Top Banner
This article appeared in a journal published by Elsevier. The attached copy is furnished to the author for internal non-commercial research and education use, including for instruction at the authors institution and sharing with colleagues. Other uses, including reproduction and distribution, or selling or licensing copies, or posting to personal, institutional or third party websites are prohibited. In most cases authors are permitted to post their version of the article (e.g. in Word or Tex form) to their personal website or institutional repository. Authors requiring further information regarding Elsevier’s archiving and manuscript policies are encouraged to visit: http://www.elsevier.com/copyright
51

Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Jan 24, 2023

Download

Documents

Welcome message from author
This document is posted to help you gain knowledge. Please leave a comment to let me know what you think about it! Share it to your friends and learn new things together.
Transcript
Page 1: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

This article appeared in a journal published by Elsevier. The attachedcopy is furnished to the author for internal non-commercial researchand education use, including for instruction at the authors institution

and sharing with colleagues.

Other uses, including reproduction and distribution, or selling orlicensing copies, or posting to personal, institutional or third party

websites are prohibited.

In most cases authors are permitted to post their version of thearticle (e.g. in Word or Tex form) to their personal website orinstitutional repository. Authors requiring further information

regarding Elsevier’s archiving and manuscript policies areencouraged to visit:

http://www.elsevier.com/copyright

Page 2: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

Article original

Le Paléolithique anciende l’Europe orientale et du Caucase

Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Vladimir Borisovich DoronichevLaboratoire de Préhistoire, 14 Liniya 3-11, St Petersbourg, Russie

Résumé

Dans le Caucase du Nord, le site le plus ancien à plus de 600 000 ans (niveau le plus bas de la grotte deTréhougol’naya). Dans la Plaine Russe, l’apparition de l’Homme date de 300 000 ans maximum (ensemblealluvial de Khriatchi) comme dans le site ancien de Korolevo I (niveau VI) situé aux limites occidentales del’Europe Orientale et daté d’environ 350–500 000 ans. Ces données indiquent d’abord que le premierpeuplement des régions du sud de l’Europe Orientale a été assez tardif et ensuite qu’aux mêmes dates (oupresque) l’homme est apparu aux différentes limites de la plaine Est-Européenne, soit au sud, où elle confineavec le Caucase et à l’ouest, où elle confine avec les Karpates. Le complexe de la grotte de Tréhougol’nayaest définie comme un Complexe Prémoustérien. L’observation de l’absence d’industries acheuléennes ou deleur substitution par des industries prémoustériennes sans bifaces acheuléens comme trait particulier dudébut du Paléolithique dans la zone Alpes-Caucase, a été déjà faite au début du siècle par Obermaier, puis estarrivé le concept de la « Movius line ». L’étude de nouveaux sites stratifiés du Caucase (Dmanissi et grotte deTréhougol’naya) attestent non-pas d’un complexe acheuléen, mais que les industries non acheuléennes, sansbifaces, composent une strate culturelle du début du Paléolithique au Caucase. Ce niveau est daté de lapremière apparition de l’Homme au Caucase (1,8 Ma à Dmanissi) jusqu’au milieu du Pléistocène (environ350 000 ans à Tréhougol’naya). Le complexe le plus ancien de Dmanissi est définit maintenant comme uneindustrie pré-oldowayenne. L’ensemble des éléments montre une apparition tardive du complexe acheuléendans la région du Caucase. Les industries acheuléennes les plus anciennes ne peuvent être datées que de350 000 ans au plus. L’analyse des industries du Paléolithique ancien a permis d’exposer une autreinterprétation plus compliquée des origines et de la diffusion du complexe acheuléen au Caucase. Monhypothèse s’appuie sur les thèses exposées ci-dessous: D’une part, des origines différentes des industriesacheuléennes au Caucase. Il serait possible d’envisager les migrations de la population de l’AsieOccidentale avec comme résultat l’apparition d’industries acheuléennes en quantité importante dans lePetit Caucase et dans le Caucase Central. D’autre part, j’admets la possibilité du développement autochtone

www.em-consulte.com

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

L’anthropologie 115 (2011) 197–246

Adresse e-mail : [email protected].

0003-5521/$ – see front matter # 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.anthro.2011.02.008

Page 3: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

au sein d’une formation caucasienne d’une variante acheuléenne koudarienne à bifaces isolés avec à la basedes industries plus anciennes sans bifaces du Complexe Prémoustérien au Sud du Caucase. Enfin,l’existence d’une vaste région culturelle alpo-caucasienne, que je détermine comme Complexe Prémous-térien des industries core-flake-tool, sur laquelle durant le Paléolithique ancien l’Homme n’a utilisé ni latechnologie du biface acheuléen, ni celle du débitage Levallois.# 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Europe de l’est ; Caucase ; Paléolithique ancien ; Sites acheuléens et prémoustérien

Abstract

Currently, only Tréhougol’naya Cave has reliably dated evidence for human settlement in EasternEurope and Caucasus, from the beginning through the middle of the Middle Pleistocene. In Eastern Europe,assemblages from Khriatchi and Mikhailovskoé, and possibly Darvagchai I, appear to be the only stratifiedlocations that tentatively can be compared (despite problems with these materials) with Tréhougol’naya. Inthe eastern limits of Central Europe, layer VI in Korolevo I is the only stratified assemblage that may becompared with Tréhougol’naya. All these Lower Paleolithic occupations yielded the Pre-Mousterian smalltool industries with some pebble tools, but without Acheulean bifaces and Levallois technique. These datasuggest that Eastern Europe lies outside the distribution range of the Acheulean techno-complex demarcatedwith the ‘‘Movius Line’’. In the Southern Caucasus, the Dmanissi hominine and lithic records document thefact that the earliest small-brained humans – probably later H. habilis-rudolfensis or earlier H. ergaster-erectus hominids bearing Pre-Oldowan technology – initially left Africa and appeared in Western Asia asearly as 1.8 Ma ago. However, in the Southern Caucasus, the available chronological data indicate that theAcheulean complex has a later temporal appearance here compared to the Upper Acheulean or Acheulo-Yabrudian in Western Asia. Two main Upper Acheulean industrial variants currently can be recognized inthe Southern Caucasus. The first, called the Kudarian by the author (from the caves of Kudaro I, Kudaro III,and Azyk), is characterized by lithics made from mostly siliceous rocks, rare Acheulean bifaces, and non-Levallois flaking technique. The second variant is characterized by lithics made from volcanic rocks,numerous Acheulean bifaces, and often more laminar or Levallois debitage. It can be suggested that thereare independent origins for these Southern Caucasus Upper Acheulean industrial variants. Possible roots ofthe Acheulean assemblages of Kudarian variant might be in the local earlier Lower Paleolithic small toolassemblages with some pebble tools but without Acheulean bifaces. The other Caucasus variant of theUpper Acheulean appears to be related to the Levantine Upper Acheulean.# 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords: Eastern Europe; Caucasus; Lower Paleolithic; Acheulean and Premousterian sites

1. Introduction

Par ses dimensions, l’Europe Orientale dépasse l’Europe Centrale et l’Europe Occidentale.Cependant, peu de sites prémoustériens ont été découverts sur son territoire malgré tous lesefforts entrepris par les chercheurs. La majorité de ces trouvailles sont issues de ramassages desurface, ce sont des artefacts isolés, récoltés avec des objets plus tardifs. Ce sont les sites deCimbal et Ignatenkov Kutok au Nord-Ouest du Caucase. Souvent, non seulement l’âgegéologique est ancien mais le statut-même des outils en tant qu’objets façonnés par l’Homme estdouteux. Par exemple, il y a encore peu de temps, le site de Gérassimovka, sur la côte de la merd’Azov (Praslov, 1995) était encore mentionné comme l’ensemble le plus ancien duPaléolithique sur le territoire de la Plaine Russe. Les objets (sept pièces) ont été trouvésaprès une sélection des fragments naturels de silex. J’ai démontré par un système des critères que

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246198

Page 4: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

l’ensemble des objets de Gérassimovka et des trouvailles similaires dans d’autres sites ne sontpas des artefacts (Doronichev et al., 2007 ; Doronichev, 2008).

Pourtant, les tentatives de considérer les outils trouvés dans des terrains du type Gérassimovkanaturellement couverts de pierre comme des artefacts et donc comme des preuves d’existenced’une ancienne habitation sont devenues très fréquentes ces dernières années. C’est lié à uneacceptation unanime grâce à Dmanissi (Fig. 1) qui date du début de Pléistocène, l’apparition del’Homme dans la région du Caucase. Depuis 2000, une chasse à de nouveaux sites contenant del’Homme ancien a commencé et particulièrement dans la région du Caucase (c’est ce quej’appelle le « Dmanissi syndrome »). C’est le cas de la découverte du site acheuléen sur le montKinjal, dans la partie centrale du Caucase du Nord (Lioubine et Beliaeva, 2004b), de l’industriede l’oldowayen sur la presqu’île Tamansky, Caucase du Nord-Ouest (Shchelinsky et al., 2010) etdans les montagnes du Daguestan, Caucase du Nord-Est (Amirkhanov, 2007) ou bien des sites dela fin de la première partie, début de la deuxième partie du Pléistocène sur la côte kaspienne duDaguestan, Caucase de l’Est (Derevianko et Zenin, 2008; Anoikin, 2008). L’âge géologique desplus anciennes de ces trouvailles est de plus de 1,5 Ma. Une analyse détaillée (Doronichev, 2008;Doronichev et Golovanova, 2010) de la plupart de ces objets ne permet pas de les considérercomme des artefacts. À mon avis, toutes ces « trouvailles » reflètent un événement devenucollectif ces dernières années qui se manifeste par une négligence des critères typologiques etdans l’aspiration à obtenir une conclusion positive mais impossible.

On connaît les preuves de la présence de l’Homme ancien qui répondent aux critères del’authenticité scientifique seulement dans les chaînes de montagne qui encerclent l’EuropeOrientale. Ce sont les sites stratifié de Korolevo 1 dans les Karpates de l’Ouest et la grotte de

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 199[()TD$FIG]

Fig. 1. Carte des sites paléolithiques inférieurs d’Eurasie.Map of the Lower Paleolithic sites in Eurasia.

Page 5: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

Tréhougol’naya dans le Caucase du Nord (Fig. 1). L’information rassemblée lors des fouillesinterdisciplinaires dans la grotte de Tréhougol’naya a permis d’examiner pour la première fois lesparticularités du début du Paléolithique sur la base des complexes d’artefacts lithiques bien datés.

