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3:HIKLRJ=VUV\UY:?k@g@a@b@k; M 01791 - 601 - F: 1,70 E Maroc 8 DH - France Euro 1,70 - Belgique et Italie Euro 2,20 - Canada 2,95 $ - USA 2,50 $ - Tunisie 1 DTU On peut croire, benoîtement, que les morts, une fois dans le trou, non seulement ne parlent plus, mais ne posent plus problème. Eh bien non! Du moins, nos morts à nous, surtout depuis quelque temps, sont bavards comme pas un bataillon de pies vivantes et parlantes. Actuellement, celui qui fait le plus chanter les âmes mon- tées au ciel, c’est Ahmed Boukhari, ancien agent des ser- vices secrets marocains. Il les convoque, leur fait subir un interrogatoire serré, dans les règles de l’art du CAB1, et leur extorque les aveux les plus terribles, les plus inattendus et parfois les plus impensables. Sur eux-mêmes. Soyons tout de même magnanimes. Un Oufkir ou un Dlimi ne sont convocables et interrogeables que morts. Mais les autres? Les autres ont tout simplement tort d’être morts. C’est en tout cas ce que leur dit le nouveau code de la presse, dans le premier alinéa de son article 71: un délit de diffama- tion ne peut être actionné que par la personne diffamée. De préférence vivante. Exit les morts, donc ; ainsi que les ayant droits sur leurs mémoires, les familles par exemple. Celles-ci peuvent tou- jours emprunter la longue voie de la procédure civile, en s’armant de patience et en ayant l’air de demander des sous, à titre de dommages et intérêts. Hommes publics, vous êtes avertis. Écrivez vos mémoires, avant de passer la main. Vous limiterez les dégâts, en vous donnant une assurance-vie politique à titre posthu- me. Cela vous évitera de vous retourner dans votre tom- be. Et d’emmerder ceux qui vous ont survécu. A. Mansour ATMOSPHÈRE www.maroc-hebdo.com 13 ème année N°601 du 16 au 22 Avril 2004 © Ph: AFP Quel crédit faut-il donner aux révélations de l’ex-agent du Cab 1, Ahmed Boukhari, sur “les années de plomb”? Le général Oufkir et le Roi Hassan II © Ph: MHI Hanane Ibrahimi, héroïne du film “La Chambre noireL’amour interdit Les accidents de la circulation rendent nos routes meurtrières. Les pertes humaines sont considérables. Un véritable fléau, un frein au développement socio-économique du pays. L’hécatombe des routes n’est pas une fatalité. Page 14 Karim Ghellab dit halte à la tragédie des routes La guerre contre les chauffards Omar Ferkhani, président de l’Ordre national des architectes Pour une remise en ordre Omar Ferkhani ne mâche pas ses mots. Pour le président de l’Ordre na- tional des architectes, le drame d’Al Hoceima trouve son origine dans «la siba» que connaît le secteur du bâti- ment. Le jeune architecte plaide pour la réactivation du rôle disciplinaire de l’Ordre. Page 16 • Omar Ferkhani. L’Eglise d’Espagne proteste contre les attaques de Alioua Un ministre, ça ferme sa gueule... L’interview de Khalid Alioua à El Siglo a été un véritable pavé dans la mare. Indignation dant le lan- dernau religieux, culturel et poli- tique espagnol. S’attaquant sans re- tenue à Aznar et à l’Eglise, il risque de saper le climat d’entente qui s’an- nonce avec l’arrivée des socialistes au pouvoir. Page 11 • Khalid Alioua. Hanane Ibrahimi in- carne Najat dans le film “La Chambre noi- re”, de Hassan Benjel- loun, inspiré du roman de Jaouad Mdidech. Ce long-métrage, ac- tuellement sur les écrans de Casablanca, évoque une histoire d’amour poignante, sur fond d’années de plomb. Page 24 © Ph: MHI • Hanane Ibrahimi. © Ph: MHI Il était une fois le Maroc.. Il était une fois le Maroc.. © Ph: MHI Le fils de Maâti Bouabid s’insurge contre les propos diffamatoires de Ahmed Boukhari Au nom du père Me Saad Bouabid, 40 ans, avocat à Casa- blanca, cultive la dis- crétion comme un art de vivre. Il sort de son mutisme pour ré- pondre aux attaques de Boukhari contre son père, Maâti Bouabid, publiées dans Al Ahdate Al Maghribiya. Entretien. Page 6 • Saâd Bouabid.
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Dec 01, 2015

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3:HIKLRJ=VUV\UY:?k@g@a@b@k;M 01791 - 601 - F: 1,70 E

Maroc 8 DH - France Euro 1,70 - Belgique et Italie Euro 2,20 - Canada 2,95 $ - USA 2,50 $ - Tunisie 1 DTU

On peut croire, benoîtement, que les morts,une fois dans le trou, non seulement ne

parlent plus, mais ne posent plus problème. Eh bien non!Du moins, nos morts à nous, surtout depuis quelque temps,sont bavards comme pas un bataillon de pies vivantes etparlantes.Actuellement, celui qui fait le plus chanter les âmes mon-tées au ciel, c’est Ahmed Boukhari, ancien agent des ser-vices secrets marocains. Il les convoque, leur fait subir uninterrogatoire serré, dans les règles de l’art du CAB1, etleur extorque les aveux les plus terribles, les plus inattenduset parfois les plus impensables. Sur eux-mêmes.Soyons tout de même magnanimes. Un Oufkir ou un Dlimine sont convocables et interrogeables que morts. Mais lesautres?Les autres ont tout simplement tort d’être morts. C’est en

tout cas ce que leur dit le nouveau code de la presse, dansle premier alinéa de son article 71: un délit de diffama-tion ne peut être actionné que par la personne diffamée.De préférence vivante.Exit les morts, donc ; ainsi que les ayant droits sur leursmémoires, les familles par exemple. Celles-ci peuvent tou-jours emprunter la longue voie de la procédure civile, ens’armant de patience et en ayant l’air de demander des sous,à titre de dommages et intérêts.Hommes publics, vous êtes avertis. Écrivez vos mémoires,avant de passer la main. Vous limiterez les dégâts, envous donnant une assurance-vie politique à titre posthu-me. Cela vous évitera de vous retourner dans votre tom-be. Et d’emmerder ceux qui vous ont survécu.

A. Mansour

ATMOSPHÈRE

www.maroc-hebdo.com 13ème année N°601 du 16 au 22 Avril 2004

© Ph

: A

FP

Quel crédit faut-ildonner aux révélations

de l’ex-agent du Cab 1, AhmedBoukhari, sur “les années de plomb”?

Le général Oufkiret le Roi Hassan II

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: MH

I

Hanane Ibrahimi, héroïne du film “La Chambre noire”

L’amourinterdit

Les accidents de la circulation rendent nos routes meurtrières.Les pertes humaines sont considérables. Un véritable fléau,un frein au développement socio-économique du pays.L’hécatombe des routes n’est pas une fatalité. Page 14

Karim Ghellab dit halte à la tragédie des routes

La guerre contre les chauffards

Omar Ferkhani, président de l’Ordre national des architectes

Pour une remiseen ordreOmar Ferkhani ne mâche pas sesmots. Pour le président de l’Ordre na-tional des architectes, le drame d’AlHoceima trouve son origine dans «lasiba» que connaît le secteur du bâti-ment. Le jeune architecte plaide pourla réactivation du rôle disciplinaire del’Ordre. Page 16 • Omar Ferkhani.

L’Eglise d’Espagne proteste contre les attaques de Alioua

Un ministre, ça fermesa gueule...L’interview de Khalid Alioua à ElSiglo a été un véritable pavé dansla mare. Indignation dant le lan-dernau religieux, culturel et poli-tique espagnol. S’attaquant sans re-tenue à Aznar et à l’Eglise, il risquede saper le climat d’entente qui s’an-nonce avec l’arrivée des socialistesau pouvoir. Page 11 • Khalid Alioua.

Hanane Ibrahimi in-carne Najat dans lefilm “La Chambre noi-re”, de Hassan Benjel-loun, inspiré du romande Jaouad Mdidech.Ce long-métrage, ac-tuellement sur lesécrans de Casablanca,évoque une histoired’amour poignante,sur fond d’années deplomb. Page 24

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• Hanane Ibrahimi.

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Il étaitune foisle Maroc..

Il étaitune foisle Maroc..

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Le fils de Maâti Bouabid s’insurge contre lespropos diffamatoires de Ahmed Boukhari

Au nomdu pèreMe Saad Bouabid, 40ans, avocat à Casa-blanca, cultive la dis-crétion comme un artde vivre. Il sort de sonmutisme pour ré-pondre aux attaquesde Boukhari contre sonpère, Maâti Bouabid,publiées dans AlAhdate Al Maghribiya.Entretien. Page 6 • Saâd Bouabid.

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FIL DIRECT Rassemblé par Abdallah Ben Ali

Maroc Hebdo International - N° 601 - Du 16 au 22 Avril 20042

• H. Rahmouni

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• H. Benslimane

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• F. Chaâbi.

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• A. Mossadeq.

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ServiceAprès le 11 septembre aux Etats-Unis, le 16 mai à Casablanca et le11 mars à Madrid, les services de sécurité marocains accélèrent leurmise à niveau. En témoigne la récente décision de la direction géné-rale de la sécurité nationale (DGSN) de lever une brigade anti-terro-riste. Triés sur le volet récemment parmi les officiers et les agents dela police nationale, les membres de cette unité d’élite, environ deuxcents, vont bénéficier d’une formation spéciale dans l’académie de po-lice à Kénitra. La lutte anti-terroriste est désormais une priorité pournotre police nationale. Elle est en train d’améliorer ses capacités enmatière de prévention et de répression du crime organisé.

NominationChef du bureau de la MAP à Casablanca, Fatima Bouterkha vientd’être nommée à la tête du bureau de cette agence à Londres. Polyglotteet ouverte, cette journaliste au professionnalisme rigoureux fait par-tie des 14 journalistes nommés récemment par le directeur de la boî-te, Mohamed Khabachi, dans les bureaux de la MAP à l’étranger.Parmi ces heureux élus, Abdelkarim Malki et Mohamed Ben Seddikdésignés comme chefs de bureau respectivement au Caire et à Moscou.Ce mouvement, opéré à la suite du rappel d’une bonne douzaine decorrespondants de l’agence à l’étranger, illustre la volonté de la di-rection de respecter la règle de rotation entre les journalistes de deskset les correspondants à l’étranger.

VerdictAprès de longs mois ponctués de pressions croisées de la part desAméricains et des Algériens, la justice mauritanienne a finalement ren-du son verdict dans l’affaire du vol d’énormes quantités d’explosifsde magasins d’une société minière à Zouérate au nord de la Mauritanie.Les Algériens ont usé de toute leur influence pour empêcher la condam-nation d’un activiste du Polisario qui était le cerveau de cette opéra-tion. Peine perdue. Car, Baba Ould Mohamed Bakhili, a écopé de 5ans de prison ferme. Deux de ses complices ont été également condam-nés à une peine similaire. Ce verdict “arraché" par les Américains, se-lon les observateurs, risque d’irriter le mouvement séparatiste habi-tué -en raison du laxisme des autorités actuelles de Nouakchott- à secomporter en Mauritanie comme en territoire conquis.

Divorce L’ex-épouse du journaliste marocain, Anas Bouslamti, Térésa Hüpper,nous a adressé une mise au point inédite. Frau Hüpper nous en veutpour avoir gardé dans nos archives en ligne, un article indiquant quenotre confrère de Abu Dhabi TV était “marié à une ressortissante al-lemande". Thérésa Hüpper précise, document à l’appui, qu’elle est di-vorcée de M. Bouslamti depuis le 12 février 1999 devant le tribunalAmtsgericht Tempelhof-Kreuzberg. Dont acte.

ArrestationDix mois après la tentative du putsch du 8 juin dernier qui a faillimettre fin au régime du Colonel Mouaaouiya Ould Taya à Nouakchott,l’armée mauritanienne subit une interminable purge .Un militaire àla retraite, Bahah Ould Chikh et un adjudant-chef de gendarmerie,Mohamed Ould Weiss, ont été récemment arrêtés dans le cadre de l'en-quête supervisée par le chef de l’Etat en personne. L'ex-militaire etle gendarme sont accusés de collaboration avec les putschistes enfuite à l'étranger depuis le 9 juin 2003.

FootballLe général Housni Benslimane est bien parti pour succéder à lui-mê-me à la tête de la Fédération Royale marocaine de Football, étant leseul à avoir postulé alors que le délai de clôture des candidature estfini. Arrivé à la tête de la FRMF en 1995 dans le cadre du comité pro-visoire, M. Benslimane avait également été élu, faute de concurrent,le 19 décembre 1999.

OTANLe professeur Hassan Rahmouni participe cette semaine, à Doha,à une conférence internationale sur l’OTAN. Son intervention dansle premier panel s’articulera autour de la légitimité du redéploie-ment de l’Alliance atlantique en Méditerranée et dans le Golfe.Parmi les participants à cette rencontre, d’éminents stratèges et in-tellectuels américains et européens, tels Zbignew Brezinski, RichardHass, Marc Grossman, Richard Lugar et Javier Solana, entre autres.Cette réunion, en forme de grand brain trust, participe des pré-paratifs du prochain sommet de l’OTAN qui doit se tenir à Istanbul,en juin 2004, avec comme principal point à l’ordre du jour le pro-jet d’élargissement de l’OTAN aux pays de la Méditerranée et duGolfe.

InfluencePétrole, pain, mise à niveau, investissements étrangers, le menude travail quotidien de Abderrazak Mossadeq, ministre délégué char-gé des Affaires économiques et générales, est très diversifié. Ils’occupe de tout, ou presque. Il est une sorte de “chargé de mis-sion" auprès de la Primature qui porte le titre d’un ministre visi-blement polyvalent. Il semblerait qu’il soit derrière les positions adoptées par quelquesorganes de presse qui publient des articles défendant ouvertementles intérêts de la Samir dans sa volonté de maintenir le monopo-le du raffinage au Maroc. Cette attitude n’a pas manqué d’éton-ner le monde des affaires.

PolitiqueLa commune de Souissi à Rabat n’existe toujours pas sur le planphysique. Son Président, Faouzi Chaâbi, élu sous les couleurs duPPS, en septembre 2003, lors des récentes élections législatives,n’a ni bureau où travailler, ni matériel, ni structure administrati-ve pour représenter la commune. Il n’a tout simplement rien pourexercer ses fonctions. Aucune démocratie même transitoire ou progressive ne toléreraitune telle situation. S’agit-il d’un sabotage prémédité ou d’unmanque flagrant de sérieux de la part des autorités ? En tout cas,cette absence de structure administrative pour une commune aus-si importante que celle de Souissi de Rabat pénalise ses habitantsà la recherche de services municipaux de qualité. Et qui ne connaîtpas le quartier Souissi de Rabat? Un quartier huppé où résidentdes personnalités du monde politique, du business et de l’art.

AssuranceL’alliance démocratique des commerçants de détail, que préside AliKeroum, vient de signer un contrat d’assurance - maladie avec lacompagnie Es-saâda. Ce contrat, qualifié d’historique, est entré en vigueur depuis peuet promet de procurer aux commerçants de détail, cette catégoriesociale sans couverture médicale ni assurance de tout genre, desservices de haute facture. Moyennant une somme de 2000 di-rhams par an, chaque commerçant bénéficiera d’une couverturemédicale complète qui intègre tous les autres services annexes.

Visite Le Prince Philippe, héritier du trône de Belgique, participera du19 au 21 avril à Marrakech, à la quatrième Conférence africainedu capital-risque (African Venture Capital Association). Présidentd'honneur de la Société belge d'Investissements pour les Pays enDéveloppement (BIO), le Prince Philippe devrait présider l'ouver-ture et la clôture de la Conférence de Marrakech. Au cours de sonséjour au Maroc, le Prince Philippe devrait également effectuerdes visites à des projets, des institutions de micro-crédits, et à di-vers projets et PME bénéficiant du soutien de la BIO et de laCoopération belge.

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Maroc Hebdo International - N° 601 - Du 16 au 22 Avril 2004

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. AFP

Chose promise, chose due. Le nou-veau chef du gouvernement espa-gnol, José Luis Rodriguez Zapa-

tero, sera au Maroc avant la fin du moisd’avril. Il s’agira donc de sa première sor-tie officielle à l’extérieur de l’Espagne. “Le Maroc exige et mérite une attentionpréférentielle et des relations qui visent

une entente profonde. C'est ce que je di-rai aux autorités marocaines lors de la vi-site que je réaliserai dans les prochainsjours», a annoncé le leader des socia-listes espagnols le jeudi 15 avril 2004devant le Congrès des députés. Les différentes déclarations du Premierministre, José luis Zapatero, et le mi-nistre des Affaires étrangères, MiguelAngel Moratinos, augurent d’un nou-veau climat entre Madrid et Rabat.En effet, la victoire de José luis Zapaterodans le scrutin législatif du 14 mars ainauguré une nouvelle ère de relationsplus cordiales. Le chef du gouvernementespagnol compte instaurer une large co-opération entre le Maroc et l'Espagnedans plusieurs domaines. Il a, par ailleurs,réitéré qu'une des priorités de la poli-tique extérieure de son gouvernementsera la zone méditerranéenne et plus par-ticulièrement le Maroc.

Riverains

Au cours de la dernière législature pré-sidée par José Maria Aznar (Parti popu-laire droite), Madrid et Rabat ont connuplusieurs crises notamment de nature ter-ritoriale autour de l'îlot Perejil/Leïla si-tué au large des côtes méditerranéennesnationales en juillet 2002. Auparavant,Les ambassadeurs des deux pays ont étérappelés. Cette crise avait comme toilede fond une série de contentieux prati-quement chroniques entre Rabat etMadrid. Il s’agit de problèmes des droitsde pêche au large de la côte atlantiqueou de l'immigration clandestine sont de-

puis longtemps d'autres sources de dis-corde, auxquelles il faut ajouter le sta-tut des deux enclaves espagnoles en ter-ritoire marocain de Ceuta et Melilla et lerefus espagnol d'accepter la souveraine-té marocaine sur le Sahara.Mais, il faut dire que la mauvaise foi desdirigeants politiques étaient une donnée

essentielle dans le désaccord entre lesdeux riverains de Gibraltar. Issue d’unedroite sombre, José Maria Aznar a tou-jours véhiculé un dédain voire carrémentun mépris pour ses voisins du sud. Ilavait l’ambition et ne s’en cachait pasd’exercer une sorte de tutelle édulcoréesur le Maroc. Il voulait que Madrid, par-

mi toutes les chancelleries occidentales,aient le dernier mot au Royaume.Ce paternalisme souvent exprimé d’unefaçon gauche avait toujours suscité lecourroux de Rabat. Aujourd’hui, avec leschangements des hommes à Madrid, leschoses peuvent réellement prendre uneautre tournure.❏ BE.L

Le Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, au Maroc à la fin du mois d’Avril

La primeur pour Rabat

ACTUALITÉ

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• José Luis Rodriguez Zapatero.

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Quel crédit faut-il donner aux révélations de l’ex-agent du Cab 1,Ahmed Boukhari, sur “les années de plomb”?

Il était une fois le Maroc

Maroc Hebdo International - N° 601 - Du 16 au 22 Avril 20044

L’ÉVÉNEMENT

Après avoir été “celui parqui le scandale arrive”,Ahmed Boukhari est de-

venu, à la longue, une figure fa-milière des consommateurs de lapresse écrite. Depuis près d’un

mois et demi, et chaque jour queDieu fait, Al Ahdat Al Maghribia,quotidien arabophone, affiche à la«Une » la photo de l’ex-agent desservices secrets marocains, lequelnous livre un lot tout frais de dé-clarations.Le tout constitue un flot à la foisfastidieux et horripilant sur cequ’il est convenu d’appeler «lesannées de plomb».Impliqué, pendant plus de troisdécennies, dans l’un des avant-postes des services de répressionde l’ancienne opposition, le CAB1,Ahmed Boukhari se veut un té-moin de l’intérieur. Il est donccensé être celui qui a vu, enten-du, fait; bref, vécu ce dont il rendcompte, à partir de son proprelibre-arbitre et sans contrainte.Son témoignage cru, direct, no-minatif et vindicatif apparaît com-

me une recherche éperdue de ré-demption. Que son désir de re-pentir, au crépuscule de sa vie,soit tardif, n’est pas un problème.On a beaucoup ergoté sur la mo-tivation profonde d’un narrateurqui s’est mis volontairement surla chaise de vérité. Qu’est ce quifait courir Boukhari, a-t-on dit?Est-ce un appel irrésistible d’uneobligation morale envers la mé-moire collectif, avec ses morts etses vivants ?

Carreau

Ou bien, est-ce un réflexe com-mandé, un épanchement activé àpartir d’on ne sait où et pour onne sait quel besoin de politiqueintérieure? Ou, encore, est-ce unesimple fructification lucrative duparcours peu commun -fort heu-reusement- d’un homme qui es-time, sur le tard, avoir commis lespires choses pour pas grand-cho-se, pour se retrouver, au soir deson existence, sur le carreau ?Toutes ces questions ont évidem-ment leur importance, mais cen’est pas là, non plus, le vrai pro-

blème. Le problème central, c’estle degré de véracité du propos deBoukhari. Un propos qui n’estétayé par aucun recoupementconfirmé, par aucune confirma-tion reconnue. C’est la parole deBoukhari contre celle de ses aco-lytes et de leurs victimes. Et faceà la crédulité ou l’incrédulité com-préhensibles des jeunes généra-tions.Le journal qui sert actuellement desupport en continu à AhmedBoukhari, en est conscient. Pourune entreprise privée de presse, à

forte connotation politique, lefeuilleton Boukhari est un bonargument de vente, pour lequelle griot actif d’une période sombrede l’histoire du pays, a été rému-néré. N’empêche que MohamedEl Brini, le patron très politiqued’Al Ahdat Al Maghribia, a prisses précautions, par écrit.Il avertit ses lecteurs que sa pu-blication ne fait pas sien le récitde Boukhari, mais qu’il ne fautpas non plus considérer ces pro-fessions où l’auteur est sa propreet unique source, avec dédain

comme s’il ne s’agissait que d’untissu de mensonges, dénué de toutfondement et sans crédibilité au-cune. Au contraire, Al Ahdat ap-pelle au débat, au questionne-ment de ceux que Boukhari in-crimine, à la réactivité de ceuxqui savent et de ceux qui ne sa-vent pas, à la confrontation devérité plurielle.On n’en est pas encore là, àquelques exceptions près, tellesles réactions du trio infernalMohamed Achaâchi, AbdelkaderSaka et Mohamed Mesnaoui; de

Il est pour le moins étonnant que le torrent de faits gravissimes débités parBoukhari n’aient donné lieu à aucun débat ouvert qui éclaire et prend à témoin

l’opinion publique. C’est à la fois paradoxal, inquiétant et suspect.

Abdellatif Mansour

• Ahmed Boukhari.

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Mahmoud Archane; de la famil-le de Maâti Bouabid; de l’UnionConstitutionnelle; et, bien aupa-ravant, de l’USFP, en la person-ne de Mohamed Elyazghi, à pro-pos de l’affaire de Ben Barka. Pour le moment, on n’a pas en-core fini avec le long fleuve tris-tement macabre et affreusementnauséabond de Ahmed Boukhari.Dans un livre, paru en 2002, chezMichel Lafon, intitulé «Le secret»,celui-ci avait déjà donné unavant-goût de ses mémoires d’an-cienne barbouze repentie.

Déversoir

Mais c’est l’écheveau de l’enlève-ment et de l’assassinat de MehdiBen Barka qui constituait l’élé-ment central. Avec Al Ahdat AlMaghribia, Ahmed Boukhari vaplus loin. Pour les moins de vingt-cinq ans, une bonne moitié de lapopulation, les aveux et les dé-nonciations de Boukhari sont devéritables révélations. Pour lesautres, un peu moins ou nette-ment moins jeunes, ils ont beause vouloir initiés et suffisammentinformés, ils sont tout de mêmepris de vertige au fil des épisodesquotidiens de ce déversoir appa-remment intarissable.Les figures et les faits défilentdans un vrai manège d’horreurs.Une description minutieuse,presque maniaque, des procédésd’enlèvement, des techniques detorture et des méthodes de désin-tégration des cadavres qui de-vaient tomber dans l’oubli. Un ré-pertoriage précis des lieux de sé-questration et de supplice, et desfosses communes.Des personnages, pourtant connuspour avoir directement ou indi-rectement trempé dans cette sé-rie noire, n’en deviennent queplus lugubres, plus haïssables.Plus présents, même s’ils sontmorts depuis deux ou trois dé-cennies; même s’ils ont été, depuispeu, écartés, ou mis à la retraitepour être noyés dans la masse.Oufkir et Dlimi, avec leurs têtes degénéraux d’Amérique latine à laPinochet. Et leur face à face mor-tuaire avec Mehdi Ben Barka, quisemble sorti d’un film de CostaGavras. Ce crime politique, au re-tentissement toujours présent,c’est du déjà consommé, en at-tendant la fin d’un procès sansfin prévisible.Driss Basri, l’héritier sans unifor-me des généraux, Boukhari luitaille un traitement à la mesure desa puissance passée et de sa lon-gévité politique. Les coups de pou-

ce pour sa carrière fulgurante depetit flic devenu super-ministre,quasiment vice-Roi, ses abus depouvoir, sa mégalomanie osten-tatoire, ses diplômes bidonnés, safortune modestement colossale etcelle de son fils aîné, Hicham, touty passe, au peigne fin. Cela aus-si est supposé connu.

