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Thiers, Henri (01). Henri Thiers. Au bord du Nil. Isis et
Osiris, fragment de l'histoire primitive.... 1876.
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HENRI THIERS
AU BORD DU NIL
ISIS ET OSIMS
FRAGMENT DIS L'HISTOIRE PRIMITIVE
EXTRAIT DE LA REVUEDE FRANCE
PARISIMPRIMERIE TYPOGRAPHIQUE DE A. POUOIN
13, QUAIVOLTAIRE,13
1876
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AU BORD DU NIL
ISIS ET 0S1R1S
FRAGMENTDK L'HISTOIREPRIMITIVE
Uno visite au Dosphoreou aux Pyramides est, do nos jours,
laportode tout le monde. Deuxmoissuffisentpour traverserla
Mdi-terrane,voir lesbordsdu Nil, voquer, Thbcs, les
souvenirspha-raoniques,saluer, au Caire,la civilisationmusulmane ou
ce qui enreste, s'emplirles yeuxdo tous les enchantementsdo la
couleuret dela lumire. Aussi les relations de ces
facilesvoyagesont-ellesrare-ment le don d'intresserle lecteur. On
lui a dit ces chosesdans tousles styles. La peinture a vulgarisles
sites, les types,voire le soleildel'Orient. Il semblequ'il n'y ait
plus rien connatrede cessplen-dldes contres.Jamais cependant les
apparencesn'ont t si trom-peuses.On a gnralement, en France, sur
l'Egypto moderne, desdonnesbien Incompltes; mais, sauf
quelquesrudits, personnen'yconnat l'gypto des premiers temps. Cette
ignorancen'a rien d'ail-leurs qui puissesurprendre. La rvlationde
ce monde antique date peine d'un demi-sicle.Champolllonle jeune, en
dcouvrant lesystmede l'criture hiroglyphique,a rendu la parole ces
pierresternelles, tmoinsmuets, avant lui, du plus
merveilleuxpass.
Danscevoyagea traverslesruines, les exgtesqu'il faut
suivre,cesont donc les continuateursde Champolllon: Blot,Lettonne,
Lenor-mand,de Roug,Chabas,pour nociter que les matres de
l'ruditionfranaise. Il faut accompagnerMarlette-Beydans les palais
et les
-
4 .
temples qu'il a dcouverts et dblays, lui demander l'histoire
desmonuments qu'il a conquis sur le dsert, et l'explicationdes
inappr-ciables richessesarchologiquesrunies par ses soins dans le
musedo Boulq. C'est co point do vuo quo jo proposeau lecteur de
mosuivre-sur les bordsdu Nil.
I
Supposonsun instant quo la vuo puisse embrasser uno tenduedodeux
cents lieues; l'Egypto apparatrait, au milieu d'un ocan desables,
comme-uno longue oasis. Un double ruban do verduro suitle cours des
eaux limoneuses.A drolto et a gauche, so dveloppentdes
coltinesnues, striles, grs et calcaire aux tons criards. Les
deuxchanes vont en s'abaissant vers le nord ; elles se soudent,au
midi, un massifgranitique qui constitue, Syne, la portodo
l'Egyptesurla Nubio et la dernire cataracte quo le Nil franchisse.A
partir doce point, aucun affluentn'alimento lo fleuvo; il suit,
aveo uno ten-dance l'ouest, son coursmajestueuxet solitairevers la
Mditerrane.La terre vgtaloatteint a pclno lo pied des monts
chauves; parfoiscllo no s'tendgure qu'a uno deml-lieuodes berges.
Vers lo Fayoumet l'ancien lac do Moeris,la valle s'vaso cependant;
mais bienttelle se resserreencore, jusqu' ce quo, au del du Caire,
les eaux sedivisent et crent ce vaste jardin, lo Delta, qui
s'arrondit en ventailvers la mer.
Cepays est superbe, doux et terrible. La nature y saisit d'abord
lovoyageur. Tout lui parat nouveau, trange II reoitla mme
Impres-sion s'il observo les moeurs des riverains du NU; mais son
tonne-ment n'a plus do bornesquand, mettant profit les
dcouvertesrali-ses depuis le commencementde ce sicle,il interroge,
sur le passde l'Egypto, les ruines qui jonchent lo sol. C'est alors
qu'il reconnatl'exactitude do cette observationd'Hrodote:
Lesgyptiens viventsous un ciel a eux propre; leur contre est
arrosepar un-fleuvequidiffre do tous les autres fleuves; enfin,
Usont tabli des coutumeset des loisopposes,pour la plupart, a
cellesdu restedes humains.
En mme temps qu'on est impressionn par la singularit dupaysage,
quelque choso d'indflnlssablo,comme ml l'air qu'onrespire, vous
pntre, et, par uno action lento mais implacable,agitsur vos
facults.Cette tide atmosphre nerve l'esprit. Ces vastesplaines du
Delta, verdoyanteset gracieuses, mais d'une accablantomonotonie,
jettent l'Amedans uno sorto d'engourdlsscmontplacidequi n'est ni la
mlancolloni l'ennui et qu'on ne peut dcrire. Unciel bleu, clatant,
sans nuages; un air chaud qui porto aux rves
-
I- 5 -du demi-sommeil; une terre si feondoqu'elle donne,
presquosanstravail, jusqu' trois rcoltesdans l'anno ; un fleuvebni,
crateur,une providence: voil l'Egypte. Le dsert mouvantet aride
s'agitesur ses flancs; mais l'oasis a lo NU et se rit du dsert.
Naturecharmante,merveilleusel Son souvenir resto jamais vivant
dansl'imaginationdu voyageur. Il n'en reoit pas cependantuno
Impres-sion unique. Aucune contre no subit plus do
mtamorphoses,norevt des aspectsplus divers. Est-co un den
dofertilit et do fra-cheur? Un dsert aridoet brlant ? Unomer
maillod'iles et semode barques? La valleoffre,tour tour,
cesdiffrentsspectacles,ellopassopar cestransformationsbien
caractrises.
Tandis quo l'hiver blanchit les campagnes do notre Europe, losol
dploieici un luxe magnifiquede vgtation.Des rivages de lamer
Mditerranenu del do la premire cataractodu NU,l'Egypton'est qu'une
ij.-.mensoprairie. Tout croit avecunoactivit prodigieuse,Les
moissonslvent et grandissent. Les fleurs abondent.Les fruitsfont
ployer les branches. Uno sve cralrlco clrculo dans lo limonhumide.
L'automnehtlvo suit co printemps prcoco; la
verduresuccdentlesjaunes piset lesproductionsvariesdocelte
inpulsabloterre.
Ulentt l'aspect gnral change. Lo sol so dessche.Les
champ?,brlspar lo soleil,se crevassent,Lolimon dovlentgristro,et,
rduiten flno poussire,so dispcrso tous les vents. Les
chameaux,lesbuffles altrs, haletants, no trouvent plus qu'une
paturo Insuffi-sante et, do leurs narines dilates,cherchent,dans
l'air embras, lestracesdes courants qui viennent"du Nil. Les eaux
du fleuvobaissentdeplus en plus. I soleildevient terrible. Con'est
plus uno lumiroqulclatro; c'estune splendeurqui aveugle.Con'est
plus la chaleurqui vivifie; c'est la flammequi dvoro.
Quelquefoisl'astre se lve,clatant, dans l'azur d'uno
telntochaude.Soudain son disque s'obscurcit. Un pais brouillard
rousstre sorpanddans l'atmosphroardente. Le globosolaire,sans
rayons, rougocommebraise, monto l'horizon. On respiredo la
flammo.Unopous-siresubtile vous pntre, voussuffoque Le plus grand
calmorgnodansl'air. Il sembleque la nature soit dans l'attento d'un
phnomnoeffrayant.Le Nil s'agitesanscausoapparente; il devient
tumultueuxcomme si ses flots taient remus par uno
forcemystrieuse.Tout coup,un vent furibondso dchane Les arbres
ploient. La rafalecourbo jusqu'au sol les hautes tiges des
palmiers. On vit dans unofournaise. Lobrouillardfauve,pour tre
ardent, n'en fait pas moinsrgner, autour do vous,un
bloulssementsinistre qui ressembleauxtnbres.Dans le voisinagedu
dsert,le sableest souleven trombesnormes qui so dressent en
tournoyant dans l'espace; tantt elles
-
6 restent immobiles, tantt elles s'allongent, comme de
gigantesquesreptilesdans l'immensit desplaines. Cevent terrible,
c'est lokhamsin,ainsi nomm parce qu'il so manifeste, intervalles
plus ou moinslongs,pendant une priode do cinquante jours ',
Nouvelle mtamorphose. Accru dans ses sources lointaines, le
Nilpeu peu s'ivo. Il sort enfin de son lit et couvre les champs
deses flotslimoneux. L'Egypte prend alors l'aspect d'une mer seme
devillages; des barques pavoisesvont do l'un l'autro, tablissant
descommunications joyeuses entre ces lies phmres. Les eaux
sjour-nent ainsi quelque tomps sur la terre desscho,apportant, avec
leprincipe humide qui fconde, une paisse couche do limon qui
tientlieu de tout engrais,
Lo paysagoso modlfloencore Lo Nil abandonno la campagne
trans-forme en vastes marais, l/s fellah* confie la torro les
diversessemences,et l'Egypto entre dans son
merveilleuxprintemps.
