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   Jeudi 11 juillet 2013 - 08 h 54 [GMT + 2]  NUMERO 340  Je n’aurais manqué un Séminaire pour rien au monde — PHILIPPE  SOLLERS  Nous gagnerons parce que nous n’avons pas d’autre c hoix — AGNÈS AFLALO www.lacanquotidien.fr  –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– –––––––––––––––––––––––––––––––––  ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– –––––––––––––––––––––––––––––––  Mariana Otero, « une intervenante à caméra » au Courtil Entretien réalisé par Antoine De Baecque Quell e était votr e idé e de départ, avant d'a boutir à  votre flm A ciel ouvert  ? Le territoire de ce que l’on nomme « la folie » m’a toujours intriguée, fascinée, voire effrayée, et en même temps j’ai toujours pensé confusément que l’on pouvait y comprendre quelque chose et, même plus, que la folie avai t quelque chose à nous apprendre. Après Entre nos mains [NdR : dernier lm de la réalisatrice]  , j’ai voulu me confronter à cette altérité contre laquelle la pensée rationnelle semble devoir buter.  Je me suis alors rendue dans de nombreux foyers et institutions pour « handicapés mentaux ». Au cours de ces lon gs rep éra ges , j’a i déc ouv ert à la fr ont ièr e fra nco -be lge , un Ins tit ut Médico- Pédagogique pour enfants quasi unique en son genre en Europe, le Courtil. L’idée inaugurale de cette institution est que les enfants en souffrance psychique ne sont pas des handicapés à qui il  manquerait quelque chose pour être comme les autres. Au contraire, au Courtil, chaque enfant est avant tout considéré par les intervenants comme une énigme, un sujet qui possède une structure mentale singulière  , c’est-à-dire une manière originale de se percevoir, de penser le monde et le rapport à l’autre. Les intervenants, en abandonnant tout a priori et tout savoir préétabli, essaient de comprendre la singularité de chaque enfant an de l’aider à inventer sa propre solution, celle qui pourra lui per mettre de trouver sa place dans le monde et d’y vivre apaisé.   J’ai donc rencontré là une manière extraordinaire de penser , de vivre avec la folie, et une institution humainement enthousiasmante car elle met au cœur de son travail le sujet, sa singularité, et parie sur l’invention pour trouver des solutions.
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LQ-340

Oct 07, 2015

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Marco Focchi

psychanalyse et actualité
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  • Jeudi 11 juillet 2013 - 08 h 54 [GMT + 2]

    NUMERO 340Je naurais manqu un Sminaire pour rien au monde PHILIPPE SOLLERS

    Nous gagnerons parce que nous navons pas dautre choix AGNS AFLALO

    www.lacanquotidien.fr

    Mariana Otero, une intervenante camra au Courtil

    Entretien ralis par Antoine De Baecque

    Quelle tait votre ide de dpart, avant d'aboutir votre film A ciel ouvert ?

    Le territoire de ce que lon nomme la folie ma toujours intrigue, fascine, voire effraye, et en mme temps jai toujours pens confusment que lon pouvait y comprendre quelque chose et, mme plus, que la folie avait quelque chose nous apprendre. Aprs Entre nos mains [NdR : dernier flm de la ralisatrice], jai voulu me confronter cette altrit contre laquelle la pense rationnelle semble devoir buter.

    Je me suis alors rendue dans de nombreux foyers et institutions pour handicaps mentaux . Au cours de ces longs reprages, jai dcouvert la frontire franco-belge, un Institut Mdico-Pdagogique pour enfants quasi unique en son genre en Europe, le Courtil.

    Lide inaugurale de cette institution est que les enfants en souffrance psychique ne sont pas des handicaps qui il manquerait quelque chose pour tre comme les autres. Au contraire, au Courtil, chaque enfant est avant tout considr par les intervenants comme une nigme, un sujet qui possde une structure mentale singulire, cest--dire une manire originale de se percevoir, de penser le monde et le rapport lautre. Les intervenants, en abandonnant tout a priori et tout savoir prtabli, essaient de comprendre la singularit de chaque enfant afn de laider inventer sa propre solution, celle qui pourra lui permettre de trouver sa place dans le monde et dy vivre apais. Jai donc rencontr l une manire extraordinaire de penser, de vivre avec la folie, et une institution humainement enthousiasmante car elle met au cur de son travail le sujet, sa singularit, et parie sur linvention pour trouver des solutions.

