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COMMENT REINJECTER DE L'HUMAIN AU SEIN D'UN
MONDE ACCELERE?
2QUEL STATUT POUR L'INDIVIDU DANS
LA VILLE?
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INSOCIABLE SOCIABILITE?
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A l’heure actuelle il s’agit de faire toujours plus de choses, toujours plus diverses, dans un laps de temps toujours plus réduit.Avec l’avènement de la société de l’informa-tion, on assite à une accélération de notre quotidien. La mise en réseau du monde en-gendre une accélération des flux d’informa-tions, mais aussi des cycles de production et une concentration de nos modes de vie.
On se laisse ainsi guider dans un monde où il suffit d’un «clic» pour tout savoir de son voisin, où «il y a une application pour à peu prés tout», un monde où rapidité et facilité sont signe de bonheur.La vitesse modifie en effet notre perception de la réalité, et d’une certaine manière elle nous en exclut. Se muant au sein du mouve-ment, on feint d’être au milieu des autres, au
Préfacecentre d’un monde qui semble tourner autour de nous, pour nous.Mais ne tournerions-nous pas sur nous-même?
Avec No stop city, Andrea Branzi avait mis en scène ces dérives de l’hyper-productivité.Au sein d’ Archizowom associati, il avait ima-giné un modèle de ville entreprise construite sur la structure de l’usine et du supermar-ché. Une ville sans limite entre le privé et le public,le travail et les loisirs, une machine à vivre ensemble mais profondément seuls, une Toyota city, pour se resituer dans la réalité.Alors comment sortir de la ville-entreprise?Comment sculpter l’humain au sein de cet immateriel, lui redonner de l’épaisseur?Il va être question de peler la peau de ce
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monde accéléré au sein duquel toutes les sensations restent en surface, creuser des territoires imbriqués pour en faire ressurgir l’émotion brute.
Strate aprés strate, milieu aprés milieu, trouver la faille. Ne pas se laisser happer par l’emprise des flux.Maintenir la tête hors de l’eau et observer.
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C O M M E N T REINJECTER DE L'HUMAIN AU SEIN D'UN MONDE A C C E L E R E ?
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La vitesse n’est pas un fait, elle est un phé-nomène qui résulte du mouvement.Elle ne peut être perçue et analysée que si on prend en compte le fait qu’elle est relative, relative au point de vue duquel on l’observe. Une chose est en mouvement à partir du moment où on la situe par rapport à un point fixe, un référentiel.
C’est pourquoi la lecture d’une réalité mouvante se fait toujours sur le principe d’un système abstrait de son contexte. Suivant le référentiel adopté, la perception de ce mou-vement peut totalement basculer.La vitesse est indéniablement signe de progrés, mais comme le souligne Paul Virilio
progrés et catastrophe sont rationnellement liés. La virtualisation du monde par le phénomène de la vitesse entraine une perte du corps, on substitue du visuel au réel. Pour Virilio la machine médiatise notre existence et nous entraine dans une dromotique anesthésiante. L’appareillage de nôtre corps entrainerait donc une perte.
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Néanmoins, reconnecter l’individu avec son corps et les autres ne passe pas nécés-sairement par un déni de la technique.Décélérer n’est pas la seule alternative aux dérives de l’accélération.
Avec l’instrumentation numérique et le développement de modes de production automatisés (imprimantes 3D, fritage) on vise à dématerialiser la fabrication en la faisant migrer vers le service. On va venir appa-reiller l’esprit concepteur, semblant ainsi faire disparaître la main. Le rôle du designer tend alors à déssiner uniquement les règles du processus de création.Cette accélération des modes de production engendre une hypertechnique qui va être amenée à transcender son statut technique pour générer du sens. Car le danger de ces nouvelles technologies réside dans le fait qu’elles ne soient génératrices que d’un style, d’une esthetique dont on se lassera.
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Il s’agit de ne pas seulement renouveler un langage formel mais tout le processus de création. Cette hypertechnique doit être mise au service des usages. Pour citer, Phillipe Marin de L’ENSA de Lyon, il n’est plus question de forme mais de «phénomène résultant». L’accélération des modes de production, pour ne pas être stérile se doit de générer de la création au sein de l’automatisation. Le rôle du designer est d’extraire de l’imprevisible de ces modes de fabrication, réactualiser les «hasards de la main» de Dubuffet.