On voit que trois voyageurspourraient faire de la valle trois
des-criptions ditlrentes et galementexactes. Coqu'il y a de plus
remar-quable dans cesphnomnes,c'est la ponctualit avec laquelle ils
seproduisent. Non-seulement l'indlgno prvolt ces variations, mais
illespressentsousl'influencedocertains
symptmesavant-coureurs.Toutest rgulier dans cetto nature singulire
; tout est rgl dans les habi-tudes du peuple. Aujourd'hui, comme
dans l'antiquit, des ftesontlieu qui ont pour unique objet de
consacrer les diverses phases del'anue. El-chanvei-nsim,
l'aspiration des brises so clbio vers lafin de mars. Ds avant
l'aurore, la population du Caire se porte onfoulodans les jardins
publics. Chrtiens et musulmans vont respirerles derniers zphirs.
Les jours suivants, et quelquefois ce jour-lmme, commencola priode
du Khamsin : la valle est en proie ausouffle brlant du dsert.
Lorsquo les eaux du fleuve atteignent leniveau dsir et pntrent dans
le canal qui traverse lo Caire, dograndes rjouissances ont lieu.
C'est la Ondes chaleurs dsastreuses
gypto va tre fcondepar lo NU.
II
La science,d'accord aveclesplus anciennes traditions, nous
montre, uno poque trs-loin do nous, la place de cette riche contre,
unvastegolfede la mor\ Les flotsvenaient so briser sur le massif
gra-
1. Del'arabeKhamsin,Cinquante.2. Lepaysangyptien.3.
Hrodote,1.11,4,5,11,sqq.;15.Dlodore,t. I, 31.Strabon,1.1,53,
Cl,sqq.Voyexaussi: DescriptiondeFEgypte,les Mmoiresde
Girard,d'An-dreosiy,etc.Dlie,Lettresgologiques,etc.
-
nlttque de Syae. * Anciennement, dit Plutarque, Egypte estoit
hmer, de manire qu'eucore presque,aujourd'hui*, dedans \?s
mineso(il'on fouilleet parmi lc3 montagnes,l'on trouve
forcocoquillesdemer, et toutes les fontaineset tous lespuits, qui
sont en grand nom-bre, ont l'eau saumtre et amro commeestant encore
un resto etrservedo la mer qui serait l coulo'. Ces faits ont t, do
nosjours, observs do nouveau; les savants da l'expdition
franaisoenont constat l'exactitude. Il est certain que les flotsont
couvert cettocontre. Un mlnentgologueattribuo la retraite deseaux
l'appari-tion soudainoet terrible des volcansdo la Mditerra i-e,et
dosconsi-drations intressantesvUnnent l'appui do cetto
opinion*.Quelleque soit d'ailleurs la cause do co phnomne lo golfe
devint, d.msces tempsreculs,une plagosemblableaux dsertsdu littoral
africain.Soit que la violencedo la secuisso volcaniqueait amenla
rupturedo la chane transversale qui relie, Hyne,les monts
arabiquesceux do la Libye,soitquo
l'cartemoutdesrochesgranitiquesait unoautro origine, lo massif
s'ouvrit, uno poque antlquo, aux eauxfertilisantes du Nil qui
antrieurement, arrtes par cet obstacle,suivaient un cours plus
occidental.Lo fleuve so rpandit alors surla plagonrido: c'est en
comomentquonuit l'Egypte.
L'uspect seul do la cataracte rvle la nature du phnomnequis'est
accomplien colieu. Cesroc3taills pic, do structiiro
trange,appartenant tousau mmo terrain et et l entasss les uns sur
losautres, attestent la pulssanco do la secoussoqui brisa ce tronon
domoutagnod'apparencoindestructible.
Les flots du Nil commencrentdonc Inonderlo sol infcondmis nu par
la retraitdo la mer ; lo limon qu'ils charriaient
couvritcettonrnoarido. Desmarcagesso formrent.Maisloventdu
dsert,soulevantles sables,annihilait l'oeuvredu NU. La
terrofertile,encorefalblo,disparaissait.Le fleuve, toujours
valr.cu, n'en continuait pasmoinsd'apporter le tribut de ses
alluvlons. Peu peu, la vgtationdevint possible; le khamsin fut
Impuissant la dtruire La prsencede l'homme est indique cettopoque:
en runissant les eauxdansun lit unique, il rgularisa leurs dptset
cra,coutroles envahisse-ments du dsert, une barrire dfinitive.
Ainsi lo fleuve,secondparle gniehumain, parfit sa vallejusqu'
cequ'elledevnt cettoEgyptesi merveilleusementfcondoqui nourrit un
peuplepuissant.
C'est cescirconstancesquo la contredoit la singularitde sa
con-formation.Creusezle limon, vous trouvez lo sable marin. La
vg-tation expireaux limitesextrmesquo les eaux atteignent: o le
flot
|. D'/iuttdQtirii (attribui Plutarque),traductiond'Amyot.2.
liodeBeaumont.Noticesurlestystimtdemontagnes,p. 1110,
-
~ 8 -;s'arrte, e'est le dsert. Le phnomne de l'inondation se
produit dansdes conditions exceptionnelles. Le limon charri par lo
Nil, abondantau point de dpart, se dpose en couches do plus en plus
minces hmesure quo les eaux s'loignent des berges. L'exhaussement
annueldu sol suit ainsi une progression dans laquelle le lit du
fleuveoccupele point culminant, la terre dclinant droite et gauche.
Ce faitexpllquo comment les dbordements, attendus et rgls par le
fellah,sont pour l'Egypte une source de fcondit, tandis qu'on les
redoutepartout ailleurs : Ici, en effet, au Heu de couler dans le
fond de lavalle, lo flot so dveloppesur uno crto*.
Dans de telles conditions gologiques,il est vident que
l'emplace-ment de Thbes a seul t habitablo d'abord, et la tradition
recueilliepar Hrodote est, en ceci encore, conforme aux conclusions
de lascience: Mens, dit le voyageur grec, fut, au compte des prtres
del'Egypte, le premier des hommes qui rgna sur le pays, lequel,
exceptle nomo de Thbes, tait tout entier en marais, rien de cette
contrequi existe aujourd'hui au-dessus du lao de Moeris ne se
montrantalors hors de la surface do l'eau.
Hrodote dclare qu'il so fait l'cho de la sclenco sacerdotale
Lopassagequ'on vient do llro est effectivementen parfait accord
avec lestraditions religieuses. Ce sont ces lgendes sacres,
conserves dansles sanctuaires, qu'un crivain national, Manthon,
prtre de Scben-nuytus, a mis en oeuvre dans son histoire dont nous
no possdonsmalheureusement quo des fragments plus ou moins altrs 1.
Toute la
1. Voy.Grard,MmoiresurFagriculture,toc.cit.2. D'aprsl'opinionla
plus gnralementaccepte,Manthon,gyptien*t
appartenantau sacerdoce,crivitengrec et
entroislivresl'histoirede onpays,depuisles tempslesplusreculset
d'aprsles crituressacres.Tousles frag-mentsde
cetauteurnoussontparvenusparl'intermdiairede Josphe,d'Eusbeet de
Georgele Syncelle.Ils sontdedeuxsortes; ils nousdonnent:
1*tessriesdesPInraonsdepuisMens,groupsen dynasties,et antrieurement
Mensdesdynastiesdivinesquiembrassentplusieursmilliersd'annes;2quelquesIndica-tionsrelatives
l'invasiondeshyesosou pasteur.
Personnen'exprimeaujourd'huile moindredoutesur la
trs-grandevaleurdesrenseignementsquecesprcieuxfragmentsnousfournissent;Marlette-Beylesconsidreavecraisoncommele
meilleurguidequenouspossdionsaumilieudestnbresquicouvrentl'histoiredo
l'Egypteancienne.Lesdivergencesd'opinionsne portentque sur l'poque
laquelleManthona vcu.Le Syncellecofaituncontemporainde
PtolmoPniladelphedansun passageo it citeune lettreduprtrede
Sbcnnytus cesouverain.Lescriboy ditau roi: Je doism'occuperde
toutesleschosessur lesquellesil to plaitde m'inlcrroger.Tu me
demandescequi doit arriverde l'univers; je vaismettre sous tes
yeux,pour obir&tesordres,leslivressacrscritspar
Herms,l'aeultroisfolsgrand. LescritsdeManthondateraientainside la
premiremoitidu troisimesicleavant notrere. Unsavant,M.
Havet,descendraitvolontiersunsicleet demiplustard.
-
o
premirepartie de ces annales, la srie des dieuxqui auraient
rgnsur le pays durant un nombre stupfiant d'annes, me parait
con-server, dans leurs lments essentiels, les mythes successifsqui
per-pturent, dans les temples,le souvenirdela
gensemmedel'Egypte.Les matriaux, les monuments font
ncessairementdfaut la criti-que pour tudier ces dynasties divines,
Mais quand l'archologuomanquodo textes consulter, lo gologuolui
vient en aide. Celui-cilit en plelno naturo; la terro est
l'imprlssablo monument qu'ildchiffre.Nous allons voir do quelle
lumlro Inespre les phno-mnes physiques,rapprochsdo la
lgende,clairentcette page d'his-toire avant l'histoire. Tout
s'oxpliquo,les dates aussi bien que lasuccessiondesdieuxdynastes. A
travers le rcit symbolique,les diff-rentes transformationsdo la
valle du Nil s'aperoiventsans aucuneffortd'imagination: c'est la
cration mme de l'Egypte quo racon-tait lo prtre dans la lgende
d'Osiris. Voici les principaux dtailsdo co mythe clbre.
