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DossierDOSSIER
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NRP Février 2015, n°25NRP Février 2017, n°35
[
Droit
« Les Yeux profonds de l’Algérie »
Mémoire
Economie
SociétéL’ALGÉRIE ÉCHAPPE AU CHAOS
Quelle réponse aux attentes de la jeunesse?
Chems Eddine CHITOUR
Le Chômage en hausse selon l’ONS :
Les femmes et les diplômés davantage pénalisésNadir Iddir
Loi de Finances 2017:
ce qu’il faut savoir sur les principales mesures fiscales
L’ENSEIGNEMENT DE L’HISTOIRE EN ALGERIE ET EN FRANCE :
Entre devoir de memoire et oubli partageFarid Namane
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Sommaire
La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée
en 1956 par le centre des Glycines d’Alger.
[Attestation du ministère de l’information: A1 23, 7 février
1977]
Revue bimensuelle réalisée en collaboration avec le :
Ont collaboré à ce numéroRyad CHIKHI, Bernard JANICOT, Leila
TENNCI, Ghalem DOUAR, Omar AOUAB, Mokhtar MEFTAH
Halima SOUSSI, Sid Ahmed ABED, Amine BAGHDADI, Laid Nasro
OUENZAR, Sofiane BELKACEM
CENTRE DE DOCUMENTATION ECONOMIQUE ET SOCIALE3, rue Kadiri Sid
Ahmed, Oran • Tel: +213 41 40 85 83 •
Site web: www.cdesoran.org / Facebook : Cdes Oran
Société
L’ALGÉRIE ÉCHAPPE AU CHAOS Quelle réponse aux attentesde la
jeunesse?, Chems Eddine CHITOUR,p.10
Economie
Le Chômage en hausse selon l’ONS : Les femmes et lesdiplômés
davantage pénalisés, Nadir Iddir,p.11
L’Algérie à la croisée des chemins, une analyse de J.L
Guigou,président du think tank IPEMED,Jean Louis Guigou,p.12
Droit
Projet de loi criminalisant la fraude aux examens : Préserverla
crédibilité du baccalauréat,Salima Ettouahria,p.13
Loi de Finances 2017: ce qu’il faut savoir sur les
principalesmesures fiscales,p.14
Mémoire
L’ECRITURE EN ALGERIE EST TRIBUTAIRE DEL’HISTOIRE,S.K.,p.15
L’ENSEIGNEMENT DE L’HISTOIRE EN ALGERIE ET EN FRANCE :ENTRE
DEVOIR DE MEMOIRE ET OUBLI PARTAGE,FaridNamane,p.16
Bibliographie
Dossier
« DES ECRIVAINS PARLENT L’ALGERIE »
La l ittérature francophone d’Algérie, une
réalitémouvante,Meriem BOUGHACHICHE ,p.4
Ecriture romanesque en tamazight : De Lwali n wedrar
àTamacahutstangarut, Nadir Iddir, p.5
Entretien avec le romancier Amin Zaoui :« Défendre
l’uniténationale dans sa diversité »,Mourad Mancer p.6
Anouar Benmalek :« En Afrique, il y a un déficit de mémoire»
,Leïla Slimani,p.7
l’Algérie au fond des yeux.Maïssa Bey, un combat contre
lesillage,Hassina Mechaî, p.7
Rêve, enchantement et quête initiatique, Hocine Tamou,p.8
Waciny Laredj, un pont entre deux rives ,Katia GHOSN, p.8
le funambule au vertige immense « cri en papier de
l’auteurYoucef Mrahi », Ali Bedrici,p.8
Yasmina Khadra et «Dieu n’habite pas La
Havane»,ClaireMazaleyrat,p.8
La fin qui nous attend de Ryad Girod,Sarah H,p.9
2084, le roman qui imagine l'islamisme au pouvoir en
Europe,p.9
Le mal être d’une génération sacrifiée,Samira BENDRIS,p.9
Yasmina Khadra et «Dieu n’habite pas La
Havane»,NadiaGhanem,p.9
[email protected]
N° 35, Février 2017
2
NRP, Février 2017, n°35
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Editorial
3
NRP, Février 2017, n°35
Bernard Janicot
Il y a une bonne quinzaine d’année, AssiaDjebar, unedes plus
grandes écrivaines algériennes, faisait paraitre unroman au titre
fort significatif : « La disparition de la languefrançaise ».
Qu’en est-il ?Si l’on remarque en effet que la langue française
cède du terrain dans l’enseignement, à
l’université, au profit de l’arabe, si l’on peut se rendre
compte que la maitrise de la langue françaiseécrite est souvent
assez approximative chez les étudiants, il faut aussi constater
dans le mêmetemps, qu’il existe une production littéraire assez
importante, et souvent de qualité, dans cettemême langue.
Que de chemin parcouru depuis la publication, en 1925,de « Zohra
» de Hadj-Hammou,souvent considéré comme le premier roman algérien
de langue française, langue du colonisateur ?
Tous les amateurs de littérature francophone algérienne ont en
mémoire les noms deMouloud Feraoun, de Mouloud Mammeri, de Mohamed
Dib, les « pères fondateurs ».
Ils ont été suivis par une génération tout aussi talentueuse,
emmenée par Rachid Boudjedra,Rachid Mimouni, et bien entendu, la
très grande AssiaDjebar, et tant d’autres.
Mais nous souhaitons mettre en lumière dans ce numéro une
génération un peu plus jeune,voire même franchement très jeune. Une
génération plus improbable à l’heure de l’arabisation, etdes années
sombres traversées par l’Algérie. Beaucoup de noms vont apparaitre
dans les pagesqui suivent, déjà fort connus, tel Yasmina Khadra,
Maissa Bey, Kamel Daoud, Anouar Ben Malek…D’autres encore moins
connus…
Mais nous avons constaté, en préparant ce numéro de la NRP, avec
un certain étonnement,qu’un seul numéro, avec la pagination
habituelle, était loin de pouvoir contenir tous ces auteurs,hommes
et femmes, publiant actuellement des romans en Algérie. D’où
l’option prise d’enmentionner plusieurs sans trop s’étaler sur eux,
faute de place. Malgré tout, il en manque encorebeaucoup, qui ne
sont pas nécessairement moins bons, moins lus, moins intéressants
que ceux etcelles que nous avons mentionné. Il s’agit donc plutôt
ici d’un panel regroupant hommes et femmes,jeunes (18 ans pour le
plus jeune) et moins jeunes.
Nous avons voulu aussi donner leur place à des auteurs publiant
en langue arabe, aveccomme représentant WacinyLaredj.
Un article se fait enfin l’écho d’une jeune littérature en
langue berbère, tamazigh.Une littérature algérienne assez
prolifique, dans les trois langues pratiquées dans le pays,
qui se fait l’écho des questions qui traversent la société,
souvent sans concession, sans « languede bois », qui se fait aussi
le miroir de cette société. Miroir dans lequel, parfois, on n’aime
pas tropse regarder…Reste en suspens une question importante, celle
du lectorat, à laquelle il est bien difficile d’apporterune réponse
sérieuse. Qui lit ces romans ?Question liée à une autre : comment
mieux diffuser cette littérature, la faire plus connaitre ?comment
donner aux plus jeunes, envie de la lire et de la partager ?
« DES ECRIVAINS PARLENT L’ALGERIE »
Bernard JanicotBernard Janicot
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NRP, Février 2017, n°35
DOSSIER
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La littérature francophone d’Algérie, une réalité mouvanteMeriem
BOUGHACHICHE
Née dans un contexte historique, lalittérature algérienne
francophoneécrite par les autochtones ne cessed’animer le débat
qu’engendre sonappellation. Cette littérature…donton a prédit la
mort au lendemain del’indépendance, demeure bienvivante...Elle
reflète la richesse del’histoire du pays. Liée à la colonisa-tion,
celle-ci est devenue…matièreintarissable ou l’engagement n’ôterien
à l’originalité d’une écriture quis’affirme…Le panorama de cette
lit-térature rend compte des parcours
historiques…Aux alentours des an-nées 20 avance timidement une
lit-térature d’assimilation de la culturede l’autre, une période au
cours delaquelle les algériens sentent le be-soin de parler aux
français de leur vied’indigène: Khadra, danseuse desOuledNaïl de
Slimane Ben Brahim,Ahmed ben Mustapha, goumier decaïd Ben Cherif,
Zohra, la femmed’un mineur d’Abdelkader Hadj-Hamou, Mériem dans les
palmes deMohamed ould cheikh, étoile se-crète de Jean Amrouche,
Jacinthenoire de Marguerite Louis Taos. Peuà peu le français
devient directementle vecteur principal des grands dé-bats qui
agitent l’Algérie suscitant,au début des années 50,
l’apparitiond’une littérature ethnographique quiglisse vers
l’autobiographie dont lesprincipaux ouvrages furent : le fils
dupauvre de Mouloud Feraoun, la col-line oubliée de Mouloud
Mammeri,la grande maison de Mohammed
Dib…La manière historique se ren-force et le sentiment
nationaliste at-teint son paroxysme dans une litté-rature militante
à partir de 1954.Kateb Yacine publie Nedjma, mêleharmonieusement
les éléments del’oralité et une technique romanes-que
moderne….Nedjma, symboled’Algérie, est l’autobiographie plu-rielle
d’une génération qui a vécutragiquement les massacres du 8mai
1945... Poète de l’amour et de lapaix, Malek Haddad exprime sa
dé-chirure dans des œuvres poétiques :
la dernière impres-sion, je t’offriraiune gazelle, le quiaux
fleurs ne ré-pond plus. Du côtédes femmes,AssiaDjebbar pu-blie la
soif, les impa-tients, les enfantsdu nouveaumonde…La littéra-ture
post-indépen-dance voit une vé-ritable explosion deconflits
opposantarabophones etfrancophones, unelittérature d’accul-turation
ou se mê-lent la réalité amèrede garder la languede l ’occupant
etl’incapacité des’exprimer enarabe. Autant de
ruptures dans l’histoire du pays ontpermis, vers la fin des
années 60,l’éclosion d’une sensibilité expri-mant l’avortement de
la révolution,c’est la littérature du désenchante-ment… : le fleuve
détourné de Ra-chid Mimouni porte un grand « po-tentiel accusateur
» face à l’idéolo-gie naissante…D’autre part, la mon-tée de la
bourgeoisie corrompue, lepoids d’une société patriarcale
cons-tituent autant de réalités aliénanteschez Rachid Boudjedra à
traversl’état psychiatrique de ses personna-ges qui délirent au
sein de l’utopie.Le muezzin de Mourad Bourbounedépeint l’hypocrisie
du religieux.Djamel Ali khodja recourt à l’allégo-rie dans la mante
religieuse qui re-présente la ville de Constantine dé-vorant ses
mâles. Avec mémoire del’absent, NabileFarès invite son lec-teur à
descendre dans le labyrinthede l’énigme des origines. Cette
di-versité touche également Cours sur
la vie sauvage, qui se souvientde la mer, Dieu en barbarie,
lesterrasses d’Orsol, Habel et lesommeil d’Eve de MohammedDib…La
littérature actuelle(1990-2009) suit la précédenteavec de
nouvellesformes…C’est la naissance del’écriture de la violence face
àl’intégrisme qui habite la majo-rité des œuvres…Peurs etmensonges
de AissaKhelladimet en scène un journaliste tra-qué pour avoir
écrit un article.Le rythme sanguinaire marqueA quoi rêvent les
loups deYasmina Khadra…Boudjedratire de ces évènements un
pes-simisme radical dans fils de lahaine…Abdelkader Djemaïlutte
contre la peur en adop-tant l’écriture de l’humour noirdans Un été
de cendres, Sablerouge. Quant à BoualemSansal,c’est l’écriture
émouvante etchoquante de la mémoire mul-tiple dans Lettres à mon
peu-ple. Une littérature de l’en-fance fait place au sein de
cetunivers teinté de sang : Miloudl’enfant d’Algérie de AbedCharef,
Une enfancealgériennede Leïla Sebbar. Sa-lim Bachi…perpétue le
cyclede la ville de Cyrtha…Une litté-rature féminine poursuit
sonchemin avec l’entrée sur lascène littéraire de
nouvellesécrivaines : Malika Mokaddem,Latifa Ben Mansour,
MeissaBey, Salima Ghazali, Malika Al-lal, férielAssima et
NinaBouraoui…De l’autre côté dumiroir, les écrivains issus
demariages mixtes ou enfantsd’immigrés comme AzzouzBegag, Mehdi
Charef,TssaditImache, produisent unelittérature…originale
appeléebeur ou littérature de la« périphérie »…Malgré toutesles
séquelles de l’histoire, la lit-térature francophone d’Algé-rie
reste porteuse…d’un ta-lent littéraire spécifiquementalgérien
nourri de valeurs fran-çaises.
