
Commelefleuve.
Carc'estdansledésir
Etnonletemps
Qu'apuissancel'oubli
Etquemorttravaille,
Etvois,monseinestnu
Danslalumière
Dontlespeinturessombres,indéchiffrées,
Passentrapides.
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YvesBonnefoy
YvesBonnefoy"Lapluied'été",1999-etpremièresectiondurecueil"Les Planches courbes", Mercure de France, 2001 ;rééditéenPoésie/Gallimard,2003LAPLUIED’ÉTÉIMaislepluschermaisnonLemoinscruelDetousnossouvenirs,lapluied’étéSoudaine,brève.Nousallions,etc’étaitDansunautremonde,Nosbouchess’enivraientDel’odeurdel’herbe.Terre,L’étoffedelapluieseplaquaitsurtoi. C’étaitcommeleseinQu’eûtrêvéunpeintre.IIEttôtaprèslecielNousconsentaitCetorquel’alchimieAuratantcherché.Nousletouchions,brillant,Surlesbranchesbasses,NousenaimionslegoûtD’eau,surnoslèvres.EtquandnousramassionsBranchesetfeuilleschues,Cettefuméelesoirpuis,brusque,cefeu,C’étaitl’orencore.YvesBonnefoy"Lapluied'été",1999-etpremièresectiondurecueil"Les Planches courbes", Mercure de France, 2001 ;rééditéenPoésie/Gallimard,2003
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«"La"lettre"sous"la"langue"»"de"Georges"Castera"!Portrait':'Georges'Castera'"Date"de"naissance:"27/12/1936"Lieu"de"naissance:"Port>au>Prince,"Haïti"!«Georges!Castera!fils!est!né!le!27!décembre!1936!à!Port=au=Prince!(Haïti),!fils!du!médecin!haïtien!Georges!Castera!et!d'Irène!Aubry.!!!Castera!est!l'une!des!plus!grandes!figures!de!la!poésie!haïtienne!contemporaine.!!Très!jeune,!il!commence!à!écrire!dans!ce!Port=au=Prince!fasciné!par!les!lettres.!À!partir!des!années!50,!il!se!fait!connaître!dans!les!journaux!de!Port=au=Prince!et!est!accueilli!chaleureusement!par!les!aînés.!!En!1956,!il!part!pour!l'Europe.!Il!entame!des!études!en!médecine!en!Espagne!qu'il!abandonne!pour!suivre!une!carrière!poétique.!Militant!de!gauche,!toutes!les!luttes!du!monde!qui!entendent!libérer!l'Homme!l'intéressent.!Son!œuvre!est!une!révolte!contre!l'injustice,!la!misère!et!la!répression!et!un!pari!sur!l'amour!et!le!désir.!!Dans!les!années!1970,!on!le!retrouve!aux!États=Unis!où!il!travaille!au!théâtre!avec!les!metteurs!en!scène!Syto!Cavé!et!Hervé!Denis.!Il!prend!une!part!active!dans!l'organisation!politique!de!la!communauté!haïtienne!de!New!York!et!dans!la!formation!de!la!troupe!de!théâtre!Kouidor.!!À!la!chute!de!Duvalier!en!1986,!Georges!Castera!rentre!à!Port=au=Prince,!après!30!ans!d'exil!et!contribue!à!la!formation!poétique!des!jeunes!tant!de!Port=au=Prince!que!de!la!province,!à!l'aide!de!ses!lectures!et!interventions!publiques,!souvent!avec!des!amis!écrivains!comme!Anthony!Phelps!et!Cavé.!!Castera!vit!actuellement!à!Pétion=ville!où!il!partage!son!temps!entre!l'édition!et!l'écriture.!Poète,!dessinateur!et!directeur!littéraire!aux!éditions!Mémoire,!il!écrit!en!français,!en!créole!et!en!espagnol.!Il!est!membre!fondateur!de!l'Association!des!écrivains!haïtiens.!»!!!Lyrikline.org!!""
""«"La"lettre"sous"la"langue"»""Je"t’écris"pour"te"dire"que"je"vis"à"fleur"d’encre"dans"une"ville"de"béton"armé"On"tire"lamentablement"dans"ma"rue"Dire"et"déjà"trop"dire"le"bonheur"sous"chloroforme""Qui"habitera"avec"nous"cet"espace"mensonger"l’incertitude"de"ce"pays"aphone"à"force"de"faire"des"promesses"à"des"bonheurs"sans"complices"à"des"rêves"de"plein"jour"et"de"plain>pied"?""Déjà"l’ellipse"ma"main"coupée"en"deux"Il"faut"trancher"Je"suis"un"homme"qui"du"rebord"piégé"de"la"lune"et"du"rebond"de"la"lettre"et"du"piège"de"l’esprit"appelle"la"folie"devant"la"mer"en"ruine"et"puisqu’il"te"faut"un"récit"court"celui"des"fous"derrière"la"porte"des"lapsus"ou"des"masques"allumés"qui"font"un"bruit"de"poulie"dans"les"os"je"t’écris"pour"t’apprendre"que"j’ai"longtemps"parlé"avec"les"poings"serrés"pour"ne"pas"crier"avec"l’horizon"qui"fait"naufrage."""©"Georges"Castera"Écrit"en:"1992"Extrait"de:"Les!cinq!lettres"Imprimerie"Natal,"Port>au>Prince"1992"
8
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«"Ranquitte"»"de"Georges"Castera"!«"Ranquitte*"»""Ranquitte"bois"sec,""terre"poussiéreuse."Nous"avons"des"membranes"fibreuses"avant"d’avoir"des"muscles."Ranquitte"où,"a"midi,"le"soleil"agit"tel"un"chien"fou"qui"cherche"à"mordre"les"gens.""Les"cactus"lèvent"leur"pancartes"épineuses"Et"les"passent"sur"nos"corps."Nous"devenons"maboule."On"dirait"que"nous"sommes"marqués"à"l’étampe"du"malheur."Notre"voie"est"barrée.""Zéro"barré,"Ainsi"nous"allons""Comme"un"baril"de"lards"Qui"roule"avec"notre"peau,"avec"notre"âme,"avec"ce"qui"nous"reste"de"souffle""Ranquitte"sous"notre"cœur"Ainsi"ressentonsLnous"la"douleur,"Comme"une"chose"imaginaire,""une"chose"impossible,"une"perruque""qu’on"envoie"en"l’air"sur"les"arbres"et"puis""les"enfants"qui"gonflent"comme"des"ballons,"qui"tombent"par"terre"comme"des"plumes"de"poule,"des"enfants"qui"roulent,"qui"rampent"et"qui"s’en"vont,""les"enfants"qui"se"lèvent"comme"des"cris"désespérés"qu’on"étouffe"pour"qu’on"n’entende"pas"crier.""Ranquitte"tel"un"vent"mauvais"qui"souffle"sur"mon"pays,""un"vent"mauvais,"
qui"vous"prend"par"la"tête"pour"vous"faire"tourner"sur"vos"talons"dans"tous"les"sens.""Les"gens"courent"en"plein"jour"aboyant"de"faim"comme"des"chiens."Tout"est"sans"pied"ni"tête";"les"arbres,"crochus.""Le"pays,"mes"amis,"est"une"douleur"que"nous"ressentons"sous"le"cœur,"sous"le"nombril";"pour"tout"dire,"à"même"notre"Ranquitte.""Extrait"de:"Biswit"Leta"Ed."I.N.I.P.,"New"York"1978""*"Édition"française"du"poème"créole"«"Rankit"»"http://lyrikline.org/index.php?id=162&L=2&author=gc00&show=Poems&poemId=3366&cHash=8621ee49f6#top""
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«"Souhait"»"de"Georges"Castera"!Portrait':'Georges'Castera'"Date"de"naissance:"27/12/1936"Lieu"de"naissance:"Port?au?Prince,"Haïti"!«Georges!Castera!fils!est!né!le!27!décembre!1936!à!Port=au=Prince!(Haïti),!fils!du!médecin!haïtien!Georges!Castera!et!d'Irène!Aubry.!!!Castera!est!l'une!des!plus!grandes!figures!de!la!poésie!haïtienne!contemporaine.!!Très!jeune,!il!commence!à!écrire!dans!ce!Port=au=Prince!fasciné!par!les!lettres.!À!partir!des!années!50,!il!se!fait!connaître!dans!les!journaux!de!Port=au=Prince!et!est!accueilli!chaleureusement!par!les!aînés.!!En!1956,!il!part!pour!l'Europe.!Il!entame!des!études!en!médecine!en!Espagne!qu'il!abandonne!pour!suivre!une!carrière!poétique.!Militant!de!gauche,!toutes!les!luttes!du!monde!qui!entendent!libérer!l'Homme!l'intéressent.!Son!œuvre!est!une!révolte!contre!l'injustice,!la!misère!et!la!répression!et!un!pari!sur!l'amour!et!le!désir.!!Dans!les!années!1970,!on!le!retrouve!aux!États=Unis!où!il!travaille!au!théâtre!avec!les!metteurs!en!scène!Syto!Cavé!et!Hervé!Denis.!Il!prend!une!part!active!dans!l'organisation!politique!de!la!communauté!haïtienne!de!New!York!et!dans!la!formation!de!la!troupe!de!théâtre!Kouidor.!!À!la!chute!de!Duvalier!en!1986,!Georges!Castera!rentre!à!Port=au=Prince,!après!30!ans!d'exil!et!contribue!à!la!formation!poétique!des!jeunes!tant!de!Port=au=Prince!que!de!la!province,!à!l'aide!de!ses!lectures!et!interventions!publiques,!souvent!avec!des!amis!écrivains!comme!Anthony!Phelps!et!Cavé.!!Castera!vit!actuellement!à!Pétion=ville!où!il!partage!son!temps!entre!l'édition!et!l'écriture.!Poète,!dessinateur!et!directeur!littéraire!aux!éditions!Mémoire,!il!écrit!en!français,!en!créole!et!en!espagnol.!Il!est!membre!fondateur!de!l'Association!des!écrivains!haïtiens.!»!!!Lyrikline.org!!""
""«"Souhait"»"""Les"mots"sont"contagieux""Apprends"donc"les"plus"utiles""Et"transmets?les"comme"ta"part"de"Liberté""Si"le"soleil"est"exposé"aux"pleurs""Rentre?le"chez"toi"sans"fracas."""Georges"Castera""
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Mahmoud(Darwich(
Darwich,(Mahmoud.(Anthologie*(1992/2005)/(Édition(bilingue,(Actes(Sud(2009,(320p.((p.185,(189,(191,(197)(!
«(État(de(siège(»((Extraits)((Ici,(aux(pentes(des(collines,(face(au(crépuscule(et(au(canon(du(temps((Près(des(jardins(aux(ombres(brisées,((Nous(faisons(ce(que(font(les(prisonniers,((Ce(que(font(les(chômeurs(:((Nous(cultivons(l’espoir.((Vous(qui(vous(dressez(sur(les(seuils,(entrez,((Buvez(avec(nous(le(café(arabe.(Vous(pourriez(vous(sentir(des(humains(comme(nous.((Vous(qui(vous(tenez(sur(les(seuils,((Sortez(de(nos(matins,((Nous(serons(rassurés(d’être(comme(vous,(Des(humains(!(((([À(un(assassin]((Si(tu(avais(contemplé(le(visage(de(la(victime((Et(réfléchi,(tu(te(serais(souvenu(de(ta(mère(dans(la(chambre(à(gaz,((Tu(te(serais(libéré(de(la(sagesse(du(fusil((Et(tu(aurais(changé(d’avis(:(Ce(n’est(pas(ainsi(qu’on(recouvre(son(identité!(([…](((Si(tu(n’es(pas(pluie,(mon(amour,((Sois(arbre((Fécond…(Sois(arbre.((Si(tu(n’es(pas(arbre,(mon(amour,(Sois(pierre((Humide…(Sois(pierre.(Si(tu(n’es(pas(pierre,(mon(amour,((Sois(lune((Dans(le(songe(de(l’aimée…(Sois(lune.(Ainsi(parla(une(femme((À(son(fils(qu’on(enterrait.((([…](((
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! Identité((!Inscris!!!Je!suis!Arabe!Le!numéro!de!ma!carte!:!cinquante!mille!Nombre!d'enfants!:!huit!Et!le!neuvième...!arrivera!après!l'été!!!Et!te!voilà!furieux!!!!Inscris!!!Je!suis!Arabe!Je!travaille!à!la!carrière!avec!mes!compagnons!de!peine!Et!j'ai!huit!bambins!Leur!galette!de!pain!Les!vêtements,!leur!cahier!d'écolier!Je!les!tire!des!rochers...!Oh!!!je!n'irai!pas!quémander!l'aumône!à!ta!porte!Je!ne!me!fais!pas!tout!petit!au!porche!de!ton!palais!Et!te!voilà!furieux!!!!Inscris!!!Je!suis!Arabe!Sans!nom!de!famille!J!je!suis!mon!prénom!«!Patient!infiniment!»!dans!un!pays!où!tous!Vivent!sur!les!braises!de!la!Colère!!!!!!Mes!racines...!!!!!!Avant!la!naissance!du!temps!elles!prirent!pied!!!!!!Avant!l'effusion!de!la!durée!!!!!!Avant!le!cyprès!et!l'olivier!!!!!!...avant!l'éclosion!de!l'herbe!Mon!père...!est!d'une!famille!de!laboureurs!!!!!!N'a!rien!avec!messieurs!les!notables!Mon!grandJpère!était!paysan!J!être!!!!!!Sans!valeur!J!ni!ascendance.!Ma!maison,!une!hutte!de!gardien!!!!!!En!troncs!et!en!roseaux!Voilà!qui!je!suis!J!cela!te!plaîtJil!?!!!!!!Sans!nom!de!famille,!je!ne!suis!que!mon!prénom.!!Inscris!!!!!!!!Je!suis!Arabe!Mes!cheveux...!couleur!du!charbon!Mes!yeux...!couleur!de!café!
