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164

Medievales - Num 26 - Printemps 1994

Jun 01, 2018

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JL/

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«

VALES

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I

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X

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histoire

.ÇA

N° 26

-

PRINTEMPS

1994

A

SAVOIRS

^fk

^

D'ANCIENS

f

duCentre

evue

Nationalubliéedes

vec

Lettres

econcours

etduC.N.R.S.

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MÉDIÉVALES

Langue TextesHistoireNUMÉROS PARUS

1 Mass-media

t

Moyen

Age.

1982).

Épuisé

2 Gautierde

Coinci

le

textedu Miracle.

1982).

Épuisé

3

Trajectoire

du sens.

1983)

4

Ordres

t

désordres. tudes

édiées

Jacques

e

Goff

1983).

Épuisé

5

Nourritures.

1983).

Épuisé^

6 Au paysd'Arthur.1984). Épuisé

7

Moyen

Age,

mode

d'emploi.

1984).

Épuisé

8

Le

souci

du

corps.

1985).

Épuisé

9

Langues.

1985).

Épuisé

10

Moyen Age

et histoire

politique.

Mots,

modes,

symboles,

truc-

tures.

Avant-propos

e

Georges

Duby.

1986).

Épuisé

11 A

l'école de

la lettre.

1986)

12

Tous les chemins

mènent à

Byzance.

Études dédiées à Michel

Mollat.

1987)

13

Apprendre

e

Moyen

Age aujourd'hui.

Épuisé

14 La

culture

ur le

marché.

1988)

15 Le premierMoyenAge. (1988)

16/17

Plantes,

mets t mots

dialogues

vec A.

G.

Haudricourt.

1989)

18

Espaces

du

Moyen

Age.

(1990)

19

Liens

de famille.Vivre et choisir a

parenté.

1990)

20

Sagas

et

chroniques

u Nord.

1991)

21 L'an mil

rythmes

t acteursd'une croissance.

1991)

22/23

Pour

l'image.

1992)

24 La

renommée.

1993)

25 La voix et l'écriture.

1993)

©

PUV, Saint-Denis,

1994

Couverture : dessin de Michel Pastoureau

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SOMMAIRE

26

PRINTEMPS 1994

SAVOIRS

D'ANCIENS

La

destinée médiévale des

textes

scientifiques

latins de

l'Antiquité

Vestiges

romains dans la

science médiévale

Danielle

JACQUART

5

Cuisiner à

l'Antique Apicius

au

Moyen

Âge

Bruno LAURIOUX 17

Virgile

e

magicien

et l'Énéide des Chartrains

Francine

MORA

39

Agronomie

antique

et élaboration médiévale

De Palladius aux

Préceptes

cisterciens

'économie rurale

Jean-Louis

GAULIN

59

ESSAIS

ET

RECHERCHES

« Che manza fichi,semina rogna» :

problèmes

d'identification 'une dermatose

u

Moyen

Âge

Marilyn

NICOUD

85

Du château-fort

la

forteresse

une

brève histoire

de l'architecture

militaire

talienne

du XIe

au

XVIe

iècle

Riccardo LUISI

103

La subversion nvisible la

disparition

de l'oblation irrévocabledes enfantsdans le droit canon

Nora

BEREND

123

Abstracts 137

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4 SOMMAIRE

Notes

de lecture

141

Peter

Dinzelbacher,

Sachwörterbuch er Mediävistik

(G.

Bührer-Thierry)

;

Marie-

Anne Polo

de

Beau-

lieu

éd.,

La Scala

Coei de

Jean

Gobi

(C.

Caz

alé)

;

Alain

Boureau,

L'événement ans

fin

Récit et chris-

tianisme u

Moyen Âge

(M.

-A.

Polo de

Beaulieu)

;

Sophie

Cassagnes-Brouquet,

Les

couleurs

de

la

norme et de la déviance Les

fresques d'Ambrogio

Lorenzetti

u

Palazzo

Pubblico

de Sienne

O.

Redon)

;

Anne D. Hedeman, TheRoyal Image Illustrationsf

the

«

Grandes

Chroniques

de

France

»

(1274-1422)

(B. Buettner)

;

Anne

Terroine,

Un

bourgeoispari-

sien du

xme

siècle

:

Geoffroy

de

Saint-Laurent

(M. Bourin)

;

Pierre Lieut

aghi,

Jardin des

savoirs,

jardin

d'histoire

L. Moulinier).

Livres

reçus

150

Index

des

nos

0 à 25

-

1990

à 1993

153

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Médiévales

6,

printemps

994,

p.

5-16

Danielle

JACQUART

VESTIGES ROMAINS

DANS LA SCIENCE MÉDIÉVALE

Dans

le domaine des sciences

et

des

techniques,

es

«

redécou-

vertes

des

humanistes e

revêtirent

as

exactement

e

même

carac-

tère

que

dans

celui des belles-lettres.

l

faut

d emblée établirune

dis-

tinction

ntre

Antiquité recque

et

Antiquité

atine.

En

effet e

Moyen

Âge

se

nourrit

de science

grecque

-

d Aristote,

de

Ptolémée,

de

Galien, etc. -, mêmesi, dans certains as, il y accéda plutôtà tra-

vers des

versions

faites ur l arabe.

L apport

des humanistes onsista

donc,

en ces

domaines,

non

pas

à fairedécouvrir ensemble

un

héri-

tage,

mais

soit à

le

compléter d ailleurs modestement),

oit

à éditer

les textes

n leur

langue originelle,

oit,

plus

largement,

livrerdes

traductions

onsidérées omme

plus

fidèles

du

point

de vue de

la

phi-

lologie

et écrites

n un latin

plus

proche

de celui de

Cicéron

que

de

celui de

Thomas

d Aquin.

Le cas

des textes

qui

avaient été

composés

en latin

dans

l Anti-

quité pose

un

tout autre

type

de

problèmes malgré

eur

plus grande

accessibilité

pparente,puisqu ils

ne

nécessitaient

as

d être

traduits,

ils furent ortpeu utilisés u Moyen Âge, ou, du moins,de manière

inégale.

Leur fortunemédiévale

ne se différencie

uère

de

celle

des

ouvrages

littéraires1. ertains

d entre

eux,

comme les livres non

médicaux

de

l encyclopédie

e

Celse

ou la

majeure

partie

de l œuvre

de

Varron,

furent

erdus,

semble-t-il

jamais

;

d autres furent

ré-

servés

n si

petit

nombre

que

le zèle des

imprimeurs

e

la

Renaisance

leur fut fatal.

Ainsi,

les traitésde Caelius Aurelianus

Des maladies

1. Sur a survivance

t a

préservation

es

lassiques

atinsu

Moyen

ge,

oir

L.D. Reynolds

t

N.G.

Wilson,

Homère ÉrasmeLa transmissiones

lassiques

grecst atinsnouvelleditionevue taugmentée,raduitearC. Bertrandtmiseà

jourpar

P.

Petitmengin,

aris, 984 B. Münk lsen, La

popularité

es extes

classiques

atins

ntree

IXe

t e

xne

iècle

,

Revue histoirees

extes

t.

XIV-XV,

1984-1985,

p.

169-181

id.,

L étude

es

uteurs

lassiques

atins ux

xi<

t

xw

iè-

cles,

Catalogue

esmanuscrits

lassiques

atins

opiés

u Xe u xw

iècle3

tomes,

Paris,

982-1989.

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6 DANIELLE

JACQUART

aiguës

et Des maladies

chroniques

ont

désormais

pour

seul témoin

complet

édition

princeps

de

1533.

Si,

dans la

majorité

des

cas,

le

Moyen

Âge

joua

son

rôle

de

con-

servateur e la

prose

romaine,

l

n en tira

ui-même

u un profit

imité

ou

sélectif.

La

rareté

et

l isolementdes

manuscrits u sein de

quel-

que bibliothèquemonastique

ne

suffisent

as

à

expliquer

ette

désaf-

fection.Les lettrés e

la

période

médiévale

urent,

omme es huma-

nistesdes

XVe

t xvie

siècles,

partir

n

quête

de

manuscrits,

orsqu ils

en

éprouvaient

a nécessité.Dans la

seconde moitié du xiic

siècle,

la

double mise

en

latin de

Y

Almageste

de

Ptolémée

fut

aboutissement

d une tellequête : un traducteurnonyme que RichardLemay a

cru reconnaître

ous les traits e

l arabisant

Hermannde

Carinthie

trouva

l original

grec

en

Sicile et le

traduisit,

andis

que

Gérard de

Crémone se rendait

à

Tolède

pour y

chercher a

version arabe.

«

L amour de

Y

Almageste

que

lui

prêtèrent

es

disciples après

sa

mort

poussa

le

traducteur olédan à

consacrer

de

longues

années à

la

recherche e nouveaux

manuscrits rabes

pour

améliorer

a traduc-

tion2.

Ce

n est

qu un exemple

parmi beaucoup

d autres

les traducteurs

médiévauxfurent

es découvreurs e

manuscrits,

même

si leur

moti-

vation ne

coïncidait

pas

tout à fait

avec

celle

des

humanistes.Leur

curiosité tait essentiellement ordre scientifique, oireencyclopédi-

que (comme

dans le cas de Gérard

de

Crémone)

et ne

s alliait

guère

à une

ferveur

hilologique

ou à un

idéal de

retour

l antique.

Il

ne

s agissait

pas

vraiment e renouerun fil

cassé

depuis

longtemps

en

ce

sens,

le

Moyen

Âge

fut bien

une

rupture.

Les textes

découverts

étaient

destinés être mmédiatement

absorbés

»,

intégrés

ans un

système

e

pensée

et non

analysés

pour

eux-mêmes u

replacés

dans

une

perspective

istorique

dont nul

n avait

conscience.

Les

raisons d un oubli

Si la

quête

d œuvres oubliées ou

inconnues e

porta

intensément

vers les

bibliothèques

grecques

et

arabes,

on

négligea

d exhumer

es

textes

de

l Antiquité

omaine

qui, malgré

a

plus

grandeproximité

e

leur ieu

de

conservation,

e

circulaient

lus.

De

multiples

aisons

vien-

nent

à

l espritqui

tiennent abord aux

caractéristiques

e la

science

antique.

Même au

temps

de la

splendeur

e

l empire

romain,

e bilin-

2.

Surr

ttribution

discutable)

e la

version

réco-latine

e

Y

Almageste

Her-

mann

e

Carinthie,

oirR.

Lemay,

De la

scolastique

l histoire

ar

e truchement

de aphilologieItinéraireunmédiévistentreuropet slam,La diffusioneellescienzeslamicheelMedio voeuropeoRome, 987AccademiaazionaleeiLin-

cei),

p.

399-535.ur a

version

rabo-latine,oir,

ntre

utres

ublications

u

même

auteur,

.

Kunitzsch,

Gerard sranslations

f

astronomical

exts,

specially

he

Almagest

,

dans P.

Pizzamiglio

éd.),

Gerardo a

Cremona

Crémone,

992,

pp.

71-84.

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8

DANIELLE

JACQUART

l Ancien

accompagna

le

Moyen Âge,

en

particulier

ans les domai-

nes

de la

zoologie,

de

la

botanique

et de

la

minéralogie.

Toutefois

la

longueur

de

l œuvre aboutit

souvent à sa

fragmentation

ans

les

manuscrits

l Antiquité

tardive

avait d ailleurs montré a

voie :

par

exemple,

es

parties

médicales

de

Y

Histoire naturelle vaient été ras-

semblées,

ans

doute au

IVe

iècle,

au

sein d une sorte de

réceptaire,

la Medicina

Plinti,

qui

donna

à

son

tour lieu à

divers

remaniements

aux

ve-vie

iècles,

tous intitulés

hysica

Plinti

En

outre,

a constante

utilisation

e Pline

l Ancien

depuis

le Haut

Moyen Âge

fit

que

nom-

bre d auteurs

ne le

citèrent

ue

de seconde main.

Malgré

le caractère

partieldes transcriptionst le recours u témoignagendirect,YHis-

toire

naturellefit

partie

des œuvres vivantes

qui

n ont

cessé

d irri-

guer

le savoir médiéval5.

Il

en est

de

même,

bien

qu à

un

moindre

degré,

du De architec-

tura de Vitruve.

Lorsque

le

Pogge (Poggio Bracciolini),

ors

d un de

ses

«

raids

»6

à Saint-Gall

entre

1414

et

1416,

rapporte

un manus-

critde

Vitruve,

l

donne

sans aucun doute

l impulsion

une nouvelle

phase

dans

la

transmission

u

texte

et

inaugure

un

engouement ui

ne fut

pas

sans

conséquences

ur

art

et l architecture

enaissants,

mais

il

ne fait

pas

redécouvrir

n nom oublié.

Vitruve fut

connu,

de

manière

ontinue,

epuis

Sidoine

Apollinaire

u

Ve

iècle

usqu à

Boc-

cace au xive. En outre,on a pu déceler dans la conceptionde cer-

tains

bâtiments e la

période

carolingienne

application

de

mesures

vitruviennes

et l architecte

Goderamnus,

de Saint-Michel-de-

Hildesheim,

même

aissé

sa

signature

ans

un

manuscrit u De archi-

tectura L album de Villard

de

Honnecourt

n

reflète ncore

une

bonne

connaissance.

Le

catalogue

des manuscrits onservésfait

apparaître

que,

si la

quarantaine

d exemplaires

elevée

pour

le

XVe

iècle

repré-

sente une

proportion

crasante,

es siècles

précédents

nt

laissé des

transcriptions

n nombre

non

négligeable.

Le

cas

de Vitruve st assez

représentatif

e la manière ont furent

utilisées es

sources

atines,

qui

n accédèrent

amais

au

statutd auto-

ritésméritant être connues dans leurensemble t précisémentom-

mentées.

La

seule

œuvre

classique

à

avoir

reçu

des commentaires

or-

teurs

d informations

ordre

scientifique

st une œuvre

littéraire

YÉnéide de

Virgile...

La

diversité es

sujets

abordés dans

le De

archi-

tectura

de Vitruve

architecture, ydraulique, nomonique,

construc-

tion

de

machines)

urait

pu

lui

conférer

e

statutd une

encyclopédie

5. Orientations

énérales

our

étude

e

influence

e Pline C. G.

Nauert

Jr.,

«

C. Plinius

ecundus

,

dans

Catalogas

ranslationumt commentariorumvol.

V,

Washington

.C., 1980,

p.

297-422G.

Serbat,

Pline

Ancien,

tat

résent

es

étudesur a vie, onœuvre t son nfluence, dansH. TemporinitW.Haase,AufstiegndNiedergangerrömischeneltII, 32.4,Berlin,986, p.2069-2200.

Sur a Medicina

linii

t

a

Physica

linti,

oir K.D.

Fischer,

Quelques

éflexions

sur a structure

t deux ouveaux

émoinse a

Physica

linii

,

dansJ. Pigeaud t

J.

Oroz,

Pline

Ancien,

émoin

e son

tempsSalamanque-Nantes,

987,

p.

53-66.

6.

J emprunte

e

terme

L.D.

Reynolds,

Homère Erasme

..,

p.

93.

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VESTIGES

ROMAINS ANS

LA

SCIENCEMÉDIÉVALE

9

technique,

u elle

n eut

pas, peut-être

n raison du

caractère

mbigu,

déjà

signalé,

de ce

genre

de textes

qui

ne

détaillaient

as

suffisam-

ment es

opérations

nécessaires

la réalisation

des

procédés

décrits.

Les

hommes

de la Renaissance durent

faire

preuve

de bonne volonté

et

d ingéniosité

our appliquer

précisément

es

principes

itruviens.

u

Moyen Âge,

chaque

auteur

puisa

le

type

de

renseignementsui

lui

convenait.

Hildegarde

de

Bingen,pour

sa

part,

s en

inspira

-

direc-

tement

u

indirectement

pour

définir

harmonie des

proportions

du

corps

humain,

préfigurant

insi

l une

des utilisations

u

De archi-

tectura n

vogue

à la

Renaissance.

Quant

à Hermann e Contrefait

(mort n 1054),au monastère e Reichenau, e furentes parties on-

sacrées

aux instruments

stronomiques

u il

retint

dans ses

propres

traités ur

l astrolabe7.

Ce n est

pourtant

pas

pour

son utilisation

e

Vitruve

ue

les historiens es sciences

citent e nom de Hermann e

Contrefait

HermannusContractus),

mais

pour

celle,

plus

novatrice,

des

premières

escriptions

e

l astrolabe

qui

avaient été

introduites

à

partir

de l arabe

à la

fin du Xe

siècle.

Héritage

latin et science arabe

La premièrentroductione la science arabe alla parfoisde pair

avec

un recours

ux textes atins

antiques, qui

semblaient ffrir ne

aide ou

un

complément

information

our

accéder à la

compréhen-

sion

de

nouveautés,

ouvent

présentées

ous une forme

peu

claire.

En

même

temps

qu il

contribuait dans

une mesure

qui

reste à

déter-

miner

-

à la diffusiondes

premiers

lémentsrelatifs l astrolabe

et au maniement

des chiffres

rabes,

Gerbert

d Aurillac trouvait

Bobbio des textes

ntiques,

dont e

corpus

des

agrimenseurs

omains,

qui jouèrent

un rôle

important

ans son

évolution

scientifique8.

e

furent

bien souvent

es mêmes

lieux

qui préservèrent

es

classiques

latins

et

qui

s ouvrirent

ux nouveautés rabes. Le monastère e Rei-

chenau,où Hermann e Contrefait édigea es premiers uvragesocci-

dentaux

sur

l usage

de

l astrolabe,

fut

aussi

l un

des hauts

lieux de

la

préservation

es

classiques.

Le cas

du

monastèredu Mont-Cassin

est encore

plus

éclairant

si,

pour

les

philologues,

l

représente

vant

7.

Références

rincipales

ur a fortuneédiévaletrenaissantee VitruveL.A.

Ciapponi,

Vitruvius

,

dans

Catalogus

ranslationum

t

commentrio

um,

ol.

II,

Washington

.C., 1976,

p.

399-410H.

Koch,

Vom

achleben

es Vitruw

Baden-

Baden,

1951

Deutsche

eiträge

ur

Altertumswissenschaft

)

;

C.H.

Krinsky,

«

Seventy-eight

itruvius

anuscripts

,

Journal

f

the

Warburg

nd

Courtauldnsti-

tute

t.

30, 1967,

p.

36-70

C.

Heitz,

Vitruvet

architecture

u

Haut

Moyen

Âge ,

dans

a culturantica

ell occidenteatino

al

VII

all XI

secolo,

ettimane

di studio elCentrotaliano i Studi ullAltoMedioevoXXII.2, Spolète,975,

pp.

725-752

Vitruve,

e l architecturetexte

tabli,

raduitt

commenté

ar

Phi-

lippe

leury, aris,

990,

p.

-LIII.

8. Outre

.

Riche,

GerbertAurillac

Paris, 987,

oir

Gerberto,

cienza,

to-

ria

mito,

tti

el

Gerberti

ymposium

(Bobbio,

5-27

uglio 983),

obbio,

985.

Page 17: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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10

DANIELLE

JACQUART

tout

e

scriptorium

ui

assura la surviede

précieux

uvrages,

comme

le De

lingua

atina de

Varron,

pour

les

historiens e la

médecine,

est

essentiellement

endroit

où le traducteur Constantin

l Africain,

accueilli

par

l abbé

Didier

(1058-1087),

mit en latin

toute

une

série

de

traités

rabes

qui

assurèrent

e renouveaude la

médecineocciden-

tale.

Dans les

mêmes

années,

le futur

vêque

de

Salerne,

Alphano,

alors

moine au

Mont-Cassin,

raduisait u

grec

e traité

De

la nature

de l homme

de Némésius

d Émèse9.

En

cette

fin

du XIe

iècle,

la

redécouverte

e

l héritage

atin était

indissociabled une ouverture

d autres

apports.

Ce qu il est convenud appeler la renaissancedu XIIe iècle pré-

sente

des

caractéristiques

imilaires.

es

représentants

irent eu de tout

bois,

mêlant les

traditions

néo-platonicienne

u stoïcienne à celle

d Aristote

dont on

commençait

retraduirees

œuvres,

non

touchées

depuis

Boèce,

à

la

fois

à

partir

du

grec

et

à

partir

de l arabe10.

Alors

que d importantes

ources

strologiques

rabes

allaient tre

mises

en

latin,

es auteurs

iés au

milieu

chartrain elisaient a Mathesis de

Firmicus

Maternus,

e De astronomia

d Hygin

et, extensivement,

es

Noces

de Mercure

et

Philologie

de

Martianus

Capella,

le

plus

sou-

vent

ccompagnées

u commentaire

e Rémi

d Auxerre

vers

841

vers

908).

Adélard de

Bath,

qui

contribua ui-même

l adaptation

arabo-

latinede textes stronomico-astrologiquest mathématiques,vait fait

grand usage

des

Questions

naturellesde

Sénèque

dans son

ouvrage

du

même titre11. a

«

renaissance

du

XIIe

iècle n eut

pas que

des

points

communs

avec

celle

que

l on a

coutume d écrire avec

une

majuscule

aux

yeux

d un

spécialiste

modernede

l Antiquité

atine,

que

sa

lecture e

Virgile

ne laisse

pas

de

choquer,

elle fait

figure

un

insupportable

almigondis12.

our les auteurs

chartrains,

ar

exem-

ple,

le texte de

YÉnéide n était

guère

plus qu un prétexte

our pré-

senter

ne

philosophie

e

la nature t de

l homme

que

n avait

pu

envi-

sager

le

poète

latin. La

boulimie

intellectuelle

u

XIIe

iècle assura

donc

une

nouvelle

vie

à certains uteurs

atins

que

la

période

caro-

lingienne vait sauvés d un naufragesans retour.

Néanmoins,

ouverture

la science

grecque

et

arabe rendit adu-

9. Sur

apport

ulturel

u

Mont-Cassin,

oir étude

monumentalee

H.

Bloch,

Monte

assinontheMiddle

ges

Rome-Cambridge,

ass., 986,

ntrois olumes.

10. C.H.

Haskins,

enaissance

f

the

Twelfthentury

Cambridge

ass.,

e

d.

1927,

éimpr.

960

id.,

tudiesn

the

History

f

Medieval

cience

Cambridge,

ass.

1924,

éimpr.

ew

York,

960 R.L.

Benson

t G.

Constable,

enaissancend

Renewaln the

Twelfth

enturyCambridge,

ass.,

982

P. Dronke

éd.),

A

His-

tory

f

Twelfth-Century

estern

hilosophy

Cambridge,

988.

11.

Voir

C. Burnett

éd.),

Adelard

f

Bath

An

English

cientistndArabist

ofthe arly welfthenturyLondres,987.12. Pierre rimalepeut achera consternationans es« Conclusionsà :

Lectures édiévales

e

Virgile

Rome,

985

Collection

e

École

rançaise

e Rome

80),

pp.

411-416. oir

particulièrement

ans e volume

es articlese P.

Dronke,

«

Integumenta

irgili (pp.

313-329)

t de M.

Oldoni,

L ignoto

iber

Moronis

medievaleradotto

all antico

(pp.

357-393).

Page 18: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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VESTIGES

ROMAINS ANS

LA

SCIENCEMÉDIÉVALE

11

ques

bien des lectures

atines

qui

durent

ttendre e

pré-humanisme

ou

l humanisme

pour

retrouver

ne actualité.

Passé le

premier

emps

de

l initiation,

es

agrimenseurs

omains ne rendaient

lus

autant

de

services

si les connaissances

udimentaires

Hygin

en

matière e

cos-

mographie

pouvaient

encore

être

intégrées,

ans

la

première

moitié

du

XIIe

iècle,

par Thierry

e

Chartresdans son

Heptateuchon

Jean

de

Salisbury mort

en

1180)

en

relevait

déjà

les

erreurs t n en rete-

nait

plus que

les

fables

stellaires,

ui

séduisirent ncore Boccace13.

Dans

la recherche

u

degré

de survivancedes

textes atins

antiques

à

partir

u

XIIe

iècle,

une

distinction oit être

établieentre

es

domai-

nes qui bénéficièrent importants orpus traduits du grec ou de

l arabe,

et ceux

qui

n en

connurent

as

ou

seulement

ragmentaire-

ment.

Une forte

sélection

Dans

le

premier

as,

la

phase

d initiation

assée,

les textes atins

antiques

tombèrent

n

majorité

dans

l oubli. Parmi

les

exceptions,

part

Pline

l Ancien,

on

peut

citerFirmicus

Maternus

dont

la Mathe-

sis

continua à

être

transcrite u

XIIIe

iècle elle

complétait,

n

une

langue techniquequi pour l essentiel,dans le domaine de l astrolo-

gie,

n avait

pas changé,

les

données

présentées

ans le

Quadriparti-

tum

de Ptolémée et chez

les divers auteurs arabes14.

En

médecine,

la

rupture

vec

l héritage

atin

antique

fut

plus

radicale.

Par exem-

ple,

Quintus

Serenus

prisé

au Haut

Moyen

Âge

et

dont un

manus-

crit vait été transcrituivant es

instructionse

Charlemagne

ui-même

(sans

doute

parce que l ouvrage

était

versifié)

tomba

totalement

dans l oubli.

Il

est

vrai

que

le

Liber

medicinalisde

cet

auteur,

que

l on

situe

vaguement

ntre e

IIe

et le

IVe

iècles,

n était

qu un

simple

recueil de

recettes15. École de

Salerne,

au

XIIe

iècle,

donna en

quelque

sorte

e ton à la

médecine

qui

devait devenir

universitaire

elle opta pour le galénisme, el que l avait rendu accessibleConstan-

tin Africain

par

ses traductions e l arabe.

Lorsque

le traducteur

u

Mont-Cassin

avait

souhaité inscrire es

adaptations

fort

ibres dans

une

continuité,

elle-cine

pouvait

ui

êtrefournie

ar

les

auteurs atins

antiques qui

ne

donnaient

pas

l écho

du

galénisme.

l

se référa

ux

versions

gréco-latines,

atant

du Haut

Moyen

Âge,

de

commentaires

issus,

comme

es

ouvrages

rabes

traduits,

e la tradition

lexandrine

13. Voir

Hygin,

e astronomiatexte

dité,

raduitt

commenté

ar

André

e

Bœuffle, aris,

983.

14. Liste esmanuscritst

testimonia

ans éditione W.

Kroll,

F. Skutsch

etK. Ziegler, eipzig,897-1913,éimpr.vecdes ddendaStuttgart,968 voir

aussi édition

es ivres et

I

par

P.

Monat,

Paris,

992.

15.

Cf. G.

Sabbah,

.-P. Corsetti

t K.-D.

Fischer,

ibiographie

es

textes

médicaux

atins

Antiquité

t

haut

Moyen

ge

Saint-Étienne,987,

p.

142-144

tL.D.

Reynoldst N.G.

Wilson,

Homère

Érasme...,

.

66.

Page 19: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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12

DANIELLE

JACQUART

tardive16.

emblée,

les sources latines antérieures evenaient

obso-

lètes.

Le De medicinade Celse

(Aulus

Cornelius

Celsus,

Ier

iècle), qui,

pourtant,

onnait

de

longs

développements

ur

la

chirurgie

t la dié-

tétique,

ne fut

pas

transcrit

ntre e

XIe

et le

xve

siècles

(du

moins

ne

conservons-nous

ucune

copie

datant de

ces

siècles).

Isidore de

ville

ne

le mentionnait

éjà plus parmi

es

auteursmédecins

il

ne

le citait

que pour

la

partie

de son

encyclopédie

elative

l agricul-

ture.

Néanmoins,

e De medicina fut

transcrit u

IXe

au

XIe

iècle et

une note dans un manuscrit

onservé

emble

témoigner u il

fut

uti-

lisé par Gerbertd Aurillac.

Après

un hiatus de deux

siècles,

Celse

réapparaît,

ité

par

deux

Italiens

à

peu près contemporains

Simon de

Gênes

et

Pietro

d Abano.

On ne sait

si

ces deux

personnages

e

rencontrèrent ce

n est

pas impossible

-

,

mais ils ont des

points

communs

évidents,

si

ce

n est

que

le

second

s illustra

par

des

positions

astrologiques

t

philosophiques qui

lui valurentd être

poursuivi

à

plusieursreprises

par

les tribunaux

cclésiastiques,

lors

que

le

premier

ouit

des

faveurs

pontificales.

Tous deux

apprirent

e

grec

Pietro

d Abano traduisit

même

plusieurs

œuvres de

cette

angue

en

latin,

après

être

parti

en

quête

de manuscrits

Constantinople.

imon

de

Gênes

dit

dans la

préfaceà ses Synonymaou Clavis sanationis s être rendu en Crète

pour

herboriser

il

traduisit

galement

deux

ouvrages

arabes en col-

laboration

avec

le savant

juif

Abraham

ben

Shem

Tov.

Médecin et

chapelain

du

pape

Nicolas

IV,

Simon

de Gênes

appar-

tenait ce milieude la cour

pontificale

ù la

recherche e

livres tait

particulièrement

ctive. Terminé ous

le

pontificat

e Boniface

VIII,

avant

septembre

296

-

date

de

la mortde son

dédicataire,

e

savant

mathématicien t astronome

Campanus

de

Novare

-

,

le

lexique

de

termes e

la

botanique,

de

la

médecine t de

la

minéralogie ue

cons-

titue

a Clavis sanationis

appuie

sur un

vaste travail

préalable

d éru-

dition

qui

a

pris

une trentaine

années,

au

cours

desquelles

furent

rassembléesde multiples ources,énumérées ans la préface.Le De

medicinade Celse est au

nombre

de

ces

sources,

mais Simon de

Gênes

s en sert

essentiellement

our expliciter

es

mots

grecs,

déjà présents

dans

l ouvrage

du savant

romain.

À

part quelques

voyages

et un

séjour

à

Paris,

Pietro

d Abano

passa

la

plupart

de sa vie à Padoue où

il

mourut n

1315-1316.

Est-

ce

par

Simon de Gênes

qu il

fut mis sur la

piste

de

Celse ou faut-il

voir la

marque

du

premier

humanisme

ui

prenait

lors naissance à

Padoue autour de Lovato

Lovati

(1241-1309)

Quelle

qu ait

été

l ori-

gine

de

son

information,

l

est clair

que

son utilisation

u

De

medi-

cina est moins ponctuelleque celle de Simon de Gênes. Il cite, audébut de son Conciliatorles

passages

de la

préface

ans

laquelle

Celse

16. Cf.D.

Jacquart

t

F.

Micheau,

a

médecinerabe t

Occident

édiéval

Paris, 989,

p.

87-129.

Page 20: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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VESTIGESROMAINS

ANS

LA

SCIENCE

MÉDIÉVALE

13

présente

un

exposé

des

différents ourantsde la médecine

antique.

Cet

exposé

-

qui

est resté

une des sources fondamentales es his-

toriens

pour

Pétude

des

«

sectes

»

médicales

-

aida Pietro

d Abano

à

comprendre

e

que

disait

Galien dans

le De sectis

ouvrage

dont

il

acheva

la

traduction

ntreprise

u

XIIe

iècle

par Burgundio

e

Pise.

Il utilise ussi

le De

medicina

our

des

préceptes

iététiques,

mais c est

la lecture

de

la

préface

qui

semble

l avoir surtout

ntéressé.

Cette

même

préface

peut-être

oué

un rôle

négatif

ans la for-

tune

de Celse

au

Moyen Age,

non en raison

de

son

historique

des

sectes

médicales,

mais

par

ses

longs

développements

ur

a vivisection.

Tout en condamnant ui-même ssez clairement ettepratique,Celse

détaille

es

arguments

onnés

en sa faveur

par

les

dogmatiques.

l

est

possible

que

ces

passages

aient

gêné

des lecteurs

médiévaux

le

manus-

crit

peut-être

onsulté

par

Gerbert

ne

comporte pas

la

préface

Pietro d Abano

ne

fait

pas

allusion

au

problème

de

la

vivisection.

Au

contraire,

ans

la

première

moitié du

xvic

siècle,

e

chirurgien

t

anatomiste

erengario

a

Carpi

s y

attarda

onguement

ans son

com-

mentaire

Y

Anatomie

de Mundino

de Liuzzi et

fit même de

Celse,

de

façon

très

abusive,

un

partisan

de

la

vivisection.

À

part quelques

mentions

depuis

la

fin

du

xine

siècle,

Celse

ne fit

guère

autorité

jusqu à

ce

que

le

manuscrit

de la

fin

du

IXe

iècle

qu avait

utilisé

Simonde Gênesfût« découvert en 1427à Saint- mbroisede Milan

par

le

Bolonais

Giovanni Lamola

;

l encyclopédiste

u

Ier

iècle

peut

toutefois

tre

rattaché,

u moins

pour

sa seule

médecine,

ux auteurs

exhumés

du

temps

du

premier

humanisme talien des

xine-xive

iè-

cles17.

Les

autresmédecins

atins

ntiques

ités

par

Simon de Gênes sont

tardifs

Cassius

Felix

(Ve iècle), qui

appartenait

u courantdes

dog-

matiques,

e

plus

prisé

de

Galien,

avait

l avantage

de donner

de

nom-

breux

mots

grecs

glosés

de leurs

équivalents

latins

Théodore

Priscien

Ve siècle)

avait laissé

un recueil

de remèdes

qui

fournit

l auteur

de

la Clavis

sanationis

des noms

de médicaments.

Quintus

Serenus est oublié, de même que Caelius Aurelianus qui avait

17.

Sur

Simon e

Gênes t

la cour

pontificale,

oirA.

Paravicini agli

ni,

Medicina

scienze

ellanatura

lla corte

ei

papi

nelduecento

Spolète,

991.

Mises

au

point

es

plus

écentes

ur a

vie t

œuvre

e Pietro Abano

G. Federici es-

covini,

l

«

Lucidator

ubitabilium

stronomiae

di Pietro Abano

Padoue,

988

E.

Paschetto,

ietro

Abano

medico

filosofo

Florence,

984 M.T.

D Alverny,

«

Pietro

Abano

raducteur

e Galien

,

Medioevo

t.

11,1985,

p.

19-64.ur

e

pré-

humanisme

adouan,

oir

a

bibliographie

onnée ans

.G.

Reynolds

t N.G.

Wil-

son,

D Homère

Érasme

..,

p.

192.Manuscrits

u

De

medicinae

Celse,

t testimo-

nia

F.

Marx,

A.

Corneliielsi

uae

uper

unt,

eipzig,

915

Ph.

Mudry,

a Pré-

faceduDe medicinae CelseRome,

982

Bibliotheca

elvetica

omana)

G.

Bil-

lanovich, La trasmissioneei esti ell Italiaord-occidentaleMilano, onantola,

Brescia

,

dans

La cultura

ntica...

pp.

321-352. oir ussi

D.

Jacquart,

Du

Moyen ge

la

Renaissance

Pietro Abano t

Berengario

a

Carpi

ecteurse

la

Préfacee

Celse

,

dans

a Médecine

e

Celse

Mémoiresu

Centre ean

aler

e,

t.

XIV,

Saint-Étienne

sous

presse).

Page 21: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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14

DANIELLE

JACQUART

de se rattacher u courant des

méthodiques,

vivement

ritiqué par

Galien. Peu de

vestiges

omains demeurèrent

onc

dans

les

discipli-

nes médiévales

ui

avaient

reçu

à

partir

des

xie-xiie

iècles

un

apport

important ouvrages grecs

et arabes. La

faible

technicité

es

textes

écrits

en latin dans

l Antiquité

ou leur

non-conformité

vec la

doc-

trine dominante es

rendaient

nutilisables.

Le

cas des

disciplinespour lesquelles

il

n y

eut

pas

ou

peu

de

traductions

u

grec

ou de l arabe

pose

des

problèmes

ifférents, ais,

encore,

e recours ux

sourcesromaines

ut

fort

négal.

Nous

avons

déjà évoqué

le cas de Vitruve. e

domaine de

l agronomie

llustre

ne

caractéristiquessez courantede l usage médiévalde ces sources aux

longs

traitésde Varron ou de Columelle

on

préféra

e résumé

éla-

boré

par

Palladius18.C est à lui

que

se référa

Albert e Grand

dans

son De

vegetabilibus

lorsque, quittant

e cadre de la

description

es

végétauxpour

aborder

es

techniques

gricoles,

sa

source

principale,

le De

plantis pseudo-aristotélicien,

e

pouvait

plus

lui

rendre de

services19. hez Albert e Grand la source

latine vient

naturellement

combler a lacune

des informationsenuesdu

grec

ou

de l arabe.

Mais

le fait

que

l on ait

préféré,

u

Moyen

Âge,

la forme

condensée du

De

agricultura

e

Palladius

aux

ouvrages plus

détaillés de Varron et

de Columelle

suggère

une faible curiosité t

une confiance

médiocre

à l égard des auteurs atinsantiques,alors que les sourcesgrecques

et arabes étaient

onsultées

n de

longs

corpus.

De

même,

on

préféra

les

descriptions arfois

divagantes

des

Collactanea rerum

memorabi-

lium de

Solin

(fin

IIIe

siècle)

à la

géographie

de

Pomponius

Mêla

(Ier

iècle)

dont

elles

s inspiraient.

Une

quarantaine

de

manuscrits e

l œuvre de Solin est conservée

pour

le

seul

XIIe

iècle elle fit

objet

d une traduction

rançaise

n ce

même

siècle,

composée par

Simon

de Ghisnes à l intention e Baudouin de

Flandre,

et les

encyclopédis-

tes du

XIIIe

iècle

en firent

rand

usage.

Quant

au

De

chorographia

de

Pomponius

Mêla,

il

fit

partie

des

textes

redécouverts

par

Pétrar-

que20.

La

Biblionomia

de Richard

de

Fournival

l avantage

pour

nous

de refléter on

seulement a

passion

d un

bibliophile,

mais

les inté-

18.

Ces roisuteursont

eprésentés

ans e

Catalogus

ranslationumt

commen-

tariorum

Washington

.C. :

«

Columella

,

par

V.

Brown,

vol.

II,

1976,

pp.

173-194

«

Palladius

,

par

R.H.

Rodgers,

bid.,

p.

195-199

«

Varro

,

par

V.

Brown,

ol.

V, 1980,

p.

451-500.

19. Cf.

J.-L.

Gaulin,

Alberte Grand

gronome

dans

Comprendre

t

maîtriser

la natureu

Moyen

ge Mélanges

histoire

es ciences

fferts

Guy

Beaujouan

Genève,

ous

presse.

20. VoirM.E.Milham, Pomponiusela , dansCatalogusranslationumtcommentariorumvol.V,Washington.C.,1984, p.257-285Ead « AMs nven-

tory

f

Pomponius

ela

,

Scriptorium

t.

XXXV,

981,

p.

319-321

Ead.,

C. Julius

Soliņus

,

Catalogus...,

ol.

VI,

1986,

p.

73-85. œuvre

e Solin ait

artie

e la

vingtaine

e

classiques

atins

ui

nous

ont onservés

ans

lus

e

cinquante

anus-

crits ntérieursu

xme

iècle cf.

B.

Münk

lsen,

La

popularité...

,

p.

177.

Page 22: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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VESTIGESROMAINS ANS

LA

SCIENCE

MÉDIÉVALE

15

rêts

d un hommeversé utantdans

les belles-lettres

ue

dans

les scien-

ces et

techniques,

ers 1250. Muni

d une formation

médicale,

auteur

de la Vetula se

tourna

aussi vers

l astrologie.

Peu

d œuvres

impor-

tantes traduitesde l arabe

en

matière

d astronomie-astrologie

t de

médecine

chappèrent

la

quête

des

manuscrits

ui

devaientformer

sa

bibliothèque.

De

même,

il

mit

la

main sur de rares et

précieux

témoins des

lettres

lassiques

les

tragédies

de

Sénèque,

les

poésies

de Tibulle

et

Properce, par exemple.

Dans le domaine des

ouvrages

scientifiques

u

techniques

e

l Antiquité

atine,

a

quête

fut

plus

mai-

gre.

Des

Res rusticae

de

Columelle,

seule la

partie

relative

l arpen-

tage (V. 1-3) apparaît,reliée d autresœuvres,notamment e Boèce.

Sous la

rubrique

ibros

vagos

philosophorum

de

la huitième

reola

voisinent

Asclépius,

c est-à-dire ne

adaptationgréco-latine,

raisem-

blablement

u

IVe

iècle,

d un texte

hermétique

ont e

XIIe

iècle

avait

fait

grand usage,

le commentaire u

Songe

de

Scipion

et

les Saturna-

les de

Macrobe,

le

Liber

de

mirabilibus

mundi et de situ

terrarum

de

Solin,

le

Liber

historiarum

mundi

naturalium e

Pline,

suivi

des

Quaestiones

naturales e

Sénèque.

Des extraits eulement u De archi-

tectura

de Vitruve taientreliés

à

VEpithoma

nstitutorum

ei

milita-

ris de

Végèce

-

dont une traduction

française

vit

le

jour

dans

la

seconde

moitié

du

XIIIe

iècle.

Hygin

n était

plus représenté ue pour

sa mythologie. alladius figurait n bonne place, mais ni Varron,ni

Celse

n étaient

mentionnés

quant

à Caelius

Aurelianus,

l

ne

figu-

rait

que pour

son

adaptation

de la

gynécologie

e Soranos

d Éphèse,

également

possédée

dans la version

de Moschion

(VIe

siè-

cle)21.

Riche

en œuvres du

Haut

Moyen Âge,

qui

ne circulaient

lus

guère

au

xiiie

siècle,

remarquable par

certains témoins

classiques,

ouverte ux

apports

récents

de la science

arabe,

a.

Biblionomia n en

révèle

qu avec

plus

de

force es oublis

du

Moyen Âge

central.Alors

que

le

XIIIe

iècle

fut

davantage

absorbé

par

l élaborationde

ses

pro-

pres

outils

conceptuels

t

par l expression

une

penséeoriginale par-tir des lecturesdisponibles22, ombrede ces oublis sont imputables

aux

choix du

XIIe

iècle,

qui

opéra

un tri

parmi

ce

que

les

scriptoria

des siècles

précédents

vaient u conserver.

ontrairement ses

sœurs

carolingienne

t des

xve-xvie

iècles,

la

«

renaissance

du

XIIe

iècle

ne vit

pas

dominer

a

volonté d un

retourà

l antique

;

les savants

de

ce

siècle

furentmoins avides

de retrouver

es

textes

perdus que

d en découvrir

de

nouveaux,

non

disponibles

en latin

auparavant.

L héritage

omainn était

à

que pour

combler

es

lacunes

-

en

parant

21. On trouveraa citationestextesuenous vonsmentionnésans éditionde a BiblionomiaL. Delisle,Le CabinetesmanuscritsParis, 874, uméros4,

84-88,

1-97,

61.

22. Cf.G.

Beaujouan,

La

prise

e consciencee

aptitude

innover

le

tour-

nant u

milieu u

xme

iècle)

,

dans

Le

Moyen

ge

et la science

Paris,

991

Sapience

), pp.

5-14.

Page 23: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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16

DANIELLE

JACQUART

au

plus pressé par

la

préférence

onnée aux résumésélaborés dans

PAntiquité

ardive et

pour

servir aide dans

l acquisition

de nou-

velles

connaissances. Le terme

de

«

renaissance

,

trop

connoté

his-

toriquement,

e convient

uère

cette

phase

d éveil ntellectuel

ntense

et de curiositédébridée

que

fut le

XIIe

iècle.

Page 24: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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Médiévales

6,

printemps

994,

p.

17-38

Bruno

LAURIOUX

CUISINER

À

L'ANTIQUE

:

APICIUS AU MOYEN ÂGE

À

l'exception

d'un

papyrus

fragmentaire

onservé

Heidelberg1,

le traité

ttribué

u

Moyen Âge

à

Apicius

est

le

seul

livrede

cuisine

de

l'Antiquité

omaine

ui

nous soit

parvenu.

Et même

e

seul

de

toute

l'Antiquité

classique, puisque

les

nombreux Arts

culinaires

grecs

ne sont

plus

connus

que

par

des extraits

-

parfois

une

simple

phrase

-

contenus

dans le

Banquet

des

Sophistes

d'Athénée2. La

sélectionfutrapide et massive,et entre e Veet le Xesiècles, 'Occi-

dent oublia

jusqu'aux

noms

de Caius

Matius,

auteur

d'un Cuisinier

et de

l'agronome

égyptien

Paxamos4,

que

saint Jérôme

mettait

encore

au

même

rang pour

ses sauces

qu'

Apicius

lui-même5.

Témoin

unique,

e De re

coquinaria

-

pour reprendre

e titre

ue

lui

ont

attribué

es modernes diteurs6

a

suscité

depuis

le

XVe

iè-

cle

d'innombrables

t savantes études

philologiques7

t

les historiens

y

ont

trouvé

'essentielde

ce

que

nous

croyons

avoir

sur la cuisine

«

romaine

8. La

tentation st donc

grande

pour

les médiévistes

e ne

1. Édité arFriedrichilabel,OpsartytikandVerwandtesHeidelberg,920,

pp.

27-28

(Sitzungsberichte

er

Heidelberger

kademie

er

Wissenschaften.

Philosophisch-historische

lasse

1919,

ase.

3).

2.

Cf.

d

,

«

Kochbücher

dans

R.

Wissowa,

aulys ealencyclopädie

erClas-

sischen

ltertumswissenschaft

=

R.C.A.

,

.

XI/

,

col.

32-943

le même

uteur,

ans

la

publication

itée

ote

récédente,p.

10-25,

publié

t traduiteux

ragments

e

papyri recs

ulinaires

Pun

remonte

u

me

iècle,

'autre ux

ve-ve

iècles).

3. Cf.

R.C.A.,

.

XIV/2,

ol.

2206-2210.

4.

Cf. W.

Morel dansR.C.A. t.

XVIII/4,

ol.

2436-2437.

5.

Adversus

ovinianum

I,

40,

dans

L t.

23,

col.

268.

6. L'un

desmanuscritsu

Xe iècle

perdu

a

page

e titrele titre e

1

utre

est bscur

cf.

plus

as).

Quant

ux olutions

roposéesar

es

humanistes,

lles

nt

étédiverses.

7. Cf. a synthèseeMary llaMilham, Toward StemmandFortunafApicius, Italiamedioevaleumanisticat. 10, 1967, p.259-320,ur aquellee

m'appuie

argement

ans et rticle.

8. Outre

acques

ndré,

'alimentation

t a cuisine Romenouv.

dit., aris,

1981,

oires

récentsrticles

assemblésans uisine

ntique

hors-série

°

3,

LesDos-

siers

e

l'Archéologie.

Page 25: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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18

BRUNO AURIOUX

voir dans

le traité

d'Apicius qu'un

conservatoire e mots et de faits

«

classiques

»

pieusement

ransmis

e

génération

n

génération

'éru-

dits.

Mais

copier

un livrede

cuisine,

fût-il elui

des

Anciens,

ne

peut

êtreun exercice

ntièrement

nnocent la

poésie

n'est

guère

u rendez-

vous,

ni

même

ci la bonne

angue,

t ce

n'est

pas

chez

Apicius,paran-

gon

de tous les

gourmands,

ue

l'on trouveraun

grand exemple

de

vertus

morales.

Pourtant,

des moines

de

Fulda

et

d'autres à Tours

ont consacré

des semaines

ntières transcriree texte i

peu

chrétien.

L'histoire

du De re

coquinaria

appartient

donc bien au

Moyen

Âge,

et elle lui

appartient

leinement.

as seulement

ar

les manus-

crits,dont le plus ancien remonte u viiicsiècle il n'y a là au fond

rien

d'étonnant,

ant

sont

rares es très anciens

manuscrits

e

«

clas-

siques

»,

surtout i l'on veut bien

admettre

ue

les textesutilitaires

étaient

probablement

ranscrits ans

l'Antiquité

ur de

fragiles

apyri

Mais,

comme

on le

verra,

e

texte

ui-même,

el

qu'il

nous est

par-

venu,

ne s'est

pas

fixé avant

le

Ve

iècle

et a

probablement

ontinué

à

évoluer

durant e très haut

Moyen

Âge.

La

postérité

médiévale u traité

'Apicius

ressemble,

our

e

reste,

à celle de

beaucoup

d'œuvres

techniques

et

scientifiques

e l'Anti-

quité

encore transcrit

l'époque carolingienne,

l

est ensuiteoublié.

Jusqu'au

XVe

iècle

les

humanistes,

ans leur recherche

perdue

de

vieuxmanuscrits,e redécouvrentt le copientabondamment on

a

conservé

de cette

époque

16

manuscrits,

ontre

seulement

pour

le

Haut

Moyen

Âge.

Mais

ce sont es détailsde cette uccession tten-

due

-

survie/oubli/redécouverte

qui importent

t

nécessitent

uel-

ques

éclaircissements.

Texte

antique

ou

texte

médiéval

Le traité

d'Apicius

est

conservédans deux

manuscrits u

IXe

iè-

cle, que

nous

appellerons,

la suite de

toutes es éditions

critiques,respectivement (New York, Academyof Medicine1) et V (Biblio-

teca

Apostolica

Vaticana,

Urb.

lat.

1146).

Il

faut leur

ajouter

des

extraits

Excerpta),

tirés

d'Apicius

par

un

certainVinidarius t conte-

nus

dans

un célèbre odex du

VIIIe

iècle

Paris,

B.N.,

lat.

10318),

figure

par

ailleurs

YAnthologia

atina

Tel

qu'il

nous a été

transmis ans

E

et

V,

le

traité

ne

comporte

pas

de

titre

reconnaissable.

Le manuscrit e

New

York

a

perdu

en

effet on

premier

feuillet t

on lit

sur

celui

du Vatican la mention

Incipit Api

/cae,

interprétée

iversement

ar

les éditeurs9.

Le

texte

9. Apicius aelius oures humanistesuxve iècleApiciirtsmagiricaeouopsartyticaé)ibri pour riedrichollmer,tudienudem ömischenochbuche

von

Apicius

München,920,

.

19

Sitzungsberichte

er

Bayerischen

kademieer

Wissenschaften.hilosophisch-philologische

nd

istorischelasse

1920,

e

fascicule)

Apici

aena

ans

'éditione

Mary

lla

Milham,

picii

ecern

ibri

ui

dicuntur

e

re

coquinariaLeipzig,

969,

.

1.

Page 26: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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CUISINER

À

L'ANTIQUE

19

apparaît

clairement ommeune

compilation

'éléments

isparates.

En

se fondant ussi

bien

sur

le contenu

des recettes

ue

sur

certains

ri-

tères

formels notamment a

présence

d'instruments

ulinaires

pé-

cifiques

-

Brandt

a

proposé d'y

reconnaître,

côté du livre de cui-

sine

qui

en constitue e

noyau,

des recettes ssues d'un traitémédical

et d'autres

provenant

'un traité

gronomique10.

Mais,

en voulant

à

tout

prix

faire oïncider e

noyau

culinaire vec

le

traité

u'aurait

écrit

le

gastronome

romain

Apicius,

le même

érudit s'est

fourvoyé.

Il

faut en

effet

oigneusement

éparer

e

personnage

éel

que

fut

Apicius

et le traitéde cuisine

qui

lui a été

postérieurement

ttribué.

Marcus Gavius Apicius, qui vivait à l'époque de Tibère, provoqua

l'étonnement

e

ses

contemporains,

la

fois

pour

son

extravagante

prodigalité

t

pour

ses raffinementsulinaires.C'est exclusivement

ce titre

ue

le mentionne

énèque,

ainsi

que

tous les auteurs

usqu'au

IIIe

siècle11.

Aux

yeux

de

satiristes

omme

Martial ou

Juvénal,

Api-

cius

incarne le

gourmand

par

excellence,

et la

récurrence

e

cette

figure12

ans les œuvres ittéraires

e

l'Empire

a certainement on-

tribué,

utant

que

le Festin de

Trimalcion,

u

mythe

e la

décadence

romaine.

Certes,

Pline

l'Ancien

ndique

des

préparations

ecommandées

ar

Apicius,

que

ce soit

pour

faire

périr

e surmulet

u

garder

ux choux

leur verdeur mais les éditeurs e la collectionBudé, sans douteparce

qu'ils

ont

précisément

n

tête l'auteur

d'un livre de

cuisine,

sollici-

tentfortement

e texte

plinien

n traduisant

ci

par

«

recettes 13. De

même,

s'il

signale

bien et à

deux

reprises

des

gâteaux

«

apiciens

»,

Athénée

ne

dit

pas que

la recette n

vient

d'Apicius,

et encore

moins

d'un

livrede cuisine écrit

par

celui-ci

il

les a d'ailleurs trouvésdans

Y

Art du

Boulanger

de l'auteur

grec Chrysippe

de

Tyane14.

Il faut attendre

es

IVe

et

Ve

iècles

pour qu'Apicius

soit

présenté

comme

un auteur

culinaire.

Le

passage

de

1

Histoire

Auguste

décri-

vant les lectures

d'Aelius Verus

est malheureusement

rès

corrompu

dans les

deux

manuscrits

e

base

:

10.

Edward

randt,

Untersuchungen

um

ömischen

ochbuche.ersuchiner

Lösung

er

Apicius-Frage

Leipzig,

927

PhiloiogusSupplementenband

IX,

fase.

II).

11. Cf.

es testimoniaassembles

arJacques

ndré,

picius

L Art ulinaire

nouv.

dit.,

aris,

974,

p.

XXV-XXIX.

12.

Les travauxn cours

e

Florence

upont

evraientclairer

ette

uestion.

13. Cf.

Pline

9, 66,

où E.

de

Saint-Denis

Paris,

955,

p.

58-59) éveloppe

praecellens

n

«

excellenteecette

;

Jacques

ndré

Paris,

964,

.

78)

traduiturieu-

sement

line

19,

143

par

«

Le nitreonserve

ussi u chou a couleur erte

la

cuisson

de même

a

recette

'Apicius

pourApiciana

octura

, qui

faitmacérer

e

choudans

de Phuile t

du sel avant

e mettreu feu.

14.Athénée, 7 a, édit. t trad.A. M.Desrousseaux,thénéeeNaucratis,

Les

Deipnosophistes,

ivres

et

//, aris, 956,

.

14

Id.,

XIV,

647

,

édit. ttrad.

C. B.

Gulick,

thanaeus,

he

Deipnosophists

CambridgeMass.),

961-1970,

.

VI,

p.

497.

Chrysippe

e

Tyane

ivait

pparemment

u

Ier

iècle

J.

André,

'alimentation

et a cuisine

Rome,

p.

cit.,

p.

217).

Page 27: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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20 BRUNO

AURIOUX

atque

idem Ovidii ab aliis

relata,

idem

Apicii

libros amorum

(ou

idem

Apicii

relata idem

Ovidii

libros)

in

lec o

semper

habuisse,

dem

Martialem,

epigrammaticumoetam,

Vergiliům

suum dixisse 5.

La

conjecture

de

Saumaise,

reprisepar

l'éditeur

de la

collection

Teubner est

encore moins heureuse

Apicii

Caelii

relata,

idem Ovidii

libros amorum.

Le nom Caelius est en effet, omme l'a montréMaryElla Mil-

ham,

une

forgerie

des humanistes

du

XVe

iècle16

quant

aux

rap-

ports

relata)

d'Apicius,

on ne voit

pas

bien ce

qu'ils peuvent

igni-

fier.

En

tout

cas,

Apicius

est bel

et

bien

compté

au

IVe

iècle comme

un

auteur,

au même

titre

qu'Ovide,

Martial ou

Virgile.

C'est

ce

que

confirme la

fin

du

siècle saint

Jérôme.

Dans

VAdversusJovinianum

il

présente

Jovinien

e consacrant ux

«

sau-

ces

d'Apicius

et de

Paxamus

»17.

Paxamos,

on l'a

vu,

était

l'auteur

d'un livre

de

cuisine,

que

mentionne

galement

Columelle18

Apicius

et

Paxamos sont

d'ailleurs encore

associés

dans

une

lettre

du

même

saint Jérôme19.

r,

le texte attribué

Apicius

et

transmis

par

les

manuscrits et V, paraît remonterux environsde 400, comme l'a

montré

'analyse inguistique

e Brandt.La

coïncidence

st troublante.

Doit-on

penser,

comme

l'a

suggéré

Jacques

André20,

ue

l'ouvrage

dont

parlait

saint Jérômevenait

uste

d'être

«

publié

»

?

En

tout

cas,

il

n'y

a

pas

lieu

de

supposer

que

ce

recueil de

la

fin

du

IVe

iècle ait

quelque

chose

à

voir avec

un

hypothétique

ivre

composé par Apicius.

Certes,

e

recueilen

question

peut

comprendre

des recettes

d'âges

différents,

omme le

suggèrent

es

ingrédients

qu'elles

utilisent t les

personnages uxquels

elles sont

dédiées21.

i

certaines 'entre lles

rappellent

e

souvenir u

gastronome,

l

est

dou-

teux

cependantque

lui-même

it

écrit

tout un

livre de

préparationsculinaires.Brandt limité etapportà un livre ur les sauces22.Mais,

aussi,

les

sources sur

lesquelles

l

se fonde

sont

tardives t

fragiles.

15.Histoire

uguste

, 9,

édit.

Hermann

eter,

eipzig,

884,

.

,

p.

33. Cette

mention

ient-elleAelius

partianus,

auteur

es

cinq

remières

iographies

t

qui

vivait

l'époque

de

Dioclétien,

u bien

du

compilateur

contemporain

e

Constantin

qui

a rassembléHistoire

uguste

J'ai

prudemment

enché our

e

second.

16.

Milham,

Toward Stemma

,

loc.

cit.,

p.

261.

17.

«

cummonachum

sse e

actitet

et

post

ordidam

unicam

t

nudos

edes,

et

cibarium

anem,

t

aquae

potum,

d

candidas

estes,

t

nitidam

utem,

d mul-

su

m,

teia

oraas

arnes,

d

ura

Apicii

t

Paxami,

d

balneas

uoque

c

f

idiculas

etpopinase conférât(AdversusovinianumI, 40,dansPL t.23,col.268).18. ColumelleXII, 4, 2.

19. J.

André,

picius,p.

cit.,

p.

XXVIII,

31.

20.

bid.,

p.

XIII.

21.

bid.,

pp.

XI-XII.

22. Cf.

notammente stemma

u'il

proposeBrandt,

p.

cit.,

p. 134).

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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CUISINER

À

L'ANTIQUE

21

La scholie à Juvénal

IV,

23,

présentantApicius

comme un

«

auteur de

préceptes

ur

les

banquets, qui

écrivit

ur les sauces

»23

est classée

entre Histoire

Auguste

t saintJérôme

ar Jacques

André,

qui

la faitainsi

implicitement

ériver

u

Commentum

etustum

attri-

bué

par

Wessner

à la

fin

du

IVe

iècle.

Malheureusement,

e

témoin

le

plus

ancien,

es scholies

du

VIe

iècle sur

le

Juvénal

de

Bobbio,

ne

concernent

ue

les satires

XIV

et

XV. Cette mention

pourrait

donc

tout aussi

bien

remonter d'autres

commentaires,

u

VIe

iècle voire

de

Pépoque

carolingienne24.

uant

au

Mythographus

ecundus du

Vatican,

qui

déclare

qu'

Apicius

«

écrivit

beaucoup

sur les assaison-

nements 25, l est sans aucun doutepostérieur Isidore de Séville26.

Ainsi,

aucun

des témoinsd'un

livre sur

les sauces

composé

par

Apicius

ne

précède

la

«

publication

du

recueil transmis

par

les

manuscrits

arolingiens.

Leur valeur est donc douteuse.

Il

est d'ail-

leurs

curieux,

et

personne

ne semble s'en

être avisé

jusqu'à

présent,

que

Columelle

ne mentionne

as Apicius

parmi

«

les écrivains

e

[la]

nation

[latine, qui] après

la

fin

des

guerres,

ne

dédaignèrent as

d'accorder

une sorte

de contribution

la nourriture es hommes

27.

Certes,

e

gourmand

Apicius

ne

peut

être mis sur

le même

plan que

les savants

agronomes

célébrés

par

Columelle,

mais celui-ci

cite lon-

guement

Caius

Matius,

qui

s'était

«

proposé

de

fournir es tables

de

citadinset les festins 28. Si, à la rigueur,on peut admettre u'à

l'époque

de

Columelle,

le

livre d

Apicius

ait

été

encore

trop

récent

pour

figurer

côté

de ceux de Matius

et de

Paxamos,

comment

xpli-

quer

son

absence

totale dans les

Deipnosophistes

Le

seul

ouvrage

se

rapportant

cet auteur

que

mentionneAthénée

est celui du

gram-

mairien

Apion,

consacré...

au Luxe ď

Apicius19.

La vérité

st donc

que personne

ne

fait ď

Apicius

un auteur de

livre de cuisine

avant le

IVe

iècle

et

qu'aucun argument

ne

permet

de rattacher

oncrètement

une œuvre

du

célèbre

gastronome

de

l'époque

de Tibère

e recueil laboré

presque

quatre

siècles

plus

tard.

Dès lors,faireremonter,omme e veutBrandt, es Excerptaau

livre

prétendument

composé par

Apicius,

n'a

plus

de

sens30.

L'absence

dans ce bref

xtrait es

prescriptions

édicales

u des recet-

23. Auctor

raecipiendarum

enarum,

ui scripsit

e

iuseeI

s,

édit. aul

Wess-

ner,

cholia

n uvenalem

et s i

ra,

Leipzig,

931,

.

54.

24. Cf. e

stemma,bid.,

.

XLIII.

25.

II,

225 de condituris

ulta

cripsit

édit. éter

ulcsâr,

Mythographi

ati-

cani

et

I,

Turnhout,

987,

.

290.

26.

Puisque

e

prologue

eprend

n

passage

es

Etymologies

cf.K.O.

Elliott

&

J.-P.

lder,

A

Criticaldition

f the

Vatican

ythographers

,

Transactions

f

theAmericanhilologicalssociation,

.

78,1947, p.

189-207.

27. Columelle II, 4,2 trad. acquesndré, olumelle,e 'Agriculturelivre

XII

(De

l'intendante

,

Paris, 988,

p.

30-31.

28.

bid.,

XII, 46,

1

(trad.

André,

.

81).

29.

Athénée

II,

294

f

trad.

Gulick,

p.

cit.,

.

V,

p.

321.

30.

Brandt,

p.

cit.,

p.

124.

Page 29: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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22 BRUNO AURIOUX

tes

d'origine grecque

ne constitue

pas

une

preuve,

et l'on a affaire

en

l'espèce

à une sélection

tardive,

plutôt qu'à

un

témoin du texte

primitif.

a

langue

en

est en effet

ncontestablement

ostérieure

celle

du recueil

transmis

ar

E

et

V

et

permet

de dater les

Excerpta

du

Ve

ou

VIe

iècle. Les

traits

strogothiques epérés

par

Brandt ren-

voient

probablement

l'Italie du

nord31.

L'auteur des

Excerpta

est

d'ailleurs

appelé

Vinidarius.

Il

ne

peut

s'agir

du roi

Vinitharius,

l'arrière

grand-père

e Théodoric le

Grand32,

mais c'est

incontesta-

blementun

Ostrogoth

de

rang

aristocratique

il

est

qualifié

de

vir

inlustris.

Les

Ostrogoths

yant

dominé

l'Italie

essentiellement

ans

la premièremoitié du VIe iècle, les Excerpta ne sont peut-être as

postérieurs

550.

À

cette

époque,

le livre

dit

d'Apicius

est encore

un texte

vivant,

que

l'on

utilise

et

que

l'on transforme

n fonction

de

besoins con-

crets.Vinidarius ire es recettes e

plusieurs

ndroits u recueil

om-

pilé

au

IVe

iècle,

parfois

même on ne

les

y

trouve

pas33.

Ce

qui

a

fait dire à Brandt

qu'il

puisait

dans

une source

commune,

plutôt

que

dans

le

traité

d'Apicius.

