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C O N S T R U I R E L A M É D I T E R R A N É E17
~J
UIL
LE
T 2
011
IPEMED NEWS ~ Juillet 2011 1
w La mondialisation a tué le voisinage, maisla crise économique
et financière lui aredonné vie. C’est une bonne nouvelle pourceux
qui œuvrent en faveur de la créationd’une Union
euro-méditerranéenne.Longtemps (1970-2008), la globalisationde la
planète a été au premier plan. Lespays et les entreprises signaient
desaccords de libre-échange et des contrats…Chacun cherchait des
coûts de production
de plus en plus bas et négligeait sonvoisin. L’OMC a essayé,
sans succès,de réguler la mondialisation. La foliespéculative a
conduit à la crise de 2008-2010 et a engendré des peurs etle
populisme dans de nombreux pays,en particulier en France où les
habitantssubissent les conséquences de la globali -sation mondiale
et de l’élargissementde la régionalisation aux Peco. Maisil existe
une autre voie pour mener àl’internationalisation : la
régionalisation.Le Benelux fut un premier exempleet en 1957 la
Communauté européenne àsix lui a emboîté le pas. Puis le
Comecom,l’Alena, l’Asean, et en 2008 la créationde l’UPM allant
dans le sens de l’histoire.
L’internationalisation par larégionalisation avec des voisins
estun processus lent et difficile mais plusriche que la
globalisation. Cetterégionalisation par l’économie puis parles
institutions et le politique progresseet dessine un monde
multipolaire entrois blocs dénommés les trois quartiersd’orange :
la région des deux Amériques,de la Chine et la grande région
Europe-Méditerranée-Afrique. Les révolutions dans les pays
arabesrendent possible cette régionalisationéconomique et
politique. Mais ellesexigent aussi des révolutions en Europe.Le
tandem franco-allemand a de nouveauun rôle historique à jouer.
Jean-Louis Guigou Délégué général d’Ipemed
Le retour duvoisinage et dela régionalisation
expression et les prévisions de crois-sance sont évaluées à 1%
pour 2011(contre 5,1% en 2010) pour l’Égypteet à 1,3% pour la
Tunisie (contre3,7% l’année dernière) et le taux dechômage va
augmenter de façonsensible. Il faut donc accompagnercette phase de
transition d’autantque les projets d’investissementsdirects dans
les pays du Sud ontdiminué de 13% par rapport aurythme de 2010,
selon l’observatoireAnima Investment.
DÉFI DE TAILLE Avant de se rendreà Deauville où ils étaient
invités, BéjiCaïd Essebsi, Premier ministre tuni-sien, avait
chiffré les besoins de sonpays à 25 milliards de dollars surcinq
ans, et son homologue égyp-tien, Essam Charaf, entre 10 et
12milliards de dollars d’ici à mi-2012.Des négociations sont en
cours avecle Fonds monétaire international(fmi) pour une aide de 3
à 4 mil-liards. La Banque mondiale a éla-boré un plan d’aide d’un
montant
de 4,5 milliards à l’Égypte sur lesdeux années à venir afin de
renfor-cer son budget et 1,5 milliard a étépromis à la Tunisie. La
Banqueeuropéenne d’investissement (bei),institution de financement
à longterme de l’UE, mais aussi la Banqueeuropéenne pour la
reconstructionet le développement (Berd), semobiliseront, mais
l’aide prendra laforme de prêts. Dès lors, le risqueest grand de
créer des problèmespolitiques et économiques difficilesà surmonter
pour ces pays lorsqu’ilfaudra rembourser ces sommes. Au-delà de ces
annonces, il faut met-tre en place, le plus rapidement pos-sible,
les mécanismes afin que lesgouvernements puissent répondreaux
demandes sociales fortes despopulations les plus fragiles et
éviterqu’elles dénoncent l’aggravation deleur situation de vie à la
suite desrévolutions. Le défi est de taille.
Agnès Levallois
Lire pages 4 et 5 l’interview de Hasni Abidi, politolgueet de
Jean Pierre Séréni, économiste.
Le G8 et laMéditerranéeLES PAYS LES
PLUS RICHES
SE SONT RÉUNIS
À DEAUVILLE,LES 26 ET
27 MAI, AFINDE TROUVER DES
SOLUTIONS POUR
AIDER LES PAYS
DU SUD DANS
CETTE PÉRIODE
DE TRANSITION
QUI SUCCÈDE
AU PRINTEMPS
ARABE.
Comment accompagner lesbouleversements au Sud dela Méditerranée?
Telle a étéla question posée aux pays les plusriches de la planète,
réunis à Deau-ville les 26 et 27 mai 2011, et quiont lancé à cette
occasion le Parte-nariat de Deauville. Le «printempsarabe» est un
défi aussi bien pourles pays du Sud que pour ceux duNord et ces
derniers ont compris lanécessité d’aider la période de tran-sition
afin de préserver le formida-ble mouvement citoyen qui s’estdéroulé
en Tunisie, en Égypte et quitente de se faire entendre dans
d’au-tres pays comme la Libye, la Syrie,le Yémen… Il y a urgence à
agir carla principale ressource qu’est le tou-risme est réduite à
sa plus simple
ÉDITO
Bande roles au Caire :«Le peuple veut lachute du régime.»
