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Bulletin d’informations semestriel de l’Ana Association des
Naturalistes de l’Ariège,
membre de la Fédération des Conservatoires d’espaces naturels,
labellisée Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement de
l’Ariège
2d semestre 2016 - N° 86
Association des Naturalistes de l’Ariège - Conservatoire
d’espaces naturels de l’Ariège - Centre Permanent d’Initiatives
pour l’Environnement de l’Ariège
Editorial
Cet été et cet automne prolongé nous ont offert de nom-breuses
journées de beau temps, qui ont certainement influé sur
l’augmentation des participants aux sorties de terrain.
Mais la météo n’est pas l‘unique raison à cette hausse de
fréquentation ! En effet, un gros effort a été fourni dans le cadre
de la vie associative, pour l’accueil et l’information des
adhérents. L’alimentation et l’embellissement du site internet, qui
est une de nos préoccupations constantes, ont amélioré la
communica-tion avec les adhérents et cela commence à porter ses
fruits.
Les groupes, comme le Groupe Petites Bêtes, le Groupe Botanique,
le Groupe Ornithologique et le tout nouveau Groupe Herpétologique,
sont des relais qui permettent l’échange, l’initiation et la
participation du plus grand nombre. Il ne faut pas hésiter à poser
des questions, envoyer des photos de vos obser-vations.
Comme vous le savez, notre but est de donner le plus de place
possible aux bénévoles de l’association. Il reste mal-gré quelques
« frémissements » d’importants efforts à faire pour qu’un maximum
de membres de l’association s’im-pliquent davantage dans la vie de
l’association : sorties de terrain, mercredis de l’Ana, chantiers
divers , inventaires …
Pendant ce temps, en liaison avec les recompositions
poli-tico-géographiques, nous sommes conduits à participer de plus
en plus à des rencontres avec les associations de la grande région
« Occitanie ». En septembre, nous avons participé au Séminaire des
Conservatoires d’espaces natu-
rels à Sète ; une occasion pour les administrateurs et sur-tout
pour les salariés de rencontrer leurs homologues de toutes les
régions de France, y compris l’Outremer.
Une autre conséquence directe de la régionalisation, plu-sieurs
rencontres ont été organisées : en octobre avec les différentes
associations naturalistes de la grande région à Montpellier, en
novembre avec la mise en place de l’ARB
(Agence Régionale pour la Biodiversité) à Carcassonne.
Tous ces mouvements sont source d’incertitude pour les années à
venir et néces-sitent une implication vigi-lante, mais cela ne nous
empêche pas d’avancer sur nos projets en Ariège ... et de vous
souhaiter une très bonne année 2017.
Jean MAURETTE, Jean-Michel DRAMARD, Co-présidents
Restauration d’une portion de l’Hers vif à Fougax-et-Barrineuf
en
faveur du Desman des Pyrénées
Le suivi pluriannuel des populations de Desmans des Pyrénées,
Galemys pyrenaicus et les connaissances acquises durant les
dernières années (2009-2014 PNA, 2014-2016 LIFE+) nous ont permis
pour la première fois d’entreprendre la restauration d’habitats
pour cette espèce sur une portion de rivière dégradée. Cette action
s’inscrit dans le cadre du LIFE+, intitulée « amélioration des
potentialités d’accueil pour le desman dans les tronçons
Desman des Pyrénées, Galemys pyrenaicus
Natures d ’ Ariège Infos
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les plus pauvres ». L’objectif est de permettre au desman de
recoloniser un secteur où son biotope est altéré, en lui rendant
son attractivité.
Ce projet, réalisé en partenariat avec la Fédération de l’Ariège
de Pêche et de Protection des Milieux Aquatiques, le Conservatoire
d’espaces naturels Midi Pyrénées et l’Association des Naturalistes
d’Ariège, a débuté en mars par un long travail de concertation avec
les riverains.
Les travaux se sont déroulés à l’automne dernier sur un tronçon
de l’Hers vif à Fougax-et-Barrineuf, modifié au fil des ans par les
crues et les activités humaines. Cette restauration se traduit par
des diversifications des faciès d’écoulement et la création
d’aménagements augmentant les habitats de chasse et de gîte
potentiels dans les berges (le desman se loge dans des
anfractuosités naturelles).
Une régression rapide de l’espèce sur le bassin de l’Hers vif a
été constatée. Avant les années 2000, sa présence était connue sur
tout le haut bassin de l’Hers depuis La Bastide sur l’Hers (440m
d’altitude) jusqu’aux têtes de bassin. Il semble aujourd’hui que
les populations importantes soient isolées sur quelques ruisseaux
au-delà de 700 m d’altitude, qui n’ont pas subi de modifications
importantes (par exemple : Saint Nicolas, Basqui et Hers amont). Le
desman est encore présent à Fougax-et-Barrineuf mais les indices de
présence sont très rares, attestant probablement d’un mauvais état
de conservation de la population.
Sachant que le desman a des capacités de déplacement de
plusieurs km/an (deux individus suivis sur l’Aude ont réalisé 16,2
et 17,5 km en une année), nous espérons une recolonisation du
tronçon par les populations identifiées en amont de notre
projet.
Les travaux réalisés par l’entreprise SCOP Cancela ont comporté
: douze caches minérales, deux micro-seuils, un épi déflecteur et
un caisson végétalisé ayant pour vocation de :
- recréer des caches pour avoir des zones d’abris et de repos
pour le desman. Ces aménagements seront aussi bénéfiques pour la
Truite fario adulte.
- recentrer et diversifier les écoulements en période d’étiage,
favorisant surtout la vie aquatique et donc sa ressource
alimentaire.
- recréer un gîte favorable pour le desman notamment par la mise
en place de caisson végétalisé. Les boutures de saule permettront à
terme d’obtenir un système racinaire assez riche pour offrir des
anfractuosités en berge, utilisées comme gîte par le desman.