Vendetta

Moins connue, par contre, la chas-se à l’homme contre les partisansde Ben El Hassan El Ouzzani,pionnier du premier projet dé-mocratique et premier défricheurde la séparation des pouvoirs etdu principe de libertés. Une ven-detta organisée par la milice del’ancien Istiqlal, entre 1956 et1958, en témoignent la bouche-rie de Souk Al Arbia du Gharb etles enterrements collectifs de ArsatBreicha, près de Tétouan.Boukhari ne ménage rien, ni per-sonne, même un homme commeAbdelhadi Boutaleb est épinglépour avoir, dit-il, “donné” un amià lui qui l’avait averti des prépa-ratifs de la tentative de putschmilitaire de Skhirat, en 1971.Assurément, Boukhari ne fait pasdans le détail.On le savait déjà, dès ses pre-mières sorties médiatiques, à par-tir de 2001, et sa fameuse liste decollaborateurs des services secretsoù l’on trouvait presque tout legotha de la classe politique ma-rocaine des quarante dernièresannées.La plupart des personnalités po-litiques, ainsi montrées du doigt,avait accueilli avec un certain dé-dain mêlé d’une bonne dose de

mépris, «une affabulation provo-catrice». Mais son listing avait at-teint les limites de l’impensableet de l’invraisemblable lorsqu’il ya fait figurer un homme commeAbdallah Ibrahimi, ancien prési-dent du Conseil du premier gou-vernement d’alternance politique,entre 1959 et 1960, et l’une desrares références de moralité dansla gestion de la chose publique.Plus qu’une faille, un blasphèmepolitique.Ceci dit, peut-on en être quitte,aujourd’hui, avec cette même at-titude de dédain et de mépris, dugenre engloutissez-moi à jamaisces mauvais souvenirs à effetd’éclaboussures sur un présentque l’on veut blanc immaculé ?

Vérité

Quel que soit le crédit que l’onprête au grand déballage deBoukhari, la solution est-elle d’yrépondre par un silence radio to-tal et absolu ? La réponse est«non», pour une raison quasi his-toriographique : nous ne sommespas nés avec l’amnistie royale de1994. L’autre raison est qu’il n’ya pas plus rancunier que les faitshistoriques sciemment occultés.Ils se vengent en refaisant surfa-ce et en faisant mal.Avec les écrits des survivants deTazmamart et des rescapés deDerb Moulay Chérif et d’Agdez,les témoignages se multiplient.Les anciens embastillés ont re-trouvé l’usage du verbe, en don-nant, au passage, la parole à descadavres politiquement exquis.Même un ex-tortionnaire com-me Ahmed Boukhari a senti le

besoin d’exprimer son remord. Lecontexte inauguré par le nouveaurègne s’y prête. Certains diront“un peu trop”, d’autres “pas assez”.Toujours est-il que de nouveauxespaces de liberté d’expressionont été conquis. Là aussi, certainsdiront “beaucoup trop”, d’autres“pas suffisamment”. Mais la ten-dance globale est à n’en pas dou-ter, vers le toujours “pas assez”.Reste à savoir comment aller verscette évolution inéluctable.De manière anarchique, au grédes rumeurs et des humeurs, sansdiscernement, avec une propen-sion atavique à l’anathème et àl’inquisition ? Ou à partir d’unprocessus maîtrisé de recherchede la vérité qui garantit la liber-té du souvenir dénonciateur, maisaussi le droit à la défense où, à dé-faut d’innocence clamée et en-tendue, toutes les circonstancesd’un contexte et d’une époque quipeuvent être invoquées?Tout indique, malheureusement,que nous sommes dans la pre-mière configuration. Celle d’unesociété qui a du mal à assumerson passé récent par une approcherationnelle qui permettrait demieux l’exorciser. Définitivement.Résultat, chacun y va de sa véri-té, de ses pulsions et de ses fan-tasmes, en construisant un déco-rum personnel de ses propres an-nées de plomb; et en désignant,dans la foulée, ses accusés «pri-vilégiés».Comme si nous étions condamnésà répéter les mêmes erreurs despremières années de l’indépen-dance, on a eu droit, cette fois-ciencore, à des héros de la vingtcinquième heure ou du dernier

quart d’heure. L’engagement sin-cère et désintéressé, des années60 et 70, au plus fort de la prisede risque, si ardemment recherchépar ceux qui n’y étaient pas oumême qui y étaient, a été traves-ti ou recyclé en plans de carrières.Entre l’imposture et la “real poli-tik”, la boucle du bégaiement ma-licieux de l’histoire est bouclée.De l’autre côté de minuit, AhmedBoukhari, dans ses longuesconfessions solitaires, n’a paséchappé au piège de la lucarnesubjective.Plus qu’une impression, il est cer-tain qu’il règle ses comptes avecses anciens compagnons de l’in-térieur, qui, contrairement à lui età ses histoires, vraies ou fausses,de chèques sans provisions, ontfait leur beurre. Les autres, ceuxde l’extérieur, ils semblent, dumoins pour certains d’entre eux,avoir été désignés pour lui. Il lesa pris par commodité, pour êtredans l’air du temps, ou pour noyerle poisson.De toute façon, “un fouille mer-de” comme Boukhari, ne peut pasêtre à l’abri d’assauts de manipu-lations multiples et à géométrievariable, que ce soit à son insuou par consentement auto-sug-gestif.

Consensus

Quoi qu’il en soit, avec le grain etl’ivraie mélangés, le propos deAhmed Boukhari n’est pas inuti-le. En ce sens qu’il ne renseignepas uniquement sur une époqueque l’on veut révolue, mais aus-si sur l’époque l’actuelle. Peut-être même plus sur celle-ci quesur celle-là.Car il est pour le moins étonnantque le torrent de faits gravissimesdébités par Boukhari n’aient don-né lieu à aucun débat ouvert quiéclaire et prend à témoin l’opi-nion publique. C’est à la fois pa-radoxal, inquiétant et suspect.Tout se passe comme s’il y avaitune solidarité d’intérêts bien com-pris, entre les anciens et les nou-veaux, et de la classe politique etde la société civile.Comme s’il y avait une sorte deconsensus tacite, pour ne rien re-muer qui pourrait provoquer uneffet boomerang sur la posturedes anciens et le positionnementdes nouveaux.C’est à croire que nous soyonsdevenus des mollusques inverté-brés, à défaut d’être les tourne-sols de Jean Pierre Tuquois, unconfrère du journal “Le Monde”qui nous aime trop.❏

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L’ÉVÉNEMENT

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. DR

• Mohamed Oufkir, Ahmed Dlimi et Driss Basri.

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• Maroc Hebdo international : Que vousinspire ce que vient de racontez AhmedBoukhari dans ses confidences publiéesdans Al Ahdate Al Maghribiya à proposde votre défunt père, Maâti Bouâabid ?- Saad Bouabid : Une profonde tristesse.Je suis littéralement choqué par ce pro-cédé ignoble consistant à traîner dans laboue un homme mort qui fut, de son vi-vant, respecté et respectable. Le calom-nier, le diffamer avec une pareille bas-sesse me paraît vraiment ignominieux.

• MHI : Mais que répondez-vous à M.Boukhari ?- Saad Bouabid : Je n’ai nullement l’in-tention de m’adresser directement ou in-directement à celui que vous venez denommer. Je m’en remets, à ce propos, aubon sens et à l’intelligence intuitive desMarocains.

• MHI : Pourtant vous venez de nousdire que vous entendiez publier une ré-ponse au journal Al Ahdate dans unepublication francophone de la place- Saad Bouabid : Mais je ne m’y adressepas à M. Boukhari. Je réagis plutôt, à unarticle sur mon père signé par un chroni-queur de ce journal.MHI : A quel titre vous le faites ?Saad Bouabid : Je le fais en tant que filset dépositaire de la mémoire du défunt.

• MHI : pourquoi voulez-vous répondreà Al Ahdate tout en ignorant AhmedBoukhari qui est à l’origine de toute cet-te affaire ?- Saâd Bouabid : Al Ahdate Al Maghribyaest un journal digne de ce nom. Je l’in-terpelle d’autant plus que je fus témoin dela haute estime dans laquelle, mon pèretenait ses fondateurs. Feu Maâti Bouaâbid,que Dieu ait son âme, était toujours fierde son passé de militant de la gauche ma-rocaine. Malgré les vicissitudes de la po-litique, il était toujours très respectueuxde ses anciens camarades politiques. Il neme parlait d’eux qu’avec des mots cour-tois et élégants.

• MHI : Que dites-vous dans votre ré-action?- Saâd Bouabid : Je corrige quelques er-reurs et clarifie certaines imprécisions. Lechroniquer de Al Ahdate avançait quemon père avait rompu ses relations avecla gauche marocaine dès 1965 alors quemon père, en dépit de son positionnementpolitique clairement affiché et pleinementassumé, était, jusqu’à son dernier souffle,

loyal à ses amis restés dans l’opposition.Il visitait régulièrement le leader de l’Unionnationale des forces populaires (UNFP),Moulay Abdallah Ibrahim. Lorsqu’il étaitPremier Ministre au début des années1980,Feu Maâti m’amenait, avec lui,quand il rendait visite,à l’occasion de fêtesreligieuses, à cette figure centrale du mou-vement national et progressiste marocain.Permettez-moi de me servir de votre tri-bune pour exprimer toute ma reconnais-sance et rendre un hommage appuyé àMoulay Abdallah Ibrahim et MahjoubiBen Seddik qui avaient, par loyauté, te-nu, en 1998, à assister à la cérémonie debaptême de mon fils Maâti appelé ainsi enl’honneur de son défunt grand-père.

• MHI : comment expliquez-vous le re-virement politique de votre père qui,après avoir été un dirigeant de l’UNFPcontestataire, est subitement devenu unpilier du pouvoir ?- Saâd Bouabid : Mon père était un hom-me foncièrement imbu des valeurs pa-triotiques et doué d’une vraie intelligen-ce politique. Quand, il a décidé de mettreses compétences et son talent au servicede son pays, ce fut en réponse à un sou-

hait exprimé par Feu SM Hassan II en1977. il l’a fait, non par opportunisme,maispar sentiment de devoir. La communau-té nationale était menacée, dans son exis-tence même, de l’intérieur et surtout del’extérieur avec les aléas du conflit duSahara. Qui peut nier son rôle patriotiquede simple volontaire dans la glorieuseMarche Verte qui avait d’ailleurs sensi-blement rapproché tous les protagonistesde la scène politique nationale ? Qui peutoublier son mémorable plaidoyer, lui etM’hammed Boucetta alors Ministre desAffaires étrangères, pour la marocanitédu Sahara lors du sommet de l’OUA tenuà Freetown au Libéria en 1980 ? Au gou-vernement, mon père n’a jamais trahi sespremiers idéaux ni tourné le dos à ses ra-cines populaires.

• MHI : cela prête à discution- Saâd Bouaâbid : Qui peut contester laproximité avec le peuple du PremierMinistre qu’il fut. N’était- il pas ce chefdu gouvernement qui déambulait, sansaucune escorte, dans les ruelles de DerbEl Fida à Casablanca ? Ce Premier Ministrequi passait, pendant les week-ends, delongues heures dans des stades poussié-

reux donnant volontiers l’accolade auxdirigeants et joueurs d’équipes de deuxiè-me division ? Mon père était un hommepolitique simple. Il était humble et affable.Il était un homme d’honneur courageuxet sincère. La chose qu’il déstestait le plusau monde c’était les magouilles et lescoups-bas. Bref, il est à mille lieues de cequi a été publié. Ce sont des allégationsmensongères. C’est la calomnie pure etsimple

• MHI : Quelles sont, d’après-vous,lesmotivations de cette accusation contrevotre père ? - Saâd Bouaâbid : Je n’ai pas, hélas, d’élé-ments d’information susceptibles de mepermettre de répondre à votre question. Ceque je sais de science sûre, c’est que ce quia été raconté sur le compte de mon pèreétait faux et injuste. Il m’est impossible,en tant que simple citoyen, de donner lemoindre crédit aux affabulations de ce-lui qui présentait la quasi-totalité de laclasse politique marocaine comme descollaborateurs du CAB 1. Je vous affir-me que cette calomnie a scandalisé et in-digné tous ce qui ont connu de près ou deloin Feu Maâti Bouaâbid. Nombreusesétaient les connaissances de mon père,aussi bien de la gauche que de la droite,qui nous ont ont contacté pour exprimerleur solidarité avec la famille du défunt.

• MHI : Entendez-vous porter l’affairedevant la justice ?- Saâd Bouabid : Il s’agit, bel et bien,d’une diffamation caractérisée. Mais, jesuis frustré par les dispositions du nou-veau code de la presse notamment l’ali-néa 1 de l’article 71 qui limite le droitd’actionner une procédure en diffamationà la personne diffamée elle-même. Cecidit, je réfléchis encore avec d’éminentsconfrères sur la suite adéquate à donnerà cette affaire.

• MHI : Cette affaire vous angoisse vrai-ment ?- Saâd Bouabid: Non. Ayant défendu lamémoire de mon père, je suis actuelle-ment très serein. D’autant que je connaisque les Marocains savent faire la part deschoses. Ceux qui veulent ternir l’imageou la mémoire de leurs leaders et sym-boles en seront, à coup sûr, pour leursfrais.❏

Propos recueillis par Abdallah Ben Ali

Le fils de Maâti Bouabid s’insurge contre les propos diffamatoires de Boukhari

Au nom du père

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L’ÉVÉNEMENT

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I

Avocat apolitique, Me Saad Bouabid, 40 ans, cultive la discrétion comme unart de vivre. Il sort de son mutisme pour répondre aux attaques contre sonpère, Feu Maati Bouaabid, publiées récemment dans Al Ahdate AlMaghribiya

• Me Saad Bouabid.

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Maroc Hebdo International - N° 601 - Du 16 au 22 Avril 2004

Derb Moulay Chérif, KalaatM’gouna, Tazmamart etbien d’autres lieux ont été

pendant une quarantaine d’an-nées le théâtre d’événements tra-giques. Il suffit de prononcer lenom de l’un de ces bagnes pourqu’une page noire de l’histoire duMaroc s’ouvre. Jusqu’à la fin desannées quatre-vingt-dix, ces lieuxde tortures et de souffrances étaientfrappés du sceau du silence. Il afallu attendre l’avènement de SMMohammed VI et le vent de li-berté qui a soufflé sous son règnepour que les langues se délient etque la vérité éclate au grand jour. Pendant longtemps, des centainesde Marocains ont été arrêtés, en-levés, torturés et séquestrés dansdes conditions inhumaines. Bonnombre d’entre eux ont péri dansces pénitenciers sans que leurs fa-milles puissent enterrer leurs ca-davres. Ces quatre décennies que l’onnommera les années de plomb nepourront pas être rayées de l’his-toire. Le peuple a droit à sa mé-moire et réclame son histoire. Écri-re est le meilleur moyen de dissi-per le brouillard sur cette périodesombre. De sorte que tous ceuxqui ne l’ont pas vécue directementconnaissent la vérité. En effet,d’anciens prisonniers politiquesdont l’écriture n’est pas le métier,se sont courageusement appliquésà témoigner de leurs expériences

carcérales, non sans humour quel-quefois, comme Salah Ouadie dans« Al Ariss » (Le Marié), Fatima ElBouih, «Une Femme nomméeRachid», Jaouad Mdiddech, «LaChambre noire», Ahmed Merzouki,«Tazmamart, Cellule 10». Le septième art n’est pas en reste.Actuellement, sur les écrans na-tionaux, est projetée l’adaptationcinématographique de «LaChambre noir», de JaouadMdidech, réalisée par HassanBenjelloun.

Humiliation

Le choix de ce livre-témoignagen’est pas arbitraire. Pour le ci-néaste, l’expérience de JaouadMdidech montre toute l’absurditéd’un système. Puisque son arres-tation et son emprisonnement sontintervenus dix mois après sa rup-ture avec le mouvement jugé ré-volutionnaire, Il a Al Amam. Lorsde sa capture, Jaouad était em-ployé à l’aéroport Nouasser et cro-quait la vie à pleines dents.Homme d’honneur, quand on luipropose de le libérer sous condi-tions de dénoncer ses ex-compa-gnons du parti «illégal», il refuse. Pas plus tard que le mois de mars2004, la sortie du film «Jawhara»,de Sâad Charaibi, a remis égale-ment ce sujet sensible et fort surle tapis. Il fait allusion aux évé-nements tragiques qu’ont connus

les prisonniers politiques lors desannées de plomb. Ce long-métrage raconte l’histoi-re d’un couple de jeunes mariés,Safia et Said, arrêtés clandestine-ment par la police sur les planchesdu théâtre. Saida va être victimed’un abus sexuel au sein de la pri-son où elle est incarcérée. Ce violdonnera naissance à une fille nom-mée Jawhara, qui passera six ansde sa vie derrière les barreaux, auxcôtés de sa mère.À travers le regard juvénile et naïfde cette jeune narratrice, le spec-tateur découvrira les affres de latorture, de l’humiliation et desconditions de vie inhumaines etlaborieuses du milieu carcéral. Il estvrai que, quand on regarde un filmou qu’on lit un livre évoquant lesannées de plomb, on en garde un

goût amer. Certes, on ne pourraitjamais ressentir la douleur, la souf-france et l’humiliation que les pri-sonniers politiques ont connues,mais, au moins, ça a le mérite derafraîchir les mémoires, de dévoi-ler aux générations futures et ac-tuelles la vérité et de partager avecle monde entier le calvaire qui aété le leur.Les scènes de torture marquent àvie. Les brûlures de cigarettes, lesabus sexuels, les décharges élec-triques, le passage du froid auchaud et bien d’autres atrocitésque l’on ne pourra même pas ci-ter pour ne pas ébranler la sensi-bilité des lecteurs. Mais l’on re-tient une technique qui s’est ba-nalisée avec le temps, voire on enrigole maintenant, la fameuse «Kareaa » (la bouteille) à laquelle

plusieurs cinéastes ont fait allu-sion par exemple Ahmed Boulanedans « Ali, Rabiâ et les autres ». « La Chambre noire » met en scè-ne également différents moyensde tortures à peine soutenables.Ils ont été réalisés avec une tellevéracité que l’on en sort choquéd’avoir découvert une réalité aus-si peu reluisante et longtemps voi-lée. Devant ces faits, la questionqui revient sur toutes les lèvres :Est-ce que les tortionnaires étaientdes humains ? La littérature car-cérale ou les réalisations cinéma-tographiques ont permis d’exor-ciser le passé. Il est difficile detourner la page de plomb. Les dis-parus, les ex-prisonniers, lesmarques de torture sont là pouren témoigner. L’oubli n’est pas per-mis. ❏ Loubna Bernichi

“Les années de plomb” inspirent écrivains et cinéastes

Quand le cinéma s’en mêle

POLITIQUE

7

L’ouvrage de Jaouad Mdiddech, ex-détenu politique, “La Chambre noire”, aété adapté sur écran par le réalisateur Hassan Benjelloun. La littérature carcé-rale et les productions cinématographiques sont en plein essor.

• Le cinéaste Hassan Benjelloun.

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C’est hier matin, jeudi 15avril, que le Premier mi-nistre, Driss Jettou, a pro-

cédé à l’installation officielle deDiwan Al Madhalim, en pré-sence de plusieurs membres dugouvernement et de tous les res-ponsables d’administration etd’organismes publics et semi-publics concernés. La cérémonieofficielle, qui s’est déroulée dansla salle Balafrej, du ministèredes Affaires étrangères, a étél’occasion pour le Premier mi-nistre de rappeler le sens et laportée de cette nouvelle insti-tution qui est venue enrichir ledispositif institutionnel devantassurer de meilleurs rapportsentre l’administration et les ad-ministrés.

Équité

La création de cette entité re-monte au Dahir du 9 décembre2001. Ce jour-là, S.MMohammed VI avait, en effet,tenu à marquer d’une manièreparticulière la Journée mondia-le des Droits de l’Homme. Il avaitainsi souligné qu’il s’agissait deconsolider les organes chargés,sous sa protection, de redresserles iniquités et de faire valoirles droits et de sauvegarder leslibertés, autant de missions qui“comptent parmi les devoirs sa-crés du Roi, Amir Al Mouninine”; de même, il avait tenu à pré-ciser que les acquis étaientconfortés, référence étant faiteici à la création des tribunauxadministratifs ; enfin, il n’a pasmanqué de relever qu’il avaitvoulu conférer une autre por-tée tangible au nouveau conceptde l’autorité, fondé sur la né-cessité pour celle-ci d’être uneautorité de proximité, au servi-ce du citoyen et du développe-ment, attachée aux règles de laprimauté du droit et de l’équi-

té. Un an après, le 10 décembre2002, le Souverain installait of-ficiellement le Diwan AlMadhalim et le ConseilConsultatif des Droits del’Homme.

Doléances

La volonté royale est proclaméede nouveau : doter le Marocd’institutions qui devront épierles dysfonctionnements, épin-gler d’éventuelles violations desdroits et contribuer par leurspropositions pratiques, à la ré-forme législative, judiciaire etadministrative. C’est MoulaySlimane Alaoui qui a été nom-mé aux fonctions de Wali AlMadhalim. Magistrat de direc-teur général de la DGSN (1979-1981), il avait été également wa-li de Casablanca (1999-2001).Aujourd’hui, cette institution est

en état de fonctionner et de rem-plir sa mission. Un immeuble aété réalisé pour abriter son siè-ge, à Hay Riad – Rabat. Un or-ganigramme a été élaboré, arti-culé en particulier sur des délé-gations ministérielles et régio-nales. Un poste de coordonna-teur général a été prévu qui coif-fe plusieurs sections -ressourceshumaines et affaires adminis-tratives et financières ; études,analyse et suivi ; traitement in-formatique, statistiques et do-cumentation ; communication,coopération et formation. Destermes de référence et des pro-tocoles de procédures ont éga-lement été finalisés pour la re-cevabilité des doléances et desplaintes ainsi que pour leur trai-tement et la sanction de leurinstruction.L’objectif et l’esprit de Diwan AlMadhalim est de promouvoirune administration citoyenne :

faciliter l’intermédiation entreles citoyens et l’administration,faire respecter les règles de laprimauté du droit et de l’équitéet établir des canaux d’une com-munication prenant en compteles aspirations des citoyens dansleurs rapports avec l’appareild’État et ses différentes struc-tures nationales et locales.

Consolidation

Diwan Al Madhalim exerce ain-si auprès de l’administration unetriple mission : contrôle, pro-position et amendement. C’estun médiateur qui est appelé àintervenir à côté des structuresexistantes ; il contribue danscette même ligne à améliorerl’efficacité de l’administrationen exerçant un pouvoir réel deproposition et en aidant àamender des règles et des pro-cédures préjudiciables aux ci-

toyens et aux administrés dansle sens de leur simplification etde leur allègement ; il est à cetitre un facteur de réforme del’action administrative.En termes fonctionnels, il estconsidéré comme l’une des ins-titutions de contrôle complé-mentaire du pouvoir judiciaire.Il jouit d’une autonomie vis-à-vis de l’appareil exécutif, légis-latif et judiciaire. Les respon-sables des administrations etautres établissements publicssont tenus d’apporter leur ap-pui au Wali Al Madhalim et àses délégués lors de leurs in-vestigations. Il est habilité à en-treprendre toutes démarches deconciliation pour faire cesser lesinjustices constatées. Il est aus-si fondé à adresser ses proposi-tions et ses recommandationsaux administrations et établis-sements concernés, celle-ci étanttenus de faire part de leur posi-tion et des résultats atteints dansun délai d’un mois.Pour ce qui est de la consolida-tion des libertés individuelles,Wali Al Madhalim a un rôle si-gnificatif qui a lui a été confé-ré. Celui-ci apparaît dans sa re-lation avec le CCDH, où il siè-ge avec voix délibérative.Il est ainsi habilité à entre-prendre toute action utile pourredresser, lors de l’instructiond’un doléance, l’iniquité en rap-portant cette anomalie au CCDH.Mais il a également des rela-tions de coopération avec lesautres institutions ayant lesmêmes objectifs –ministère desDroits de l’Homme, ministèrechargé de la Modernisation dusecteur public, sans oublier lesinstitutions de même nature àl’étranger (Médiateur de laRépublique en France, Défenseurdu Peuple en Espagne,Protecteur du Citoyen auQuébec,…).❏

Mustapha Sehimi

Installation officielle de Diwan Al Madhalim par le Premier ministre

Le protecteurdu peuple

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POLITIQUE

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Dirigé par Moulay Slimane Alaoui, le Diwan a pour mission d’épier les dys-fonctionnements des administrations. Il est le gardien de la bonne observancedu nouveau concept de l’autorité. Pour plus de proximité, il a été doté d’unorganigramme articulé sur des délégations ministérielles et régionales.

• De gauche à droite , My Slimane Alaoui, Driss Jettou, Mohamed Bouzoubaâ et Najib Zerouali.

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C’est la faute à Chirac, pourrait-on dire à propos des 84,99%de Bouteflika. Le Président français n’avait-il pas fait82% et des poussières, lors du 2ème tour des présiden-

tielles, le 21 avril 2003 ! «Un score africain», avait-on persiflé, avecun rien de sarcasme justifié à propos de la démocratie à l’africai-ne. Bouteflika, lui, on lui a servi du «score soviétique», par référenceà ses anciennes amours idéologiques pour un bloc qui n’existe plus,mais chez qui il fait toujours son marché d’armes et de pièces derechange.Mais bref d’immixtion dans les affaires électorales des autres.Abdelaziz Bouteflika a été élu par les siens, contre ses adversaires.Et il n’y a rien à dire sur ce registre, totalement algéro-algérien. Lepremier à l’avoir compris, c’est Jacques Chirac. Une semaine aprèsla réinstallation de Bouteflika sur le même fauteuil présidentiel,Chirac est venu déjeuner au palais de Mouradia. Une caution quivaut son poids de barils de pétrole et de mètres cubes de gaz.