2. La Grotte de Tréhougol’naya

La Grotte de Tréhougol’naya est située dans le bassin moyen de la rivière Kouban, au Nord-ouest du Caucase. Les fouilles ont été entreprises par l’auteur de 1986 à 2000 (Fig. 2(A)). Ainsi,11 couches du Pléistocène moyen sont présentes dans la grotte, dont sept (de haut en bas, couches4a, 4b, 4c, 4d, 5a, 5c et 7a) possèdent des outils taillés (Fig. 2(B)). Des étudesgéomorphologiques, paléomagnétiques, palynologiques, paléontologiques et zooarchéologiquesont été réalisées. Quarante datations absolues ont été effectuées par la méthode de la résonanceélectro-paramagnétique sur des dents d’animal et des coquilles de mollusque. Tous les résultatsde ces travaux ont été publiés (Doronichev et al., 2004), y compris dans une monographie(Doronichev et al., 2007). Ainsi, le complexe des industries du Paléolithique ancien de la grottede Tréhougol’naya est daté sûrement pour la première moitié du Pléistocène moyen, de 15-me au11-me, stade de l’échelle oxygène isotope, ce qui correspond à l’intervalle entre 600 000 et

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246200

[()TD$FIG]

Fig. 2. Plan de la grotte de Tréhougol’naya et coupe transversale HK. A. Plan de la grotte de Tréhougol’naya. 1 : ligne dubord de la grotte ; 2 : cailloux ; 3 : ligne longitudinale de la grotte ; 4 : fouilles de 1986 ; 5 : fouilles de 1987 ; 6 : fouilles de1988 ; 7 : fouilles de 1990 ; 9 : fouilles de 1991 ; 10 : fouilles de 1995 ; 11 : « ligne de goutte » ; 12 : fouilles de 2000. B.Coupe transversale HK de la grotte de Tréhougol’naya. 1 : couches paléolithiques inférieurs.A. Plan of the Treugol’naya Cave and transversal section HK. A. A plan of Treugol’naya Cave. 1: the Upper Jurassicbedrock; 2: limestone blocks; 3: a longitudinal cave axis; 4: 1986 test pit; 5: 1987 excavation; 6: 1988 excavation; 7:1989 excavation; 8: 1990 excavation; 9: 1991 excavation; 10: 1995 excavation; 11: a drop line; 12, 2000 excavation. B.Transversal section HK in Treugol’naya Cave. 1: Lower Paleolithic deposits.

Page 6: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 201

[()TD$FIG]

Cou

che

Indu

stri

esa

mi lC

enu aFer olF

tD

atat

ions

par

la m

étho

de

Zon

esSt

ades

de

Dat

atio

ns p

ar

lith

ique

sde

rés

onan

ce

mag

nétiq

ues

l’éc

helle

le

s st

ades

de

-i pot osi elleh cé'leuqipot osi

-o rtc eléen ègy xo'l ed e uq

e n èg yxo'l ede uqité nga

m ar ap

463-4 33? 01 edat S

Ied ira

n eilig n iS e uqitsi nuaf e xelpmo

Csterôf sed e ppets

ex elpmo

Ca4

Pré

-Mou

stér

ien

step

pe4b

indu

stri

e de

s ou

tils

Suba

lpin

eC

anis

mos

bach

ensi

s, V

ulpe

s vu

lpes

,fr

oid,

ari

de36

4 ±

11 é

mai

l (L

U)

IIa

Stad

e 11

364

- 42

7su

r é

clat

sU

rsus

(Sp

elae

arct

os)

deni

nger

i,St

ade

11.1

aSt

epha

norh

inus

hun

dshe

imen

sis,

Com

plex

e lim

ite in

féri

eure

Cap

reol

us c

f. C

. sus

senb

orne

nsis

,ch

aud,

hum

ide

Pré-

Mou

stér

ien

des

fôre

tsC

ervu

s el

aphu

s (c

f. a

coro

natu

s),

b1 .11 edatS)

UL ( lia

m é 9 ± 6734c

indu

stri

e de

s ou

tils

Suba

lpin

eB

ison

ex

gr.p

risc

us-s

choe

tens

acki

,)cII r o( bI I

edir a , dio r fsu

r é

clat

s C

apra

ex

gr. C

auca

sica

(gla

ciat

ion

extr

ême)

4dIn

dust

rie

des

nucl

eus/

chop

pers

2 .1 1 e datScII

)U

L ( l iamé 01 ± 814

e dira ,di orfeni plab uS

ne irétsuoM-érP exelp

moC

a5in

dust

rie

des

outil

s (g

laci

atio

n ex

trêm

e)su

r é

clat

s aI II

edimu h ,s ia rf

bI IIse uq sull o

m 7 2 ± 39 3e di

m uh ,d uah c s èrts terôf se d epp ets

b 53. 11 e da tS

)U

L( liamé 5 1 ± 60 4

)m u

mitpo noitaic alg ret ni(cI II

ed ir a ,d iorfeni plabuS

n eirét suoM-érP ex el p

moC

c5in

dust

rie

des

outil

s 474 - 72 4

? 21 edat S)e

mê rt xe noita ic alg (su

r é

clat

s I II

edimuh ,sia rf

d

825 - 47431 e dat S

)U

L ( l iamé 4 2 ± 40 5

ed ira ,d uahcelaci por tbus te rôf

6) la cipor t bus(

e d ir a

126 - 8 6551 ed atS

aV I

se uqs ul lom 5 2 ± 385

e dimuh ,si arf

sed er uei rép us etim il

neir étsuoM-érP exelp

moC

a7in

dust

rie

des

outil

s su

r é

clat

s fô

rets

et s

ubal

pine

b

V Ie dira ,d uahc

st erôf s ed e ppets b7

IVc

Stad

e 16

?62

1-65

9

8ér

osio

n ex

trêm

e

éros

ion

éros

ion

extr

ême

éros

ion

éros

ion

extr

ême

- le

ntill

e R

& β

Fig

.3.

Chr

onol

ogie

dela

grot

tede

Tré

houg

ol’n

aya

(dat

atio

nsab

solu

espa

rla

mét

hode

deré

sona

nce

élec

trop

aram

agné

tiqu

e,le

sre

cher

ches

stra

tigr

aphi

ques

,pal

éom

agné

tiqu

es,

paly

nolo

giqu

es,

palé

onto

logi

ques

).C

hron

olog

yof

the

Treu

gol’

naya

Cav

ede

posi

tsba

sed

onE

SRda

tes,

stra

tigr

aphi

cal,

mag

neti

c,flo

ral

and

faun

alda

ta.

Page 7: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

350 000 ans (Fig. 3). On a pu mettre en évidence quatre complexes culturels chronologiques duPaléolithique ancien.

2.1. Complexe IV (couche 7a)

C’est le plus ancien complexe. Il possède 18 artéfacts, dont la majorité a été trouvée dans lacouche 7a. Sa surface est d’environ 11 m2 et l’épaisseur moyenne de la couche est de 15 cm.Quelques objets remaniés sont issus de la couche 60. Ce complexe se distingue nettement descouches surimposées par l’horizon repère (marqueur) marqué par des cailloux alluviaux (couche6), et qui ne possède pas des objets archéologiques. Cette industrie comporte dix outils sur éclats,cinq petits éclats (moins de 5 cm) sans retouche, au talon lisse et déversé et trois écailles. Lesmatières premières de ces pièces sont variées : roche siliceuse (7), silex (6), quartz (3) et grès (2),dont la majorité n’est pas de provenance locale. Parmi les outils, il y a des racloirs simples (3), unracloir transversal à bout retouché des deux côtés, deux grattoirs épais, un outil denticulé et deuxoutils combinés (Fig. 4). Un petit nombre de pièces, l’absence des nucleus, le pourcentageimportant des outils (plus de 50 %) témoignent du caractère sélectif de l’industrie et de laprésence de courte durée des Hommes dans la grotte. Actuellement, malgré leur faible quantité,ces matériaux présentent un témoignage certain et unique de la présence humaine au début duPléistocène moyen, il y a 600 000 ans sur le territoire du sud de l’Europe Orientale (Fig. 5).

Cette période correspond au stade tempéré OIS 15 qui est corrélé à la période interglaciaireMuchkapskie de l’Europe de l’Est (Bolikhovskaya et Molodkov, 2002). Le territoire de l’Europede l’Est était envahi par des forêts résineuses et latifoliées durant l’optimum interglaciaire, tandisque le Caucase du Nord était occupé, durant cette période, par des forêts latifoliées polidominantes. Cette étape interglaciaire a été suivie par la glaciation du Don de la vallée Russe, quiest la plus grande glaciation du Pléistocène. Pendant la glaciation du Don (OIS 16), les forêt-steppes froides, périglaciaires des steppes et des zones des forêts claires de conifères et debouleaux dominaient au sud de l’Europe de l’Est.

Les autres complexes plus tardifs de Tréhougol’naya (III, II et I) correspondent à une seulepériode chronologique, celle de OIS 11 et est datée de 455 000–430 000 ans à 365 000–

360 000 ans (Fig. 3 et 5). Le stade 11 correspond à la période interglaciaire de Likhvin del’Europe de l’Est. Au cours du Pléistocène moyen, c’était la période la plus chaude en Europe.L’optimum climatique de l’interglaciaire de Likhvin est caractérisé par une expansionimportante, dans les régions centrales de l’Europe Orientale, de la végétation (espècesforestières) thermo- et hydrophile et la formation des paléo sols de forêts et de forêts-steppes ausud-est (Bolikhovskaya et Molodkov, 2002).

2.2. Complexe III (couches 5a et 5c)

Le complexe III de la grotte de Tréhougol’naya compte 27 artefacts, mis au jour dans lescouches 5a et 5c. La surface est de 12 m2 (l’épaisseur moyenne de la couche 5a est de 30 cm,celle de la couche 5c est de 50 cm). Deux pièces ont été récoltées dans la couche stérile 5b qui setrouve entre les couches 5a et 5c. En général, leur matière première, comme dans le cas ducomplexe IV, ne sont pas d’origine locale : roche siliceuse (9), calcaire (9), silex (4), quartz (4) etgrès (1).

Le complexe possède six outils sur éclats, deux macro-outils sur galets, sept petits éclats autalon lisse déversé, quatre fragments de quartz, cinq écailles et trois fragments nucléiforme degalet. Parmi les outils sur éclats, on compte des grattoirs (3) et des outils combinés (2). Les

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246202

Page 8: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 203[()TD$FIG]

Fig. 4. La grotte de Tréhougol’naya. L’industrie lithique du Complexe IV : racloir transversal (1) ; outils combinés (2–

4) ; éclats (5) ; racloir simple concave (6).Treugol’naya Cave. Lithic artifacts from Assemblage IV: transverse side-scraper (1); composite tools (2–4); unretouchedflake (5); simple concave side-scraper with natural back (6).

Page 9: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246204

[()TD$FIG]

Com

plex

esSt

ades

de

l’éc

helle

Dat

atio

ns p

argl

acia

ire

et is

otop

ique

de

les

stad

es d

e l'é

chel

lein

terg

laci

aire

l'oxy

gène

isot

opiq

ue d

e l'o

xygè

ned'

Eur

ope

(OIS

)O

IS (

ka)

613

0-19

0

Saal

ien

719

0-24

4M

ikha

ilovs

koé

?8

244-

301

Pogr

ébhi

? D

ubos

sari

?

930

1-33

4

Hol

stei

nien

1033

4-36

4T

rého

ugol

’nay

a, c

ouch

e 4a

?K

orol

evo,

la c

ouch

e V

I ?