Ces travaux seront suivis dans le temps afin d’évaluer la
pertinence de ce projet. Si l’opération est fructueuse, nous
espérons pouvoir étudier la capacité de recolonisation du desman
sur cette portion de rivière réaménagée et dupliquer le modèle de
l’Hers à d’autres bassins.
Pauline LEVENARD et Vincent LACAZE
La vie associative à la loupe
Helloasso
Début octobre, nous avons mis en place la campagne d’ad-hésion
pour 2017. La petite nouveauté : vous pouvez adhé-rer maintenant en
ligne via la plateforme Helloasso.
Groupes thématiques
Lundi 14 novembre, les cinq groupes thématiques (bo-tanique,
ornithologie, herpétologie, petites bêtes et mycologie) se sont
réunis, pour échanger sur leur fonc-tionnement, leurs difficultés
et leurs envies pour 2017. Les groupes ornithologie, herpétologie,
petites bêtes et bo-tanique se doteront d’une adresse email de
groupe propre ([email protected], [email protected],
[email protected] et [email protected]), qui
sera régulièrement mise à jour. Chaque adhérent inscrit pourra, à
l’aide de cette adresse unique, échanger avec l’ensemble du groupe,
partager ses connaissances ou des actualités. En parallèle,
l’équipe salariée de l’Ana pour-ra associer ces groupes aux suivis
scientifiques (floristiques et faunistiques). Les bénévoles auront
ainsi la possibilité de participer régulièrement aux observations
et à la saisie de données.
Si vous êtes intéressés par ces groupes, voici les per-sonnes
référentes à contacter : - Etienne Colliat
([email protected]) succède à Sylvain Reyt pour
l’animation et la coordination du Groupe Ornithologie d’Ariège.
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Travaux sur l’Hers vif, à Fougax-et-Barrineuf
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- Groupe botanique : Catherine Mahyeux
([email protected]) - Groupe Herpétologique d’Ariège
: Olivier Buisson ([email protected]) et Boris Baillat
([email protected]) - Groupe Petites Bêtes d’Ariège : Jean
Maurette ([email protected]) et Alexis Calard
([email protected]) - Groupe Mycologique : Christian Bouet
([email protected])
La série de posters «Brins d’Ariège»
L’année 2016 a connu deux nouvelles éclosions : les pas-sereaux
de montagne et les mammifères liés à l’eau. Vous pouvez vous
procurer ces deux nouveaux posters auprès de l’Ana, de quelques
librairies et offices de tourisme.
Week end d’observation des migrations d’oiseaux au Col de
Larnat
Le week end du 10 et 11 septembre, Sylvain Reyt a pro-posé
d’observer la migration des oiseaux au Col de Larnat. A 1194m
d’altitude, le col offre une magnifique vue sur la vallée du
Vicdessos et la vallée d’Ax. Le dimanche a été plus généreux en
diversité d’espèces que le samedi. Voici la liste dressée par
Sylvain sur l’ensemble des observations réali-sées :
• En migration active : 7 Balbuzards pêcheurs (Pandion
ha-liaetus) , 1 Busard cendré (Circus pygargus), 18 Busards des
roseaux (Circus aeruginosus) , 62 Circaètes Jean le Blanc
(Circaetus gallicus), 76 Éperviers d’Europe (Accipiter nisus), 89
Bondrées apivores (Pernis apivorus), 2 Buses variables (Buteo
buteo), 44 Milans Noirs (Milvus migrans), 6 Faucons crécerelles
(Falco tinnunculus), 5 Faucons hobereaux (Fal-co subbuteo), 268 +
Guêpiers d’Europe (Merops apiaster), Hirondelles rustiques (Hirundo
rustica), Hirondelles de fenêtre (Delichon urbicum), 2 Hirondelles
de rivage (Ripa-ria riparia), 36 Bergeronnettes printanières
(Motacilla
flava), 2 Pipits des arbres (Fringilla coelebs), 3 Pipits
rous-selines (Anthus campestris), 1 Martinet noir (Apus apus).
• En halte : 1 Gobemouche gris (Muscicapa striata), 1 Pie
Grièche écorcheur (Lanius collurio), 1 Tarier des prés (Saxi-cola
rubetra) et 1 Traquet motteux (Oenanthe oenanthe).
• Les locaux : Gypaètes barbus (Gypaetus barbatus), Aigles
royaux (Aquila chrysaetos), Aigles bottés (Hieraaetus pen-natus),
Vautours fauves (Gyps fulvus), Faucon pèlerin (Falco peregrinus),
Bec-croisés (Loxia curvirostra), Bruants jaunes (Emberiza
citrinella) ...
• Et une belle surprise le samedi matin avec 1 jeune Aigle de
Bonelli (Aquila fasciata)!
Plus d’une trentaine de personnes sont venues au Col pour
observer la migration et pour s’initier à l’ornithologie. Un moment
agréable pour tous, sous un soleil splendide ! Vous pouvez
retrouver notre émission de radio en lien avec la migration sur
www.ariegenature.fr dans la rubrique Mé-diathèque, Emissions de
radio.
Manon LASTERNAS
L’Alphabet du botaniste en Herbe E comme Euphorbiaceae
Dans le monde entier, la famille des Euphorbiacées ne compte pas
moins de 6000 espèces, réparties en plus de 200 genres. On les
retrouve principalement dans les ré-gions tropicales de
l’Hémisphère sud. Elles ont besoin de chaleur et sont totalement
absentes des régions arctiques. Elle comprend aussi bien des
arbres, des arbustes, des lianes que des plantes herbacées. On y
trouve le Manioc, qui nous donne le tapioca, le Ricin avec lequel
on fait de l’huile purgative et qui est utilisé en industrie,
l’Hévéa dont le latex sert à faire le caoutchouc naturel.