Quant à nous autres marocains,nous avons plein de choses à direà l’ancien et au nouveau Bouteflika.L’histoire partagée en héritage et lagéographie comme impératif devoisinage, nous les avons suffi-samment évoquées et invoquées,pour les ressasser une fois de plus.Il s’agit maintenant de savoir ceque nous voulons en faire.Un alibi d’inimitié pour continuerà alimenter un conflit que l’oncompte déjà en décennies ? Un pré-texte pour donner du souffle, à undiscours à bout de souffle parceque passéiste dans son référentielet anachronique dans sa volontéhégémonique ? Ou un atout pour

répondre aux attentes internes et aux interpellations externes dumonde nouveau?Il va de soi que le Maroc est pour cette dernière option, en adéquationparfaite avec les vœux des peuples algériens et marocains. Pour êtreplus clair, M. Bouteflika pourrait inscrire parmi les objectifs de sondeuxième mandat, le règlement de la question du Sahara. Il en dé-tient les clés. N’est-il pas l’un des politiques algériens à l’originede ce conflit artificiel, du temps où il était ministre de HouariBoumedienne pour les Affaires étrangères.Ce problème a assez duré. Les trois quarts de la population desdeux pays et de l’ensemble du Maghreb, sont nés après 1975. Dequel droit continue-t-on de les lester avec le boulet-Sahara ! Il estcertain qu’en privilégiant un règlement politique et pacifique de l’af-faire du Sahara, Bouteflika ne serait pas accusé de brader les bi-joux de familles. Il ne s’agit pas de la privatisation de la Sonatrach.Mais d’un territoire marocain sur lequel Boumedienne voulait mi-joter un micro-État fantoche.Un homme au parcours politique fantastique, comme AbdelazizBouteflika, a dû comprendre que s’il y a une pierre dans la bottedu Maroc, ce n’est pas le Sahara, mais le mal-développement. Etcette pierre-là, elle fait boiter tous les pays du Maghreb, parce qu’el-le est dans la botte de chacun d’eux. Abdelaziz Bouteflika est peut-être le dernier homme historique, un peu comme le dernier desMohicans, à présider aux destinées de l’Algérie. L’histoire, il y estentré avec gloire et honneur. S’il pouvait s’aménager une belle sor-tie, tout aussi historique, il bouclerait magistralement son parcours.Une sortie vers la construction du Maghreb. Un Maghreb dont lafaisabilité passe par Alger. Et par le Sahara.❏

À propos...

Abdellatif Mansour

Le Bouteflika nouveau est arrivéLes Européens aux trousses des membres du GICM

La chasseaux terroristes

Plus d’un mois après lesmeurtriers attentats deMadrid, la chasse aux

membres du Groupe islamiquecombattant marocain (GICM) batson plein en Europe occidenta-le. Les autorités espagnoles ontainsi interpellé, mardi 13 avrilau sud du royaume, deux res-sortissants marocains soupçon-nés d’appartenance à ce grou-puscule intégriste. Ces arresta-tions portent à 23 le nombre despersonnes appréhendées par lesEspagnols dans le cadre de l’en-quête sur les attaques terroristesperpétrées, le 11 mars, dans troisgares ferroviaires madrilènes.Les éléments présumés du GICMreprésentent la majorité écra-sante des personnes interpellées,en Espagne, dans cette affaire.A en croire des sources maro-caines, la collaboration étroitedésormais instaurée entre Madridet Rabat a favorisé et favoriseencore les progrès « remar-quables» des investigations croi-sées sur les carnages perpétrésdans la capitale espagnole. Cettecollaboration englobe égalementla France qui est un partenaireprivilégié des deux riverains deGibraltar.Paris a procédé lundi 5 avril audémantèlement d’une importan-te cellule parisienne du groupeterroriste marocaine. Effectuéequelques jours après une visite du

célèbre juge anti-terroriste fran-çais, Jean-Luis Bruguière, cetteopération a consisté en l’arres-tation des 15 membres présumésdu GICM. Six d’entre eux ont étéofficiellement inculpés. Ils sontpoursuivis pour « appartenanceà une association de malfaiteursen relation avec une entrepriseterroriste ».

Logistique

Le chef de cette cellule, MustaphaBaouchi ne semble pas renier soncrédo extrêmiste. Selon son avo-cat, ce jeune Marocain, «neconteste pas une certaine idéo-logie» même s’il affirme êtrehostile aux actes de violencecontre les civils. Baouchi fait dé-jà, avec deux autres inculpés àParis en l’occurrence, le franco-marocain, Fouad Charlaoui etBachir Ghoumid, de nationalitéfrançaise, l’objet d’un mandatd’arrêt international délivré parles autorités marocaines dans lecadre de l’enquête sur les at-taques kamikazes qui ont fait, le16 mai dernier, 45 morts et desdizaines de blessés en pleincentre de Casablanca.Les trois autres inculpés par lajustice française sont les franco-marocains, Ridouane Aberberiet Rachid Aït El Haj ainsi que leressortissant turc, Attila Turk,très lié aux Marocains. Il s’ap-

prêtait au moment de son arres-tation à s’envoler pour son paysd’origine. Ce qui a nourri lesdoutes des enquêteurs français.Ce groupe des six qui aurait four-ni un soutien logistique aux ka-mikazes de Casablanca et desterroristes de Madrid savait qu’ilétait depuis plusieurs mois étroi-tement surveillé par les servicesfrançais. Aussi, ses membres ontévité de laisser paraître lemoindre indice susceptible de lesenfoncer. La police n’a pas trou-vé dans leurs domiciles ni armesni explosifs. Mais, tous ont tou-tefois reconnu avoir séjourné enAfghanistan des Talibans entre2000 et 2001 y avoir appris àmanier armes et explosifs. Quoiqu’il en soit la chasse auxterroristes marocains en Espagneet en France n’est que le débutd’un véritable ratissage à l’échel-le européenne des activistes etsympathisants du GICM. Selondes sources concordantes, despays comme la Belgique et laHollande, sans oublier la GrandeBretagne et l’Italie, seraient ac-tuellement sur le qui-vive. Leursservices, en coordination avecleurs homologues dans l’en-semble de la Méditerranée occi-dentale, seraient prêts à opérerdes rafles, «même préventive-ment» dans les milieux intégristesoriginaires du Maroc. ❏

A. Ben Ali

SOCIÉTÉ ET CULTURE

Maroc Hebdo International - N° 601- Du 16 au 22 Avril 2004 9

L’histoire, Bouteflikay est entré avec gloire

et honneur. Ilpourrait s’aménagerune belle sortie, toutaussi historique. Unesortie qui passe par

Alger, le Saharaet la construction

du Maghreb.

• Quelques uns des intégristes marocains présumés membres du GICM.

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. AFP

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C’est la faute à Chirac, pourrait-on dire à propos des 84,99%de Bouteflika. Le Président français n’avait-il pas fait82% et des poussières, lors du 2ème tour des présiden-

tielles, le 21 avril 2003 ! «Un score africain», avait-on persiflé, avecun rien de sarcasme justifié à propos de la démocratie à l’africai-ne. Bouteflika, lui, on lui a servi du «score soviétique», par référenceà ses anciennes amours idéologiques pour un bloc qui n’existe plus,mais chez qui il fait toujours son marché d’armes et de pièces derechange.Mais bref d’immixtion dans les affaires électorales des autres.Abdelaziz Bouteflika a été élu par les siens, contre ses adversaires.Et il n’y a rien à dire sur ce registre, totalement algéro-algérien. Lepremier à l’avoir compris, c’est Jacques Chirac. Une semaine aprèsla réinstallation de Bouteflika sur le même fauteuil présidentiel,Chirac est venu déjeuner au palais de Mouradia. Une caution quivaut son poids de barils de pétrole et de mètres cubes de gaz.

Quant à nous autres marocains,nous avons plein de choses à direà l’ancien et au nouveau Bouteflika.L’histoire partagée en héritage et lagéographie comme impératif devoisinage, nous les avons suffi-samment évoquées et invoquées,pour les ressasser une fois de plus.Il s’agit maintenant de savoir ceque nous voulons en faire.Un alibi d’inimitié pour continuerà alimenter un conflit que l’oncompte déjà en décennies ? Un pré-texte pour donner du souffle, à undiscours à bout de souffle parceque passéiste dans son référentielet anachronique dans sa volontéhégémonique ? Ou un atout pour

répondre aux attentes internes et aux interpellations externes dumonde nouveau?Il va de soi que le Maroc est pour cette dernière option, en adéquationparfaite avec les vœux des peuples algériens et marocains. Pour êtreplus clair, M. Bouteflika pourrait inscrire parmi les objectifs de sondeuxième mandat, le règlement de la question du Sahara. Il en dé-tient les clés. N’est-il pas l’un des politiques algériens à l’originede ce conflit artificiel, du temps où il était ministre de HouariBoumedienne pour les Affaires étrangères.Ce problème a assez duré. Les trois quarts de la population desdeux pays et de l’ensemble du Maghreb, sont nés après 1975. Dequel droit continue-t-on de les lester avec le boulet-Sahara ! Il estcertain qu’en privilégiant un règlement politique et pacifique de l’af-faire du Sahara, Bouteflika ne serait pas accusé de brader les bi-joux de familles. Il ne s’agit pas de la privatisation de la Sonatrach.Mais d’un territoire marocain sur lequel Boumedienne voulait mi-joter un micro-État fantoche.Un homme au parcours politique fantastique, comme AbdelazizBouteflika, a dû comprendre que s’il y a une pierre dans la bottedu Maroc, ce n’est pas le Sahara, mais le mal-développement. Etcette pierre-là, elle fait boiter tous les pays du Maghreb, parce qu’el-le est dans la botte de chacun d’eux. Abdelaziz Bouteflika est peut-être le dernier homme historique, un peu comme le dernier desMohicans, à présider aux destinées de l’Algérie. L’histoire, il y estentré avec gloire et honneur. S’il pouvait s’aménager une belle sor-tie, tout aussi historique, il bouclerait magistralement son parcours.Une sortie vers la construction du Maghreb. Un Maghreb dont lafaisabilité passe par Alger. Et par le Sahara.❏

À propos...

Abdellatif Mansour

Le Bouteflika nouveau est arrivéLes Européens aux trousses des membres du GICM

La chasseaux terroristes

Plus d’un mois après lesmeurtriers attentats deMadrid, la chasse aux

membres du Groupe islamiquecombattant marocain (GICM) batson plein en Europe occidenta-le. Les autorités espagnoles ontainsi interpellé, mardi 13 avrilau sud du royaume, deux res-sortissants marocains soupçon-nés d’appartenance à ce grou-puscule intégriste. Ces arresta-tions portent à 23 le nombre despersonnes appréhendées par lesEspagnols dans le cadre de l’en-quête sur les attaques terroristesperpétrées, le 11 mars, dans troisgares ferroviaires madrilènes.Les éléments présumés du GICMreprésentent la majorité écra-sante des personnes interpellées,en Espagne, dans cette affaire.A en croire des sources maro-caines, la collaboration étroitedésormais instaurée entre Madridet Rabat a favorisé et favoriseencore les progrès « remar-quables» des investigations croi-sées sur les carnages perpétrésdans la capitale espagnole. Cettecollaboration englobe égalementla France qui est un partenaireprivilégié des deux riverains deGibraltar.Paris a procédé lundi 5 avril audémantèlement d’une importan-te cellule parisienne du groupeterroriste marocaine. Effectuéequelques jours après une visite du

célèbre juge anti-terroriste fran-çais, Jean-Luis Bruguière, cetteopération a consisté en l’arres-tation des 15 membres présumésdu GICM. Six d’entre eux ont étéofficiellement inculpés. Ils sontpoursuivis pour « appartenanceà une association de malfaiteursen relation avec une entrepriseterroriste ».

Logistique

Le chef de cette cellule, MustaphaBaouchi ne semble pas renier soncrédo extrêmiste. Selon son avo-cat, ce jeune Marocain, «neconteste pas une certaine idéo-logie» même s’il affirme êtrehostile aux actes de violencecontre les civils. Baouchi fait dé-jà, avec deux autres inculpés àParis en l’occurrence, le franco-marocain, Fouad Charlaoui etBachir Ghoumid, de nationalitéfrançaise, l’objet d’un mandatd’arrêt international délivré parles autorités marocaines dans lecadre de l’enquête sur les at-taques kamikazes qui ont fait, le16 mai dernier, 45 morts et desdizaines de blessés en pleincentre de Casablanca.Les trois autres inculpés par lajustice française sont les franco-marocains, Ridouane Aberberiet Rachid Aït El Haj ainsi que leressortissant turc, Attila Turk,très lié aux Marocains. Il s’ap-

prêtait au moment de son arres-tation à s’envoler pour son paysd’origine. Ce qui a nourri lesdoutes des enquêteurs français.Ce groupe des six qui aurait four-ni un soutien logistique aux ka-mikazes de Casablanca et desterroristes de Madrid savait qu’ilétait depuis plusieurs mois étroi-tement surveillé par les servicesfrançais. Aussi, ses membres ontévité de laisser paraître lemoindre indice susceptible de lesenfoncer. La police n’a pas trou-vé dans leurs domiciles ni armesni explosifs. Mais, tous ont tou-tefois reconnu avoir séjourné enAfghanistan des Talibans entre2000 et 2001 y avoir appris àmanier armes et explosifs. Quoiqu’il en soit la chasse auxterroristes marocains en Espagneet en France n’est que le débutd’un véritable ratissage à l’échel-le européenne des activistes etsympathisants du GICM. Selondes sources concordantes, despays comme la Belgique et laHollande, sans oublier la GrandeBretagne et l’Italie, seraient ac-tuellement sur le qui-vive. Leursservices, en coordination avecleurs homologues dans l’en-semble de la Méditerranée occi-dentale, seraient prêts à opérerdes rafles, «même préventive-ment» dans les milieux intégristesoriginaires du Maroc. ❏

A. Ben Ali

SOCIÉTÉ ET CULTURE

Maroc Hebdo International - N° 601- Du 16 au 22 Avril 2004 9

L’histoire, Bouteflikay est entré avec gloire

et honneur. Ilpourrait s’aménagerune belle sortie, toutaussi historique. Unesortie qui passe par

Alger, le Saharaet la construction

du Maghreb.

• Quelques uns des intégristes marocains présumés membres du GICM.

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. AFP

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C’est bien connu, la répar-tition des affaires pu-bliques entre les différents

ministères constituant un gou-vernement est généralement ef-fectuée sous forme analytiquepar opposition à la forme desynthèse.

C’est ainsi par exemple que dansla majorité des pays, la préser-vation des droits, des biens etdes personnes est une tâcheconfiée au ministère de laJustice, l’économie au ministè-re des Affaires économiques, lesrelations extérieures, au minis-tère des Affaires étrangères, lasécurité publique au ministèrede l’Intérieur, l’enseignement auministère de l’EducationNationale, etc.Par exception à cette forme ana-lytique, mais en tenant comptedes forces politiques en présen-ce, un gouvernement peut êtreformé avec des portefeuillescréés de toutes pièces répondantau besoin dictée par la nécessi-té d’équilibre, afin de satisfaireplusieurs composantes de la mê-me sensibilité politique devantobtenir une indispensable ma-jorité parlementaire où il s'agitparfois tout simplement de pla-cer afin de le marginaliser uncadre “encombrant” d'un partipolitique.Ceci bien évidemment au détri-ment de l’homogénéité et par-tant de l’efficacité du rôle dupouvoir exécutif.C'est ainsi qu'on peut noter lesurplus de départements minis-tériels que comporte l’actuellecomposition gouvernementale.Soumise à un examen mêmesommaire, la liste des postes mi-nistériels ne résiste pas à la cri-tique qui impose sarestructuration à la baisse.Notre pays avec une trentainede millions d’habitants, néces-

site moins d'une trentaine deministres qui suffiraient large-ment à sa gestion pour peu qu’ily ait des compétences qui,d’ailleurs, ne manquent pas dansla présente équipe gouverne-mentale. Se pose alors la ques-tion pas difficile à résoudre,comment opérer la compressionde l’imposante et tout autantincohérente équipe en fonctiondepuis début novembre 2002. Sic'est le cas, il s'agirait alors d'unremaniement justifié au plan po-litique et non institutionnel.Effectivement, l’analyse des at-tributions révèle un déséquilibredans les compétences.

Revalorisation

On peut également débusquerdes activités spécifiques appe-lées à se restructurer au seind'autres départements ministé-riels. Il s'agit des droits de l'hom-me, de la mise à niveau, duCommerce extérieur, de l'arti-sanat, des Sports, de la Cultureet du secteur maritime dans sonensemble.Par contre d'autres dé-partements sont mutilés c'est lecas du ministère de l'Habitat,dont les prérogatives sont limi-tées sinon incomplètes. Pour me-ner à bien sa difficile missiond’éradiquer l'habitat insalubreet réussir à résoudre cet énor-me problème, il lui manque plus

d'espace administratif, en l'oc-currence les prérogatives del'aménagement du territoire etde l'urbanisme, ce qui donne-rait à ce ministère une vision etl'autorité globale sur le secteur.Par contre, le secteur maritimeest à restructurer sinon à créerainsi qu'un ministère de la Ville.Malheureusement, dans ces deuxcas, l'élite politique du pays nepossède aucune vision océa-nique ni celle de gouvernanceurbaine.Longtemps traité en parentpauvre, l'artisanat est margina-lisé, voire sous-estimé alors qu'ils'agit en réalité de métiers d'artexercés par de véritables artistesmarocains.De par leur savoir-faire ces mil-liers d'artisans professionnelshonorent le Royaume. Cettebranche qui fait vivre en outreplus de deux millions de fa-milles, devrait être revaloriseépour avoir sa place privilégiée ausein du ministère du Tourismequi peut être le prolongementnaturel à même de favoriser sonexpansion.Le département de l'environne-ment s'impose indéniablementsur la scène politique pouréchapper au rôle de simple fi-gurant qu'on entend lui faire te-nir au sein d'un minuscule se-crétariat d'État. Ses attributionsdevraient être revues à la haus-

se en y incluant l'eau et la fo-rêt qui font partie intégrante desurgentes préoccupations dupays. Ainsi renforcé, le secteurde l'environnement apporteraun soutien plus conséquent àl'aménagement du territoire. Ledépartement de la Culture, dontles activités et le budget sont lesplus pauvres sur l'échiquier gou-vernemental, mérite plus deconsidération. Pour cela, ses ac-tivités doivent être rattacheésau ministère de la Jeunesse etdes Sports, actuellement inexis-tant.

Considération

Le département de l'Educationnationale devrait également êtrerestructuré dans des proportionsraisonnables. Il peut être épau-lé outre le ministre del'Enseignement supérieur et dela Recherche, par un ministre dela Formation professionnelle etde l'Enseignement technique etprivé. Ce dernier, avec ses500.000 étudiants, est harcelépar les pouvoirs publics, en ma-tière de fisc et en perpétuelletracasserie pour assoir son sta-tut, alors qu'il constitue une au-baine pour le secteur del'Education nationale dans notrepays.Au Maroc, le ministère desTransports est un département

politique, qui se suffit à sapropre gestion sans être alour-di par celle des Travaux Publics.Les Travaux Publics étant undépartement strictement tech-nique n'a pas, comme en France,à être lié à celui des transportset encore moins à la mer. Il doitpar conséquent, se contonerdans son rôle primordial de bâ-tisseur de routes, de ports, aé-roports, ponts, stades, écoles etautres établissements publics, etne peut aucunement prétendregérer des ports maritimes, les-quels doivent être confiés à unministère des Affaires maritimeset de la pêche, secteur traver-sant une grave crise en flottemarchande et quasiment enfaillite dans le domaine despêches maritimes.

Restructuration

Le ministère de l'Emploi se doitde réccupérer les affaires so-ciales qui sont ballottées au grèdes opportunités de créations denouveaux départements actuel-lement confiées, sans vraimentl'être, à deux ministères, à savoirl'économie sociale, et l'actionsociale c'est aussi vague qu'in-opérationnel...Quant à la mise à niveau del'économie, elle ne peut être ef-fectuée que par le départementdes finances, ou celui duCommerce et de l'Industrie.S'agissant des droits de l'hom-me, peuvent constituer unesimple direction au sein du mi-nistère de la Justice, d’ailleurscette mission est depuis des an-nées assurée honorablement pardes ONG. Le budget de ces deuxdépartements (mise à niveau etDroits de l'Homme) serviraintbien à rehausser la capacité fi-nancière bien maigre du secteurde la Santé et celui de l'habitat.Par ailleurs le secrétariat géné-ral du gouvernement (SGG), estle département auquel revien-nent habituellement le rôle deporte-parole du gouvernement.Une telle restructuration don-nerait au maximum 27 minis-tères, composition gouverne-mentale plus efficace, parce queappropriée et donc mieux gé-rable.❏

Pour un remaniement ministériel efficient

Besoin de cohérence

Maroc Hebdo International - N° 601 - Du 16 au 22 Avril 2004 10

POLITIQUE

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. AFP

L’unanimité semble être faite que le gouvernement est pléthorique. Plusieursfonctions ministérielles actuelles peuvent être réincorporées au sein de leur« département-mère ». D’autres secteurs, actuellement marginalisés, revêtent unetelle importance pour le pays qu’ils méritent un ministère à part entière.

• Les membres du gouvernement avec S.M le Roi Mohammed VI.

Abdelkader Timoule

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L’Eglise d’Espagne proteste contre les attaques de Khalid Alioua

Un ministre, ça ferme sa gueule...

Maroc Hebdo International - N° 601 - Du 16 au 22 Avril 2004 11

L’interview de Khalid Alioua à l’hebdomadaire espagnol a été un véritablepavé dans la mare dans le landernau religieux et politique. Voilà un respon-sable gouvernemental qui attaque une institution purement religieuse commel’Opus Dei, au risque de saper le climat de bonne entente qui s’annonce.

POLITIQUE

Que diable est-il allé fairedans cette galère ? Quellemouche a donc piqué

Khalid Alioua, ministre del’Enseignement supérieur, à selivrer à cette attaque en règle

contre l’ancien président du gou-vernement espagnol, José-MariaAznar, dans l’interview qu’il aaccordée à l’hebdomadaire es-pagnol “El Siglo” (n°596, 29mars/4 avril 2004) ? Tout y pas-se en vrac, même des attaquespersonnelles contre celui-ci etd’autres, encore plus singulièreset surprenantes, contre l’OpusDeï et ses ouailles présentéescomme étant des “intégristes,des fondamentalistes comme nosislamistes radicaux”.Du coup, l’émoi est plutôt fortdans la péninsule ibérique. Levicaire de la Prélature de l’OpusDei d’Espagne a adressé une cor-respondance à l’Ambassadeurdu Maroc à Madrid –une pre-mière du genre, cette institutionecclésiastique n’ayant guèrel’habitude de faire des mises aupoint.

Pavé

Il y exprime son “regret” pour lesdéclarations faites par ce mi-nistre et s’inscrit en faux à cetégard contre le fait que celles-ci désignent “la Prélature del’Opus Dei” comme un obstacledans les relations bilatéralesentre l’Espagne et le Maroc”. Il“regrette la profonde mécon-naissance de la réalité spirituelledu Opus Dei et il précise “qu’entant qu’institution de l’Eglisecatholique, elle a uniquementdes finalités religieuses, raisonpour laquelle elle ne prend pasparti dans les questions poli-tiques. “Je pense, poursuit-il,qu’en ce moment, nous devonssavoir chercher la paix, la

concorde et la compréhensionmutuelle, qui se voient affectéespar des déclarations commecelles de M. le Ministre à l’égardd’une institution de l’EgliseCatholique. Fuyant tout fana-tisme, et suivant les pas du SaintPape Jean-Paul II, je fais quo-tidiennement la prière pour quele dialogue inter-religieux aide àcréer un monde plus juste et pa-cifique. J’aimerais égalementvous transmettre le respect etl’affection que l’Opus Dei a, entant que partie de l’EgliseCatholique, envers la religionmusulmane”. Enfin, il exprimesa confiance que sa correspon-dance serve “à rapprocher da-vantage l’Opus Dei du peuplemarocain et de Sa Majesté le RoiMohammed VI, lesquels sontprésents dans mes prières”.C’est dire que les propos deKhalid Alioua ont été un véri-table pavé dans la mare dans lelandernau religieux, culturel etpolitique de ce pays voisin. Et lesinterrogations de principe nemanquent guère à ce sujet. La première d’entre elles est cel-le-ci: l’intéressé était-il habilitéà faire des déclarations mettanten cause les intérêts diploma-tiques du Royaume dans ses rap-ports avec un pays commel’Espagne avec lesquels la posi-tion officielle est celle du par-tenariat privilégié et de la co-opération renforcée ? A-t-il doncparlé en tant que membre dugouvernement, ce qui est évi-demment fortement improbable,puisqu’il n’a pas la qualité deministère d’État que l’on sache?Ou bien a-t-il mis de côté cettequalité pour exprimer des idéesqui sont celles de son parti,l’USFP en l’occurrence? Et puiss’en prendre à une institutionimportante de l’Eglise catholiqueespagnole, quelle maladresse!Que n’aurait-on pas dit cheznous si un responsable politiqueespagnol, membre du gouver-

nement de surcroît, s’était livréà une mise en cause de mêmefacture contre telle ou telle com-posante du champ religieux, lacomparant même aux “isla-mistes radicaux” ?

