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Promotion Aristide Briand
2006-2008
Cycle International Long
Master en Administration Publique
Mmoire prsent par
Communiquer lEurope
Conception, stratgies et organisation de la politique de
communication de la
Commission europenne
Mmoire prsent par M. LEHMANN, Bodo
Sous la direction de : M. Jean-Emmanuel PAILLON Dlgu adjoint
linformation et la communication Ministre de la Sant et des
Solidarits
21 mai 2007
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1
Introduction : Les Europens connaissent mal les politiques
communautaires et le fonctionnement des institutions, ce qui risque
de dstabiliser la construction europenne. Le rle des mdias est
crucial afin de changer la donne. 6
A\ Les relations entre les Europens et la construction europenne
ainsi que ses institutions sont caractrises par la mconnaissance,
le dsintrt voire un certain scepticisme. 6
B\ Diffrentes approches thoriques explicitent les possibles
consquences de ce foss entre citoyens et institutions
communautaires et soulignent le rle cl qui revient aux mdias afin
de rduire lcart entre ladministration europenne et ses administrs.
8
1. La thorie des systmes sociaux souligne les risques dune telle
distance et assigne une responsabilit particulire aux mdias dans le
processus de transmission dinformations en direction des citoyens
europens. 8
a) La fonction dintgration des mdias 10 b) Les fonctions
politiques des mdias : cration dun espace public et socialisation
politique 10
2. La position cl des mdias est encore renforce par la thorie de
lhirarchie des priorits 11
C\ Puisque la prennit de la construction europenne dpend dune
communication claire et comprhensible en direction des citoyens
europens, la politique de communication de la Commission europenne
revt une importance particulire. 13
I. Diffrentes thories permettent de dcrire le dfi que la
Commission europenne devra relever et formulent des prconisations
quant au chemin suivre. 15
A\ Une premire approche thorique peut laisser penser que la
russite de la politique de communication de la Commission europenne
dpend exclusivement de la bonne volont des journalistes. 15
1. Les journalistes comme gardiens dcluse dans un flux continu
dinformations 15 2. ... dont les critres de slection suivent une
logique fonctionnelle et centre sur les mdias. 16
a) Faciliter le travail rdactionnel des journalistes 16 b)
Slectionner des nouvelles qui garantissent une audience maximale
17
B\ Toutefois, la lecture des thories suggre quune politique de
communication qui connat ses responsabilits et qui se sert des
connaissances sur le fonctionnement des mdias peut russir
influencer lagenda mdiatique dans un sens voulu. 20
1. Une organisation de la communication qui dsigne clairement
ses fonctions ainsi que ses domaines daction est la condition sine
qua non pour toute politique de relations publiques efficace.
21
a) Quatre fonctions fondamentales de toute politique de
relations publiques 21 b) Six domaines daction pour remplir ces
fonctions 21
2. Se servir des connaissances sur le fonctionnement des mdias
afin dinfluencer leur agenda. 22
a) Reprendre les critres de slection des journalistes et sen
servir pour faire passer le message 23 b) Se servir des dirigeants
dopinion du paysage mdiatique 24
C\ Communiquer dans 27 Etats membres : la politique de
communication entre standardisation et diffrenciation. 25
1. La culture de communication oriente vers les mdias 26 2. La
culture de communication oriente vers les relations publiques 26 3.
La culture de communication politico-partisane 27 4. La culture de
communication politico-stratgique 27
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2
II. Face une situation juge insatisfaisante, la Commission
europenne a redfini les fondamentaux de sa politique de
communication et se dote dune structure et doutils nouveaux destins
relever le dfi. 30
A\ Partant dun bilan autocritique, la Commission refonde les
principes de sa politique de communication et lui assigne de
nouveaux objectifs stratgiques. 30
1. Sur la base dun bilan critique de ses activits de
communication, la Commission semble se rapprocher dune analyse
comparable celle de la thorie des systmes sociaux. 30 2. La
nouvelle philosophie et les objectifs stratgiques redfinis de la
politique de communication de la Commission europenne placent les
citoyens europens au centre de tous les efforts. 31
B\ Deux axes stratgiques de dveloppement ont t retenus par la
Commission afin de rendre oprationnels la philosophie et les
objectifs stratgiques nouvellement dfinis. 33
1. Soutenir les dbats nationaux afin de faire sortir les
questions europennes du microcosme bruxellois. 33
a) Une approche commune mise en uvre dans les Etats membres 33
b) Sadresser aux chelons national, rgional et local 34
2. Prendre des initiatives au niveau communautaire pour mener
une politique de communication adapte aux attentes des citoyens.
35
a) Favoriser un dbat public plus vaste 35 b) Promouvoir la
participation des citoyens au processus dmocratique 36
C\ La nouvelle approche aux relations publiques est ralise dans
un cadre oprationnel clairement dfini. 38
1. La communication est directement attache au plus haut niveau
politique de la Commission, ce qui souligne limportance particulire
de cette fonction. 38 2. Lorganisation de la Direction gnrale
Communication 39
a) Au cur du dispositif : le Service du porte-parole 39 b) La
direction A Stratgie 41 c) La direction B Reprsentations et rseaux
42 d) La direction C Outils de communication 43
D\ Communiquer deux publics diffrents journalistes-spcialistes
et citoyens 45 1. Le Service du porte-parole communique lattention
de journalistes-spcialistes 46 2. tandis que les citoyens europens
sont au centre de lattention des autres Directions de la Direction
gnrale Communication. 47
III. Grce une prise de conscience politique de limportance dune
bonne communication qui a permis de lui assigner des objectifs
clairs et grce des responsabilits bien dfinies, la Commission
europenne russit sa politique de communication lgard des
journalistes et des citoyens. 48
A\ Le rattachement direct de la politique de communication au
plus haut niveau politique de la Commission europenne ainsi que la
dfinition, par ce dernier, des principes et des objectifs
stratgiques claires constitue dsormais un atout dcisif pour la
dfinition dune politique de communication cohrente. 48
1. La forte prise de conscience de limportance de la
communication par le niveau politique est dcisive car elle permet
aujourdhui une programmation en parallle des processus de
lgislation et de communication. 49 2. Une politique de
communication plus lisible car construite autour dune philosophie
plus claire car limite sur quelques objectifs stratgiques. 50 3.
Les quatre fonctions fondamentales assignes par la thorie toute
politique de relations publiques se retrouvent dans le mandat et
les missions assigns la Direction gnrale Communication. 51
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3
B\ La dsignation claire des responsabilits au sein de la
Direction gnrale Communication est un atout qui permet de garantir
la spcialisation des acteurs tout en assurant la cohrence et lunit
des messages envoys au grand public. 52
1. Une organisation intelligible qui constitue une traduction
fidle de lapproche thorique dans la ralit administrative. 52 2.
Afin de garantir la cohrence dans les prises de parole malgr la
spcialisation organisationnelle pousse, un systme de coordination a
t instaure. 53
C\ Afin de communiquer le plus efficacement possible avec les
journalistes, la politique de communication de la Commission
europenne suit ainsi plusieurs recommandations donnes par la
thorie. 54
1. Souligner les caractristiques des nouvelles intressant les
journalistes lorsquelles existent sans pour autant dnaturer le
message. 55 2. La Commission se sert de ses connaissances sur le
fonctionnement des mdias afin dinfluencer leur ordre de priorits
56
a) La thorie du management des nouvelles 57 b) La thorie sur les
dirigeants dopinion 57 c) Illustrer les messages afin de faciliter
leur diffusion 57 d) Rpondre aux exigences de qualit des
journalistes 58
D\ Dans ses contacts avec les citoyens, la Commission sefforce
de diffrencier ses approches communicationnelles, tout en veillant
garder lunit du message pour ne pas nuire sa crdibilit. 59
1. Adapter les messages la situation vcue par les citoyens dans
les Etats membres sans pour autant envoyer des messages diffrents :
la Commission entre standardisation et diffrenciation de sa
communication. 59 2. La volont dentrer dans un dialogue plus direct
avec les citoyens peut affaiblir la tendance prjudiciable des
gouvernements nationaux utiliser la Commission comme bouc missaire.
60
Conclusion : Si la politique de communication de la Commission
europenne runit toutes les conditions pour russir, sa tche reste
difficile et son fonctionnement peut tre amlior. 62
Sources 66
1. Entretiens 66
2. Bibliographie 66 Introduction 66 Premire partie 67 Deuxime
partie 67 Troisime partie 68 Conclusion 68
ANNEXES 69
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5
On trouvera que la force tant toujours du ct des gouverns, les
gouvernants nont rien pour se soutenir que lopinion. Cest sur
lopinion seule que le gouvernement est fond.
David Hume, Essais et traits
Les hommes politiques et les institutions doivent gagner la
confiance des Europens par de bonnes politiques et
par une bonne communication sur ces politiques. Commission
europenne
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6
Introduction : Les Europens connaissent mal les politiques
communautaires et le
fonctionnement des institutions, ce qui risque de dstabiliser la
construction
europenne. Le rle des mdias est crucial afin de changer la
donne.
En guise dintroduction, il convient de dmontrer lutilit de
lobjet choisi pour ce mmoire,
savoir la politique de communication de la Commission europenne.
Cette dmonstration
sattache donc rpondre la question pourquoi et dans quelle mesure
il peut tre intressant
pour la Commission davoir une politique de communication
performante.
Afin de rpondre cette question, il est utile de rappeler que,
mme aprs 50 ans de construction
europenne, celle-ci passe trs largement inaperue du grand public
(A), une situation qui risque
de remettre en question la prennit de la construction europenne
(B). Lapport des mdias tant
jug crucial afin de changer cette situation (C), une analyse de
la politique de communication
semble simposer.
A\ Les relations entre les Europens et la construction europenne
ainsi que ses institutions sont caractrises par la mconnaissance,
le dsintrt voire un certain scepticisme.