Observateurs à leur lunette, au Col de Larnat
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Naturalistes de l’Ariège2d semestre 2016 - N° 86
Dans nos maisons, on les retrouve en plantes ornementales telles
les Crotons, Poinsettia ou Epine du Christ. En France, à l’état
sauvage, on ne trouve que les Genres Mercurialis et Euphorbia.
Les Mercuriales (Mercurialis)
En Ariège, on ne trouve que 2 espèces de Mercuriales, qui se
ressemblent beau-coup. Ce sont des plantes dioïques, c’est à dire
que les fleurs mâles et femelles se trouvent sur des pieds
différents. Les fleurs sont verdâtres, les mâles regroupées en
glomérules formant un épi assez long (Ph 1). Les feuilles sont
ovales-lancéo-lées, opposées et munies de petites stipules (Ph
2).
Particularités : le suc aqueux (différent du latex blanc du
genre Euphorbia), contenu dans ces plantes est laxatif et même
purgatif ! Vigilance !!!
Comment distinguer les deux espèces de Mercuriales ?
Mercuriale vivace, Mercurialis perennis L.Fleurs femelles
longuement pédonculées. Feuilles vert sombre, régulièrement
crénelées et presque sessiles (sans pétiole les reliant à la tige)
(Ph 5). La tige simple est dépourvue de feuilles dans le bas (Ph
7). Elle fleurit d’avril à juin, en colonies, dans les bois frais
et humides.
La Mercuriale annuelle, Mercurialis annua L. Fleurs femelles
presque sessiles (sans pédoncule les reliant à la tige). Feuilles
d’un vert plus clair, pétiolées, arrondies à la base et munies de
dents espacées sur le pourtour (Ph 6). Sa tige rameuse est feuillée
depuis la base (Ph 8). Elle fleurit d’avril à novembre, dans les
champs et les jardins, à basse altitude.
Les Euphorbes (Euphorbia)
L’Ariège compte une vingtaine d’espèces d’Euphorbes. Leur suc
laiteux est irritant et agressif pour la peau, les yeux et les
muqueuses, et malgré quelques utilisations médicinales, ce sont des
plantes qu’il vaut mieux considérer comme toxiques.
Ce sont des fleurs assez spéciales, généralement jaunes et en
ombelle munies à la base de feuilles insérées en cercle autour de
la tige (verticille) et sous les fleurs il y a 2 brac-tées en forme
de collerette (involucelle)-
Les feuilles de la tige (caulinaires) sont alternes ou
oppo-sées, entières ou finement dentées.
Leurs fruits sont des capsules à 3 loges (Ph 16 et 17).
Leur identification n’est pas toujours simple, car suivant leur
degré de maturité, elles peuvent avoir une allure très différente
selon le développement de l’ombelle et la chute des feuilles.
Floralement,
Catherine MAHYEUXwww.botaniste-en-herbe.net
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Mercuriale vivace Ph 5 : feuilles sessiles
Ph 2 : feuillesPh 1 : fleurs
Mercuriale annuelle Ph 6 : feuilles pétiolées
Ph 7 : tige simple
Ph 8 : tige rameuse
Euphorbia hyberna L., Euphorbe d’Irlande
Euphorbia flavicoma subsp. verrucosa (Fior) Pign.,
Euphorbe verruqueuse
Euphorbia helioscopia L., Euphorbe réveille-matin
Euphorbia cyparissias L., Euphorbe Petit-Cyprès
Ph 16 : Euphorbia hyberna L., Euphorbe
d’Irlande
Ph 17 : Euphorbia lathy-ris L., Euphorbe épurge
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« Nature d’Ariège Infos » Ana - Association des Naturalistes de
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dans l’Aveyron par le GCMP, montrent que les Grandes noc-tules,
espèces migratrices, ne quittent pas avant août leur site de mise
bas. Cette donnée, recueillie en plein mois de juillet dernier, est
donc fort intéressante puisqu’elle laisse présager la présence
d’une population dans le secteur. Par ailleurs, on peut souligner
qu’aucun gîte de parturition de cette espèce n’est connu sur le
piémont pyrénéen fran-çais...
Afin de tenter de recontacter cette espèce, je suis retourné à
la sortie du hameau de Balagué le 21 juillet 2016, accom-pagné
d’Axandre Cherkaoui. En imaginant que, vu la direc-tion sud/nord en
transit rapide de l’individu observé 15 jours auparavant, si des
bêtes repassaient par là, j’arrive-rais à les contacter un peu plus
au sud ...
Le temps était similaire au 7 juil-let, bruine et nuage bas. Les
pre-mières Pipistrelles communes (Pipistrellus pipistrellus) font
leur apparition, puis un Petit rhino-lophe (Rhinolophus
hipposideros) qui devait sortir d’une grange non loin... et puis de
nouveau une al-ternance, mais très lointaine... un battement zéro
plus tard il s’agira en fait d’une Noctule de Leisler (Nyctalus
leislerii). Quand tout d’un coup, à 22h05, soit 5 min plus tôt que
le contact du 7 juillet,
une Grand noctule nous repasse au dessus, sans que nous
puissions l’observer. Encore une fois, l’enregistrement réa-lisé
permettra de valider la donnée a posteriori.
A quinze jours d’intervalle, nous venions de contacter à deux
reprises de la Grande noctule en Ariège, alors qu’elle était quasi
insoupçonnée jusqu’ici. Ces informations vont permettre de
justifier de nouvelles recherches dans ce sec-teur, nous espérons
dès 2017. L’idée serait de resserrer au maximum les zones de
contacts, via des enregistreurs auto-matiques, dans un premier
temps et avec l’aide du réseau mammifère national ONF, pour la
partie forêt publique. Puis dans un second temps, si cela se
justifie en fonction des résultats acoustiques, mettre en place une
étude per-mettant de localiser précisément les individus, en vue de
connaitre leur statut biologique dans ces forêts ouest
arié-geoises.