La desseNout, unie au dlou Seb,enfanta, dans les cinq jours
com-plmentairesde l'anne ,lesdieuxOslrls,Haro5rlsetSet,que
lesGrecsappelaientTyphon, et les dessesIsls et Nephtys.
Osirls connut sa soeurIsis ds lo sein do sa mre; de cetto
unionnaquitHarorls,considrtantt
commefrre,tanttcommofilsd'Oslrls.
La premiremanifestationdu coupledivin eut lieu sur les bords
duNU.Lodieu apprit auxgyptiens cultiverlosolquo la
dessodotadovgtation.
Cependant le rgno du bienfaisant Osirls fut interrompu par
lestramesdoson frre Set.Codieu mchantcherchad'abord lodtrner,tandis
qu'il allait, au loin, faire la paclfiquoconqutedes peuples
lacivilisationpar l'agriculture et l'industrlo. La fermetd'Isls
djouasesprojets. Mais, Osirls tant revenu dans se3Etats, Set lui
tendit desembches, russit l'enfermer dan3un coffre,l'y touffa et
livra lecercueilaux flotsdu Nil.
Dsqu'elle connut son malheur, Isls se mit la recherchedu corpsde
son poux. Osirlsavait connu par mprisesa soeurNephtys,femmede Set,
et II avaiteu d'elle un filssemblable* lui, nomm Anubis. Cofut
avecl'aidod'Anublsqu'Isls retrouva lo corps de son divin poux.Elle
lo cachadans les marais do Dutopour lo soustraire la haine deSet.
Maiscedieu chassant,la nuit, la clart do la lune,aperut lecer-cueil
et reconnutson frre. Il divisa le corpsen quatorzepartieset
lesdispersa.
1. Onsaitqueles anciensdivisaientl'annoen
12moislunairesdo30jourschacun,donnantensemble360jours,d'ola
ncessitd'ajouter,aux 12mois,5jourspourcomplterlapriodeannuelle.
-
- io -
Isls,ayant eu connaissancede cet vnement,entreprit de
rechercherlesmembrespars d'Oslrls, Elle parvint &les runir,
exceptl'organede la gnration que certains poissonsdu NUavalent
dvor.Ladessele remplaapar un simulacre et consacrale phallus.
Quand elle eut reconstitu le corpsde sonpoux, quand Anubls
eutInvent, pour lui, l'embaumement, Isls, assistedu dieu Thoth,
ressus-cita Osirls par la puissance des paroles divines, Elle
dposale cerouelldans 111edo PhlUequi devint le lieu saint par
excellence.
Cependant le fils lgitime d'Isls et d'Oslrls, Ilorus,
grandissait dansles marais de Buto. Lorsquelo jeune dieu sesentit
assezfort, 11songea venger son pre et dclara la guerro son oncle.
Set fut vaincu parIlorus qui le dieu Thoth prta son aide. Les
vainqueurs ne turentpas leur ennemi; Us l'masculrent seulement. Et,
tandis que cettegrande lutte avait lieu, Osirls dfunt prsidait au
combat. Isls eut dudieu, aprs sa mort, un fils n avant terme,
boiteux et mutil, Harpo-crate '.
Pour reconnatre le sens primitif de cette fable, il suffit de
restitueraux personnages mythiques le nom des tres qu'ils
reprsentent. Onest gnralement d'accord pour voir dans Osirls, le
NU; en Isls, laterre; en Set ou Typhon, lo vent du dsert appel
Khamsin; enfin, lamer dans Nephtys*. J'ajouterai, pour prciser
cesassimilations,qu'Islsme parait avoir signifid'abord uniquement
lo sol dpospar les eauxdu fleuve,en quoi ello est bien la soeur
d'Oslrls, et je trouve, dans lavgtationdo plus en plus vlvacodont
cetto terre se couvrit, lo fruit del'union divine, c'esi--diro
Horus'. Anubis reprsente primitivementles terrains marcageux forms
sur les bords do la mer par lo NUetprcisment lorsultat de ce que
Plutarquo appelle l'adultro d'Oslrlsavec Nephtj s, lequel,
ajoute-t-il, se reconnat quelques plantes quisourdent, entro
lesquellesest le mlilot. Enfin, tous les savants sontunanimes en
cequi concernolo dieu Thoth, l'intclligenco divine, inspi-ratrice
du sacerdoce,qui so confond, dans les choseshumaines, avec lacaste
des prtres.
Lomythe d'Oslrls rappellodonc cetto priodo do formation
pendantlaquello lo NUse rpandit sur les sablesqui constituaient lo
sol entrela chaino arabiquo et les montagnes do Libye. Les
alluvions du fleuveso couvrirent bientt doquelque vgtation. Mais lo
brlant Khamsin
1.Voy.Plutarque: DehideetOsiride;M. Emm.doRoug: tudesurle
rituefunrairedesancuntgyptiens;Marictte-Bey: Noticesdu Musede
Bouldq.
2. Plutarque,loc.cit.3. Je suisicienparfaitaccordavecM.Jomard:
Osirls,dit-il,c'estloNilj Isls
estla terre fertile,Horusc'est son fils,ce sontsesproductions.
DescriptiondeVgypteantique,t. II, ch.XII, 6,p. 19,sqq.
-
- il -Set desschaitla mincecouchedo limon et faisait disparatre
lespremiers germesde fertilit qui s'y manifestaient.La lutte entre
ledsertelle vent de feu qui en est commol'me, s'tablit avecla
terreapporteetfcondepar le
principehumtde,soninsparablevlvificateur.Lesol Islsrsiste.Matsle
Nil, Osirls,sodveloppantverslonord et lo volumede ses eaux venant
s'amoindrir par suite do leurabaissementannuel, la valleest plus
quo jamais en proie au souffledvastateur. On put alors diro du
euvoqu'il tait semblablo unhommotouffdans un cercueil.La terre
embraselepleuro,cherchantavidementsesondes rafrachissantes.C'est
sur lo rivagedo la mer, cet endroit o, par
l'effetdescourantsmaritimes et desapports inces-sautsde Union, un
terrain marcageuxs'tait formquo locours duNil so
laissaitapercovotr.Danslo langagede la lgende, c'est Anubis,fruit
de l'adultre d'Osirls avec Nephtys, qui dcouvre lo corpsdudieu.
LoNUtait comme enseveli.Lo vent du dsertqui soufoprcis-ment
l'poquedel't!age,en amoncelantet lles sables,dut creuserau
fleuvedes lits multiplespar lesquels,au momentdo l'inondation,les
eaux divisess'coulrentvers la mer, fait qui rpond trs-bienla
dissminationdes membres d'Ostris par Set. Cependantla
terrofertileso renforaitdo plus en plus. Les travaux des
hommesvinrenten aldo la nature L'ondocratrice no so rpandit plus au
hasard :l'intelligencehumalnolui traa unovolorgulireThoth
secondoIslsdans la confectiondu cercueildoson pouxet ressuscitelo
dieu par lavertu des parolesdivines. Losol s'est couvert d'uno
vgtationpuis-santo.Horusa grandi dans les marais do Iluto,
Dsormaislesenvahissementsdu d3ert trouveront une barrlro
Infranchissable,lavallepourra braver lo Khamsin,Fait remarquable!
La fablo constatequo Set n'est point Immolpar Horuset Thoth; les
vainqueurs sobornent lo frapperd'impuissance
Le vent redoutablene cessopas, en effet, do so manifester; mais
ilne saurait dsormaisdtruire l'oeuvredu Nil. Le lieuo la
traditionplaco lo tombeaud'Osirlsest aussi trs-slgnlflcatlf: c'est
Phlfco,auseuil de l'Egyptol. Autre dtail du mytho qui concordeavec
lesphnomnesnaturels : Osirls dfuntasslsto nanmoinsau triomphedoson
frre, sa lutte avecHoruset la victoiredfinitivedu jeunedieu. Lo
fleuve, quoique affaibli, no cesso jamais compltementd'arroser la
contre. Enfin une dernire circonstancedu rcit attribu Plutarque,
c'est la naissance d'IIarpocrate, VHop-pe-Khotides textes
1. D'aprsDiodore,MosaintedePhlUetaitaccessibleaux
prtresseulement.Le sermentle plusinviolabledes gyptiensconsistait
jurerpar Osirlsquirepose Phlla:.
-
12
hiroglyphiques,Horus enfant. Cedernier n d'Oslrls, venu au
mondeaprs sa mort, boiteux et mutil, correspondbien ce me semble
laplus rcente cration du NU,le Delta, qui, l'poque o furent
coor-donns les lments de la lgende, touchait probablement encoreau
chaos.