01/2017-N°127
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NRP, Février 2017, n°35
DOSSIER
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Ecriture romanesque en tamazight :De Lwali n wedrar à
Tamacahutstangarut
Si elle a permis de «rapatrier» destextes interdits par la
censureofficielle, l’ouverture pluraliste adonné lieu également à
la publicationde romans écrits par des écrivains quisauront creuser
leur sillon ouvert parla «génération 81» avec une maîtriseparfaite
du genre narratif, à l’instarde Amar Mezdad, Salem Zenia...
Le roman d’expressionberbère n’a pasquarante ans. Publiéen 1946
à l’initiativedes Pères-Blancs, Lwalin wedrar de Belaïd AthAli
(1914-1950), estconsidéré comme lapremière expérienced’un texte
littéraireabouti en berbère.Encouragé par J-L.Degezelle,
l’auteurkabyle, originaired’AzrouKoullal, à Aïn ElHammam
(TiziOuzou), commenced’abord par transcrire des récitsoraux
traditionnels avant decomposer des textes de son cru…
En effet, Rachid Aliche (1953-2014)signera avec Asfel, publié en
1981,l’acte de naissance du romanberbère. «Asfel, de Rachid
Aliche,brise le mutisme millénaire del’oralité et signe l’acte de
naissanced’un genre nouveau dans lalittérature kabyle : le
genreromanesque», trancheDahbiaAbrous dans le n° 44 de laRevue de
l’Occident musulman et dela Méditerranée, 1987. Titulaire d’unDES
de physique-chimie obtenu àl’université d’Alger et d’un DEUG
enlettres décroché à l’université LyonII, Alliche a publié son
récit auxéditions Fédérop fondées par undéfenseur des langues
minoritaires,Bernard Lesfargues…
«Asalu était le premier journal enlangue berbère, mais il était
aussiune maison d’édition qui a publiéavant Askuti des textes de
Mammeriet Tusnakt s wurar de Hend Sadi»,se rappelle
RamdaneIftini,réalisateur et ancien membre dupremier Conseil
national du RCD. Le
travail de l’équipe d’Iftini ne fut pasune sinécure…
La «génération 81» fait des émules
Si elle a permis de «rapatrier» destextes interdits par la
censureofficielle, l’ouverture pluraliste a
donné lieu également à la publicationde romans écrits par des
écrivains quisauront creuser leur sillon ouvert parla «génération
81» avec une maîtriseparfaite du genre narratif, à l’instar
de Amar Mezdad, Salem Zenia... Unevingtaine de récits
d’inégaleimportance ont été publiés depuis ledébut des années 1990.
Le nombrede romans augmentera à partir desannées 2000, à la faveur
de lareconnaissance de la langue
Nadir Iddir amazighe…A bien y regarder,nous n’avons pas failli
malgréun système fermé à la pluralitéqui n’a cédé que parce qu’il
n’apas eu d’autre choix qued’accepter l’évidence», seréjouit
Tazaghat, qui a présentésa vingtaine de textes aupremier Salon
international du
livre amazighqu’a organisél ’ a s s o c i a t i o n«Tayri n
Wakal»dirigée par lamilitante etc h a n t e u s eamazighe
FatmaTabaamrant. Enplus de Tira, ceSalon a comptéd ’ a u t r e sp a
r t i c i p a n t sa l g é r i e n s(Odyssées etAchab), du
paysd’accueil, unéditeur de
Tunisie et un autre de Libye.
Le roman amazigh a-t-ilretrouvé un lectorat qui n’estpas rebuté
par la qualité parfoisdécevante des textes et dessupports ?
Tazaghart s’appuiedans sa réponse surl’expérience retenue après
sarencontre avec des lecteursmarocains : «Durant lespremiers jours
de ce Salon, jene peux cacher mon bonheurde constater que la
majoritédes lecteurs marocains que j’airencontrés savent que Lwali
nwedrar (réédité par Tira, Ndlr)est le premier roman écrit
entamazight.
Cela n’est pas rien, il signifiequ’un espace littéraireamazigh
commun, partagé, esten train de s’affirmer de plusen plus.»
L’écritureromanesque en tamazight aconnu un certain succès …
13 Janvier 2017
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NRP, Février 2017, n°35
DOSSIER
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Entretien avec le romancier Amin Zaoui :
« Défendre l’unité nationale dans sa diversité »
Rencontré samedi dernier à la librairie du Tiers-Monde, à
l’occasion de la vente-dédicace de son nouvelouvrage intitulé un
Incendie au Paradis ! Femmes, religions et cultures, paru récemment
aux éditions
Tafat, l’écrivain et universitaire Amin Zaoui nous a
chaleureusement accueillis et a bien accepté derépondre à nos
questions. Dans cet entretien, il revient sur le mutisme qui a
frappé la sphère intellectuelleet culturelle, apporte une vision
nouvelle sur la société et propose une lecture analytique du monde
arabo-
musulman qui s’enlise de plus en plus dans l’extrémisme
islamiste, le charlatanisme religieux et lahaine.Parlez-nous de ce
livre…
C’est un texte qui est écrit selon lerythme de mille et une
nuits. Le butest de raconter l’Algérie, le Maghrebet le monde
arabo-musulmancomme un journal nocturne. Ce livretraite de trois
problématiquesessentielles.
La première tourne autour desreligions qui deviennent
féroces,quand elles sont exploitéespolitiquement. Lorsque la
politiques’incruste dans la religion, celle-cidevient vide de sa
spiritualité et deson éclairage. Elle devient alors unfonds de
commerce pour telle outelle partie. La politisation
etl’idéologisation de la religiondonnent naissance à des haines
dansla société. La secondeproblématique traite des femmes.
Dans cette partie, je défends d’abordla liberté de la femme, son
rôle dansla vie économique, politique etculturelle. Je défends
également lacitoyenneté, qui impose le respectde l’être humain,
homme et femme.Malheureusement, nous avonshérité d’une grande
culture quimarginalise la femme et qui diffuseson exclusion de la
société. J’essaiede mettre en valeur la femme et deremettre en
cause cette culture. Latroisième problématique est celledes
cultures. Un pays qui jouit dediverses cultures et d’une
pluralitélinguistique est un pays fort et riche.
On dénombre en Algérie au moinsquatre langues : le
tamazight,l’arabe, le français et les différentsdialectes. Il faut
défendre l’uniténationale mais dans sa diversitélinguistique car
elle est plus forteainsi. Notre Constitution respecte leslangues et
les défend. Nous allonsfaire de l’Algérie un pays où le
vivreensemble est respecté.
Cet essai est à la foisphilosophique, littéraire et
politique…
C’est vrai qu’il est plutôtphilosophique et historique car il
revient sur l’histoire du Maghreb,des sociétés maghrébines et
tentede les décortiquer. M a l h e u r e u s e m e n t
,l’instrumentalisation de la religiondans le monde
arabo-musulmanexiste toujours. C’est ce que fontjustement les
groupes terroristestels que Daesh, Al-Qaïda et d’autresencore.
Quand la religion devient unfusil entre les mains des politiques
lasituation devient très dangereuse.
La question identitaire resurgiecomme jamais auparavant,
c’est
spécifique à notre société ?
Oui, aujourd’hui il y a beaucoup dequestionnements autour
del’identité et de ce qui se passe autourde nous. L’Occident vit
aussi cephénomène de l’islamisme. Il estpropagé partout dans le
monde. Celivre pose un débat universel.