Les relations entre les citoyens de lUnion europenne (UE) et la
construction europenne ainsi
que ses institutions sont marques par une relative mconnaissance
de ses mcanismes de
fonctionnement et par une distance leve entre les citoyens et
les institutions voire dun
scepticisme des premiers lgard des seconds.1
En rgle gnrale, lon peut constater une connaissance mdiocre et
floue des domaines
daction de lUnion 2 : si les citoyens qui savent que lUE agit
dans un domaine donn sont
nombreux, ils sont trs rares avoir une vision globale et complte
de laction de lUE. Ce
constat dabsence de connaissances prcises se confirme lorsquon
les interroge sur le
fonctionnement de lUE, de ses institutions et leur rle. Ces
connaissances sont faibles :
La seule institution ( peu prs) clairement identifie est le
Parlement europen :
non pas quon en sache beaucoup sur lui en ralit, mais son nom
suggre une
identit et un rle comparables ceux dune assemble parlementaire
nationale .
1 Etude Eurobaromtre : Les citoyens europens et lavenir de
lEurope. Etude qualitative dans les 25 Etats membres . Bruxelles,
mai 2006, Commission europenne, Direction gnrale Communication. 2
Idem, page 10.
-
7
La Commission est parfois (pas toujours) connue de nom, mais ce
quelle est et
ce quelle fait reste nbuleux quil sagisse du mode de nomination
des
Commissaires, de son rle institutionnel, de ses relations avec
les autres
institutions ou de son fonctionnement.
Le Conseil est quasi-inconnu en tant quinstitution. 3
Pour illustrer cette ignorance, on peut citer les rponses donnes
deux questions. Ainsi, en
printemps 2006, un tiers (30 %) des sonds ne connaissait pas le
nombre correct dEtats
membres de lUnion europenne ; un tiers galement (33 %) ne savait
pas que les dputs
europens taient lus directement par les citoyens europens.4
Cette ignorance sur le paysage institutionnel peut expliquer en
partie un certain dsintrt des
Europens lgard de la construction europenne, ses institutions et
ses politiques. Ainsi, 34 %
des citoyens europens ont aujourdhui une image neutre de lUE.5
Ce constat est confirm par
le fait que les Europens sont moins passionns par les politiques
europennes que par les
politiques nationales : si 22 % des Europens discutent
frquemment de sujets de politique
nationale, ils ne sont que 11 % discuter frquemment des sujets
de politique europenne.6 35 %
des Europens se dsintressent des questions de politique
nationale ; un chiffre qui monte 52
% lorsquil sagit de politiques communautaires.7
Un autre indicateur de la distance qui existe entre les Europens
et la sphre communautaire
est lvolution du taux de participation aux lections au Parlement
europen qui est en baisse
permanente depuis les premires lections en 1979 : sil slevait
encore 63 % en 1979, il
ntait plus que de 45,5 % en 2002.8
Lignorance constate nourrit galement un certain scepticisme des
citoyens lgard de lUE :
cette dernire nvoque une image positive quauprs de 46 % des
sonds, en baisse de 4 points
par rapport un sondage prcdent.9 Le soutien des Europens
lappartenance lUE a
galement baiss ces dernires annes : 53 % des sonds considrent
que lappartenance de leur
3 Idem, page 12. 4 Sondage Eurobaromtre : Le futur de lEurope .
Bruxelles, mai 2006, Commission europenne, Direction gnrale
Communication, pages 142-143. 5 Sondage Eurobaromtre : Eurobaromtre
66. Lopinion publique dans lUnion europenne . Bruxelles, dcembre
2006, Commission europenne, Direction gnrale Communication, page
12. 6 Sondage Eurobaromtre : Le futur de lEurope , pages 80-81. 7
Idem, pages 147-148. 8 Costa, Olivier : Les lections europennes de
juin 2004. Perspectives europennes et franaises - article
disponible sur
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/37_565-580.pdf. 9 Sondage
Eurobaromtre : Eurobaromtre 66. Lopinion publique dans lUnion
europenne , page 12.
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pays lUE est une bonne chose .10 Dans un autre sondage, 43 % des
citoyens europens
jugent lUE inefficace , pensant 37 % que trs peu de choses voire
rien na t
accompli dans le domaine de lunification conomique de
lEurope.11
Ce scepticisme se reflte dans les relations entre les citoyens
et les institutions communautaires :
si 52 % des sonds font plutt confiance au Parlement europen, ils
sont un tiers (32 %) lui
faire plutt pas confiance .12 La situation est encore plus
difficile pour la Commission
europenne, laquelle seulement 48 % des citoyens europens font
confiance, contre 31 % qui
sont de lavis oppos.13
B\ Diffrentes approches thoriques explicitent les possibles
consquences de ce foss entre citoyens et institutions
communautaires et soulignent le rle cl qui revient aux mdias afin
de rduire lcart entre ladministration europenne et ses
administrs.
La thorie des systmes sociaux montre les risques de cette
distance accrue entre les citoyens
et les institutions communautaires et propose de concentrer les
efforts sur lamlioration de la
communication (1), une proposition que lon peut galement avancer
sur la base de la thorie
de la hirarchie des priorits (2).
1. La thorie des systmes sociaux souligne les risques dune telle
distance et assigne une responsabilit particulire aux mdias dans le
processus de transmission dinformations en direction des citoyens
europens.
Une situation dans laquelle les citoyens ne savent que peu de
choses sur les institutions qui les
gouvernent ainsi que sur leur fonctionnement, et qui est
caractrise par un dsintrt citoyen
neutre pour le mieux, une attitude sceptique voire hostile pour
le pire, ne peut tre soutenable
long terme. Ceci est particulirement vrai dans une dmocratie, o
les institutions ne peuvent
exister que si elles sont dmocratiquement lgitimes, c'est--dire
que si elles profitent dun
soutien populaire durable. Or, ce nest quen connaissant le
fonctionnement de lUnion
europenne et de ses politiques que les citoyens peuvent remplir
le rle qui est le leur dans un
systme dmocratique, c'est--dire apporter leur soutien, mais
aussi leurs critiques aux
institutions communautaires.
Une information transparente et cohrente des Europens sur la
construction europenne, ses
institutions et ses politiques est donc primordiale pour
garantir le soutien populaire ncessaire. A
10 Idem, page 6. La question pose aux sonds tait : D'une faon
gnrale, pensez-vous que le fait pour votre pays de faire partie de
lUE est une bonne chose/ une mauvaise chose/ une chose ni bonne, ni
mauvaise . 11 Sondage Eurobaromtre : Le futur de lEurope , pages
100-101. 12 Sondage Eurobaromtre : Eurobaromtre 66. Lopinion
publique dans lUnion europenne , page 17. 13 Idem, page 14.
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9
cet gard, le rle des mdias de masse et des relations que les
institutions europennes
entretiennent avec ces derniers semble particulirement important
dans la mesure o les mdias
assurent plusieurs fonctions essentielles pour lexistence
durable de la socit europenne.
La thorie des systmes sociaux permet dclairer cette position
essentielle des mdias et, par
ricochet, de la politique de communication, dans la mesure o
cette thorie dmontre les liens
fonctionnels qui existent entre diffrents sous-systmes dun
systme social donn.14
Limage sur lequel se fonde cette thorie est celle dun organisme
biologique dont les cellules se
trouvent dans une interdpendance rciproque et apportent des
fonctions essentielles pour la
survie de lorganisme ou du systme global. Lobjectif du systme
(ou de lorganisme) et de ses
sous-systmes (ou cellules) est dassurer durablement son
existence.15
La thorie des systmes sociaux analyse la socit comme un ensemble
de systmes et de sous-
systmes o les interactions entre ses membres sont destines
assurer le maintien du systme
social global. Ceci suppose que lensemble des sous-systmes dun
systme social donn
remplissent les fonctions qui leur ont t assignes. Lorsque un
sous-systme ne remplit pas sa
fonction, la stabilit voire la prennit de tout le systme est
remis en cause. A cet gard, la
communication joue un rle dterminant :
Des systmes sociaux ne peuvent tre crs et maintenus que si les
personnes qui
y participent [] sont lies entre elles par la communication. []
Chaque
fonction [rendue par un sous-systme] doit tre accompagne par
des
communications directes ou indirectes. .16
Ce nest donc quen communiquant que les acteurs dun sous-systme
peuvent faire comprendre
leurs actes aux acteurs des autres sous-systmes.
Selon cette approche, la Commission europenne peut tre analyse
comme un sous-systme du
systme global socit europenne . En tant quacteur politique
central, sa fonction
consisterait dans la production et limposition de normes
obligatoires pour lensemble de la
socit europenne. Afin de pouvoir produire ces rsultats et, en
mme temps, pouvoir garantir la
prennit du systme global socit europenne , la Commission doit la
fois pouvoir
expliquer ses politiques et leur raison dtre et rester ouverte
aux exigences et soutiens venant du
14 Schenk, Michael : Kommunikationstheorien . In :
Noelle-Neumann, Elisabeth et. al. : Fischer Lexikon, Publizistik,
Kommunikationswissenschaft . Frankfurt am Main, 2000, Fischer. 15
Burkart, Roland : Kommunikationswissenschaft . Wien, 1998 Bohlau,
page 446. 16 Luhmann, Niklas : Funktionen und Folgen formaler
Organisation . Berlin, 1972, Duncker & Humblodt, page 190.
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sous-systme opinion publique . La communication ncessaire cette
mdiation rciproque
est assure par un troisime sous-systme, savoir le sous-systme
mdias .
