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1 [p.221] Châteauneuf (Tours) : construction d’une identité urbaine aux X e -XII e s. Emeline Marot L’agglomération de Châteauneuf, formée au haut Moyen Age à l’ouest de la cité de Tours (Fig. 1), présente des caractéristiques qui en font une zone d’étude privilégiée de la fabrique urbaine. La tombe de l’évêque saint Martin a constitué un pôle religieux important dès la fin du 4 e siècle avec la construction d’une basilique puis d’un monastère, transformé en collégiale au 9 e siècle. Les nécessités de l’approvisionnement de l’établissement religieux, l’existence du pèlerinage de Saint-Martin et les possibilités d’échanges à longue distance grâce à la Loire ont également conduit à la formation d’une zone d’habitat laïc à proximité immédiate, qualifiée de burgus au 9 e siècle (Galinié 1981 ; Galinié 2007b : 366). Cet espace a connu une densité d’occupation très forte et une composition sociale complexe au cours du Moyen Age, exprimées tant dans les sources écrites que dans l’architecture. C’est entre autres à travers ces constructions qu’est possible l’étude du lien entre l’espace urbain et la société qui l’a produit, et ce pour deux moments clés de l’agglomération, aux X e et XII e s., qui permettent de démontrer l’affirmation progressive d’une identité urbaine à Châteauneuf. Au X e s., une enceinte a été construite autour de la collégiale Saint-Martin et du quartier canonial, englobant également une partie du bourg laïc situé au nord. Le castrum sancti Martini est ainsi créé en opposition avec la cité, où se trouve l’évêque (Fig. 1 ; Galinié 1981 ; Noizet 2003 : 254-278 ; Galinié 2007a). Entre ces deux pôles, le monastère Saint-Julien est établi dans une zone à l’occupation plus lâche. Le XII e s. correspond quant à lui au développement démographique et économique du bourg laïc et donc à l’émergence des bourgeois, ce qui a eu des implications sur le fonctionnement de Châteauneuf (Chevalier 1972 ; Noizet 2003 : 404-440). La fabrique urbaine de Tours a été étudiée par le Laboratoire Archéologie et Territoires en associant les différentes sources et en combinant les méthodes d’analyse. Une analyse morphologique et la création d’un système d’information géographique (ToToPI) (Galinié, Chouquer et al. 2003 ; Galinié, Rodier 2002) ont donc été réalisés par le LAT et les sources textuelles relatives à Châteauneuf ont été à nouveau étudiées par Hélène Noizet dans le cadre de sa thèse portant sur la fabrique de la ville [222] du IX e au XIII e s. selon une optique nouvelle, celle des pratiques spatiales des acteurs (Noizet 2003, publié en 2007 : Noizet 2007 1 ). Le bâti médiéval n’avait été que peu pris en compte jusqu’à présent dans l’étude de la fabrique urbaine, à l’exception des travaux de Pierre Garrigou Grandchamp qui ont donné lieu à deux publications (Garrigou Grandchamp 2004, 2007). Sur cette base, la recherche 1 Les deux textes étant complémentaires sur de nombreux points, les références bibliographiques des deux ouvrages sont indiquées.
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Marot, E. – "Châteauneuf (Tours) : construction d’une identité urbaine aux 10e-12e siècles", in : Lorans E., Rodier X. (dir.), Archéologie de l’espace urbain, Tours, Presses

Jan 16, 2023

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Châteauneuf (Tours) : construction d’une identité urbaine aux Xe-XIIe s.

Emeline Marot L’agglomération de Châteauneuf, formée au haut Moyen Age à l’ouest de la cité de

Tours (Fig. 1), présente des caractéristiques qui en font une zone d’étude privilégiée de la fabrique urbaine. La tombe de l’évêque saint Martin a constitué un pôle religieux important dès la fin du 4e siècle avec la construction d’une basilique puis d’un monastère, transformé en collégiale au 9e siècle. Les nécessités de l’approvisionnement de l’établissement religieux, l’existence du pèlerinage de Saint-Martin et les possibilités d’échanges à longue distance grâce à la Loire ont également conduit à la formation d’une zone d’habitat laïc à proximité immédiate, qualifiée de burgus au 9e siècle (Galinié 1981 ; Galinié 2007b : 366).