Lorsque Patrick Jouin crée le tabouret One shot, il ne se sert pas de l’impression 3D comme d’un medium mais comme d’un prolongement de sa main. Il crée non pas une forme mais un système d’objets dont la logique interne réside dans la solidarisation des pièces. L’outil informatique ne répond pas à sa seule volonté, il y a une transmission qui s’opére. Le greffon prend.
De la même manière, les architectures bionumériques, optimisables en temps réel,
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communiquent avec l’environnemenent exterieur, elles analysent le paysage prenant ainsi en compte les fluctuations et l’évolution des situations afin de s’y adapter. Conçues comme des membranes intelligentes, elles concentrent la conception et la fabrication en une seule entité mise au service du développement durable.L’habitat-machine sert ainsi d’interface entre nous et le monde, elle est une part de notre peau.
Bernard Andrieu parlera de «faire corps avec la technique». Néanmoins on peut se poser la question si cette architecture ne constitue pas seulement une image de la durabilité. En effet la frontière entre l’efficience du projet et l’image de son efficacité est souvent mince.
On va d’ailleurs retrouver cette même ambiguité chez les designers qui font barrage à cette accélération généralisée.Comme en écho à ce design émanant d’une intégration de la technique dans nos modes de production, se développe un slow design
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consistant à ralentir le rythme de production mais surtout de consommation des produits. Se distinguent des designers qui prennent le temps de créer, d’expliciter le geste à la manière de Droog Design et leur dispositif Do it .
Créer est ici incarné par un geste physique qui s’inscrit dans le temps et dans l’espace. L’objet est marqué par son consommateur/créateur.Dans la même veine Hella Jongerius introduit avec ses Blizzard bulbs le concept de prolongation du cycle de vie des objets. Elle utilise une technique artisanale, le verre soufflé, pour créer des lampes à gaz autonomes et rechargeables. Mais comme pour le design fulgurant, n’y a-t-il pas des risques de dérives vers un esthétisme du recyclage masquant la singularité du processus de création?
Accélération et décélération sont inévitablement associés, comme deux faces d’une meme pièce. C’est le mouvement de l’un à l’autre qui les rend générateurs de sens.
Ce contexte bipolaire va générer un homme complexe, surinformé, surconscient, pluriel, porteur d’un regard nouveau sur son environnement et sur lui-même. Un homme hybride, contraint de se coupler à un dispositif technique qui parfois le dépasse.
Un «plus-homme», un homme qui se connecte, se branche, se greffe. Dans la vie courante on peut donner l’exemple du téléphone portable, de l’i pod, de ces objets auquels on est connectés et dont on a du mal à se détacher.
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Chez les 5.5 designers et leur opération Sauvez les meubles, la prothèse se substitue au corps naturel de l’objet, malade car inutilisable. La notion de prothèse est exploitée de manière presque littérale, elle permet de guérir le corps de l’objet. Elle est ce qui va donner une seconde vie au mobilier tout en ne cherchant pas à s’éffacer dans l’objet.
Elle est assumée de manière positive, elle caractérise ce qui va singulariser l’objet. Mais la prothèse peut s’avérer être à la fois une performance et un handicap.
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L’ambiguité de la notion de prothèse réside dans sa mise en tension du virtuel et de la réalité, sa capacité à basculer de l’apport à la contrainte. Entre le corps idéal et le corps fantasmé, le corps appareillé se lit au travers de l’utopie mais aussi de la contre utopie.
Le projet Revital cohen, en tant qu’anti-projet, matérialise un fantasme de contrôle et de puissance qui souligne notre incapacité à nous contenter de notre pauvre corps de mortel. À une prothèse technique idéale, on va substituer une prothèse inapte, absurde, presque défaillante. Une prothèse hasardeuse, loin de la troisième main de Stelarc mais qui complète le corps en l’amenant vers le non-sens, comme le souligne François Dagognet.
Peu à peu la prothèse devient narrative. On va chercher à combler des manques qui ne sont pas fonctionnels mais d’ordre affectifs, imaginatifs.
