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Jeudi 11 juillet 2013 - 08 h 54 [GMT + 2]
NUMERO 340Je naurais manqu un Sminaire pour rien au monde
PHILIPPE SOLLERS
Nous gagnerons parce que nous navons pas dautre choix AGNS
AFLALO
www.lacanquotidien.fr
Mariana Otero, une intervenante camra au Courtil
Entretien ralis par Antoine De Baecque
Quelle tait votre ide de dpart, avant d'aboutir votre film A
ciel ouvert ?
Le territoire de ce que lon nomme la folie ma toujours intrigue,
fascine, voire effraye, et en mme temps jai toujours pens
confusment que lon pouvait y comprendre quelque chose et, mme plus,
que la folie avait quelque chose nous apprendre. Aprs Entre nos
mains [NdR : dernier flm de la ralisatrice], jai voulu me
confronter cette altrit contre laquelle la pense rationnelle semble
devoir buter.
Je me suis alors rendue dans de nombreux foyers et institutions
pour handicaps mentaux . Au cours de ces longs reprages, jai
dcouvert la frontire franco-belge, un Institut Mdico-Pdagogique
pour enfants quasi unique en son genre en Europe, le Courtil.
Lide inaugurale de cette institution est que les enfants en
souffrance psychique ne sont pas des handicaps qui il manquerait
quelque chose pour tre comme les autres. Au contraire, au Courtil,
chaque enfant est avant tout considr par les intervenants comme une
nigme, un sujet qui possde une structure mentale singulire,
cest--dire une manire originale de se percevoir, de penser le monde
et le rapport lautre. Les intervenants, en abandonnant tout a
priori et tout savoir prtabli, essaient de comprendre la singularit
de chaque enfant afn de laider inventer sa propre solution, celle
qui pourra lui permettre de trouver sa place dans le monde et dy
vivre apais. Jai donc rencontr l une manire extraordinaire de
penser, de vivre avec la folie, et une institution humainement
enthousiasmante car elle met au cur de son travail le sujet, sa
singularit, et parie sur linvention pour trouver des solutions.
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Y a-t-il eu une exprience dcisive, qui vous a montr que le film
tait possible ?
Jai centr le flm sur une partie seulement du Courtil, mais en
ralit, cest un trs grand tablissement : 150 intervenants sy
ctoient, pour 250 enfants, adolescents ou jeunes adultes rpartis en
plusieurs groupes dans diffrents espaces. Jai fait la premire
priode de reprages avec Anne Paschetta qui mavait prsent le Courtil
et avec qui jai crit le projet de flm. Nous avons pass pas mal de
temps entre juin et novembre 2011 aller dun groupe lautre,
rencontrer les enfants et les intervenants, partager les repas, les
ateliers, les diffrents moments de vie, et aussi, assister aux
runions hebdomadaires de chaque groupe.
Au dpart, si javais bien compris le principe de base de cette
institution, et cest ce principe qui mavait sduite, le quotidien
restait trs droutant. Je ne comprenais rien au comportement des
enfants : avant dassister soudain une crise, ou la manifestation
vidente dune souffrance, je ne saisissais pas o tait la folie de
certains dentre eux. Le travail des adultes me semblait aussi
obscur. Par exemple, je ne comprenais pas ce que faisaient les
enfants latelier musique. Je voyais bien quils napprenaient pas
faire de la musique, que l ntait pas lobjectif, mais quel tait-il ?
Cette sensation de regarder et de ne pas arriver voir, dobserver
sans arriver saisir les enjeux, ni ceux des enfants ni ceux des
adultes tait trs perturbante.
Cest seulement en parlant avec les intervenants, en les coutant
sinterroger sur les enfants, au cas par cas, pendant les runions
hebdomadaires, que jai commenc voir, ce qui jusque-l tait rest mes
yeux opaque et mystrieux. Jai peru la logique propre, la structure
et la cohrence du monde de chaque enfant. Les interventions au
quotidien des adultes mont sembl la fois moins tranges et moins
banales. Ces premires semaines ont constitu une exprience
extraordinaire, celle dun lent dvoilement, comme la dcouverte dun
territoire inconnu, celui de la folie. Alors, jai commenc imaginer
un flm dont lenjeu serait de faire vivre au spectateur cette
incroyable exprience de dessillement du regard que je venais
moi-mme de vivre.