Immixtion

Mais l’imprudence du ministreUSFP ne se limite pas à ce seulaspect. Elle déborde, si l’on osedire, sur le champ politique ens’en prenant en termes peuamènes au chef du gouverne-ment sortant, José-Maria Aznar.S’immiscent dans les affaires in-térieures de ce pays et soudantles reins et les cœurs des élec-teurs espagnols, il a déclaré que“ce Monsieur et son parti ontcatégoriquement méprisé l’opi-nion publique dans des ques-tions aussi essentielles que leuropposition à la guerre en Irak”.Il estime même que “le compor-

tement du Gouvernement duParti populaire, après les atten-tats terroristes de Madrid, a étéhonteux et indigne de dirigeantspolitiques qui prétendent êtredes démocrates… En tant quedémocrate et socialiste maro-cain, je me sens heureux: Aznara récolté ce qu’il avait semé : lemépris et l’opposition d’une ma-jorité sociale”. Même Zapatero,lors des moments les plus en-fiévrés de la dernière campagneélectorale n’avait pas été aussioutrancier…Une autre interrogation regar-de la lecture que fait KhalidAlioua du sort des relations bi-latérales avec la mise sur pied dunouveau Cabinet socialiste. QueJosé-Luis Rodriguez Zapatero,leader du PSOE et chef de cegouvernement, ait une sensibi-lité sans doute plus ouverte àl’égard de Rabat, n’est guèrecontestable, il l’a d’ailleurs sou-

ligné dès ses toutes premièresdéclarations; et son ministre desAffaires étrangères, MiguelAngel Moratinos a été tout aus-si explicite dans un interviewau quotidien français “LeFigaro” en faisant référence à laplace prioritaire du Maroc dansla politique étrangère de Madridet même à la nécessité d’une“complicité” entre les deux pays.Mais de là à croire, par candeur,que tout va être réglé dans lesproblèmes bilatéraux, lutte an-titerroriste et coordination despolitiques contre l’immigrationclandestine et la drogue, non-définition des espaces maritimesentre la côte atlantique maro-caine et les Îles Canaries sus-ceptibles de disposer d’hydro-carbures, question du Sahara,sans oublier les sujets tabous deSebta et Mellila…

Tabous

Le nouveau gouvernement dé-fendra ce qu’il estimera être lesintérêts bien compris de sonpays; il n’a pas pour program-me ni pour objectif d’être lesous-traitant des vœux et desprofessionns de foi de Rabat. Qu’un nouveau climat puisse dé-sormais présider aux relationsbilatérales n’est guère contes-table. Qu’une volonté politique expri-mée au plus haut niveau desdeux pays –SM Mohammed VIet Zapatero– soit déjà un bongage dans ce domaine est cer-tainement encourageant. Maiscette nouvelle tonalité dont nepeut que se féliciter avait-ellebesoin des dérapages de KhalidAlioua qui en voulant trop fai-re a même indisposé le parti so-cialiste espagnol dont il s’est faitle laudateur. Pour quelqu’un quela presse de Madrid présentecomme le futur ambassadeur duMaroc en Espagne, c’est plutôtmal parti, non ?…❏

• Khalid Alioua.

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. M

HI

Mustapha Sehimi

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Ce dimanche 11 avril, le complexe sportifMoulay Abdallah à l’entrée sud de Rabat,connaît une fébrilité et une affluence extra-

ordinaires. L’omniprésence, dans le public, d’hommesbarbus et de femmes voilées faisait rapidement com-prendre qu’il ne s’agissait pas d’une compétitionsportive mais d’une gand-messe islamiste. Celle duParti de la Justice et du Développement (PJD) qui clô-turait, ce jour-là, ses cinquièmes assises nationales.L’air est euphorique. Les accolades et les congratu-lations échangées entre les 2000 congressistes sontinterminables. Il n’est pas assez difficile de percerle secret de cette joie non contenue.

Témoin

Sur la défensive depuis le 11 septembre 2001, vouéaux gémonies par une partie de la presse, qui leconsidérait comme étant « moralement responsable»des attentats meurtriers du 16 mai à Casablanca, etregardé, pour un moment, comme un pestiféré parla classe politique, le parti islamiste a réussi un vé-ritable tour de force en se réhabilitant. Le congrèsen était l’illustration. Les militants du PJD se ré-jouissaient également de leur capacité d’opérer endouceur les changements organisationnels et lesamendements doctrinaux « requis ». Le fondateur decette formation, le Dr Abdelkarim Al Khatib, 84 ans,avait pu, à cette occasion, passer le témoin, en ef-fet sans fracas, à Saad Eddine El Othmani. Issu d’unefamille originaire du Souss, le nouveau secrétaire gé-néral du PJD incarne l’aile « fréquentable » du par-ti islamiste. Agé de 48 ans, M. Othmani, docteur enpsychiatrie, a été porté au poste de secrétaire géné-ral par plus de 80 % des congressistes ayant pris partau vote.Il a damé le pion à d’autres figures de proue de cet-te formation comme Abdallah Baha, élu pourtantcomme secrétaire général adjoint, AbdelilahBenkirane, élu à la tête du Conseil national, ins-tance délibérative du parti, ou Lahcen Daoudi, quifait partie des dix-sept membres du nouveau secré-tariat général, instance exécutive désormais domi-née par les modérés.

L’aile pure et dure du PJD, naguère ayant le vent depoupe, a été reléguée aux secondes loges. Elle estcertes représentée au sein de l’organe exécutif du par-ti, par des figures très connues comme AhmedRaissouni, président du Mouvement de l’Unité et dela Réforme (MUR), principale composante du PJD,et Me Mustapha Ramid, ex-président du groupe par-lementaire de la formation islamiste à la chambredes Représentants. Ce courant a paru constituer une« face hideuse » que le parti peine désormais à ca-cher. Son orientation fondamentaliste sur les ques-tions relatives aux prescriptions de la loi islamique-interdiction de vente de boissons alcoolisées, entreautres- et son discours politique virulent ne sontplus considérés -c’est un euphémisme- comme desatouts.Le communiqué final rendu public à l’issue des5èmes assises de cette formation islamiste, tout com-me le rapport politique et la charte doctrinale adop-tés, à cette occasion, illustre le triomphe des modé-rés au sein du PJD. Il n’est plus question, pour lesamis de El Othmani, de tenter de faire de l’Islam, re-ligin de la quasi-totalité des Marocains, un apana-ge exclusif. « Aucune instance (partisane) n’a le droitde s’approprier le référentiel islamique en en ex-cluant les autres ou de prétendre disposer de la vé-rité absolue » peut-on lire dans un éditorial du quo-tidien islamiste Attajdid paru le surlendemain ducongrès. Intitulé « ni reniement, ni monopole », letexte considère également la démocratie et moder-nité comme des valeurs communes pour tous lesMarocains. « La démocratie et la modernité ne sontun monopole de qui que se soit », affirme cet orga-ne de presse des Islamistes qui soutient que « lesMarocains doivent être tous démocrates et moder-nistes ». Cette tentative de faire peau neuve est perceptibleégalement dans l’élection de nombreux jeunes cadresfrancophones au sein de l’instance exécutive duparti, qui comprend désormais deux femmes. C’estle cas non seulement du nouveau patron Saad EddineOthmani et de son adjoint Lahcen Daoudi, mais éga-lement, entre autres, de Abdelkader Amara, ingénieuragronome et de Abdelaziz Rabbah, un ingénieur in-formaticien qui dirige actuellement la jeunesse duPJD. C’est la montée de ceux qui parlent des languesétrangères au détriment de ceux ne comprennent quel’arabe ; de ceux qui ont suivi un enseignement mo-derne au gram dam des professeurs de foi. Cette ou-verture et ce pragmatisme nouveaux sont traduitspar d’autres décisions.Comme celle de lancer incessamment un organe depresse francophone et de ne pas rester prisonnier deses affinités idéologiques. Il est à cet égard intéres-sant de mentionner que les Islamistes marocainsont invité des représentants du Parti constitution-nel au pouvoir en Tunisie, de préférence à « leursfrères » de Nahda interdits et pourchassés par legouvernement de Tunis.Comme son homonyme turc, le PJD allège son far-deau idéologique, pour devenir, par les temps qui cou-rent, fréquentable. Et pourquoi pas un parti ges-tionnaire de la chose publique?❏

Abdallah Ben Ali Maroc Hebdo International - N° 601 - Du 16 au 22 Avril 200412

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I

Le Vème congrès du PJD, le week-end dernier, à Rabat, n’apas été qu’une démonstration de force tranquille, de mo-bilisation et de responsabilité ; il a également été l’expres-

sion d’une certaine forme –enviée par tant de formations pré-sentes– de modernité illustrée par les moyens techniques utili-sés. Alors que tant de manifestations de même nature s’appa-rentent à un grand désordre dans la discipline et même dans lesesprits, voilà que ce parti islamique donne de surcroît l’exempledu pluralisme et de démocratie interne. Quatre candidats auxfonctions de secrétaire général –en remplacement du Dr.Abdelkrim El Khatib qui ne se représentait pas- ; un vote dansla transparence la plus parfaite : voilà de quoi donner contre-point, un aspect quelque peu “brejnévien” à tant d’autres as-sises de partis tellement gesticulateurs en matière de… rhéto-rique démocratique.Quelles leçons en tirer ? Que le PJD, en premier lieu, intègre lesystème institutionnel et le cadre légal qui permet le déploiementde l’action politique. Il fait sien un triptyque qui est un socle deréférence dominant : Islam, monarchie, intégrité territoriale.Difficile de lui faire un procès de rupture du pacte social et del’incriminer de visées déstabilisatrices. Une évolution positivemarquée du sceau de la modération et de la responsabilité quioffre l’avantage de mettre en avant une posture sécurisante etcohabitationiste avec les autres acteurs du champ politique. Elles’insère en effet dans un cadre de légitimité censé être prati-quement consensuel ; elle témoigne également de l’adhésionaux formes de combat fondées sur le respect des valeurs fonda-mentales et le respect de la loi ; enfin, elle décline la nouvelleidentité que se propose de prendre ce parti en marquant ses dis-tances avec des prises de position “activistes” et même anti-sys-tème des années précédentes.Pour autant, on peut se demander, en second lieu, si le com-portement du PJD et les activités qu’il va avoir dans le cadre desa vie organique, ne seront plus qu’un “long fleuve tranquille”.Les responsables de cette formation ne manquent pas de sens po-litique : ils savent qu’ils ont frôlé l’interdiction pure et simplede leur parti lors des semaines qui ont suivi les attentats terro-ristes du 16 mai dernier à Casablanca ; ils n’ignorent pas que les“éradicateurs”, tant dans l’appareil d’État que dans certainesfranges de la bourgeoisie et de certains partis progressistes, n’ontpas désarmé et qu’ils continuent à imputer au PJD et à la mou-vance islamiste dont il est l’expression la responsabilité mora-le, sinon politique, du recours à la violence et au terrorisme. Ilsne mésestiment pas non plus la difficulté qu’il y a dans leurs rangsà gérer le débat de principe sur la nature et la portée de laCommanderie de Croyants –problématique posée par AhmedRaissouni du MUR (Mouvement Réforme et Unicité) et parMustapha Ramid– tout en donnant des gages au pouvoir.A n’en pas douter, l’élection du Dr. Saâd Eddine al Othmani auxfonctions de nouveau secrétaire général participe d’une volon-té de normaliser la place et le rôle du PJD. A ce titre, elle est unemodalité transactionnelle dans une conjoncture particulière.Mais la composante islamiste dans le champ politique n’en voitpas pour autant sa place amoindrie : loin de là même. Elle estla première force électorale et politique du Royaume ; elle sedistingue par sa capacité de mobilisation et d’encadrement boos-tée par un militantisme de proximité qui paraît avoir déserté lesautres formations ; elle est pratiquement le seul mouvement so-cial générant une dynamique porteuse d’espoirs touchant unprojet de société plus juste et plus solidaire. Une intégrationréussie ? Qui, assurément, sur la base peut-être de cette bonnevieille stratégie de l’“entrisme” pratiquée naguère par d’autresmouvances. Surtout qu’elle s’inscrit dans la durée, par-delà le ca-lendrier électoral traditionnel ou prévisible…❏

Éclairage....

Mustapha Sehimi

L’“entrisme” du PJD

POLITIQUE5ème congrès du Parti de la Justice et du Développement

La mue du PJDGrâce à des changements opérés en douceur, le PJDa réussi à se rendre plus fréquentable. La venue à satête d’une direction moderniste et pragmatique enfont même un parti gestionnaire de la chose publique.

• Saad Eddine El Othmani.

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Le Président américain soutient son ami Ariel Sharon, Premier ministre israélien

Bush n’a rien compris

Maroc Hebdo International - N° 601 - Du 16 au 22 Avril 2004 13

Le plan de retrait de Gaza proposé par Ariel Sharon a été qualifié d’historique etde courageux par le président américain George W. Bush. Ce que rejette catégori-quement Ahmed Qorei, Premier ministre palestinien, qui appelle à un retour à lalégalité internationale. En Irak, Bush fixe le 30 juin 2004 pour évacuer l’Irak.

POLITIQUE

La visite d’Ariel Sharon, Premier mi-nistre israélien, aux Etats-Unis pourproposer au Président George W.

Bush un plan de retrait de Gaza, dans larégion palestinienne, est l’occasion pourles Israéliens et leurs alliés américains deconfirmer leur hégémonie sur les Arabes. Ce plan de retrait, décidé quelques joursaprès avoir perpétré l’assassinat du chei-kh Ahmed Yassine, leader du Mouvementde résistance Hamas, est contraire auxrésolutions onusiennes 948 et 1142 quiobligent les occupants israéliens à effec-tuer un retrait total et sans conditions desterritoires palestiniens. Et pourtant, Bush,allié inconditionnel de Sharon, lors d’uneconférence de presse donnée mardi 13avril 2004 à la Maison Blanche, qualifie

d’“historique et courageuse" l’initiativede Premier ministre israélien qui pour-suit sa boucherie criminelle sur les civilspalestiniens.

Colonies

Pire, le président américain n’a pas ou-blié de dire que ce plan proposé par lesIsraéliens est conforme à la légalité in-ternationale qui autorise un retour auxfrontières de 1948. Mais, les accordsd’Oslo, sous la conduite de Bill Clinton,ancien président américain, ont retenules frontières arrêtées en 1967 pour le re-trait israélien des territoires palestiniens.Aussitôt le plan annoncé à Washington,le Premier ministre palestinien, Ahmed

Qorai, s’est dit scandalisé par l’initiativede Sharon et son approbation par le pré-sident américain. Qorai, qui s’exprimaitdepuis son quartier général en Palestine,a déclaré qu’il refusait et rejetait com-plètement ce plan. Dans la réalité, ce plan de retrait prête àsourire. Car, là où il existe une forteconcentration des colonies juives se trou-ve en Cisjordanie: Près de 200.000. Et cene sont pas des juifs ordinaires. Pour laplupart, ils sont des juifs intégristes etextrémistes qui s’attachent à leur nondroit d’occuper la Cisjordanie. Au sujet de la situation en Irak, le prési-dent Bush a réaffirmé l'engagement desEtats-Unis envers ce pays arabe occupéaprès le transfert de souveraineté, prévu

pour le 30 juin, et déclaré qu'il était dis-posé à envoyer des troupes et des res-sources supplémentaires si les comman-dants des forces armées américaines surle terrain le jugeaient nécessaire. Tous lesspécialistes du Moyen Orient s’accordentque le délai de 30 juin 2004 pour un re-trait de l’Irak des forces de la coalitionest une chimère. L’état chaotique dans lequel se trouve lepays depuis son occupation en avril 2004autorise toutes les spéculations sur lacontinuation des violences. Moqtada Sadr,qui conduit la lutte chiite contre lesAméricains n’est pas prêt à lâcher sa ba-taille. L’Irak vit un chaos total. Tout com-me la Palestine.❏

A.A

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Onze milliards de dirhams est lecoût annuel des accidents de lacirculation. Rapporté au PIB (

Produit intérieur brut), cela représente2,5%. Nos routes sont les plus meur-trières au monde. En chiffres absolus : 10morts et 114 blessés tombent chaque joursous les roues des camions, des autocarset des voitures. Pour la seule année 2003,53 814 accidents corporels ont été enre-gistrés dans l’ensemble du pays. Les dé-gâts humains ont été catastrophiques :88 400 victimes réparties entre 3878 tués,15 061 blessés graves et 69 461 blesséslégers. Un véritable fléau socio-écono-mique qui constitue un sérieux frein audéveloppement de notre pays. Plusieurscampagnes de communication utilisantla télévision mais aussi la radio ont étélancées au cours des dernières années.Mais, aucune d’elle n’a concouru à stop-per l’hémorragie. Pire, elle s’est aggra-vée faisant du Maroc le pays dont lesroutes font trembler plus d’un. Si leschiffres des accidents font peur, lesimages, abominables et dramatiques, ren-dent furieux.

Phénomène

Jamais, une action, initiée aussi bien parle gouvernement ou par les associations,n’a servi à quelque chose. À cela plu-sieurs facteurs: d’abord, l’absence deconscience chez la plupart des maro-cains. Non respect du feu rouge et desplaques « Stop », excès de vitesse, et in-attention lors de la conduite font le lotquotidien des automobilistes dont desimples dérapages peuvent conduire audrame. Ensuite, la complicité de certainsagents d’autorité avec les contrevenants.En les laissant sans sanction sévère, cesderniers sont autorisés à commettred’autres actes criminels dans la rue. Del’avis des spécialistes, la sanction consti-tue l’un des éléments les plus efficacesdans la lutte des accidents de la circu-lation. Aussi, pour leur grande influen-ce sur le comportement des citoyens, lesmédias, à leur tête la télévision, ne jouentpas le rôle de sensibilisation qui leuréchoit. Si des campagnes ont été lancéesà l’adresse des usagers de la route, lesrésultats sur les chiffres des accidentsn’existent pas. L’impact est minime voi-

re nul. Les slogans et les images montrésdans ces campagnes sont sans effet ma-jeur sur l’ampleur du phénomène. Mais,depuis quelques temps, lors d’une cam-pagne actuellement diffusée sur la télé-vision, les images sont plus choquantes.Elles montrent à quel point les accidentsde la circulation peuvent causer despertes considérables avec tout ce que ce-la exerce comme effets néfastes sur lapsychologie des citoyens. C’est la pre-mière fois en effet qu’une campagne decette qualité soit adoptée par la télévi-sion.

Urgence

À l’approche de l’échéance du 15 maiprochain pour désigner le pays qui vaorganiser la coupe du monde 2010 à la-quelle le Maroc est sérieusement candi-dat, il serait absurde et même farfelu delaisser ce problème prendre de l’ampleurplus qu’il en a aujourd’hui. À cet effet,conscient de l’enjeu des évènements quiattendent notre pays, Karim Ghellab, mi-nistre de l’équipement et du transport, aréalisé en concertation avec tous les dé-partements interpellés par la probléma-tique, une stratégie nationale de sécuri-té routière pérenne et réaliste, sur dix

ans, avec des objectifs définis et chiffrésà court et long termes. Cette stratégie, af-firme le ministre, sera menée et suivie auplus haut niveau du gouvernement à tra-vers un comité ministériel de sécuritéroutière, instance exécutive et dont ledécret d’institution vient de passer enconseil de gouvernement. Déclinée sur lestrois années à venir par un plan straté-gique dit d’urgence, la stratégie mise enplace s’est fixée un objectif global : «stabiliser et ensuite inverser la tendan-ce à la hausse des accidents de la circu-lation, puis maintenir à la baisse cettetendance dans des taux réguliers et am-bitieux ». De la prévention à la sanction en passantpar la formation, les actions entreprisespar le gouvernement sont de nature àfreiner l’expansion du fléau et, à terme,l’endiguer complètement. Déjà, en fé-vrier 2004, été lancée l’automatisationdes examens théoriques de permis deconduire comme première action pré-ventive.Une opération, qui malgré les réticencesrépétées et aiguës des propriétaires d’au-to-école, a été favorablement accueilliepar les citoyens. En outre, en préalableà la réforme de l’examen pratique dupermis de conduire, le département tra-

vaille sur la finalisation d’un program-me unifié d’enseignement de la condui-te des véhicules à moteurs, la mise à ni-veau et le contrôle rigoureux des auto-écoles.Des actions structurées seront lancéesincessamment pour rappeler et expliqueraux différents usagers de la voie pu-blique les comportements à risque etleurs conséquences, en particulier pourles usagers vulnérables, enfants, piétonset conducteurs de deux roues. Maillonfaible de la chaîne, les routes sont dansun état lamentable et ne favorisent nul-lement la lutte contre les accidents de lacirculation. Mais, dans le plan proposépar Karim Ghellab, il est indiqué que desopérations d’entretien, de maintenanceet de développement des infrastructuresroutières et voiries urbaines sont pro-grammées.

Usagers

De même que l’amélioration de la cir-culation routière en particulier par lapréparation et la mise en place d’un pland’action à court terme. Dans le mêmeordre d’idées, il est envisagé par les au-torités notamment locales de mettre enplace des opérations de secours par lamise en place d’un seul et unique nu-méro vert pour les services d’urgence encas d’accident du parc ambulancier de larégion. Sur le front de la sensibilisation,un plan d’action, ficelé et bien fait, d’in-formation et d’éducation des popula-tions, en particulier les usagers vulné-rables, est lancé.Il prévoit la mise en place d’un plan in-tensif de communication directe basé surdes opérations d’animation locale, conti-nues et permanentes. Ces actions com-plèteront les efforts de communicationde masse, menées au niveau national parles mass médias (télé, radio, presse, etaffichage). Mais, l’action révolutionnai-re est l’introduction d’un matériel nu-mérique doté d’une forte technologiedans le système de détection des fraudesnotamment les excès de vitesse. Espéronsque cela produira des effets palpables.Pour que la coupe du monde 2010, unefois remportée par le Maroc, sera bien or-ganisée. ❏

A.Amourag

Karim Ghellab a annoncé une stratégie nationale de lutte contre les accidents de la circulation

Pour que cessela tragédie

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POLITIQUE

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I

Les accidents de la circulation rendent nos routes meurtrières. Les dégâtshumains sont considérables. Un véritable fléau qui constitue un sérieux freinau développement socio-économique de notre pays.

• De véritables tragédies quotidiennes sur nos routes.

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Àma gauche, les raisins de Doukkala,des grains microscopiques dont lenoyau occupe le dixième du volu-

me, à ma droite le champion sud-africainau prix inabordable au commun desMarocains. Dans ma tête, j’hésite encore.Mais le commerçant a raison de mes der-nières résistances et me conseille de choi-sir les raisins exotiques au prix non moinstorride, pas moins de 40 dirhams le kilo.Cette situation peut être généralisée à l’ana-nas en provenance de cette même Afriquedu Sud, à la mangue du Pérou, aux prunesdu Brésil, aux poires et pommes du Chili,aux pommes d’Argentine ou même auxpommes de Chine.Autant de fruits provenant de contréesaussi lointaines les unes que les autres.Fruits bien conservés, bénéficiant,d’ailleurs, d’un conditionnement irrépro-chable, ce qui leur a permis de faire un

long voyage, à travers ciel et mer, avantd’arriver sur les étals de nos marchands defruits. Mis à part la fraîcheur, ces fruitsimportés présentent tous les atouts de laqualité : parfaitement emballés, ils se pré-sentent sous des formes des plus allé-chantes pour le regard. Ne dit-on pas cheznous que c’est « l’œil qui achète ». À condi-tion d’y mettre le prix. L’ananas coûtantpas moins de 25 dirhams le kilo.

Frigo

La mangue, un peu plus chère, s’offre auprix de 30 dirhams le kilo. Les bellespommes rouges du Chili, commercialiséespar des sociétés espagnoles, ou même nordaméricaines -comme la « ColumbiaMarketing International » (CMI) deWonatchee, Washington, USA- sont ven-dues au Maroc au prix de 24 dirhams le

kilo, un peu plus que le prix (22 dirhamsle kilo) des pommes de Chine. Par com-paraison, les pommes provenant du do-maine d’Ait Hazallal-Fouarate à El Hajeb(Domaine appartenant à Brahim Zniber) oucelles qui portent la marque « Arbor »sontvendues au prix de 18 dirhams le kilo. Lesdétaillants gagnent entre 4 et 5 dirhamsle kilo par rapport au prix de gros. À qualité un peu moins égale, ce qui dis-tingue ces fruits, qu’ils soient importés ounon, mais bien conservées au frigo pourêtre mis à la disposition des acheteurs toutau long de l’année, c’est une différence deprix.Est révolu le temps où le consommateurne profitait de ces vitamines que pendantdes périodes données de l’année. Chaquefruit a sa saison. L’été reste la saison roya-le où la variété des fruits est la plus gran-de. La fraîcheur en prime. Pas la fraîcheur

artificielle du raisin sud-africain mais cel-le bien réelle du bon terroir doukkali.Sommes-nous donc condamnés, au nomdu dogme du libre-échange et de la moinssacro-sainte compétitivité, à sacrifier lesbonnes saveurs de nos terroirs sur l’auteldu rendement entretenu et provoqué àcoups de produits chimiques ? Alors que,partout ailleurs, suite aux différentes ma-nipulations génétiques des produits agri-coles naturels, le retour se fait à marcheforcée vers le biologique. Au nom du bon goût, ne devons-nous pasaider nos fermiers traditionnels à cultiverl’art du fruit parfait qui a pris le temps debien mûrir, au lieu de les pousser, au nomde la soi-disant libre-concurrence, à s’em-pêtrer dans une course effrénée à la com-pétitivité ? Course perdue d’avance. Foide taste-fruits. ❏

Seddik Mouaffak

Les fruits d’importation envahissent le marché marocain

Histoire de fruits

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ÉCONOMIE

Mis à part la fraîcheur, ces fruits importés présentent tous les atouts de laqualité: parfaitement emballés, ils se présentent sous des formes des plusalléchantes pour le regard.