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Jared Steffensson va exterioriser l’imaginaire de l’individu en lui greffant un décors sur le corps le rendant ainsi acteur de son fantasme.
Dune & Raby vont quant à eux concevoir au travers de leur risk watch, une prothèse qui nous plonge dans l’instable.Cette montre qui s’écoute nous informe en effet de la stabilité politique du pays dans lequel on se situe, elle fait basculer la fonction rassurante de l’objet vers une acceptation de la fragilité du milieu dans lequel nous évoluons.
En réutilisant un langage issu de l’idéologie de la vitesse, on tend à amener le système des objets vers des usages qui témoignent d’une inaptitude assumée, de sentiments paradoxaux.Un désir de se lier au monde qui va de pair avec un besoin de se replier dans sa propre réalité.
On se plug, on se connecte, on étend le réseau toujours un peu plus, mais à quoi bon? Devenir un homme-lampe incapable de lire? Feindre de faire partie d’un groupe seul devant son écran?Peut-être faudrait-il ne pas chercher à se connecter mais à se rencontrer?
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Se rencontrer où?S’il fallait définir un lieu accélérant, un espace qui se renouvelle perpetuellement dans lequel on se fait porter par un mouvement continu, ce serait la ville.Les villes se définissent par leurs capacités de déplacement. L’éspace vécu par les hommes n’a pas d’échelle propre, notre perception de la ville et sa conception va évoluer en fonction de la vitesse à laquelle on la traverse. A pied, à cheval ou en voiture le territoire urbain mute à mesure que l’homme s’instrumentalise.
C’est en cela qu’on différencie les modèles de ville post-automobile comme Los Angeles des structures urbaines Européénnes concentriques avec un centre et une périphérie. Les modes de déplacement vont ainsi paramétrer la mise en forme des villes.
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La vie citadine se caractérise par un espace inintérrompu de flux, la ville n’est autre qu’une rationalisation du mouvement.
À partir du XIXème siècle les urbanistes occidentaux quadrillent l’espace urbain de manière à canaliser les différents rythmes de circulation. On vise à éviter tout encombrement, toute rupture du courant. Il en résulte une circulation fluide mais où la communication entre individus tend à disparaître. Comme le souligne l’architecte Rem Koolhaas dans son étude sur Lagos, capitale du Nigeria, la sur-gestion des flux urbains, bien qu’éfficace, peut entrainer l’apparition de cités plates, sans couleur.Des villes génériques, lieux de «sensations
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faibles et distendues, d’émotions rares et espacées».À la différence du chaos des mégalopoles Africaines, la manutention à outrance des villes occidentales ne laisse que trop peu de place à la spontanéité.Il n’est pas question ici de faire l’apologie de l’anarchie urbaine, Lagos est en effet une des villes les plus dangereuses au monde, mais de mettre en avant l’urgence de prendre conscience du rôle du citadin dans le milieu dans lequel il vit.
Les villes devraient être avant tout des lieux de vie avant d’être des espaces de transition.Au coeur des embouteillages de Lagos, des liens semblent se tisser, les gens s’assoient, se parlent, se regardent. Malgré les milliers de véhicules de toutes sortes qui grouillent et se bousculent, le temps semble être comme ralenti, les individus ne se croisent pas, ils se rencontrent.
A l’inverse du modèle des villes «douces» qui anesthésient la métropole occidentale, Lagos vit.
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Lorsque François Truffaut décrivit la ville du futur dans le film Farenheit 451 les transports en commun se résumaient à des tubes dans lesquels des individus trop aliénés pour communiquer n’avaient comme seul moyen de se sentir vivant que de se carrésser. Se toucher l’épaule pour se sentir moins seul au milieu des autres.
N’est-ce pas ce qui nous attend si l’on se cantonne à construire des espaces publics comme des boites à traverser?
Comment en tant que designer, faire évoluer la ville-entreprise vers une cité de partage, de contact, de liens? Comment faire dériver le citadin du « Metro, boulot, dodo»?Les sociologues, et plus particulièrement Jean Viard, soulignent la nécessité de repenser nos villes en fonction de la réorganisation contemporaine du temps urbain.
