6 août 2013 Mobilisation de la presse française pour les journalistes Didier François et Édouard Élias disparus en Syrie depuis 2 mois.
Mar 22, 2016
6 août 2013
Mobilisation de la presse françaisepour les journalistes
Didier François et Édouard Élias disparus en Syrie depuis 2 mois.
LA MONTAGNE MARDI 6 AOUT 2013 41
France & Monde DOSSIERDOSSIER
PRISE D’OTAGES ■ La France est le pays occidental qui a le plus de ressortissants retenus par des terroristes
Les Français dans le collimateur
Barbara Arsenault
F rançois Hollande aréaffirmé récemmentla fermeté de la Fran
ce face à la prise d’otages.Alors que des preuves devie des quatre Françaisenlevés au Niger lui ontété fournies, il n’en a pasdit plus, rappelant que larègle concernant les otages était de parler « lemoins possible ».Dans un premier temps,la rapidité et la discrétionsont souvent les maîtresmots. Les autorités espèrent ainsi plus d’efficacitéauprès des ravisseurs.Mais lorsque les pourparlers n’aboutissent paset que la situation s’enlise,les proches aspirent à lamédiatisation. L’espoird’une négociation muetteest remplacé par une stratégie de mobilisation nationale où tout est mis enœuvre pour en faire unepr ior ité constante desautor ités françaises etpour que le dossier des
otages reste audessus dela pile.Christophe Deloire, directeur général de Reporters Sans Frontières, l’explique par « la culture dupays ». « En France l’attachement à la liberté de
l’information passe aussipar le soutien aux otages.Dans certains pays, ces affaires sont traitées de manière plus discrète, soitparce que les autoritéspréfèrent le faire ainsi, oubien parce qu’il y a un cli
mat d’indifférence générale. » C’est le casdesÉtatsUnis ou du RoyaumeUni dont la politiqueest de ne pas négocieravec les preneurs d’otages.La médiatisation est aussi un message envoyé aux
ravisseurs et peut représenter un soutien pour lesfamilles. Il s’agit aussi desoutenir les victimes, souligne Christophe Deloire.« La plupart des anciensotages témoignent qu’à unmoment où à un autre, ils
ont été mis au courant dela mobilisation en Franceet que ça a été un énormesoutien psychologique. »
Et après?Mais la médiatisation n’apas que des avantages.Une fois les projecteurséteints, combien de dépressions, de licenciements, de divorces ? Oumême de suicides, commecelui du photographe Brice Fleutiaux. Après avoirété détenu huit mois enTchétchénie et avoir vécules p i res a t roc i tés , i ln’avait pu reprendre unevie normale.Le cameraman de France 2, JeanJacques Le Garrec a lui aussi été otage en2000 et dresse ce sombreconstat. « Quand on estpris en otage, le pire, c’estde ne pas revenir. Maisquand on revient, le pire,c’est le retour. »Florence Aubenas, enlevée en Irak en 2005, relèveles dégâts d’une détention. « Les nerfs de ceuxqui attendent sont mis àvif. Or, il ne faut surtoutpas se déchirer. Car c’estl’otage libéré qui, passél’euphorie de sa sortie, devra assumer ce climatempoisonné. » ■
Dix otages français sont ac-tuellement détenus dans lemonde. Action terroriste àpart entière, la prise d’ota-ges est devenue un moyende pression très efficace.
En 2002, une Charte sur la sécurité desjournalistes en zones de conflit a été élabo-rée, à l’initiative de Reporters sans frontières.Ce document pose huit principes : l’engage-ment, le plein gré, l’expérience, la prépara-tion, l’équipement, l’assurance, le soutienpsychologique et la protection juridique. S’ilssont respectés par les directions des médias,ils contribuent à limiter et à prévenir lesrisques encourus par les professionnels quitravaillent dans des conditions périlleuses.
Dans le prolongement de ce travail, fin 2006,le Conseil de sécurité des Nations unies aadopté la résolution 1738 sur la protectiondes journalistes en zones de conflit.Les autorités françaises et grecques ontsoutenu ce projet et convaincu les autresmembres du Conseil de sécurité de l’adopter.Ce texte contraint les États membres desNations unies à protéger les journalistes et àmener des enquêtes lorsqu’ils sont victimesd’un conflit armé.