Systme socit europenne
Sous-systme Commission europenne
Sous-systme opinion publique
exigences et soutiens de la socit civile
Sous-systme mdias
explication des politiques et de leur raison dtre
Ce sous-systme mdias remplit plusieurs fonctions essentielles,
permettant par-l dassurer
lexistence durable du systme global socit europenne .
a) La fonction dintgration des mdias
La premire est la fonction dintgration : plus une socit est
complexe, plus elle a besoin
dintgrer ses composantes afin de garantir leur cohsion.17 Etant
donn que la socit
europenne est une socit hautement complexe avec un risque
permanent dloignement voire
de dsintgration de ses composantes, la fonction dintgration,
assure par les mdias de masse,
est essentielle afin de garantir sa prennit.
b) Les fonctions politiques des mdias : cration dun espace
public et socialisation politique
Sajoutent cette fonction dintgration plusieurs fonctions
politiques, au premier rang
desquelles se trouve la fonction de la publicisation18 : en
publiant des informations sur les
politiques europennes, en les rendant ainsi accessibles aux
citoyens, les mdias crent un espace
public europen.19 Il est impratif que les mdias rendent publics
et transparents les conflits et
17 Ronneberger, Franz : Integration durch Massenkommunikation .
In : Saxer, Ulrich : Gleichheit oder Ungleichheit durch
Massenkommunikation ? Homogenisierung Differenzierung der
Gesellschaft durch Massenkommunikation . Mnchen, 1985, lschlger,
page 5. 18 Dans ce contexte, on comprend par publicisation le fait
dattirer lattention du public sur un sujet donn, de rendre
disponible une partie de lespace public pour ce sujet.
10
19 Ronneberger, Franz : Die politischen Funktionen der
Massenkommunikation . In : Langenbucher, Wolfgang (Hrsg) : Zur
Theorie der politischen Kommunikation. . Mnchen, 1974, Piper, page
199.
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11
les dbats socitaux, dans la mesure o, dans le cas idal, la
formation de la volont
dmocratique nat de la discussion permanente de tous le membres
de la socit en question.20
Tous les participants au processus politique entrent en
communication en
publiant leurs programmes, objectifs et intentions []. Mme le
gouvernement
doit tre soucieux de justifier ses mesures en public. 21
Limportance de cette fonction de publicisation peut tre souligne
par la critique rcurrente
adresse aux institutions communautaires et selon laquelle les
politiques europennes seraient
trop souvent labores en secret par des eurocrates et les
citoyens mis devant le fait accompli
aprs la prise de dcision dfinitive.
Une deuxime fonction politique essentielle est celle de la
socialisation politique et de
lducation politique : tant donn le haut degr de spcialisation et
de diffrenciation des
socits contemporaines qui se reflte dans leur systme politique,
ce dernier est devenu peu
lisible voire confus, comprenant le risque de tendances
dsintgratrices qui peuvent se
manifester, entres autres, par une hausse des taux dabstention
lors des lections. Ce constat est
particulirement vrai pour le systme politique communautaire dont
la cration sui generis
rend difficile toute comparaison ou tout rapprochement avec les
institutions politiques nationales
qui aurait pu faciliter sa comprhension. La fonction de
socialisation des mdias consiste donc
initier les citoyens dans ce systme politique et rendre
transparent les diffrents rles politiques
(lecteur, militant/ adhrent, homme politique etc.). Ce nest quen
se voyant expliquer le
systme politico-institutionnel et les diffrents rles de ce
systme que les citoyens peuvent
participer pleinement et activement au processus politique.22
Directement lie cette fonction est
celle de lducation politique qui assigne aux mdias la
responsabilit de lducation civique.
2. La position cl des mdias est encore renforce par la thorie de
lhirarchie des priorits
La thorie de la hirarchie des priorits ou thorie de lAgenda
setting en anglais, permet
galement de mesurer le poids des mdias et danalyser quelle
position ces derniers occupent
dans le processus de transmission dinformation. Cette thorie
suggre en effet que les mdias
ont un pouvoir dinfluence sur les citoyens, dans la mesure o ils
peuvent dterminer ce sur quoi
20 Hundertmark, Gisela : Politisches System und
Massenkommunikationssystem . In : Einfhrung in die
Kommunikationswissenschaft . 1976, page 202. 21 Ronneberger, Franz
: Die politischen Funktionen der Massenkommunikation , page 200. 22
Burkart, Roland : Kommunikationswissenschaft , page 383.
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12
les citoyens rflchissent. Ils ont donc le pouvoir de dterminer
la hirarchie des priorits ou
lagenda des sujets jugs prioritaires par les rcepteurs.
Si les mdias de masse nont probablement que peu dinfluence sur
la direction
et lintensit des attitudes, lon peut supposer quils posent
lordre de priorits de
toute campagne politique en influenant limportance accorde un
sujet
politique. 23
Il sagit de notre attention lgard, de notre savoir sur et de
notre conscience
de problme quant aux vnements, personnes, thmatiques et
questions
quotidiennement relats [par les mdias]. 24
Les recherches empiriques ont permis de distinguer trois
variantes de cette suppose relation
causale entre lagenda mdiatique et lagenda du public.25 Selon le
modle dattention
( awareness model ), le public prend conscience de certains
thmatiques lorsque les mdias les
relatent. Ces derniers attirent donc lattention des citoyens sur
les sujets en les traitant dans leurs
missions ou dans leurs publications. Le modle de salience
soutient que le poids relatif
accord par les journalistes de diffrents sujets (emplacement du
message dans le journal,
longueur accord un article etc.) dtermine galement limportance
accorde ces mmes
sujets par les rcepteurs des mdias. Le modle des priorits enfin
radicalise en quelque sorte
le modle prcdent en assumant que lordre de priorits mdiatique se
reflte de manire
inchange dans lordre de priorits des citoyens.26
Si les recherches ultrieures ont attnu voire invalid lhypothse
dun impact causal des
priorits mdiatiques sur lordre de priorits des rcepteurs, il nen
reste pas moins que lagenda
mdiatique jouit dune certaine influence sur les priorits des
rcepteurs.
23 While the mass media may have little influence on the
direction or intensity of attitudes, it is hypothesized that the
mass media set the agenda for each political campaign, influencing
the salience of attitudes toward the political issue. McCombs,
Maxwell et Shaw, Donald : The Agenda setting function of mass media
. In : POQ Vol. 36/1972, page 176-187. 24 Schenk, Michael :
Medienwirkungsforschung . Tbingen, 1987, Mohr, page 194. 25
McCombs, Maxwell : Newspaper vs Television : Mass communication
effects across time . In : Shaw, Donald et McCombs, Maxwell : The
emergence of American political issues , In : POQ Vol. 43/1979,
page 176-187. 26 Burkart, Roland : Kommunikationswissenschaft ,
page 246.
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13
C\ Puisque la prennit de la construction europenne dpend dune
communication claire et comprhensible en direction des citoyens
europens, la politique de communication de la Commission europenne
revt une importance particulire.
Ds lors, il suit que, lorsque les mdias ne relatent pas les
sujets traits au niveau
communautaire, ces questions ne peuvent pas occuper une place
dans lordre des priorits des
citoyens europens. Par consquent, ces sujets restent des
non-sujets pour les citoyens qui ne
sont donc mme pas au courant que ces sujets sont traits au
niveau communautaire : faute de
socialisation et dducation politiques par les mdias, les
citoyens ne sont pas intgrs dans le
systme politique, ni y a-t-il cration dun espace public. Dans un
tel cas, les mdias ne
remplissent pas les fonctions que la thorie des systmes sociaux
leur a assign. Par consquent,
la stabilit voire la prennit du systme global seraient, du point
de vue de cette thorie, remises
en question.
En effet, on peut ainsi analyser le non des citoyens franais et
nerlandais aux referendums
sur la ratification du Trait constitutionnel comme le signal
dune dstabilisation du systme
socit europenne la suite dannes voire de dcennies de
communication insuffisante.
Ainsi, les critiques les plus acerbes des opposants au Trait
constitutionnel portaient trs souvent
non sur des innovations de ce nouveau Trait, mais sur des
politiques dj bien tablies depuis
longtemps mais dont les citoyens navaient tout simplement pas
conscience, faute den avoir
entendu parler.
Pour que les mdias puissent remplir leur rle, la communication
entre les sous-systmes, cest
dire la politique de communication des institutions
communautaires envers les mdias, doit tre
adapte aux besoins de ces derniers. La fonction des communicants
professionnels est donc de
fournir aux journalistes les sujets, les informations ainsi que
lexpertise ncessaires afin que les
mdias puissent remplir leur fonction. Par consquent, lon peut
dire que les mdias ne seraient
pas en mesure dassurer une couverture politique complte sans le
travail prliminaire des
communicants professionnels.27
Puisque seuls des citoyens informs peuvent participer la vie
dmocratique de manire
responsable et tant donn que la complexit du processus politique
communautaire ne permet
pas aux journalistes de satisfaire seuls ces exigences, cette
fonction constitutive pour lexistence
durable de la dmocratie doit tre remplie la fois par les
communicants professionnels et les
mdias.28 Dans cette logique, il est du ressort du sous-systme
Commission de prparer, par
une politique de communication performante, le terrain pour une
couverture mdiatique claire et
intelligible sur les politiques communautaires. Ce constat
souligne le rle essentiel que jouent les
27 Bentele, Gnter : Politische ffentlichkeitsarbeit . In :
Sarcinelli, Ulrich : Politikvermittlung und Demokratie in der
Mediengesellschaft . Bonn, 1998, BpB, pages 124-145. 28 Bentele,
Gnter : Politische ffentlichkeitsarbeit , page 143.
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14
communicants professionnels et il explique pourquoi il peut
paratre utile de sintresser, dans
le cadre dun mmoire, pour la politique de communication de la
Commission europenne.
Afin danalyser la politique de communication de la Commission
europenne, ce mmoire
tudiera dabord diffrentes thories des sciences de la
Communication afin den dduire les
principaux enseignements thoriques pour une politique de
communication efficace et russie
(I). Il analysera ensuite, dans une approche empirique, les
structures et les mcanismes mis en
place par la Commission europenne dans le domaine de la
politique de communication afin de
vrifier si les enseignements thoriques ont t mis profit dans la
pratique, c'est--dire si les
prconisations donnes par les thories ont t respectes dans la
ralit quotidienne par les
communicants professionnels de la Communication (II). Le mmoire
semploiera enfin de
comparer les thories la ralit et de comprendre les diffrences
entre approches thorique et
pratique (III).