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• Maroc Hebdo International : Commentréagissez-vous au projet de réforme deslois relatives à l’urbanisme et à l’habi-tat, récemment adopté par leGouvernement?- Omar Ferkhani : Ce texte représenteune avancée remarquable dans le sensde la sécurité du citoyen. Il vient pallierune série des lacunes dans la législationen vigueur, lacunes mises en évidencepar le séisme meurtrier d’Al Hoceima, le24 février dernier.

• MHI : Croyez-vous que ces lacunesétaient à l’origine de la tragédie d’AlHoceima- Omar Ferkhani : Oui, dans la mesureoù ce n’était pas le séisme qui avait tuéles gens, mais l’effondrement deconstructions bâties sans respect desrègles de l’art les plus élémentaires. Lesdéfaillances du dispositif réglementairedu secteur sont actuellement exploitéespar des réseaux de type mafieux qui s’en-richissent au détriment de la sécurité desMarocains. Des milliers de constructionssont édifiées chaque année par des « tâ-cherons » irresponsables sans bénéficierde l’encadrement technique des profes-sionnels. Pour comprendre la gravité duphénomène, il suffit d’imaginer des mil-liers d’opérations chirurgicales effectuéessans la surveillance de l’anesthésiste etdu chirurgien.Le projet de réforme élaboré par le mi-nistère de l’Habitat vient, en effet, com-bler ces lacunes en définissant la res-ponsabilité de chaque intervenant dansl’opération de construction et en pré-voyant des sanctions sévères en cas decontravention.

• MHI : Le suivi des constructions, à tra-vers la tenue d’un cahier des chantiers,prévu dans le nouveau texte, sembleêtre un acquis majeur…- Omar Ferkhani : Oui, jusqu’ici si l’onexcepte les projets publics et quelquesprojets de particuliers, la plupart desconstructions ne bénéficient d’un aucunsuivi de chantier régulier. Des réseauxde complicité impliquant des élus, desagents d’autorité, des techniciens du sec-teur, des promoteurs… concourent pourcourt-circuiter la mission de suivi en secontentant de signatures de complai-sance pour l’obtention de l’autorisationde construire. Les chantiers sont ainsi li-vrés à la cupidité et à l’ignorance d’ir-responsables en dehors de tout profes-

sionnalisme. C’est l’absence de suivi et decontrôle des travaux par les profession-nels qui explique l’effondrement d’AlHoceima. Le drame était évitable

• MHI : Des architectes font-ils partiedes réseaux mafieux que vous venezde mentionner ?- Omar Ferkhani : Certains architectes,pas tous ni, d’ailleurs, la majorité d’entreeux. La nuance est de taille. L’Ordre desarchitectes avait, à maintes fois, dénon-cé cette infime minorité du corps quiavait, hélas, terni le blason du métier.Une étude réalisée, en 1997, par notreOrdre donne l’ampleur du gâchis : 8% àpeine des architectes de Casablanca si-gnaient 63% des projets. Signatures pourla plupart de complaisance.

• MHI : Les architectes sont placés aucœur du nouveau dispositif juridiqueproposé. Etes-vous entièrement satis-faits?- Omar Ferkhani : L’ordre national desarchitectes exprime son adhésion au pro-jet d’amendement de la loi sur l’urba-nisme et l’habitat. Mais, il tient toute-fois à rappeler que, même dans le cadreréglementaire en vigueur, l’architecte oc-cupe une place charnière, ce qui est nor-mal et même banal dans un pays civili-sé. L’Ordre reste pénalisé par le vide ju-

ridique qui, depuis 1993, date de la pro-mulgation de la loi 16/89 régissant laprofession, paralysait sa mission en l’em-pêchant d’accomplir son travail d’enca-drement de l’exercice du métier. Il nesuffit pas de donner du pouvoir aux ar-chitectes.Il faut s’assurer que ce pouvoir sera uti-lisé par les plus compétents et les plusvertueux d’entre eux. L’Ordre nationaldes architectes en tant qu’organisationprofessionnelle régie par un Dahir a, seul,vocation à encadrer l’exercice du métierpour atteindre cet objectif. La réformeactuelle, malgré ses apports indéniables,serait incapable d’assurer la sécurité descitoyens sans activation du rôle incon-tournable de l’Ordre des architectes, par-ticulièrement sur le plan disciplinaire.

• MHI : Etes-vous actuellement dansl’incapacité de sanctionner les archi-tectes irrespectueux de la déontologiede votre métier ?- Omar Ferkhani : le problème est pluscomplexe. Nous avons en fait la possi-bilité de prendre des sanctions discipli-naires contre les architectes indélicats.Mais ceux-ci recourent à la justice et ga-gnent systématiquement les procès etobtiennent l’invalidation des décisionsde l’ordre.• MHI : pourquoi ?

- Omar Ferkhani : La loi régissant notremétier, élaborée en 1989, stipule la pré-sence d’un membre de la Chambre consti-tutionnelle lors des délibérations duconseil disciplinaire de l’Ordre. Cettechambre a été supprimée. Le Conseilconstitutionnel qui l’a remplacée refusede répondre à nos invitations en arguantque le texte de la loi 16/89 parle deChambre constitutionnelle et non pas deConseil constitutionnel. Ce qui nous oblige à arrêter les sanc-tions en l’absence d’un membre d’uneinstance qui n’existe plus. Cela qui estsystématiquement considéré par les tri-bunaux comme « vice de forme » ren-dant nulles et non-avenues nos mesuresdisciplinaires. D’où l’urgence d’une mi-se à jour de cette loi. Il suffit juste dechanger quelques mots de ce texte ; deremplacer « membre de la Chambreconstitutionnelle » par « membre duConseil constitutionnel ».

• MHI : Ce n’est point sorcier. Avez-vous déjà saisi les autorités publiquesde cette doléance ?- Omar Ferkhani : nous n’avons eu decesse, depuis dix ans, de rappeler surtous les tons que l’Ordre national desArchitectes représente un outil institu-tionnel de choix pour établir la discipli-ne et contribuer de manière efficace, auxcôtés des pouvoirs publics, à combattreles pratiques mafieuses. L’ordre avait éga-lement, depuis lors, remis au Secrétariatgénéral du Gouvernement les proposi-tions d’amendements de loi nécessairespour pouvoir s’acquitter de sa missiondisciplinaire. On attend toujours.• MHI : Qu’entendez-vous faire main-tenant ?- Omar Ferkhani : L’ordre national desarchitectes, soucieux de la sécurité desMarocains, est déterminé à tout mettre enœuvre pour apporter sa contribution pourque la réforme en cours aboutisse réel-lement à professionnaliser l’acte de bâ-tir conformément aux directives conte-nues dans le discours important pro-noncé, le 25 mars à Al Hoceima, par SMle Roi Mohammed VI. Dans ce sens,l’Ordre prévoit plusieurs rencontres avecles élus de la nation dans les deuxchambres du Parlement autour de cettegrave problématique qui concerne la sé-curité de nos concitoyens.❏

Propos recueillis parAbdallah Ben Ali

Omar Ferkhani, président de l’Ordre national des architectes

L’ère de la discipline

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POLITIQUE

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Omar Ferkhani ne mâche pas ses mots. Pour le président de l’Ordre nationaldes architectes, le drame d’Al Hoceima trouve son origine dans “la siba” quirègne dans le secteur du bâtiment. Le jeune architecte plaide la réactivationdu rôle disciplinaire de l’Ordre. Entretien.

• Omar Ferkhani.

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Bras de fer entre Mohamed Sajid et les associations

Doper les revenus de la ville

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La décision prise par Mohamed Sajid, maire de Casablanca, d’imposer 2000dirhams aux associations a suscité une vive émotion. Certaines d’entre elles, s’esti-mant lésées, ont protesté contre cette décision. Sajid fait de nouveau parler de lui.

ÉCONOMIE

Mohamed Sajid, maire deCasablanca, a pris une décisionqui a fâché. Il vient d’imposer

aux associations, caritatives ou autres,le paiement d’une somme de 2000 di-rhams pour tout emploi des locaux de laville. Cette décision prise d’une maniè-re unilatérale a poussé certaines asso-ciations à manifester leur colère par l’or-ganisation de sit-in devant le siège duconseil de la ville. D’autres, plus virulentes, sont allées seplaindre auprès des autorités centrales àRabat pour dénoncer ce qu’elles appel-lent un acte “provocateur". Sajid, depuissa prise de fonctions en tant que mairede Casablanca, n’a pas hésité à secouerle cocotier de l’ensemble de l’agglomé-ration. Il considère que le paiement parles associations du montant de 2000 di-

rhams n’est que la contrepartie maté-rielle de l’utilisation des locaux publicsde la ville. Sa réclamation serait entréedans le souhait légitime du conseil de laville pour augmenter ses recettes d’autantque ces associations bénéficiaient pendantplusieurs années d’un emploi gratuit deslocaux de Casablanca.

Charge

Sur un plan strictement financier, la me-sure de 2000 dirhams n’est pas outran-cière. Son instauration répond à un ob-jectif précis : celui de doper le budget al-loué à la ville dans un but de dévelop-pement socio-économique. Mais, du côté des associations, ça sent latrahison. Leurs responsables estiment quecette mesure n’aurait pas lieu d’être.

Selon eux, elle pénalise leurs activitéscar leur budgets, déjà limités, ne per-

mettent pas d’ajouter une charge sup-plémentaire. D’autant que certaines as-sociations sont vraiment pauvres et quepour mieux médiatiser leurs évènementset attirer le plus grand nombre de sym-pathisants, elles ont souvent besoin d’en-droits plus larges pour combler leurs am-bitions. Et, dans l’état actuel des choses, seul leconseil de la ville peut leur prodiguer ceslieux. Naturellement, la décision de Sajid estmotivée par une autre raison : celle de ra-tionaliser les dépenses de la ville et derentabiliser son patrimoine. Cette logiquepurement économique qui conduit lesorientations managériales du maire s’ac-corde avec son profil d’hommes d’af-faires connu et reconnu.❏

A.A

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. DR

• Mohamed Sajid.

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Le Maroc reste plus que jamais unpays endetté envers l’étranger etplus particulièrement vis-à-vis des

institutions financières internationales, àleur tête la Banque mondiale. Certes leRoyaume est crédible financièrement -amélioration de la note de la dette exté-rieure de « stable » à « positive »- et conti-nue à bénéficier de la confiance des mar-chés internationaux de capitaux ainsique du soutien politique et financier despays occidentaux et des institutions mul-tilatérales, mais la dette extérieure pèselourd sur le budget de l’État et handica-pe l’avenir des générations futures. Eneffet, chaque Marocain doit payer àl’étranger l’équivalent de 610 dollars US,soit à peu près le 1/5ème de son revenuannuel par tête. Revenu par habitant quitourne autour de 3.900 dollars US à pa-rité de pouvoir d’achat (PPA) égale en2002. L’un des revenus per capita les plusfaibles parmi les 5 pays de l’Afrique duNord (Tunisie, Libye, Algérie et Egypte).

Encours

En effet, le budget de l’Etat est amené àrembourser chaque année un service dela dette de plus en plus élevé. Ce fardeaude la dette extérieure est tel qu’il dépas-se le montant des prêts -notamment ceuxen provenance de la Banque mondiale-dont bénéficie chaque année le Royaume.Premier créancier du Royaume en 2003,devançant la France qui occupait cetteposition jusqu’en 2001-2002, la Banquemondiale a déboursé en faveur du Marocen 2002 plus de 2,7 milliards de dollarsUS. Montant qui représente 19,4% de ladette extérieure totale, dont l’encours estévalué à 13,957 milliards de dollars US,soit l’équivalent de 142,1 milliards dedirhams. Certes l’encours de la dette ex-térieure connaît un trend baissier, no-tamment depuis 1998 (179,4 milliardsde dirhams), mais, n’en déplaise àFathallah Oualalou, ministre des Financeset de la Privatisation, qui fait de la ré-duction du stock de la dette l’un des prin-cipaux objectifs de la gestion des financespubliques- les charges annuelles de rem-boursement restent particulièrement éle-vées: 29 milliards de dirhams, dont 22milliards de dirhams correspondent auremboursement du principal et 7 mil-liards au titre des charges d’intérêt. Autotal, rapporté au PIB, l’encours de la

dette publique extérieure est de 35,8%.Résultat : une aggravation de la ponc-tion de l’étranger sur les disponibilitésfinancières faisant du Maroc, devenu ex-portateur net de capitaux. Cet arbitrage en faveur de la réductiontous azimuts du stock de la dette n’a pasmanqué de soulever un certain nombred’observations de la part des experts duCentre Marocain de Conjoncture (CMC)dans leur livraison de juin 2003. N’a-t-on pas, disent–ils, « sur-pondéré le pointde vue des créanciers extérieurs au dé-triment des intérêts du Maroc et des be-soins multiformes de la population ma-rocaine ? » De même « s’inscrivant dansle prolongement de cette logique quiconsiste à assigner à la gestion des fi-nances externes la réduction, vaille quevaille, du niveau nominal de l’endette-ment, pourquoi ne pas envisager d’arrê-ter de solliciter le financement extérieur,le temps de descendre au-dessous d’uncertain seuil d’endettement? ». Au même moment, l’apport d’argent frais

en provenance de l’extérieur ne fait quechuter, souligne, par ailleurs et à justetitre, Abdelkader Berrada, professeurd’économie à l’Université de Rabat, dansune interview accordée le 12 avril 2004à notre confrère en langue arabe Al Alam.

Rigidité

Cette baisse se confirme, notamment,dans le recul de la part de la Banquemondiale dans le financement de l’in-vestissement public. Pour cause de mau-vaise utilisation de ces prêts par le Maroc,d’une part, et d’autre part, du fait de l’ab-sence des réformes structurelles dans ledomaine social (notamment la luttecontre la pauvreté, le chômage, l’anal-phabétisme et la faiblesse de la couver-ture médicale), sans oublier la mauvai-se utilisation des recettes de la privati-sation et la prolifération de la corrup-tion et du clientélisme au sein de l’ad-ministration marocaine. Autant de taresqui entravent la bonne gouvernance.

Le rapport de la Banque mondiale publiéen 2001 revient largement sur ces causes.Les experts de cette institution financiè-re internationale soulignent, en effet, quesi la croissance et l’allègement de la pau-vreté n’ont pas été à la hauteur des es-pérances pendant les années 90, ce n’estpas par excès de réforme, mais parmanque de réforme dans des domainesimportants et à cause de la rigidité crois-sante du cadre macro-économique. Selonces mêmes experts, « il n’y a pas eud’avancées marquantes dans la réformedu secteur public et les objectifs budgé-taires.

Stratégie

Au contraire, la rigidité du budget s’estaccentuée et l’épargne publique a bais-sé ». Depuis 1998/1999, « les priorités dugouvernement se concentrent sur lechamp politique plutôt que sur le champéconomique ». Et « bien que les réformeséconomiques et sociales se soient pour-suivies, la recherche du consensus entreles sept partis au pouvoir a ralenti la dé-cision en matière de politique écono-mique, ce qui a empêché le Marocd’émerger d’une période de faible crois-sance tendancielle ». Il est clair que « lapauvreté ne pourra reculer de façon si-gnificative à court et moyen terme sansune croissance forte ». Toutefois, « unfort taux de croissance dépendra princi-palement de la tendance de la politiquemacro-économique ». « Un choix décisifsera la façon dont les autorités décide-ront d’utiliser les importantes recettes dela privatisation. Si celles–ci ne sont pasutilisées avec sagesse, cela signifieraitune occasion perdue de surmonter rapi-dement les principaux obstacles struc-turels et un risque de compromettre lastabilité macro-économique à moyen ter-me ».Or, jusqu’ici , la stratégie du gouverne-ment ne semble pas s’orienter vers uneutilisation efficiente de ces recettes deprivatisation. Recettes qui ne sont pasinépuisables. La plus grande partie deces bijoux de la famille a jusqu’ici « ser-vi à financer la baisse de l’épargne etseule une partie a été consacrée au fi-nancement des différents projets et à desopérations de recapitalisation au titre duFonds Hassan II ». ❏

Seddik Mouaffak

La dette entérieure coûte 610 dollars à chaque Marocain par an

L’avenir hypothéqué

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ÉCONOMIE

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Malgré la crédibilité financière du Royaume, la dette extérieure du Marocreste aussi bien un fardeau pour le budget de l’Etat qu’un handicap pour lesgénérations futures. Ce d’autant plus que les plus précieux de nos bijoux defamille ont été bradés jusqu’ici sans véritable résultat.

• Fathallah Oualalou.

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ÉCONOMIE©

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Première sortie publique de l’Institut Marocain de Recherches Internationales

Le libre échange à la loupeL’Institut marocain des Relations in-

ternationales (IMRI) vient d’organi-ser son premier dîner-débat le 1er

avril 2004 sur le thème de « l’accord delibre-échange avec les USA.Quels enjeux pour le Maroc ? ». Une ren-contre, réussie à plus d’un titre, qui a vula participation, autour de Jawad ker-doudi, président de l’IMRI, de plusieurs

intervenants de qualité comme MohamedChraibi, président de la Fédération na-tionale de l’Agro-industrie (FENAGRI ) àla Confédération Générale des Entreprisesdu Maroc (CGEM), Jawad Hamri, prési-dent au sein de l’Association marocainede l’Industrie du Textile-Habillement(l’AMITH) du pôle Développement duPartenariat International et Promotionde l’Investissement, Ali Ghandi, direc-teur général de l’Association marocainede l’Industrie Pharmaceutique (l’AMIP),Laîdi El Ouardi, directeur de la DivisionMarketing de la Banque CentralePopulaire (BCP).

Réserves

Devant une assistance de premier choix,composée principalement des membres del’IMRI, les cinq participants ont abordé tourà tour les grandes lignes de l’accord signéentre le Maroc et les Etats-Unis d’Amérique,ainsi que les dossiers les plus chauds com-me celui de l’agriculture, du textile-ha-billement, de la finance ou celui, pluscontroversé, des produits pharmaceutiques.Si les professionnels de ce dernier secteurdéplorent de ne pas avoir été impliquésdans les négociations, certains intervenants,notamment ceux qui ont participé aux né-gociations, n’ont pas manqué de relever lecaractère globalement positif de cet accord.D’autres intervenants, par contre, ont émisun certain nombre de réserves quant aucaractère bénéfique pour l’économie na-tionale. Ainsi El Ouardi estime que le sec-

teur des banques et de l’assurance est « re-lativement couvert ». « Avec les USA, nousavons une contrepartie », souligne Hamri,qui estime que « le produit textile maro-cain est parfaitement exportable sur le mar-ché américain ». Pour le président de laFédération nationale de l’Agro-industrie, «l’accord ne sera positif que si le Maroc s’en-

gage dans un processus de réformes struc-turelles de son agriculture ». Il faut abso-lument, dit-il, redimensionner notre offreexportable. Les Etats-Unis n’importent duMaroc que l’équivalent de 60 millions dedollars US de produits agricoles et agro-in-dustriels sur un total d’importations de pro-duits alimentaires de 40 milliards de dol-

lars US. Si on veut pénétrer un marché aus-si vaste que le marché US, il faut, souligne-t-il, un soutien étatique pour faire de lapromotion et de la prospection d’urgence.L’ouverture du marché américain est uneopportunité pour le Maroc. À nous de sa-voir la saisir. ❏

SM

• Jawad kerdoudi.

Page 21: mhi_601

Maroc Hebdo International - N° 601 - Du 16 au 22 Avril 2004

ÉCONOMIE

20

• ProjetDans le cadre de la coopérationtechnique entre les deux pays, leMaroc et l'Allemagne ont com-mencé la réalisation d'un projet vi-sant la protection des ressources eneau. "Après une phase préparatoi-re entamée en juin 2003, les acti-vités sur le terrain seront engagéessous peu", précisent les responsablesdu bureau de la Coopération tech-nique allemande (GTZ) au Maroc. La contribution allemande, quiconsiste essentiellement en conseilet formation technique et qui sechiffre à 3,2 millions d'euros, estapportée par l’agence allemande decoopération technique.

• GarantieDar Ad-Damane a tenu, il y aquelques jours, son conseil d'admi-nistration à l'issue duquel l'orga-nisme a déclaré avoir accordé en2003 des garanties d'un montantde 184 millions de dirhams à 145opérations. Celles-ci ont constituéun investissement global de 885millions de dirhams, soit une haus-se importante de 72% par rapportà 2002. Ce montant, censé créer3.571 postes d'emploi, a profité prin-cipalement aux secteurs du touris-me (21%), des industries métalliques,mécaniques et électriques (16%) etdu bâtiment et travaux publics(16%).

• RetraiteMohamed Bennani qui occupaitdans le groupe BCM/Wafa le postede directeur général adjoint du pô-le banque d’investissement du nou-vel ensemble, est parti en retraiteanticipée. C’est Mohamed Kettani,directeur général du pôle de la gran-de clientèle et de l’international, quiassure la direction du pôle " banqued’investissement ".

• RécompenseLes 25 et 26 mars 2004, AccorMaroc a récompensé ses meilleursemployés de l’année 2003, lorsd’une cérémonie organisée àMarrakech, en présence de MarcThépot, directeur général d’AccorMaroc. À l’instar de l’an passé, les18 lauréats, provenant de tous lesétablissements du groupe et repré-sentant tous les métiers de l’hôtel-lerie, ont été accueillis à l’hôtelSofitel de Marrakech, où un déjeu-ner de bienvenue leur était offert.Deuxième édition du groupe, gé-néralisée à l’ensemble des unités del’opérateur touristique, cette sélec-tion du " meilleur employé " contri-bue à renouveler la motivation dupersonnel, à stimuler son ambitionet instaurer un processus d’amélio-ration.

EENN BBRREEFF

Layalits lance la carte de crédit “Layalits – Aurora”

Pour dormir serein

Cap sur le Maroc.L’enseigne Hyperburo a

ouvert ses portes pour lapremière fois à Casablanca,le mercredi 14 avril.Présent lors de l’ouvertured’Hyperburo Maroc, Jean-Pierre le Breton, fondateurde cette enseigne, a affirméêtre “persuadé que l’évolu-tion extraordinaire du mar-ché des matériels de bu-reautique et de micro-infor-matique va bouleverser l’en-semble du monde de la dis-tribution de ces produits, deleurs accessoires et de leursconsommables au Maroc, aumême titre qu’en France".

Offre

Eu égard à l’essor qu’aconnu la grande majoritédes nouvelles chaînes dedistribution moderne, lesdeux associés gérants, RafikLahlou et Younes Benjel-loun, pensent à leur tour que“le Maroc a réellement be-soin d’un super marché spé-cialisé dans la fourniture etle multimédia; d’où l’idéed’ouvrir Hyperburo auMaroc".En effet, les PME, les pro-fessionnels de même que lesparticuliers, ne sont pas tou-jours satisfaits de l’offre ac-tuelle des produits et ser-vices. Hyperburo veut leur

présenter des produits deconsommation relativementcourante. L’entreprise misesurtout sur la compétitivitédes prix et la variation desproduits, puisque le clientaura un large choix en cequi concerne le même pro-duit. On retrouve également laspécialisation des distribu-teurs, qui pourront appor-ter les meilleurs conseils auxconsommateurs en matièred’achat. Ce concept déjà confirmédans plusieurs pays prometune croissance importantedans le marché marocain. Situé à Sidi Maârouf, l’em-placement d’hyperburo n’est

pas fortuit. Au cœur duquartier des affaires, aux cô-tés des universités et desécoles supérieures, il permetune proximité avec les en-seignes de grande distribu-tion. C’est un complexe moder-ne, agréable, et accessibleavec 250 places de parkingpublic. Il offre toute la gamme deservices d’un centre multi-services sophistiqué.Les cibles de clientèled’Hyperburo sont les PMEet professionnels, qui béné-ficieront des meilleurs prix,dans un point de venteunique pour tous les besoinsde consommation et d’in-

vestissement informatiquede la PME. Un espace mul-timédia (high tech), et desfournitures scolaires sontégalement présentés auxparticuliers.