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Mahmoud(Darwich((194122008)(
«"Je"ne"désire"de"l'amour"que"le"commencement"»"(Je(ne(désire(de(l'amour(que(le(commencement.(Au2dessus(des(places(de(ma(Grenade(Les(pigeons(ravaudent(le(vêtement(de(ce(jour(Dans(les(jarres,(du(vin(à(profusion(pour(la(fête(après(nous(Dans(les(chansons,(des(fenêtres(qui(suffiront(et(suffiront(pour(qu'explosent(les(fleurs(du(grenadier((Je(laisse(le(sambac(dans(son(vase.(Je(laisse(mon(petit(coeur(Dans(l'armoire(de(ma(mère.(Je(laisse(mon(rêve(riant(dans(l'eau(Je(laisse(l'aube(dans(le(miel(des(figues.(Je(laisse(mon(jour(et(ma(veille(Dans(le(passage(vers(la(place(de(l'oranger(où(s'envolent(les(pigeons((Suis2je(celui(qui(est(descendu(à(tes(pieds(pour(que(montent(les(mots(Lune(blanche(dans(le(lait(de(tes(nuits?(Martèle(l'air(Que(je(voie,(bleue,(la(rue(de(la(flûte.(Martèle(le(soir(Que(je(voie(comment(entre(toi(et(moi(s'alanguit(ce(marbre.(Les(fenêtres(sont(vides(des(jardins(de(ton(châle.(En(un(autre(temps(Je(savais(nombre(de(choses(de(toi,(et(je(cueillais(le(gardénia(À(tes(dix(doigts.(En(un(autre(temps(je(possédais(des(perles(Autour(de(ton(cou(et(un(nom(gravé(sur(une(bague(d'où(jaillissait(la(nuit((Je(ne(désire(de(l'amour(que(le(commencement.(Les(pigeons(se(sont(envolés(Par2dessus(le(toit(du(ciel(dernier.(Ils(se(sont(envolés(et(envolés.(Il(restera(après(nous(du(vin(à(profusion(dans(les(jarres(Et(quelque(terre(suffisante(pour(que(nous(nous(retrouvions,(et(que(la(paix(soit.(
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! Mahmoud(Darwich((194122008)(!
Darwich,(Mahmoud.(Anthologie*(1992/2005)/(Édition(bilingue,(Actes(Sud(2009,(320p.((p.129,(131,(133,(135)(!
Nuit%qui%déborde%du%corps%%(Jasmin(sur(les(nuits(de(juillet.(Chanson(Pour(deux(étrangers(qui(se(rencontrent(sur(une(rue((qui(ne(mène(nulle(part(Qui(suis2je(après(ces(deux(yeux(en(amande?(Dit(l'étranger(Qui(suis2je(après(ton(exil(en(moi?(Dit(l'étrangère(Prenons(garde(alors,(à(ne(pas(remuer(le(sel(des(mers(anciennes,(Dans(un(corps(qui(se(souvient(Elle(lui(restituait(son(corps(chaud(Et(il(lui(restituait(son(corps(chaud(Ainsi(les(deux(amants(étrangers(laissent(leurs((amours(en(désordre(Comme(ils(abandonnent(leurs(sous2vêtements(entre(les(fleurs(des(draps(2(Si(tu(es(vraiment(mon(aimé,(compose(un((Cantique(des(cantiques(pour(moi(Et(grave(mon(nom(sur(la(branche(d'un(grenadier,(dans(les(jardins(de(Babylone(2(Si(tu(m'aimes(vraiment,(place(mon(rêve(entre(mes(mains,(et(dis(Dis(au(fils(de(Marie:(Ainsi,(tu(nous(fais(subir(le(sort(que(tu(t'es(choisi(Seigneur,(sommes2nous(assez(justes,(pour(l'être(demain?(2(Comment(guérirais2je(du(jasmin,(demain?(2(Comment(guérirais2je(du(jasmin,(demain?(Ils(font(obscurité(ensemble,(dans(des(ombres(qui(dansent(au(plafond(de(sa(chambre(Elle(lui(dit:(Ne(sois(pas(ténébreux(après(mes(seins(Il(dit:(Tes(seins,(nuits(qui(éclairent(l'essentiel(Nuits(qui(me(couvrent(de(baisers,(et(nous((nous(sommes(emplis(Le(lieu(et(moi,(de(nuits(qui(débordent(de(la((coupe(Elle(rit(de(sa(description.(Et(elle(rit(encore(Lorsqu'elle(cache(la(pente(de(la(nuit(dans(sa(main(2(Mon(amour(s'il(m'était(donné(d'être(un((garçon,(je(serais(toi((2(Et(s'il(m'était(donné(d'être(une(fille,(je(serais(toi(Et(elle(pleure,(comme(à(son(habitude(lorsqu'elle(revient(d'un(ciel(couleur(de(vin(Emmène2moi(Etranger(dans(un(pays(où(Je(ne(possède(pas(un(oiseau(bleu(sur(un(saule(Et(elle(pleure,(pour(traverser(ses(forêts(dans(
((le(long(départ(vers(elle2même.(Qui(suis2je?(Qui(suis2je(après(ton(exil(dans(mon(corps?(Ah(cette(peine(qui(me(vient(de(moi,(de(toi(de((mon(pays(Qui(suis2je(après(ces(deux(yeux(en(amande?(Montre2moi(mon(lendemain!(Ainsi(les(deux(amants(laissent(leurs(adieux(en(désordre(Comme(le(parfum(du(jasmin(sur(les(nuits(de(juillet((Quand(vient(juillet(Le(jasmin(me(porte(à(une(rue(qui(ne(mène(nulle(part(Mais(je(chante(encore(Jasmin(Sur(les(nuits(De(juillet(((
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! Mahmoud(Darwich((194122008)(
Darwich,(Mahmoud.(Anthologie((199222005)/(Édition(bilingue,(Actes(Sud(2009,(320p.((p.259,(261,(263)(
!Pour!décrire!les!fleurs!d'amandiers!((Pour(décrire(les(fleurs(d'amandiers,(l'encyclopédie((des(fleurs(et(le(dictionnaire((ne(me(sont(d'aucune(aide…(Les(mots(m'emporteront((vers(les(ficelles(de(la(réthorique,(Et(la(réthorique(blesse(le(sens,(puis(flatte(sa(blessure,(Comme(le(mâle(dictant(à(la(femelle(ses(sentiments.(Comment(les(fleurs(d'amandiers((resplendiraient2elles((dans(ma(langue,(moi(l'écho?(Transparentes(comme(un(rire(aquatique,(Elles(perlent(de(la(pudeur(de(la(rosée((sur(les(branches…(Légères,(telle(une(phrase(blanche,(mélodieuse…(Fragiles,(telle(une(pensée(fugace((ouverte(sur(nos(doigts,(et(que(nous(concilions(pour(rien…(Denses,(tel(un(vers(que(les(lettres(ne(peuvent(transcrire.(Pour(décrire(les(fleurs(d'amandiers,(j'ai(besoin(de(visites((à(l'inconscient(qui(me(guide(aux(noms((d'un(sentiment(suspendu(aux(arbres.(Comment(s'appellent2elles?(Quel(est(le(nom(de(cette(chose((dans(la(poétique(du(rien?(Pour(ressentir(la(légèreté(des(mots,(j'ai(besoin(de(traverser(la(pesanteur(et(les(mots((lorsqu'ils(deviennent(ombres(murmurantes,(que(je(deviens(eux,(et(que,(transparents,(blancs,((ils(deviennent,(moi.(Ni(patrie,(ni(exil(que(les(mots,(Mais(passion(du(blanc((pour(la(description(des(fleurs(d'amandier.(Ni(neige,(ni(coton.(Qui(sont2elles(donc,((dans(leur(dédain(des(choses(et(des(noms?(Si(quelqu'un(parvenait((à(une(brève(description(des(fleurs(d'amandier,(la(brume(se(rétracterait(des(collines(et(un(peuple(dirait(à(l'unisson:(Les(voici,((les(paroles(de(notre(hymne(national!(
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[demémoireturefais...]/[chaquepoèmeestunautomne]/[turêvesencore]LouiseDupréDatedenaissance:09-07-1949LieudenaissanceSherbrooke,QuébecRésideà:MontréalLouiseDupré(néeen1949àSherbrooke,auQuébec),poète,romancière,dramaturgeetessayiste,aétudiéàl'UniversitédeSherbrookepuisàl'UniversitédeMontréal,oùelleaobtenu,en1987,undoctoratenlettres.Sathèseportesurlanouvellepoésiequébécoiseauféminin.De1981à1984,elleafaitpartieducollectifdesÉditionsduRemue-Ménage,oùelleaétéresponsableducomitédelecture.En1988,elleestentréeaucomitéderédactiondelarevueVoixetImages:Littératurequébécoise,dontelleaétédirectricede1995à1998.[demémoireturefais...]demémoireturefaisletrajetdumondetucherchesencorelepointaveugleoùsesontdiviséesleseauxducieletleseauxdelaterrepourquel’horizonjamaisnecessedemanqueràlasoifcequ’onappellel’amourrappellecetutoiementquetuimagineseneffleurantlesblessuressecrètesdespierres[chaquepoèmeestunautomne]chaquepoèmeestunautomnedeplusnonpasceluidesbellesphrasesseulementl’automneébouriffédanslesfeuillagestelslescheveuxdessorcièresquiamusentlesenfantssurlesbalconstuécrispourattirerlesoleildanslalenteurd'unérableavantquelesoirneviennel’engloutirtoutsefaitimagedanstacoursecontrelenoir
[turêvesencore]turêvesencorelesétésmoitesetl’instinctdesorchidéesquioffrentleurbeauveloursmêmesiellesfanerontàuneboutonnièredurantladernièredanseheureusementilyalesfleursilyadesorchestrescapablesdejouerpendantquelesnavirescoulentdanslamercen’estpaslecouragemaisunepeursansmerciquiaiguiselesarchetsdesnerfsonrépètedevieuxgestescommesilarépétitionpouvaitrendresupportablecedueld’avanceperdu
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[[tuavaleslaréalité]/[tuécris]LouiseDupréDatedenaissance:09-07-1949LieudenaissanceSherbrooke,QuébecRésideà:Montréal[tuavaleslaréalité]tuavaleslaréalitédelaruedeplusenplusdénudéesansregretniamertumeainsiqu’unesoupeverséedanslavieilletassed’unevieillevietoujourstuasvoululafaimetlasoifpuisqu'ilfautquelafaimtoujoursl’emporteetlasoif,etlegoûtd’unenouvellecaressetuécrispourquetonsangnerougissejamais
lemondetul’asjuré[tuécris]tuécrisaveccetespoirinquietquifaitleslivresquandlessouvenirsnelaissentplusqu’uncerneàlasurfacedesmotsunlacdouxpourlesnageurssortiscorpsetâmedejuillettulesregardesdansl’eausoulevéeenjuponcommeceluiquetuportaisautempsdulatinjusqu'àcequ'ilss’immobilisentàlahauteurdelapagepuisquetoutaunefinlespoèmes,leslacsetlesnidsdanslapeau
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« Des mots » de Nina Kibuanda
Portrait : Nina Kibuanda Date de naissance: 12/03/1977 Lieu de naissance: Kinshasa, Congo Lieu de Résidant: Saint-‐Herblain, France «Des mots»1 Des mots Des mots… Des mots pour donner Des
mots pour rendre grâce Des mots à prendre Non
pas à rendre Des mots Pour se nourrir, boire, Se
péter le bide le foie les neurones Des mots A
mâcher, à ruminer, à savourer, à digérer Des
mots à laisser infuser Des mots à diffuser Des
mots pour savoir et pouvoir les dire oh !!! Des
mots Des mots… Démocratique Des mots pour
tous Mots pour comprendre mais Mots pour agir
Mots pour en finir Des mots qui transforment
Mots incandescents, rebelles Mots visionnaires
Des mots contre nos maux oh !!! Des mots Des
mots… Des moratoires Des mots pour lire et
démolir Des mots de guerriers Mots pour se
battre Des mots qui coulent comme des larmes
Mais mots qui sont nos armes Des Molotov Des
mots de la teuf Des mots de vision d’espoir Des