G.FAVARI
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En France, la presse s’estintéressée au financementdes pays
méditerranéensmais aussi au devenir de l’upmà la différence de la
presse inter-nationale qui n’a pas évoqué cesujet. «L’upm peut-elle
renaître deses cendres?», Les Échos posentainsi la question, voyant
là uneoccasion pour relancer le proces-sus institutionnel de
l’Unionpour la Méditerranée. Le vice-président de la bei, Philippe
deFontaine-Vive, détaille dans LaTribune les «40 milliards de
dollarspour le printemps arabe» et reve-nant sur le rôle de la bei
et duFemip qui devraient s’engager à hauteurde «6 milliards
jusqu’en 2013», il préciseque l’idée, en Tunisie, serait de
dynami-ser l’économie en favorisant la créationd’emplois ; en
Égypte, la priorité irait auxprojets d’infrastructure et au soutien
auxentreprises. Et d’ajouter à propos del’upm : cette «idée est
arrivée trop tôt» et«le printemps arabe est l’occasion de refon-der
l’Union pour la Méditerranée, mais au-delà des projets techniques
et sectoriels évo-qués en 2008 et en prenant davantage encompte les
aspirations de la jeunesse».
LES ANGLO-SAXONS, sceptiques,critiquent «l’insuffisance et
l’am-biguïté» des promesses definancement des pays du g8 ensoutien
aux printemps arabeset ne parlent pas de l’upm. TheIndependent
souligne l’écartentre les 40 milliards de dollarsannoncés par le
président Sar-kozy et les 2 milliards mention-nés dans la
déclaration finale.Pour le Financial Times, lessommes annoncées ne
sont pasà la hauteur des enjeux. L’éco-nomiste Joseph Stiglitz
rappelleque les interventions militairesen Irak et en Afghanistan
ont
moins fait avancer la démocratie que lesrévolutions en Tunisie
et en Égypte. Ilserait donc plus judicieux d’investir dansces pays
plutôt que de poursuivre desactions armées. Pour le New York
Times,les promesses des pays occidentaux sontmotivées par «la peur
d’une dérive isla-miste» dans le monde arabe. Selon lui,le soutien
des pays du g8 aux paysarabes dépendra de leur capacité à s’ou-vrir
au marché, à créer des emplois et àgérer les crises politiques et
institution-nelles intérieures.
DU CÔTÉ DE L’UE, l’hebdomadaire Euro-pean Voice souligne que la
crise enEurope, et les mesures d’austérité, ris-quent de freiner le
soutien à la transitiondémocratique dans les Psem.
DANS LES PSEM, le regard est plutôt posi-tif sur les résultats
du sommet. «Unsoutien de poids aux révolutions arabes»,titre
l’hebdomadaire égyptien AlAhram. Pour le quotidien marocain AuFait,
l’aide promise est une forme desoutien au processus démocratique.
Lejournal en ligne tunisien Leaders y voitaussi un succès
diplomatique pour laTunisie. La proposition de créer
des«partenariats de long terme» est vuecomme une opportunité.
Al-Ahram interprète les déclarationsofficielles comme des
encouragementsaux populations des pays en transitiondémocratique à
résister aux tentationsanti-démocratiques. La stratégie du g8est
comparée à celle du plan Marshallau sortir de la Seconde Guerre
mon-diale. Mais il critique l’écart entre lesmontants annoncés par
les dirigeantsdu g8 et les demandes d’aide formuléespar l’Égypte et
la Tunisie. Le quotidienalgérien El Watan est méfiant quant aux
promesses du g8 à l’Égypte et laTunisie, mettant en avant
l’ambi-güité des conditions de finance-ment et une crainte de
néocolo-nialisme. Selon lui, ces paysauraient davantage besoin
d’ini-tiatives favorisant le rapproche-ment entre les économies
despays du Nord et du Sud de laMéditerranée.
Keith Nadim Carr, stagiaire Ipemed
2 IPEMED NEWS ~ Juillet 2011
PERSPECTIVE
LA PRESSE
INTERNATIO -NALE S’ESTINTÉRESSÉE
AUX
DÉCISIONS
ANNONCÉES
QUANT AU
FINANCEMENT
DE L’AIDEACCORDÉE
AUX PAYS
MÉDITER -RANÉENS.TOUR
D’HORIZON.
Barack Obama(États-Unis),Nicolas Sarkozy(France),Stephen
Harper(Canada), NaotoKan ( Japon),Angela Merkel(Allemagne) et
DavidCameron (Royaume-Uni) faisaient partiedes chefs d’État etde
gouver ne mentréunis à Deauville .
l Proposé par l’Autoritépalestinienne et expertisépar le
secrétariat del’Union pour la Méditerra -née, un projet d’usine
dedessale ment d’eau pourla bande de Gaza a été
approuvé à l’unanimitépar les ambassadeursde l’upm le 22 juin.
Cetteusine sera un composantessentiel du programmed’approvision
nementen eau potable deshabitants, enjeu vital auregard de la
situationhumanitaire à Gaza. Lecoût du projet est estimé
à 310 millions d’euros etla durée de sa réalisationestimée à
cinq ans.L’Autorité palesti niennes’est félicitée de cettedécision
car la crise del’eau dans la bande deGaza est
extrêmementpréoccupante, l’essentielde la nappe phréatiqueétant
polluée.