-
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I. Diffrentes thories permettent de dcrire le dfi que la
Commission europenne devra relever et formulent des prconisations
quant au
chemin suivre.
Etant donn limportance dune communication claire et transparente
des politiques de la
Commission europenne pour lexistence prenne de la construction
europenne et la place
particulirement importante que les mdias occupent cet gard, il
convient de sinterroger sur
la possibilit qua la Commission europenne dinfluencer les sujets
traits par les mdias.
On peut dmontrer que, premire vue, la Commission semble
impuissante face la position
primordiale quoccupent les journalistes dans la procdure de
slection des nouvelles qui seront
publies dans les mdias (A). Or, les recherches thoriques
soulignent galement quune
politique de communication bien organise et qui sache se servir
du mode de fonctionnement des
mdias peut permettre la Commission de sortir de sa position de
faiblesse (B).
On ne pourrait analyser les relations entre la Commission
europenne et les mdias en faisant
limpasse sur sa particularit qui est celle dune organisation
supranationale et en omettant les
incidences que cette situation peut avoir sur lorganisation de
la politique de communication (C).
A\ Une premire approche thorique peut laisser penser que la
russite de la politique de communication de la Commission europenne
dpend exclusivement de la bonne volont des journalistes.
Les rsultats des recherches thoriques dans le domaine des
sciences de la Communication
semblent suggrer une certaine toute-puissance mdiatique dans les
relations entre les
communicants et les journalistes. En effet, ces derniers
occupent une position primordiale dans la
slection des nouvelles (1) et organisent ce processus de
slection suivant une logique propre (2).
1. Les journalistes comme gardiens dcluse dans un flux continu
dinformations La thorie du slectionneur ou du gatekeeper part du
constat quil nest pas possible pour
les mdias de relater lensemble des vnements et faits qui se
produisent et que, par consquent,
les journalistes sont obligs de slectionner les sujets de leurs
articles dun flux dinformations
dbordant. Pour souligner la position cl des journalistes dans le
processus de slection des
informations, cette thorie compare le journaliste un gardien
dcluse , qui a le pouvoir
douvrir ou de fermer les portes aux informations : ainsi des
tudes empiriques ont dmontr que
seulement dix pour cent environ des dpches arrivant dans la
rdaction dun journal sont
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effectivement slectionnes et publies dans les journaux ou les
missions.29 Il revient donc aux
journalistes de dcider quels sujets entrent dans le circuit
mdiatique.
De ce rle pivot du journaliste et des mdias dans le processus de
slection et de transmission
des informations, la thorie du slectionneur dduit lhypothse
selon laquelle les mdias ne
peuvent pas reproduire une image fidle de la ralit : le
processus de slection modifie, que lon
veuille ou non, la perception de la ralit par les rcepteurs qui
ne voient de cette ralit que ce
qui a t slectionn par les journalistes. Or, la seule dfinition,
faite par le journaliste, dune
partie de la ralit comme vnement mritant dtre relat suppose une
interprtation
pralable de la ralit.30
2. ... dont les critres de slection suivent une logique
fonctionnelle et centre sur les mdias.
Cette position influente des journalistes pose la question de
savoir sur quels critres les
journalistes fondent leurs choix. Car, tant donn la forte
concurrence des diffrentes entits
communicantes (administrations locales, rgionales, nationales,
communautaires, secteur priv,
organisations non-gouvernementales) et de lvolution permanente
de lactualit, il semble
primordial pour la Commission de mieux connatre ces critres de
slection et de sen servir afin
de pouvoir adapter sa politique de communication ces
critres.
Lanalyse du mode de fonctionnement des mdias fait ressortir que
leurs automatismes de
slection tentent dassurer deux objectifs, savoir faciliter le
travail quotidien des journalistes et
garantir, de par le choix des nouvelles, une audience
maximale.
a) Faciliter le travail rdactionnel des journalistes
Une premire rponse vient de la thorie du slectionneur elle-mme
et souligne lexigence
fondamentale quest le critre de qualit de linformation en
question. Toute information peu
intressante, de mauvaise prsentation, qui est rdige de manire
propagandiste ou qui est trop
longue na que trs peu de chances dtre slectionne par les
journalistes.31 Ces critres sont
certes subjectifs. Or, des travaux empiriques ont confirm que
ces normes professionnelles
29 White, David Manning : The Gate Keeper : A case study in the
selection of News . In : Journalism Quarterly Vol. 27/1950, pages
383-390. 30 S Schulz, Winfried : Die Konstruktion von Realitt in
den Nachrichtenmedien. Analyse der aktuellen Berichterstattung. .
Freiburg/ Mnchen, 1976, Verlag Karl Alber, page 8. 31 White, David
Manning : The Gate Keeper : A case study in the selection of News .
Dautres critres de slection peuvent tre souligns, tels que
lorientation politico-idologique des journalistes ou de leur
rdaction. Dans la mesure o ces critres institutionnels ne peuvent
pas tre influencs par les professionnels de la communication de la
Commission europenne, ce travail en fait abstraction. Il en est de
mme pour les opinions personnelles des journalistes, qui ont
galement et cela malgr les normes professionnelles qui devraient
les inciter sen dtacher une influence forte sur la slection : tant
donn que la Commission europenne ne peut pas influencer ces
opinions personnelles, ce mmoire napprofondit pas davantage cette
problmatique.
-
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(comme une bonne prsentation dun communiqu de presse, par
exemple) ainsi que des
contraintes organisationnelles (longueur des communiqus de
presse ou des dpches)
dterminent effectivement la slection des informations par les
journalistes.32
b) Slectionner des nouvelles qui garantissent une audience
maximale
Une deuxime thorie permettant danalyser les logiques de slection
des journalistes est la
thorie de la valeur des nouvelles . Selon cette thorie, chaque
nouvelle a des caractristiques
propres qui la rendent intressante et remarquable du point de
vue des journalistes, ces derniers
sachant de manire plus ou moins implicite ce qui rpond aux
attentes et aux intrts de leurs
lecteurs, auditeurs ou tlspectateurs.33 Par consquent, ces
caractristiques des nouvelles
deviennent pour eux des critres de slection et de traitement des
informations : les
caractristiques dune nouvelle dterminent sa valeur
journalistique et, par-l, sa dignit dtre
publie . La thorie postule donc un lien systmatique entre les
caractristiques de certains
vnements et leur valeur journalistique.
On peut distinguer trois groupes de caractristiques des
nouvelles.34 La caractristique
simplicit fait que des nouvelles simples sont prfres des
nouvelles complexes. Si une
nouvelle est complexe, lon peut constater une tendance la rduire
des structures les plus
simples possibles. Cette premire caractristique permet de saisir
un premier problme de
communicabilit des politiques communautaires : ces sujets sont
trs souvent hautement
complexes et, en plus, traits dans des procdures ressenties
comme complexes, ce qui
complique donc leur couverture mdiatique.
La deuxime caractristique est celle de lidentification : les
journalistes tentent de capter
lattention du public en relatant des nouvelles concernant des
sujets dj bien introduits auprs
du public. En outre, ils font parler des acteurs connus ou
choisissent des vnements disposant
dune proximit gographique, temporelle ou culturelle. En rgle
gnrale, les politiques
europennes ne sont pas bien introduits auprs du grand public,
les rsultats des sondages
Eurobaromtre cits au dbut de ce travail en tmoignent. Cette
situation risque donc
dhypothquer davantage la possibilit des sujets communautaires
dentrer dans le circuit
mdiatique.
La dernire caractristique est celle du sensationnalisme , ce qui
souligne la tendance
journalistique de faire ressortir des faits dramatiques et
motionnels tels que des accidents, des
crimes, des conflits et des crises etc. Des faits dramatiques
sont assez rares parmi les sujets
communautaires et leur existence ventuelle dans les mdias
risquerait mme de desservir la 32 Schulz, Winfried : Nachricht . In
: Noelle-Neumann, Elisabeth et. al. : Fischer Lexikon Publizistik.
Massenkommunikation . Frankfurt am Main, 2000, Fischer. 33 Burkart,
Roland : Kommunikationswissenschaft , page 275. 34 stgaard, Einar :
Factors influencing the flows of news . In : Journal of Peace
Research 2/1965, pages 39-63.
-
18
cause europenne : si des nouvelles communautaires caractrises
par le sensationnalisme
mergeraient dans les mdias, cela serait plutt le signe dun
scandale dans lune des institutions
et donc capable de saper davantage la confiance des Europens
dans ces dernires.
Des recherches plus approfondies ont permis daller plus loin et
de distinguer quinze
caractristiques de nouvelles dans six dimensions qui dfinissent
la valeur journalistique dune
nouvelle.35 Plus une nouvelle runit ces caractristiques, plus
elle a des chances dtre
slectionne par les mdias. Or, lon peut voir que les sujets
communautaires ne rpondent que
rarement ces exigences journalistiques, rendant ainsi le travail
des communicants de la
Commission plus difficile.
1. Temps :
Cette dimension comprend deux caractristiques dun vnement : dure
(des vnements
courts ont une valeur journalistique leve tandis que des
vnements dune dure suprieure
une semaine ont une valeur journalistique limite) et ge de
lvnement (un sujet dj bien
tabli dans et par les mdias a une valeur journalistique leve
alors quun nouveau sujet nen a
quune rduite).
Chacune des deux caractristiques ne semble que difficilement
valoir pour des informations
manant de la Commission europenne. En rgle gnrale, son activit
c'est--dire
llaboration, la mise en uvre et le contrle du respect de la
lgislation communautaire
sinscrit dans la dure. Etant donn la complexit du fonctionnement
de la prise de dcision
communautaire (ou au moins le fait que le public le ressent
ainsi) ainsi que les faibles
connaissances des Europens sur le fonctionnement institutionnel
communautaire, la probabilit
quun sujet soit dj bien tabli dans les mdias et auprs du public
est trs faible.