Cette tendance exprimer des idesabstraites l'aide de3mythes
estbien conformoau gnie des peuplesprimitifs. En voiciun
remarquableexemple cit par M. Guignlaut, le savant annotateur de
Creuzer :Les Arcadiens avalent conserv le souvenir do l'invasion de
leurpays par la mer et la strilit qui se prolongeajusqu' ce quo
lesalluvlonsdo leurs rivires eussent rendu au sol la fcondit. Le
pote-gologuedes premiers jours do la Grce racontait ainsi ces
phno-mnes naturels : Crs, ayant t violopar Neptune, demeura
long-temps Irrite.Sa colrecessaquand elle so fut baignodans lo
fleuveLadon.>
III
Je croisavoir mis suffisammenten lumire la
significationprimitivedu mythe d'Oslrls par le simple
rapprochementdes faits de la lgendeavec lesparticularits
gologiquesque prsente l valle gyptienne.Le dveloppementsculaire de
la civilisation pharaonique est toutentier en germe dans cette
fable.Avant de suivre les transformationsprogressivesde cette gense
potique du pays do Kcm, il est intres-sant de rechercher, dans
cette antique conception, les traces do lapriode anthistorique des
dynasties divines qui ouvrent les listesroyalesdoManthon.
Lescrivains grecs et romains plaaient les dbuts de l'Egypte
dansles temps les plus reculs. Certaines traditions faisaient
remonterl'existencedes riverains du Nil une poqueantrieure
l'apparitionde quelques-unsdes astres,. Simpliclus donne une date
norme, l'an630,000,commecellede leurs premires observationscrites!
Diognede Larte descend l'an 48,803avant Alexandre. D'autres
auteursrduisent cenombre d'annes 30,523.Enfin, Diodorede Sicile,
rsu-mant cet gard l'opinion des anciens, dit que les
observationsdesgyptiens remontent un nombre incroyable
d'annes*.
Manthon, Interprte autoris des traditions sacerdotales,place,
eneffet, avant Mn3,premier roi humain, des dynasties de dieux
dont
1. Voy.le Scoliasted'Apollonius,IV,263.2.
Voy.montudesurlesmythesreligieuxdel'Egypte,Revuecontemporaine,
15septembre1866.
-
13
les rgnescomprennentuno prlodod'environ 2*>,000ans. Dans
cettesried'tresdivins,la lgendod'Osirlsme parat conserverle
souvenirde cequoloprtredoSbennytusappellel'poqued'Osirlset d'Isls.
La fable embrassomme, dans son dveloppement,le rgnedo
Seb,prod'Oslrlset s'tendjusqu' l're deMa. L'ordrodesuccessionest
lommedansl'historiennationalet dansle mythe.Celui-cinousfournitles
rgnesdo Seb, d'Osirls, de Set, d'Horus et deThoth. Lo
tableauquol'on trouvedans la traduction armnienned'Eusboest
identique.Au rgne deThoth succdel'poquo deMa ou dojustice. C'est
l'god'or gyptien.NoustouchonsIci cestempsreculeso,
deseffortsper-svrantsde l'intelligencehumaine, rsulta, pour
l'Egypte,une re doreposet do prosprit.Lorgne doMa,abstractionfaite
dela date quilui est assigneparManthon,dut offrirle spectaclod'une
organisationsocialedjperfectionneUnsavant, M. Rodlcr*, fait
remonter cestemps si loin do nous, l'institution de l'anne
de30.jours. Il est effec-tivementprobableque c'est pendant cetge
d'or de la valledu NU,que seforma,dessouvenirslaissspar
lesphnomnesextraordinairesauxquels les anctresavaient assist, cetto
lgende d'Osirls dont lesacerdoces'empara et qui opra une
transformationdcisivede lacroyance religieuse Plus tard, en
formulant le mythe, le prtre yrattacha sansdoutola rformedu
calendrier. Le trait attribu Plu-tarque semble
confirmercetteopinion.Lo Soleilayant mauditRha,sonpouseInfidle,la
condamna n'enfanterni dans le moisni dansl'anne. MaisHermsdsirant
s'unir cettodesseet avoird'elledesenfants,joua auxdsavecla Lune et
lui gagnala septentimopartie dechacunede sc3illuminations dont il
fit cinq jours qu'il ajouta auxtrois cent soixantedel'anne.
Cesontcesjours quole3gyptienscl-braient et solennisalcntcommetant
ceuxde la nativit des dieux*.Ce procdest bien, du reste, dans lo
vritable esprit sacerdotal.L'annedetroiscent soixante-cinqjours
n'estplusainsi une dcouvertedu prtre astronome;clicest
rvleauxhommespar le faitde la nais-sancedes dieux.
Lo premier corps d'histoire lgendaires'anvtapeut-tre
l'poquodoPhr ou rgnodu Soleil, qui sembleavoir t pour
l'Egypteaumoins, sinon pour toutes les religionsdu berceau de
l'humanit, lapriodeprimitive.Nous trouvons,au delde Seb, le
rgnedeKnub,le Knouphis des Grecs dont le nom gyptien est Notim, le
principehumide viviflcateur.Ledieuest reprsentavecune tte
deblier,sym-bolede l'ardeur cratricedu principeactifde la nature.
Il tait vnren Nubieet particulirementaux cataractes, la rgiono se
versent
1. Rodier,Antiquitdesraceshumaines.2. Plutarque,DeIsideet
Oriside.
-
14 les eaux, comme disent les lgendes hiroglyphiques. Un
papyrusdu muse de Boulq nous le montre assimil Osirls dans un
rlefunraire; Noum n'est peut-tre qu'une forme archaque de
cettegrande figuredivine.Champolllonlo jeune pensait que les
pardres dudieu, les dessesSat et Anouk, pouvaient tre les formes
primitivesd'isis et de Nephtys. Quoi qu'il en soit, le rgne do
Knouphis tablituno transition entre l'idoltrie solaire et la
religion plus philosophiquedont le mytho qui nous occupedevint le
point de dpart. Sa placeestdonc indique entre l'poquede Phr et
celle de Seb, et c'est prcis-ment le rang quo lui
assigneManthon.
Lo rgne du Soleil1est videmment un souvenir du culte primitif.Il
est certain, dit M. de Roug, que l'idoltrio solaire pntra
profon-dment touto la religion gyptienne, depuis un temps
trs-recul.L'apparition rgulire de cet astre qui semble rgner dans
l'espace,l'clat de celte lumire devant laquelle les toilesplissent
clipses,cette grande source de chaleur qui rpand sur la terre la
fconditetla vie, parlrent ncessairement l'imagination des hommes.
Lepres-tige dut tre singulirement puissant en Ethiopie, sous un
ciel d'uneInaltrable srnit qui, selonDiodore,rendait co pays si
favorablel'observation du lever et du coucherdes astres. La table
du Soleil ,qu'on y voyait encore au temps d'Hrodote,tait peut-tre
un derniervestigede cette premire expansiondu sentiment religieux.
De mmoqu'ils indiqurent le rgne d'Osirls sur la terre d'Egypte, les
prtresproclamrent celui plus ancien du Soleil. Je crois avoir
reconnu, dansun dtail do la lgende,la filiation de ces formes du
culte. Haroris,ce dieu frre et fils la fois d'isis et d'Osirls, cr
avant que le coupledivin ft sorti du sein de Nout, qui est la
personnificationmmede l'espacecleste,Haroris, Horus an, me parait
symboliser la con-tre fertilise par le Nil avant que le fleuvepntre
dans la valled'Egypte, c'est--direl'Ethiopie. Bientt la contre et
le culte primitifqu'on y professaitse confondirent.Haroris rappela
cette poqued'ido-ltrie solaire,ce rgne du Soleil mentionn par
Manthon. Noustrouvons en effet constamment dans les textes
hiroglyphique) ledieu identifi avec cet astre.
C'est ainsi que le mythe d'Osirls transforma, sans l'annihiler,
lacroyancedes premiers jours. Il rvla, aux sagesdo l'Egypte, tout
unmonded'Idesnouvelles,en montrant la nature anime par la
divinitmme. Nous allons voir bientt le prtre s'lever la
conceptiond'unDieuunique, cause initiale do tout ce qui existe et
seul existant enralit. La premire trace de ce progrs dcisifde la
pense sacerdotale
1. PhrouPhra,le Soleil,et
pluscommunmentRa,Soleil,sansl'articlemasculinsingulierPh,le.
-
15 se trouve dans le rgne qui ouvre la srie desdynastiesdivines
: lergne de Phtah. Phtah est l'ouvrier divin, celui qui donne la
forme(totonen). Crateurdes astres, de l'oeufdu soleilet de la lune,
c'estlui qui a suspendula votedu ciel.Par lui a t dpos,dans lo
seinde la matire,le germequi l'oblige se renouvelersans cesse.
Nous abordons ici la religion gyptienne dans ce qu'elle a deplus
lev et do moins connu. Avant de suivre ce dernier dve-loppement du
mytho d'Oslrls, nous devonsconstater un fait impor-tant :
mesurequ'on remontevers aie rgne dePhtah , on se trouvoen
prsenced'une hlstoiro lgendairecomposeen des tempsplus prsde nous.
Il est certain quo l'Egypte n'a pas dbut par le mono-thisme ; or,
la conceptionqui se rattache Phtah est essentielle-ment monothiste.