En

réalité,

a cohérence

des

Excerpta

est

remarquable

c'est un

véritable

ecueil

en miniature

31 recettes) ue

l'auteur

s'est

confectionné,

n

rassemblant

uccessivement es recet-

tes de

caccabina

ďofellas,

de

poissons,

de

porcelet,

de

chevreau et

d'agneau, et enfinde volatiles. La cuisine est bien encore celle du

recueil

d'Apicius,

mais

j'ai

montré

illeurs

que commençaient

s'y

lire des

évolutions

ignificatives

ans

l'usage

des

épices,

que

ce

soit

pour

le

gingembre

u

pour

le

safran34.

Vinidarius donc

probable-

ment travaillé ur

un manuscrit

lus

tardif,

déjà

transformé t enri-

chi

par

rapport

au

recueil

élaboré

vers 380-400.

L'évolution

est

encore

plus

marquée

dans les

listes

d'ingrédients

(

breves

qui précèdent

es recettes ans le codex

de la

Bibliothèque

Nationale. Elles mentionnent

ar

exemple

des

épices

absentes du

recueil

d'Apicius

comme

des

Excerpta

C'est le cas du clou

de

giro-

fle,

que signale

aussi le

médecin

Anthimus,

u

début

du VIe

iècle,dans sa lettre u roi francThierryer. Excerpta et surtoutBreves

témoignent

onc des

transformations

u'a

subies la cuisine

romaine

aux

Ve

et

VIe

iècles.

Mais,

tandis

que

ces

transformations

'accélé-

reront ncore à

l'époque carolingienne,

e

traité

d'Apicius, quant

à

lui,

va

définitivemente

figer

sous la

plume

des

scribes monasti-

ques.

31.

bid.,p.

129.

32. Cf.R.C.A., . X/A, ,col. 121.

33. Cf.

es

comparaisons

éalisées

ar

Brandt,

p.

cit.,

pp.

103-127.

34. Bruno

aurioux,

De

l

usage

es

epices

ans

'alimentation

édiévale

,

Médiévalesn°

5, 1983,

p.

15-31t

Spices

n

the

medievaliet a new

Approach

,

Food and

Foodways

vol.

,

1,

1985,

p.

43-76.

Page 30: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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CUISINER

À

L'ANTIQUE

23

Apicius

et les

moines

carolingiens

Si les

Excerpta

furent assemblés

par

Vinidarius u VIe

iècle,

le

seul

manuscrit ncien

qu'on

en

connaisse est

plus

tardif.

Les dates

proposées par

les divers

pécialistes 'étagent

ntre es

viie-vine

iècles

(pour

Jacques André)35

t

les

vnie-ixe

iècles

(pour

Ernest Wickers-

heimer)36.

l

est

vrai

que

l'ensemble

du

manuscrit été

réalisé

en

onciale,

écriture tilisée

durant out e Haut

Moyen

Âge.

Lowe,

dans

ses Codices

Latini

Antiquiores

cependant

itué celle

qui

nous

inté-

resse

dans la

deuxième

moitié

du

vnic

siècle et en Italie du

nord37,

restéefidèleà l'onciale plus longtemps ue d'autres régionsgagnées

à la minuscule38.

Passer

par

l'onciale

plutôt que par

une écriture

plus

cursive,

c'était sans

doute donner au texte

des

Excerpta

une

certaine olen-

nité,

fixer

e

qui

au

VIe

iècle était encore mouvant. La

composition

du recueil

dans

lequel

ces extraits nt été insérésmilite

dans

le même

sens

le manuscrit

atin 10318

comprend

n effet

our

l'essentiel

une

anthologie poétique,

dite de Saumaise

du nom de

l'érudit

qui pos-

séda

le codex et

publia

le

premier

es

poèmes.

Peut-être

ompilée

en

Afrique

du

Nord à

la fin

de

la

domination

vandale,

cette

anthologie

se

présente

u

fond,

elle

aussi,

comme

une

suite

d'extraits39. e

que

ne dément as le restedu codex,avec notammentn De remediisalu-

taribus

attribué

ci à

Apuleius

Platonicus,

mais

rassemblant

n fait

des

extraits,

médicaux

ou

non,

de Pline40.

Ainsi,

dans

la deuxième

moitié du

vine

siècle,

le texte

d'Apicius

avait cessé

de fonctionner

omme un

registre

e recettes ndéfiniment

transformées

t enrichies

our l'adapter

à l'évolution des

pratiques.

On le

considérait

ésormais

omme e

témoignage

'une culture

u'il

convenait

tout

prix

de

préserver.

'est

exactement

insi

que

le con-

çut

également

a

«

Renaissance

carolingienne

.

Les critères

paléographiquespermettent

'attribuer es témoins

conservésdu IXe iècle à deux des scriptoria carolingiens es plus

importants

Fulda

(E)

et Tours

(V)41.

L'intérêt de

l'époque pour

Apicius peut

s'expliquer,

même

si aucune

des

explications

ne

paraît

35.

J.

André,

piciusop.

cit.,

p.

XVI.

36. Ernest

Wickersheimer,

anuscrits

atins

e

médecine

u

haut

Moyen ge

dans es

bibliothèques

e

France

Paris, 966,

p.

99-100,

°

LXXV.

37. E.

A.

Lowe,

Codices atini

ntiquiores

V, Oxford,950,

.

22 n° 593.

38. Bernhard

ischoff,

aléographie

e

l'Antiquité

omainet du

Moyen

ge

occidentaltrad,

r.,

aris,

985,

.

81.

39.

Édit.A.

Riese,

nthologia

atina

t.

1/1,

eipzig,

894 cf.

a

description

u

contenuu volumep.XII-XIX.40.Wickersheimer,p. cit.,p. 100.

41. Lesdeuxmanuscrits

ont écrits

arBirger

ünk

lsen,

'étude es uteurs

classiques

atinsux

xi

et

xw

iècles,

.

,

Paris, 972,

.

4. Une

noticestde

plus

consacréeu

manuscrit

par

Elisabeth

ellegrin t

aliiy

es

manuscrits

lassiques

latins e la

Bibliothèque

aticane

Paris,

975,

.

I/2,

pp.

654-655.

Page 31: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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26 BRUNO AURIOUX

mais le réviseur e celui de Tours

transcrit leo au lieu

d'oleum

52

:

la faute

figurait-elle

ans le

modèle

ou bien a-t-elle

commise

par

un

copiste gnare

ou distrait

En

tout

cas,

le

manuscrit été colla-

tionné ur son

modèle,

ce

qui

confirme

ien l'intérêt

ue

l'on

portait

à

l'époque

au traité

d'Apicius.

Peut-on mettre n nom

derrière

et intérêt Celui

qui s'impose

a

priori

est

évidemment

oup

de

Ferrières.Ancien élève

de Raban

Maur à

Fulda,

bien en cour

auprès

de

Charles le Chauve

qu'il

fait

bénéficier

e

ses

conseils,

l'abbé de

Ferrières

st constamment la

recherche e

manuscrits,

otamment

'auteurs

lassiques, u'il

réclame

avec insistance ses correspondants. 'est le cas par exempled'un

commentaire e

Boèce

aux

Topiques

de

Cicéron

contenu

dans

Y

rma-

rium Sancii Martini et

qu'il

aimerait

bien se

procurerpar

l'intermé-

diaire de

l'archevêque

Osmar,

en

842-84653.

On

sait d'autre

part

qu'il

collationne es œuvres

qui

l'intéressentur

plusieurs

manuscrits,

reportant

n

marges

es variantes

ranscrites

ans

une

écriturenette-

ment

nfluencée

ar

la

minuscule

ourangelle54.

l

a

notamment

or-

rigé

un

exemplaire

de Tite-Live

copié

à

Saint-Martin-de-Tours55.

Mais aucun

des

opuscules

de

Loup,

d'ailleurs

exclusivement

agio-

graphiques

ou

théologiques,

n'utilise

Apicius

et on n'en

trouve

pas

davantage

de trace dans sa

correspondance.

Une autrepisteramènepourtant lui. On sait que les scholies

à Ju énal

présentent

picius

comme l'auteur d'un

livre

sur les sau-

ces. Mais certains

manuscrits,

ont

les

plus

anciens

datentdu

IXe

iè-

cle,

ont

remplacé

e

termehabituelde

iuscellis

utilisé

par

exemple

dans

le

fameux codex Pithoeanis

de

Montpellier

-

par

celui de

condituris

6.

Or,

la

même

formule

qui

de

condituris

multa

scripsit

se retrouve

ittéralementans le

Mythographus

ecundus du

Vatican.

On

peut

évidemment

enser que

l'un s'est

inspiré

de

l'autre.

Cepen-

dant,

le second

Mythographe

u

Vatican est

depuis

longtemps

denti-

fié avec Rémi

d'Auxerre,

bien

que

cette

hypothèse

n'ait

pas

reçu

de

démonstration éfinitive57.

l

se

trouve

que,

de

leur

côté,

les scho-

52. Ms.

V,

f.52r J.

André,

picius,p.

cit.,

p.

103n°

289.

53.

Epištol

,

16,

dit.

MGH,

Epist.

ar.AEvi

IV, 1,

Berlin,902,

.

24

trad.

Léon

Levillain,

oup

de Ferrières.

orrespondance

t.

1, Paris, 964,

p.

214-216.

54.

Robert .

Gariepy,

Lupus

f

Ferrières

Carolingian

cribe

ndText ri-

tic

,

Mediaeval

tudies

t.

XXX,1968, p.

90-105.

55.

Lesne,

p.

cit.,

p.

162n. 5.

56.

Edit.

Wessner,

p.

cit.

ci-dessus

.

23),

p.

54. Les

manuscrits

omportant

des

gloses

u des commentaires

la

Satire

de

Juvénal

ue 'ai

pu

consulterla

Bibliothèque

ationalee Paris

omportent

ous ette

eçon

mss at.

9345,

. 115v

(xie

.,

caractéristique

e la classe selon

Wessner,

.

XLII)

8070,

. 12r

xie

.,

classe

»)

16698,

.

21

(xme

.,

commentaire

it Ex

abrupto

dans

a classifica-

tion 'EvaM. Sanford, Juvenalis,ecimusunius, dans aulOskar risteller& F. Edwardranz,Catalogusranslationumtcommentariorum= C.T.C.] t. ,

p.

188)

enfin

904,

.232ra

fin

ne

.,

nspiré

u commentairee

Guillaumee Con-

ches,

elon

anford,

oc.

cit.,

.

192).

eul e lat. 16698

récise,

n

glose

Sat.

11,

3

qu'

Apicius

e

conditis

t

farciminis

ulta

cripsitf.

98r).

57.

Cf.

Elliott

&

Elder,

oc.

cit.,

p.

202.

Page 34: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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CUISINER

À

L'ANTIQUE

27

lies

carolingiennes

Ju énal ont été influencées

ar

un nouveaucom-

mentaire,

enu se combiner u Vetustus et

que

ce

commentaire

st

attribué

au même

Rémi d'Auxerre58.Celui-ci officiait

la

fin

du

IXe

iècle,

mais

il

semble

s'être,

en

l'occurrence,

argement

nspiré

des

leçons

de son

maître,

Héric

d'Auxerre,

mortvers 876 et

qui

fut

ui-

même

l'élève de

Loup

de

Ferrières.

Faute

de

posséder

le commen-

taire

auxerrois,

l

est

impossible

de

vérifier ette

hypothèse, ui

lais-

serait

penser

que

la flamme

llumée

au

début

du

IXe

iècle ne s'était

pas

encore

éteinte

la fin du

siècle.

L'oubli n'allait cependantpas tarder. Entre le Xe et le xivesiè-

cle,

on ne

copie

plus Apicius.

Pis,

aucune

œuvre nouvelle ne men-

tionne

plus

cet

auteur59,

vec

lequel

on

a

perdu

tout

contact,

et

si

les

scribes

continuent

retranscrire

es scholies

à Ju

énal,

ils

n'ont

probablement

ucune idée du livre sur les sauces

composé

ancienne-

ment

par

un

certain

Apicius60.

Certes,

'argument

silentio est tou-

jours dangereux61,

mais le bréviaire de la cuisine romaine semble

avoir

partagé

la destinée d'autres textes

scientifiques

atins62,

on-

damnés

d'ailleurs

par

une tradition ntellectuelle

ui

se tournedavan-

tage

vers

a

dialectique

t la

théologie

ue

vers e culte des

classiques.

Les manuscrits

arolingiens 'Apicius

sont

conservés,

mais comme

des témoinsfigés,dont personnene se sert. Les gloses postérieures

au

IXe

iècle

dans

l'Apicius

de Tours sont

l'œuvre d'un

humaniste63,

et l'on

ignore

d'ailleurs

ce

que

ce codex est

devenu durant e

Moyen

Age

central.

Quant

à

celui de

Fulda,

il

attendait,

ans le monastère

qui

l'avait

vu

naître,

que

quelqu'un

vînt

le

redécouvrir.

58. Cf.

Sanford,

oc.

cit.,

pp.

176-177.

59.Le passage u Didascalicon'Huguese Saint-ictormentionnantpicius

parmi

esauteurs

ui

ont critur es rts

mécaniques,

st n

fait n

décalque

'Isi-

dore

e Séville

ou

de Raban

Maur)

Apiciusrimus

omposuitpparatum

oquinae

(éd.

Charles

enry

uttimer,

ugonis

e

Sancto

Victoreidascalicone Studio

Legendi

Washington,

939,

.

51)

cf.

ci-dessus,

otes

3

et

47.

60. Certains

opistes

es

manuscrits

u

Mythographus

aticanus

I

réalisésu

Moyen ge

entral

'ontmême

as

reconnue

nom u célèbre

astronome

cf.

par

exemple

a

leçon

picius

ms.

Vaticano,

eg.

at.

1401,

iie

.)

au lieu

Apicius.

'est

seulement

u

xve

iècle

u'on

voit e

généraliser

a

bonne

eçon,

eut-être

ous 'effet

de la

redécouverte

u

personnage

t

de

ses écrits

cf.

Kulcsár,

p.

cit.,

p.

190.

61. Un

tait

igniticatii

ourrait

tre

ependant

abandon

ar

Vital e Blois e

l'invocation

Apicius igurant

ans e

Querolus

<

édant

pici

erculo

éd.

Gunnar

Ranstrand,

uerolus

iveAulularia

Göteborg,

951,

. 24)

et

qui

avait té

glosée

danse mêmeens ue a satire eJuvénalAndré, p.cit., .XXVIII,

°

34).

Mais

c'est ussi arceueVital entièrementacrifiéepersonnageeMandrogerontpar

conséquent

a

tirade

ui

citait

Apicius

cf. éd. M.

Girard

dansG.

Cohen,

La

«

comédie

latine

n France

u

xw

iècle,

.

, Paris, 981,

p.

74-104.

62. Cf.

Münk

lsen,

oc. cit.

63. Main

dite

V3

dans es éditions

ilham t André.

Page 35: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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28 BRUNO AURIOUX

Apicius

retrouvé

Le retourdu texte

d'Apicius

en

plein

our appartient

une

saga

bien connue la redécouverte

'un

grand

nombrede

classiques

latins

par

les humanistes

u

XVe

iècle.

En

voici à

peu près

la

vulgate64

retrouvé

n

1417,

lors

d'une

des

nombreuses

expéditions

dans les

bibliothèquesgermaniques

menées à

l'occasion du concile de

Cons-

tance

par Poggio

et ses

amis,

l'Apicius

de

Fulda fut

victorieusement

enlevé

par

Enoch

d'Ascoli,

qui

le

rapporta

en

Italie,

avec

d'autres

trophées,

n 1455.

L'intrigue

st

lumineuse,

es

protagonistes

e

man-

quent pas de classe,mais lorsque 'on regardede près es documents,

tout s'embrouille.

Les

historiens e

l'humanisme

lacent

généralement

a

découverte

de Fulda au début

de l'année 1417.

Or,

elle

n'est

mentionnée

ans

aucune

des nombreuses

lettres

qui,

scandant

les

expéditions

de

Poggio

et

de ses

compagnons,

eur

donnaient

n

grand

retentissement.

Le

21

janvier

1417,

alors

qu'il

se

trouve

Saint-Gali,

Bartolomeo

de

Montepulciano,

qui joue

dans cette

«

campagne

»

un

rôle

moteur,

explique

à

Traversari

ue

lui

et

Poggio

sont

intéressés

ar

l'ermitage

alpestre

d'Einsiedelnet

qu'ils s'apprêtent

se

rendre ers

trois autres

monastères,

dont

probablement

Reichenau et

Weingarten65.

ls ne

comptentdonc pas quitter es alentours du lac de Constance, bien

loin

de Fulda

qui

se situe à

plusieurs

entaines e

kilomètres u

nord.

Quelques

mois

plus

tard,

en

juillet

1417,

Francesco

Barbaro

félicite

Poggio

d'avoir

affronté es

rigueurs

e

l'hiver,

pour

rassembler

col

lega),

avec

Bartolomeo,

un

grand

nombre

de

manuscrits

parmi

ceux

qu'il

cite,

il

n'y

a

aucune trace ď

Apicius66.

La

première

mention ûre de la

découverte

figure

n

1431

dans

le fameux

Commentarium

e

Niccolo

Niccoli.

l

s'agit,

on

le

sait,

d'un

inventaire e

manuscrits rechercher

ressé

pour

les

cardinaux

Cesa-

rmi et

Albergati, qui s'apprêtent

à

partir pour

la

France et

l'Allemagne67.

es

informations

e

Niccoli

viennent

'une

liste éta-

blie par Poggio lui-même t qui sera reprise près sa mort dans un

mémorandum

tabli

par

son

fils,

Jacopo

Poggio68.

Voilà ce

que

dit

le

Commentarium

64.

Exposée

otamment

ar

L.D.

Reynolds

N.G.

Wilson,

D'Homère

Érasme,

a

transmissiones

lassiquesrecs

t

atins

Paris,

986,

p.

92-94,

partir

essentiellementes

nombreusesonnées

assemblées

ar

R.

Sabbadini,

e

scoperte

ei

codici

atini

greci

ei ecoli

XIV

e XV

Firenze,

vol.,

1905-1914.

65. Citée

ar

Sabbadini,

p.

cit.,

.

,

pp.

79-80.

66.

Epist.

,

édit.J.M.

Rizzardi,

rancisci

arbarit

aliorum

d

ipsum

pisto-

lae Brixiae,743, .2.67.Rodney. Robinson,The nventoryfNiccolo iccoli, Classicalhilo-

logy

t.

XVI,

1921,

p.

251-255.

68.

Nicolai

ubinstein,

An

Unknown

etter

y

Jacopo

i

Poggio

racciolini

on Discoveriesf

Classical exts

,

Italia

medioevale

umanisticat.

, 1958,

pp.

383-400.

Page 36: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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CUISINER

À

L'ANTIQUE

29

In monasterio uldulensi ontinentur

nfrascripti

ibri..

Repertus

Aepitii

de

compositis

ibri

octo,

opus

medicinaleet

optimum

9

.

Laissons

de

côté

la

grossière

aute sur

le

nom de l'auteur

-

le

mémorandum

de

Jacopo

donne

bien,

quant

à

lui,

Apicii10

-

et

attardons-nous

ur

deux erreurs

ui

font douter

que

Poggio

ait réel-

lement

vu le manuscrit le

livre

d'Apicius

ne contient

as

huit mais

dix livres

ce n'est

pas

un

ouvrage

de

médecine,

mais de

cuisine.

Cer-

tes,

il

est

possible

que

le manuscrit

e Fulda ait

déjà perdu,

à

cette

époque,

la

page

de titre

qui

l'identifiait

d'autre

part,

le recueil

s'ouvrepar une recette e « vinmerveilleuxux épices», d'une tona-

lité nettement

médicale. Mais un humaniste

de la

trempe

de

Poggio

ne

s'y

serait

pas

laissé

prendre,

'autant

qu'il

savait

parfaitement

e

qu'était

un

livrede

cuisine,

omme

e

prouve

une de

ses lettres

Nic-

colo

Niccoli

écrite en

1421

1.

La solution

a

été

proposée

il

y

a

plus

de trente ns

par

Nicolai

Rubinstein,

mais

on ne semble

pas

en avoir tiré

encore toutes les

conséquences72.

ans

le

Commentarium

t dans le mémorandum e

Jacopo,

les manuscrits

e Fulda font mmédiatementuite à ceux du

monastère

'Hersfeld.

Ludwig

Pralle a montré

ue

les

renseignements

de

Poggio

étaient

ci directementssus

d'une liste

transmise n

1425

ou 1427 par un moine d'Hersfeld,Heinrichvon Grebenstein, enu

alors

à

Rome

pour

défendre es

intérêts e sa communauté.Certains

des manuscrits

rétendument

étenus

par

Hersfeld vaient d'ailleurs

été dérobés

aux frères de

Fulda73.

Hâtif,

motivé

davantage par

l'appât

du

gain

que par

l'amour des

belles-lettres,

e recensement e

pouvait guère

constituer

n

modèle

du

genre.

Pour

expliquer

'erreur ur

le

nombre

de

livres,

es

érudits

ont

imaginé

'existence Fulda d'un second manuscrit

'Apicius,

arché-

type

-

évidemment,

-t-on envie d'écrire

-

de celui

qui

nous est

resté

et d'autant

plus

facile

à

créer

que

l'on ne

possède pas

de cata-

logues

anciens

de la

bibliothèque

e Fulda.

Point

n'est besoin

de

com-

pliquer inutilementes choses Poggio n'y a vu que du feu, parce

que

précisément

l n'a

jamais

vu le manuscrit

'Apicius.

Ni

jamais

mis

les

pieds

d'ailleurs

à

Fulda. Le

premier

umaniste taliende

quel-

que

importance

l'avoir fait semble

avoir

été

le

jeune

Nicolas de

Cues,

tandis

qu'il

accompagnait

n 1426 le cardinal

Orsini,

égat

en

Allemagne74.

Mais

il ne soufflemot

d'Apicius.

Quant

à

l'expédition

69.

Robinson,

oc

cit.,

p.

253,

11.

4

et 54-55.

70.

Rubinstein,

oc.

it.,

p.

399.

71.

Epist.

III,

édit. homas

e

Tonellis,

oggii

pistolae

t.

, Firenze,

832,

p.

61

Si velies iscere odům

quo

plurima

erculo

arentur

d

convivium,

el

rt

m

pulmentariam,ortasseeperireosses

ic uctoresatis onoset neo udo

erductos.72.Rubinstein,oc.cit.,p.383.

73.

Ludwig

ralle,

Die

Wiederentdeckung

es Tacitus.

in

Beitrag

ur

Geistes-

geschichte

uldas

nd

ur

Biographie

es

ungen

usa

us, ulda,

952

Quellen

nd

Abhandlungen

ur

Geschichte

erAbtei ndder

Diözese

ulda,

XVII).

74. bid.

Page 37: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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30

BRUNO AURIOUX

de

1431,

elle ne tiendra

pas

ses

promesses,

es cardinaux ur

lesquels

Niccoli

comptait

ayant

d'autres

chats à fouetter.

Le

véritable

re-découvreur

d'Apicius

est donc bien Enoch

d'Ascoli,

et au sens

plein

du

terme ar avant

lui les humanistes

gno-

raient otalement

uel

texte e

cachait derrière e nom.

Enoch

n'agit

pas

seul

:

il

reçoit

du

pape

Nicolas

V,

pour lequel

il

est

déjà

allé en

Orientchercher es

manuscrits

recs,

un ordre de

mission75

le

sou-

verain

pontife

y

enjoint

à

tous

les

évêques

de

l'autoriser

à

prendre

copie

de

tous

les

«

vieux

[livres]

et

d'antique

écriture .

En

fait,

l'humaniste

va

dépasser

de loin

la lettre e

sa mission et en

profiter

pour rapporter uelques-unsde ces manuscrits antiques», avec en

mains

le Commentarium

e Niccoli

pour

guide.

Ainsi,

en revenant

du

Danemark,

s'arrête-t-il

Fulda,

en

1453,

et

c'est

qu'il

retrouve

l'Apicius,

le

seul

manuscrit

u'il emporte

du monastère.

Quel

accueil

les humanistes taliens firent-ilsu

nouveau

texte,

lorsqu'Enoch

futrevenu n

Italie ? Cet accueil fut oin

d'être enthou-

siaste,

contrairement

ce

qui

se

passa pour

le Tacite et le Suétone

rapportés

Hersfeld t

que

Pier Candido Decembriodemanda mmé-

diatement voir. Tacite et

Suétone étaient

des

auteurs

classiques

et

attendus,

mais

qui

se souvenait

d'Apicius

? Il

est

remarquable que

Poggio,

qui

a cherché

récupérer ar

toute

une série de

moyens

es

manuscritsu'on lui avait signalés Hersfeld u à Fulda, n'ait mani-

festé ucun intérêt

our

celui

d'Apicius qu'avait-il

faired'un vieux

livre de médecine Les

seules sources

qui

auraient

pu

le mettre ur

la bonne voie

étaient

des

auteurs

tardifs,

eu goûtés

de cet amateur

de

bonne atinité.

a curiosité

our

le

traité

'Apicius

fut

imide,

imi-

tée à

quelques

lettrés elle allait véritablement

e

développer

une

décennie

plus

tard,

dans

le cadre de

l'Académie romaine.

Princes et humanistesdu

XVe

iècle l'accueil fait

à

Apicius

Le premier manifestere l'intérêt our Apiciusest l'humaniste

sicilien

Antonio

Beccadelli,

dit

II

Panormita. Dans une

lettre dres-

sée de

Naples

en 1455 à

Giovanni

Aurispa,

autre

Sicilien,

l

demande

à celui-ci de lui faire

parvenir

e

Coquinarium

d'Apicius,

dont Teo-

doro

Gaza,

récemment

nvoyé auprès

du roi

d'Aragon,

lui a

appris

l'existence. e

que

confirme

urispa

dans sa

réponse,

datée

de

décem-

bre

1455

et où

il

évoque

plaisamment

a

supériorité

ur

Apicius

de

sa

propre

cuisinière,

apable

de confectionner

e

savoureuses

prépa-

rations

pour

des convives édentés76. e recueil

d'Apicius

est donc

bien désormais considéré

pour

ce

qu'il

est,

un

livre de cuisine.

Aurispaétaitbienplacé pour

connaître t

apprécier

a

découverte

75. Édit.

Georg

oigt,

ie

Wiederbelebung

es

Klassischenlterthumsder as

erste ahrhundert

es

Humanismus

Berlin, 859,

.

361n. 2.

76.

Milham,

Toward Stemma

,

pp.

290-291,

oc. c-d.

Page 38: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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CUISINER

À

L'ANTIQUE

31

d'Enoch. Grand inventeurui-même e

manuscrits,

l l'avait

précédé

en

Orient,

insi

qu'en

Allemagne

t

s'intéressait

otamment ux tex-

tes

médicaux,

comme la

Physica

Plinti11.

Mais cet

intérêt

tait loin

d'être

partagé par

tous

:

s'il a bien

récupéré

es

manuscrits

'Enoch,

le

pape

a

laissé de côté

Apicius78.

n

réalité,

Enoch

semble avoir

eu

du

mal

à

négocier

es découvertes en

1456,

Carlo de' Medici

se

plaint

encore

des

exigences

xcessives e

«

maestro nocche

»,

pour

des livres

qui

sont

loin

d'en valoir tous la

peine.

L'année

suivante,

e

représen-

tant

des

Medici à Rome se résout à faire

copier

le

codex

d'Apicius

mais Enoch

disparaît précisément

n 1457

et Carlo

est contraint

d'écrire au gouverneur es Marches, où est mort 'humaniste,pour

qu'il

l'aide

à

récupérer,

inon es

manuscrits

riginaux,

u

moins des

copies79.

On ne

sait

pas

en

réalité e

que

devint

et

Apicius

dans

les

années

qui

suivirent

mmédiatement,

ais

il

entra

probablement

n

la

possession

du cardinal

Bessarion,

célèbre

humaniste

rec

et

protec-

teur

de Teodoro

Gaza80.

À

peine

arrivé n

Italie,

le manuscrit e

Fulda

disparaissait

onc

pratiquement

e la

circulation,

t

c'est

l'autre

exemplaire

carolin-

gien V)

qui

allait donner

pour

l'essentiel

naissance

à

la tradition u

xvc

siècle. Nous

ignorons

omment

l

est

entréen

Italie,

et

à

quelle

date

;

le seul

point

de

répère

est sa

présence

dans le

catalogue

de la

bibliothèqueducale d'Urbino rédigé à partir de 1482 et pourvu

d'ajouts

jusqu'en

1497

par

le

bibliothécaire

Agapito81.

On

sait

que

le

comte

puis

duc

Federigo

da Montefeltro

ntreprit partir

de 1467

de

se

constituer

ne collection

de livres

digne

de son nouveau

palais,

en

achetant

notamment es

manuscrits

u

grand

ibraire

lorentin es-

pasiano

da Bisticci82. ans

doute la

belle écriture

t la

somptueuse

décoration

du codex

tourangeau

tout à fait

nhabituelles

our

un

public

habitué

à de

méchants ecueils

de

recettes ulinaires83 ont-

elles

davantage

attiré 'attention

ue

le

manuscrit

igarré

et incom-

plet rapporté

par

Enoch. D'autant

que

la

diffusion u texte

d'Api-

cius allait être dans

un

premier emps

de nature

nettement

ristocra-

tique.

77.

Sabbadini,p.

cit.,

.

,

pp.

46-47 t 114-117.

78.

Milham,

Toward Stemma

,

p.

291,

document.

79.

bid.

pp.

291-292,

ocuments

-g.

80.

bid.,

p.

264.

81. Edit, e

1'«

ndice ecchio

par

Cosimus

tornajolo,

ibliothecae

posto-

licaeVaticanaeodicesManu

cripti

ecensiti.odices rbinatesatini

t.

,

Città

del

Vaticano,

902

p.

CXIV,

442

Apitius

elius

e

Condimentis.odex etus-

tus n

Purpureo).

f.

Luigi

Michelini

occi,

Agapito,

ibliotecario

docto,

corto

e

diligente

ellaBibliotecarbinate

lle fine el

Quattrocento

,

dansCollectanea

Vaticana

n

honorem

nselmi

. Card.AlbaredaCittà el

Vaticano,. I, 1962,pp.245-280Studi Testi220).

82. Cf. Cecil

H.

Clough,

The

Library

f the

Dukes

f Urbino

,

Librarium

t.

X, 1966,

p.

101-105.

83. Cf. Bruno

aurioux,

es livres e

cuisinen Occident

la

fin

du

Moyen

Âge

thèse

actyl.,

niv. aris

, 1992,

.

II,

IIIe

partie,

h.

5

et 6.

Page 39: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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32

BRUNO

AURIOUX

Mary

Ella Milham

a bien

montré,

n

effet,

ue

le

premier

ôle

de diffusion e situait à

Florence

cf.

carte

ci-dessous).

Nous avions

quitté

Carlo de'

Medici

en

1458,

tandis

qu'il

tentait

désespérément

de

mettre

a main

sur le

manuscrit 'Enoch. En

1464

au

plus

tard,

et

peut-être

ès

1458,

es Medici de

Florenceont

eu

accès à une

copie

de

V,

qui

allait

également

onner

naissance à deux

autres

manuscrits

florentins,

ont un

appartenait

ux Strozzi.

Quant

à

l'exemplaire

des

Medici,

il

fut

probablement

ecopié

dans un

manuscrit

ossédé

par

les Sforza de Pesaro et

aujourd'hui

disparu.

C'est donc d'un

seul

apo-

La

diffusion

'Apicius

n

Italie au XVe

iècle

Page 40: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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CUISINERÀ

L'ANTIQUE

33

graphe

de V

que

dérivent,

lus

ou moins

directement,

ous les autres

manuscrits

du

XVe

iècle connus en Italie du

nord-est,

d'Urbino à

Venise,

en

passant par

Cesena et

Bologne.

C'est

également

ette

tra-

dition

qui

servira l'édition

ncunableet aux

éditionsdu

commence-

ment

du

xvie

siècle.

Cette

diffusion,

ien délimitéedans

l'espace,

fut

aussi relative-

ment

rapide.

Le

manuscrit olonais date de 1464 et

celui des Medici

est

dédié

au

pape

Pie

II,

qui occupa

le

Saint-Siège

de 1458 à 1464.

On

peut

donc

parler

vers

1460

d'une véritable

mode

d'Apicius,

Mary

Ella Milham

a

suggéré

de voir le reflet d'une

volonté

politique84.À cetteépoque, Pie II cherchait n effet se réconcilier

avec ses adversaires

n Italie

centrale,

es

Sforza de

Pesaro,

les Mala-

testa de Cesena

ainsi

que

les ducs d'Urbino

;

pour

matérialiser ette

alliance,

il

leur aurait

notamment

ffert

n

exemplaire

e la

Germa-

nie de

Tacite,

dont Enoch d'Ascoli venait

de

rapporter

e manuscrit

d'Hersfeld85.

Or,

ce texte

se trouve

précisément

ssocié

à

Apicius

dans

le manuscrit es Medici

qui

aurait ainsi servi de base

logistique

à cette

opération

il

figurait

galement

dans le

codex

perdu

d'Api-

cius

qui

se trouvait Pesaro.

Quant

à l'absence de la

Germaniedans

les manuscrits 'Urbino et

de

Cesena,

elle

pourrait s'expliquer

par

la

disparition

e

témoins ntermédiaires. ais le

rejeton

e

plus

fécond,

le plus durableet le plus intéressant our nous, allait se développer

à

Rome,

les humanistes

prirent

a

relève des

princes.

Pomponio

Leto et la collation

d'Apicius

La

savante

analyse

de Mme Milham a

pour

la

première

ois mis

en évidence

un

groupe

de trois manuscrits

cinq

si l'on

ajoute

les

intermédiaires

erdus

qui

non seulement ont

étroitement

pparentés

mais renvoient

ous de

près

ou de loin à l'Académie

romaine fondée

autour de

Pomponio

Leto86. Les

indices

sont

multiples

t concor-

dants pour un manuscrit ujourd'hui conservéà Oxford (Bodleian

Library,

Add.

B

110)

et

qui

fut a

propriété

e Marco

Antonio

Altieri,

disciple

de

Pomponio.

Sur l'un des

feuillets e

garde,

on lit

trois

épi-

taphes d'Apicius87.

La seconde et la

troisième

ont l'œuvre

d'une

seule

main,

celle-làmême

qu'on

reconnaît ans un

Virgile

xécuté

our

l'Académie romaine.

Le

poème précédent omporte

notamment e

termede letus

qui pourrait

tre une

allusion

au maître.

Quant

à la

mention

ncomplète

Calimachi

n

»,

qui figure

n haut du

feuillet,

elle se réfère videmment l'une des

gloires

du

groupe,

Filippo

Buo-

84.Milham, Toward Stemma, loc.cit.,pp.267-268.

85. Le rôle 'Enoch 'Ascoli ans

mportation

de

a Germaniee Tacite

éténié

par

Pralle,

op.

cit.

86.

Milham,

Toward Stemma

,

pp.

270-274.

87.

Cf.

bid.,

pl.

XVI.

Page 41: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-26-printemps-1994 41/164

34

BRUNO

AURIOUX

naccorsi.

Celui-ci,

lorsque

Paul

II eut

jeté

les

Académiciens

en

pri-

son, fut,

on le

sait,

chargé

par

ses

camarades. Le

manuscrit st

donc

antérieur

1468,

date à

laquelle

la

«

conspiration

fut

châtiée. Cette

hypothèse

st d'autant

plus probable

que

l'on

sait avec

quel

soin

ont

été

grattés

es noms

compromettants

au

premier

chef

celui de

Callimachus

-

dans les manuscrits u

De

Honesta

v

lup

at

**.

Les deux autres manuscrits

ravitent

ien

dans le même cercle

l'écriture

u codex

B.

N.,

lat.

8

209

est

proche

de celle

que

pratiquait

Pomponio

lui-même

quant

au

Vaticano latino 6

803,

il

appartenait

à

Angelo

Colocci. Ils

dérivent

d'ailleurs tous deux

du

manuscrit

d'Oxford. L'élaboration d'un Apicius propreà l'Académie romaine

doit donc

être

placée

avant

1468,

c'est-à-dire vant

e tournant

majeur

que

constituera a

répression ontificale.

Car

il

y

a bien

un

Apicius

«

romain

». Le

modèle de cette

traditionn'est

pas

en

effet a

simple

copie

d'un

exemplaire

e la tradition

lorentine,

mais résulte

ussi de

la collation

des deux

manuscrits

arolingiens.

Le

meilleur andidat

pour

un

travail ussi

délicat

est évidemment

Pomponio

lui-même. Les

preuves

existent,

mais

celles

que

Mme

Milham

présente

nt le

désavantage

d'être

tardives.

Le

commentaire

que

Pomponio

consacra

au

traité

agronomique

de Varron

nous est

ainsi connu

par

un manuscrit e

1484,

même s'il

n'est

pas

exclu

que

le travail de préparation it commencé bien avant89.En tout cas,

Apicius y

est

cité,

visiblement e

première

main

et

Pomponio

Leto

peut

même

écrire

«

M.

Apicius

Caelius

qui

anéantit

uarante

mille

]

sester-

ces dans des

essais de

farcimina

saucisses

?]

et

de

plats

dont

les dix

volumes,

réduits en

compendium

(in

compendium

redacta

,

étaient entre nos

mains90.

Le traité

d'Apicius

est

également

tilisé

dans

le

commentaire e

Pomponio

au livre

X

du

traité

de

Columelle91,

ui

eut

les

honneurs

de l'impressiondès 1472. Mais ce commentaire été écrit en réalité

en 1467

au

plus

tard92.Là

aussi,

les

recettes

ont très

résumées,

ar

bien

évidemment

omponio

ne

retenait

ue

ce

qui

était utile

au com-

mentaire le

fait

qu'il

ait

peut-être

ravaillé

ur

un

recueil

d'extraits

significatifs,

oire de

notes sur

Apicius,

n'exclut

pas

de sa

part,

bien

88.

Mary

lla

Milham,

Platina

nd

Papal

Politics

,

dans

Du

manuscritla

table.

ssais

ur

a cuisineu

Moyen

ge

sous a dir.

e

C.

Lambert,

ontréal-Paris,

1992,

p.

81-84.

89.

Comme a

remarqué

osé

uysschaert,

ucun

émoignage

e

ubsistee 'acti-

vité

e

Pomponio

eto vant

467 t

sa

bibliothèque

étédétruiteors

e son rres-

tationn

mars

468

«

Les

manuels

e

grammaireatineomposésar omponioeto ,Scriptoriumt.VIII, 1954, . 101).

90.

Milham,

Toward Stemma

,

p.

293,

doc. .

91.

bid.,

doc.m.

92.

Virginia

rown,

Columella,

ucius unius

oderatus

,

dans .T.C.

t.

II,

Washington,

976,

.

175.

Page 42: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-26-printemps-1994 42/164

CUISINER

À

L'ANTIQUE

35

au

contraire,

un examen direct et minutieux es manuscrits

rinci-

paux.

Mais,

en

tout état de

cause,

il

ne s'est

pas

intéressé irecte-

ment au traité

d'Apicius.

À

moins

que

la

répression

de

1468 n'ait

réfréné es ardeurs.

À cet

égard,

le

rapprochement hronologique

u'a déjà

suggéré

Mme Milham

prend

tout son sens.

Lorsque

la

répression

'abat sur

ses

compagnons,

Pomponio

se

trouve en effet n

voyage

à Venise.

Il

est

possible

qu'il

ait alors collaboré

vec

ceux

qui préparaient

editio

princeps

des

Scriptores

ei rusticae

Il

en a aussi

peut-être rofité

our

examiner

de

plus

près

le manuscrit

picien

de

Fulda,

à cette

époque

entre es mains du cardinalBessarion,qui possédaitd'ailleurs aussi

un manuscrit

e Columelle.

L'intérêt

ue

Pomponio

manifestait

la

fin

des

années

1460

pour

l'agronomie

t la cuisine tait lors

partagé

par

l'autre

phare

de l'Aca-

démie

romaine,

Platina. Lui aussi se

réclamaitde

Caton,

de

Varron,

de

Columelle

et

d'Apicius.

Mais

contrairement

Pomponio,

il

reven-

diquait

haut

et fort e dernier

atronage,

dans

un

recueil

qui

révélait

parfaitement,

rop parfaitement,

es

centresd'intérêt

de

son

groupe.

Apicius

et

le De Honesta

voluptate

Les

motivations

e la

première

Académie

romaine,

e

genre

de

vie et

de travail

qu'on y

menait,

ne

sont

guère

faciles

à reconsti-

tuer93.

'emprisonnement

t les

tortures nt laissé

bien des traces

et

les

rescapés

se sont

attachésà dresser

devant

eur

passé

un écran de

fumée,

idés

par

des

biographes

élés

comme Sabellico.

D'autant

qu'à

partir

de

1478

s'est constituée

ne

seconde

Académie,

sur des bases

dévotes

t

nettement

lus

orthodoxes.

Aussi,

orsque

Sabellico

se

laisse

aller à révéler

a

jeunesse

un

peu

tumultueuse

u

maître,

'est

pour

immédiatement

ouligner

a

frugalité

e

patriarche u'il pratiquait

ans

les

dernières

nnées

de

sa

vie.

Il

n'empêche, e

note avec

intérêt

qu'avant 1468, il « participait ouvent de somptueuxbanquets»94.

Les

adversaires

de

l'Académie

ne

sont

évidemment

uère

plus

objectifs.

Mais

l'accusation,

traditionnelle,

ui

fut faite à

Pomponio

et ses

compagnons

de

ne rechercher

ue

le

plaisir

en

mangeant

de

la viande

en

Carême95,

st

peut-être

ussi

le refletde certaines

pra-

tiques

alimentaires,

lus

soucieuses

de mimétisme romain

»

que

de

conformisme

hrétien.

n

affectait,

armi

es membres

e la

première

93. Voir

es

aperçus

'Arnaldo

ella

Torre,

aoloMarsi a Pescina. ontri-

buto lla Storia

ell'Accademia

omponiana

Rocca .

Casciano, 903,

Vladimiro

Zabughin,iulioomponio

eto 2

tomes, oma, 909-1912,

t

plus

écemment

ohn

F.d'AMico, enaissanceumanismnPapalRome.HumanistsndChurchmenn

the

ve

of

the

Reformation

Baltimore-London,

983,

p.

89-112.

94.

uvenis

umptuose

t

requenter

onvivatus

st

Opera omponii

aetiVaria

Mayence,

521,

.

LXXXVIII

°).

95. Accusation

apportéear

Zabughin,

p.

cit.,

pp.

45-46.

Page 43: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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36

BRUNO AURIOUX

Académie,

de vivre à

l'antique

»,

en

portant

a

toge

et en ne dédai-

gnant

pas

la

paideïa

voire les cultes

païens

:

pourquoi

n'aurait-on

pas

cuisiné

l'antique

?

Les

pages

du De

Honesta

voluptate

ont d'ail-

leurs

pleines

de

plats

préparéspour,

voire

par,

des amis de Platina96.

Dans

cette

œuvre,

es membres

ermanents

u

groupe

aussi bien

que

ses

hôtes de

passage

apparaissent

ous

leurs urnoms

ntiquisants,

vec

leurs

maladies,

leur

goûts

et

leurs recettes

référées.

'est donc à la

fois un miroir

t un mémorial

e

l'Académie,

et

l'on

comprend our-

quoi

Platina a cherché

toute force à

faire

retirer e la

circulation

les

exemplaires

compromettants

ù le nom

des boucs

émissaires,

Callimachusou Glaucus apparaissaiten toutes lettres.

Mais

Apicius

a-t-il té autre chose

qu'une

référence

our

l'auteur

du

De

Honesta

voluptate

Rappelons que

Platina a

d'abord

conçu

le

projet

d'un

Epitome

de

Pline,

qu'il

a

peu

à

peu

élargi

aux dimen-

sions

d'un traité

ur

l'alimentation t la

santé,

où la

volupté épicu-

rienne e

tempère

ux vertus

d'un

stoïcismebon teint. La

rencontre,

probablement

urant 'été

1464,

avec

Martino,

cuisinier

du

cardinal

Trevisan renommé

pour

le faste de ses

banquets,

a été ici

détermi-

nante. Elle ne dut

pas

être

éloignée

de la découverte t de la

lecture

ď

Apicius.

Malgré es protestationse filiation nregistréesans le prologue

du De

Honesta

voluptate

l'influence du traité

d'Apicius y

est

mince97.Plus

que d'emprunts

directs,

c'est

d'inspirationqu'il

faut

parler.

l

est vrai

que

Platina a

savammentmêlé dans

ses

notices

es

différentes

ources

qu'il

utilisait,

u

point

de

les rendreméconnaissa-

bles. La recette ù

il

démarque

son

illustre

rédécesseur

n assaison-

nant le

poulpe

de

poivre

et

de

laser,

ne

peut

être

qu'une

exception

le laser

Ferula

asa

fœtida L.)

n'est en

effet

lus

employé

ur es tables

occidentales

depuis

le Haut

Moyen

Âge.

À

moins d'écrire un

traité

de cuisine

théorique,

ou

historique,

l

faut bel et bien

s'adresser au

praticien

e son

temps,

c'est-à-dire

Martino,plutôt qu'au gourmandd'un passé révolu,fût-il omain.

Ce

qu'on pourrait ppeler

1'«

apicianisation

du

vocabulaireest

en

revanchemanifeste ans

le

De

Honesta

voluptate y

comprispour

les

recettes

irées

de

Martino.

C'est

ainsi

que

Platina

traduit

par us

l'italien

brodo

qui peut

effectivement

ésigner

ussi bien le

bouillon

que

le brouet.

Quant

aux minutai et aux

patina qu'on

retrouve

chaque page d'Apicius,

ls

répondent

ux non

moins nombreuxmines-

tre

de

Martino. Plus

la traduction

st

savante,

mieux elle

cadre avec

96. En

attendant

'édition

ritique

e

Mary

lla

Milham,

l

faut e contenteres

incunablesnombreuxduDeHonestaoluptate.'aipourmapart tilisée com-mode ac-similée 'éditione 1475 PlatynaeehonestaoluptateVeniseLorenzo

d'Aquila,

vec rad,

ngl.,

.l.,

1967,

Mallinckrodt

oll.

of

Food

Classics,

ol.V.

97.

Les

nalysesui

uivent

eprennent

argement

elles

ue 'ai déjàdéveloppées

dans

ma

hèse,

es ivrese cuisine

op.

cit.y

.

ll,

pp.

786-790.

'y

envoie

our

outes

les

références

récises.

Page 44: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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CUISINER

À

L'ANTIQUE

37

l'atmosphère

antique

dont l'auteur veut recouvrir on œuvre le

blanc-manger

evient ainsi

leucophagium

étrange

néo-hellénisme

peut-être

nspiré

de

leucozomus

qui,

chez

Apicius,

qualifie

une

sauce

blanche

-

et derrière es ova

tarycha

se cache la

boutargue.

Plutôt

que

de

transposer

n

«

latin de cuisine

»

les termes de

la

langue

vulgaire,

latina a donc

choisi,

en

bon

humaniste,

e

reve-

nir à la

supposée pureté

de la

langue antique.

Ce

qui

ne va

pas

sans hésitation

la minestra st ainsi

traduite antôt

par patina

tan-

tôt

par

minutai tantôt

enfin

par

cibarium

qui

sert aussi

à rendre

brodetto

ou civero.

Son

«

intégrismeinguistique

conduit

parfois

Platina à l'absurdité ainsi de la traductionde tous les noms de

pâtes,

déjà

très diversifiées

l'époque

(macaroni,

ravioli,

asagne)98

par

un seul

terme,

esicium

qui

désigne

chez

Apicius

des

prépara-

tions

hachées à

la manière

de

quenelles.

Le mot est si

obscur

que

le traducteur

e

l'édition talienne

u

xvic

siècle le

transposera

son

tour en exicio sans

reconnaître onc

ce

qu'il mangeait

ous les

jours.

Même

si le

traité

d'Apicius

a

pu

donner Platina l'idée

d'orga-

niser

son œuvre

en dix

livres,

e cadre

du De Honesta

voluptate

est resté

médiéval

l'ordre de succession des notices ressortit ans

un

premier

emps

au

genre

du

régime

de

santé,

puis

reproduit

elui

du

Libro

de arte

coquinaria

de Martino.

Le rôle

d'Apicius,

avec

d'autres auteurs latins, se limite à ornerles réalitésdu tempsdes

couleurs

et des

mots rares du

passé.

Ainsi,

Platina,

faute de

pou-

voir trouver

du

garum,

donne

à

liquamen

le

sens inédit

de

graisse

de

porc

: comment

pourrait-il

e

passer

d'un mot

qui reparaît

dans

chacune des

recettes

d'Apicius

?

Le

traité

d'Apicius

est donc resté

une affaire de

lettrés,

au

XVe

iècle

comme

au IXe.

Il le

demeurera.

Angelo

Poliziano,

en

pro-

cédant

à une collation

minutieuse es

plus

anciens

manuscrits ans

les années

1490,

fait entrer

e

texte

dans le

champ

de

la

philologie,

il

se cantonnera

ésormais.

Le contraste st

frappant

vec le suc-

cès immédiat,considérableet européendu De Honesta voluptate

on ne

compte

en effet

u'une

édition

ncunable

d'Apicius,

et encore

bien

tardive

1498),

puis

seulement

inq

autres

jusqu'en

1542 et

aucune

traduction

n

langue vulgaire.

Certes,

en

Allemagne,

e

nom

d'Apicius

sera

utilisé,

si l'on me

permet

'expression,

n

peu

à toutes es sauces. Mais

la

Schola

Api-

tiana n'est en

fait

qu'une

collection

de

«

banquets

»

antiques

ou

humanistes

t

les

livres de cuisine

qui

se

réclament

'Apicius

ne

lui

empruntent

ucune recette .

Il

n'y

a rien là de très étonnant la

98. Cf.OdileRedon Brunoaurioux, La constitution'une ouvelleaté-

gorie

ulinaire

Les

pâtes

ans es ivrese cuisinetaliens

e

a

fin u

Moyen

ge

,

Médiévales

16-17, 989,

p.

51-60.

99.

Cf.

Mary

lla

Milham,

Apicius

n

the

Northern

enaissance,

518-1542

,

Bibliothèque

'Humanismet

de

Renaissancet.

32, 1970,

p.

433-443.

Page 45: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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38

BRUNO

AURIOUX

cuisine réelle

n'avait

que

faire de

recettes i

exotiques.

Apicius pou-

vait

permettre

ux humanistes 'exercer eur

talent

philologique,

mais

il ne fut

amais

leur livre de chevet.

Page 46: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-26-printemps-1994 46/164

Médiévales

6,

printemps

994,

p.

39-57

Francine

MORA

VIRGILE

LE

MAGICIEN

ET VÉNÉIDE DES CHARTRAINS

«

C'est du ciel

qu'est

descendu e

y

>û6l

eavTÓv

c'est-à-dire,

e

connais-toi

oi-même .

C'est sur ce vers de Juvénal

eproduit

t

glosé

par

Macrobe

que

se clôt le

prologue

du fameux

Commentaire ur les

six

premiers

ivres de

l'Énéide attribué

Bernard

Silvestre,

roduit

d'une réflexion

latonicienne

ur

l'épopée virgilienne

menée

par

les

maîtres

de l'école de Chartres1.Bernard

y

voit

en effet

dans Énée

une figurede l'âme humaine,tombée sur terredans la prisond'un

corps

mais

appelée

à

redécouvrir

eu

à

peu,

tout

au

long

d'un

par-

cours

rédempteur,

on

origine

divine,

grâce

à

l'acquisition

progres-

sive de

connaissances xactesdont es

gloses

de son

commentaire on-

nent

un

aperçu.

Ainsi,

e livre

V

de YÉnéide

-

les amours

d'Énée

et de Didon

-

donne

principalement

ieu

à un assez

long développement

ù

est

exposé,

sur

un mode

purement

médical

et

physiologique,

e

processus

d'apparition

de désirs

ensuels

visiblement

onsidérés omme

typiques

des débordements

uvéniles

«

voici

comment es excès de nourriture

et de boisson

mènent la saleté des désir sensuels dans la

digestion

interviennentuatre sortes d'humeurs un liquide, une fumée,une

écume,

une

lie.

[...]

Lorsque

l'excès

d'écume

est

trop grand,

ce

qui

arrive dans

les

orgies

et

les beuveries

rapuleuses,

l

est évacué

par

le

membre

viril,

qui

est très

proche

du ventre t

en dessous de

lui,

1 The

ommentary

n

the

irst

ix

books

f

the

Aeneid

f Vergilommonly

ttri-

buted oBernardus

ilvestrisy

d.

J.-W. ones t E. F.

Jones,

niversity

fNebraska

Press,

incoln-

ondres,

977,

.

3 :

«

De celo escenditothis

litos

id

est,

ognosce

te

(cf.

Macrobe,

ommentumn Somnium

cipionis

I, 9,

2).

Pour e

çlus

mples

détails

ur

e milieuhartrainu

xiie

iècle t a

lecture

latonicienne

e

YÉnéide

voir

notreivre 'Enéidemédiévale

t

a naissanceu romanà

paraître

ux P.U.F.

en

1994 ans a collectionPerspectivesittéraires. OnpensemaintenantuePauteurdu Commentaire'est asBernardilvestre,npoèteourangeaumi esChartrains,

maisBernarde Chartresn

personne,

e

plusprestigieux

es maîtrese

Chartres,

qui

forma uillaumee Conchest

indirectement)

ean e

Salisbury.

ignalons

ou-

tefois

ue

P. Dronke

Enciclopediairgiliana

t.

, Rome, 984,

ol.

59-65)

'en

ient

pour

a

part

l'attributionraditionnelle.

Page 47: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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40

FRANCINEMORA

sous formede

sperme,

c'est-à-direde semence virile 2. On

voit

comment a

passion

amoureuse

pathétiquement

ise en scène

par

Vir-

gile

n'est

plus envisagée

ci

que

sous

l'angle

d'une

phisica qui

fait du

corps

humain,

prison

de l'âme

incarnée,

on

principal bjet

d'étude,

sans doute

pour que

cette

me,

plus

consciente u

mécanisme es

dan-

gers qui

la

guettent,

uisse

mieux

travailler son

affranchissement.

Il

est du

reste très

significatif

ue,

si en cet

endroit Bernard

utilise

les Saturnales de

Macrobe,

ce soit le livre

VII,

consacré à

l'exposé

de

questions

médicales,

qui

l'intéresse3,

t non

pas

le

reste

du

recueil,

consacré à l'examen

ou à

l'éloge

de

Virgile.

l

s'écarte ici en

effet de l'exégèse traditionnelle es auteurs, où l'étude des voces

s'entremêle

oujours

à celle des

res

pour

se

rapprocher lutôt

d'une

encyclopédie

es

sciences

comme a

Philosophia

mundi

de Guillaume

de

Conches,

autre maître chartrain4.

Or

ce

passage

n'a rien

d'exceptionnel:

les

gloses

de

Bernard

reviennent

réquemment

ur des

questions

ntéressant oit

les sciences

de la nature

-

météorologie

u

cosmologie

-

soit

la

physiologie

humaine.Dans

ce

dernier

omaine,

l

s'attacheen

particulier

u

fonc-

tionnement u

cerveau5

sans doute

parce

que

c'est dans cette

par-

tie du

corps (la tête), que

sa

sphéricité arfaite

pparente

aux

sphè-

res

célestes6,

ue

se déroulent es

opérations

es

plus propres

déga-

ger progressivement'âme engluéedans la matière.Ainsi, si le gui

auquel Virgile ompare

e rameau

d'or,

symbole

de la

sagesse,

est

dit

«

entourer

es troncs

(

En

VI,

207 :

circumdare runcos

,

c'est selon

Bernard

parce que

«

la

sagesse

enclôt les

corps qui

ont

une

forme

ronde,

c'est-à-dire

es têtes

humaines,

orsqu'en

elles résident

es ins-

truments

es

cinq

sens

et

des autres

vertus de la

sagesse,

à

savoir

l'intelligence ou l'imagination

],

la

raison et la

mémoire 7. La

2. Éd.

Jones,

.

24,

1.

10-20

«

affluentiaumoris

iborumt

potuum

aliterd

libidinismmundiciamucit.

n

decoctioneumoris

uattuor

unt

liquor,

umus,

spuma,ex....) Cum utempumeimiast uperfluitas,uod ontingitncrapulo-

sis

omestionibust

brietatibus,

er

irilem

irgam

uia

ventri

róxima

st t

ubdita

in

sperma,

d est

emen

irile,

onversamittitur.

3.

Voir aturnales

VII, 5,

14

chapitre

raitantes

problèmes

e

'alimentation).

4. VoirGuillaume e

Conches,

hilosophia

undi

IV,

22

Patrologie

atine

t.

172,

ol.

4)

lesJones

op.

cit.,

.

1)

signalent

'ailleursa

parenté

es

deux

extes.

5.

Toujours

omme uillaumee

Conches

ans a

Philosophia

undi

IV,

24

«

de

cerebro

;

Patrologie

atinet.

172,

ol.

95ss).

6.

D'après

e Timée e Platon

45

A

:

«

à l'imitation

e a forme

e 'univers

ui

est

onde,

esdieux nchaînèrent

es

révolutions

ivines

...]

dans n

corps phérique,

que

nous

ppelons

aintenanta

tête,

aquelle

st a

partie

a

plus

ivine e nous t

commandeouteses utres

), relayé

ar

es aturnales

e Macrobe

VII,9,

17 «

pour

faire n

homme

ui

soit

n être

ivant,

l

faut ne

me,

ui

llumine

e

corps.

lle

l'illuminen demeurantn ui, tcette emeurestdans e cerveau. a natureuia donnéa formephériqueetcommellenous ient 'enhaut,lle 'estogée ans

la

partie

u

corps

umain aute t

sphérique

).

7. Éd.

Jones,

.

65,

1.12-15. a traduction

'ingenium

ait

ifficulté.'est 'ima-

gination

la faculté

ui

permet

e

percevoir

es

mages

n 'absencee a chose

ont

elles ont ssues

que

a

traditionédicale

lace

ans

a

première

ellule

u cer-

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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VIRGILE E

MAGICIEN

41

triade insi constituée

ngenium

ratio

memoria)

essine

lors de

glose

en

glose

le

cheminement 'un

progrès

ntellectuel

base

physiologi-

que

où l'âme

utilise

au

mieux les

facultés

du

corps pour

revenir

son

premier

tat,

Y

ngenium

découvrant,

a ratio

(ou

discernement)

faisant

n tri

parmi

es

découvertes t la

memoria onservant

'acquis

:

tels sont les dieux

que

l'âme-Énée amène avec

elle en

Italie8.

«

Les

portes

sous

la

voûte

»

du

palais

de

Proserpine

ù

Énée doit

déposer

en

guise

d'offrande e

rameau d'or deviennent

ans la

logique

de

cette

lecture,

ous

la

rotondité e la

tête

=

la

voûte),

les

cellules du cer-

veau

«

par lesquelles,

crit

Bernard,

omme

nous l'avons dit

plus

haut,

en exerçantY ngenium, a raison et la mémoire,nous parvenonsà

la

contemplation

es

choses célestes 9.

Ainsi

peut

être

conjuré,

au

termed'une

ascension

rédemptrice

t

sublunaire

Proserpine

figurant

le

cercle de la

lune),

l'avilissement e la chute

nitiale

ymbolisé

par

l'agitation

de la

mer,

image

d'un

corps perturbateur

car

lorsque

l'âme

s'incarne,

omme

l

est dit dans

la

glose

du

livre

,

«

une

épaisse

fumée,

montant la

tête,

remplissant

es

cellules et

les

artèresnatu-

relles du

cerveau,

paralyse

Yingenium

la

raison,

la

mémoireet

les

vertus

nimales

c'est

pourquoi

Énée et

ses

compagnons,

'est-à-dire

l'esprit

t ses

facultés,

ont

tourmentés

ar

les

mouvements e la

mer,

c'est-à-dire

ar

les flux et les

refluxdu

corps

»10.

Ces flux et

reflux

sont causés par une trop fréquente bsorptionde nourriture t de

boisson11,

onséquence

névitablede la

faiblesse

humaine

mais

aussi

prélude,

nous venons de le

voir,

aux

débordements

u

désir

sensuel

on

voit

comment a

physiologie

bernardienne,

'inspiration

platoni-

cienne,

parvient

dessiner errière

Énéide

grâce

aux

métaphores

up-

posées

de

Yintegumentum12,

n

projet

métaphysique

ohérent

bases

scientifiques

n

s'appuyant

sur la

vulgate

des

connaissances

hartrai-

veau.

Toutefois,

uillaume

e

Conches éfinit

'

ngenium

omme vis

naturalis

d

aliquid

ito

ntelligendum

ou

«

vis

nimi

d

aliquid

ito

ercipiendum(

Glosae

uper

Platoneméd. E.

Jeauneau,aris, 965,

.

65

et

306),

lors

ue,

elon

ui,

Yimagi-

natio 'est ue« vis uapercipitomo iguramei bsentis. Onpourraitompren-

dre

Yingenium

e

Bernardu sens

'imagination

réatrice,

ne

magination

ui

ne se

réduit

as,

comme ans

a

tradition

édicale,

un

simple

onservatoire

'images.

8. Cf. éd.

Jones,

.

47,

1.

2-6,

ù est

xposée

e

façon

ystématique

oute ne

physiologie

u cerveau.

9.

Éd.

Jones,

.

114,

. 13-15

«

atque ornice

fornix

sthumanum

erebrum

testudineum.ortas

id

est ellulas.er

has nim t

upradiximus

xercendo

ngenium,

rationem,

emoriamelestia

ontemplationengredimur

;

cfEn

,

VI,

631-632.

10. Ed.

Jones,

.

11,

1.6-9

«

unde

pissus

umus

d

capud

scendens

atura-

les erebriellulast rterias

mplens

im

ngeniitque

ationist

memoriet

virtutes

animalesetardat.

taque

is

ommotionibus

aris,

d est

nfluxionibusteffluxioni-

bus

corporis,

neas t socii

jus,

d est

piritus

t

ejuspotentie,

exantur.

11. bid 1.3-5

«

in

hominenim

unc imius

iget

alor

naturaliter

uoniam

ad resistendumuenature

onsumptive

t se alendum

requentem

iborum

t

potuuminfluxionemt effluxionemeposcit.

12.

Sur

ette

echnique

ise u

point ar

'école e

Chartres,

ui

permet

ne

nter-

prétation

llégorique

es

textes

ntiques,

oir .

Jeauneau,

L'usage

e la

notion

Yintegumentum

traverses

gloses

e

Guillaumee

Conches

,

Archives

'histoire

doctrinalet ittéraireu

moyen-âge

t.

32,

1957,

p.

35-100.

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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42

FRANCINE

MORA

nes. Dans cette

perspective,

irgile

devientun

physicus pour

repren-

dre le nom

que

s'attribueà

l'occasion

Guillaume de

Conches13.

Dans

la

hiérarchie u savoir

qu'il

instaureen

glosant

l'arrivée

d'Énée en

Italie,

pays

du

développement ntellectuel14,

ernard

met

d'ailleurs

au

premier lan,

devant

'éloquence

et la

poésie,

les scien-

ces dites

exactes. Les arces altus

d'En., VI, 9,

«

les

sommets ù

Apol-

lon

règne

dans les hauteurs

,

représentent

n effet

our

lui la

sapien

tia theorica

c'est-à-dire

a

theo

ogia,

la

mathematica

t la

phisica

«

que

in

scientia

ultra

ceteras artes

precellunt

et

pour

cette raison

sont

qualifiées

ď altus15.

Quant

à la

«

roche eubéenne

(En.,

VI,

42)

dans laquelle est creusél'antre de la Sibylle,elle lui inspire out un

développement

ur les artes

philosophice

qu'il

subdivise n deux

caté-

gories

la

philosophia

theorica

t la

philosophiapractica16.

a

«

phi-

losophie pratique

ne

joue

pas

un

rôle

négligeable

elle

représente

le

versant

thique

de toute

philosophie.