mots juteux heureux Des mots lumineux qui
traversent la nuit Des mots comme des étoiles
filantes Mais qu’il faudrait suivre Des mots
1 Pour la présentation graphique du poème, voir : http://lyrikline.org/index.php?id=162&L=2&author=nk04&show=Poems&poemId=6585&cHash=32b677276f
comme des guides comme des drogues Mots
parfois acides Mots gorgés de mescaline Caféine
benzédrine codéine nicotine Mots extatiques. Les
mots sages du peyotl du désert de huiricuta Qui
versent en moi une goutte d’éternité Mots de
yamba Mots de mota Mots de marijuana Mots en
toutes les langues Car mots pour tous… Des mots
en awate et en espagnol Mots en anglais et en
wichole Mots sans bémol Mots en douala Mots
en chinois Mots en maya Mots en hindi Mots à
paris Des mots en hébreu comme en reubeu Des
mots des moscovites Des mots au plus vite Des
mots en allemand Des mots chaque jour plus
urgents Des mots en ourdou, en peul, en wolof
En catalan, en polonais, en arménien Des mots de
moldaves car ce sont des mots graves. Des mots
Des mots… D’hémoglobine Des mots qui sont
notre sang Des mots Des mots… D’hémorragie
Des mots qu’on n’arrête pas Des mots qui sont le
soleil la pluie et la fleur à la fois Des mots qui sont
Krishna Des mots Des mots… Rien que des mots
toujours des mots les mêmes mots Démodés
mais pas démotivés Mots qui ne meurent jamais
Mots qui ont traversé le temps Des mots qui ont
du talent Des mots… Des mots… Des mots… Des
mots jusqu’au plus profond Même au delà des…
maux…
© Nina Kibuanda
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« Des mots » de Nina Kibuanda
Vocabulaire : Teuf : fête Peyotl : cactus Huiricuta : Yamba : Mota : Awate : Wichole : Douala : Ville de Cameroun, port sur le golfe du Guinée Reubeu : Ourdou : Une des deux langues officielles du Pakistan Peuk : Wolof : Langue africaine Moldaves :
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«"L’envie"d’écrire"»"de"Nina"Kibuanda"!Portrait':'Nina'Kibuanda'"«Nina"Kibuanda"né"le"12"Mars"1977"à"Kinshasa,"comédien"slameur,"se"consacre"au"rap"dès"l’âge"de"13"ans"puis"fait"partie"d’un"groupe":"«"Ligne"de"Mire"»."À"18"ans,"il"prend"goût"aux"mots."Parallèlement,"il"s’intéresse"au"théâtre."Au"cours"d’un"exercice"de"diction,"Nina"choisit"d’interpréter"un"passage"qui"l’avait"marqué"du"livre"de"Rap"BROWN"intitulé":"«"Crève,"sale"nègre,"crève"»."Le"professeur"décèle"alors"en"lui"une"aptitude"pour"le"Slam"et"lui"fait"découvrir"les"scènes"ouvertes"qui"fleurissent"un"peu"partout"à"Paris."C’est"une"révélation"pour"Nina,"qui"délaisse"alors"le"rap"pour"se"consacrer"exclusivement"au"Slam.""Dès"2000,"il"se"lance"dans"l’animation"de"cette"forme"de"poésie"en"tant"qu’initiateur"auprès"des"enfants,"adolescents"et"adultes,"(écoles,"facs,"maisons"de"quartiers,"maisons"de"retraite),"en"partenariat"avec"les"associations"Universalisapo"(La"RocheZsurZYon),"et"Jeunes"Africains"de"France"(Nantes),"Pirates"Primates"Production,"Alice,"Monsieur"Mouch."Avec"son"ami"Bruno"Vieillescazes,"il"coZécrit"quelques"textes"qu’il"interprète"également,"dont"«"Les"Baisers"de"ma"Solitude"»."Il"organise"et"participe"à"de"multiples"scènes"Slam"(Paris,"IssyZlesZMoulineaux,"Cherbourg,"Nantes,"Angers…).""De"2002"à"2007,"il"joue"dans"plusieurs"pièces"de"théâtre":"rôle"principal"dans"«"Liliom"»"de"Férenc"Molnar"avec"la"Compagnie"du"Désordre,"rôle"de"Glagoliev"dans"«"J’ai"mal"à"Platonov"»"d’après"Tchekhov,"(jouée"plusieurs"semaines"à"la"Cartoucherie"dans"le"cadre"du"festival"Enfants"de"Troupe"Premier"Pas),"le"rôle"du"Bourgmestre"et"du"Président"dans"«"L’Opéra"du"Dragon"»","montage"de"la"pièce"de"Heiner"Müller"jouée"à"la"Halle"des"Epinettes"à"Issy"les"Moulineaux"et"dans"le"cadre"de"la"Biennale"de"la"jeune"Création"à"Houilles"avec"la"Compagnie"Guépard"Echappée."Aujourd’hui"il"joue"le"rôle"de"Dembourou"dans"l’adaptation"de"«"La"Vie"s’appelle"Lâcher"»"dit"«"Kaïdara"»"d’Amadou"Hampathe"Ba"avec"Universalisapo."Il"a"mis"en"scène"et"adapté"en"2008"une"pièce"de"Sarah"Kane"«"4.48"Psychose"»,"et"travaille"actuellement"«"Le"Printemps"qui"fût"»"d’Amande.""En"2006,"il"décide"de"s’associer"avec"des"musiciens"Jazz"(Emmanuel"Bigot,"Jammaria"Croocklin)"et"une"chanteuse"(WeeZLye)"afin"de"mélanger"les"arts"en"créant"le"groupe"Ninslamjazz"(concerts":"Paris,"Nantes,"Les"Sables"d’Olonne)."Il"forme"également"différents"duos":"avec"Maikez"(musicien"traditionnel"maloya),"A.N.N.A"(slameuse)"et"Mya"Barakaa"(chanteuse,"slameuse).""Depuis"mars"2009,"il"a"été"embauché"par"l’association"Jeunes"Africains"de"France"en"tant"qu’animateur"et"metteur"en"scène."»"Lyrikline.org"
«"L'envie"d'écrire"»""L'envie"d'écrire"Comme"un"appel""Alors"frapper"les"touches"De"ce"qui"n'est"Qu’une"machine""Pour"tenter""De"les"rendre"Sensibles"Pour"émouvoir"ainsi"Pour"t'émouvoir"""J'ai"vu,"tu"sais"D’incroyables"misères"Et"j'ai"fermé"les"yeux"Mes"yeux"justes"Violentant"ma"volonté"De"négation"Projetant"sur"mes"paupières"L’image"de"ma"mère"Couchée"par"terre"""Oh"désastre"""Parle"moi"du"désastre""P"A"R"L"E"ZM’"E"N"""J'ai"vu"des"armes"En"des"mains"puériles"Mais"âgées""De"l'âge"de"la"déraison"J'ai"vu"des"hommes"Que"l'on"dit"adultes"S’en"remettre"à"d'autres"Comme"à"des"dieux"Comme"à"des"maîtres"mais"Si"nous"avons"des"maîtres"Nous"manquons"des"guides"Alors"que"nous"sommes"guide"Et"tu"es"guide"toi,"toi,"toi""Alors"l’envie"d’écrire"te"prend"Alors"frappe"Clac"clac"clac"clac"clac"Frappe"les"touches""De"ce"qui"n’est"qu’une"machine"
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«"L’envie"d’écrire"»"de"Nina"Kibuanda"!Pour"tenter"de"les"rendre"sensible"Pour"t’émouvoir"Pour"nous"émouvoir"""Écrire""L'envie"d'écrire"est"pour"moi"comme"un"appel""Alors"je"frappe""Clac!"Clac!"Clac!""Frappe"les"touches"de"ce"qui"n'est"qu'une"machine"Pour"tenter"de"les"rendre"sensibles"Pour"m'émouvoir,"ainsi"pour"vous"émouvoir""Alors"j'écris...""Écrire"qu'il"y"a"des"femmes"qui"me"font"veiller"bien"tard"pour""Écrire,"tout"ce"qu'elles"m'inspirent"d'espoir,"de"bonheur"alors"sur"l'avenir""Écrire,"autre"chose"que"la"morosité"des"jours"qui"s'annonce"comme"une"lettre"à""Écrire,"pour"s'excuser"de"n'avoir"pu"venir"sur"une"tombe"et"dans"un"dernier"constat""Écrire,"son"testament"et"prévenir"les"enfants,"qui"apprendront"un"jour"à"leur"tour"à""Écrire,"qu'il"faut"aimer"autre"chose"que"la"vie"que"la"mort"et"qu'il"faut"son"destin"propre""Écrire"soiZmême,"sans"laisser"quiconque"dicter"leurs"actes,""Dicter"ce"qu'ils"devront"bien.sûr"à"leur"tour...""Écrire""Alors"l'envie"d'écrire"me"prend,""Alors"je"frappe"
"Clac!"Clac!"Clac!""Frappe"les"touches"de"ce"qui"n'est"qu'une"machine"Pour"tenter"de"les"rendre"sensibles"Pour"m'émouvoir,"ainsi"pour"vous"émouvoir"""Nina"KIBUANDA"Bruno"VIEILLESCAZES""©"Nina"Kibuanda"
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« Le rire » de Nina Kibuanda
Portrait : Nina Kibuanda Date de naissance: 12/03/1977 Lieu de naissance: Kinshasa, Congo Lieu de Résidant: Saint-‐Herblain, France
«Le rire» Un réveil et puis le rire Le rire est là Comme un petit Morceau de toile Linceul d’un siècle A sa fin Vieux et vieilli Par sa puérilité Un réveil et puis le rire Le rire est là comme un linceul Mais de qui le linceul Toile des ans Je cherche mes mots attends! Les mots, les mots, les mots brefs ! Les mots justes J’explore mon siècle Je le dépèce L’autopsie avec mon cerveau pour scalpel Et le rire pour cadavre Le rire est là comme un linceul Mais sais-‐tu, toi Si ce dont rient les marges Dont les rangs se gonflent Ne sera pas demain Ce dont rira le monde Ce dont on rit Est toujours Ce dont on se défait On se défait De son toit De son corps De toi, de l'autre Et de l'ordre social Putain d’ordre social On se défait Ceux qui rient De leur auberge étoilée Leur peau décharnée
Griller, cramer, Venant de cambrousse Exilé, clandestin sans papier Esclaves étoilés Filles et fils de Lumumba Toujours à la recherche Et qui font peur à l’autorité Le rire est là comme un linceul Tâche de sang Tache d'encre Sur papier blanc Linceul collectif Grégaire Le rire organisé Le rire gras Quand les enfants sont maigres Au carnaval d’une fin de siècle Qui cherche son mâle Le rire complice Celui du bourreau De monsieur l’agent Du criminel de guerre De la police Le rire est là Sans couleur propre Saoul ou stone Liquide ou produit Qu’importe l’interdit Le nouvel ordre n’est pas ! Car le rire est là Comme un linceul Et le sourire pour cercueil Celui de la pute Qui ouvre sa porte A celle plus profonde De l’homme qui s’en va Vers sa nuit Rictus satisfait rejoindre Le corps silencieux de l’officiel A qui il pourra rire amèrement Quand même connard Le rire est là comme un linceul Et moi je ne sais plus soki nalingui yo
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« Le rire » de Nina Kibuanda
Nina KIBUANDA Bruno VIEILLESCAZES © Nina Kibuanda Patrice Lumumba (1912-‐1961) Homme politique congolais. Il milita pour l’indépendance du Congo belge dont il fut le premier président.
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Trois&poèmes&de&Claire&Krähenbühl&
!
!