Cet espace a connu une densité d’occupation très forte et une composition sociale complexe au cours du Moyen Age, exprimées tant dans les sources écrites que dans l’architecture. C’est entre autres à travers ces constructions qu’est possible l’étude du lien entre l’espace urbain et la société qui l’a produit, et ce pour deux moments clés de l’agglomération, aux Xe et XIIe s., qui permettent de démontrer l’affirmation progressive d’une identité urbaine à Châteauneuf.

Au Xe s., une enceinte a été construite autour de la collégiale Saint-Martin et du quartier canonial, englobant également une partie du bourg laïc situé au nord. Le castrum sancti Martini est ainsi créé en opposition avec la cité, où se trouve l’évêque (Fig. 1 ; Galinié 1981 ; Noizet 2003 : 254-278 ; Galinié 2007a). Entre ces deux pôles, le monastère Saint-Julien est établi dans une zone à l’occupation plus lâche. Le XIIe s. correspond quant à lui au développement démographique et économique du bourg laïc et donc à l’émergence des bourgeois, ce qui a eu des implications sur le fonctionnement de Châteauneuf (Chevalier 1972 ; Noizet 2003 : 404-440).

La fabrique urbaine de Tours a été étudiée par le Laboratoire Archéologie et Territoires en associant les différentes sources et en combinant les méthodes d’analyse. Une analyse morphologique et la création d’un système d’information géographique (ToToPI) (Galinié, Chouquer et al. 2003 ; Galinié, Rodier 2002) ont donc été réalisés par le LAT et les sources textuelles relatives à Châteauneuf ont été à nouveau étudiées par Hélène Noizet dans le cadre de sa thèse portant sur la fabrique de la ville [222] du IXe au XIIIe s. selon une optique nouvelle, celle des pratiques spatiales des acteurs (Noizet 2003, publié en 2007 : Noizet 20071).

Le bâti médiéval n’avait été que peu pris en compte jusqu’à présent dans l’étude de la fabrique urbaine, à l’exception des travaux de Pierre Garrigou Grandchamp qui ont donné lieu à deux publications (Garrigou Grandchamp 2004, 2007). Sur cette base, la recherche 1 Les deux textes étant complémentaires sur de nombreux points, les références bibliographiques des deux ouvrages sont indiquées.

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entreprise par l’auteur2 a pour but d’obtenir une vision plus précise de l’organisation de l’habitat (et donc de Châteauneuf) et de la façon dont les habitants le percevaient et l’exploitaient dans un contexte social et politique changeant.

Figure 1 : La Cité de Tours et le castrum de Saint-Martin vers 950 (figure extraite de : Galinié

(dir.) 2007 : 383, figure n°56).

[223] La création du castrum au Xe s.

Les raisons de la construction

Le projet de construction d’une enceinte autour de Saint-Martin apparaît dans les

sources écrites au début du Xe s. où il est présenté comme une nécessité pour répondre à la menace des incursions scandinaves de la seconde moitié du IXe s. Mais il s’agissait également pour le chapitre et pour l’abbé laïc de l’époque d’obtenir des privilèges politiques. Hélène Noizet a expliqué la nécessité à ce moment de renforcer l’institution martinienne pour rivaliser avec la cité de Tours (Noizet 2003 : 254-260 ; Noizet 2007 : 99-103). Le roi a