Vous évoquez avec insistance lerôle de l’intellectuel.
est-il
interpellé et concerné plus queles autres ?
Je me considère comme unintellectuel du quotidien. Je l is
Entretien réalisé par Mourad Mancer
beaucoup mais je vis au mêmetemps avec les jeunes, je
suisconstamment à leur écoute. Jesuis sensible à l’angoisse quinous
encercle. Pour moi, le rôlede l’ intellectuel est
d’êtrevisionnaire, d’alerter l’opinionpublique et faire de
laprophétie intellectuelle.
On a l’impression que notreélite se recroqueville sur
elle-même, non ?
De nos jours, il y a un silencedes intellectuels. Si on prendles
intellectuels des annéescinquante comme MouloudMammeri, Kateb
Yacine,Moufdi Zakaria, AssiaDjebar etd’autres, on trouvera que
cettegénération était fortementimpliquée dans la société, dansla
création et dans la politique.Je crois sincèrement qu’il y aun
recul des intellectuels.
01 Aout 2016
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NRP, Février 2017, n°35
DOSSIER
7
l’Algérie au fond des yeux.Maïssa Bey,
un combat contre le sillageOn avait découvert l’écrivain Maïssa
Bey à traversune œuvre déjà dense et cohérente, faite denouvelles,
pièces de théâtre, poèmes et romans :Sous le jasmin, la nuit, On
dirait qu’elle danse,Entendez-vous dans les montagnes, Cette
fille-là,
autant de livres qui observent, avec la minutie
d’unentomologiste, la société algérienne. Des livres quientendent
lutter aussi contre le silence et soncortège violent qui pèse sur
cette société sicontradictoire. Plus encore, à l’instar
d’AssiaDjebarou encore de Leïla Sabbar, Maïssa Bey estconsidérée
comme une des premières féministesalgériennes, de celles qui
pensent que la culture etl’ouverture qu’elle permet demeureront
toujoursle meilleur viatique et la seule solution.Hizya enlutte
contre le carcan patriarcal
Hizya a 23 ans et vit dans la Casbah grise au cœur dela ville
blanche. Elle a largement l’âge de se marier,selon les canons
familiaux et sociétaux, l’âged’apprendre déjà, dans une société
algériennevitrif iée par les traditions, qu’on ne sort pasaisément
d’une assignation à existence. Avec cedernier livre, Maïssa Bey
décrit, avec férocitéparfois, toute l’intimité d’une famille
algérienneperchée sur les hauteurs d’Alger. Dans sa famille
àl’anormalité banale, Hizya observe, espère, attend.La jeune femme
a remisé son diplôme detraductrice faute de travail, pour se
résigner àtravailler dans un salon de coiffure. Là elle côtoieses
collègues, la célibataire, la divorcée, la mal-mariée, toutes
devant ruser avec les impératifs ducarcan patriarcal dans lequel
elles évoluent poursimplement faire accepter qu’elles
travaillent.Chacune subit en raison de son statut unestigmatisation
: la surveillance incessante de lafamille pour la célibataire, la
jalousie maladive pourla mariée et le déshonneur social pour la
divorcée.L’une d’elles, Sonia, devenue coiffeuse faute depouvoir
exercer son métier d’informaticienne, diramême drôlement : «Quand
tu cherchesl’expression bonheur à l’Algérie, l’ordinateur terépond
systématiquement Error 404, not found.»
Anouar Benmalek :« En Afrique, il y a un déficit
de mémoire »Avec Fils du Shéol, Anouar Benmalek nous plonge
dèsles premières pages dans les grandes horreurs du XXesiècle.
Karl, un adolescent, voyage dans un wagon àbestiaux vers les camps
de Pologne, où il sera gazé.Ensuite, coincé dans un étrange séjour
des morts, leShéol, il regarde évoluer les siens et tente d’influer
surleur destin. Il retrouve son père, Manfred, devenu kapo.Il
revoit sa mère, la lumineuse Élisa, une Juive d’Algérie.Poursuivant
son effroyable voyage à rebours, Karl croiseLudwig, son grand-père,
qui au début du siècle a servidans l’armée allemande en Afrique. Il
découvre alorsl’indicible secret de son aïeul, qui a assisté au
génocidedu peuple herero.Anouar Benmalek livre ici un romannerveux,
merveilleusement documenté. Un romanhistorique en forme de
thriller, qui nous tient en haleinejusqu’aux derniers mots.Né en
1956, l’Algéro-MarocainAnouar Benmalek est un écrivain engagé et
passionnéd’histoire. Membre fondateur du Comité algérien contrela
torture, ses romans Ô Maria (Fayard) et Le Rapt (Fayard)lui ont
valu à la fois la reconnaissance internationale etdes menaces dans
son pays. Interview.Jeune Afrique :Comment est née l’histoire de ce
roman ?AnouarBenmalek : J’avais depuis longtemps envie d’écrire
surla Shoah. Je tournais autour, je lisais, mais j’avais un
problème delégitimité : pourquoimoi ? Quel étaitmon point de vue
?Un jour, en lisantune biographie deGöring, j’ai appris audétour
d’unephrase que sonpère, HeinrichGöring, avait étégouverneur de
laGerman SouthWest Africa, quideviendra laNamibie. Ça a été
ledéclic…BoualemSansal,Ya sm in aKha dra,KamelDaoud… Lesécrivains
algérienssont à la mode. Quelregard portez-voussur cette
génération ? Je suis très content de la nouvelle visibilitédes
écrivains maghrébins. Je me souviens d’une époqueoù, à la sortie de
l’un de mes livres, un journaliste françaisa écrit au début d’un
article : « Encore un écrivainmaghrébin ! » Nous étions toujours de
trop. Aujourd’hui,le problème c’est que nous ne sommes pas lus dans
nospays. Nous n’avons pas accès à la télévision mais à lapresse
indépendante, qui, il faut le reconnaître, est trèspugnace. Mais
nous ne pouvons nous adresser au grandpublic. Nos paroles portent
moins que celles de n’importequel imam analphabète.
07 Octobre 2015
Hassina MechaîLeïla Slimani
13 Août 2015
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NRP, Février 2017, n°35
DOSSIER
8
Rêve, enchantement et quête initiatique(…) AnysMezouar a puisé
dans la ré-serve fabuleuse de son imaginationpour réaliser une
trilogie ou il jongleavec plusieurs genres littéraires :
lafantaisie, le fantastique, la science fic-tion, et le
merveilleux(…) L’objectifrecherché est de faire voyager le
lec-teur, de le faire vibrer tout en l’encou-rageant à mieux
comprendre lemonde et l’Homme (…) Ce mer-veilleux exercice
imaginaire a com-mencé avec la proie des mondes pu-blié en 2013
s’est poursuivi avec la ter-reur des mondes (2015) et s’achève
avec L’espérance des mondes 2016 (…) Cette trilogie à
l’évi-dence est une sorte de quête initiatique qui rassemble
descréatures dissemblables et parfois étranges mais qui toutessont
soumises aux mêmes questionnements, aux mêmes obs-tacles dans leurs
vies. (…)
Le funambule au vertige immense« cri en papier de l’auteur
Youcef Mrahi »
En quête d’émotions puissan-tes, de sensations abyssales,de
questionnements de dé-rangements sur l’existence? (....) Le voyage
tumultueuxconduit à l’amour, sourced’extase et de
souffranceinexorable, à l’ivresse de l’in-saisissable et à la
douleur duvrais (......) L’auteur se reven-dique l’eternel
funambulequi « rêve de se fondre entoi au fon de ton nombril
»L’auteur se revendique« éternel funambule quichasse sur un fil ton
ombrerebelle »… C’est le face àface implacable entre l’appel de la
mort et le chant de lavie, c’est la puissance de l’esprit et la
tendresse extrêmedu cœur (....) l’œuvre de Mrahi est profondément
hu-maniste (...).
L’Âne mort, Chawki Amari ,L’insoutenable légèreté de l’âne
Le journaliste, chroniqueur et écrivain algérienChawkiAmari
signe avec L’Âne mort un roman de lamaturité, permettant à son
talent d’humoriste souventnoir de se déployer avec un mélange de
dérision et deprofondeur particulièrement intéressant. En
revendiquant commesource l’Ane d’Ord’Apulée, désignécomme
premierécrivain algérien del’histoire, il placed’emblée son récit
sousl’égide du grotesque etde la magie, de lasensualité et de
lamétaphysique, de lafantaisie échevelée etde la noirceur
d’uneanalyse souvent critiquedu monde. C’est en effetpar strates
successivesque se révèlent les sensde cette histoire
rocambolesque, à travers les pérégrinations de troisjeunes gens
et d’un âne, d’Alger aux montagnes de laKabylie et retour. La
formation de géologue de ChawkiAmari donne en effet à ce récit
l’allure d’une réflexionsur les lieux et le temps, sur la surface
et les profondeursenfouies, sur la présence au monde de l’animal
humainqui le peuple, son insignifiance à l’échelle des
tempsgéologiques et sa volonté d’exister et de donner sens àses
quelques décennies à passer sur terre.
Waciny Laredj, un pont entre deux rivesÉcrivain algérien de
renom, WacinyLaredj se situe aucroisement de plusieurs cultures, ce
dont témoignent aussibien son parcours personnel que son œuvre
littéraire.
Par Katia GHOSN L’Orient Littéraire du 2010 - 12
Auteur prolifique, il a à son actif plusieurs romans dont
Sayyidatal-maqâm (Les ailes de la reine), Kitâb al-amîr (Le livre
de l’Émir),Nawwâr al-lawz (Fleurs d’amandiers). La nostalgie qui
traverseAl-bayt al-andalousi (La Maison andalouse)…
Vous êtes bilingue. Pourtant vous vous considérez
commeprofondément arabophone. En quoi l’approche de ces deuxlangues
vous paraît-elle différente ?