PROJET .
Dessalementà Gaza
La presse réagit aux décisions du G8
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COMMENT
CONTRIBUER
À LA MISE
EN PLACE
D’ÉTATS DEDROIT ? C’ESTL’UN DESGRANDS
CHANTIERS
DE L’UPM, SIELLE VEUT
PARTICIPER À
LA STABILITÉ
ET À LA
PROSPÉRITÉ
DE LA RÉGION
EURO-MÉDITER -RANÉENNE.
Les mouvements de contestation qui tra-versent les pays arabes
obligent à revoirce qu’est l’Union pour la Méditerranée età
réfléchir sur ce que pourrait être le nouveaucadre de cette
instance qui, à part quelques pro-jets dans le domaine n'a pas,
faute de visiond’ensemble, su insuffler une nouvelle dyna-mique aux
relations entre les deux rives de laMéditerranée. Il est probable
que les nouveauxinterlocuteurs de la rive sud seront plus
exi-geants vis-à-vis du Nord en demandant à par-ticiper à la
rénovation de cette union par unvéritable dialogue, une vraie
concertation sansocculter les points de divergence. L’upm peut-elle
contribuer aujourd’hui à la stabilité et laprospérité de la zone
euro-méditerranéenne?Oui si elle acceptait de poser sur la table
desnégociations les préoccupations essentiellesdes populations,
comme celle de la libre circu-lation des personnes – quand l’Europe
ne parleque de sécuriser les frontières –, du soutien auxsociétés
civiles et peut-être avant tout la recon-naissance de la volonté
populaire qui s’est expri-mée à travers la revendication de la
dignité.
AMBITION NOUVELLE Une des grandes leçonsdes printemps arabes
tient à l’universalité desrevendications des populations et de
la leçonque les pays du Nord doivent en tirer. Aprèsavoir mis en
avant la seule dimension écono-mique dans les projets de l’upm, il
est tempsde s’arrêter sur la dimension politique et undes chantiers
pourrait être comment contribuerà la mise en place d’États de droit
avec la garan-tie de la liberté d’expression, du droit à la
sécu-rité et la fin de l’arbitraire. Une fois ce cadreétabli, on ne
parlerait plus seulement de miseà niveau ou de convergence
économiques,même si elles sont fondamentales, mais d’uneambition
nouvelle pour les peuples des deuxrives de la Méditerranée. Agnès
Levallois
FOCUS SUR L’UPM
Où en est l’UPM?
IPEMED NEWS ~ Juillet 2011 3
Point centralde la vie cairote,la place Tahrira été le point
deralliement desmanifestations.
l Youssef Amrani, secrétairegénéral du ministère marocaindes
Affaires étrangères, a éténommé secrétaire généralde l’upm lors de
la réunionde hauts fonctionnaires des paysmembres de cette
organisationqui s’est tenue à Barcelonele 25 mai. Celle-ci était
sanssecrétaire général depuisla démission en janvierdu Jordanien
Ahmad Masa’dehqui avait expliqué que «lesconditions dans lesquelles
il avaitaccepté (ce poste) avaientchangé». La candidature de
YoussefAmrani était soutenue parl’ensemble des pays du Sudet par la
France. Alain Juppéa immédiatement déclaré:«Nous comptons
surMonsieur Amrani pourmettre en œuvre desprojets de
coopération
à même d’accompagner lesréformes et les mouvementsà l’œuvre au
Sud dela Méditerranée. Plusieurssecteurs doivent faire l’objetd’une
attention particulière :la jeunesse, à travers notammentle projet
d’office méditerranéende la jeunesse, la société civile,le
développement économique,les énergies renouvelables ouencore la
protection civile.»Dès son arrivée au Quaid’Orsay, Alain Juppé
avaitappelé à «relancer»l’upm, «plus nécessaireque jamais» selonlui
pour permettre auxcitoyens de la rive sudde vivre chezeux en
connaissantdémocratie etprospérité.
l Le prix Méditerranée 2011 a été attribué àPierre Assouline,
pour Vies de Job (Gallimard).Le prix Méditerranée étranger revientà
Dimitris Stefanakis pour Jours d’Alexandrie
(Viviane Hamy).«Fondé en 1984 par le Centreméditerranéen de
littérature, le prixMéditerranée a pour ambitionde valoriser
l’espace culturel entreles différents pays dont laMéditerranée est
le creuset etde reconstruire le récit épiquedes diversités
fondatrices de sonidentité». Il est placé sous l’égidedu Conseil
culturel de l’Unionpour la Méditerranée.
LITTÉRATURE .
Pierre Assouline Dimitris Stefanakis
Prix Méditerranée 2011Youssef Amrani étaitsecrétairegénéraldu
ministèremarocaindes Affairesétrangèresdepuisnovembre 2008.
NOMINATION .
Youssef Amrani,nouveausecrétaire général
-
RENCONTRE
tel qu’il existait et qui était extrêmementpuissant doit
respecter les nouvelles ins-titutions et ne pas essayer de les
influen-cer. Cela va être difficile car le champpolitique joue
plutôt l’unité nationale.Par conséquent, les choix économiqueset
sociaux nouveaux vont diviser lasociété.
