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SOCIETE DES ETUDES IRANIEHNESET DE I/ART PERSAN
La domination des Dailamites
par V. MINORSKY
La region du Dailam* est peut-etre moins inconnue queses
habitants; et encore Dailam fait-il tout d'abord penser aupetit
canton Dailaman, situe dans le Gilan au sud de la villede Lahidjan,
bien que ce canton (i) ne soit qu'un restant, oume"me une colonie,
de 1'ancien Dailam. Quant aux Dailamites,leur role dans 1'histoire
de la Perse commence a se dessineravec clarte' seulement depuis
tres peu de temps, grace surtouta la publication de I'ouvrage d'Ibn
Miskawaih, I'historien dela dynastic Buyide (2). ,
La renaissance persane, qui sous 1'egide des Samanides(875-999)
s'etait operee a 1'extreme est de la Perse, a eclipsepour les
generations posterieures la vie de la Perse occidentale.On ne
pouvait certainement pas ignorer 1'importance de ladynastic Buyide,
mais ses liens avec 1'element dailamite dontelle e"tait sortie et
qui constituait son appui principal, n'ontpas et6 suffisamment mis
en evidence.
Or cette tribu iranienne qui, entre 928 et 1055, exerc.ason
influence sur la vaste aire s'etendant de 1'Ocean Indienjusqu'aux
confins de la Syrie, merite pleinement notre atten-tion. En partant
de cette base ethnique, nous chercheronssurtout a montrer que
pendant plus de cent ans les Daila-mites etaient les
porte-etendards de 1'iranisme dans toute
la.partiederiranquiestsitueeal'ouest du grand desert central.
* Dailam n'est que la transcription arabe de ce nom, dont la
prononciatiot*Veritable etait probablement Delam, et m&ne
Deltm.
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2 ETUDES IRANIENNES
I.
Tout d'abord parlons du pays des Dailamites. Au xe siecle,alors
que le pouvoir des Buyides etait a son apogee, le termeDailam avait
designe toutes les provinces de la cote meridionalede la Caspienne;
et le grand geographe Muqaddasi (985 apresJ.-C.), dans son ardeur
de reformer la terminologie geogra-phique, comprend, sous la
rubrique Dailam , la totalite desterritoires autour de la Caspienne
(3). Toutefois le Dailamproprement dit (4), ce veritable berceau
des Dailamites, etaitune region montagneuse determinee qui formait
une sorted'antichambre du Gilan.
Tous ceux qui de Teheran sont al!6s vers la Caspienneont du
suivre la grande trouee par laquelle le Sefid-rud, neau sud de la
grande muraille de 1'Elborz, s'echappe vers lamer. Apres Qazvin la
route gravit 1'obstacle secondaire quise"pare le plateau iranien du
bassin du Sefid-rud et ensuitedescend vers le pittoresque pont de
Mendjil, bati en aval de lapnction eaaiMVt du Sefid-rud avec son
affluent de droite leChah-rud, et en amont du de"file par lequel
leurs eaux reuniesfranchissent la chaine principale. C'est dans
I'avant-montagnede 1'Elborz, situee au sud de la chaine principale
mais arrosee7par les eaux qui ensuite trouvent une issue vers le
nord, que setrouvait une partie des terres Dailamites. Surle
versant nord de1'Elborz les me'mes tribus occupaient les cantons
montagneuxentre le Sefid-rud et la rive gauche de la riviere
Tchalus qui sejette dans la mer a environ 180 km. a Test de
1'embouchuredu Sefid-rud (5).
Par contre la partie plate et marecageuse du littoral
6taitoccupee par les Gil-s dont le nom explique celui de la
provincede Gilan.
Au point de vue du climat le pays eleve de Dailam avaittous les
avantages, tant sur le Gilan, avec ses marais et sespaludismes, que
sur le plateau central, avec sa grande seche-resse enervante. Ce
pays ni trop grand, ni trop beau (Muqad-dasi), avait produit une
race forte et tres nombreuse, renom-me"e pour son courage
extraordinaire (djaladatun adjibatun)et sa grande endurance, et
dont les repre'sentants avaientune belle prestance et de belles
barbes. Une source arabe
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PLANCHE I
. HAUTP. VAI.LKI: pi; KAI.AE-DACHI
''*
2. VALLEE DU CHAH-RUD
Photographies de Mile F. Stark.
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LA DOMINATION DES DAILAMITES 3
appelle les Dailamites achqarau teint vermeil(6). Les
cheveuxlongs et en desordre des Dailamites ont de tout temps fait
lesfrais des metaphores des poetes. Ces derniers
mentionnente'galement une calote dailamite de couleur noire
(7).
2.Il'est malaise de se prononcer sur les origines lointaines
de
ces montagnards. On sait que, dans les provinces Caspiennes,il
existait dans 1'antiquite des peuples probablement non-iraniens qui
avaient disparu depuis (les Tapur-s, lesAmard-s, etc.). Peut-etre
les Dailamites etaient-ils apparentesou issus d'un de ces peuples.
Le geographe Istakhri,qui ecrivait en 951, constate tout d'abord
que la langue desDailamites est differente de 1'arabe, du persan et
de 1'arranien,et ensuite que dans leur montagne il y a une tribu
qui parleune langue differente meme de celles des Dailamites et
desGil-s (8). La survivance sporadique des anciennes langues
etaitpossible ; mais il est sur qu'a 1'epoque musulmane la
plupartdes Dailamites etaient deja iranises, a en juger par leurs
nomspropres que nous connaissons : Makird, Makan,
Mafannah,Vehsudan, Marddust, Mardavidj ( qui s'attaque auxhommes ),
Lachkarsitan, Lachkarvarz, Vandadkhurchid,Vuchmglr ( preneur de
cailles ), Gorgir ( preneur d'onagres),Asfar ( cavalier ),
Chirasfar, Bilasuvar ( grand ecuyer ),Chlrzil coeur de lion , (zil
= dil en persan) etc. La topony-mie du pays dailamite (Purdasar
t^te de pont , ou p.urd $ul en persan) corrobore 1'impression que
la langue des Dai-,lamites a 1'epoque arabe etait un dialecte
iranien du nord assezdistinct du persan (fdrsl), lequel est un
dialecte du sud ettout d'abord de la province de Fars (9). Les
Persans devaiente"prouver quelque difficulte a comprendre ce
patois, commeactuellement il leur est malaise" de comprendre le
kurde etmeme le gflakl.
3-Deja Polybe au ne siecle avant notre ere parle du peuple
Delymaioi et le geographe Ptolemee au ne siecle apres
J.-C.connait leur pays Delymais.
2
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4 ETUDES IRANIENNES
Leur pays parait n'avoir jamais etc conquis, du moins d'unefagon
solide, par les anciens rois de Perse : Achemenides,Parthes et
Sasanides (10). Mais les Dailamites s'engageaientvolontiers comme
mercenaires et c'est ainsi que les Byzantins,qui, depuis le ive
jusqu'au vne siecle, etaient constamment enguerre avec les Persans,
mentionnent les contingents daila-mites dans les troupes persanes
(n). Les Dailamites organi-saient aussi pour leur propre compte des
expeditions lointaines;et le geographe Yaqut (II, 711) signale
1'existence au Chahra-zur d'un endroit Dailamistan, lequel sous les
anciens rois dePerse aurait servi aux Dailamites de point d'appui
lorsqu'ilsdescendaient vers la plaine mesopotamienne, et de depot
dubutin qu'ils rapportaient de leurs razzias (12).