Référence

Les avantages compétitifsde cette enseigne sont sur-tout les 7000 références dontelle dispose, dans un espa-ce de 600 m2. Une gammede produits très étoffés etvariés toujours disponibleset un prix fixe et transparentpour tous, ainsi qu’un ser-vice livraison durant 7 jourssans interruption.Les ambitieux gérants de cetespace, veulent développerla marque Hyperburo et enfaire une référence du mar-ché marocain, à travers l’im-plantation de l’enseignedans les plus grandes villesdu Royaume, pour répondreà tous les besoins de bureauet de multimédia.Fort de 13 ans de dévelop-pement, Hyperburo, réseaude franchise d’Office Supers-tore, continue son dévelop-pement national et réaliseune première implantation àl’étranger et au Maroc. Ilcompte désormais 28 ma-gasins en France, et part àla conquête du Maroc.❏

CN

Le leader français des fournitures de bureau, Hyperburo, s’implante au Maroc

Enseigne de référence

Un nouveau mode de consomma-tion voit le jour chez Layalits. La

carte de crédit “Layalits – Aurora", lan-cée sur le marché marocain, est asso-ciée à un moyen de paiement qui offrenotamment la possibilité “de consom-mer à crédit, sur les lieux de vente".Layalits souhaite ainsi illustrer son dy-namisme commercial, en créant unenouvelle approche de la clientèle, ba-sée sur la fidélisation.Parmi les premières du genre dans ladistribution moderne, la carte “ Layalits–Aurora" favorise la consommation etaide les ménages à joindre plaisir etgestion rigoureuse et calculée de leurbudget. La carte “Layalits – Aurora"est simple, agréable et sécurisante. Pour

le client de Layalits, les grands mo-ments de vie de famille seront vécusen toute sérénité.

Potentiel

Au-delà de la fidélisation de sa clien-tèle, qui s’élève aujourd’hui à des di-zaines de milliers de clients, la carte“Layalits – Aurora", en tant que moyende financement performant et moder-ne, favorise pour Layalits, l’augmen-tation du panier moyen par l’optimi-sation du potentiel d’achat.Aussi, en s’appuyant sur le savoir-fai-re d’Attijari Cetelem, pour la constitu-tion d’une base de données fiable et ex-clusive, Layalits pourra, à moyen ter-

me, acquérir une meilleure connais-sance de ses différents segments declientèle. Le lancement de la carte“Layalits –Aurora" intervient dans unenvironnement où la technologie dessystèmes de paiement électronique esten pleine mutation. En plus de sesavantages au niveau des magasinsLayalits, elle offre à la clientèle la pos-sibilité d’accéder à des formules de cré-dit souples et innovantes, lui permet-tant de satisfaire tous ses besoins enmatière de consommation.En effet, moyennant une cotisationannuelle de 150 DH seulement, les dé-tenteurs de la carte “Layalits – Aurora"bénéficient d’une vraie carte de créditavec tous ses avantages.❏ CN

©Ph

: DR

Hyperburo a décidé d’ouvrir son premier super-marché defourniture de bureau au Maroc. Il vient ainsi combler un vide,au grand soulagement des PME et des professionnels.

• Rafik Lahlou, Jean Pierre le Breton et Younes Benjelloun.

Page 22: mhi_601

• TéléphonieSiemens, entreprise allemande de té-léphonie, a présenté, jeudi 15 avril2004, lors d’une conférence de presse,sa nouvelle stratégie dans le secteurdes télécommunications. Des télé-phones, au design et aux prouessestechnologiques révolutionnaires, ontété également présentés aux médiasprésents dans la conférence. C’estl’agence de communication FP7McCann qui s’est occupée de l’orga-nisation de l’événement.

• PartenariatLa Banque mondiale, en partenariatavec l'université Hassan II deMohammedia, lance une antenne duCentre public d'information (CPI), dontl'inauguration aura lieu mercredi pro-chain à la faculté des Sciences juri-diques et sociales de la ville. Le CPI aété établi pour "faciliter l'accès à l'in-formation et favoriser la transparen-ce". Par le biais de ce partenariat avecla Banque mondiale, l'universitéHassan II de Mohammedia recevra plusde 600 publications et les documentsproduits par la Banque.

• CommerceLe ministre marocain des Affairesétrangères, Mohamed Benaïssa, a eulundi 12 avril 2004, à Brasilia des dis-cussions en vue d'un accord de libre-échange entre le Maroc et le Mercosur(Argentine, Brésil, Paraguay etUruguay). Les négociations portent no-tamment sur la signature d'un accordde préférences douanières. "Il y a unintérêt réciproque" dans un tel accord,ont souligné des diplomates.

• TourismeSous la présidence de MustaphaBakkoury, directeur général de la CDG,s’est tenu mardi 30 mars 2004 leconseil d’administration de Sogatour,filiale de la holding. Lors de l’exerci-ce 2003, et malgré le fait que le contex-te national et international du touris-me ait été marqué par une tendance àla récession, Sogatour a amélioré lerésultat consolidé des hôtels gérés de405%, passant de –2,55 millions dedirhams à +7,8 millions de dirhams en2003.

• BilanL'Office National de l'Eau Potable(ONEP) présentera à la presse, le 20avril, son bilan d'activité au titre del'année 2003. L'exercice 2003 consti-tue pour l’office la première année dedémarrage du programme de déve-loppement quinquennal 2003-2007 vi-sant la généralisation de l'accès à l'eaupotable en milieu rural et la prise encharge de l'assainissement liquide dans90 centres prioritaires ayant sollicitél'intervention de l'Office.

EENN BBRREEFF

Maroc Hebdo International - N° 601 - Du 16 au 22 Avril 2004

ÉCONOMIE

21

Sotoram et Sogatour sur le point de finaliser leur alliance

L’union touristique

Signée en 2003 lors d’uneambiante cérémonie, l’al-

liance touristique entre laCDG et la RAM, par le biaisde leurs filiales respectives,Sogatour et Sotoram, setrouve au stade avancé d’uneopération très attendue sur lemarché. Certains ont cru, àtort, que le projet traîne. Pasdu tout. Au contraire, il se-rait même question qu’il soitopérationnel sous peu. Au moment de la signature,les deux parties ont conve-nu de choisir des cabinets deconsulting pour s’occuper dedeux missions distinctes.

Satisfaction

La première consiste à éta-blir un business plan sur labase des réalisations finan-cières des deux entreprises,y compris l’exercice 2003.Ce business plan semblemaintenant terminé. Reste àdéfinir sous quelle forme ju-ridique se concrétisera l’al-liance. Selon Samir Khaldouni, di-recteur général de Sogatour,“À l’heure actuelle, aucunestructure juridique n’a étéofficiellement adoptée".

Dans les détails, deux struc-tures optionnelles sont pro-posées: soit fusionner lesdeux entreprises pour encréer une nouvelle. Soit créerune holding sous forme desociété de gestion qui aura laresponsabilité de gérer l’en-semble. Mais Khaldouni ma-nifeste un penchant pour lacréation d’une holding quiregroupera les actifs desdeux entreprises.

Une fois la structure juri-dique adoptée, tout le resteva suivre. Mais, peu importe qu’ils’agisse d’une holding oud’une fusion, les apports desdeux entreprises restent lesmêmes. Sotoram, filiale de la RAM,dirigée par Kamal Bensouda,va apporter l’ensemble deson parc hôtelier, tandis queSogatour, filiale de la CDG,

ne va apporter que six hô-tels sur les dix unités qu’el-le gère. Les quatre autres sontliés à des marques interna-tionales comme le Club Medou le Méridien, dont la di-rection de la CDG semble sa-tisfaite sur le plan des résul-tats obtenus.

Capacités

L’initiative louable des deuxgroupes, CDG et RAM, pourla constitution d’un pôle tou-ristique s’inscrit dans le cadrede la vision 2010. Sa concré-tisation va davantage conso-lider cette vision à laquelleont souscrit presque tous lesopérateurs touristiques dupays. Les deux hommes, KamalBensouda et Samir Khal-douni, connus pour leursqualités humaines et leursgrandes capacités managé-riales vont devoir jouer unrôle capital dans la gestiondu pôle. De quelle manière ?C’est ce qu’on va savoirlorsque la décision finaletombera au sujet du choixde la structure juridique àadopter.❏

AA

• Kamal Bensouda.

La marque Danone, présente auMaroc depuis 1953, innove enco-

re une fois. Son Danone traditionnel,déjà très prisé par les Marocains, de-vient Danone Yawmi. Ce yaourt auxvertus nutritionnelles très développéesa été recommandé par les plus grandsspécialistes de la diététique. Avec unPackaging égayé d’un sourire irrésis-tible, des couleurs plus attractives etune formule inégalée, Danone Yawmia toutes les chances de préserver sesconsommateurs traditionnels et de sé-duire un public encore plus large. Sesparfums vanille, fraise, banane, natu-re et le tout parfum abricot mangueen font un produit adapté à tous lesgoûts et à tous les âges. Ces bienfaitsont été intégrés sans que le prix chan-ge. Il reste toujours le même, à 1,90dirham. Lancé sur le marché depuisseulement quelques jours, Yawmi est

la nouvelle vedette des produits Danoneque de nombreux marocains consom-ment avec plaisir et grande satisfaction.

Vertus

Sa composition très riche en vitamines,en protéines et en calcium font de ceyaourt, au design attirant, un produitde qualité à consommer chaque jour. Avant de lancer ce produit, il faut rap-peler que la Centrale laitière avait inon-dé le marché de divers produits laitiersde qualité dont les bienfaits sur la san-té des consommateurs ne sont plus àdémontrer. De Assiri, confectionné enplusieurs arômes, au Fruix, en passantpar le flacon d’un litre de lait, laCentrale laitière a conquis le marchémarocain. Poussée par une concur-rence de plus en plus rude et acharnée,la filiale du groupe ONA s’estime po-

tentiellement capable de satisfaire lesexigences de ses clients en créant desproduits adaptés à leurs goûts. C’est cequ’elle fait depuis son association avecla marque Danone, devenue mondia-lement connue et reconnue. Avec leDanone Yawmi, la centrale laitière veutmarquer une nouvelle avancée en ma-tière de consommation de yaourt auMaroc. Le lancement du produit est accom-pagné par une campagne de commu-nication qui touche tous les supportsmédiatiques (presse, télévision, radioet affichage). Deux volets caractéri-sent cette campagne : un premier vo-let sera consacré à indiquer auxconsommateurs marocains le rempla-cement de Danone traditionnel par leYawmi et le second à leur expliquerles bienfaits de ce nouveau produit.❏

IN

©Ph

:DR

Danone lance un nouveau yaourt, le Yawmi

Le yaourt au quotidien

L’accord signé en 2003 entre les deux sociétés seraconcrétisé bientôt. Le business plan du projet est finalisé.Reste à définir la structure juridique pour l’ensemble.

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Entretien avec Olivier Ezratty, Directeur Général de Microsoft France

“Le Maroc est dynamique”

Maroc Hebdo International - N° 601 - Du 16 au 22 Avril 200422

Présent lors de l’inauguration de la NDC conférence à Casablanca, M. OlivierEzratty a dressé un portrait de l’État des lieux du développement informatiqueau Maroc. Entretien.

ÉCONOMIE

• Maroc Hebdo International: Quel estl’objectif de la North Africa DeveloperConference ?- Olivier Ezratty: L’objectif de cette ren-contre est double. D’abord, aider les dé-veloppeurs du Maroc et du Maghreb à bienutiliser les technologies modernes pour ré-pondre aux besoins de leurs entreprisesou de leurs gouvernements. Il y a aujour-d’hui des technologies qui permettent defaire les choses plus simplement, et grâceauxquelles on peut mieux utiliser ce quiexiste dans les entreprises. Donc nous leurfournissons une technologie à jour. Ledeuxième point, c’est qu’on leur donneune visibilité sur ce que Microsoft va fai-re dans les deux ou trois ans à venir, et c’esttrès important lorsqu’on est développeur.

• MHI: En quoi consiste cette démons-tration projetée sur le futur ?- Olivier Ezratty: Lorsqu’un développeurcrée un logiciel, pour un besoin de sonentreprise, ça prend du temps, deux à troisannées. Donc le développeur a besoin desavoir comment créer son logiciel de fa-çon pérenne. Il a besoin de savoir commentles technologies vont évoluer pour éviterd’être complètement balayé par la nou-veauté. Ce qu’on fait en général lors decette rencontre, c’est donner aux déve-loppeurs une grande visibilité sur nos pro-jets, afin qu’ils puissent se préparer et pré-dire comment ils vont travailler. Le déve-loppeur qui crée une solution aujourd’huisur Windows doit s’assurer que ça marcherabien dans le futur.

• MHI: Qui sont vos partenaires dansune telle manifestation?- Olivier Ezratty: Dans une pareille confé-rence, les partenaires qui sont là, sont dessociétés de service ou des éditeurs de lo-giciel. Notre objectif est de les aider à for-tifier une économie locale, du logiciel etdu service. En faisant du transfert des com-pétences vers ces partenaires, on les aideà être efficaces, à servir les clients locaux.

• MHI: S’agit-il de votre première par-ticipation à cette édition de la NAD auMaroc ?- Olivier Ezratty: Effectivement, c’est lapremière fois que je participe à la NADConference. Par contre, j’étais présent l’an-née dernière à l’édition de la Tunisie. Ceque j’ai constaté c’est qu’il y a beaucoupde points communs entre ces deux pays. Le Maroc et la Tunisie ont beaucoup in-vesti dans leurs systèmes éducatifs, no-tamment dans l’enseignement supérieur.Cela crée un potentiel de richesse intel-

lectuelle qui paie très fort et qui est utili-sable pour servir l’économie locale en be-soins informatiques, mais aussi pour créerune industrie de logiciel exportatrice.

• MHI: A combien sont estimés les par-

ticipants dans cette nouvelle édition dela NAD?- Olivier Ezratty: Nous avons environ1400 personnes qui sont prévues durant cestrois jours. C’est une forte population pourun événement de ce type. En gros, les gens

viennent de trois horizons différents, les dé-veloppeurs qui créent des logiciels dansleurs propres entreprises, les développeursqui sont dans des entreprises d’informa-tique(des sociétés de service ou des édi-teurs de logiciels), et il y a également desprofesseurs et des enseignants qui vien-nent s’informer sur les nouvelles techno-logies dans le futur.Leur caractéristique c’est qu’ils sont touscurieux et assoiffés de connaissance.

• MHI: Etes-vous optimiste quant au dé-veloppement informatique au Maroc,comme en France ?- Olivier Ezratty: Le marché français estévidemment plus grand, mais ce qui estintéressant, c’est que le marché marocainest potentiellement plus dynamique. Jetrouve qu’ il y a une plus grande oppor-tunité de croissance au Maroc, qui estmoins freinée par l’existant pour adopterles nouveautés. On constate aujourd’hui qu’il y a une plusgrande proportion de développeurs despays du Maghreb qui viennent à cetteconférence qu’il y en a en France. Je pen-se que c’est le côté pragmatique et tournévers l’avenir du Maroc. Les gens veulentapprendre les nouveautés.❏

Propos recueillis par Chifaâ Nassir

• Olivier Ezratty, Directeur Général de Microsoft France.

© Ph

. M

HI

CONCOURS DES 3èmes CYCLES

Objectif

Date limited’inscription

Date duconcours

Cycle Supérieurde Gestion

Formation de gestionnaires de haut niveaucapables de maîtriser les différents aspectsde la vie et du fonctionnement des organi-sations.

20 avril 2004

08 mai 2004

Cycle Supérieur de CommerceInternational

- Formation de haut niveau visant à per-fectionner les cadres des entreprisesengagées dans le commerce international;- Double diplomation avec l’Universitéde Lille.

14 mai 2004

28 mai 2004

Mastère Spécialisé Managementdes Services Publics

- Le M.S Management des ServicesPublics propose aux participants demaîtriser les outils nécessaires à la ges-tion déléguée et au management public.- En partenariat avec l’ESSEC-Paris.

19 juin 2004

02 juillet 2004

Cycle d’Expertise Comptable: Septembre 2004Mastère Spécialisé en Contrôle de Gestion : septembre 2004

RENSEIGNEMENT ET DEPOT DES CANDIDATURES

Casablanca:

ISCAE km 9,5 Route de Nouasseur B.P 8114 Casa-OasisTél. : 022 33.54.82 à 85 / Fax: 022 33.54.96Site : www.iscae.ac.mae-mail: [email protected]

Rabat:

ISCAE Hay Riad, Avenue EnnakhilSecteur 10 Lot 28 - RabatTél. : 037 71.20.47Fax : 037 71.23.67

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Maroc Hebdo International - N° 601 - Du 16 au 22 Avril 2004

FINANCE

23

Indices boursiersau 15/4/2004

Marché des taux

Les porteurs d’obligations seront protégés par le CDVM

Au chevet de l’épargne

Le Conseil déontologiquedes valeurs mobilières(CDVM) vient de sortir,

dans le cadre de ses nouvellesprérogatives, de nouvelles re-commandations. Alors que lesprécédentes concernaient les ac-tions et autres valeurs mobi-lières à revenu variable, les nou-velles recommandations concer-nent, cette fois-ci, les obliga-tions. Le gendarme du marché,comme on aime à l’appeler, veutmarquer de nouveaux points endemandant aux porteurs de cestitres de créance d’élire un ouplusieurs représentants. Objectif:préserver leurs intérêts et leurgarantir un accès rapide et fiableà une information spécifique.Ainsi, contrairement aux obli-gataires qui ne pouvaient pasprocéder à un contrôle sur lesopérations de la société ou de-mander communication des do-cuments sociaux, le représen-tant des porteurs d'obligationsa le pouvoir d'accomplir cer-tains actes en leur nom. Commeles actionnaires, il peut notam-ment disposer d'une informa-tion financière régulière. Il a, enoutre, la qualité de convoquerune assemblée générale des obli-gataires et peut agir en justiceau nom de l'ensemble des por-teurs d’obligations. Son électionintervient en assemblée géné-rale qui doit se réunir dans un

délai d’un an à compter de ladate d’ouverture des souscrip-tions. Mais, au plus tard, tren-te jours avant le premier amor-tissement prévu. Entre-temps,le conseil d'administration pro-cède dès l'ouverture des sous-criptions à la désignation d'unreprésentant provisoire.Rappelons, par ailleurs, qu'auniveau des OPCVM, un projetde loi prévoit d'améliorer le dis-positif réglementaire, en ren-forçant le contrôle du CDVMsur leurs activités. Ses disposi-

tions visent à consacrer davan-tage de transparence dans lagestion des fonds de la place.

Pouvoirs

A travers ce projet de loi, le lé-gislateur entend reconquérir laconfiance des épargnants pourl'un des outils de canalisationde l'épargne les plus dyna-miques de la place. Les pouvoirsdu CDVM sont ainsi de plus enplus élargis à l'égard des ges-tionnaires d'actifs à travers ce

texte. Mais la grande nouveau-té du présent projet de loi rési-de en la possibilité de pronon-cer des sanctions pécuniaires etdisciplinaires à l'encontre desOPCVM.Le contrôle du CDVM touchedésormais toutes les structuresayant un lien direct avec la ges-tion obligataire, notamment “lesOPCVM, les établissements degestion, leur établissement dé-positaire et les détenteurs decomptes d'actions et partsd'OPCVM”. Jamais, depuis sacréation, le CDVM ne s’est beau-coup intéressé aux porteursd’obligations.Il s’intéresse plus préoccupé desactionnaires, pour leur impor-tance dans le placement finan-cier au Maroc. Mais, DouniaTaârji, depuis sa nomination en2002 par SM le Roi MohammedVI comme directrice généraledu CDVM, n’a pas perdu dutemps pour faire de cette insti-tution de contrôle des marchésfinanciers un vrai gendarme dumarché.Malgré cela, le CDVM, l’équi-valent de la COB française et dela SEC américain, n’est pas en-core arrivé à jouer son rôle en-tier consistant à préserver l’épar-gnant de toute sorte de frau-deurs. Il le fera certainement s’ilest doté de moyens suffisants. ❏

AA

©Ph

: DR

• Dounia Taârji.

POUR VOUS SERVIRAgenda Marchés Adresses utiles

MASI

CFG 25

4568,64

-0,12%

MADEX

USI

Court termeMoyen termeLong termeCrédit exportCrédit de constructionTaux maximum des intérêtsconventionnels

7,25%7,75%8,50%7,00%8,25%

15,44%

ComprendreCDVM : C’est le Conseil déontologiquedes valeurs mobilières. On le surnomme legendarme de la bourse. Il est l’équivalentde la COB( commission des opérationsboursières) française et la SEC (SecurityExchange commission) américaine. LeCDVM a pour mission de protéger l’épargneboursière par un certain nombre de loislégiférées pour le besoin. Son pouvoirs’étend du simple visa accordé aux opé-rations boursières à la sanction infligéepour les fraudeurs institutionnels ou autres. • IGR: c’est l’impôt général sur le revenu.Il est prélevé à la source et touche tous lesrevenus salariaux, professionnels et loca-tifs touchés par une personne physique.Son calcul se base sur le système destranches. À chaque tranche correspond untaux déterminé. • IS : C’est l’impôt sur les sociétés. Il estcalculé sur le bénéfice net dégagé par lasociété. Son taux unifié est de 35% saufpour les établissements financiers aux-quels on applique un taux de 39,6%. Il estpayé d’avance à la perception par tranchesqu’on appelle «acomptes» dans le jargonfiscal.

Les 5 plus forteshausses de la semaineValeurs variationsCours/Dh

MNG FRTLGMGAZCRD

BCMBERCIHDISSBM

Les 5 plus fortesbaisses de la semaineValeurs variationsCours/Dh

• Maroclea 18, Route d'El Jadida -Préfecture Aïn ChockHay Hassani Casablanca - MarocTel : (212) 22 98 31 31Fax : (212) 22 99 44 64Contact : M. Youssef Allal Al Bakhti,Directeur GénéralE-mail :[email protected]

• Ministère des AffairesEtrangères et de la Coopération Avenue Roosevelt, Rabat - MarocTél : (212 37) 66 01 46 / 78Fax : (212 37) 76 55 08http://www.maec.gov.ma

• Ministère de l'Industrie, duCommerce et desTélécommunicationsQuartier Administratif Chellah, Rabat - MarocTél : (212 37) 76 15 08Fax : (212 37) 76 18 78http://www.mcinet.gov.ma

• Ministère de la Communication,Porte parole du Gouvernement1, Avenue Ghandi, Rabat - MarocTél : (212 37) 20 94 27 Fax : (212 37) 20 84 14http://www.mincom.gov.ma

• LiquiditésLe montant total des opérations de retraitde liquidités effectuées sur le marché mo-nétaire par Bank Al-Maghrib est chiffré du-rant la semaine allant du 8 au 14 avril 2004,à 4,16 milliards de dirhams en moyennequotidienne dont 1,9 milliards de titre de lareprise de liquidité hebdomadaire et 2,2 mil-liards au titre de la facilité de dépôt.

• FiscalitéL'Ordre des experts comptables a organiséjeudi 15 avril 2004 à Casablanca, en par-tenariat avec la Direction générale des im-pôts, une journée d'étude sous le thème"vers un code général des impôts". Ouvrantles travaux de cette manifestation, TijaniZahiri, président du Conseil national desOrdres des experts comptables a soulignéque cette journée vise un échange de ré-flexions en vue de trouver des solutions àcertains problèmes et difficultés d'ordre pra-tique pour la mise en application des nou-veaux textes fiscaux, notamment les dis-positions de la Loi des Finances 2004 et lenouveau code de l'enregistrement.

• Table ronde"La pêche artisanale comme moteur dedéveloppement », tel est le thème d'unetable ronde qui sera organisée le 20 avril2004 courant à Rabat, par l'ambassaded'Italie au Maroc.Le programme de cette rencontre prévoitla présentation de projets, en cours deréalisation, dédiés au soutien et à la va-lorisation de la pêche artisanale, sour-ce importante de développement du-rable.

• Mise à niveauUn grand séminaire sur la mise à ni-veau est organisé vendredi 16 avril 2004par le groupe Banques populaires auclub du groupe qui se trouve au HayHassani. Ce séminaire qui sera clôturépar une intervention de AbderrazakMossadeq, ministré délégué aux affaireséconomiques et générales, au cours delaquelle il mettra l’accent sur la néces-sité de la mise à niveau dans la vie d’uneentreprise et par conséquent d’une éco-nomie.

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Hanane Ibrahimi parle de “La Chambre noire" de Hassan Benjelloun

Un amour de plomb

Maroc Hebdo International - N° 601 - Du 16 au 22 Avril 200424

Hanane Ibrahimi, jeune actrice marocaine de 24 ans, joue le rôle de Najat dans lefilm de Hassan Benjelloun "La Chambre noire ". Inspiré du livre éponyme deJaouad Mdidech, ce long-métrage, actuellement sur les écrans de Casablanca,évoque une histoire d’amour poignante qui se déroule sur fond d’années de plomb.

• Maroc Hebdo International: Quelle estl’histoire de “La Chambre noire"? - Hanane Ibrahimi: Le film raconte l’his-toire de Kamal et Najat. Tous les deux tra-vaillaient à l’aéroport. Amoureux l’un del’autre, ils rêvaient d’un avenir meilleur.Ils avaient des projets plein la tête et lesvoyaient déjà concrétisés. Malheureusement, le destin en a vouluautrement. Son passé d’ancien étudiantmarxiste-léniniste rattrape Kamal.Commence alors une longue descente auxenfers: enlèvement, interrogatoires, tor-tures, Kamal refuse de charger ses cama-rades en contrepartie de la clémence desjuges.

• Maroc Hebdo International: Quel est lerôle que vous jouez dans ce film ? - Hanane Ibrahimi: Je suis Najat, la fi-dèle fiancée de Kamal. Je l’accompagne-rai tout au long de son histoire jusqu'aujour où il me demandera de le quitter etde ne plus l’attendre parce que le tempspasse et je dois me marier. Cette histoired’amour est au cœur des événements. C’estune touche de romantisme dans cette pé-riode sombre. Dans le livre autobiogra-phique de Jaouad Mdidech “La Chambrenoire" dont le film est inspiré, cette rela-tion amoureuse n’existe pas. L’auteur, enl’occurrence Jaouad Mdidech, fait justeune allusion au personnage tout au débutde son ouvrage. Le réalisateur, HassanBenjelloum, a choisi de le développer. Ila créé Najat.