Quelles sont les priorités politiqueset économiques ?
JPS : Il faut prendre des mesures d’ur-gence car il y a un
mauvais cap à passer :ralentissement de la croissance, deséchanges,
du tourisme, augmentationdu chômage. Mais les mesures finan-cières
suffiront-elles? Ne faut-il pas enenvisager d’autres telles que le
rétablis-sement de certains taux de change, lesursis à transfert de
capitaux, de profitsdes entreprises étrangères installéesdans ces
pays. Le programme à mettreen place ensuite doit mobiliser les
capi-taux privés internes et attirer des capi-taux externes.HA : Il
est difficile, alors que la sécuritén’est pas assurée, de
convaincre lesinvestisseurs européens, du Golfe oulocaux
d’investir, de faire confiance à cesmarchés. L’un des pactes qui a
fait lebonheur de ces pays du Sud est la sécu-rité et la stabilité.
La sécurité, cela veutdire ouvrir le débat à d’autres forces, y
Quels sont les enjeux politiqueset économiques de la transition
?HASNI ABIDI : Un des premiers enjeux dela transition politique,
c’est l’identifica-tion de ses acteurs, ceux qui sont capa-bles de
mener à bien les réformes poli-tiques et de piloter cette
transition.L’interrogation porte sur la forme qu’elleprendra.
Faut-il s’appuyer sur lesanciennes institutions, sur la
Constitu-tion légèrement amendée ou faut-il tra-vailler sur de
nouvelles institutions etune nouvelle constitution? L’enjeu
éco-nomique et financier est égalementessentiel car les causes
économiques etsociales qui ont conduit à ce printempsarabe sont
toujours là et elles se sontmême aggravées, surtout avec la
criselibyenne et les flux migratoires qui endécoulent.
JEAN PIERRE SÉRÉNI : La dis-cussion publique n’a pasencore porté
sur ces enjeuxalors que les révolutionsont des
conséquencesimportantes : ralentisse-ment de la conjoncture
etcroissance beaucoup plusfaible qu’espérée. Il y a bienévidemment
un accordpour des financements derelais pour passer ce mau-
4 IPEMED NEWS ~ Juillet 2011
vais cap, mais il n’y a pas de discussionsérieuse sur
l’avenir.
Pourquoi ?
JPS : La nouveauté politique submergetout et, dans ces
conditions, les ques-tions économiques sont reléguées ausecond
plan. HA : L’économique était monopolisé parceux qui exerçaient le
politique. La libé-ralisation politique n’a pas profité à
lalibéralisation économique. On n’a pasvu une classe moyenne, un
entreprena-riat en mesure de pouvoir jouer à la foisun rôle
politique et économique. C’estpour cette raison que l’économie
neparaît pas prioritaire alors que c’est enréalité un des moteurs
de ce printempsdémocratique. Pour réussir cette transi-
tion, il faut avoir une alter-native économique qui nesoit pas
politisée. Il fautabsolument que la gestiondes affaires
économiquessoit indépendante.JPS : Il faut détricoter ce quiétait
la fusion du pouvoiréconomique et du pouvoirpolitique. Le nouveau
pou-voir politique doit laisser lepouvoir économique endehors de
son jeu et inverse-ment le pouvoir économique
Jean-Pierre SéréniJournaliste, collabora teurrégulier au
«Mondediploma tique», il est aussil’auteur de nombreuxouvrages
économiques etpolitiques.
Hasni Abidi et Jean-Pierre Sérénianalysent les enjeux de la
transition enTunisie et en Égypte et la nature dusoutien du G8 aux
processus en cours.
Hasni Abidi Politologue, directeur du Centred’études et de
recherchesur le monde arabe et méditer -ranéen (Cermam) et
chercheurinvité à Paris I, il vientde publier «Le Manifeste
desArabes» (éd. Encres d’Orient).
“LA STABILITÉ,C’EST UN TOUTAVEC DES
DYNAMIQUES EN
MESURE DE PORTER
LE CHANGEMENT,DE SOUTENIR LES
PARTIS POLITIQUES,LES SYNDICATS ET
LE TISSU
ÉCONOMIQUE.
«Il faut en finir avecla fusion dupolitiqueet de
l’économique»
SIX MOIS APRÈS LE DÉBUT DES RÉVOLTES ARABES
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IPEMED NEWS ~ Juillet 2011 5
compris aux forces du passé.Il faut ouvrir le champ poli-tique,
en excluant bien évi-demment ceux qui ont lesmains tachées de sang
(c’estdu ressort de la justice). L’ex-clusion du champ politiquede
certains éléments peut per-turber cette transition et peutêtre la
cause de l’instabilité.
Les annonces faites à Deauville lorsdu G8 sont-elles en mesure
de donnersatisfaction aux pays du Sud ?
JPS : Cinq milliards de dollars vont êtrerépartis sur deux ans
(2011-2012) entreLe Caire (3,5 milliards) et Tunis (1,5 mil-liard).