Comment avez-vous t reue au Courtil ?
Jai dabord rencontr lquipe de direction et la coordination du
Courtil qui rassemble les responsables thrapeutiques des diffrents
groupes. Je leur ai parl de mes recherches, de mes reprages dans
plusieurs foyers, mais je leur ai parl surtout de ma manire de
travailler comme cinaste qui implique beaucoup de temps de reprages
et de temps dimmersion. Je leur ai aussi montr mes prcdents flms.
Ce sont tous ces lments qui leur ont donn confance et qui, du coup,
je crois, les ont convaincus de me laisser faire les premiers
reprages dans leur institution. Nous tions dans une relation de
confance. Au dpart, par exemple,
avant de voir comment je travaillais, ils ne souhaitaient pas
que je flme les enfants. Dailleurs, je ntais pas sre que cela soit
ncessaire non plus. Mais plus je percevais ce qui se jouait au
Courtil, plus je prenais conscience quil serait sans intrt de faire
le flm sans les enfants : les allers et retours entre les runions,
les analyses et le quotidien allaient forcment structurer le flm
comme il avait structur mon regard. Du ct de la direction du
Courtil et des intervenants, une fois la confance et le dialogue
installs, ils ont considr que ma prsence de cinaste au sein des
groupes de vie et des
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ateliers ne drangerait pas, mais quau contraire elle allait
pouvoir apporter quelque chose au travail, aux trouvailles et
inventions des enfants. Je serais une intervenante parmi dautres,
une intervenante camra qui pouvait tre prise parti tantt par les
enfants et tantt par les intervenants.
Au Courtil, ma prsence tait envisage, et cest assez exceptionnel
et unique pour tre soulign, comme un lment de la vie, du travail.
Jamais dans mon parcours de cinaste, ma place et, travers moi, la
place du regard navaient t interroges comme elles allaient ltre
ici.
Pourquoi avoir choisi plusieurs enfants et ne pas vous tre
centre sur un ou deux ?
Bien sr, j'aurais pu envisager de centrer le flm autour dun
enfant. Mais en gnral je naime pas faire reposer mes flms sur un
seul personnage, car jai limpression de faire peser alors sur lui
un poids trop lourd. Je prfre mler lintimit et lmotion de plusieurs
personnages. De leur conjugaison peut alors se dgager une rflexion
plus large. Dans le cas de A ciel ouvert, raconter lhistoire dun
seul enfant naurait pas permis de mettre au centre du flm une
comprhension plus gnrale de la folie. La multiplication des
personnages tait indispensable pour faire vivre au spectateur
lexprience du regard et de la pense qui est lorigine du projet.
Comment avez-vous choisi les enfants et les intervenants du film
?
Une fois certaine de pouvoir faire le flm, j'ai effectu, toute
seule cette fois-ci, et toujours sans camra, une deuxime immersion
quasi quotidienne de fvrier mars, dans la perspective prcise du
tournage venir.
Pour aller plus loin dans la comprhension des enfants et des
interventions des adultes, il fallait que je choisisse un groupe
particulier. Aprs avoir pass du temps dans les diffrents groupes,
je me suis recentre sur le groupe Capi , celui dans lequel les
enfants sont les plus jeunes, entre 4 et 16 ans. Ce groupe vit dans
un ancien corps de ferme, l o le Courtil est n, il y a 30 ans. La
responsable thrapeutique, Vronique Mariage, y travaille depuis sa
fondation. Elle y a cr un atelier semblant et un atelier jardin qui
sont assez exemplaires de ce que je voulais flmer. J'ai senti aussi
quelle avait trs
envie de transmettre une manire de travailler quelle avait
dveloppe et fait voluer depuis toutes ces annes avec son quipe. Et
puis jai bien accroch avec les enfants et les intervenants de ce
groupe : d'une manire gnrale, comme pour mes autres flms, je flme
ceux avec qui il y a rencontre. []
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Comment avez vous imagin le film ?