La langue arabe supporte sans trop en pâtir la répétition,
lelyrisme, la profusion d’images, tandis que le français est
unelangue dégraissée, directe et ne supporte pas justement
lesrépétitions, les retours et les lourdeurs. En étant dans les
deuxlangues, je suis dans deux traditions d’écriture très
différenteset j’ai souvent ce sentiment d’être bicéphale. Mon lien
à lalangue arabe fut d’abord affectif. Ma grand-mère, pour
quil’islam est inséparable de la langue, m’a poussé vers
l’arabe.Apprendre l’arabe est un geste d’amour pour cette femme
quia incarné pour moi les images absentes du père et de la
mère.
Le roman algérien de langue arabe est relativement
tardif.Pouvez-vous nous en retracer les grandes étapes ?
Le roman algérien en langue arabe a commencé en 1947 avecRida
Houhou, Ghâdatumm al-qura (La belle de La Mecque).C’est un roman
réformiste qui tente d’établir un certainéquilibre entre religion
et amour. En 1957, NoureddinBoujedraécrit al-harîq (Le Brasier). Il
était bilingue, ce qui lui a permisd’écrire un roman répondant aux
critères du roman français.La naissance du roman arabe moderne a
commencé en 1971avec Rîh al-janûb (Le vent du Sud) d’Abdelhamid
Haddouqa, etL’As de TaherWattan. Ces deux réalisations ont fondé le
romanalgérien. Il y eut ensuite la génération des années 70 et
80dont je fais moi-même partie avec Mirza Baqdash qui a écrit
unroman autobiographique Tuyûrfî al-dhahîra (Les oiseaux duZénith),
et KhallasAljilani dont le roman le mieux connu resteRâ’ihat
al-kalb (L’odeur du chien). Aujourd’hui, une nouvellegénération
d’écrivains qui a donné des noms comme ceuxd’Amara Lakhous et Samir
Qasimi s’impose par la qualité del’écriture, la force de la culture
et le désir de produire quelquechose de nouveau.
Ali Bedrici
31 Janvier 2017
26 Février 2015
Claire Mazaleyrat
2017-03 / NUMÉRO 129
Katia GHOSN
22 Janvier 2017Hocine Tamou
-
NRP, Février 2017, n°35
DOSSIER
9
La fin qui nous attendde Ryad GIROD
Un roman sculpté à même la chairSorti récemment auxéditions
Barzakh, le roman de Ryad Girod, La fin qui nous attend,est un
nectar doux-amer que l’on boit cul sec avec ce sentimentdiffus
d’entrer dans un esprit aussi maléfique que semblable.Une œuvre
sournoise et belle avec ce souci obsessionnel demettre les mots en
danse et en musique. Peu importe si noussommes en Algérie ou
ailleurs ; peu importe l’année oul’époque, La fin qui nous attend
est un espace-temps à la foisfamilier et terrifiant qui fait de son
futur macabre plus qu’uneforte probabilité : une évidence ! Narré à
la première personnedu singulier, ce récit fulgurant est celui d’un
monde sur lepoint de s’écrouler et qui tient encore avec cette
ténacitépropre aux agonisants. Un séisme dévastateur vient de
fairedes dizaines de milliers de morts dans le pays, l’apocalypse
estpressentie pour bientôt et le narrateur, un commandant
del’armée, doit gérer son cynisme chronique, la guerre
sanglantecontre les religieux, son fils qu’il hait tant, la mort
atroce de samaîtresse et son propre désir d’en finir…Cet officier
sans âgeet sans remords se raconte donc avec un talent quasi
inhumainpour l’introspection et l’autoflagellation car il
s’intéresse à sonfor intérieur comme à une curiosité méconnue dont
il exploreles zones d’ombre chaque jour avec la même fascination
…RyadGirod sait retenir son souffle en allant jusqu’au bout
despérégrinations mentales littéralement suffocantes de
sonpersonnage et c’est ainsi qu’il parvient à nous entraîner
dansune cavalcade éperdue où les clivages manichéens
s’effondrentdevant la puissance d’une psychologie abyssale
magistralementracontée. La langue à la fois fluide et corsée de
l’auteur estsans doute le premier atout de ce texte qui combine la
rigueurnarrative et la liberté formelle…Ryad Girod, comme
peud’auteurs de sa génération, propose au contraire uneimmersion
totale dans le corps même des lettres, conscientsans doute que les
histoires ont peu d’importance du point devue créatif si elles
n’habitent pas une langue sublimée… Yasmina Khadra et
«Dieu n’habite pas La Havane»Dieu n’habite pas la Havane, le
tout nouveau roman deYasmina Khadra, paraitra très prochainement,
le 18 août,simultanément en Algérie (Casbah eds) et en
France(Julliard eds). Inspiré d’un voyage à Cuba, il vient
enrichirle corpus de l’auteur, déjà composé d’un peu plus de
23romans sous ce pseudonyme depuis 1990.Une fiction quiva ravir les
fans de Khadra, et ceux qui le découvrirontpour la première fois à
travers le récit de Juan Del MonteJonava, alias «Don Fuego»,
chanteur de rumba à LaHavane…A travers ce roman composé à la
premièrepersonne, Juan nous raconte toute la place de la
musiquedans son monde, et son amour pour une vie qu’il
accepte,quelles que soient les souffrances. Initialementnarcissique
parce que le centre de son univers a étéstatique depuis des
décennies, Juan se révèle unpersonnage attachant et généreux. Son
sens de larépartie, et sa philosophie désintéressée
sontcontagieux.Dieu n’habite pas la Havane est un texte
pleind’humour et d’autodérision, qui fait des clins d’œil
àl’Algérie depuis Cuba. Un récit fluide solidementconstruit, dont
l’homogénéité repose sur une écritureaiguisée, lucide et
affectueuse.Dans ce roman, Khadranous mène de l’auto-questionnement
à l’enquête, deuxquêtes ancestrales en littérature, qui portent
versl’extérieur de soi, la découverte de l’autre et
versl’entendement.Dieu n’habite pas la Havane célèbre labeauté et
l’acceptation, la bonté des âmes malgré lesépreuves qui les
testent. Un très beau roman, à dévorer.
2084, le roman qui imaginel'islamisme au pouvoir en Europe
de Boualam SANSALLa mondialisation va conduire l’islamisme au
pouvoir dans unecinquantaine d’années, notamment en Europe, prédit
l’écrivainalgérien BoualemSansal qui publie 2084, un roman
terrifiantinspiré du chef-d’oeuvre de George Orwell 1984. «Orwell a
fait
une très bonne prédiction et ony est toujours», observe dans
unentretien à l’AFP l’écrivain de 66ans qui réside dans la petite
villecôtière de Boumerdès, à unecinquantaine de kilomètres à
l’estd’Alger. Selon lui, «les troistotalitarismes imaginés
parOrwell (l’Océania, l’Eurasia etl’Estasia) se
confondentaujourd’hui dans un seul systèmetotalitaire qu’on peut
appeler lamondialisation». «Nous sommesgouvernés par Wall
Street»,
résume BoualemSansal. Mais «ce système totalitaire qui aécrasé
toutes les cultures sur son chemin a rencontré quelquechose de
totalement inattendu: la résurrection de l’islam»,analyse
l’écrivain qui se dit «non croyant».
Le mal être d’une génération sa-crifiée de Samir TOUMI
…Des jeunes écrasés par des pères dont l’héroïsme estconstamment
remis sur le tapis se retrouvent à suivre
une voie toute tracée etsont détenteurs de passe-droits et de
privilèges quileur ouvrent toutes lesportes Un avenir ensomme tout
tracé.….Quelque temps après lamort de son géniteur, no-tre
narrateur… se re-trouve déstabilisé. Là s’an-nonce une remise en
ques-tion de l’ordre des chosesqui l’entourent. Peu à peu,une
petite descente auxenfers commence.D’abord à travers cetteglace qui
refuse de lui ren-
voyer son reflet. … Un tour chez le psy s’impose…luiconseille
d’aller voir le docteur B….puis une fuite versOran la radieuse
s’improvise. «Je trouvais l’atmosphèredes rues moins austères
qu’Alger. Hommes et femmessemblaient se mouvoir plus librement et
occupaient l’es-pace public de manière plus naturelle. Les femmes
déam-bulaient et s’interpellaient, alors qu’à Alger, je les
voyaisraser les murs.»…. Notre fils de bonne famille commenceà
perdre peu à peu la tête
Samira BENDRIS17 Janvier 2017
20 Aout 2015 04 Juin 2016Nadia Ghanem
Sarah H03 Janvier 2016
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NRP, Février 2017, n°35
[SOCIÉTÉ]
10
L’ALGÉRIE ÉCHAPPE AU CHAOSQuelle réponse aux attentes de la
jeunesse?
«Le mandarin a la loi et le peuple a sesconventions secrètes.»
Proverbe chinois«Le meilleur moyen de contrer unerévolution est de
la provoquer soi-même.» Machiavel
L’Algérie a débuté l’année 2017 enconnaissant quelques émeutes
localiséessurtout à Béjaïa... Le pire a été évité etles choses
semblent rentrer dans l’ordre.Dans cette contribution, nous
allonsdécrire rapidement le déroulement desémeutes et ensuite
analyser lephénomène des émeutes en règlegénérale du point de vue
sociologiqueet proposer de notre point de vue lescauses
structurelles.Parties de nulle partet coordonnées grâce aux
réseauxsociaux. Lundi 02 janvier à Béjaïa, oùplusieurs communes ont
répondu àl’appel de grève générale lancé lasemaine dernière sur les
réseauxsociaux, une marche de quelquescentaines de personnes se
dirigeant versle siège de la wilaya, a dérapé… Desrumeurs faisant
état de plusieursémeutes dans des quartiers de la capitale- dont
Bab Ezzouar et AïnBenian - ontcirculé dans la nuit du lundi 2 à
mardi 3sur les réseaux sociaux… Devant cettedangereuse spirale il y
eut de la plupartdes personnalités des appels au calme…La Toile est
partagée: autant les réseauxsociaux ont participé à la diffusion
demots d’ordre de déstabilisation, autantd’autres jeunes plus
nombreux surInternet interviennent pour défendrel’unité du
pays...