Les Dailamites avaient certainement des princes, car aumoment de
la conque'te musulmane leur chef Muta (ou Mur-tha) organisa la
resistance aux Arabes sur la riviere Vadj-rud (entre Hamadan et
Qazvin), et il devait avoir un rang elevecar les autres chefs des
provinces caspiennes lui etaient surbor-donnes.
Les Dailamites avaient une organisation de clans quis'appuyait
sur 1'autorite des chefs de famille. Du moins legrand savant
al-Biruni reproche a 1'Alide Nazir al-Utruch(c'est-a-dire Hasan
al-Utriich, vers 914) d'avoir decompose1'ancienne organisation du
Dailam qui datait du roi legendaireFaridun et dont 1'element
essentiel etait les katkhuda (maitrede la maison , pater jamilias)
: ceux-ci auraient etc remplacespar un systeme de collaboration des
rebelles (brigands) avecle peuple (13).
La religion des Dailamites etait d'un caractere assezvague. Le
zoroastrisme et probablement le christianisme pene-traient chez
eux, mais Mas'iidi declare formellement qu'auDailam il y avait des
gens qui vivaient dans 1'ignorance detoute religion etablie (14).
Les auteurs musulmans enregistrentparmi les Dailamites de nombreux
usages et coutumes qui lesfrappaient beaucoup. D'apres Muqaddasi
ils pratiquaientune stricte endogamie, c'est-a-dire, se mariaient
toujoursdans leur tribu ; et un jour 1'auteur vit de ses propres
yeuxun homme qui un glaive a la main poursuivait une femme pourla
punir d'avoir epouse un etranger. En ceci les Dailamites
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LA DOMINATION DES DAILAMITES 5
se distinguaient de leurs voisins du Gilan chez qui les
mceursetaient assez rela.ch.ees. Du reste les femmes dailamites
etaientles egales des hommes et au me'me titre participaient
auxaffaires (15). Les j ours demarche les Dailamites s'exercaient
ala lutte devant tous les habitants du village. Tous les
auteursparlent des lamentations auxquelles les Dailamites se
livraientsur leurs morts. Nous reviendrons encore sur ce point
impor-tant (16).
4-Encore au temps des Sasanides Qazvin e"tait le grand rem-
part contre les Dailamites ; la forteresse Tchalus, a Test
duDailam, avait aussi une importance considerable. Les musul-mans
n'eurent qu'a fortifier ces points diriges contre lapeuplade
turbulente. Mais dans la montagne de la ville deTchalus et au dela
d'elle vivait la nation dailamite qui n'avaitjamais manifesto
d'obeissance (17).
Les nombreuses expeditions contre le Dailam n'obtinrentpas de
resultats durables. Pourtant la montagne des Daila"mites n'etait
pas totalement inaccessible au point de vue geo-graphique. On
raconte que le .celebre Hadjdjadj avait faitpreparer une carte du
Dailam et la montra au chefs dailamitespour leur prouver
1'inutilite de la resistance, tme fois que lessecrets de leur pays
etaient connus. Mais les Dailamites regar-derent la carte avec
indifference : O amir , dirent-ils, lacarte est incomplete, on n'y
voit pas les cavaliers qui gardentla montagne (18).
L'historien contemporain Seyyid Ahmad Kasrawi, nonsans quelque
exageration du reste, remarqae a propos desDailamites : Les
musulmans avaient deja pen6tr6 jusqu'a laLoire en France, tandis
que cette poignee d'hommes resistaitencore (19).
Toutefois 1'Islam s'infiltra au Dailam d'une manierepaisible.
Par crainte de persecutions des Abbasides certainsdescendants d'Ali
chercherent refuge au Dailam (175/791)oh ils furent reeus comme des
allies eventuels contre lescaliphes de Baghdad.
A partir de 250 /864 ces Imams jouerent un role
important,'faisant du Dailam un nouveau centre de resistance,
galemei!t
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ETUDES IRANIENNES
hostile a Baghdad et aux dynasties du Khorasan qui,
s'etantemancipees de Baghdad, cherchaient a etendre leur
domina-tion dans les provinces caspiennes.
5-
Pour mieux comprendre le role des Dailamites dans 1'his-toire de
la Perse il nous faudra rappeler brievement les desti-nees de
1'iranisme depuis le vne siecle de notre ere.
Les derniers succes iraniens dataient d'environ 614, lorsqueles
armees des Sasanides, deja en possession du Yemen,s'etaient
avancees jusqu'a Jerusalem, 1'Egypte et Constanti-nople.
Vers 628, par un coup de theatre, tous ces succes
furentneutralises par le jeune et vaillant empereur de Byzance,
Hera-clius, qui occupa 1'Azarbaidjan et briila le grand temple du
feude Ganzak (20). Le roi Khosrou II, depose par son fils
Chiroye,fut assassine dans sa prison. Les fleuves
mesopotamiensavaient deborde cette annee-la ; et 1'inondation fut
suivied'une terrible epidemic de peste a laquelle succomba
Chiroye.En quatre ans, douze personnes se succederent sur le trone
etlorsque finalement le juvenile Yazdagird prit le pouvoir, iletait
trop tard, car les Arabes jouant le role du troisiemelarron etaient
aux portes de la Perse. Battu dans toutes lesbatailles, Yazdagird
s'enfuit a Merv et y pent en 651, tandisque son fils Firuz chercha
asile a la cour de Chine.
Pour environ deux siecles, le nom de la Perse allait seiondre
dans celui du califat et la renaissance persane futlente et
penible.
Les deux systemes d'administration celui des CalifesOmayyades et
celui des 'Abbasides etaient tres differents. ,;
Sous les Omayyades (660-750) I'e'tat etait purement arabeet les
indigenes n'existaient que pour tre gouvernes par les JArabes.
?
Sous les 'Abbasides, qui eux-mmes etaient sortis du '-.Khorasan,
1'iranisme penetre dans toutes les administrations ';et dans tous
les domaines de la vie culturelle bien que 1'idee farabe trouve des
defenseurs tres convaincus parmi les Persons I
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LA DOMINATION DES DAILAMITES 7
eux-memes. Ces derniers sont partout les bienvenus,
naturel-lement a condition qu'ils consentent a marcher dans la
voieimperiale du califat et meme a se servir de 1'arabe commelangue
ofiicielle et litteraire !
Toutefois, meme pour un tel systeme mitige, les
territoiressoumis aux califes etaient trop grands : tandis qu'a
1'ouesttoute 1'Afrique septentrionale s'emancipe de Baghdad,
a1'extre'me est trois dynasties d'anciens gouverneurs du
califeacquierent successivement 1'autonomie :
les Tahirides (821-873) ;les Saffarides (867-903) ;les Samanides
(875-999).Les Samanides etaient deja de veritables souverains
per-
sans et on connait les splendeurs de leur cour a Bokhara etleur
role dans le developpement de la litterature persane.
Le morcellement du califat ne s'etait pas arrete au Kho-rasan.
Plus a 1'ouest des Samanides se dressa une deuxiemezone de
territoires autonomes et c'est ici que dominerent lesDailamites qui
s'etaient empares des territoires entre lesSamanides et le
califat.
6.