Je savais, au dpart, trs clairement ce que je voulais que le flm
raconte au fnal, mais comment y arriver restait, mme une fois le
projet crit, diffcile dterminer. Car, dans un lieu comme le
Courtil, o cest le sujet et ses inventions qui sont au centre, les
histoires de chaque enfant sont toujours diffrentes et il est
impossible de prvoir les vnements. De plus, limportance des
vnements se saisit, svalue bien aprs quils aient eu lieu, au regard
de lvolution de lenfant cest--dire dans laprs coup .
Au Courtil, on peut dire que les histoires scrivent rebours. Ce
qui est tout fait droutant vertigineux mme. Filmer en documentaire,
cest en gnral quelque chose qui se construit par le regard, bien
avant le tournage : il sagit de voir, davoir une vision et de
prvoir. [] Pour A ciel ouvert il en allait tout autrement. []
Certes javais aiguis mon regard durant mes reprages, je voyais
mieux que quand jtais arrive au Courtil. Mais ma capacit de
prvision sarrtait l. Javais une petite longueur davance sur les
vnements qui allait me permettre de les flmer peu prs justement,
mais je navais pas de visibilit au-del.
Comment sest droul le tournage sur la dure ?
Jai tourn beaucoup pendant trois mois dans une concentration
absolue, la camra accroche moi huit heures par jour, avec la
sensation que chaque instant pouvait tre prcieux. De plus, pour
arriver flmer les scnes, il fallait que joublie mes repres
habituels qui me permettent de jauger limportance dun vnement et ce
qui sy joue. Au Courtil, ces repres ntaient pas forcment justes et
auraient pu me faire passer ct de lessentiel. Pour conserver cette
acuit du regard, pour tre juste dans le tournage de chaque scne, il
fallait que je sois prsente quotidiennement auprs des enfants et
des intervenants. Je ne tournais pas tout mais je restais toujours
avec eux, sur le qui-vive.
Au fur et mesure du tournage, je percevais limportance de
certaines scnes que je compltais alors avec dautres scnes, qui
elles-mmes prenaient une autre valeur la semaine suivante. En fait,
ce fut un tournage compltement atypique passionnant et trs diffrent
de tout ce que javais pu vivre jusque-l.
Comment ont ragi les adultes et les enfants la prsence de la
camra ?
Les adultes ont intgr ma prsence dans leur travail. Cela a t
plus facile pour certains que pour dautres. Et jai flm plutt ceux
qui se sentaient laise avec mon regard. Pour les enfants, nous
savions avant de commencer le tournage que la relation la camra
allait tre trs particulire et directement lie leur manire singulire
de vivre leur relation lautre, au corps et au monde.
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Parce que je savais que la relation la camra, cest--dire au
regard, pouvait tre centrale, jai choisi, dans les scnes avec les
enfants, de travailler seule, sans mon ingnieur du son. Jai dcid de
porter la camra attache au corps grce un systme d'harnachement lger
et souple, que je navais jamais utilis auparavant, lEasyrig. J'tais
devenue un corps-camra. Et mme quand je ne flmais pas, je portais
tout cet attirail.
Y a-t-il eu des diffrences dans leur relation la camra ?
Oui, ds le dbut du tournage, soit ni moi ni la camra nexistions,
soit les enfants sadressaient moi comme si je navais pas de camra,
soit ils ne sintressaient qu la camra. Dune certaine manire, pour
eux, il ny avait pas de hors-champ. Cest pourquoi, loccasion, les
interactions des enfants avec moi et avec la camra ont pu tre
commentes dans les runions et les supervisions au mme titre que
tout autre lment dun atelier.
Dans tous les cas, il ny avait chez ces enfants ni narcissisme,
ni gne, ni honte, ni timidit : leur image, le rendu de leur image
leur importait peu. Cest leur rapport lautre ou au regard qui tait
directement en jeu, qui pouvait les agresser ou, au contraire, les
apaiser.