Analyse sociologique de l’émeute
On peut penser simplement que la causepremière, l’étincelle qui
a mis le feu auxpoudres ou encore la goutte qui a faitdéborder le
vase serait la loi de finances2017 qui, dans l’absolu, n’y est pour
rientant qu’on n’aura pas expliqué le pourquoides mesures prises et
leur incidence surles citoyens. Pour le sociologueNacerDjabi
interviewé par Hassan Moualijournaliste d’El Watan,: «La violence a
detout temps caractérisé les mouvementsde contestation en Algérie.
(...) Plusieursraisons peuvent expliquer cettesituation. La
faiblesse de la vie politiquepartisane, de la vie associative,
l’état dela crise économique et aussil’éloignement des élites
politiques etsociales de la région. D’autres causes plusprofondes
liées à la reconnaissanceofficielle de la revendication amazighe.Le
regard des Algériens sur la questionamazighe a nettement évolué;
elle estadmise par tous. Cela marque la fin d’uncycle. (...) La
plupart des mouvementsen Algérie ne sont pas accompagnés par
des partis, des associations ou dessyndicats. Toutes les
institutions enmesure d’encadrer et d’organiser cesmouvements, de
donner un senspolitique à leurs revendications, d’aiderà un
dialogue en leur sein et avec lespouvoirs publics, sont absentes.
Lesinstitutions intermédiaires sont faiblesparce que le régime
politique n’en veutpas. (...) Le système politique
reconnaîtlégalement le parti, l’association et lesyndicat et leur
refuse d’être des acteursréels dans la vie politique et sociale
(...) Ilfaut s’attendre, dans un avenir proche, àce que la violence
prenne de l’ampleurlors des mouvements sociaux, en raisonde la
persistance de la faiblesse desintermédiations politiques et
sociales etde la dégradation de l’état économiquecomme variante qui
pourrait durerpendant des années.»Le sociologuepointe du doigt
l’accusation facile sur lathéorie du complot: «Les réponses
dupouvoir politique, comme à chaque fois,se résument en
l’accusation de mainsextérieure et intérieure qui complotentcontre
l’Algérie’’, rhétorique qui revienten force, exploitant le climat
politiqueet sécuritaire régional. (...) A partir de là,on pourrait
comprendre la crise dusystème politique algérien devenuincapable de
gérer les transformationssociales et culturelles produites par
l’Etatnational lui-même. Des transformationsque le système
politique et sesinstitutions ne sont pas en mesure degérer de
manière graduelle etacceptable. Historiquement, le systèmepolitique
algérien, avec ses élites et sesinstitutions, préfère traiter avec
desmouvements sociaux violents nonorganisés. Il préfère l’émeute à
unmouvement politique conscient,organisé et porteur de
revendicationsclaires, sinon il sera forcé à négocier et
àreconnaître ses représentants et sareprésentativité. (...) Comme
je l’aiévoqué plus haut, l’Etat national a produitbeaucoup de
transformations, comme lesmédias indépendants, des partis et
deshommes d’affaires; maisparadoxalement, le système politique
aéchoué pour le moment à travailler avecces nouveaux acteurs de
manièrepositive. Les élites et institutionspolitiques n’arrivent
pas se retrouver etdans le même temps elles refusent dequitter le
champ rentier et populiste danslequel elles ont évolué. Elles
sontdevenues en réalité un blocagehistorique contre le
changementfortement requis en Algérie.»(1)Mohamed Tahar Bensaâda
pour sa partappelle à se démarquer entre unerevendication légitime
et
l’instrumentalisation qui obéit à d’autresattendus: «Si la
contestation écrit-il desmesures antisociales contenues dans laloi
de finances 2017, qui a servi dedétonateur au mouvement de grève,
esttout à fait légitime, force est dereconnaître que la
mobilisation socialeen vue de défendre le pouvoir d’achatdes
catégories populaires gagnerait àéviter de se mélanger
auxcomportements égoïstes d’une classemarchande qui a fait sa
fortune à l’ombredu protectionnisme de l’Etat rentier etqui ne veut
pas aujourd’hui entendreparler de taxes et d’impôts commel’illustre
le chiffre effarant de l’évasionfiscale en Algérie.» …
Les causes de la mal-vie
L’une des causes incriminées dans cesémeutes serait la loi de f
inances…Cependant, il existe un réel malaise carles causes sont
multiples, d’oùl’inexistence d’un équilibre régional dansle
développement du pays… Par ailleurs,il ne faut pas se le cacher,
les émeutierssont les enfants qui ont été exclus à desniveaux
différents surtout la 9e annéeavant le lycée. C’est donc l’échec
dusystème éducatif qui est la premièrecause de la mal-vie… Le
système actuelarrive à leur faire haïr rapidement l’écoled’autant
qu’à côté, les voies de réussitessociales autrement que par le
savoir ontune visibilité sociale au point que leshommes politiques
envoient desmessages de félicitations à des joueursoff-shore que
l’on s’approprie commeopium pour les jeunes. Que pense unjeune
chômeur désoeuvré? Pour lui,l’Algérie c’est la hogra. L’Algérie
c’est la«chkara». L’Algérie c’est le passe-droitL’Algérie c’est
l’exclusion pour les faibles,sans aucun contrôle…
Ce sont toutes ces anomalies quiamènent la mal-vie.
Encore une fois, sans un projet de sociétéfédérateur pour le
vivre ensemble d’unefaçon équitable, sans une vision du futurd’une
Ecole de la modernité sans laparticipation des jeunes à leur
destin, riende pérenne n’est à attendre. Cesémeutes devraient être
l’occasion d’unétat des lieux sans complaisance.
12 Janvier 2017
Chems Eddine CHITOUR
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NRP, Février 2017, n°35
[ECONOMIE]
11
Le Chômage en hausse selon l’ONS :Les femmes et les diplômés
davantage pénalisés
Selon les chiffres repris par l’APS,cette hausse a nettement
affecté lesfemmes et les diplômés del’enseignement supérieur.
L’ONSnote que la population en chômagea atteint 1,272 million de
personnesen septembre (contre 1,198 millionde personnes en avril),
composée de792 000 hommes (contre 790 000 enavril 2016) et de 479
000 femmes(contre 408 000). Le taux dechômage était de 8,1% chez
leshommes en septembre 2016 (contre
8,2% en avril 2016) et de 20% chez lesfemmes (contre 16,5%).
Il est précisé que le taux de chômageatteint par cette dernière
catégorieest le plus élevé de ces dix dernièresannées. L’enquête a
constaté desdisparités «signif icatives» selonl’âge, le niveau
d’instruction et lediplôme obtenu. Pour les personnesâgées de 25
ans et plus, le taux dechômage est de 7,9% avec un tauxde 5,7% chez
les hommes et de 16,2%chez les femmes.
Quant au taux de chômage desjeunes âgés entre 16 et 24 ans, il
aaugmenté à 26,7% en septembredernier (contre 24,7% en
avrildernier). Par niveau de qualification,il est observé que la
hausseenregistrée dans le taux dechômage a concerné davantage
lespersonnes ayant un niveaud’instruction supérieur. Le taux
dechômage des diplômés del’enseignement supérieur aaugmenté à 17,7%
en septembre
dernier (contre 13,2% en avril), celuides diplômés de la
formationprofessionnelle à 13% (contre 12,1%),alors que le taux de
chômage despersonnes sans diplôme a baissé à 7,7% en septembre
(contre 8,3% enavril). L’enquête de l’ONS précisequ’au sein de la
population enchômage, près de 45% sont despersonnes non diplômées
(570 000chômeurs), 28,2% sont des diplômésde l’enseignement
supérieur (358
000) et 27% sont t itulaires dediplômes de la
formationprofessionnelle (343 000 chômeurs).
Il est indiqué que les chômeurs delongue durée (cherchant un
emploidepuis une année ou plus)constituent 66,4% de la populationen
chômage. La part des chômeursqui acceptent des emplois inférieursà
leurs aptitudes professionnelles estde 75,3%, emplois ne
correspondantpas à leur profil pour 74,4%, desemplois pénibles pour
26,7% et desemplois mal rémunérés pour 75,8%.
Selon les critères adoptés par l’ONS,les chômeurs sont les
personnes quine travaillent pas, disponibles pourtravailler et qui
sont à la recherched’un emploi. Le rapport de l’Officeindique qu’il
existe aussi unepopulation située dans le «halo duchômage» —
personnes en âged’activité (16 à 59 ans), qui déclarentêtre
disponibles à travailler mais quin’ont pas effectué des
démarchespour chercher un emploi durant le
mois précédant l’enquête effectuée.Cette catégorie de population
aatteint797 000 personnes enseptembre 2016 (dont 54,6% sontdes
femmes) qui se caractérisent parleur faible niveau d’instruction
:68,8% n’ont aucun diplôme, alors que61,3% n’ont pas dépassé le
cyclemoyen. Les moins de 30 ans enconstituent près de 52% alors
queprès de 77% sont âgés de moins de40 ans. L’ONS précise dans
sonenquête reprise par l’APS qu’enseptembre 2016 le nombre de
lapopulation active étant l’ensembledes personnes en âge de
travailleret disponibles sur le marché dutravail, qu’elles aient un
emploi ouqu’elles soient en chômage.S’agissant de la population
occupée(personnes ayant un emploi), elle aété estimée à 10,845
millions depersonnes en septembre 2016,contre 10,895 millions de
personnesen avril. Cette population estcomposée de 8,933 mill
ionsd’hommes (82,4% de la populationoccupée) et de 1,912 million
defemmes (17,6%).
La courbe du chômage, telle quedéterminée par l’ONS, dont
lestechniques et les résultats sontparfois battus en brèche par
desspécialistes ou même desreprésentations syndicales oupartisanes,
connaît une évolution endents de scie ces derniers mois. Unehausse
a ainsi été enregistrée uneannée auparavant (septembre 2015),où le
taux de chômage a atteint 11,2%contre 10,6% pour la même périodede
l’année 2014. La courbe s’estinversée quelques mois après, lemême
organisme a noté dans unrapport qu’en avril 2016 le taux dechômage
était en baisse à 9,9%.