A la lumiere de cette digression nous sommes maintenant ameme
d'apprecier 1'avenement des Dailamites a sa juste valeur.
Nous les avons laisses (p. 5), au moment oil les Alideschasses
par les 'Abbasides s'etaient etablis parmi eux. Gra-duellement la
propagande alide obtint ce que les armesn'avaient pas reussi a
imposer la conversion de la majoritydes Dailamites a 1'Islam sous
sa forme chi'ite-zaidite (21).A leur tour les imams se
dailamiserent et embrasserent lacause des populations locales. Tant
que les Dailamites resis-taient aux tentatives de conversion, leur
pays etait considerecomme un territoire de guerre (dar al-harb), ce
qui per-mettait aux musulmans d'organiser la chasse aux
esclaves.L'Alide Hasan ibn All al-Utruch (302/914) mit fin a ces
pra-tiques et fit detruire la forteresse de Tchalus dirigee centre
leDailam.
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8 ETUDES IEANIENMES
Pour proteger les droits des Dailamites sur les
paturagescommunaux que les gouverneurs Tahirides voulaient
s'appro-prier, les Alides s'allierent d'abord a la dynastie des
princeslocaux (de la dynastie Djustanide). De Dailam les
imamsconduisent leurs ouailles a travers toutes les provinces
cas-piennes. Ainsi ils habituent les Dailamites a 1'idee
d'expansionet les rendent conscients de leur force. Plus tard, vers
302 /gi4les Alides, donnant a leur mouvement un caractere
democra-tique, ameutent la population centre les princes
Djustanideset prennent eux-memes le pouvoir. D'apres Tabari (III,
2292)les hommes n'avaient jamais vu un gouvernement plus justeque
celui de Hasan al-Utruch.
Sayyid Ahmad Kasrawi a pu tracer 1'existence de sixprinces de la
maison djustanide entre les annees 804 et 927 (22).Leur centre
etait a Rudbar, sur le Sefid-rud, en aval deMendjil, et on se
demande si la forteresse dont on voit encoreles ruines au milieu du
fleuve n'a pas quelque rapport avec lesDjustanides (23). Des
rejetons obscurs de la famille purentexercer un pouvoir ephemere
mtaie jusqu'au xie siecle, mais1'avenir appartenait aux elements
nouveaux.
Encore au temps ou regnaient les Djustanides, la familledes
Kangari (Musafirides) qui leur etait apparentee parmanage, apparut
a Chamiran sur le Sefid-rud, en amont deMendjil, pour rayonner de
la vers 1'Azerbaidjan et meme enTranscaucasie (24).
Mais i'effort principal des Dailamites fut dirige vers le
sud,vers la grande et celebre ville de Rey (Rhages) dont les
ruines,comme on sait, sont situees a 7-8 km. au sud de Teheran.
Une serie d'anciens chefs aguerris au service des Alidess'avance
maintenant au large pour commencer la conquetede la Perse
occidentale et meridionale.
Tout d'abord, vers 308(920) parut le Dailamite Leili IbnNu'man
(25), qui s'empara de Nichapur en Khorasan mais1'annee suivante les
Samanides envoyerent sa tete a Baghdad.
Vint ensuite le courageux general des Alides Makan Ibn
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IA DOMINATION DES DAILAMITES 9
(26) qui prit Rey mais dut la quitter pour passer ausen'ice des
Samanides et finalement tomber dans une revoltecentre ses nouveaux
maitres (en 329 /94i).
II fut remplace a Rey par le. farouche Asfai ttm Chirdy6,qui
etait natif de Laridjan et appartenait au clan Vardad-Swandan (27).
Mais bientot il fut mis a moit par son generalMardavidj ibn
Ziyar.
Ce dernier est le fondateur de rimportante dynastie desZiyarides
qui avait dbut6 a Rey, a Isfahan et & Ahwazpour aller se
cantonner finalement dans la region de Gurgan,pres d'Astarabad, ou
de nos jours on voit la tour funeraire duZiyaride Qabus. Les
Ziyarides, issus du clan Arghich, Etaientoriginaires de Gilan et
par consequent n'6taient Dailamitesqu'au sens large de ce mot, car
les Gil etaient les cousinsdes Dailamites (28), et de plus les
Ziyarides etaient entou-res de Dailamites. La dynastie des
Ziylrides (928/1042) futla premiere dynastie iranienne qui d'une
facon stable s'etablita 1'ouest des Samanides.
La succession des chefs aux noms bizarres qui apparaissentsur la
scene apres 920 sst intressante comme un indice de laforce qui
bouillonnait dans le reservoir trop etroit de Dailamet qui devait
finalement aboutir a 1'avenement de la plusimport-ante des
dynasties dailamites, celle des Bflyides.
8.
Ses fondateurs etaient les trois fr&res: 'All (le futur
*Imdal-daula), Hasan (Rokn al-daula) et Ahmad (Mo'izz
al-daula).Leur pere Buya (d'ou leur nom patronymique),
appartenaitau olan Chirzil-avand et rfeidait dans le village
Kiyakafichau Dailam (29). Plus tard on a invente pour lui une
g&iealo-gie fictive remontant au roi sasanide BahrSm Gor (30).
Lestrois freres etaient de v^ritablss condottieri et avaient
d6but6au servijce de Mak5n. Lorsque ce dernier, passe au servicedes
Samanides, fut envoye comme gouverneur k Kirmln,;les trois freres,
tres candidement, lui demanderent 1'atrtorisa-tion de le quitter en
faisant valoir un argument assez specietuc:II est mieux pour toi,
disaient-ils, que nous te quittioos poor
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10 ETUDES IRANIENNES
alleger ton budget et pour faire tomber cette charge sur ledos
de quelqu'un d'autre (31). Ce quelqu'un d'autre ,c'etait justement
les Ziyarides, rivaux plus fortunes de leurancien maitre.
Bientot 1'aine des trois freres 'Ali se fit apprecier par
leZiyaride Mardavidj qui lui donna le petit gouvernorat deKaradj
(3ia), d'ou, d'une facon inattendue pour lui-meme, ils'empara
d'Isfahan apres en avoir battu le gouverneur. Cedernier avait 4.000
hommes, tandis que 'Ali ne disposait quede 700, mais les
mercenaires du gouverneur eiaient les Dai-lamites, compatriotes de
'All.
Mardavidj courrouce envoya centre Isfahan son frereVuchmgir.
'Ali se retira vers 1'ouest a Arradjan mais de nou-veau eut la
chance de remporter une grande victoire sur legouverneur de la
province de Pars qui relevait encore direc-tement du calife. En 322
/934 le jeune Husain, qui n'avaitque 19 ans, occupa Kirman. De ce
fait le calife ne gardait quela bordure occidentale de la Perse :
au Khorasan dominaientles Samanides, a Rey et a Isfahan les
Ziyarides, et le sud etaitentre les mains des freres Buyides.