Boris BAILLAT
Première mention certaine de Grande Noctule (Nyctalus
lasiopterus) en Ariège
Le 7 juillet 2016, par des conditions météorologiques moyennes
(alternance de pluie fine et nuage bas), je réali-sais une étude
chiroptérologique dans le cadre d’un com-plément d’inventaire sur
le site Natura 2000 de Moulis, en partenariat avec Laure Bourraqui
de l’ONF. Muni de mon détecteur à ultrason Petterson D240x, je
déroulais ma soi-rée composée de 6 points d’écoute de 30 minutes
chacun.
A 21h44, je commence donc mon premier point sur la commune de
Balaguères, au cœur de la forêt domaniale de L’Estelat, au lieu-dit
le Sarrat. Exposé sur un versant sud, dans une buxaie clairsemée de
chênes, ce point d’écoute est le seul de l’étude qui m’offre un
point de vue sur le plateau per-ché de Balagué. Alors que je
m’apprêtais à partir après mes 30 minutes d’écoute infructueuse,
j’entends dans mon détecteur une alternance de fréquences qui se
rapproche de moi ... alternance typique des noctules. Je diminue à
l’aide de la molette la fréquence pour obtenir le battement zéro,
qui me permettra d’affecter un nom d’espèce au genre concerné ...
Soudain la bête passe au dessus de moi, à environ 20 ou 30 mètres
du sol et je me dis qu’il s’agit vraiment d’une grosse bête ... je
regarde mon détecteur, battement zéro réalisé sur 16-17 kHz. Le
verdict est sans appel, c’est bien une Grand noctule que je viens
d’apercevoir en vol au dessus de moi ... L’enregistrement effectué
confirmera bien cela.
Cette donnée constitue en réalité la seconde mention du
département puisque Laure Bourraqui et Florence Lousta-lot-Forest,
quelques mois plutôt, ont retenu et fait valider par des experts
nationaux (donnée qualifiée a minima de «Probable»), un
enregistrement automatique (réalisé avec un SM2BAT+) de cette même
espèce dans la Réserve Biolo-gique Domaniale du Biros, en date du
30 juillet 2012.
Les études sur cette espèce, notamment celles réalisées
Grande Noctule, Nyctalus lasiopterus
Brèves a r iégeoi s e s. . .
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peut être observé. Ce dernier est assez caractéristique : une
grosse (entre 3 et 7mm) capsule verte bombée d’un coté qui jaunit
en fin de développement et un « pédoncule » (pied) rouge (jusqu’à
1cm).
Habitat
Cette espèce nécessite un substrat bien particulier : le bois
mort. Mais pas n’importe lequel !
Elle préfèrera en effet les arbres tombés au sol ou les souches
ayant atteint un certain stade de décomposition (bois humides,
ramollis, débarrassés de leur écorce). C’est ce que l’on appelle
une espèce saprolignicole. Nous avons pu l’observer sur des troncs
encore formés comme sur des stades de décomposition plus avancés où
le bois était effrité. La taille de l’arbre importe peu mais
Buxbaumia semble avoir une préférence pour les essences de
résineux. Elle affectionne les lieux ombragés mais nous l’avons
parfois trouvée dans des trouées plus exposées à la lumière. Les
sporophytes sont généralement isolés mais il peut arriver que
certains troncs soient colonisés par plus d’une quinzaine de ces
petites plantes. La littérature nous apprend que c’est une mousse
des étages montagnard à sub-alpin. Sur notre site d’étude, l’espèce
est présente jusqu’à au moins 1800m d’altitude.
Avec ses exigences écologiques assez strictes (volume de bois
mort important, atmosphère humide et plutôt ombragée), la buxbaumie
est considérée comme une bonne espèce indicatrice de forêts peu
perturbées et d’une exploitation forestière limitée. La
préservation de cette espèce va de pair avec celle de nombreuses
autres espèces
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« Nature d’Ariège Infos » Ana - Association des Naturalistes de
l’Ariège2d semestre 2016 - N° 86
La buxbaumie, petite mousse discrète mais remarquable ! (article
sans bulles ni alcool)
Dans le cadre de ses activités d’expertises naturalistes, l’Ana
a été récemment sollicitée afin de réaliser un comptage d’une
petite mousse : Buxbaumia viridis (la Buxbaumie verte). C’est pour
nous l’occasion de parler un peu des bryophytes (les mousses).
Cette espèce est classée comme Vulnérable dans la liste rouge des
Bryophytes européennes et inscrite à l’annexe II de la directive
européenne Natura 2000 habitats faune flore.
Les bryophytes n’étant pas les plus faciles à étudier des
espèces végétales, la buxbaumie est peu connue du grand public et
de bon nombre de naturalistes. La recherche acharnée des petites
capsules de Buxbaumia viridis par l’équipe de l’Ana est donc
l’occasion d’offrir à cette espèce son instant de gloire à travers
un article de présentation.
Description de l’espèce
Les bryophytes sont des végétaux non vasculaires chlorophylliens
qui présentent au cours de leur cycle de reproduction une
alternance de génération : la génération gamétophytique et la
génération sporophytique.
Le gamétophyte comprend notamment la partie feuillée et
chlorophylienne de la mousse (partie généralement la plus visible)
et porte les gamètes. C’est la partie haploïde du cycle de
développement. Le sporophyte, lui est diploïde, il porte et libère
les spores. Sa présence est fugace. Il se présente sous l’aspect
d’une capsule portée par un pied fin plus ou moins long...
Chez notre buxbaumie, la partie chlorophyllienne est très
réduite et n’est pas visible à l’œil nu, seul le sporophyte
Buxbaumie verte, Buxbaumia viridis
Habitats typiques de Buxbaumia viridis
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Association des Naturalistes de l’Ariège - Conservatoire
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associées aux bois morts (champignons, invertébrés, etc.) et
plus généralement avec le respect de la dynamique naturelle des
forêts.
Référence bibliographiques Bailly G., Gourvil J., avril 2012.