Tré

houg

ol’n

aya,

cou

che

4a-4

cC

ompl

exe

I11

364-

427

Tré

houg

ol’n

aya,

cou

che

4dC

ompl

exe

II

Tré

houg

ol’n

aya,

cou

che

5a, 5

bC

ompl

exe

III

Els

teri

e n12

427-

474

Tré

houg

ol’n

aya,

cou

che

5c?

1347

4-52

8

Cro

mer

ien

1452

8-56

8

1556

8-62

1 T

rého

ugol

’nay

a, c

ouch

e 7a

Com

plex

e IV

Com

plex

e P

ré-M

oust

érie

n

Com

plex

es P

aléo

lithi

que

infé

rieu

r en

Eur

ope

de l'

est

Ach

eulé

en s

upér

ieur

ou

indu

stri

e du

Pal

éolit

hiqu

e m

oyen

ave

c po

inte

s fo

liacé

es

Khr

iach

i, C

ompl

exe

infé

rieu

r ?

Khr

iach

i, C

ompl

exe

supé

rieu

r ?

C

ompl

exe

Pré

-Mou

stér

ien

Com

plex

e P

ré-M

oust

érie

nIn

dust

rie

des

nucl

eus/

chop

per

Com

plex

e P

ré-M

oust

érie

n

Fig

.5.

Chr

onol

ogie

des

site

spa

léol

ithi

ques

infé

rieu

rsen

Eur

ope

del’

est

(sta

des

del’

éche

lle

isot

opiq

uede

l’ox

ygèn

e.).

D’a

près

Ait

ken

etS

toke

s,19

97.

Chr

onol

ogy

ofth

eL

ower

Pale

olit

hic

stra

tifie

das

sem

blag

esin

Eas

tern

Eur

ope

(age

ofO

ISst

ages

(aft

erA

itke

net

Stok

es,

1997

).

Page 10: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

grattoirs ont un bout denticulé ou formé par retouches de racloir. Il y a une limace plate atypiqueou un racloir double (Fig. 6). Les macro-outils sont représentés par un proto-biface et un choppertaillés sur des galets plats calcaire. Le petit nombre de pièces, l’absence de nucléus, un hautpourcentage d’outils (46 %) permettent d’interpréter ces données comme indicateur du séjour decourte durée des Hommes dans la grotte et du caractère sélectif de l’industrie.

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 205[()TD$FIG]

Fig. 6. La grotte de Tréhougol’naya. L’industrie lithique du Complexe III : grattoir (1) ; limace plate atypique (2) ;grattoir double (3) ; outils combinés (4, 5) ; éclats (6) ; grattoir épais (7).Treugol’naya Cave. Lithic artifacts from Assemblage III: end-scraper (1); flat limace (2); double end-scraper (3);composite tools (4, 5); unretouched flake (6); massive end-scraper (7).

Page 11: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

2.3. Complexe II (couche 4d)

Le complexe II compte 70 pièces, dont 37 sont des outils. La majorité des objets (30) de cecomplexe est issus du petit morceau de la couche 4d (1,5 m2, épaisseur : 1,0 m), qui a été fouillécomplètement de 1986–1988. Les autres artéfacts ont été mis au jour dans la lentille b, possédantdes objets remaniés de la couche 4d. Une partie des pièces a été récoltée dans l’éboulis de lacouche 4d. En général, tous les artéfacts du complexe étaient faits de roches locales. Des galetsou des plaquettes de calcaire se trouvent partout sur les pentes autour de la grotte. La technique dudébitage est caractérisée par 15 éclats de petites tailles (< 5 cm), primaires ou demi-primaires,aux talons en cortex ou lisse et déversés ; six galets ayant un ou deux négatifs d’enlèvement, deuxfragments de galet, quelques nucléus sur galet dont deux nucléus à un plan de frappe, deuxnucléus à trois plans de frappe (Fig. 7(1, 2)) et un à deux plans de frappe. Les deux polyèdres encalcaire, un subsphéroïde et un galet de quartz ont servit évidemment de percuteur.

Le complexe II est identifié comme une industrie de chopper. Les outils sur des galetsprésentent 45 % de ce complexe et 81,55 % de tous les outils. Parmi des outils ce sont deschoppers (65 %) qui dominent, dont plus de 70 % sont des choppers latéraux et distaux, aux bordsconvexes, taillés d’un côté (Fig. 7(3, 4)). Un assemblage des autres macro-outils sur galets estprésenté par trois doubles-choppers, quatre choppings, deux racloirs, deux grands unifaceslancéolés (dim. moins de 15 cm), 4 protobifaces (Fig. 8(1, 2, 4)), un outil du type de rabot et unbiface atypique (Fig. 8(3)). Parmi des outils sur galets les protobifaces présentent un groupe leplus expressif du point de vue de la typologie. Ils ne sont pas grands par leurs dimensions et sonttaillés en partie de deux faces, dont l’une est, comme règle, taillée plus intensivement, quel’autre, tandis que leurs talons ne sont pas taillés tout à fait. Dans le groupe des outils sur éclats ily a un racloir transversal, un grattoir, quatre éclats retouchés et un fragment de l’outil.

L’industrie sur galet du complexe II se distingue de celle des complexes plus anciens (IV etIII). Ces distinctions sont exprimées dans l’utilisation des matières premières locales –

notamment des galets et des plaquettes en calcaire ; et dans la présence des nucléus et d’autresmarqueurs du débitage des calcaires sur le territoire du site. En même temps, le pourcentaged’outils du complexe II (54 %) est plus élevé que celui des complexes IV et III. Notons, que lesoutils sur éclats sont rares et les éclats mêmes ne sont pas nombreux (15 éclats en comparaison de11 nucléus et galets ayant des éclats). Tous ces indices témoignent du caractère très sélectif del’industrie. Il est donc évident que l’industrie lithique du complexe II ne montre qu’un des aspectsde l’activité, celle liée à la fabrication des outils (par comparaison) à l’échelle du procès assezcompliqué et diversifié de l’industrie du Paléolithique ancien.

2.4. Complexe I (couche 4a, 4b, 4c)

L’assemblage du complexe supérieur I de la grotte de Tréhougol’naya compte 280 pièces quisont, dans leur majorité, en silex gris non local. L complexe I possède 70 artéfacts trouvés dansles couches 4a–4c à l’intérieur de la grotte (la surface est de 8 m2, l’épaisseur moyenne est de60 cm). Les 112 pièces ont été récoltées dans les couches 4a-2 et 4b-2, sur la surface de la zoned’entrée (dont la superficie est de 12 m2 et l’épaisseur moyenne de 80 cm). Ces couches sontanalogues aux couches 4a et 4b. Les objets sont représentés par des pièces redéposées de cescouches dans des lentilles d’érosion et dans des dépôts du Pléistocène supérieur et de l’Holocène.L’industrie du complexe I se caractérise par la dominance des racloirs courts et massifs, de petitestailles (3–5 cm) et, en général, au talon lisse et oblique. Les surfaces dorsales des éclats sonttaillées irrégulièrement, et présentent souvent des parties cortécales, bien que plusieurs d’entre

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246206

Page 12: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 207[()TD$FIG]

Fig. 7. La grotte de Tréhougol’naya. L’industrie lithique du Complexe II : nucléus dont trois à plans de frappe (1, 2) ;choppers (3, 4).Treugol’naya Cave. Lithic artifacts from Assemblage II: three-platform cores (1, 2); choppers (3, 4).

Page 13: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246208[()TD$FIG]

Fig. 8. La grotte de Tréhougol’naya. L’industrie lithique du Complexe II : protobifaces (1, 2, 4) ; bifaces atypiques (3).Treugol’naya Cave. Lithic artifacts from Assemblage II: proto-bifaces (1, 2, 4); atypical biface (3).

Page 14: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

eux possèdent des négatifs parallèles. Les nucléus sont soit bien épuisés, soit sont représentés parleurs débris. Il y a aussi quelques galets à éclats.

Les racloirs représentent 50 % de tous les outils. Parmi eux, ce sont les racloirs simplesconvexes ou droits, et transversaux convexes ou droits qui dominent. Les racloirs simplesconcaves ou les racloirs doubles sont rares. Trois racloirs sont très massifs aux bords convexes,réalisés par des retouches de type Quina, dont l’un possède un amincissement ventral du dos.Dans le groupe des outils convergents, il y a un racloir convergent dont la pointe est formée sur lapartie basale de l’éclat, amincie du côté ventral ; une pointe retouchée au bout formant un grattoirà museau ; deux pointes déjetées de Quinson, deux racloirs déjetés incurvés, un racloir déjeté, unracloir déjeté double. Les grattoirs sont suffisamment représentés pour les diviser en deuxgroupes :

� les grattoirs sur éclats ;� les grattoirs massifs sur fragments d’éclat ou éclats épais.

L’assemblage des outils possède aussi quelques perçoirs becs, des pièces du type raclettes, desoutils combinés, des denticulés, des encoches et un couteau à dos (Fig. 9).

Cinquante pour cent des objets récoltés dans le complexe I sont des outils, ce qui le fait prochedes autres complexes de la grotte de Tréhougol’naya. Cette particularité, ainsi qu’un petit nombred’objets récoltés et la présence de nucléus très utilisés permettent de supposer que cette grotteservait de campement de courte durée pour l’homme préhistorique dans des conditions de déficitde matières premières de qualité.

2.5. Conclusion

Actuellement, malgré les différences évidentes existant dans le corpus et lescaractéristiques typologiques de chaque complexe de la grotte de Tréhougol’naya, on peutles interpréter comme les parties d’un ensemble unique de l’industrie du Paléolithique ancientrès complexe et variée par sa typologie (Doronichev et al., 2004, 2007). Pour le prouver, il està noter les faits suivants :

L’âge des complexes les plus représentatifs (III, II et I) d’après ESR-datations est dans le cadreOIS 11, c’est-à-dire dans un intervalle de temps assez étroit de l’ordre de 100 000 ans (Fig. 3 et 5).

Plusieurs données obtenues pour d’autres sites montrent que des macro-outils sur galetsaussi bien que de petits outils sur éclats font partie intégrante de l’industrie du Paléolithiqueancien. C’est pourquoi l’originalité typologique des complexes I et II de Tréhougol’naya, dontl’un représente l’industrie sur éclats, le deuxième l’industrie des choppers, peut être liée parun caractère sélectif de chaque complexe ci-nommés. Évidemment, ces industries montrentdes distinctions faciales des inventaires, liées à des espèces spécifiques de l’activité dans lecadre d’un ensemble unique à l’organisation assez complexe du Paléolithique ancien. Lemême caractère sélectif est présent dans les ensembles IV et III de la grotte deTréhougol’naya.

En fonction de ces arguments, je trouve plus justifié d’analyser tous les ensembles de la grottede Tréhougol’naya dans le cadre d’une tradition culturelle que l’on peut identifier comme « Core-flake-tool Industry » ou « Complexe Prémoustérien » des industries du Pléistocène moyen. Il est ànoter que cette conclusion est basée non-seulement sur l’analyse des matériaux issus de la grottede Tréhougol’naya, mais aussi sur la synthèse des autres données du Paléolithique ancien enEurope Orientale.