Prenons lexemple dEvanne. Pour lui, au dbut du tournage, la
camra nexistait pas, et ctait comme si jtais transparente. Puis,
peu peu, en mme temps quil changeait, que lautre commenait prendre
consistance pour lui, jai vu quil commenait me voir, voir la camra.
Aussi, la premire fois quil a eu un regard camra jai t trs mue : il
racontait un changement chez Evanne, il avait une valeur, bien
diffrente de tous les autres regards camra que javais pu flmer
jusque l.
Pour Alysson, qui pendant les reprages navait quasiment pas fait
attention moi, ma prsence silencieuse de camrawoman est devenue trs
importante. Les intervenants et moi avons eu limpression que la
camra rassemblait le corps dAlysson et lui permettait de le mettre
en mouvement. L aussi, il sest pass quelque chose de trs fort qui
ma fait penser au rapport que les acteurs peuvent entretenir avec
la camra : non pas dans le dsir dtre vus, qui nest srement pas
fondamental, mais relativement une fonction qui est plus
essentielle : elle les rassemble.
La relation la camra tait ici trs forte, trs signifante , cest
pourquoi tout fait logiquement elle a pris une place dans le
montage fnal du flm.
Comment s'est pass le montage du film et comment sest labore la
construction ?
Au fnal, jai flm 180 heures (pour Entre nos mains, jen avais flm
60 sur la mme dure de tournage. [] Au bout de quatre mois de
montage, nous avions quatre heures qui rassemblaient des scnes
construites partir des quatre personnages principaux : Jean-Hugues,
Alysson, Evanne et puis Amina. []
Lcueil aurait t de devenir didactique : le flm devait rester une
exprience et non pas une leon. Plus que de donner des explications,
lessentiel pour moi tait de faire vivre au spectateur lexprience de
la comprhension, cest--dire aussi lmergence dun regard. Le flm ne
pouvait faire lconomie du temps : le temps de linterrogation
dabord, puis celui de la dcouverte et enfn celui de la
comprhension.
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Avec Nelly Quettier, la monteuse, nous ne voulions pas, par
exemple, faire lconomie dun dbut droutant. Cest pourquoi, nous
avons dcid de ne donner aucune explication sur le lieu ou sur les
enfants, afn que le spectateur ait le sentiment de plonger dans un
univers diffrent, non identifable. []
Pourquoi n'avoir pas intgr les parents au film ?
Cest un choix de ralisation que jai fait ds les reprages. Au
Courtil, les intervenants sont en contact rgulier avec les parents
et les rencontrent individuellement au moins une fois ou deux par
trimestre. Par contre les parents ne rentrent pas dans les groupes
ou les chambres sauf exception.
Jaurais donc pu flmer quelques runions entre intervenants et
parents. Mais alors la problmatique des parents risquait de prendre
le pas sur celle des enfants. Or je voulais que le flm reste centr
sur les enfants et leur manire de vivre le monde.
Mais, avant le tournage, jai assist des entretiens et jai
rencontr les parents pour leur parler du flm. Je leur ai aussi
montr le flm termin. Parfois ils y ont dcouvert des aspects de
leurs enfants quils ne connaissaient pas.
Une dernire chose frappe dans le film, la prsence de la
nature
La nature est toute proche, juste l derrire les btiments, le
jardin, les champs, le canal, souvent balays par le vent. Les
enfants sont extrmement sensibles la nature, aux animaux, la terre,
au ciel. La question du vivant, de ces corps qui grouillent sous la
terre, ou encore de ce qui sy mange ou pas, mais aussi de ce ciel
immense et sans limites que traversent parfois des avions sans
ailes , des nuages et des orages, tout cela proccupe ou ravit les
enfants. Lorganisation de leur monde, lapprhension parfois
problmatique de leur corps, passe par lapprhension de la nature
elle-mme. Cest particulirement flagrant pour Alysson, mais aussi
pour Evanne. Cest pourquoi jai voulu intgrer les paysages, la terre
et le ciel dans le flm. Et puis, au dbut du tournage, pour me
parler de ces enfants, un des intervenants a repris lexpression de
Lacan en me disant quils ont un inconscient ciel ouvert .