Mais le regne de Mardavidj ne dura pas longtemps. C'etaitun
homme de caractere difficile et peu aime de ses proches.La veille
de son assassinat, il devait celebrer 1'ancienne fetezoroastrienne
Sadhak, qui pendant longtemps fut maintenuepar les musulmans. La
ceremonie consistait en un festin accom-pagne d'illumination et
d'embrasement. On avait prepare degrands tas d'arbustes, rassemble
du naphte et des tubes pourle lancer, et pris deux mille corbeaux
et milans qui devaients'envoler avec de petites torches attachees a
leurs serres.Mardavidj voulait faire grand, mais lorsqu'il eut
examine"ces preparatifs il fut pris de degout pour 1'effet mesquin
que cespectacle produirait dans le cadre de la vaste plaine. II
s'enve-loppa la tete de son burnous, se coucha sous sa tente et
tournale dos aux invites, qui devant un tel affront se
retirerent.Toujours de mauvaise humeur, Mardavidj s'emporta
contreses palefreniers turks, leur fit attacher au dos les selles
deleurs chevaux et les fit conduire a 1'ecurie en les tenant parle
licou. Les Turks trouverent cette insulte intolerable
etassassinerent leur maitre dans son bain (32).
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LA DOMINATION DES DAILAMITES II
C'etait en 323 /935- Le Buyide Hasan, garde comme otagea la cour
de Mardavidj, se rendit aupres de son frere 'All, et,tirant
avantage de la disparition de leur rival, les Buyidess'empresserent
d'occuper Isfahan et Rey. En 329/940 Hasanpoussa meme une pointe
vers le Tabaristan.
D'autre part 1'expansion des Buyides vers 1'ouest conti-nuait.
Des 326 /937 Ahmad etait descendu dans le Khuzistan,qu'il garda
malgre toutes les oppositions qu'il y rencontra.Les plans des
Buyides devenaient de plus en plus 'ambitieux.Sous 1'annee 328/939
on apprend pour la premiere fois que1'aine des trois freres se
propose de marcher vers la Mesopota-mie. Mais c'est le cadet Ahmad
qui, par cinq fois (entre 942et 945), envahit les possessions du
calife, penetrant chaquefois plus profondement en Mesopotamie
(33).
9-
A cette epoque le califat traversait une profonde crise.II
suffit d'enumerer le sort des califes depuis le commencementdu
ive/xe siecles.
Le calife Muqtadir, qui regnait depuis 295/908, futaccuse
d'avoir gaspille pour ses menus plaisirs 70 millions dedinars d'or
et depose en 929 par 1'eunuque Mu'nis. Remissur le trone quelques
jours apres, il fut tu en 932 dans unerevolte par les soldats
berbers du meme Mu'nis.
Son successeur Qahir (932-4) etait un homme dont la bigo-terie
couvrait de multiples faiblesses. II fit executer deux digni-taires
pour avoir achete les musiciennes sur lesquelles il avaitjete son
devolu. Malgre les bienfaits que lui avait fait la merede son
predecesseur, il la fit suspendre par un pied et la fla-gella de sa
main pour qu'elle lui revelat les cachettes ou 6taientgardes les
tresors. Deux ans apres, Qahir fut depos6 par lesoldats qui
envahirent son palais, et ensuite aveug!6 danssa prison.
Sous son successeur Radi (934-40), de toute la Perse
seulsquelques cantons occidentaux restaient au califat. A
Baghdad,depuis 324 /396, le pouvoir avait passe1 aux mains d'lbn
al-Ra 'iqqui ouvre la serie des maires du palais parmi lesquels
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12 ETUDES IRANIENNES
en 329/941 on voit un Dailamite Kurankldj (34). Les vezirsdu
calife ne sont plus que des executeurs de la volonte de
cesmilitaires.
Le calife suivant, al-Muttaqi (940-4), avait du quitterBaghdad
par peur de son amir al-omara le Turk Tuzun, quifinalement s'empara
de son maitre et le fit aveugler, non sanss'etre d'abord prosterne
devant lui.
Son successeur Mustakfi (944-6) dut son election a la
reconi-mandation d'une dame de Chiraz appelee Husn et qui
devint1'intendante du palais (qahramana) (35).
10.
C'est alors que 1'heure sonna pour les Buyides de s'etablira
Baghdad. Lorsque la dynastie des astucieux Baridls disparutde la
Basse Mesopotamie (Wasit-Basra) et que le brave sol-dat Tuzun
mourut d'une attaque d'apoplexie, le Buyide Ahmadentra en
pourparlers secrets avec Mustakfi et occupa Baghdadsans coup ferir
le 17 Janvier 946.
Le calife vint a sa rencontre a la porte de Chammasiya.Ahmad
jura de ne pas persecutor les dignitaires de 1'entouragede
Mustakfi, lequel de sa part confera a Ahmad le titre deMo'izz
al-daula et a ses freres ceux de 'Imad al-daula et
Roknal-daula.
Mais la situation se gata rapidement. Tout d'abord 1'inten-dante
du palais donna un festin en 1'honneur des chefs daila-mites.
Mo'izz y vit une intrigue destinee a detacher de lui sesgeneraux
(36). D'autre part le calife mit aux arrtts le chef desChiites de
Baghdad, oubliant que son nouveau maire du palais6tait leur
coreligionnaire.
Le 29 Janvier douze jours apres 1'entree a Baghdad Moizz se
rendit a 1'audience au palais.
Le calife etait assis sur le trone et les dignitaires
avaientpris place autour de lui suivant leur rang. Alors, dit
I'histo-rien Ibn-Miskawaih, Mo'izz al-daula entra et, ayant selon
lacoutume baise la terre et la main de Mustakfi, resta debout
enaDnversation avec le caMfe. Ensuite il s'assit sur une chaise
etordonna d'introduire les ambassadeurs arrives de Khorasan...
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LA DOMINATION DES DAILAMITES 13
A ce moment deux Dailamites s'avancerent tendant leursmains vers
Mustakfi et parlant en persan. Le calife croyantqu'ils desiraient
lui baiser la main 1'etendit vers eux. Mais ilslesaisirent par
cette main, le precipiterent par terre, placerentson turban sur son
dos et continuerent a le trainer. AlorsMo'izz al-daula se leva. La
confusion devint generate et descris s'eleverent. Les Dailamites
arreterent 1'intendante et safille. Le peuple courut vers la porte
et il y eut grande bous-culade et grand pillage. Les deux
Dailamites trainerent Mus-takfi a pied au palais de Mo'izz ou il
fut enferme. Le palaisdu calife fut pill jusqu'a ce que rien n'y
fut laisse. (37).Mo'izz fit venir Abul Qasim, fils de Muqtadir, et
le-meme jourle proclama calife, sous le nom de Muti'lillah, ce
quiveutdire Obeissant a Dieu !
Tels etaient les evenements dans toute leur brutalite.On ne
saurait se meprendre sur leur portee : apres trois
sieclesd'assujettissement politique les Iraniens allaient
s'installerdans la capitale de la Mesopotamie. Un commissaire
ira-nien controlait maintenant 1'administration du chef supremede
1'etat islamique et, fait plus etrange encore, un adherentdu
chiisme, lequel allait un jour devenir la forme nationalepersane de
la religion arabe, commandait au centre m&nede 1'orthodoxie
musulmane.
Plusieurs fois les califes essayerent de secouer la tutelle
desBuyides mais en somme la lettre du calife al-Muti' datee de361
/gyl peut donner une idee de la situation. Invite par leBuyide
Bakhtiyar a contribuer au succes d'un projet de guerresainte, le
calife repondit: Tout ce que j'ai est une pitance qtrine suffit
meme pas a mes besoins, tandis que le monde estentre vos mains et
entre celles des gouverneurs des provinces.Ni la guerre sainte, ni
le pelerinage, ni aucune antre matieredemandant 1'attention du
souverain n'est de mon ressort. Toutce que tu peux me reclamer est
mon nom prononce dans la prierepublique (khulba)... Et si tu
veuxque je renonce ace privilegela aussi, je suis pret a le faire
et a t'abandonner tout a toi (38).
n.