2. Proximit :
La dimension proximit comprend les facteurs proximit gographique
(ce qui est plus
proche profite dune valeur journalistique plus leve), proximit
politique (plus les relations
conomiques sont importantes avec le lieu o un vnement a lieu,
plus la valeur journalistique
dune nouvelle provenant de ce lieu sera leve), proximit
culturelle (quelle est limportance
des liens linguistiques, religieux, littraires et scientifiques
avec lendroit dorigine de la
nouvelle ?) et pertinence (le public vis est-il concern par
lvnement ?).
Pour cette dimension encore, la possibilit que des sujets
communautaires entrent dans le
circuit mdiatique semble rduite, dans la mesure o ces sujets ne
rpondent que difficilement
35 Schulz, Winfried : Die Konstruktion von Realitt in den
Nachrichtenmedien. Analyse der aktuellen Berichterstattung. .
Freiburg/ Mnchen, 1976, Verlag Karl Alber.
-
19
lune de ces exigences : au lieu dtre caractris par une proximit
gographique, conomique
et/ ou culturelle, ces sujets se distinguent par une
localisation diffuse dans lensemble de lUE ce
qui rend difficile tout raisonnement en termes de distance ou de
proximit et ce qui fait que les
citoyens ne se sentent pas ncessairement concerns par les
politiques europennes.
3. Statut :
Cette dimension se rsume par le critre de centralit qui
sinterroge sur limportance
politico-conomique, scientifique et, le cas chant, militaire de
la rgion concerne. Etant donn
que les impacts politiques, conomiques et scientifiques du
travail de la Commission europenne
sont souvent levs, cette dimension peut expliquer pourquoi
certains sujets communautaires
peuvent entrer dans le circuit mdiatique.
4. Dynamique :
La dimension dynamique englobe des caractristiques telles que
surprise (le moment o
lvnement surgit, son volution et le rsultat de lvnement ont-ils
t attendus ?) et
structure (sagit-il dun vnement complexe ou intelligible et
facile comprendre ?).
Cette catgorie permet galement de faire ressortir les problmes
que peut prouver la
Commission europenne communiquer ses politiques. En effet, ces
dernires ne surgissent que
trs rarement par surprise et les ngociations gnralement bien
rodes dont elles font lobjet
font quune volution surprenante et inattendue constitue une
exception rare. En outre, et en
croire cette thorie, la complexit du processus dcisionnel
communautaire devrait rendre les
journalistes encore plus hsitants relater ces informations auprs
dun public qui ne sy connat
gure.
5. Valeur :
Cette dimension comprend les caractristiques conflit (quel est
le degr dagressivit des
vnements politiques ?), criminalit (dfinie comme le degr
dillgalit des actes en
question), dgts (humains, matriels ou financiers, mais aussi
checs) et russite (dans le
sens dun progrs dans les domaines politique, conomique ou
culturel, suscit par lvnement
en question).
Etant donn que toute la logique institutionnelle communautaire
vise viter les conflits ou au
moins les rduire un minimum ncessaire afin de pouvoir procder
une prise de dcision
sans heurts, cette catgorie semble galement souligner quil peut
y avoir une certaine
inadaptation des sujets communautaires tre relats dans les
mdias. Il en est de mme pour les
deux autres caractristiques de cette dimension, criminalit (qui
ne fait pas partie du
-
20
fonctionnement normal du processus communautaire) et dgts (ici
encore, laction
communautaire vise plutt les viter ou rparer ; elle nen est
quexceptionnellement
concerne).
6. Identification :
Cette dernire dimension comprend les caractristiques
personnalisation (quel est le degr de
relations personnelles entre lvnement et le public vis par les
mdias) et ethnocentrisme
(dans quelle mesure le pays o la nouvelle sera publie est-il
concern par lvnement ?).
Si la dernire caractristique pourrait plaider pour une certaine
facilit de communiquer de la
part de la Commission europenne, dans la mesure o ses politiques
concernent potentiellement
un grand nombre de citoyens europens, le fait que le centre
dcisionnel se trouve loin des
citoyens risque de relativiser cet avantage, tant donn que les
citoyens ne se sentent
quindirectement concerns. Ce dernier constat c'est--dire
lloignement ressenti du centre
dcisionnel des personnes concernes mais aussi le fait que les
institutions communautaires
souffrent dune notorit faible36 expliquent pourquoi la
caractristique personnalisation ne
semble que difficilement pouvoir jouer pour relater les sujets
communautaires dans les mdias de
masse.
Cette conceptualisation, qui donne des valeurs journalistiques
diffrentes aux nouvelles en
fonction de leurs caractristiques, fait ressortir lun des
problmes que la Commission
europenne rencontre lorsquelle communique lattention des mdias :
dans la plupart des cas,
les nouvelles manant de cette institution (comme celles des
autres institutions communautaires)
ne rpondent peu voire aucune des caractristiques numres. En
consquence, il y a une
certaine inadaptation des sujets communautaires aux critres de
slection journalistiques, ce
qui crerait des difficults certaines pour les communicants
professionnels de la Commission de
faire entrer de tels sujets dans le circuit mdiatique.
B\ Toutefois, la lecture des thories suggre quune politique de
communication qui connat ses responsabilits et qui se sert des
connaissances sur le fonctionnement des mdias peut russir
influencer lagenda mdiatique dans un sens voulu.
Si les recherches empiriques ont jusqu maintenant confirm
lhypothse selon laquelle les
mdias ne pouvaient pas reproduire fidlement toute la ralit et
rien que la ralit, quils
reprsentaient toujours et ncessairement une ralit slective, peu
prcise et tendancieuse, bref,
36 Etude Eurobaromtre : Les citoyens europens et lavenir de
lEurope. Etude qualitative dans les 25 Etats membres , page 12.
-
21
une ralit construite, la question se pose de savoir comment
cette procdure de slection peut
tre influence par les communicants selon leurs intrts : comment
la Commission doit-elle agir
pour que les sujets et politiques communautaires entrent
davantage dans les mdias europens,
quelles sont ses fonctions ? Sur la base des travaux thoriques
mens en la matire, lon peut
montrer que deux exigences sont primordiales cet gard, lune tant
dirige vers lorganisation
interne de la politique de relations publiques (1), lautre se
concentrant sur le produit prpar
par les communicants (2).
1. Une organisation de la communication qui dsigne clairement
ses fonctions ainsi que ses domaines daction est la condition sine
qua non pour toute politique de relations publiques efficace.
Afin dexposer la rponse donne par les thories la question de
lorganisation de la politique
de communication, il convient de dfinir les fonctions que toute
politique de relations publiques
devrait assumer (a), ainsi que les domaines daction dans
lesquels elle doit sactiver (b).
a) Quatre fonctions fondamentales de toute politique de
relations publiques
On peut en effet distinguer quatre fonctions cls qui, prises
ensembles, contribuent une
politique de relations publiques37 performante permettant de
prsenter une organisation donne
au public, de la positionner, dexpliquer ses politiques et de
crer lacceptation et la confiance
pour cette organisation et ses actes. Il sagit de la gnration de
sujets, de leur interprtation, leur
valuation ainsi que de la dcision quand les informations sur un
sujet donn seront transmises
aux journalistes. Ces fonctions reprsentent les exigences
minimales que la politique de relations
publiques devra satisfaire afin dinfluencer les mdias dans un
sens voulu et afin de garantir la
prservation du systme social global.
b) Six domaines daction pour remplir ces fonctions
Les fonctions essentielles des relations publiques dans le
processus mdiatique tant dfinies, la
question se pose dsormais de savoir quelles tches leur
incombent. La littrature distingue six
domaines daction :38
- Planification et analyse : il sagit de la prparation dune
stratgie de communication
ainsi que des objectifs de la politique de communication, de la
dfinition des publics cls,
ventuellement en segmentant les publics afin de les traiter
selon leurs besoins respectifs,
dtablir un calendrier pour les activits de communication, et
dvaluer les activits ;
37 Dans le cadre de ce travail, le terme relations publiques
dfinit les relations entre une institution, ici la Commission
europenne, et ses diffrents publics cibles. 38 Bentele, Gnter :
Politische ffentlichkeitsarbeit , page 139.
-
22
- Rgulation (prventive) de conflits par lanticipation de crises
pouvant surgir et leur
prparation en termes de politique de communication ;
- Observation de lenvironnement de lorganisation, analyse et
interprtation de lvolution
de lopinion publique ;
- Information et critique internes : relater auprs du niveau
politique les critiques et
demandes des journalistes lgard de leur communication afin de
lamliorer et de
renforcer la crdibilit de lorganisation ;
- Conseiller le niveau politique sur la politique de
communication et lopportunit de
prendre des mesures de communication ;
- Information externe : ralisation de la stratgie de
communication ainsi que des mesures
de communication routinires, cration de limage que lorganisation
veut vhiculer.
2. Se servir des connaissances sur le fonctionnement des mdias
afin dinfluencer leur agenda.
La description des fonctions et des domaines daction de toute
politique de relations publiques a
soulign la place centrale quincombe la ncessit des communicants
de russir faire passer
leur message auprs des journalistes pour que leurs nouvelles
entrent dans le circuit mdiatique.
Lobjectif du management des nouvelles ou du news management est
dinfluencer lordre
de priorits journalistique, c'est--dire de dfinir les sujets qui
seront exposs par les mdias,
mais aussi den influencer linterprtation et lvaluation faites
par les journalistes.39 En effet,
une telle stratgie jette les bases permettant dabord aux
journalistes, puis aux rcepteurs de juger
les politiques dune organisation donne. 40
A cet gard, la connaissance des critres de slection
journalistiques et du mode de
fonctionnement des mdias est primordiale. En effet, cette
expertise peut permettre aux
communicants de se servir de ces critres dterminant la valeur
journalistique pour faire entrer
leur message dans le circuit mdiatique. Cette approche postule
que lon peut mettre en scne
la ralit et, par-l, influencer de lextrieur le processus de
slection des journalistes (a). Un tel
impact sur les journalistes peut galement tre atteint si les
communicants sadressent
prioritairement des mdias prestigieux qui donnent le ton dans le
paysage mdiatique (b).