Ds ce moment, les nombreuses divinits dupanthon gyptien ne sont
plus que des noms divers appliqus l'tre primordialcone'dr comme
crateuret dans ses rapportsavecl'homme. Elles reprsentent les
modificationsdu premier principe,depuis le moment de la
constitution do l'univers par la Sagessesuprme,Phtah ; la cration
des tres et le commencementdu tempsavec le Soleil, Phra; la divine
fcondit de la nature anime parKnouph, jusqu' la formation de
l'Egypte et l'organisation dessocitshumaines auxquelles prsident
les dieux osiriaques, ceuxqu'on peut appeler avec Dlodore les dieux
terrestres1 . Lo carac-tre cosmogoniquedo ces dynasties ressort de
leur ordre de suc-cession: la lgendea toute la logiqued'une
dissertationphilosophique.
M. Rodier,dont nous avon3dj rencontr le nom, a dmontr,avec
beaucoup de sagacit, que le3 dates des divers rgnes divins,inscrits
par Manthon, en tte de ses listes royales, correspondent,avec uno
prcisionsingulire, certains phnomnesastronomiques,et l'auteur de
YAntiquitdesraceshumainesen dduit la ralit histo-rique de
cespoques.Les considrationsdans lesquellesnous venonsd'entrer,
rapprochesdu fait trs-remarquableque constate ce savant,me semblent
dmontrer au contraire d'uno manire dcisiveque letableau ds
dynasties antrieures Mens,avecleurs datescorrespon-dant
desobservationsastronomiquesreconnuesexactespa; la science,est
l'oeuvreprogressivedu sacerdocegyptien.Cespriodesont
dtredtermines,dans le secret des temples,au fur et mesure que
s'yconstitua, pendant la longue dure des empires pharaoniques,
lesystmereligieuxqui prvalutdans la croyance.Ces
-
16
d'interprtations, nousracontentdoncla
crationuniverselle.Manthonles a placesen tte de ses annales par une
penseanalogue cellequifait dbuter les livres doMosepar lo rcit do
l'oeuvredes six jours. Laformo seule diffre. O lo lgislateur
d'Isral dit : Au commencementDieu cra lo ciel et la terre, lo prtro
gyptien s'exprimait ainsi : Au commencement fut lo rgne de Phtah ;
et cetto indicationsuffisait l'initi des sanctuaires pour qui Phtah
reprsentait la puis-sance cratrice distribuant les mondes dans
l'immensit.
IV
Lo rgno do Ma , la dessede jusllco et do vrit, comprendpeut-tre
celte priode do thou-atic pure au sein dolaquelle la
civilisationgyptlenno a son berceau, o elle acquit sespremiers
dveloppements.L'gyptologlo no possde aucun vestige do cette
enfance; les plusanciensmonuments appartiennent aux successeursdo
Mens. Or, huitsiclesenviron aprs ce premier roi humain, l'art nous
offre, commespcimen... les grandes pyramides1...
C'est sur le plateau septentrional do Saqqrah, dans le
voisinagedulieu o fut Mcmphis, quoM. Marletto a mis au jour les
ruines lesplusantiques, celles qu'il fait remonter aux trois
premires dynasties. Dsco moment lo mythe d'Osirls constitue dj lo
fond de la croyance.La doctrine religieuse a opr son volution
dcisive. La traditionrecueillie par Hrodote est, ici encore,
conforme aux rvlations destextes hiroglyphiqueset des
scnessymboliques. D'aprs lo voyageurgrec, Mens fondeMcmphis, la
ville do Phtah. Or, l'Ide de Dieuquise raltachc Phtah est
cellommede la Causepremire et immatrielle,conceptionqui
immortalisa, bien des siclesplus tard,lcnomd'Anaxa-gore et qui fut
saluo en Grcocomme la plus glorieuse conqutede la philosophie. Avec
Phtah, lo mythe d'Osirls revt sa dernireforme, celle qui assure
l'Egypte sacerdotaleune placo part et desplus levesdans
l'oeuvreaccompliepar la pensehumaine.
Cette fconde lgendo se perd donc dans la nuit des sicleset
l'onne peut mettre, sur son origine, quo des hypothses plus ou
moinsfondes; nous no nous attarderons pas les numrer pour les
prco-niser ou pour les combattre. Si les noms des personnagesque le
mythemet en scne sont uno importation trangre, l'appropriation
dudrame divin la nature de l'Egypte est si complteque la
fableparaittre lo fruit spontan de l'imagination populaire.
D'ailleurs, c'est decopremier symbolisme naturaliste que dcoule,
commed'uno sourceintarissable, tout lo dveloppementreligieux,
moral, social et politiquedes riverains du Nil. Homre place, sur le
rivage du Delta, la grotte
-
17
de Proto, le vieuxptre de Neptunequi connat le secret des
dieux.On ne pouvait contraindre le vieillard rvler la
sciencesacre,sansmettre en oeuvrola forceet la violence. Il fallait
triompher do sesartidces, l'treindro sans merci sous les mille
formes qu'il savaitrovtir pour tromperla
curiositdoshommes.Cettefictiondu poteestune imagovivante dola
lgendeosirlenno.Tout est en elle;elle con-tient lo grand mystre quo
l'oplnitro et puissant gnie du prtros'efforcerado pntrer. Gensedo
l'Egypto d'abord,nous l'avonsvuodevenirpour lui la gensedu
mondomme;puis, sa penses'levantplus haut encore,il rencontre
l'ided'un Dieu unique, Intelligencesuprme,principeet fin de
touteschoses.
Comment cette grande lumiro s'est-ello faito dans l'esprit
dol'hommo? L'immensit de l'universet la fragilitde l'tro qui lo
con-templeont d sans doute s'emparerd'abordde l'imagination.
L'effroidescenddans l'medu spectateur.Il adorecoqu'il
redouteavecplusdoferveurque co qu'il aime. Peu peu, cependant, il
prend conscienced'une puissance,qui est en lui, suprieuro la
vigueur des fauves,l'imptuositdesmers, l'effrayante
nerglodeslments.Co qui sopasseau dedans de lui est
incomparablementplus admirableque lesmystrieusesbeautsdela terreet
lesbrillantesnigmesdu ciel.Certes,sesyeux sont blouispar les
hnomnusde la vie universelle ptris-sant et transformant lo
mondesensible comme lo sculpteur l'nrgiioqu'il plio tous les
capricesdoson gnie Mais dans son forintrieurrsidol'Intelligence Par
elle tout lui est soumis.Elle conoit l'idefcondedans lo
recueillementde sa pense; cette Iderevt une formevivante, s'incarno
dans la paroleet possdealors une forceirrsistible.Voilco que
l'hommea pu observeren lui-mme Dscomomentil adistingudeuxordres
dophnomnes: ceux du mondosensibleet ceuxde l'me. Aussitt
cettedouble question soposa : Qu'est la
matire?Qu'estl'esprit?doubleproblmeque lesgnrationsse lguentsans
enpouvoirtrouver la solution.
Si cesdeux modesde l'existenceno peuvent tre dfinisdans
leuressence,leurs conditionsspcialestombent cependantsous
l'observa-tion; il est doncpermisdeprciser lo caractre qui leur est
propre.Or, tout coqui est corporel tend visiblement la division, la
plura-lit, au particulier, l'inertie; tout coqui est du domainede
la vioctsurtout ce qui est intelligenceobit au contraire une loi
d'union,cherchel'unit, aspiro la gnralit par uno activit
incessante.Lamatiresemblen'avoirde forcequepour dtruire l'tre
organis,pouren ramener les lments une strilit informe.reprsentantla
seuleideconcevabledu non-tre; l'esprit, au contraire,
possdel'Inextin-guibledsir deproduirela vie,detout fconderet
fairerenatre.Sont-cedonc l deux tres trangers l'un l'autre dans
leur cause comme
-
Il -dans leurs effets?A les voir aux prises, au sein de la
nature, ils parais-sent exister dans un antagonisme ternel. C'est
mme cette lutte quidevient la base du dualisme si nergiquement
symboliro'dans Osirlset son frreSet. Cedernier personnified'abord
le dsert, puis la matirestrilisante. Mais les deux divinits sont
issues d'un mme pre,engendres par la mmo mre : elles ont une
origine commune. Con-ception remarquable! Pour le prtre gyptien, lo
mondosensible etcelui de l'intelligence proviennent d'une
Causeunique.
Mais alors lequel des deux principes est la Cause primordiale?
Unfait incontestable, c'est l'action que l'esprit et la matire
exercent l'unsur l'autre II y a donc uno affinit entra ces deux
tres dont l'opposi-tion est teUecependantquo lojour et la nuit leur
ont servi dosymboleset qu'ils sont dovenusles principes du bien et
du mal. Quel esf.celuiqui engendre l'autre ? No faut-il voir dans
la vie et l'intelligence quodos phnomnesdu mondo corporel,ou bien
le mondosensible n'est-illui-mme qu'uno dgnrescencedo la cause
intelligente? C'est la der-nire hypothsoqui semble avoir t considre
commela vrit dansles sanctuaires do l'ancienne Egypte. La matire,
abandonne elle-mme, y tait l'expressiondu nant. L'tre rel, le seul
vivant, c'estl'intelligence Ainsi furent expliqus les mystrieux
phnomnesobservs dans cette unit suprieure qui s'appelle l'homme.