Nous ne pouvons pas suivre en detail le sort deia
dynastkbflyide. La famille resta partagee en plusieurs fiefs
avecks
-
14 ETUDES IRANIENNES
grands centres a Chiraz, a Rey et a Baghdad, mais les
premiersBuyides se distinguaient par le sens profond des liens de
familleet ne manquaient pas de sentiments chevaleresques.
LorsqueMo'izz al-daula mourut a Baghdad son fils et
successeurBakhtiyar se montra prince adonne aux plaisirs et
depourvude toute habilete. Mecontent de ses mercenaires turks
Bakh-tiyar s'avisa de les exterminer. Une terrible revolte eclata
et lechef turk saisit le pouvoir a Baghdad. La domination
desBuyides en Mesopotamie etait ebranlee.
Le chef de la famille, Rokn al-daula, restait a Rey, tandisque
son fils 'Adud al-daula gouvernait a Chiraz. D'accordavec son pere,
'Adud al-daula partit en 364/974 pour Baghdadet y retablit 1'ordre
; mais en meme temps, par une pressiondiscrete, il fit abdiquer
Bakhtiyar afin d'occuper sa place.'Adud al-daula crut toutefois de
son devoir d'obtenir de sonpere la sanction de cette combinaison.
Des ambassadeurshabiles furent envoyes a Rey mais des qu'ils eurent
ouvert labouche, le vieux Rokn sursauta, saisit une lance et en la
bran-dissant chassa les emissaires. II fit dire a 'Adud al-daula :
Ton expedition avait-elle pour but d'aider mon neveu ou det'emparer
de son royaume ? Plusieurs fois moi-meme je suisalle secourir Hasan
ibn Firuzan (de la famille de Makan) quin'etait pas mon parent et
chaque fois je lui ai abandonne sespossessions bien que j'eusse
risque ma vie en combattant sespuissants ennemis (le Ziyaride
Vuchmgir et les Samanides)...Je n'ai meme pas accepte de me faire
rembourser un seuldirham, et je n'ai fait tout cela que pour
acquerir une bonnerenommee et maintenir la chevalerie (39).
La protestation fut si energique que 'Adud al-daula se vitoblige
de retablir Bakhtiyar ; et ce fut seulement lorsque cetinsense
lui-meme marcha contre Chiraz que 'Adud reoccupaBaghdad en 367/977
et pacifia tout le pays jusqu'a Amid(Diyar-Bekir).
'Adud al-daula etait le plus celebre des Buyides et regna34 ans
(au Pars 949-978 et a Baghdad 978-983). Sous lui lestroupes buyides
occuperent le Balutchistan et le Makran etm6me opererent avec
succes dans le 'Oman, sur la cote sep-tentrionale de 1'Arabie (40).
'Adud etait un grand construc-teur. Son magnifique palais a Chiraz
est decrit en detail par
-
r LA DOMINATION DES DAILAMITESMuqaddasi qui dit que les murs de
ses 300 salles tantot imi-taient la porcelaine de Chine (al-ghadar
al-slni), tantot etaientrevetus de marbre, tantot etaient dores et
converts de pein-tures. Dans la province de Fars 'Adud al-daula fit
construirele fameux barrage appele en son honneur Band-i Amir et
laville Suq al-Amir; en Mesopotamie, les sanctuaires de 'Aliet de
Hosain, 1'hopital de Baghdad, le palais de Saray Sultanc'galement a
Baghdad; en Arabic le mur de Medine, etc. (41).'Adud al-daula
deceda en Mesopotamie et fut enterre aNadjaf.
Les deux freres de 'Adud, Moayyid al-daula et Fakhral-daula
(dont le centre etait Rey), etaient surtout connus a.cause de leur
vezir, le celebre lettre Sahib Isma'Il ibn 'Abbad,mort en 385
/995-
Fakhr al-daula mourut (997) laissant un fils de neuf ans.Le
gouvernement etait exerce par sa mere, une personnetres energique
et sage, connue sous le nom de Seyyida Madame (42). Lorsque son
fils grandit et lui enleva le pou-voir, elle s'en alia aupres du
prince kurde Badr ibn Hasanoyeet avec 1'aide de ses troupes
reoccupa Rey. De son temps lapremiere dynastie turke apparut a
1'horizon. Mahmud deGhazna somma la Seyyida de frapper la monnaie a
son nom,sous peine d'une expedition, mais la Seyyida lui envoya
lemessage suivant: Le sort des armees est incertain. Si le sultanme
bat, la victoire sur une veuve ne lui vaudra pas une grandegloire;
si au contraire, il essuie une defaite de ma part, lamarque de
cette fletrissure ne disparaitra pas du front de safortune jusqu'au
dernier jugement(43). Et lorsque la Seyyidamourut (410/1019) ce fut
la fin. Son fils, Madjd al-daula lui-meme invoqua le secours de
Mahmud: en 420 (1029) le grandeonquerant se rendit a son appel mais
seulement pour exilerla branche de Rey dans 1'Inde et pour
accaparer leurs posses-sions.
Dans le midi il convient de signaler le regne agite maisprolonge
du fils de 'Adud al-daula, Baha al-daula (989-1013),qui de Baghdad
etendit son pouvoir au Fars et & Kerman.Grace aux continuateurs
d'Ibn Miskawaih, Rudhravari etHilal ibn Muhassin, on connait en
detail 1'histoire de ce prince.
Les dernieres annees de la dynastie se passerent en luttesntre
les epigones, tandis qu'a Test les Turks preparaient leur
-
l6 ETUDES IRANIENNES
equipee vers la Perse. Apres les Samanides, balayes par lesTurks
Qara-khanides et Ghaznavides, les Buyides furent ecra-ses par les
Seldjuks. En 447 (1055) Toghrul beg entra a Bagh-dad et, proclame
sultan, retablit 1'orthodoxie sunnite tandisque le dernier buyide
(al-Malik al-Rahim) fut enferme dans laforteresse de Tabarak, pres
de Rey, pour y terminer sesjours. En 448 (1056) son frere (al-Malik
al-Mansur) perdit lePars qui lui fut enleve par la dynastic rivale
de Chabankara.Les Seldjuks qui etaient arrives peu de temps apres
traiterenthonorablement un autre frere d'al-Malik al Mansur et
luilaisserent 1'usage des tambours et des etendards, mais lorsquece
dernier rejeton des Buyides mourut en 487 (1094) un gou-vernemr
turk prit sa place.
Ainsi disparurent successivement les branches de Rey,de Baghdad
et de Chiraz.
12.
Nous avons deja parle des precurseurs des Buyides maisla
domination dailamite avait permis a d'autres elementsiraniens de
s'organiser et de relever la tete.
La dynastie Kakoyide etait directement liee aux Buyides.Le mot
kakoye veut dire oncle maternel et il est certain quec'etaient des
cousins de la fameuse Seyyida, mere de Madjdal-daula, elle-m^me
fille d'un roitelet de Tabaristan. Onsuit les destinees des
Kakoyides (Hamadan, Isfahan) entre398-519 (1007-1119), mais, a
titre d'atabeks, leurs rejetonsgarderent Yazd jusqu'a 673
(1274).