39 Pfetsch, Barbara : Politische Kommunikation in der modernen
Demokratie. Eine Bestandsaufnahme . Stuttgart, 2006, Universitt
Hohenheim. Disponible sur :
http://www.uni-hohenheim.de/medienpolitik/Oe&PK-Band1.pdf. 40
Iyengar, Shanto : News that matters : Television and American
Opinion . Chicago, 1987, University of Chicago Press.
-
23
a) Reprendre les critres de slection des journalistes et sen
servir pour faire passer le
message
Selon cette approche, la politique est avant tout de la
communication et une politique russie est
avant tout une communication soigneusement planifie et
conduite.41 Ses aspects cls seraient la
connaissance professionnelle et approfondie des logiques de
slection et de production des
nouvelles, la capacit de crer des vnements parfaitement mis en
scne et adapts aux besoins
des journalistes (quels horaires, quelles images, adaptation aux
camras), un management
stratgique des sujets et des vnements avec comme but la capacit
de dterminer lordre du
jour mdiatique pour limiter les liberts laisses aux
slectionneurs dans les rdactions et enfin la
capacit de rduire le rle des mdias au transport de symboles
motionnels et de messages
adapts aux publics cls.42 Pour influencer la slection des
nouvelles par les journalistes, les
communicants peuvent soit organiser des vnements susceptibles
dattirer lattention des
mdias sur une information donne, soit se servir de la
connaissance des mcanismes de
slection journalistiques afin de donner leurs nouvelles les
caractristiques leur permettant
dtre slectionnes par les journalistes.
Un moyen pour influencer la slection faite par les journalistes
est la cration de pseudo-
vnements , c'est--dire des vnements qui nauraient pas eu lieu
spontanment et
indpendamment dune ventuelle couverture mdiatique (comme par
exemple un tremblement
de terre ou un accident davion). Ces pseudo-vnements ont t
planifis et arrangs avec
lobjectif principal dinciter les journalistes den parler dans
leurs mdias respectifs.43 La
recherche empirique a permis de dfinir les principaux outils
utiliss par les communicants afin
dinfluencer lagenda mdiatique :44
- Des formes directes de communication (les pseudo-vnements au
sens propre du terme)
telles que des entretiens publics, des confrences, des discours,
mais aussi des clbration
de certains vnements ou encore des manifestations ;
- Des instruments spcialiss des relations publiques : communiqu
de presse, confrence
de presse, photo de presse, interviews, entretiens en off ,
articles dans les journaux ;
- Des publications utilises afin de sadresser des publics cibles
(plaquettes, affiches,
livres, rapports annuels).
41 Plasser/Sommer : Politische ffentlichkeitsarbeit in
informationsgesellschaftlichen Demokratien . In : Dorer, Lojka :
ffentlichkeitsarbeit. Theoretische Anstze, empirische Befunde und
Berufspraxis der Public Relations. Studienbcher zur Publizistik-
und Kommunikationswissenschaft. Band 7 . Wien, 1991, Braumller,
page 93. 42 Ailes, Roger : You are the message . New York, 1989,
Doubleday. 43 Boorstin, Daniel J : The Image : A guide to
pseudo-events in America . New York, 1961, Vintage Books. 44
Bentele, Gnter : Politische ffentlichkeitsarbeit , page 140.
-
24
Si ces outils dcrivent la manire dans laquelle le message sera
vhicul, ils ne disent rien sur les
caractristiques de ce dernier. Lanalyse empirique du
fonctionnement du management des
nouvelles montre que les caractristiques suivantes reprennent au
mieux les critres de
slection dfinis par la thorie de la valeur des nouvelles et dj
exposs ci-dessus :45
- la personnalisation de la politique ;
- le ngativisme et la dramatisation symbolique des sujets
politiques ;
- la planification cible et la mise en uvre des cadres
dinterprtation et linfluence du
contexte dans lequel la communication de sujets politiques a
lieu.
b) Se servir des dirigeants dopinion du paysage mdiatique
Une autre possibilit pour la Commission europenne dorganiser son
travail de relations
publiques peut tre, dun point de vue thorique, le choix de
concentrer les efforts de
communication sur certains mdias. Cette approche peut tre dduite
du concept des dirigeants
dopinion ou opinion leaders .
Ce concept sinterroge sur limportance de la communication
interpersonnelle au sein du
processus de la communication de masse. Plusieurs
caractristiques dcrivent les dirigeants
dopinion .46 Ils nutilisent pas ncessairement davantage les
mdias que la moyenne, mais ils
les utilisent de manire plus attentive et se souviennent mieux
de ce quils ont lu, vu et entendu,
se laissant en consquence guider davantage par les mdias que par
la communication
interpersonnelle. En outre, ils sintressent plus de sujets que
les non-dirigeants et ils font
preuve dune connaissance plus approfondie de ces sujets.
Puisquils ont galement davantage
damis et de connaissances que la moyenne, ils sont plus souvent
sollicits par ces derniers.47
Lors de leurs entretiens avec leur environnement, les dirigeants
dopinion ont tendance
tenter de convaincre les autres de leurs opinions
personnelles.
Ce constat a tabli limage dun flux de communication de deux
tages ( two-step-flow of
communications ) :
Cela suppose que les ides stendent souvent de la radio et de la
presse
vers les dirigeants dopinion et de celles-ci vers les parties
moins actives de
la population. 48
45 Pfetsch, Barbara : Politische Kommunikation in der modernen
Demokratie. Eine Bestandsaufnahme , page 15. 46 Burkart, Roland :
Kommunikationswissenschaft , page 206. 47 Noelle-Neumann, Elisabeth
: Wirkung der Massenmedien auf die Meinungsbildung . In :
Noelle-Neumann, Elisabeth et. al. : Fischer Lexikon, Publizistik,
Kommunikationswissenschaft . Frankfurt am Main, 2000, Fischer, page
539. 48 This suggests that ideas often flow from radio and print to
the opinion leaders and from them to the less active sections of
the population. Lazarsfeld, Paul : The peoples choice : How the
voter makes up his mind in a presidential campaign . New York,
1948, Columbia University Press.
-
25
Cette approche suppose donc que les mdias de masse ne russissent
pas entrer directement en
contact avec une grande partie de la population, mais que leurs
messages sont dabord reus
par les dirigeants dopinion (cest le premier des deux tages) qui
les transmettent ensuite aux
rcepteurs dont lutilisation des mdias est moins active. Par
consquent, lopinion dfinie et
dfendue par les dirigeants dopinion a une influence dterminante
sur lopinion publique. Si
ceci ne veut pas dire que leur opinion prvaudra de manire
systmatique, lon peut nanmoins
constater quune nouvelle opinion publique ne saura simposer sans
le soutien et le porte-
parolat des dirigeants dopinion.49
Or les recherches empiriques ont montr que les concepts des
dirigeants dopinion et du
flux de communication de deux tages ne se limitent pas
uniquement aux rcepteurs des
mdias de masse. On les retrouve galement au sein du systme
mdiatique o il y a des mdias
et des journalistes particulirement en vue. Ils se distinguent
par leur capacit dfinir les sujets
cls, dterminer une valuation positive ou ngative dun sujet voire
de changer sa perception
par le public. En outre, ils sont cits rgulirement par dautres
journalistes et par dautres
mdias.50
Il sensuit quil peut tre utile pour une organisation donne de
privilgier le contact avec ces
mdias dirigeants dopinion et des dirigeants dopinion . Une telle
approche faciliterait la
prise de contact avec ces rcepteurs dans la mesure o ces deux
publics ont, de par leurs
caractristiques particulires, dj une connaissance plus
importante des questions europennes
et donc une capacit et une facilit plus leves dchiffrer les
informations provenant de la
Commission europenne. En outre, des informations diffuses par
les dirigeants dopinion et/
ou des mdias de ce type bnficient dune plus grande crdibilit et
sont donc reprises plus
facilement par dautres mdias (ou cru par des individus) que si
elles manaient de la
Commission europenne elle mme : le soupon de propagande ne sy
installe pas.
En consquence, il semble quil peut tre une piste prometteuse
pour la Commission de
privilgier des mdias dirigeant dopinion dans sa politique de
communication.
C\ Communiquer dans 27 Etats membres : la politique de
communication entre standardisation et diffrenciation.
Lensemble des thories et concepts analyss et prsents jusque-l
font limpasse sur le fait que
la Commission europenne agit dans un contexte particulier. En
effet, contrairement aux
administrations publiques nationales qui, en gnral, ne
communiquent quen direction des
49 Noelle-Neumann, Elisabeth : ffentliche Meinung . In :
Noelle-Neumann, Elisabeth et. al. : Fischer Lexikon, Publizistik,
Kommunikationswissenschaft . Frankfurt am Main, 2000, Fischer, page
372. 50 Noelle-Neumann, Elisabeth : Wirkung der Massenmedien auf
die Meinungsbildung , page 555.
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26
citoyens de leur Etat, le public vis par la Commission est
ncessairement plus grand : il englobe
lensemble des citoyens europens, c'est--dire les citoyens des 27
Etats membres de lUnion
europenne. Ce constat pose la question si une politique de
communication uniforme peut tre
adapte aux modes de fonctionnement, aux cultures journalistiques
et aux exigences des
diffrents systmes mdiatiques dans lensemble des Etats
membres.
La littrature en la matire laisse en effet penser que la culture
de communication politique
nest pas la mme dans lensemble des Etats membres et quil ny a
donc pas une culture de
communication politique europenne unique.51 Selon ces tudes, la
culture de communication
politique, dfinie comme les relations spcifiques entretenues
entre les porte-paroles politiques
dune part et les journalistes dautre part, changerait dun pays
lautre. Elle serait dabord
influence par la constitution du systme mdiatique, qui est
dfinie par la politisation des
mdias, leur (in-)dpendance politique, financire et/ ou conomique
lgard des pouvoirs
publics ainsi que par des traditions journalistiques. En outre,
la culture de communication
politique serait dtermine par les processus politiques
respectifs dans les diffrents Etats,
entendus comme lorganisation du systme de gouvernement, le rle
des partis politiques et des
groupes de pression.