Mais l'autre

versant,

théo-

rique

»,

c'est-à-dire

hysique

t

métaphysique,

ntéresse ernard

bien

davantage

encore

c'est

à lui

qu'il

réserve 'essentielde

sa

glose

sur

la

grotte

de

la

Sibylle,précisant ue

cette

partie

de

la

philosophie

e

consacre à

l'étude des

incorporalia

t

se

subdivise en trois

sciences

hiérarchisées

la

première,

a

theologia

contemple

les

substances

invisibles

(le

Créateur

et

sa

sagesse,

l'âme du

monde,

les

anges),

la seconde, la mathematica travaille ur « les quantitésvisiblesdes

choses visibles

,

enfin

a

troisième,

a

phisica

étudie

«

les

causes

invi-

sibles des choses visibles

17. La

philosophia

theorica st donc la

plus

profonde

ou

la

plus

haute)

des

sciences,

e

que symbolise

Yalta

spe-

lunca de la

Sibylle18,

t les cent accès

qui

mènent

son antre

sont

les innombrables

hilosophies

ntiques19.

ette

façon

de

concevoir a

hiérarchie es sciences

nflue

forcément ur la

conception

de l'œuvre

d'art.

13. Voir

.

Jeauneau,

Note

ur

'école e

Chartres

,

Studi

Medievalli3e

érie,

5e

nnée,

ase.

,

déc.

1964,

p.

821-865

p.

851).

14.D'après Expositioirgilianaeontinentiaee Fulgenceve .), Tunde ses

grands

odèlesl'Italie st

glosée ar

ncrementum

«

développement

), parce ue

Fulgence

tablissait

etteérie

'équivalences

Italia

=

Ausonia ausenin

a.

&veiv)

(Éd.

Jones,

.

20, 1,

8-10 t

Fulgence,

pera

éd. R.

Helm,

eipzig,

eubner,

898,

p.

104,

1/3-6).

15.

Ēd.

Jones,

.

35-36

«

arces

theologia,

athematica,

hisica,

ue

n

scien-

tiaultra

eteras

rtes

recellunt.

ltusn

quantum

d

comparationemoesis,

mecha-

nice,

loquentie.

el ltadicitur

hilosophia

uia

per

heologiam

lta

omprehendit.

Presídete

d

est

apientia

heorice,

d

est

theologie

t

mathematicet

phisice

.

16. Ed.

Jones,

.

40,

1.22-23.

17.

Éd.

Jones,

p.

40-41

«

ilia

pars

hilosophie,

d est

heorica,

taest

xcisa,

id est se

separata.

ividiturnim

er heologiam

t

mathematicamt

phisicam.

heo-

rica

namque

a

contemplatur

n

quibus

ractica

equit

gere,

d est

ncorporalia.

t

quoniamncorporeorumria unt enera,res untpeciesheoriceontemplantispsa(...). Contemplaturamqueheologianvisibilesubstantias,athematicaisibilesisi-

bilium

uantitates,hisica

nvisibilesisibilium

ausas

.

18.Cettelta

pelunca

épond

ux

rces ltus

Apollon

si

r

djectif

st e

même,

les

métaphores

ont

ifférentes,

ien

ue

eurs

onnotationsoient

oisines.

19. Ed.

Jones,

.

41,

1.15-21.

Page 50: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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VIRGILE E MAGICIEN 43

L'objet

de cette tudeestdonc de se demander i le

Virgile hysi-

cus élaboré

par

les

Chartrains

'a

pas joué

un certain ôle

dans

l'appa-

rition,

vers

le milieu

ou

la

fin

du XIIe

iècle,

donc

dans

la

probable

période

de diffusion

u

commentaire

e

Bernard,

de ce

que

l'on est

convenu

d'appeler

la

«

légende

de

Virgile

.

Certes,

sur

le

Virgile

magicien

qu'a peu

à

peu

façonné,

du

XIIe au XVe

iècle,

'imaginaire

médiéval,

es études

critiques

ne

manquent

pas.

On

sait

que

D.

Com-

paretti

vait

déjà

consacré à l'examen de

cette

question

une bonne

moitié de son

ouvrage20,

et

après

lui J.-W.

Spargo

a

repris

de

manière

approfondie

'ensemble

du

dossier21.Nous ne

prétendons

donc pas nous livrer ci à un examen exhaustif e toute a tradition

nous

voulons

simplement,

n relisant es

quelques

textes atins

ui

sem-

blent avoir

été,

dans

la deuxième

moitié

du

XIIe

iècle,

les

premiers

propagateurs

d'une

réputation

de

magicien

attachée à

l'auteur de

YÉnéide

voir si

l'origine

et

le

contenu de ces textesne

peuvent

pas

laisser

soupçonner

'influence,

ur la naissance de cette

réputation,

d'une lecture

endant

fairede

l'épopée

virgilienne

ne

encyclopédie

à dominante

cientifique.

Des

croyances

napolitaines

ous le

regard

des clercs

Ce n'est

pas que

nous voulions

nier

l'existence

préalable

de

croyances

ocales

tendant fairede

Virgile,

omme 'a

suggéré

e

pre-

mier D.

Comparetti

t comme

s'y

sont accordés

après

lui

la

plupart

des

critiques,

une sorte de

protecteur

de la

cité

de

Naples22.

La

chose

serait

difficile,

uisque

sur les

quatre

témoignages

atins

que

nous

a laissés le

XIIe

iècle,

deux au moins se

présentent

omme

des

témoignages

culaires Conrad de

Querfurt,

vêque

de Hildesheim t

chancelier

de

l'empereur

Henri

VI,

affirme

n

effetdans

une

lettre

écrite

de Sicile en

1194,

il

s'applique

entre

utres choses

à

décrire

Yoperosumopus VirgiliiNeapolin

23

,

avoir

personnellement

enu en

mainsune maquettede la cité enfermée ans une bouteillede verre,

talisman

magique

destiné

garantir 'intégrité

e

Naples,

mais

qu'il

20. D.

Comparetti,

irgilio

elMedio

vo 2

vol.,Livourne,872,

.

I

Vir-

gilio

nella

eggendaopolare

).

21.

J.W.

pargo,

Virgil

heNecromancer

Cambridge

Mass.),

Harvard niver-

sity

ress,

934.

22. D.

Comparetti,

irgilioop.

cit

,

t.

I,

ch. et 3. Voir ussiA.

Graf,

Roma

nella

memoria

nelle

mmaginazioni

elMedio vo

Turin, 883,

.

I,

pp.

196-258

(ch.

XVI

«

Virgilio

)

-

qui pense

outefois

ue

Comparetti

tablit ne

igne

e

démarcation

rop

ranchée

ntrea

légendeopulaire

t

a traditionittéraire

J.W.

Spargo,Virgil,p.cit., p.

100-116

ch.

II

:

«

Saint

irgilius»)

-

qui

établitn

parallèlevec eprotectorat'Aristoteur alerme et,plus écemment,.Céard,

«

Virgile,

n

grand

omme

oupçonné

e

magie

,

dans résencee

Virgile

Caesaro-

dunum lIIbis

éd. R.

Chevallier, aris,

es

Belles-Lettres,

978,

p.

265-278.

23.

«

L'œuvrefficace

e

Virgile Naples

;

la

partie

u

texteatin e Conrad

relative

Virgile

st

eproduite

hez

.

Comparetti,irgilioop.

cit.,

.

I,

pp.

185-186.

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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44

FRANCINEMORA

se

flatte d'avoir

rendu

inopérant24

et

Gervais de

Tilbury

raconte

longuement

ans ses Otia

imperialia rédigés

en

1212

pour l'empe-

reur

Otton

V,

comment,

u

cours d'un

séjour qu'il

fit à

Naples

en

1190,

il

eut

personnellement

'occasion

de vérifier'efficacité e deux

têtes de

marbre

placées

par Virgile

à droite et à

gauche

d'une des

portes

de la

ville et destinées

procurer

tout

arrivant,

elon le côté

par

lequel

il

passait,

une

bonne ou une mauvaise fortune25. out au

plus

pourrait-on,

omme

l'a fait

adis

W.

Vietor26,

mettre n doute

la fiabilité

e ces

témoignages

D.

Comparetti

ui-même ait

de

Con-

rad

-

humaniste

assionné

persuadé

d'emblée

que

l'Italie est une terre

de prodiges, t prompt plaquer des souvenirs ittéraires ur la réa-

lité

perçue

de

visu

-

un

portrait

e nature à affaiblir a valeur de

ses

affirmations27. ais

le cas

de

Gervais,

comme nous le verrons

infra

est

différent et

l'existence

de

croyances

ocales

rattachées

Virgilepar

les

Napolitains

à cause

de la célébritédu

poète,

et aussi

d'une

tradition ien

attestée

ui plaçait

son tombeau à

Naples28,

n'a

en soi rien

d'invraisemblable.

D'une

part

en

effet,

Gervais

comme

Conrad

font tat

du

pouvoir

tutélaire xercé

par

les ossements

e

Vir-

gile,

conservés

elon

eux à

proximité

e la

cité29,

t d'autre

part

une

bonne

partie

de l'œuvre

bénéfique

attribuée u

poète

consiste en la

fabrication

e talismans

une

mouche de bronze

qui

chasse les autres

mouches,un cheval de bronze qui protègetous les autreschevaux,

un

homme de

bronze

qui

tient

n

respect

e

Vésuve30.

Or la

croyance

24. En démantelant

es

remparts

e la cité ur 'ordre e sonmaître enri

I,

lorsd'une

xpédition

ictorieuse

ontree

royaume

e Sicile.

25. Gervais

e

Tilbury,

tia

mperialia

III,

12

on

peut

onsulteres Otia

imperialia

ans

'édition

artielle

e F.

Liebrecht, anovre,

856.

e texte

ntégral

se trouveans es

Scriptores

erum

runsvicensiume G. W.

Leibniz, vol.,

Hano-

vre,

707-1711,

.

,

pp.

881-1006,

t 'on

peut

maintenant

isposer

e 'utile raduc-

tion

'A.

Duchesne,

e Livre es

Merveilles

Paris,

es Belles-Lettres

coll.

La Roue

à

Livres

),

1992

pp.

27-34).

26. W.

Vietor,

Der

Ursprung

er

Virgilsage

,

Zeitschriftür

omanischehi-

lologie,t. , 1877, p.165-178.

27. Voir

.

Comparetti,

irgilioop.

cit.,

.

I,

ch.

(début

u

chapitre)

Con-

radcroit etrouver

ans

peine

n

talie,

u

cours e son

voyage,'Olympe,

e Par-

nasse,

a source

ippocrène,

harybde

t

Scylla,

t e

labyrinthe

u Minotaure

en

fait,

e théâtree

Taormina).

28. Voirnotammenta

Vita

Vergilii

e Donat

éd.

C.

Hardie,

Oxford,

966,

p.

14)

t

e Carmen

X

de Sidoine

pollinaire

v.

217-220éd.

Loyen, elles-Lettres,

t.

,

p.

89)

tous extes

entionnés,

vec

'autres,

ar

D.

Comparetti,

irgilio,p.

cit. .

I,

ch.3.

29.

Conrad

ffirme

ue

es

ssements,

onservésans n

hâteau

ntourée toutes

parts ar

a

mer,

échaînent

a

tempête

ès

qu'on

es

expose

l'air

«

cela,

onclut-

il,

nous

'avons u

et vérifié

(« quod

nosvidimust

probavimus

;

D.

Comparetti,

Virgilio

op.

cit.,

.

I,

p.

186).

Gervais

apporteuant

lui

Otia

mperialia

III,

112)unehistoirelus onguetplus laboréeù il est uestion'un avantnglaisdutempsu roiRogereSicile, ésireux'emportervec ui esprécieuxssements

mais,

evant

'opposition

u

peuple

apolitain,

orcé

e se contenter

'un ivre

y

rs

notoria)ui

se trouvait

vec ux

cf.

D.

Comparetti,

irgilio

op.

cit.,

.

I,

ch.

3).

30. Conrad

mentionne

es rois

alismans,

ervaiseulemente

premier

t e

troi-

sième.

Page 52: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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VIRGILE E

MAGICIEN

45

en ce

type

de statues

protectrices

st bien

attestée ès

l'époque

méro-

vingienne

ar

Grégoire

de

Tours,

avec

l'anecdote du

serpent

t

du

loir d'airain

déposés

dans

l'égout

du

Pont-Neuf31.On

peut

donc

supposer

vec D.

Comparetti ue

la

présence

Naples

de

monuments

ou de statues

ntiques

dont

'origine

'était

perdue

a

donné

une

assise

matérielle

ux

croyances

u

peuple napolitain

omme aux

spéculations

des

clercs32.

Ce

qui

nous

importe

ci

toutefois,

lus que

l'impossible

repérage

de

l'origine

d'une tradition

rale,

c'est le

problème

de la

réception

par

ces

clercs ettrés

pas

même

italiens,

du

reste,

mais

anglais

et

allemands- de ce qui peut en effet pparaître omme un ensemble

de

croyances

ocales. Car la

question

e

pose

de savoir

pourquoi

cette

tradition

égendaire

dont

l'apparition peut

être

renvoyée

l'époque

mérovingienne,

oire aux

premiers

iècles

de notre

re,

ne

surgit

ans

les textes

atins des litterati

ue

dans la deuxième

moitié du

XIIe

iè-

cle.

La

réponse

a

plus

vraisemblable st

qu'une conjoncture articu-

lièrement avorable a facilité ette

opération

de

transfert,

u

cours

de

laquelle

la tradition

upposée

locale a d'ailleurs dû

subir un cer-

tain nombre

de

transformations.t si cette

onjoncture mprunte

ans

doute certains

e

ses éléments

la

situation

olitique

-

l'installation

d'une

dynastie

ormande ans le

royaume

de Sicile tendant

ar

exem-

ple à multiplieres contacts entre 'Angleterre, lle aussi gouvernée

par

des

souverains

normands,

t le

sud

de la

péninsule

talienne33

elle doit

aussi avoir été

tributaire

e certains

processus

culturels.

En

d'autres

termes,

'hypothétiques

royances

apolitaines

elatives

Vir-

gile

n'ont

pu

susciter 'intérêtdes clercs

qu'à partir

du

momentoù

a

pu

s'établir

-

éventuellement ondée sur un malentendu

une

apparente

coïncidence ntre e

que

semblaient

mpliquer

es

croyan-

ces et

l'image

que

se

forgeaient

es litterati e l'œuvre

virgilienne,

onc

de son auteur.

Car

au sein

du

monde

lettré,

franco-anglais

otam-

ment,

une attente

arcourue

e

rumeurs emble voir

préexisté

l'opé-

31.

Grégoire

e

Tours,

istoria

rancorum

VIII,

33

cesdeux alismans

taient

censés

rotéger

aris es

erpents,

es oirs tdes ncendiesvoir . Comparetti

Vir-

gilio

op.

cit. .

I,

début u ch.

3), qui

fait n

outre tat e réalisations

nalogues

attribuées

ar

es

Byzantins

u

philosophepollonius

e

Tyane.

f.

J.

W.

Spargo,

Virgil,

p.

cit.

p.

69ss

ch.

I :

«

the alismanicrt

).

32.

VoirD. Comparetti

Virgilio,p.

cit.,

.

I,

ch.

3),

qui

affirme'existence

du

portail

ux

deux

êtes,

u cheval e bronzet de a statue e l'archer

'après

e

témoignage

e

J.

Scoppa,

n

crivain

apolitain

u début u

xvie

iècle cf

A.

Graf,

ibid.,

.

I,

p.

229.On

sait,

ommee

rappelle

'ailleurs

.

Graf

Ibid.,

.

,

pp.

44-77

et

109-151),u'à

Rome es

vestiges

e statuest de monuments

ntiques

nt uscité

des

péculations

nalogues,

omme

'attestent,

partir

u

xiie

iècle,

es

guides our

pèlerins

ntitulés

irabiliarbis omae.

33.

Rappelonsar xempleue

Gervais

e

Tilbury

ntra omme

uriste

u ser-

vice e GuillaumeI leBon, ernieroinormandeSicile,ié u souverainlantage-

nêt

par

son

mariage

vec sa fille Jeanne

A.

Duchesne,

op.

cit.,

p. 3).

J.Céard

«

Virgile

,

art.

it.,

.

269)

mentionneussi

juste

itrea

présence

es

Impériaux

évidente

ans e cas de

Conrad)

t eur

mpute

a diffusion

e a

légende

en

Europe.

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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46

FRANCINE

MORA

ration

de

vérification

menée sur

place par

Conrad et

Gervais,

qui

ne

constituerait

onc

que

la

deuxième

étape

de

réception

de la

légende.

Le

plus

ancien texteoù

P

on

voit

apparaître

'un des

éléments at-

tachés

ensuite la

légende

de

Virgile

la

fabrication,

Naples,

de

la mouche de bronze

-

est

en effet e

Policraticus

de

Jean

de Salis-

bury 1159),

et

bien

que

l'auteur

ait fait

à cette date

plusieurs

voya-

ges

en

Italie,

il

ne se réfère

nullement une

expérience

vécue ou à

une

croyance

recueillie

ur

place,

présentant

lutôt

'anecdote

comme

un

exemplum

moral transmis

ar

une tradition

ndéterminée

fertur)

il

s'agit

de

savoir s'il

faut

préférer

on

plaisir

privé (en fabriquant

un oiseau capable d'attraper ous les autresoiseaux) ou l'utilité ubli-

que (en fabriquant

ne

mouche

capable

de

chasser toutes es

autres

mouches)34.

D.

Comparetti

omme A. Graf

ont reconnu

«

il

carat-

tere

manifestamente

etterario de cette

anecdote

qui

fait

ntervenir,

aux côtés du

vates

Mantuanus

le

destinataire e

YÉnéide

Auguste,

et son neveu

Marcellus,

évoqué

par

Anchise dans un

passage

fameux

du

livre

VI35.

Dès son

apparition

dans

les

cercles

ettrés,

a

légende

d'un

Virgile

uteur de talismansne

paraît

donc

pas

en totale

rupture

avec une œuvre

poétique que

Jean

de

Salisbury,

nous le

savons,

con-

naît

par

ailleurs

fortbien et

interprète

olontiersdans une

optique

chartraine d'autre

part,

la brièveté llusive de

l'anecdote

peut

lais-

ser supposerl'existence ous-jacentede connaissancesdéjà commu-

nes

à

l'auteur

et à

ses

lecteurs,

de

même, d'ailleurs,

que

l'allusion

encore

plus

brève

de

YApocalypsis

Goliae

episcopi

datée de

1180 envi-

ron

et

jadis

attribuée Gautier

Map

:

«

formantem

video)

aereas

muscas

Virgilium

.

Dès avant la dernière écennie du

XIIe

iècle,

époque

des vérifi-

cations sur le

terrain,

emble donc se constituer t

se

répandre

dans

le monde savant des clercs

nglais

'image

d'un

Virgile xpert

n

talis-

mans, c'est-à-dire,

ans

l'esprit

du

temps,

en

réalisationsde carac-

tère

magico-technique.

ient

nous

le

confirmer,

ntre 1180 et

1190,

le traitéd'Alexandre

Neckám

sur

«

la

nature

des choses

»,

De

natu-

ris rerum Ce derniern'est sans doute jamais, de son propreaveu,

allé en Italie36 mais

il connaît a

compétence

de

Virgile

n matière

34. Policraticuséd. C.

Webb, vol.,Oxford,

larendon

ress,

909,, 4,

«

de

venatica,

...)

et

xercitioicitot llicito

)

:

«

fertur

atesMantuanus

nterrogasse

ar-

cellum,

uum epopulationi

vium ehementius

peram

aret,

n avem

malletnstrui

in

capturam

vium,

n

muscam

nformarin

exterminationem

uscarum.

uum

ero

quaestionem

d avunculumetulisset

ugustum,

onsilio

jus

praelegit

tfieret

usca,

quae

ab

Neapoli

muscas

bigeret,

t civitatem

peste

nsanabiliiberaret

;

«

ceci

prouve,

onclut

ean,

u'au plaisir rivé

l

faut

référer

utilité

énérale

.

35. D.

Comparetti,

irgilio

op.

cit.,

.

I,

début

u ch.

3

et A.

Graf,

Roma

op.cit, t. I, p.239.Cf.En, VI,882ss « Heu,miserandeuer,iquafata sperarumpas/Tu Marcellusris ; l'émotion'Octaviesœur 'Augustetmère u eune

homme)

l'auditione cesvers st

rapportéear

Donat Vita

Vergilii

éd. C. Har-

die,Oxford,

966,

.

13),

qui

attireinsi 'attentionur

e

passage.

36. Comme

e

reconnaît

.

Comparetti,

irgilio,

p.

cit

,

t.

I,

fin

u

ch.

2

;

cf. A.

Graf,

Roma,

p.

cit.y

.

I,

pp.

225-226.

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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VIRGILE

E

MAGICIEN

47

de

talismans,

remplaçant

outefois

a

mouche et le

cheval

par

une

sangsue

en or

jetée

au fond d'un

puits

afin

d'éloigner

outes es

sang-

sues de

Naples

;

et

il

ajoute

à ce

premier

xploit

toute une

série

d'autres

prouesses

echniques

la construction 'un

marché

où,

grâce

à la vertu

de

certaines

plantes,

a viande se maintenait

raîche

plus

de

cinq

cents

ans,

l'édification d'une muraille d'air et d'un

pont

aérien,

enfin 'érectiond'un

palais

destiné assurernon

plus

la

pro-

tectionde

Naples,

mais

celle de

Rome,

grâce

à un

système

d'auto-

mates

capable

de déceler t de dénoncerdans

les

provinces onquises

toute tentative e rébellion37.

insi

se

vérifie,

dans

la

personne

de

ce clerc qui futfrèrede lait de Richard Cœur de Lion et abbé de

Cirencester,

mais aussi

professeur

Paris,

l'existence n

Angleterre

et

dans

l'Ouest de la

France,

donc dans

un

milieu

qu'on peut

suppo-

ser

exposé

à

l'influence

hartraine,

'existence

de toute une fermenta-

tion ntellectuellettachée

l'image

d'un

Virgile

echnicien. 'une fer-

mentation

ui

a

pu

tirer

parti

de tous

les

quiproquos

verbaux

J.

W.

Spargo

ne

suggère-t-ilas

que

l'idée d'un

marché

macellum)

apa-

ble

de rendre a viande

imputrescible

détail

qui

se retrouve hez

Conrad comme chez Gervais

-

a

pu

venir d'une mauvaise

lecture

du nom de

Marcellus

associé

par

Jean

de

Salisbury

celui

du

Vir-

gile

auteur de talismans38

Virgile

paradigme

de Yhomo technicus

Pour vérifier

e

qui

ne resteencore

qu'une hypothèse

l

est

tou-

tefois

nécessaire,

près

D.

Comparetti

t

plus

récemment .

Céard,

d'examiner

e vocabulaire

employépar

les

premiers apporteurs

e la

légende.

Après

avoir

évoqué,

à

propos

de la fondationde

Naples,

les

«

incantations es

philosophes

(cantusphilosophorum),

onrad

parle

assurément

e

magie

de

magica

arte à

propos

de la

maquette

tuté-

laire enfermée

ans une bouteille

de

verre,

t de

magicis

ncantatio-

nibusà proposdu cheval de bronze39.Mais comme 'avait déjà bien

37.

Alexandre

Neckám,

e naturiserum

ibri uo

L.

II,

ch.

174

éd.

Th.

Wright,

ondres,863,

p.308-311)

texte

eproduit

ar

D.

Comparetti,

irgilio

op.

cit.,

.

I,

pp.

192-193.

38.

J.W.

pargo,

Virgilop.

cit.,

.

81-82

«

the lose

imilarity

n

spelling

f

macellumndMarcellum

especially

n

the

blique

ases,

as ed o a

conjecture

hat

the deaof the

meat-markets dueto confusionetweenhe wowords

;

l'auteur

reconnaît

outefois

ue

cette

ypothèse

éduisante'est

tayée

ar

ucune

reuve

mais

il

recourt

u

même

ype

e

ogique

erbale

propos

e a mouchee

bronze,

n

rap-

pelantue

dans

es

biographies

irgile

st it avoir ait n

moustique

-

le

poème

Culex

fecit

t culicemibid.

pp.

74-75). omparetti

upposait

éjàque

'idée 'un

protectoratxercéarVirgileurNaplesqui pparaîthez'ItalienlexandreeTélèsedès1136) ouvaittre ue une onfusionerbale,énèqueans esQuaestionesatu-

rales

L. VI) ayant

crit

u'un

iolent

remblemente terre

avagea

a

Campanie

ous

le consulat

e

Régulus

t de

Virginius

mais

ue

Naples

ut

eu

ouchée

ar

e fléau

(D. Comparetti,

irgilio

op.

cit.,

.

I,

fin

u ch.

3).

39. Voir .

Comparetti,

irgilio

op.

cit.,

.

I,

p.

185

«

...muros

ivitatis

jus-

Page 55: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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48

FRANCINEMORA

vu D.

Comparetti,

t comme

e

souligne

son tour J.

Céard,

il

faut

ici

se

garder

de tout

anachronisme

«

ces

expressions

ne

suggèrent

aucunement l'idée

d'un

pouvoir d'origine

diabolique

;

il

s'agit

d'aspects opératoires

e

la

philosophie

naturelle ̂ .

Depuis

la monu-

mentaleétude

de L.

Thorndike41,

es

historiens es sciences

nsistent

en effetvolontiers ur

les

rapports

existant ux

XIIe

et

xiiie

siècles

entre

a

magie

et la science

expérimentale

u,

pour parler

comme P.

Thuillier,

a technoscience42.

Le

modèle du

genre

est

certes

un

peu postérieur l'époque qui

nous intéresse

uisqu'il

s'agit

de l'œuvre du franciscain

oger

Bacon,

composéevers e milieudu XIIIe iècle,dont L. Thorndike bien sou-

ligné

sur ce

point

'ambiguïté.

Passionné

par

la scientia

experimenta-

lis au

point

de

lui

consacrer

une section

éparée

de son

Opus majus

Roger

Bacon,

malgré

de nombreuses éserves

xpressément

ormulées

à rencontredes arts

magiques,

ne

peut s'empêcher

de revenir ons-

tamment

ur

eux,

comme

par

une

sorte

de

fascination c'est sans

doute

qu'il

voit dans leurs

pratiques

fficaces si blâmables soient-

elles à certains

gards

-

un modèle dont son

experimentátor our-

rait éventuellementirer

parti

«

as William of

Auvergne

ssociated

experimentation

ith

magic

rather han with

cience,

o Bacon seems

to

regard

natural science

as

largely

speculative,

and

confirms

he

impression ...) thatmagicianswere the first o "experiment",and

that

"science",

originally

peculative,

has

gradually

taken

over the

experimental

method from

magic

»43. Mais

nous savons

que

dès

la

première

moitié

du XIIe

iècle,

comme e

rappelle

d'ailleurs P. Thuil-

lier,

avait

déjà

pris

naissance

parmi

es

maîtres hartrains l'idée

de

recourir

ystématiquement

l'expérience

t à la raison

...) (pour)

éla-

borer des

interprétations

ecundum

physicam

c'est-à-diredes inter-

dem,

uos

antus

undavitterexit

hilosophorum

imperialisussionis

andatoes-

truere

eberemus.on

profuit

ivibus

llis ivitatis

jusdemmago,

n

ampulla

itrea

magica

rte b

eodem

irgilio

nclusa

...)•

In

eadem

ivitatest

quus

ereus,

agi-

cis ncantationibusVirgilioiccompositus.

40. J.

Céard,

«

Virgile

,

loc.

cit.,

p.

271

cf. D. Comparetti

Virgilio

op.

cit

,

t.

I,

ch.

3), qui

voit ans

Y

rs

magica

ne onnaissance

es

secretse la

nature,

n se

fondant

ur

a définition

u'en

donne lbert

e

Grand,

t

dans e

Vir-

gile

de cette

remièreéception

e la

légende

e

paradigme

u savant

«

il

dotto

)

plutôt

ue

celui u

mage.

41.

L.

Thorndike,

History

fMagic

nd

Experimental

cience

8 vol.),

olum-

bia

University

ress,

923-1958

voir

otammente t.

I,

consacréux

xne

t

xiiie

iè-

cles).

42. P.

Thuillier,

Magie

t technosciencela

grande

mutationu

Moyen

Âge

,

La

Recherche

223,

uillet-août

990,

p.

862-873

l'intéressanteémons-

tration

enée ans et rticle

qui 'inspireeaucoup

es ravauxe

Thorndike)

ous

a étéfort tile.

43. L. Thorndike,Historyf Magicop.cit., . I, pp.651-652voir ussi,plusargement,outea démonstrationespp.649-666.f. P. Thuillier, Magie,

art.

it.,

.

868

«

cet

tinéraireers

"'

expérimentationcientifique"

eut araître

ien

contourné.

ais e fait st

que

a

"magie"

'incarnaitansdes

opérations

isant

l'efficacité,

ans es

pratiques.

ux

yeux

e

Bacon,

'étaient

es

ctivités

echniques

fondées

ur

'expérience

(c'est

'auteur

ui souligne).

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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VIRGILE E

MAGICIEN

49

prétations

ue

nous

appellerions

cientifiques

**.

L'intérêt

'un

Guil-

laume

de

Conches

et d'un

Bernard Silvestre

pour

l'astrologie

et

la

géomancie,

onsidérées on seulement omme

des sciences xactes

mais

aussi

comme un ensemblede

techniques

pératoires,

emble

déjà pré-

figurer

'intérêt e

Roger

Bacon

pour

la science

expérimentale45.

ue

la diffusion

armi

les clercs

ettrés,

ans

la

deuxième

moitié du

siè-

cle,

de

l'image

d'un

Virgile

uteur de

réalisations

magico-techniques

ait

pu

devoir

quelque

chose au climat intellectuel

réé et

entretenu

autour de

lui

par

les

Chartrains

n'a donc a

priori

rien

d'invraisem-

blable.

Le témoignage es Otia imperialiade Gervais de Tilburyparaît

d'ailleurs venir

étayer

cette

hypothèse

n'oublions

pas que

né vers

1155,

et

formé

la cour de Henri I

Plantagenêt,

ervais sans doute

été

éduqué

dans un milieu

soumis

aux

influences hartraines.

Or,

comme e notait

déjà

D.

Comparetti,

ui ne

parle

pas

de

magie,

mais

de

vis

mathesis

à

propos

de la

statue

de

bronze dressée contre e

Vésuve

-

ou

d

ars mathematica à

propos

de la mouche de

bronze,

du

portail

aux

deux

têtes,

t

aussi

d'un défilé

i astucieusementmé-

nagé

que

toute

embuscade

y

est

rendue

impossible.

Rappelons que

dans

le tableau

des sciences

établi

par

Bernard,

a

mathematica ait

partie,

avec la

theologia

et la

phisica

des

arces altus de la

sapientia

(ou philosophia)theoricaet que ces trois ciences ultraceteras rtes

precellunt

. Il

s'agit

sans

doute chez

Gervais,

en

partie

du moins

-

comme

le

suppose

J. Céard

-

d'astrologie,

«

une bonne

astrologie

puisqu'elle

utilise n vue

du

bien les

influx straux

qu'elle

sait

capter

et

diriger

46

l'explication 'impose pour

le

portail

aux

deux

têtes,

et

peut-être

ussi

pour

la mouche de bronze. Mais d'autres réalisa-

tions

décrites

par

Gervais

suggèrent

n

emploi

du

mot

très

proche

de son sens

moderne la statue de bronze

opposée

au Vésuve

n'est

pas

en

effetmunie d'une

flèche,

comme chez

Conrad,

mais d'une

trompette,

onçue

de telle manière

«

qu'au premier

heurt du vent

pénétrant

ans la

trompette,

e

Notus

porteur

es fumées

u

Vésuve),

44. P.

Thuillier,

Magie

,

art.

it.,

.

865 cf.E.

Gilson,

La

cosmogonie

de Bernardus

ilvestris

,

Archives* istoireoctrinalet ittéraire

u

Moyen-

ge,

t.

3, 1928,

p.

5-24

.

23,

n.

1) Thierry

e Chartres

qui

se

propose,

n e

sait,

u

début

u De sexdierum

peribus

de commenter

primam

eneseos

artem

ecun-

dum

hysicam

)

«

a

essayé...)

une

ustificationxpérimentale

e a Genèse

(c'est

moi

ui souligne).

45. Voir L.

Thorndike,

History

f Magic

op.

cit.,

t.

I,

pp.

50-65

t

pp.

99-123

l'intérête Guillaumet Bernard

our 'astrologie

mplique

n effet

a

croyance

nun

déterminisme

ue

Guillaume

estreint,

l

est

rai,

l'actionur a nature

et

es

corps

ibid., .

56

«

William

ccepts

o the ull he ontrolf the tars ver

nature

nd he uman

ody,

ut

tops

here

),

mais ur

'exacte

ortéeuquel

'inter-

rogee

Mathematicus

e Bernardd'autre

art,

e titre êmet e contenue

YExpe-rimentariuse Bernardsuggestshe xperimentalharacterf the rt fgeomancy

or the rts f

divination

n

general.

aterwe hall earAlbertus

agnus

n

the

pe-

culum

stronomiae

alltreatisesf

aerimancy,

yromancy,

nd

hydromancy,

s

well

as of

geomancy,

experimental

ooks"

(p.

118).

46. J.

Céard,

Virgile

,

art.

it.,

p.

271.

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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50

FRANCINEMORA

repoussé par

une force

mathématique vi

mathesis

,

soit brisé

»47

quant

au défiléde

Pouzzoles,

«

Virgile,grâce

à

son talentde mathé-

maticien

arte

mathematica

, y

a

disposé

les choses de telle

manière

que

si dans

ce ténébreux

assage

un homme tend

une embuscade à

son

ennemi,

ucune

ruse,

aucun

stratagème

é de

sa méchanceténe

peut

l'aider

à

accomplir

son nuisible

projet

»48.

Il

s'agit

bien ici d'une

maîtrise

e

la

matièreobtenue au

moyen

de

calculs

mathématiques49

cela

s'accorde

parfaitement

vec

l'opi-

nion de J. Le

Goff,

qui

salue

en

notre auteur

un

espritdéjà

vérita-

blement

cientifique,

oucieux,

dès la

préface

du

livre

III

des Otia

imperiaia, de « rattacheresmirabilia u mondenaturel t donc scien-

tifique

:

«

nous

appelons

mirabilia

merveilles),

crit

Gervais,

es

phé-

nomènes

ui

échappent

notre

ompréhension

ien

qu'ils

soientnatu-

rels.

Ce

qui

les rend

surprenants,

'est

l'ignorance

de ce

qui

les

pro-

voque

»50. Dans ce

clerc

à

l'esprit

ouvert

dont la mentalité 'avère

très

proche

de celle

des

Chartrains51,

n

peut

donc voir

le meilleur

représentant

'une tendance

ans

doute

plus générale

transférerur

47.

Otia

mperialia

III,

13

éd.

Liebrecht,

p.

16-17

traduction

ersonnelle)

«

Fiante

rgo

Noto

ulvis

alidus

egetesmnesque

ructus

xurit,

icque

erra

era-

cissimadsterilitatemucitur(« quandeNotusouffle,ne oussièrerûlanteon-sumeesmoissonsttous esfruits,endantnfécondeaterrea plus ertile). « Ob

hoc anto

egionis

llius

amnoonsulens

irgilius

n

opposito

ontetatuam

...)

cum

tuba

rexit,

t

...)

in

psa

uba latusubintrantis

mpulsum

otus

epulsus

i

mathe-

sis

quassaretur.

48.

Otia

mperialia

III,

16

éd.

Liebrecht,

.

17

traduction

ersonnelle)

«

In

eodem onfinio

Pouzzoles)

stmonsmira

irtuted

modum

ryptae

oncavus,

ujus

tanta st

ongitudo,

uod

mediumenenti

ix

uo

apita omparent(«

dans

a même

région,

ne

montagne

reusée la manière'une

rotteouit

'un

pouvoir

tonnant

sa

longueur

st elle

ue orsqu'on

e

tientu

milieu,

esdeux

xtrémités

pparaissent

à

peine ).

«

Arte

mathematicaaec

peratus

st

Virgilius,uod

n

liomontis

paco

inimicusnimicoi

ponit

nsidias,

ullo olonulloveraudis

ngenio

uae

malitiae

n

nocendo are

otest

ffectum. Cf A.

Duchesne,

p.

cit.,

p.

33

et

p.

34,

qui

tra-

duit

ependant

athesist

mathematica

ar magie

,

ce

qui

nous

araît

our

e

moins

discutable.

49.

En

tenant

ompte

es facilitésffertes

ar

cette

ernière

une

grotte

u un

défilé

la

configuration

aturellement

emarquable),

tdans n

notableouci

u bien

publichostilité

ux

guerres

rivées,rotection

e la fertilité

'un

erroir).

50. J. Le

Goff,

'imaginaire

édiéval

Paris,

Gallimard,985,

.

27

«

Mira-

biliavero

icimus

uae

nostrae

ognitioni

on

ubjacent,

tiam um int

aturalia.

Sed tmirabiliaonstituit

gnorantia

eddendae

ationis,

uare

icfit.

Ce texteemar-

quable

vait

éjà

ttiré'attentione

D.

Comparetti

Virgilio

op.

cit.y

.

I,

ch.

2)

mais

l

ne suscitehez ui

qu'une

ronie

acile

ui

traduit

ne

regrettable

ncompré-

hension.

51. Cf.

ces

propos

e Guillaumee Conches

ur es

miracles,

ités

ar

e

même

J.

Le

Goff

Les

ntellectuelsu

Moyen-ge,

Paris, euil,

976,

. 57)

comme

ar-

faite

llustration

e ce

qu'il

ppelle

le naturalisme

hartrain:

«

ce

qui mporte,

e

n'est as queDieu itpufaireela,mais 'examinerela, e 'expliquerationnelle-ment,'enmontrere but t 'utilité.ansdoute ieupeut out aire, ais 'impor-

tant 'est

u'il

it fait

elle

u telle

hose. ansdoute

ieu

peut

'un ronc

'arbre

faire n

veau,

omme isent

es

rustauds,

ais

'a-t-il

amais

ait ». On

retrouve

la même olontée

passer

esmirabiliau crible

e

'expérience

t

de

a

raison,

our

en

dégager

es ois

naturelles

t

s'assurer

traverslles

ne

maîtrisee la

matière.

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'

VIRGILE E

MAGICIEN

51

Virgile,

e manière

xemplaire,

a connaissance

t

la

pratique

des

scien-

ces

que

la lecture ernar

ienne nvitait retrouver

ans

YÉnéide

sous

le voile de

Yintegumentum.

n

peut

noteren effet

ue

deux

des réa-

lisations

magico-techniques

entionnées

ar

Gervais

le défilé

mpro-

pre

aux embuscades t le

portail

ux deux

têtes ne se

trouvent

ue

chez

lui :

s'il

ne les a

pas

inventées,

n

peut

donc le

soupçonner

de

les avoir fortement

ménagées

d'autre

part

l

voit en

Virgile

non

seu-

lementun mathematicus mais

aussi

un

physicus

très versé dans la

connaissance

des vertus

des

plantes

et

capable

de

construire,

Pouz-

zoles,

«

des bains

édifiés avec un art

admirable,

destinés à traiter

n'importequelle maladie»52; Benjamin de Tudèle (morten 1173)

connaît lui aussi ces

bains,

célèbres au

Moyen Âge,

mais il ne fait

pas

mentionde

Virgile

leur

propos.

Tout se

passe

donc

comme si

Gervais,

plus

ou

moins

consciemment,

oulait fairede l'auteur d'une

Énéide

conçue

par

les

Chartrains

omme

un doublet

du

Timée un

modèle

emblématique our

tous ceux

qui

s'efforcent,

n cherchant

comprendre

es

lois

naturelles,

'avoir

sur

la matièreune action effi-

cace.

Roger

Bacon,

au

siècle

suivant,

offre

d'ailleurs

l'exemple

d'un

processus analogue,

des réalisations

ue

nous dirions de

science-

fiction irent

eur

force convaincanted'être

imaginairement

ejetées

dans

le

passé, par

une

attribution des Anciens

que

l'on

vénère53.

Il va sans direque dans ce contexte, omme e souligne vec rai-

son,

après

D.

Comparetti,

J.

Céard,

le

pouvoir prêté

à

Virgile

au

XIIe

iècle est

un

pouvoir bénéfique, qui

ne

vise

qu'à

améliorer es

conditionsde

vie de

ceux

au

profit esquels

il

s'exerce. Chez Gervais

comme chez

Conrad,

Virgile,

ui

débarrasse

Naples

des animaux

mal-

faisants,

ui soigne

les hommes

et

protège

es

chevaux,

qui préserve

les

moissons

du souffle

rûlantdu Vésuve

etc.),

n'a rien d'un

nécro-

mancien

aux accointances

démoniaques

il

est

l'adepte

d'une

magie

52. Otia

mperialia

III,

15

éd.

G. W.

Leibniz,

.

,

p.

965)

«

est tiamncivi-

tate

Neapolitana

ivitas

uteolana,

n

qua

Virgilius

d utilitatem

opulärem

t

admi-

rationemerpetuamalneaonstruxit,iro rtifícioedifícata,d cujusvisnterioris

ac exterioris

orbiurationem

rofutura

. Outre es

bains

médicinaux,

irgile

st

aussi e créateur'un

ardin

lanté

'herbesux

propriétés

uratives

«

erat

n

confi-

nio

jusdem

ivitatis

eapolitanae

elutx

opposito

ons

irginum,

n

cujus

eclivo,

inter

raerupta

axorumditu

ravi, irgilius

ortum

lantaverat

ultiserbarum

ene-

ribus onsitum

(

Otia

mperialia

III,

13 éd.

Liebrecht,

. 16).

53. VoirA. C.

Crombie,

istoire

es ciencese saint

ugustin

Galiléetrad.

J.

D'Hermies,

vol., aris, .U.F.,1959,

.

,

p.

44 «

on

peut

éaliser

our

a navi-

gation,

crit

oger

acon,

es

machines

ans ameurs

...)

;

on

peut galement

ons-

truireesvoitures

elles

ue

ans nimauxlles e

déplaceront

vec ne

apiditéncroya-

ble

...)

;

on

peut

ussi onstruire

esmachinesolantes

...),

également

ne

machine,

de

petites

imensions,

our

levert abaisseres

poids

normes

...)

;

on

peut

ussi

fabriquer

es

machines

our

marcherans

a

mer

t es

cours 'eau

...)

».

Automo-

biles,vions,rues,ous-marins,ous

esmécanismes

peinemaginables

u

xme

ièclesont résentésar 'auteuromme'héritageechniquetscientifiqueupassé en

effet,

onclut-il,

ces

machines

nt

onstruites

ans

'antiquité{Epistola

e

Secretis

Operibus

ch.

;

cf.L.

Thorndike,

History

fMagic

op.

cit.t

.

I,

pp.654-655).

Il

est iséde voir

ue plusieurs

nventionsttribuées

ar

Gervais

Virgile

essortis-

sent

u

même

tat

'esprit.

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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52

FRANCINEMORA

naturellemise

au service

du bien.

Et

pourtant

n

peut percevoir

hez

Gervais es

signes

d'un certain

malaise l'anecdotedu

portail

ux deux

têtes,

pourtant oigneusement

lacée

sous la caution d'un clerc fort

estimable,

l'un des vénérables uditeurs

de l'auteur]

en droitcanon

à

Bologne,

Johannes

Pinatellus,

rchidiacre e

Naples,

célèbre

par

sa

science,

ses mœurs

et

sa

naissance

»54,

se clôt

sur

une

mise

au

point

qui

sonne

comme a réfutation

e

possiblescritiques

«

nous n'avons

pas

écrit cela

pour approuver

a

secte des

Sadducéens,

qui

disaient

que

tout réside dans Dieu

et dans le

marbre,

'est-à-dire

ans

le

des-

tin et les hasards de

la

fortune,

lors

que

tout

réside dans la

seule

volonté de Dieu »55. C'est que le monde de la magie et de l'astro-

logie, prélude

à la

science

expérimentale

u à la

technoscience,

st

un monde dominé

par

un

déterminisme ù les

chrétiens ourcilleux

peuvent

voir

une

coupable

remise en

question

de la

toute-puissance

divine56

dans leur volonté

de faire de

l'univers

un

cosmos,

c'est-à-

dire un

ensemble

rganisé

t

rationnel,

es

Chartrains e heurtent 'ail-

leurs aux

mêmes

difficultés57.

Aussi la

mathematica mathesis

n'a-t-elle

pas toujours

bonne

presse auprès

des

esprits

rthodoxes,

e

qu'illustreparfaitement

ien le

Policraticusde Jean

de

Salisbury

ui,

de

façon

très

significative,

evient

plusieurs

fois sur ce

sujet58.

Dans

le livre

,

consacré

une

première

pproche

des

nugae

curia-

Hum il s'intéressed'abord à la magie et aux diverstypesde magi-

ciens,

u nombre

desquels

l

range

es

mathematicien

les

plaçant

d'ail-

leurs

aux côtés

des

présages omina)

dont

font état

les

anciens,

et

notamment

Virgile59.

uis le livre

I

approfondit

a

réflexion

mor-

54.

Oda

imperiatici,

II,

12

éd.

Liebrecht,

p. 15-16)

«

Civitatem

dvenimus,

in

hospitio

enerabilisuditoris

ei n

ure

anonico

pud

Bononiam,

ohanisina-

telli,

eapolitani

rchidiaconi,

cientia,

oribust

sanguine

llustris

;

c'est et

hôte

distinguéui

révèle Gervaises

merveilleuses

ropriétés

u

portail

uxdeux

êtes,

dont

e

clerc

nglais

vait ans n

premier

emps,

ans n

voir

onscience,

eulement

éprouvé

es effets.

55.

bid.

«

non

amen aec

cripsimus,

uasi

adducaeorum

ectam

omprobe-

mus, uiomnia icebantnDeo etmármoreonsistere,oc st nfato tcasufortu-

nae cum mnia

n

sola

Dei volúntateint

osita

;

cf.

J.

Céard,

Virgile...

,

loc.

cit.,

p.

271.

56.

Cf.P.

Thuillier,

Magie...

,

toc.

it.,

.

866

«

le

monde

e a

grâce,

e

la

prière

t du miracle'invitait

uère penser

a nature

ommendomaine

oumis

à

des "lois"

rigoureuses,

omme n strict

nchaînement

e "causes" t ď

"effets"

(...).

(Mais)

ans

'universes

...) magiciens,

es

relations

e

causes

effetsont

eau-

coupplus

trictes

ue

dans

'univershrétienu

Moyen

geprofond.

n

langage

moderne,

n dirait

ue

'universe

'astrologie

tde a

magie

béit u

déterminisme

(c'est

'auteur

ui

souligne).

57. J.

Le

Goff,

es

ntellectuels,

p.

cit.,

p.

56-57

«

c'est e

problème

es

rap-

ports

ntrea Naturet

Dieu.

Pour es

Chartrains,ieu,

'il a

créé a

Nature,

es-

pecte

es lois

qu'il

lui a données. a

toute-puissance

'est

pas

contraireu

déterminisme.58. Voirlà-dessus . Thorndike, History f Magic,op. cit., t. II,

pp.

155-170

magiciens

t

strologues

emblent

voir u

même ans e

milieu

ù

vivait

Jean,

la cour e

Canterbury,

ne nfluence

on

négligeable.

59. Voir e

Policraticus,,

10

«

qui

sint

magi

),

11

«

de

speciebus

agicae

),

12

«

qui

sint

ncantatores,rioli,

rúspices...],

mathematici,

alissatores,

ortilegi,

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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VIRGILE E

MAGICIEN

53

cée en s'

nterrogeant

de fundamentomathematicae

,

et « de diffe-

rentia

mathematicae doctrinalis et mathesis

reprobatae

»60

il

s'emploie

urtout,

n

fait,

dénoncer

errormathematicorum

,

qui

paraît

à

Jean d'autant

plus dangereusequ'elle

semble

se fonder

ur

la nature

et la

raison

«

verumtamen o

periculosius

rrant,

uo

in

soliditate

naturae et

vigore

rationis

suum fundare videntur

erro-

rem

»61.

Il

raille alors ceux

qui, partant

de

la

mathesis icite

avec

une

pénultième

brève),

«

qu'induit

la

nature,

prouve

la

raison

et

approuve l'expérience

de son utilité

,

se laissent

glisserpeu

à

peu,

de

la manière a

plus pernicieuse,

ers la mathesis llicite

avec

une

pénultièmeongue) ainsi, partisdu vrai, ils se laissentprogressive-

menttomber

dans les fosses et les filetsde

la

fausseté62. es derniers

paragraphes

du

livre I

n'ont donc

plus qu'à

énoncer

a

condamna-

tion attendue

«

quod

mathematiciemerariiunt

»,

et

«

quod

mathe-

sis via

dampnationis

st

»

;

car tout

dépend

de la volonté de

Dieu

:

«

voluntas Dei

prima

omnium causa »63. Et

pourtant

Jean de

Salis-

bury

a été formé

à Chartres mais

il

est

permis

de voir en lui un

Chartrain

littéraire

plus que

«

scientifique

qui

n'a

consacré,

de

son

propre

veu,

qu'un

minimum e

temps

l'étude du

quadrivium

on

peut

donc

le

soupçonner

d'avoir été moins

sensible

qu'un

Gervais

de

Tilbury

ux forcesnovatrices

mplicitement

ontenues ans

l'astro-

logie ou la magie, et d'avoir été de ce faitplus fidèle aux concep-

tions

traditionnelles

ui

englobent

dans une même défiancemathesis

et

croyances

véhiculées

par

les

auteurs

païens,

comme

en

témoigne

par exemple

e Contre

Symmaque

de Prudence64. ien

que

le Poli-

crat cus s'achève

sur

un

rappel

de la lecturechartraine e VÉnéide

augures

)

et

13

«

de variisminibus

-

unedizaine

'exemples

irés e

VÉnéide)

mathematici

ici sansnuldoute e

sens '«

astrologues

.

60.

bid.,

I,

18

et

19.

61. bid.

I,

18

éd.

Webb,

.

,

p.

101)

«

ils

'égarent

'autant

lus

angereu-

sement

u'ils

emblentondereur rreurur

a

soliditée a naturet a

vigueur

e

la raison. Cf.L. Thorndike, HistoryfMagic op. cit., . I, p. 164.

62.

Policraticus,I,

18

éd.

Webb,

p.

101-102)

«

a veris

rgo

umunt

nitium,

ut

per

era iutius

radientes

e et

sequipedas

uos

raecipitent

n

aqueum

t

foveam

falsitatis.

athesim

rgo

robabilemuaepenultima

revi

nuntiatur,

uam

tnatura

inducit,

atio

robat,

tutilitatis

xperientiapprobat,uasi uoddam

octrinaeuae

jaciunt

undamentum,

t xinde

pinionum

uarumubrico

uasi uadam

magine

atio-

nis

n mathesim

eprobam,

uae

profertur

xtensa

enultima,

erniciosissimerola-

bantur.

Cf. L.

Thorndike,

HistoryfMagic, p.

cit.,

.

I,

p.

158

«

Johnhus

takes s

practically

ynonymous

he hree

erms,

agica,

athematicand

maleficium.

He

presentlyxplains

hat

hewordmathesis

n

one ens enotes

earning

n

general,

but hatwhen

t has

long enultima,

t

signifies

he

igments

f

divination,

hich

belong

nder

magic,

hose arieties

re

many

nddiverse.

63. Policratcus

II,

24

et 26.

64.

Prudence,

ontre

ymmaque,I,

477-479

t surtout

92-894

«

(ledémon)égaresesvictimes)ar a langue esoiseaux,l les fait romperar esarúspices,

il

es xcite

ar

es

réponsesmbiguës

e a vieille

ibylle

n

délire,

l

les

pousse

ans

l'astrologie,

l

les

précipite

ans a

magie

(

nstigai

acchants anus

mbage

ibyl-

lae/involvit

athesi,

agicas

npellit

n artes

;

on voit omment

ibylle,

athesist

magie

ont

marquées

ci du même

igne

émoniaque.

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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54

FRANCINEMORA

et

sur

un

éloge

du

rameau

d'or de la

science,

es mathematiciexclus

des

vestigia hilosophorum

sont

rejetés

du côté

des

nugae

curialium.

Cela ne

peut

bien sûr

que

rendreJean

réticent,

eaucoup plus que

Gervais,

à la

réception

'un

Virgile

magicien,

t

peut-être

aut-il

insi

expliquer

a

transformation,

hez

lui,

de

l'anecdote relative la

mou-

che

de

bronze

en un

exemplum

urement

moral.

En

d'autres

termes,

Virgile

st

pour

lui un ethicus

plus qu'un

physicus

-

ou un mathe-

maticus.

l

fait d'ailleurs

mention,

ans

ce

même ivre

I

du

Policra-

ticusoù

il

règle

e

sort des

mathematici

des ossements e

Virgile

on-

servés

Naples,

mais sur

un mode délibérément

ronique

un certain

Ludovicus, après un long et pénibleséjour dans les Pouilles, aurait

rapporté

ces ossements

n Gaule

;

que

n'a-t-il,

conclut

Jean,

plutôt

rapporté

'esprit

du

poète65

Pour

Gervais non

plus,

les os

de Vir-

gile

ne

sont

pas

l'essentiel

le clerc

anglais qui

les

avait

demandés

selon lui au roi

Roger

-

et dont

l

faitun savant

très

xpert

n

physi-

que

comme en astronomie se

résigne

les

laissersur

place pourvu

qu'on

lui

laisse

emporter

Vars notoria

c'est-à-dire e livreoù

Virgile

a

consigné

out son savoir. Mais ce savoir semblebien être

pour

Ger-

vais ce

que

n'est sans doute

pas, pour

Jean,

l'esprit

de

Virgile

un

ensemble de recettes

pératoires,puisque,

prétendant

voir

pu

con-

sulter

ce livre

grâce

au cardinal Jean de

Naples,

il

dit en avoir fait

l'épreuveet en avoir vérifié 'efficacité66.es tensions e manifestent

donc au

sein

même du monde

chart

ain,

porteuses

e

réticences

apa-

bles

d'expliquer,

au

moins

en

partie,

l'évolution

postérieure

de la

légende

dans

un

sens

démoniaque,

comme le

signale

à

juste

titre,

propos

de

Gervais,

M.

Oldoni

: même au XIIe

iècle,

«

la

magia

porta

spesso

il

belletto del

Diavolo,

e

il

negromante

iventa

'ubbidiente

sacerdote del

Maligno

»67.

Un autre

lément

eut

toutefois

xpliquer

e

discrédit ommetoute

rapide

où est tombée

'image qu'avaient

tenté

elon nous de

diffuser

les

Chartrains,

elle d'un

Virgile aradigme

e

Yhomo technicus.

'est

-

en

raison

précisément

u

caractère

pératoire

e la

magie

-

l'ambi-

guïtéqui maintient e paradigme n équilibre nstableentre a philo-

sophia

universellement

onorée,

et la

mechania

souvent

méprisée.

Conrad,

nous l'avons

vu,

en

parlant

des

cantus

philosophorum

met

implicitement irgile

au nombre de ces

derniers mais

certains

des

verbes

qu'il emploie

-

constituerai

our

la

fabrication e

la

mouche

65.

Policraticus

II,

23 cf. D.

Comparetti,

irgilioop.

cit.,

.

I,

ch.3.

66. Oda

imperialia

III,

112

éd.

Liebrecht,

p.

49-50)

cf.A.

Duchesne,

p.

cit.,

pp.

133-134.

67. M.

Oldoni,

L'ignoto

iber

Moronis edievale

radottoall'antico

,

dans

Lectures édiévaleseVirgileRometParis, eBoccard,985,p.357-374p.360)l'auteurappelleussi ous esrécitsarolingiens,éjàmentionnésarComparettila

Vita ancii donisla Vita

opponis

bbatis...),

ui

assimilaient

irgile

un

démon.

La mentalité

u xne

iècle

iffère

ssurémenturbien es

points

e celle u Haut

Moyen

ge

mais

l

est

ndéniable

ue

e

maintient,

lus

u moins

atent,

n

ourant

de méfiancet

d'hostiliténverses auteurs

aïens.

Page 62: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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VIRGILE E

MAGICIEN

55

de

bronze,

constructum

our

l'édification u marché

évoquent

plu-

tôt à

l'esprit

une activité

purement

mécanique68.

a même

dichoto-

mie

se

retrouve hez AlexandreNeckám ce

dernier

ntroduit a

des-

cription

des étonnantes éalisationsde

Virgile,

dans un

chapitre

du

De naturis

erum

ntitulé De locis

in

quibus

artes

floruerunt

ibera-

les

»,

par

un

hommage

renduà l'étude

(studium),

'est-à-dire

l'élo-

quence

et à la

philosophie

«

l'étude,

écrit-il,

fleuri

n

Italie

(...).

L'éloquence

de

Tullius

(Cicéron)

a illuminétout

l'univers. Ô bien-

heureux es

temps

anciens où

les

empereurs ui

dominaient

'univers

se soumettaient

ux-mêmes la

philosophie

La

noble

Cordoue

a

engendréSénèque et Lucain, Naples s'est mise au service du poète

de Mantoue

»69. Et

la

récurrence,

ans

son

texte,

du

mot vates

appliqué

à

Virgile

emble

mplicitement

onnoter

'antique

association

de

la science à

la

poésie,

d'autant mieux

que

le

poète

est finalement

nommé

philosophus

et

qu'Alexandre

célèbre

sa

prudentia10.

Mais

la

plupart

des verbes

mployés

envoient une

activité

mécanique,

ons-

truxit

our

le

pont

aérienet le

palais

romain,

munivit t

ambivit

pour

le

jardin

entouré

d'une

muraille d'air71.

Il n'est

pas

jusqu'à

Gervais

qui,

à

côté

de

ses

références Yars

mathematica

du

poète, n'emploie

le verbe

construxit

propos

des

bains

de

Pouzzoles,

miro

artificio edificata

2.

Virgile pparaît

alors

au moins autant comme le spécialisted'une activité ributaire e la

mechania

-

Y

rchitectoria

par exemple

-

que

comme un

philoso-

phus

versé dans

la

connaissance des arts

plus

nobles du

quadrivium

3

. On sait d'ailleurs

que

le Carnet de l'architecteVillard

68. Voir

.

Comparetti,

irgilio,p.

cit.,

.

I,

pp.

185-186

«

constitueraiir-

gilius

muscameream

...).

Est n

eadem ivitate

acellum,

ic a

Virgilio

onstruc-

tum,ut caro nimalis

...)

maneat

ecens

t

ncorrupta

.

69. De naturis

erum

II,

174

éd.

Th.

Wright, ondres,863,

. 309)

«

Flo-

ruit

n

talia

tudium

...).

Tulliana

loquentia

otum undumllustravit.edo

feli-

cia

antiquorumempora,

n

quibus

t

psi mperatores

undum

ubhastantes,

eipsos

philosophiaeubdideruntSenecamt Lucanum obilisenuitorduba, antuano

vati

ervivit

eapolis

;

cf. J.

Céard,

Virgile...

,

loc.

cit.,

p.

272.

70. Ce

mot,

n e

sait,

st n soi

ambigu

il

désigne

ouvente

savoir-faire,

a

sagesse ratique

mais

ris

ans ne

cceptionhilosophique

comme

quivalent

e

<f>Q0i>i]0Ls

,

il

peut eprésenter

e

discernement,

'intelligence

aisonnabledans

VAnti-

claudianus

'Alain e

Lille,

'estPrudentia

ui

effectue'ascensionéleste.

71. De

naturiserum

II,

174

éd.

Th.

Wright,

.

310)

«

quid

uod

dietus

ates

hortum

uum,

ere

mmobiliicemmuri

btinente,

univitt

ambivit

Quid

uod

pontem

eriumonstruxit

...)

? Romaetem onstruxitobile

alatium

. Sur

e

De

naturis

erum'Alexandreeckámt es

ffinités

vec

Roger

acon

qui

e cite vec

estime,

ien

u'il

nevoie

as

n uiune utorité

proprementarler),

oir

.

Thorn-

dike,

A

History

f

Magic op.

cit.,

.

I,

pp.

188-204

p.

196

notamment).

72. O ia

mperialia,

II,

15

éd.

G.W.

Leibniz,

.

,

p. 965)

«

Virgilius

d

utili-

tatem

opulärem

t admirationem

erpetuam

alnea onstruxit

miro

rtificioedifi-cata.

73. Le commentaire

e Bernardur

Y

néide ementionne

as

V

rchitectoria

=

artde Varchitectorde

l'architecte)armi

es subdivisionse la

mechania

glosée

par

ui n artes

mecaniceid est dulterine

éd.

Jones,

. 32)

mais

on

ommentaire

sur e De

nuptiis

emanie

es

ubdivisionsn

remplaçant

a theatrica

ar

Varchitecto-

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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56

FRANCINE

MORA

de

Honnecourt,

dans

la

première

moitié du

XIIIe

iècle,

contient

des

projets

d'effigies

mécaniques un ange,

un

aigle articulés)

très

pro-

ches des automates

que

la

tradition

prête

à

Virgile,

et relevantdu

même courant

magico-technique74.

a

transformation u

poète

savant

en

adepte

des

arts couramment its

«

adultères et non

plus

libéraux,

c'est-à-dire

ignes

d'un homme

ibre,

a donc

pu apparaître

à

beaucoup

comme une

regrettable égradation,

usceptibled'expli-

quer

les réticences

de certainsclercs

et

la

dérive

postérieure

de la

légende.

Tout n'est donc pas faux,sans doute, dans l'hypothèse noncée

jadis

au

XVIIe

iècle

par

G.

Naudé,

et

reprise

ntre utres

par

W. Vie-

tor,

qui

suppose

que

dans

la

formation e la

légende

virgilienne

st

intervenuea

réputation

aite

u

poète

de

VÉnéide

par

les

glossateurs

antiques puis

médiévaux,

d'un savant

versé dans la

connaissancedes

arts du

quadrivium15

Cette

réputation

n'est

sans

doute

pas propre

au

XIIe

iècle

depuis

longtemps

es

clercs

pouvaient

ire chez

Donat

que Virgile

avait

acquis

une bonne

connaissance de la médecine et

des

mathématiques76,

hez Servius

que

l'ensemblede VÉnéide et

plus

spécialement

e livre

VI,

recélait oute a science

des

philosophes gyp-

tiens,

ou

chez Macrobe

que Virgile

tait un savant

universel

articu-

lièrementersédans la connaissance e l'astronomie.Mais il nous sem-

ble,

comme nous avons

essayé

de le

montrer,

ue

la

lecture

hartraine

de VÉnéide

fondée

sur

VExpositio

d'un

Fulgence

qui,

comme

l'écrit

à la

fin

du

XIe

iècle

Sigebert

e

Gembloux,

«

totum

opus Virgilii

d

physicam

ationem

efer(t)

77,

sur

le

Commentum n

Somnium Sci-

pionis

de Macrobe et sur

le

Timée de

Platon,

a dû

donner un nota-

ble

regain

de

vigueur

la

perception

de l'œuvre

virgilienne

omme

œuvre

véritablement

scientifique

. Si le lien

existant ntre

'image

d'un

Virgile

echnicien t une certaine

éception

médiévale

e

son

épo-

pée

a

pu

ensuite

tre

méconnu,

u

point

de

faire

upposer ue

le

magi-

ria

et a

magica

éd.

Jones,

.

133),

ansune ssociation

mpliciteui peut

onner

à

penser.

74.

P.

Thuillier,

Magie

»,

loc.

cit.,

p.

871

cf. J.

Gimpel,

a

révolution

industrielleu

Moyen-Âge

Paris, euil, 975,

p.

125-129.

75. G.

Naudé,

Apologie

our

es

grands

ommes

oupçonnez

e

Magie 1625),

ch.

1

«

la

première

e ses

perfectionsprès

a

Poësie,

toit

e

qu'il

avoitn 'Astro-

nomie,

t autres

arties

es

Mathématiques.

r,

ces sciences

ont)

oujours

plus

sujettes

être

oupçonnées

e

Magie

ue

touteses autres

ciences

(cité

ar

J.