Au nord-ouest dans 1'Azerbaidjan oriental et dans TArranles
Dailamites Musafirides (voir plus haut) dominerent envi-ron jusqu'a
1'an 1000. Les Kurdes Chaddadides regnerwitdans 1'Arran (capitale
Gandja) entre 340 et 409 (951-1018),et leur branche occidentale
posseda Ani de 451 a 559 (1065-1194). Plus au sud, a Tabriz et
ensuite a Maragha, les KurdesRawadites s'etaient maintenus a partir
de 344(955) non seule-ment jusqu'a 1'apparition des Seldjuks, mais
meme jusqu'k1'invasion mongole (vers 1221) (44).
Dans 'le Zagros, entre Kermanchah et Qasr-i Chirin, les
-
r LA DOMINATION DBS DAILAMITESKurdes formerent deux
principautes, celle de Barzikan avecla dynastic des Hasanvaihides
de 348 a 406 (959-1015) etcatle des Chadandjan avec la dynastic des
BamTAnnaz de387 a 550 (997-H55) (45)-
Mme dans la region eloignee de Diyar-Bakr un chef de latribu
Humaidi, Badh, reussit a creer vers 372 (982) une prin-cipaute,
qui, sous ses parents Marvanides, joua un role impor-tant dans
1'histoire des Kurdes occidentaux et ne disparutqu'en 489 (1096)
sous la poussee seldjuke (46).
Ainsi part out, sur toute 1'etendue de la Perse et sur
saperipherie, les elements iraniens reprenaient courage,reapprenant
a se gouverner eux-mfemes. Mais bientot lesinvasions turkes et
mongoles allaient liquider les principautesiraniennes et leur
substituer une nouvelle organisation de fiefsmilitaires. Les
Dailamites qui s'etaient expatries de leur paysen resterent separes
et finirent par s'amalgamer aux pettplesqui les entouraient. Le
Dailam proprement dit fut attire dans1'orbite de la vie locale des
provinces caspiennes et plus specia-lement dans la sphere
d'influence de la dynastic des princes(kdrkiyd) du Gilan oriental
(Biyapich) dont la residence etaita Lahidjan. Au xve siecle les
kdrhiyd reprimerent severementles Dailamites et en tuerent un grand
nombre (47).
Neanmoins on peut toujours esperer que les recherchesreveleront
un jour des ilots dailamites tant dans leur anciennemetropole que
dans ses colonies. II suffit de mentionner iciI'mgenieuse theorie
de F. C. Andreas sur 1'origine dailamitedes tribus zaza (Dimla),
sur laquelle je compte revenir ailleurs.
13-
II est sur que les Dailamites 6taient d'abord des gens
trfcssimples et mal degrossis. Voici le recit d'un homme que
leZiyaride Mardavidj, apres ses succes, envoya au Dailam
pourramener son frere Vuchmgir ( preneur de caiHes ) : Je letrouvai
entour^ de gens qui cultivaient le riz. Quand ils m'aper-?urent,
ils s'approcherent de moi; c'etaient des hommes sanschaussures,
nus, revetus de cale9ons rapieces de chiffons dediverses couleurs
et de vetements en loques. Je transmis k
-
18 ETUDES IRANIENNESj
Vuchmgir le message de Mardavidj... Alors il fit le geste de
jcracher sur la barbe de son frere et s'ecria : Voila qu'il a
jreve'tu les vetements noirs (des 'Abbasides) ... J'ai constat^chez
lui une telle ignorance que j'aurais honte d'en parler...(Mais)
plus tard il devint 1'un des rois connaissant le
mieuxI'administration de ses etats et la politique a suivre a
1'egardde ses sujets (48).
En ce qui concerne Rokn al-daula, 1'historien des
Buyidesexplique ainsi les echecs des reformes de son grand
ministreIbn al-'Amid : Rokn al-daula, quoique superieur aux
princesdailamites contemporains, restait toujours au niveau
dusoldat pillard qui n'avait rien de plus presse que le
pillage,sans considerer les effets de sa conduite sur 1'avenir de
sessujets. Pour remunerer ses troupes, il leur permettait de
com-mettre des actes dont personne autre ne pouvait les reteniret
qui plus tard devenaient irreparables. II etait oblige d'agirainsi
parce qu'il n'etait pas un prince royal et n'avait pasparmi les
Dailamites 1'autorite d'un autocrate (49).
Mais le meme historien cite de nombreux traits de noblessedes
Buyides. On a vu les protestations de Rokn al-daula centrela
mauvaise foi de son fils. Lorsque en 322 /934, apres la prisede
Chiraz les officiers de 'Imad al-daula lui proposerent defaire
parader les prisonniers charges de fers, leur chef repliqua : Non,
pardonnons plutot aux ennemis que Dieu a misen notre puissance.
Remercions-le plutot de cette bonnegrace (50).
II est clairement visible que les Dailamites s'inspiraient
j>des gloires passees de 1'Iran et voulaient se poser en
continua- :teurs de 1'ancienne tradition. Meme le fantasque et
barbareMardavidj s'etait fait fabriquer un trone d'or et avait
com-mande une mitre ornee de pierres precieuses sur le modelede
celle de Chosroes Anuchirvan . ?
Deja en 404 (1013) Baha al-daula avait obtenu du calife gle
titre de chahinchah que personne n'avait porte depuis les
*Sasanides. Ses fils eux aussi briguerent la meme distinc- |tion.
Les juristes de Baghdad furent interroges sur la legalite' *de
cette distinction et finalement, malgr^ la divergence deleurs
opinions, le nom de Djalal al-daula fut prononce', avec1'adjonction
de ce titre a la priere publique en 421 (1030) (51). ,
-
r LA DOMINATION DES DAILAMITESLes Buyides etaient les
protagonistes du chiisme iranien.
A cette epoque meme les voisins immediats des Dailamites,les
habitants du Gilan, etaient sunnites. Les Buyides avaientanticipe
sur la politique des Safavides qui 500 ans plus tardrigerent le
chiisme en religion nationale persane, lorsque cetteforme de
1'Islam s'adapta bien au caractere national persan,en approfondit
et en souligna les tendances inherentes.
La premiere mention des ceremonies publiques au moisde Moharram
se rapporte justement au temps des Buyides.Voici ce que dit
1'historien Ibn al-Athir : Le 10 Moharramde 1'annee 352 (963)
Mo'izz al-daula donna 1'ordre de fermerles boutiques & Baghdad
et de tenir des lamentations publiques(niyaha). Des tentes (qibab)
couvertes de tissus grossiersdevaient etre erigees et les femmes
ayant defait leurs cheveux,noirci leurs figures et dechire leurs
vetements devaient par-courir Baghdad en poussant des cris et en se
frappant lafigure en signe de deuil pour Hasan fils de 'AH. Les
sunnitesne pouvaient pas empecher ces manifestations car les
chiitesetaient nombreux et le pouvoir public (sultan) eta.it
aveceux (52).
Comme les lamentations sur les morts etaient de touttemps une
des coutumes connues des Dailamites (53), et que,d'autre part, des
lamentations publiques decrites par Ibnal-Athir sont evidemment
sorties les ta'ziya persanes(deuil, processions de Muharram et
representations de mys-teres) nous pouvons considerer les Buyides
comme les promo-teurs de ces pratiques typiquement persanes.