Buxbaumia viridis (DC.) Moug. & Nestl. Fédération des
Conservatoires Botaniques Nationaux
www.florealpes.com/fiche_buxbaumia.php, 2005 Buxbaumia viridis,
www.gentiana.org/
Agathe VERZENI et Cécile BROUSSEAU
Chantier de restauration de la mare du lieu dit la Paillasse
à Villeneuve d’Olmes
Ce site a été identifié depuis longtemps comme passage
migratoire lors de la reproduction des grenouilles rousses (Rana
temporaria) qui s’effectue en quelques jours seu-lement au mois de
décembre ou janvier lors des redoux et premières pluies. Les
grenouilles rousses, présentes en forêt, traversent alors en masse
la D117 lors des soirées favorables humides. Elles rejoignent leur
site de repro-duction situé de l’autre coté de la route dans une
prairie humide et des fossés de drainage alentours qui s’assèchent
régulièrement avant la fin du cycle complet des larves ... Depuis
de nombreuses années, lors de ces passages migra-toires, beaucoup
se font écraser sur cette route au trafic routier important. C’est
la double peine. La population a nettement diminué mais existe
toujours.
C’est pourquoi, il y a quelques années avec l’accord du
pro-priétaire et de l’exploitant agricole, l’Ana a décidé de
réali-ser une mare de « substitution » dans une prairie en
amont
de la route. Nous espé-rions que des grenouilles rencontrent la
mare sur leur passage et s’y ar-rêtent pour se reproduire au lieu
de continuer à descendre la prairie et traverser la route pour
rejoindre (pour celles qui on la chance d’y arriver) la zone
humide.
Cette petite mare a donc été creusée de manière manuelle par des
béné-
voles dans le cadre des chantiers de l’Ana en décembre 2008. Un
suivi régulier a permis de vérifier que des gre-nouilles rousses
l’utilisent avec succès et ce dès la première année.
Cette mare était petite et peu profonde, elle a été colonisée
assez vite par la végétation, réduisant la capacité d’accueil et de
remplissage en eau. Afin qu’elle reste attractive et fonctionnelle,
nous avons proposé aux adhérents de l’Ana de la restaurer cette
année.
Nous étions 10 bénévoles au petit matin du samedi 3 dé-cembre
avec pelles et bêches pour restaurer la mare : élimi-nation de la
végétation à l’intérieur et sur les abords, puis curage pour
approfondir une zone et agrandissement de sa surface en différents
paliers. Une dizaine de grenouilles rousses étaient enfouies dans
la boue en hivernage. Nous les avons mises en sécurité durant le
chantier au fur et à mesure de leur découverte. Nous les avons
replacées à la fin dans le trou d’eau le plus profond que l’on a
recouvert de joncs coupés pour les préserver du gel. Enfin nous
avons terminé en clôturant la mare en début d’après midi.
L’ob-jectif a été atteint grâce à la motivation de tous les
partici-pants ! C’est reparti pour 10 ans !
On attend maintenant les pluies et les prochaines sorties de
grenouilles pour voir si elles apprécient leur nouvelle mare...
Belle journée sous le soleil et merci à tous les participants
très motivés !
Carine DELMAS
Merci aux bénévoles pour leur efficacité
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« Nature d’Ariège Infos » Ana - Association des Naturalistes de
l’Ariège2d semestre 2016 - N° 86
L’Ana / Conservatoire d’espaces naturels de l’Ariège est
gestionnaire, depuis début 2013 d’un complexe d’habitats de
pelouses et bois secs à Lesparrou. Cette mosaïque de milieux,
chênaie thermophile, landes et pelouses sèches, occupe une dizaine
d’hectares sur un flanc de l’anticlinal de Lavelanet, site
géologique bien connu de notre dépar-tement.
L’ancien propriétaire J-C Bourdonné, entomologiste spé-cialiste
des Chrysomelidae, a proposé de faire don à l’Ana de ce terrain.
L’Ana a accepté ce don, par le biais du Fonds de dotation de la
Fédération des Conservatoires d’espaces naturels. Ces parcelles ont
été versées à la partie inalié-nable du capital du Fonds de
dotation 1, bénéficiant ainsi d’une préservation à long terme
(garantie au niveau juri-dique).
1 Les Fonds de dotation : créés par la loi de modernisation de
l’économie de 2008, ces fonds correspondent à des personnes morales
de droit privé qui peuvent recevoir et gérer les biens de toute
nature qui leur sont cédés, ceci, dans un objectif d’intérêt
général. Le réseau des Conservatoires d’espaces naturels a créé en
2011 son propre Fonds de dotation avec un objectif double :• mieux
sécuriser leurs propriétés en les versant au capital du fonds,
devenant nu-propriétaire ; le Conservatoire reste le ges-tionnaire
en tant qu’usufruitier.• réceptionner dons et legs de particuliers
ou d’entreprises. Pour ces dernières, la donation de terrain
constitue une opération de mécénat en nature et ouvre droit à une
réduction d’impôt égale à 60 % du montant du don dans la limite de
5 % du chiffre d’af-faires ainsi qu’à l’exonération des droits de
mutation.
La gestion et le suivi des terrains ont été confiés au
Conser-vatoire d’espaces naturels de l’Ariège par délibération et
convention.
Entre 2013 et 2016, l’Ana a mené des inventaires en vue
d’établir le plan de gestion concerté du site et ce plan de gestion
a été validé par le Conseil scientifique fin no-vembre 2016.
Les Conservatoires d’espaces naturels de Midi-Pyrénées sont
dotés depuis juin 2016 d’un Conseil scientifique commun, chargé de
consolider l’action et les capa-cités d’expertise des
conservatoires. ll donne par exemple un avis sur les docu-ments de
stratégie, les plans de gestion de site ou encore les projets
d’acquisition.
Un site représentatif du Plantaurel orien-tal :
Les parcelles dont il est question s’ap-puient sur un versant
sud. L’altitude est comprise entre 670 et 750 m, avec des pentes
assez fortes sur la partie haute (aux alentours de 50 %). Des
barres ro-cheuses traversent le site d’est en ouest, formant des
corniches.