Portrait':'Claire&Krähenbühl'&
Date&de&naissance:&03/09/1942&
Lieu&de&naissance:&YverdonDlesDBains,&Schweiz&
Claire&Krähenbühl&est&née&le&3&septembre&1942&à&
YverdonDlesDBains&(Suisse).&&
&
«Elle&fait&ses&études&à&l’Ecole&des&BeauxDArts&à&
Lausanne&et&s’installe&ensuite&pour&plusieurs&
années&aux&EtatsDUnis.&Depuis&1987,&l’écrivain&et&
peintre&vit&à&Rivaz&près&du&Lac&de&Genève.&»&
&
lyrikline.org&
&
«&Contre&le&doute&»&
&
Des&rêves&seront&pris&
d'autres&laissés&
&
Le&vent&d'ouest&soufflera&sur&eux&
Dles&attisant&&&les&éteignantD&
Ecornant&les&ceps&d'ici&
Egayant&les&foulques&
&
Et&pourvu&que&les&feuilles&de&la&glycine&
sèches&mais&encore&vertes&incroyablement&
s'accrochent&&&pourvu&qu'elles&ne&s'envolent&
pas&toutes&&&je&croirai&oui&je&croirai&
à&ce&que&j'ai&vu&dans&le&noir&
&&
©&Editions&de&l'Aire,&1997&
Extrait&de:&La&Renouée.&poèmes&
Editions&de&l'Aire,&Vevey&1997&
ISBN:&2D88108D439D7&
&
«!A&corps&perdu&»&&
Bien&sûr&vous&troubler&vous&surprendre&
aussi&vous&transporter&
à&huis&clos&jouer&l'impossible&théâtre&&
en&flammes&&&&&&juste&pour&vous&et&moi&
échanger&nos&rôles&pour&voir&&
pour&rire&le&temps&d'un&incendie&
&
Je&serais&le&feu&&&&tu&serais&&
le&rideau&rouge&qui&tombe&dans&le&noir&
&
plus&tard&le&vous&reviendrait&
comme&une&épée&
&&
©&Editions&de&l'Aire,&1997&
Extrait&de:&La&Renouée.&poèmes&
Editions&de&l'Aire,&Vevey&1997&
ISBN:&2D88108D439D7&
&
«!Lamento»&
&
SouvenezDvous&des&signes&
&
la&harde&où&vous&aviez&compté&
douze&chevreuils&
l’étang&mordu&par&la&bise&
où&vous&aviez&vu&l’eau&
lentement&prise&
le&vol&de&canards&où&vous&lisiez&
de&portée&en&portée&la&partition&
des&douces&choses&promises&
&
Vos&étangs&sont&pris&de&silence&
les&vols&sont&de&l’autre&côté&
du&monde&et&la&harde?&
estDelle&en&amour?&
&
J’entends&les&douze&coups&déjà&
Dites&&&&&auronsDnous&le&temps?&
&&
©&Editions&de&l'Aire,&1997&
15,&rue&de&l'Union&
CH&D&1800&Vevey&
Extrait&de:&La&Renouée.&poèmes&
Editions&de&l'Aire,&Vevey&1997&
ISBN:&2D88108D439D7&
&
&
&
&
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«"Quel"amour?"»"de"Paul/Marie"Lapointe"!Portrait':'Paul/Marie"Lapointe'"Date%de%naissance:%22/09/1929%
Lieu%de%naissance:%Saint4Félicien,%Québec,%Canada%
Décédé%le:%16/08/2011%
Décédé%à:%Montréal%
%
«Paul4Marie%Lapointe%est%un%poète%et%journaliste%
québécois.%Il%a%étudié%au%Séminaire%de%Chicoutimi,%au%
Collège%Saint4Laurent%et%enfin%à%l'École%des%Beaux4Arts%
de%Montréal.%Journaliste%à%L'événement%et%au%journal%
La%Presse%à%partir%de%1950,%il%est%directeur%de%
l'information%au%Nouveau%Journal%de%1960%à%1961,%
puis%rédacteur%en%chef%du%magazine%Maclean's%de%
1963%à%1969.%De%1969%à%1992,%il%occupe%différents%
postes%à%Radio4Canada:%il%a%en%effet%été%rédacteur%en%
chef%des%émissions%d´affaires%publiques%et%des%
actualités%puis%directeur%de%l´information%à%la%radio%
avant%d´être%directeur%des%programmes%et%vice4
président%de%la%radio%de%langue%francaise%jusqu´à%sa%
retraite%en%1991.%Il%a%également%participé%à%la%
fondation%de%la%revue%Liberté%et%a%fait%partie%de%
l'équipe%des%Éditions%de%l'Hexagone.%Sa%poésie%a%été%
traduite%dans%plusieurs%langues.%
%
En%1987,%il%entre%dans%la%prestigieuse%collection%
"Poètes%d´aujourd´hui"%chez%Seghers%après%avoir%été%
distingué%par%plusieurs%Prix%littéraires.%En%effet,%Paul4
Marie%Lapointe%reçoit%en%1971%le%Prix%Athanase4David%
pour%l'ensemble%de%son%oeuvre%ainsi%que%le%Prix%du%
Gouverneur%général%du%Canada%pour%son%recueil%Le%
Réel%absolu.%Il%obtient%également%le%Prix%de%
l'International%Poetry%Forum%(États4Unis)%en%1976,%le%
Prix%de%La%Presse%en%1980%et%le%Prix%Léopold4Senghor%
en%1998.%En%1999,%il%obtient%le%prix%Gilles4Corbeil%pour%
l'ensemble%de%son%oeuvre.%Il%est%membre%de%l'Union%des%
écrivaines%et%des%écrivains%québécois.%Enfin,%il%obtient%
un%doctorat%honoris%causa%de%l'Université%de%Montréal%
en%2001.%%
%
Il%meurt%le%16%août%2011%à%Montréal.»%
%
Lyrickline.org""«"QUEL"AMOUR"?"»"""rien""
ni"fleuve"ni"musique"ni"bête""rien"ne"me"consolera"jamais"de"la"misère"du"sang"versé"par"les"hommes"de"la"tristesse"des"enfants"de"la"faiblesse"des"mères""ni"fleur"ni"mort"ni"soleil""autour"de"nous"la"ville"succombe"à"l’attrait"de"la"mort"une"mort"à"la"pointe"d’argent"une"mort"de"papier"vil"agenouillé"une"mort"dans"l’âme""quel"arbre"quelle"fleur"quel"amour"oh!"quel"amour"nous"guérira"de"ce"mal?""quel"enfant"ce"qu’il"sera"demain"quel"espoir"audace"des"solitudes"nous"apprendra"la"façon"de"vivre"et"que"tout"en"soit"changé?""pour"que"l’oiseau"batte"dans"les"cœurs"la"musique"dans"les"villes"pour"que"l’homme"naisse"de"la"bête"la"bête"de"la"montagne"pour"que"surgisse"de"la"mort"le"soleil""hommes"je"vous"le"prédis"les"fleurs"seront"permises"les"arbres"paumes"innombrables"ouvertes"" à"la"caresse"les"oiseaux"nicheront"dans"les"yeux"des"filles"les"chansons""et"tout"sera"changé"comme"on"l’avait"espéré"dans"la"solitude"de"nos"amours""""©"Paul/Marie"Lapointe"Extrait"de:"Pour%les%âmes,"précédé"de"Choix%de%poèmes"Arbres,"Montréal"1993"%
"
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Contexte':''!Ce!texte!constituerait!un!poème!complet!ou!un!fragment!de!poème.!Le!poète!joue!sur!l'effet!musical!du!débordement!syntaxique!du!vers.!Il!a!reçu!une!sévère!critique!de!Joseph!Melançon,!un!membre!de!l'École!littéraire!de!Montréal!en!1897,!qui!!jugeait!qu'il!manquait!de!clarté.!!!Œuvres'complètes!(2!volumes),!édition!critique!établie!par!Réjean!Robidoux!et!Paul!Wyczynski!(vol.!I!:!«Poésies!complètes!1896T1941»)!et!par!Jacques!Michon!(vol.!II!:!«Poèmes!et!textes!d’asile!1900T1941»),!Montréal,!Fides,!collection!«Le!Vaisseau!d'Or»,!1991,!vol.!I,!p.!357T358]!!!!Berceuse!!!Quelqu'un!pleure!dans!le!silence!Morne!des!nuits!d'avril;!Quelqu'un!pleure!la!somnolence!Longue!de!son!exil;!Quelqu'un!pleure!sa!douleur!Et!c'est!mon!coeur!!!!NELLIGAN,!Émile.!Œuvres'complètes!(2!volumes),!édition!critique!établie!par!Réjean!Robidoux!et!Paul!Wyczynski!(vol.!I!:!«Poésies!complètes!1896T1941»)!et!par!Jacques!Michon!(vol.!II!:!«Poèmes!et!textes!d’asile!1900T1941»),!Montréal,!Fides,!collection!«Le!Vaisseau!d'Or»,!1991,!vol.!I!dans!«Premiers!poèmes»,!p.!99!
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emilie
Émile Nelligan (1870-1941)
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Contexte':'!Dans!l'espace!d'un!même!chant,!hymne!dionysiaque!de!l'ivresse!lyrique,!où!la!poésie!réfléchit!sur!son!essence,!et!satire!vengeresse!contre!le!refus!trivial!de!l'art!:!l'exaltation!sublime!atteint!douloureusement!son!comble!dans!l'effondrement!en!sanglots.!Cette!pièce!présentée!à!la!quatrième!séance!publique!de!l'École!littéraire!de!Montréal,!le!26!mai!1899,!a!valu!au!poète!un!véritable!triomphe.!À!l'égal!du!«Vaisseau!d'Or»,!cette!pièce!indissolublement!liée!à!l'image!de!son!créateur!et!constamment!citée,!a!à!bon!droit!mérité,!dans!l'oeuvre!nelliganienne,!la!qualification!de!morceau!des!connaisseurs.!!!Œuvres'complètes!(2!volumes),!édition!critique!établie!par!Réjean!Robidoux!et!Paul!Wyczynski!(vol.!I!:!«Poésies!complètes!1896X1941»)!et!par!Jacques!Michon!(vol.!II!:!«Poèmes!et!textes!d’asile!1900X1941»),!Montréal,!Fides,!collection!«Le!Vaisseau!d'Or»,!1991,!vol.!I,!p.!535!!La!romance!du!vin!!Tout!se!mêle!en!un!vif!éclat!de!gaieté!verte!Ô!le!beau!soir!de!mai!!Tous!les!oiseaux!en!choeur,!Ainsi!que!les!espoirs!naguère!à!mon!coeur,!Modulent!leur!prélude!à!ma!croisée!ouverte.!!Ô!le!beau!soir!de!mai!!le!joyeux!soir!de!mai!!Un!orgue!au!loin!éclate!en!froides!mélopées;!Et!les!rayons,!ainsi!que!de!pourpres!épées,!Percent!le!coeur!du!jour!qui!se!meurt!parfumé.!!Je!suis!gai!!je!suis!gai!!Dans!le!cristal!qui!chante,!Verse,!verse!le!vin!!verse!encore!et!toujours,!Que!je!puisse!oublier!la!tristesse!des!jours,!Dans!le!dédain!que!j'ai!de!la!foule!méchante!!!Je!suis!gai!!je!suis!gai!!Vive!le!vin!et!l'Art!...!J'ai!le!rêve!de!faire!aussi!des!vers!célèbres,!Des!vers!qui!gémiront!les!musiques!funèbres!Des!vents!d'automne!au!loin!passant!dans!le!brouillard.!!C'est!le!règne!du!rire!amer!et!de!la!rage!De!se!savoir!poète!et!l'objet!du!mépris,!De!se!savoir!un!coeur!et!de!n'être!compris!Que!par!le!clair!de!lune!et!les!grands!soirs!d'orage!!!Femmes!!je!bois!à!vous!qui!riez!du!chemin!Où!l'Idéal!m'appelle!en!ouvrant!ses!bras!roses;!Je!bois!à!vous!surtout,!hommes!aux!fronts!moroses!Qui!dédaignez!ma!vie!et!repoussez!ma!main!!!Pendant!que!tout!l'azur!s'étoile!dans!la!gloire,!Et!qu'un!rythme!s'entonne!au!renouveau!doré,!Sur!le!jour!expirant!je!n'ai!donc!pas!pleuré,!Moi!qui!marche!à!tâtons!dans!ma!jeunesse!noire!!!Je!suis!gai!!je!suis!gai!!Vive!le!soir!de!mai!!Je!suis!follement!gai,!sans!être!pourtant!ivre!...!SeraitXce!que!je!suis!enfin!heureux!de!vivre;!Enfin!mon!coeur!estXil!guéri!d'avoir!aimé?!!Les!cloches!ont!chanté;!le!vent!du!soir!odore...!Et!pendant!que!le!vin!ruisselle!à!joyeux!flots,!Je!suis!gai,!si!gai,!dans!mon!rire!sonore,!Oh!!si!gai,!que!j'ai!peur!d'éclater!en!sanglots!!!!NELLIGAN,!Émile.!Œuvres'complètes!(2!volumes),!édition!critique!établie!par!Réjean!Robidoux!et!Paul!Wyczynski!(vol.!I!:!«Poésies!complètes!1896X1941»)!et!par!Jacques!Michon!(vol.!II!:!«Poèmes!et!textes!d’asile!1900X1941»),!Montréal,!Fides,!collection!«Le!Vaisseau!d'Or»,!1991,!vol.!I!dans!«Motifs!poétiques,!Se!savoir!poète»,!p.!300!
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emilie
Émile Nelligan (1870-1941)
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Contexte':'!L'un!des!hauts!lieux!de!la!création!nelliganienne,!il!s'agit!d'un!poème!à!effet!lancinant!et!au!message!!métaphysique.!La!surabondance!pléonastique!et!noire!de!la!neige!dans!le!paysage!recouvre!la!condition!de!l'être!totalement!désemparé.!!!Œuvres'complètes!(2!volumes),!édition!critique!établie!par!Réjean!Robidoux!et!Paul!Wyczynski!(vol.!I!:!«Poésies!complètes!1896P1941»)!et!par!Jacques!Michon!(vol.!II!:!«Poèmes!et!textes!d’asile!1900P1941»),!Montréal,!Fides,!collection!«Le!Vaisseau!d'Or»,!1991,!vol.!I,!p.!354]!!!Soir!d’hiver!!Ah!!comme!la!neige!a!neigé!!Ma!vitre!est!un!jardin!de!givre.!Ah!!comme!la!neige!a!neigé!!Qu'estPce!que!le!spasme!de!vivre!A!la!douleur!que!j'ai,!que!j'ai.!!Tous!les!étangs!gisent!gelés,!Mon!âme!est!noire!!OùPvisPje?!où!vaisPje?!Tous!ses!espoirs!gisent!gelés:!Je!suis!la!nouvelle!Norvège!D'où!les!blonds!ciels!s'en!sont!allés.!!Pleurez,!oiseaux!de!février,!!Au!sinistre!frisson!des!choses,!Pleurez!oiseaux!de!février,!Pleurez!mes!pleurs,!pleurez!mes!roses,!Aux!branches!du!genévrier.!!Ah!!comme!la!neige!a!neigé!!Ma!vitre!est!un!jardin!de!givre.!Ah!!comme!la!neige!a!neigé!!Qu'estPce!que!le!spasme!de!vivre!A!tout!l'ennui!que!j'ai,!que!j'ai...!!!NELLIGAN,!Émile.!<i>Œuvres!complètes</i>!(2!volumes),!édition!critique!établie!par!Réjean!Robidoux!et!Paul!Wyczynski!(vol.!I!:!«Poésies!complètes!1896P1941»)!et!par!Jacques!Michon!(vol.!II!:!«Poèmes!et!textes!d’asile!1900P1941»),!Montréal,!Fides,!collection!«Le!Vaisseau!d'Or»,!1991,!vol.!I!dans!«Motifs!poétiques,!Se!savoir!poète»,!p.!299!