  • Y a-t-il eu une exprience dcisive, qui vous a montr que le film tait possible ?

    Jai centr le flm sur une partie seulement du Courtil, mais en ralit, cest un trs grand tablissement : 150 intervenants sy ctoient, pour 250 enfants, adolescents ou jeunes adultes rpartis en plusieurs groupes dans diffrents espaces. Jai fait la premire priode de reprages avec Anne Paschetta qui mavait prsent le Courtil et avec qui jai crit le projet de flm. Nous avons pass pas mal de temps entre juin et novembre 2011 aller dun groupe lautre, rencontrer les enfants et les intervenants, partager les repas, les ateliers, les diffrents moments de vie, et aussi, assister aux runions hebdomadaires de chaque groupe.

    Au dpart, si javais bien compris le principe de base de cette institution, et cest ce principe qui mavait sduite, le quotidien restait trs droutant. Je ne comprenais rien au comportement des enfants : avant dassister soudain une crise, ou la manifestation vidente dune souffrance, je ne saisissais pas o tait la folie de certains dentre eux. Le travail des adultes me semblait aussi obscur. Par exemple, je ne comprenais pas ce que faisaient les enfants latelier musique. Je voyais bien quils napprenaient pas faire de la musique, que l ntait pas lobjectif, mais quel tait-il ? Cette sensation de regarder et de ne pas arriver voir, dobserver sans arriver saisir les enjeux, ni ceux des enfants ni ceux des adultes tait trs perturbante.

    Cest seulement en parlant avec les intervenants, en les coutant sinterroger sur les enfants, au cas par cas, pendant les runions hebdomadaires, que jai commenc voir, ce qui jusque-l tait rest mes yeux opaque et mystrieux. Jai peru la logique propre, la structure et la cohrence du monde de chaque enfant. Les interventions au quotidien des adultes mont sembl la fois moins tranges et moins banales. Ces premires semaines ont constitu une exprience extraordinaire, celle dun lent dvoilement, comme la dcouverte dun territoire inconnu, celui de la folie. Alors, jai commenc imaginer un flm dont lenjeu serait de faire vivre au spectateur cette incroyable exprience de dessillement du regard que je venais moi-mme de vivre.

    Comment avez-vous t reue au Courtil ?

    Jai dabord rencontr lquipe de direction et la coordination du Courtil qui rassemble les responsables thrapeutiques des diffrents groupes. Je leur ai parl de mes recherches, de mes reprages dans plusieurs foyers, mais je leur ai parl surtout de ma manire de travailler comme cinaste qui implique beaucoup de temps de reprages et de temps dimmersion. Je leur ai aussi montr mes prcdents flms. Ce sont tous ces lments qui leur ont donn confance et qui, du coup, je crois, les ont convaincus de me laisser faire les premiers reprages dans leur institution. Nous tions dans une relation de confance. Au dpart, par exemple,

    avant de voir comment je travaillais, ils ne souhaitaient pas que je flme les enfants. Dailleurs, je ntais pas sre que cela soit ncessaire non plus. Mais plus je percevais ce qui se jouait au Courtil, plus je prenais conscience quil serait sans intrt de faire le flm sans les enfants : les allers et retours entre les runions, les analyses et le quotidien allaient forcment structurer le flm comme il avait structur mon regard. Du ct de la direction du Courtil et des intervenants, une fois la confance et le dialogue installs, ils ont considr que ma prsence de cinaste au sein des groupes de vie et des

  • ateliers ne drangerait pas, mais quau contraire elle allait pouvoir apporter quelque chose au travail, aux trouvailles et inventions des enfants. Je serais une intervenante parmi dautres, une intervenante camra qui pouvait tre prise parti tantt par les enfants et tantt par les intervenants.

    Au Courtil, ma prsence tait envisage, et cest assez exceptionnel et unique pour tre soulign, comme un lment de la vie, du travail. Jamais dans mon parcours de cinaste, ma place et, travers moi, la place du regard navaient t interroges comme elles allaient ltre ici.

    Pourquoi avoir choisi plusieurs enfants et ne pas vous tre centre sur un ou deux ?