Céard,

Virgile

,

loc.

cit.,

p.

266-267).

f. W.

Vietor,

ui

conclut

«

DerUrs-

prung

,

loc.

cit.,

. 176) ue

a

légende

irgilienne

estmoins

iée,

n

général,

ux

monuments

apolitainsue

fondéeur 'idée

ue

es ettrés

vaient

u

savoirurnatu-

reldeVirgile,pécialementnmathématiquest enmédecine.76. Voir onat,VitaVergiliiéd.C. Hardie, .9 : « intereteratudiamedi-

cinae

uoque

c maxime athematicae

peram

édit .

77.

Cité

ar

P.

Langlois,

Les œuvrese

Fulgence

e

Mythographe

t

e

pro-

blème

esdeux

ulgence

,

Jahrbuch

ür

Antikend

hristentumt.

7, 1964,

p.

4-105

(p. 101).

Page 64: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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Médiévales

6,

printemps

994,

p.

59-84

Jean-Louis

GAULIN

AGRONOMIE

ANTIQUE

ET

ÉLABORATION MÉDIÉVALE :

DE PALLADIUS AUX

PRÉCEPTES

CISTERCIENS D'ÉCONOMIE RURALE

Les

historiens e l'ordre de Cîteaux

ont

aujourd'hui

une

appré-

ciation

mesurée

du rôle

joué

par

les

moines blancs

dans

l'évolution

de l'économie

rurale

en

Occident aux

XIIe

et

XIIIe

iècles. Ils n'accor-

dent

plus

de

crédit ux

images simplistes ui

faisaientdes Cisterciens

les défricheurs ar excellence et parfoismême des innovateurs n

matière

de

techniques

gricoles1.

Depuis

les recherches

ionnières

e

H.

Wiswe sur

la

Basse-Saxe,

R.A. Donkin sur

l'Angleterre

et

Ch.

Higounet

sur

la

plaine

de

France2,

a

présentation

e l'économie

cistercienne

nsiste

rincipalement

ur

la

capacité

des

disciples

de saint

Bernard

s'insérer ans

le mouvement

ui poussait

u

développement

les

campagnes

occidentales.

Au

gré

des donations

de

terres

ui

leur

furent

aites,

es Cisterciens

nt

su

s'adapter

-

et

adapter

eurs

prin-

cipes

-

à des

conditions ocales très

variées terroirs

gricoles

culti-

vés

depuis

des siècles

ou forêts t terres ncultes

propices

à

l'élevage

extensif,

ampagnes

densément

euplées

ou

«

désert

privilégié ar

1. Une

présentation

mple

t

équilibrée

e a

question

étéfaite

ar

Ch.Higou-

net,

Le

premier

iècle e 'économieuraleistercienne

,

dans

stituzioni

onasti-

che

istituzioni

anonicali

n

Occidente1123-1215

>

Atti ella ettimaettimana

nt.

di

studio,

a

Mendola,

8

août-3

eptembre

977,Milan, 980,

p.

345-368.

'appuyant

principalement

ur

'étude esmonastèrese a France

u

sud,

C. H. Bermanffirme

même

ue

«

les

Cisterciens

irent

eu

pour ugmenter

a

superficie

otale

es

terres

cultivées

n

Europe

: C.H.

Berman,

Les

Cistercienst e tournant

conomique

u

xne iècle

,

dans ernard

e

Clairvaux.istoire

mentalités,

piritualité

Colloque

e

Lyon-Cîteaux-Dijon,

aris,

992

Sources

hrétiennes,

80),

p.

156-177

citation

.

156).

Pour nevue

d'ensemble,

n

se

reportera

ésormaisu

chapitre

onsacré

«

L'éco-

nomie istercienne

par

M.

Pac

ut,

Les moines

lancs.Histoire

e

l'ordre

e

Cîteaux

Paris,

993.

2. H.Wiswe, Grangieniedersächsicheristerzienserklöster.ntstehungndBewirtschaftungpätmittelalterlich-frühneuzeitlicherandwirtschaftlicherroßbetriebe,

Braunschweigisches

ahrbuch

34

1953),

p.

5-134 R.A.

Donkin,

Some

Aspects

f

Cistercian

heep arming

n

England

ndWales

,

Cîteaux. ommentariiistercien-

ses 13

1962), p.

296-310Ch.

Higounet,

a

grange

e Vaulerent.tructuret

exploitation

'un erroir

isterciene la

plaine

e France

n<-xve

iècle, aris,

965.

Page 66: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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60

JEAN-LOUISAULIN

la

tradition

monastique.

Faisant

preuve

d'une

grande

souplesse

pour

tirer

e meilleur

parti

des biens

fonciers

u'ils acquéraient par

dons

mais

aussi

par

achats,

les Cisterciens e

distinguèrentrincipalement

par

la

qualité

de leur

gestion

et

«

l'organisation

du travail à l'inté-

rieur des communautés

3.

En

tout

ieu,

l'économie

cisterciennetait

réglée

elon le

principe

unique

de la

grange. Chaque

monastère

possédait

plusieurs

granges,

unités

d'exploitation

e

grandes

dimensions leur

superficie

moyenne

était de

plusieurs

dizaines

d'hectares,

mais les

granges

omptant

plu-

sieurs centainesd'hectares n'étaient

pas

rares. Par une

politique

de

remembrementt d'acquisition de parcellesvoisines, es Cisterciens

cherchaient constituer

e

vastes blocs d'un

seul

tenant,

même

s'il

existait ussi des

granges

faitesde

parcelles

dispersées.

La

fondation

d'une

grange

modifiait ensiblement

e

paysage

rural,

quelle

que

fût

la méthode

ppliquée

:

création

d'un

habitat

totalement

euf,

reprise

et transformation 'une

exploitation

ncienne

(villa,

curtis

,

voire

même,

dans certains

as,

dépopulation

volontairede

villages préexis-

tants

pour

mieux

asseoir

la domination

des nouveaux

maîtres4.

Ces

granges

taient

xploitées

n

faire

valoir direct t

devaient

permettre

aux

moines d'assurer eur ravitaillement

râce

à

leur

propre

travail.

On sait

qu'en

réalité

es

granges

devinrent

rès vite le

domaine

exclusif es convers, es laïcs convertis u monachismemais que tout,

extérieurement,

istinguait

es

moines

de

chœur.

Tandis

que

ceux-ci

pratiquaient

e

chant,

la lecture et

la

méditation,

eux-là devaient

accomplir

les travaux

agricoles

et

surveiller es

troupeaux5.

Cette

situation

onnaitaux Cisterciens n

avantage

évident

ur es

seigneurs

ordinaires les convers ravaillaient

xclusivement

our

le

monastère

et rien de

leur travailn'était distrait

ar

des

corvées ou des redevan-

ces dues à d'autres

maîtres

célibataires,

es

convers taient

ussi d'un

coût d'entretien

moins élevé

que

les

paysans

chargés

de

famille6.Si

l'on

ajoute que

les

possessions

cisterciennes taient

fréquemment

exemptes

de

redevances

t de

dîmes

-

saint

Bernard

nterdisait

ga-

3.

R.

Fossier,

L'économieistercienneans es

plaines

u

nord-ouest

e

l'Europe

,

dans 'économieistercienne.

éographie.

utationsu

Moyen

ge

ux

Temps

modernes

Auch,

983

Fiaran,

), pp.

53-74,

ésormais

galement

ans

d

,

Hommest

villages

'Occidentu

Moyen

ge

Paris, 992,

p.

401-425

cit.

.

67

de

la

première

d.).

4. R.

Fossier,

La

grange

e Clairvaux

t

a

règle

istercienne

,

Cîteauxn de

Nederlanden

VI, 1955,

p.

259-266,

éimp.

ans d

,

Hommes

t

villages

cit.,

pp.

379-387

Ch.

Higounet,

Essai

ur es

granges

isterciennes

,

dans

'économie

cistercienne

cit.

pp.

157-180L.

Chiappa-Mauri,

La

costruzioneel

paesaggiogra-

rio

padano

i

Cistercensila

grancia

i

Valera

,

Studi torici26

1985), p.

263-313.

5. J.Dubois, L'institutionesconversu xiieiècle,ormee viemonastiquepropreux aïcs , dans laicinella societashristianadei ecoliXI e XII,Atti

della erza

ettimana

i

studio,

a

Mendola,

1-27

oût

965,Milan, 968,

p.

183-261.

6. C.H.

Hoffman

erman,

edieval

griculture.

he

outhern

rench

ountry-

side

nd he

arly

istercians.

Study

fForty-three

onasteries

Philadelphie,

986

(Trans,

f theAmerican

hilosophical

ociety,

6,

5).

Page 67: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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AGRONOMIE

NTIQUE

T

ÉLABORATION

ÉDIÉVALE 61

lement

ses

disciples

'en

percevoir

on

comprendra

'aisance finan-

cière

des

moines blancs.

Grâce à cette

économie

originale

insi

qu'à

leur

goût

prononcé

pour

l'effort t

l'ascèse,

les Cisterciens

nt

pu

investir

vec

profit

dans les secteurs ucratifs

e l'industrie

minière

et

de l'immobilier

rbain,

construire

es solides

et

sobres

bâtiments

agricoles

ou conventuels

ui

nous

fascinent ncore

aujourd'hui7.

Faut-il

pour

autantabandonner

oute dée d'intérêt

e la

part

des

Cisterciens

pour

les

techniquesagraires

et

l'organisation

du travail

rural

?

Dans

ce

domaine,

le savoir-faire

ppartenait

ux frères on-

vers,

esquels

étaient ouvent

d'anciens

paysans.

Leurs

connaissances

sont-elles estées onfinées ans les grangesoù se déroulaientes tra-

vaux

agricoles

et les activités

d'élevage

?

Transmises

de bouche à

oreille,

nous

demeurent-elles

out

à fait naccessibles

Le

présent

os-

sier voudrait

attirer 'attention

ur

l'existenced'une véritable

ulture

agronomique

en milieu cistercien.

Dans cette

culture

-

dont

on a

retrouvé

n

témoignage

irect

coexistaient avoir

antique

et savoir-

faire des

hommes

du XIIe

iècle.

L'agronomie

antique

au

Moyen

Âge

: les Cisterciens

t Palladius

L'Opus agriculturae e Palladius

Des

manuscrits

ous

ont transmis

n traité

d'agriculture

n lan-

gue

latine,

YOpus

agriculturae

dont

l'auteur

s'appelait

Rutilius

Tau-

rus

i^Emilianus

alladius. Cet

ouvrage

se

compose

de

treize

ivres

ui

exposent

es

principales

echniques

e

l'agriculture

méditerranéenne

t

donnent

ussi

des conseils

relatifs

l'architecture

urale.

Un

quator-

zième

livre,

versifié

t transmis

e

façon

en

partie ndépendante

u

reste

de

l'ouvrage,

traite ommairement

e

l'art

vétérinaire

De

medi-

cina

veterinaria

.

Une

grande

obscurité

ntoure

cet

auteur,

au

sujet

duquel

on

sait seulement

'une

façon

certaine

u'il

connaissait 'Ita-

lie et possédaitdes terresdans le Latium et en Sardaigne. La date

précise

de

l'ouvrage

est

inconnue,

mais comme

les manuscrits

uali-

fient 'auteur

de

vir illustris titre

réé

par

Valentinien n

372

-

Palladius

écrivit

on

ouvrage

au

plus

tôt dans

le dernier

quart

du

IVe

iècle.

La

première

éférence

YOpus

agriculturae

e trouvedans

les

Institutiones

ivinarum

t saecularium

itterarum

e Cassiodore

(peu après

551).

Entreces dates

extrêmes,

iverses

hypothèses

dont

aucune

n'est définitive

autorisent

es deux derniers diteurs

de

ce

texte à

situer

a

période

d'activité

de Palladius

soit

«

à

la

fin

du

IVe

iècle

ou au

début du

Ve

.

»8,

soit

«

entre

460 et

480 »9.

7. G.Duby, aint ernard,'art istercienParis, 976.

8. R.H.

Rodgers,

Palladius utilius

aurusAEmilianus

,

dans

Catalogus

Translationum

t Commentariorum

3,

Washington

.C., 1976,

.

195.

9.

Palladius,

Traité

'agriculture

Livres et

2,

éd.

par

R.

Martin, aris, 976,

p.

XVI.

Page 68: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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62

JEAN-LOUIS

AULIN

Auteur

de

l'Antiquité

ardive,

alladius fut

ussi le dernier

epré-

sentant

'une abondante

ittérature

gronomique

atine

qu'il

s'employa

à résumer t

à

simplifier.

.

Svennung

montré

ue

son

apport per-

sonnel

était imité t

que

la

plupart

de ses

connaissances vaient

une

origine

ivresque.

a source

principale

ut

e

grand

traitéde Columelle

(Ier .),

dont

Palladius

retint e

qui

lui

était

nécessaire la

présenta-

tion des

céréales,

de la

vigne,

des

prés,

des

champs

et des animaux.

Mais Palladius utilisait ussi des

ouvrages

écrits

ux

IIIe et

ive

siècles.

Il

connaissait e traitéd'arboriculture

e

Gargilius

Martialis,

e traité

vétérinaire e

Végèce,

ainsi

que

la

version

abrégée

du De

architec-

tura de Vitruvedonnée par Faventinus. l pouvait citer et traduire

une

compilation

d'auteurs

grecs

rassemblés

par

Vindanios Anatolios

de

Beyrouth

mort

n

320 ou

321) qui

est

considérée omme e

noyau

ancien du recueil connu sous le nom de

Géoponiques10.

Peu

originale

dans son

contenu,

'œuvre de

Palladius

présente

cependant

deux

innovations

uant

à

sa forme t à

ses destinataires.

Rompant

avec la

présentation hématique

de

ses

devanciers es

plus

illustres

Columelle

et

Varron),

Palladius

opte

pour

un

plan qui

se

déroule

au

rythme

e

la vie rurale.

Passé le

premier

ivre

qui

pré-

sente a

villa,

es

bâtiments t la

basse-cour,

e

lecteur

onsulte nsuite

un calendrier

ui

détaille,

de

janvier

à

décembre,

a

liste des travaux

agricoles.

À

qui pouvait

être destinéecette

présentation

implifiée

t com-

mode des

techniques

e

l'agriculture

La

définition u lecteur echer-

ché

par

Palladius a

suscité

des

commentairesrès

contradictoires.

ra-

ditionnellement,

a littérature

gronomique

mane

de

propriétaires

on-

ciers

cultivés

ui

écrivent

our

leurs

égaux.

Or,

dans sa

préface,

Pal-

ladius s'élève contre eux

qui

«

en

faisantde la littérature

l'adresse

des

campagnards,

ont trouvé e

moyen

de rendre eur

enseignement

inintelligible

ux lettrés ux-mêmes .

Selon K.D.

White,

Palladius

«

écritcomme un

propriétaire

onnant

es

instructions et vise vrai-

ment

un

public

de

paysans11.

our R.

Martin,

en

revanche,

ne

telle

déclarationd'intentionn'est pas exemptede rhétorique t Palladius

s'adresserait,

n

réalité,

«

au même

titre

que

ses

devanciers,

un

public

de

propriétaires

12.

Entre

es deux

interprétations

iamétralement

pposées,

E.

Frézouls

estime

que

Palladius

a

«

juxtaposé

sans les

recoudre deux

parties

d'esprit

ssez différent : l'une

(le premier

ivre)présente

a

villa du

maître t

s'adresse

à lui

;

l'autre

(les

livres

uivants) gnore

ce

grand

propriétaire

t

s'adresse aux

paysans rustici)™.

herchant

son tour

10.

J.

Svennung,

De auctoribusalladii

,

Eranos

25

(1927),

p.

123-178t

230-248.11. K.D.White, oman armingLondres,970, .30.

12. R.

Martin,

p.

cit.,

p.

L-LIV

la

traductionesdeux

récédentes

itations

de

Palladius, 1,

1

est

empruntée

R. Martin.

13. E.

Frézouls,

La vieruraleu

Bas-Empire

'après

'œuvre e

Palladius

,

Ktema

5

(1980),

p.

192-210,

.

210.

Page 69: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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AGRONOMIE

NTIQUE

T

ÉLABORATION ÉDIÉVALE

63

à résoudre a contradiction

ue

semble

constituer a

coexistencede

deux

catégories

de

destinataires,

. Giardina a

insistésur

l'origina-

lité de la villa

qui

sert de cadre à l'œuvre

de Palladius. Au

Bas-

Empire,

a

grande propriété

st constituée

'une

nébuleusede

petites

exploitations, ravitant

utour de la

résidencedu maîtreet

cultivées

par

des

paysans

dont certains

ont

esclaves et

d'autres ibres.

l

n'est

alors

pas impossible

e

penser ue,

destiné ux

propriétaires,

e

savoir

divulgué ar

Palladius ait

pu

parvenir,

t

pas

nécessairementu

moyen

de la

lecture,

usqu'à

ces

paysans

travaillant n

liaison avec les

grands

propriétaires

onciers14.

el est

l'ouvrage

-

rapidement

résenté

qui a assuré a transmission es connaissances gronomiques ntiques

aux lettrésdu

Moyen

Âge.

Fortune médiévale de Palladius

Pour Albert

e

Grand,

savant

poly

raphe

et auteur

-

parmi

de

nombreux

uvrages

-

du

plus complet

des

herbiers

médiévaux,

Pal-

ladius

était

«

le meilleur

griculteur

15.

La diffusionde

son traité

en faisait

lors le

plus

populaire

des

agronomes ntiques,

oin devant

les

trois autres uteursencore connus

au

Moyen

Âge,

Caton,

Varron

et Columelle.

Palladius est le seul de ces quatre agronomes avoir été traduit

en

langues

vulgaires

vant la

fin du

Moyen

Âge.

On

connaît en effet

des

versions

talienne, atalane,

castillaneet

anglaise

de

Y

Opus agri-

culturaeréalisées

aux

XIVe

t

XVe

iècles

6.

À

cette

époque (et

dès le

XIIIe

iècle),

le texte de Palladius est

abondamment

ollicité

par

les

auteurs

qui

s'intéressent

l'agriculture17.

Le nombre de manuscrits ubsistants ournit ne autre

mesure

de cette

popularité.

On

conserve ctuellement u moins

127

manus-

crits

du texte atin

de

Palladius.

Encore ce chiffre

st-il tout

provi-

soire,

puisque

les manuscrits ardifs

n'ont

pas

fait

l'objet

d'une

enquête

systématique,

t

que

ce

traité,

elativement

ref

et

longtemps

considéré ommesecondaire, pu échapperà l'attention es auteurs

de

catalogues

anciens18.

À

titre

de

comparaison,

e traité de Colu-

14.

A.

Giardina,

Le due

talie

ella

orma

arda

ell'Impero

,

dans

A.

Giar-

dina

éd.),

Società omana

impero

ardoantico.

stituzioni

ceti economie

Rome-

Bari,

986,

p.

1-36 ux

p.

31-36

«

Palladio,

l

atifondotalico l'occultamentoella

società

urale

).

15.

Albert

e

Grand,

e

vegetabilibus

ibriVII éd. E.H.F. Meyer t

C.

Jes-

sen,Berlin,

867

réimp.

nast.

rancfort,

982),

II,41,

p.

606.

« optimus

gricultor

Palladius

).

16.

Liste ansR.H.

Rodgers,

Palladius

,

loc.cit.

pour

esversions

talienne

et

anglaise,

f.M.

Ambrosoli,

cienziati

contadini

proprietari.

otanica

agricol-

tura ell'Europaccidentale1350-1850Turin, 992, hap. .17. C'est e cas d'ALBERTe Grand ui-même,f. J.-L.Gaulin, Alberte

Grand

gronome.

otes ur e

Liber

VII

De

vegetabilibus

,

dans

Mélangesfferts

à G.

Beaujouan

sous

presse.

18. Ce

décompte

été

éalisén

comparant

es istestablies

ar

J.

Svennung,

Untersuchungen

u

Palladius

nd

ur

ateinischenach- nd

Volkssprache

Uppsala,

Page 70: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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64

JEAN-LOUIS

AULIN

melle,

plus

aisément

repérable

t mieux

étudié,

comme tous

les tex-

tes

classiques,

ne

figure

que

dans

45

manuscritsmédiévaux.

Quant

aux textes

de Varron et de

Caton,

souvent

copiés

ensemble,

ls

figu-

rent

dans une trentaine

e manuscrits nviron.

l

faut

ajouter que

la

plupart

des

manuscrits

onnant e

texte des

ouvrages

de

Caton,

Varron

et

Columelle

datent du

XVe

iècle. Ces trois

auteurs

connu-

rent en

effet un

regain

de

popularité grâce

aux humanistes19. a

fortune médiévale

de

Palladius,

elle,

est

plus

ancienne.

C'est

au

XIIe

iècle,

dans le contexte

de l'essor de la

production

du livre

manuscrit,

ue

Y

Opus

agriculturae 'imposa

véritablement omme

ouvrage de référence.

À

cette

époque,

les traités

e

Columelle,

de Caton et de

Varron,

jadis

connus des lettrés

arolingiens,

emblent

ubliés. Ceux

de Caton

et Varron

ne furent

robablementamais beaucoup

diffusés.

Quant

à

l'ouvrage

de

Columelle,

il ne

résista

pas

à la

concurrence e

son

scrupuleux

bréviateur.

lus

court,

et donc

moins

cher,

richede con-

seils

pratiques,

mais

dépourvu

des

nombreuses onsidérations

cono-

miques

-

forcément atées

-

de

son

modèle,

Palladius s'est

imposé

comme

le

représentant

e

plus

commode de

l'agronomie antique.

29

manuscrits

émoignent, ujourd'hui

encore,

de

l'intérêt

orté par

les

copistes

du

XIIe

iècle

à cet

antique

traité

d'agriculture.

Parallèlement, e texte connut une plus large diffusiongéogra-

phique.

Il a

d'abord été

copié

en France du

nord et

en

Allemagne

du

sud,

d'où

proviennent

sauf une

exception

les neuf

manus-

crits

copiés

entre e

IXe

et la

fin

du

XIe

iècle. Le

témoignage

es

lis-

tes de livreset

catalogues

de

bibliothèques

st

concordant

avant le

XIIe

iècle,

'ouvrage

de Palladius est

mentionné

Metz, Toul,

Liège,

et

aussi

à Mâcon20. Au

XIIe

iècle,

l'aire

couverte

par

sa diffusion

1935

Arbetentgivna

edunderstödv Vilhelm

kmans

niversitetsfond,

4),

pp.

619-629

R.H.

Rodgers,

n

ntroductiono Palladius

Londres,

975

Institute

of Classicaltudies,upplement5) A.M.MoureCasas,Palladiusliber rimus

tradición

anuscritaedición

ritica

Madrid,

980

dactyl.),

p.

8-68 J.

Fohlen,

«

Études écentesur es manuscrits

lassiques

atins

,

Scriptorium

34

(1980/1),

pp.

96-106. n

peut

jouter

Oscott

ollege,

19

xve .),

décrit

ar

N.R.

Ker,

Medie-

val

Manuscripts

n British

ibraries

III, Oxford,

983,

.

569

Winchester

ollege,

40

(xne .),

N.R.

Ker

et A.J.

iper,

Medieval

anuscripts

n

British

ibraries

IV,

Oxford,992,

.

628.Trois utres ss u

xive

iècle e

emblent

as

avoir

igna-

lés

usqu'à résentLyon,

.M.,

038

Rome,

.

Casanatense,

02

Toulouse,

rchives

des

Pères ésuites

microfilm

éposé

ux

Archives

ationales,

97

MI/I).

Jedois a

connaissance

e ce dernier s.

M.

P. Portet.

19. Pour

Columelle,

e nombree mss

ecentioresst

de

43,

d'après

. P. Cor-

setti,

Un

nouveau anuscrite Columelle

,

Revue 'Histoirees

Textes

8

(1978),

pp.

289-293.

l

faut

jouter

eux

manuscrits

arolingiens

cf.

note

uivante).

our aton

etVarron,f.M.D.Reeve, Cato ndVarro, dans .D.Reynoldsed.),TextsndTransmission.SurveyfLatinClassicsOxford,983, p.146-147.

20.

Données

ynthétisées

ans

J.-L.

Gaulin,

Traditiont

pratiques

e la litté-

rature

gronomiqueendant

e haut

Moyen

ge

,

dans

'ambiente

egetale

ell'alto

medioevo

Spolète,

990

Sett,

i

studio

el

Centro

talianoi studiull'alto

edioevo,

XXXVII),

p.

103-135

Annexe).

Page 71: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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AGRONOMIE

NTIQUE

T

ÉLABORATION ÉDIÉVALE

65

s'élargit

t

englobe

désormais es îles

britanniques

ù sont

copiés plu-

sieurs

manuscrits

e cette

œuvre21.

Ainsi,

dans

le domaine

de

la

littérature

gronomique,

Palladius

a-t-il été le

grand

bénéficiaire u renouveau ntellectuel u

XIIe

iè-

cle.

Les

Cisterciens

nt

apporté

eur contribution ce

regain

d'inté-

rêt

pour

l'agronomie antique.

Palladius

dans

les

bibliothèques

isterciennes u

XIIe

iècle

Des

29 manuscrits ubsistants

opiés

au

cours du

XIIe

iècle,

six

proviennent

e

monastères isterciens.

armi

eux,

trois ont dû entrer

dans une bibliothèque istercienne ostérieurementu XIIe iècle ce

sont les

manuscrits

provenant

des monastères de

Byland (York-

shire)22, Saint-Sulpice-en-Bugeydioc.

de

Belley)23

et Aulne-sur-

Sambre

(dioc.

de

Tournai)24.

Trois

manuscrits,

n

revanche,

taient

déjà

en

milieu cistercien u

XIIe

iècle,

précisément

Clairvaux et à

La

Valroy.

On

peut

leur

adjoindre

deux

mentions

e

manuscrits

ele-

vées dans

des

catalogues

de

bibliothèques

cisterciennes

édigés

au

XIIe

iècle25

cf.

tableau

1,

page suivante).

Ces

cinq

manuscrits 'ont

pas

tous

été

copiés

dans des

scriptoria

cisterciens.

'exemplairequi provient

e La

Valroy

porte

un ex-libris

contemporain e la fondationde l'abbaye (1150)26.Le manuscrit e

Marienfeld st

cité

dans

un

catalogue

dressé 'année même de la fon-

21.

Par

xemple,ambridge,

mmanuel

ollege,

II. 3.

11,

crit

l'abbaye

éné-

dictinee

Saint-Albans,

f. R.H.

Rodgers,

n

introductiony

p.

cit

,

p.

164.

22.

Cambridge,

rinity

ollege,

. 3. 42

appartintl'abbaye

e

Byland,

ork-

shire,

f. M.R.

James,

he Western

anuscripts

n

the

ibraryf Trinity

ollege

3,

Cambridge,

902,

.

224

N.

Ker,

Medievalibraries

f

Great ritain

2e

d.,

Lon-

dres, 964,

.

22. En

dépit

e a date ardive

e

l'ex-libris

Liber . Marie

e

Bella

Landa

xive

.),

ce ms. ert 'illustration

Ch.-R.

heney,

Les

bibliothèques

is-

terciennesn

Angleterre

u

xne

iècle

,

dans

Mélanges

aint-Bernard

Dijon,

1954,

pp.

375-382

p.

380).

23. CitéduVatican,. Apost.Vaticana,eg.Lat. 1252 propriétée Saint-

Sulpice-en-Bugey

Ain),

onné Erasme

ar

'abbéPierre e Mornieuntre 526 t

1536,

f.

E.

Pellegrin,

Un ex-libris

utographe

'Érasme ans

un

manuscrite

l' Opus griculturae

e Palladius

Vat.

Reg.

at.

1252)

,

Scriptorium

29

1975/2),

pp.

162-166t

pl.

20,

réimp.

ans

d.,

Bibliothèques

etrouvées.anuscrits

biblio-

thèques

t

bibliophiles

u

Moyen

ge

tde a

Renaissance

Paris, 988,

p.

485-489

A.

Bondeelle-Souchier,

ibliothèques

isterciennes

ans

a

Francemédiévale.

éper-

toire

es

abbayes

'hommes

Paris, 991,

.

278.

24. San Marino

California),untington

ib.,

HM

627 écrit n

Angleterre

u

xiie

.,

appartint

nsuite

l'abbaye

'Aulne-sur-Sambre

dioc.

e

Tournai),

f.S.

De

Ricci,

Census

f

Medieval

nd

Renaissance

anuscripts

n theUnited tates

nd

Canada

1,

New-York,

935,

.

72.

25.

L'enquête

été réaliséeur a base des

dix-septatalogues

ecensés

ar

B.Munk^lsen, TheCisterciansndClassical ulture, Cahiers e l'InstitutuMoyen gegrec t atinCopenhague,7 1984), p.64-102Appendix, pp.83-87)

et des

restitutions

pérées

ar

F.

Dolbeau,

Trois

atalogues

e

bibliothèques

édié-

vales estituésdes

bbayes

isterciennes

Cheminon,

aute-Fontaine,

ortemer)

,

Revue

'Histoire

es Textes

18

1988), p.

81-108.

26. A.

Bondeelle-Souchier,

ibliothèques

isterciennes

op.

cit.,

.

169.

Page 72: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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66

JEAN-LOUIS

AULIN

Tableau1 : Manuscritse Palladius ttestés

dans

des

monastères

isterciensu

XIIe

.

Monastère

diocèse)

Référence

Clairvaux

Langres)

Montpellier,

.U.,

Médecine

81

Clairvaux

Troyes,

.M.,

1369

La

Valroy Reims)

Laon, B.M.,

403

Marienfeld

Münster)

«

XXXI

Exposicio

n cantica anticorumalladius

de

agricultura.

iber

de medicinan uno volumine

Pontigny

Auxerre)

«

Item

de

agricultura

alladii ibri

duo

»

dation

de cet

établissement

1185)27.

Dans ces

deux

cas,

les manuscrits

ont donc été

copiés

à l'extérieur

e Tordre istercien.

eut-être es livres

ont-ils

ccompagné

des

laïcs faisant

profession

e moines

?

L'origine

du manuscrit

ppartenant

l'abbaye

de

Pontigny

e

peut

pas

êtredéter-

minée.

Il

apparaît

dans une

liste de livres tablie à la

fin

du

xne

siè-

cle

(après

1174),

à une

date où le

monastère,

ondé dès

1114,

possède

une

bibliothèque

iche

d'environ

70

volumes.

Rien ne

permet

'affir-

mer

que

le volume

contenant

e

traité

e Palladius a

été

copié

sur

place

ou bien

acquis par

le

monastère28. es manuscrits

ujourd'hui

con-

servés Montpellier t à Troyes sigle T), sortent ien, quant à eux,

d'un

atelier

cistercien,

rès

probablement

elui de Clairvaux.

Ces

deux manuscrits

résentent

'évidentes

analogies

formelles

(petit

format,

nitiales,

criture)

t datent tous

les

deux de

la

fin

du

XIIe

iècle

ou du début

du

xme

siècle. Ils

figurent

'un et l'autre en

bonne

place

dans

le

catalogue

de la

bibliothèque

e

l'abbaye

de Clair-

vaux dressé

au début de

l'abbatiat de Pierre

de

Virey

en

1472

29

.

D'un

point

de

vue

philologique,

e texte

transmis

ar

ces manuscrits

n'est

pas

de très

grande

qualité,

et

ni

l'un

ni

l'autre

n'ont

été utilisés

par

les

éditeurs

modernes

e

YOpus agriculturae.

'ils

présententrop

de différencesextuelles

our

que

l'un dérive directement e

l'autre,

leurcopistea dû utiliser, ans les deux cas, un modèlepeu ancien30.

27. Source H.

Degering,

Der

Katalog

erBibliothekesKlosters arienfeld

vomJahre185

,

dans

eiträge

um

ibliotheks-

nd uchwesen

aul

Schwenke

um

20.

März

1913

ewidmet

Berlin,913,

p.

53-64

n°38).

28.

Source

Catalogue

énéral

esmanuscrits

es

bibliothèques

es

départements

(série

n

4o),

1, Paris,

849,

p.

697-717

p. 715)

B. Münk

lsen,

The

Cistercians

and Classical ulture

,

loc.

cit.,

p.

86.

29.

Montpellier,

.U.,

Médecine

81

Catalogue

énéralop.

cit.,

p.

469

R.H.

Rodgers,

n Introduction

op.

cit.,

p.

167

A.

Vernet,

a

bibliothèque

e

l'abbaye

e Clairvaux

u

xue

u

xvnr

iècle,

.

Catalogues

t

répertoires

Paris, 979,

p.

226

1280)

A.M.

Moure

Casas,

Palladiusloc.

cit.,

p.

33.

Pour e

ms. on-

servéTroyes,f. nfra,nnexe. Je emercieonsieur.Vernet'avoirien oulume onfirmerpar ettre)ue e manuscritistercienonservéTroyesvait té pro-

bablement

crit Clairvaux

.

30. Cf. e stemma

roposé

ar

A.M.Moure

asas,Palladius,

p.

cit.,

l.

entre

p.

318 t319.Lesdeux

mss

résentent

es acunestdes

nterpolations

des ndroits

différents

u

texte.

Page 73: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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AGRONOMIE

NTIQUE

T

ÉLABORATION

ÉDIÉVALE

67

La

présence

de

l'œuvre

de Palladius

dans

des

bibliothèques

is-

terciennes

eut surprendre,

elles-ci

yant

d'abord

vocation

accueillir

les textes

bibliques

et

patristiques.

outefois,

dans la

deuxièmemoi-

tié du

XIIe

iècle,

certainesd'entre elles se

sont

ouvertes des

textes

profanes.

À

la

fin

du

xiie

siècle,

Clairvaux

possédait

environ 340

ouvrages,

parmi esquels

une dizaine traitaient e

droit,d'histoire,

e

médecineet

d'agriculture31.

ans ce

petit

groupe d'ouvrages profa-

nes,

il

est

remarquable ue figure

Y

Opus

agriculturae.

e

traité vait

ainsi

conquis

sa

place

dans

le

cercle

du

savoir cistercien

une

place

marginale

qui

révèle

cependant

'intérêtdes

Cisterciens

our

l'agri-

culture,et la popularitédu texte de Palladius.

Diffusion

cistercienne

e

Palladius en Italie au xiw

siècle

Les

Cisterciens e

se sont

pas

contentés

e recevoir

t

de

copier

ce

traité

ntique.

Ils ont

aussi contribué sa diffusion ans la

pénin-

sule italienne.

Alors

que

l'Italie

joua

un rôle de

premierplan

dans l'élabora-

tion de

l'agronomie

à la

fin

du

Moyen Âge,

les livres

d'agriculture

y

sont rares

usqu'au

xiiic

siècle. Le traitéde Palladius

est

absent

des

catalogues

des

grandesbibliothèquesmonastiques

u

Moyen

Âge

cen-

tral. La première ttestation st tardive en 1295 le liber Palladii de

agricultura

e

trouve,

à

Rome,

dans

la

bibliothèque

de Boniface

VIII32.

Les

manuscrits

ubsistants,

ont on

peut

dire avec certitude

qu'ils

ont été

copiés

en

Italie sont

également

ssez

rares.

Aucun

n'est

antérieur

u

xiiie

siècle.

Ces manuscrits

opiés

en Italie au

xiiie

siècle

-

ils

sont

au

nom-

bre de

cinq

-

sont

presque

tous à mettre n relation

vec le manus-

crit de Palladius

copié

à Clairvaux et

aujourd'hui

conservé

Troyes

(T).

Un

premier rgument,

e nature

philologique,

nous est fourni

par

l'étude

que

A.M. Moure

Casas a consacrée

un

groupe

de manus-

crits

de Palladius fortement ifférencié l'intérieur e la

tradition u

texte. Le manuscrit e Troyes T) appartient ce groupe,ainsi que

trois des

cinq

manuscrits taliens datant du

XIIIe

iècle. Selon cet

auteur,

'est

également

n

manuscrit e ce

groupe

-

non retrouvé

qu'aurait

utilisé

'humaniste

Ange

Politien

pour

annoter n

exemplaire

de l'édition

princeps

de

Y

Opus agriculturae parue

à

Venise

en

147233.

31.

A.

Wilmart,

L'ancienne

ibliothèque

e Clairvaux

,

Collectanea

.C.R.,

11

1949), p.

101-127

t

301-319

J.-F.

enest,

La

bibliothèque

e

Clairvauxe

saint ernard

T

humanisme

,

dansHistoiree ClairvauxActes

u

Colloque

e

Bar-

sur-Aube/Clairvaux,

2 et 23

uin

1990,

ar-sur-Aube,991,

p.

113-133J.-P. ou-

HOT, La bibliothèquee Clairvaux, dans Bernard e Clairvauxop. cit.,pp.141-153.

32. A.

Pelzer,

Addenda

t

emendando

d Franciscihrle

ist. ibi.

Rom. on-

ti/.

um

onifatianae

um

Avenionensis

1,

Citédu

Vatican,947,

.

16.

33.

A.M.

Moure

Casas,

«

Las

fuentese as ecturase

A.

Policiano

n a

edi-

tio

princeps

e

Paladio

,

Emérita46

1978),

p.

369-382.

omme

mss

u xme iè-

Page 74: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-26-printemps-1994 74/164

68

JEAN-LOUISAULIN

Second

argument

deux de ces

manuscrits

ainsi

que

deux

autres

non étudiés

par l'auteur)

contiennent n texte

nonyme

t

sans

titre,

copié

à la suite du traité

de Palladius et donnantdes

règles

d'écono-

mie rurale. Ce

texte,

auquel

j'ai

donné le titrede

Préceptes

cister-

ciens d'économie rurale se trouve

pour

la

première

fois dans le

manuscrit onservé

Troyes

T).

Il

est

également

présent

dans trois

des manuscritstaliensde Palladius datant du

XIIIe

iècle

4,

insi

que

dans un

cinquième

manuscrit datant du

siècle

suivant

5

(cf.

tableau

2).

Tableau2 : Manuscrits es Préceptesisterciens

Cote des

manuscrits

Sigle

d'édition

Cité du

Vatican,

B.

Apostolica,

Archivio i San

PietroH 40 V

Florence,

.

Laurenziana,

anta Croce 24

sin

6

F

Florence,

.

Laurenziana,

anta Croce 25

sin

9

L

Milan,

B.

Ambrosiana,

91

sup.

A

Troyes,

.

M.,

1369

T

Au

total,

parmi

les

manuscrits taliens de

Palladius

copiés

au

XIIIe

iècle ou

au

début

du

xivc

siècle,

un

seul

échappe

à

cette filière

cistercienne6.

Le

rôle des

Cisterciens ans la

diffusion e

ce texte

emble donc

bien

établi le livre

d'agriculture

e

Palladius a

accompagné

es

dis-

ciples

de saint Bernard sur la

route de

l'Italie37.

L'importance

des

réseaux

monastiquespour

la

diffusion es

idées

et

de la culture u

Moyen

Âge

trouve ci une

illustration

upplémentaire.

l

faut vrai-

semblablement

réditeres

Cisterciens

'avoir

remis l'honneur 'anti-

que

traité

de Palladius dans l'Italie

du

xiiie

siècle.

Les

Préceptes

cisterciens 'économie

rurale

Les

Préceptes

cisterciens e

présentent

ous la

formede

quatre

cle

ppartenant

ce

groupe,

'auteur

ite

erlin,taatsbibliothek,

at.587

Florence,

Laurenziana,

anta

roce,

4

sin

(sigle

de mon

dition)

Milan,

mbrosiana,

91

sup.

sigleA).

34.

Ce sont es mss

désignésar

A

et

F

à la note

récédente,

uxquels

l

faut

ajouter

Cité

du

Vatican,

ibl.

Apostolica,

rchivioi San

Pietro

40

(sigle

V).

35.

Florence,

.

Medicea

aurenziana,

anta

roce 5 sin9

(sigle

).

Tous es

manuscritsont écritsansPAnnexe.36.Milan, ibl.Ambrosiana,212 nf.

37.

Sur es

spects

conomiques

e

'implantation

isterciennen talie

f. ndernier

lieu,

R.

Comba,

Dal

Piemontelle Marche

esperienze

conomicheistercensi

nell'età

i

Bernardo

i

Chiaravalle

,

dans . Zerbi

ed.),

an

Bernardol'Italia

Atti

del

Convegno

i

studi,Milano,

4-26mai

1990,Milan, 993,

p.

315-344.

Page 75: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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AGRONOMIE

NTIQUE

T

ÉLABORATION ÉDIÉVALE

69

chapitres

raitant

'économie rurale38. e

premier

tablit a

quantité

de

drap

de

laine ainsi

que

le nombrede

brebisnécessaires l'habille-

ment

d'une

communauté

monastique.

Le

second constitue

n

petit

rt

de

bergerie,

e

plus

ancien

que

nous

connaissionsen Occident. Des

conseils

d'horticulture

ppliqués

à

la

gourde

ou

calebasse

(cugurta),

puis, pour

finir,

'établissement

e la

ration d'avoine annuelle

qu'il

faut donner

au cheval

de traitconstituentes troisième

t

quatrième

Préceptes.

Avant

de les

commenter,

l

est nécessaire

de revenir vec

plus

de

précision

sur

leur traditionmanuscrite.

Le texte des Préceptes origineet transmission

Dans

le manuscrit

ujourd'hui

conservé

à

Troyes (T),

ces

Pré-

ceptes

figurent

près

e traité

ntique,

ans

solution

de continuité. ne

même

main a

retranscrit 'œuvre

de

Palladius,

puis

ces notes

anonymes.

Ce

manuscrit

e donne vraisemblablement

as

l'état

e

plus

ancien

des

Préceptes

Le

copiste

a en effet ommis

quelques

fautes

de lec-

ture

par rapport

à

son

modèle,

avant de

corriger

a

plupart

d'entre

elles.

On

remarque

ussi

que

la

mise

en

page

dissocie

e

premier

ré-

cepte

des

trois suivants.

Le

premier

uit

immédiatemente

texte nti-

que, tandisqu'une ligneblanchesépare a finde la première otedu

début des

trois

utres,

esquelles

ne

forment

u'un

seul ensemble.

Ceci

suggère

vec

quelque

vraisemblance ne

origine

distincte

our

la

pre-

mière

note et

pour

le restedu

texte.Le

copiste

a

pu

opérer

ui-même

le

rapprochement

es

deux

textes,

ou

se contenter e

recopier

cru-

puleusement

a

disposition

offerte

ar

son

modèle.

Le

plus

ancien manuscrit

e ces

Préceptes

'économie cistercienne

ne

permet

donc

pas

d'en établir avec

certitude

a

provenance

et

la

date.

Cependant,

e contenune laisse

guère

de

doute

sur

leur

origine

cistercienne

t

champenoise.

e

premier

es

Préceptes

numère es

dif-

férentes

ièces

du vêtement

monastique,

unique,

oule ou

chape,

sca-

pulaire et capuces (1, 4), tandis que le troisième voque la pitance

du moine

(pulmentum

3,

3).

Les

unités

de

mesures

mentionnées

étaient

communes

en

Champagne,

notamment

a

pierrée

ou

perrée

(petra

1,

2) qui

servait

peser

la laine39.

Quant

au momentoù ces

Préceptes

nt été mis

par

écrit,

l

me semble

qu'il

doit

être situé dans

la

seconde

moitié

du XIIe

iècle,

lorsque

le livre de

Palladius a com-

mencé

d'être

connu

des Cisterciens.

eflétant es

préoccupations

co-

nomiques

et

techniques

oncrètes,

es

Préceptes

ont dû

être

formulés

comme

un

complément

u traité

antique

reçu

et

copié

à

Clair aux.

38.L'éditiont a traduction,uxquellese renvoieésormais,etrouventansTAnnexeI. UnepremièreditioniguraitansmathèseonsacréePietroe Cres-

cenzi

t

'agronomie

n talie

xw-xiv

ièclesthèse e doctorat

e 'Universitée Paris

I

sous

a dir.

de M. P.

Toubert,990,

ol.

,

pp.

559-563

dactyl.).

39. M. .

Bourquelot,

tudes ur es Foires e

Champagne

Paris, 865,

I,

p.

94.

Page 76: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-26-printemps-1994 76/164

70 JEAN-LOUISAULIN

Les

autresmanuscrits

ui

nous ont transmis e textede ces notes

sont tous italiens. Datés

du

XIIIe

iècle

pour

trois d'entre

eux,

et du

XIVe

iècle

pour

le

dernier,

ls sont inférieurs n

qualité

au

manuscrit

de

Troyes.

À

la différence

e

celui-ci,

es

manuscrits taliensdonnent

des titres

ux

trois

derniers

réceptes.

Le texte

est

par

ailleurs assez

stable seul

un

manuscrit

n donne une

copie

abrégée40 V).

Tous

ont été utilisés

pour

l'édition

qui figure

n annexe II.

L'existencede ces manuscrits taliensdes

Préceptes

explique

que

l'on

retrouve es bribes de

ce

texte écrit

à Clairvaux

dans le traité

d'agriculture édigépar

le

bolonais Pietro de'

Crescenzi u début du

xivesiècle. Trouvantces Préceptesanonymes la suite de l'ouvrage

de

Palladius,

l'agronome

talien es a

évidemment ttribués

l'auteur

antique41.

Les

deux

Préceptesqui

concernent

'horticulturet

l'élevage per-

mettent ne

comparaison

ntre avoir

antique

et

connaissancesmédié-

vales. Les deux autresnous ramènent rès

concrètement l'intérêt es

Cisterciens

our

la bonne

gestion.

Un art de

bergerie

Comme tous les

agronomes antiques,

Palladius

consacrait

plu-

sieursdéveloppements l'élevagedes ovins42. ls n'ont cependantpas

satisfait e rédacteur u

chapitre

Quo

tempore

debeant dimitti rie-

tes ad

oves

»

qui

a innové

en

rédigeant

n

petit

art de

bergerie lus

conforme

son

environnement.

Les différenceses

plus

sensibles ntre e

traité

ntique

et

les

Pré-

ceptes

relèvent 'une volonté

d'adapter

les

règles

de

l'élevage

ovin au

climat de la France du nord.

À

propos

de la

période

de

reproduc-

tion,

Palladius conseillaitde

procéder

l'accouplement

ntre vril et

juin

de

sorte

que

les brebis mettent

as en

automne

après

environ

150

ours

de

gestation.

Un tel

calendrier,

articulièrement

ien

adapté

au

climat

méditerranéen,

'avait rien

d'original

Varron,

grand spé-

cialiste de l'élevage parmi les agronomes atins, soulignait ui aussi

l'avantage

de

faire

naître es

agneaux

en

automne,

«

à une

époque

où la

température

st

assez douce et

l'herbe,

suscitée

par

les

pre-

mières

pluies,

commence à

sortir 43. Les

contraintes

du

climat

champenois

ont trèsdifférentes.

'accouplement

lieu

«

le

quinzième

jour après

la

fêtede saint Michel

»

(2,

1),

soit

à la

mi-octobre elon

notrecalendrier.

'agnelage

a

donc lieu à la

mi-mars

au

bout d'un

mois,

les

agneaux

sont sevrés une

époque

la

nourriture

es

prés

40. Le ms.

V

ne

donne

ue

e deuxième

récepte

la

copie 'interrompt

rutale-

ment

=

2,

9).

41.P. de'Crescenzi, rattatoella gricolturaMilan, 805, ol. , p. 123comparervecPréceptes2, 2.

42.

Passages rincipaux

Palladius,,

5

(reproduction)

6,

8-9

tonte,

abrica-

tion

u

fromage)

12,

13

agnelage,âture).

43.

Varron, , 2,

14

Economie

urale

livre

I,

texte

tabli,

raduit

tcommenté

par

Ch.

Guiraud, aris, 985,

.

28).

Page 77: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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AGRONOMIE

NTIQUE

T

ÉLABORATION ÉDIÉVALE

71

redevient

bondante44.

n

remarque

ussi

que

l'auteur

cistercien on-

naît

l'effet

néfastede

l'herbe

imprégnée

e

rosée

(2, 13)

: il

pouvait

lireexactemente

contraire ans

le

livre

de

Palladius

pour qui

la

rosée,

rare et bienvenue

dans

le domaine

italien,

attendrit

a

pâture

mati-

nale

des brebis45.

Les brebis

portières

t

les

agneaux

font

'objet

de

soins

atten-

tifs bien nourries

pendant

a

période

de

gestation

2, 6),

les

mères

reçoivent

ne double ration de sel

pendant

'agnelage,

de même

que

les

agneaux pendant

a

période

délicate

ui

suit e

sevrage 2, 3).

Tout

aussi concrets ont les

conseils relatifs

la

pâture

estivale. Le texte

insiste url'importance es bois (nemora), lors que Palladius ne par-

lait

que

des

prairies pascua)

:

destination

uotidienne

du

troupeau

qui

doit

y passer

les

heures es

plus

chaudes de la

journée,

ces

bois

sont

la

condition d'un

élevage

de

qualité (2, 4).

«

Si

pendant

'été

on n'a

pas

de bois ...

»,

il

faut modifier e

rythme

e

la

journée

afin

d'éviter

a

grosse

chaleur le

troupeau

est

conduit

dans les

prairies

le

matin

puis

de

nouveau le soir

il

faut

alors traire es

brebis

plus

tôt

le matin

(2,

12).

La

fabrication es

fromages

isterciens

anifeste,

ne fois

encore,

l'originalité

e ces

Préceptes

Les

fromages

uxquels

Palladius

faisait

allusion étaient aractérisés

ar

des

goûts prononcés

au thym,

u

poi-

vre).La méthode isterciennestsimple t naturelle ellene fait nter-

venir

ue

le lait et un

peu

de sel

(2, 5).

Il

n'est

pas

question

des autres

produits

de

l'élevage,

la viande et la laine.

La tonte

n'est

pas

évo-

quée,

car,

dans

la tradition

médiévale,

elle n'est

pas

du

ressortdes

bergers,

mais

de

spécialistes

alariés

extérieurs

l'exploitation.

On en

a confirmationn

consultant

e

Vrayregime

t

gouvernement

es

ber-

gers

et

bergeres ue

Jean de Brie

rédigea

en 1379

pour

le

roi Charles

V

:

«

de

la

façon

de

réaliser

a

tonte

...)

il

ne sera

peu

ou

pas

parlé

dans ce traité

-

nous

dit

l'auteur

-

,

parce

que

la

tonte ne

relève

pas

directement e

l'art du

métierde

bergerie

^.

Le traité

de

Jean de Brie n'est donc

pas

le

premier

du

genre.Dans le cadre des grangesde Clairvaux,riches en forêt,prairieset

bétail,

e savoir-faire

n matière

'élevage

avait

déjà

fait

'objet

d'une

formulation

oncise mais efficace47.

Au

jardin potager

Le troisième es

Préceptes

délivredes

conseils de

jardinage

rela-

44. La

remarque

À

la Nativité

u

Seigneur

n esrassemblevec

eursmères

correspond

onc des

gneaux

e neuf

mois,

n

passe

e devenir

es

«

an enais.

45.

«

aestivis ensibus

ascantur

ub

ucis

nitio,

um

raminis

eneri

uavitatem

rorismixturaommendai: Palladius2, 13,4.46. Jehan eBrie, e bonberger.e vrai èglementtgouvernementesber-

gers

t

bergères

texte

modernisé

ar

M.

Clévenot,aris, 979,

.

92. Sur

'auteur,

cf.DictionnaireesLettres

rançaises.

e

Moyen

ge,

nouv.

d.,

Paris, 992,

.

755.

47. SurClairvauxt son

économie,

.

Fossier,

La

puissance

conomique

e

l'abbaye

e Clairvaux

u xnie

iècle

,

dansHistoiree

Clairvaux

op.

cit.,

p.

73-83.

Page 78: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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72

JEAN-LOUIS

AULIN

tifs une seule

plante,

a

gourde

ou

calebasse,

dite encore

cougourde

(( ugurta

.

Ces termes

désignent

a cucurbitacéedont le

fruit,

éché

et

vidé,

servait raditionnellement

e

récipient

Lagenaria

sicceraria).

Il

ne

peut

en aucun

cas

s'agir

de la citrouille u du

potiron

Cucur-

bita

dont

il

existe

de nombreuses

spèces) qui

sont

d'origine

améri-

caine et

qui

n'ont été

connus en

Europe qu'au

XVIe

iècle48.

En

1600,

l'agronome

Olivier de Serres es

distingue

rès

précisément.

u

sujet

des

cougourdes,

l

écrit

«

leur race n'est

pas estrangere,

mais

originaire

e

certaines

rovinces

de ce

Royaume

...).

Des citrouilles

n'est

pas

de

mesme,

car elles nous sont venues des

Royaumes

de

Naples et d'Espagne, de différentesspeces,dontquelques unes sont

de

monstrueuse

rosseur

t

pesanteur

49.

C'est

cependant pour

son

intérêt limentaire

ue

la

gourde

est

mentionnée ans les

Préceptes

isterciens

Écrasée,

mélangée

du

pain

et

bouillie,

la

pulpe

de

la

gourde

devait

apporter

un

peu

de

variété

à une alimentation

monastique ui

recourait

abituellement

ux

fèves,

aux

pois

et

aux lentilles50. es

graines,

i elles étaient

broyées,pou-

vaient

apporter

un

supplément

e

lipides

et de

protéines.

Cette

plante figure

dans le

livre

de

Palladius,

sans

faire

toute-

fois

l'objet

d'une notice

développée51.

n

quelques lignes

très den-

ses,

l'anonyme

cistercien

onne tous

les conseils nécessaires la cul-

ture et à l'utilisation e la gourde sélectiondes graines elon la pra-

tique

ancienne de

l'immersion ans

l'eau

(les plus légères

ont écar-

tées),

profondeur

t

distance

de

plantation, uteurage, poque

de la

récolte,

préparation

culinaire.

On

remarque

en

particulier

e soin

apporté

à tuteurer a

plante

il

est conseillé de construire ne

sorte

de

treille,

hauteur

d'homme,

de

façon

à

ce

que

les feuilles es

plus

élevées

protègent

a

plante

et

ses fruits e l'ardeur du soleil estival.

Compter

et contrôler

Deux

des

Préceptes

1

et

4),

relèventmoins des activités

e

pro-

ductionque du souci de bonne gestion.La première ègleétablit e

48.

Cf.

a

notice Cucurbits

dansN.W. immonds

éd.),

Evolution

f Crop

Plants

Londres,

976,

p.

64-69

J.

André,

es

noms e

plantes

ans a Rome nti-

que

Paris, 985,

.

80

cucurbita).

ette istinctionst

ouventbsentees

ouvrages

de

vulgarisation.

'est

insi

u'une

raductionécenteu

troisièmees

Préceptes

is-

terciens

'intitulealencontreusement

Des

courges

,

sans

ommentairettirant

'atten-

tion u

ecteur,

f.

Sources 'histoire édiévaleX'-milieu

u

xiv*

ièclesous a dir.

de G. Bruneit

E.

Lalou, aris, 992,

.

224

chap, édigé ar

P.

Portet

t

G.

Bru-

nei).

Je emercie

. M. Chauvet

u

Bureau esRessources

énétiques

our

es nfor-

mations

otaniquesu'il

m'a fournies.

49.

Olivier

e

Serres,

e

Théâtre

'agriculture

t

mesnage

es

champsLyon,

1675,

.

486.

50.Sur 'alimentationClairvaux,f. H. d'ArboiseJubainville,tudes url'état ntérieures bbayesisterciennestprincipalementeClairvauxauxne tau

xiw

iècle, aris, 858,

p.

114-134

sur 'alimentation

onastique,

ombreuses

on-

nées t

nterprétations

ans

M.

Montanari,

limentazione

cultura elMedioevo

Rome-Bari,988,

hap.

.

51.

Palladius,

, 9,

16.

Page 79: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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AGRONOMIE

NTIQUE

T

ÉLABORATION

ÉDIÉVALE

73

nombre

de

bêtes

qu'il

faut

pour

vêtirdeux cents hommes

1, 1).

Le

texte

pporte

des

équivalences

ntéressantes

ntre a

toison d'un ani-

mal et

deux

unités,

de

poids (la

pierrée)

et

de

longueur

le drap

de

16

aunes).

2

100

toisons

équivalent

75

pièces

de

drap (1

200

aunes)

ou encore

à 300

pierrées.

En

attribuant n

peu

plus

de

5

aunes

de

drap

à

chaque personne,

e calcul démontre

u'il

faut

«

dix

toisons

et demie

»

pour

vêtir un

religieux52.

Ce

vêtement,

istribué

haque

année,

comprend

ne

tunique,

des

chausses

et des

guêtres.

Raisonnant sur

un nombre

mportant deux

cents

hommes),

'auteur de ce calcul

peut dégager

un

reliquat

essen-

tiellementtilisépourdes chapeset des coules (40 au total). La chape

est

une robe

de laine destinée ux conver

,

plus

courte

que

la coule

des

moines

de chœur53.Le texte

nous

fournitune

précision

à cet

égard

la

fabrication 'une coule demande 25 % de laine

supplémen-

taire

par rapport

à la

chape (1, 4).

Le nombre

de

religieux ris

comme

exemple

évoque

les

impor-

tantes communautés

monastiques

du

XIIe

iècle,

lorsqu'il y

avait

200

moines

de chœur

à

Clairvaux,

100

à

Pontigny,

140

à Rievaulx.

Mais la

mentiondes deux

vêtements,

oule

et

chape,

montre

ue

ce

calcul

prend

en

compte

aussi

bien

les

frères onvers

que

les

moines

de

chœur.

l

est difficile

e

savoir

si la

proportion ue

semble établir

l'auteur au traversde la distribution es habits (30 converspour

10

moines) correspond

la réalité. Les données relatives

u

nombre

de convers

sont

peu

nombreuses

t

d'interprétation

ifficile.

i l'on

a

pu

établir

une

«

moyennegénérale

de

15 à 20 °7o

de convers) par

maison

»,

il

semble

bien

que,

dans

les

grands

établissements,

e nom-

bre des convers

dépassait

de

beaucoup

celui

des

moines

ainsi

à Pon-

tigny

300

convers)

et

à Rievaulx

(500

convers)

4.

l

n'est donc

pas

impossible

de

penserque

ce

rapport

de trois

pour

un

avait

une

signi-

fication

normative,

ont

'auteur des

Préceptes

qui

écrivait

Clair-

vaux,

au

temps

de

l'apogée

de l'ordre

-

s'est

fait l'écho.

Le dernier

récepte

établit

a

quantité

d'avoine nécessaire

pournourrir n chevalpendantun an. On distinguee cheval de grostrait

(« equus

quadrigarius

de maioribus

,

4,

2)

du cheval de trait

éger

equus

quadrigarius

de minoribus

,

4,

3).

Le

premier

onsomme

52.

La valeur e

'aune

ariait

videmment'un ieu l'autrel'aune e

Provins

valait

,813

m,

soitun

peuplus

de

4

m

pour

aunes

M.

F.

Bourquelot,

tudes

sur es

oires

op.

cit.,

I,

p. 96). Trop

e variablesnterfèrent

our

ue

'on

puisse

donner

es

équivalents

odernes

type 'élevage,

aces

vines,

ode

e

préparation

de la

laine...).

53. H.

D'Arbois

e

Jubainville,

tudesur 'état

op.

cit.,

.

135.

Dans

e sta-

tut es

onversisterciens

e a deuxième

oitiéu

xiie

iècle,

n it u

chapitre

VI,

De vestitu« Vestitusit appatunicecalige,edules... (J.A.Lefèvre, L'évo-lutionesUsus onversorumeCîteaux,Collectanea. C.R.,17 1955), p.65-97).

54. M.

Pacaut,

Les moines lancs

cit.,

.

271

t

pour ontigny)

.-J.

ekai,

Les moines

lancs

Paris,

957,

.

287.

Pour

Clairvaux,

n

dispose

'un

hiffre

lo-

bal

d'environ

00

personnes

la mort e saint

ernard,

ans

ouvoirréciser

avan-

tage

Sancii

ernardiita

rima,

L

t.

185,

ol.

363

B).

Page 80: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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74

JEAN-LOUIS

AULIN

six

setiers

'avoine

par jour,

le second

seulement

inq.

Un

calcul élé-

mentaire

ermet

e

conclure

que

«

neuf

muids

d'avoine,

un setier t

une

prébende

conviennent

our

nourrir e

cheval

de

grande

taille

(4,

4).

Peut-être

faut-il

faire e

rapprochement

vec cette

«

mesure

d'avoine établie au

chapitre

de Cîteaux

»

à

laquelle

font

allusion

les

Statuts

de

l'ordre dès

11 4

55

?

Statuts t

codifications

voquent

assez

fréquemment

es

chevaux

que

les

Cisterciens levaient n

grand

nom-

bre,

certains

pour

un

usage

agricole,

d'autres

pour

servirde

montu-

res

aux

abbés

qui

se

rendaient,

ne

fois

l'an,

au

chapitregénéral

à

Cîteaux.

Le

contrôlede la ration

d'avoine

semble

effectif un con-

vers est puni d'avoir remplacé 'avoine par de la paille, un autre

d'avoir refuséde nourrir es

chevaux

d'abbés

qui

faisaienthalte

au

monastère56.

our

assurer

une

meilleure

urveillance

es coûteux

che-

vaux,

les écuriesdevaient e trouver

l'intérieur e

l'enceinte

ui

pro-

tège

les

monastères57.

Cette

volonté

de contrôle

st sans

doute à

l'origine

des

Précep-

tes Sur

un mode

constamment

mpératif,

eux-ci

délivrent

es ins-

tructions

l'usage

des

exécutants.

On

peut

imaginer

u'un

cellérier

a

fixé ces

quelques

règles

en une

sorte

d'aide-mémoire.L'art de la

bergerie

st,

quant

à

lui,

explicitement

estiné

un maître

magister

surveillant e travail

des

bergers.

Lui

seul a le

droit de

parler

alors

que les bergers 'affairent traire es brebis 2, 14). Il surveille a

fabrication

es

fromages 2, 6)

;

c'est

un

meneur

d'hommes

qui

doit

savoir enir

ompte

des circonstances

il

raccourcira,

ar

exemple,

'iti-

nérairedu

troupeau

es

jours

de

canicule,

pour

éviter

ue

les

bergers,

fatigués

t

irritables,

e fassentmal

leur travail

t ne

nuisent u

trou-

peau

(2, 9).

On

peut

voir dans ce

magister uquel

s'adresse

l'auteur

des

Préceptes

la

figure

u maître

des

convers,

véritable

égisseur

es

granges mportantes,

ntermédiaire

ntre es

convers

agriculteurs

t

bergers),

t les

moines.

Il

y

avait donc

bien,

à

Clairvaux,

dans la

seconde

moitié du

XIIe iècle,une véritable ulture gronomique.Souvent nvoquéemais

rarement

émontrée,

elle-ci

ne doit

pas

être

réduite

à

des

progrès

techniques

dont

on

a

déjà

dit

qu'ils

n'avaient

été

le fait

des

Cister-

ciens. Cette culture

puisait

à deux

sources

le

traité

ntique

de Pal-

ladius,

qui

fournissait

lors

le seul

accès

à un

savoir

savant et

tradi-

55. J.M.

anivez,

tatuta

apitulorumeneralium

rdinis isterciensis

b anno

1116 d annum786

I, Louvain,

933

«

mensura

venen

Cisterciensi

apitulo

ons-

tituía

(année

134,

IV).

l

y

a

trop

'inconnues

our ue

'on

puisse

orrectement

évaluer

ette ation

valeur

u

muid

'avoine,

art

e 'avoine ans

'alimentation

u

cheval,

oids

e l'animalt travail

emandé).

otons

ue

le

muid tilisé

ontient

8setiers.lya donc ne rreurn4,2 onattendraitpourroisentsuitsixmuidsetdeux etiers(etnonpas« sixmuidst unsetier). Le calcul inal,onné our

le cheval e

gros

rait st

orrect

4,4).

56.

bid.,

nnée

205,

0; 1206,

9.