En effet, le travail n’y représente plus que douze pour cent du temps d’une vie, ce qui nous amène à reconsidérer le tissu urbain comme une matière à rencontres et à loisirs.
C’est pourquoi on retrouve dans les projets d’urbanisme contemporains une volonté de mettre l’humain au centre de la cité, à l’image de l’Agora Grecque.
Bien que la ville soit censée être genératrice de contacts humains, de partage, de discussion, la nécéssité de son bon fonctionnement tend à la figer dans une forme de machine à évacuation de masse.
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Au coeur de cette notion de contact, se situe l’interface, cette rencontre entre les individus et la ville. Des aménagements comme le Lurie Garden à Chicago invitent l’individu à flâner, déambuler, ce qui induit une nouvelle perception du paysage urbain.
D’autre part lorsque Marc Lemahieu implante un térrain de foot au coeur de Tokyo, on y voit un désir de recentrer les activités de loisirs au sein de la cité de manière à recréer des espaces de rencontre et de vie dans le centre-ville et non en périphérie.
Que ce soit en créant des lieux de respiration ou de défoulement, les urbanistes tentent de ressérer les mailles de la cité tout en la structurant de manière suffisament souple pour que chacun puisse y trouver sa place.
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On tente de créer non pas des sculptures à vivre mais des infrastructures qui communiquent avec les individus, qui induisent une dimension participative du citadin. D’où les aménagements urbains qui favorisent la traversée de la ville piétone.
Changer de rythme pour changer de comportements sociaux. Car la liberté c’est dépendre de son propre corps, la mise en place de structures adaptées aux piétons semble favoriser l’appropriation de l’espace public par l’individu. Néanmoins, le risque est de faire du piéton un nouveau mode de transport, un flux parmi d’autres.
On le voit clairement dans le projet de la High line à New-York, le piéton a dorénavant une piste qui lui est réservée, une ligne qu’il peut emprunter mais à un rythme et dans des directions qui lui sont imposées.
Comme l’expose BMW dans son exposition Suits that transport, le piéton a pour destin de devenir son propre véhicule. Mais là encore les trajets risquent de ne pas être trés causants.
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Alors comment mettre ce dynamisme urbain au profit de l’individu et non de l’individualisme?`Comment faire exister le corps dans l’espace urbain? Comment s’approprier ce territoire qui exprime à la fois un renouvellement infini et un ancrage dans le temps historique?
C’est ce que David Mangin appelle dans La ville franchisée «le choc de la vitesse».Dans nos villes, au delà de la superposition des réseaux de déplacements, il y a une superposition des temps architecturaux. Les espaces perspectifs de le Renaissance, du réseau ferroviaire du début du siècle, du code de la route et de l’infographie du XXème siècle se croisent et se bousculent.L’individu est contraint de se fondre dans ce paysage historique, de le digérer pour
s’y intégrer. En confrontant un individu à une architecture statique, le monument, on fait se rencontrer un temps constant, qui dure et un temps faible, éphémère.Par le changement d’échelle, l’individu prend le pouvoir sur l’architecture, une dimension ludique apparait. En faisant manipluer l’objet architecture maintenant à la taille du personnage, on retrouve la notion de théâtralité de la place publique.
On met ainsi en avant deux lieux, deux places qui assument leur statut d’espace fédérateur, créateur de vie et de divertissement.
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Au delà de ce que plannifient les urbanistes, comment vit-on vraiment des lieux d’échanges? Avant l’iminensce de leur délocalisation en proche campagne, les gares sont des centres d’activités et de transports, des organes qui font circuler le sang de la ville. Etudions deux d’entre-elles et leurs dysfonctionnements symptomatiques de leur manque d’éfficacité et d’humanité.
La gare de Perrache est un centre d’échange qui abrite à la fois trains, metros, bus, trams, associations, magasins, crèche, jardin, mais tout cela dans le plus grand secret.En effet, cette microréalité n’est en fait pratiquable que par les habitués ou les usagers trés perspicaces pour cause de signaletique douteuse. Des panneaux censés nous indiquer une direction nous font tourner en rond, des marquages au sol s’éffacent peu à peu pour ne laisser que de vagues traces d’un lieu qui autrefois a du avoir un sens.On se perd dans les méandres de cet espace pourtant étonnant, à la dérive. Un lieu qui aurait le potentiel pour être un espace de rencontre, de discussion s’il était conçu pour communiquer d’avantage.