… des habitats thermophiles
L’ensemble de cette mosaïque d’habitats s’inscrit dans une
potentialité de forêt thermophile à caractère sub-mé-diterranéen
relevant du Quercion pubescenti-sessiliflorae (série du Chêne
pubescent).
Le site de Lesparrou - En Gauly
Habitat thermophile
Localisation du site de Lesparrou
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d’espaces naturels de l’Ariège - Centre Permanent d’Initiatives
pour l’Environnement de l’Ariège
Caloptène languedocien : Paracaloptenus bolivari et la
Decticelle des roselières : Pholidoptera femorata) et une espèce
nouvelle pour l’Ariège, découverte par Jean Mau-rette :
Stenobothrus fischeri.
Les cortèges d’oiseaux sont représentatifs du type d’habi-tats
mais certaines sont plus intéressantes à noter, de par leur
association et/ou leur rareté : la Bondrée apivore, le Bouvreuil
pivoine, l’Engoulevent d’Europe, la Mésange noire, la Pie-grièche
écorcheur et le Torcol fourmilier.
Une première étude sur les chiroptères suggère la pré-sence
potentielle de gîtes pour deux espèces arboricoles : la Barbastelle
d’Europe et la Noctule de Leisler.
Une gestion active avec des acteurs locaux
Au-delà du travail d’inventaire naturaliste à proprement parlé,
nous avons également évalué l’état de conservation des habitats,
les dynamiques d’évolution de la végétation et les pratiques
humaines pouvant les influencer. L’évolu-tion naturelle de la
végétation tend ici vers une potentia-lité forestière (chênaie
pubescente), actuellement cette dynamique d’embroussaillement est
plus ou moins mai-trisée, en fonction des secteurs, par l’usage
pastoral et agricole du site (pâturage bovin et fauche). Un plan de
gestion pastoral a été établi avec l’agriculteur qui utilise le
site pour maintenir la diversité en habitats naturels du site. Il
s’agit notamment de limiter le surpâturage des par-ties basses du
site en améliorant la circulation des vaches avec d’autres parties
du site. Enfin, des secteurs peu ac-cessibles aux animaux sont
laissés en libre évolution.
…. et des lacunes de connaissance à combler
Le plan de gestion du site vise également à améliorer la
connaissance scientifique du site.
Ainsi, exception faite des rhopalocères (les « papillons de jour
»), le reste de l’entomofaune nous est, à ce jour, peu connu et un
effort d’inventaire devra être fait pour com-
On observe plusieurs types de pelouses qui se répartissent selon
:
- des gradients de xéricité : Mesobromion et formations
xero-thermophiles à Aphyllanthe et Genet d’Espagne (Ge-nista
hispanica) sur les zones marneuses plus ou moins plates et
Xerobromion sur les secteurs les plus secs et les plus pentus,
- des dynamiques d’embroussaillement : ourlets xéro-thermiques,
Fruticées à Buis, à Genévriers et formations à Genet scorpion.
Les secteurs de bois présentent deux faciès : un faciès pionnier
avec du Pin sylvestre et un faciès plus mature dominé par le Chêne
pubescent.
… et des espèces patrimoniales d’affinité méditerra-néenne
Le site accueille en particulier une belle popu-lation d’Iris à
feuilles de grami-née (Iris grami-nea) protégé au niveau régional
et très présent sur le haut du site, dans la chê-naie pubescente
qui se développe en situation de crête.
C’est une belle plante de 40 à 50 cm de haut avec de jolies
fleurs d’un bleu violacé.
Le cortège floristique est dominé par des espèces à affinité
méditerranéenne (supraméditerranéenne) comme la Car-doncelle molle
(Carduncellus mitissimus), la Catananche bleue (Catananche
caerulea), la Leuzée conifère (Leuzea conifera), ou encore la
Lavande à feuille large (Lavandula latifolia).
Pour la faune, nos inventaires mettent en évidence un fort
intérêt pour l’entomofaune avec, entre autre, trois es-pèces de
papillons protégées : l’Azuré du serpolet (Macu-linea arion), la
Zygène cendrée (Zygaena rhadamantus) et le Damier de la Succise
(Euphydryas aurinia).
Les premières données pour les orthoptères laissent imaginer le
meilleur : deux espèces patrimoniales (le
Caloptène languedocien, Paracaloptenus bolivari
Iris à feuilles de graminée, Iris graminea
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d’espaces naturels de l’Ariège - Centre Permanent d’Initiatives
pour l’Environnement de l’Ariège
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l’Ariège2d semestre 2016 - N° 86
bler ces lacunes de connaissances.
Un travail global est à mener sur les mammifères et no-tamment
les chauves-souris. Pour ce groupe, il s’agira en particulier de
connaître le statut reproducteur de cer-taines espèces afin
d’estimer quelle est la responsabilité du site et des gestionnaires
pour leur conservation.
Enfin, le site semble présenter un potentiel intéressant pour la
fonge et Christian Bouet, mycologue, a commencé à l’explorer.
Cécile BROUSSEAU, avec les contributions des naturalistes de
l’Ana :
Sandy BULTE, Alexis CALARD, Jean MAURETTE, Boris BAIL-LAT, Fany
PERSONNAZ, Hervé DUVAL, Sylvain REYT
La Couleuvre à collier astreptophore en Ariège ?
La Couleuvre à collier est l’une des six espèces de cou-leuvres
présentes en Ariège. Elle affectionne les zones humides et les
berges des rivières mais peut également se rencontrer dans d’autres
milieux plus secs car elle est beaucoup moins aquatique que
l’espèce proche la cou-leuvre vipérine (Natrix maura). Elle se
nourrit principale-ment d’amphibiens. Sa taille peut atteindre 1,42
m pour les femelles, 1 m pour les mâles (Geniez & Cheylan,
2012) mais reste généralement bien en dessous. C’est un animal
inof-fensif. Contrairement à d’autres couleuvres comme la Verte et
jaune, elle n’est pas agressive lorsqu’elle est dérangée et ne mord
qu’exceptionnellement si on la manipule. Elle est strictement
protégée par la loi.