■ La sécurité des journalistes en zone de conflit
Syrie : les journalistesentredeux feuxActuellement, il y a plus dejournalistes tués en Syrieque dans n’importe quelautre pays. Les attaquesémanent des deux camps :des forces du régime com-me de l’opposition.« Les enlèvements ontconsidérablement augmenté », constate l’ONGPress Emblem Campaign.« La prise d’otage est devenue la norme en Syrie àla manière de l’Irak entre 2003 et 2006. »Selon l’organisation dedéfense de la liberté de lapresse Reporters sansfrontières (RSF), une quinza ine de journa l i s tesétrangers sont portés disparus ou ont été enlevésen Syrie.Et depuis mars 2011, aumoins 24 journalistes et60 citoyensjournalistesont été tués alors qu’ils
couvraient le conflit syrien.
Silence radioLa spécificité de toutesles disparitions de journalistes en Syrie ? Absencetotale de revendicationsou même de contact… Si
lence radio de la part desravisseurs après l’enlèvement, on parle même dedisparitions « mystères ».Pour la libération desotages ce mutisme estbien sûr une difficultésupplémentaire. ■
Barbara Arsenault
DEUX REPORTERS FRANÇAIS. Depuis le 6 juin 2013, on estsans nouvelles de Didier François et Edouard Elias. PHOTO AFP
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Signez la pétition sur :
Otages en Syrie @OtagesenSyrie
Avec le soutien de
Deux mois, déjà ! Le 6 juin 2013, Didier François, grand reporter à Europe 1, et Édouard Élias,photo-journaliste, ont été enlevés en Syrie, au Nord d’Alep par des hommes cagoulés. Nousn’avons sur eux qu’une seule information : ils seraient vivants, selon des éléments jugésdignes de foi par les autorités françaises.
Quant à leurs ravisseurs, toutes les hypothèses sont ouvertes, nous dit-on : ils pourraient êtreotages d’une milice de l’opposition syrienne, d’une organisation mafieuse ou, tout aussi bien,secrètement détenus par des forces du régime de Bachar Al-Assad.
Les uns ? Ou les autres ? Il ne s’agit pas d’un détail, loin de là. Mais à ce stade, nous savonsde façon certaine que Didier et Édouard sont détenus parce qu’ils faisaient leur métier : nousinformer sur ce conflit.En Syrie, la chasse aux journalistes est ouverte : 21 reporters internationaux ont été enlevés,12 ont été tués depuis le début des évènements en mars 2011.
Le devoir d’informer, la liberté de la presse et, plus crûment, les droits de l’homme appellentrespect et vigilance tout particulièrement dans les zones de conflit. Il appartient aux partisansde Bachar Al-Assad, qui prétend exercer son autorité dans le pays, comme à ses opposants,qui affirment se battre pour la liberté, d’assurer celle de Didier et Édouard.
À nous, il revient de nous battre pour eux : la liberté de l’information est notre liberté à tous.
Le Comité de soutien à Didier et Édouardprésidé par Florence Aubenas, Serge July et Karen Lajon
le 6 août 2013
APPELÀLALIBÉRATIONDEDIDIERETÉDOUARD
OTAGES PARCE QUEJOURNALISTES
Ph. CHAPELLELes 10 otages français dans le monde CENTRE-FRANCE
MALI
BIENTÔT 3 ANS 2 ANS
NIGERArlit
Mata-maros
HomboriDiéma
Rimi
MEXIQUE
SYRIE
ÉTATS-UNIS
IRAKMAURITANIE
Daniel Larribe, ThierryDol, Pierre Legrand,Marc Féret. Employésd’Areva et Vinci,enlevés à Arlit (Niger)le 16 septembre 2010par AQMI (Al-Quaïdaau Maghreb islamique).
Rodolfo Cazares.Chef d’orchestrefranco-mexicain
enlevé par desnarco trafiquantsle 9 juillet 2011
à Matamoros(Mexique).
NIGÉRIA
1 AN ET 8 MOISSerge Lazarevic. En voyaged’affaires pour un projet de ci-menterie, son enlèvement, le24 novembre 2011 à Hombori(Mali) est aussi revendiquépar AQMI.
8 MOISGilberto Rodriguez-Leal.Parti en camping-car, il estenlevé le 20 novembre 2012à Diéma (Mali) par le MUJAO(Mouvement pour l’unicitéet le jihad en Afrique del’Ouest).
7 MOISFrancis Col-lomp. Ingé-nieur, il est prisen otage le 19décembre 2012à Rimi (Nigéria)par Ansaru,un groupus-cule islamiste.
2 MOISDidier François,Édouard Élias.
Journaliste et photo-graphe pour Europe 1,
ils sont enlevésle 6 juin 2013
au nord de la Syrie.
D. Larribe
G. Rodriguez
D. François É. Élias
S. Lazarevic
Th. Dol M. Féret
R. Cazares
F. Collomp
P. Legrand