Le taux de chômage repart à la hausse. Selon l’Office national
des statistiques (ONS), le taux de chômage aatteint 10,5% en
septembre 2016 (contre 9,9% en avril 2016) avec 1,272 million de
personnes sans emploi.
15 Janvier 2017s
Nadir Iddir
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NRP, Février 2017, n°35
[ECONOMIE]L’Algérie à la croisée des chemins,une analyse de J.L
Guigou, président du think tank IPEMED
L’Algérie est en passe de retrouverson destin de grande
puissance enMéditerranée et en Afrique. Sansbouleversements
intempestifs,l’économie et les mentalités se trans-forment en
profondeur. Se dessineune vision ambitieuse et historiquepour les
Algériens, mais aussi une vi-sion qui doit parler aux
Méditerra-néens, aux Africains, et aux Euro-péens. L’Algérie
emprunte deuxchemins qui traversent son territoire.Le premier c’est
celui de l’industria-lisation du Nord de l’Afrique, del’Egypte au
Maroc, avec l’Algérie aucentre. Le second chemin, selon unaxe
Nord-Sud, c’est celui de la Dor-sale Transsaharienne, d’Alger à
La-gos, contribuant au développementdu Sahel, tout en reliant
l’Afrique duNord à l’Afrique Sub-Saharienne.
Le premier chemin est horizontal.C’est celui de
l’industrialisation duNord de l’Afrique, de l’Egypte auMaroc. En
effet, depuis 1980, pres-que tous les pays du Sud et de l’Estde la
Méditerranée s’industrialisent.Ils substituent la production
inté-rieure (voiture, mécanique, biensd’équipements…) aux
importations.Sans rupture, le Maroc, la Tunisie, leLiban, la
Turquie, et la Jordanie (1)sont devenus exportateurs de pro-duits
manufacturés, de machines etd’équipement de transport
etc…Consciente de son retard, l’Algérieaccélère sa diversification
économi-que. Le monde patronal et le secteurprivé font de plus en
plus entendreleur voix. Le thème de la diversifica-tion
industrielle est au centre desréflexions et des propositions.
Sontdésormais considérées comme prio-ritaires, les industries
d’assemblage(automobile et technique), les indus-tries de base
(sidérurgie et pétrochi-mie), l’industrie agroalimentaire,
l’in-dustrie pharmaceutique, et l’indus-trie numérique. L’Algérie
rentre,ainsi, progressivement, avec uneplace centrale grâce à sa
positiongéographique et à l’abondance deces matières premières et
énergéti-ques, sur le chemin de l’industriali-sation de la rive Sud
de la Méditerra-née. Car, il y a bien un mouvementhistorique, de
grande ampleur, quipositionne le Nord de l’Afriquecomme la grande
zone industrielleen complément de l’Europe.
En effet, le second chemin, en chan-tier, est vertical Nord/Sud.
C’est ce-lui du transport, de la logistique de lacommunication, des
connectionsgazières, et du développement duSahel. Un grand axe est
en chantierqui part du nouveau port de Cher-chell, à l’ouest
d’Alger, en directionde Tamanrasset, en passant par leNiger, le
Mali pour aboutir à Lagos(Nigéria). Encore un grand
projetd’infrastructure similaire au port de
Hambourg exigeant quelques 3 mil-liards d’investissement et la
coopé-ration des Chinois. Il s’agit d’une nou-velle version de la
Transsahariennemais, cette fois, enrichie de zonesindustrielles, de
zones franches, detechnopoles et de clusters indus-triels. Une
vraie dorsale que relieral’Afrique du Nord à l’Afriquesubsaharienne
en plein booméconomique.Pour mener à bien cegrand projet
géopolitique d’une Al-gérie à la croisée des chemins – ce-lui de
l’industrialisation dans l’espaceeuro-méditerranéen, mais aussi
ce-lui d’un ancrage africain Nord/Sud,trois difficultés sont à
surmonter :
La première est de faire revenir «ses»élites algériennes de
France,d’Europe et d’Amérique du Nord(SiliconValley). Le retour de
ladiaspora a été opportunément utilisépar l’Inde et cela à grande
échelleen leur confiant le montage et lagestion des technopoles,
des parcsindustriels et des zones franches(Bangalore), transformant
l’Inde enune immense technopole qui
travaille, la main dans la main, avecdes entreprises
Américaines.
La seconde diff iculté est deretrouver le chemin de
l’intégrationet de la coopération avec les autrespays du Maghreb,
et en particulieravec le Maroc. L’Union du Maghrebpermettrait ainsi
de constituer unbassin économique intégré de 100mill ions
d’habitants véritableplateforme industrielle et logistique
pour aller plus au sud, vers Afriquesubsaharienne.
Enfin, la troisième difficulté, c’estpeut-être de réconcilier,
enfin, cesdeux pays amis – la France etl’Algérie. Comment retrouver
leschemins de la confiance si ce n’esten construisant ensemble un
grandprojet historique qui est celui de «l’Algérie à la croisée des
chemins ».Les Algériens et les Français sont à laMéditerranée, ce
que les Allemandset les Français sont à l’Europe : desfrères
ennemis qui doiventredevenir de vrais bons amiscapables de
construire ensembleleur avenir mais aussi l’avenir au seind’un
ensemble Afrique –Méditerranée – Europe,transformant les relations
Nord/Suden relations de confiance, de co-production, et de
mobilitégénéralisée.
Jean Louis Guigou
09 Décembre 2016
12
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NRP, Février 2017, n°35
[DROIT]Projet de loi criminalisant la fraude aux examens :
Préserver la crédibilité du baccalauréat
« Le projet de loi portant Code pénalcriminalisant la fraude aux
examenset concours a pour objectif de pré-server la crédibilité des
examensnationaux reconnus », a affirmé hier,la ministre de
l’Education nationale,Mme Nouria Benghebrit. La ministrea précisé à
ce propos, que le projetde loi est un moyen pour préserverla
crédibilité des examens nationauxet éviter tout « dérapage », en
met-tant l’accent, sur l’importance de ceprojet de loi qui, selon
elle, « de-meure sujet à débat », pour « garan-tir le respect des
valeurs en tant queréférence fondamentale dans la so-ciété ».
L’intervention du gouverne-ment est nécessaire afin de proté-ger la
société de tels actes négatifsqui « portent atteinte à la
crédibilitéde l’examen » même s’ils sont com-mis par l’élève «
inconsciemment »,a souligné la ministre de l’Education,indiquant
que « la discipline » figureparmi les objectifs du secteur
del’éducation. Rappelant la campagnelancée par ses services avec le
con-cours des parents d’élèves pour pré-server la crédibilité du
baccalauréat,la ministre a appelé les médias à évi-ter les titres à
sensation à même deperturber les candidats, ces dernierspassant par
une période sensible quinécessite « calme et stabilité ».
Soulignant l’impératif de réunir « unminimum de consensus » pour
pré-server la crédibilité de l’examen,Mme Benghebrit a fait savoir
que lesautorités concernées ont mobilisétous les moyens juridiques,
matérielset pédagogiques pour préserver lacrédibilité du
baccalauréat qui est laresponsabilité de tout un chacun etqui est
considéré comme un définational.
Pour rappel, le ministère de la Jus-tice s’attelle à
l’élaboration de plu-sieurs textes de loi s’inscrivant dansle cadre
du plan d’action du gouver-nement dont un avant-projet de
loimodifiant et complétant l’ordon-nance n°66-156 du 8 juin 1966
por-tant Code pénal qui prévoit lacriminalisation de certains
actescomme la fraude aux examens etconcours et une reconsidération
despeines prévues à cet effet ». Parailleurs, Mme Benghebrit a
indiquéque l’évaluation du premier trimes-tre se fera le 28
janvier, annonçantpar la même occasion l’organisation,par son
département ministériel, le31 janvier, d’une rencontre sur «
lapédagogie intégrée » eu égard aux« carences » enregistrées dans
cedomaine. Il faut soulignerdans le même ordre d’idéeque la
question de la fraudedurant les examens de find’année, surtout au
bacca-lauréat, est devenue si récur-rente qu’elle pose un
réelproblème. De ce fait le minis-tère de la Justice est en
traind’élaborer un avant-projet deloi pour criminaliser l’acte
defraude, et ce, en reconsidé-rant notamment les peinesencourues
par les fraudeurs.Même si la triche existe etexistera toujours,
surtout avec lesnouvelles technologies, lacriminalisation de l’acte
de fraude,qui suppose des peines plus lourdes,sera une meilleure
façon de dissua-sion pour décourager les velléités detriche. Selon
un document rendupublic, plusieurs textes de loi s’ins-crivant dans
le cadre du plan d’ac-tion du gouvernement sont en coursde
finalisation, dont un avant-projet
Salima Ettouahria
16 Janvier 2017
de loi modif iant etcomplétant l’ordon-nance n°66-156 du 8juin
1966 portantcode pénal qui pré-voit la criminalisationde certains
actescomme la fraude auxexamens et concourset unereconsidération
despeines prévues à ceteffet. Actuellement,la période d’exclusionde
l’examen du bac-
calauréat en cas de fraude est decinq ans pour les candidats
scolari-sés et de dix ans pour les candidatsnon scolarisés.
Pour rappel, le baccalauréat de juin2016 a été particulièrement
marquépar une fraude massive, ce qui apoussé le département de
l’Educa-tion nationale à procéder à une réor-ganisation partielle
des épreuves du19 au 23 juin 2016 pour la plupart desfilières. Lors
de cette session, pasmoins de 1.000 candidats au bacca-lauréat ont
été exclus pour déten-tion de téléphone portable en
salled’examen.
Des responsables de l’ONEC et desinspecteurs dont la
responsabilité aété établie dans la fuite des épreu-
ves sur les réseaux sociaux ont étécondamnés en novembre
dernierpar le tribunal d’Alger.
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NRP, Février 2017, n°35
[DROIT]Loi de Finances 2017:Ce qu’il faut savoir sur les
principales mesures fiscales
La loi de f inances 2017, signéemercredi par le président de
larépublique Abdelaziz Bouteflika,prévoit une hausse de
certainsimpôts et taxes pour contrebalancerla baisse des recettes
pétrolières.