    Bien sr, j'aurais pu envisager de centrer le flm autour dun enfant. Mais en gnral je naime pas faire reposer mes flms sur un seul personnage, car jai limpression de faire peser alors sur lui un poids trop lourd. Je prfre mler lintimit et lmotion de plusieurs personnages. De leur conjugaison peut alors se dgager une rflexion plus large. Dans le cas de A ciel ouvert, raconter lhistoire dun seul enfant naurait pas permis de mettre au centre du flm une comprhension plus gnrale de la folie. La multiplication des personnages tait indispensable pour faire vivre au spectateur lexprience du regard et de la pense qui est lorigine du projet.

    Comment avez-vous choisi les enfants et les intervenants du film ?

    Une fois certaine de pouvoir faire le flm, j'ai effectu, toute seule cette fois-ci, et toujours sans camra, une deuxime immersion quasi quotidienne de fvrier mars, dans la perspective prcise du tournage venir.

    Pour aller plus loin dans la comprhension des enfants et des interventions des adultes, il fallait que je choisisse un groupe particulier. Aprs avoir pass du temps dans les diffrents groupes, je me suis recentre sur le groupe Capi , celui dans lequel les enfants sont les plus jeunes, entre 4 et 16 ans. Ce groupe vit dans un ancien corps de ferme, l o le Courtil est n, il y a 30 ans. La responsable thrapeutique, Vronique Mariage, y travaille depuis sa fondation. Elle y a cr un atelier semblant et un atelier jardin qui sont assez exemplaires de ce que je voulais flmer. J'ai senti aussi quelle avait trs

    envie de transmettre une manire de travailler quelle avait dveloppe et fait voluer depuis toutes ces annes avec son quipe. Et puis jai bien accroch avec les enfants et les intervenants de ce groupe : d'une manire gnrale, comme pour mes autres flms, je flme ceux avec qui il y a rencontre. []

  • Comment avez vous imagin le film ?

    Je savais, au dpart, trs clairement ce que je voulais que le flm raconte au fnal, mais comment y arriver restait, mme une fois le projet crit, diffcile dterminer. Car, dans un lieu comme le Courtil, o cest le sujet et ses inventions qui sont au centre, les histoires de chaque enfant sont toujours diffrentes et il est impossible de prvoir les vnements. De plus, limportance des vnements se saisit, svalue bien aprs quils aient eu lieu, au regard de lvolution de lenfant cest--dire dans laprs coup .

    Au Courtil, on peut dire que les histoires scrivent rebours. Ce qui est tout fait droutant vertigineux mme. Filmer en documentaire, cest en gnral quelque chose qui se construit par le regard, bien avant le tournage : il sagit de voir, davoir une vision et de prvoir. [] Pour A ciel ouvert il en allait tout autrement. []

    Certes javais aiguis mon regard durant mes reprages, je voyais mieux que quand jtais arrive au Courtil. Mais ma capacit de prvision sarrtait l. Javais une petite longueur davance sur les vnements qui allait me permettre de les flmer peu prs justement, mais je navais pas de visibilit au-del.

    Comment sest droul le tournage sur la dure ?

    Jai tourn beaucoup pendant trois mois dans une concentration absolue, la camra accroche moi huit heures par jour, avec la sensation que chaque instant pouvait tre prcieux. De plus, pour arriver flmer les scnes, il fallait que joublie mes repres habituels qui me permettent de jauger limportance dun vnement et ce qui sy joue. Au Courtil, ces repres ntaient pas forcment justes et auraient pu me faire passer ct de lessentiel. Pour conserver cette acuit du regard, pour tre juste dans le tournage de chaque scne, il fallait que je sois prsente quotidiennement auprs des enfants et des intervenants. Je ne tournais pas tout mais je restais toujours avec eux, sur le qui-vive.

    Au fur et mesure du tournage, je percevais limportance de certaines scnes que je compltais alors avec dautres scnes, qui elles-mmes prenaient une autre valeur la semaine suivante. En fait, ce fut un tournage compltement atypique passionnant et trs diffrent de tout ce que javais pu vivre jusque-l.

    Comment ont ragi les adultes et les enfants la prsence de la camra ?

    Les adultes ont intgr ma prsence dans leur travail. Cela a t plus facile pour certains que pour dautres. Et jai flm plutt ceux qui se sentaient laise avec mon regard. Pour les enfants, nous savions avant de commencer le tournage que la relation la camra allait tre trs particulire et directement lie leur manire singulire de vivre leur relation lautre, au corps et au monde.