2 Dans le cadre d’une thèse de doctorat d’archéologie à l’Université François-Rabelais de Tours

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accepté la construction du castrum en même temps que la création du suburbium sancti martini : un territoire seigneurial propre à Saint-Martin, qui bénéficie dès lors de l’immunité (Galinié 1981). Celle-ci a été étendue quelques mois plus tard au bourg qui entourait le castrum, jusqu’à la Loire, facilitant ainsi le contrôle de l’approvisionnement par voie fluviale. L’ensemble devient donc au début du Xe s. un territoire politique autonome, autorisé à frapper sa monnaie. Ainsi, il existe à cette période deux villes distinctes : à l’est, la cité de Tours ; à l’ouest, le castrum Saint-Martin, entouré de son suburbium, prélevé sur celui de la Cité.

La construction de l’enceinte

La construction de l’enceinte a été effectuée au cours du Xe s., mais la date exacte

demeure incertaine. Les sources écrites évoquent un castrum dès le début du Xe s., mais Charles Lelong a émis l’hypothèse d’une première construction en terre et bois, remplacée à la fin du Xe s. par une enceinte en pierre (Lelong 1971). Cependant, la réinterprétation des sources textuelles par Hélène Noizet et la datation d’autres édifices des Xe-XIe s. permettent de douter de cette hypothèse (Noizet 2003 : 332-335 ; Noizet 2007 : 217-220).

L’emprise de l’enceinte a été définie avec la basilique Saint-Martin comme centre avec le quartier canonial au sud et englobant une partie du bourg laïc au nord (Fig. 2). Son tracé est globalement connu grâce à l’étude morphologique réalisée par le Laboratoire Archéologie et Territoires (Galinié, Chouquer et al. 2003) et a pu être confirmé par des observations de terrain récentes.

L’enceinte est très peu conservée en élévation actuellement : seules deux tours sont encore visibles. L’une se situe au sud, rue Néricault-Destouches, et a été intégrée dans un hôtel particulier au XVe s. L’autre, à l’est, est l’une des trois tours dégagées rue Baleschoux dans les années 1940 après l’incendie de la ville (Fig. 3). En revanche, des tronçons de la courtine et la partie basse d’autres tours arasées peuvent encore être observés en sous-sol (Fig.2).

L’enceinte formait un quadrilatère de plus de 200 m de côté, entouré d’un fossé de 5 m de large pour 3 m de profondeur et distant d’une vingtaine de mètres de la courtine. Il a été observé lors de fouilles à l’angle nord-est de l’enceinte, sous l’emprise de la rue du Petit-Soleil (site 021 ; Dubant, Coffineau 2007 ; Fig. 2).

[224] La courtine a été construite en petit appareil et mesurait 2,5 m à 3 m de large. Elle était flanquée de tours rondes aux angles et le long de ses côtés, mesurant 7 à 10 m de diamètre, avec des pièces de 5 m de diamètre intérieur.

L’intérieur était composé d’un niveau bas aveugle et d’étages où s’ouvraient des baies couvertes d’arcs plein cintre alternant briques et pierres, dont deux exemples sont encore conservés (Fig. 3). Les différents niveaux étaient probablement planchéiés puisque les murs ne comportent pas d’ouvertures directes vers les niveaux bas qui devaient donc être accessibles depuis le niveau supérieur (par des échelles ?).

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Figure 2 : Le castrum Saint-Martin, localisation et état de conservation des vestiges.

Figure 3 : Élévation d’une tour du castrum avec une baie en plein cintre en pierres et briques (8-

10 rue Baleschoux) (cl. E. Marot 2012).

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L’enceinte comme marqueur des transformations de la ville et de la société

L’incidence de la construction sur la trame urbaine La construction de cette enceinte et du fossé sur un plan régulier a dû avoir une

incidence sur l’agglomération de Saint-Martin, dont on connaît peu l’organisation au haut Moyen Âge. Les fouilles réalisées montrent l’existence d’un territoire avec une occupation relativement lâche ponctuellement (sites 1, 7 et 021), mais plus dense ailleurs et sur une grande étendue (Lorans et al., dans ce volume).