• MHI: Comment avez-vous vécu le rô-le de Najat? - Hanane Ibrahimi: Très bien. C’est vraique c’est difficile au départ parce que jen’avais pas de référence, contrairement àMohamed Nadif. Pour le rôle de Kamal, ila pu s’inspirer de Jaouad Mdidech. J’aifait beaucoup d’efforts pour construire lepersonnage de Najat. J’ai dû me docu-menter. J’ai pris contact avec des épousesde prisonniers politiques. Je me suis im-prégnée de leurs histoires. Pour connaîtrela souffrance de l’attente, j’ai discuté avecla mère de Jawad Mdidech, et lui-même,il m’a été d’une grande aide. Et, bien sûr,j’ai suivi les indications de HassanBenjelloun.

• MHI: Pour votre premier rôle féminindans un long-métrage cinématogra-phique, pensez-vous que vous avez as-suré ? - Hanane Ibrahimi: Je ne pourrais jamais

être satisfaite de ma prestation. Je suisune perfectionniste. Je veux toujours don-ner le meilleur de moi-même. Le jour dela projection en avant-première du film“La Chambre noire", qui a eu lieu jeudi 8avril 2004, j’étais tout excitée et heureu-se. J’allais enfin découvrir mon travail.La salle était comble. De nombreuses per-sonnes sont venues pour m’encourager.À un moment, j’ai senti une certaine ap-préhension. Et si je n’ai pas réussi à pas-ser le message ? me demandais-je. À la finde la projection, la réaction du public nem’a pas déçue. Plusieurs épouses de pri-sonniers politiques sont venues me féli-citer pour mon interprétation.Personnellement, j’ai trouvé qu’il y avaitdes séquences fortes et d’autres faibles.Mais, je mets ça sur le compte de l’inex-périence. Je suis encore une débutantedans le domaine du cinéma. J’auraid’autres occasions pour mieux faire. Dumoins, je l’espère.

• MHI: Quelle est la séquence qui vousa le plus marquée ? - Hanane Ibrahimi: C’est la dernière sé-

quence. J’en suis même amoureuse. Laprésence de Jaouad Mdidech dans cettescène m’a beaucoup inspirée. C’était émou-vant. Je l’apprécie beaucoup. Tout le longdu tournage, il était là pour nous soute-nir. Il parlait à cœur ouvert de son expé-rience, même si cela lui rappelait une pé-nible période de sa vie. Il était sincère etgénéreux. Je ne garde que des bons sou-venirs du tournage qui s’est passé dansde bonnes conditions. C’est une belle ex-périence que j’ai partagée avec une équi-pe composée de professionnels.

• MHI: Comment était votre relationavec Mohamed Nadif ? - Hanane Ibrahimi: C’est un plaisir detravailler avec lui. Il a beaucoup de qualités. Sur le plateaude tournage, il me mettait à l’aise. Plus ex-périmenté, forcément, il me conseillait etm’orientait.

• MHI: Vous ne connaissez pas les an-nées de plomb, comment avez-réussi àdonner au rôle toute sa dimension? - Hanane Ibrahimi: Depuis mon enfan-

ce, j’ai rêvé de remonter la machine dutemps en arrière pour vivre dans les an-nées soixante-dix. Cette période m’a tou-jours fascinée. Le style de vie, la musique,les tendances vestimentaires, le militan-tisme, tout ce qui se rapporte à cetteépoque me passionne. C’est en grandepartie grâce au combat et à la souffran-ce des générations précédentes que nousavons acquis certains droits. Pour moi, cen’était pas difficile de remonter dans letemps. J’ai été assistée. Toute l’équipe dutournage avait vécu cette période. Ce quim’a facilité la tâche. De plus, le décor, ledialogue, les costumes, le maquillage, lescoiffures sont inspirés de cette époque.Grâce aux effets spéciaux réalisés parNabil Rami, nous avons pu avoir le cadrespatio-temporel des seventies. Sincèrement, Hassan Benjelloun m’a don-né une grande chance. J’étais contente depouvoir participer à ce projet. “La Chambrenoire " traite un sujet fort et sensible quime tient à cœur, même si je ne l’ai pas vé-cu puisque je n’ai que 24 ans.

• MHI: Comment êtes-vous devenue ac-trice? - Hanane Ibrahimi: C’était une pure coïn-cidence. Durant mon enfance, j’étais plu-tôt passionnée de musique. Pour des rai-sons personnelles, je n’ai pas pu en fai-re. Je n’avais aucun intérêt pour le théâtreou le cinéma. D’autant plus que j’étaistrès timide. À l’âge de 19 ans, après avoirdécroché mon baccalauréat, j’ai intégréla faculté des sciences économiques et ju-ridiques à Casablanca. J’ai entendu par-ler du théâtre universitaire sans y accor-der une grande importance. Par contre,ma copine, Kawtar, était très intéressée.Elle m’a incitée à m’inscrire à ses ateliers.Histoire de lui tenir compagnie. Depuis, jesuis devenue une accro des planches, alorsque mon amie a dû abandonner aprèsquelques essais. J’ai travaillé avec des pro-fessionnelles qui m’ont beaucoup appris. Il faudrait dire que je suis chanceuse. J’aiparticipé à beaucoup de castings où j’ai étéprise. Mon premier grand rôle téléviséétait avec Hakim Noury pour un téléfilm.

• MHI: Avez-vous des projets en pré-paration ? - Hanana Ibrahimi: Oui, j’ai des contacts.Pour le moment, je vais tourner prochai-nement dans un feuilleton télévisé. J’aid’autres propositions, mais elles ne sontpas encore concrètes.❏

Propos recueillis de Loubna Bernichi

• Hanane Ibrahimi.

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Petites bonnes, bonnes à toutfaire. Entre vaisselle, mé-nage et garde d’enfants, les

corvées pour ces fillettes sontlongues et pénibles. Placées dès la petite enfance parleurs parents dans des familles,elles font office de domestiques.Souvent battues ou maltraitées,elles vivent dans des conditionsprécaires, ne voyant leur parentque le jour où celui-ci vient cher-cher la paie, souvent ridicule, etdont la petite fille ne jouit nulle-ment. Le Haut commissariat au planvient de publier une enquête surles filles domestiques àCasablanca, région qui connaîtune forte concentration de cesjeunes employées de maison. Leschiffres portent essentiellementsur leurs conditions d'accueil et detravail. Réalisée par sondage surun échantillon de 529 filles do-mestiques, cette enquête a révéléque ces filles travaillent chez desménages, et résident, à propor-tions quasi-égales, dans tous lestypes d’habitat.

Intermédiaires

Par ailleurs, la grande majoritédes employeurs ignorent les pré-occupations et les problèmesconcernant les filles qu’ils em-ploient.L’enquête a avancé le nombre depetites bonnes âgées de moins de18 ans qui travaillent dans la ré-gion du Grand Casablanca. Ellessont 22.940 domestiques, dont59% âgées de moins de 15 ans. Lagrande majorité de ces filles est is-sue du milieu rural. Elles appar-tiennent à des familles nom-breuses, et plusieurs sont orphe-lines de père.Cependant 20% de filles trouventun emploi à travers des intermé-diaires, généralement à traversdes agences informelles.Ce recours à un travail intervientà un âge très précoce dans la me-sure où l’âge moyen de la fille do-mestique se situe à 10 ans.Certaines de ces domestiques ont

même déclaré être âgées de 5 à 7ans. Certaines familles emploientces petites avec la meilleure bon-ne conscience qui soit. « On a ti-ré cette fille du village. De toutemanière, dans ce village, il n'y apas d'école. Par conséquent, ellen'aurait jamais été à l'école. Aumoins, là, elle mange et on luiapprend un peu quelque chose »,déclare une employeuse.Cependant, l’écrasante majoritéde ces domestiques sont anal-phabètes, leur non-scolarisationest due essentiellement au manquede moyens, au refus du tuteur, ouà l’éloignement de l’école. Le se-cond volet de l’enquête a portésur les conditions de travail deces fillettes. Ces dernières conti-nuent d’entretenir des contactsavec leurs familles en recevantles visites de leurs parents, ou enrendant elles-mêmes visite à cesderniers. Les parents se rendentau ménage employeur essentiel-lement pour percevoir le salaire deleur fille, mais se déplacent rare-ment pour s’enquérir de ses condi-tions de vie. En plus des travauxménagers, la majorité de ces fillesse chargent également descourses. « J’accomplis simultané-ment trois tâches : la garde des bé-bés, les courses et l’accompagne-ment des enfants de l’employeurà l’école », se plaint Sanaâ, une pe-tite bonne âgée de 13 ans. Lesfilles domestiques sont les pre-mières à se lever et les dernièresà se coucher. Une partie d’entreelles ne bénéficie ni de congé an-nuel, ni de jours de repos, ni joursde fêtes. Le montant de leur ré-munération mensuelle reste mal-gré cela, globalement trop faible.Il passe, en fonction de l’âge d’unminimum de 220 DH pour lesfilles de 7 à 10 ans, à un maxi-mum de 500 DH pour les fillesâgées de 15 à 17 ans. Les fillesd’âge intermédiaire perçoivent enmoyenne 347 DH.Ces filles sont non seulement malpayées, mais font également l’ob-jet, dans l’exercice de leurs tâches,de punitions, de sanctions etd’abus. La majorité font l’objet de

réprimandes. 55% ont été battues,et 5% ont déclaré avoir subi desabus sexuels de la part de leursemployeurs.

Complainte

L’histoire de certaines filles do-mestiques est calquée sur celle desfilles des rues. Mais par contre,elles n’y sont présentes que trèspeu. Elles saisissent les opportu-nités lorsqu’elles se retrouvent àl’abri du regard de ses maîtres,pour se livrer à la prostitution encachette. Quand la révolte gagne les plusexcédées, elles descendent dansla rue où d’autres les ont déjà pré-cédées. Puis la descente aux en-fers commence. Elles continuentà travailler dans les ménages etsont initiées, entre temps, auxjoies nocturnes : alcool, cigarettes,maquillage, nouveau look vesti-mentaire, le rêve ! Kaltoum, 17ans,une domestique chez une famil-le aisée de Casablanca, affirmequ’elle se prostitue à chaque foisque l’occasion se présente, afinde répondre à certains de ses be-soins. Elle travaille depuis plus dedix ans, et c’est le père qui em-poche son salaire chaque fin de

mois, sans même chercher à avoirde ses nouvelles. Les jeunes fillesdomestiques qui balancent versla prostitution, mentent en ce quiconcerne leur âge : les habits etle maquillage outrancier et mêmel’alcool, contribuent largement àvieillir leur look. L’argent gagnécontribue pour beaucoup d’entre

elles à soigner leur apparence, età aider leur famille. Le premierclient est souvent une personne del’entourage. La jeune fille subit,et souvent déclare qu’elle ne sesouvient pas de ce premier contact: elle décide d’effacer ce mauvaisincident de sa mémoire. Une mé-connaissance des maladies sexuel-lement transmissibles est large-ment retrouvée dans ce milieu defilles analphabètes et issues dumilieu rural. Les relations sontsouvent tendues entre les em-ployeurs et la domestique. Il enrésulte quelquefois même des si-tuations dramatiques. Certainespetites filles se sont vengées dela cruauté de leurs patrons en al-lant même jusqu’à commettre desvols ou crimes. Les dossiers op-posant des employeurs à leurs do-mestiques s'empilent dans les tri-bunaux. Qui doit être condam-né ? Le Code du travail interditl'emploi des enfants de moins de15 ans, pourtant cela n’est guèrerespecté. Le rêve de ces filles esttout simplement d’accéder à larespectabilité, par le biais du ma-riage et d’enterrer définitivementleur ancienne vie misérable. ❏

Chifaâ Nassir

Plus de 22.000 filles mineurs employées domestiques

Petites bonnes,grandes souffrances

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Un sondage supervisé par le Haut Commissariat au plan a révélé l’ampleurdu drame que vivent des milliers de petites filles employées de maison à unâge où elle devraient être en école maternelle. Maltraitées dans leur majorité,elles finissent souvent au trottoir. Une honte pour la société toute entière.

• Une petite bonne en train de faire la lessive.

C’est dans une ambiance de joyeuse convivialité que notresecrétaire de la rédaction Noureddine Jouhari a célébré sonmariage avec la toute gracieuse Bouchra Goumiri. La direc-tion, la rédaction et tout le personnel de MHI félicite lesdeux familles et souhaitent une longue vie de bonheur aunouveau couple.

Meilleurs vœux

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FestivalL’association Ribat Al Fath organisera,du 22 au 25 avril prochain, sa cin-quième édition du Festival internatio-nal du Film animalier et del’Environnement (FIFALE) au ThéâtreNational Mohammed V. Cette éditionprojette de présenter les meilleurs pro-ductions mondiales de ce genre et demieux faire connaître les nombreusesactions internationales de protectionde la nature. En effet, les 38 courts-métrages projetés, représentant plu-sieurs pays, rivaliseront, pour l’un destrois prix intitulés cigognes, dans unecompétition cinématographique uniqueen son genre sur le continent africain.

Spectacle« Charles Gonzales devient CamilleClaudel » est en tournée dans le réseaudes instituts français du 20 au 23 avril2004. Le jeudi 22 avril, ce spectacle se-ra présenté à l’Institut Français deMarrakech. Camille Claudel est devenue une hé-roïne magnifiée, à l’instar de soncontemporain Van Gogh, paradigme del’artiste maudit. Son histoire est liée àcelle de deux hommes célèbres : sonmaître et amant, Rodin, et son frère, lepoète Paul Claudel. Après avoir été pré-senté au théâtre par Anne Delbée, in-carné au cinéma par Isabelle Adjani etchorégraphié par M.C Pietragalla, c’estau tour d’un homme, Charles Gonzalezde tenter ce pari audacieux et oh com-bien réussi.

Rencontre "Créativité, communication et toléran-ce" est le thème de la troisième ren-contre du cinéma asiatique qui se tien-dra, du 19 au 25 avril à Tissa (provin-ce de Taounate). Initiée, sous l'égide duministère de la Communication, parl'association "Club, Cinéma et culture"(CCC) de Tissa, en collaboration avecle conseil municipal et la province deTaounate, cette manifestation vise àfaire connaître les potentialités et lesatouts culturels et naturels de la régionainsi que les opportunités d'investisse-ments qu'elle offre. Outre les projec-tions de films représentant les cinémasjaponais, chinois, sud-coréen et iranien,le programme de cette rencontre prévoitégalement des tables rondes sur le ci-néma, des visites touristiques dans laprovince et des expositions d'arts plas-tiques et de photos de la ville de Tissa.

Débat Une rencontre-débat sur la littératuremarocaine contemporaine arabophoneet francophone sera animée par SalimJay, le 17 avril (17H00) à l'InstitutFrançais de Marrakech (IFM).Critique littéraire et écrivain marocainde langue française, Salim Jay est l'au-teur d'une vingtaine d'ouvrages dont"L'Afrique de l'Occident", "Les Ecrivainssont dans leur assiette" et "Sagesse dumilieu du monde".

EENN BBRREEFF Festival international des danses et musiques du monde arabe à Paris

Les nuits de l’Orient

Dans une intervention à l’occasion dela deuxième session du conseil ad-

ministration de l’Union des écrivains duMaroc (UEM), tenue le samedi 10 avril2004 à Beni Mellal sous le thème « ladiversité culturelle », Hassan Aourid, pré-sident du centre Tarik Ibn Zyad etmembre de l’UEM, a affirmé que l’iden-tité du Royaume n’est pas basée sur unerace ou une langue particulière ; elles’est construite sur des valeurs com-munes issues d’un brassage social et his-torique. Dans le discours que SM le RoiMohammed VI avait prononcé en oc-tobre 1999 devant les représentants dela nation, souligne Hassan Aourid, leSouverain a adopté le principe de la di-versité en préservant l'unité. Il avait in-diqué que la culture marocaine s'enrichitde ses divers versants. Par ailleurs, le président du Centre TarikIbn Zyad a attesté que l'égalité entre les

diverses composantes culturelles sansreniement des langues originelles est lemodèle le plus adapté au Maroc. Il nese contente pas de gérer la différence,mais prend en compte la dimension po-litique. Pour l’orateur, ce modèle se ba-se implicitement sur un sentiment gé-néral marqué par la foi en des valeurscommunes et un même destin tout ensignalant que ce lien est plus fort que ce-lui de la race ou de la langue et que lesgrandes civilisations n'ont pas été fon-dées sur la base de la race ou la langue,mais sur des valeurs.

Unité

Après avoir rappelé que le Maroc dis-pose de deux langues nationales, l'ara-be et l'amazigh, le conférencier a jugéque l'impératif de l'unité exige que lepays soit doté d'une seule langue, quiest l'arabe et ce, dans un cadre général

défini par la loi suprême de chaque pays.Au plan éducatif, d’une part, il a prônéla nécessité d'opérer une distinction entreles missions des ministères de l'Educationnationale et de la Culture, le premier dé-partement étant chargé de consoliderl'unité à travers des programmes d'en-seignement unifiés avec des moyens pé-dagogiques et didactiques différents.D’autre part, il a appelé à enseignerl'amazigh classique à tous les Marocains,invoquant que l'école est l'espace idoi-ne pour promouvoir une langue amazi-ghe unifiée au niveau phonétique et lexi-cal.Considérant que la langue amazighe estun patrimoine national ancré dans letissu culturel marocain, Hasan Aourid adéclaré dans ce contexte que le dialec-tal marocain est le résultat par excel-lence d'un brassage de l'arabe et del'amazigh.❏

BE.L

Hassan Aourid plaide pour la diversité culturelle devant l’UEM

Arabe et amazigh, même combat

Animée par la volonté defaire découvrir lesdanses et les musiques

du monde arabe à un large pu-blic, Nawal Benabdellah et sonassociation « les amis de Nawal» ont organisé le premier fes-tival international des dansesorientales, qui a eu lieu du 9 au12 avril 2004 à l'Institut dumonde arabe (IMA), à Paris, oùelle a donné un spectacle inti-tulé "Nuit étoilée". Présentéesous forme d'une rencontreentre l'Egypte et le Maroc, mi-se en relief par la musique et ladanse, "Nuit étoilée" a permis,à travers une douzaine de ta-bleaux, aux formes d'expres-sion populaires spontanées des'exprimer sur la scène, déga-geant une synthèse harmo-nieuse du corps et de l'esprit.

Rencontre

Accompagnée par la célèbretroupe musicale égyptienne"Mimouna" et par des choré-graphes de renommée interna-tionale, Nawal Benabdellah aguidé le public, par la magiede ses gestes et sa sensibilitéreconnue de danseuse, au cœurdes richesses musicales et cho-régraphiques que recèlent leMaroc et le Moyen-Orient.

Ayant pour but de favoriser larencontre entre les cultures parle biais de la danse, cette pre-mière édition internationale amis en avant les influences etles échanges positifs entre lesdanses orientales et les dansesoccidentales. En marge du festival, des ren-contres chorégraphiques et desateliers de danses égyptienneset marocaines animés par desprofesseurs de renommée in-

ternationale, venant d'Egypte etd'ailleurs, ont été égalementprogrammés.Danseuse, chorégraphe et pro-fesseur de danse orientale etmarocaine à Paris, NawalBenabdellah nourrit son amourpour la danse depuis son en-fance. Détentrice d’un grandhéritage culturel, familial et na-tional, elle est un trait d’unionartistique entre le Maghreb etle Machreq.

D’origine marocaine, NawalBenabdellah est profondémentinspirée par l’effervescence ar-tistique des années cinquanteau Caire, par l’évolution mo-derne de la danse orientale au-jourd’hui, et aussi par la ri-chesse de la danse au Maroc.Depuis 1989, elle a enseigné ladanse orientale et marocaine àParis depuis 1989. Elle s’em-ploie aussi à diffuser son art àtravers les stages de dansequ’elle anime en France et àl’étranger. Sa rencontre, en1991, avec le grand choré-graphe égyptien MahmoudRéda, était le début d’une étroi-te collaboration de dix annéesde travail. À la même année, el-le a fondé sa compagnie avantde créer l’association de dan-se orientale « Les Amis deNawal » en 1990. Pour son répertoire marocain,Nawal s'inspire des danses desdifférentes régions du Marocpour les faire évoluer sur scè-ne, et participe ainsi à laconservation de ce riche patri-moine.Son premier spectacle « Autourde l’atlas », elle a présenté en1994 à l’Institut du MondeArabe de Paris, à l’occasion dela Journée de la Femme. ❏

BE.L

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• Nawal Benabdellah.

Danseuse et chorégraphe, Nawal Benabdellah, d’origine maro-caine, a organisé la première édition du festival international desdanses orientales qui a eu lieu du 9 au 12 avril 2004 à Paris.

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• Exposition La Galeried’Art de lacaisse de dépôtet de gestion(CDG) présen-te les sculp-tures de PascalFiorentino «

Roches de Harhoura» jusqu’au 18 avril2004. Disciple et élève de l’artiste plas-ticien Roland Mascart, concepteur gra-phique passionné d’images et de littéra-ture, Pascal Fiorentino se forme aux artsdramatiques, à l’école des métiers du ci-néma. Il partage sa vie aujourd’hui entrele Maroc, la France, et l’Italie.

• CongrèsLe groupe d’Etudes et de Recherches pourle mieux-être (GERME) organise les 5 et6 juin 2004 à l’espace «Art et Nature»-Bouskoura à Casablanca le 3ème congrèsinternational sur le mieux-être. Cet évé-nement aura pour ambition de rassem-bler des professionnels de la santé, de lanutrition, de l’environnement et de l’édu-cation, qui s’ajouteront aux spécialisteset intervenants de premier ordre attenduspour partager leur savoir et leurs connais-sances dans les domaines de l’agricultu-re et alimentation biologiques, protec-tion de l’environnement, techniques dedéveloppement personnel, nouvelles ap-proches de la santé, expression artistiqueet éducation-enfance.

• Soirée Une soirée de musique andalouse réuni-ra, le 17 avril au Théâtre Royal àMarrakech, le grand maître MohamedBajdoub et l'artiste Ihsan R'miki.Cette soirée au cours de laquelle le duosera accompagné de l'orchestre "ChababAl Andalous" de Rabat, aura lieu avec laparticipation du groupe "Tarab Arrouh"des Mouachahates et le mounchidMohamed Azeddine. Ihsan R'Miki, quichante également le Samaâ et le Madih,avait enchanté le public marrakchi lorsd'un concert donné pendant la Soirée depoésie avec Adonis.

• SéminaireLe département de la langue et de la lit-térature arabes de la Faculté des Lettreset des Sciences humaines de Marrakechorganise, les 16 et 17 avril, un séminai-re national sur les oeuvres du poète etpeintre libanais Gibran Khalil Gibran.La poésie mystique de Khalil Gibran(1883-1931), rédigée soit en arabe soiten anglais, se caractérise par son am-pleur visionnaire et sa simplicité. Ses verscomposés dans un style allégorique ontété cités par des générations de lecteursdu monde entier"Le Fou" (1918), "LeProphète" (1923) et "Le Sable de l'Ecume"sont ses oeuvres les plus connues (1926).Animateur d'un cercle intellectuel dontl'objectif était de rénover la poésie ara-be, Khalil Gibran, installé définitivementaux Etats-Unis en 1910, a publié égale-ment des romans de critique sociale tels"Les Ames Rebelles".

EENN BBRREEFF

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Clôture du Festival des théâtres des jeunes

Promouvoir la relève

Lors de la cérémonie declôture du festival duthéâtre des jeunes, diffé-

rents prix ont été distribués.En effet, le premier prix estrevenu à la pièce de théâtre“Al Makama AlMourrakouchia" du Théâtredes Jeunes de Demnat,d’Azilal, alors que le Prix spé-cial du Jury a été remporté par“Qatarat" de l'Atelier AnwarSouss, d’Agadir.

Interprétation

Les sept ateliers de théâtre par-ticipant à cette rencontre ontremporté ex-aequo le prix dela participation. Le prix de lameilleure interprétation fémi-nine a été attribué ex-aequo àKhadija Mhijri du club AïnAtik à Témara pour son rôledans la pièce “Louâbat AlMasrahia" et à Khadija Rabehdu Club Fadae MasrahAchabab de Mohammediapour son rôle dans la pièce“Touhmat Achaîr". Le prix dela meilleure interprétationmasculine est revenu ex-ae-quo à Saïd Dlimi du Théâtredes Jeunes de Demnat d’Azilal

et à Hamid Belbzioui du ClubFadae Masrah Achabab àMohammedia.La pièce de théâtre “AlMakama Al Mourrakouchia"a remporté le prix du meilleurtexte théâtral de l'auteurAbdelmajid Saâdallah alorsque le prix de la meilleure mi-

se en scène est revenu ex-ae-quo à Mohamed Sossi Alaouidu club Aïn Atik à Témarapour la pièce “Louâbat AlMasrahia"et à MohcineMouhtadi du Théâtre desjeunes Al Qods à Fès pour lapièce “Attamatil".Organisé par le Secrétariat

d’Etat chargé des jeunes du 4au 11 avril, le festival natio-nal du théâtre des jeunes apour objectif d’ouvrir de nou-velles perspectives devant lesjeunes et d’encourager leurcréativité dans les domainesdu théâtre, mais égalementdans la musique et des artsplastiques. Cette manifesta-tion vise à encourager les pro-fessionnels du 4ème art à par-rainer les activités des clubsde théâtres des jeunes aussibien au niveau de l'écritureque de la mise en scène et àrendre accessible la pratiquede cet art.Cette manifestation a été mar-quée par le vibrant hommagequi a été rendu à Saïd Samâali,l'un des cadres du secrétariatd'Etat chargé de la jeunessequi ont beaucoup apporté authéâtre marocain.Plus de 300 jeunes talents dedifférentes régions duRoyaume dans les domainesdu théâtre, de la musique, dela poésie et des arts plastiquesont participé à cette rencontreculturelle.❏

BE.L

• Des enfants jouant une pièce de théatre.