Ces sommes viennent des insti -tutions multinationales, la Banque
mon-diale ou la Banque africaine dedéveloppement, et d’agences
nationalescomme l’Agence française de dévelop-pement, la Banque
européenne d’inves-tissement. C’est l’endettement qui, àterme, va
poser des problèmes. Larelance de ces économies peut-elle sebâtir
sur l’endettement ?HA : À Tunis, le Premier ministre espa-gnol, qui
a été le premier à se rendre surplace, a annoncé un plan
Marshall.Celui-ci a été bien accueilli, la situationétant
particulièrement difficile en raisondes flux migratoires, du retour
des tra-
Les bouleversements actuelspermettront-ils une
intégrationrégionale ?
HA : Les pays du Sud ont besoin de cetteintégration pour leur
survie, pour deve-nir un interlocuteur valable face aux
ins-titutions financières internationales. JPS : L’intégration sera
peut-être plusfacile d’un point de vue humain maissans être pour
autant exclusive. Ces paysont une population jeune et un besoinde
forte croissance. Doivent-ils se bran-cher uniquement sur
l’ensemble euro-péen qui est une importante masse àtrès faible
croissance. Ne faut-il pasregarder vers des zones à
croissancerapide comme l’Asie et établir des liensavec ces pays qui
dépassent le simplelien commercial? L’intégration vers levoisin
européen oui, mais en explorantd’autres pistes.
Quelles seraient les premières mesuresd’urgence qui
permettraient cettetransition et les écueils à éviter ?
HA : Pour qu’une transition soit réussie,il faut un processus de
négociation quiinclut toutes les composantes et ne pasrecourir à
d’anciennes méthodes. Leministre britannique des Affaires
étran-gères a déclaré : «Nous ne voulons pas quela Libye soit un
autre Irak», référence àla politique de débathification,
c’est-à-dire de démembrement du parti au pou-voir, de l’armée et de
la police en Irak quiont coûté très cher. La volonté de casserà
tout prix avec le passé peut être dange-reuse. Miser sur la
réconciliation, incluretoutes les sensibilités politiques sont
lesconditions d’une transition réussie. JPS : Le problème central
est de ne lais-ser personne à l’écart. Il faut que leschangements
opérés soient négociés etacceptés par la population. La questiondu
consensus va s’imposer. Il n’est dupouvoir de personne de faire
disparaîtrele courant nationaliste incarné par lepnd et le rcd au
nom de l’histoire pas-sée, car ces courants existent toujours.Il y
a deux tendances à l’œuvre: la récon-ciliation et l’épuration.
Mais, avec letemps, la première prendra le pas sur laseconde. La
difficulté du débat publicest compréhensible. Les gens ont dumal à
dialoguer, à entendre des opinionsdifférentes, le débat a tendance
à dispa-raître. Il y a là un apprentissage indis-pensable à faire
pour que les processuspuissent être à la fois consensuels et
tou-cher le maximum de personnes.
Propos recueillis par Agnès Levallois
vailleurs tunisiens et égyp-tiens de Libye, avec une
baisseconséquente de transfert dedevises. Les pays du Golfe
ontaussi une responsabilité et ilsdevraient participer à
l’effortpour soutenir cette transitioncar de sa réussite dépend
lastabilité de la région. La sta-bilité, ce n’est pas un kit
élec-
toral, c’est un tout avec des dynamiqueséconomiques et sociales
en mesure deporter le changement, de soutenir lespartis politiques,
les syndicats, le tissuéconomique. Ce sont là des priorités
etl’Europe a une expertise à apporter.
Cela a-t-il un sens de parler de planMarshall ?
JPS : Non parce qu’historiquement lesAméricains donnaient des
devises auxÉtats européens pour importer des marchandises
américaines. Ici, noussommes dans un schéma de prêts qu’ilfaudra
rembourser et c’est bien la dif-ficulté. Est-ce que la combinaison
entreles prêts et les dons est satisfaisante ?Je ne pense pas que
ces deux pays soienten mesure de supporter un plan Mar-shall, quel
que soit le nom qu’on luidonne, en Tunisie on a parlé de
planBouzidi, il va falloir le revoir afin qu’ily ait plus de dons
et moins de prêts.
“IL FAUTQUE LESCHANGEMENTS
OPÉRÉS SOIENT
NÉGOCIÉS ET
ACCEPTÉS PAR
LA POPULATION.
Manifestationà Rabat.Après lesTunisiens etles Égyptiens,les
Marocainsdemandentdavantage dedémocratie.
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6 IPEMED NEWS ~ Juillet 2011
Révolutions.Le réveil dumonde arabe«MOYEN-ORIENT»N°10,
avril-juin 2011
Ce numéro de la revue de géopoli-tique, géoéconomie,
géostratégie etsociétés du monde arabo-musulmans’intéresse au
réveil du monde arabe et s’at-tache à comprendre, à décrypter les
dyna-miques révolutionnaires et les transforma-tions dans cette
région du monde.Analyses, entretiens et points de vue don-nent les
premières pistes de réflexion. L’en-quête menée dans le cadre de
l’Arab Baro-meter Survey sur les comportements de lapopulation
arabe face à l’islam et à la poli-tique est riche d’enseignements
car on ydécouvre une opinion publique largementfavorable à la
démocratie, et c’est le sensdes manifestations qui se sont
dérouléesau Caire, Tunis ou Sanaa. Enfin, la carto-graphie proposée
permet d’appréhenderaussi bien les points communs que lespoints de
divergence de cette contestation.