Les Samanides eclipsaient les Buyides par la splendeurde leur
cour et par le nombre des talents litteraires ; mais parmiles
vizirs des Buyides il y avait aussi des hommesremarquables comme
Abul Fadl ibn al-'Amid (vezir deRokn al-daula) et Sahib Isma'Il ibn
'Abbad (vezir deMoayyid al-daula et de Fakhr al-daula, hii-me'ine
natif deTalaqan). Avicenne, dont la philosophic ne le preservait
pasde niaiseries politiques, fut fait vezir par -Madjd
al-daula,quoique bientot il dut partager le sort de son maitre,
empri-sonn6 par 1'energique Seyyida. On sait que Firdausi d^dia
sonpoeme Yusuf et Zulaikhd au Buyide Baha al-daula (54)- Lespoetes
persans des Buyides etaient : Ustad Mantiqi, protege^
-
20 ETUDES IRANIENNES
d'Isma'il b. 'Abbad, Bundar qui ecrivait en dialecte de
Rey(997-1029) et Kiya Ghada'iri ( le falencier ) morten 1034 (?).Le
grand panegyriste Qatran (mort en 1073 ?) qui vecut enAzerbaidjan
peut etre egalement considere comme un echode I'epoque buyide.
Parmi les Arabes al-Mutanabbi composades odes en 1'honneur de 'Adud
al-daula. Au moins troisparmi les princes Buyides etaient tres
connus comme poetes(en arabe) et les cours des Buyides attiraient
de nombreuxlitterateurs et savants (55).
14.
Les Buyides etaient tombes victimes d'une invasion etran-gere,
mais, a part les dissensions qui marquerent les dernieresannees de
leur regne, il faut relever une cause interieure etperpetuelle de
leur faiblesse.
Leur armee manquait de discipline et, pour contenter
lasoldatesque, il fallait avoir recours a toutes sortes
d'expedients,et surtout distribuer des terres dont I'entretien
perdait ensuitetout interet pour le beneficiaire. A cette epoque
tout lemonde voulait jouir de 1'avantage de se nommer Dailamite.Le
recueil d'anecdotes de Tanukhi contient une histoireamusante d'un
jeune adherent du celebre Maniir al-Halladjqui voulait a tout prix
faire une carriere a la dailamite; acet effet il avait appris la
langue dailamite et s'etait habituea avaler de grandes quantites
d'ail (56). II fallut plusieursfois reviser les listes des
detenteurs de fiefs pour biffer lesnoms des personnes qui n'avaient
jamais vu le Dailam (57).
D'autre part 1'armee etait minee par la discorde qui exis-tait
entre ses deux elements constitutifs : 1'infanterie daila-mite et
la cavalerie turke (58).
Les Dailamites etaient surtout des fantassins. Us se bat-taient
en formant une haie de leurs boucliers peints de cou-leurs
6clatantes, et en accablant 1'ennemi de leurs javelots adeux
pointes (jupin) (59). Pour developper plus d'initiativeil leur
fallait I'aide de la cavalerie et ici les Turks leur rendaientdes
services inappreciables. Pour la defensive egalement lesTurks
taient plus solidement arms.
-
LA DOMINATION DES DAILAMITES 21
Les princes dailamites etaient impuissants a arreter lesconflits
qui eclataient a chaque instant (60). On a vu le projetinsense de
Bakktiyar, d'exterminer tous ses Turks. En 385 jgg^Sam$am al-daula
ordonna le massacre de tous les Turks dansle Pars. D'autres
princes, a bout de patience avec leurscompatriotes, essayaient de
s'appuyer sur les Turks (61).Mais comme le chiisme etait la base du
pouvoir dsBuyides (62) ils ne pouvaient d'une facon durable se
detacherdes Dailamites. Aussi etaient-ils voues a des crises
continuelles.
Tels sont les traits essentiels qui caracterkent
1'epoqueinteressante de la domination des Dailamites. Nous
avonsessaye de presenter la naissance et le developpement
desdynasties sorties de la petite region caspienne. Le temps
qu'ellesont regne n'a pas ete tres grand, moins d'un siecle et
demi.Mais on ne pent suffisamment insister sur ce fait: sans
1'inter-mede iranien, represente par les SamSnides a Test et
lesBuyides a 1'ouest, la tradition iranienne cut ete interrompue
;et, plus tard, la Perse aurait eu infiniment plus de peine
4rtablir sa conscience nationale, apres tant d'epreuves
qu'eDeallait encore subir jusqu'a 1'avenement des Safavides.
-
NOTES
(1) Le canton Dailatnau est situe a 1'altitude de 1400-1300 m.
entre la montagneNatech-kuh, qul le separe au nord de I/ahidjan, et
le haut pic Dalfak qui commandela rive droite du SeHd-rud. On
cherche dans Daltak uue survivauce du nom ditpeuple ancien
Derbik.
(2) Ibn Miskawaih, Tadjarib al-umam, dont les volumes I, II et
VI ont etereproduits photographiquement dans le Gibb Memorial, et
dont les volumes V et VIet la continuation ont ete edites et
traduits par H. A. Amedroz et D. S. Margoliouthsous le titre : The
eclipse of the Abbasid caliphate. Nos references (The eclipse)se
rapportent partout au texte arabe de cette excellente edition qui
comprend lesannees 295 /go7-393/roo2. II faut egalement mentionner
ici les etudes minutieuseset penetrantes du savant persan Seyyid
Ahmad Kasrawi, Chahriyaran-i gumnam, I-III, Teheran 1928-1930, qui
traitent en detail de 1'histoire des dynasties du nord-ouest de la
Perse avant 1'arrivee des Seldjuks.
(3) Muqaddasi, Bibliotheca geogr. arabicorum, ed. de Gceje, vol.
Ill, pp. 353-373, enumere les cinq provinces du Dailatn : Qiimis,
Gurgan, Tabaristan, Daila-man et Khazar (!!).
(4) Istakhri, Bib. geogr. arab., I, 204, al-Dailam al-mahd ; le
Hudud al-'alain(ecrit en 372/982), ed. Barthold, I^eningrad, 1930,
f. 3ob, Dailam-i hhassa.
(5) D'apres Istakhri, p. 204, la residence du roi de Dailam
etait a Rudbar (surla rive gauche du Sefld-rud). D'apres Muqaddasi,
p. 360, le chef-lieu (qasaba, chahr-istan) etait Barvan et les
autres points habites etaient: la forteresse Samlruui dansle canton
Salarvand (actuellement ruinea de Chamiran, a 3 farsakhs en amont
deMandjn); la ville Khachm, ou vivait le chef alide ; (la ville ?)
Tarim (actuellement lecanton Tarom) et le canton at-Talaqan (sur le
Chahrud). I
-
LA DOMINATION DES DAILAMITES
sasanide au Dailam portait le litre de valsriz. Baiadhuri, p.
280, mentionne des Dai-laxnites a la cour de Khusrau Parvlz.
(n) On trom-e les donnees grecques groupees dans Marquart,
EranSaJtr, p. 126-7,et Hang Pauly-Wissowa, Real-Encyclopaedic, IV,
col. 2432-3 (article de Weissbach).Agathias appelle les Dilimnites
la plus importante peuplade panni celles quivivent sur la frontiere
persane en deca (?) du Tigre. Procope dit que les Dolomites sont
les barbares qui, bien que vivant pamii les Perses, ne se sont
jamais soamis auxjois de Perse.