  • Parce que je savais que la relation la camra, cest--dire au regard, pouvait tre centrale, jai choisi, dans les scnes avec les enfants, de travailler seule, sans mon ingnieur du son. Jai dcid de porter la camra attache au corps grce un systme d'harnachement lger et souple, que je navais jamais utilis auparavant, lEasyrig. J'tais devenue un corps-camra. Et mme quand je ne flmais pas, je portais tout cet attirail.

    Y a-t-il eu des diffrences dans leur relation la camra ?

    Oui, ds le dbut du tournage, soit ni moi ni la camra nexistions, soit les enfants sadressaient moi comme si je navais pas de camra, soit ils ne sintressaient qu la camra. Dune certaine manire, pour eux, il ny avait pas de hors-champ. Cest pourquoi, loccasion, les interactions des enfants avec moi et avec la camra ont pu tre commentes dans les runions et les supervisions au mme titre que tout autre lment dun atelier.

    Dans tous les cas, il ny avait chez ces enfants ni narcissisme, ni gne, ni honte, ni timidit : leur image, le rendu de leur image leur importait peu. Cest leur rapport lautre ou au regard qui tait directement en jeu, qui pouvait les agresser ou, au contraire, les apaiser.

    Prenons lexemple dEvanne. Pour lui, au dbut du tournage, la camra nexistait pas, et ctait comme si jtais transparente. Puis, peu peu, en mme temps quil changeait, que lautre commenait prendre consistance pour lui, jai vu quil commenait me voir, voir la camra. Aussi, la premire fois quil a eu un regard camra jai t trs mue : il racontait un changement chez Evanne, il avait une valeur, bien diffrente de tous les autres regards camra que javais pu flmer jusque l.

    Pour Alysson, qui pendant les reprages navait quasiment pas fait attention moi, ma prsence silencieuse de camrawoman est devenue trs importante. Les intervenants et moi avons eu limpression que la camra rassemblait le corps dAlysson et lui permettait de le mettre en mouvement. L aussi, il sest pass quelque chose de trs fort qui ma fait penser au rapport que les acteurs peuvent entretenir avec la camra : non pas dans le dsir dtre vus, qui nest srement pas fondamental, mais relativement une fonction qui est plus essentielle : elle les rassemble.

    La relation la camra tait ici trs forte, trs signifante , cest pourquoi tout fait logiquement elle a pris une place dans le montage fnal du flm.

    Comment s'est pass le montage du film et comment sest labore la construction ?

    Au fnal, jai flm 180 heures (pour Entre nos mains, jen avais flm 60 sur la mme dure de tournage. [] Au bout de quatre mois de montage, nous avions quatre heures qui rassemblaient des scnes construites partir des quatre personnages principaux : Jean-Hugues, Alysson, Evanne et puis Amina. []

    Lcueil aurait t de devenir didactique : le flm devait rester une exprience et non pas une leon. Plus que de donner des explications, lessentiel pour moi tait de faire vivre au spectateur lexprience de la comprhension, cest--dire aussi lmergence dun regard. Le flm ne pouvait faire lconomie du temps : le temps de linterrogation dabord, puis celui de la dcouverte et enfn celui de la comprhension.

  • Avec Nelly Quettier, la monteuse, nous ne voulions pas, par exemple, faire lconomie dun dbut droutant. Cest pourquoi, nous avons dcid de ne donner aucune explication sur le lieu ou sur les enfants, afn que le spectateur ait le sentiment de plonger dans un univers diffrent, non identifable. []

    Pourquoi n'avoir pas intgr les parents au film ?

    Cest un choix de ralisation que jai fait ds les reprages. Au Courtil, les intervenants sont en contact rgulier avec les parents et les rencontrent individuellement au moins une fois ou deux par trimestre. Par contre les parents ne rentrent pas dans les groupes ou les chambres sauf exception.

    Jaurais donc pu flmer quelques runions entre intervenants et parents. Mais alors la problmatique des parents risquait de prendre le pas sur celle des enfants. Or je voulais que le flm reste centr sur les enfants et leur manire de vivre le monde.

    Mais, avant le tournage, jai assist des entretiens et jai rencontr les parents pour leur parler du flm. Je leur ai aussi montr le flm termin. Parfois ils y ont dcouvert des aspects de leurs enfants quils ne connaissaient pas.