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Émile Nelligan (1870-1941)
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Contexte':'!
Quatre!quatrains!d'alexandrins!aux!rimes!embrassées,!sur!la!singularité!simple!et!sublime!de!
l'être7poète.!
!
Œuvres'complètes!(2!volumes),!édition!critique!établie!par!Réjean!Robidoux!et!Paul!
Wyczynski!(vol.!I!:!«Poésies!complètes!189671941»)!et!par!Jacques!Michon!(vol.!II!:!«Poèmes!
et!textes!d’asile!190071941»),!Montréal,!Fides,!collection!«Le!Vaisseau!d'Or»,!1991,!vol.!I,!p.!
528!
!
!
Un!poète!
!
Laissez7le!vivre!ainsi!sans!lui!faire!de!mal!!
Laissez7le!s'en!aller;!c'est!un!rêveur!qui!passe;!
C'est!une!âme!angélique!ouverte!sur!l'espace,!
Qui!porte!en!elle!un!ciel!de!printemps!auroral.!
!
C'est!une!poésie!aussi!triste!que!pure!
Qui!s'élève!de!lui!dans!un!tourbillon!d'or.!
L'étoile!la!comprend,!l'étoile!qui!s'endort!
Dans!sa!blancheur!céleste!aux!frissons!de!guipure.!
!
Il!ne!veut!rien!savoir;!il!aime!sans!amour.!
Ne!le!regardez!pas!!que!nul!ne!s'en!occupe!!
Dites!même!qu'il!est!de!son!propre!sort!dupe!!
Riez!de!lui…!!Qu'importe!!il!faut!mourir!un!jour…!
!
Alors,!dans!le!pays!où!le!bon!Dieu!demeure,!
On!vous!fera!connaître!avec!reproche!amer,!
Ce!qu'il!fut!de!candeur!sous!ce!front!simple!et!fier,!
Et!de!tristesse!dans!ce!grand!œil!gris!qui!pleure!!
!
!
NELLIGAN,!Émile.!Œuvres'complètes!(2!volumes),!édition!critique!établie!par!Réjean!
Robidoux!et!Paul!Wyczynski!(vol.!I!:!«Poésies!complètes!189671941»)!et!par!Jacques!Michon!
(vol.!II!:!«Poèmes!et!textes!d’asile!190071941»),!Montréal,!Fides,!collection!«Le!Vaisseau!
d'Or»,!1991,!vol.!I!dans!«Motifs!poétiques,!Se!savoir!poète»,!p.!293!
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Émile Nelligan (1870-1941)
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C'est&le&poème&par&excellence&de&Nelligan,&écrit&probablement&entre&mai&et&août&1899,&symbole&du&destin&le&plus&authentiquement&personnel,&vécu&jusqu'au&tréfonds&de&l'être&par&le&poète&et&reconnu&de&tout&temps&par&la&postérité&admirative&comme&la&fiche&d'identité&mythique&de&l'homme.&&Œuvres'complètes&(2&volumes),&édition&critique&établie&par&Réjean&Robidoux&et&Paul&Wyczynski&(vol.&I&:&«Poésies&complètes&1896Q1941»)&et&par&Jacques&Michon&(vol.&II&:&«Poèmes&et&textes&d’asile&1900Q1941»),&Montréal,&Fides,&collection&«Le&Vaisseau&d'Or»,&1991,&vol.&I,&p.&544Q545&&&Le&Vaisseau&d'Or&&Ce&fut&un&grand&Vaisseau&taillé&dans&l'or&massif:&Ses&mâts&touchaient&l'azur,&sur&des&mers&inconnues;&La&Cyprine&d'amour,&cheveux&épars,&chairs&nues&S'étalait&à&sa&proue,&au&soleil&excessif.&&Mais&il&vint&une&nuit&frapper&le&grand&écueil&Dans&l'Océan&trompeur&où&chantait&la&Sirène,&Et&le&naufrage&horrible&inclina&sa&carène&Aux&profondeurs&du&Gouffre,&immuable&cercueil.&&Ce&fut&un&Vaisseau&d'Or,&dont&les&flancs&diaphanes&Révélaient&des&trésors&que&les&marins&profanes,&Dégoût,&Haine&et&Névrose,&entre&eux&ont&disputés.&&Que&resteQtQil&de&lui&dans&la&tempête&brève?&Qu'est&devenu&mon&coeur,&navire&déserté?&Hélas!&Il&a&sombré&dans&l'abîme&du&Rêve!&&NELLIGAN,&Émile.&Œuvres'complètes&(2&volumes),&édition&critique&établie&par&Réjean&Robidoux&et&Paul&Wyczynski&(vol.&I&:&«Poésies&complètes&1896Q1941»)&et&par&Jacques&Michon&(vol.&II&:&«Poèmes&et&textes&d’asile&1900Q1941»),&Montréal,&Fides,&collection&«Le&Vaisseau&d'Or»,&1991,&vol.&I&dans&«Motifs&poétiques,&Se&savoir&poète»,&p.&312.&
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emilie
Émile Nelligan (1870-1941)
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Pablo&Neruda&(1904&1&1973)_&Cien%sonetos%de%amor%(La%Centaine%d’amour)&(1959)&
!
Poète&et&homme&politique&chilien,&de&son&vrai&nom&Ricardo&NEFTALÍ&REYES&BASOALTO,&Pablo&NERUDA&écrit&Cien%sonetos%de%amor&pour&son&épouse&Mathilde&Urrutia.&&&Les&pages&correspondent&à&l’édition&bilingue&Poésie&/&Gallimard,&nrf,&1995.&(p.13)&
!
!&&Poème&1&&&Mathilde,&nom&de&plante&ou&de&pierre&ou&de&vin,&nom&de&ce&qui&est&né&de&la&terre,&et&qui&dure,&la&croissance&d'un&mot&a&fait&lever&le&jour,&dans&l'été&de&ton&nom&éclatent&les&citrons.&&&&Sur&ce&nom&vont&courant&les&navires&de&bois&entourés&par&l'essaim&bleu&marine&du&feu,&les&lettres&de&ton&nom&sont&l'eau&d'une&rivière&qui&viendrait&se&jeter&en&mon&coeur&calciné.&&&&Oh&ce&nom&découvert&sous&un&volubilis,&nom&semblable&à&l'entrée&d'un&tunnel&inconnu&qui&communique&avec&tous&les&parfums&du&monde!&&&&Oh&envahis1moi&de&ta&bouche&qui&me&brûle,&cherche&en&moi,&si&tu&veux,&de&tes&yeux&de&nuit,&mais&laisse1moi&naviguer&et&dormir&sur&ton&nom.&&&&&&!!
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Pablo&Neruda_&Cien%sonetos%de%amor%(La%Centaine%d’amour)&(1959)&
!
&Poète&et&homme&politique&chilien,&de&son&vrai&nom&Ricardo&NEFTALÍ&REYES&BASOALTO,&Pablo&NERUDA&écrit&Cien%sonetos%de%amor&pour&son&épouse&Mathilde&URRUTIA.&&&Les&pages&correspondent&à&l’édition&bilingue&Poésie&/&Gallimard,&nrf,&1995.&(p.59)&
!
&&Poème&24&&&Amour,&amour,&à&la&tour&du&ciel&les&nuages&montèrent&telles&de&triomphantes&lavandières,&&et&tout&brûla&en&&bleu&d'azur,&tout&fut&étoile&:&la&mer,&la&nef,&le&jour&s'exilèrent&ensemble&.&&Viens&voir&les&cerisiers&dans&leur&eau&constellée&viens&voir&la&ronde&clef&de&l'univers&rapide,&Viens&toucher&le&feu&de&l'azur&instantané,&&viens&avant&que&ses&pétales&soient&consumés.&&Il&n'est&ici&que&lumière,&quantités,&grappes,&&il&n'est&qu'espace&ouvert&par&les&vertus&du&vent&jusqu'à&livrer&les&derniers&secrets&de&l'écume.&&Et&parmi&tant&de&bleus&célestes,&submergés,&nos&yeux&se&sont&perdus,&ils&devinent&à&peine&les&puissances&de&l'air&et&les&clefs&de&la&mer&.&%%%%&&
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Pablo&Neruda_&Cien%sonetos%de%amor%(La%Centaine%d’amour)&(1959)&
!
Poète&et&homme&politique&chilien,&de&son&vrai&nom&Ricardo&NEFTALÍ&REYES&BASOALTO,&Pablo&NERUDA&écrit&Cien%sonetos%de%amor&pour&son&épouse&Mathilde&Urrutia.&&&Les&pages&correspondent&à&l’édition&bilingue&Poésie&/&Gallimard,&nrf,&1995.&(p.69)&
!
!&&Poème&29&&&Tu&arrives&du&Sud&avec&ses&maisons&pauvres,&&dures&régions&du&froid,&du&tremblement&de&terre&&qui,&même&quand&leurs&dieux&roulèrent&dans&la&mort,&ont&donné&la&leçon&de&la&vie&dans&la&glaise.&&&&Tu&es&un&poulain&de&glaise&noire,&un&baiser&&de&boue&sombre,&amour,&coquelicot&de&glaise,&&ramier&du&crépuscule&éployé&sur&les&routes,&&tirelire&à&chagrin&de¬re&pauvre&enfance.&&&&Fille,&tu&as&conservé&ton&coeur&de&pauvresse&&et&tes&pieds&de&pauvresse&habitués&aux&cailloux,&&ta&bouche&qui&n'eut&pas&toujours&pain&ou&délice.&&&&Tu&es&du&pauvre&Sud,&d'où&est&venue&mon&âme;&&dans&ton&ciel&ta&mère&lave&toujours&du&linge&&avec&la&mienne.&Amie&ainsi&t'ai_je&choisie.&&&!!
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&Poète&et&homme&politique&chilien,&de&son&vrai&nom&Ricardo&NEFTALÍ&REYES&BASOALTO,&Pablo&NERUDA&écrit&Cien%sonetos%de%amor&pour&son&épouse&Mathilde&URRUTIA.&&&Les&pages&correspondent&à&l’édition&bilingue&Poésie&/&Gallimard,&nrf,&1995.&(pp.&108W109)&
!
&&Poème&48&&&Dos&amantes&dichosos&hacen&un&solo&pan,&una&sola&gota&de&luna&en&la&hierba,&dejan&andando&dos&sombras&que&se&reúnen,&dejan&un&solo&sol&vacío&en&una&cama.&&De&todas&las&verdades&escogieron&el&día:&no&se&ataron&con&hilos&sinon&con&un&aroma,&y&no&despedezaron&la&paz&ni&las&palabras.&La&dicha&es&una&tore&transparente.&&El&aire,&el&vino&van&con&los&dos&amantes,,&la&noche&les®ala&sus&pétalos&dichosos,&tienent&derecho&a&todos&los&claveles.&&Dos&amantes&dichosos&no&tienen&fin&ni&muerte,&nacen&y&mueren&muchas&veces&mientras&viven,&tienen&la&eternidad&de&la&naturaleza.&&
%%%
%%Les%deux%amants%heureux%ne%font%plus%qu’un%seul%pain,%une%goutte%de%lune,%une%seule,%dans%l’herbe,%ils%laissent%en%marchant%deux%ombres%qui%s’unissent,%dans%le%lit%leur%absence%est%un%seul%soleil%vide.%%Leur%seule%vérité%porte%le%nom%du%jour:%ils%sont%liés%par%un%parfum,%non%par%des%fils,%ils%n’ont%pas%déchiré%la%paix%ni%les%paroles.%Et%leur%bonheur%est%une%tour%de%transparence.%%L’air%et%le%vin%accompagnent%les%deux%amants,%la%nuit%leur%fait%un%don%de%pétales%heureux,%aux%deux%amants%reviennent%de%droit%les%œillets.%%Les%deux%amants%heureux%n’auront%ni%fin%ni%mort,%ils%naîtront%et%mourront%aussi%souvent%qu’ils%vivent,%ils%possèdent%l’éternité%de%la%nature.%%%%%%&&
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Pablo&Neruda_&Cien%sonetos%de%amor%(La%Centaine%d’amour)&(1959)&
!