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Dcouvrir CIEL OUVERT, le film de Mariana OteroSamedi 14
septembre 2013 de 14:00 minuit Tournai, Belgique (30' de Lille)
Le Courtil, projet d'accueil et d'accompagnement pour enfants et
jeunes accueillis en service rsidentiel ou en accueil de jour,
orient par la psychanalyse et les enseignements de Sigmund Freud,
Jacques Lacan et Jacques-Alain Miller. Le Courtil, fond par le Dr
Alexandre Stevens, fte ses 30 ans.
A cette occasion les familles, les professionnels et les amis du
Courtil sont invits une projection prive du flm de Mariana Otero, A
CIEL OUVERT, tourn au Courtil en 2012. Ce flm sortira en salle
offciellement le 8 janvier 2014.
Un dbat avec la ralisatrice suivra le film, un cocktail clturera
l'vnement.Entre 6 euros. Nombre de places limit. Infos et
rservation : www.lecourtil.eventbrite.fr
Si vous souhaitez programmer le flm dans votre rgion contactez
la maison de diffusion : Archipel 33,
[email protected] 01 82 28 98 40
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3e PLAN AUTISMELettre ouverte Madame Marisol Touraine du Pr
Bernard Golse *
* Chef du service de Pdopsychiatrie de l'enfant et de
l'adolescent l'hpital Necker Enfants Malades
Paris le 27 mai 2013
Madame la Ministre,
Je me permets de vous crire car vous avez eu lamabilit daccuser
rception de louvrage que je vous ai fait parvenir, intitul : Mon
combat pour les enfants autistes , paru aux Editions Odile JACOB au
dbut de lanne 2013.
Jai t auditionn le 16 mai 2013 par la Mission dinformation sur
la Sant Mentale cre en 2012 au sein de la Commission des Affaires
Sociales de lAssemble Nationale sur lavenir de la Psychiatrie et de
la Pdopsychiatrie, et je voulais vous dire, comme je lai dit dans
le cadre de cette audition, quel point, avec une immense majorit de
mes collgues pdopsychiatres, nous avons t scandaliss par le 3me
plan autisme qui vient dtre publi sous la direction de Madame
Marie-Arlette CARLOTTI, Ministre dlgue auprs de la Ministre des
Affaires Sociales et de la Sant, charge des personnes handicapes et
de la lutte contre lexclusion.Je dirige le service de
Pdopsychiatrie de lHpital Necker-Enfants Malades et ce titre, je
suis responsable de lun des six centres dvaluation et de diagnostic
de lautisme et des troubles envahissants du dveloppement, rattachs
au C.R.A.I.F (Centre de Ressources Autisme Ile de France).
Nous esprions beaucoup du changement du gouvernement pour
pouvoir revenir une position raisonnable propos de cette pathologie
extrmement douloureuse. Lobjectif principal de mon livre est
prcisment dessayer dapaiser les conflits et de plaider pour une
prise en charge multidimensionnelle et intgrative des enfants
autistes, du fait mme de lorigine polyfactorielle de cette
pathologie.
Jai eu loccasion den parler successivement avec Madame Aurore
LAMBERT1, avec le Pr Olivier LYON-CAEN2, avec Madame Ccile
COURREGES3, avec Monsieur Axel CAVALERI4, et enfn avec Madame Marie
DERAIN la dfenseure des enfants. Jai trouv une coute trs attentive
chez chacun de ces interlocuteurs qui mavaient tous assur quil
ntait plus question pour lEtat de sengager dans des polmiques et
des clivages interprofessionnels qui ne sont fnalement que le fruit
de certains lobbyings politiques, commerciaux et
journalistiques.