    Une dernire chose frappe dans le film, la prsence de la nature

    La nature est toute proche, juste l derrire les btiments, le jardin, les champs, le canal, souvent balays par le vent. Les enfants sont extrmement sensibles la nature, aux animaux, la terre, au ciel. La question du vivant, de ces corps qui grouillent sous la terre, ou encore de ce qui sy mange ou pas, mais aussi de ce ciel immense et sans limites que traversent parfois des avions sans ailes , des nuages et des orages, tout cela proccupe ou ravit les enfants. Lorganisation de leur monde, lapprhension parfois problmatique de leur corps, passe par lapprhension de la nature elle-mme. Cest particulirement flagrant pour Alysson, mais aussi pour Evanne. Cest pourquoi jai voulu intgrer les paysages, la terre et le ciel dans le flm. Et puis, au dbut du tournage, pour me parler de ces enfants, un des intervenants a repris lexpression de Lacan en me disant quils ont un inconscient ciel ouvert .

    *****

    Dcouvrir CIEL OUVERT, le film de Mariana OteroSamedi 14 septembre 2013 de 14:00 minuit Tournai, Belgique (30' de Lille)

    Le Courtil, projet d'accueil et d'accompagnement pour enfants et jeunes accueillis en service rsidentiel ou en accueil de jour, orient par la psychanalyse et les enseignements de Sigmund Freud, Jacques Lacan et Jacques-Alain Miller. Le Courtil, fond par le Dr Alexandre Stevens, fte ses 30 ans.

    A cette occasion les familles, les professionnels et les amis du Courtil sont invits une projection prive du flm de Mariana Otero, A CIEL OUVERT, tourn au Courtil en 2012. Ce flm sortira en salle offciellement le 8 janvier 2014.

    Un dbat avec la ralisatrice suivra le film, un cocktail clturera l'vnement.Entre 6 euros. Nombre de places limit. Infos et rservation : www.lecourtil.eventbrite.fr

    Si vous souhaitez programmer le flm dans votre rgion contactez la maison de diffusion : Archipel 33, [email protected] 01 82 28 98 40

  • 3e PLAN AUTISMELettre ouverte Madame Marisol Touraine du Pr Bernard Golse *

    * Chef du service de Pdopsychiatrie de l'enfant et de l'adolescent l'hpital Necker Enfants Malades

    Paris le 27 mai 2013

    Madame la Ministre,

    Je me permets de vous crire car vous avez eu lamabilit daccuser rception de louvrage que je vous ai fait parvenir, intitul : Mon combat pour les enfants autistes , paru aux Editions Odile JACOB au dbut de lanne 2013.

    Jai t auditionn le 16 mai 2013 par la Mission dinformation sur la Sant Mentale cre en 2012 au sein de la Commission des Affaires Sociales de lAssemble Nationale sur lavenir de la Psychiatrie et de la Pdopsychiatrie, et je voulais vous dire, comme je lai dit dans le cadre de cette audition, quel point, avec une immense majorit de mes collgues pdopsychiatres, nous avons t scandaliss par le 3me plan autisme qui vient dtre publi sous la direction de Madame Marie-Arlette CARLOTTI, Ministre dlgue auprs de la Ministre des Affaires Sociales et de la Sant, charge des personnes handicapes et de la lutte contre lexclusion.Je dirige le service de Pdopsychiatrie de lHpital Necker-Enfants Malades et ce titre, je suis responsable de lun des six centres dvaluation et de diagnostic de lautisme et des troubles envahissants du dveloppement, rattachs au C.R.A.I.F (Centre de Ressources Autisme Ile de France).

    Nous esprions beaucoup du changement du gouvernement pour pouvoir revenir une position raisonnable propos de cette pathologie extrmement douloureuse. Lobjectif principal de mon livre est prcisment dessayer dapaiser les conflits et de plaider pour une prise en charge multidimensionnelle et intgrative des enfants autistes, du fait mme de lorigine polyfactorielle de cette pathologie.

    Jai eu loccasion den parler successivement avec Madame Aurore LAMBERT1, avec le Pr Olivier LYON-CAEN2, avec Madame Ccile COURREGES3, avec Monsieur Axel CAVALERI4, et enfn avec Madame Marie DERAIN la dfenseure des enfants. Jai trouv une coute trs attentive chez chacun de ces interlocuteurs qui mavaient tous assur quil ntait plus question pour lEtat de sengager dans des polmiques et des clivages interprofessionnels qui ne sont fnalement que le fruit de certains lobbyings politiques, commerciaux et journalistiques.