Décrite par Linné en 1758, c’est une espèce dont l’aire de
répartition gigantesque s’étend de l’Afrique du Nord à l’Asie en
passant par toute l’Europe jusqu’au cercle polaire. De nombreuses
sous-espèces ont été décrites.
En France, on en trouve trois :
- La Couleuvre à collier corse, Natrix natrix corsa (Hecht,
1930), ne se rencontre qu’en Corse.
- La Couleuvre à collier helvétique - Natrix natrix helvetica
(Lacépède, 1789), est présente sur la majeure partie du territoire.
C’est la sous-espèce occupant majoritairement le versant Nord des
Pyrénées.
- La Couleuvre à collier astreptophore - Natrix natrix
as-treptophora (Seoane, 1784), est la sous-espèce présente dans le
Maghreb et la péninsule ibérique. Elle occupe le versant Sud des
Pyrénées mais elle est aussi mentionnée avec certitude dans les
Pyrénées Orientales et la moitié Est de l’Aude. Des individus
présentant des caractères morpho-logiques de cette sous-espèce ont
été trouvés également dans le Pays Basque (Berroneau, 2014), la
Haute Garonne, l’Ouest de l’Aude et en Ariège (Geniez &
Cheylan, 2012).
« Astreptophore » signifie « sans collier » car la
caractéris-tique la plus marquante de ce taxon est l’absence de
collier chez l’adulte. Le tableau ci-dessous (d’après Muratet, 2015
et Geniez & Cheylan, 2012) permet de distinguer les
sous-espèces présentes sur le continent. Attention, ce tableau
fonctionne uniquement chez les adultes.
Natrix natrix helvetica Sentein
Natrix natrix helvetica Natrix natrix astreptophora- Collier
bien marqué (bandeau jaune, orange ou gris clair à l’arrière de la
tête). Ce collier peut être absent chez certains adultes âgés.
- Collier absent ou diffus.
- Dos avec des taches ou des bandes trans-versales sombres.
- Dos avec taches ou bandes absentes ou faiblement marquées.
- Flancs avec des barres transversales noires. - Flancs unis ou
avec taches ou bandes plus ou moins nettes.
- Iris de l’œil blanc jaunâtre à orangé. - Iris de l’œil orange
à rouge vif.- Tête gris bleuté, contrastant légèrement avec le dos
qui est jaunâtre ou verdâtre.
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pour l’Environnement de l’Ariège
La distinction est beaucoup moins évidente chez les juvé-niles.
Ceux de Natrix natrix astreptophora arborent un collier bien
marqué. Ils se distinguent par un iris orangé à rouge et l’absence
de barres, remplacées par des ponctua-tions en quinconce (Geniez
& Cheylan, 2012).
Des individus présentant plus ou moins des caractères
phénotypiques de la sous-espèce astreptophora ont été trouvés dans
le Nord-Est de l’Ariège. Souvent au sein d’une même population, on
trouve des individus avec des phéno-types plutôt astreptophora,
plutôt helvetica, ou intermé-diaires.
La taxonomie, ou taxinomie, est une branche de la biolo-gie qui
a pour objet de décrire les organismes vivants, les regrouper et
enfin les classer. Pendant longtemps, cette science s’est basée sur
des caractères morphologiques et anatomiques pour distinguer
sous-espèces, espèces, fa-milles, ordres, etc. Les méthodes de
séquençage génétique actuelles font apparaître tantôt des
regroupements, tantôt des différences qui provoquent des
remaniements dans la classification. Dans un article du 22 février
2016, Pokrant et al. proposent d’élever la Couleuvre à collier
astreptophore au rang d’espèce en se basant sur des différences
morpho-logiques externes, ostéologiques, génétiques et sur le fait
que le « flux de gènes » dans la zone de contact entre les deux
sous-espèces est faible. Une carte présente la répar-tition des
spécimens déterminés par étude de l’ADN. On trouve des individus au
génome intermédiaire dans le Pays basque, l’Aude, mais également
plus à l’Est. Aucun individu séquencé ne provenait d’Ariège. Les
individus des Pyrénées Orientales appartiennent en majorité à la
sous-espèce as-treptophora, sauf un hybride avec une faible
proportion helvetica, et étonnamment, un « pur » helvetica. Les
deux sous-espèces sont donc présentes dans les P.O., mais bien
séparées géographiquement. Natrix natrix astreptophora devrait donc
devenir Natrix astreptophora. Encore faut-il que dans chaque pays
concerné, le comité scientifique qui établit la liste des espèces
présentes admette officielle-ment la proposition de l’article. Il
semble qu’en Espagne ce
soit le cas. Les spécialistes espagnols ont donc validé la «
nouvelle » espèce Natrix astreptophora.
En France, la liste officielle pour l’herpétofaune est établie
et validée par le comité scientifique de validation mixte SHF-MNHN
(Société Herpétologique de France – Muséum National d’Histoire
Naturelle). Ce comité a choisi de ne pas faire figurer Natrix
astreptophora dans la liste des Amphi-biens et Reptiles de France,
validée le 10 novembre 2016 (mais pas encore publiée). Le motif est
le faible nombre d’individus séquencés sur les zones de contact
avec Natrix natrix helvetica dans l’étude de Pokrant et al., par
exemple dans les Pyrénées Atlantiques. Dans l’attente d’études
supplémentaires, astreptophora reste donc considérée comme une
sous-espèce en France. Aujourd’hui, des études génétiques sur des
Couleuvres à collier ariégeoises seraient nécessaires pour
connaître la répartition des deux taxons dans le département.