Fait biendigne assurment des mditations du philosophe! L'hommo
rsume lomonde, il est la synthso vivante do la cration et c'est en
quelquosorte par lui quo Dieuest prsent dans son oeuvre.Attribuer
cettoorga-nisation intelligenteau concoursphmre do certaines forces
propres la matire, c'est mettre uno hypothse qui no so fondo sur
rien dedmontr, de positif, de scientifiqueet qui, de plus, rpugne
la rai-son. L'expriencedes siclesest invariable sur copoint : nulle
part lamatire n'engendre la vie par une nergioqui soit en elle, et
encoromoins la voit-on engendrer l'intelligence; les tres organiss
ne sereproduisent qu'en vertu du germe qui est en eux. Il y a donc
unocause premire de tous les germes vivants. Dans aucun cas, en
dehorsde l'homme, la vio n'est accompagnod'intelligence : il existe
donc unprototype do l'homme qui est la source de l'intelligence et
do la vie.Voil sans doute par queUes dductions le gnio sacerdotal
parvint concevoirDieu commela suprme intelligence.
C'est avec stupfaction quo l'on rencontre les premires traces
deces vues sublimesaux confins des temps historiques, aune
poquepourlaquello l'Egypte seule a conservd'irrcusables
tmoignages.Le Nousd'Anaxagore n'est pas autre choseen effetque le
Thoth des sanctuairesde Thbes et de Memphis.
Thoth on s'en souvient est un des personnagesde la
lgendeoslrlenne. La haute significationqui se rattache ce dtail du
mythe
-
10ne s'aperoit pas tout de suite dans le rcit attribu Plutarque.
Onsedemandequel est ce dieu qui intervient, au derniermoment,
dansla lutte engageentre Set et Horus et qui manifestetout
coupunepuissancesans l'appui dolaqueUele triomphede la
bonnecausen'au-rait pu tre obtenu. Horusest filsd'Oslrls, mais la
DUationde Thothn'est point Indique.SI nous consultonsles
texteshiroglyphiques,Usrpondent que Thoth est apparu commeun tro
non engendr.Ceciest uno rvlation.Nousabordons,avec ce
personnagedivin, loctmtaphysiquedu mytho naturaliste d'Osirls.Le
prtre avait trs-nettement aperuDieudans sesoeuvreset l'y
adorait.Mais lui-mme,ce qui, en lui, concevaitle crateur, tait
aussi l'ouvrage de l'tre-suprme. Dieu tait donc intelligence dans
l'absolu de mme quol'hommeest Intelligencedans le relatif. Or, le
principeintelligibleestsuprieuren nous et autour de nous au
mondosensible,d'o il fautconclurequol'ide deDieu
intelligencedominetoutesles autres mani-festationsdola divinitou
plutt cesmanifestationsn'existeraientpassans la Causeinitiale, lo
premier do premier, le pre sans commence-ment, le saint dessaints,
le vrai Dieu.
Voil bien, en effet, ce qu'est Thoth dans la doctrine
gyptienne:l'ideabstraitodu premier principe.A cepoint dovue, il est
identique Phtah et aux formesdiversesdu dmiurge :Ammon,Noum,
Atoum.Si l'on isolo sa significationd'Intelligencesuprme,il sera le
premierThoth trois fols trs-grand. Commole Brahm indien, qui crit
lesVdasavant la confectionde l'univers, 11a
compristernellementsaproprenature et dpossonomnisciencedans des
livres rests inditsjusqu' l'apparition desmes. Ce dtail du mytho
cacheune pensoaussi profonde quo juste : la cration est lo livre
qui contient lessecretsdela divine sagesse!
Cettephilosophiereposeexclusivementsur l'observationet l'tude
dosot-mme.N'est-ilpas vrai que la notion de tout cequi est du
domainode l'hommeexistedans son esprit? Ainsi, toutes chosessont en
Dieusans cependanttre Dieu.La conceptionde l'tre cr est
restreinte;ellea de3au del qu'il peut conqurir, d'autres qui
chappent sesefforts : la conception do Dieu comprend l'infini, ou
plutt c'estl'infini mme.Qui n'a laiss, certainesheures,la
solitudeet le calmeextrieur aidant, sa penselivre elle-mme? Le
cerveau s'emplitd'une confusiond'impressionsidales,vagues, presque
Insaisissables.On ferme les yeux pour mieux voir, car tout est
informe, indfini,fugitif danscesperceptionsmultiples. Voilbien
l'imagela plus com-plte, qui soit notre porte,de l'tre dans
l'absolu.Tout ceque pos-sdel'intelligencehumaine,soitpar
sesrapportsavecle mondesensible,soit par sonapplicationaux chosesde
l'esprit existedans cerecueiUe-mentdela pense: maistouty est
incohrent : c'estbienlechaos.Cepen-
-
- 20
dant, quel'intelligencemanifestesonnergie,qu'une de ces
ImpressionsIdalesl'attire, pour me servir d'un langagehumain,
veille en ellel'amour qui est sa forceexpauslve, aussitt la volont
saisit l'Ide, ladtermine, la possde,et la lumire se fait en nous
par cette premtroforme donno l'abstraction. C'est ainsi que lo
prtre gyptien etl'on peut dire galement les sagesde l'indo et de la
Perso rendentcompte de la cration; 11 semble quo lo gnio do ce3
penseurs despremiers ges l'ait conue comme l'ternelle rflexiondo
Dieu. C'estpar la puissancedo son verbe quo Dieu cre incessammentet
le verbeest Identlquoavecl'amour.
Le personnagemystrieuxde la mythologieindienneOum est la
pre-mire parolequo profreBrahm, c'est la formesensible de Brahm,
loverbodivin en qui se rvlela cration tout entire. Fait
remarquable!C'est encorel'homme mystique appel, commel'hommo
lui-mme, unsymbolede l'univers. La mmoconceptionse retrouve chez
le3Perses:tout provient du verbe crateur (ah vairy Honover)
antrieur auciel, l'eau, la terre, la vache, l'arbre, au feu,
l'homme vrl-dlque, auxdews, aux hommes carnivores, tout l'univers
existant 1.C'est la parole d'Ormuz qu'il profre terneUcment. Les
esprits larptent ternellement aveclui.
On voit quo dans ces trois grands foyers de la civilisation
primitive :l'Inde, la Perse,l'Egypte, l'Intelligencecrepar
l'nergiequi est en cUe,par son verbe Co premier actode la volont
divino no tire point duchaosle mondesensible, mais le type de ce
mondequi est, par rapport lui, ceque la penseest la parole. La
Bibledit d'ailleurs exactementla mmechose.Pour l'crivain sacr,
comme dans les cosmogoniesdespeuplescitsplus haut, le principede la
cration c'est la parole de Dieu.Dieu dit: Quo la lumire soit, et la
lumire fut. Une lecture atten-tive despremires pages de la
Genselaisse trs-nettement apercevoirdeux crations : celle des
germes,qui dbute par la lumire et se ter-mine par l'homme
hermaphrodite, et celle des tres vivants danslaquelle la lumire se
manifeste dans le soleUet les astres et o le3sexes se distinguent
pour obir l'ordre du Seigneur: Croissezetmultipliez.
Les ides qui so rattachent au dieu Thoth peuvent, on le voit,
trerevendiques par plusieurs civilisations. Mais ce qui me parait
treplus spcial l'Egypte, c'est le dveloppementdonn cette ide
quel'Univers est la parole mme de Dieu, de sorto que la cration
devientl'hiroglyphepar excellence,l'criture trois fois sainte que
le gniedel'homme aid du dieu Thoth est appel dchiffrer.Sans
inteUIgence
1. 19lia du Yona.L'IIonover,parS.
Oppert.Annalesdephilosophiechr-tienne,janvier1862.
-
21
cre,lanature et sesmerveillessontcomparablesau plus
admirabledeslivres qui serait condamn ne point avoir de lecteur.
Quelquochosemanque l'harmonieuniversello; Dieun'est pas obi
librementselonson essence. Ds qu'apparat l'tre dou do raison,
l'Intelligencesuprmepeut secontemplerdans son
Image.Voilpourquoi,tandis quoles texteshiroglyphiquesnous montrent
ledmiurgefaonnantter-nellementl'oeufdes mondes, la tradition
lgendairereprsentele dieuThothmlantl'eau et la terro pour
formerlecorpsde l'homme.L'Intel-ligencecrel'homme son
Image,c'est--diredoudela facultdepn-trer le sens des principes
sacrs quoThoth trois fois trs-grandavaitconsignssur desstles,dit
Manthon.LosecondThoth traduira pourles hommesce toxtedivin. Nous
aurons ainsi l'criture symboliquedont lescaractressont empruntsaux
trois rgnesde la nature et quiembrasse le ciel et la terre,
l'hiroglyphepur ; puis l'criture hira-tique ou sacredans laquellela
reprsentationsymboliqueprend unesignificationphontiquo et devient
un instrument docilede la pense.Il y a le mme progrs entre le
caractre symboliqueet le caractrophontiquequ'entre le
naturalismepanthistiquoetlaconceptionmta-physique qui se rattacheau
dieu Thoth.
H faudrait peu approfondirce sujet pour y trouver
l'explicationdesfables et deslgendesqui, sous des formesvaries
l'infini, ont bercnotre enfance. Lo tempso lesbtes parlaient et
instruisaient leshommes,c'est videmment l'poquode 1hiroglypheet les
rcits quis'y rapportent nous conservent le souvenir persistant des
premiersenseignementsde la nature.