    1 Conseillre Citoyennet, Accs aux droits et Relation avec les associations au cabinet de Madame Marie-Arlette CARLOTTI jusquau 18 avril 2013, avant de rejoindre le cabinet de Madame Marisol TOURAINE2 Conseiller spcial pour la Sant auprs de la Prsidence de la Rpublique.3 Conseillre technique charge de la Sant/autonomie au cabinet du Premier Ministre.4 Directeur de cabinet de Madame Marie-Arlette CARLOTTI

  • Nous avions donc beaucoup despoir.

    Or la lecture de ce 3me plan nous montre quil est en quelque sorte plus dangereux encore que les prcdents. Ceci reprsente vraiment pour nous une trs grave dception, mais les enjeux vont, me semble-t-il, bien au-del de lautisme, et cest ce que jaimerais vous faire percevoir par ce courrier.

    Il y a dabord la libert de choix des parents qui nest plus respecte. Quelle autre discipline mdicale accepterait de voir lEtat lui dicter ses contenus daction ? Pensez-vous vraiment que les cardiologues accepteraient que lon vienne choisir leur place le mdicament de linfarctus du myocarde ?

    Quand les C.R.A. (Centre de Ressources Autisme) ont t crs par Madame la Ministre Simone VEIL, leurs missions avaient t trs sagement dfnies. Il sagissait de veiller ce que chaque rgion du pays dispose dquipements suffsants pour les enfants autistes, sur les trois registres du soin de lducatif et du rducatif.

    Il sagissait donc, et cest me semble-t-il la mission principale de lEtat dans le champ de la mdecine, de veiller la bonne adquation des contenants daction, mais sans simmiscer dans la question des contenus daction qui ne peut tre quune affaire de spcialistes.

    Aujourdhui, nous allons vers une impasse, car plus lEtat se mle de dicter aux professionnels leurs contenus daction, plus la libert de choix des parents se trouve rabote. Mme les recommandations de la H.A.S. (Haute Autorit de Sant) qui ont suscit tant de ractions passionnelles propos de la prise en charge des enfants autistes, insistaient sur une prise en charge intgre. Le 3me plan fait lapologie du tout ducatif et ceci est parfaitement inadmissible. Nous aboutissons ainsi un paradoxe car, alors que les parents denfants autistes plaident activement, et juste titre, pour que leur enfant soit considr comme un citoyen part entire ayant notamment le droit dtre scolaris, ce 3me plan va pourtant aboutir en faire un citoyen amput de sa libert daccs diffrents outils thrapeutiques disponibles pour tout le reste de la population (je pense videmment ici, en particulier, aux soins psychothrapeutiques).

    Mais nouveau, jinsiste sur la libert de choix des parents. De quel droit leur interdire la possibilit de choisir pour leur enfant, une aide multidimensionnelle incluant une dimension psychothrapeutique ?

    Par ailleurs, nous sommes nombreux craindre la mort programme en quelque sorte de la pdopsychiatrie.

    Celle-ci se fonde en effet sur le vif de la rencontre clinique, et chaque rencontre doit pouvoir dboucher sur des dcisions thrapeutiques adaptes et spcifques de chaque situation.

    Quand lEtat nous aura dict nos conduites tenir en matire dautisme, il continuera probablement vouloir le faire en matire dhyperactivit, de troubles obsessivo-compulsifs et cela sera sans fn !Que restera t-il de la crativit mdicale ? Que nous restera t-il enseigner nos tudiants !

  • Comment pourrons-nous susciter des vocations et des enthousiasmes professionnels quand lacte mdical pourra tre remplac par une simple application de protocoles informatiss ?Au-del de lautisme, cette drive de la pense politique qui plie lchine devant certaines positions associatives intransigeantes, me semble faire le lit dun fonctionnement dshumanis et pr-totalitaire dans le champ de la mdecine.

    Au-del de lautisme, de la pdopsychiatrie, et de la psychanalyse, cest aujourdhui le soin psychique et lensemble des sciences humaines qui se trouvent ainsi gravement menacs.

    Croyez bien Madame La Ministre, que je regrette profondment davoir tenir ce langage, mais je ne peux vous dire que ce que je crois, et lintensit de mes propos est seulement la hauteur de notre dception quant aux espoirs que nombre dentre nous avions mis dans le changement rcent de gouvernement.