Mesures relatives à la taxe sur lavaleur ajoutée (TVA)
Le taux de la TVA passe de 7% à 9%pour le taux réduit, et de 17%
à 19%pour le taux normal.
Cette modification des taux «restesans impact direct» sur les
prix dedizaines de produits tels le pain,semoules, farines
panifiables, lait,médicaments, sucre, huile à base desoja, fruits
et légumes à l’exclusionde ceux importés et ceuxcommercialisés par
des redevablesde la TVA (les vendeurs d’étalagedans les marchés et
les petitscommerçants ne sont pasconsidérés redevables de la
TVA),précise la Direction générale desimpôts (DGI) dans une note
dont unecopie a été obtenue par l’APS.
Les autres produits et servicesexonérés par la TVA sont,
entreautres, les moissonneuses-batteuses fabriquées en Algérie etle
papier destiné exclusivement à lafabrication et à l’impression du
livre,les contrats d’assurances depersonnes et les opérations
decrédits bancaires accordés auxménages pour l’acquisition ou
laconstruction de logementsindividuels.
Selon la DGI, l’ensemble des bienset services exonérés de la TVA
«neseront pas concernés parl’augmentation des prix du fait de
lataxe».
Quant aux produits non exonéréspar la TVA, l’impact sur le prix
est de2%: A titre d’exemple, un paquet de500 grammes de pâtes
alimentairesde 50 DA passera à 51 DA, tandisqu’un flacon de
liquides vaisselles de120 DA passera à 122,40 DA.
Par ailleurs, la fourniture d’accès àinternet précédemment
soumise àla TVA au taux réduit sera assujettie,à compter du 1er
janvier 2017, à cettetaxe au taux normal de 19%, alors quel’accès à
internet f ixe (tel que
l’ADSL) demeure exonéré de la TVAjusqu’au 31 décembre 2020.
Le BUPRO (mélange butanepropane), précédemment exonéréde la TVA,
est à compter du 1er janvier2017 soumis au taux réduit de 9% dela
TVA sachant que c’est un produitqui n’est pas destiné aux
ménages.
Taxe Intérieure de Consommation(TIC)
Les tarifs de la TIC applicable àcertains produits sont
augmentéscomme suit:
- pour les tabacs: le montant de laTIC passe pour le tabac brun
de 1.040DA à 1240 DA/Kg, le tabac blond de1.260 à 1.760 DA/Kg, les
cigares de1.470 DA à 2.470/Kg.
Le taux proportionnel restemaintenu à 10% pour chaque paquetde
cigarettes.
Selon la DGI, l’augmentation de la TICne concerne que les
cigarettes et lescigares et se traduira par uneaugmentation de prix
pour lescigarettes entre 5 DA et 20 DA, TVAcomprise.
- pour les véhicules de cylindrée(excédant les 2000 cm3 dont
lesvéhicules tous terrains) et lesbananes fraîches, le taux de la
TICest passé de 20% à 30%. Le taux de30% de la TIC est élargi aux
scootersde mer (jet-ski) et aux Quad.
- Les tarifs de la TIC applicable au café(sous toutes les
formes) restentinchangés.
- pour les bières: Le montant de laTIC passe de 3.610
DA/hectolitre à3.971 DA/hectolitre (soit 10%d’augmentation),
Une augmentation de 10% estprévue pour le droit de
circulationapplicable sur les vins et les alcoolscontenus dans les
boissonsalcoolisées.
Taxe sur les produits pétroliers (TPP)
La taxe sur les produits pétroliers aété relevée pour les
carburants d’un(1) dinar pour le gasoil, et de 3 dinarspour les
trois catégories d’essence(normal, super et sans plomb).
Ainsi, l’impact fiscal (TPP et TVA) seprésente comme suit: -Pour
le gasoil,
les prix à la pompe passeront de18,76 à 20,23 DA/litre, d’où
uneincidence fiscale de 1,47 DA.
- pour les trois catégories d’essence(normal, super et sans
plomb), lesprix à la pompe passeront donc de28,45 à 32,47 DA/l pour
l’essencenormal, de 31,42 à 35,49 DA/l pourl’essence super et de
31,02 à 35,08DA/l pour l’essence sans plomb. D’oùune incidence
fiscale de 4 DA.
Timbre des passeports
Les droits de timbre applicablesrespectivement au
passeportbiométrique ordinaire délivré enAlgérie ou au profit des
membres dela communauté algérienne établie àl’étranger, ainsi que
les passeportsd’urgence, «demeurent inchangésquel que soit le
nombre de pages».
Néanmoins, il est institué un droit detimbre spécifique à la
«Procédureaccélérée» de délivrance despasseports: Les citoyens
ayant optépour la procédure accélérée, c’est-à-dire la délivrance
du passeportdans un délai maximum de 5 jours,seront soumis à un
droit spécifiquedont les tarifs sont fixés comme suit:
-25.000 DA pour le livret de 28 pagesdélivré dans un délai
n’excédant 5jours à la demande du citoyen.
-60.000 DA pour le livret de 48 pagesdélivré dans un délai
n’excédant 5jours à la demande du citoyen.
-7-Timbre de renouvellement de lacarte d’identité suite à
unedéclaration de perte ou dedétérioration:
La délivrance de la carte nationaled’identité biométrique
électroniquen’est pas soumise à un droit dutimbre. Mais le
renouvellement deladite carte suite à une perte,détérioration ou
vol, donne lieu aupaiement d’un droit de timbre de1.000 DA.
28 Décembre 2016
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NRP, Février 2017, n°35
[MÉMOIRE]L’ECRITURE EN ALGERIE
EST TRIBUTAIRE DE L’HISTOIREIl est indéniable que la littérature
al-gérienne de langue française est néedans le contexte de la
colonisation.Son émergence est le résultat d’unepolitique
d’assimilation menée par lecolonisateur. Il s’agissait de
gommerl’Autre, l’«indigène», le «barbares-que»; il fallait le
«civiliser». De cefaitavec les écrivains des années 30,la
littérature des autochtones posela question identitaire dans le
dis-cours littéraire. Cette écriture estune parole qui s’inscrit
dans une re-lation polémique; elle est la revendi-cation d’une
entité algérienne dontla composante est historiquementconstituée
dans ses dimensions cul-turelle, linguistique et religieuse.Cette
littérature, née dans un con-texte colonial, est celle
d’unengagement de l’intellec-tuel algérien pour dire sadifférence
face à l’Autre.Maintenant, au plan esthé-tique, cette écriture
roma-nesque est produite dans lalignée des normes occiden-tales que
véhicule la littéra-ture coloniale. Ces derniersvont introduire …
le romancomme un genre codif iépar la tradition
littérairefrançaise. La générationsuccédant aux
précurseurss’inscrit dans la continuité;en effet, sa
productionporte les traces d’un com-bat dans des conditions
his-toriques difficiles ne ca-chant point son
aspirationindépendantiste. Cette gé-nération des années cinquante
con-tinue la lutte identitaire. Les procé-dés d’écriture vont
progressivementse libérer des conventions de l’artoccidental pour
verser dans les trans-gressions en puisant dans l’imagi-naire
algérien du patrimoine cultureld’origine…A l’indépendance,
lesenjeux littéraires sont autres. Lesécrivains algériens
produisent dansun pays souverain qui affronte lesdifficultés de
l’édification après 132ans d’occupation coloniale…Le ro-man
contemporain continue ce che-minement et le texte romanesqueest
confronté aux courants littérai-res qui dominent le monde tout
enétant ancré dans la réalité algériennecomme source d’inspiration.
De nou-velles esthétiquesnaissent…L’écriture devient égale-
ment un lieu de réflexion. Plusieursfacteurs influent sur les
procédésd’écriture. Il est tout à fait évidentque l’écriture en
Algérie est tribu-taire de l’Histoire car il faudrait rap-peler que
nous sommes à plus dehuit décennies d’écriture en languefrançaise.
A chaque fois, l’écrivainalgérien s’est senti interpellé
parl’Histoire du pays. Il ya aussi l’histoirelittéraire qui
s’impose… La dépen-dance par rapport à l’histoire littéraireest
visible à travers la récurrence decertains thèmes…comme la
quêteidentitaire, la condition féminine, lamémoire collective, le
discours surl’Histoire. Il faut noter le croisementdu champ
littéraire algérien avecd’autres champs universels, une par-
ticipation à cette «littérature-monde»…La littérature dite
del’«urgence» a été appréciée par lacritique littéraire. Le regard
de l’ex-térieur a été virulent à son égard.Saisie dans
l’incompréhension, carémergeant brutalement dans lasphère
littéraire de l’instant tragique,cette « graphie de l’horreur »,
selonla qualification de R. Mokhtari, a euses partisans. Elle a été
perçuecomme un devoir d’assister la patrieen danger, «écrire
l’Algérie qui va-cille» affirme Assia Djebar…A unetelle écriture,
ne pouvait correspon-dre qu’une esthétique explicite dic-tée par le
désir de témoigner et sur-tout pour l’intellectuel de ne pas
setaire… Mais beaucoup de textesécrits durant la décennie 90 sont
debonne facture littéraire. Cette litté-rature, souvent décriée,
est là, elle
est le refus du silence, un cri de cœurdes auteurs qui se sont
impliqués auprix de leur vie. Elle est devoir demémoire. Il faut
exploiter lasémantisation de ces textes lestésd’un discours sur la
mémoire et surl’humain…Elle fait partie de la mé-moire collective
et mérite le respect.La littérature… a connu
différentesmouvances…Les écrivains contem-porains manifestent
actuellementdes esthétiques variées… Maisl’écrivain algérien ne
cesse pas deproférer une parole contestataire. Etc’est dans ce type
de discours qu’ils’adapte à son temps…Il est indubi-table que la
relation de l’écrivain ac-tuel à la langue française est
plutôtsereine car les antagonismes se sont
dilués avec le temps. Ceconflit idéologique étantdépassé, c’est
l’écritureartistique qui prend le re-lais. Les écrits actuels
neportent point en eux ledébat au niveau de la lan-gue d’écriture.