Il est possible toutefois que la forme et l’emplacement de l’enceinte correspondent à une organisation plus ancienne, celle des voies héritées de l’Antiquité, et l’étude morphologique a permis de proposer une hypothèse complémentaire. L’existence d’une patte d’oie face à la porte nord de l’enceinte et celle de rues parallèles descendant vers la Loire indiquent une réorganisation partielle de la voirie. Elle est attribuée à Téotolon, le doyen [225] de Saint-Martin au début du Xe s., qui aurait eu l’autorité nécessaire pour entreprendre ces aménagements afin de faciliter la circulation autour de l’enceinte et l’accès à la Loire (Galinié, Chouquer et al. 2003 ; Galinié 2007c).

La symbolique de l’enceinte : le modèle de la cité épiscopale

Le plan global choisi et l’apparence des tours de l’enceinte du castrum de Saint-Martin

sont très proches de ceux de l’enceinte du IVe s., dans laquelle se sont installés par la suite les représentants des pouvoirs ecclésiastique et comtal.

Le castrum de Saint-Martin présente lui aussi des tours de flanquement et l’utilisation de briques pour le couvrement des baies (Fig. 1 et 3). On peut en conclure que l’enceinte du IVe s. a certainement servi de modèle à celle de Saint-Martin (Bourgeois, Marot, à paraître). Elle était encore largement visible au Xe s. et devait avoir une portée symbolique et représenter un idéal de fortification et de représentation du pouvoir, ce qui est attesté dans de nombreuses villes, dont Tours, par la position des résidences princières et aristocratiques, préférentiellement localisées sur des murailles antiques (Renoux 1993 : 173). Ainsi, le choix de construire une enceinte similaire à celle du IVe s. devait constituer pour le chapitre de Saint-Martin un moyen de se présenter en égal de la cité épiscopale. Si les relations entre les deux institutions sont encore bonnes au moment de la construction de l’enceinte, elles se dégradent progressivement à partir de la fin du Xe s. (Noizet 2003 : 365-373 ; Noizet 2007 : 193-197).

[226] L’enceinte constitue donc un marqueur des transformations des relations entre les différentes institutions : il se produit un changement d’attitude des chanoines de Saint-Martin vis-à-vis du chapitre cathédral, traduisant une émancipation et une affirmation progressive du pôle de Saint-Martin.

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La création d’un espace urbain

La construction de l’enceinte, au-delà des transformations spatiales qu’elle a impliquées, a aussi contribué à la création d’un nouvel espace urbain.

Le plan et l’emprise du castrum ne sont pas anodins : en construisant une enceinte englobant à la fois le quartier canonial et une partie du bourg laïc, le chapitre a fait le choix d’associer les autres habitants de l’agglomération de Saint-Martin au quartier canonial. Ils s’affirment face à la cité de Tours par la construction d’une enceinte, symbole visuel et spatial fort, mais également en conservant la particularité de cette agglomération : le regroupement d’une société mixte, religieuse et laïque, bien plus dynamique et économiquement forte que la cité voisine.

Cette enceinte a été conçue à l’origine comme un élément prestigieux, remplissant des fonctions ostentatoire et défensive, utilisées dans un but politique et identitaire. Elle matérialise les privilèges obtenus, en concurrence avec la cité, pour la création d’une nouvelle entité urbaine. L’enceinte a marqué durablement la trame urbaine et les occupants de la ville ; les habitants ont construit la ville autour d’elle, ce qui a contribué à l’effacer progressivement du paysage urbain.

La ville de Châteauneuf au XIIe s.

Les particularités de la ville

L’agglomération de Châteauneuf comporte plusieurs particularités qui la distinguent de

la cité, l’autre pôle urbain de Tours au Moyen Age : la diversité des habitants et le nombre élevé d’édifices religieux.