&Poète&et&homme&politique&chilien,&de&son&vrai&nom&Ricardo&NEFTALÍ&REYES&BASOALTO,&Pablo&NERUDA&écrit&Cien%sonetos%de%amor&pour&son&épouse&Mathilde&URRUTIA.&&&Les&pages&correspondent&à&l’édition&bilingue&Poésie&/&Gallimard,&nrf,&1995.&(p.157)&
!
&&Poème&71&&&De&douleur&en&douleur,&l’amour&va&d’île&en&île&y&plantant&sa&racine&arrosée&par&les&pleurs,&et&nul&n’évitera,&n’évitera&l’atteinte&de&ce&cœur&silencieux&et&cruel,&et&qui&va.&&Nous&cherchions&tous&les&deux&un&trou,&une&planète,&où&le&sel&ne&toucherait&pas&ta&chevelure,&où&ne&pousseraient&pas&des&douleurs&par&ma&faute,&et&où&le&pain&vivrait&sauvé&de&l’agonie.&&Un&univers&cerné&d’espace&et&de&feuillages,&&une&lande,&un&désert&fait&de&pierres&cruelles,&avec&nos&propres&mains&nous&voulions&édifier&&un&nid&dur,&préservé,&secret,&inoffensif,&et&l’amour&ne&fut&pas&ainsi,&mais&une&folle&cité&où&les&gens&pâlissent&sur&les&balcons.&%%%%&&
35
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Pablo Neruda_ Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée (1928)
Poète et homme politique chilien, de son vrai nom Ricardo NEFTALÍ REYES BASOALTO, Pablo NERUDA écrit Cien sonetos de amor pour son épouse Mathilde URRUTIA. Le texte a été emprunté de : http://pabloneruda.hautetfort.com/archive/2010/09/20/poeme-‐xx.htm
Poème XX Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit. Écrire, par exemple : « La nuit est étoilée et les astres d’azur tremblent dans le lointain. » Le vent de la nuit tourne dans le ciel et chante. Je puis écrire les vers les plus tristes cette nuit. Je l’aimais, et parfois elle aussi elle m’aima. Les nuits comme cette nuit, je l’avais entre mes bras. Je l’embrassai tant de fois sous le ciel infini. Elle m’aima, et parfois moi aussi je l’ai aimée. Comment ne pas aimer ses grands yeux fixes. Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit. Penser que je ne l’ai pas. Se désoler de l’avoir perdue. Entendre la nuit immense, et plus immense sans elle. Et le vers tombe dans l’âme comme la rosée dans l’herbe. Qu’importe que mon amour n’ait pas pu la retenir. La nuit est pleine d’étoiles, elle n’est pas avec moi. Voilà tout. Au loin quelqu’un chante. C’est au loin. Et mon âme est mécontente de l’avoir perdue. Comme pour me rapprocher d’elle mon regard la cherche. Mon cœur la cherche et elle, elle n’est pas avec moi. Une nuit identique blanchit les mêmes arbres. Nous autres, ceux d’alors, nous ne sommes déjà plus les mêmes. Je ne l’aime plus, c’est clair, mais combien je l’aimais. Ma voix cherchait le vent pour aller à son oreille. À un autre. Elle sera à un autre. Comme avant mes baisers. Sa voix, son corps clair. Ses yeux infinis.
Je ne l’aime plus, c’est clair, mais, peut-‐être je l’aime. C’est si court l’amour et si long l’oubli. Parce que dans des nuits pareilles, je l’avais entre mes bras et mon âme est malheureuse de l’avoir perdue. Même si cette douleur est la dernière par elle et que ceci soit les derniers vers que j’écrive pour elle.
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« Mon amour » de Anthony Phelps Portrait : Anthony Phelps Date de naissance: 15/08/1928 Lieu de naissance: Port-‐au-‐Prince, Haiti «Anthony Phelps étudia la chimie, la céramique et la photographie aux États-‐Unis et au Canada. De retour en Haïti, il fonda en 1960, avec d’autres poètes, le groupe Haïti Littéraire et la revue Semences. Il était directeur du programme culturel du Radio-‐Cacique où il réalisa des émissions hebdomadaires de poésie et de théâtre. Forcé de quitter le pays en 1964, il s'établit à Montréal, y fit du théâtre, du journalisme et fonda une entreprise spécialisée dans l'édition de poésie sur disques. Phelps a publié des nombreux recueils de poèmes, des narrations, des romans, un drame et des contes pour enfants. Il a reçu plusieurs prix et son œuvre est traduite en une dizaine de langues et est enseigné à plusieurs universités du monde. Son œuvre a pour sujet les conditions de vie à Haïti, la complexité du peuple haïtien qui a des origines indiennes, africaines et européennes comme dans le livre La bélière Caraïbe (1980) et la question d’exil et de nationalisme ainsi dans les livres Orchidée nègre (1987) et La bélière Caraïbe (1980) lequel a reçu le prix Cubain pour poésie, Casa de las Americas. » Lyrikline.org Mon Amour [extrait de 'La nuit des invertébrés'] ((((( Mon Amour Femme-‐grenade ouverte sur le soleil la géométrie du fagot s'épuise sous le ciel comme une étreinte et le corps à corps en champ clos sur l'oranger du lit arbre sans feuilles rompu à toute fatigue s'apaise en gisants heureux et las ))))) Ah ! Hier encore sentinelles au large d'un Pays nous prenions notre lourde garde aux pieds de la petite fille Espérance Elle dormait dans sa robe gonflée de vent salin et son visage quoique imprécis faisait une tâche blafarde qui nous était lumière et promesse d'accomplissement Épiant les indiscrétions des nuages nous écoutions le vent porteur de mots de terre et nos corps habités d'oiseaux tels des Pierrots déréglés égarés dans les rayons lunaires tournaient girouettes à l'avancée du mat
Frères d'exil compagnons aux pieds poudrés dans nos regards passe une même vision les souvenirs en cage derrière la vitre opaque pèsent comme une dalle Nous n'avons plus que gestes de fumée pour conter le temps des kénépiers en fleurs car nous entrons dans un domaine étrange de plus en plus tournant dos au Pays et le verre et l'acier modifient nos croyances ((((( Nous vivons dans une ville où la chanson du rémouleur n'est même pas un souvenir où nul ne se rappelle la flûte triangulaire dont les notes aiguës montaient et descendaient le long de notre enfance Nous vivons dans une ville qui jamais ne connût cet homme doué du pouvoir de créer des étoiles en plein midi Ville de verre Ville d'acier Ah sirène du midi bourdon de la Cathédrale vous continuez à marquer le temps ailleurs mais pas ici dans cette ville d'exil )))) Nous vivons dans une ville où ne fleurit jamais la saison des kénèpes Ô Pays sans été nous sommes les nègres en allés clos de silence et oublieux Nous sommes les nègres transplantés assis à l'ombre des gratte-‐ciel où le Pays d'hier est sans écho La cruche d'argile rouge ne suinte plus sur notre table pas plus que ne résonne à nos oreilles le tintement de la chaudière de fer Le cri de ralliement des canards sauvages n'excite plus notre attente dans les marais salants ô pierres acier et pierres butées d'un ciel nouveau (...) Antillais de forte souche et de longue lignée nous parions maintenant langage de gratte-‐ciel paroles de givre et mots de neige © Anthony Phelps Extrait de: Motifs pour le temps saisonnier Pierre Jean Oswald, Paris 1976
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« Orchidée nègre » de Anthony Phelps Portrait : Anthony Phelps Date de naissance: 15/08/1928 Lieu de naissance: Port-‐au-‐Prince, Haiti « Orchidée nègre » Orchidée nègre tresse sauvage de mon désir tes yeux de foudre en vacances rejettent l’ailleurs saignant le pain de mes guitares voleuses d'été de tous mes lieux de pierres Quand ma mémoire en friches prend appui sur le zinc tes raisins bousculent mon rhum Ah ! droiture des mots par-‐dessus les tuiles que la vie est belle quand tu défais ta blouse drogue des yeux et que ma charge de paysages chante son air de flûte Et quand tu fais glisser ta jupe mon chapeau de paille-‐flamme vole jusqu'au mât des oiseaux coiffe les tours pressées de l'église paroissiale et la ville laisse couler sa géographie qui nous emporte petites ruelles aux mains chaleureuses des portails pavés luisants qui lorgnent sous la robe des femmes jardin d'adolescents qui se flairent et se mesurent et l'unique terrasse de San Miguel de Allende danse sa gigue entre touristes qui vont et viennent dans le lent midi mexicain Orchidée nègre la vie est douce quand tu t'allonges à mes côtés et lorsque ton miracle écarte son amande le ciel nous tombe sur la tête Tous les fantômes nous font face et cette même voix vorace avide nous parle entre épiderme éblouissant l'absence des montagnes Et face à face dans notre rire mûrissant nous reprenons mesure exacte de notre profondeur et la sagesse entre nous deux élève son épi et de nouveau nous habitons nos sexes vierges dans leur imprenable vision J'écoute alors la pluie jouer avec ma joie La montagne retrouvée dresse ses pins entre nos murs en construction
Sueur et sang mêlés nous refaisons les premiers pas du Paradis perdu danse où l'eau se dévide de son lit Orchidée nègre secrète parure exhibée sans pudeur fausse quel oiseau en reconnaissance de dettes te laisserait gage de plumes et d'ailes en toute décence tout appétit Dans le drap du plaisir et le temps si longtemps attendu du pas de deux sur nos plages altérés Il n'y a place que pour l'échange et le partage et nos variables géométries s'ajustent et se complètent Cœur de dérive en robe de déraison ah que la vie est douce au creux de ton amande Orchidée toujours parée comme pour la noce de nouveau nous habiterons nos sexes vierges et de nouveau nos gestes emprisonnés s'épanouiront en toute licence dans la fidélité du sel et l'indulgence de l'encre Orchidée nègre Pierre en attente très peu je te laisse Le chant de la fontaine dans la complicité de l'eau Le jardin de nos mains où le Présent entre tes seins fait son soleil Peu très peu Orchidée nègre Je te laisse mon testament de grenades grains receleurs du jus doux-‐acide et mon désert de l'écriture ou parfois pousse une oasis © Anthony Phelps Extrait de: Orchidée nègre Triptyque , Montréal 1987
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« Teinturière » de Anthony Phelps Portrait : Anthony Phelps Date de naissance: 15/08/1928 Lieu de naissance: Port-‐au-‐Prince, Haïti « Teinturière » [extrait] 5 Le temps a brûlé lent Teinturière. Les rêves aussi. Souvent je laisse flotter le poème comme un enfant son bateau de papier ou le porte à mon oreille pour retrouver les chants lointains d'un certain lieu. Que de cris de confidences tronquées de projets déréglés. Les mots s'envolent s'habillent de couleurs chagrines mais ta main rythme leur dessin ramenant l'équilibre. Teinturière si un jour de matin clair je te retrouve sous le sésame des oiseaux de la morte saison tel un clown endimanché d'innocence bien au-‐delà des baisers d'accueil je découperai la grammaire du soleil et la calligraphie des fleurs pour t'en faire parure. Ah ! un jour de gai matin un jour de clair soleil redécouvrir l’ailleurs en toi ! Un jour de gai soleil un jour de clair matin aux premières tendresses d'une bouche qui se décline tes souvenirs se raccorderont au pas à pas du texte à la fragilité du dire. Noctambule arpentant hors du temps le même espace ludique toi bille dans sa course les doigts tachés de rouge de noir campêche et d'indigo tu apprivoiseras les confidences des confettis et rêveras en regardant dormir ton enfance petit orgue discret à l'ombre des autrefois. Le temps a brûlé lent. Les désirs également. Passe passe Teinturière en prudence d'escargot la terre te rêve. Glisse et lisse chante ta vie appuyée contre la nuit. Quand la marée rejette ses insultes à la plage tu annonces dans une langue jusque-‐là ignorée : La géométrie du chemin rattrape toujours la parole vagabonde.
Ah ! cette odeur du bout de la route lorsqu'elle s'arrête tremblote et puis se casse. Laisse mûrir l'amande là où le soleil fait sa sieste. Avec la prudence de l'escargot la terre te ravive Teinturière. Un glissement de plus et route la mer bascule embusquée sur le fil de l'horizon Ah ! Passe Teinturière. Passe. L'oiseau reconnaît la pierre se précipite à sa rencontre. L'aiguille voit bien son œil enfile le chas. Le temps est seul. Le temps te nargue. Le vin est doux et te conforte. Pour la jubilation de mon regard une lucarne de soleil conjuguera toujours ton corps au temps présent de la lumière. FINALE Teinturière œuf dans la gouache de la mémoire ici prend fin la parodie. Loin du commerce des racines douce est l'argile docile la glaise. De l'autre côté du temps liquide est l'air frileux les nuages. Par le bonheur d'une juste frappe pour toi dont le cœur bat dans la doublure de mes mots je laisse rêver la lune au verso de nos noms. Sous le coude du rêve une plage ondule intemporelle. © Éditions du Noroît Extrait de: Une plage intemporelle Éditions du Noroît 2011 Vocabulaire : Campêche : Du nom propre Campeche, ‘nom d’une ville du Mexique’.◆Arbre de l’Amérique tropicale qui fournit un bois dur qui, par infusion, donne un colorant brun-‐rouge. ◆Bois ou colorant provenant de cet arbre.