57. B.

Lucet,

es

Codifications

isterciennese

1237 t de

1257

Paris, 977,

,

15,

p.

212.

Page 81: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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AGRONOMIE

NTIQUE

T

ÉLABORATION

ÉDIÉVALE

75

tionnel un savoir-faire

ontemporain,

ssu de la

pratique, dapté

aux

activités urales

des

Cisterciens. 'un côté le

livre,

opié

par

des moi-

nes

cultivés,

de l'autre

l'expérience, pportée

par

des frères

onvers

d'origine paysanne.

L'imbricationde ces deux savoirs et leur

uxta-

position,

n soi

exceptionnelle,

ur

un même

parchemin,

ont un

indice

de l'élaboration

d'une

culture

agronomique propre

au

Moyen

Âge.

La

recherche,

a

copie,

la

diffusion u traitéde Palladius n'étaient

pas,

au

XIIe

iècle,

des actes

synonymes

'archaïsme.

La

volontéd'une

bonne

gestion

ouvait

au contraire

nciter,

ans

un même

mouvement,

à étudier

un

ouvrage antique

faisant utorité

t

à codifier es

usages

éprouvés par la pratique.

Les Cisterciens

ils ne furent

as

les

seuls

-

jouèrent

un rôle

important

ans

la

redécouverte

t la

diffusion

u

traitéde

Palladius,

c'est-à-dire,

travers

ui,

de

l'agronomieantique.

Il

faut,

plus parti-

culièrement,

eur reconnaître e mérited'avoir diffusé e texte

dans

l'Italie

du XIIIe

iècle58.

En

agronomie

comme en architecture

ils

apportèrent

l'Italie la

technique

de la voûte

gothique

-

les Cister-

ciens

furent

l'origine

d'une translado des

techniques

du nord vers

le sud.

Peut-être

aut-il,

n dernier

essort,

nterpréter

ette rénovation

de

l'agronomie

à la

lumière des

choix

éthiques

de

saint Bernard.

Observés- tant bien que mal - par ses disciplesdurant e XIIe iè-

cle,

ils

imposaient

de cultiver t faire cultiver

es

terres,

mais aussi

de refuser

a

perception

e revenus

eigneuriaux.

eurs

conséquences

économiques

usage,

un

temps

xclusif,

u

fairevaloir

direct,

néces-

sité

d'organiser

t de contrôler e travailde nombreux

onvers ont

pu

favoriser

a recherche e modèles et de

connaissances

gronomi-

ques

: un savoir

technique

à la fois

théorique

et

pratique,

docte et

empirique,

crit

t

oral,

un instrument

e

gestion

autant destiné ux

cellériers

t

aux maîtres

des

granges

qu'aux

frères onvers.

58. LesPréceptesisterciensremarquésarJ.Svennung« kleinereotizenusLandwirtschaft, loc.cit.)ne sont asrelevésarJ.Agrimi,ecnicascienzaop.

cit.,

ni

par

A.L.

Gabriel,

Cataloguef microfilmsop.

cit

,

qui

donne

ourtant

I'

xplicit

...

et unam

rebendam

.

Il

faut

orriger

a notice e L. Jordan

t

S.

Wool,

Inventoryf

Western

anuscriptsop.

cit.,

qui

invente

n

titre

«

de

pascu

)

et donne

n

ncipit

rroné

«

Aucentibus

ominibus...

).

Page 82: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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76

JEAN-LOUISAULIN

ANNEXE I

Manuscrits ontenant

es

Préceptes

cisterciens 'économie

rurale

1)

Cité du

Vatican,

iblioteca

postolica,

rchivio

i

San

Pietro,

H 40

(sigleV)

Description

Parch

II

+

148

+ II

ff.

179 x

118 mm

xiic-xnic

.

Contenu f.

3-146

Opus

agriculturae

e

Palladius.

f. 146r-147

Préceptes

isterciens'économie

urale

incomplets).

f.

146r

inc.

«

Post festivitatemanctiMichaelis...

f.

147r

expl.

«... fervor uerit/

(=

Préceptes

2,

9).

Origine Italie.Possesseurarmes urimposéesu cardinal iordano rsinif.3) ; sous

sa cote ncienne

CCLXXIIII,

fol.

3),

il

figure

ans e

testamentu cardinal

qui légua

es ivres u

chapitre

e Saint-Pierren 1434

cf.

éd. du testament

par

F.G.

Cancellieri,

De

secretariisasilicae

..,

2, Rome, 1786,

p.

910).

Bibliographie

C. Storna

olo,

Inventarium

odicum

manuscriptorum

latinorum

rchivi

asilicae

. Petri n

Vaticano

dactyl,

e

la salle Barbe-

rini,

°

411),

3,

p.

166

J.

Saxer,

«

Troismanuscrits

iturgiques

e l'Archi-

vio di San

Pietro,

ont

deux

datés,

ux

armes

u

cardinal ordan

rsini

,

Rivista i

storia ella hiesa

n talia

27

(1973), p.

501-505

Manuscritslas-

siques

atins e

la

Bibliothèque

aticane

1, Paris,

1975,

p.

55 R. H. Rod-

gers,

An

Introduction

op.

cit.,

p.

169

A. M.

Moure

Casas,

Palladius

op. cit., 61.

2)

Milano,

Biblioteca

mbrosiana,

91

sup.

(sigleA)

Description

Parch.

VII

+

246 + I

ff. 160 x

230

mm

2

col.

;

fin

xiiie-xive

iècle.

Recueil nciende textes

echniques

une

seule

main).

Contenu

f. 1-40

vb

Opus agriculturae

e

Palladius t

Préceptes

is-

terciens 'économie

urale58.

f.

38v

inc.

«

Ducentis ominibus

onvenit....

f. 39r

expl.

«...

unam

prebendam

.

f. 39v-40v

«

Incipiunt apitula

ibri

Palladii .

Origine

Italie

Possesseursex-librisxive .) enpartie ffacé « Iste iber stserNico-

lai

[....]

»

(f. 246v) acquis par

la B.

Ambrosiana

Venise n

1609.

Bibliographie

J.

Svennung,

Untersuchungenop.

cit.,

p.

621

R. H.

Rodgers,

An

Introduction,

p.

cit.,

p.

166

J.

Agrimi,

Tecnica

scienza

nellaculturamedievale.

nventarioei

manoscritti

elativilla

scienza

alla

tecnica

medievale

sec.

XI-XV)

Biblioteche i

Lombardia

Florence,

976,

p.

78

;

A. L.

Gabriel,

Catalogue f microfilms

f

one

thousand

cientific

manuscripts

n the

Ambrosiana,

otre-Dame

Indiana),

1968,

p.

200

A.

M.

Moure

Casas,

Palladius

op.

cit.,

p.

36

L. Jordan

t S.

Wool,

Inven-

tory f

Western

anuscripts

n

theBiblioteca

mbrosiana

part

ne

A-B

supe-

rior

Publications

n Medieval

tudies,

XII/

) University

otre

ame,

1984,

pp.

105-107.

3)

Firenze,

Biblioteca

Medicea

Laurenziana,

anta

Croce,

24

sin

6

(sigle )

Description

Parch.,

I + 62 ff.

139 x

206 mm 2

col.

;

xiiie

iècle.

Recueild'une seule

main,

ontenant

égèce

t

Palladius.

Page 83: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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AGRONOMIE

NTIQUE

T ÉLABORATION

ÉDIÉVALE 77

Contenu f. 27ra-59ra Palladius.

f. 59ra-59vb

Préceptes

isterciens

'économie urale.

f. 59ra

inc.

«

[D]ucentis

ominibus

onvenit...

.

f. 59vb

expl.

«... unam

prebendam

.

f.

60ra-61rb

«

capitula

.

Origine

Italie

Possesseur

Couvent anta Croce

«

iste

iber st armadi

(f.

1

mg.

sup.).

Bibliographie

A.

M.

Bandini,

Catalogus

odicum

atinorumibliothe-

cae

Mediceae

Laurentianae

4,

Florence, 776,

col. 175 J.

Svennung,

Untersuchungen

op.

cit.,

p.

621 R. H.

Rodgers,

An Introduction

op.

cit.,

p. 165 J.Fohlen, « Études récentes ur les manuscrits, loc. cit.,

pp.

99-100

A. M. Moure

Casas, Palladius,

p.

cit.,

p.

21

;

S. Bernardi-

nello,

Scriptorium,

5

(1981),

p.

155

Bulletin

odic. n°

848).

4)

Firenze,

.

Laurenziana,

anta

Croce,

25 sin

9

(sigleL)

Description

Parch.

III +

122 + III

ff.

num.

ncienne

t

moderne)

168 X 235

mm

xive-xve.

Recueil

e textes

'origine

ariée onstituévant

a donation u couvent

Santa Croce

de Florence

1410).

La

copie

de

Palladius,

ur

deux

col.,

est

du

xive

iècle

les

Préceptes

isterciens

ont de la mêmemain.

Contenu

f. 113-120va

Opus

agriculturae

e Palladius

fragment),

f. 120ra-120va

Préceptes

isterciens'économie

urale.

f. 120ra inc. « Ducentis ominibus....

f.

120va

expl.

«... unam

prebendam

.

Origine

Italie.

Possesseurs

«

Iste

liberfuit d usum fratris

hebaldi e Casa

quem

assignavit

ivens rmario

onventusiorentininno

1410

die

XIV

decembris.

Bibliographie

A. M.

Bandini,

Catalogus,

p.

cit., 4,

col. 198-190

J.

Svennung,

Untersuchungen,

p.

cit.,

p.

621 R.

H.

Rodgers,

An Intro-

duction,

p.

cit.,

p.

165

J.

Fohlen,

«

Etudes écentesur es manuscrits.

loc.

cit.,

pp.

99-100 A. M.

Moure

Casas,

Palladius,

p.

cit.,

p.

64.

5)

Troyes,

ibliothèque

unicipale,

369

sigle

T)

Description

Parch.

251 +

II ff. 160

x 221

mm,

xiie-xnie.

Codexdouble les Distinctionesuper salterio 'Eudesde Châteauroux

(f.

1-171,

me

.),

sont uivies

u traité e

Palladius t des

Préceptes

ister-

ciens

une

seule main

finxne-début

me

.).

Contenu

f. 172-250r

Opus agriculturae

e Palladius.

f. 250r-251v

Préceptes

isterciens

'économie

urale.

f.

250v inc.

«

Ducentis ominibus

onvenit...

f.

25 v :

expl.

«...

unam

prebendam

.

Origine

France

manuscrit

istercien,

robablement

opié

à

Clairvaux.

Possesseur

«

Liber Sánete

Marie Clarevallis

(fol.

de

garde) figure

dans l'inventaire

e la

bibliothèque

e Clairvaux

ressé n

1472

cote

«

M

16

»).

Bibliographie

Catalogue

énéral

es manuscritses

bibliothèquesubli-

quesdeFrance, , Paris,1855,p. 569 J.Svennung,Untersuchungenop.

cit.,

p.

624

R.

H.

Rodgers,

An Introduction

op.

cit.,

p.

169

J.

Fohlen,

«

Études

écentes

ur es manuscrits

,

loc.

cit.,

pp.

99-100

A.

Vernet,

La

bibliothèque

e

l'abbaye

de Clairvaux u

xne

au

xvme

iècle,

.

Catalogues

et

répertoires,

aris, 1979,

p.

196.

Page 84: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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78

JEAN-LOUISAULIN

ANNEXE II

PRÉCEPTES CISTERCIENS D'ÉCONOMIE RURALE*

(1)

1

Ducentishominibus

onvenitMM. et

.C. bestias d vestiendum

unicuique

orum X. vellera t

dimidium.

uod

ita

probatur.

Septem

el-

lera faciunt

etram,eptingenta

ellera C.

petras,

mille

t .CCCC

.

vellera

faciuntCC.

petras,

uo

miliaet

.C.

vellera aciuntCCC.

petras.

Una

petra

facit 1111.

aratas

alnas,

centum

etre

CCCC.

alnas,

.CC.

petre

.DCCC.

alnas,

trecente

etre

M. et

.CC. alnas.

4

Modo demus

er

annum

unicuique

V.

alnas

n

tunica t

caligis

t

pedulibus,

t

eveniuntC. fratribus

quingente

ine,

ducentis eromille

ine.

Ducente ine

remanent,

ndedamus

.XXX. capas nanno unicuiqueape .1111. lnas quatuor rigintaaciunt

.CXX.

alnas,

emanentLXXX. aine.Modo

faciamusX.

cucullas

er

nnum

et cuculledemus V. alnas decies

quinqué

fiunt

uinquaginta,

emanent

.XXX. aine ad

scapularia

t

caputia

t

saga.

5

Unus

drapus

habet

XVI.

alnas,

duo .XXX.

duas,

quatuor

LXIIII.

;

duo

super

adiunctifaciunt

.XXXII.,

que

fiunt

imul

C. aine 1111.minus

et alii sex

totidem senarius

vero

quatuor

uctus acit

XXIIII.,

adde unum

drapum

XVI.

alnarum,

t

fiunt XXV.

drapi

qui

redduntCCCC. alnas

quinquagintarapi

DCCC.

alnas,

LXXV.

drapi

MCC. alnas.

*

Pour

es

sigles

esmanuscrits

'édition,

f.Annexe.

T,

le

plus

ncien

t e

meilleuresmanuscritse ces

Préceptes

isterciensa servi

e ms.de base.

Lorsqu'un

seul

émoin

'écarte e tous es

autres,

n a

allégé

'apparat

n ne

mentionnant

ue

le

sigle

u ms.

fautif

ed.

signale

ne

onjecture

e l'éditeur.

Pour a mise u

point

e cette

dition,

'ai

tiré

rofit

es

précieux

onseils

e

M. F. Dolbeau ue e remercierès ivement.(1) 1. .ut dd.Apost onvenithabentdd.Apost estiendumI 2. .CC.petras

... velleraaciuntom.

L

II

3. trecentetre-

II

4.

eveniunt

-nient

;

.C.

fratri-

bus

T

: fratribusC.

A

;

quingente

: ducenteFL

remanent

are-

;

et

dd.

AFL

post

nno

I

5. et dd.

T

ante

XXV.

rapi

.CCCC. lnas

uinquagintarapi

om.

A II

Page 85: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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AGRONOMIE

NTIQUE

T

ÉLABORATION

ÉDIÉVALE

79

Traduction

(l)1

Pour

deux cents

hommes,

l

faut deux mille ent

bêtes

pour

es

vêtir,

oit

dix toisons t demie

pour

chacund'eux démonstration.

Sept

toisons ont

ne

pierrée,ept

ents

oisons

ent

pierrées,

ille

uatre

ents

toisons

ont eux

ents

ierrées,

euxmille ent oisons ont rois

ents

ier-

rées.

Une

pierrée

ait

uatre

unes

prêtes,

ent

ierrées,uatre

ents

unes,

deux

cents

pierrées,

uit ents

unes,

rois ents

pierrées,

milledeux cents

aunes.

4

Pourvu

ue

nous donnions

ar

an à chacun

inq

aunes n

tunique,

chausses

t

guêtres,

ela

fait

inq

cents unes

pour

centfrères

t

donc

mille

aunes

pour

deux

cents.

Restent eux ents

unes,

dont

nous

donnons rente

chapespar

an

à

quatre

unes

parchape,quatre

foistrente ont ent

vingtaunes restentuatre-vingtsunes.Pourvu uenous fassions ix coulespar

an

et

que

nous

donnions

inq

aunes

par

coule,

dix

fois

inq

font

inquante,

restent rente unes

pour

des

scapulaires,

es

capuces

et des couvertures.

5

Un

drap

contienteize

aunes,

deux

trente-deux,

uatre oixante-quatre

deux

joutés

n

plus

font

rente-deux,

ui

en tout ont ent unesmoins

ua-

tre et six autres

ont

utant

six unités

omptées

uatre

fois

font

vingt-

quatre, joute

un

drap

de seize

aunes,

t cela fait

vingt-cinqraps ui

ren-

dent

uatre

ents unes

cinquante raps,

uit ents unes

soixante-quinze,

milledeux cents

unes.

Page 86: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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80

JEAN-LOUIS

AULIN

(2)1

Quo

tempore

ebeant imittirietes d oves.

2

Post festivitatemancti

Michaelis XV. die arietesdimittunturd

oves

.XV. tricenariiantum

ustodianturvium imul um

sedecim rieti-

bus

trium

nnorum.

Tempore gnelationis

er

mensem

naquaque epti-

manadatur is sai ab

indeomni

empore

XV. die.

Quando

enim

eparan-

tur

matribus,

oxtunduntur

ropter

ediculos

t

quia

melius

rescunt,

t

unaquaque

bdomada atur

is sal

ñeque mplius

eque

minus

ndigent.

d

nativitatem

omini

unguntur

um matribus.

Per

totam statem ant

per

nemora

i fieri

otest ropter

ervorem,

ac habundantiusabentes t

melio-

res

nde sunt t lana.

5

Factum

aseum ta

dimittiturt sextodie sai

impo-

nitur

n

parte

nferioribluto

prius, iquefacto

ero

ale ex alia

parte

alitur,

et duo simul antum onunturt,cum sale ductifuerint,ollunturnde etin sicciori oco

ponuntur.

ltero ie

semper

idendi e

negligentia

ereant

et

semper

eteriores

ligantur

t

prius

istrahantur.rovideatur

erone ali-

cuius

negligentia

ale

componantur.Usque

ad

festivitatem

anctiMichae-

lis bis

n

die

mulgeantur

t

postea

emel,

onee ac

potest

lici,

ne nimis

in-

gues

um

rietibus ittanture

noportuno

empore

etus mittant.ed

post

coniunctionemrietum ota

hyeme

t

pingues

intbene custodiantur.

Per

totam statem

urgente

urora

estinanter

ulgeantur

e

solitum

astum

er-

dant t cumdies ncaluerit

ucanturbi calor olis

utventus rens on

possit

eis

nocere.

In

vespera

utem amdiu oris intut

recuperentastum uem

in

die

perd.iderunt,

t tunc

prospiciatur

e sint

alide um

n

ovilibus nclu-

duntur.

Si

autem

magnus

ervor

uerit,

ant

n

proximis

ascuis

ne,

si lon-

giusabierint,onpossint ompetenterd umbraculaccurrere,e pastores

irati

um

eas

propter

alorem

ucerenon

valuerintas

male tractent nec

sinant as

inoportune

ongregari

empore

aloris ed

semper

moderate is-

pergane

t cum

adducuntur

on

mulgeantur

alide.

10

Cum aurora

pparue-

rit,

mox

gniculi

ucantur

d

pastum

bi tamdiu

int onec

er

e

ipsos

uies-

cant,

et tuncducantur

n

frigidioribus

mbraculis

bi

sollicite ustodiantur

ne

insimul

male

aceant.

1

Post

occasum

utem aloris terum

ucanturd

pascua

et tamdiu ustodiantur

onec

eis sufficiat.

2

Si

autem

per

estatem

nemora on

habuerint,

nteauroram

mulgeantur

t ducanturd

pascua

ut

ante alorem ufficientereficiantur

t

post

occasum aloris terum

ucantur

ad

pascua

et sufficienteromedant.

3

Cum

viderint anetelas

aranearum

oneratas

qua

non

permittant

ascere

si

fervor

uerit

t

pluvia

eciderit,

on

sinanturacere ed ad excelsioraoca ducantur,bi a vento anganturem-

perque

moveantur.

4

Omnes ilencium

eneant

um

mulgent

ves

excepto

magistro

ui

tantum ecessaria

oquatur.

(2)

1. tit. om.

LT M

utvid. dd.

A

post

rietes

tres

III)

add.

F

post

ves

II

2.

festivitatem

om.

A

;

die

dies

V

custodiantur

LT

-diuntur

-diunt

annorum

TV

agnorum

L II

3.

unaquaque

unamquamque

ebdomadaedo-

mada

A

;

omni

om.

V

propter

T

prope

LV I

5.

Item dd.

V

ante

actum

dimittitur-tunt

;

liquefacto

-factio

;

vero om.

A

;

salitur

-atur

;

inde t

et

nde

A

;

pereant

..

negligentia

om.

A

;

distrahantur

-trantur

;

provideatur

-videant

II

6. festivitatem

TV

festum vesti- :

mulgeantur

-eatur

pos-

tea

post

V

donec

om.

L

;

elici dici

V

mittantur

-tuntur

tempore

-ori

F ; sint fiant ; bene om.L II 7. mulgeanturmulgant ventusventis II8. recuperentreciperent perdiderunt-rint ettunc et nunc in etiam

V II

9.

occurrere

:

curere

;

irati

om.

A

;

nec ne

L

;

mulgeantur

-gantur

II

10.

aurora

au[..]ra

A

;

insimulsimul

II

12. non ne

F

;

habuerint-runt

II

13.

aranearum

:

aragnium

F

aragneum

;

oneratas :

hone

ALF

excel-

siora excesiora

;

moveantur

T

ins.

n

mg.

I

Page 87: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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AGRONOMIE

NTIQUE

T

ÉLABORATION

ÉDIÉVALE

81

(2)1

À

quelle époque

l faut

ccoupler

es béliers ux brebis.

2

Le

quinzièmeour

après

a fête e saint

Michel,

es béliers

ont ccou-

plés

ux

brebis

quinze

rentainese

brebis,

as

davantage, euvent

emeu-

rer nsemblevec

seize

béliers

e trois ns.

3

À

l'époque

de

l'agnelage,

n

leurdonnedu

sel une fois

par

semaine

endant

n mois

ensuite ne fois

par quinzaine.

uand

es

agneaux

ont

éparés

e leurs

mères,

n les tond

aussitôt cause

des

poux,

et

parce u'ils

croissent

ieux,

t on leur

donne

du sel une fois

par

semaine t ils n'ont

besoin

ni

de

plus

ni

de moins.À

la

Nativité

u

Seigneur

n

les

rassemble

vec leursmères.

Pendant out

l'été,

que

les

brebis illent e

par

les bois si c'est

possible,

cause de

la

chaleur,

lles auront

u lait

plus

abondant,

lles seront

meilleures,

t leur

laine aussi.5 Le fromageait st aissételquel,et le sixièmeour on met

du sel sur

a

partie

nférieure

près

'avoir avé une fois e sel

fondu,

n

sale de

l'autre ôté et on en metdeux

nsemble

et

lorsqu'ils

eront

mpré-

gnés

de sel on les ôte de là et on les metdans un

endroit

lus

sec. On

les

surveille

oujours

n

our

sur

deux,

our u'ils

ne soient

as perdus

ar négli-

gence,

t

on choisira

oujours

es

moinsbons et on les

prendra

vant es

autres.On veillera ussi à ce

qu'ils

ne soient

as

mal

fabriqués

cause de

la

négligence

e

quelqu'un. Jusqu'à

a

saintMichel

n

trait es brebis

eux

fois

par our

et ensuite

ne fois eulement

t

tant

ue

le

lait

peut

tre

iré,

afin

qu'elles

ne soient

as

conduites

ropgrasses

ux béliers

i

qu'elles

ne

mettentas à un

moment

nopportun.

ais

après

'accouplement

vec les

béliers,

endant

out

'hiver,

n les surveilleraien

pourqu'elles

oient

ras-

ses. 7 Durant out 'été,au pointdu jour, on les traira apidementour

qu'elles

ne

perdent as

leur

pâture

abituelle,

t

lorsque

a chaleur u

jour

augmentera,

n

les conduira à

où l'ardeur

u

soleilet le vent

brûlant e

peuvent

as

les atteindre. Le

soir,

u'elles

restent ehors ussi

ongtemps

qu'il

faut

pour

rattraper

a nourriture

u'elles

ont

perdue

endant

a

jour-

née,

aprèsquoi

on

prendra

arde

u'elles

ne soient

as

chaudes

uand

on

les enfermeraans

es

bergeries.

Si la

chaleur st très

rande,

u'elles

il-

lentdans es

pâturages

es

plus proches

e

peur ue,

si elles

s'en vont

rop

loin,

llesne

puissent agner

es

ombrages

u

moment oulu

t

que

les ber-

gers,

rrités

arce u'impuissants

les conduire cause de la

chaleur,

e les

traitent

al.

Que

ceux-ci e eur

ermettentas

de

s'attrouper

e

façon

ésor-

donnée u

moment e

la

chaleur,

mais

qu'ils

s'arrangentoujours our

es

dispersernpeu etquandon lesramène,u'ellesne soient astraiteshau-

des.

10

Quand

l'aurore

pparaîtra,

n conduira es

agnelets

la

pâture

ù

ils resteront

usqu'à

ce

qu'ils

se

couchent

'eux-mêmes,

t on les conduira

alorsdans de

plus

frais

mbrages

ù

on les surveilleravec soin

pour

qu'ils

ne

soient

as

étendus nsemble e mauvaise

açon.

11

Après

a tombée e

la

chaleur,

n

les conduira

e nouveau ux

pâturages

t on les

gardera

ant

qu'il

leur onvient.

2

i

pendant

'été on n'a

pas

de

bois,

on traira es bre-

bis avant

'aurore t

on les conduira ux

pâturages ourqu'elles

e

restau-

rent uffisammentvant a chaleur et

après

a tombée

e la chaleur n

les

conduira

de nouveau aux

pâturages

t elles

mangeront

suffisance.

13

Quand

on

verra e matin

es toiles

'araignée hargées

e

rosée,

n ne les

fera

pas

paître

s'il fait rès

haud t

qu'il pleuve,

n

ne

leur

permettraas

de se couchermaison les conduira ersdes lieuxplusélevés ù elles eront

exposées

u vent t

jamais

mmobiles.4

Que

tousfassent ilence

endant

qu'on

trait

es

brebis,

auf e maître

ui

ne dira

que

les

paroles

nécessaires.

Page 88: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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82

JEAN-LOUISAULIN

(3)1

De

cugurtis.

2

Intrantemaio et

per

totum

mensem lium

plant

ntur

ugurte

oc

modo. Bina

grana

nsimulmittentur

um

báculo circa III.

digitos

n

terra.

In nocte

ntequam

lantentur,

ittanturn

vase

aqua pleno

et

grana

evia

supervolantia

iciantur oras.Circa tres

pedes

erit

patium

nter

traque.

Ramus

igetur

ircaradices

ui surgat

d

superiora. oopertura

iet

esuper

ad modum inee d staturam

ominis,

amique

oliati

uper

ooperturamroi-

cientur

ropter

mbram.

uper

poma prohicietur

erba

propter

alorem.

3

Hoc modo

colliganturoma

et

coquantur

n

pulmentum.

um fuerint

poma

mediocriter

ura,

ta

ut

unguem ossisfigere,

ollige

a,

separa

orti-

cem

durum,

t sie

minutatim

inue a

;

et

postea

onterantur

istillo

n

vase

aliquo et coquanturmixtis aneconfracto el pomis.

(4)

1

De

pastu

equorum.

2

Sex noctibus

amus

quo

quadrigario

e

minoribusnum

extarium

avene,

XII.

noctibus

uo

sextarios,

iginti,

IUI.

noctibus imidium

odium,

.XLVIII.

noctibus num

modium,

entum

octibus

IUI. minus uos

modios,

ducentis octibusVIII. minus

uatuor

modios,

recentis

octibus

VI.

modios

et

unum

extarium.

Quinqué

noctibus

amus

quo

quadrigario

e

maiori-

bus unum extarium

vene,

ecern

octibusII.

sextarios,

XX.

noctibusIUI.

sextarios,

d est

dimidium

odium,

XL.

noctibus

num

modium,

ctoginta

noctibus II.

modios.

4

In

anno sunt CCCLXVI.

dies,

centenariusabet

quinquies iginti,

recenti

uindecies,

LX.

remanent

ue

fiunt er

viginti,

d

est simul XVIII.

viginti.

Modo demus uobus

viginti,

num

modium,ua-tuorviginti,uosmodios, ctoviginti,uatuormodios,XVI. viginti,Vili,

modios,

XVIII.

viginti,

ovemmodios.

uibus

noctibus

ue

remanent,

amus

unum

extariumt

unam

prebendam.

t

ita

per

annum

onvenit ni

equo

quadrigario

IX.

modios veneet

unum

extariumt

unam

prebendam.

(3)

1. tit.

om.

T II 2.

propter

..

prohicietur

om.

F

;

proiciantur...

oma

ins.

in

mg.

II

3.

colliganturlegantur

,

colligen-

;

in

om.

F

;

ita

T

: om.A

;

ea

earn

A

;

separa

d. et

para

AFLT

ea

(minue)

earn

A

;

minue mine

II

(4) 1. tit. om.T II 2. (dimidium)odium-diiA ; minus uos .. noctibusVIII om.A ; ducentis-tes ; trecentis-tes unumextariumFLT lege uo

sextarios

I

3.

avene

adve-

II

4. centenarius

abet

uinquies

T

ins.

n

mg.

AFL

ins.

UI

milia ucenti

ost uindecies

ducenti-ta

F

;

viginti,

num :

1

FL

om.

A

;

XVIII

dd.

F

post

iginti

duos)

XVI XVIIL

;

Quibus

quinqué

;

quadriga-

rio

quadra-

II

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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Médiévales

6,

printemps

994,

p.

85-101

Marilyn

NICOUD

«

CHE

MANZA

FICHI,

SEMINA ROGNA

» :

PROBLÈMES D'IDENTIFICATION

D'UNE

DERMATOSE AU MOYEN

ÂGE

L'étude

des maladies

décrites dans les

ouvrages

médicaux du

Moyen

Âge

présente

e nombreuses

ifficultés,

arce que

la nosolo-

gie

est

aujourd'hui

différente,

ue

les

conceptions

de la santé ont

changé,

et

que

le

même mot ne recouvre

as toujours

une même réa-

lité cela laisse e champ ibre l'approximationu autorisedes inter-

prétations

rudentes,

notamment

n

l'absence

de

description récise

des

symptômes1.

Ce

problème

e

pose

de

façon

plus aiguë

dans le cadre des tex-

tes

diététiques

ont

a fonction 'est

ustement

as d'analyser

es mala-

dies,

mais

de

proposer

un ensemble de

règles

destinées conserver

une bonne

santé. Ces

régimes

voquent

es vertus t nocivités es

six

choses

non naturelles

air,

sommeil t

veille,

xercice t

repos, replé-

tion et

inanition,

aliments

et

boissons,

accidents de l'âme

-

qui

influencent

'équilibre

des

humeurs hez l'homme. Les maladies

y

sont

certes

mentionnées,

mais les

symptômes

t

l'étiologie

sont

évoqués

rapidementt ne permettentas toujoursde reconnaîtrees affections

citées.

Dans le

chapitre

ur les

figues

de son Libreto

de tutte e cosse

che se

magnano

Michel Savonarole

évoque,

en citantun

aphorisme,

une

maladie,

la

rogna

Les difficultés

'interprétation

e cette affec-

tion nous

amènent à nous

interroger

ur

la constitution u savoir

médical

u

Moyen Âge,

tributaire

la fois de la

transmission

es auc-

toritates t

des

observations,

ur les

apports propres

de l'auteur et

sur le statut

des sentences u sein

de

son

œuvre.

1. Pour e

qui

concernees

problèmes

'identificationes

ffections,

oir

'étude

que

Mirko . Grmekonsacre certaines'entre

lles

ans

Les

maladies l'aube

de la civilisationccidentale

Paris,

ayot,

983,

t notammenton

hapitre

'intro-

duction,

p.

11-34.

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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86

MARILYN

ICOUD

Michel Savonarole et la littérature

iététique

Michel

Savonarole,

médecin

et auteur

de

nombreux

ouvrages

à

la fois

politiques

et

médicaux,

parmi esquels

une

Practica

maior est

aussi

l'auteur d'un texte

diététique,

e

Libreto

de tutte e

cosse che

se

magnano.

Ce

Padouan,

vers

1384,

docteur en

médecine dès

14122,

est

professeur

l'Université

e

Padoue

;

il

a été

appelé

à

la

cour

du

marquis

d'Esté,

Nicolas

III,

à

Ferrare,

en

septembre

1440,

en

remplacement

u célèbre

Ugo

Benzi3.

C'est à ce titrede

méde-

cin de

cour

qu'il

a

pu

faire de

Borso,

parvenu

au

pouvoir

en

1450,

le dédicatairede son Libreto .

La littérature

iététique

médiévale,

qui

tire son

origine

des trai-

tés

hippocratiques

t

galéniques5,

emble

bénéficier u

XVe

iècle de

l'intérêt

roissant

d'un

public

de

lettrés,

oucieux de

conserverune

bonne

santé,

comme 'atteste

e

grand

nombrede

régimes6 édigés

la fin

du

Moyen

Âge7,

souvent dédiés

à

de

grands

personnages

du

2. Si l'on e réfèreuxActa

raduum

cademicorum

ymnasii

atavinib anno

1406 d annum 450 urantibusC.

Zonta

et

I.

Brotto,Padova, 970, , 114,

270, 115-116,

°

274. Sur a vie de Michel

avonarole

Padoue,

oirTiziana

Pesenti

Marangon,

MicheleavonarolaPadova

l'ambiente,

e

opere,

a

cultura

medica, Quadernier a Storia ell*niversitàiPadova9-10, 977, p.45-102tEad.y rofessoripromotoriimedicinaello tudio iPadova al 1405 l 1509

Padova, int,

984. our e

reste

e

la

biographie

oncernantichele

avonarole,

voir es

ndicationsonnées

ans 'édition

ue

JaneNystedt

faite

u

Libreto e

tuttee cosse he e

magnano

Stockholm,

lmquist

Wiksell

nternational,

988.

3.

Ugo

Benzi,

riginaire

e

Sienne,

enseigné

ans

e

nombreusesniversitésta-

liennes

il

fute

médecin

ersonnel

e Nicolas

II,

marquis

'Esté,

ui

ui onfia otam-

ment

ne haire

l'Université

e Ferrare.

l

est

mort

robablement

ers

439. l

est

l'auteure Consilia

on ui en

revancheaussementttribué

a

paternité

'un

égime

de

santé.Voir ce

sujet

a démonstratione Juliana ill

Cotton,

Benedetto

Reguardati,

uthorf

Ugo

Benzi's ractatoe a conservationee

a sanitade

,

Medical

History

vol.

XII,

1,

anvier

968,

p.

76-82.

4.

En

voici a dédicace

Ad

llustrem

t

Excelsum

rincipem

Dominumorsum

Marchionem

stensem

ibellus ichaelisavonarolla

hisici

uide

rebus onnaturali-

bus ex ncipiteliciteréd.J.Nystedt,p.cit., . 57).La pratiquee la dédicace

était ouranteu

Moyen

ge

elle

ermet

l'auteure se

prévaloir

'un

ecteurllus-

tre. avonaroleédie insi u même orso ntraité

ur esbains

t

thermest son

frère,eonello,

récédent

arquis

'Esté,

n traité

ur es eaux rdentes.

5. Voir

arexemple,

e

corpus ippocratique

De l'Ancienne

édecineéd. J.

Jouanna,

aris,

es Belles

ettres,

990 De l'Aliment

Paris,

es Belles

ettres,

tome

,

1972

pseudo-Hippocrate,

u

régime

éd.

R.

Joly, aris,

967

Galien,

e

facúltate

limentorum

in

Opera

mniaéd. C.G.

Kühn,

0

vol.,

rééd.

Hildersheim,

1964-1965.

ippocrate

st e

premier

avoir nsisté

ur

'importance

e a

diététique

au sein e la médecinet a déclaré

son

ujet

«

en tout

as,

ce

qu'il

me

paraît

nécessaire

our

nmédecine savoirur a

nature,

t

de cherchere

toutes

esforces

à

savoir,

'il l'intentione

remplir

ant oit

eu

esdevoirs

c'est e

qu'est

'homme

par apport

ux

limentst ux

boissons,

e

qu'il

st

ar

apport

u reste e son

enre

devie, equiarriverachacun la suite echaquehose, De l'Ancienneéde-cinepp.146-147.

6.

Les

regimino

anitatis

onstituent'un

des

pans

e a

littérature

iététique

ces

ouvragesui évoquent

es six

choses

on

naturellesntervenantans e cadre

e la

santé ntun rôle ssentiellement

réventif.

7. Si l'on en croit

es réflexions'unBernard

e

Gordon,

égent

e la

faculté

Page 92: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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PROBLÈMES

'IDENTIFICATION'UNE

DERMATOSE 87

temps.

Le Libreto

est-il,

omme e

pensaient egarizzi

et

Belloni8,

un

traité

iététique

e

plus,

à une

époque

où le

genre

st

en

vogue

? Une

analyse

de

l'ouvrage

de Michel

Savonarole montre n fait

les trans-

formations

u'il apporte

à ce

type

de

textes

et le

déplacement

de

champ

culturel.

A

une

époque

où le

latin,

véhicule

du

savoir,

est

encore a

lan-

gue

utilisée

ans

la

majeurepartie

de la littérature

édicale

à l'excep-

tion de

certainsConsilia

en

langue

vernaculaire),

e

Libreto

de tutte

le cosse che

se

magnano

est

rédigé

en

italien,

peut-être

n raison des

faiblesses

n

latin de Borso10.

La

langue

vernaculaire t la

dédicace

soulignent urtout e statutd'une œuvrequi n'est plus conçue pour

l'usage

des

seuls

médecins u

étudiants,

mais

qui

cherche u

contraire,

comme d'autres

textes

diététiques,

ne

plus large

diffusion

armi

un

public

de

non-spécialistes.

et

ouvrage

se

démarque

des autrestraités

par

son

objet.

Comme

son

titre

'indique

d'ailleurs,

l centre

on inté-

rêt

sur

les

aspects

alimentaires

t notamment ur

les

produits ue

l'on

trouve ommunément

n

Italie11,

eléguant

insi les autres

composan-

tes de la

diététique

n un

chapitre

la

fin

du livre.

Il

s'agit

d'une

transformation

mportante

u

genre, ui, déjà

annoncéedans des œu-

vres du

XIVe

iècle

comme celles de Barnabas Reatinis

ou

Maino

de

Maineri12,

e fait

que

s'accentuer u

XVe

iècle

ainsi Antonio Gazio

de

Montpellier,

uteur 'un

Liliummedicinae

commencé

ers

303),

ans

equel

l

fustigeait

es

contemporains

Ymmo

uod

st

magis

bhominabile

edici ostriem-

poris

on

urantcire

eg.

anit,

uia

videtur

uod

non it bi

ucrum,

ed

n

cura-

cione

morborum

t

potissimeebris

unt ene

ollicititattenti

cité

ar

Luke

emai-

tre,

Doctor

ernarde Gordon

Professor

ndPractitioner

Toronto,980,

. 69).

La fin u

Moyen

ge

marquerait

onc ussi n

changement

'attitude

l'égard

e

la

diététique,

e a

part

esmédecins.'intérêtanifeste

'un

ublicomposé

e

patri-

ciens t

d'ecclésiastiques,

ui

constituent

a clientèleumédecine

cour,

sans

oute

poussé

n

certain ombre

e

praticiens

rédiger

es

régimes

e

santé.

8. A.

Segarizzi,

ella

vita delle

pere

i

Michele

avonarola

medico

ado-

vano el ecolo

XV

Padova,

900 t L.

Belloni,

La dietetica

ella

medicinael

passato, Gazzettaanitariavol.XXXVI, °1-2,Milano, 965.

9. Ces

textescrits

ar

des

médecins

l'usage

e

patients

onstituentes ortes

de

prescriptions

édicales

vanta lettre.addeoAlderotti

1223-1303)

ut

e

premier

à en

rédiger

n

talien.

ares n revanche

ont es

régimes

critsn

angue

ulgaire

avant e

xve

iècle,

l'exception

e celui 'Aldebrandin

e

Sienne,

édecin

oscan,

rédigé

ers

256 tadressé

Béatricee Savoie. on uccès

ut el

u'il

fut e nom-

breusesois

opié

t traduit

n dialectelorentinès 1310

ar

Zucchero

encivenni.

10. C'est

'argument

u'avance

.

Nystedt

our xpliquer

'emploi

e

'italien,

à

où on attendait

e latin

op.

cit

,

p. 15).

11.

«

... scriverò

e tutte

e cosse

he e

magnano

ommunamente

più

de com-

muna de

quelle

he

e beveno

er

talia

(op.

cit.,

p.

57).

12. Ces

deuxmédecins

ont

uteurs

e

régimes

e santé. arnabas

eatinis,

ri-

ginaire

e

Reggio

'Émilie,

t dont 'œuvrest

nédite,

notammentransformé

e

genren étante premier,ans e cadre esregiminoanitatisà utilisernplanalphabétiqueans onCompendiume naturistproprietatibuslimentorum.aino

de Maineri

mort

ers

364),

médecin

es

Visconti,

rédigé our 'évêque

'Arras

un

régime

argement

onsacré

l'alimentation,

vec omme

ouveauté,

n

Opuscu-

lum

e

saporibus

traité

ur

es

sauces

,

qui

a

également

ait

'objet

e

copies

à

part.

Page 93: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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88

MARILYN ICOUD

(1469-1530)

3,

dans son traitéde

diététique,

ccorde

plus

de 70 % de

son

livre aux aliments

et boissons.

L'alimentation emble

devenue

'une des

composantes

essentiel-

les

de la médecine

préventive

e la

fin du

Moyen Âge.

Mais,

plus

encore,

Michel Savonarole

élargit

e

champ

culturel

du texte diététi-

que.

Comme ses

prédécesseurs,

l

faitconstammentéférence

ux auto-

rités

et son traité

'inspire argement

e ses

lectures,

mais

il

n'hésite

pas

à

y

adjoindre

des

informationsérivées e

l'expérience,

e

l'obser-

vation,

voire

d'un savoir aux

origines

mal

définies,

qui

s'incarne

notamment dans les

citations

de

sentences.

À

ces

divers

titres,

l'ouvragede Savonaroleoccupeune place spécifiquedans le genredu

régime.

Dans un

chapitre

ur les

figues,

'auteur

appuie

sa démonstra-

tion sur un

aphorisme.

Michel

Savonarole

déclareen effet

ue

«

man-

ger

trop

de

figues ngendre

es

poux

et la

gale

et on

dit

de fait

que

qui mange

des

figues

attrape

a

gale14

.

Cette

phrase

associe

une

propositiongénérale

et

ce

qui pourrait

releverd'un savoir

plus

«

populaire

»,

présenté

ous

forme de

sen-

tence à

portée

générale

t introduit

ar

l'impersonnel

on dit

que

»,

qui

est relativement

aractéristique

e ces

types inguistiques.

Cette

proposition ui ne reprend u'une partiedes implications ontenues

dans la consommation

e

figues

à savoir la

gale

-

pourrait

ele-

ver d'une

observation

personnelle

u mentionnée

ar

ailleurs,

mais

cela semble

peu probable

car

généralement

avonarole cite ses sour-

ces.

Ainsi,

dans ce même

chapitre,

l

fait

suivreune information

éné-

rale

d'un

exemple

attesté,

qui

vient

corroborer la

proposition

précédente

«

et aussi

[consommée]

n

surabondance,

la figue]

aitvenir

la fièvre t

il

est assuré

qu'un garçon

à

Padoue,

pour

avoir

mangé

des

figues,

dont

l

faisaitune

consommation

uotidienneen trop grande quantité,est devenu étique et il est mort15 .

En

fait,

l

semblerait

lutôt

que

la

correspondance

ntre onsom-

mation de

figues

t

apparition

de

poux, que

Savonarole

évoque

sans

faire

référence

une

quelconque

autorité,

elève

d'un

savoircommun

il

est

en effet

fréquent

e

lire

cette même

proposition

dans d'autres

13.Florida oronamedicinae

.., Venetiis,

er

J.

Forlivio

t G.

fratres,

491.

14.

«

L'usode

quello

molto

enera

pedochijogna

t

mperò

e dice

hemanza

fichi,

emina

ogna (op.

cit.,

.

85).

On trouve

ans

'édition

récédente

1982)

e

J.Nystedt....genera piodogi rogna... (p. 58).15.« Et anco lsuperchiouofa efebre,certonogarçonePadua erman-

zare e

superchio

e

quelli

he

gni

orno

manzava,

oventóthico moritte

(

éd.

1988,

bid.).

ur

'importance

e l'observation

ans

a

pratique,

t notammenthez

Michel

avonarole,

oir anielle

acquart,

Theory,veryday

ractice,

ndThree

Fifteenth-Centuryhysicians

,

Osiris

1990, ,

pp.

140-160.

Page 94: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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PROBLÈMES

'IDENTIFICATION

'UNE DERMATOSE 89

régimes

de santé16.

Ce

savoir,

par

ailleurs,

ne se cantonne

pas

au

seul

champ

médical

puisque

Pietro de'

Crescenzi

v. 1233-1320), gro-

nome

bolonais,

dans

un

chapitre

ur

le

figuier,

ormule

es mêmes

idées

:

«

Si

[la

figue]

rouvedans l'estomac

des humeurs n abon-

dance,

elle devient

dure à

digérer,

lle se

corrompt,

ait

enfler,

et

génère

des

flatulences,

n

très

mauvais

sang

et dans la

partie

supérieure

du

corps,

fait naître

des

poux17.

Trouvercette mêmeinformation ur les figueset les poux à la

fois

chez

médecins

t

agronomes

pose

le

problème,

u

travers

de ce

qui

n'est

qu'un

exemple,

de l'élaboration

d'un savoir

écrit,

ui appa-

raît ici

quasi

universel.

Ce savoir

repose

toutefois ur un ensemble

de textes

anoniques

ces auctoritates

qu'il

convient e

définir^

ons-

tituent e

fondement

e la connaissance médicale

du

Moyen Âge

et

sont

garants

de sa

stabilité18.

Les

origines

du

savoir

Dans le labyrinthees sourcesqui ontpu servir e référenceour

la constitution

e ce savoir ur

es vertus

t nocivités es

figues,Jacques

Despars 1380

7-1458)

nous donne

quelques

ndices.

l

écrit

ans le

cha-

pitre

du commentaire

u Canon d'Avicenne

qu'il

consacre

aux fruits

«

Galien

dit au

sujet

des

figues,

dans le

chapitre

huit de

son

second

livreDes

Aliments

u'elles remplissent

e ventre

t

le foie

de ventosités

t

qu'il

s'ensuit

une multitude e

poux19.

16. Par

exemple,

hez

Aldebrandine

Sienne,

édecin

u

xnie

iècle t auteur

du

Régime

u

corps

«

Et se c'est ose

ue

i

estomac

oit

plains

e

grosses

t de

malvaisesumeurs,ors e esfait asboin ser, or eque esventosité<s>tmal-

vaises umeurs

e

convertissent

al,

asoit

e

quepor

onguement

ser

ient ous

ors

grant

bundance

e

poux ngenrer

(éd.

Landouzyt

Pépin,

aris,

hampion,

911,

p. 144)

chez

Benoit

e Nursie

mort

n

1469) propter

oc

icus

enerai

edículos

dans son

Libellus

e conservatione

anitatis

s.l.,

1477

ou encore hez

Platine

(1421-1481),

ontemporain

e Savonarole

etqui

'est ans

oute

nspiré

e sonœuvre

pour

édiger

es

parties

iététiques

e son

De honesta

oluptate).

17.

«

La se tro

errà ello tomaco

bbondanza

i

troppi

mori,

iventaura

smaltire,

mutasi

corruzione,

genera

nfiamento,

ventusità,

pessimo

angue,

e nella

arte

i

sopra

el

corpo eneranoidocchi

(Pietro

e'

Crescenzi,

rattato

dell'Agricoltura

fac.

im.de l'édition

e

1784,

ologna,

987, vol.,

p.

312).

18. Ce

savoir

ommun

st a

garantie

e

son uthenticité

nihilutem

ptime

ei-

mus isi

uod

nobis

requenter

ictum

st et

quod

ommune

st t

quod

b omni-

busreceptůmst BernardeGordon,racticaVenetiis,498, .2ra., ité arJoleAgrimitChiara risciani,docere edicos, edicinacolasticaei ecoli III-XV,

Napoli,

uerini

Associati,

988,

.

181).

19.De

ficubus

uidem

icit alienus

apitulo

ctavo

ecundilimentorum

uod

implent

entositate

entrem

t

epar

t

psas ediculorum

ultitudo

equi

ur Canon

livre

,

fen

,

cap.

VII,

vol.

1,

Lugduni,er

J. Trechselt

J.

Clein,

498).

Page 95: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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90

MARILYN

ICOUD

Galien

pose

en

effet,

mais en d'autres

termes,

e

problème.

Il

n'établit

pas

de liens

entre es

poux

et les

ventositésmais

plutôt

avec

un

sang

de mauvaise

qualité20.

Michel

Savonarole,

comme

Jacques

Despars,

transforme ci

la version

galénique.

Le médecin

padouan

ajoute

en effet

que,

«

si dans

l'estomac se

trouvent es

humeurs

uperflues, la

figue]

ne se

digère pas

facilement,

t

se

corrompt, roduit

un

sang

mauvais,

lequel

se

corrompt

facilement

t se

transforme

en

gale

»21.

Donc à

l'origine

des

poux

chez

Jacques

Despars

et de la

gale

chez

Savonarole,

on trouve rois

mplications

une

importante

onsomma-

tion de

figues,

a

fabrication

'un

sang

de

mauvaise

qualité

et

un ven-

tre obstrué

par

une surabondance

d'humeurs.

Ce

dernier

paramètre

semble tirer

on

origine

de

l'ouvrage

d'un

médecinarabe

du

IXe

iè-

cle,

Isaac

le

Juif,

uteur

de deux

traités

diététiques

ui

furent ra-

duits

par

Constantin

'Africain

dès la

fin

du

XIe

iècle22,

t

qui

cons-

tituèrent 'une

des bases

de

l'enseignement

niversitaire23.

ans

le

chapitre

onsacréaux fruits ans

les

Diètes

particulières

Isaac

déclare

que

lors

de la

consommationde

figues,

«

si on

trouve des

humeurs

uperflues

ans

l'estomac,

les

figues

ont

dures

à

digérer

t

se

corrompent,

énérant

ne dila-

tation,

des ventosités

t un

trèsmauvais

sang

et,

sur la

superfi-

cie

externedu

corps,

des

poux

»24.

Isaac

reprend

a

propositiongalénique

-

le

sang

de

mauvaise

qualité

-

mais

y ajoute

le fait

que

la

figue

rencontre

ans l'estomac

d'importantes

uantités

d'humeurs.Pour

Pierre

d'Espagne,

commen-

tateur

des Diètes

d'Isaac,

ce

sont même

ces

humeurs

utrides

ui

sont

à

l'origine

de

l'apparition

de

poux

sur la

peau25.

20. Nam

uae icus rorsus

unt

maturae,

ihil

ropemodum

mnino

aedunt,

uo-

modo ec

aricae,

uaemultiplicemuidem

abent tilit

tem,

i

quis

arnen

argius

esitaveritb

eis

offendetur,uandoquidemanguinem

on

dmodum

robum

ignunt.

Quod

it,

t

x

psarum

su

ediculorum

ultitudo

roveniat

De

facultatibus

limen-

torum

lib.

I,

cap.

VI,

Lugduni,

pud

G.

Rouillium,

555).

21.

«

... Che e nel

tomacoeráhumori

operchij,

on i

padisse

acilmente

se se

corumpe,

acativo

angue,

quello

acilmente

e

corumpe

in

rognaço

e

con-

verte

(éd.

J.

Nystedt,

p.

cit.,

p.

85).

22. Voir .

Jacquart

t

F.

Micheau,

a

médecinerabe t

'Occident

édié-

val

Paris,

Maisonneuvet

Larose,

990,

p.

98

sqq.

23.

bid.,

p.

114, 72,

81.

24. Sisupérfluosumoresn tomachouveniat,ura it ddigerendumt ncor-ruptionemutaturt nflationemtventositatemtpessimumanguineménérâtt

in

externa

uperficieorporisedículosDe

diaetis

articularibus

Basilae,

x officina

S.

Henricpetri,

570,

. 379).

25. Et secum

efert

umorem

utridum

ui

est

ausa

generationis

ediculorum

[...].

Alitertiam

enerantur

ediculiuia

n

corpore

onmundo

ito

n

putredine

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92

MARILYN

ICOUD

Le verbe

pedículo,

are renvoie une maladie

pediculaire

u

pédi-

culose.

Cette

affection e retrouve

hez

les

végétaux

qui

sont alors

couvertsd'insectes

très

petits,

t aussi chez l'homme elle relève de

trois

espèces

de

parasites poux,

punaises,

puces),

d'où le termede

pediculi

employépour désigner

es insectes.Cette

dermatose e carac-

térise

par l'apparition

de

prurit,

un

épaississement

e la

peau

chez

certains

ujets

et une

pigmentation

oncée28.

Les termesde scabies

(du

latin

scabere se

gratter)

t

sa traduc-

tion italienne n

rogna

désignent

ne

autre affection

utanée

connue

sous

le termede

gale.

Ce terme st

employé

dès

l'Antiquité

il

dési-

gne une dermatosehabituellement ue au sarcoptehumain (car les

gales d'origine

animale sont très

rares).

Les

symptômes

n

sont des

lésions

polymorphes

grattage, llergie

au

parasite

et

infection).

Mais

d'après

les

explications

que

donne Michel

Savonarole,

il

apparaît

difficile e

conclure

qu'il

évoque, par

les

termes e

pediculi

et

rogna

respectivement

a

pédiculose

et la

gale.

Pour éclaircirce

point,

il

est nécessairede revenir

ur

l'histoire

de la

gale.

Savonarole ne

peut

pas

désigner

a

première

ermatose iée aux

poux, punaises

ou autres

puces

car les textes

onttrès

lairs ce

sujet

l'affectiondécrite ne

provientpas

de

parasites

extérieurs u

corps

humain les poux sont au contraire a manifestation e la putréfac-

tion interne

'humeurs. Savonarole déclare

que

c'est le

sang qui

se

transforme

n

gale.

Et chez tous les

auteurs

que

nous avons

cités

et

qui évoquent

eux

aussi

cette

pparition

de

poux,

on

retrouve e

même

schéma

explicatif,

ette crimonia

anguinis

un

sang

devenu

acide.

À

l'origine

de cettemanifestation

e

poux

se

profile

ne

croyance

antique

et

répandue

elon

laquelle

il

existait

une affection

édiculaire

particulière,

ifférente e celle

que

nous

venons

de

décrire.

Pour les

médecinsde

l'Antiquité,

es

poux

vivent

l'intérieur

e

tumeurs

pé-

ciales du

corps

et arrivent

parfois

accidentellement

la

surface

cutanée29.Cette

maladie, qui

fut

appelée phtiriase,provenait

donc

d'une putréfactiones humeurs, ui permettait'éclosion de ces poux

sur le

corps.

Le terme

de

pediculus

s'il ne

renvoiedonc

pas

à la der-

matose décrite

plus

haut,

peut

alors

désigner

ette

pédiculose

mais

peut-être

ussi le

sarcopte

de la

gale30.

28. Cf. e Traitée Médecinesous

a

directione Jean

amburger,aris,

lam-

marion,

981,

.

185.

29. On avait

hoisi,

Porigine,

our

a

maladie,

e nom e

phtiriasis,

pdeiQiaòis

(phteiriasis),

u mot o

<pQeiQeiv

phteirein)

ui

ignifieorrompre,

arce u'on

dmettait

que

ces

nsectes

rovenaient

eshumeurs

orrompues

e

'organisme.

ar

conséquent

le

produit

e

'altérationut

ésignéar

y?0ei

(phteir),

e

pou,

t

pdeLptaÔLs

maladie

pédiculairevoir erdinandebra,Traité esmaladiesepeau Paris, 874, ol. ,p. 911).

30.

Il

pourrait

ussi,

n raison e

l'antique

onnotationttachée la

figue

comme

ymbole

u sexe éminin

,

désigner

nemaladie

énérienneontes

pediculi

seraientes

parasites.

ais n 'absencee

ocalisation

récise

e

'affection,

l

semble

aventureux

'attribuer

rogna

n ens

ue

cabies e

recouvre

as.

Cette

nterpréta-

Page 98: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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PROBLÈMES

'IDENTIFICATION'UNE DERMATOSE

93

En

effet,

e sens de

pediculus

apparaît fréquemment

mbigu31

t

dans une histoirede

la

gale

où les

premières

bservations ont dou-

teuses,

il a

pu parfois

être utilisé

pour désigner

e

sarcopte.

Ainsi,

dans son Histoire

des animaux

Aristoteutilise e

terme de

(pOeiQes

(phteires)

pour parler

des

«

poux

en

question

[qui]

habitent

dans

de

petites

vésicules

qui

ne

contiennent

as

de

pus

»32.

Il

ne

peut s'agir

des

poux

tels

que

nous les

connaissons

car on

ne les trouve

pas

dans

des

vésicules

t

en

outre,

ls ne

pénètrent

as

sous la

peau.

En

revan-

che,

il

est

possible

qu'Aristote

ait

voulu,

par

le mot

tpOetge

,

dési-

gner

non ces

parasites,

mais les acares de la

gale, qui

résident u des-

sous de l'épiderme t donnent énéralementaissance de petites ési-

cules,

auprès

desquelles

on les trouve.

En

ce

sens,

Aristote

urait été

le

premier

décrire

e

sarcopte

de la

gale.

Chez

Galien,

en

revanche,

l

n'y

a

pas

à

proprement arler

d'ambiguïté

la traduction atine en

pediculi désigne

cette

pédiculose

que

l'on a

qualifiée

ensuite

de

phtiriase33.

En

revanche,

l

est

possible,

sans

que

l'on

puisse

l'affirmer,

ue

certains uteurs arabes aient observé ce

sarcopte

ainsi, Avenzoar,

dans le Liber

Theisir

4

évoque

des insectes

ppelés

assoab

ou

soab

,

translittératione l'arabe35

ui

fut traduite n latin

par pedoscelli

ou

pediculiet interprétéeomme Pacare de la gale. Il déclareque « sous

la

peau,

il

sort

parfois

ur e

corps

de très

petits oux,

animaux

vivants

si

petits

qu'on peut

à

peine

les

voir,

qui

sortent

orsqu'on gratte

a

peau36

.

tion

mpliquerait

ussi 'attribuern ens

métaphorique

la sentence.n

trouve

ga-

lement,

hez es

uteurs

atins,

e terme

e

icus

et

plus

ouventncore

'adjectif

icosus)

utilisé

our

ésigner

es

condylomes,

errues ollest

petites.

Celse

es

désigne

ar

thymion

parce

u'elles appellent

a fleur e

thym

t

qu'elles

ont itra

magnitudi-

nem

abae gyptiae

unt

,

raro

majus,

nterdum

erexiguum,

e

Medicinalivre

,

28, 14,Paris,

ollectiones

auteurs

atins,

846)

ces

verrues

'origine

irale

eu-

vent e

développer

ur e

pourtour

e l'anus

voir

M.

D.

Grmek,

p.

cit.,

p. 223).

31. Sur esproblèmesetraductions,e vocabulairetd'étymologiesusujet e

la

peste,

oirD.

Jacquart,

oc.

cit.,

p.

143

qq.

32.

«

lovBol

iLXPOL

vx xovres

tvoi>

,

m

Histoirees

nimaux

éd. Pierre

ouis,

livre

,

chap.

1,

ome

I, Paris,

es Belles

ettres,

968. ans e même

hapitre,

l

dit outefois

ue

es

poux

naissenteschairs.

33.

Quamobrem

agna ars

orum,

ui

salem inc omedunt

lusquam

onser-

verontsudantes

utridam

ateriam

jiciunt,

tcum a

pedículos

tiam

ppellatos

uos-

dam

mittunt,

ui

est

utri

materiartumucentes

omen

ibi

pud

raecoscquisi-

vere

Galien,

e theriacad Piso

em,

n

Opera

mnia

Venetiis,

pud

haeredes.A.

Juntae,565,

ol.

V,

cap.

18,

de

salis heriaciirtutibus

p. 97).

34. Éd.

Venetiis,

umptibus

eredum

uondam

omini

ctaviani

coti,

530.

35.

D'après

es

dictionnaires

onsultés,

ssoab

ignifie

lente . oir

u

sujet

es

difficultés

e traductionanielle

acquart,

Remarquesréliminaires

une tude

comparéeestraductionsédicalese GérardeCrémone, inTraductionttra-ducteursuMoyen geActes uColloquenternationaluC.N.R.S., 6-28 ai1986,

Paris,

ditions

u

C.N.R.S.,

1989,

p.

109-118.

36. Trac.

VII

Cap.

XIX,

de

assoab.

ui

atine icitur

edoscelli[...]

Oriuntur

aliquando

n

corpore

ub

cuti

xterius

ediculiarvumculi

ui

cum

xcoriaturutis

exeuntmmalia iva am

arvumcula

uod

vix

ossunt

ideri.

Page 99: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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94

MARILYN ICOUD

Le texte

d'Avenzoarest bien

emblématique

e cette

mbiguïté

n

grande

partie imputable

à des difficultés e traduction

le terme

d'assoab

est en

effet antôt raduit

par pediculi

tantôt

par

pedocelli.

Il

est donc

difficile

'affirmer i Avenzoar décritTacare ou la der-

matose

provoquée par

la

trilogie

pou, puce, punaise.

Il

apparaît

en

revanche

plus précis

dans

un autre

passage,

lorsqu'il

parle

de vésicu-

les

pleines

d'eau

:

«

Les

Syrones,

Asoabat

et

Asoab sont de

petitspoux,

qui

rampent

ous

la

peau

des

mains

grossières

t

des

pieds,

faisant

sortir es pustules leinesd'eau. Ce sont de si petits tresvivants

qu'ils

sont

à

peine

discernables

l'œil37.

»

Cette

nterprétation

emble

plus explicite

on

y

trouve a

présence

sous-cutanée

es

parasites,

une

localisation ttestée e

préférence

ux

mains

et aux

pieds

et la mention es vésicules.La

référence

ux

poux

fonctionne elon le

mode de

l'analogie

ou

de la

comparaison

vec un

objet déjà

connu,

susceptible

de faciliter 'identification

es cirons.

Cela est d'autant

plus

vraisemblable

u'Avenzoar

distingue

lairement

ces

syrones

asoabat

et

asoab

des

poux

tels

que

nous les

entendons

il

précise

en effetdans le

chapitrequod

sunt

pediculi

«

Quant

aux

poux

ils tombent

ur la tête.

Et Galien

dit

que

leur

apparition

e

produit

entre a

peau

et la chair et d'autres

disent

qu'ils

sont

produits

par

la

sueur

visqueuse qu'on

trouve

sur la

peau.

Mais

quoi qu'il

en

soit,

il

est

vrai

qu'ils

sont

pro-

duits à

partir

d'une humeur

très

iquide

à

laquelle

est

ajoutée

de la

chaleur t

quelque

chose de

putride

t

e

ne

parle pas

d'une

pourriture omplète

mais

en train de

se faire38.

On

retrouve

ci^

outes es difficultésiées à la

polysémie

u voca-

bulaire

au

MoyenÂge

et aux

nécessités 'identification e nouveaux

objets grâce à des référentsonnus de tous. Du reste, i un parasite

nouveau a

été identifié

ar

Avenzoar

(et

encore

faudrait-il carter

l'hypothèse

que l'apparition

de

vésicules

puisse

être

provoquée par

l'irritation ausée

par

les

poux

sur

la

peau),

ce dernier

ne fournit

as

pour

autant de

description récise

de

la maladie

qui

en

résulte t

il

ne la mentionnemême

pas.

37.

Syrones,

nquit

benzoar,

soabatet

Asoab unt

edicelli

subter anuum

rurumt

pedum

utem

erpentes

et

pustulas

bidem

xcitantes

quaplenas

tam

arva

animalculat vixvisu erspicaciiscernialeantIbid.).38. Pediculiutemcciduntapiti.tGal.dicituod xitusorumst nterar-

nem tcutimt

ahi

dicunt

uod

rocreantur

x

udore iscosoxistente

uper

utim.

Sed

quocumque

odo

it,

hec stVeritas

uodgenerantur

x humore

iquido

alde

cui

liqua

aliditas

st

dmixta

um

liqui

x

peciebusutredinis

etnon ico

utre-

dinem

ompletam

ed

qui

est n

fieri

cap.