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 209

Page 15: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246210[()TD$FIG]

Page 16: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

3. Le Complexe Prémoustérien d’Europe Orientale (600 000–200 000 ans)

3.1. Définition du Complexe Prémoustérien

Au milieu du siècle passé F. Bordes, un des fondateurs de la science moderne sur lePaléolithique, a proposé de remplacer la définition « Tayac », introduite dans les années 1930 parl’Abbé Breuil, par le terme « Prémoustérien » (Bordes, 1968, p. 140). Malgré tout, on utilisetoujours le terme « Tayac » et ses dérivés (« Tayacien », « Tayacoïde », « Clactono-Tayac ») pourdéfinir des industries du Paléolithique inférieur de l’Eurasie de l’ouest qui était synchronisées àl’Acheuléen, mais qui ne possédaient pas de vraies bifaces acheuléen (c’est-à-dire des bifacessymétriques bien faits). Par exemple, Klein (1989) note qu’en France le terme « Tayac » signifiedes complexes synchronisés, aux industries acheuléennes dans lesquelles il n’y a pas de bifacesmais il existe une dominance d’outils sur éclats, en général des racloirs. Souvent ces complexespossèdent des outils sur galets (choppers), des limaces, des outils denticulés et des encoches, despointes de Tayac. D’autres définitions, beaucoup plus rare, sont utilisées pour des complexes duPaléolithique ancien sans bifaces typiques acheuléen (« Clacton », « Bohemian », « Buda-industry », « Proto-Charantien »). Les termes « Tayac », « Clacton » ou « Prémoustérien » sonttrès proches par leur contenu. Ce n’est pas par hasard que Breuil (1932) a définit la couche 3 dusite de La Micoque comme « Clactonien » et la couche surimposée 4 comme « Tayacien ». Plustard, Bordes (1956) les redéfinit comme « Moustérien primitif » et « Moustérien ». Enfin, en 1980(Laville et al., 1980), ces deux couches étaient renommées comme « Prémoustériennes ».

En tout, ces termes différents déterminent le Prémoustérien comme le techno-complexe desindustries du Paléolithique ancien qui, d’un côté précédaient l’apparition des industries duMoustérien ou du Paléolithique moyen et de l’autre, existaient pendant le Pléistocène moyenparallèlement (au même temps) aux industries du techno-complexe acheuléen en Europe et enAsie de l’ouest. Les industries prémoustériennes se distinguent des industries acheuléennes parl’absence de bifaces acheuléens et du débitage Levallois. Il est à noter, que la particularitéprincipale diagnostiquée des Complexe Prémoustériens s’exprime par l’absence des bifacesAcheuléens, c’est-à-dire des outils dont les deux faces sont travaillées symétriquement,complètement ou en partie et possèdent une morphologie standardisée, ou soi-disant de typeclassique. Au contraire, les bifaces de type « micellaneous », y compris les petits, carrés oubifaces-bec, bifaces nucléiformes, proto-bifaces se rencontrent non seulement dans l’Acheuléen,mais aussi dans des industries prémoustériennes du Paléolithique ancien (Bordes, 1961, p. 68 ;Debenath et Dibble, 1994, p. 169). Les autres caractéristiques de base du ComplexePrémoustérien sont les suivantes :

� combinaison des macro-outils de type chopper faits sur galets ou rognons avec de petits outilssur éclats non levallois ;� dominance des racloirs parmi les outils sur éclats, accompagné de séries de grattoirs, d’outils

denticulés et d’encoches.

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 211

Fig. 9. La grotte de Tréhougol’naya. L’industrie lithique du Complexe I : pointes de Quinson (1, 3) ; racloir convergent(2) ; pointe à l’extrémité transformée en grattoir à museau (4) ; racloirs type Quina, dont l’un possède un amincissementventral du dos (5) ; outils denticulés (6) ; racloirs transverses (7, 8) ; grattoirs (9, 12, 13) ; racloirs simples (10, 11).Treugol’naya Cave. Lithic artifacts from Assemblage I: Quinson points (1, 3); convergent side-scraper (2); point withnosed end-scraper (4); Quina side-scraper with a back thinned with flat ventral retouch (5); denticulate tool (6);transverse side-scrapers (7, 8); end-scrapers (9, 12, 13); simple side-scrapers (10, 11).

Page 17: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

Pour l’industrie du Paléolithique ancien d’Europe Orientale, je préfère employer le terme« Prémoustérien ». Ce choix est basé sur les faits suivants :

� absence de témoignages certains de la tradition acheuléenne prolongée du traitement despierres sur le territoire d’Europe Orientale (à l’opposé de l’Europe de l’ouest ou de l’Asie del’ouest) ;� caractère très particulier de l’industrie présentée dans des sites connus d’Europe Orientale au

Paléolithique ancien, par comparaison avec l’Acheuléen ;� priorité du terme « Prémoustérien », introduit par Obermaier (1925) pour l’Europe Orientale.

3.2. Industries du Complexe Prémoustérien en Europe de l’est

Sur le territoire d’Europe Orientale, à part la grotte de Tréhougol’naya, les industries duComplexe Prémoustérien sont définies dans tous les autres sites du Paléolithique ancien(Khriatchi et Mikhailovskoé au sud de la Vallée Russe, Russie et, évidemment, Pogrébhi etDubossari en Moldavie [Doronichev, 2008]). Cependant, l’âge géologique et l’homogénéité deces collections archéologiques soulèvent des questions. De plus, une partie importante de cesmatériaux est composée de récoltes de surface et comprend des artefacts isolés, trouvés dans descouches du Pléistocène moyen. Les collections des sites de Pogrébhi et Dubossari sont surtoutproblématiques. 95 % des pièces sont issues de ramassage de surface. Parmi elles, beaucoupd’objets ne possèdent aucun indice de débitage intentionnel (Hoffecker, 2002, p. 470). Donc, àpart la grotte de Tréhougol’naya, c’est le site de plein air de Korolevo I (Karpates de l’ouest,Ukraine) qui est un site excavé unique du Paléolithique ancien (Fig. 1 et 5). Bien qu’il soitdisposé à l’est de l’Europe centrale, il est assez proche des frontières de la région d’EuropeOrientale, ainsi donc, il peut être présent dans la question abordée dans cet article.

3.2.1. Complexe du Paléolithique ancien VI du site de Korolevo ILe site de Korolevo I a été découvert en 1974 par V. Gladilin. Les fouilles complexes ont été

entreprises durant 16 saisons. Ses résultats sont publiés dans une monographie (Gladilin etSitliviy, 1990). Actuellement, l’étude de ces collections se poursuit, et de nouvelles analysesapportent des changements dans les caractéristiques précédentes des complexes du site.

Gladilin et ses collègues ont dégagé d’après la coupe de Korolevo I, sept complexes stratifiés,attribués au Paléolithique ancien (du haut en bas : V, Va, Vb, Vc, VI, VII, VIII). Cependant, laméthode utilisée par les chercheurs pour former ces collections n’était pas correcte. Chaqueensemble de pièces, peu nombreux, stratifiés étaient unis avec des artefacts ramassés sur lasurface, parfois à 300 m et plus du chantier de fouille. Cette faute méthodologique a provoquéauprès des autres chercheurs une attitude réservée et souvent sceptique quant aux industries de cegisement. Actuellement, une révision des complexes archéologiques de Korolevo I a étéentreprise. On ne prend en compte que les objets en stratigraphie, tandis que les ramassages desurface sont exclut de l’analyse. Comme résultat, la colonne archéologique est changéeconsidérablement : seuls les deux complexes inférieurs (VI et VII [ex-complexe VIII]) sontattribués au Paléolithique ancien (Koulakovska et al., 2010).

Le complexe le plus ancien VII (VIII) a été fixé in situ dans la zone de fouille XIII, au sommetde la montagne Gostri Verkhe. Il est représenté par des objets récoltés dans une assise de dépôtsalluviaux de la paléo-Tisza. Se trouvant au-dessous de la limite Matuyama-Brunhes, ces artefactssont datés de plus de 800 000 ans. Selon les données de Koulakovska et al. (2010), ce complexe

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246212

Page 18: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

ne possède que quelques outils d’andésite : éclats, nucléus-chopper, débris. J’ai vu lesphotographies de ces objets (Koulakovska et al., 2010, Fig. 11) et je ne pourrais pas les attribuercomme des artefacts typologiquement indiscutables car ces pièces ont été trouvées dans desconditions de dépôts de rivière aux grands et petits cailloux. Le caractère des matières premièreslocales est discutable et une mauvaise conservation affecte les pièces elles-mêmes.

Le complexe VI a été dégagé in situ, dans la zone de fouille IX, au sommet du Beivar (plus tardrasé par une carrière), dans l’horizon supérieur du paléosol VII. À l’origine, ce complexe a étéattribué au Mindel-Riss, plus tard, il a été redaté comme inter-Mindel (Gladilin et Sitliviy, 1990, p.41). Actuellement, Koulakovska et al. (2010) donnent à ce complexe une datation OIS 14 ou plus de500 000 ans. Cette date reste discutable. On a identifié le paléosol VII dans les couches 17 et 18 de lacoupe récapitulative de Korolevo. La première de ces couches possède des objets du complexe VI.Des dates paléomagnétiques et TL ont été obtenues pour ces deux couches qui se trouventrespectivement au-dessus et au-dessous du paléosol (Gladilin et Sitliviy, 1990) : la couche 16a a étédatée de 360 000� 50 000 ans et de l’inversion paléomagnétique Biva III ; la couche 19 a été datéede 650 000 � 90 000 ans et de l’inversion paléomagnétique Elunino VI. Selon les données récentes(Pospelova, 2000, Fig. 7) l’inversion Biva III est datée de l’ordre de 370 000 ans et correspondrait àun stade final doux de l’interglaciaire 11 (364–427 000 ans, tandis que l’inversion Elunino VI a unedate de l’ordre de 560 000 ans (OIS 14, 528–568 000 ans). Ces repères chronologiques identifientl’âge probable du complexe VI dans l’intervalle de OIS 11 à OIS 14.

Les données palynologiques (Gladilin et Sitliviy, 1990) permettent de préciser la positionchronologique du complexe VI. Les couches 16 (OIS 11) et 17 (complexe VI) montrent uneoscillation unique froide correspondant d’abord à une forêt-steppe de bouleaux périglaciaire,puis à des conditions de la partie basse de l’étage subalpin. Ces données permettent de supposerune proximité chronologique des couches 16 et 17 dans le cadre OIS 11. Cette supposition estrenforcée par l’argument suivant : on a identifié une oscillation climatique douce (forêt-steppesèche à noyers et autres espèces de feuillues) dans la couche sousgisante 18. La même dynamiquede changement de végétation passant de la forêt-steppe à noyers aux prairies subalpines a étéobservée durant le stade 11 de la grotte de Tréhougol’naya (Doronichev et al., 2004). Ainsi, ens’appuyant sur ces données, nous supposons que le complexe VI de Korolevo 1 peu être daté de ladeuxième moitié OIS 11 (350–400 000 ans).