La basilique Saint-Martin était en effet entourée de nombreuses églises paroissiales - trois étaient situées dans l’emprise même du castrum3 (Fig. 2), et quatre autres dans le bourg qui l’entourait4 - et de plusieurs chapelles5. La topographie religieuse a donc influencé la formation de l’espace urbain, puisque cette densité d’édifices religieux a impliqué l’existence de quartiers canoniaux, de cimetières paroissiaux et d’autres édifices liés au fonctionnement du culte. Des maisons canoniales ont ainsi pu être identifiées au sud du castrum, dans le claustrum de Saint-Martin, mais également au nord, autour de la [227] collégiale Saint-Pierre-le-Puellier. Elles sont caractérisées par une faible ouverture sur la rue et une architecture soignée.

D’autres bâtiments situés dans le bourg sont caractéristiques des maisons mixtes, remplissant à la fois une fonction d’habitation dans les niveaux supérieurs et de commerce au rez-de-chaussée. Enfin, de nombreuses habitations privilégiées ont été identifiées dans le castrum et dans le bourg. Le développement de certains types architecturaux constitue un marqueur important des changements sociaux et spatiaux de la ville au XIIe siècle. 3 Saint-Denis, Sainte-Croix et Notre-Dame de l’Écrignole 4 Saint-Venant, Saint-Clément, Saint-Simple et Saint-Pierre-le-Puellier, qui avait également une fonction d’église collégiale 5 Chapelle du Petit-Saint-Martin, hospice Saint-André, Chapelle Saint-Jean (joignant le cloître de Saint-Martin)

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La construction d’habitations privilégiées : les maisons-tours

Un type d’habitations privilégiées est particulièrement représenté à Châteauneuf : les maisons-tours, avec seize occurrences au minimum sur une surface réduite, à l’angle nord-est du castrum (Fig. 4 : rues du Petit-Soleil et rue du Président-Merville). Il s’agit [228] de bâtiments situés généralement en cœur d’îlot, se développant en hauteur, avec un volume important, une architecture soignée et un décor sculpté.

Figure 4 : Localisation des édifices de type maison-tour des XIe-XIIe s. (état de l’inventaire

début 2012).

L’exemple le mieux conservé en élévation jusqu’au XXe s. était la tour Foubert, datant du XIIe s. et détruite en 1958 (Fig. 5). Elle était située à proximité de l’enceinte à l’est et était conservée sur quatre niveaux d’élévation, dont un registre supérieur d’arcatures retombant sur des colonnettes à chapiteaux sculptés.

Un ensemble d’au moins quatre maisons-tours construites contre l’enceinte a été identifié : elles présentent des caractéristiques quasiment identiques et datent de la fin du XIIe s, d’après la forme des ouvertures, des éléments porteurs et des traces d’outils. Ces maisons-tours ont été construites selon les mêmes techniques architecturales et avec les mêmes

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matériaux, utilisant le calcaire de l’Écorcheveau, extrait dans une carrière au sud de Tours, à Saint-Avertin (Rasplus, Gay et al. 1991).

Figure 5 : L’élévation de la Tour Foubert, photographie Société Archéologique de Touraine

(4040-0104R, cliché Mantellier ou Lefèvre, 1897).

Les façades encore conservées montrent une élévation sur deux niveaux minimum, avec des ouvertures au rez-de-chaussée (porte et baies) et de grandes fenêtres probablement géminées à l’étage (Fig. 6). Ces édifices ont la caractéristique commune d’avoir un niveau bas semi-enterré, correspondant aux rez-de-chaussée et caves actuels, couvert d’un plancher et consolidé par des arcs de décharge retombant sur des piliers composés (Fig. 7). Le niveau bas était relié aux étages par une tourelle d’escalier extérieure. Les possibilités d’accès et le soin apporté à l’architecture indiqueraient que ces espaces étaient destinés à être vus.