V
Une nation chez laquelle la pense a pu acqurir un si
admirabledveloppement mrite, certes, de fixer l'attention des
hommes. Etcependant,jusqu' ces derniers temps, l'histoire,par une
trangecon-tradiction,aprsavoirexaltla
sagessedesgyptiens,nousmontrait,danslesantiques riverainsdu Nil,
des populationsplies, pendant dessicles, toutesles servitudeset
prosternesdevant d'absurdesidoles.On constatait que Thbes et
Mcmphisont t les institutricesde laGrce,et, en mme temps, Bossuet
rsumait bien l'opiniongnralequand 11disait de l'Egypte que tout y
tait dieu exceptDieului-mme. Nous savons aujourd'hui que la
contradiction n'estqu'apparente. Cette civilisationa t sublime dans
les sanctuaires,tandis qu'elleoffrait, dans les masses,la crdulitet
le servilisme.Leprtreserservaitl'espritet abandonnait ta
lettre&uprofane,et c'est Icile cas dereconnatrequela lettre a
tu l'esprit.
-
-. il -Ne nous htons pas cependant de nous indigner. Ce,fait, le
juger
sans passion, est le rsultat pour ainsi diro ncessaire d'un
concoursde circonstances contro lesquelles le libre arbitre semble
impuissant ragir. Personne ne nie l'influence du milieu sur lo
dveloppementdes groupes humains. Or, cetto action do la nature sur
l'hommo s'estexerce, en Egypte, avec uno Implacable intensit : nous
en suivronsun peu plus loin les dernires consquencesdan3
l'organisation sociale.Assurment les tribus primitives ont, en
elles, le germe de la civili-sation qui les fera peuple; les
institutions qu'elles crent ou qu'ellesadoptent portent l'empreinte
do leur gnie. Mais les conditionsphysiques modifient
Incontestablement ces tendances initiales. C'estainsi que les
proccupations de la vie matricllo,le souci do l'existence,le besoin
do protection rendirent les gyptiens amoureux de la paix.Ils
devinrent, par ces causes, laborieux, doux, enclin3 l'ordre.La
rflexion d'Aristote : quo la dure des institutions de ce peupletint
sa pusillanimit ne laisse pas que d'lro vraio jusqu' uncertain
point. Primitivement effray par la nature, il ne sortitde son
effroi, de sa panique*, qu' force de travail ; il devint
pusil-lanime. Oblig do se dfendre sans trve contro lo dsert et
lekhamsin, le calme no put so faire assez tt en lui pour quo
sonnergiemoralesodveloppt,il fut terrifi, dompt,avant mmed'avoirdes
matres !Dol sa timidit. Lorsqu'il subit un joug humainceluide la
caste sacerdotalo ce fut pour lui un joug sauveur.
L'asservis-sement oppressa moins qu'il no soulagea ce peuple en
proie latyrannie deslments. Il s'habitua l'entrave parcoqu'elle le
soutenait,La prison fut son asile; il so rfugia dans la thocratie,
dans la reli-gion : 11fut pieux.
Tous les peuples offrent d'ailleurs, leur origine, une grande
fcon-dit de conceptions religieuses. 11semble qu'une sve divine
fermentealors dans les mes. Un monde de pensesse rvle, travail
collectif etspontan qui porte le sceau du gnie propre
cescivilisations jeuneset naves. Quelle riche closiond'images dans
laGrceprimitive! Quelsoufflepotique inspire les mythes printaniers
des Yavanas dans lapatrie de leur choix ! La cration est, cette
priode, toute d'inspira-tion, d'lan. Voil pourquoi la physionomie
d'un peuple se reflte avec
1. C'estun dtaildumythed'Osirisqui, selonPlutarque,a
donnnaissance&cetteexpression: Unefrayeurpanique. On se
rappelteque Set dressadesembches sonfrreet russit l'enfermerdansun
coffrequ'ilclouaet scellaavecduplombfondu,aprsquoiil lejeta dansla
branchedu Nilqu'onnommeTanihque. Lespremiersqui entendirentla
nouvell,dit Plutarque,furentlesPanes et les Satyresqui
habitaientautourde Chemnlset qui
commencrentmurmurerentreeux.C'estpourquoi,jusqu'aujourd'hui,on
appellelessoudainespeuM,troubleset
motionsdepeuples,frayeurspaniques.
-
23 une merveilleuse fidlit dans cette premire notion du divin.
Ici,l'imaginationest presquesouveraine; la raison viendraplus tard.
Nousno pouvonsassurment nourrir l'espoirde reconstituerpour
l'Egyptecette grandiose pope. Cependant, l'tudo attentive du
symbolismesacerdotalpermet d'entrevoir le germe doce vaste
panouissementdemythes. Nousl'avons dj constat; co fut un sabsmcqui
eut pourbase l'idoltriosolaire.Les toiles,lesplantes reurent sans
douteunculte. Nous voyons, en effet, qu' uno poquoultrieure, la
GrandeOurse est appeleastre do Typhon; Orlon est l'astre d'Horus;
Sirlusse nomme Sothis, l'astre d'isis. Nanmoins,il semble
impossibledorefuseraux tribus primitives do l'Egypte une certaino
tendanceaumonothisme. On peut dire, de ce peuple, peu prs ce que
ditM. Renan de la race smitique : Exclusivementfrappsde l'unitde
gouvernementqui clatedans le monde, lesSmitesn'ont vu, dansle
dveloppementdeschoses,que l'accomplissementde la volontd'untre
suprieur. La diffrencequi spare, dans l'expansionde leurgnie, ces
deux branches do la famillo humaine, tient la naturomme do leur
patrie Les Smites,rejets dans lo dsert, conoiventDieu commeune
solitude Le3gyptiensavalent aussi logrand spec-taclo de
cesvastesplaineso tout se confonddans une immensestri-lit; mais,en
mme temps, ils vivaientsur une terremerveilleusementfconde.Cette
circonstancene put rester sans influencesur les esprits.Hsemblo,en
effet,que l'homme ait alli, sur lesbordsdu Nil, au sen-timent
instinctif de l'unit de Dieu, cette prodigieuseactivitcra-trice qui
est propre la race indo-europenne.Cefait pourrait luiseul expliquer
lo caractre singulier que prsente la religion dol'Egypte antique,
si purllo dans sa forme populaire o l'idoltrieabsorbelanaturo
entire, sileve,si rationnelle,au contraire,dans coquo lespapyrus
nous rvlentde la philosophiesacerdotale.
Certes, si cette conceptionsublime : l'unit de Dieu,et t
atteinted3le premier jour, elle ft sans doute devenue la base
immuabled'un culte contre lequel la raison humaine, quelque claire
qu'ellesoit notre poque,ne pourrait lever d'objection.Maisce n'est
pointl un dbut; c'est, au contraire, un progrs suprme ralis par
legnie de l'homme aprsqu'il eut puis, pour ainsi dire, une
multi-tude de conceptionsreligieuses, sources de mythes
innombrables.Loprtre, au fur et mesure que la lumire se faisait en
lui, ne putqu'adapter les lgendes sacres aux thories qui lui
apparaissaientcommel'expressionabsoluede la vrit. Voil
pourquoi,arriv cellehauteur : un seul Dieu, une suprme
Intelligence, il lui fut Interditdes'y dgagerdu cortgedes erreurs
au milieudesquellescettegrandeclart s'tait faiteen lui. Le
sacerdocene pouvait, sans renoncer sonrle politique et religieux,
sans abdiquer et se suicider en quelque
-
- 24
6orte, avouer que, pendant des sicles,il avait impos au peuplo
unefaussedoctrine ; et tandis qu'il donnait son enseignement
commelofruit d'une rvlationdivino, qu'il en tait rduit, en ralit,
au douteet la recherche de Dieu. Le prtre ne dtruisit donc rien, et
Uesttrs-probablo quo ce fut de bonno foiqu'il s'effora,au
contraire, detout concilier, de tout expliquer. La preuve do sa
sincrit nous estapportepar un fait qui la rend en quelquo sorte
irrcusable.Ce nefut pas pour le vulgaireque lo gnie
sacerdotalrattacha l'Ide d'unseul Dieu les diverses lgendes; la
doctrine qui rsulta de ce travailtait exclusivementrservo l'initi.
Nullement accessibleau profane,elle constituait bien la conviction
du prtre, sa religion. Voicien quoielle consistait.