Selon les données de Gladilin et Sitliviy (1990), 9367 objets ont été trouvés dans le complexeVI (rappelons que ces chiffres sont en cours de réattribution) (Koulakovska et al., 2010). Lesoutils en roches non volcaniques (quartzite, quartz, silex, schiste) ne représentent que 1,1 %(Gladilin et Sitliviy, 1990, p. 41) soit environ 100 objets de tout l’assemblage du complexe(Fig. 10). Il est à noter que sur 136 outils de ce complexe, 43,3 % sont réalisés dans ces matièrespremières. Autrement dit, 60 % des objets sont réalisés dans des roches non volcaniques.D’autres éléments sont analogues à la grotte de Tréhougol’naya : 50 % des objets ont été trouvésdans les complexes I et II. De plus, les artefacts qui se répartissent dans le complexe I (petitsoutils faits sur des éclats) et le complexe II (macro-outils faits sur des galets) du site deTréhougol’naya sont présents ensemble dans le complexe VI de Korolevo I. Les bifacesacheuléens et la technologie Levallois sont absents dans la grotte de Tréhougol’naya et dans lecomplexe VI de Korolevo I (Koulakovska et al., 2010, p. 11).

3.2.2. Gisements de surface de Khriatchi et de MikhailovskoéCes gisements se trouvent à 2 km l’un de l’autre, dans la vallée du Don (bassin bas du Don).

Les fouilles ont consisté en un nettoyage des affleurements (Praslov, 1968). Trois complexes duPaléolithique ancien ont été dégagés (Praslov, 2001) :

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 213

Page 19: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246214[()TD$FIG]

Fig. 10. Le site de Korolevo I, Complexe VI : racloirs type Quina dont l’un possède un amincissement ventral du dos (1) ;racloirs simples dont l’un possède un amincissement ventral du dos (2) ; racloirs simples (3, 4) ; racloirs déjetés (5, 6) ;choppers (7).Korolevo I open-air site, assemblage VI: 1: semi-Quina side-scraper with a back thinned with flat ventral retouch; 2:simple side-scraper with a back thinned with flat ventral retouch; 3, 4: simple side-scrapers; 5, 6: angled side-scrapers; 7:chopper.

D’après Gladilin et Sitliviy, 1990.

Page 20: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

� complexe ancien d’alluvion dans le gisement de Khriatchi (60 pièces) ;� complexe moyen du paléosol inférieur dans le gisement de Mikhailovskoé (220 pièces) ;� complexe supérieur du moyen paléosol dans le gisement de Khriatchi (20 pièces).

Les données géologiques et palynologiques, les analyses de la malacofaune et de lamicrofaune ont permis de dater le complexe alluvionnaire de Khriatchi de la période de laglaciation du Dnieper. Les paléosols inférieur et supérieur dans les deux coupes étaient attribués àl’interglaciaire d’Odintsovo daté du Pléistocène moyen tardif (Praslov, 1995). La corrélationstratigraphique de Transdon a confirmé celle du complexe alluvionnaire de Khriatchi avec OIS8 froid (244–301 000 ans) (Zubakov et al., 1985).

Donc, dans les gisements de Mikhailovskoé et de Khriatchi, les complexes les plus jeunes liésaux paléosols, ne peuvent pas être datés plus vieux que OIS 7. La raison pour laquelle Praslov(2001) a changé le complexe alluvionnaire de Khriatchi contre la glaciation du Don et lespaléosols contre l’interglaciaire de Likhvinn n’est pas claire. Les raisons de cette nouvellechronologie ne sont pas claires, car on n’a présenté aucune nouvelle information. Il convient denoter que des espèces identifiées de la faune de Tiraspol pourraient confirmer l’âge duPléistocène ancien de ces dépôts, mais ils n’ont pas été découverts dans les alluvions de laterrasse de Khriatchi, ni dans les paléosols.

Bien que Praslov (2001) pense que les sites de Khriatchi et de Mikhailovskoé étaient les seulssites stratigraphiés du Paléolithique ancien de la vallée Russe, la majorité des objets ont étérécoltés sur la surface. Lors du nettoyage de surface de la couche de galets dans le gisement deKhriatchi, on n’a trouvé que cinq pièces (Praslov, 1968, p. 24). Il est à noter que les artefacts ducomplexe alluvionnaire de Khriatchi sont très roulés et parmi eux il y a beaucoup de pierresdébitées naturellement (Hoffecker, 2002, p. 48). Au cours du nettoyage des coupes de Khriatchi,on a trouvé un éclat dans le toit du moyen paléosol et sept objets dans le paléosol inférieur deMikhailovskoé (Praslov, 1968). Tous les complexes du Paléolithique ancien de Khriatchi et deMikhailovskoé possèdent des industries à outils sur éclats avec quelques macro-outils sur galet,mais aucun biface acheuléen, et l’absence de la technique Levallois (Fig. 11 et 12). Ces matériauxcorrespondent à la définition du Complexe Prémoustérien.

3.2.3. Gisement de surface de Darvagchai ILa collection des objets du gisement de Darvagchai, récemment découvert, présente de petits

débris de silex, qui sont dérivés de dépôts de genèse différente. Des objets de pierres sont trouvésdans des sédiments marins de la terrasse du Pléistocène ancien ou de la terrasse « bakinskaya » deCaspienne (datée entre 800–5000 000 ans). De même, on a trouvé des artéfacts dans desredépositions de cette terrasse et des conglomérats emboîtés dans ces sédiments redéposés plustardivement. Selon une des dernières publications (Derevianko et Zenin, 2008), on compte5000 objets récoltés dans ce site, y compris plus de 1000 outils. La majorité de ces artefacts,incluant un unique proto-biface sont sortis des sédiments marins redéposés et des conglomérats,dont l’âge géologique n’est pas définis.

Il est difficile à évaluer ce monument faute de l’état de ses trouvailles qui sont presque toutesdans telle ou telle mesure roulées ou battus. Une morphologie bien retravaillée de plusieurs objetsne permet pas de les identifier comme des artefacts. Comme comparaison, citons l’exemple dusite voisin de Rubas I. Anoikin (2008) écrit que parmi 500 débris de silex récoltés dans ce site,seules 20 pièces de silex ont été retenues, ces dernières étaient de même tailles et de même âgegéologique que celles de Darvagchai I. Par conséquent, plus de 480 silex ont été triés en tant quedébris naturels. Les proportions entre les débris de silex naturels et les artefacts en silex dans le

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 215

Page 21: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246216[()TD$FIG]

Fig. 11. Le site de Khriatchi, Complexe alluvionnaire: racloirs type Quina (1) ; racloirs simples (2) ; racloirs transverses(3) ; chopping (4) ; racloirs déjetés (5) ; nucléus à un plan de frappe (6).Khryashchy location, alluvium assemblage: Quina side-scraper (1); simple side-scraper (2); transverse side-scraper (3);chopping-tool (4); angled side-scraper (5); one-platform core (6).

D’après Praslov, 1968.

Page 22: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

site de Darvagchai ne sont pas claires. À en juger, d’après les dessins de plusieurs outils publiés(Derevianko et al., 2006) et bien que la collection du site de Darvagchai possède quelques outilsattribués typologiquement (parmi eux il y a des nucleus, des éclats, des racloirs), le caractèreidentifié et non expressifs par la typologie de plusieurs objets fait nécessairement réestimercritiquement les origines artificielles et l’homogénéité de ces industrie ainsi que de l’âgegéologique de ces trouvailles.

3.2.4. ConclusionNous avons examiné des ensembles trouvés en stratigraphie et datés du Paléolithique ancien

de l’Europe orientale (Fig. 13(A)). Leur âge géologique est estimé à plus de 200 000 ans (Fig. 5).Des auteurs différents expliquent la rareté des découvertes soit par l’absence d’étudessystématiques du Paléolithique ancien, soit par suppositions que ces sites anciens ont été détruitspar des activités glaciaires ou des transgressions marines, ou encore que le peuplement despremiers Hommes était limité aux régions ayant des matières premières pour la fabrication desoutils. Toutes ces explications ne présentent pas une réponse exhaustive. À mon avis, un telnombre de sites du Paléolithique ancien résulte d’un fait scientifique, à petite échelle del’expansion des Hommes en Europe de l’est au Prémoustérien.

Cependant, mêmes ces faibles sources que nous possédons, témoignent de l’absence enEurope orientale de la technologie du biface acheuléen et de la technique Levallois depuis lecomplexe le plus ancien IV de la grotte de Tréhougol’naya (600 000 ans) jusqu’au complexesupérieur de Khriatchi (environ 200 000 ans).

L’idée de l’expansion de la culture acheuléenne de l’Asie de l’ouest à l’Europe Orientale via leCaucase n’est pas confirmée par les faits. Au contraire, toutes les données, y compris cellesrecueillies dans la grotte de Tréhougol’naya, confirment la conception d’Obermaier (1925) surl’extension en Europe Centrale et Orientale de la culture Prémoustérienne (aujourd’hui définiscomme Complexe Prémoustérien), tandis que la région de la culture acheuléenne se répandait enEurope de l’Ouest et en Asie de l’Ouest. La frontière de l’expansion maximale du techno-complexe acheuléen en Europe et en Asie, ci-nommée « Mobius Line » (Fig. 13(A)) a étédéterminée par Obermaier (Fig. 13(B)). Il croyait que le Caucase du Sud était la région del’extension acheuléenne la plus proche de l’Europe orientale. De nouvelles découvertespaléolithiques au Caucase confirment cette hypothèse et en même temps y apportent desajustements importants.

4. Le Paléolithique ancien du Caucase avant l’apparition de l’Acheuléen (1 800 000–

350 000 ans)

4.1. Dmanissi-les industries lithiques pré-oldowayennes du Caucase du Sud

La découverte en Géorgie du site de Dmanissi a repoussé le début du Paléolithique du Caucasedans les temps les plus reculés. L’âge géologique du site est dans l’intervalle de 1,81 à 1,7 Ma (deLumley et al., 2005). C’est le site le plus ancien de l’Asie de l’ouest et le plus représentatif par laquantité d’industrie lithique et de restes humains du Paléolithique ancien de l’Eurasie. Selon lesétudes anthropologiques (de Lumley et al., 2006), les homininés de Dmanissi qui sont deshommes de petites tailles, ont une position intermédiaire entre les anciennes populationsafricaines du groupe Homo habilis-rudolfensis et du groupe Homo ergaster-erectus, qui est plusproche par ses proportions du corps de l’homme actuel. Ils ont tout de même quelques petitesressemblances avec le premier groupe, surtout avec Homo rudolfensis. Cependant, les homininés

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 217

Page 23: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246218[()TD$FIG]

Fig. 12. Le site de Mikhaïlovskoe : grattoirs (1) ; pointe déjetée (2) ; racloirs simples réalisés par retouches escarpées (3) ;nucléus aux plans de frappe nombreux (4) ; pointes de Quinson ? (5) ; racloirs convergents (6) ; racloirs simples dont l’unpossède un amincissement ventral de la base (7) ; racloirs simples (8).Mikhailovskoe location: 1: end-scraper; 2: angled side-scraper; 3: simple side-scraper with steep retouch; 4: many-platform unifacial core; 5: fragmented Quinson point (?); 6: convergent side-scraper; 7: simple side-scraper with a basethinned with flat ventral retouch; 8: simple side-scraper.