Éloge de la haine KHALED KHALIFA
Sindbad, Actes sud, 2011
Publié en 2006, la traduction de ceroman vient de sortir et a
unincroyable écho avec le drame qui sedéroule actuellement à huis
clos en Syrie.En effet, il relate, à travers le
personnageprincipal, une jeune femme née dans unefamille
traditionnelle à Alep, les événe-ments sanglants que ce pays a
connus toutau long des années 80, lorsque les Frèresmusulmans ont
tenté de déstabiliser lepouvoir alaouite, et la réaction
extrême-ment brutale de celui-ci. Si la nature de lacontestation
est différente, la violence durégime n’a pas changé.
Comprendre le réveil arabe«MANIÈRE DE VOIR. LE
MONDEDIPLOMATIQUE»N°117, juin-juillet 2011
Le temps du soulèvement, Un si longhiver et Résistances
culturelles sont lestrois parties de ce bimestriel quireprend des
articles publiés dans Le Mondediplomatique. Certains laissaient
déjà per-cevoir les changements auxquels nousassistons depuis
quelques mois, ce quirend leur lecture très instructive. Par
exem-ple, le retour sur les racines ouvrières dela révolte
égyptienne, que propose l’articlede Raphaël Kempf, démontre que
lesgrandes grèves qu’a connues l’Égypte à par-tir de 2004 ont
préparé la révolte de 2011.Celui de Jacques Thobie, Les frontières,
brû-lantes cicatrices du partage colonial, permetde comprendre que
les traces du décou-page colonial du Proche-Orient sont
encoreprésentes. L’interrogation que pose Jean-Pierre Séréni dans
son article, En Algérie,où va l’argent, est toujours d’actualité
cinqans plus tard. La dimension culturelle n’estpas oubliée et en
dépit de la censure et del’autoritarisme, des formes de
productionculturelle se sont développées. Le numérose termine par
l’indispensable article surAl-Jazira. Cette télévision qui dérange,
quia joué et joue encore un rôle décisif dansles bouleversements
actuels de la région.
Le 89 arabe. Réflexions sur les révolutionsen coursBENJAMIN
STORA.DIALOGUEAVEC EDWY PLENEL
Un ordre d’idée. Stock
Le dialogue entre Benjamin Stora, his-torien spécialiste de
l’Algérie, et lejournaliste Edwy Plenel est né de lavolonté de ces
deux hommes d’analyser,d’expliquer et d’évaluer la portée de la
révo-lution démocratique et sociale que connaîtle monde arabe. Ce
«89» arabe évoque1989, chute du mur de Berlin mais aussi1789, date
de la Révolution française. L’in-térêt de cet échange est de
revenir sur l’his-toire de la région afin de comprendre lesressorts
du mouvement actuel même sil’imprévu, l’inédit ont toute leur
place.
À LIRE www.crisisgroup.org«INTERNATIONAL CRISIS GROUP»
w Les rapports rédigés par l’InternationalCrisis Group (icg)
sont intéressantsmême si ce think tank a été surprispar les
soulèvements dans la région(il avait fermé son antenne au
Maghrebquelques mois auparavant). Il vientde publier son cinquième
rapportsur les soulèvements populaires enAfrique du Nord et au
Moyen-Orientconsacré cette fois à la Libye. Lepremier traitait de
l’Égypte (24 février),le deuxième du Yémen (10 mars),le troisième
de la révolte au Bahreïn(6 avril) et le quatrième de la Tunisie(28
avril). Ces études se terminenttoutes par des recommandationsdont
la lecture est particulière mentstimulante. Par exemple, pour
RobertMaley, directeur du programmeMoyen-Orient/Afrique du Nord
:«La Tunisie est le pays où touta commencé, c’est également le
paysoù la transition démocratique présenteaujourd’hui les plus
fortes chancesde réussite. Pour la région et le restedu monde,
c’est là une raison suffisantede continuer à prêter attentionà la
Tunisie et de l’aider à poursuivreson chemin.»
Printemps arabes.Comprendre les révolutionsen marche«MOUVEMENTS
DES IDÉESET DES LUTTES» 2011/2, n°66. La Découverte
w Lancé au lendemain des premièresmanifestations, ce numéro,
bienqu’élaboré à chaud, est passionnantcar les auteurs sont des
chercheurs –politologues, sociologues – installéssur les deux rives
de la Méditerranée.Attentifs depuis de longs moisaux évolutions des
sociétés, ils enpercevaient les réalités, dont certainessont loin
de l’image qu’en avaientles pays européens, notamment cellequi
mettait en avant la naturerétrograde de l’islam, l’obsessionde la
«menace islamiste» etle fatalisme des populations.Mouvements
analyse à la fois l’étatde ces sociétés et observe la
périoderévolution naire actuelle, ce qui permetde «comprendre les
révolutionsen marche», pour reprendre le sous-titre de cette
publication. Des articlessur le Maroc, la Jordanie, le
Yémendécryptent « l’effet domino». Celuisur l’expérience algérienne
revient surle soulèvement contre l’autorita rismed’octobre 1988 qui
avait provoquéla mort de cinq cents personnes,ce qui fait dire aux
Algériens qu’ils ontété les premiers à se révolter danscette région
du monde.