Ces maisons sont accessibles depuis l’extérieur de l’enceinte, et non depuis l’intérieur - au moins dans leur premier état. On peut donc supposer que le fossé entourant l’enceinte est au moins partiellement comblé à cette date pour permettre l’accès à ces propriétés.

Certains habitants ont également fait le choix d’annexer les tours de l’enceinte construite deux siècles plus tôt, en les associant soit à une maison-tour, soit à une habitation d’un autre type. Au 13 rue de l’Arbalète, par exemple, c’est un bâtiment vaste mais peu élevé qui a été construit contre la tour nord-ouest de l’enceinte à l’intérieur, sur l’emprise de la courtine, alors partiellement arasée. Les anciennes tours et les maisons communiquaient

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probablement aux niveaux supérieurs, mais les vestiges ne semblent pas indiquer de communications en sous-sol dès l’origine. Le réaménagement intérieur des tours de l’enceinte n’est en général effectué qu’au XIIIe s.

Ces habitations de type maison-tour ont donc probablement été construites dans un laps de temps court, puisqu’elles semblent correspondre au travail des mêmes artisans dans certains cas (par exemple aux 17 et 19 rue du Président-Merville). Les choix architecturaux [229] montrent un phénomène d’émulation entre les habitants et une volonté de faire construire des maisons sur le même modèle pour manifester sa réussite sociale. Les commanditaires de ces édifices sont probablement des bourgeois, dont la situation favorable est perceptible dans les sources textuelles à la fin du XIIe s.

Figure 6 : Élévation extérieure d’une maison-tour (19 rue du Président-Merville).

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Figure 7 : Maison-tour en cours de démolition (à droite) avec arcs de décharge en partie basse et

niveau de corbeaux supportant le plancher du niveau 2 (14 rue du Petit-Soleil) (photographie Laboratoire d’Archéologie Urbaine de Tours, 1992).

Les raisons de l’émergence des bourgeois au XIIe s. et les conséquences

urbaines Les sources écrites attestent au XIIe s. l’émergence des bourgeois qui se sont enrichis

par le commerce et les métiers d’argent. Certains expriment des revendications et cherchent à faire valoir leurs droits face aux chanoines, afin de profiter de la richesse que représente le pèlerinage de Saint-Martin. Ils ont ainsi obtenu la liberté dans le commerce du vin, autorisée par le trésorier de Saint-Martin au milieu du XIIe siècle et d’autres avantages financiers de la part du roi Louis VII, comme la suppression de taxes sur leurs bénéfices (Noizet 2003 : 399, 401-403 ; Noizet 2007 : 252-257).

Un même sujet de conflit est attesté à partir du XIe s. et pendant le XIIe s. : il s’agit de plaintes de chanoines concernant des constructions réalisées par des laïcs. Les bourgeois ont en effet construit leurs maisons sur le mur d’enceinte et dans les fossés, et les chanoines veulent donc les faire détruire. Le roi autorise finalement les bourgeois à conserver leurs maisons contre le paiement d’une amende (Noizet 2003 : 400-401, 439-440 ; Noizet 2007 : 292-293).

Les mentions de constructions dans des espaces destinés auparavant à la défense montrent bien les transformations de la ville. Le développement démographique et économique de Châteauneuf est manifeste : la densité d’habitants augmente et les constructions empiètent peu à peu sur les espaces publics. Certaines constructions encore conservées contre l’enceinte, surtout au nord-est, pourraient donc correspondre en partie à celles évoquées dans les sources écrites.