Lorsque lon croise ces deux facteurs (systmes mdiatique et
politique), on obtient quatre
cultures de communication politiques diffrentes.
1. La culture de communication oriente vers les mdias Cette
catgorie est caractrise par une forte distance entre les
porte-paroles politiques et les
journalistes qui explique quaucun mcanisme social nexiste pour
tablir des liens de confiance
entre ces deux acteurs. En outre, lon peut constater une forte
dpendance des acteurs politiques
de la communication des mdias qui sexplique par un paysage
politique caractris par des
faibles partis politiques. Par consquent, les acteurs politiques
acceptent les rgles du
fonctionnement mdiatique comme leurs propres rgles afin dtre en
mesure de communiquer
aux mdias. Eu gard la faiblesse des partis politiques, cette
acceptation est mme considre
comme la condition sine qua non toute communication
politique.
2. La culture de communication oriente vers les relations
publiques Cette culture est dfinie par les bonnes relations et une
proximit motionnelle entre les
journalistes et les professionnels des relations publiques
politiques. Journalistes et porte-paroles
51 Pfetsch, Barbara : Politische Kommunikation in der modernen
Demokratie. Eine Bestandsaufnahme , page 21.
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27
saccordent que la production de messages politiques suit la
logique mdiatique. Leur bonne
entente explique une politique de communication qui na gure
dinfluence idologique, et qui
met laccent sur le consensus symbolique.
3. La culture de communication politico-partisane Dans cette
catgorie, ce sont les calculs de pouvoir des partis et/ ou
gouvernements concurrents
qui influencent trs largement la politique de communication.
Grce des relations sociales et
politiques troites entre les porte-paroles et les journalistes,
les premiers russissent relativement
facilement dterminer les sujets, le moment de leur couverture
par les mdias voire lvaluation
par ces derniers. La communication suit ici les rgles des
acteurs politiques, ft-ce au prix dune
perte dautonomie des mdias.
4. La culture de communication politico-stratgique Cette
culture, caractrise par la coexistence de la dominance dune logique
politique, dune
part, et une grande distance entre les mdias et les
porte-paroles politiques dautre part, gnre
une situation obligeant les porte-paroles utiliser des mesures
stratgiques afin de pouvoir
communiquer leurs messages : ils comprennent les relations
publiques comme une ressource
stratgique politique et se servent de leur connaissance
technique sur la production et les effets
de messages politiques pour atteindre leurs objectifs spcifiques
et court-termistes. Les porte-
paroles politiques tentent dinstrumentaliser les mdias tout en
utilisant les rgles du jeu
mdiatique.
Au-del de ces quatre modles qui dcrivent les relations entre les
communicants et les
journalistes et qui soulignent les diffrences qui peuvent
exister entre les diffrents Etats
membres de lUnion europenne, lon peut citer dautres facteurs qui
montrent que lefficacit
des relations publiques peut tre tributaire de son adaptation
aux conditions nationales,
diffrentes dun Etat lautre. En font partie le systme politique
et conomique52, la culture
dune nation53 ainsi que le systme mdiatique et le niveau de
dveloppement dun Etat donn.
52 Vercic, Dejan : Global and Specific Principles of Public
Relations : Evidence from Slovenia . In : Culbertson, Hugh :
International Public Relations. Administration comparative analysis
. Mahwah, New Jersey, 1996, Lawrence Erlbaum Associates. 53
Sriramesh, Krishnamurthy : Societal Culture and Public Relations .
In : Grunig, James : Excellence in public relations and
communication management . Hillsdale, New Jersey, 1992, Lawrence
Erlbaum Associates.
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28
Etant donn que lon peut donc distinguer au moins quatre modles
diffrents de relations entre
les porte-paroles et les journalistes ainsi que de nombreux
facteurs influenant les relations entre
le systme politique et le systme mdiatique, on peut sinterroger
si une organisation
supranationale comme la Commission europenne peut communiquer
selon un modle uniforme
ce qui serait beaucoup plus simple, dun point de vue structurel
et organisationnel ou sil est
ncessaire de dvelopper un programme de relations publiques adapt
chaque Etat membre de
lUnion europenne.
Ces deux types idaux de relations publiques internationales
standardisation et diffrenciation
ont t analyss par la littrature.54 On entend par relations
publiques internationales
lapproche qui labore un programme de relations publiques propre
chaque pays destinataire
(diffrenciation). Etant donn que ces relations publiques
internationales sont adaptes la
situation spcifique de chaque pays (conditions politique,
conomique et culturelle notamment),
elles permettent de sadresser aux rcepteurs dune manire adquate
et adapte.
A loppos, les relations publiques globales sont bases sur une
approche qui transcende les
frontires nationales. Elle essaie de faire ressortir les points
en commun au-del des frontires
gographiques ou culturelles et de dvelopper, sur cette base, un
programme de relations
publiques standardis et qui soit universellement applicable.
Lobjectif est de standardiser non
seulement la stratgie, mais aussi la prsentation et la
communication des messages. Lavantage
de cette approche rside dans son universalit permettant de
dvelopper une image unique et
cohrente et de crer des synergies. Afin de pouvoir dfinir une
politique de relations publique
standardise, des principes universellement valables de relations
publiques doivent tre connus.
Des tudes ont montr quil peut y avoir une conception universelle
dune relation publique
excellente . Celle-ci serait dfinie par lindpendance
organisationnelle du service relations
publiques , limportance accorde une formation approfondie en
relations publiques des
communicants ainsi que par une communication symtrique et
bilatrale entre lorganisation en
le public.55
Une solution intermdiaire entre ces deux ples extrmes, et qui
est considre comme la plus
prometteuse par la littrature, est dnomme diffrenciation
standardise : les programmes
globaux de relations publiques labors dans cette logique doivent
tre diffrencis pour
rpondre aux particularits nationales, mais ils doivent ltre le
moins possible afin de prserver
54 Huck, Simone : Wie global ist internationale PR ? Zu den
Defiziten eines jungen Forschungsfeldes . Stuttgart, 2001,
Universitt Hohenheim. Larticle est disponible sous
http://www.media.uni-hohenheim.de/html/akademie/wissenstransfer/wie_global_ist_pr.html.
55 Wakefield, Robert : Preliminary Delphi research on international
public relations programming. Initial data supports application of
certain generic/ specific concepts . In : Moss, Danny :
Perspectives on Public Relations Research . London, New York, 200,
Routledge.
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lunit du message. Pour la mme raison, les programmes globaux de
relations publiques seront
le plus standardis possible. Or lon voit donc quil sagit l de
dterminer un point sur un
continuum entre diffrenciation et standardisation , une dcision
qui devrait tre fonde
sur une approche qui prenne en compte les objectifs stratgiques
du communicant mais aussi les
rsultats de lanalyse empirique de la situation
journalistico-mdiatique (quelle culture de
communication politique ?) sur le terrain, c'est--dire dans les
diffrents Etats membres.
Ce travail thorique permet de tirer plusieurs enseignements. Il
souligne dabord la position
fondamentale quoccupent les journalistes dans le processus de
slection des informations et
donc dans la cration de publicit. Par consquent, les
professionnels des relations publiques sont
obligs de convaincre ces gardiens dcluse douvrir les cluses pour
laisser passer leurs
informations. Si la position des journalistes peut donc sembler
dterminante premier regard,
lanalyse des thories permet, dune part, dtablir certains critres
qui doivent tre respects afin
de russir la politique de communication et, dautre part, de
mieux comprendre les logiques de
slection tablies par les journalistes. En effet, la connaissance
de ces logiques par les
professionnels en communication peut faciliter la tche ces
derniers.
Enfin, le travail thorique souligne un second dfi que les
communicants de la Commission
devraient relever pour russir leur mission, c'est--dire
dorganiser une communication dans un
cadre international. L encore, les thories donnent des conseils
pratiques aux acteurs.
Sur la base de ces recommandations thoriques, il convient de
dcrire, dans une approche
empirique, la ralit de la politique de communication de la
Commission europenne.
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30
II. Face une situation juge insatisfaisante, la Commission
europenne a redfini les fondamentaux de sa politique de
communication et se dote
dune structure et doutils nouveaux destins relever le dfi.
Aprs une approche thorique qui a permis de voir comment les
relations publiques devraient
tre organises afin de pouvoir rpondre aux exigences qui leur ont
t assignes, il convient de
sinterroger sur la question de savoir comment la Commission
europenne a organis sa politique
de communication. Ainsi, lon constate un bilan trs auto-critique
des politiques de
communication menes jusque-l et une relle volont de changer de
cap afin de parvenir un
meilleur soutien populaire des institutions et politiques
europennes. Cette ncessaire
redfinition des objectifs de la politique de communication a
permis dtablir une nouvelle
approche stratgique cette politique de communication (A). De
cette nouvelle stratgie
dcoulent deux axes de pousses pour laction en la matire (B). La
Direction gnrale
Communication a t rorganise afin de pouvoir mieux rpondre aux
nouvelles attentes (C).
Dans ce cadre totalement rvis et modernis, la Direction gnrale
Communication est
dsormais en mesure de remplir ses fonctions et de communiquer
ses deux publics cl (D).
A\ Partant dun bilan autocritique, la Commission refonde les
principes de sa politique de
communication et lui assigne de nouveaux objectifs
stratgiques.
1. Sur la base dun bilan critique de ses activits de
communication, la Commission semble se rapprocher dune analyse
comparable celle de la thorie des systmes sociaux.