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Rainer'Maria'Rilke'(187501926)'!' J’apprends'à'voir.'Oui,'je'commence.'Cela'va'encore'encore'mal.''Mais'je'veux'employer'mon'temps.'''
Je'songe'par'exemple'que'jamais'encore'je'n’avais'pris'conscience'du'nombre'de'visages'qu’il'y'a.'Il'y'a'beaucoup'de'gens,'mais'encore'plus'de'visages,'car'chacun'en'a'plusieurs.'Voici'des'gens'qui'portent'un'visage'pendant'des'années.'Il's’use'naturellement,'se'salit,'éclate,'se'ride,'s’élargit'comme'des'gants'qu’on'a'portés'en'voyage.'Ce'sont'des'gens'simples,'économes';'ils'n’en'changent'pas,'ils'ne'le'font'même'pas'nettoyer.'Il'leur'suffit,'disent0ils,'et'qui'leur'prouvera'le'contraire'?'Sans'doute,'puisqu’ils'ont'plusieurs'visages,'peut0on'se'demander'ce'qu’ils'font'des'autres.'Ils'les'conservent.'Leurs'enfants'les'porteront.'Il'arrive'aussi'que'leurs'chiens'les'mettent.'Pourquoi'pas'?'Un'visage'est'un'visage.'
'D’autres'gens'changent'de'visage'avec'une'rapidité'inquiétante.'Ils'essaient'l’un'
après'l’autre,'et'les'usent.'Il'leur'semble'qu’ils'doivent'en'avoir'pour'toujours,'mais'ils'ont'à'peine'atteint'la'quarantaine'que'voici'déjà'le'dernier.'Cette'découverte'comporte,'bien'entendu,'son'tragique.'Ils'ne'sont'pas'habitués'à'ménager'des'visages';'le'dernier'est'usé'après'huit'jours,'troué'par'endroits,'mince'comme'du'papier,'et'puis,'peu'à'peu,'apparaît'alors'la'doublure,'le'non0visage,'et'ils'sortent'avec'lui.'
'Mais'la'femme,'la'femme':'elle'était'toute'entière'tombée'en'elle0même,'en'avant,'
dans'ses'mains.'C’était'à'l’angle'de'la'rue'Notre0Dame0des0Champs.'Dès'que'je'la'vis,'je'me'mis'à'marcher'doucement.'[…]''
'La'rue'était'vide';'son'vide's’ennuyait,'retirait'mon'pas'de'sous'mes'pieds'et'claquait'
avec'lui,'de'l’autre'côté'de'la'rue,'comme'avec'un'sabot.'La'femme's’effraya,'s’arracha'd’elle0même.'Trop'vite,'trop'violemment,'de'sorte'que'son'visage'resta'dans'ses'deux'mains.'Je'pouvais'l’y'voir,'y'voir'sa'forme'creuse.'Cela'me'coûta'un'effort'inouï'de'rester'à'ces'mains,'de'ne'pas'regarder'ce'qui's’en'était'dépouillé.'Je'frémissais'de'voir'ainsi'un'visage'du'dedans,'mais'j’avais'encore'bien'plus'peur'de'la'tête'nue,'écorchée,'sans'visage.'
'Les$Cahiers$de$Malte$Laurids$Brigge'(1910),'Seuil,'1966,'223p.'(p.13014)'
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Rainer'Maria'Rilke'(187501926)'!'«Pour'écrire'un'seul'vers,'il'faut'avoir'vu'beaucoup'de'villes,'d’hommes'et'de'choses,'il'faut'
connaître'les'animaux,'il'faut'sentir'comment'volent'les'oiseaux'et'savoir'quel'mouvement'
font'les'petites'fleurs'en's’ouvrant'le'matin.'Il'faut'pouvoir'repenser'à'des'chemins'dans'des'
régions'inconnues,'à'des'rencontres'inattendues,'à'des'départs'que'l’on'voyait'longtemps'
approcher,'à'des'jours'd’enfance'dont'le'mystère'ne's’est'pas'encore'éclairci,'à'ses'parents'
qu’il'fallait'qu’on'froissât'lorsqu’ils'vous'apportaient'une'joie'et'qu’on'ne'la'comprenait'pas'('
c’était'une'joie'faite'pour'un'autre'),'à'des'maladies'd’enfance'qui'commençaient'si'
singulièrement,'par'tant'de'profondes'et'graves'transformations,'à'des'jours'passés'dans'des'
chambres'calmes'et'contenues,'à'des'matins'au'bord'de'la'mer,'à'la'mer'elle0même,'à'des'
mers,'à'des'nuits'de'voyage'qui'frémissaient'très'haut'et'volaient'avec'toutes'les'étoiles'–'et'
il'ne'suffit'même'pas'de'savoir'penser'à'tout'cela.'Il'faut'avoir'des'souvenirs'de'beaucoup'de'
nuits'd’amour,'dont'aucune'ne'ressemblait'à'l’autre,'de'cris'de'femmes'hurlant'en'mal'
d’enfant,'et'de'légères,'de'blanches,'de'dormantes'accouchées'qui'se'refermaient.'Il'faut'
encore'avoir'été'auprès'de'mourants,'être'resté'assis'auprès'de'morts,'dans'la'chambre,'
avec'la'fenêtre'ouverte'et'les'bruits'qui'venaient'par'à0coups.'Et'il'ne'suffit'même'pas'd’avoir'
des'souvenirs.'Il'faut'savoir'les'oublier'quand'ils'sont'nombreux,'et'il'faut'avoir'la'grande'
patience'd’attendre'qu’ils'reviennent.'Car'les'souvenirs'ne'sont'pas'encore'cela.'Ce'n’est'que'
lorsqu’ils'deviennent'en'nous'sang,'regard,'geste,'lorsqu’ils'n’ont'plus'de'nom'et'ne'se'
distinguent'plus'de'nous,'ce'n’est'qu’alors'qu’il'peut'arriver'qu’en'une'heure'très'rare,'du'
milieu'd’eux,'se'lève'le'premier'mot'd’un'vers.»'
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Les$Cahiers$de$Malte$Laurids$Brigge'(1910),'Seuil,'1966,'223p.'(p.25026)'
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« nous sommes les hôtes inconnus » de Amina Saïd Portrait : Amina Saïd Date de naissance: 23/07/1953 Lieu de naissance: Tunis, Tunisie Lieu de Résidant: Paris, France [nous sommes les hôtes inconnus] nous sommes les hôtes inconnus dans la maison du monde la mer la vague l'écueil le navigateur découvrant l'absence de balises nous sommes l'œil qui voit l'œil et la vision qui nous efface nous sommes ce que nous regardons au fond des yeux et qui sait que nous sommes nous sommes le nombre et l'unique la chose et son contraire la multiplication du visible l'œil ouvert sur l'invisible nous sommes l'ombre de l'ombre qui dans l'obscure clarté du rêve sommeille nous sommes la trace sur le sable nous sommes chaque lettre de l'alphabet nous sommes l'oracle et l'hommage le masque suspendu à l'arbre le temple et l'objet offert à la lumière morte du temple nous sommes la question qui n'appelle pas de réponse nous sommes la question et la réponse lorsqu'elles ne font qu'un nous sommes le cercle qui se crée lui-‐même à l'infini nous arpentons dans les deux sens le calendrier des hommes
telle une échelle d'horizon avant d'être invités à franchir d'un bond le vide qui nous sépare de notre naissance oscillant entre ivresse et terreur nous sommes ce que nous savons et ce que nous ignorons nous pleurons des larmes d'ambre nous sommes le premier et le dernier mot la strophe et le chant et la bouche que nous voulons accrocher à la face du silence nous sommes la main insoumise qui trace le signe le vertige devant l'abîme ouvert par le poème qu'une parole en nous hésite à se dire nous atteignons le plus intime de la solitude nous sommes le pas et la marche le chemin et la voie et l'ultime seuil que nous franchirons nous sommes le lieu où finit le monde celui où il commence © Amina Saïd / La différence, Paris Extrait de: La douleur des seuils : Poemes Editions de la Différence, Paris 2003
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«"toujours"dans"le"poème"»"de"Amina"Saïd"!Portrait':'Amina'Saïd'"Date"de"naissance:"23/07/1953"Lieu"de"naissance:"Tunis,"Tunisie"Lieu"de"Résidant:"Paris,"France"!«"Amina"Saïd"est"née"à"Tunis"(Tunisie),"en"1953,"d'une"mère"dauphinoise"et"d'un"père"tunisien."Elle"vit"depuis"de"nombreuses"années"à"Paris,"où"elle"a"fait"des"études"de"langues"et"de"littérature"anglophone"à"la"Sorbonne."""Elle"a"publié"une"dizaine"de"livres,"dont"huit"recueils"de"poèmes."Deux"de"ses"recueils,"«"Feu"d'oiseaux"»"et"«"L'une"et"l'autre"nuit"»,"ont"reçu:"l'un,"le"prix"JeanXMalrieu"décerné"par"la"revue"Sud"(Marseille,"1989)"et"l'autre,"le"prix"CharlesXVildrac"de"la"Société"des"gens"de"lettres"(Paris,"1994)."""Des"poèmes"ont"été"traduits"en"plusieurs"langues"et"figurent,"ainsi"que"des"nouvelles,"des"récits"et"des"essais,"dans"des"revues,"dans"des"anthologies"et"dans"des"ouvrages"collectifs.""Saïd"collabore"à"diverses"publications"littéraires"et"universitaires,"donne"des"récitals"de"ses"poèmes,"participe"à"des"rencontres"littéraires"en"France"et"à"l'étranger,"et"anime"des"ateliers"d'écriture."""Elle"est"membre"du"jury"du"prix"MaxXPolXFouchet"(poésie)."»""lyrikline.org"""""""""""
""[toujours"dans"le"poème]""toujours"dans"le"poème"j'entendrai"le"silence"avant"le"mot"m'abreuverai"à"sa"bouche"même""alors"naissent"les"choses"les"mots"le"monde""je"dis":"toujours"dans"le"poème"j'entendrai"le"silence"avant"les"mots""et"tu"réponds":"s'il"existe"un"dieu"c'est"là"qu'il"habite""je"découvre"l'exact"versant"de"l'ombre"et"de"la"lumière"où"il"finit"où"il"commence""et"le"silence"palpite"telle"la"mer"en"son"ventre"de"sel"palpite"comme"l'aile"d'un"oiseau"apprivoisant"lentement"le"ciel"comme"le"vent"la"terre"la"vie""et"s'il"existe"un"dieu"oui"c'est"là"qu'il"habite"""""©"Amina"Saïd"/"La"differance,"Paris"Extrait"de:"La"douleur"des"seuils":"Poemes"Editions"de"la"Difference,"Paris"2003"
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Léopold'Sédar'Senghor'
!
'
Extrait'de'Poèmes'/'Hosties*noires,'Éditions'du'Seuil,''Paris,'1964,'256p.'(p.88B90)'!
Hosties'noires!(1948)':'des'chants'très'sombres'sur'les'années'de'guerre,'durant'lesquelles'il'a'été'prisonnier'
de'l’armée'allemande,'et'régulièrement'soumis'à'un'racisme'assassin,'duquel'transparaît'un'profond'désir'de'
paix'et'de'réconciliation,'malgré'l’ingratitude'de'la'mère'patrie'face'aux'sacrifiés'de'l’armée'coloniale.'
(http://defis5continents.wordpress.com/tag/senghor/)'
!Préambule!:!«Ainsi'débute'le'poème''de'L.S.''Senghor,'«'Aux''soldats''négroBaméricains'»''('inspiré'par''la''
rencontre''avec''l’armée''des''ÉtatsBUnis'débarquée''en''Europe''pendant''la'Deuxième''Guerre'mondiale.''De''
quelle''reconnaissance'parle'ici'le'poète'?''À''un'premier'niveau,'il''se''réfère''à''la''difficulté'de''distinguer'à''
distance'le'soldat'noir''du''blanc''«'sous'la''calebasse'du'casque'sans'panache'».'Ce'n’est'qu’en's’en'approchant''
et'en'touchant'«'la'chaleur'de'[sa]'main''brune''que''le''poète''s’écrie'«'Afrika'!'»'[…]''et''«'retrouve'''le''rire''
perdu'...''la''voix'ancienne''et'le'grondement''des''cascades'du''Congo'».''Mais''la''fraternité''ainsi'décelée''ne''
dissipe'pas''pour''autant''le''doute'et'l’appréhension.''D’où'''le''deuxième''niveau''de''reconnaissance':'«'Frères'
je'ne''sais…'Si'vous'êtes'la'foudre''dont'la'main''de'Dieu'a'brûlé''Sodome''et''Gomorrhe'»''ou''«'les''messagers''
de''sa''merci,''le'souffle''du''Printemps''après'l’Hiver'».'Dans''l’espace'des''quelques'lignes''de''ce''poème,''
Senghor''résume''admirablement'le''caractère'ambivalent''de''l’image''du''Noir''américain''et''antillais''qui''
ressort'de''la''littérature''africaine.»'K.'MUHINDI,'«Du''séraphique''au''satanique':'Perspectives'africaines'sur''
l’Amérique''noire»':'http://www.politiqueBafricaine.com/numeros/pdf/015065.pdf'
!Aux!!soldats!!négro:américains!'