La troisième édition du MoussemFéminin culturel international, initiée

par l'Association marocaine des créatricescontemporaines (AMCC) se poursuivra jus-qu’au 18 avril 2004 au centre Hassan II desrencontres internationales d'Asilah, avecla participation d'une pléiade d'artistesmarocains et étrangers.Placée sous le haut patronage de SM leRoi Mohammed VI, la cérémonie d’ou-verture de cette manifestation, le samedi10 avril, a été marquée par une exposi-tion de l'artiste-peintre et présidente del'AMCC, Wafae Houdaybi, à l'occasion dupremier anniversaire de SAR le prince hé-ritier Moulay Al Hassan. En présence deLalla Keltoum, fille de feu Son Altesse LallaFatima-Zohra, une exposition hommagedes photographies de la princesse défun-te sous le signe "fidélité à la mémoire" aété également présentée.Créée en 2001 dans le but de promouvoirles domaines artistique, social et cultureldans les milieux urbain et rural, l'AMCC

ambitionne de présenter les oeuvres fé-minines et de mettre en valeur la contri-bution des femmes créatrices à l'évolutiondes arts contemporains marocainsSelon sa présidente, l’association chercheà donner à la femme créatrice la place quilui revient dans la société en s'inspirant dela haute sollicitude royale pour qui l'inté-gration de la femme dans le processus dedéveloppement passe, notamment, par saprotection au plan juridique et social, quele nouveau Code de la famille aspire àconcrétiser.À travers diverses actions de développe-ment, à la promotion de la condition de lafemme, l’Association contribue à l'essordu monde rural par la création notam-ment de coopératives. Cette manifestation internationale contri-bue à la programmation culturelle de la vil-le d'Asilah en tant que pôle touristiqueimportant. Pour Réda Barad, de l'Officenational marocain du tourisme, ce mous-sem féminin constitue une occasion d'ou-

vrir des perspectives culturelles et de jeterles ponts entre les civilisations. Dans une allocution au nom du secrétai-re général de la Fondation du Forumd'Asilah, Mohamed Benaïssa, AbdelkarimBassiri, membre de cette Fondation, a in-diqué que la ville d'Asilah est devenue unespace de dialogue dédié à l'approfondis-sement des concepts de tolérance et dudroit à la différence.Il est vrai que depuis le lancement duMoussem culturel international d’Assilahen 1978 par Mohamed Ben Aïssa, ministreactuel des Affaires étrangères, avec sonami d’enfance, le peintre Mohamed Melehi,la vieille ville de l’Atlantique est devenueune sorte d’agora pour des poètes, artistes,penseurs et grands responsables politiquesvenus du monde entier. Depuis, elle estdevenue un symbole de dialogue culturel,une conjonction entre les espaces et leshommes. ❏

BE.L

©Ph

:DR

Le festival national du théâtre des jeunes a pour objectifd’ouvrir de nouvelles perspectives devant les jeunes etd’encourager leur créativité dans les domaines du théâtre.

Moussem culturel féminin international d’Asilah

Honneur au génie féminin

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Les complexes Dawliz entament leur reconversion vers le tourisme

Du cinéma à l’hôtellerie

Maroc Hebdo International - N° 601 - Du 16 au 22 Avril 200428

Depuis quelques semaines circulait l’information selon laquelle ces com-plexes seront soit transformés en hôtels soit vendus à des investisseurs. Lemouvement a déjà commencé. Le Dawliz de Meknès a fermé depuis le 31décembre 2003.

SOCIÉTÉ ET CULTURE

Les cinémas Dawliz n’auront plus leprivilège de projeter des films commeils l’ont fait pendant de longues an-

nées. Autrefois considérés comme de my-thiques salles de cinémas pour la qualité des

images de leurs écrans, les Dawliz vontperdre de leur attrait légendaire qu’ils exer-çaient sur les Marocains. Depuis quelques semaines circulait l’infor-mation selon laquelle ces complexes se-ront soit transformés en hôtels soit ven-dus à des investisseurs. Le mouvement a déjà commencé. Le Dawlizde Meknès a fermé depuis le 31 décembre2003. Il sera vendu à des opérateurs tou-ristiques qui le transformeront en un hô-tel dans une ville qui a beaucoup perdu desa verve et de sa gloire touristique. Ceuxde Casablanca ne sont pas en reste. Deuxcomplexes sont concernés. D’abord, celuides Habous qui va être vendu. Les négo-ciations sont en cours pour une opérationvoulue profitable. Sa conclusion inter-viendra incessamment. Quant au complexeDawliz qui se trouve sur la corniche à AinDiab, il sera transformé en un établisse-ment hôtelier de grande marque.

Chambres

C’est ce que filtrent certaines sources bieninformées. Déjà, ce complexe, le plus pri-sé par les Casablancais, pour son étendueet sa grande capacité d’accueil abrite deuxrestaurants et quelques chambres limitées.Voyant qu’il est mal exploité, ses proprié-taires, notamment Souhail Benbarka, vontle transformer en hôtel dont d’aucuns es-timent qu’il va très bien fonctionner.D’abord, pour son emplacement straté-gique, tout près de la mer et à quelquesminutes du centre ville. Ensuite, pour sa grande capacité et sa proxi-

mité des grands restaurants. Pour le mo-ment, rien n’est officiel. Discrète sur cesprojets, la famille Benbarka compte seconvertir en tourisme pour étendre et mieux

rentabiliser son patrimoine. La chute desDawliz en tant que grandes salles de ciné-mas est intervenue après l’arrivée très triom-phale du complexe futuriste Mégarama.

Rempli tous les jours et archi plein les weekends, le complexe Mégarama bat tous lesrecords d’audience.❏

A.A

© Ph

. DR

• Souhail Benbarka.

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Maroc Hebdo International - N° 601 - Du 16 au 22 Avril 2004 29

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AGENDATournage au Maroc du film français “Les Temps qui changent”

Romance à Tanger

S'étant déjà donné la répliquedans les films “Je vous ai-

me", “Le Dernier métro", “LeChoix des armes" , “FortSaganne", “Drôle d'endroit pourune rencontre" et “Les Cent etune nuits" , Depardieu etDeneuve, couple de célèbres co-médiens français, se retrouverasous la houlette d'André Techinédans une romance époustou-flante.“Les Temps qui changent" estl'occasion pour le cinéaste-scé-nariste de diriger à nouveau l'ac-teur de “Barocco" et la comé-dienne de “Ma Saison préférée"dans une belle aventure, cettefois-ci, au cœur d’une ville im-pressionnante avec son empla-cement stratégique. Tanger estdotée d'une histoire riche etd'une géographie unique.

Drame

La beauté de son site et de sa lu-mière en ont fait une sourced'inspiration pour des généra-tions d'artistes parmi les plusgrands. Le couple de stars fran-çais débuteront le tournage despremières scènes de ce film àTanger dès le 26 avril. GérardDepardieu tentera ainsi de re-conquérir sa bien-aimée Cathe-rine, pour le plus grand bonheurde leurs admirateurs tangérois,

qui auront certainement l’occa-sion de suivre des scènes lors dutournage. Les plus chanceuxréussiront même à coincer lesacteurs pour une petite séancephotos et autographes.Ce drame sentimental mettra enscène une histoire d'amour dontles protagonistes sont Cécile(Catherine Deneuve), qui vit de-puis une vingtaine d'années encompagnie de son mari maro-cain à Tanger, et Antoine (Gérard

Depardieu). Ce dernier est l’an-cien amant de Cécile. De passa-ge dans la ville, il va tenter de lareconquérir. Cécile va balancer entre unamour profond qui l’a liée dansle passé à Antoine, et qui va re-naître en elle aujourd’hui, etentre son respect et attachementà son mari, qui l’a entourée d’af-fection et d’amour durant toutesces années. L'époux marocainsera incarné par Gilbert Melki,

acteur français qui ressembleparfaitement à un Marocain.Melki a joué dans plusieurslongs-métrages français dont“Trilogie" 1, 2 et 3, “La vérité sije mens 2", “Au plus près du pa-radis". Il prépare également unautre long-métrage, intitulé“Zaïna, cavalière de l’Atlas", deBourlem Guerdjou. Le tournage de “Les temps quichangent", se fera sous l'égidede la société Gémini Films, quiassurera également la sortie dufilm, prévue en décembre 2004,pour les fêtes de fin d'année.C'est la septième fois que le cé-lèbre couple d'acteurs françaisse retrouvera sur grand écran,où ils ont déjà brillé dans dessuccès comme “Le dernier mé-tro", de François Truffaut, ou “Lechoix des armes" , d'AlainCorneau.Le premier tour de manivelle duscénario du film, produit parGémini productions, voitAntoine retrouver par hasard sonancienne compagne, Cécile, àTanger. Son but sera de laconquérir à nouveau. Sous lebeau soleil de Tanger, une seuleombre apparaît pour Antoine:Cécile est mariée à un Marocain.Gilbert Melki, lui, ne veut pas selaisser faire, et fera tout pourgarder sa femme.❏

C. Nassir

• FranchiseDans le cadre de ses activités en faveur de lapromotion de la franchise au Maroc, laFédération marocaine de la Franchise (FMF),en partenariat avec le ministère de l’Industrie,du Commerce et des Télécommunications, etle Centre régional d’investissement deCasablanca (CRI), organise une deuxièmerencontre le 21 avril 2004 à 15h, à l’audito-rium Twin Center Casablanca. Cette rencontretraitera les thèmes suivants: Franchise et pro-tection de la marque, tarification douanièreet promotion de la franchise, virement desroyalties par le franchisé au franchiseur àl’étranger.

• Maroc-2010Dans le cadre du cycle des grands débats del’ESIG, l’école organise une conférence sur lethème “Les jeunes et la coupe du monde2010". Cette conférence sera animée par dif-férentes personnalités issues du monde dufootball national, et aura lieu le lundi 19 avrilà 19h, au sein du campus ESIG, à Casablanca.

• AtelierLa ville de Marrakech accueillera du 26 avrilau 3 mai prochain un atelier internationald'écriture pour le cinéma organisé par l'as-sociation, “éQuinoxe to be continued", créé parNoëlle Deschamps et présidée par PierreLescure, l'ancien PDG de Canal+. Ces ateliers permettent depuis 1993 à desscénaristes de parfaire leur script, grâce auxconseils bénévoles de professionnels confir-més comme Sydney Pollack, Ron Bass, FrankPierson, Régis Wargnier, Agnès Jaoui.

VétérinaireL'Association des élèves ingénieurs en génierural (AMEIGR) de l'Institut Agronomique etVétérinaire (IAV) Hassan II organise, same-di 17 avril 2004 à Rabat, la 4-ème édition deson forum, indique un communiqué de l'IAV.“L'ingénieur du génie rural au service deséquipements communaux et des infrastruc-tures rurales", est le thème retenu pour cet-te édition.

RREENNDDEEZZ--VVOOUUSS

• Gérard Depardieu et Catherine Deneuve.

Ph: D

R

“Les Temps qui changent", un drame sentimental du célèbreréalisateur français André Téchiné, sera bientôt en tournage àTanger. Il met en scène Gérard Depardieu et Catherine Deneuve àpartir du 26 avril.

• ÈlectroménagerLa foire Internationale de Casablanca abri-tera, du 1er au 8 décembre 2004, le premierSalon international de l’équipement élec-troménager au Maroc. “JIHAZ MANZIL" estun salon dédié exclusivement au gros etpetit matériel électroménager, ainsi qu’àleurs composants. Ce salon offrira une occasion exception-nelle de développer des relations commer-ciales entre les opérateurs du secteur et leconsommateur.

• MédiasLa ville d’Agadir accueille du jusqu’au 24Avril 2004 le “Media Art Workshop" unatelier intensif de deux semaines, qui in-terrogera la façon dont les médias numé-riques informent et font évoluer le langa-ge visuel dans l´expression artistiquecontemporaine marocaine. Cette manifes-tation ambitionne de porter “une réflexionautour de la place offerte à l'art dans lessphères intimes et sociales".

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Les étudiants de l’ISIC réalisent un numéro spécial sur les forêts au Maroc

La nature en péril

Maroc Hebdo International - N° 601 - Du 16 au 22 Avril 200430

SOCIÉTÉ ET CULTURE

Les étudiants de l’ISIC, enpartenariat avec le HautCommissariat aux Eaux et

Forêts et à la lutte contre la Désertification, ont réalisé un nu-méro spécial, entièrement dédiéaux problèmes de la forêt, del’eau et de la désertification. Cenuméro du journal-école del’ISIC a été conçu en arabe et enfrançais, Il s’agit du premier partenariatscellé entre l’ISIC et le HautCommissariat aux Eaux et Forêts,pour la vulgarisation de l’infor-mation sur l’état de nos forêts.

Élan

Les futurs journalistes de l’ISICse sont ainsi lancés dans l’aven-ture autour de la thématique del’environnement. Découvertessur le terrain, interview d’ex-

perts, collecte de l’information…un véritable élan d’engagement,dans le journalisme d’investiga-tion. A travers ce numéro spécial,le problème de la sauvegarde dupatrimoine écologique du Marocest largement posé.L’étude s’est déroulée sur denombreux sites : Agadir,Essaouira, Ifrane, Maâmoura etMarrakech. La réalisation de cenuméro spécial s’est faite avecl’encadrement précieux de laDirectrice de l’Isic, LatifaAkharbach, et par le professeurde presse-écrite, Nadia Lamhaidi.Dans une interview accordée parle DR. Abdeladim Lhafi, HautCommissaire aux Eaux et Forêtsaux étudiants de l’ISIC, il a dé-claré que la question de l’eau, dela forêt et de la lutte contre la dé-sertification est un projet natio-nal par excellence. Sa réalisa-

tion est tributaire de la partici-pation effective du citoyen et del’engagement de plusieurs par-tenaires publics et privés. Il aégalement indiqué que la prin-cipale entrave à une protectionefficace de la forêt marocaine,

c’est l’énorme décalage entre l’ur-bain et le rural. Par ailleurs, les étudiants de l’ISICse sont également intéressés aumétier de technicien forestier,dont la tâche est d’assurer uneprésence effective dans des mil-

liers d’hectares de forêts. Il esten quelque sorte le protecteur dela nature, “Un éternel nomade etun véritable agent de développe-ment".D’autres thèmes comme la luttecontre l’érosion, les espèces ani-males en voie de disparition,comme l’addax et l’autruche, àcause de la chasse ont été trai-tés. Les étudiants n’ont pas manquéde signaler que les médias ma-rocains ne s’intéressent pas vrai-ment à la thématique de l’envi-ronnement, puisqu’il n’existe pasde presse spécialisée en sujetsécologiques. Une expérience en-richissante pour ces journalistesen herbe grâce à la mobilisationdu Haut Commissariat aux Eauxet Forêts et à la lutte contre laDésertification.❏

C. Nassir

• Des étudiants de l’ISIC interviewant Abdeladim Lhafi.

© Ph

. M

HI

L’ASCM au secours de Al Hoceima

Don du cœurL’association de solidarité de

Canada-Maroc (ASCM) en parte-nariat avec Collaboration santé inter-nationale soutiennent les sinistrés dutremblement de terre d’Al-Houceima.Un conteneur de 40 pieds transportantdifférents produits destinés à l'assis-tance humanitaire est actuellement auport de Casablanca en attendant d’êtretransféré à Al-Hoceima. Par ailleurs, l’Ascm lance une cam-pagne de financement pour envoyerdes véhicules adaptés pour le trans-port des personnes handicapées duMaroc. À travers cette action, l’asso-ciation espère sensibiliser une largetranche de Marocains dans le mondeentier pour qu’ils puissent contribuerà soulager la souffrance des personneshandicapées du Maroc qui n'ont aucunmoyen de transport pour se déplacer.Créée le 15 mars 2002, en un espaced’un temps record, l’Ascm a envoyédes aides au Maroc estimé à plus de 600milles dollars. Sa première action, réa-lisée en 27 mai 2002, était au profitde l’association d’aide aux paralysésdu sud du Maroc. D’autres actions ont suivi. En mars2003, elle expédie des équipements in-formatiques au profit d’associations etdes écoles situées dans des régions dé-favorisées du Maroc.L’Association de Sakia Al Hamra pourla renaissance féminine à la ville

Laâyoune a reçu une cinquantained’ordinateurs. L’hôpital Ben M’Ski si-di Othmane et d’autres associationsoeuvrant dans le domaine de la défi-cience ont profité d’une envoi de ma-tériel médical et paramédical. 22 000livres et manuels scolaires et didac-tiques ont été dépêché à des biblio-thèques au Maroc. Les personnes han-dicapées et aux plus démunis ont bé-néficié de 500 kg de fournitures sco-laires.

Utilité

Organisme canadien à but non lucra-tif, présidé et créé par Dr AbdelhakEddoubi, Personne à mobilité réduiteayant perdu l’usage de ses jambes sui-te à un tragiqueaccident en Tunisie, l’ASCM a pour ob-jectif d’apporter une aide matérielle ettechnique, directement ou à traversdes associations reconnues d’utilité pu-blique, à des personnes handicapéesou démunies au Maroc.Elle compte favoriser cette dimensionhumaine et veut sensibiliser lesmembres de la communauté marocai-ne du Canada, les Canadiens et les or-ganisations canadiennes aux diversesproblématiques que pose l’interven-tion dans le domaine du handicap auMaroc.❏

BE.L

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Maroc Hebdo International - N° 601 - Du 16 au 22 Avril 2004 31

L’amalgame entre islam et terrorisme est fait. Les abou-trucles ben-chose et les ould-machin font peur à l’Amérique.

Depuis les tragiques événements de Madrid, le faciès maghré-bin est regardé en torve en Europe. En plus du vieux sentimentde “bougnoul" dont il était gratifié, Il soulève en prime la mé-fiance dans les bus, les trains et les avions. Tout le monde vamater son sac à dos et quitter son voisinage de peur de finir savie en lambeaux éparpillés sur la voie publique. Des milliers denoms sont scannés au quotidien par les services sous toutesleurs facettes littérales possibles. Abou el Kader et Abdou Allahvont être condamné à rester chez eux (ou revenir chez eux) enraison de la structure de leur patronyme. Si, par miracle, il ar-rivait à l’un d’eux d’avoir un visa, il serait fouillé jusqu’aux or-teils pour voir s’il ne porte pas la moindre crasse cachée sous

l’ongle. Si vous avez l’œil bleu,les cheveux couleur d’épi de blé etle gousset plein de blé vous êtesmomentanément épargné à cau-se de votre look de faux gaulois“islamiquement correct".Avant de tuer des centaines de ci-vils irakiens ou palestiniens, lesGI et les tueurs du Tsahal ne fontpas référence à leur Dieu ou à leurcroyance religieuse. Ils affichentune croix sur une cible et appuientsur un bouton pour donner lamort. Ni Jésus, ni Abraham, niSatan ne sont mis en cause. Cesantagonistes restent dans leséglises et les synagogues, les pre-miers pour apporter le pardon etcollecter les fonds, l’autre pour

inciter à la débauche à l’immoralité. Chacun son truc et lesouailles sont bien gardées. Depuis le 11 septembre, on ne parle plus que d’islamistes, d’is-lamisme et d’islam et de terrorisme. Dans la mémoire collecti-ve des populations occidentales, abreuvées à la télé et nourriesà la pâte à papier de chez Rupert & Blake, l’amalgame est consom-mé et l’islmophobie réelle. À l’occasion de chaque " bombinet-te terroriste " les musulmans bien sous tous rapports essaient,en vain, de nous rappeler combien l’Islam est une religion detolérance et le Saint Coran un havre de paix. À la télé, “l’ima-ge vendeuse" est celle de “supposés combattants musulmans"de tout bord brandissant des kalachnikovs obsolètes, des lan-ce-roquettes bigleux ou des pierres “intifadiennes". Ils crient àtue-tête un “allahou akbar" (Allah est grand) soudeur d’unecommunauté déchirée par ses contradictions. En l’absence de ci-ment social ou d’adjuvant démocratique assembleur, la religionest mêlée à la violence et à la politique. L’amalgame est ainsiconstruit. L’Islam apparaît comme une religion conquérante,violente, totalitaire et créatrice de phobies. La vue d’un barbu,d’une voilée va déranger “l’autre ". Elle génère chez lui un mé-canisme psychologique de rejet en bloc de tout un pan de po-pulation.Avec “Le grand Moyen-Orient", l’Occident et l’Amérique vonttout faire pour nous offrir ce qu’il faut chez nous. De cette fa-çon, personne n’ira les emmerder sur leurs territoires avec desidées biscornues ou mal comprises de “djihad". Ainsi la femmepourra conduire et travailler en Arabie Saoudite. Les “harragas”n’auront plus à traverser le détroit en catimini. Les Algériens or-ganiseront des élections transparentes, leurs gradés ne jouerontplus à Janus et “fouteront" la paix au Maroc. Les Tunisiens nerefileront plus 26 ans de taule à des internautes qui ont surfésur des sites arbitrairement interdits par Ben.Le danger de toutes ces idées est leur raccourci “paradigma-tique". Encore une fois, disons ensemble un “Incha-allah" circonstan-cié, mais ne vous faites pas trop d’illusions, elles sont mau-vaises pour l’équilibre spirituel.❏

Post-Scriptum

Driss Fahli

Abdou, Abou et Ben“Le Temps des impunis", dernier roman de Rida Lamrini

En quête de justice

Témoin d’une époque del’histoire du Maroc en cedébut de troisième millé-

naire, Rida Lamrini porte un re-gard critique sur une société enpleine transition. Son roman, letroisième tome de la saga despuissants de Casablanca, “LeTemps des impunis", paru ré-cemment aux éditions Marsam,évoque le gouvernement d’al-ternance. Loin d’être un livre d’histoireennuyeux relatant les événe-ments marquants d’une périodeallant de 1999 à 2003, le dernierné de Rida Lamrini est une fic-tion inspirée de faits réels. Àtravers un éventail de person-nages imaginaires mais plusproche de la réalité, il dénoncenon pas une personne en parti-culier mais un système tout en-tier. Amine, personnage intègre etparfait, amoureux de son pays,croit au changement et garde

l’espoir de voir des joursmeilleurs jusqu’au jour où sonfils, Adil, connaîtra la même in-justice dont il était victime pen-dant la campagne d’assainisse-ment de 1996. Youssef, journaliste engagé, selivre à un combat acharné aunom de la liberté. Yasmina, sonépouse, fille d’un puissant, doncissue d’un milieu différent, achoisi de se marier par amour etde vivre loin des intrigues fa-miliales.

Saga

Elle milite pour la réintégrationdes enfants de la rue dans la so-ciété. Oussama est l’exemple leplus illustre de son combat so-cial. Enfant de la rue, elle a réus-si à le réinsérer et de lui offrirune vie équilibrée. Aicha, fille de Ba Lahcen et sœurde Ali, de son exil italien, ap-prend la nomination d’un gou-

vernement d’alternance conduitpar un opposant. Elle reprendespoir de voir justice rendue àla mémoire de son amie Lamia,victime du fils d’un puissant im-pliqué dans un trafic de drogueaux ramifications internatio-nales.Bachir, inspecteur de police, estau cœur de ces événements. Ilmène une série d’enquête surdes meurtres. Chacun de ses personnages évo-lue différemment, mais leurshistoires s’entrelacent et se croi-sent dans une longue quête dela justice et de la liberté. Dans “Le Temps des impunis",l'intrigue policière ne sert quepour accrocher le lecteur etagrémenter sa lecture, commele précise Rida Lamrini. En ar-rière-plan, il cherche à faire pas-ser des messages importants.Conscient que le changementest long et dur, mais, pour lui,le simple fait de s'y engager ai-de à tenir.“Je n'ai pas la prétention de fai-re changer quoi que ce soit. Jen’ai ni les moyens ni le pouvoirmais je veux dénoncer et témoi-gner " a-t-il déclaré.

Angoisses

À travers ses œuvres, il essayede rafraîchir la mémoire collec-tive. “Plusieurs événements heu-reux ou malheureux sont tombésdans l’oubli. Mes romans sont làpour les rappeler ", a-t-il affir-mé. Avec une rage et un besoin in-cessant d’écrire, Rida Lamrinitranscrit les appréhensions, lesangoisses, les questionnementsde toute une société. La saga de Puissants deCasablanca de Rida Lamrini,composée de trois tome, LesPuissants de Casablanca, lesRapaces de Casablancaet, enfin,Le Temps des impunis, colle par-faitement à l'histoire politico-sociale du Maroc.❏

L. Bernichi

HOMMAGE

En l’absence deciment social ou

d’adjuvant démocratique assembleur,

la religion est mêlée à la violence et à la

politique.L’amalgame est ainsi construit.Casablanca le

15/04/04

© Ph

. MH

I

“Je n'ai pas la prétention de faire changer quoi quece soit. Je n’ai ni les moyens ni le pouvoir, mais jeveux dénoncer et témoigner ", se défend RidaLamrini. Ce qu’il fait à la perfection à travers despersonnages dont les histoires s’entrelacent dansune interminable recherche de la vérité.

• Rida Lamrini