(12) Les colonies dailamites devaient contr61er la plupart des
cols dans la chalne-irontiere turco-persane, cf. Hoffmann, Aussuge
aux syrischcn AkUn, pp. 245 et 207.le chef-lieu actuel de Salmas
s'appelle Dilraan (Dilmaqan). De la meme origjnedailamite doit toe
le nom du canton I,ahidjan (au sud-ouest du lac
d'Ourmiah),"bomonyme du canton du GDan, lequel etait le fief des
princes dailamites de laiamille de Vehsudan, Yaqut, III, 149, cf.
Kasrawi, I, 131. Eu Georgie on trouve unDilama-chen (chen en
armenien = persan abad), Prince Vakhoucht, Descriptiongeogr. de la,
Georgie, trad. Brosset, St. Petersbourg, 1842, p. 467, n 297.
(13) Al-athdr al-baqiya, p. 224 : tva qad azala al-Xazir
al-Utriich dhtUika tea.a'dda ichtirdk al-marada. wa'a al-nas
jil-kadhkhudhahiya.
(14) Murudj, IX, pp. 4, S, 279.(15) The eclipse,III, 313
(sousl'anne 388):les fernmes egalaient les homines en
force de decision, en justesse de jugement et en participation
aux affaires >.(16) Muqaddasi, p. 368, Hududal-*alam,i. 2gb-3ia
(beaucoupdedetailscurieux
surlesmceurs). Cf. plus has note 51.(17) Ibn Rusta, p. 151,
d'apres lequel les points fortifies diriges centre le Dailam
-etaient Tchalus, fonde (rebati ! ) par Ma'mun, et Muzn. Plus
souvent que ce dernierst mentionn Kalar, situ a une etape &
1'Quest de Tchalus vers la montagne,"Tabari, III, 1524, Mas'udl,
Murudj, IX, 5, Istakhri, p. 206. Sur 1'inrportance de
-
24 ETUDES IRANIENNES
peuplades voir Mas'udi, Muradj, IX, 7.I,es Dailamites etaient
chiites et la plupartdes Gil-s sunnites, Muqaddasi, p. 367, ligne 2
; cf. The eclipse, III, 305.
(29) Tarlkh-i guzlda, ed. Gibb Memorial, p. 414. Miss P. Stark
(lettre du23 mars 1932) me suggere 1'identification de Kiya-K. Uch
(?) avec Kiya- Kalaya, unfaubourg de Chahristan. Un village dans le
canton Somam porte le nom de Buya.
(30) Hamza, p. 24T, Ibn Khallikan, tr. Slane, I, 155 (sous
Mo'izz al-daula).mais deja ~BirB.ni, al-Athar, p. 31-8, critiquait
cette genealogie factice en disant que lepremier membre de la
famille connu etait Buwaih b. Fanakhusra. Cf. Marquart,ZDMC,, 1895,
p. 660 : Der Stammbaum d. Bujiden.
(31) The eclipse, I, 277.(31 a) II s'agit du Karadj Abl Dulaf,
pres du Sultanabad de nos jours, entre
Isfahan et Hamadan.(32) Huatt, Les Ziyarides, Mem. de 1'Acad.
des Inscriptions, XI
-
LA DOMINATION DES DAILAMITES
(50) Ibid., I, 283.(51) Hilal ibn-SaW, Kitab al-wuzara, ed.
Amedroz, p. 388 (= The eclipse,JH
358) : le vezir Muwaffaq dans une lettre a BahS al-daula, datee
du 4 juin 10001'appefle chahanchah. Le Tchaharmaqala, p. 17, donne
le titre ckahixchak au patronde Isma 'fl ibn 'Abbad (voir plus haut
p. 15). Yaqut, Irchad al-arib, II, 120: le titlede chdhinchah
attribue a Djalal al-daula sous 403. Amedroz, The assumptionoj the
title Skahdnshah by Buwaihid rulers, Numism. Chronicle, 1905, vol.
V, pp. 393-9.Cf. Mez, Die Renaissance des I slams, p. 21. Dans le
Tchahar maqdia de NizauS'Arudi, p. 82, le titre chahinchah est
donne au Kakoyide 'A13 al-daula.
(52) Ibn al-Athir, VIII, 407. Voir des remarques sirailaires
sous lesannees 353,357 et 358, ibid., pp. 413, 435 (le deuil du 10
Muharram et les rejouissances du jourdu Ghadii), 443. Comme 1'a
remarque Krymski, Theatre persan, Kiev, 1925, p. 7,la source d'Ibn
al-Athir doit etre Hilal ibn-Sabi, qui justement dans le fragment
sur1'annee 389 (ed. Amedroz, p. 371) parle de 1'babitude des chutes
i de celebrer leyam al-ghadlr.
(53) Muqaddasi, p. 369 ; The eclipse, II, 137 (Rokn al-daula
laments son frerependant 3 jours), 182 (Mo'izz al-daula etant
malade se lamente lui-merue), III, 260(Sanisani al-daula apres sa
defaite jeune et revet des habits noirs). Cf. Ibn Isfan-diyar, p.
233 : le deuil dailamite est de 3 jours.
(54) Le Muwaffaq que Firdausi loue dans la preface de son poeme
doit etre levezir de Baha al-daula : Abu "All b. Isma'il
al-Muwaffaq.
(55) Tha 'alibi consacre un chapitre special aux poesies
arabesde 'Adud al-daula,de son fils Tadj al-daula et de Khusrau b.
Firuz b. Rukn al-daula, Yallmai al-dahr,livre II, chapitre i. Les
chapitres suivants, 2 et 3, sont consacresaux vezirs
buyidesal-Munallabi et Abu-Ishaq al-Sabi: le chapitre 4 aux
ecrivains de 1'epoque buyide(ed. de Damas II, pp. 1-105). I,e
chapitre 9 cite les vers de 15 poetes dedies au vezirde Baha
al-daula Sapur b. ArdacHr (ibid., pp. 290-7). I
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26 ETUDES IRANIENNES
Dailamites et choie les Turks; ibid., Ill, 158, en 379 Bah
al-daula transfere sa tenteparmi les Turks qu'il trouve plus
loyaux. Cf. la critique du caractere dailamite par lecelebre vezir
ibn al-'Amld, ibid., II, 272.
(62) Ibn-al-Athirl, VIII, 177 :I,es Dailamites etaient chiites
et (dans le chiisme)ne connaissaient pas de mesure. Kasrawl a
justement releve le fait qu'AJamut,le celebre centre des
Assassins-Isma 'flites,surgit plus tard sur le territoire dailamite
!D'apres un Tarlkh-i Djll wa Dailam decile a Fakhr al-Daula, la
construction de laforteresse d'Aiamut rat commencee par un ancien
roi de Dailam en 246/860, voiiDjuwaini, III, ros (eti. de la Royal
Asiatic Society, 193')-
ADDITIONS
ad p. 17. Rabino, Le Guilan, Rev. du Monde Musulman, 1915-6,
XXXII, 280,fcrit : quelques descendants des anciens Dailamites ne
Se trouvent que dansles villages de Kelardeh et de Tchoousal, dans
la pfafee, en hiver, et a Kelatch-Khant, en ete. I
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