Voici le récit de ces comportements circulatoires absurdes mais révélateurs de l’impact de la signaletique dans les espace publics.
DEUX NOEUDS DE CIRCULATION, DEUX GARES
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Quand on s’intéresse à la gare de La Part Dieu ce n’est pas la signalétique qui fait défaut mais une canalisation excessive des flux. Pensé par strates, le site de La Part dieu a été conçu pour isoler les circulations dans le but de fluidifier la circulation dans l’enceinte de la gare.
Or, les usagers s’approprient cet espace programmé de manière anarchique. Les plateformes prévues pour circuler sont desertées et la gare engorgée car vécue comme une rue.Dans ce contexte anxiogène, les usagers perçoivent-ils la gare comme un lieu de rencontre? Analysant le parcours des passants on ne peut qu’observer une fuite de toute possibilité de contact humain. La gare fait l’effet d’une véritable machine à évacuer.A l’image de la ville contemporaine, faux-semblant d’un territoire qui rassemble, la gare est conçue de manière à vider le plus de
monde le plus rapidement possible ;la notion d’évacuation pouvant faire office de geste fondamental de la ville accélérée.
Néanmoins, si on intérroge l’usager lambda, force est de constater qu’il y a un réel besoin de renouer des liens entre usagers. Il subsiterait un lien singulier qui ne se fait que dans le contexte du déplacement, la vitesse n’excluerait pas nécéssairement le lien social sous réserve de le cultiver.
Le challenge va ainsi consister à concilier un besoin de solitude et un désir de se lier à autrui.
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Que faîtes vous dans cette gare?
Combien de temps y passez-vous le plus souvent?
Comment occupez vous ces temps d’attente?
Pensez-vous que la gare soit un lieu de rencontre?
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Comment réagissez vous quand une personne vous aborde?
Avez-vous deja adréssé la parole à un inconnu? Pourquoi?
Comment faites vous pour éviter qu’on vous parle?
Avez vous apprécié que j’entame une discussion avec vous?
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Comment donner une forme à ce lien, l’incarner?Pourquoi ne pas greffer une prise à l’usager à la recherche de rencontre, un substitut de colonne vertebrale, matérialisation de cette possibilité de contact?
Le circulant hybride exprime ainsi son desir de circuler non plus à coté mais avec les autres. Se déssinent différentes typologies de liens en fonction du rythme de chacun. Le lien organique, le lien codifié, le lien logique, le lien aléatoire... Les relations se construisent et se développent dans l’espace, elles deviennent lisibles. L’individu devient l’élément déclencheur de la mise en lien avec les autres, il se tient prêt à communiquer, à construire un espace urbain ludique, vivant. Il ne se dissocie plus de l’espace dans lequel il évolue, il le construit, il en déterlmine son essence, à plusieurs.
Que ce soit dans les transports en commun ou à pied, l’échange est souvent de courte durée mais caractérise un type de relation propre au mouvement. On ne discute pas en courant pour attraper son train comme on discute dans un café. Le lien qui se construit est fulgurant, on ne partage que le moment présent, l’action en train de se dérouler. Tout est question de temps et de lieu. Quelle heure est-il? Quand
prend-on son train? Où va-t-on? D’où l’on vient? Le contact est bref mais il existe et il est attendu.
Métaphore de ce conatct, le lego, module de construction élémentaire, matérialise ce temps de la discussion et du passage tout en amenant une dimension ludique.Car jouer, au sens large, c’est partager, c’est communiquer, c’est être ensemble dans l’espace.
Le trajet urbain ne peut se limiter à une contrainte, il doit se transformer en opportunité.
COMMENT FIGURER LE LIEN DANS L’ESPACE?
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L’individu est incorporé dans le flux en même temps qu’il le crée, c’est cette simultanéité qui permet d’ouvrir la brèche et de créer des discontinuités.