D’après Praslov, 1968.

Page 24: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

de Dmanissi ont des traits particuliers. C’est pourquoi certains chercheurs ont proposé de créerune nouvelle espèce appelée Homo georgicus. Les anthropologues ne doutent pas de leursorigines africaines.

Actuellement, on a publié les résultats de l’analyse de la collection archéologique desfouilles effectuées de 1991 à 1999. Elle compte 4446 objets lithiques provenant des couchesI-VI de Dmanissi (de Lumley et al., 2005). La collection archéologique de Dmanissi est trèshomogène, sans changements importants de la base au sommet. À peu près 34 % de l’outillagesont des galets entiers, apportés sur le site par les petites rivières proches, la Mashavera et laPinezaouri. Ces galets qui forment un premier groupe, représentent toutes les matièrespremières observées sur le site : tuf volcanique, basalte, mais aussi rhyolite, granite, quartz etd’autres roches volcaniques et métamorphiques. Un groupe suivant assez nombreux (30 % ducomplexe) comporte des galets fracturés et des débris de galets. Les nucléus, réalisés sur desgalets entiers et fracturés ne représentent que 5 % de l’industrie lithique. Ils se caractérisentpar un faible degré d’exploitation des supports et la fréquence de plans de frappe corticaux.Les éclats non retouchés, le plus souvent de petites dimensions, sont très nombreux. Les galetsaménagés représentent 4,8 % de l’ensemble du matériel lithique et 10 % de l’industrielithique. Cependant, 60 % des galets aménagés sont des choppers primaires (galets àenlèvement isolé, proche par leur morphologie des nucléus du premier stade de débitage). Leschoppers à tranchant continu représentent 21 % des galets aménagés et 2 % de l’industrielithique. Les chopping-tools forment un deuxième groupe par leur quantité, 8,7 % des galetsaménagés (Fig. 14).

On note la ressemblance de l’industrie de Dmanissi avec celle du Pré-oldowayen, uneindustrie très ancienne, dégagée en Afrique de l’Est dans l’intervalle de 2,6 à 2 Ma (de Lumleyet al., 2005). L’industrie de Dmanissi et celle du Pré-oldowayen se distinguent de l’Oldowayenpar la présence d’un petit outillage retouché.

4.2. Apparition de l’Acheuléen en Asie de l’Ouest

Contrairement à l’Eurasie, le Pré-oldowayen en Afrique de l’Est devient de l’acheuléenancien il y a 2 Ma. Son début est marqué par l’apparition de différents outillages retouchés depetites dimensions et par de nouveaux types des macro-outils (sphéroïdes et protobifaces).L’Oldowayen de l’Afrique de l’Est évolue en Oldowayen développé et Acheuléen ancien, il y a1,7 Ma : on a découvert des restes d’homininés du groupe Homo ergaster-erectus dans dessédiments fossiles et des premiers grands outils coupants (bifaces et pics). Ces deux faciès ducomplexe acheuléen ancien, envisagés autrefois comme deux types d’industrie, marquent ledébut de l’époque Acheuléen en Afrique. Il existe une opinion bien rependue, qu’il s’agit del’apparition d’homininés plus évolués Homo ergaster-erectus accompagnée de la technologie defabrication de macro-outils coupants plus développés qui aurait rendu possible l’avancement del’Homme de l’Afrique en Eurasie (Antón et al., 2002). En dépit de cette conception, les donnéesarchéologiques indiquent que l’extension des complexes Acheuléen ancien/Oldowayen évoluéest limitée par une niche écologique africaine, pénétrant partiellement au Pléistocène ancien ausud de l’Asie de l’Ouest. Le site Ubeidiya, en Israël, daté de 1,4 Ma, est un site unique présentantune stratigraphie de l’Acheuléen ancien/Oldowayen évoluée en dehors de l’Afrique (Bar-Yosefet Goren-Inbar, 1993).

On considérait autrefois, que le site d’Amiranis Gora (ou Ahalkalaki), au sud de la Géorgie,était le seul site Paléolithique du Caucase proche par son âge d’Ubeidiya. Un petit complexed’artefacts (20 pièces.), mis au jour dans le site d’Amiranis Gora, comporte des nucléus, des

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 219

Page 25: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246220[()TD$FIG]

Fig. 13. A. Limite de l’expansion maximale du techno-complexe Acheuléen en Europe et en Asie, ci-nommée « moviusLine ». Parcours et âge de l’expansion de la culture Acheuléenne en Europe Centrale et en Europe Orientale. Sitespaléolithiques inférieurs : Korolevo I (1) ; Pogrébhi et Dubos sari (2) ; Khriatchi et Mikhailovskoé (3) ; grotte deTréhougol’naya (4) ; Darvagchai I (5) ; Koudaro I et Koudaro III, Tsona (6) ; Dmanissi (7) ; grotte d’Azikh (8) ;(Kozlowski, 2003, Fig. 7.1). B. Carte de l’expansion de la culture acheuléenne et prémoustérienne (Obermaier, 1925) : I :expansion de la culture acheuléenne ; II : expansion de la culture prémoustérienne.A. ‘‘Movius Line’’ and the distribution of the Acheulean techno-complex (slanting shaded areas), including proposedroutes and arrival dates of the Acheulean. The Lower Paleolithic stratified sites in Eastern Europe and Caucasus are

Page 26: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

éclats, des racloirs, des galets-manuports. On l’a attribué à l’Acheuléen ancien (Gabunia, 2000).Des fouilles récentes, effectuées de 1995 à 1996 par une équipe de chercheurs américains etgéorgiens, ont permis de préciser l’âge géologique de ce site riche en faune de mammifères(complexe Ahalkalaki) de la fin chrono Matuyama, soit de 980 à 780 000 ans. Cependant, on aétablit que toutes les pièces récoltées ne se trouvaient pas in situ avec cette faune. Évidemment,des artefacts récoltés autrefois étaient aussi remaniés à cause des terriers de rongeur (Tappenet al., 2002).

C’est surtout en Afrique de l’Est, pendant le Pléistocène ancien, que se développent latechnologie acheuléenne comportant de grands outils tranchants et le techno-complexe desindustries acheuléennes. Il y a 1 Ma en Afrique de l’Est, l’Acheuléen ancien a évolué enAcheuléen moyen. Le contenu de l’Acheuléen moyen, en tant qu’étape de l’évolution du techno-complexe Acheuléen dans l’intervalle de 1 000 000 à 600 000 ans, est déterminé par l’apparitionde deux traditions technologiques fabriqué de grands outils tranchants. La première tradition « àcôté tranchant », est liée à l’apparition des technologies diverses de production de grands éclatspour servir d’ébauche de biface et de bifaces à bout tranchant. Les industries, basées sur cestechnologies, sont appelées aujourd’hui « Acheuléen à bifaces sur grands éclats » (Sharon, 2007).Cette tradition est présente en Asie de l’Ouest par les sites Gesker Benot Ya’aqov en Israël, datéd’environ 780 000 ans (Goren-Inbar et al., 2000), et Kaletepe Deresi 3, le site de plein airdécouvert récemment en Turquie (Slimak et al., 2004). L’autre tradition est basée sur uneconception « à pointe tranchante ». Elle consiste dans une production de bifaces pointus pareilsau ficron et au piquant-trièdre. L’Acheuléen moyen de l’Asie de l’Ouest est représenté en généralpar des complexes de cette tradition : les sites de Latamné et d’El Meirah en Syrie et le site JouebJannine au Liban (Boëda et al., 2004).

Les industries de l’Acheuléen moyen au Caucase ne sont pas relevées, bien qu’au Sud duCaucase quelques hachereaux sur éclat sont connus. Des artefacts en stratigraphie duPaléolithique ancien du Sud du Caucase (on suppose d’âge Pléistocène moyen) ne sont présentésque par 11 pièces non publiées issues de la couche 8a de Koudaro III et par un complexecomprenant plus de 200 issues des couches VII–IX de la grotte d’Azikh (Lioubine, 2002).

L’âge des pièces de la couche 8a à Koudaro III est confirmé par une datation TL560 000 � 112 000 ans. Cette date est contestée pour plusieurs raisons :

� selon des données géomorphologiques, les grottes de Koudaro I et de Koudaro III ont étéouvertes par l’érosion et sont devenues accessibles pour y habiter pas avant 300–400 000 ans(Nesmeyanov, 1999, Tableau 21.1) ;� les données sur la chronologie du Paléolithique ancien du Caucase (Fig. 15) montrent que c’est

l’âge du plus vieux des complexes Acheuléen du Sud du Caucase (grottes de Koudaro I et deKoudaro III, d’Azikh et de Tsona) par comparaison à la grotte de Tréhougol’naya.Concernant des objets issus des couches VII-X de la grotte d’Azikh, j’ai vu cette collection

(231 pièces.) en 2002 et je n’ai identifié sûrement que cinq artefacts. Cependant, l’attribution deces artefacts aux couches indiquées soulève des questions, car ils peuvent être issus des éboulisdes couches surélevées (information personnelle de M. Mansurov, 2002). Des autres pièces

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 221

marked: Korolevo I (1); Pogreby and Dubossary (2); Khryashchy and Mikhailovskoe (3); Treugol’naya Cave (4);Darvagchai 1 (5); Kudaro I, Kudaro III, and Tsona (6), Dmanisi (7); Azykh Cave (8); (Kozlowski, 2003, Fig. 7.1). B. Mapshowing the distribution of the Acheulean and Pre-Mousterian cultures, Obermaier (1925): I, distribution area of theAcheulean culture; II, distribution area of the Pre-Mousterian culture.

D’après Zamiatnin, 1951.

Page 27: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246222[()TD$FIG]

Fig. 14. Le site de Dmanissi : choppers (1, 2) ; nucleus orthogonal (3) ; nucleus discoidal (4) ; éclats (5, 7–10) ; nucleusglobuleux (6).Dmanisi open-air site: choppers (1, 2); orthogonal core (3); discoid unifacial core (4); unretouched flakes (5, 7–10);globular core (6).

D’après de Lumley et al., 2005.

Page 28: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 223[()TD$FIG]

Dat

atio

ns p

arSt

ades

de

les

stad

es

l'éch

elle

Dat

atio

nsB

iface

s T

otal

de l'

éche

lleis

otop

ique

ach

eulé

ens

Indu

stri

eslit

hiqu

esis

otop

ique

de l'

oxyg

ène

Bis

onC

ervu

sC

apre

olus

Urs

usSe

lena

rcto

sSp

elae

arct

osC

anis

de l'

oxyg

ène

pris

cus

elap

hus

capr

eolu

sar

ctos

med

iterr

aneu

s

190

105

Tso

na>1

5?B

. pri

scus

C. e

laph

usC

. cap

reol

usU

. arc

tos

S. s

pela

eus

C. l

upus

238

Kou

daro

I, L

enti

lle X

172±

35 (

RT

L)

5

35K

ouda

ro I

II, c

ouch

e 5

245±

49; 2

52±5

1 (R

TL

)1

S. m

edite

rran

eus

S. d

enin

geri

?C

. lup

usC

. ela

phus

C. c

apre

olus

Bis

on s

p.