L’auteuralgérien n’a plus de com-plexe vis-à-vis de la lan-gue
française. De plus, ilfaut noter que les textessont traversés par
les lan-gues du pays, l’Arabe, leBerbère, les langues po-pulaires
(l’oralité). Cettediversité du paysage lin-guistique algérien a
pro-duit des effets heureuxsur la diversité littéraire.L’écrivain
algérien aréussi à transgresser le
code linguistique français; il soumetle texte à des
interférences quijouent sur le sens et rendent la créa-tion
ludique. Il est possible que leFrançais soit considéré comme
unmoyen d’expression transitaire maisil reste, pour l’instant, pour
beaucoupd’écrivains, un instrument de la com-munication littéraire…
En tous lescas, à notre époque, il n’est plus unoutil d’aliénation
comme l’ont vécules « écrivains classiques » sous la
co-lonisation...
15 Avril 2014
S.K.
15
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NRP, Février 2017, n°35
[MÉMOIRE]L’ENSEIGNEMENT DE L’HISTOIRE EN ALGERIE ET EN FRANCE
:
ENTRE DEVOIR DE MEMOIRE ET OUBLI PARTAGEEn ce qui concerne
l’enseignement del’histoire de la guerre d’indépendancealgérienne,
on peut parler de ce que Ri-cœur nomme le ‘trop de mémoire’
qu’onpeut définir comme la ‘sur-mémorisa-tion’ d’un événement
historique donné.Cela est-il une garantie pour que la
jeunegénération connaisse l’histoire de cetteguerre ? Qui doit-on
accuser? L’école ?L’enseignant ? Les responsables des pro-grammes
scolaires ? On peut poser unepanoplie de questions sur ce sujet
sanspouvoir esquisser une réponse finale.Dans un article de Paul
Ricœur sous letitre «Le pardon peut-il guérir ?», ce phi-losophe
montre comment l’enseigne-ment del’histoire peut influencer la
«mé-moire partagée» d’une na-tion. En ce qui concerne l’his-toire
de la guerre d’indépen-dance algérienne et son en-seignement à
l’école, on peutparler de ce que Ricœurnomme le «trop de
mémoire»qu’on peut définir comme la«sur-mémorisation» d’un
évé-nement historique donné.Dans notre cas, l’école algé-rienne se
trouve dans ce«trop de mémoire» en ce quiconcerne l’enseignement
dela Guerre d’indépendance.Cela, évidemment, s’expliquepar le fait
que cette guerreest le «principal» acte fonda-teur de l’Etat-nation
maisl’écueil est dans la manière del’enseigner: premièrementles
leçons choisies occultentdes pans entiers de cet évé-nement de peur
d’ébranler lalégitimité des acteurs politi-ques de l’après-guerre.
En-suite pour construire un cer-tains imaginaire national qui
obéirait à lavision «unique» de l’histoire de la guerremenée par un
peuple homogène etsoudé autour de valeurs révolutionnai-res afin de
combattre un colonisateurinjuste et violent ! Pour
AbderrahmaneMoussaoui : «Certains aspects de cetteguerre sont
sur-mémorisés, tandis quebeaucoup d’autres relèvent d’un
oublilargement partagé par la majorité descitoyens. Pour quasiment
tous les Algé-riens, la Guerre de libération, fondementpremier de
leur être ensemble, demeurele « lieu de mémoire» par
excellence.C’est de cette matrice que procède lanation, et c’est de
ce référent que s’auto-rise la «communauté imaginée»,
sélec-tionnant ainsi ce qui est digne du souve-nir et ce qui doit
être oublié afin que lanation puisse exister». L’école donc, à
tra-
vers cette «sur-mémorisation» ou ce«trop de mémoire», a fait de
la Guerred’indépendance un lieu de mémoire quela «mémoire partagée»
dans la sociétéfait perpétuer à travers les époques : enplus de
cette «mémoire partagée», onpeut aussi parler de l’ «oubli partagé»
ence qui concerne certains épisodes decette guerre, voire même de
la périoded’avant et d’après la guerre : l’assassinatd’Abane
Ramdane, le massacre deMellouza, la crise «anti-berbériste» de1949,
le conflit FLN-MNA, l’assassinat deKrim Belkacem, etc.
L’occultation de cesépisodes participe à la fabrication de l’«oubli
partagé» qui est, selon Paul Ricœur,la principale menace qui plane
sur la
mémoire et l’histoire d’une nation : lephilosophe affirme :
«C’est d’abord etmassivement comme une atteinte à lafiabilité de la
mémoire que l’oubli est res-senti. Une atteinte, une faiblesse,
unelacune. La mémoire, à cet égard, se défi-nit elle-même, du moins
en première ins-tance, comme lutte contre l’oubli.»Lesétudiants
adoptent la posture de victi-mes de ces programmes d’enseigne-ment
mais surtout de la méthode d’en-seignement qui encourage la devise
: «lafin justif ie les moyens» : le «par-coeurisme» reste la façon
avec laquelleon gobe les cours d’histoire afin de les«recracher»
durant l’examen dans le butd’avoir la note qui permet d’accéder
auniveau supérieur. Il s’agit d’une sorte de«complicité», consentie
ou non, de la partde l’étudiant ou de l’élève qui fait partie
de ce cercle vicieux. On ne peut pas écar-ter le rôle des
acteurs sociaux dans latransmission de la mémoire et l’histoirede
l’Algérie, vu que les «porteurs demémoire» sont toujours en vie.
SelonPierre Nora, l’histoire est avant tout un«produit social» qui
renvoie à des «lieuxsociaux»: ce sont les acteurs sociaux quifont
l’histoire et la transmettent à la nou-velle génération, qui sera
porteuse demémoire. Nora précise que «l’histoire estun produit
social, qui parle du social etrenvoie au social» Dans la société
algé-rienne, les «porteurs de mémoire» doi-vent donc remplir leur
rôle de transmet-teurs qui permettent aux nouvelles gé-nérations
d’accéder à leur passé car cet
«espace d’expérience»(le passé) sert de fonda-tions et de base
pour«l’horizon d’attente» (lefutur). De nos jours, lenon-dit et le
silence ca-ractérisent les acteursde la Guerre d’indépen-dance
algérienne enFrance et en Algérie : lesouvenir douloureux etle
regret caractérisentcertains Français, an-ciens soldats, qui
refu-sent de parler de laguerre et d’évoquer lesfaits qu’ils ont
commisen Algérie. De l’autrecôté de la Méditerranée,le «trop de
mémoire»touche presque la majo-rité par une sorte de
sur-mémorisation qui fait del’événement un mythe.L’histoire est
l’un des pi-liers sur lesquels reposel’identité d’une nation:
on ne peut pas aborder l’avenir avec uneconnaissance fausse de
ses ancêtres etun passé fabriqué de nulle part. Seuls lavéracité de
l’événement et le sérieuxdans la méthode d’enseignement
sontcapables d’instruire les nouvelles géné-rations qui aborderont
l’avenir avec unebonne connaissance de leurs passé carcomme le
souligne Balzac :»Pourl’homme, le passé ressemble singulière-ment à
l’avenir. Lui raconter ce qui fut,n’est-ce pas presque toujours lui
dire cequi sera?».
27 Juillet 2017
Farid Namane
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EVENEMENTS DU 1/01/2017 AU 28/02/2017
D’après le quotidien « El watan » :
- Le 23/01/2017 : « Le marché du travail de plus en plus
ferméaux femmes Algériennes ».
- Le 30/01/2017 : Election législative 2017 : « la hantise
del’abstention ».
- Le 30/01/2017 : « Bouteflika désigné vice-président del’Union
Africaine »
- Le 01/02/2017 : La triche aux examens, un délit
sous-estimé.
- Le 09/02/2017 : « Mort tragique de Ali Medjdoubcorrespondant
de soir d’Algérie : un humaniste et hommede savoir s’en va ».
- Le 20/02/2017 : « Angela Merkel à Alger : l’offensive
desentreprises Allemandes ».
- Le 21/02/2017 : La visite de Merkel est reportée :
Bouteflikaaffecté par une bronchite aigüe, selon la présidence
- Le 20/02/2017 : coopération associative : l’association«green
humanity» France Algérie à pieds d’œuvre.
- Le 22/02/2017 : « les chinois en Algérie : une intégrationsans
accroc ».
NRP, Février 2017, n°35
-
[BIBLIOGRAPHIE]
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« Un Incendie au Paradis » se veut un écrit dans la
clartépédagogique, dans la franchise intellectuelle et pour
laliberté d’expression, sans nuance et sans ambigüité.Parce que je
suis convaincu que la culture et l’intellec-tuel sont le réveil de
la conscience, j’ai essayé d’appro-cher la crise dans toutes ses
dimensions : politique, reli-gieuse, linguistique, littéraire et
culturelle, mettant envaleur la diversité et le vivre ensemble.»
»
Un Incendie au Paradis : Femmes, Reli-gions et Cultures
Amin ZAOUI
Editions Tafat, 2016
FreeklaneNomad, 2016
https://www.youtube.com/watch?v=7zZtfzZT3hU
Corporéité et marginalité dans le romanalgérien contemporain
Faouzia BENDJELID
Editeur CRASC 2016
[FILM]
Cette présente édition des ouvrages CRASC fait partie
desobjectifs à réaliser dans le cadre de notre projet de recher-che
Réception critique du roman contemporain algérien(2013/2014/2015)
au sein du CRASC / UCCLLA.
CNRS 2016
L’année du Maghreb 2016-1
Musiques et Sociétés
[REVUE]
L’Algérie du possible
Réalisatrice : Viviane Candas 2016
[MUSIC]
La chanson de variété au Maghreb nous raconte deshistoires de
migrati ons et de circulations... L’héritagedes écoles
arabo-andalouses croise le dynamisme de latradition orale berbère,
le savoir-faire des grands maî-tres de l’Andalou de confession
juive, et la chanson devariété moderne qui naît en terre
d’exil.