1 Conseillre Citoyennet, Accs aux droits et Relation avec les
associations au cabinet de Madame Marie-Arlette CARLOTTI jusquau 18
avril 2013, avant de rejoindre le cabinet de Madame Marisol
TOURAINE2 Conseiller spcial pour la Sant auprs de la Prsidence de
la Rpublique.3 Conseillre technique charge de la Sant/autonomie au
cabinet du Premier Ministre.4 Directeur de cabinet de Madame
Marie-Arlette CARLOTTI
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Nous avions donc beaucoup despoir.
Or la lecture de ce 3me plan nous montre quil est en quelque
sorte plus dangereux encore que les prcdents. Ceci reprsente
vraiment pour nous une trs grave dception, mais les enjeux vont, me
semble-t-il, bien au-del de lautisme, et cest ce que jaimerais vous
faire percevoir par ce courrier.
Il y a dabord la libert de choix des parents qui nest plus
respecte. Quelle autre discipline mdicale accepterait de voir lEtat
lui dicter ses contenus daction ? Pensez-vous vraiment que les
cardiologues accepteraient que lon vienne choisir leur place le
mdicament de linfarctus du myocarde ?
Quand les C.R.A. (Centre de Ressources Autisme) ont t crs par
Madame la Ministre Simone VEIL, leurs missions avaient t trs
sagement dfnies. Il sagissait de veiller ce que chaque rgion du
pays dispose dquipements suffsants pour les enfants autistes, sur
les trois registres du soin de lducatif et du rducatif.
Il sagissait donc, et cest me semble-t-il la mission principale
de lEtat dans le champ de la mdecine, de veiller la bonne adquation
des contenants daction, mais sans simmiscer dans la question des
contenus daction qui ne peut tre quune affaire de spcialistes.
Aujourdhui, nous allons vers une impasse, car plus lEtat se mle
de dicter aux professionnels leurs contenus daction, plus la libert
de choix des parents se trouve rabote. Mme les recommandations de
la H.A.S. (Haute Autorit de Sant) qui ont suscit tant de ractions
passionnelles propos de la prise en charge des enfants autistes,
insistaient sur une prise en charge intgre. Le 3me plan fait
lapologie du tout ducatif et ceci est parfaitement inadmissible.
Nous aboutissons ainsi un paradoxe car, alors que les parents
denfants autistes plaident activement, et juste titre, pour que
leur enfant soit considr comme un citoyen part entire ayant
notamment le droit dtre scolaris, ce 3me plan va pourtant aboutir
en faire un citoyen amput de sa libert daccs diffrents outils
thrapeutiques disponibles pour tout le reste de la population (je
pense videmment ici, en particulier, aux soins
psychothrapeutiques).
Mais nouveau, jinsiste sur la libert de choix des parents. De
quel droit leur interdire la possibilit de choisir pour leur
enfant, une aide multidimensionnelle incluant une dimension
psychothrapeutique ?
Par ailleurs, nous sommes nombreux craindre la mort programme en
quelque sorte de la pdopsychiatrie.
Celle-ci se fonde en effet sur le vif de la rencontre clinique,
et chaque rencontre doit pouvoir dboucher sur des dcisions
thrapeutiques adaptes et spcifques de chaque situation.
Quand lEtat nous aura dict nos conduites tenir en matire
dautisme, il continuera probablement vouloir le faire en matire
dhyperactivit, de troubles obsessivo-compulsifs et cela sera sans
fn !Que restera t-il de la crativit mdicale ? Que nous restera t-il
enseigner nos tudiants !
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Comment pourrons-nous susciter des vocations et des
enthousiasmes professionnels quand lacte mdical pourra tre remplac
par une simple application de protocoles informatiss ?Au-del de
lautisme, cette drive de la pense politique qui plie lchine devant
certaines positions associatives intransigeantes, me semble faire
le lit dun fonctionnement dshumanis et pr-totalitaire dans le champ
de la mdecine.
Au-del de lautisme, de la pdopsychiatrie, et de la psychanalyse,
cest aujourdhui le soin psychique et lensemble des sciences
humaines qui se trouvent ainsi gravement menacs.