Le constat de la Commission europenne sur sa propre politique de
communication est svre et
sans quivoque. Dplorant la fragmentation persistante des
activits de communication , une
mise en uvre inapproprie de ces dernires et le fait que les
messages refltent [certes]
des priorits politiques, mais ne rpondent pas ncessairement aux
intrts, aux besoins et aux
proccupations des citoyens 56, elle conclut :
Jusquici, la communication est trop souvent reste laffaire de
Bruxelles.
Elle sest principalement attele expliquer laction de lUE aux
citoyens et
a accord moins dattention aux opinions de ces derniers. [Ils]
ont souvent
limpression que les moyens leur permettant de participer au dbat
sont
restreints ou inaccessibles. Malgr son importance dterminante et
son
amlioration permanente, la communication institutionnelle na
56 Commission europenne : Plan daction de la Commission relatif
lamlioration de la communication sur lEurope . Bruxelles, juillet
2005, Commission europenne, page 3.
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31
manifestement pas suffi combler le foss [entre les citoyens et
la
construction europenne]. 57
Dans son analyse de la politique de communication sur les sujets
communautaires, la
Commission souligne en outre labsence dune couverture mdiatique
rgulire et permanente :
si les journaux nationaux couvrent souvent les grands vnements
survenant intervalles
rguliers tels que les Conseils europens, aucune couverture
globale des affaires europennes
nest assure entre ces vnements. Les journaux locaux ou rgionaux,
particulirement
importants en raison de leur tirage cumul lev, naccordent en
gnral quune place limite aux
questions europennes. Quant aux mdias audiovisuels, leur
tendance limiter de plus en plus le
temps dvolu linformation politique intensifie la concurrence
pour occuper lespace
mdiatique, le rendant ainsi encore plus difficile aux questions
europennes dtre relates par
les mdias.58
Tout en soulignant que cette situation de communication
difficile ntait pas nouveau, la
Commission la juge intenable, salarmant de lloignement et du
sentiment de dsaffection
quprouvent les Europens envers la construction et les politiques
europennes. La Commission
affirme quil ny a pas de dmocratie sans communication et que la
dmocratie ne peut
prosprer que si les citoyens sont informs de la situation et que
leur participation sans rserve
est possible .59 Cette analyse se rapproche donc trs largement
de celle qui a t faite
auparavant sur la base de la thorie des systmes sociaux et qui
souligne que lchange entre les
diffrents sous-systmes est primordial pour le bon fonctionnement
du systme global.
2. La nouvelle philosophie et les objectifs stratgiques redfinis
de la politique de communication de la Commission europenne placent
les citoyens europens au centre de tous les efforts.
Trois principes fondamentaux guident la dfinition des nouveaux
objectifs de la politique de
communication.60 Ainsi, le point de dpart de toute rflexion en
la matire est un droit
fondamental : le droit linformation et la libert dexpression qui
conduit la dfinition du
premier principe, celui de linclusion. Selon ce principe, tous
les citoyens devraient avoir
accs, dans leur propre langue, aux informations relatives aux
questions dintrt public. []
Les informations doivent tre rendues largement accessibles par
un grand ventail de canaux,
57 Commission europenne : Livre blanc sur une politique de
communication europenne . Bruxelles, 1er fvrier 2006, page 4. 58
Idem, page 9. 59 Idem, page 2. 60 Idem, pages 5-6.
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32
comprenant notamment les mdias et les nouvelles technologies .
Etant donn que les
citoyens europens sont issus dorigines sociales et culturelles
trs diffrentes , la Commission
demande ce que sa politique de communication respecte lensemble
des opinions exprimes
au cours du dbat public afin de garantir un dbat le plus ouvert
possible. Ce deuxime
principe la diversit est intimement li au troisime, le principe
de la participation, selon
lequel les citoyens devraient avoir le droit dexprimer leurs
opinions et dtre entendus, ainsi
que la possibilit de dialoguer avec les dcideurs . La Commission
estime que ce dernier
principe est particulirement important au niveau de lUE o les
institutions prsentent un
risque accru dloignement par rapport aux citoyens , une analyse
qui se rapproche, ici encore,
de celle faite par la thorie des systmes sociaux.
De ces principes fondamentaux dcoulent les objectifs stratgiques
assigns la politique de
communication : il sagit dsormais de mettre la communication au
service des citoyens
europens, de gagner la confiance des Europens par de bonnes
politiques et par une bonne
communication sur ces politiques .61 Selon la Commission, cette
approche fondamentalement
nouvelle comprend une transition radicale dune communication
sens unique vers un
dialogue renforc, dune communication axe sur les institutions
vers une communication axe
sur les citoyens, dune conception venant de Bruxelles vers une
dmarche plus dcentralise .62
La communication vise donc instaurer un dialogue entre les
citoyens et les responsables
politiques et un dbat, vaste et intensif, sur les politiques
europennes.
Cette nouvelle communication contribuera, long terme, lmergence
dune sphre publique
europenne, au sein de laquelle les citoyens recevraient les
informations et outils dont ils ont
besoin pour participer activement au processus dcisionnel et
pour sapproprier le projet
europen .63 Car, juge la Commission dans une approche qui
partage les conclusions tires sur
la base de la thorie des systmes sociaux, pour quil y ait
renouveau dmocratique, il faut que
les citoyens europens aient le droit de faire entendre leur voix
.64 Le feedback populaire sous
forme dexigences et soutiens venant du sous-systme opinion
publique est donc considr
comme fondamental pour combler le foss entre les Europens et
leurs institutions.
61 Commission europenne : Plan daction de la Commission relatif
lamlioration de la communication sur lEurope , page 2. 62
Commission europenne : Livre blanc sur une politique de
communication europenne , page 4. 63 Commission europenne :
Communication de la Commission au Conseil, au Parlement europen, au
Comit conomique et social europen et au Comit des rgions.
Contribution de la Commission la priode de rflexion et au-del : Le
Plan D comme Dmocratie, Dialogue et Dbat . Bruxelles, 13 octobre
2005, Commission europenne, page 3. 64 Idem, page 4.
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33
B\ Deux axes stratgiques de dveloppement ont t retenus par la
Commission afin de rendre oprationnels la philosophie et les
objectifs stratgiques nouvellement dfinis.
La redfinition de la philosophie ainsi que des objectifs
stratgiques de la politique de
communication de la Commission entranent ncessairement une
nouvelle approche quant leur
mise en uvre. La Commission a dfini deux vecteurs daction
destins rendre oprationnels
les objectifs stratgiques : ainsi compte-t-elle mieux ancrer les
dbats sur des questions
europennes dans les espaces publics nationaux (1), sans pour
autant ngliger sa propre
responsabilit pour amliorer la qualit du dbat (2).
1. Soutenir les dbats nationaux afin de faire sortir les
questions europennes du microcosme bruxellois.
La Commission considre que, aujourdhui, la sphre publique dans
laquelle se droule la vie
politique en Europe est essentiellement nationale. Si des
questions europennes y sont traites,
elles sont trs largement considres sous un angle national et non
pas europen : la culture
politique supranationale, englobant des organisations et des
groupes politiques paneuropens et
susceptible de crer un espace public europen, nest pas
suffisamment dveloppe. Or, tant
donn que de nombreuses dcisions politiques affectant la vie
quotidienne des citoyens de lUE
sont adoptes au niveau europen, lEurope en gnral et les
politiques communautaires en
particulier doivent trouver leur place dans les sphres publiques
nationales, rgionales et locales
existantes.
La Commission souligne quune telle intgration de la dimension
europenne dans le dbat
politique national reprsenterait un intrt rel, dans la mesure o
une prise en compte accrue des
questions europennes renforcerait ce dbat et ne serait donc pas
en concurrence avec ce
dernier.65 Elle compte mettre en uvre deux actions destines
mieux ancrer les sujets
communautaires dans les dbats politiques nationaux.
a) Une approche commune mise en uvre dans les Etats membres
Loin de vouloir se substituer aux Etats membres dans
lorganisation des dbats nationaux et tout
en reconnaissant que lchelon national demeure le premier point
dentre de tout dbat
politique 66, la Commission entend donner une impulsion
supplmentaire en proposant une
approche commune aux dbats nationaux sur des politiques
communautaires, qui serait mise en
uvre par les reprsentations de la Commission dans les Etats
membres.67 Se rfrant ses
65 Commission europenne : Livre blanc sur une politique de
communication europenne , pages 4-5. 66 Idem, page 12. 67
Commission europenne : Le Plan D comme Dmocratie, Dialogue et Dbat
, page 4.
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34
objectifs stratgiques en la matire, la Commission souligne la
ncessit dorganiser un
processus double sens, consistant, dune part, informer les
citoyens sur le rle de lUE et sur
ses politiques et, dautre part, prendre bonne note de leurs
attentes quant ce qui devrait tre
fait lavenir.
Afin de favoriser ce dbat avec les citoyens europens dans les
Etats membres et pour amliorer
la transparence, la Commission se sert principalement des
reprsentations quelle entretient dans
chaque capitale de lUnion europenne ainsi que des huit antennes
rgionales dans les plus
grands Etats membres.68 Leur promotion auprs du grand public en
tant que principaux points de
contact pour les citoyens doit en faire le lieu dinformation et
dchange privilgi entre la
Commission et les citoyens europens, permettant ainsi dtablir un
canal de communication
direct entre ladministration et les administrs et vitant de
devoir passer par les gouvernements
ou les mdias nationaux. Afin de renforcer ce positionnement, il
a t demand aux chefs de
reprsentation de participer rgulirement des sessions dchange
avec les citoyens
europens.69
Suivant cette mme logique, le rseau des centres Europe Direct,
mis en place par la
Commission en partenariat avec des structures daccueil rgionales
et locales sera davantage mis
en valeur : en effet, ces centres permettent de fournir, sur le
terrain et de manire dcentralise,
des informations sur lEurope aux citoyens et de mettre en uvre
lapproche de la Commission
en matire dactivits de communication.70
En outre, la Commission envisage dorganiser, en coopration avec
les Etats membres, une srie
de manifestations rgionales en y associant des ambassadeur