RAPPORTS
-
l Dans ces working papers,des experts internationaux,des
analystes, des chercheursproposent des élémentsde réflexion et de
débat en priseavec l’actualité méditerranéenne.Le terme palimpseste
vientdu grec ancienet signifie gratté de
nouveau. Manuscrit écrit sur unparchemin préalablement
utilisé,et dont on a fait disparaîtreles inscriptions pour y
écrirede nouveau, il illustre une formed’imperma nence des
écrits…
IPEMED NEWS ~ Juillet 2011 7
LES PUBLICATIONS D’IPEMED
Régulations régionales de la mondialisation Quelles
recommandations pour la Méditerranée ? COORDONNÉ PARPIERRE
BECKOUCHE
Construire la Méditerranée. Ipemed
Coordonné par Pierre Beckouche, l’ouvragerend compte des travaux
d’un grouped’experts réuni par Ipemed pour traiterde la relation
entre intégration régionale et régu-lation. L’idée étant qu’aucune
vision stratégiqued’ensemble de ce que devraient et pourraientêtre
une intégration profonde et des régulationseuro-méditerranéennes
communes n’est véri-tablement proposée. Le partenariat lancé à
Barcelone en 1995, quiassocie le libre commerce avec l’objectif
centrald’une zone de libre-échange et convergence desagrégats
macroéconomiques comme la dette, ledéficit, ou l’inflation, n’a pas
permis une aug-mentation sensible du commerce entre les deuxrives.
En revanche, l’intégration dans des sec-teurs comme l’énergie a
progressé, notammentle marché du gaz entre le Maghreb et
l’Europeoccidentale. Le processus a facilité une stabili-sation
macroéconomique et l’établissement d’ac-cords (comme ceux d’Agadir)
pour des échangeslibres entre les pays du Sud de la Méditerranée.La
crise économique de 2008 et le lancementde l’Union pour la
Méditerranée sont perçuscomme des opportunités pour développer
larégionalisation euro-méditerranéenne, à traversla compétitivité
productive et la gouvernancepartagée entre les pays du Nord et ceux
du Sud.Après avoir présenté les avantages et les dés-avantages à
instaurer des préférences commer-ciales, les auteurs estiment
qu’elles bénéficierontsurtout aux économies du Sud, mais
qu’ellesrisquent de rencontrer des difficultés dans lessociétés
démocratiques du Nord et de contredireencore les règles de l’omc.
Ils critiquent l’UE pour son «manque de stratégieméditerranéenne,
de bureaucratie excessive et derégulation insuffisante», ce qui
n’encourage pasles pays du Sud. Ils comprennent aussi qu’il n’ya
pas, pour l’instant, de vraie volonté dans lespays du Nord ou du
Sud. Selon eux, les pays duSud n’ont pas de stratégie claire pour
la régionmais ils cherchent à préserver leurs intérêts àtravers des
accords bilatéraux. Enfin, les auteursestiment qu’un minimum de
régulation estnécessaire afin de permettre un projet d’intégra-tion
régionale et qu’une telle régulation peut pro-téger les pays
adhérents des impacts de la crisefinancière. Keith Nadim Carr,
stagiaire Ipemed
Les réseaux profession nelstransmédi terranéensAMAL CHEVREAU,
MAXIME WEIGERTN°1, février 2011
l Nombreux, ces réseaux nesont malheureusement pasvalorisés
alors qu’ils représententune force et un atout pourl’intégration
euro-méditerrané -enne. En partant de l’exempleréussi de
l’intégration parles réseaux de l’espace baltique,cette étude
explique en quoila façon dont l’Union européenneenvisage leur
implicationdans la construction de la régioneuropéenne élargie
limiteleur influence.
L’industrie allemandedans les PecoHASSAN BENABDERRAZIK,MAXIME
WEIGERT
N°2, mars 2011
l Le modèle d’intégrationindustrielle régionale inventépar
l’Allemagne, qui reposesur la proximité géographiqueet sur la
complémentaritédes économies, peut-il êtreune source de réflexion
pourune projection en Méditerranée ?Tel est l’objet de ce
document,même si en raison desdifférences structurelleset
historiques entre les Psemet les Peco, il n’est pas questionde le
transposer mais plutôtde travailler à l’adaptationde ce modèle.
Une nouvelle collection : Ipemed Palimpsestes
Bilan d’Euromed. Un état des lieux du financementpar l’UE du
développementen MéditerranéePIERRE BECKOUCHE
N°3, mai 2011
l La question du financementdu partenariat euro-méditerra -néen
par l’UE suscite moultedébats. Cette étude dépassel’analyse des
seuls montantsde l’Instrument européen de voi -sinage et de
partenariat (ievp).Elle évalue la place de la Méditer -ra née dans
l’aide publique audéveloppement et précise lepoids de l’instru ment
financierd’Euromed dans cette aideet ses contours : orientation
etpart du soutien au secteur privé.