Seul l’individu peut faire dévier le flux à condition qu’on le sollicite.C’est ainsi que pour créer une relation ludique entre l’individu et l’espace public, pour créer ces opprtunités, il est indispensable de parler au passant, l’inciter à être actif dans le parcours de sa ville.
Pour amener une dimension participative à l’espace urbain, il va falloir le dire.
CIRCULER POUR LE PLAISIR
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La notion de communication se traduit en urbanisme par des interventions ponctuelles qui visent à susciter chez le passant un regard différent sur son environnement et sa trajectoire.À la manière de stimulis ces interventions réveillent le citadin endormi et l’incitent à jouer avec l’espace public dans lequel il évolue.C’est le cas du projet d’identité visuelle du quartier des spectacles à Montréal par Ruedi Baur qui s’appuie sur la lumière comme signal d’activités des théâtres du quartier. Au sol, sur la route, sur les murs les programmes défilent et réagissent à l’intervention des passants.
Toujours sur le territoire de la rue, Eduard Cehovin expérimente les comportements circulatoires des passant lorsqu’ils sont confrontés à un repertoire de formes signaletiques différent.
Par ailleurs, la représentation même de la ville se complexifie en fonction de ses besoins. Aujourd’hui les déplacements urbains sont si nombreux et variés et l’ère du numérique balayant tout sur son passage, le temps de la carte territoriale figée est révolue. A une ville mobile doit correspondre un système de carte des flux. C’est ce sur quoi travaille Nicolas Nova, auteur du livre Les médias géolocalisés.
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Pour lui, on ne parle plus de carte à proprement parler mais de « chronotopes », c’est-à-dire de cartes représentant l’évolution d’un phénomène spatial au cours du temps. On peut alors représenter des flux dans l’espace, ou encore certaines activités à certains moments dans des lieux précis.Un nouvelle territorialisation de la ville en fonction des besoins de l’individu, à la manière de Guy Debord et sa Carte psychologique de Paris.
Qu’en serait-il d’une carte sonore qui nous inciterait à naviguer dans la ville au grés de notre perception acoustique?
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QUELS ESPACES POUR DES ETRES DOTES D'UNE I N S O C I A B L E S O C I A B I LIT E?
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La qualité d’une ville ne réside pas seulement dans son apparence mais dans l’impact de son aménagement sur les comportements sociaux.Comment construire des espaces qui accueillent les individus dans leur complexité sans les forcer à adopter un comportement type? La standardistaion des villes contemporaines est un des facteurs majeurs du malaise urbain, néanmoins c’est au sein de ce milieu qu’i va faloir trouver des solutions pour stimuler le citadin.Comme l’exprime Rem Koolhaas dans La ville générique, le repli du pittoresque n’est pas une réponse satisfaisante à l’engourdissement de nos villes, c’est au sein de sa forme actuelle qu’il faut creuser.Pour traiter de ces stimulis au sein de l’espace public, les designers, architectes et
urbanistes utilisent le plus souvent le medium visuel. Or, dans l’environnement urbain, le son s’avère être un outil, une matière première trés peu exploitée bien que déterminante dans la perception de l’espace.
Le vécu sonore d’une ville induit des manières spécifiques de se comporter. La qualité acoustique d’un lieu peut à la fois intimider, repousser, attirer, conforter, reposer. Un bruit excessif de courte durée ou une exposition prolongée au bruit sont considérés,
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depuis quelques années, comme une menace pour la santé. L’OMS, Organisation Mondiale de la Santé, affirme aujourd’hui que les effets sur la santé de l’exposition aux nuisances sonores sont objectifs. D’autant plus que le bruit peut également être une entrave à la communication, provoquer des réactions d’hostilité ainsi que des changements de comportement social.
Dans le cadre du Plan Bruit du Grand Lyon et en réponse à la Directive européenne « Bruit Environnemental », le Grand Lyon a élaboré une cartographie de l’environnement sonore sur son territoire. Trois cartes de bruit ont été réalisées afin de mettre en œuvre des mesures d’amélioration efficaces en terme de réduction des nuisances sonores.