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L’exploitation de la symbolique de l’enceinte urbaine concomitante de son effacement physique

Les bâtiments les plus anciens en relation avec l’enceinte sont situés pour la plupart

contre la face extérieure de l’enceinte, aussi bien au nord du castrum qu’au sud. Le phénomène de construction contre la face extérieure de l’enceinte ne semble en effet pas réservé aux laïcs. Des bâtiments édifiés au sud au XIIe s. se trouvent en dehors de l’enceinte, [230] mais jouxtent le quartier canonial et ont peu d’ouvertures au rez-de-chaussée, ce qui indiquerait plutôt des habitations de chanoines (22bis place Gaston-Pailhou, à l’angle sud-ouest du castrum). En revanche, ce phénomène de réoccupation des espaces auparavant défensifs est plus fréquent et plus dense au nord, dans la partie laïque. Les espaces bordant l’enceinte à l’intérieur sont par endroits bâtis plus tardivement, comme à l’angle nord-est du castrum, où les constructions situées contre l’enceinte datent du 13e siècle.

La construction d’habitats civils contre le mur d’enceinte du Xe siècle est donc un phénomène important du XIIe siècle au XIIIe siècle, indiquant que l’enceinte et ses abords ont perdu leur fonction défensive ou du moins publique de façon progressive, avec le comblement des fossés et l’édification des bâtiments accolés contre la courtine.

En revanche, le choix de la position de ces édifices, dont les maisons-tours bourgeoises,

construits contre l’enceinte et annexant les anciennes tours, indique la volonté des habitants de s’approprier un édifice emblématique de Châteauneuf. L’enceinte avait en effet conservé une valeur symbolique, comme en témoignent les conflits : les chanoines souhaitent conserver l’enceinte et ses fossés libres de constructions pour ce qu’elle représente historiquement. La construction d’habitats privilégiés (laïcs notamment) à cet emplacement n’est donc pas anodine : il y a une volonté des habitants de s’imposer visuellement dans la ville, en remplaçant ou masquant l’enceinte, les maisons-tours pouvant être plus élevées que la courtine. Ils semblent avoir substitué leurs habitats à l’enceinte, pour en faire des symboles leur puissance et leur réussite. De plus, on observe pour la fin du 12e siècle un effet de mode, une rivalité, avec la construction de plusieurs bâtiments possédant des caractéristiques semblables (localisation et architecture) ; les espaces bordant l’enceinte ont donc pu être particulièrement recherchés à cette période.

[231] Au XIIe s., l’enceinte, malgré son effacement partiel, a donc pourtant conservé une dimension symbolique, que les plus riches habitants exploitent et s’approprient.

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La symbolique des transformations urbaines L’analyse des transformations urbaines, sociales et architecturales des deux périodes

choisies, le Xe et le XIIe siècle, permet de mettre en évidence différents phénomènes attestant l’émergence d’une identité urbaine de Châteauneuf au Moyen Age.

La construction d’une identité par l’opposition La première expression d’une identité affirmée par l’opposition correspond aux

relations entre la cité de Tours et le castrum de Saint-Martin. La construction de l’enceinte du castrum au Xe s. a été un moyen pour le chapitre de Saint-Martin de se placer à égalité avec le chapitre cathédral et d’acquérir une indépendance et une autorité nouvelle.

La seconde opposition, entre les chanoines et les bourgeois, est moins marquée. Le conflit a été focalisé sur quelques points précis, comme la construction de maisons laïques contre l’enceinte. Les bourgeois au XIIe s. ont des revendications de plus en plus fortes et veulent avoir les moyens de prospérer : la construction de leurs habitations, selon une architecture et une position privilégiées, participe à cette transformation de la société.

La construction d’une identité par l’affirmation

Sa première manifestation est la création d’un centre urbain nouveau à partir du Xe s..

Au cours du Moyen Âge, une identité commune des laïcs et des bourgeois a pu être développée autour de Saint-Martin, puisque c’était un centre religieux mais aussi économique.

S’il existe dans les sources textuelles des traces de quelques conflits ponctuels entre chanoines et bourgeois mais aussi entre les chanoines eux-mêmes, on observe globalement une unité des différents habitants autour de l’identité martinienne qui perdure. Les historiens ont en effet montré que les intérêts communs des différentes communautés ont permis de conserver une cohésion globale dans l’agglomération jusqu’à la fin du XIIe s. : les bourgeois ont notamment participé au financement de la réparation de la basilique (Noizet 2003 : 410-412 ; Noizet 2007 : 265-267).