Pour une réelle coopérationénergétique en MéditerranéeMUSTAPHA
K. FAÏDN°4, ma1 2011
l Mustapha K. Faïd, proposeque l’énergie joue un rôle majeuren
tant que facteur fédérateurdans les relations intra-Maghrebpuis
comme élément moteurd’une coopération régionaleMaghreb-Europe,
«équilibréesolidaire et ambitieuse».Il s’appuie sur la proposition
faitelors du lancement du processusde Barcelone :
considérerl’énergie comme « le moteurdu développement économique
etde la coopération dans la régioneuro-méditerranéenne». Les
payseuro-méditerranéens, confrontésà des défis majeurs, doivent
faireles bons choix, qu’il soientd’ordre stratégique, économiqueou
politique.
Téléchargerles numérosd’«Ipemed
Palimpsestes» :www.Ipemed.coop
> Publications
-
L’afd a-t-elle revu ses priorités àla lumière des événements que
connaîtle monde arabe depuis six mois ?Si oui, qu’elles sont-elles
?
CAROLINE CORNU : Nous intervenons enMéditerranée depuis 1992.
Notre mis-sion est d’appuyer les pays de la régiondans leur
développement économique,social et environnemental. Une nouvelleère
s’est ouverte avec le printemps arabe,elle fait émerger une demande
forted’appui à la définition, à l’accompagne-ment et à la mise en
œuvre de nouvellespolitiques publiques. Dans l’immédiat,nous
voulons les aider pour faciliter lesuccès de leur transition
politique. Par
le financement de plans sectoriels quicombinent la relance
économique et desmesures sociales d’urgence, nous cher-chons à les
soutenir dans leur croissanceet leur cohésion sociale.
Comment les accompagnez-vous ? CC : Nous travaillons ensemble
sur lessecteurs où nous pouvons apporter dufinancement mais aussi
une plus-valuetechnique. L’afd n’est pas qu’un bailleur,son
expertise technique est reconnue etrecherchée par nos
partenaires.En Tunisie par exemple, notreaide se concentrera sur
troisdes quatre priorités de leur
Plan d’appui à la relance : l’emploi et laformation
professionnelle ; le dévelop-pement régional et l’intégration
deszones défavorisées et le secteur financier.
Serait-il possible de faire un focus surl’aide que l’afd apporte
à la Tunisie ?
CC : La France a joué un rôle pionnierdans le plan d’aide
internationale enfaveur de l’économie tunisienne. LesTunisiens nous
ont formulé desdemandes dès la nomination du gouver-nement du
Premier ministre Essebsi enfévrier. Le 21 avril à Tunis, le
ministrefrançais des Affaires étrangères, AlainJuppé, annonçait une
aide de 350 mil-lions d’euros. Le 27 mai à Deauville, ledirecteur
général de l’afd signait une
première convention de finan-cement de 185 millions d’eurosà
décaissement rapide ainsiqu’une deuxième conventionde 15 millions
d’euros pourl’École nationale des ingénieursde Bizerte. Parce que
toute poli-tique d’emploi trouve seslimites dans les capacités
del’économie à occuper la popu-lation active, cette premièretranche
conjugue le soutien àl’emploi et le renforcement decapacité du
secteur financierpar le développement de la
micro-finance et du capital investisse-ment. D’autres projets
sont en prépara-tion, en complément des 200 millionsd’euros signés
au g8. Ils concernerontla réhabilitation des quartiers
populaires,l’amélioration de l’habitat, l’assainisse-ment et
l’accès à l’eau.
Propos recueillis par Agnès Levallois
ÉCHOS
8 IPEMED NEWS ~ Juillet 2011
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Jean-Louis Guigou RÉDACTEUR EN
CHEF : Agnès LevalloisONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : Keith Nadim Carr,
Véronique Stéphan PHOTOS : Larbi Tensaouti, d.r.RÉALISATION :
Patricia Jezequel, Alain de Pommereau IMPRESSION : isi Print (sur
papier certifié pefc)ABONNEMENTS ET CONTACT :
[email protected] ISSN 2106-8410
lettre mensuelle d’information de l’institut de prospective
économique du monde méditerranéen,une association dont le but est
de rapprocher les deux rives de la méditerranée par l’économie
L’AFD intensifie son aide au monde arabe DU CÔTÉ DE NOS
PARTENAIRES.
l Ipemed a enregistrél’adhésion d’une nouvelleentreprise
libanaise, DarAl Handasah, multinationalespécialisée dans le
domainede l’ingénierie. Cette adhésion
deviendra effective aprèsversement de sa cotisationannuelle.
L’arrivée d’uneseptième entreprise libanaise,en qualité de
membrefondateur d’Ipemed, confirme
l’engagement libanais enfaveur du rapprochementeuro-méditerra
néen. IpemedNews reviendra dans uneprochaine édition sur
cettenouvelle adhésion.
DU CÔTÉ D’IPEMED.
Un quartier populairede Tunis. L’AFD projettede s’investir
dansla réhabili tation urbaine.
Un nouveau partenaire libanais
Caroline Cornu, directeur exécutif en chargedes Relations
extérieures et des partenariatsà l’Agence française de
développement, expliquele rôle de l’afd dans les pays
méditerranéens.
“NOUSTRAVAILLONSENSEMBLE
SUR LES
SECTEURS
OÙ NOUS
POUVONS
APPORTER DU
FINANCEMENT
MAIS AUSSI
UNE PLUS-VALUE
TECHNIQUE.
w TalalSchair,présidentde Dar AlHandasah.