187

Kou

daro

III

, cou

che

60

S. m

edite

rran

eus

S. d

enin

geri

pra

ekud

aren

sis

C. l

upus

C. e

laph

usC

. cap

reol

us

7K

ouda

ro I

II, c

ouch

e 7

0S.

den

inge

ri p

raek

udar

ensi

sC

. lup

usC

. ela

phus

C. c

apre

olus

Bis

on s

p.

20K

ouda

ro I

II, c

ouch

e 8

0S.

den

inge

ri p

raek

udar

ensi

sC

. lup

usC

. ela

phus

C. c

apre

olus

Bis

on s

p.

11K

ouda

ro I

II, c

ouch

e 8

a56

0±11

2 (R

TL

)0

S. d

enin

geri

pra

ekud

aren

sis

C. l

upus

C. e

laph

usC

. cap

reol

us24

428

924

4 -

301

8A

zikh

, co

uche

V7

C. c

apre

olus

S. m

erck

iS.

med

iterr

aneu

sS.

spe

laeu

s ?

C. l

upus

301

~ 38

00K

ouda

ro I

, cou

ches

5a-

5b32

2±65

; 350

±70

(RT

L)

13U

. arc

tos

S. d

enin

geri

pra

ekud

aren

sis

C. l

upus

Step

hano

rhin

us s

p.C

. ela

phus

C. c

apre

olus

Bis

on s

p.

bina

gade

nsis

?68

4K

ouda

ro I

, cou

che

5c

360±

90 (

RT

L);

>25

0-30

0 (T

/U)

2S.

hun

dshe

imen

sis

S. m

edite

rran

eus

S. d

enin

geri

pra

ekud

aren

sis

C. m

osba

chen

sis

Cap

reol

us s

p.C

. ela

phus

Bis

on s

p.(c

f. a

coro

natu

s)

188

334

Kou

daro

I, c

ouch

es 5

d-f

018

9010

Azi

kh, c

ouch

e V

I1

S. s

pela

eus

?U

. aff

. arc

tos

B. s

choe

tens

acki

C. e

laph

usS.

mer

cki

S. h

unds

heim

ensi

sSt

enon

hor

ses

Equ

usE

. sue

ssen

born

ensi

s ?

364

Tré

houg

ol’n

aya,

cou

che

4aC

. mos

bach

ensi

sS.

den

inge

ri (

cf. d

enin

geri

)B

. pri

scus

-C

. ela

phus

(cf.

aco

rona

tus)

scho

eten

sack

i28

0T

rého

ugol

’nay

a, c

ouch

e 4b

366±

12 (

ESR

ém

ail)

0C

. mos

bach

ensi

sS.

den

inge

ri (

cf. d

enin

geri

)B

. pri

scus

-C

. ela

phus

(cf.

aco

rona

tus)

scho

eten

sack

iT

rého

ugol

’nay

a, c

ouch

e 4c

375±

9 (E

SR é

mai

l)

S. d

enin

geri

(cf

. den

inge

ri)

B. p

risc

us-

C. e

laph

us(c

f. a

coro

natu

s)sc

hoet

ensa

cki

7011

Tré

houg

ol’n

aya,

cou

che

4d0

C. m

osba

chen

sis

S. d

enin

geri

(cf

. den

inge

ri)

C. e

laph

us(c

f. a

coro

natu

s)

Tré

houg

ol’n

aya,

cou

che

5a41

8±10

(E

SR é

mai

l)E

. alti

dens

27T

rého

ugol

’nay

a, c

ouch

e 5

b40

6±15

(E

SR é

mai

l)0

C. m

osba

chen

sis

S. d

enin

geri

(cf

. den

inge

ri)

B. p

risc

us-

C. e

laph

usS.

hun

dshe

imen

sis

S. m

edite

rran

eus

427

365±

28; 4

20±3

9 (E

SR m

ollu

sque

s)(c

f. a

coro

natu

s)sc

hoet

ensa

cki

427-

474

12T

rého

ugol

’nay

a, c

ouch

e 5

cC

. mos

bach

ensi

sS.

den

inge

ri (

cf. d

enin

geri

)B

. pri

scus

-C

. ela

phus

S. h

unds

heim

ensi

s(c

f. a

coro

natu

s)sc

hoet

ensa

cki

474-

528

13T

rého

ugol

’nay

a, c

ouch

e 6

504±

24 (

ESR

ém

ail)

S. d

enin

geri

(cf

. den

inge

ri)

B. p

risc

us-

C. e

laph

usS.

hun

dshe

imen

sis

E. a

ltide

ns(c

f. a

coro

natu

s)sc

hoet

ensa

cki

568

B. p

risc

us-

C. e

laph

us18

15T

rého

ugol

’nay

a, c

ouch

e 7

a58

3±25

0

C. m

osba

chen

sis

S. d

enin

geri

(cf

. den

inge

ri)

(cf.

aco

rona

tus)

scho

eten

sack

i(E

SR m

ollu

sque

s -

6 da

tes)

B. p

risc

us-

C. e

laph

us62

1T

rého

ugol

’nay

a, c

ouch

e 7

bC

. mos

bach

ensi

sS.

den

inge

ri (

cf. d

enin

geri

)S.

hun

dshe

imen

sis

(cf.

acor

onat

us)

scho

eten

sack

i

Step

hano

rhin

us

Site

s du

Pal

éolit

hiqu

e in

féri

eur

Faun

e

cf. C

. sue

ssen

born

ensi

s

cf. C

. sue

ssen

born

ensi

s

cf. C

. sue

ssen

born

ensi

s

cf. C

. sue

ssen

born

ensi

s

cf. C

. sue

ssen

born

ensi

s

Fig

.15

.C

hron

olog

iede

sco

mpl

exes

palé

olit

hiqu

esin

féri

eurs

stra

tifié

sdu

Cau

case

,pa

rle

sdo

nnée

sch

rono

logi

ques

abso

lues

etpa

léon

tolo

giqu

esC

hron

olog

yof

the

Low

erPa

leol

ithi

cst

rati

fied

asse

mbl

ages

inth

eC

auca

sus

base

don

abso

lute

date

san

dla

rge

mam

mal

spec

ies.

D’a

près

Bar

yshn

ikov

,200

2;L

ioub

ine,

1998

;Hof

feck

eret

al.,

2003

;Lio

ubin

eet

Bel

iaev

a,20

04a

;Dor

onic

hev

etal

.,20

04;s

tade

sde

l’éc

hell

eis

otop

ique

del’

oxyg

ène,

d’ap

rès

Ait

ken

etS

toke

s,19

97.

Page 29: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

trouvées dans ces couches présentent des galets de silex gris fort roulés et des rognons de taillediverse (il existe des rognons large de 15 à 20 cm), des fragments de galet ou des débris de silexgris avec des bords roulés. Donc, le statut archéologique de ce complexe est douteux.

4.3. Conclusion

L’étude de Dmanissi a renversé non seulement nos présentations sur les étapes anciennes de laculture du Caucase, mais elle a présenté aussi des arguments solides pour l’idée de la naissancede la diversité géographique des cultures matérielles à l’aube de l’histoire humaine. Lesmatériaux de Dmanissi prouvent (de Lumley et al., 2005) que les premiers Hommes à avoirpeuplé le Sud de l’Eurasie étaient des individus proches des Homo habilis-rudolferensis. Munisde leur technologie primitives Pré-oldowayenne, ils sont sortis de l’Afrique et sont apparus auxportes de l’Europe et de l’Asie il y a environ 1,8 Ma. Leur avancement vers l’Europeméditerranéenne est marqué par les sites de Barranco Léon (environ 1,3 Ma) et de Fuentes Nueva3 (environ 1,2 Ma).

Toutefois, le Caucase ne connait pas de témoignages certains de l’occupation de l’hommejusqu’au début du Pléistocène moyen (600 000 ans). On n’a pas confirmé par des études récentesl’âge ancien autrefois supposé de l’outillage lithique découverts dans les couches inférieuresVII–X de la grotte d’Azikh, en Azerbaïdjan ; dans la couche paléontologique du site d’AmiranisGora, en Géorgie et dans les graviers de la Psekups au Caucase du Nord-Ouest. Au Caucase après« l’épisode de Dmanissi », on observe un long hiatus (plus d’1 Ma) dans le peuplement(Doronichev, 2008 ; Doronichev et Golovanova, 2003). Une situation semblable existe pourl’Europe du Nord et pour une vaste région allant des Alpes jusqu’au Caucase (Baales et al., 2000 ;van Kolfschoten, 2008).

La grotte de Tréhougol’naya est un site unique du Paléolithique ancien dans le Caucase. Sescouches culturelles ont données des datations absolues de 600 à 350 000 ans. Il est possible que lesite de Darvagchai I, découvert il y a peu de temps dans le Daghestan, ait un âge proche de celuide la grotte de Tréhougol’naya. En se basant sur les complexes archéologiques de Dmanissi et deTréhougol’naya, on peu conclure qu’aujourd’hui, au Caucase, les industries sans Acheuléen àbifaces sont documentées à partir de la première apparition de l’Homme il y a environ 1,8 Ma(industrie Pré-oldowayenne de Dmanissi) jusqu’au Pléistocène il y a environ 350 000 ans(Complexes Prémoustériens de Tréhougol’naya). Ces industries forment une couche culturelleprincipale du paléolithique ancien au Caucase.

5. L’Acheuléen supérieur du Caucase (350–200 000 ans)

5.1. Les plus anciennes industries acheuléennes du Caucase

Basée sur la composition de la faune, la couche VI d’Azikh et la couche Vb de Koudaro Ipeuvent être corrélées aux couches supérieures du Pléistocène moyen de Tréhougol’naya. Cestrois sites possèdent des espèces identiques à la faune d’ancien Singil (Baryshnikov, 2002) qui estdatée de la première moitié du Pléistocène moyen. Ce sont Canis mosbachensis, Stephanorhinushundsheimensis, Cervus elaphus cf. acoronatus et Bison schoetensacki (Fig. 15). Selon lesdonnées biostratigraphiques, la couche VI d’Azikh est plus proche chronologiquement deTréhougol’naya. On y a trouvé du cheval de Sténon, qui est bien représenté dans la faune deDmanissi et d’Amiranis Gora. Equus altidens, petit cheval, typique de la faune du Pléistocèneancien a été trouvé dans la grotte de Tréhougol’naya et à Dmanissi (Hoffecker et al., 2003). On a

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246224

Page 30: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

déterminé Equus suessenbornensis dans la couche VI d’Azikh (Velichko et al., 1980) et dans lafaune d’Amiranis Gora (Gabunia, 2000). Les données palynologiques à Azikh (Zelikson etGubonina, 1985) marquent le refroidissement important du climat et la descente de la zonalitéverticale de 800 à 1000 m pendant la formation de la couche VI. La frontière entre les zonesforestières et subalpines se trouvait aux environs du site. Toutes ces données ont permis de dater(à titre de supposition) la couche VI d’Azikh par OIS 10 (330–360 000 ans), c’est-à-dire plusjeune que les couches supérieures du Pléistocène moyen 4a-b de la grotte de Tréhougol’naya, quisont datées OIS 11 (Doronichev et al., 2004).