Un autre phénomène a pu être identifié : le fait que l’habitation soit utilisée comme marqueur de l’identité des bourgeois. Certaines constructions civiles au XIIe s. – à la fin de ce siècle pour les exemples évoqués – ont été créées selon des références communes et selon un modèle architectural partagé par une partie de la population. Ces habitations privilégiées participent à la création d’une identité laïque, celle des bourgeois, même s’il existe également une concurrence entre eux.

Par la construction de leurs habitations, ils se sont forgé une identité peut-être plus durable que les mouvements politiques comme les communes, dont plusieurs tentatives ont été faites par les bourgeois de Châteauneuf au XIIe s. (Chevalier 1972).

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[232] Un texte daté des alentours de 11756 et décrivant entre autres la ville de Tours, atteste ce phénomène : il s’agit de la Narratio de commendatione turonice provinciae, probablement écrite par un moine anonyme de Marmoutier. L’auteur indique notamment l’existence des tours construites par les habitants, qui font donc partie de l’identité urbaine de Châteauneuf.

"Plurimum jam dictae civitati confert Castri Novi contigua affinitas, cujus viri adeo

illustres, ut auri et argenti, varii et grisii, diversarum insuper specierum et totius mundialis gloriæ copia exuberantes purpurati incedunt. Duatricem pecuniam obstupescunt, affluentibus divitiis. Quorum domus fere omnes turritæ, munitæ propugnaculis in cœlum porriguntur. Quorum mensas quotidianus et varius ferculorum splendor exornat. Nemo ferme ex eis in poculis scyphym nisi argenteum et aureum novit. In chartis, aleis et avibus cœli ludunt. Hilares et munifici, hospitum susceptores, Deo, honorificentiæ, pauperibus maxime debita in dies exsolvunt. Patroni sui, beati videlicet Martini, et aliorum sanctorum ecclesias mirifico tabulatu lapideo, et arcubus cælatis construunt. Ligeri, Caro et aliis circumfluentibus aquis pontes petrinos miri sumptus et decoris superædificantes viantibus, naulo cessante, transitum præbent."

"Les habitants de Châteauneuf sont riches et fastueux, ils s’habillent avec les étoffes et

les fourrures les plus précieuses. Leurs maisons crénelées sont ornées de tours élevées. Toujours dans les festins, ils boivent dans des coupes d’or et d’argent. Leurs jeux sont les chats, les dés et la chasse à l’oiseau. Ils élèvent des églises en pierre avec des arcades sculptées, et jettent sur la Loire, le Cher et les rivières voisines des ponts en pierre." (édition et traduction dans Salmon 1854 : XCVII et 298)

La richesse architecturale de Châteauneuf, notamment en ce qui concerne l’habitat

privilégié, a permis des analyses sérielles d’édifices mettant en évidence des types d’habitats spécifiques par leur architecture et leur position dans la ville. De plus, l’étude de l’architecture, associée à l’analyse des sources écrites médiévales et de la morphologie urbaine, a permis de préciser les modalités de l’occupation à Châteauneuf au Moyen Age, tant du point de vue social et politique que du point de vue matériel. La confrontation et le croisement des différentes méthodes d’analyse de la ville permettent donc de compléter l’étude de la fabrique urbaine et le fort potentiel architectural de Châteauneuf implique la possibilité de nouveaux apports.

6 La datation de 1175 a été établie par S. Farmer (Farmer 1991 : 306-308) : elle concerne la troisième partie de la Narratio de commendatione Turonicae Provinciae, contenant une description de Châteauneuf et l’histoire de la basilique Saint-Martin, traduite partiellement par André Salmon en 1854 (Salmon 1854 : XCVII et 298).

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