Merci pour la relecture et/ou les remarques constructives à :
Jean Lescure, Jean-Christophe De Massary, Matthieu Berroneau,
Claudine Delmas.
Olivier BUISSON
Sources : – Felix Pokrant, Carolin Kindler, Martin Ivanov, Marc
Cheylan, Philippe Geniez, Wolfgang Bohme, Uwe fritz. Integrative
taxo-nomy provides evidence for the species status of the
Ibero-Ma-ghrebian grass snake Natrix astreptophora. Biological
Journal of the Linnean Society, published online February 22, 2016
– Geniez P. & Cheylan M. 2012, - Les Amphibiens et les Reptiles
du Languedoc-Roussillon et régions limitrophes. Atlas
biogéo-graphique. Biotope, Mèze ; Muséum National d’Histoire
natu-relle, Paris (collection Inventaires et Biodiversité), 448 p.
– Muratet, J. 2015 - Identifier les Reptiles de France
métropoli-taine. Ed. Ecodiv, France, 530 p. – Pottier, G. 2016 –
Les Reptiles des Pyrénées. Muséum national d’Histoire naturelle,
Paris, 352 p. (patrimoines naturels ; 73)NDLA : Ces trois ouvrages
(les deux derniers récemment sortis) sont des mines d’informations
pour l’herpétologue amateur ou confirmé. Je ne peux que vous
conseiller leur acquisition !
Natrix natrix astreptophora, Serres
Natrix natrix astreptophora, Montbel
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Naturalistes de l’Ariège2d semestre 2016 - N° 86
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pour l’Environnement de l’Ariège
Benoît Holliger nous a quittés
Nous sommes encore quelques uns à l’avoir connu et à partager
cette immense tristesse. Après Christian Maugé, Lucien Guerby,
Benoît a rejoint, beaucoup trop tôt lui aussi, ce club très fermé
des Naturalistes passionnés qui ont fait les grandes heures de
notre association. De mon côté, j’ai eu la chance de le voir
relativement souvent ces dernières années, car après les Coleos,
les Hémiptères, il avait décidé de se mettre à l’étude des
Syrphidae ...
En peu de temps, comme chaque fois qu’il se lançait dans de
nouvelles découvertes, il avait beaucoup avancé. Benoît n’est pas
vraiment parti, il nous laisse ses notes entomologiques, ses
collections minutieuses, ses peintures et surtout ses fantastiques
jardins.
Jean MAURETTE
Il m’est difficile de parler de Benoît. Nous aimions
pareillement les épines des roses. Il aimait le travail complet,
abouti et chaque aventure-inventaire-recherche nouvelle déclenchait
un sourire du fait de l’impossibilité d’être exhaustif. A chaque
fois je l’ai vu faire au mieux de ce qu’il pouvait, avec méthode et
application. Quels plaisirs avons-nous partagés à chacune de nos
sorties! Nous échangions presque à chaque fois de la nécessité de
prendre les détails en considération pour faire une estimation
générale qui se tienne. S’il avait pu il aurait tout embrassé, la
nature, les plantes horticoles, codex et toutes orchidées, leurs
cultures, juste pour modestement percer, et un peu seulement, les
secrets qui leur donnent ces merveilleuses vies.
Joseph MICHEL
L’Ana, une équipe en mouvement
Merci beaucoup à nos stagiaires et services civiques de l’année
2016, Emmanuelle Dallaporta, Léa De Sauverzac, Manon Lasternas,
Caroline Muller, Clémence Roy, Agathe Verzeni et Adam Wentworth
pour leur riche contribution à nos études et à la vie de
l’association. Nous leur souhaitons une belle réussite dans la
poursuite de leurs projets, ainsi qu’à Sarah Perré qui nous a
quittés en septembre dernier, pour de nouvelles aventures.
Sommaire
• Editorial ...................................1• Restauration
d’une portion de l’Hers vif en faveur du Desman.....1• La Vie
associative à la loupe........2• L’Alphabet de Botaniste en Herbe :
E comme Euphorbiaceae..............3
Brèves ariégeoises...• Première mention certaine de Grande
Noctule en Ariège............5• La buxbaumie, petite mousse
discrète mais remarquable ! .......6• Chantier de restauration de
mare à Villeneuve d’Olmes.................. 7
Dossier du mois • Le site de Lesparrou - En Gauly..8
• La Couleuvre à collier astrepto-phore en Ariège
?..................... 10 • Benoît Holliger nous a quittés 12•
L’Ana, une équipe en
mouve-ment..........................................12
Rédaction : les auteurs des articles ainsi que toute l’équipe de
l’Ana. Maquette : Annabelle DELVIGNE. Secrétariat de rédaction et
mise en page : Carole HERSCOVICI.Photos : Boris BAILLAT, Alain
BERTRAND, Cécile BROUSSEAU, Olivier BUISSON, Annabelle DELVIGNE,
Lionel GACHES GCMP, Ruud GARAMA, Vincent LACAZE, Pauline LEVENARD,
Catherine MAHYEUX, Gérard MONGE, Agathe VERZENI. Editeur :
Association des Naturalistes de l’Ariège - Conservatoire d’espaces
naturels de l’Ariège - Centre Permanent d’Initiatives pour
l’Environnement de l’Ariège - Co-présidents : Jean-Michel DRAMARD,
Jean MAURETTE - Siège social et Adresse : Vidallac 09240 ALZEN -
Tél : 05.61.65.80.54 - Mail : [email protected] - Site :
www.ariegenature.fr
Dépôt légal : Décembre 2016. ISSN : 1953-0153. Tirage : 550
exemplaires. Publication réalisée grâce Envoyé gratuitement aux
adhérents. Disponible en Pdf sur notre site Internet au concours
financier de :Impression : imprimé sur du papier issu des forêts
gérées durablement, par Scop Ruffié (09)
Benoît Holliger et Christian Maugé
L’Ana est membre de trois réseaux nationaux majeurs dans la
gestion et l’éducation à l’environnement