XI,

Quod

stde

pediculis).

Page 100: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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PROBLÈMES

'IDENTIFICATION'UNE

DERMATOSE 95

Le

parasite

de la

gale

était-il onnu au

Moyen Âge

? Il existe

des

mentions

ui pourraient

'attester.

n en trouve

une

première

éfé-

rence

dans la

Physica

de sainte

Hildegarde 1098-1179),

abbesse

du

couvent

de

Rupertsberg,

rès

de

Bingen.

Dans le

chapitre

consacré

à

la

jusquiame,

elle déclare

«

La

jusquiame

est

froide,

molle et sans force et si

quelqu'un

en

mangeait,

u

mangeait

'huile tiréede ses

grains,

elle

répandrait

n

lui un

poison

mortel.Mais

quand quelqu'un

a des

cirons

au

point que

sa chair se

couvre de

plaies, qu'il

frottecet endroit avec du suc de jusquiame, et les cirons

périront39.

Nous

n'avons

pas

cité

a traduction

rançaise

roposée

par

Pierre

Monat40,

car elle

ne

rend

pas

la

mentionde

ce

parasite.

Le terme

d'origine

allemande

que

la sainte

utilise,

Suren

y

est

en effet ausse-

ment

raduit

ar

abcès .

Süren

en vieil allemand

était encore utilisé

jusqu'au

xixe

siècle

pour désigner

ne maladie

de la

peau

ou

le

para-

site

responsable

de ces

démangeaisons

t

inflammations

utanées. Si

Hildegarde

dentifie n

type

de

parasite,

lle

ne l'associe toutefois

as

à une

dermatose

pécifique.

En

effet,

e terme

e

scabies

ou son

équi-

valentallemandGrintne fontpas référence une affection articu-

lière.

Ainsi,

on

trouve

dans

d'autres

passages

la

mention

d'ongles

rugueux

ou

galeux

( ungues

scabiosoš)

et

celle de

gale

à la tête41. e

même,

deux

siècles

plus

tard,

Guy

de

Chauliac

(mort

en

1368),

lorsqu'il

écrit

a

ChirurgiaMagna

mentionne

ussi,

sous

un vocable

voisin,

un

parasite

qui

ressemble

ux sur

n d

Hildegarde

il décrit

les

sillons

que

ce

parasite

creuse

sur

la

peau.

Cette

description

e

la

maladie

désigne

es

symptômes

e

la

gale

:

«

Les

syrones

ont

de

petits

animaux

qui

creusent

es chemins

inueux,

entre

a chair et la

peau,

et

surtout

ur

les mains des

oisifs42.

Chauliac

prend

n

outre a

peine,

dans

ce

chapitre

ntitulé

e

pedi-

culis etsy oni us, de souligner u'il ne s'agitpas du mêmeparasite43.

39.

Bilsa

rigida

st et

mollis

bque

iribus

et i

quis

arn,

ut

oleum x

granis

ejusfactum

comederet,

ortiferum

enenum

n

ilio

aceret.

ed

ubi

urm

sic)

n

homine

unt

ita

quod

carnem

jus

exulcerant,

odemoco earn

um ucco

ere,

t

surenmorientur

PL,

t.

197,

hysica,hap,

e Bilsa

1173).

40.

Trad.

r. ierre

onat,

renoble,

érôme

ilion,

ome

,

1989,

p.

127-128.

41.

PL

t.

197,

p.

cit.,

hap,

e

Fungís

1105

t

chap,

e Cletta1168

si

quis

grint

n

apite

abet...

e

emercieaurence

oulinier

e m'avoir

ndiqué

es

éférences.

42.

Syrones

unt mmalia

arva,

acientia

ias

inuosasorrendendo

nterarnem

etcutem

potius

nmanibus

tiosorum

Tract.

I,

doc.

,

Cap.

II

de Guy

e Chau-

liac,

Chirurgia

agna

avec e commentaire

e Laurent

oubert,

d.

Lugduni,pud

S. BéraudtS. Michaelem,585, . 264).On voit ueGuy

e Chauliac éutilise

e

termemployéarAvenzoarvoir ote 7).

43.

Quid

it

ediculus,

mnibus

stnotum.

iuntutemx

materia

raedictarum.

De modo

utem

enerationis

on

uro,

uia

physicum

st sed d

generationem

pso-

rum

diuvant

es,

uarum

roprietas

stmovere

ateriamd

cutim,

t unt

icus

t

coitus,

t nter

issio

mundi

icationis,

blutionis,

t tarda

annorum

utatio

Ibid.).

Page 101: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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96

MARILYN ICOUD

Auparavant,

'auteura

évoqué

les

symptômes

e la

gale (désignéepar

pruritus

u scabies

u)

sans

toutefois

y

associer les

syrones.

Seule la

proximité

es deux

chapitres

peut

nous

y

inviter.Mais

cette

proxi-

mité

oue

à double sens

elle

souligne

a

confusion

oujours possible

entre a

gale

et les

parasites

qui

lui sont

associés.

La définition

ue

donne

Chauliac de

cette affection

st en fait

ncomplète

t laisse en

suspens

e

problème

du

parasite.

La

Chirurgia

Magna

permet

oute-

fois de

distinguer

mieux a scabies

que

l'auteur décrit et dont l'ori-

gine provient

d'un

sang

qui

se transforme45 de la

phtiriasepro-

voquée par

une

putréfaction

nterne

des humeurs.

Les difficultés

'identification

e la

gale

sont non

seulement

mpu-

tables à la

polysémie

es termes

ediculi

et

syrones

et

autres varian-

tes),

mais aussi à

celle de

scabies

dont le

sens n'est

pas figé.

Ainsi,

dans

le

Pantechni

d'Haly

Abbas46,

ue

citaitd'ailleurs

Guy

de

Chau-

liac,

au

chapitre

de

scabie

et cutis

excoriatione l'auteur

mentionne

les facteurs

xplicatifs

e

cettemaladie définie

ar

ses

symptômespru-

rit et

excoratio)

il

s'agit

d'un

«

flegme

alé,

mêlé à un

sang

coléri-

que que

la nature

expulse

de l'intérieur ers la

peau

»47.

Haly

Abbas

opère

une association de

deux facteurs

xplicatifs,

le

sang

et l'humeur

flegmatique

comme

on le

retrouvera

hez

Michel

Savonarole) il a en outre e mérite e rapprocheres manifestations

cutanées

perçues

comme un

nettoyage

e

l'intérieur de facteurs

alimentaires

il

précise

n effet

ue

cette

ffection ouche

plus

parti-

culièrement

eux

qui

mangentbeaucoup

et notamment

es

nourritu-

res

grosses

ui produisent eaucoup

de

chyme.

Toutefois,

omme

pour

Guy

de

Chauliac,

on ne

peut

en

déduire

qu'il

s'agit

véritablement e

la

gale

;

tous les

symptômes

e la maladie

ne sont

pas

rassemblés.

Certes,

un

chapitre

voisin est consacré aux

poux

qui

sont

perçus

comme

produitspar

des

superfluités

orrompues.

Mais une

fois

de

plus,

il

n'y

a

pas

d'association

établie

entre cabies

-

qui

peut

alors

être

utilisé

comme

qualificatif

e toute

dermatose

provoquée par

un

44.

ste tiam

unt

nfectiones

utis

lcerosae,

ruriginosae,

um

quammis

t

rusti

[...].

Cum nim alemmateriamatura

b

interioribusd extrinsecamutem

ertule-

rit,

i sub ute

ermanserit,

t

uerit

enuis,

acit ruriginem[...]

Fit

utem

enibus,

propter

utis

ebilitatem,

t

quia

n eis

plurimum

eneratur

alsus

umor

et

pluri-

mum

nterdigitos,uoniam

unt

ebiliores.

...]

Significant

cabie

,

ecundum

ui-

dem

Halyabbatem,

ustulaearvae,ncipientesprudentes,

einde

lcerantes.

st

tiam

scabies e

aegritudinibus

ontagiosis...Ibid.,

p.

261-262/

45. Earum

materia

secundum

vicennam,

st

anguis

cui commiscetur

holera

conversa

n

melancholiam,

ut

phlegma

alsum

itrosum

Ibid.).

Chauliac

ite

ci

e

Canon livre

V,

fen

,

cap.

6.

46.

Médecin

rabe u

xe

iècle,

onnu

our

n

ouvrage

ncyclopédique,

omme

du savoirmédical,raduitarConstantin'AfricainuisparÉtiennee Pise.VoirD. Jacquart t F.Micheau, p. cit.,pp.69-74 tpp.86-107.

47.

[...]

phlegma

alsomixto

um

anguine

holenco

quam xpellit

aturab nte-

rioribusd

cutem

PantegniLugduni,ypis

.

Myt,

523,

e

scabie

t cutis

xcoria-

tione

f.

xxxiv

°).

On

retrouve

onc ci e même

chéma

xplicatifueplus

ard hez

Guy

e Chauliac.

Page 102: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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PROBLÈMES 'IDENTIFICATION

'UNE DERMATOSE

97

sang

colérique

ou un

flegme

alé - et des

parasites qui

lui

seraient

propres,pediculi

ou

syrones.

L'identification

e la

rogna

La recherche

menée

sur les connaissancesmédiévales

propos

de

la

gale

a

pour

seul but de nous conduire au

problème posé

par

la

distinction

es maladies et des

parasites

dans le

discours

de Michel

Savonarole.

En

l'absence de

description récise

des

symptômes,

l

est

difficile 'affirmerue le médecinpadouan a voulu, par le termede

rogna

désigner

a

gale

;

toutefois,

n

peut

d'ores et

déjà

exclure

a

possibilitéqu'il

évoque

la maladie

provoquée par

la

trilogie

poux,

punaises,

puces, que

le

terme

de

scabies

n'a

jamais

désignée.

Si une

comparaison

vec sa Practica maior nous donne

quelques

indices

nouveaux,

elle ne

permetpas

de trancher.Dans ce

traitéde

médecine

ratique,

un

genre

fort

pratiqué

t

destiné un

public

d'étu-

diants en médecine et de

praticiens48,

n

décèle

déjà

l'intérêt

que

l'auteur

porte

aux

aspects

alimentaires.

Rédigé

durant la

période

padouane

de

Savonarole,

il

a servi de référence u

Libreto

9

.

Dans

le

chapitre

ntitulé e

cibis

calidis in

primo

sive humidi ive sicci

fue

rint il évoque les vertuset défautsdes figueset déclare

«

Et toutes chassent de

la même

façon

les surabondances

vers

a

peau

et c'est

pourquoi

eur

usage provoque poux,

crasse,

sueurs,

gale

et autres choses semblables50.

On

note

la mentionde la saleté

-

certes

comme

indice de la

putréfaction

nterne t non comme cause de la maladie

-

qui

est,

on le

sait,

un facteurde

développement

e cette dermatose.Mais la

Practica

n'évoque pas

la

gale parmi

es maladies.

La

seule autre men-

tion de scabies

renvoie à une

scabies

palpebrarum

Le

vocable

latin

désigne ci une maladie des paupières dont parle aussi Avicenne)et

non

ses

symptômes.

e

sens

général

de

scabies

pourrait

tre

«

mala-

die

de

peau

»

qui

affecte es

paupières

et dont les

signes

ont

l'appa-

rition 'un

prurit

t

d'aspérités

ur une

peau

devenue

granuleuse,

insi

que

l'abondance

de larmes51.

48.

L'ouvrage

ut 'ailleursédicacé un de ses amis

t

collègues,igismond

Polcastro.

49. On

y

retrouve

ratiquement

ot

our

mot es mêmes

hrases

our

écrire

les ffets

e a

figue

Et

si

supérfluos

umoresn tomacho

nveniat

ura

it

d

dige-

rendum,

d

corruptionemque

utatur,

t

nflammationem

t ventositatem

enerai

et

Pessimumanguinem

et talis

anguisacile

or um

i ur,tgeneraicabies t huius-modi,uapropternte ibi lteriusssumptionemssumaturPractica aiortract.I,

cap.

II, Venetiis,

pud

Juntas,

559,

. 23).

50. Et omnes

psarum

odi

xpelluntuperßuitates

d cut

m,

ropter

uod

usus

earum

edículos

sordes,

ebres

sudores

scabies

t

huiusmodialia

acit ibid.).

51. M.

Savonarole,

ractica

aior,

p.

cit.,

p.

85.

Page 103: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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98

MARILYN

ICOUD

Si Michel Savonarole

connaissait

a

gale,

force

est

de

reconnaî-

tre

qu'il

ne

la

distinguait as

véritablement

e la

phtiriase.

Ces diffi-

cultés sont

imputables

à une confusion du

vocabulaire médical au

Moyen Âge,

qui

n'est

pas spécifique

la

gale,

et

elles

révèlent

ue

l'étiologie

de la maladie

n'était

pas

encore

clairement onnue. Il

sem-

blerait

plutôtque

les

deux

maladies soient

confondues

ans un

même

ensemble

de

symptômessang

mauvais et

putréfaction)

t

de

causes,

au

premier

rang

desquelles

on

trouve a

figue.

Or

ce fruit ut 'un des

plus appréciés

e

l'Antiquité

t,

pour

cette

raison sans

doute,

il eut du

succès

auprès

des

médecins

du

Moyen

Âge, en généralplutôtméfiants52 l'égard des fruits. on rôle dans

cette maladie

est

lié à

sa vertu

purgative qui

peut

aussi être

bénéfi-

que,

puisqu'elle

permet

e

chasser es

éléments

mpurs

t

putréfiés

u

corps).

Cettevertu ui

est conférée

ar

ses

qualités.

La

figue

st

chaude

et

humide,

car

elle est douce au

goût

or

les sens

sont

un

moyen

de connaissance

des

propriétés

es choses. Et

c'est

cette douceur

qui

lui

donne la faculté de

nettoyer

e

corps

des

impuretés53.

Par

ailleurs,

a corrélation

tablie entre es

figues

t les

poux

est

sans doute

aussi

imputable

aux

observationsfaites sur le

figuier54.

Par

analogie,

les médecins ont

pu

penser que

les insectes

que

l'on

observait sur le tronc

pouvaient

tout

aussi bien

pénétrer

dans

les

fruits55t se retrouver ar ingestiondans le corps humain. Cette

référence ux

parasites

du

figuier

st

d'ailleurs restée

ongtemps

n

vigueur,

comme le montrent

es

propos

d'Antonio

Vallisnieri,

au

xvine

siècle56.

52.

On uireconnaîtotamment

esvertus

utritives,

la

différence

es utres

fruits,

echerchés

énéralementour

eur

valeur

médicale.

avonarole

éclare

ue

«... benchéon utricaome

arne

grano,

ientedimeno

utrica

opra

gni

ructo

(op

cit.

p.

58).

53. Dulcís

apor it

x

temperata

aliditatet

humiditate

xistente

n

primo

radu.

[...]

Dulcia

mollificant

embralavant t

colant t

mundificant

Summa e

sapori-

bus,

Würzburg,

.

p.

méd.

.

2., xiiie,

.

82rb).

Je remercie

harles

urnette

mavoir ignalée texte t de m'en voir onfiéa transcription.

54.

Pline isait

éjà propos

u

figuier

auvage

Ficariosulices

aprificusénérât

cantharidasermiculi

icorum

t

piri

t

peuces

t

cynacanthae

t

rosae

Histoire

atu-

relle

Livre

I, XLI,

éd.

A. Ernout

t Dr

R.

Pépin,

aris,

es

Belles

ettres,

947).

55. C'est ne

royanceue

cite line

Caprificus

ocatursilvestri

enere

icus

nunquam

aturescens,

ed

quod psa

non

habet lii

tribuens,

uoniam

st

naturalis

causarum

ransitus

tque,

t

putrescentibus,

ignitur

liquid. rgo

ulices

arit

hi

fraudati

limenton

maire,

utri

ius

abe,

d

cognata

volant

orsuqueicorum

re-

bro hoc st

vidiore

astu aparientes

ra earum

ibid.,

ivre

V,

XXI).

Elle

per-

dura

usqu'au

vine

t on trouvencorehez

Jacob

chwiebe,

ui

en 1722

éitéra,

dans ne issertatioe

pruritu

xanthematum

b acariscette

upposition

elon

aquelle

Tacare

e

a

gale roviendrait

e fruits

ucrésels

ue

des

raisinstdes

figues,

rrive-

rait ur a

peau ar

e contact

xtérieur,

u

auraitté valé lors

u'il

e

trouvaitans

le fruitdans ecas, lest éaniméans'estomactrampeecet rganeers 'autrespartiesucorpscité arHebra, p. cit., ome, p.657).

56.

«

Di

questa

stessa aturaelle imiei

egli grumi

parimenteuell'altra

azza

d'insetti,

a'quali

antomalamente

engono

nfestatee

piante

e'fichi,

cha

da'con-

tadini

...]

pidocchi

e'fichion etti

,

in

Opera

medicantrois

olumes,733,

ol.

,

p.

460.

Page 104: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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PROBLÈMES

'IDENTIFICATION

'UNE

DERMATOSE

99

Le

statut de la sentence

Mais Michel Savonarole

ntroduit ne

nouveautédans le

discours

sur

les

figues.

l ne

s'agit

pas

d'une remise n

question

des

autorités

mais

simplement

'un

additamentum

ux

discours

précédents.

epen-

dant,

toute information

ouvelle doit

savoir

conjuguer

e

plan

uni-

versel

des

contemplationes

t celui

particulier

es

exercitaîiones51

Le

champ

de la

médecine

pratique

est ouvert

l'innovation,

qui

repose

sur les observations t

les

expériences

u

médecin.

Ces

dernières oi-

vent

toutefois

tre

égitimées

ar

les textes

anoniques qui

en

garan-

tissent 'authenticité.

De

fait,

Savonarole énonce

son

observation n

réutilisant

ans

le

Libreto

comme

précédemment

ans la

Practica une

structure

syntaxique

t

un

enchaînement

ogique

bien connus

-

ceux

qu'Isaac

avait

employés

-

sans remettre n

cause le

discours

des autorités.

Il

place

son

propos

directement

ous

le

patronage

du

médecin

arabe58.

Cette authentification

e

double,

dans

le

Libreto de la citation

d'une

sentence,

qui

vient

conforter e

propos

de

Savonarole.

Il

est

difficile e déterminera

nature de cette

expression

ui

se veut de

portéegénérale.

L'absence de

métaphore

u de

parabole,

une

origine

inconnue59,u'on ne sauraitqualifierde « populaire tant ce terme

est

ambigu,

nous

empêche

de

parler

de

proverbe60.

l

est en

outre

impossible

de connaître on

emploi

dans

l'Italie

de la

fin

du

Moyen

Âge.

Toutefois,

n

peut

s'interroger

ur son

statutdans le

cadre d'un

ouvrage

de

vulgarisation.

Cette

locution,

dont

le

fondement

epose

sur une

expérience, ui

n'est

certes

pas

individualisée,

orrobore e

discours

scientifique

ue

Michel Savonarole a

tenu à

propos

de la

figue.

Elle ne lui donne

pas

d'impulsion

nouvelle et ne

constitue

as

la

base d'une réflexion omme e

seraitune observation.

Elle

désigne

un état de faitet vient

lore,

commeune

pointe

ou un

proverbe,

'idée

précédemment éveloppée61.Si le poids d'un tel discours est somme toute faiblepar rapport

57. Cf. J.

Agrimi

t C.

Crisciani,

p.

cit.,

pp.

137-158.

58. Sur

es

rapports

ntre

ouveautét

tradition,

f.Chiara

risciani,

History,

Novelty,

nd

Progress

n

Scholasticedicine

,

Osiris2nd

eries,990, ,

pp.

118-139.

59. Cette entencee

semble

as

dériver'une ormeatine.

lleestdonc

ien

énoncéen

angue

ernaculaire,

ais 'est

as

attestéeans es

recueilse

proverbes

italienst

français

onsultés..

Nystedt

e

proposear

illeurs

ucun

claircissement

à ce

sujet.

60.

Selon

a

définition

ue

donne

rédériceiler dans

Deutsche

prichwörter-

kunde

Munich,

922),

e

proverbe

st une ocution

yant

ours ans e

angageopu-

laire, eferméeur lle-même,yant ne endanceu didactismet uneformeele-vée . Cité arAndré olles uienproposene nalyseritiqueans ormesim-

ples

tr.

fr.),

aris, euil, 972,

.

121.

61.

«

Le

proverbe

est

pas

...]

un

debut,

ais ne

onclusion,

'est e

paraphe

et e

sceau isible

pposés

une dée

t

qui

ui

mposent

e

caractère

e

'expérience

(A.

Jolles,

p.

cit.,

p.

127).

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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100

MARILYN ICOUD

au statut

de

l'expérience

pratique

ou de l'observation ertifiée t

ne

garantit

donc

pas

la

véracitédes assertionsde

Savonarole,

il

peut

à

défaut

ouer

un

rôle

didactique

et

ludique. L'emploi

de locutionsde

ce

type

est

relativement

are dans

la

littérature es

régimes,

mais

l'ouvrage

de

Michel Savonarole

déroge

à

ces habitudes.

Fréquentes

y

sont

en

effet

es citations

ui

tantôtutilisent ne formulation

mper-

sonnelle

«

chi

leze la bucolica

danno de

penna

a' medici

>>62),

an-

tôt sont

versifiées

persica,

pira

poma

stomaco

sunt hec tria

dura63),

pour

ne

citer

que

deux

exemples.

Ce

type

de discours

peut ouer

des rôles différents

ans le

cadre

du propos médical. Le vers sur les pêches, poires et pommesvient

renforcer e

que

le

discours

scientifique déjà

affirmé,

puisque

l'auteur a

déclaré au

sujet

des

pommes que

«

mangées

avec la

peau,

elles sont difficiles

digérer

M. La sentence

eut

aussi

jouer

le rôle

de conseiller ainsi

après

avoir affirmé

ue

le

fromage produit

un

sang

mauvais,

a

pierre

dans

les

reins

et

cité

Razi

qui

déclare

qu'en

«

petite quantité après

le

plat,

il

donne

l'appétit

et conforte 'esto-

mac

»,

Savonarole

ajoute

ces vers

«

sain est le

fromage

donné

par

une

avare main

»65.

La sentence ur

la

rogna

n'intervient

as

dans

le texte comme

experimentůmc'est-à-dire ommeexpérience ersonnelle e l'auteur.

Mais sa

structure

inguistique mplique

un

savoir

ancien,

connu de

tous

et en un certain ens ainsi

légitimé

lui donnerforme crite

'est,

en

outre,

'investir

d'une certaine

utoritéet le faire entrerdans le

champ

du

savoir

pratique66.

Comme tel

il

renforce e

propos

de

Savonarole

et lui confère

un statut de

savoir

quasi

universel.

L'utilisation

de ce

genre

de

discours

change également

e niveau

de

langue

de

l'ouvrage, placé

entre

ittérature

cientifique

t œuvre

de

vulgarisation.

a sentence

y joue

de

fait un rôle

didactique

-

elle

illustre

e discours

scientifique

t le rend

peut-être lus

facilement

mémorisable.

C'était

en

effet

'un des buts

que

se

proposait

Savona-

role dans le prologue « et afin que de telleschoses te soientplus

62.

Éd. J.

Nystedt,

p.

cit.,

p.

96.

63.

bid.,

p.

89. Ce

proverbe

'est

as

dentifié

ar

J.

Nystedt,ui

ui

assigne

toutefoisne

origine

alernitaine.

n

fait,

n ne

trouve

u'un ncipit

imilaireans

le

chapitre

e cibis

melancholicis

itandis

u

Regimen

anitatisalernitanum

qui

joute

aux

persicapoma

pyra

d'autres

omposants,

omme

e

ait,

e

fromage,

tdifféren-

tesviandesonsidéréesomme ocives

our

es malades

voir

. de

Renzi,

ollectio

salernitanavol.

V,

Napoli,

859).

64.

«

...cum

e

scorçe

manzationno ifficilea

padire (

bid

,

p. 88).

65.

«

Fa cativo

angue,

a

generar

a

preda

elle ene

...]

in

pocaquantità

rio

pasto

move

'apetito

il

stomecoonforta.

...]

Caseus st anus

uem

at

avara

manus {Ibid., . 149).66.« The ther eaningof iscovery]eferredoa livelyynamism,othemul-

tiplicity

nd

diversity

f

formsf

acquisition

f data nd

knowledge

hat within

this

rameworkf established

nd

unmodifiable

octrine occured

ontinuously

t

the evel f

operative

rt nd

ntervention,

nthemodelf

hat

nique

istoricalvent

(C.

Crisciani,

oc.

cit.,

p.

128).

Page 106: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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PROBLÈMES

'IDENTIFICATION'UNE DERMATOSE

101

facilement

mémorisables,

e

les mettrai n

ordre, car,

comme le dit

le

Philosophe,

l'ordre fait la

mémoire 67.

Ludique

et

pédagogique,

c'est

aussi

ce

que

veut

être

le

régime

de Michel

Savonarole le

Libreto

llustre

a

place

que

tient e méde-

cin à la fois universitaire

t

homme de cour

du

XVe

iècle.

À

ce dou-

ble

titre,

l

se

doit de

satisfaire on

public par

un

ouvrage

à

la

fois

scientifique

t

vulgarisateur.

u-delà de

Borso

d'Esté,

qui

sert ci

de

recommandation,

avonarole vise la haute

société citadine. Mais la

vulgarisation

'implique pas que

l'auteur renonce au

statut cientifi-

que

des

régimes.

Les traitésde

diététique

ont

également

us

par

les

médecins ui s'en inspirent.Même s'ils sont e lieu d'une grandeper-

manence

d'idées,

ils

peuvent

aire

place

à

des

innovations,

ans remet-

tre toutefois

n

cause

le

discours ambiant68.

67.

«

Et,

chedi tale osse e faza

più

memorioso,

e

ponerò

um

uoordine

ché,

ome ice

l

Phylosopho,

'ordinea ala memoria

(éd.

J.

Nystedt,

p.

cit.,

P.

57).

68.

Voir

C.

Crisciani,

oc.

cit.,

p.

127.

Page 107: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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Médiévales

6,

printemps

994,

p.

103-121

Riccardo LUISI

DU CHÂTEAU-FORT

À LA

FORTERESSE

UNE BRÈVE HISTOIRE DE L'ARCHITECTURE MILITAIRE

ITALIENNE DU

XIe

AU

XVIe

SIÈCLE

Pour

comprendre

'histoirede l'architecturemilitaire

l

faut

con-

naître elle des

moyens

de défense

puisque

les deux

histoires e déve-

loppent

parallèlement. 'épée

suscite e

bouclier,

e canon la

cuirasse

l'évolutiondes armes

d'attaque,

en

créant

une

nouvelle

menace,

con-

duit donc à l'adaptation des systèmes e défense.Rien ou presque,dans les

châteaux-forts,

itadelles et

forteresses,

'était

conçu

au

hasard ou

dans un souci

d'esthétique.

Ce sont les

progrès

des techni-

ques

militaires

ui

sont à

l'origine

de

l'évolution

de

l'architecture

défensive t

il

est

important

e commencer otre tude

par

un

aperçu

des

armes,

de leurs

caractéristiques

t des

tactiques

de

siège

à

partir

de l'an

mil.

Les armes

et

le

matérielde

guerre

Les

armes de

jet

les

plus employéespendant

e

Bas

MoyenÂgeétaient 'arc, l'arbalète t l'onagre.L'arc et l'arbalète taient es armes

individuelles

l'utilisationde

l'arbalète,

considérée

omme

une arme

létale,

fut interdite

sans

aucun

effet)par

l'Église

en 1139

dans les

guerres

ntre chrétiens.

Bien

que plus précise

et

plus

puissante que

l'arc,

l'arbalète

était

peu adaptée

aux batailles

rangéesparce qu'elle

était

ongue

à

recharger.

lle

était en revanche ouramment

mployée

sur le cheminde ronde des

châteaux-forts

t à

partir

des

meurtrières

d'une

tour,

endroits

protégés

ù

il

était

possible

de

recharger

'arme

en

prenant

e

temps

nécessaire.

L'onagre,

assez

peu

connu de

qui

n'a

pas

eu

l'occasion de

s'inté-

resser à l'histoiremilitaire, tait une arme de jet de grandedimen-sion faisant

partie

de « l'artillerie ourde» médiévale

Fig. 1).

Il con-

sistait

en une

grosse poutre

tournant ur un

pivot

un

contrepoids

posé

à une

extrémité e la

poutre permettait

e

lancer le

projectile

posé

à

l'autre extrémité.

Page 108: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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104

RICCARDO

UISI

Les

performances

e ces armes

étaient,

n

termesde

balistique,

très

négales parce qu'elles

étaient iées à

des facteurs

ifférents,

els

que

la

longueur

de la

poutre,

a

position

du

pivot,

e

poids

des

pro-

jectiles

et

des

contrepoids.

l

semble

qu'un

onagre

dont l'élément

mineurmesurait eux

mètres t l'élément

majeur,

six

mètres,

n uti-

lisant un

contrepoids

e

3 000

kg

était

capable

de lancer un

projec-

tile de

100

kg

à

76

mètres e distance.Une indication ntéressante

ous

est

apportée

par

les

calculs et les

expériences

éalisésdans la deuxième

moitié

du

XIXe

iècle

par

Viollet

e

Duc

qui,

travaillant

ur

commande

de

Napoléon

III,

a démontré

ue

la

vitesse des

projectiles

tait de

60-66mètres/seconde.À titre de comparaison une bombarde du

XVIe

iècle

pouvait

ancer un

projectile

environ

40

mètres/seconde

le

célèbre

canon allemand de

88 mm

de la Seconde

Guerre

mondiale,

à

820

mètres/seconde

;

les

canons modernes

de

1

500

à

2 000

mètres/seconde.

joutons

que

le

tir avec

l'onagre

était d'autant

plus

difficile

réglerque

les

projectiles mployés

étaient

disparates

en

nature

et en

poids,

et

que

la

trajectoire

écrivait

ne courbe dont

la

parabole

était similaire

celle d'un

mortiermoderne

pour

ces

rai-

sons

l'onagre

était

une arme utile surtout

pour

«

bombarder au

hasard

l'intérieur es

places

fortifiées n

y lançant

n'importequoi

:

pierres,

meulesde

moulin,fumier,

harognes,

es derniers vec l'inten-

tion de propagerdes épidémiesdans les rangs des défenseurs.Par

exemple,pendant

e

siège

de Carolstein n

1422,

des cadavres de sol-

dats

et

plus

de

2

000 charrettes e fumier

urent

rojetés

dans la

ville.

Ce fut un

vrai désastre et

beaucoup

d'habitants

périrent

ans cette

guerrebactériologique

vant la lettre.On

peut

conclure

que

l'onagre

était une arme aux

performances

alistiques

rès

médiocres

pratique-

ment

nutilisable

n tir direct

pour

abattremurs t

tours)

néanmoins

nous le

voyons

encore utilisé

pendant

e

siège

de

Constantinople

n

1453,

flanqué

cette fois-ci

de

gigantesques

bombardes.

Béliers,

ours

d'assaut

(Fig. 1),

mantelets

petits

bris mobiles en

bois), chats,

vinee

cabanes

de

planches

mobiles

qui

servaient

pro-téger e travailde creusementu pied des murs) faisaientpartiedu

matérielde

guerre

utilisé

par

les

assiégeants.

Notons

que

leur

intro-

duction dans les batailles

fut

progressive

partir

du XIe

iècle et

que

seuls

les assauts

importants ustifiaient

un

grand

déploiement

de

moyens.

Les

problèmes

e

logistique

t de

compétence

echnique osés

par

la

construction

de

machines

qui

nous

paraissent

simples

aujourd'hui

n'étaient

cependant pas

faciles

à

résoudre. De

plus,

le

coût était rès

levé

par exemple, endant

e

siège

d'Antioche,

'armée

des

croisés

eut du mal à

payer

es

artisans ravaillant ux

machines.

Il fut

donc décidé

d'organiser

ne

collecte

générale ui permit

e con-

tinuer e siège Antioche tomba finalement,mais par trahison,en

1098,

après sept

mois de lutte. La

présence

de

spécialistes

n'avait

pas

notablement âté la

fin

du

siège, qui

s'avérait

toujours

une

opéra-

tion

ongue

et

complexe

t

qui,

sans la

complicité

'un traître u d'un

coup

du

sort,

pouvait

durerdes mois et même

des années

Saint-Jean-

Page 109: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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DU CHÂTEAU-FORT

LA

FORTERESSE

105

d'Acre résistad'octobre 1189 à

juillet 1191).

Un

siège

était donc un

engagement

érieux

t de

longue

haleine où la

patience

et surtout a

faim étaient es meilleures lliées de l'assaillant.

Le château-fort

Le château-fort

st un

complexe

rchitectural

ui

avait

pour

fonc-

tion essentielle

de

protéger

a demeure du

seigneur

t

de

servir

de

refuge,

n cas de

danger,

aux

habitants

du

pays.

La

période

qui

va

du XIeau XIIIe ièclepeut êtreconsidérée omme 'apogée de ce type

d'architecture

en effet es

structures nciennes

en

bois furent

ro-

gressivement

emplacéespar

des

structuresmixtes

n

bois et en

pier-

res,

ou

entièrement

n

pierres orsque

es finances

eigneuriales

e

per-

mettaient. ans les siècles

suivants,

e château-fort

erdit

une

grande

partie

de sa

fonction

olitico-militaire,

n

gardant

eulement on

carac-

tèrede demeure

eigneuriale.

'uniformité

es méthodes ffensives n

peu partout

suscité es mêmes

moyens

de

défense,

t ce non

seule-

ment

pour

les châteaux-forts

ais aussi

pour

les

bourgs

et

les villes.

L'aperçu que je

donnerai

vaut

donc

pour

tous les édifices

militaires

du XIe au

xve

siècle.

Comme nous l'avons vu, les armes et les techniquesde guerre

étaientd'une

simplicité

xtrême,

l'effet ouvent

plus

psychologique

que

pratique.

Avant l'inventionde l'artillerie

feu,

il

n'y

avait

pas

d'armes

de

jet

assez

puissantes our

ouvrirdes

brèchesdans

les

murs,

et

l'onagre,

seule

arme

capable

de

lancer des

gros

projectiles,

n'était

pas

très

redoutable,

si l'on

considère

a faible

épaisseur

des murs

d'enceinte.

La hauteurdes

enceintes,

n

revanche,

tait

considérable,

car

le

risque majeur

était 'escalade des murs

plutôt que

l'ouverture

des brèches.

La courtine

des enceintesdevait donc

être,

plus qu'à

l'épreuve

des

projectiles,

l'épreuve

des

hommes,

des échelleset

sur-

tout des

pioches.

Ces outils étaient ffectivementes

seuls

utilisables

pourfaire rouler es mursou ouvrirdes passages, opérationsgénéra-

lement

menées

par

des hommes brités ous les vinee et

travaillant

la

base

des murs

pour

déchausser es

pierres

ne

à une

ou

creuserdes

galeries

outerraines

mines)

sous les

murs.

L'opération

terminée,

n

mettait e

feu aux structures e bois

portant

a

galerie,

qui

s'écroulait

avec

le mur.

L'escarpe

à la base du mur

était destinée

rendre

plus

difficile es

opérations

de

minage,

en

renforçant

es fondations

t la

stabilité

de

plus

elle tenait distance es

échelles t les tours

d'assauts.

Le tracé de

l'enceinte

tait

étudié

pour exploiter

u

maximum a con-

figuration

u terrain.

Des

tours étaient

échelonnées

régulièrement

e

long

du

périmètre,

on

pas par

souci de

la

symétrie

mais

par pureexigencepratique.La distanceentredeux tours devait être nférieure

à celle

permettant

un archerou à un

arbalétrier

e

toucher a

cible.

Cette

disposition

ontribuait

u

système

e défense

mutuelle,

e tir

de

flanquement rotégeant

outes es

courtines

de

l'enceinte.

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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106

RICCARDO UISI

Les tours étaient

donc

les

points

forts de tout le

système

de

défense elles

dominaient

n hauteur t

elles avaientde

multiples

onc-

tions. Construites

e

plus

souvent à

proximité

es

portes

d'accès

et

des endroits

vulnérables

de

l'enceinte,

elles servaient ussi d'abri le

long

du chemin

de

ronde,

qu'elles interrompaient.

n

traversait a

tour

grâce

à

de

petites ortes

ou à des

passerelles

n

bois

qu'on pou-

vait

facilement scamoter

en cas de

danger.

Il

était

ainsi

possible

d'abandonner

une courtine

prise

par

l'ennemi

sans

mettre n

péril

e

système

e

défense

out entier.

Quant

au

donjon,

c'était la tour

prin-

cipale,

la

plus

haute et la

plus

solide.

Dominant 'extérieur ussi bien

que l'intérieur u château, l était e dernier efuge,e dernier spoir

les

assiégés s'y

serraient

orsque

tout était

tombé aux

mains de

l'ennemi.

Mais,

même

s'ils

disposaient

d'une

citerne,

de

provisions

en suffisance

t

d'armes,

a

capitulation

tait névitable

t seule l'aide

venue de l'extérieur

ouvait

renverser a

situation.

Le

point

faible

de l'ensemble fortifié tait

la

porte

et les archi-

tectes

s'efforçaient

e la

protéger

n

multipliant

es

obstacles

et

les

dispositifs

e

défense.

Barbacanes,

fossés,

ponts-levis,

oubles

por-

tes, herses,

étaient autant d'obstacles dressés devant

l'ennemi,

mais

malgré

ces

précautions

l

n'était

pas

rare

que

les

assiégés préfèrent

carrémentmurer

a

porte.

Les

poternes,

petitesportes

dérobées

pla-

cées dans les endroits es moinsexposéspermettaientncorede sortir

ou

de

recevoirdes renforts

u

des

provisions.

Le

bois,

de

quoi

étaientfaites es

portes,

était

considéré

juste

raison comme un matériau

fragile,

mais comme

il

était

économique

et d'un entretien

acile,

l

était

couramment

tilisé

pour

des

construc-

tions

«

accessoires

dans les

parties

hautes

de

l'ensemble ortifié. al-

heureusement,

es constructions

bretèches,

uchettes,

mantelets,

on-

soles,

corbeaux)

ont été détruites

ar

le

temps,

es

intempéries

t les

hommes,

ou

remplacées

par

des

structures

n

maçonnerie.

Mais

il

en

reste encore des

témoignages

qui

ne s'est

pas

demandé à

quoi

ser-

vaient

ces ouvertures e

portesétrangement lacées

à des

hauteurs

différentesu sol - notamment ans les tours de surveillance ui

sont disséminées

ur toute

la

péninsule

talienne On

peut y

recon-

naîtredes

poternes ui,

pour

des raisons de

sécurité

videntes,

taient

desservies

par

des

échelles

en

bois facilement

movibles.

On

recon-

naît aussi des

ouvertures arrées

menagées

dans

les

murs

et

dans les-

quelles

étaient

ncastrées

es

pièces

de

bois

soutenant

e

petits

uvra-

ges

en

surplomb,

omme des bretèches u

des hourds

(Fig. 1).

Les

bretèches

taientdes

logettes

dont le

sol était

percé

de

trous

pour

le

tir

fichant

t

qui

étaient

posées

au-dessus des

points

sensibles,

porte

ou extérieur

'une tour

et en

général

à où

il

n'y

avait

pas

d'autres

surplombs.Bien que rien ne paraisse plus simple que de lancer des

projectiles

u de verser es

classiques

poix

et huilebouillantes u haut

d'un

mur

sur

les assaillants

qui

s'apprêtent

l'escalader,

ces

opéra-

tions

comportaient

es

risques

t

il

en va de

même

pour

le

tir

fichant.

En

effet,

our pouvoir eter

des

projectiles

u tirer

ur

l'ennemi,

es

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Fig.

1

-

Le matériel

e

guerre

'un

grand

iège

onagres,

ours

d'assaut,

mantelets,hats,

tc.

(Viollet

e

Duc)

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108

RICCARDO UISI

défenseurs taient

obligés

de se

pencher

hors

du

parapet,

s'exposant

ainsi au tir des

arbalètes. Pour

limiter e

danger,

es

meurtrièrest

les

créneaux taient

obturés

par

des

huchettes

sorte

de

volets en

bois

pivotant

ur un axe

horizontal)

t

des

ouverturestaient

ménagées

ans

les arcs de la

console du

mâchicoulis

parapet

en

surplomb,

embla-

ble au hour

mais construit n

pierres

ou en

briques

Fig. 2).

Par

ces

ouvertures,

n

soulevant

es

huchettes,

n

lançait

sur

les assail-

lants tout ce

qu'on pouvait.

Il

arrivait

même

que,

à

ces

échanges

de

Fig.

2

-

Élévation

rontale

e la

partie

upérieure

d'une

enceinte.

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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DU

CHÂTEAU-FORT LA

FORTERESSE

109

courtoisie

ntre ssaillants et

assiégés, participent

es

gentilles

t fra-

giles

demoiselles

ui, inexpertes

ux

armes,

étaient

en

revanche out

à fait

capables

de fracasseres têtes n

jetant

des

pierres

ar

les ouver-

tures.

Ainsi

dans

les

moments es

plus critiques,

l

n'existait

plus

de

distinction

ntrecivils et

militaires,

t

tous unissaient

désespérément

leurs efforts ontre 'assaillant.

Ne

croyons

as

pourtant

ue

la

guerre

'assaut était

toujours

une

lutte

à

mort,

âpre

et cruelle. On se

préparait

évidemment u

pire,

mais

de la lecturedes

chroniques

de

l'époque

se

dégage parfois

un

tableau

plutôt pittoresque, ui évoque

la rencontre e

deux

bandes

aussi surprenantes ue celles immortalisées ar les filmsde Branca-

leone. Un

exemple

amusant et

significatif

st

l'attaque

du

village

de

Caviano le

31

mai

1287,

racontée

par

Frère

Salimbene

de

Parme.

L'église

paroissiale

de ce

village

était

un

petit

réduitfortifié

ntouré

d'un fossé

et le

campanile

servaitde tour de défense.

La

transfor-

mationdes

églises

n forteresses'était

pas

rare,

au

point

que

les con-

ciles

de 1123 et de 1209 durent nterdire a

fortificationbusive

des

églises.)

Lorsque

la

population

de Caviano

vit Guido

di Albareto

appro-

cheravec son

armée,

elle s'abrita à l'intérieur u

réduit

ortifié,

rmée

d'arbalètes,

de

pierres

et

de tout ce

qu'elle pouvait

réunir

pour

se

défendre.Guido di Albareto, à la tête des assaillants,compritvite

que

la

petite poignée

des

défenseurs

une

quarantaine

en

tout

-

était bien

décidée à vendrechèrement a vie.

Il

chercha à traiter n

promettant

ux

assiégés

a vie sauve

s'ils

acceptaient

e

se rendre. our

toute

réponse,

un

défenseur,

ndigné

de ces

propositions,

ança

une

pierre

de la

tour-campanile, ui percuta percussit)

a

tête du

cheval

de

Guido,

lequel

tomba

cum

circumvoluîione orribili.La réaction

et l'assaut étaient désormais

névitables,

mais l'issue de la

bataille

devait

surprendre

uelque

peu

Guido.

En

effet,

a

détermination es

défenseurs

uttelle

qu'une quinzaine

d'assaillantsfurent

lessés,

dont

trois

finirent

ar

mourir. On constate donc

qu'une petitepoignéed'hommesbien décidés pouvait teniren échec des guerriers rofes-

sionnels

t

que

la

prise

de

la

plus

rudimentaledes forteresses eman-

dait

du

temps

et

l'équipement déquat.

À

Guido

et

à ses

hommes,

il

ne restait

plus qu'à saccager

le

village,

razziant

les

chapons,

les

canards,

es

cochons,

etc. On

peut

en

conclure

qu'un

édifice

robuste

et construit

n

pierre,

comme l'était une

église

romane,

suffisait

offrir n solide

retranchement

il

est

donc

aisé

d'imaginer

'obstacle

que

constituait

n château-fort

ien

organisé pour

la défense.

Il

est

clair

que

les

techniques

ffensivestaient

ettementnférieures

aux

techniques

éfensives,

t ces dernières 'étaient ncore

perfection-

nées grâceà l'expérience es croisés. Les expéditions n TerreSainteétaient onfrontées deux problèmesmajeurs, a libération u Saint

Sépulcre

et,

tout

aussi

difficile,

a

conservation es

terres

onquises.

Ce

dernier

bjectif

conduisait

une

stratégie

éfensive,

mposée

par

la faiblesse

hronique

des

garnisons résentes

n Terre

Sainte,

et fon-

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110

RICCARDO UISI

dèe sur a

capacité

de résistance 'une chaîne de

forteresses.

es croisés

constructeurs,

timulés

par

les difficultés e

l'entreprise,

aisant de

nécessité

ertu,

irent

reuved'ingéniosité

t

d'initiative.

es

précieuses

expériences,

mportées

n

Europe,

contribuèrent

ensiblement

l'amé-

Fig.

3

-

Tirs

et

angles

morts.

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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DU

CHÂTEAU-FORT

LA

FORTERESSE 111

lioration des

techniques

de défense.On leur

doit,

par

exemple,

le

hourd

pour

faciliter e tir fichant

t la tour

ronde,

qui remplaça

peu

à

peu

la tour carrée.

Les tours rondes en effet e

prêtaient

un tir

latéral

(de

défense mutuelle

ntre une tour et

l'autre),

qui

réduisait

la zone interdite

u tir des défenseurs

Fig.

3).

Le rôle

de

l'artillerie

Outre sa

plus grande

solidité,

a tour ronde

présentait

n autre

avantage,qui ne futpleinementppréciéque vers e milieudu XVe iè-

cle,

quand

on

commença

à utiliser 'une manière ourante

'artillerie

à feu.

À

cette

époque, après

en avoir fait

l'expérience

u cours de

nombreux

ièges,

on a constaté

qu'on pouvait

améliorer

a

résistance

des murs non seulement

n

augmentant

eur

épaisseur,

mais aussi en

leur

donnant une

forme courbe et

fuyante,

onde en

somme,

plus

favorable

d'un

point

de

vue

balistique

(Fig.

4).

L'invention

de la

poudre

transforma

adicalement 'architecture

militaire.

C'est dans un

textede

Roger

Bacon daté de

1249

que

nous

trouvons

mentionnés

our

a

première

ois es

ingrédients

'un

mélange

explosif

base de charbon

de

bois,

de soufre t de

salpêtre

recette

Fig.

4

-

Gravure e JostAmman

montrantes

points

ensibles

que

devaitviser

'artillerie

'assaut

sur une tour

ronde,

e diamètre sur une tour

carrée,

es

angles.

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112

RICCARDO

UISI

qui

est à

l'origine

de

l'artillerie

feu et

des

développements

e

l'archi-

tecturemilitaire.

Toutefois,

le

changement

ne fut

pas

brusque,

car

ces

«

boîtes

à

feu

»

(comme

es

contemporains

ppelaient

es

premiè-

res armes à

feu)

étaient

ellement

udimentaires

ue

le vieux

et le

neuf

(l'onagre

et le

canon)

cohabitèrent

ongtemps

ncore.

Pourtant

a dif-

fusion

des armes

nouvelles semble

avoir

été assez

rapide

puisque

Pétrarque

écrivait

vers e milieu

du

XIVe

iècle «...

ces

instruments

envoient

es

boules

de

métalavec un

fracas

pouvantable

t

des

éclairs

de feu...

il

y

a

quelques

années encore

ls étaient

areset on

les

regar-

dait avec

stupeur

t

admiration,

mais à

présent

ls sont

devenus

aussi

communs et familiers ue n'importe quel autre typed'arme. Pour

apprendre

es arts es

plus pernicieux,

'esprit

des

hommes se

montre

si

prompt

et

génial

»

(De

Remediis

livre

,

dialogue

99).

Fig.

5

-

L'artillerie 'assaut des

xvc

et

xvie

iècles.

A

: Bombarde erclée

début

du

xve

iècle)

avec chambre

'explosion

démontable.

B

:

Mortier e bronze

milieu

du xvc

iècle)

la sectionmontre es

dimensionslusréduites e la chambre 'explosion.

C : Bombarde e bronze

milieu

u

xvc

iècle) omportant

eux

parties

démontablesla

trompe

t la

queue.

D : Affût vec canon de bronze

xvie

iècle)

t une

équerre

e canon-

nier

pour

mesurera hauteur

S.

Pepper,

N.

Adams).

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114 RICCARDO UISI

maux

comme

Vipère, Éléphant,

Lion,

ou bien de noms

menaçants

comme

Grand

Diable,

Déluge,

Séisme,

Ruine seuls les

petits

cali-

bres,

fabriqués

n

plus grande

quantité,

taient

désignéspar

un nom

générique,

e

plus

souvent

ié au lieu de

fabrication

«

Trevisana

»,

«

Veneziana

»,

«

Bresciana

»,

etc. Parfois on

leur donnait un nom

ironique,

comme a célèbrecouleuvrine

Giulia,

qu'Alphonse

II

d'Esté

fit

fabriquer

n 1512

avec

le métalde la

statuedu

pape

Jules

I

(sculp-

tée

par

Michel-Ange )

qu'il

avait

prise

à

Bologne.

La

standardisa-

tion

des calibres se fit

attendre,

i on

pense que

dans

l'Empire

de

Charles-Quint

50

types

différents xistaient

encore

et

que

vers

1550 Henri II réduisitofficiellement six les calibres des armes

françaises.

Mais

quelle

était

l'efficacité éelle de

cette

première

rtillerie

feu dans les

sièges

?

Il

n'est

pas

facile de donnerune

réponse précise

car les

chroniques

ont

avares de

détails,

mais

l'impressiongénérale

reste

ue

-

sauf

usage

massif t obstiné

l'efficacité estait

sycho-

logique,

même si les armes

à

poudre

représentaient

n

progrès

nota-

ble

par rapport

aux anciennes armes de

jet

et de

sape.

Ce sont

probablement

es sources

iconographiques ui

donnent

les indications es

plus

intéressantesur les

prestations

es

premières

armes à

feu. Les

miniatures

t les

peintures

eprésentant

es

sièges

montrentue l'artillerie, cause de sa faibleportée,devait êtrepla-

cée

très

près

des murs abattre.Cela est confirmé

ar

B. Lorini

ingé-

nieur

militaire,

lorence 1540 ?-

Venise

1611

?), qui

conseillait,

dans

Le

fortificazioni1609),

de

rapprocher

e

plus

possible

l'artillerie

u

mur

dans

lequel

on voulait

ouvrirune

brèche,

c'est-à-dire e la

pla-

cer au bord du

fossé,

malgré

les

risques que

comportait

une

telle

opération.

Un

exemple

très

ntéressant,

la limitedu

paradoxe,

est la des-

cription

détaillée

(comportant

des

documents

photographiques),

de

l'artillerie talienne

'efforçant

e franchir a

brèche de la

Porta Pia

à Rome en

1870

800

coups

furent irés

pour

en

provoquer

'écrou-

lement.L'artillerie talienne ut s'approcher usqu'à 500mètres t, le

tir

par pièce

s avérant

inefficace,

ut

mettre n

place

une batterie.

Le

mur

s'écroula enfin à

la

huitième

décharge.

Si en

plein

XIXe

iè-

cle un mur

d'environ un

mètre t demi

d'épaisseur présentait

n tel

obstacle,

on

peut imaginer

es

difficultés

encontrées

ar

l'artillerie

des

XIVe

et

XVe

iècles,

dont

l'efficacité tait nettement

nférieure.

Considérons

à

présent

un

événement

mportant

our

notre

his-

toire

l'expédition

talienne e Charles VIII.

L'historiographie géné-

ralement

xpliqué

a facilité e la

conquête

et

son influence

ur l'évo-

lution de la

construction éfensive

ar

les

extraordinaires

erforman-

ces de l'artillerie rançaise.À mon avis on surestime'impactdes nou-velles

techniques pportées par

les

Français,

en oubliant

que

le suc-

cès

de

l'entreprise rocédait

aussi de l'extrême

détermination vec

laquelle

elle avait été conduite.

Le

caractère

grandiose

des

objectifs

qui poussèrent

harles

VIII

à envahir

'Italie

(sans parler

de la

reven-

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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DU CHÂTEAU-FORT

LA

FORTERESSE

115

dication

de ses droits u trônede

Naples

et du rêve de la

reconquête

de Jérusalem

t de

l'Empire

ď

Orient)

était

complètement

tranger

la

conception politique

des États italiens

qui,

habitués à de

petites

guerres

t à des

changements

modestes,

étaient surtout

oucieux de

sauvegarder

équilibre

olitique

xistant. a

péninsule

utmoins bou-

leversée

par

les

moyens techniquesque par

les méthodes

politiques

du

souverain

français.

L'affrontementntreCharles

VIII

et

les États

italiensne fut

pas pour

l'essentiel

un conflit ntredeux

types

d'artil-

lerie

plus

ou moins efficacesmais

un conflit

entre deux mentalités

militaires t surtout ntre deux visions

politiques

différentes.

En réalité, e roi français nvestit a péninsule vec un nombre

de

pièces plutôt

restreint

36 pièces

lourdes,

une centainede

couleu-

vrines

t une bonne

quantité

de

pièces

d'artillerie

égère),qu'il

n'eut

même

pas

souvent 'occasion d'utiliser.

Après

la

prise

de Fivizzano

et la mise

à mortde toute a

garnison,

es

opérations

de

siège

furent

rares,

puisque

Florence,

après

la

perte

de

Fivizzano,

céda aux

Fran-

çais

sans

combattoutes es

places

fortes

ittorales. e succès de

Charles

VIII ne tint

pas

à l'extraordinaire fficacité e l'artillerie

rançaise

mais à

la terreur

ngendrée ar

l'impitoyabletyle

e combatdes Fran-

çais

auquel

les Italiensn'étaient

as

habitués.Guicciardini e confirme

dans son

commentaire ur

la

prise

de

Fivizzano :

«

... une

nouveauté

qui terrifia'Italie, depuislongtemps abituée voir des guerres lus

spectaculaires

ar

leur

style

et

leur luxe

que

dangereuses

t

sangui-

naires.

»

Jusque-là

a

capitulation

'une ville

pouvait

certes ntraîner

son

saccage

et le

paiement

pour

le rachat des

prisonniers,

mais

l'idée

d'une lutte

à mort n'était même

pas prise

en

considération

ar on

«

laissait

toujours

a vie sauve

aux hommes

ui

n'avaient

pas

été tués

dans

l'ardeur

du combat ».

En

réalité,

es transformations

e l'architecturemilitaire

n

Ita-

lie ne sont

pas

une

réponse

l'introduction

e

nouvelles rmes trans-

alpines,

car

elles avaient

commencé,

omme

nous

allons

le

voir,

bien

des années

avant l'invasion

française

t

elles étaient

a

conséquencede changementsurvenus vant cet épisode belliqueux.Les armes à

feu eurent n

effetune influence

écisive sur

la conduite des

opéra-

tions

de

siège

dès le milieu du

XVe

iècle,

et surtout

e

canon fut de

plus

en

plus

utilisé

dans les

sièges

et

commença

à

remplacer

es vieil-

les armes

de

jet.

Une architecture

e

transition

le fort ou rocca

L'emploi

des

bouches à feu amena

donc de notables

hangements

dans l'architecture

ilitaire

les

mursdurent

tre

onsolidés

t

les

lieux

fortifiésurentménagés pour permettrene utilisation éfensive e

l'artillerie.Ainsi les murs

devinrent

lus épais

et leur base fut ren-

forcée

d'une solide

escarpe pour

en

augmenter

a

résistance

t la

sta-

bilité,

et

pour

présenter

ne

face

fuyante

ux

projectilesprovenant

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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116

RICCARDO UISI

de

r

artillerie

'attaque.

Ce

plan

incliné e terminait

ar

une

moulure

appelée

cordon

d'escarpe qui

le

démarquait

du

mur,

ce dernier tant

désormais

oujours

couronné

du hourd

parapet,

merlons,

onsole et

mâchicoulis).

Les

plans

de

ce nouveau

type

de fortification

résen-

taient des bastillons

ronds de

grand

diamètre,

de même hauteur

que

les courtines t faisant

aillie sur l'enceinte.Une autre

caractéristique

du fort était sa

fonction trictement

ilitaire,

t non résidentielle

elle n'abritait

ue

la

garnison

t le châtelain

esponsable

e la

défense.

S'il

est

vrai

que

le terme

de

rocca

déjà

utilisé

par

les

contempo-

rains,

pouvait

prêter

confusion

t être

appliqué plutôt

u

site

qu'au

typed'architecture« rocca-roccia , en italien lieu élevé G. Busca,

L'architetturamilitare

Milan,

1619),

aujourd'hui

il

fait

partie

de

la

terminologie

istorique

de

l'architecture

militaire t

désigne

un édi-

fice fortifié

ossédant

les

caractéristiques ue

nous avons mention-

nées. Cette architecture

orrespond

une

période

historiqueprécise

-

la

seconde moitié

du

XVe

iècle. La Rocca

Pia à Tivoli

(1461)

est

probablement,

vec le

fortde

Brancaleone

à

Ravenne

1456-1467)

et

celui

d'Imola

(1473),

parmi

es

premiers

xemples

de

ce

type

d'archi-

tecture

ui présente

a

première

éritable

iposte

de l'architecture

ili-

taire aux

nouvelles

rmes

à

feu.

Il

s'agit

d'une

architecture e transi-

tion,

peu

novatrice t

qui s'appuyait argement

ur

des

principes

éfen-

sifsmédiévaux, out en les développant t en les portant leurplus

haut niveau de

perfection.

'utilisation

de

solutions traditionnelles

pour parer

au

danger

de l'artillerie

feu valut à cette

architecture

une

rapide

diffusion,

mais elle fut

urpassée

t

abandonnée tout

aussi

rapidement,

ans

l'espace

d'un

demi-siècle

Tivoli

en 1461 fut

l'un

des

premiers xemples

de rocca

;

Nettuno

en

1501 fut 'un

des

pre-

miers

exemples

de forteresse

astionnée).

L'artillerie ontinua

de se

développer

u

xvie

siècle et

désormais

toutes les villes

européennes

durent

faire face à cette

menace. Elles

étaient donc

contraintes e reconstruire

eurs

ouvrages

défensifs

u,

dans

la

majorité

des cas

et

pour

des raisons

d'économie,

de les re-

structurer. es vieilles oursde la périodecommunale,dont a hauteur

faisait la

force,

furent rasées au niveau

de l'enceinte

pour

éviter

qu'elles

ne

deviennent,

ans l'éventualité

malheureuse

'un

siège,

une

cible facile

pour

la

redoutable rtillerie.Ainsi

par exemple

Florence

en

1526,

à

Prato en

1528,

à Pise en

1511,

à

Monteriggioni

n

1526.

Très

vite,

on

s'aperçut

que

le hourd

était ui

aussi devenu

nutile

car

il

était

plus

facile

pour

les

assaillantsd'ouvrirdes

brèches l'aide

des canons

que

de tenter

a

dangereuse

scalade

des

murs. Les murs

en

maçonnerie,

rop rigides,

evaient onc êtrerenforcés

ar

des terre-

pleins,plus souples.

Les

ouvrages

défensifs n terre

ffraient

ne meil-

leure résistance la violence du canon ; l'épaisseur des terre-pleinsabsorbait es chocs

produits

par

des

projectiles

n

pierre

ou en

fer,

limitant insi

es

risques

d'écroulement.

n

même

temps

es

terre-pleins

offraient ux

défenseurs

'espace

nécessaire u maniement

es encom-

brantes

bouches à

feu.

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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DU CHÂTEAU-FORT

LA FORTERESSE 117

Après

avoir résolu ces

problèmes

de stabilité t

de

résistance,

es

constructeurs

herchèrentes formes

géométriques

es

plus

adaptées

à

l'artillerie

e défense.

On ne

pouvait

évidemment

as

se fier à la

seule

défense

passive

s'il fallait

viter es

écroulements,

l

était aussi

important

e

tenir distance es assaillants

et de

prévenir

es

escala-

des.

Il

ne

suffisait

onc

pas

de se

protéger

u tir

ennemi,

l

fallait

en

plus

s'armer

soi-même

t mettre

es

nouvelles

echniques

u

profit

de la défense.

Les vieilles

tours,

par

leur forme

t

leurs

dimensions,

étaient

devenues

désormais

nadéquates

car on avait besoin

d'espaces

plus

vastes

pour

des

opérations

omme

e

chargement,

e

pointage

et

le tirdes enginsd'artillerie. e plus,commenous l'avons vu, les tours

rondes,

et

plus

encore es

carrées,

ne

permettaient

as

aux défenseurs

de contrôler

out

l'espace.

La

forteresse

t le

bastion

Un

nouvel élément

rchitectural,

e

bastion,

permit

de résoudre

ces

problèmes.

es

forteressese

Nettuno,

de

Sansepolcro

t

d'Arezzo

en furent

arnies

par

les frères

angallo

dès

le

début du

xvie

siècle.

Sans

reprendre

ci les

discussions ur

la

paternité

t les

origines

du

bastion,qui ontdéjà faitcoulerbeaucoup d'encre,arrêtons-nouseu-

lement sur

quelques

caractéristiques

aillantes.

Notons

en

premier

ieu

que

c'est

le

bastion

qui

définit

a forte-

resse.

l

remplaça

donc

l'ancienne

our,

peu adaptée,

nous l'avons

vu,

aux

nouveaux

types

d'armement.

Pour

protéger

es

murs contre

l'ouverture

es

brèches,

on avait

construit es

terre-pleins

la même

technique

fut

appliquée

aux

bastions,

qui

furent

ourvus

d'une che-

mise

en

maçonnerie le plus

souvent

n

briques)

dont

l'intérieur tait

rempli

de terre.

Ainsi les

projectiles

qui

l'atteignaient,

ui

étaient

encore de

simples

balles

de

pierre

ou de

fer

sans

charge

explosive,

s'enfonçaient

ans

provoquer

e

dégâts

dans

le

terre-plein,ui

en outre

offrait ne plate-formetablepour le maniement es affûts.Le bas-

tion avait

une

forme

n feuillede

lierre

onçue

pour

lui conférer n

excellent

rofil

balistique

il

se

présentait

omme a

proue

d'un navire

tournéedans

la direction

'où

étaitcensée venir

'attaque)

et en

même

tempspour

ouvrirun

champ plus

large

au tir

des

défenseurs.

omme

nous

pouvons

le

voir sur la

fig.

3,

les canons dits

«

traîtres

,

que

les assaillants

ne

voyaient

u'au

dernier

moment

uisqu'ils

étaient

pla-

cés

dans

les

flancs

du

bastion,

pouvaient

couvrir

par

leur tir

soit la

courtine,

oit

le bastion voisin.

Nous

retrouvons

ci,

modernisé t

adapté

aux nouveaux

systèmes

d'armement,e mêmeprincipede défenseréciproque t d'interdépen-dance

appliqué

auparavant

aux tours du château-fort. es distances

n'étaient

plus

calculées

en fonction e la

portée

de

la

flèche

d'un

arc

ou

du

vireton

'une

arbalète,

mais

en fonction

e la

portée

du tir de

la

couleuvrine,

e

respingale

u du canon

placé

dans le flancdu bastion.

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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118

RICCARDO UISI

La forteresse

tait ainsi

adaptée

au

potentiel

de

l'artillerie,

ui-

vant

un module

-

bastion-courtine-bastion dont les dimensions

étaient

alculées

en fonction

e la

portée

du tir

des canons.

En

théo-

rie,

ce module

de forme

polygonale

pouvait

comporter

un nombre

variable

de

faces,

suivant

es dimensions ntérieures

u'on

voulait ui

donner.

Mais

il

est évident

ue

les

ingénieurs

militaires evaient ran-

siger

avec la réalité

préexistante.

u

contraire,

es

plans

de forteres-

ses

comportant

ingt

t un

bastions comme celui

proposé par Alghisi

(Alghisi

Galasso

da

Carpi,

Delle

Fortificazioni

Venise,

1570)

restaient

à l'état

de

projet

et

n'ont

jamais

été

réalisés.