À*Mercier*Cook*'
Je'ne'vous'ai'pas''reconnus''sous'votre'prison''d’uniformes'couleur''de''tristesse'...''
Je'ne'vous'ai'pas'reconnus'sous'la'calebasse'du'casque'sans'panache'
Je'n’ai'pas'reconnu'le'hennissement'chevrotant'de'vos'chevaux'de'fer,'qui'boivent'mais'ne'
mangent'pas.'
Et'ce'n’est'plus'la'noblesse'des'éléphants,'c’est'la'lourdeur'barbare'des'monstres'des'
prétemps'du'monde.'
Sous'votre'visage'fermé,'je'ne'vous'ai'pas'reconnus.'
J’ai'touché'seulement'la'chaleur'de'votre'main'brune,'je'me'suis'nommé':'«'Afrika'!'»'
Et'j’ai'retrouvé'le'rire'perdu,'j’ai'salué'la'voix'ancienne'et'le'grondement'de'la'
cascade'du'Congo.'
Frères,'je'ne'sais'si'c’est'vous'qui'avez'bombardé'les'cathédrales,'orgueil'de'
l’Europe.'
Si'vous'êtes'la'foudre'dont'la'main'de'Dieu'a'brûlé'Sodome'et'Gomorrhe.'
Non,'vous'êtes'les'messagers'de'sa'merci,'le'souffle'du'Printemps'après'l’Hiver.'
À'ceux'qui'avaient'oublié'le'rire'–'ils'ne'se'servaient'plus'que'd’un'sourire'oblique'
Qui'ne'connaissaient'plus'que'la'saveur'salée'des'larmes'et'l’irritante'odeur'de'sang'
Vous'apportez'le'printemps'de'la'Paix'et'l’espoir'au'bout'de'l’attente.'
Et'leur'nuit'se'remplit'd’une'douceur'de'lait,'les'champs'bleus'du'ciel'se'couvrent'de'fleurs,'
le'silence'chante'suavement.'
Vous'leur'apportez'le'soleil.'L’air'palpite'de'murmures'liquides'et'de'pépiements'
cristallins'et'de'battements'soyeux'd’ailes'
Les'cités'aériennes'sont'tièdes'de'nids.'
Par'les'rues'de'joie'ruisselante,'les'garçons'jouent'avec'leurs'rêves.'
Les'hommes'dansent'devant'leurs'machines'et'se'surprennent'à'chanter.'
Les'paupières'des'écolières'sont'pétales'de'roses,'les'fruits'mûrissent'à'la'poitrine'
des'vierges'
Et'les'hanches'des'femmes'–'oh'!'douceur'–'généreusement's’alourdissent.'
Frères'noirs,'guerriers'dont'la'bouche'est'fleur'qui'chante'
B'Oh'!'délice'de'vivre'après'l’Hiver'–'je'vous'salue'comme'des'messagers'de'la'paix.'
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Léopold'Sédar'Senghor'
!
Extrait'de'Poèmes'/'Chants,d’ombre,'Éditions'du'Seuil,''Paris,'1964,'256p.'('p.16A17)'!
!Chants!d’ombre!(1945)!:!recueil'sur'ses'années'd’étudiants,'étudiant'noir'à'Paris,'où'il'mêle'
les'influences'auxquelles'il'a'été'soumis'(ses'racines'noires,'enchanteresses'et'invocatrices,'
et'la'culture'française,'celle'du'colonisateur'et'pourtant'si'belle'et'riche),'chantant'l’art,'
l’amour,'la'paix,'la'femme,'et'Paris.'(http://defis5continents.wordpress.com/tag/senghor/)!!«!Femme!noire!»!'
Femme'nue,'femme'noire'
Vêtue'de'ta'couleur'qui'est'vie,'de'ta'forme'qui'est'beauté!'
J'ai'grandi'à'ton'ombre;'la'douceur'de'tes'mains'bandait'mes'yeux.'
Et'voilà'qu'au'coeur'de'l'Été'et'de'Midi,'je'te'découvre'Terre'promise,'du'haut'd'un'haut'col'
calciné'
Et'ta'beauté'me'foudroie'en'plein'coeur,'comme'l'éclair'd'un'aigle.'
'
Femme'nue,'femme'obscure'
Fruit'mûr'à'la'chair'ferme,'sombres'extases'du'vin'noir,''
bouche'qui'fais'lyrique'ma'bouche'
Savane'aux'horizons'purs,'savane'qui'frémis'aux'caresses'ferventes'du''
Vent'd'Est'
Tamtam'sculpté,'tamtam'tendu'qui'grondes'sous'les'doigts'du'vainqueur'
Ta'voix'grave'de'contralto'est'le'chant'spirituel'de'l'Aimée.'
'
Femme'noire,'femme'obscure'
Huile'que'ne'ride'nul'souffle,'huile'calme'aux'flancs'de'l'athlète,'aux''
flancs'des'princes'du'Mali'
Gazelle'aux'attaches'célestes,'les'perles'sont'étoiles'sur'la'nuit'de'ta''
peau'
Délices'des'jeux'de'l'Esprit,'les'reflets'de'l'or'rongent'ta'peau'qui'se'moire'
A'l'ombre'de'ta'chevelure,'s'éclaire'mon'angoisse'aux'soleils'prochains'
de'tes'yeux.'
'
Femme'nue,'femme'noire'
Je'chante'ta'beauté'qui'passe,'forme'que'je'fixe'dans'l'Éternel'
Avant'que'le'Destin'jaloux'ne'te'réduise'en'cendres'pour'nourrir'les''
racines'de'la'vie.'
'
'
Analyse1'du'poème'faite'par''Oumar'SANKHARÉ':'
http://ethiopiques.refer.sn/spip.php?article1199'
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!1!Une!réflexion!personnelle!doit!naître!de!votre!lecture!si!une!telle!ressource!est!consultée.!
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Salah%Stétié%(1929-...)%
LE#BLEU#DE#LA#QUESTION!!!
L’homme!est!fait!de!la!matière!de!l’arc2en2ciel!
Il!est!couleur!
Le!jaune!le!bleu!nilotique!le!noir!le!rouge!d’Amérique!
Le!blanc,!le!blanc!aussi,!est!couleur!
D’autres!couleurs!existent!que!je!ne!connais!pas!
Qui!sont!à!l’intérieur!dans!les!cœurs!et!les!âmes!
Couleurs!qui!paraissent!qui!transparaissent!
Dans!les!beaux!yeux!des!femmes!les!yeux!des!hommes!
L’iris!et!le!frais!cristallin!des!enfants!
Iris!bleu!iris!violet!iris!marron!iris!vert!
Iris!noir,!tout!ce!champ!de!fleurs!naïves!
Tourné!en!grand!jardin!vers!le!soleil!visible!
Transparence!de!l’air!feu!de!l’orage!
Et!l’invisible!aussi!
Que!l’homme!voit!si!même!il!dit!ne!pas!le!voir!
Cela!qui!fait!de!nous!l’humanité!
Tissage!et!métissage!
Celle!qui!rêve!et!qui!vit!qui!crée!et!souffre!
Qui!souffre!et!s’interroge!
Et!qui!est!vraie!de!la!vérité!des!vraies!racines!
Hommes!et!femmes!ayant!rendez2vous!de!parole!
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Salah%Stétié%(1929-...)%
Sous!l’arbre!des!prairies!
Leurs!passions!leurs!récits!leurs!fables!leurs!poèmes!
Conduits!comme!un!troupeau!vers!la!trompe!d’Eustache!
Mots!chanteurs!nidifiant!
Puis,!tout!quitté,!l’incompréhensible!vache!
Laboure!avec!ses!cornes!le!bleu!de!la!Question!!!Explorez!:!http://litteraturearabe.blog4ever.com/blog/articles294693287690.html!!
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«"Mort"d’un"homme,"naissance"d’un"pays"»"par"Salah"Stétié"publié"dans"Le#Nouvel#Observateur,"3;9"mars"2005""Il"faut"en"convenir":"ce"n’est"pas"facile"d’être"libanais."Aujourd’hui"encore"moins"qu’hier."C’est"un"petit"pays,"un"tout"petit"pays"que"le"Liban"–"avec"un"gros"problème."Atlas"miniaturisé"en"quelque"sorte."Atlas"avait"un"privilège"que"le"Liban"n’a"jamais"réussi"à"s’assurer"lui;même."Pour"soutenir"son"énorme"fardeau,"le"globe"qui"l’écraserait"à"la"moindre"erreur,"tous"les"muscles"d’Atlas"sont"parvenus"à"travailler"dans"le"même"sens"et"en"vue"du"même"objectif":"se"coaliser"pour"tenir,"que"le"pied"ne"cède"pas,"ni"le"genou,"ni"les"tendons,"ni"le"fessier,"ni"les"autres"tenseurs,"ceux"qui"assurent"la"respiration,"ceux"qui"tissent"le"ventre"et"le"dos,"ceux"qui"durcissent"la"nuque"et"ce"muscle"central"qu’est"le"cœur.""Atlas"tient"son"équilibre"improbable"de"cette"conjuration"positive."Au"Liban,"les"muscles"se"bandent"ou"se"relâchent"au"hasard"des"alliances"et"des"mésalliances,"muscle"sunnite"avec"puis"contre"muscle"chiite,"muscle"maronite"contre"puis"avec"muscle"druze,"muscle"grec;catholique,"muscle"grec;orthodoxe,"muscle"arménien"(catholique"ou"orthodoxe),"muscle"latin,"que"sais;je?"Tout"cela"dans"un"désordre"absolu,"une"anarchie"totale"des"fléchisseurs,"des"fléchissants,"des"infléchis,"des"réfléchis,"des"irréfléchis,"le"Liban"tel"qu’on"croit"le"connaître,"dans"sa"pagaille"qu’on"dit"joyeuse,"le"Liban"presque"debout,"à"demi;debout,"déconcerté,"déconcertant,"coloré,"bruyant,"tintamarrant,"jouant"de"sa"lourde"boule"avec"la"légèreté"d’une"libellule"–"Charlot"faisant"bondir"et"rebondir"son"globe"terrestre"dans"une"scène"fameuse"du"«"Dictateur"»";"jusqu’à"ce"que,"soudain,"un"coup"de"feu"tiré"à"bout"portant"mette"fin,"au"cœur"de"sa"montagne"du"Chouf,"au"destin"fascinant"et"têtu"du"leader"druze"Kamal"Joumblatt,"le"père"de"Walid,"pas"très"loin"d’un"barrage"militaire"syrien";"jusqu’à"ce"qu’un"immeuble"explose"en"plein"quartier"chrétien"sur"Béchir"Gemayel,"le"président"maronite"du"Liban,"tout"juste"élu,"à"l’ombre"des"chars"israéliens,"qu’un"attentat"à"la"voiture"piégée"souille"de"sang"le"turban"immaculé"de"cheikh"Hassan"Khaled,"mufti"de"la"République"libanaise,"qu’un"autre"attentat"à"la"voiture"piégée,"lui"aussi"mortel,"foudroie"le"22"novembre"1989"René"Mouawad,"premier"chef"d’État"de"l’après;guerre,"élu"à"la"suite"de"l’accord"de"Taëf"en"Arabie"Saoudite,"accord"voté"et"signé"par"les"députés"libanais"et"garanti"par"notamment"la"Syrie"et"les"États;Unis"d’Amérique."René"Mouawad"qui"venait"de"présider"au"palais"du"gouvernement,"à"Sanayeh,"les"premières"cérémonies"de"la"Fête"de"l’Indépendance"après"quinze"ans"de"guerre"civile,"sortait"de"mon"bureau"lorsqu’il"fut"tué":"j’étais"alors"secrétaire"général"du"ministère"des"Affaires"étrangères."Il"portait"ce"jour;là"avec"son"costume"officiel"une"cravate"noire"à"petits"pois"blancs."Un"lambeau"de"ce"tissu"fut"tout"ce"qu’on"trouva"de"lui"dans"sa"voiture"pulvérisée.""Après"chaque"attentat,"un"terrible"silence"se"fait"autour"de"la"scène"qu’il"faut"bien"appeler"«"primitive"»,"non"seulement"au"sens"freudien"du"terme"qui"veut"que"celle;ci"ait"partie"liée"avec"un"mystérieux"crime"secrètement"désiré,"mais"aussi"au"premier"sens"du"terme"qui"signifie"archaïsme"et"brutalité."Refus"de"tout"ce"qui"constitue,"dans"une"société"policée,"l’étincelle"déclenchante"de"la"démocratie."Du"coup,"Atlas"a"les"genoux"qui"ploient"et"doit"s’attendre"que,"dans"le"déséquilibre"advenu,"le"globe"l’écrase."Et"le"Liban,"assommé,"chancelle."[…]""
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