Croyez bien Madame La Ministre, que je regrette profondment
davoir tenir ce langage, mais je ne peux vous dire que ce que je
crois, et lintensit de mes propos est seulement la hauteur de notre
dception quant aux espoirs que nombre dentre nous avions mis dans
le changement rcent de gouvernement.
Trs sincrement et respectueusement vtre. Pr Bernard GOLSE
****
Le Pr Bernard Golse appelle signer une ptition pour la
rengociation du 3e plan autisme avec tous les
professionnels sur
https://secure.avaaz.org/fr/petition/Renegocier_le_3e_plan_autisme_avec_tous_les_professionnels_concernes/
*****
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Courrier
Madame Gisle Perez, 1re Vice-prsidente charge de la solidarit
avec les personnes ges et les
personnes handicapes, Prsidente de la Maison dpartementale des
personnes handicapes de
l'Isre (MDPHI) a adress les propos suivants Dlia Steinmann suite
sa lecture du livre Autisme.
Discours croiss * :
N'tant ni psychiatre ni psychanalyste mais, de par ma
responsabilit au Conseil Gnral, plonge dans les
controverses suscites par les origines de l'autisme et donc les
solutions apporter, j'ai t trs intresse par cet ouvrage.
Il est venu conforter ma position, savoir : n'ayant aucune
certitude sur la (les) cause(s) des diffrentes formes
d'autisme, il ne doit y avoir, pour moi, aucune exclusive pour
une mthode ou une autre. Chaque mthode voire une
combinaison de mthodes peut convenir un enfant mais pas un
autre. Nous devons offrir le panel diversifi de
solutions et les parents choisissent ce qu'ils croient bon pour
leur enfant aprs avoir t clairs.
Je ne suis pas d'accord avec la posture prise par la Ministre
pour le 3e plan Autisme. Elle clive et exacerbe les
extrmismes. Je m'interroge beaucoup sur certaines mthodes qui
pour moi sont une vritable "contrainte" qui rassure
peut-tre les parents mais une question simpose : o sont les
temps de respiration des enfants ?
En 2005 face au besoin de crer de nouveaux foyers pour
accueillir les adultes qui subissent des handicaps associs
l'autisme, le Conseil Gnral a labor et adopt un vritable
"Rfrentiel de bonnes pratiques" pour une aide la
dcision. Ce rfrentiel allie les dimensions : thrapie,
comportementalisme, ducation. Nous l'avons rfchi en
concertation avec les associations et le CADIPA ...
Donnant son autorisation pour publier sa position, Madame Perez
a ajout quelle partage les
arguments de la lettre ouverte de La Main l'oreille ( retrouver
ici)
* Autisme, Discours croiss - Ouvrage dirig par Delia Steinmann,
Paris, Ed. Ccile Defaut, coll. Psyche, mai 2013
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Lacan Quotidienpubli par navarin diteur
INFORME ET REFLTE 7 JOURS SUR 7 LOPINION CLAIRE comit de
direction
prsidente eve miller-rose [email protected]
rdaction et diffusion anne poumellec [email protected]
conseiller jacques-alain miller
rdaction
coordination anne poumellec [email protected]
comit de lecture pierre-gilles gueguen, jacques-alain miller,
eve miller-rose, anne poumellec, eric zuliani
dition ccile favreau, luc garcia, bertrand lahutte
quipe
pour linstitut psychanalytique de lenfant daniel roy, judith
miller pour babel-Lacan Quotidien en argentine et sudamrique de
langue espagnole graciela brodsky-Lacan Quotidien au brsil angelina
harari-Lacan Quotidien en espagne miquel bassols
-pour Latigo, Dalila Arpin et Raquel Cors-pour Caravanserail,
Fouzia Liget-pour Abrasivo, Jorge Forbes et Jacques-Alain
Miller
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batista (lacan quotidien au brsil)designers viktor&william
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acf responsable : philippe benichou
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(amp) em sintonia com a escola brasileira de psicanlise moderator :
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