Le coût élevé des travaux ncitait ien souvent transformeres

fortifications

éjà

existantes

our

les

adapter

aux

nouvelles

exigences

plutôtqu'à engager

des constructionsntièrementouvelles.Par

souci

d'économie,

on se contentait

arfoisd'ajouter

des

ouvrages

à l'exté-

rieur

de la vieille enceinte

médiévale

il

s'agissait

alors

d'une archi-

tecture

n

terre,

mprovisée

u momentdu

danger

selon les

principes

des

fortifications

ontemporaines

e

campagne.

De ce

type

de fortifi-

cation

il ne

reste

pratiquement

ucune trace.

De

grandes

illes omme Rome

et

Florencene furent

amais

pour-

vues

d'un

système

astionné

omplet.

À

Rome,

après

le traumatisme

du

sac,

on

projeta

de construire

ne enceinte ncerclant

a

ville

entière

et comprenant ix-huit astions. Mais l'idée futabandonnée en 1542

lorsqu'on

s'aperçut que

le

coût

d'un seul bastion s'élevait à

44 000

ducats

(G.

Parcker,

La

rivoluzione

militare

Bologne,

1990,

p.

26).

À

Florence,

après

le

grand siège

de

1530,

on eut

recours

à

un autre

principe

de défense

la

construction ux

points

sensibles

de

deux

places

fortes,

a

forteresse

e San

Giovanni,

appelée

communé-

ment

d'en bas

»

(Fortezza

da

Basso),

et le fortBelvédère.

Ces

deux

points tratégiques ermettaient

e contrôle t la surveillance es enne-

mis

venus de l'extérieur

omme des ennemisde l'intérieur. es nou-

velles forteresses

taient solidaires des anciens

murs de

l'enceinte

médiévale,

dont les tours

furent rasées.

À Lucques, en revanche, n miten chantier ès 1544 les gigan-

tesques

travaux de construction

des nouvelles

fortifications

10

bastions, ,2

kilomètres

e

mursd'une

hauteur e

12

mètres t ren-

forcés

de

terre-pleins

ui

ne furent erminés

ue

cent ans

plus

tard,

en 1650.

Ces

œuvres colossales s'avéraientutiles

puisqu'elles

condui-

saientà des

changements

adicauxdans la

stratégie

es

sièges.

L'équi-

pement

raditionnel

ui

au

Moyen Âge permettait

'approche

des

murs,

comme es toursd'assaut

et les abris

en

bois sur roues

yinee

t

chats)

étaitdevenu

désormais

nopérant,

ar

beaucoup trop fragile

our

résis-

ter

au

tir de l'artillerie

provenant

de la forteresse.

es

agresseurs

étaient présent ontraints 'avancer avec d'infiniesprécautions, ncreusantde

larges

tranchées n

zig-zag pour permettre

ux

troupes

et aux

engins

de

guerre

de

s'approcher

des murs aussi

près que pos-

sible,

afin d'effectuer

es tirs

rapprochés

et de donner l'assaut à

l'ouvertured'une brèche.

Ainsi,

paradoxalement,

a même artillerie

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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DU CHÂTEAU-FORT

LA

FORTERESSE

119

à

feu,

qui

au milieu du

XVe

iècle semblait avoir

triomphé

de

tous

les

systèmes

e

défense,

ontribuait

présent, ar

son installation

ur

tous les

glacis

des

forteresses,

rendre

es

opérations

de

siège

encore

plus longues

et

plus complexes qu'avant

l'invention

du canon.

Jusqu'ici

nous avons traitédes fortifications'un

point

de vue

strictementrchitectural t

militaire,

n laissant

de côté l'influence

qu'elles pouvaient

voir

sur

la

vie

quotidienne

de la ville.

Mais

il

est

évident

que

les

habitantsde la ville ne

pouvaient

pas

rester

ndiffé-

rents ux murs

qui

les

entouraient,

t

qu'ils

les

considéraient,

elon

les

circonstances,

omme un élément

positif

ou

au contraire omme

une contrainte t un poids ; par exemple,s'il est vrai que la cons-

truction e nouvellesfortificationstait

onéreuse,

l

est aussi vrai

que

dans les

périodes

de crise

économique

les

gouvernements

rouvaient

dans ces

grands

chantiers

ne

solution au désœuvrement

es masses

démunies

qui

affluaient

peu près

dans tous les

centres urbains.

D'autre

part

si

l'enceintedonnaitaux

habitants

n

sentiment e

sécu-

rité et

de

protection,

urtout a

nuit,

en même

temps

elle limitait

es

espaces

urbains,

faisantmonter es valeurs

mmobilières

t

défavori-

sant ainsi les

citadins es

plus

modestes,

ui

étaient ontraints e

vivre

dans des

espaces

domestiques xigus.

Souvent en

temps

de

paix,

les

terre-pleins

es

murs et

les fossés

quand

ils étaientà

sec)

servaient

de jardins potagers t de pâturages, t on y faisait ourammentécher

le

linge.

Pendant es

fêtes,

es fortifications

evenaient

même des lieux

de divertissement

on

y

allumait es

feux,

on tirait

es salves de

coups

de canon et

on

faisait

flotter es

étendards

t

des bannières.La vie

quotidienne

contribuait insi

à faire oublier

que

les bastions et

les

courtines taient

un

symbole

de

peur

et de

danger

et

qu'en

temps

de

guerre

es

hommes

y

laissaient

a

vie,

et

parfois

ussi les

femmes,

ar

un

siège

mettait n

péril

a

population

tout

entière ans distinction.

L'adoption

de la fortificationastionnéeet la

complexité

de sa

réalisation

conduisirent

changer

radicalement e

rôle de

«

l'ingé-

nieur militaire.

usqu'au

XVIe

iècle en effet

l

n'existait

as

de

véri-

table spécialiste n ce domaine le travail étaitgénéralementonfié

à des

personnes

ui

avaient

des

compétences

t

des

expériences

mul-

tiples

et

pouvaient

travailler

ndifféremment

une

église

ou

à une

muraille. Des

artistes ussi illustres

u'Arnolfo

di

Cambio,

Giotto,

Andrea

Pisano et

Orcagna

furent

ussi

chargés

de travaux d'archi-

tecture

militaire.Même

pendant

es

opérations

e

siège

on

faisait

ppel

à

des

peintres, culpteurs

t architectes

our

trouver es

solutions

ux

points

faibles

de la

défense

t

pour

organiser

echniquement

es

opé-

rations

d'attaque.

Brunelleschi e

vit

confier a construction 'ouvra-

ges

défensifs

Vicopisano

et à

Staggia

Senese et

en 1430 l

fut

ppelé

au siègede Lucques avec Donatello et Michelozzopour y trouver nesolution à l'inefficacité es assauts florentins. e

grand

artiste

ug-

géra,

semble-t-il,

e dévier e cours du Serchio afin

d'inonder a ville

pour

contraindrees habitants se rendre.Ces travaux

pharaoniques

furent ffectivement

ntrepris,

mais

le

résultatne

répondit

pas

aux

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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120

RICCARDO UISI

espérances,

ar l'effondrement

'une

digue

causa certesune inonda-

tion,

mais

pas

celle de

la ville. Ce fut e

camp

florentin

ui

se trouva

inondé et les Florentins

urent bandonner

'entreprise.

'ironie des

Florentins

n'épargna pas

le

grand

homme,

et dans les

rues

de Flo-

rence les enfants hantèrent es ritournelles

moqueuses

sur cet

épi-

sode malheureux.

La

liste des

grands

rtistes

ui

ont

travaillé

ans

le domaine mili-

taire

comprend

ous les

noms

éminents

e la

Renaissance talienne

Francesco

di

Giorgio

Martini,Bramante,

es

Sangallo,

Peruzzi,

Sam-

micheli,

Michel-Ange,

tc. On

ne

cessa de faire

appel

à ces

artistes

multiformesu'au momentoù la complexité oujourscroissantedes

nouvelles

echniques

éfensives

endit

nécessaireune

spécialisation

n

matière

d'architecture

militaire.

Dans ce domaine

aussi,

les

Italiens se révélèrent es

maîtres,

t

ils furent rèsdemandés

l'étranger

des

spécialistes

omme De Mar-

chi, Floriáni, Theti,

Lorini,

travaillèrent

n

peu partout

en

Europe,

de l'Écosse

jusqu'à

l'île de

Chypre.

En

même

temps

que

la

spéciali-

sation,

apparurent

es

traitésd'architecture

militaire.On

passa

donc

du

simple

carnet où l'on

notait ses

observations ur

n'importequoi

(tels

les recueilsde

Léonard)

à l'étude

approfondie

t

spécifique

de

l'art

des

fortifications,

ui

en

analysait

es

éléments vec

la

préten-

tion d'en faireune véritable cience. Le plus souventdans ces traités

on décrivait es formes t les dimensions u modèle idéal

-

bastion-

courtine-bastion.

Chaque

auteur en

proposait

invariablement

un

modèle

personnel

différent

e tous

les

autres,

ne fût-ce

ue par

un

infime étail. Aussi

tard

qu'en

1722,

J. D.

Durange

publiait

un traité

présentant

18

systèmes

e

fortification,

ous différentst

proposés

par plusieurs

uteurs,

es

critiquant

ous

plus

ou

moins,

et

proposant

à

son

tour

son

propre

modèle,

e

cent-dix-neuvième.'autres ouvra-

ges

traitaient es

sujets

tels

que

le choix et la

disposition

de l'artille-

rie

dans les

différents

oints

de la

forteresse,

a

position

des

portes,

la

largeur

du

fossé,

'endroit déal

pour

stocker

es réserves e

pou-dre et de munitions. 'autres encoredonnaient es conseilspourorga-

niser es différentes

quipes

de

maçons

et de

charpentiers,

alculer es

délais de

construction,

n

somme

pour

régler

out

ce

qui

pouvait

être

utile

à l'améliorationde la défense n cas de

siège.

Tous ces travaux

étaient

ecueillis n de véritablesmanuels

qui

eurent ouventun

grand

succès éditorial certains

furentmême

réimprimés plusieursrepri-

ses et traduits n

plusieurs angues.

Ainsi l'idée de la

fortification

astionnée onnut une

rapide

dif-

fusion

partout

dans

l'Europe guerrière

e ce

temps,

et les rois et les

princes, ui

étaient

es

premiers

ntéressés,

ivalisaient

'efforts

our

se procureres publications pécialisées t les servicesdes techniciens.Avec le

temps pourtant

es Italiens

perdirent

eur

suprématie

ans ce

domaine,

et le

XVIIe

iècle

vit naître

d'autres

écoles,

comme

celles des

Hollandais,

des

Allemands et des

Français.

Mais au fond

es différences

ntre

es écoles ne tenaient

u'à

des

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8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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DU

CHÂTEAU-FORT LA

FORTERESSE 121

détails elles suivaient

oujours

es

«

traces taliennes

,

et

plutôtque

d'inventer,

lles cherchaient

perfectionner

u à

adapter

les techni-

ques

existantes des

conditions

particulières

e

terrain.Les Hollan-

dais,

par exemple,

devaient enir

ompte

d'une

nappe phréatique

rès

haute,

et creuser des fossés

peu profonds

et

très

larges

d'où

ils

extrayaient

a

terre

pour

la construction es

terre-pleins.

e

perfec-

tionnement u

système

astionné

onsistait urtout

ajouter,

n

avant-

corps

des bastions

et des

courtines,

des

ouvrages

défensifs

estinés

à

multiplier

es obstacles

devant

'agresseur.

es circuits

éfensifs eve-

naient insi des lacis

compliqués

de

tranchées,

e

terre-pleins,

e

fos-

sés (comportant des ouvrages tels que bonnet-de-prêtre, ueue

d'aronde,

demi-lune, enaille, avalier,

etc.), qui

contribuaient élar-

gir

et

à renforceres défenses

xtérieures,

t à

présenter

n

barrage

protecteur

ux

éventuelles

anonnades

dirigées

vers l'intérieur e la

forteresse.

e cette

façon

le

système

astionné s'est

maintenu,

ans

changements

otables,

usqu'au

début

du

XIXe

iècle,

quand

le

per-

fectionnement

e l'artillerie e renditenfin

nopérant.

Traduit de l'italien

par

Lada

Hordynsky-Caillat

t

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Médiévales

6,

printemps

994,

p.

123-136

Nora

BEREND

LA

SUBVERSION

INVISIBLE :

LA DISPARITION DE L'OBLATION IRRÉVOCABLE

DES ENFANTS DANS

LE

DROIT CANON

Plusieurs ivreset articlesont été consacrés au thème de l'obla-

tion

des

enfants u

Moyen

Âge1

mais

la

question

de la

disparition

de cette

pratique

reste

peu

étudiée. L'oblation

(du

mot latin

offero

signifiant

offrir

,

dont e

participe assé

est oblatus

«

offert

)

est

une institution ruciale du monachismedu Haut MoyenÂge. Dès leIVe

iècle,

les

parents

avaient le droit d'offrir eurs enfants

garçons

et

filles)

aux monastères

our qu'ils y

deviennent

moines

et

monia-

les.

Le recrutementes monastères

épendait

n

grande

partie

de ces

enfants

fferts,

es oblats. Dès le

VIIe

iècle,

e droit

canon et les com-

mentaires ur

la

Règle

de

saint

Benoît

stipulaient ue

l'enfant,

une

fois

offert

ar

ses

parents,

n'avait

pas

le

droit

de

quitter

e monas-

tère s'il le

quittait,

l

pouvait

y

être ramené de force2.

À

l'époque

1. Pour

a

bibliographie,

oir

.

Boswell,

heKindness

fStrangers

The

Aban-

donment

f

Children

n Western

uroperom

ate

Antiquity

o

theRenaissance

New

York, antheon,988 P. Quinn, etterhanhe ons f KingsBoys ndMonks

in the

arly

Middle

gesy

ew

York,

eter

ang,

989

M.

Lahaye-Geusen,

as

Opfer

er

KinderEin

Beitrag

ur

Liturgie-

nd

ozialgeschichte

es

Monchtumsm

Hohen

Mittelalter

Altenberge,

ros

Verlag,

991.

2.

II

existe

ne

ontroverse

armi

esmédiévistes

ur

'irrévocabilitée 'oblation

avante

vnc

iècle,

otammentans a

Règle

e saint

enoît.

oir

J.R.

Riepenhoff,

Zur

Frage

es

Ursprungs

es

Verbindlichkeit

es

Oblateninstituts

Münster,939,

t

A.

Lentini,

Note ull'oblazioneeifanciulliella

egola

i

S.

Benedetto

,

Studia

Anselmiana

18-19, 947,

p.

195-225.

n

général

es

étudesur

'oblationdmettent

F

rrévocabilitéès

aint

enoît,

u même

vant,

aise

premier

exte

anoniquexplicite

qui

ie 'enfant

ffertormellement

t

pour

a

vie

ntièrela vie

monastique

stun

canon u concile

e Tolède

V

633)

J.

Vives,

d.,

Concilios

isigóticos

Hispano-

RomanoSy

arcelonat

Madrid,963,

.

208,

.

49).

Sur

es

ommentairese a

Règle

de saint enoît,oiresœuvreseM. deJongKind nkloosternde Vroege id-deleeuwenAmsterdam,istorischeminariumande UniversiteitanAmsterdam,

1986

«

In Samuel's

mage

Child

blation

nd he

Rule f

St

Benedict

n

the

arly

Middle

ges

600-900)

,

Regulae

enedictitudia. nnuarium

nternationale,6, 987,

pp.

69-79

«

Growingp

n

CarolingianonasteryMagister

ildemarndhis

Obla-

tes

,

Journal

f

Medieval

istory

9/2,1983,

p.

99-128.

Page 127: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-26-printemps-1994 127/164

124

NORA

BEREND

carolingienne,

ette rrévocabilité

e l'oblation fut

remise n

question.

Utilisantune tendance

égale opposée

aux

entrées

monastiques

for-

cées

et,

peut-être

aussi,

l'exigence,

instituée

en 817

par

Benoît

d'Aniane,

de la ratification

par

l'enfant

lui-même de

l'oblation

parentale3,

ertains

'élevèrent

ontre

'oblation irrévocable.Un cas

notable est celui de Gottschalk

devenu

célèbre

par

la

suite

pour

son

rôle dans la controverse

ur la

prédestination).

blat

à

l'abbaye

de

Fulda,

il

a tenté

de

revendiquer

a liberté. Son

abbé,

Raban

Maur,

fut

son

ennemi

farouche dans son

traité,

e Liber de

oblatione

(v.

829),

celui-ci

relia étroitement'existencede l'oblation

irrévocable

et l'existencemême du monachisme.Après une décision conciliaire

initiale

en

faveur de

Gottschalk,

Raban

Maur

emporta

a

victoire4.

Ces efforts n faveur

de la libertédes oblats ne

furent

as

durables.

Les conciles

carolingiens,

es

coutumiers

monastiques

t les

canonis-

tes des siècles suivants

ont confirmé e caractère

irrévocable de

l'offrande

parentale5.

Les oblats étaient

obligés

de rester u

monas-

tère

usqu'à

leur mort.

Afin de

suivre es

étapes

qui

marquèrent

a

disparition

e ce

rigo-

risme,

e

voudrais ci

analyser

e

témoignage

es textes e droitcanon

concernant a

disparition

de l'oblation

irrévocable du milieu du

XIIe

iècle au milieu du

XIIIe

iècle.

Les

sources utilisées eront

prin-

cipalement e Décret de Gratien v. 1140) et les commentaires u'en

firent es

canonistes.

Ces textes furent

omposés

à

une

époque

où l'oblation

n'était

déjà plus

florissante.

a

plupart

des érudits 'accordent

sur

la

chro-

nologie

du déclin de

l'oblation.

Certainsnouveaux ordresont formel-

lement refusé d'admettredes oblats dans

leurs

rangs,

comme

par

exemple

les

Cisterciens,

les Chartreux et les

Templiers

aux

xie-xiie

iècles6.

Et,

bien

que

l'offrande

des enfants la vie

monas-

3.

MGH,

Capitularia

I,

p.

346,

Capitulare

onasticumc. 36.

4. K.

Vielhaber,

ottschalk

er achse

Bonn,

956.

oswell,

e

Jong

t

Quinn

traitentous ucas de Gottschalkans eursravauxur oblationcf.note ).Édi-

tiondes

conciles

t des ettres

MGH,

Concilia

II,

pp.

601-605,

GH,

Epp.

V,

pp.

529-530t

MGH,

Concilia

III,

pp.

181-184.

e Liber e

Oblationeuerorumans

la

Patrologia

atina

PL),

Paris, 852,

.

107,

ol.419-440.

5.

Conciles

Worms

868)

.

22

et

23,

éd.

J. D.

Mansi,

acrorumonciliorum

nova

t

mplissima

ollectio

Paris,

902

lre

d.

1759-1798),

ol.

15,

ol.873 Tribur

(895)

.

16,Mansi,

p.

cit.,

ol.

18A,

ol. 164

Collections

anoniques

G.

Fransen

-

T.

Kölzer, d.,

BurchardonWorms

Decretorumibri

X

Aalen,

cientia er-

lag,

1992,

repr.

e

l'édition

e

1548) c. 1012),

.

1, 6, 97,

99, 100,

ol.

4v-l

5,

123V-124

Yvesde

Chartres,

ecretum

c. 1094),

.

15,26, 27, 30,

109,

17,

18,

PL

t.

161,

ol.

548,

51-553,69,

71

Coutumiers

onastiquespar

xemple

iber

TramitiseviOdilonis

b at

s,

éd.

P.

D

nter,

iegburg,

.

Schmitt,

980

Corpus

Consuetudinum

onasticarum

0), p.

227-228

Decreta

anf

anciMonachi antua-

riensibusransmissaéd. D. Knowles,iegburg,. Schmitt,967 CCM3), p.90.6. Cesordrese refusaientas 'oblationn tant u'institutionais lsétaient

opposés

la

présence

'enfants

l'intérieure eurs

monastères.

ls

rguaient

esdésor-

dres

ausés

ar

a

présence

'enfants,

u

de

'impossibilitéour

es nfantse

suivre

leur

orme

e vie

il

n'était ullement

uestionour

ux

de a libertée choix

our

les oblats.

.M.

Figueras,

e

Impedimentis

dmissionisn

Religionemsque

d

Page 128: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-26-printemps-1994 128/164

LA

SUBVERSIONNVISIBLE

125

tique

existât ncore

pendant

es

xiie-xme

iècles,

et

peut-être

ien au-

delà7,

le nombre

des oblats décrût

dès

le

milieu du

XIIe

iècle8. Il

serait ntéressant e chercher

détermineres

relationsde

causalité

entre es transformations

ociales

et

celles

du droit

canon

pour appré-

cier à

sa

juste

valeur

l'influencedu

droit sur la vie

des

oblats. Les

causes de la

disparition

e l'oblation

sont

multiples,

t

autant

écono-

miques que

sociales et

religieuses9.

ans des

études

régionalespréci-

ses

sur

les

fluctuations

u

nombredes

oblats,

l

est

impossible

'écrire

l'histoire

exacte de

la

fin

de

1'

blation. Je

me

contenterai

donc

d'observer,

comment

dans

le droit

canon

l'obligation

créée

par

l'offrande arentale 'est transforméen un librechoixpourles oblats

(parvenus

à

un

certain

ge)

entre a

vie

monastique

et

le

retourau

monde.

Dans la littératureur

l'oblation,

le rôle

décisif

dans

la

dispari-

tion

canonique

de l'oblation

irrévocable st

attribué oit à

Gratien

(v. 1140)

10

soit

à un

des deux

papes

:

Clément

III

(1187-1191)

ou

Célestin

III

(1191-1 98)

u.

Alors

qu'ils

se sont

attardés sur les fac-

Decretum

ratiani

Montserrat,957,

p.

84-85 J.

Lynch,

The

Cisterciansnd

Underage

ovices

,

Cîteaux,

ommentarliistercienses

24/3-4,

973,

p.

283-297.

7. Par

xemple

.

Berlière,

e

Recrutementans es

monastères

énédictins

ux

xme tXIV iècles, cadémieoyale eBelgique,lasse esLettrest desSciencesMoralestPolitiques.émoires,ol.18.6, ruxelles,924 J.H.Lynch,imoniacal

Entry

nto

eligiousife rom

000 o

1260,

olumbus,

hio tate

niversity

ress,

1976,

p.

42,

49 P.

L'Hermite-Leclercq,

e

monachisme

éminin

ans a

société

de son

emps

le

monastèree La

Celle,

aris, 989,

.

213. ur

'existence

ontinue

de l'oblation

surtoutour

es

filles)

usqu'au

ébut e

l'âge

moderneJ.N.

eidl,

Die Gott-

erlobung

on

Kindern

n

Mönchs-nd

Nonnen-Klösternder

e Pueris

bla-

tis,

assau, 871,

p.

89-99 M. .

Deroux,

Les

origines

e

'oblatureénédictine

,

Revue

Mabillon

pp.

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Schmitz,

istoiree l'ordre

e

saint-Benoît,

es

Éditionse

Maredsous,

948-1956,

.

7,

pp.

102-103,

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L'entrée

desmineurs

ans

a vie

religieuse

,

Studia

ratiana

20, 1976,

p.

187-200,

.

200

Boswell,

p.

cit.,

p.

319-321.

8. L.J.

Daly,

Benedictine

onasticism

Its

Formationnd

Developmenthrough

the 2th

entury

New

York,

heed nd

Ward, 965,

p.

210-211

Boswell,

p.

cit.,

pp.313-314Lynch,p. cit., p.36-50 (surtout.43,charteuireflètee déclin

numérique

ans

uelques onastères)

J.

Orlandis,

Notas obrea

oblatio

ue-

rorum n

os

iglos

i

y

xii

,

Anuario

e

Historiael

Derecho

spañol

31,

Madrid,

1961,

p.

163-173,

p.

163-164.

9. Faute 'étude

récise

ur

ette

uestion,

oir

oswell,

p.

cit.

Lynch,

imo-

niacal,

p.

cit. t

Monasticecruitementn

the th nd

12th enturies

Some

ocial

and

Economiconsiderations

,

Americanenedictineeview

26,

1975,

p.

425-447

Deroux,

p.

cit.

Orlandis,

p.

cit.,

tilise eschartes

'oblation

our

émontrer

qu'aux

XIe

t

xiie

iècles n

Espagne,

'oblation

evient

épendante

e la

volonté

e

l'enfantn même

emps u'elle

evientn

privilège.

our

d'autres

as des XIe

t

xiie

ièclesù la volontée

'oblat

éterminea validitée

'oblation,

oir

oswell,

op.

cit.,

p.

316-317,

ais

oir

ynch,

imoniacal

pp.

40-41

ur a

pression

xercée

sur

'oblat

our u'il

reste

u monastère.

10.Metz,op.cit.,p. 196.Cet uteurppose l'ancienigorisme(l'oblationirrévocable)t 'attitudelus ibéralee Gratien.

11.

Seidl,

op.

cit.,

pp.

84-88 de

Jong,Kind,

.

198

Orlandis,

p.

cit.,

p.

173

Boswell,

p.

cit.,

p.

313

Deroux,

p.

cit.,

p.

100

C.M.

Figueras,

p.

cit.,

p.

87 L.

Thomassinus,

êtus t

Nova

Ecclesiae

isciplina, ayence,787,

p.

438

Leccisotti,

p.

cit.,

pp.

19-20.

Page 129: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-26-printemps-1994 129/164

126

NORA

BEREND

teurs sociaux

qui

ont entraîné ette

mutation,

es éruditsn'ont

pas

consacré

e même ntérêt

ux

changementségaux.

La

naissance,

dans

le droit

canon,

d'une

attitude

plus

libérale,

donnant e libre choix à

l'oblat,

est

perçue

comme

e résultat

'un

acte

précis,

entraînant ne

coupure

radicale avec

le

passé.

La

fin

de

1'

blation

rrévocable erait

liée à

une

seule

personne,

une seule

décision,

comme

s'il

s'agissait

de son abolition

pure

et

simple.

Je me

propose

de

montrer

ue

les

textes

e droit

anon traitant e

cette

uestionprésententlus

de com-

plexité

u'il n'y paraît.

L'étude

de

ces textes

égaux permettra

n outre

de réfléchir ur

une des

modalitésde transformation e la tradition

textuelle n droitcanon. Au lieu de voir ce changement ommeune

révolution

u une subversion

e

l'ordre

existant,

omme un acte ou

une décision

déterminante,

l est

possible

d'avancer a thèsed'un chan-

gement

ent

et

graduel,

au caractère

même du

commentaire,

'est-

à-dire

aux

caractéristiques

e

l'interprétation

es

textes.

Ce

type

de

changement

émoigne galement

du

rapport que

l'homme

médiéval

entretenait

vec

l'autorité

écrite.

Le

Décret

et ses commentateurs

Le Décret (la Concordia DiscordantiumCanonum) de Gratien,

achevé vers

1140,

était

à la fois

utilisé

par

les

professeurs

e droit

comme

livre

d'école

et

par

les avocats

dans leur

pratique uridique.

Ce

livre était censé

contenir

a

synthèse

du droit canon

connu

au

milieu du

XIIe

iècle.

J'analyserai

ci la Causa 20

qui

contient

'opi-

nion de Gratien

sur

1'

blation.

La Causa

20

consiste en

4

questions

dont la

première q.

1)

traitede

l'oblation irrévocable.Gratien

pose

la

question

uivante

ceux

qui

ont été offerts ans leur

enfance

ont-ils

obligés

de tenir es

vœux

religieux

Le

premier

anon semble

répon-

dre

par

la

négative,

ar

il

y

est

déclaré

que

la

profession

e la

virgi-

nité

n'est ferme

u'à partir

de

l'âge

adulte12.

Mais

Gratien

expliquedans son dictumque ce textevise la profession aitepar l'enfant ui-

même,

sans le consentement

es

parents.

Et

il

dit

explicitement

qu'«

autrement

a

profession

fferte Dieu

par

les

parents

doit être

servie

sans

violation 13. Les

canons

suivants,

ans les

paleae (addi-

tions

postérieures),

montrent

ue

Gratien

réuni

es autorités

rigo-

ristes

,

c'est-à-dire

es textes

rêchant

xplicitement

'irrévocabilité

e

l'oblation14.

L'enfant,

une fois offert

l'autel

par

ses

parents,

est

lié

à la vie

monastique

pour

toujours.

S'il

quitte

e

monastère,

l

est

forcé

d'y

retourner.

Gratien

cite,

par exemple,

e texte

du canon 49

du

concile de Tolède

IV

qui

déclare

que

:

«

l'offrande

paternelle

u

12. C. 20. q. 1. c. 1, E. Friedbergd., CorpusJuris anoniciLeipzig,

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,

col.843.

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1. dictum

près

.

1,

Friedberg,

p.

cit.,

ol.

843.

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C. 20.

q.

1. c.

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6,

Friedberg,

p.

cit.,

ol.843-844.

Page 130: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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LA

SUBVERSIONNVISIBLE

127

la

profession

personnelle

ait le moine »15. Suivant

son

habitude de

citer

des textes

qui

reflètent

es

opinions

contraires,

Gratienen

pré-

sentedeux

qui

offrent,

ans

une certaine

mesure,

e

choix aux

enfants

(disant qu'ils

ne doivent

pas

rester au

monastère contre

leur

volonté)16.

Mais

Gratien,

dans ses

dicta concilie

ces deux

textes vec

les

positions rigoristes.

ls sont

interprétés

omme

s'appliquant

uni-

quement

ux

enfants

ntrés

u

monastère

lors

qu'ils

étaient

éjà aptes

au

mariage (l'exemple

utilisé

est

la

puella

nubilis

âgée

de

plus

de

12

ans).

Ainsi les

oblats offerts

vant

cet

âge

n'étaient

absolument

pas

concernés

par

cette ibertéde

choix17.La limitation

e

l'âge

au-

delà duquel les parentsn'ontplus le droitd'offrireursenfants, 'est

pas

le

fait de Gratien

on

la

trouve

déjà

dans le concile

de Tolède

X

en

656 18.

L'opinion

de Gratien

sur

la

question

est

que

l'oblation

est

irrévocable

«

la

profession

paternelle

blige

les

enfants ils ne

peuventpas

renier

'engagement

u'ils

ont

pris

dans leur

enfance,

par

suite de l'offrande

paternelle

paterna devotione)

19.

Si l'on considère

maintenant es

paleae

,

les

transformationsont

significatives.

ous les

textes

joutés

reflètent ne

attitude

plus

libé-

rale

que

celle

de

Gratien.Deux

paleae

ne

sont

que

des

mitigations

e

l'oblation dans certaines

onditions20.

a

troisième

alea

,

c.

10,

est la

plus

radicale. Ce texteen

effetdonne à

tous les oblats

ayant

atteint

15 ans le libre choix entre a vie monastique t le retour u monde21.

Le Décret

y compris

es

paleae

,

fut

e texte

reçu

par

les

cano-

nistes

postérieurs,

mais son

ambiguïté

emandaitdes

éclaircissements.

Parmi

les différents

ypes

de commentaires

glossae

summae,

distinc-

tiones

etc.)

qu'il

suscita,

'analyserai

ici

principalement

ne

série de

summae de

l'École

bolonaise et de l'École

française22.

l'aide

de

celles-ci,

l

est

possible

de

suivrede

près

-

parfois

'écart ne

dépasse

pas

quelques

années entre

es différents

ommentateurs le

change-

ment

d'interprétation

u même

texte.Bien sûr les

commentateurs

nt

15. C. 20.

q.

1. c.

3, Friedberg,

p.

cit.col.

844

16. C. 20.q. 1. c. 8 et9, Friedberg,p. cit., ol.845.

17. C.

20.

q.

1. dictum

près

.

8, Friedberg,

p.

cit.,

ol.845.

18. Canon

,

éd.

Vives,

p.

cit.,

.

313.L'idée

u'il

xiste n

ge

imiteu-delà

duquel

es

parents

e

peuventas

offrireur nfante

retrouve

ansdes

collections

canoniques

ntérieuresGratien.

19. C. 20.

q.

1.

dictum

près

.

7,

Friedberg,

p.

cit.,

ol.

844-845. ratien

affirmeette

pinion

ans e

dictum

près

. 3. de la

q.

2,

Friedberg,

p.

cit.,

col.

848.Boswell

op.

cit.,

p.

311-312)

rétendue

Gratien

'offreucune ésolu-

tion la suite es textes iscordants.

20. C.

20.

q.

1.

c.

5, Friedberg,

p.

cit.,

ol.844 C. 20.

q.

1. c.

7,

Friedberg,

op.

cit.,

ol.844.

21.

Friedberg,

p.

cit.,

ol.

845.

l

s'agit

'une dditionaite rès

ôt u

texte

de Gratien

le

premier

ommentateur,

aucepalea,

a connaît

éjà.

22. Sur escommentateurseGratien entionnésans et rticle,oireDic-tionnaireeDroit anoniquedir.R.Naz,Paris, 935-1965,unom echaqueano-

niste

excepté

oland)

S.

Kuttner,

epertorium

er

Kanonistik

1140-1234),

ati-

can,

1937 etsurtout.

Weigand,

Frühe anonistennd hre

arrieren

der

Kir-

che

,

Zeitschrift

er

avigny-Sti/tungür

Rechtsgeschichte,

an.

Abt.

XXVI,

990,

pp.

135-155.

Page 131: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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128 NORA

BEREND

pour

but

d'expliquer

e textede Gratien ur

Poblation.

Mais

leurs

opi-

nions

personnelles

insi

que

le

changement

e la

situation

ociale

ont

laissé leurs

marques

sur ces textes.

Le

premier

ommentateur,

aucepalea

(v.

1150),

a

suivi de

près

le

sens des dicta de Gratien.

En

faisantune

distinction

ntre

'entrée

au

monastèredes adultes

et des

enfants,

l

constate

que

ces

derniers,

si

«

leur

père

ou mère les a

placés

pendant

'enfance

sous la

disci-

pline

régulière,

e

peuvent

pas

renier

'engagement

eligieux

23.

Pau-

cepalea

donne une

explication riginale

de la

q.

1

c.

10,

qui

est tou-

tefois

dépourvue

de fondement

ar

rapport

u

texte

ui-même

selon

lui, ce canon ne concerneque les « mineurs ui ne sont pas offerts

par

leurs

parents

mais

par

leurs tuteurs u

curateurs t à

qui

le

libre

choix

de

rester

u de

partir

st

concédé à

l'âge

de

15

ans »24. Il

est

donc

évident

ue

l'irrévocabilitée l'oblation

faite

par

les

parents

n'est

pas

remise en cause

par Paucepalea.

Le

commentateur

ui

suit

Paucepalea,

maître Roland

(dans

les

années

1150)

choisitune nouvelle

approche

utilisant

ne

catégorisa-

tion

connue dans le droit

canon,

il

distingue

on

seulement

ntre es

pubères

t

les

impubères,

mais aussi

parmi

es

impubères,

ntre

es doli

capaces

(capables

d'action

délibérée,

'est-à-dire

oués de

raison,

'âge

de raison étant

habituellement

ans25)

et

les autres.

Que

des

adultes

(des pubères)puissent éciderde leursortétaitdéjà établidepuis ong-

temps.

Dans

le

cas des

impubères,

rencontre

e

«

l'ancien

rigorisme

qui

avait ié tout

enfant ffert

vant

'âge

de la

puberté

la vie

monas-

tique,

Roland

permettait

une

certaine

catégorie

d'oblats,

même si

celle-ci était strictement

élimitée,

de

quitter

e

monastère à

l'âge

adulte ceux

qui

étaient

apables

de

raison

ors

de

l'oblation et

avaient

protesté

ontre a

volonté de leurs

parents

ce moment

précis.

Mais

les

autres

-

capables

de raison

qui

n'avaient

pas

protesté

t ceux

qui

étaient ncore

ncapables

de raison

-

qu'ils

eussent té

offerts ontre

leur

volontéou

non,

étaient

iés

à la vie

monastique

usqu'à

leur

mort.

Roland,pour

concilier

on

interprétation

vec le texte e

Gratien,

imite

l'applicationde tous les textes igoristes, résentés ar Gratien omme

preuve

de

l'irrévocabilité

e

l'oblation,

aux

oblats

incapables

de rai-

son

ou

à ceux

qui

n'avaient

pas

contredit

eurs

parents.

Pour

justifier

son

opinion

sur l'existence

d'une

catégorie

d'oblats

pouvant

quitter

la vie

monastique,

Roland

utilisa

a

palea q.

1

c. 10

et le

cas de Lam-

23.

Paucapalea

Summa ber as Decretum

ratianiéd.

J.F. von

Schulte,

Aalen,

cientia

erlag,

965

lre

d.

Giessen,

890), .

94.

24.

Paucapaleaop.

cit.,

p.

94.

25. VoirR.

Metz,

L'enfantans e

droit

anonique

édiéval

,

La

femme

t

l'enfant

ans

e droit

anonique

édiéval

Londres,

ariorum

eprints,

985,

p.

9-96,

surtoutp.11-23 S. Kuttner, DerBegriffdoli noncapax , KanonistischeSchuldlehreonGratianis ufdieDekretalenregorsX,Vatican,ibliotecapos-

tolica

Vaticana,

935,

p.

125-129.armies

textestilisés

ci,

voir

ar

x.

H. Sin-

ger, éd.,

Rufinus

on

Bologna

Summa ecretorum

Aalen,

cientia

erlag,

963

(lre

d.

Paderborn,

902), .

381 Simone

Bisignano,

ritish

ibrary

s.

Royal

0

A

III,

f.66

Huguccio,

umma

Paris,

ibliothèqueationale,

s. at.

15397,

.

35.

Page 132: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-26-printemps-1994 132/164

LA

SUBVERSIONNVISIBLE 129

bert

(q.

3 c.

4).

Selon

lui, Lambert,

orsqu'il

avait été

offert,

tait

déjà

capable

de raison et avait

protesté26.

Ce texte est

le

premier

de ma

série

qui

dénote un

changement

d'opinion

sur

Poblation,

t où la liberté e touteune

catégorie

'oblats

est

systématiquementarantie.

Des idées semblables

se rencontrent

parmi

es commentateurs

e l'École

française.

La

Summa Parisiensis

(composée

entre

1154 et

1170)

utilise

une solution

analogue

mais le

librechoix est limité

ux oblats offerts

ontre eur

volonté lors

qu'ils

approchaient

déjà l'âge

de la

puberté27.

Maître

Rufin

v.

1164)

a donné une solution

plus

radicale,

fon-

dée sur la notion du consentement,e plus en plus importante ans

le

droit canon.

Selon

Rufin,

aucun oblat

impubère

offert ontre sa

volonté

ne

peut

être contraint

e rester u monastère moins

qu'il

ne donne son

consentement ltérieurement.

ufin cite comme

preu-

ves

q.

3

c.

4

et

1

c.

10

-

textes

déjà

familiers28.

Tandis

que

Rufinne donne

e

choix

qu'aux

enfants evenus blats

contre eur

gré,

une autre tendance se fait

our,

déjà présente

dans

l'œuvre de Rufin.

Cette

opinion,

mentionnéemais non

acceptée

par

Rufin,

repose

sur une

nouvelle

nterprétation

e

q.

1

c.

10

: à

l'excep-

tion de

ceux

qui

étaient doli

capaces

lors

de Poblation et ont con-

senti

celle-ci,

out oblat est librede décider

de son avenir

près

avoir

atteint 'âge de la puberté29. utrement it, par rapportà l'opinion

de

Rufin,

e

champ

du libre

choix

s'est

élargi pour

inclure tous les

oblats

offerts

vant

l'âge

de raison

-

qu'ils

aient

été contraints u

non.

Dès les

années

1160,

et donc bien

avant les

décisions

pontificales

jugées

seules

significatives

ar

les

historiens,

n s'est

déjà beaucoup

éloigné

dans les

œuvres des canonistes

de Poblation

rigoureusement

irrévocable.

De son côté le

pape

Alexandre

III

(1159-1181) pensait

encore

que

Poblation était

rrévocable,

andis

qu'il

considérait

ue

la

profession

faite

par

l'enfant seul était

révocable30.

26. F.

Thaner, d.,

Summa

aģistri

olandi

mit

nhang

ncertiuctoris

ues-

tiones

Aalen,

cientia

erlag,

973

lre

d.

Innsbruck,

874), p.

70-72.

27.

T.P.

McLaughlin,d.,

The umma arisiensis

n theDecretumratiani

Toronto,

he

Pontificalnstitutef

Mediaeval

tudies,952,

p.

195-196.

28.

Rufinus,

p.

cit.

pp.

380-381.'éditione J. .

von

chulte

Giessen,

892,

pp.339-340)

e contient

as

de

différences

ignificatives.

29.

Rufinus,

p.

cit.,

p.

381.

L'Incertiuctoris

uestiones

onne

galement

e

libre hoix

tous es

oblats

xceptés

eux

ui

étaient

oli

capaces

t n'avaient

as

protesté

u

temps

e

Poblation

Thaner, p.

cit.,

p.

242).

30. Ph. Jaffé-G.

ttenbach,

egestaontificum

omanorum

Graz,

Akade-

mische ruck-

.

Verlagsanstalt,

956,

0604.

écrétâtes

X)

3. 31. 11.

Friedberg,

op.

cit.,

.

I,

col.572.Ce

textetait tilisé

ar

escanonistes

n faveure Poblation

irrévocablevoira Glossa rdinariaur eDécret, enise,584,

ol. 1616 t

Lyon,1606, ol.1217. ettepinionranchevec es dées 'AlexandreII sur emariage.

Voir

par exemple,

h.

Donahue,

The

Policy

f AlexanderheThird's onsent

Theory

f

Marriage

,

éd. S.

Kuttner,

roceedingsf

the ourthnternationalon-

gress f

Medieval anonLaw

Vatican,

iblioteca

postolica

aticana,

976,

pp.

251-281.

Page 133: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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130 NORABEREND

Dans les décennies

uivantes,

es commentateurs es

Écoles bolo-

naise

et

française

e contentèrente

répéter

es

mêmes

rguments.

ans

un

premier emps

on

reproduisit

e

plus

souvent a

même solution

que

Roland

-

une

solution

qui

ne donnait e

librechoix

qu'à

une

catégo-

rie

limitée

d'oblats.

Étienne de

Tournai,

dans les années

1160,

copia

la solutionde

Roland31.La Summa

Coloniensis

v. 1169),

à son

tour,

imitaÉtiennede Tournai

selon

Fauteur,

eux

qui

n'étaient

as

encore

doli

capaces

ou ceux

qui

l'étaient mais

avaient donné leur

consente-

ment

au

temps

de

1'

blation,

étaient

iés irrévocablement

la vie

monastique32.

Mais dès les années1170, 'autresolution, elle de Rufin, tmême

une

plus

radicale encore furent

doptées.

Jean

de Faenza

(1171)

imita

la

solution de

Rufin33,

mais

il

utilisa les

explications

d'autres com-

mentateurs

ur certains anons. Pour

concilier e canon 49

de

Tolède

(

monachum ut

paterna

devotio ut

propria

rofessio acit)

avec

l'inter-

prétation u'il

avait

suivie,

Jean

explique qu'un

enfant

doli

capax

ne

devient

as

moine

pour

la seule

raison

qu'il

y

a été

voué

par

son

père

mais

doit

également

aire

une

profession

ersonnelle

pour

les adul-

tes,

cette

dernière uffit34. 'autre

part,

Jean

substitue

oli

capax

à

pubère

dans

l'explication

onnée

pour

le

canon

8,

alors

que

le

dictum

de Gratien

parlait

seulementdes

pubères35.

our

Gratien,

seuls

les

enfantsnubiles,telles les fillesâgées de plus de 12 ans, ne peuvent

pas

être

forcés à la vie

monastique pour

Jean,

cette

interdiction

s'applique

aux

doli

capaces

Le

canon

10,

selon

Jean,

vise les

impu-

bères

qui

sont doli

capaces

et sont

offerts

ar

d'autres

que

leurs

parents

(des

frères,

tc.)36.

Ainsi

Jean ne

modifie

pas l'opinion

de Rufin

le

libre choix est

donné

aux

impubères

fferts ontre eur

volonté.

Simon

de

Bisignano

1177-1179) tipule

ue

seuls sont

obligés par

l'oblation les

doli

capaces

ayant

consenti u

temps

de

l'oblation,

et

il

accorde

«

l'oblation

du

pape

Martin

»

(le

libre choix

entre

'habit

monastique

et le retour au

monde à

l'âge

de 15

ans)

à

tous

les

autres37.

Ainsi

l'opinion qui, pour Rufin,

était

encore

inacceptable,avait pénétré 'École bolonaise.

31. J.F.von

chulte,

d.,

Stephan

on

oornickDie

Summa ber

as

Decre-

tum

Gratiani

Aalen,

cientia

erlag,

965

lrc

dition

iessen,

891) .

230.Sur a

Summa 'Étienne

e

Tournai,

oirH.

Kalb,

Studien

ur

umma

tephanis

on

Tour-

nai

Innsbruck,

agner,

983.

32. G.

Fransen,

.

Kuttner,d.,

Summa

Elegantius

n ure iuino

seuColo-

niensis

4

vol.,Vatican,

iblioteca

postolica

aticana,

969-1986,

.

3,

pp.

161-164.

33.

Londres,

ritish

ibrary,

s.

Addit.

8369,

. 111-112

Klosterneuburg,

Ms.

271,

f. 173-173Vt Ms.

655,

f.

114-115.

34. BL

Ms. Addit.

8369,

.

111

Klosterneuburg,

s.

271,

f. 173

t Ms.

655,

f.1 4v.35. bid.

36.

BL

Ms. Addit.

8369,

.

llv

;

Klosterneuburg,

s.

271,

f. 173

t Ms.

655,

f.

114v.

37.

BL

Ms.

Royal

0A

III,

f.65v-66BN

at.

934A,

.

85-85v.

Il

s'agit

e a

palea

attribuéeu

«

pape

Marcellus

.)

Page 134: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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LA

SUBVERSIONNVISIBLE

131

Sicard de Crémone

v. 1180)

est

un

des

commentateurses

plus

intéressants,

on

pas

à

cause de sa

propre

opinion,

mais

pour

la

liste

qu'il

donne de toutes

les

opinions

sur

l'obligation

créée

par

l'obla-

tion. Pour sa

part,

il

pense que,

bien

que

les

parents

aient le droit

d'offrir

eurs enfants

même avant

l'âge

de

7

ans,

ces enfantsne

sont

liés

qu'après

l'âge

de

7

ans,

à condition

u'ils

donnent eur

consente-

ment.

S'ils

ne le donnent

pas,

il

faut

es

interroger l'âge

de 15

ans

et

les laisser

partir

'ils

le veulent.

Donc,

ceux

qui

offrent

es bébés

(qui

dant

puellas

in

cunabulis)

au

monastère,

ne

fontrien

»,

c'est-

à-dire

que

leur acte

n'oblige

l'enfant à rien38.

n

revanche,

dans la

liste que donne Sicard, on voit la coexistenced'opinions contraires

concernanta validité t l'irrévocabilitée

l'oblation,

depuis

'idée

que

l'oblation faite un

âge

mineur st valable et

irrévocable ans aucune

nécessité du consentement e l'oblat

jusqu'au

refus de

reconnaître

l'oblation faite à un

âge

mineur

dans

ce

cas,

la

q.

1.

c.

10

est

citée

comme

preuve)39.

Avec cette dernière

pinion

la

conception

canoni-

que

sur 'oblationest

complètement

enversée.

i

on

accepte

cette

posi-

tion,

il

n'existe

plus

en

effetd'oblation irrévocable avant

l'âge

de

la

majorité dans

ce

cas,

la

puberté,

12

ans

pour

les

filles,

14

pour

les

garçons),

es

vœux

n'obligentpas

les

enfants, t,

après

leur

majo-

rité,

es

parents

n'ont

pas

le droit de les offrir. t cela bien avant

le pontificat u pape Célestin III.

Néanmoins

une autre tendance

existait dans le droit canon.

L'important

anonistebolonais

Huguccio,

influent

même

après

1234

(année

de la

promulgation

es

Décrétâtesde

Grégoire X),

affirme

v.

1188) que

l'oblation

est

valable

si

l'oblat

donne son

consentement

l'âge

de raison

7

ans)40.

Bernardde

Pavie,

dans

ses commentairesur

le Décret

(1191-1198),

soutientune

opinion

similaire

les oblats non

encore

capables

de raison de même

que

ceux

qui

le sont

mais

qui

ne

donnent

pas

leur consentement e doivent

pas

rester

u

monastère41.

38.

BL

Ms.Addit.

8367,

.46v BN

at.

288,

.49v BN

at.

289,

.42

BN

lat.

14996,

.96v.Le textest

mprunté

Gratien,

. 30.

q.

2. c. 1.

Friedberg,

p.

cit.,

.

,

col.

1099-1100).

ratien'utilise

our

émontrer

ue

es

fiançailles

e sont

pas

valables

vant

'âge

de

7

ans.

l

est

mportant

e noterci

'emploi

es mêmes

argumentsour

e

mariage

t 'oblation.

39.

BL

Ms.Addit.

8367,

.46v

BN

at.

288,

.49

v

BN

at.

289,

.42. Mal-

heureusement,

l

n'existe

our

'instantucune tude ur a traditionanuscritees

écritse Sicard.

l

est onc ifficile

'affirmervec ertitude

ue

a liste es

pinions

estde sa

composition

t nonun

ajoutpostérieur.

40.

Paris,

ibliothèque

ationale,

s. at.

5397,

.

35-35v

Lons-le-Saunier,

rchi-

vesdépartementalesuJura, s.16,f.289-289v.urHuguccio,oirW.P.Müller,« Hugucciof Pisa Canonist,ishop,ndGrammarian», Viator22, 1991,

pp.

121-152.

41. E.A.T.

Laspeyres,d.,

Bernardi

apiensis

aventini

piscopi

umma ecre-

talium

Graz,

Akademische

ruck-.

Verlagsanstalt,

956

lre

d.

Regensburg,

860),

p.

110.

Malgré

e

titre,

l

s'agit

'un

commentaireur e Décret

e

Gratien.)

Page 135: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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132

NORABEREND

Les Décrétâtes

Ainsi

l'opinion

du

pape

Clément

II

et celle du

pape

Célestin

II

concernant oblation furent mises à la suite

d'une série de

transfor-

mations de

la

pensée légale.

Dans la

décision

de Clément

II42,

on

retrouve

'idée

que

le

consentement onné

par

l'oblat

à

l'âge

de

discré-

tion

le

sommairedans

les Décrétâtes

ndique

que

cet

âge

est celui de

la

majorité,

oit

12

ans

pour

les

filles)

ie

irrévocablement

'oblat à la

vie

monastique

Le textede la décrétalene dit

pas

clairement i le

pape

a voulu donner e choix à tous les

oblats à

l'âge

de

discrétion u bien

s'il a visé une partieseulement es oblats (par exemple,ceux offerts

avant

l'âge

de raison ou ceux

ayant

protesté

ontre

'oblation).

Quoi

qu'il

en

soit,

sa décision se basait sur

des

idées

déjà

courantes.

Le

textede Célestin

II43

est

plus

explicite

il

concerneun

oblat

offert vant

l'âge

de

discrétion

avant

la

puberté)44 ui

a voulu

quit-

ter a vie

monastique.

l

formule

lairementa

nécessité u choix

pour

les

oblats

ayant

atteint

'âge

de

discrétion,

onnant e choix à

tous les

oblats,

qu'ils

aient

ou non

protesté

u

temps

même de

l'oblation.

Il

met insi

fin

l'oblation

rrévocable aite

par

les

parents

euls.

Il

n'est

donc

pas

étonnant

ue

le nom de

Célestin oit

associé à cette

position

dans la Glossa Ordinaria Comme on l'a

vu,

il

existait es

précédents

dans la pensée égalebien avant 'interventione Célestin.Avec Céles-

tin

II

(ou,

si l'on

préfère,

vec

Clément

II),

la notion

selon

laquelle

l'oblation

dépend

du

choix de

l'oblat

émerge

du

champ

des idées et

devient n

précédentégal

mais cette

écisionne

marquepas

une

nno-

vation

uridique.

Ces idées étaient

déjà

développées

il

ne

fallait

plus

que

les utiliser.On voit ici un

exemple

des

relations t des

influences

qui

existèrent ntre a

papauté

et les

écoles.

La

promulgation

es

Décrétâtes

ou

LiberExtra une collection

ffi-

cielle datée de

1234

avec

approbation

pontificale

e

Grégoire X)

est

d'une

importance

majeure

dans le

droitcanon.

Ce livre ontient

uel-

ques

textes

ntérieurs Gratienet

rassemble

ous forme

brégée

es

décisionspontificales ui furent rises ntre a rédactiondu Décret de

Gratien t 1234

certaines e

ces

dernières ifféraient

adicalement u

42.

Jaffé,

p.

cit.,

6637

Décrétâtes

X)

3. 31.

12,

Friedberg,

p.

cit.,

.

I,

col.572.Ce

texte ut

arfois

ttribué

Célestinvoir

.

Firth,

d.,

Robert

f

Flam-

borough

Liber

oenitentialis,oronto,

ontifical

nstitutefMediaeval

tudies,971,

p.

76,

n. 59.

43.

Jaffé,

p.

cit.,

7638

X

3. 31.

14,

Friedberg,

p.

cit.,

.

I,

col.573.

44. La

définitione

'âge

de discrétion

hez es

uteurs édiévaux

'est

as

évi-

dente.

Poures

anonistes

e

'époquelassique,

'âge

ediscrétion

ésignait

ne

ériode

différentee a vie

elon'acte

ui

tait n

eu

»

;

pour

e

mariage

t

esvœux

eligieux,

l'âge

dediscrétion

tait n

général

a

puberté

Metz,

L'enfant

,

pp.20-21).

e som-

maire e c. 12et de c. 14dans esDécrétâtesait orrespondre'âgede a discrétionà l'âgede a puberté12 nspouresfilles,4pouresgarçons)t à lamajoritéla

Glossa rdinaria

à la

puberté

eulement

Venise,

584,

ol.

1616,

yon,

606,

ol.

1218).

Il

est

vraisemblable

ue

Clémentt Célestinnt

tiliséette

xpression

ans e sens.

Innocent

II

(1198-1216)

arle xplicitement

u

ibre hoix

es blats

l'âge

de

15

ns

(Seidl,

op.

cit.,

. 88).

Page 136: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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LA

SUBVERSION

NVISIBLE

133

droit antérieur45.

es Décrétales offrent

e libre

choix à l'oblat.

À

l'exception

d'un seul

canon,

le textede la décision d'Alexandre

II46,

tous les

autres

évoquent

la

nécessité

du consentement e

l'oblat47.

Parmi es canons

cités,

on retrouve

es

textes

igoristes

emodelés

our

présenter

'attitude

nouvelle,

e libre

choix des oblats

:

ainsi,

le

sens

d'un canon du

concile de

Mayence

de 813

est radicalement ltéré

par

la

suppression

'une

grande

partie

du texte48. ne omission

ignifica-

tive

sépare également

e texte

originel

e la décision de Célestin II et

celui des

Décrétales Le

pape

avait

prisposition

ur 'oblation à la

suite

d'un débat

qui

avait eu lieu dans une cour

épiscopale

sur

un

cas

précis

de litige la majoritédes intervenantsvait pensé que laisser 'oblat

quitter

e monastère tait contraire

la

rigueur

es canons existants.

Or,

cette

partie

du texte

fut

omise des Décrétales

9.

Les

arguments ui

avaient été contraires

la

rigueur

es canons en faisaient

maintenant

partie ntégrante.

es idées

développées

utrefois

ar

les

commentateurs

de Gratien

urentinsi formellement

ncorporées

ans la collection ano-

nique

officielle

e

Grégoire

X

et

changèrent

a loi

sur l'oblation. Le

vœu

paternel

ne

suffisait

lus pour

faire un moine.

Après

les Décrétales

la

nécessité

du

consentement

e la

part

de

l'oblat

ne fut

plus

sérieusementemise n

question

dans le droit anon.

La seule source de controverse emeurait

'âge

à

partir uquel

le con-

sentementiait 'enfant. l est ntéressant'examiner ce sujet a Glossa

Ordinaria

qui

entreprend

e concilier e texte e Gratien vec les chan-

gements

anoniques postérieurs

u

Décret. Dans

la

deuxième édaction

de la Glossa

Ordinaria

composée

en 1240-1246

par

Bartholoméede

Brescia50,

eux

opinions

sont

encore

citées

celle de

Huguçcio,

selon

laquelle

le consentement onné

à

l'âge

de doli

capax (dès

7

ans) oblige

les

enfants

ne

plus

quitter

a vie

monastique,

t celle dite de

Célestin

III,

qui

donne

le libre choix à tous les oblats à

l'âge

de la

puberté51.

Vraisemblablement

ettedernière

pinion 'emporta

ans

le

droit anon.

En

effet,

n

1245,

Innocent

V

décida

qu'un

certain

Hugo, qui

avait

45.

Raymond

e

Peñafort,

'éditeures

écrétâtes,

utilisé

es

Cinq ompilations

(1191-1226)

ans

esquelles

taientecueilliesesdécisions

ontificalesostérieures

Gra-

tien.

E.

Friedberg,d.,

Quinqué

ompilationesntiquaeLeipzig,882)

voir .

Kutt-

ner,

Raymond

fPeñafort

s

editor

The

decretales

nd

constitutionesfGre-

gory

X

»,

Bulletin

f

Medieval anon

aw

12,

1982.

46.

X

3.

31.

11,Friedberg,

orpus

t.

I,

col.572.Ce texte éclare

ue

'obla-

tion st

rrévocable,

ais on

premier

ujet

orte

ur 'invaliditéesvœux

ris ar

des

mineurseuls

qui

n'étaient

as

es

oblats).

e sommaire

ans es

Décrétaleséaffirme

la

iberté

esmineurs

moins

e

14

ns)

e

quitter

e monastère'ils eratifient

as

eurs

vœux

l'âge

de

a

majorité.

47. X 3. 31.

1., 12.,

4.

Une

ériode

e

probation

st

ussi

xigée

3. 31.

16., 0.,

21.,22.,23.,

Friedberg,

orpus

t.

I,

col.

569, 72-575,

77-578.

48.X 3. 31.1., Friedberg,orpust. I, col.569.49.X 3. 31.14,Fbriedberg,orpust. I, col.573.

50. Bartholoméeente 'harmonisera

première

édactione a Glossa

rdinaria

par

Johannes

eutonicus

v. 1215-1217)

vec

esDécrétalese

Grégoire

X.

51. Glossa rdinaria

Lyon,

606

ol.

1218

t

Venise,

584 ol. 1616

voir ussi

Lyon,

ol.

1217-1220

t

Venise,

ol. 1615-1619.

Page 137: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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134

NORABEREND

été offert

ar

ses

parents

un

monastère

lunisien,

vait le

droit de

déciderde

quitter

e monastère

vant

la

puberté.

Ce droitétait

remis

en cause

par

certains,

'où

l'appel

au

pape

;

la

liberté es oblats

n'était

donc

pas

encore

universellement

econnue

ar

tous,

mais e droit anon

la

garantissait52.

La notion

elon

laquelle

la validitéde

l'oblation

dépend

du choix

de

l'oblat

futdonc

développée

d'abord

par

des canonistes

partir

de

la deuxièmemoitiédu

XIIe

iècle,

acceptée

ensuite

par

la

papauté,

puis

finalement iffusée

ar

les Décrétâtes e

Grégoire

X

en 1234. Faisant

maintenant

artie

du

droit

canon,

cette dée

devint

ccessible

à

tous.

L'oblationnedisparut as pourautant il yeut encoreplusieurs xem-

ples

de cette

pratique

avant le déclin final de

l'institution lle-même.

Plusieurshistoriense sontdemandé

pourquoi

l

existait eux défi-

nitions

divergentes

e l'oblat : celle de

l'enfantoffert

ar

ses

parents

et celle de l'adulte

qui

s'offre ui-même u servicedu

monastère

ans

y

devenirmoine. Cette dernière éfinition

st encore

utilisée de nos

jours.

L'insistancedes canonistes es

XIIe

t

xnie

siècles sur

e

consen-

tement

sans lequel

l'oblat ne devient

pas

moine)

aux

dépens

de

l'offrande,

t la

séparation

nette tablie entre

'oblat et le moine

pro-

fès

expliquentpeut-être

e sens nouveau du

mot

«

oblatus

».

Autorité t

changement

On

a

vu

la transformationentede

l'oblation,

de la

paterna

devo-

tio

l'offrande

arentale

iant 'enfant

pour

toujours)

à la

propria

pro-

fessio (le

consentement

e l'oblat

lui-même tant

nécessaire

our qu'il

devienneréellement

moine).

Ce

changement

'est

pas

survenu

implement

la suited'une

déci-

sion

pontificale

u d'une vision

personnelle lus

libérale,

mais

plutôt

suivant

ne

transformation

raduelle,

ne sériede

petites

modifications.

Ce

type

de

changement

st habituellement

onsidéré omme

caractéris-

tique des cultures rales53,mais l'exemplede l'oblation prouve qu'il

se manifeste ussi dans certaines ultures

appuyant

ur une tradition

écrite

priori

lus

mmuable.Mais

il

faut

distinguer

ntre

iverses ortes

de traditions crites.On a vu

que

dans

la

tradition

es

canonistes,

e

caractère

raduel

du

changement

st ié à la

naturemêmedu commen-

taire les

auteurs uccessifs

nt

nterprété

t

réinterprété

e même

exte,

sans

déclarer

ouloir n

changer

e

sens

ni

transformera loi sur 'obla-

tion. Ils ont seulement ommenté e

Décret de

Gratien,

mais ce

proces-

sus a entraîné ne

réinterprétation

ontinuelle u

texte,

dont

es décre-

tistes

nt

ainsi

complètement

odifié e

sens

premier.

a

différencentre

52. E. Berger, d.,LesRegistres'InnocentV 4vol., aris, 884-1911,ol.1,

p.

154,

as 945.Voir ussi

Boswell,

p.

cit.,

p.

314-315.

53. M. .

Clanchy,

rom

Memory

o Written

ecord:

England

066-1307

Oxford,lackwell,

993

2e d.),

pp.

295-299

B.

Stock,

he

mplicationsfLiteracy

Princeton,

rinceton

niversity

ress, 983,

p.

15-18.

Page 138: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-26-printemps-1994 138/164

LA

SUBVERSIONNVISIBLE

135

deux

interprétations

uccessives

eut

être

nfime,

t le

changement

e

se fit

pas

en

ligne

droite.

Mais

entre

e sens

originel

l'oblation rré-

vocable des enfants et le

point

final

des

interprétations

le

libre

choix donné aux

oblats

-

la

perception

de

l'obligation

créée

par

Poblation s'est renversée.

a

législation

ntérieure st

bouleversée ans

qu'aucune

déclaration

explicite

n'ait été faite

en ce

sens.

Mais

pourquoi

les auteurs e sont-ils

fforcés

e

réinterpréter

es

textes nciensdu droit

anon,

au lieu de

«

corriger

les

opinions

nté-

rieures Ces textes

yant

e statut

d'autorité,

on ne

pouvait

es écar-

ter.

Mais les

opinions

anoniques

e

modifiaient,

oit à

cause des

trans-

formations ociales, soit à cause des changements urvenus u sein

de

l'Église,

tandis

que

le droit canon

s'accroissait u fur

et à

mesure

des décisions

des

conciles et des

papes.

Les

nouvelles

opinions

et

les

solutions offertes taient

parfois

en

contradiction

vec les

textes

anciens.

Il devenait

alors

nécessaired'harmoniser

es textes

vec les

exigences

ouvelles.Pour ce

faire,

une

réinterprétation

ontinuelle es

canons anciens était névitable fin

de conserver

'autoritéde

ces tex-

tes

intacte. Le

commentaire st fondé

sur l'autorité

écrite mais

il

change

le

sens de celle-ci en

l'interprétant.

a

méthode

par laquelle

des textesdiscordants

pouvaient

être

conciliés,

établie

dès la fin

du

XIe

iècle

par

des

auteurs comme

Yves

de

Chartres,

Gratienet

Abé-

lard, permettait '« expliquer le sens des textes t de les faire cor-

respondre

ux

idées

nouvelles ans

en

détruire

'autorité.La

concilia-

tion des autorités

t du

changement

tait

possible.