    Trs sincrement et respectueusement vtre. Pr Bernard GOLSE

    ****

    Le Pr Bernard Golse appelle signer une ptition pour la rengociation du 3e plan autisme avec tous les

    professionnels sur

    https://secure.avaaz.org/fr/petition/Renegocier_le_3e_plan_autisme_avec_tous_les_professionnels_concernes/

    *****

  • Courrier

    Madame Gisle Perez, 1re Vice-prsidente charge de la solidarit avec les personnes ges et les

    personnes handicapes, Prsidente de la Maison dpartementale des personnes handicapes de

    l'Isre (MDPHI) a adress les propos suivants Dlia Steinmann suite sa lecture du livre Autisme.

    Discours croiss * :

    N'tant ni psychiatre ni psychanalyste mais, de par ma responsabilit au Conseil Gnral, plonge dans les

    controverses suscites par les origines de l'autisme et donc les solutions apporter, j'ai t trs intresse par cet ouvrage.

    Il est venu conforter ma position, savoir : n'ayant aucune certitude sur la (les) cause(s) des diffrentes formes

    d'autisme, il ne doit y avoir, pour moi, aucune exclusive pour une mthode ou une autre. Chaque mthode voire une

    combinaison de mthodes peut convenir un enfant mais pas un autre. Nous devons offrir le panel diversifi de

    solutions et les parents choisissent ce qu'ils croient bon pour leur enfant aprs avoir t clairs.

    Je ne suis pas d'accord avec la posture prise par la Ministre pour le 3e plan Autisme. Elle clive et exacerbe les

    extrmismes. Je m'interroge beaucoup sur certaines mthodes qui pour moi sont une vritable "contrainte" qui rassure

    peut-tre les parents mais une question simpose : o sont les temps de respiration des enfants ?

    En 2005 face au besoin de crer de nouveaux foyers pour accueillir les adultes qui subissent des handicaps associs

    l'autisme, le Conseil Gnral a labor et adopt un vritable "Rfrentiel de bonnes pratiques" pour une aide la

    dcision. Ce rfrentiel allie les dimensions : thrapie, comportementalisme, ducation. Nous l'avons rfchi en

    concertation avec les associations et le CADIPA ...

    Donnant son autorisation pour publier sa position, Madame Perez a ajout quelle partage les

    arguments de la lettre ouverte de La Main l'oreille ( retrouver ici)

    * Autisme, Discours croiss - Ouvrage dirig par Delia Steinmann, Paris, Ed. Ccile Defaut, coll. Psyche, mai 2013

  • Lacan Quotidienpubli par navarin diteur

    INFORME ET REFLTE 7 JOURS SUR 7 LOPINION CLAIRE comit de direction

    prsidente eve miller-rose [email protected]

    rdaction et diffusion anne poumellec [email protected]

    conseiller jacques-alain miller

    rdaction

    coordination anne poumellec [email protected]

    comit de lecture pierre-gilles gueguen, jacques-alain miller, eve miller-rose, anne poumellec, eric zuliani

    dition ccile favreau, luc garcia, bertrand lahutte

    quipe

    pour linstitut psychanalytique de lenfant daniel roy, judith miller pour babel-Lacan Quotidien en argentine et sudamrique de langue espagnole graciela brodsky-Lacan Quotidien au brsil angelina harari-Lacan Quotidien en espagne miquel bassols

    -pour Latigo, Dalila Arpin et Raquel Cors-pour Caravanserail, Fouzia Liget-pour Abrasivo, Jorge Forbes et Jacques-Alain Miller

    traductions chantal bonneau (espagnol) maria do carmo dias batista (lacan quotidien au brsil)designers viktor&william francboizel [email protected] t echnique mark francboizel & olivier ripoll mdiateur patachn valds [email protected]

    suivre Lacan Quotidien : [email protected] liste dinformation des actualits de lcole de la cause freudienne et des acf responsable : philippe benichou

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    [email protected] liste de diffusion de lassociation mondiale de psychanalyse responsable : oscar ventura

  • [email protected] liste de diffusion de la new lacanian school of psychanalysis responsables : anne lysy et natalie wlfing

    [email protected] uma lista sobre a psicanlise de difuso privada e promovida pela associao mundial de psicanlise (amp) em sintonia com a escola brasileira de psicanlise moderator : maria cristina maia de oliveira fernandes

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