Mais l’enjeu n’est pas seulement d’insonoriser la ville mais d’améliorer la qualité du son, le sculpter, lui donner une identité, une épaisseur.
Comment détendre cette masse compacte, ce brouhaha sans distinction et créer des zones d’émotions silencieuses?
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Donner forme au son implique de travailler avec des matériaux acoustiques qui vont permettre de créer des îles au milieu du flot de l’espace public.
Comment faire de ces surfaces qui réagissent au son des espaces à part entière? En effet dans le domaine de l’acoustique, domaine cantonné habituellement à des usages techniques, les matériaux sont avant tout crées pour être
performants, l’esthétique est secondaire. Le matériau n’est utilisé qu’en tant que revêtement, il ne construit pas l’espace, il l’habille.En revanche lorsque un designer conçoit un produit avec des qualités acoustiques, il intègre à sa reflexion l’importance de l’image parfois au détriment de l’éfficacité.
Martii Kalliala utilise un matériau à priori dénué de qualités acoustiques, le carton pour en faire un volume acoustique performant.Il va à partir de la matière carton créer un matériau poreux en mettant en forme la structure de son cube par le moyen de strates. Les minuscules stries créees par la
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Le son comme la forme donnent à lire l’espace et à l’interpréter, la matière lui donne une épaisseur.
structure de la surface vont ainsi absorber le son et conférer au carton de reélles caractéristiques acoustiques. Ainsi, ce cube destiné à écouter de la musique, est un parfait espace d’écoute puisqu’il isole du brouhaha exterieur tout en optimisant la qualité sonore de l’intérieur du cube. Les incurvations permettent en effet d’obtenir une réverbération différente selon où on se place dans le cube.
Par ailleurs la souplesse des formes qui définissent l’intérieur du cube influent sur la posture qu’on adopte dans l’espace et donnent une texture à l’espace.
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eChez les Bouroullec et leurs tuiles de feutre, le système de modules crée des interstices, des creux, des pleins, une porosité qui permet au son de circuler au travers de la paroi. Chez Anne Kyyro Quinn, c’est la structure du tissage de ses bandes qui crée des vides et optimise les qualités acoustiques de la matière.
Dans les deux cas la matière s’exprime, elle invite à vivre les lieux dans lesquels elles s‘implante autrement, elle boulverse le référentiel. Les surfaces s’animent par le relief et la couleur.Néanmoins, les dispositifs acoustiques actuels restent limités à l’aménagement
d’une surface, d’une paroi et non d’un espace volumique.Or, pour faire écouter un espace ne pourait-on pas réfléchir à un volume qui se déploie, qui partagerait les espaces sans les cloisonner?
Un dipositif autonome qui crée une rupture dans la monotonie urbaine, qui constitue un havre, une pause.
Un laboratoire de notre rapport au monde sonore.
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Créer des espaces en mouvement qui réagiraient en fonction de la qualité sonore environnante. Des frontières qui se déploient, des surfaces mouvantes.Des espaces qui ne prennent leur sens que lorsqu’ils sont habités.
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In today’s society we can but notice that the pace of life is speeding up. Although we are under the impression of being connected with the whole world,people tend to become estranged from each other.
Today, we have the possibility to make products faster, to travel faster, to find informations faster, to live faster, to be faster.We have developped technical abilities in order to become more efficient. But an excessive efficiency can lead to a lack of sensitivity. Could human being’s essence be in his flaws?
As social networks, citys seem to be endless spaces in which people pass each other but don’t actually meet.Passers by are channelled into roads made for them, they become part of traffic. Thus, congestion is avoided but at which costs?How can a designer encourage people to have real contacts with others in cities where
things are less and less concrete, in which we have to go always faster at the risk of disappearing?To respond to this question, instead of thinking of how we see the city, why wouldn’t we wonder about how we listen to it?Indeed, we could use the sounds of the city as a tool, a material to shape up a new reality in order to encourage people to meet and share. As a matter of fact, our perception of sounds can change our behaviour.We will wonder if turning noise into sound can favor exchanges and links between people.
To reach this goal, we will conceive urban spaces to welcome passers by between two moments of their day. We will create an in-between space, an island of silence which could make people walk through the city differently.
Slowly.
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