L'autorité

n'était

donc

pas

une

barrière u

changement.

Je crois avoir

montré

que

le droit

canon n'était

pas

seulement

caractérisé

ar

l'adhésion à

la

tradition,

mais

également

ar

l'élasti-

cité

et la

possibilité

e

modifications. omment

ituer

ans cette

pers-

pective

la

transformation e la

loi sur

l'oblation ?

Il

faut

noter

d'abord l'évolutiondans le

droitcanon lui-même.La

notion de

con-

sentement est devenuede

plus

en

plus importante.

e

mariage epré-sente un exemplebien étudié de ce phénomène54. vec la réforme

ecclésiastique

u

XIe

iècle,

e libreconsentement

es

partenaires

ons-

titue un des

points

mis en avant

par

les réformateurs.

ans le droit

canon,

la théorie

onsensuellen'était

pas

la seule

solution

présentée

par

les canonistes la

copulation

tait

considérée

ar plusieurs

'entre

eux comme

nécessaire

pour

rendre

ndissoluble

e

mariage.

C'est avec

Pierre Lombard

qu'est

née,

vers le milieu du

XIIe

iècle,

la

théorie

voulant

ue

le

consentement

eul suffît

our

faire

un

mariage.

Le

pape

Alexandre

II

adopta

et

développa

cette

théoriedu

mariage,

retirant

aux

parents

eur

autoritédans le choix

du

gendre

ou

de la

bru. Vers

1190,

la théorie onsensuelle

'emportacomplètement. insi, la nou-

54.

Sur e

mariage

ans

e droit

anon,

oirA.

Esmein,

e

mariage

n

droit

canonique

2

vol.,

Paris,

irey,

929-1935J.

Brundage, aw,

Sex and

Christian

Society

n

Medieval

urope

Chicago,

he

University

f

Chicago

ress,

987.

Page 139: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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136

NORA

BEREND

velie définition

cclésiastique

u

mariage,

nsistant ur

le consentement

des futurs

poux, s'impose

à la même

époque que

la nouvelle défini-

tion

de

I'

oblation.

Toutes deux

ont bénéficié 'un

changement

e men-

talité

fondamental

ans

l'Église.

Les canonistesdes

XIIe

et

xiiie

siè-

cles étaient

d'ailleurs

conscients

u lien unissant

mariage

et oblation.

Dans les commentaires

ur

cette

dernière,

n observe

que

la

compa-

raison

de l'oblation

avec

le

baptême,

utilisée

pendant

e

Haut

Moyen

Age55,

disparaît

progressivement

u

profit

de la

comparaison

vec le

mariage.

L'association

baptême-oblation

st finalement

xplicitement

rejetée

dans

la Glossa

Ordinaria

6. Et ceci n'est

pas

le fait du

hasard pendant e Haut MoyenÂge, les parents ouvaient ffrireurs

enfants omme

oblats,

de la même manière

qu'ils

pouvaient

es faire

baptiser

ans

leur consentement.

e

mariage,

vec

la condition u libre

consentement

es

parties,

devint

ependant

ne

comparaison

plus

adé-

quate

dès

la deuxième

moitié

du

XIIe

iècle.

Le libre

choix donné

aux oblats trouve

également

a

place

dans

les nouveaux

courants

de

pensée,

et les transformations

eligieuses

t

sociales

du

XIIe

iècle,

qui

accompagnèrent

a croissance

économique

(l'expansion

agraire

et l'élan

du commerce t des

villes).

L'insistance

sur les

intentions

une

attitude

ui souligne

a volonté derrière

'acte,

la contrition errière

a

pénitence),

'importance

roissante

'une reli-

giosité ntérieuret d'une vocationreligieuseune « conversion) pour

l'entrée

u monastère éterminèrent

e

changement

es attitudes nvers

l'oblation.

Les monastères

taient

passés

d'un mode de

recrutement

(l'oblation

rrévocable

es

enfants)

un

autre

l'entrée

la

suite

d'une

vocation

d'adulte).

Le libre

choix devint ainsi le

signe

de l'homme

créé

à

l'image

de Dieu.

55. Raban

Maur,

Liber

e

Oblatione,

L

t.

107,

ol.

428.

56. Glossa rdinaria

Lyon,

ol.

1219

t

Venise,

ol.1617. f.

Huguccio, aris,

BN Ms.

at.

15397,

.

35v,

Lons-le-Saunier,

s.

16,

f.289v.

Page 140: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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Médiévales

6,

printemps

994,

p.

137-139

ABSTRACTS

Bruno

aurioux,

The

ancient

ay

of

cooking

Apicius

n

theMiddle

Ages

Assembled

n

the

atefourth

entury,

he ookbookwhich raditionas

attri-

buted oApicius ada predominantlyedieval estiny.ervings a practi-

cal and

living

ext ntil he ixth

entury,

t

becameknown rom

hat ime

onward

s a

purelyiterary

nd

dead work. hiswas

notably

he

ase

during

the

Carolingian

enaissance,

hen he

criptoria

f

Tours nd of

Fulda

pro-

duced

manuscripts

f the ookbook

nd

where,

t

seems,

oup

de

Ferrières,

as

well s all thosewhowere

nspired

y

t,

used

Apicius

ext. t was after-

wards

practically

orgotten,

ntil ts

rediscovery

n

the

fifteenth

entury y

the humanists. he credit orthis s

due not to

Poggio,

but to Enoch of

Ascoli,

who

brought

manuscript

ack to

Italy.

The

rediscovery,

owever,

had

only

limited

nfluence,

ith he

exception

f

theRoman

Academy

f

Pomponio

eto,

where

Apicius

was used

notably

y

Platina o

define is

humanist

astronomy.

Francine

Mora,

Virgil

he

Magician

nd

the

Aeneidof

the

Chartrains

The medieval

egend

f

Virgil,

which

magined

he

poet

as a

science iction

magician

ndowed

ith ncredible

echnical

owers,

ook

hape

n

the econd

half of the twelfth

entury.

robably

pringing

rom

Neapolitan

ore,

the

legend

was nevertheless

eriously

ecorded

n

learned extswrittenn

Latin

by

clercs f

English rigin.

he elaborationf

the

egend

may

well

havebeen

due

in a

large

measure o the

nterpretation

f the

Aeneid

proposed

y

the

masters f

the chool f

Chartres,

ho ikened he

poem

o a sort

f scien-

tific

ncyclopediahrough

hich he

oul

traveled,

triving

o

free tself

rom

theprison f thebody.At a timewhen easonwasbeginningo demarcate

itself

rom

aith,

irgilmay

wellhave been considereds

the

paradigm

f

the

homo

echnicus,

ossessor

f

a

wisdom

iving

he

power

o

prevail

pon

the world.

Jean-Louis

aulin,

Ancient

gronomy

nd

Medieval laboration

From

Palladius o the

Préceptes

isterciens

économie urale

The

paperpresented

ere

ontributeso a fuller

nowledge

f the

agrono-

mic and economic ulture f the Cistercian

rder

n

the

twelfthnd thir-

teenth

enturies.

t has been

noted hat

alladius*

pus

agriculturae

an

agro-

nomic reatise rittenear he ndofAntiquity,aspresentnthe ibrairies

of

several istercian onasteriesn

the twelfth

entury.

he

White

Monks

also

played

n

important

ole

n

the

diffusionf

the ext n

Italy

during

he

thirteenth

entury.

t

Clairvaux,

n

anonymous

uthorhad

completed

manuscript

f the

Opus agriculturae

Troyes,

. M.

1369)

by recording

our

Page 141: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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138

ABSTRACTS

short

réceptes

isterciens

économie urale.

his text

edited

nd transla-

ted

in

the

annex)

stablishes

he

quantity

f wool

necessary

or monastic

habits,

ixes he ration f oats for

plough

horses,

ives

dviceon how to

cultivate

he

gourd

cugurta

,

and enumerateshe

lementary

ules or

heep

raising.

he

Préceptes

eveal

udicous

garden

nd

breedingechniques

ell

adapted

o northern

rance.

They

lso show oncern

or

he

fficient ana-

gement

f

ressources.

y way

of

hypothesis,

e

may

sk whetherhePré-

ceptes

which

onstitute

sort

of

memoranda

weredestined o

help

the

masters f the

grain

torehouses,nd,

through

hem,

he

aymen.

he

interestordomestic

conomy

hus ook

ontrasting

ut

complementary

our-

ses a

knowledge

f ancient

nd

partly

ntiquatedgronomy,

ut

neverthe-

less considereds indispensable,nd an elaborationf empiric isdom

of

which

we havefound

ew vidence

arising

rom he

ccumulated

xpe-

rience f the

Cistercian

monasteriesnd storerooms.

Marilyn

icoud,

Che

manza

ichi

semina

ogna

Problems f

Identifying

a

Dermatosis

n

the Middle

Ages

The evolutionf medical

oncepts

nd of

nosology

ften ender he

dentifi-

cation

f diseases ifficult

n

medicaliterature.his s

notably

he ase with

texts n

dietetics,

ore oncerned

ith

uggesting

ules or

good

health han

with

escribingymptoms.

hus hementionf a

specific

ffection,

he

rogna

inLibreto e tutte e cosseche se magnano yMichele avonarola, aises

doubts

s to the

dentification

f the disease. s it a

case of scabies

or of

some ther

ermatosisTo answer he

uestion,

ne

must ndeavoro define

the

meaning

f

rogna

nd of its

Latin

equivalent,

cabies.To this

effect,

a

list

of classical

nd medieval uthorswho have mentionedhis

particular

affection as been

constituted,

ince

n

the

Universities edical

knowledge

was founded

pon

he

reading

f,

and

commentating

n,

the uthorities.his

approach,

owever,

oes

not ead to a

definiteonclusions to the

meaning

implied y

theterm

ogna

the

tiology

f scabies

being bviously

arfrom

clear

n the fifteenth

entury.

Riccardo

uisi,

From

heFortified

astle o

theFortress. Short

History

of ItalianMilitary rchitecturerom heXlthto the XVIthCentury

The evolution

f

military

rchitecture

s

directly

elated

o that f arms

nd

militaryquipment.

he fortifiedastle

erving

s

stronghold,

esidence,

nd

shelter orthe

population

n times f

danger,

nderwent

radical

hange

when he nventionf

gunpowder

nd

subsequently

he

artillery

enderedt

ineffectual.

owever,

he

change

ormmedieval

weapons

o

fire rmswas

gradual,

nd for timeboth

wereused. The

progressivemprovements

f

the

efficacity

f the

artilleryinally

ed,

after

transitional

eriod

f

fifty

years,

o

the

adoption

f

the

garnisoned

ortress

nd

fortificationshose

essential

lement

as

thebastion. his

ystem

f

defense,

erfected

nd

adap-

tedto

the errain ut

with on fundamental

hanges,

tayed

n

use until he

nineteenthentury.his article lso stresseshe talian ontributionomili-

tary

rchitecture

nd

systems

f

defense,

nd ts

pread

nd

nfluence

hroug-

hout

Europe.

Page 142: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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ABSTRACTS

139

Nora

Berend,

An

Invisible

ubversion

The

Disappearance

f the rrevo-

cable Oblation

f

Children

n

Canon Law

Oblation,

he

offering

f childreno monasterieso becomemonks

r

nuns,

was an essential

nstitution

n

the

early

Middle

Ages,

but

by

the

thirteenth

century

ot

only

had thenumber f oblates iminished

ignificantly,

utthe

characterf oblation

ad also

changed.

While n the

arly

eriod

anon aw

maintained

hat

parental

ows bind the child o the

monastery

orever,

n

the ater

Middle

Ages

t

allowed hechild o decide

upon

reaching

he

age

of

majority

hethere wanted o

stay

n

the

monastery

r returno the

world.

Thisarticle

rgues

hat he ransformationf oblation

n

canon aw occured

graduallyn the ate welfthenturyhroughseries f commentariesn Gra-

dan,

instead f

being

imply

ecreed

y

the

pope.

The examinationf these

commentaries

lso ndicateshat

hrough

process

f

nterpretation

nd rein-

terpretai

on,

authoritative

exts ouldbe

invested

ith

adically

ew

meanings

by

their ommentators.

n

this

ase

a

distinctionetween

fluid,

asily

han-

ging

raltraditionnd

a

rigid

ext-basednd

authority-orientedociety

s

not

valid textual

uthority

as not a barrier o

change.

Page 143: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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Médiévales

6,

printemps

994,

p.

141-149

NOTES

DE LECTURE

Sachwörterbucher MediävistikPeter Dinzelbacher (dir.), Stuttgart,

Alfred

Kröner

Verlag Kröners aschenausgabe

d.

477),

1992,

941

p.

Notre

fin

de siècle ime à réalisera

synthèse

es connaissances

cqui-

ses en sciences

umaines,

t voit

fleurires dictionnairese toutes

ortes

et de tous

volumes.

Après indispensable

exikon es

Mittelalters

n

cours

d édition

epuis

1977

hezArtemis-

erlag

Munich,

araît Stuttgart

ans

la collection e

poche

des

dictionnairesröner n

volume

oncernanthis-

toire

médiévale,

irigé

ar

PeterDinzelbacher. e

projet riginal

taitde

réaliser n

ouvrage our

es

spécialistes

e

littérature

édiévale,

e

qui expli-

que

la

fréquence

es termes e

stylistiqueu on

ne s attendrait

as

à trou-

ver dans

un tel

dictionnaire,

omme

ynecdoque,njambement,tc.,

dans

la mesure ù ils n ontriende spécifiquementédiéval. eterDinzelbacher,

qui

a

repris

e

projet

n

1986,

voulu étendre e

lexique

l ensemble

e

la société

t de la culture

médiévales,

t nous offre n volume

omprenant

3

000

entrées

ans un format éellement

de

poche

.

C est un

des

premiers

avantages

e ce

dictionnaireêtre rès

maniable,

out n

présentant

es noti-

ces

qui

ne soient

as

réduites

une

vague

définitiont

qui

sont

toujours

accompagnées

une

bibliographie

itant es titres

rincipaux

t les ouvra-

ges

les

plus

récemment

arus

en

langue

llemande,

mais

aussi

française,

anglaise

t italienne.

Du

premier

rojet

de dictionnairent été retenues n

grand

nombre

d entrées oncernant

a

littérature édiévale

e

l Europe

entière,

ant des

genres

ittéraires

ue

des œuvres

articulières.

cela

l

faut

jouter

immense

domaine e la religionmédiévale,ue PeterDinzelbacheronnaît articu-

lièrement

ien,

et

pour

lequel

l

a lui-même ourni

n

grand

nombre

e

notices.

n

y

trouveraraitésussibien

des

points

e

doctrine

ue

des ordres

religieux,

es

animaux

t

des

plantes ymboliques

ue

des

comportements

religieux.

e dictionnaire

étend

galement

ux domaines e l histoire

oli-

tique,

du droit

t de la

société,

e l art et

des sciences.

On

n y

trouvera

pas

en revanche

e notice

iographique

urdes

personnagesistoriques,

ais

certains

ersonnages

ibliques

ont

pris

en

considération,

insi

que

certai-

nes

grandes

amilles

obiliairest certaines

ynasties,

ermaniquesour

a

plupart.

Malgré inégale

ualité

des notices inévitable ans une telle ntre-

prise

ce dictionnaire

résente

n

réel

ntérêt,

out utant

our

es

spécia-

listes ui ytrouverontessynthèseslaires t unebibliographiejour, que

pour

es

débutants,

ar on ne

dispose as pour

instant

un

instrumente

travail emblable n

langue

française.

Geneviève

ührer-Thierry

Page 144: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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142

NOTES

DE

LECTURE

La Scala coeli de JeanGobi, édité

par

Marie-Anneolo de

Beaulieu,

Paris,

Éditions u

CNRS,

1991.

C'est

dans

e cadredes recherches

ngagées

ar

e

Groupe

'anthropolo-

gie

historique

e

PÉcole des Hautes

Études n

Sciences ociales

ue

Marie-

AnnePolo de Beaulieu

entrepris

e

publier

e texte atinde la

Scala coeli

d'après

'éditionncunable

'Ulm

1480),

ontrôlée

râce

ux manuscrits

ari-

siens

de la

Bibliothèque

ationale

lat.

3506

et lat.

16517),

t au manuscrit

de Vienne

3538 avec en

complément

es

exempla

on

repris

ans 'édition

incunable t

provenant

our

a

plupart

u manuscrite

Liège

3448

101 C),

contrôlé

ar

celui de

Vienne,

es autres e divers

manuscrits.

L'intérêt e cette dition out fait emarquablest de comporterne

introduction

ui, après

voirdressé e texte

istorique

ans

equel

Jean

Gobi

Junior,

ominicain,

rieur

u couvent

'Alès,

puis

ecteur u célèbre

ou-

vent e

Saint-Maximin,

composé

ers

1323-1330,

on vaste ecueil

exem-

pla (environ

n

millier),

econstruitvec une

minutieuset

rigoureuse

rudi-

tion a carrièree l'auteur

vie

et

formation),

es

conditions,

'environnement,

les

méthodes

e travail

doptées particulièrementassionnant,

e

repérage

des sources rudites

antiques,

acrées,

médiévales),

t des

marques

'oralité

permet

e mesurer

'ampleur

t la variété u

travail e

divulgation

u com-

pilateur

du

plusgrand

ntérêt,

'étude es

progrès

u classement

lphabéti-

que jusqu'à

la Scala coeli ouvre

des

perspectives

ouvelles ur a connais-

sance des outils ntellectuelsont

disposaient

es auteurs u

MoyenÂge

et

sur 'horizon 'attente 'unpublic e prédicateurst de lecteurs. e recueil

est

organisé

n

122

rubriques

hématiques

lassées

elon 'ordre

lphabétique,

de Abstinentia Usura

«

Le fonctionnemente la

rubrique

ermet

Jean

Gobi de contrôler'immense ichesse arrative

u'il

insère ans sa

prédica-

tion

pourcapter

'attentiones fidèles. es

récits ontmis au service

e la

rubrique

ans

aquelle

ls s'insèrent. insi a

rubrique

st-elle ne notion

ui

ne

reste

as

à l'étatde

concept,

mais

une réalité e

plus

en

plus

concrète

au fur t

à

mesure

ue

les

leçons

uccessives onnent n

nouvel

clairage

sur un de

ses

aspects.

Un

inventaire

uméroté

t

systématique

e

tous es

aspects

e la notion st établi

jusqu'à

18

eçons). ...]

Jean

Gobi

place

ses

récits ans e double

egistre

u balancementntree Bien

t e

Mal,

du

pas-

sage

de l'intérieurers

'extérieur

ui permet

ne mise n

relation es actes

avec les dispositionsntérieures(p. 44). M.-A. Polo de Beaulieu bserve

avec

beaucoup

e soin

es distorsions

ar

rapport

u

système

les défaillan-

ces,

irrégularités,ontagions hématiques

évèlent

ue

Jean

Gobi

maîtrise

encoremal le

système

ationnel

e la

rubrique,

lle met

également

n évi-

dence e mécanismee

l'allégorisation

ui

apparente

e

recueil

d'autres

or-

mes ittéraires

Yexemplum

ubit,

n

effet,

une moralisation

ui

reprend

presque

mot à mot es détails u récit

our

eur

conférer

ne

signification

allégorique,

estinée établir n

lien

univoque

ntre

e

concept

e la rubri-

que

et

e

récit

ui

l'illustre

(p.

48).

L'analyse

u

phénomène

ermet

e sou-

ligner

es

problèmes

pécifiques osés par

Yexemplum

oralisé ans

equel

l'exégèse llégorique

eut

n'entretenir

ue

des liens

rtificielsvec

le

récit,

et se

juxtaposer

lui

«

de

façon

brupte

.

L'introductionrésentegalementneanalyseméthodiquee l'œuvre,

qui passe

par

une vérificatione la définition

ésormais

anonique

e Yexem-

plum

mise u

point

our

e

fascicule '«

Exemplum (

Typologie

es Sour-

ces du

MoyenAge

Occidental

fase.

0,

Turnhout,

repols, 982).

Or,

Yexem-

plum

de la Scala

coeli se coule

particulièrement

iendans ce

cadre,

out n

Page 145: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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NOTES

DE

LECTURE

143

illustrante

large

ventail es variationsues ux sources t au canald'infor-

mation ce

qui permet

e dresser

ne ntéressante

ypologie

autour 'un

axe

immuable la finalisation

u récit l'économie u

salut,

n vertu e

quoi

chaque

division u

recueil

eprésente

n

degré

e l'échelle

onduisant

au ciel

«

JeanGobi

présente

es

exempla

ommeun

moyen

'accès

à

la

connaissance.

n

effet,

ans

on

prologue

l

explique

ue

pour

porter'esprit

humain

ers es choses

élestes,

l

a divisé

a matière n deux

parties 'après

les montants

t

es échelons e la

Scala coeli les montants

omprenant

la

connaissance

es

choses

upérieures

t

'amour e

celles-ci,

ar esquelles

ont

éloignés

es

péchés

t

sont ultivées

es vertus

...]

et es

échelons,

es divers

sujets ui

sont

angés

ans 'ordre

lphabétique

...]

autrementit es exem-

pla » (pp.57-58).

M.-A.

Polo de Beaulieu

le mérite

e

dégager

rèsnettementa structure

stéréotypée

e

Yexemplum

e

la Scala coeli facilement

émorisablee

par

sa brièveté

t

intégrablear

sa nature

métaphorique

ans une

eçon

héolo-

gique

ou

morale.

Dès

lors,

vec cette dition

ritique

munie

d'un

apparat

sur a

tradition

manuscritet les

variantes de

notes

omportant

n bref

résumé

n

français

t fournissant

our

chaque xemplum

ources t

référen-

ces

historiques

d'un tableau

es citations

ibliques

d'un

ndex es

auteurs

et des

œuvres,

es motifs arratifs

'après

e

Motif

ndex

f

Folk

Literature

de Stith

hompson

d'une

ablede concordances

t d'une

bibliographie

ssen-

tielle,

e lecteur

ispose

'un

nstrument

e rechercheout

fait

fficace,

ans

la bonne

radition

es

grands

ompilateurs

édiévaux,

ais bien

supérieur

pour a qualitédu travail cientifique.

Claude

Cazalé

Alain

Boureau,

L'événement

ans

fin.

Récit

t christianisme

u

Moyen

Âge

Paris,

Les Belles

Lettres,

istoire, 993,

302

p.

Alain

Boureau uvre

e recueil

'articles

ar

'hypothèse

ue

l'efficacité

du

christianisme

édiéval

qui

envahit

aysages

t

discours)

éside ans

un

usage

ntensif

t

original

u récit.

n effet

«

les

préceptes,

e

dogme,

es

ritesdoivent asserpar l' nterprétation'un récit, elui de l'Incarnation

(p.

10)

».

Tout

le travail e

l'Eglise

médiévale

onsista

onc à

élaborer e

nouveaux

écits

fin

de

développer,

xpliciter,

éactualiser

nfin

e

message

originel,

out

n conservant

a vie du

Christ omme

modèle. es diversestu-

des

(publiées

ntre

982 t

1989)

rassemblées

ourétayer

ette

hèse ébor-

dent e

Moyen

Âge

et

intègrent

e

travail

des Jésuites ur

la

narration

chrétienne.

Pour

les

troisderniers

iècles

du

MoyenÂge,

Alain Boureau

ouligne

à

plusieurs

eprises

e rôle

des ordres

mendiants

t notamment

es Domini-

cains dans cette

promotion

es nouveaux

écits

u dans la réactualisation

d'anciens omme

es Vitae

atrum. a fonction

édagogique

e

l'hagiogra-

phie

t son

nsertion

ans a vie

sociale

les

cités taliennes

ar exemple)

ont

évoquées u travers e troisvies de saints saintEustache, aintLouis

d'Anjou

et saint

Cyr

de Gênes.

Puis,

des

légendes

chelonnéesntre e

XIIe

et le

xve iècles

llustrente souci

constant e

l'Église

de

marquer

es fron-

tières u

christianisme,

otamment

ar rapport

u

judaïsme.

Le récitde

l'inceste e

Judas

montrea

prégnance

u

modèle

œdipien ui produisit

om-

Page 146: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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144

NOTES

DE

LECTURE

brede récits

arallèles

l inceste u

pape

Grégoire,

e saint

André,

e saint

Alban,

de saintBrice t saintMartin.Alain

Boureau

propose

e voirdans

la tension ociale

provoquée ar

a

prohibition

évère

e l inceste

ar

Église

à

partir

e la

fin

du

xie

iècle,

ne

des sources e

l antisémitisme

ui

se

déve-

loppa

au cours

du

xiie

iècle.

En

effet,

a

communauté

uive

échappait

ux

interdictions

rappant

es

mariages onsanguins

t

pratiqua

a

polygamie,

e

lévirat t e

mariage

ntre ousins

usqu au

xnie

iècle.

e soucide

se démar-

quer

religieusement

u

udaïsme

onduisit la

crémation

e

plus

de dix

mille

volumes u

Talmud Paris e

6

juin

1242,

ur

ordrede

saint

Louis,

à

la

suite une

ampagne

e

dénigrement

e ce

livre acré

evenu

bjet

maléfique.

Dans

le

champ

los du

christianisme,

es

récits ont

également

tilisés

pourmarqueres limites e l orthodoxie.aint Bernard laça ainsi sous le

signe

de la

trahison a

controverse

vec

Gilbert e la

Porrée.

Cet

épisode

complexe

e la

constitution

octrinalee

l Église

ne

produisit

as

à

propre-

ment

arler

es

récits,

mais des

échanges

arguments

ont e

vocabulaire

est

analysé

n

détail.

À

la

fin

du

Moyen

Âge,

c est e

miracle u

calicede

saint onat

qui

estutilisé

ors

du débat

ui

opposa

e

théologien

ussite aco-

bellusde Stribo

t son

adversaire

rthodoxe ndreas

e Brod

1414-1416)

sur a

communion

ous es deux

spèces.

auteurnous

offre n

travail

is-

torique

iche,

aisant

ppel

à de

multiples

isciplines

our

fonder ne

his-

toire

eligieuse

ncrée ans on contexte

ocial t

culturel.

a

conclusionatta-

che

à cerneres

causesde la

fin

du

récit

hrétien

l imitatione

Jésus-Christ

(après

aint

François

Assise)

t les

critiques

es

humanistes,

es

bollandis-

tes et des protestants.

Marie-Anne

olo

de

Beaulieu

SophieCassagnes-Brouquet,

Les

couleurs

e la

norme

t de

la

déviance.

Les

fresques

Ambrogio

orenzetti

u

Palazzo

Pubblicode

Sienne

Dijon,

Publicationse

l Universitée

Bourgogne

XXIV,

Série

du

Centre

Études

Historiques

,

Éditions

niversitairese

Dijon,

1993,

8

p.,

préface

e

Nicole

Gonthier.

Ce petitivre stunaimable arcoursommentéans a salledu Palais

Public

e Sienne

ite de

la

paix

ou

«

des

arbalètes

,

Ambrogio

oren-

zetti

peignit

ur

troismurs es

fresques

ui

illustrent

e

Bon et

le

Mauvais

Gouvernementt les effets e

l un et

de

l autre.

Mais il

y

a

quelque

mpru-

dence

«

jeter

un

regard

euf

(p.

18)

sur

ces

murs

ui

sont

parmi

es

plus

célèbres

u

monde t les

plus

soigneusement

crutés

ar

es

historienst

les

historiensart.

L auteur fait n

ivre

apide,

ui

pourra

nformern

ama-

teurde

moyenne

ulturemais e

chercheur

relève

rop

d approximations

et

d inexactitudes.ar

exemple

ur

a

topographie

édiévale

et

actuelle)

e

Sienne la salle de

la

paix

ne

donne

as

sur a

place

du

Campo

p.

17)

mais

à

l opposé.

Sur la

datation les Neuf

qui

ne

sont

pas

un

conseil)

ne

pou-

vaient

as

siéger

n

1287

dans a

salle d un

palais

qui

n était

as

construit

(p. 17contredisant. 10).Sur e rapportntrees mages t es nstitutions

la

plupart

es

chercheurs

accordent

penser

ue

les

vingt-quatre

igures

qui

défilent

e la

Concorde u Bon

Gouvernement,

eprésentent

e

collège

des

Vingt-quatre

ui gouverna

ienne

e 1236

1270

t

non

pas

un

conseil

dont

le Conseildes

Neuf st une émanation

(p. 45)

;

aux

pieds

du

Bon

Page 147: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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NOTES

DE LECTURE 145

Gouvernement,

es« deux ristocrates...enus aire

llégeance

u Bien om-

mun

(p.

54)

sontdes

seigneurs

u contado

ui

ont

soumis eurforteresse

à Sienne

les

divisions e la ville n

«

terzi et

«

popoli

sont

des

circons-

criptions

dministratives

vantd être es lieuxde rivalité

p. 34)

le

podes-

tat

est e

premier

ais

certainement

as

le seul des

magistrats

ommunaux

choisis

parmi

es

étrangersp. 34),

etc.

Parlant

e norme t de déviance t

de

peinture

nfâmante,

l

est

surpre-

nant

ue

ne soit

pas

citée a

fresque

mise

u

jour

en

1980

u dos des Effets

du

Bon Gouvernement

ans

a salle

contiguë,

u-dessous e

«

Guidoriccio

,

puisqu elle

ut

ustementobjet

d une

punition icturale.

Quelques

ouvrages

uraient

pporté

es informationst des éléments

d interprétation,e citerai eulementhiaraFrugoni, na ontana ittàSen-

timenti

t

immagini

el Medioevo

Turin,1983,

du même

uteur ietro

Ambrogio

orenzetti,

lorence,

988,

Gherardo

rtalli,

a

pitturanfamante

nei ecoli

XII

X

VI, Rome,1979,

t CesareBrandi

d.,

Palazzo

pubblico

i

Siena

Vicende ostruttive

decorazione

Sienne,

1983.

Odile

Redon

AnneD.

Hedem

n,

The

Royal mage

Illustrations

f

the Grandes

hro-

niques

e

France

(

1274-1422

, Berkeley,

niversity

f Californiaress

Cali-

fornia tudiesn theHistoryf Art,vol.28), 1991,338pp., 123 ll. n/b,

8

planches

ouleur.

Entre es

études

conographiques

solant es miniaturesomme es

spéci-

mens

uniques,

étachés u

mansucrit

ui

les

contient,

t

l approche

tricte-

ment

monographique,

auteur choisi

ne rare

roisièmeoie les Grandes

Chroniques

ont

nvisagées

imultanément

omme

n

corpus

iachroniquede

la

première

opie

nluminée

e

Philippe

e

Bel à celles

roduites

ous

e

règne

de Charles

I)

et comme

es réalisations

chaque

fois

particulières,

nsérées

synchroniquement

ans leur

propre

ontexte

istorique,daptées chaque

étape

aux désirs

e différents

ublics.

Le

bénéfice

ajeur

e cette

pproche

st

que

l on

suit

pas

à

pas

les éton-

nantesmanipulationsextuellest iconographiquesuxquelleses Grandes

Chroniques

nt été soumises

u cours

de leur

histoire. ans les

quelque

130

opies

enluminées

ui

nous

sont

parvenues,

auteur

faitun

tri

udi-

cieux ui

permettant

e circonscrire

es

moments

orts

orrespondant

dif-

férents

roupes

e

commanditaires

ui

sont ntervenusur a substance

ême

de ce récit

ourtant

fficiel e

la

royauté

rançaise,

oit

pour augmenter

de continuations

ainsi

a

version

e

Jean

e

Bon,

avec

un

cycle

de

plus

de

400

miniatures,

ajoute

a vie

de saint

Louis),

soit,

plus

radicalement,

our

restructurer

a

version

riginale

crite

ar

e moine e Saint-Denis

rimat fin

d en éliminer

es

passages

evenus econdaires

oire

gênantsla

version

e

Charles

,

très ertainement

ompilée

sa

cour,

pporte

es

changements

es

plus ignificatifs,

els

a

suppression

u

chapitre

ur

usurpateurugues apet

ou, geste nédit, inclusion épisodesmarquantsu règne e son pèreet

du sien

propre).

Dans ce continuel

rocessus

e

révisions,

expurgations

t

d additions,

les miniatures

ouent

un

rôle

fondamental,

rillamment

isen

évidence

ar

l auteur.

Au niveau

e

plus

ittéral,

es

cycles

nluminés

ermettent

e clari-

Page 148: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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146 NOTESDE

LECTURE

fier a structureu manuscrit, en accentuer es

passages

aux

dépens

d autres

ainsi,

a

vie de

Charlemagne que

les

images

résentent

omme

un

«

roy

très hrétien

-

est souvent alorisée

râce

à une

plus grande

concentration

e

miniatures.ais à un niveau

lus

fondamentaln

voit om-

ment e

texte

es

Grandes

hroniques

été

réinterprété,

losépar

es minia-

tures,

omme

est

e

cas,

par exemple,

ans a

copie

de

Jean

e Bon où

les

images

es croisades

e

saintLouis

significativement

aré

d un

nimbe)

ont

saupoudrées

allusions

ontemporaines

e

manière

suggérer

n

parallèle

aussidiscret

u insistant

vec a

guerre

ontre

es

Anglais.

inclusione

signes

contemporainsermet

n effet actualisera

signification

e scènes u

passé

lointain,

omme e

frontispiceuadripartite

e la

copie

de

Charles

les

costumesesTroyens,ictorieuxe l empereuromain,ont arsemése fleur-

de-lys

ou,

de

manièrencore

lus ignificative,

ansun

manuscritu

début

du

xvc

iècle onservé Berlin ù un

«

commentaire

xtratextuel

-

un

col-

lier

jouté

Pâris

parti

nlever

élène,

ollier ort

emblable celui

e l Ordre

du

Porc-Épic

ondé

par

Louis d Orléans

transformea

première

inia-

ture n un subtilmanifeste

ro-bourguignon.

ais

les miniatures

ermettent

également

e

personnaliser

e texte

Jeanne

Amboise ommande

ne ver-

sion vers e milieu

u

xivc iècle

conservée

Castres)

ontenant

es minia-

tures

niques,

elle a Bataille e Courtrai

ui

opposa Philippe

V

aux Fla-

mands n

rébellion,

ataille

ans

aquelle

e

beau-père

e

Jeanne,

idèle u

roi,

oua

un rôle

majeur.

Grâce

à

cette

ttentionrèsfine ux

détails,

ux

variations

minimales

et souvent autementignificatives,esminiaturespparaissentous a plume

d Anne

Hedeman omme e véritables

nstances

erméneutiques,ouvant

lé-

chir onsidérablementa

signification

t a

réception

u

texte,

e

qu une

eule

analyse

e celui-ci e

laisserait

uère

ercevoir.

es

cycles nluminés,

asés

surdes

rappels,

es

correspondances

t des

contrastes

isuels,

onstituentes

trajectoires

artiellementndépendantes

ous

révélant ne

image oyale

en

perpétuelle

ouvance,

es

derniers

apétiens

t

premiers alois,

préoccupés

tour

tourde

souligner

e caractère

xemplaire

e

certains

ncêtres,

a con-

tinuité

office e la

lignée oyale,

u

la

supériorité

oralede

la France

(envers

es

Anglais

u

l Empire),

andis

ue

les

manuscrits

xécutés

our

a

noblesse

emblent

lus

ntéressés

célébrera

«

religionoyale

et

à

visuali-

ser

es

rapports

ntre e roi et ses

sujets.

La

tradition

omplexe

es

manus-

crits esGrandes hroniquesémoigne,n somme, e la maniabilitédéolo-

gique

d un texte

vant inventione

l imprimerie,

ais aussi et

surtout u

pouvoir

es

images

colorer e

qui

se veut

noir sur

blanc.

Brigitte

uettner

Anne

Terroine,

Un

bourgeois

arisien

u xme

iècle

Geoffroy

e

Saint-

Laurent

édité

par

Lucie

Fossier, Paris,

Ed. du

CNRS, 1992,

297

p.

Voiciun livre

ssentiel

our

a

connaissanceu xme

iècle on

comprend

que l Académie ienne e le primer. eoffroye Saint-Laurenttait n bour-

geois

ordinaire

qui

vivait Parisdans a

seconde

moitié u siècle t

pour-

tant,

on

cartulaire

articulier

st

conservé,

ocumentans

équivalent

ans

les

archives

rançaises.

est

précisémentarce

qu il

n était

pas

une œuvre

de

prestige our

un

grand

u un

parvenu

e

hautvol

qu il

a

attiré

atten-

Page 149: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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NOTE DE

LECTURE 147

tiond'AnneTerroine. lle en

prépara

'édition t e commentaireuncom-

mentaire

ui

allie

une

clarté

arfaite

t

une érudition

tupéfiante,

eureuse-

ment

ejetée

ans d'innombrablesotes

quel dommage u'elles

ne soient

pas

infrapaginales

Elles seraient 'un maniement

lus

facileet elles le

méritent.

Ce

que

livre e

cartulaire,

ystérieusement

onservé

ans es

archives e

l'abbaye

aint-Magloire

e

Paris,

c'est

tout e mouvemente la fortune e

ce

personnage.

rès

de

200

pagespréparent

e lecteur la découverte

u

docu-

ment,

es

pages

i

denses

u'on

les

résume

contrecœur.

l

fallait 'immen-

ses

connaissances

our

reconstituer,

partir

es

élémentsénus u

cartulaire,

recoupés ar

une multitude

'autres

nformations,

ette

art

mal

connue e

la bourgeoisiearisienne.

D'abord a

vie du

«

héros de

l'histoire,

eoffroy

e Saint-Laurent.

l

estné

vers

1250,

anscette aste

paroisse

e Saint-Laurent

ui

ouxtait

aris

au

nord,

ntégrée

la vie

parisienne

ont

lleaccueillaitne

maladrerie,

ais

participant,

n sa

partie eptentrionale,

e l'économie urale.

a

paroisse

st

connue,

otamment

ar

es

rôlesde la

taille,

t

décrite

ans a variété

ociale

par

A. Terroine

p. 8).

Par une séried'indices

udicieusement

ntrecroisés,

A.

Terroineevine

a famille récemment

ixée

proximité

e

Paris,

modestes

paysans.

omment

eoffroy

evint-illerc

AnneTerroine onnaît e curé

de

Saint-Laurent,

ui

en a sans doute onvaincu

es

parents

t les écolesde

grammaire

e Paris et de la banlieue.

s'est-il

ormé u

droit,

elui

qui prend

n 1275 e

titre

e maître

Sa culturest celled'un ugeou d'unavocat,pas d'un notaire. e voici n

tous cas

bourgeois

e

Paris

en

1274

il

vient

'acheter

ne maison

ui

lui

permet

e le

devenir

près

e

délai d'un

an et un

our.

Ascension

ue

con-

firme t facilite n

premiermariage,

n

1271,

vec une

fille

probablement

issue

de la

grande

ourgeoisie

arisiennear

sa mère.

Elle

ne vécut

guère.

Un second

mariage

une

mort,

ue

la médiocrité

es obituaires

es établis-

sementsvec

esquels

l

fut n relation e

permet as

de

dater,

ne

postérité

qui

ne réussit

as

à assurer

a

place

dans la

grande ourgeoisie.

La carrière

e

Geoffroy

e Saint-Laurentst

celle

d'un

uge

de ceux

qui, par

eur

habileté,

vitentux

parties

e

longsprocès

oûteux,

râce

u

recours

l'arbitrage.

. Terroine

retrouvé,

otamment

ans

es œuvres e

Tanon,

es affaires

uxquelles

eoffroy

e Saint-Laurent

participé

depuis

la premièreonnue, necontestationntre euxpaysansu sujetd'unevache,

à

traversoute

nesérie

e tribunaux

cclésiastiquespp.

27-32

t

39-44).

'est

l'occasion

'évoquer

e

milieu

e

ces

uges,

de dressere

portrait

e

quelques-

uns

d'entre

ux celui

de

Geoffroy

ui-même

u

travail,

'un des arbitreses

plus

n

vogue

e

la

capitale.

t de montrer

e momentù

s'épanouit,

omme

une

phase

du

développement

e

la

pratique

udiciaire,

e

recours la

procé-

dure arbitrale.

Pour

présenter

a fortune

e

Geoffroy

e

Saint-Laurent,

l a

fallu

minu-

tieusement

ocaliser

a centaine

'acquisitions

elles

ne

pénètrentuère

ans

Pariset

ne

s'éloignentas

de Saint-Laurent.

ne

gestion

e

père

de

famille,

qui

achète

ans

vendre,

mais

ui

sait irer

arti

e

l'expansion,

ors

es

murs,

de la construction

Geoffroy

e Saint-Laurent

st

de ceux

ui,

au milieu 'une

population odeste,ignerons,araîchers,rtisans, su,danscette remière

ceinture

e la

capitale,

uedes Gravilliers

u rueaux

Ours,

nstallert

con-

forteron

aisance.

Geoffroy

e Saint-Laurent

ient e son

père

une

petite

ortune urale

il

y ajoute,

coup

d'investissements,

ne

richessee

rentier,

ans vidité

mais

Page 150: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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148

NOTES

DE

LECTURE

nonsans habileté

pp. 115-133).

l achète

lus

qu'il

barrente desterres er-

tiles

ans

es anciensmarais

e

Saint-Lazareu moins

iches Saint-Laurent

des mmeubles

u'il

dégrève

es rentes

ui

les

chargent

mais

l

est

ui-même

bailleur

e rentes onstituées

t

prête

e

l'argent.

a

clientèle st

modeste,

faited'hommes u

voisinage,

enanciers es

établissements

eligieux

ils

devaiente connaître

ar

son activitée

uge

d'abord,

aire

ppel

lui

comme

créancier

nsuite,

achant

ue

ses conditions

'étaient

as

draconiennes.

La vie

de

Geoffroy

e

Saint-Laurent

st

'ascension,

ans

endemain,

'un

praticien

u

droit,

mage

e

ces

«

carrières

ructueuses

ui

s'ouvraient ans

l'ombredes autorités

cclésiastiques

uxquelles

ne

grande artie

e

Paris

appartenait

et

que

l'on oublie

rop

ouvent,

bloui

par

es réussites

xcep-

tionnelles e quelquesmarchandsu le lustre es vieilles amilles.

Après

ne

présentation

'un tel

ntérêt,

'édition

u cartulaire

ous

forme

d'analyses

éçoit

n

peu.

Certes e

cartulaire

ses

défauts ceuxd'un

recueil

tronqué, uquel

l

manque

es

dernières

ages.

Les 167

ctes

qu'il

contient

sontd'une

grande

analité,

itres e

juridiction

racieuse,

assés

devant

es

autorités

cclésiastiques.

ais

il

est traduit.

our

qui

?

Surprenante

écou-

verte

ue

la

préférence

e

Geoffroy

e

Saint-Laurent

our

a

langue ulgaire.

L'historiene sent n

peu

frustrée n'avoir

as

le contact

irectvec e

docu-

ment.Le

linguiste

oit

'être

plus

encore.

Tel l'avait

vouluAnneTerroine

ui

ne

put

en assurer

'édition.

ucie

Fossier 'est

hargée

e

toute

a

mise u

point

inale elle

préparé

e

manus-

crit,

e

découpant

n

paragraphes,

ais

respectant

otalement

e texte

crit

parAnneTerroine constituantes ndex, t surtouteuxplans rès récieux

de

Saint-Laurent

t

du

quartier

es rues

aint-Denis

t

Saint-Martin,

ù elle

a

localisé es

biens

de

Geoffroy.

n doit a

remercier

e nous offrir

ette

exceptionnelle

ésurrectionu

«

monde

bscur

e

la

petite

t

moyenne

our-

geoisie arisienne

. Il

est rarede

pouvoir,

vec une

telle

précision,

énétrer

les menues ffaires

ui

ont

ssuré

'expansion

es villes t

comprendre

'inter-

pénétration

es activités urales

t urbaines.

Monique

Bourin

Pierre ieut ghi,Jardin es savoirsjardind'histoire.esAlpesde Lumière

110-111,

992,

148

p.

+ ill.

Noin oinde

Forcalquier,

ntre

rovencet

montagne,

alagón

vu

naître

en 1986

un

«

petitardin

des

simples

rassemblant

es

plus mportantes

es

180

plantes

médicinales

n

usage

dans

a

région,

ientôt

uivid'un

«

jardin

médiéval. Né du

désirde

suggérer

'esprit

'un

jardin

d'avant

a

décou-

verte

u

Nouveau

Monde,

e

ardin

de

Salagón ui

fait

'objet

du

beau ivre

de Pierre

ieutaghi

'est ainsi

ibrement

nspiré

es

documents

conographi-

ques

et

textuels

oncernantes

ardins

médiévaux

t

regroupe

e fait

plus

de

plantes

u'il

n'y

en avait en un seul

lieu au

Moyen

Âge.

Les

végétaux

ui

y

poussent

ont

pourtant

xclusivementeux

des listes

et des traitésmédicauxntérieursla Renaissance,t l'on peuty voirpar

exemple

outes

es

plantes

u

Capitulaire

e Villis

véritable

ademecum u

débutdu

IXe

ièclede la flore

onsidérée

omme

suelle

ans

'empire

aro-

lingien)u'il

a été

possible

'acclimater. ais

Salagón

ne

prétend

as

recons-

tituer idèlementa réalité es

herbularia

u

Moyen

Âge

-

certains,

omme

Page 151: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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NOTES

DE LECTURE

149

celuidu

plan

du monastèree Saint-Gall

vers

820)

ne

comprenaient

ail-

leurs

pas plus

de

16

espèces

médicinales,

t Walafrid

trabus

t 848)

n en

recensait

uère

ue

23 dans son

«

Petit

ardin

,

Hortulus

ce

jardin

pro-

vençal

st

plutôt

n

«

essai d herbier

ivant et dans ce

but,

es

parterres

regroupant

es

végétaux

ar

thèmesentente suivrees

pharmacopées

avant

la Renaissance

le parterre

1

rassemble

insi es

«

herbes es fièvres

,

le

parterre

3,

es

«

plantes

es femmes

,

le

parterre

5,

es

vulnéraires,

tc.).

Le livre e

Pierre

ieutaghi

e voulait outd abord

guide l usage

du

promeneur

es

ardins

e

Salagón

mais a nécessité est vite

mposée

son

auteur,

thnobotaniste,

e conduire

galement

e lecteur ers

a

connaissance

des

relations

u entretenaient

os ancêtresvec es

plantes.

e

curieux,

e

pas-

sionné e phytothérapie,e botaniste ais ussi historienonfrontéuxpro-

blèmes

osés

par

a science

rélinéenne

u monde

égétal,

eront

onc eur

miel

des riches nnexes

t documents

ui

constituent

n

fait a

majeure ar-

tie de

l ouvrage

outre n

lexique

es

principaux

ermesmédicinauxt une

listedes

noms

français

es

espèces

ecensées

ar

le fameux

apitulaire

e

Vili

s,

ce

livre

ropose

lusieurs

ndex

noms otaniques,

oms

rançais,

lle-

mands,

nglais

t

taliens es

plantes)

t

surtout

n très

opieux lossaire ui

est bien

plus

qu un simple

ide-mémoire.

Plus de

trois ents

spèces égétales,

rbres

ompris,

voient

récisés

leur

origine,

eur

dentité,

eurrôle

dans la

pharmacopée

t dans l histoire

des

pratiques

es

temps

nciens,

n un

mot eur statut

thnobotanique

u

regard

es connaissancesont

nous

disposons

ctuellementdes

reproduc-

tionsde bois gravés es principauxuvrages es botanistes u xvic iècle

(Brunfels,

uchs,

Matthioli,

tc.)complètent

tilementt

agréablement

a

plu-

part

e ces

notices,

t

un

cahier

entral e

12

pages

de

photographies

n cou-

leurrend

lusprésente

etteNature ont es hommes

u

MoyenÂge

avaient

leur

propre

ision,

t aide

par exemple

e lecteur

comprendre

importance

de la

«

médecinees

signaturespendant

e nombreuxiècles ainsi es

tiges

de

l Arum

ragon

u

serpentaire,ui rappellent

a

peau

du

serpent,

n disent

plusqu un ong

discours ur es vertus

ongtemps

rêtées

cette

lante

on-

tre es

morsures e

reptiles.

Quelques

oquilles

âcheuses

isquent

ertes

embrouillere lecteur

uant

à

la

chronologie

t

de

lui

faire roire

ar exemple ue

le manuscrite Dios-

coride xécuté

our

AniciaJuliana u

début u

VIe

iècle it e

jour

en

1512

(p. 42), que sainteHildegarde1098-1179)écut u XIe iècle p. 64) ou que

le

Livredes

simples

médecinesdontdifférentesersions échelonnentu

xiiic

u

xve

iècle,

ut

omposé...

u

xxc

iècle

p. 73).

Ces détails enlèvent

toutefois

ien

la

valeur

e l ensembleà une

époque

ù la mode es

«

méde-

cinesdouces

conduit

plus

d une

exploitation

umeuse es

«

herbiers u

passé

,

on ne

peutque

saluer

n

ouvrage

ussi

complet

t aussi

peu tapa-

geur

ue

celuide

Pierre

ieutaghi.

râce

lui

a

visite

Salagón largit

on-

sidérablement

horizon

u lecteur.

LaurenceMoulinier

Page 152: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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Médiévales

6,

printemps

994,

p.

150-152

LIVRES

REÇUS

Danièle

Alexandre-Bidon et Cécile

Treffort

(sous

la

dir.

de),

À

réveilleres morts.La mort u quotidiendans l Occidentmédié-

val

:

Lyon,

Presses

Univ. de

Lyon,

1993.

Mario Ascheri

(éd.

par),

L ultimo statutodella

Repubblica

di Siena

(1545)

:

Sienne,

Accademia

degli

Intronati,

1993.

Jérôme

Baschet,

Les

justices

de

l au-delà Les

représentations

e

l enfer

n France et

en Italie

(xne-xve

iècle)

Rome,

École Fran-

çaise,

1993

(Bibl.

des Écoles

Françaises

d Athènes et de

Rome).

Lucia

Battaglia

Ricci,

Parole

e

immagini

nella

letteraturataliana

medievale Materiali

e

problemi

Pisa,

Gruppo

editoriale

nter-

nazionale,

1994.

Jacques Berchtold, Des rats et des ratières.Anamorphosesd un

champ métaphorique

e saint

Augustin

Jean Racine

:

Genève,

Droz,

1993.

Marie

Bertho,

Le Miroir des

âmes

simples

et

anéanties de

Margue-

rite Porète. Une

vie

blessée

d amour :

Paris,

Larousse et Sélec-

tion

du

Reader s

Digest,

1993

(coll.

Jeunes

Talents).

Wim

Blockmans et

Jean-Philippe

Genet

(éd.

par),

Visions sur le

développement

es États

européens.

Théories t

historiographies

de l Etat

moderne

Rome,

École

Française,

1993

(coll.

de

l E.F.R.,

171).

Dominique Boutet et Laurence Harf-Lancner (études rass. par),

Écriture et modes

de

pensée

au

Moyen

Âge

(vme-xve

iècles)

Paris,

Presses de

l E.N.S.,

1993.

Maria A.

Ceppari Ridolfi et

Patrizia

Turrini,

Il

mulino delle

vanità. Lusso

e

ceremonie

nella Siena

medievale,

con

l edizione

dello Statuto

del

Donnaio

(1343)

:

Sienne,

Il

Leccio,

1993.

La

chanson

de Girartde Roussillon

trad.,

prés,

et

notes

par

Miche-

line

DE

Combarieu

du Gres et

Gérard Gouiran :

Paris,

Livre

de

Poche,

1993

(coll.

Lettres

gothiques).

La chanson de Roland

prés.,

trad,

et

comm.

par

Jean Dufournet :

Paris, Flammarion,

1993

(coll. bilingue).Michel Colardelle et Éric Verdel

(sous

la dir.

de),

Les habitats

du

lac

de Paladru

(Isère)

dans leur

environnement.a

formation

d un terroir

au

XIe

iècle

:

Paris,

E.H.E.S.S.,

1993

(Doc.

d archéologie

française,

40).

Page 153: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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LIVRES

REÇUS

151

François

Delpech,

Histoire et

légende

Essai sur la

genèse

d un

thème

pique aragonais

(la

naissance merveilleuse

e

Jacques

er

le

Conquérant)

Paris,

Pubi, de

la Sorbonne

Nouvelle,

1993.

Christian

de

Merindol,

Les

fêtes

de chevalerie

la

cour du roi

René

Emblématique,

rt et

histoire

Paris, C.T.H.S.,

1993

coll.

Mémoires

et

doc. d histoire

médiévale

et de

philologie).

G.

de

Rosa,

T. Grégory et A.

Vauchez

(éd.

par),

Storia dell Ita-

lia

religiosa

t.

1,

L Antichità

il

Medioevo

:

Bari,

Laterza,

1993

(coli.

Storia

et

Società).

L

eau dans

la société

médiévale

fonctions,enjeux images

(Mélan-

ges de l École Française de Rome - Moyen Âge t. 104, n° 2,

1992;.

Margot

Fassler,

Gothic

Song.

Victorine

equences

and

Augustinián

Reforme

n

twelfth-century

aris :

Cambridge

U.P.,

1993.

Franco

Franceschi,

Oltre il Tumulto

I

lavoratori

fiorentini

dell Arte

della

Lana

fra

Tre e

Quattrocento

Florence,

Olschki,

1993.

Claudio

Galderisi,

Le

Lexique

de

Charles d Orléans

dans les

«

Ron-

deaux

»

:

Genève,

Droz,

1993

(Publications

romanes et

françaises).

EdwardA. Heinemann, L Art métrique e la chansonde geste.Essai

sur la

musicalité

u récit

Paris,

Droz,

1993

Publications

roma-

nes

et

françaises).

Italia 1350-1450

Tra

crisi,

trasformazione,

viluppo

(Actes

du

13e

colloque

du Centro

taliano di storia

e

d arte, Pistoia,

1991)

Pistoia,

1993.

Jean

Gobi,

Dialogue

avec un

fantôme

éd.

par

Marie-AnnePolo

de

Beaulieu

:

Paris,

Belles

Lettres,

1994

(coll.

La

Roue à

Livres).

Claude

Lecouteux,

Les monstres

dans la

pensée

médiévale euro-

péenne

Paris,

Presses

Univ. de

Paris-Sorbonne,

993

coll.

Cul-

tures

et

civilisations

médiévales,

X).

René Locatelli, Sur les cheminsde la perfection.Moines et cha-

noines

dans

le diocèse

de

Besançon

(vers

1060-1220)

Saint-

Étienne,

C.E.R.C.O.R.-Publ.

de

PUniv. de

St-Étienne,

1992.

Gherardo

Ortalli

(éd.

par),

Giuoco

et

giustizia

nell Italia

di

Comune

(Actes

du séminaire

e

Trévise,

mai

1991)

Rome-Trévise,

iella-

Fondazione

Benetton,

1993.

Pensée,

image

et communication

n

Europe

médiévale.

À

propos

des

stalles

de Saint-Claude

Besançon,

1993.

Armando

Petrucci,

Jeux de

Lettres.Formes

et

usages

de

l inscrip-

tion

en

Italie,

xie-xxe

iècles

Paris,

E.H.E.S.S.,

1993.

Antonio Ivan

Pini, Campagne bolognesi.

Le radici

agrarie

di

una

metropolimedievale Firenze,Le Lettere,1993 coli. Le vie della

storia).

Brigitte

Prévot et

Bernard

RibémONT,

Le

cheval en France au

Moyen

Âge

:

Orléans,

Paradigme,

1994.

Page 154: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

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152 LIVRES

REÇUS

Jeux,

sports

et divertissementsu

Moyen

Age

et à

l âge classique

Actes

du

116e

Congrès

National des Sociétés

Savantes,

Chambéry,

1991

Paris,

C.T.H.S.,

1993.

Seigneurs

t

seigneuries

u

Moyen

Âge

Actes du 117e

Congrès

Natio-

nal des

Sociétés

Savantes,

Clermont-Ferrand,

992 :

Paris,

C.T.H.S.,

1993.

Société

des HistoriensMédiévistes e

l Enseignement

upérieur

ublic,

Les Princes et le

pouvoir

au

Moyen

Âge

:

Paris,

Publicationsde

la

Sorbonne,

1993.

Alessandro

Stella,

La

révoltedes

Ciompl.

Les

hommes,

es

lieux,

le travail Paris, E.H.E.S.S., 1993.

André Vauchez

(sous

la

dir.

de),

Histoiredu

christianismet.

4,

Évê-

ques,

moines

et

empereurs

610-1054)

Paris,

Desclée

de

Brou-

wer,

1993.

Monique

Zerner,

Le

cadastre,

le

pouvoir

et la terre

Le Comtat

Venaissin

ontifical

u début

du

XVe

iècle

:

Rome,

École Fran-

çaise,

1993

(coll.

de

TE.F.R.,

174).

Page 155: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-26-printemps-1994 155/164

Médiévales

6,

printemps

994,

p.

153-158

INDEX DES

Nos 20 à

25

-

1991

à

1993

Articles

parus

Abraham-Thisse

Simonne,

Présentation

Sagas

et

chroniques

du

Nord),

1991,

20,

pp.

5-15.

Arrignon

Jean-Pierre,

e Dit

d Eymundr

et le

martyre

u

prince

Boris

de

Russie

(1015),

1991,

20,

pp.

53-60.

Banni

ARD

Michel,

La

voix

et l écriture

émergences

médiévales

1993,

25,

pp.

5-16.

Banniard

Michel,

Les deux vies de saint

Riquier

du latin médiati-

que

au latin

hiératique

1993,

25,

pp.

45-52.

Benaïm-Ouaknine,

Pouvoir

libérateur

du vin et ivresse du texte

1992, n° 22-23, pp. 163-172.

Berthon

Éric,

Le

sourire aux

anges enfance

et

spiritualité

u

Moyen Age

(xiie-xve iècle),

1993,

25,

pp.

93-111.

Blue

Gregory,

Marco

Polo

et les

pâtes

1991,

20,

pp.

91-98.

Bois

Guy,

Réponse

(L An

mil

rythmes

t acteursd une

croissance),

1991,

21,

pp.

91-108.

Bonnassie

Pierre,

Mâconnais,

terre

éconde

1991,

21,

pp.

39-46.

Boulnois

Lucette,

Démons

et

tambours

u désertde

Lop

: variations

Orient-Occident, 992,

22-23,

pp.

91-115.

Bouloux

Nathalie,

Les

usages

de la

géographie

la cour des Plan-

tagenêts

dans la seconde moitié

du

XIIe

iècle, 1993,

24,

pp. 131-148.

Bourin

Monique,

L an

mil continuitétournant u révolution

Dis-

cussions autour

d un livre

controversé, 991,

21,

pp.

5-10.

Bratu

Anca,

L ici-bas

et l au-delà en

image

formes

de

représenta-

tion

de

l espace

et du

temps,

1991,

20,

pp.

75-90.

Bureau

Pierre,

Les valeurs

métaphoriques

e la

peau

dans le Roman

de

Renart. Sens et

fonctions,

1992,

22-23,

pp.

129-148.

Cerquiglini-Toulet

Jacqueline,

Fama et les

preux

nom et renom

à

la

fin

du

Moyen Âge,

1993,

24,

pp.

35-44.

Chatelain

Jean-Marc,

espace politique

de la renommée Érasme

à JusteLipse (1530-1570), 1993, n° 24, pp. 117-129.Crépin

André,

Poétique

latine et

poétique

vieil-anglaise poèmes

mêlant

es deux

langues,

1993,

25,

pp.

33-44.

Depreux

Philippe,

Nithard t

la

Res

Publica : un

regard ritique

ur

le

règne

de Louis

le

Pieux,

1992,

22-23,

pp.

149-161.

Page 156: Medievales - Num 26 - Printemps 1994

8/9/2019 Medievales - Num 26 - Printemps 1994

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-26-printemps-1994 156/164

154

INDEX

Fontaine

Jacques, Sulpice

Sévèretémoinde la communication rale

en latinà la

fin

du

IVe

iècle

gallo-romain

1993,

25,

pp.

17-32.

Fossier

Robert,

Réflexion

ur un

«

modèle

»,

1991,

21,

pp.

77-79.

Franco Jr.

Hilario,

Le

pouvoir

de la

parole

: Adam et les

animaux

dans la

tapisserie

de Gérone

1993,

25,

pp.

113-128.

Frugoni

Chiara,

L histoire

par l image

1992,

22-23,

pp.

5-12.

Gauthier

Nancy, L Antiquité

se

poursuit-elle

usqu à

l an mil

?,

1991,

21,

pp.

69-76.

Gauvard

Claude,

La

Fama,

une

parole

fondatrice

1993,

24,

pp.

5-13.

Grondeux Anne, Le vocabulaire atin de la renommée u Moyen

Âge

1993,

24,

pp.

15-26.

Gross

Angelika,

L idée

de la

folie

en

texteet en

image

Sebastian

Brandt et

/ insipiens,

993,

25,

pp.

71-91.

Hillebrandt

Maria et

Neiske

Franz,

A

la

recherche e

personnes

perdues

.., 1991,

21,

pp.

21-25.

Klapisch-Zuber

Christiane,

Honneur de

noble,

renomméede

puis-

sant la

définition

es

magnats

taliens

1280-1400),

1993,

24,

pp.

81-100.

Lebecq

Stéphane,

Entre

tradition rale et littérature

éroïque

le cas

du

scop frison Bernlef

1991,

20,

pp.

17-24.

Lepetit Bernard,C est arrivé à Lournand 1991, n° 21, pp. 81-89.

Maillefer

Jean-Marie,

Réflexions

sur

l aristocratie suédoise

au

Moyen Âge

:

l exemple

d un

lignage

noble entre 1250 et

1350

1991,

21,

pp.

115-132.

Mironneau

Paul,

Gaston

Fébus et la Fortune

1993,

24,

pp.

149-162.

Moeglin

Jean-Marie,

L anneau de

Guillaume de

Scherfenberg.

propos

d un récitde la

Chronique

rimée

styrienne,

991,

20,

pp.

61-74.

Morimoto

Yoshiki,

Réflexions

un

historien

aponais

sur

le livrede

Guy

Bois

1991,

21,

pp.

63-68.

Mornet Elisabeth,L image du bon évêque dans les chroniques pis-

copales

Scandinaves à

la

fin

du

Moyen Âge

1991,

20,

pp.

25-40.

Moulinier

Laurence,

Les baleines

d Albert e Grand

1992,

22-23,

pp.

117-128.

Moulinier

Laurence,

Elisabeth

Ursule et les

Onze

mille

Vierges

un

cas d inventionde

reliques

à

Cologne

au xue

siècle,

1992,

22-23,

pp.

173-186.

Néraudau

Jean-Pierre,

a Fama

dans

la

Rome

antique

1993,

24,

pp.

27-34.

Neri

Laura, Culture et politique à Sienne au début du xivesièclele Statut en langue vulgaire de 1309-1310 1992, n° 22-23,

pp.

207-221.

Pons

Nicole,

De la renommée

u

royaume

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-

ČTTļ

SUR ROUTE

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DES SAINTS

BYZANTINS

P

Elisabeth MALAMUT

S'exilerumondeloses illest es illages,uitterapatrieourlleru oineretrouver,nconnu

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ISSN

0751-2708

SOMMAIRE

26

PRINTEMPS 1994

SAVOIRS

D'ANCIENS

Vestiges

omains ans

a science

médiévale

Danielle

JACQU

ART

5

Cuisiner

l'Antique

Apicius

u

Moyen

Age

Bruno AURIOUX

17

Virgile

e

magicien

t

YÉnéide es

Chartrains

Francine

MORA

39

Agronomie

ntique

t

élaboration

médiévale

de

Palladius

ux

Préceptes

isterciens 'économie

urale

Jean-Louis

AULIN

59

ESSAIS

ET RECHERCHES