Maladie de Kaposi Juliette Pavie Service de Maladies Infectieuses et Tropicales Hôpital Saint Louis Paris
Jan 02, 2016
Maladie de Kaposi
Juliette PavieService de Maladies Infectieuses et TropicalesHôpital Saint Louis Paris
Human Herpes Virus 8
• Apparenté à la sous famille gammaherpesviridae • Virus à ADN double brin• Séquences oncogènes: ORF71, ORF72, ORFK2
(proche EBV: transmission, oncogènicité)• Découvert dans lésions Kaposi-Sida• Impliqué dans 2 autres maladies souvent associées
au VIH– Maladie de Castelman multifocale (virémie élevée lors
des poussées )– Lymphome des séreuses
Épidémiologie HHV8
• 90 % séroprévalence Kaposi/Sida
• 20 % séroprévalence homosexuels/VIH sans Kaposi en France
• Prévalence chez sujets sains:– 2 % France– 4 % en Italie– 20 % à Taïwan– 90 % en Cote d’Ivoire
Transmission
• HHV8 se retrouve dans la salive pas dans le sperme
• Transmission sexuelle (oro-génitaux et oro-anaux), salivaire et sanguine
• Transmission horizontale intra-familiale et materno-fœtale en Afrique et Guyane (séroprévalence élevée)
Atteinte cutanée (95% des cas): 4 formes
• Méditerranéenne– Décrite par Kaposi en 1872: « hémangiosarcome
multifocal et pigmenté »– Homme, >50 ans, bassin méditerranée– Lésions localisées au membres inférieurs– Atteinte lymphatique associée fréquente
(élephantiasis kaposien)– Atteintes osseuses satellites classiques– Atteinte viscérale exceptionnelle– Évolution lente: survie>20 ans
• Africaine – Afrique équatoriale ou de l’Est– Formes nodulaires
• La plus fréquente, homme, 30 à 70 ans, prédominant sur les membres, évolution lente
– Forme floride• Évolution rapide, volumineuses lésions tumorales, extension
osseuse
– Forme infiltrante– Forme lymphadénopathique
• Épargne le peau, touche les enfants• Évoluant vers la mort en 1 an environ
• Immunodépressions acquises iatrogènes– Greffés rénaux et cardiaques sous
immunosuppresseurs– 500 fois plus fréquente/population générale
– Disséminée
• Au cours du Sida– Diminution prévalence comme manifestation
inaugurale– 20 000 fois plus fréquente/population générale avant
HAART– Incidence effondrée depuis 1996 (HAART)
• Formes moins agressives• Diminution mortalité et morbidité)
Musée des moulages Hopital Saint Louislésion de Kaposi nodulaire
Kaposi chez VIH+
Manifestations extra-cutanées du Kaposi au cours VIH
• Cavité buccale (1/3 cas)
• Ganglionnaires +/- HSM associées
• Digestives
– 40% au diagnostic et 80% à l’autopsie même en l’absence de lésion cutanée
– Macules, plaques, nodules, rouges ou angiomateux
– Rares hémorragies digestives graves, perforation ou occlusion
• Pulmonaires
– Toux sèche, dyspnée,crachats hémoptoiques, hypoxie-hypocapnie
– Infiltrats interstitiels, nodules, adénopathies médiastinales, épanchements pleuraux
(Gruden Radiology 1995)
– Scanner plus discriminant : micro ou macro nodules souvent spiculés, dans les parties externes ou sous pleuraux, épaississement péribronchovasculaire
– Fibroscopie bronchique : lésions bronchiques angiomateuses, LBA : Augmentation des sidérophages
Diagnostic: histologique
• Prolifération de cellules fusiformes
• Angiogenèse importante (nodules du derme moyen) coloration de Perls positive
• Infiltrat lymphoplasmocytaire
• Cellules fusiformes expriment facteur VIII Willebrand et CD34+
• PCR HHV8 ou immunohistochimie HHV8
(Kanitakis Br J Dermatol, 1996)
Pronostic
• Localisation clinique : plus grave si atteinte palatine, localisations viscérales
• Taux de CD4 au moment du diagnostic (cut off à 200)
• Association à d’autres infections opportunistes
• Contrôle immuno virologique sous traitement antirétroviral
Traitement
• Restaurer l’immunité (HAART)+++– Améliore la réponse immunitaire contre
HHV8– Action directe possible anti-angiogénique
des inhibiteurs de protéases (Cattelan Eur J Cancer 1999, Stebbing Int J STD AIDS
2003)
– 50% des patients ont une rémission complète sous HAART seul
Traitements locaux : formes peu évolutives, pauci-lésionnelles: intérêt esthétique
– Cryothérapie (si lésions < 1cm)– Azote liquide– 80 % rémissions complètes
– Cryochirurgie (lésions entre 1 et 3 cm)– Protoxyde d’azote– Séquelles: hypochromie et atrophie– Plus efficace et réponse plus prolongée que cryothérapie
– Radiothérapie (dose cumulée de 30 gray)– Coûteux/ tt par le froid– Efficacité et tolérance moindre/ tt par le froid– 74 % de réponse– réactions cutanées sévères 5%
– Chimiothérapie locale: vinblastine– lésions de moins de 2 cm et lésions buccales– 70 % de bonnes réponses
Traitements généraux• Effet suspensif, apparition résistance secondaire• Indication en dehors des formes engageant le
pronostic vital doit être discutée après 3 mois de HAART efficace
• Si indication, choix fonction des CD4, si CD4<250/mm3 :– Bléomycine : 10-15 mg IM ou IV tous les 15 jours – ABV (adriamycine, bléomycine,vincristine)– Anthracyclines liposomiales (doxorubicine,
daunorubicine)– Taxanes (paclitaxel, docetaxel)
Di Lorenzo and al, Lancet Oncol 2007
Immunothérapie
• Interféron alpha:– Plus efficace chez patients avec plus de 250
CD4/mm3
– A la posologie de 9 à 18 MUI par jour pendant 8 semaines puis traitement d’entretien avec 2 à 3 injections hebdomadaires
– Réponse clinique entre 33 et 63%
– Effet indésirable :Syndrome psudo grippal, leuconeutropénie et thrombopénie