Lo monde, sa formation, les principes qui le gouvernent,
l'homme,sa destine sur la terre et aprs la mort, furent
considrscommeundrame immense C'est le mytho d'isis et d'Osiris qui
ouvre la penseceshorizonsnouveaux. Lesensprimitif de la
lgendes'largit l'infini.Osirls devient l'tre par excellence,celui
de qui toutprovient et dansle sein duquel tout retourne. Il est
sorti de son repos par la puissancede son Verbe et a donn la matire
!e mouvementet la vie. Set, lefrre ennemi d'Osiris, symbolisealors
la tendance de cette matire auchaoset l'inertie; le mal, la mort,
l'anantissement sont les fatalestapesde ce qu'elle domine; lo bien,
la vie, l'immortalit, l'absorptionen Dieu accompagnentl'obissanceau
Verbedivin. Le dualismequiempreint toute la doctrinegyptienne
dcouledo cette conceptionduddoublement de l'tre primordial. La
lutte s'tablit, ainsi que nousl'avonsdj vu plus haut, entre
l'esprit et la matire, la vie et la mort,lo jour et la nuit,
commedans la lgende, entre Osirls et Set. Lotriomphe ternel du Dieu
bon vivifiela cration universelle,et cesontses diverses
manifestations dan3 la nature que le prtre personnifiedans
diffrents types divins. Ainsi, par la desseNout, il
voulutreprsenter le chaosantrieur au ddoublementde l'tre,
l'abyssusbiblique sur lequel flottait l'esprit do Dieu. Phtah fut
cet esprit mme,Celui qui ouvre1lesportes de la vie. Seb tait la
matire chaotique,avec les germes fcondsqu'elle recle. Ammon
symbolisait la forcesecrtequi assure le renouvellement incessant
des tres. Des flancsde Nout unie Seb, du chaos antrieur, sort le
dieu Raou Phra: leSoleil,et avec lui commence le temps et
l'humanit. Osirls, enfin,plus ancien que Ra, tait le Soleil
nocturne, le principe mmede cettelumire dont l'astre du jour n'est
que l'clat matriel.
11serait possibled'assimiler toutes les triades du panthon
gyptienaux phnomnesque prsente l'univers ; mais il suffit de
constaterce
1. PhtahsignifieOuvrir.
-
2o
faitimportant : chaquodivinit est comme le Dieu
inaccessible,sanscommencementet sans fin. Le prtre exprimait
celteide en disantd'Ammonqu'il tait lo mari do sa mre et, par
consquent,sonpropre pre. Thoth se formaitlui-mmesans avoir t
engendr.Ratait enfant non engendr.Tel fut du reste le point de
dpart destriades adoresdans les divers nomes de l'Egypte. O le
vulgaireet l'tranger voyaientdes dieux et des
dessesmultiplispresque l'infini, l'Initi n'apercevait que des
manifestationsd'un principeunique. Pour celui qui avait le secret
des paroles divines , lestrois personnagesdo la trinlt gyptienne se
rsolvaienten un seulDieu. De prime abord, cette affirmationparait
trange. Rien n'estcependantplus certain et plus comprhensible,si
l'on consent suivreattentivement la pense du philosophesacr. Par la
triade,il voulutrendre l'infini tangible en quelquesorte : le
pass,le pre, le prsent,la mreet l'avenir, le filsy formentle
cerclesymboliquede l'ternit.Dans la doctrine gyptienne,l'enfant
n'est que le renouvellement, le devenir du pre, et les trois lments
expriment une seuleide: l'inaltrable et incessante fcondit de la
cause premire. Lofminin, le maternel,est uniquement le point de
jonction entre lepass et l'avenir, l'heure mystrieuse do la
rsurrection. C'est le minuit de la course diurne quo le solei".tait
supposaccomplirautour de la terre. Dans co grand jour qui s'appelle
l'anne, c'estle solstice d'hiver d'o vient le printemps, le
renouveau. Dansla constitution de l'univers, c'est le moment o
s'est accompli leddoublementde l'tre. Chaquetriade a son
lmentfminin; mais,en ralit, il n'y a qu'une dessesous des noms
divers. Pascht,Hathor, Isis,Neith sont la mmedivinit, ont une
significationiden-tique : cellede cetto chosefugitive et fictlvoquo
l'hommeappelle loprsent, au sein de laquelle s'accomplit le
rajeunissement ternelde la nature.
Ainsi fut rsolu le problme qui consistait faire rentrer, dansla
conceptiond'un Dieuunique, les mythes successivementou
simul-tanment donns au peuple comme les dogmes immuables de lafol
et qui, h ce titre, ne pouvaienttre rpudis.
Un dernierpoint restait
cependantinexpliqudanscesystmetho-gonique.Quandet commentl'tre
suprmetait-il devenucrateur?Ce Premier de Premier, commel'appcllo
Jambliquc, ce Un de Un,uaenua, commedisent les
texteshiroglyphiques,s'il n'absorbepasenlui touteschoses,se trouve
en prsenced'tres qu'il domine sans lespouvoirdtruire, qui ont
sacauseau dehorsde lui, cequi est contra-dictoire l'idedo Dieu; et
si tout so rsout dan3sa personnalitinfi-nie, le drameuniversel
devientune purilit. Devant ce problme,legniesacerdotals'arrte.
Faisantpreuvede profondesagesse,Usemble
-
- ? _
vouloirdclarerqu'il Ignore,et 11formuleson impuissancemme dansun
suprme symbole: celui qui se rattache la desseNelth. On con-nat la
clbrelgende do cette divinit, Sais: Je suis ce qui EST,cequi
SBRA,COquiAET6; personnen'a soulevma tunique; le fruit quej'ai
enfantest le soleil. Nelth est donc, en mmetemps, la grandemre
divine et la desse-vierge.Leprtre, dans cette haute
conception,transfigure le principe fminin. Il n'tait, dans les
triades, que l'occa-sion del rsurrection du dieu; il devient
l'expression mmede l'Infiniet de l'absolu, Nelth acquiert le sens
suprme de prsent ternel ;car, s'il est vrai que, par rapport aux
tres crs, le prsent soit unefiction,qu'en ralit, il n'y ait, pour
nous, quedes chosesqui onttouqui seront, il est strictement exact
do dire que, pour l'tre incr, quin'a ni commencement ni fin, rien
n'a t ni ne sera : tout est. Nelthexprimeceltepense.C'estbien le
mythe de l'inaccessible,de l'inconnudans lequel se
laissepressentir, avec une singulire nergie, la
toute-puissancecratrice. C'est la mre-viergeet, pour me servir
d'une com-paraison qui me parat rendre cettoconceptionplus
saisissable,c'est leverbe l'infinitif, tre, essere,une sorte de
prsent indfini, qui con-tient tous les tempset tous lesmodesde
l'existence.Dans ce haut sym-bolisme,Nelth est quelquefoisreprsente
allaitant deux crocodiles.Lecrocodile,emblmedu dieu Sebek, est le
symbolo des tnbresenne-mies du soleil. Le dualisme gyptien fit de
Set l'adversaire d'Osirls etde Sebek(formede Set), l'antagoniste de
Ra ou HaroUrls.En reprsen-tant Nelth nourrissant des crocodiles, le
prtre voulait sans douteenseignerque le bien et le mal n'existent
point dans l'absolu.
L'Egypte ancienne est parvenue, dans son exploration de l'ide
deDieu, ce faite o les plus fiersgnies se sont arrts. Vouloir
allerau del, c'est affronter le vertige, s'exposer tomber dans la
ngationpar aveuglementet par impuissance. Notre sicle, plus tmraire
quel'Egypte, n'a pas su comprendrequ'il y a des limites fatalesaux
effortsde l'homme; il a perdu le sentiment du mystre, chosetout
autre quola crdulit. Nous vivons une poqued'orgueil intense qui,
morale-ment et mentalement, nous dvoie.La sagesse ne nous reviendra
quele jour o notre esprit rentrera dans l'harmonie unlverseUede la
cra-turo aveclo principe crateur, quand nous comprendrons que
l'infininous domine,que nous sommesau monde pour le concevoirsans
l'ex-pliquer, pour y aspirer et pour l'aimer sans l'atteindre ni le
possderjamais.
Les anciens,eux, dans leurs vues religieuses,comblaientles
lacune*de leur raison avec le mystre. Ce que l'intelligence ne
pouvait pn-trer devenaitdivin : l'on y voyait Dieu et l'on
adorait.
La sciencea maintenant jet un jour clatant sur les phnomnesde la
nature; elle rend compte d'une partie de cet Inconnuo nospres
-
7
voyaient l'action directe de la divinit. Dsabus, trouvant des
loisrationnelles o l'on faisait intervenir le merveilleux, l'homme
moderneen est venu nier le surnaturel et le divin. Telle me
semblebien trel'origine des aberrations de notre temps. L'esprit,
bloui par ses con-qutes, conclut des erreurs de l'antiquit la
purilit des anciens, etparce que ceux-ci voyaient Dieu partout, en
toutes choses,sa proccu-pation premire c'est d'carter Dieu.
En ralit, nous avons dplac notre ignorance, et rien de
plus.Quoi! vous expliquezce qui tait dclar incomprhensible, divin,
etvous niez le divin? Mais ne considrezque votre scienceacquise.
Ditescomment l'homme s'empare, par son intelligence, des lois de la
cra-tion, les analyse, les coordonne, les volt agir, en mesure la
porte.Prenez ce fait unique et rendez-encompte. Quand vous aurez
dchiffrl'nigme de votre propre nature, quand vous saurez le
pourquoi et lecomment do votre science, vous pourrez dire : Le
merveilleux, losurnaturel, le mystre sont desrves creux de
l'imagination humaine;toutes ceschoses sont claires, et Dieu n'est
pas au fond de l'inconnu :je l'ai explor.
Mais, alors, prenez-ygarde, vous serez Dieu I
HENRI TUU:Mb.
fAiti. tir. k, rocci, 13, QUAITOLTAUI.7Jft.