5.2. Le complexe acheuléen de la couche VI de la grotte Azikh

Lioubine (2002) a particulièrement bien décrit typologiquement l’industrie de la couche VI dela grotte d’Azikh. Sur 1890 artefacts lithiques récoltés dans la couche VI, 1116 sont des débris (ycompris 136 lames et quelques éclats Levallois), 427 sont des outils et neuf sont des nucléus. Onprésentait des index des lames (12,1 %), des talons lisses (54,5 %), des dièdres (31 %) et à facettes(14 %). Dans le groupe des outils sur éclats, ce sont les racloirs qui sont les plus nombreux etdivers (207 pièces) dont la majorité sont simples (97). Les autres types de racloirs sont aussiprésents : racloirs doubles (33), racloirs déjetés (26), racloirs transversaux (21), racloirs ventraux(15), racloirs convergents (13) ; les autres sont unitaires. Il y a aussi des séries assezreprésentatives d’outils denticulés (62), de grattoirs (24), d’encoches (15). On trouve égalementdes pointes denticulées de Tayac (7), des pointes épaisses surélevées (5), des limaces (6) et desperçoirs (4). À cette liste, il faut ajouter des types, que j’ai identifiés lors de l’examen de cettecollection en 2002 comme racloir à dos aminci et pointes trièdres de Quinson aux retouchesplates sur un bord.

Les macro-outils (31 pièces) comportent des choppers (16), des chopping-tools (5), desgrattoirs-rabots nucléiformes (13) (Fig. 16(2, 4)) et un biface proche par ses contours desbifaces subcordiformes de Koudaro I (Fig. 16(1)). J’ai identifié également un fragment d’outilde type Tsaldi. Dans un groupe, des bifaces (8) et des petits bifaces (8) attribués par Lioubine,un seul biface amygdaloïde (le plus grand) appartient aux bifaces acheuléens. Cet outil est taillépar grosses retouches partielles et possède un bord modifié (Fig. 16(5)). Evidemment une partiedes « bifaces » de la couche VI sont en réalité des nucleus (les proportions sont atypiques pour lePaléolithique ancien, sur 1116 éclats, il n’y a que neuf nucléus), certains bifaces peuvent êtreidentifiés comme des bifaces nucléiformes (Fig. 16(3, 6)). Une série de « petits bifaces » sontdes bifaces partiels et atypiques de petites dimensions. Ils sont réalisés sur éclats ou sur nucléusrésiduels, en général taillés par retouches marginales. Lioubine et Beliaeva (2004a, p. 252)notent la présence de séries de petits bifaces atypiques dans l’inventaire acheuléen des grottesde Koudaro I et de Tsona. Dans toutes ces industries acheuléennes, ce groupe comprend desobjets de types différents, dont la majorité peut être des bifaces nucléiformes ou des racloirsbifaciaux.

Au total, le complexe de la couche VI d’Azikh possède un ensemble de caractéristiquestechniques et typologiques qui n’est présent au Caucase que dans l’assemblage acheuléen deKoudaro I :

� une technique évoluée du débitage sur éclat aux enlèvements parallèles (parmi tous les éclats,125 sont des lames ou des éclats laminaires ; 14 % des talons sont facettés) ;� des racloirs simples, plusieurs sont à dos naturel. Ils représentent un groupe dominant des

outils ;

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 225

Page 31: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246226[()TD$FIG]

Fig. 16. La grotte d’Azikh, couche VI : uniface allongé cordiforme (1) ; grattoirs-rabots nucléiformes (2, 4) ; bifacesnucléiformes (3, 6) ; biface amygdaloïde (5).Azykh Cave, layer VI: elongated cordiform uniface (1); core-like end-scrapers or rabots (2, 4); core-like bifaces (3, 6);amygdaloidal partial biface (5).

D’après Lioubine, 1998 ; Lioubine et Beliaeva, 2004a.

Page 32: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

� le groupe des outils convergents est très représentatif. Dans ce dernier, il y a des racloirs déjetéset convergents, des pointes de Quinson, des pointes de Tayac et des pointes surélevées, deslimaces ;� les macro-outils comportent des choppers et des grattoirs-rabots nucléiformes ;� les bifaces acheuléens sont rares. Ce sont des combinaisons d’épais bifaces amygdaloïdes faits

sur galet (dans le cas d’Azikh, biface amygdaloïde partiel) et de bifaces partiels mincessubcordiformes (dans le cas d’Azikh, uniface) faits sur éclat ;� il existe un seul exemplaire d’outil de type Tsaldi. Ce type n’est présent dans l’Acheuléen du

Caucase que dans les grottes de Koudaro I et de Tsona.

Ainsi, la couche VI de la grotte d’Azikh représente un complexe stratigraphique ancien del’Acheuléen supérieur du Caucase. Ce qui est important, c’est qu’il montre les particularitésprincipales de l’Acheuléen représentatif du Caucase caractérisé par les matériaux de Koudaro I.Je propose de nommer ce type d’industrie « variant koudarien de l’Acheuléen supérieur ouKoudarien ». Un développement ultérieur du variant Koudarien est montré par l’exemple du sitede la grotte de Koudaro I.

5.3. Chronologie des industries acheuléennes dans les grottes de Koudaro I et de Koudaro III

Selon les données fauniques, l’âge des couches acheuléennes des grottes de Koudaro I et III estplus ancien que celui de la couche VI d’Azikh. Parmi les grottes de Koudaro, stratigraphiquementles plus anciennes couches sont les couches inférieures 5c-5f de Koudaro I. Les caractéristiquesfauniques n’existent que pour la couche 5c. On y a découvert du loup de Mosbach (autrefoisidentifié comme Canis cf. etruscus), du rhinocéros Stephanorhinus hundsheimensis (autrefoisidentifié comme Dicerorhinus etruscus brachycephalus) et du cerf élaphe semblable au cerfelaphus acoronatus. Ces espèces ne sont présentes dans aucune autre couche, ni dans les grottes deKoudaro, ni dans la grotte voisine de Tsona. Cette dernière possède un complexe faunique –

Kvaisski, dégagé par Baryshnikov (2002) analogue à la faune de Khazar (Fig. 15).D’après les résultats des analyses palynologiques (Lioubine, 1998, Tableau 1), les couches

acheuléennes de Koudaro I se sont formées au cours d’un seul grand interglaciaire. Pour lescouches 5c de Koudaro I, on a trouvé les conditions d’une période interglaciaire au climat doux etsec (couche 5c, sommet de la couche 5b) avec un optimum très doux et humide (couche 5b), ainsique la dominance des paysages xérofiles forêts-steppes (couche 5c, sommet de la couche 5b) ouhumides forestiers. D’après trois dates RTL et une date TU, cette période correspond à OIS9 doux (Fig. 15). Des spectres polliniques de la grotte Koudaro III indiquent également desconditions climatiques chaudes accompagnées de paysages forêts-steppes dans les couches 6-8a(Lioubine, 1998, p. 81–83). Les données géomorphologiques (Nesmeyanov, 1999) montrent quela grotte de Koudaro I a été ouverte par une érosion et est devenue accessible à l’habitation il y aenviron 300–250 000 ans. L’ouverture de la grotte de Koudaro III a eu lieu 50–100 000 ans plustard qu’à Koudaro I, il y a environ 200 000 ans. Ainsi, si la corrélation des couches acheuléennesde Koudaro I à OIS 9 (330–300 000 ans) est confirmée par les données fauniques,géomorphologiques, palynologiques et les datations absolues, alors les mêmes donnéespermettent de corréler l’ensemble acheuléen de Koudaro III à OIS 7 250–200 000 ans.Probablement, seule la partie supérieure de l’assise du Pléistocène moyen de Koudaro I (lentillesd’érosion X et Z encaissées dans la couche 5a) peut être corrélée au stade 7. La datation RTL172 � 35 000 ans, obtenue pour les toits acheuléens des assises dans la galerie est de Koudaro I(Lioubine et Beliaeva, 2004a, p. 265) le confirme également.

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 227

Page 33: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246228[()TD$FIG]

Fig. 17. La grotte de Koudaro I. Types d’outils caractérisant les couches de l’Acheuléen : racloir latéral à amincissementventral aux extrémités (1, 2, 10, 16, 17); limace (3); grattoirs (4, 5, 9, 21, 22) ; racloirs déjetés (6, 7, 20, 23) ; pointe de Tayac(8) ; racloirs simples (11, 12) ; racloirs type Quina, dont l’un possède un amincissement ventral du dos (13) ; pointes deQuinson (14) ; racloir convergent (15) ; pointes massives (18, 19). 1, complexe V ; 2–9, complexe IV ; 10–23, complexe III.Kudaro I Cave. Characteristic flake tool types from the Acheulean layers: simple side-scraper with a base thinned with flatventral retouch (1, 2, 10, 16, 17); limace (3); end-scrapers (4, 5, 9, 21, 22); angled side-scrapers (6, 7, 20, 23); Tayacian point

Page 34: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

Les matériaux du Paléolithique ancien issus de la grotte de Koudaro I sont peu nombreux. On arécolté 91 pièces dans l’ensemble des couches 5-8a (couches 5-35, 6-18, 7-7, 8-20, 8a-11).L’outillage est représenté dans sa majeure partie par des éclats et des débris. On compte 13 outilsissus, en général, de la couche supérieure 5. Un grand biface lagéniforme (19,3 � 8,1 cm), trouvédans la couche 5 (Lioubine, 1998, Fig. 43-6), est la seule pièce qui, peut être, a servi à l’attributiondu complexe. Ce type de biface est connu dans le complexe acheuléen supérieur des lentilles XI-X3.

Les dépôts du Paléolithique ancien dans la grotte de Koudaro I atteignent 1,0–2,5 m. La fouillereprésente une superficie d’environ 98 m2 (Lioubine et Beliaeva, 2004a). La zone de fouille estpartagée en quatre parties : les galeries d’entrée sud et est, la galerie sombre intérieure et la chambrecentrale, dans laquelle les trois galeries précédentes se rejoignent. Les sédiments du Paléolithiqueancien ont été divisés en niveaux lithologiques (de haut en bas) : les lentilles d’érosion XI-X3 et R1-R2, présentent dans la galerie sombre ; les couches 5a, 5b et 5c, fouillées dans toutes les zones de lagrotte ; les couches 5d, 5e et 5f, dégagées sur un fragment de la galerie sud. Les fouilles, entreprisessur toutes les zones indiquées, ont fournis au total 5732 pièces lithiques.

5.4. Couches 5d-5f (complexe V) de la grotte de Koudaro I

Les plus anciennes couches du Paléolithique ancien, 5d et 5f, n’ont été analysées que dans lazone de la galerie sud, fouillée durant les saisons 1986 et 1987. On a récolté 90 objets dans lescouches 5d-5e et 98 dans la couche 5f. Tous sont faits avec des matières premières locales (grès,schistes, grès fin à aleurolite, silex local). L’ensemble des chercheurs du site analysent tous lesmatériaux issus des couches 5d-5f.

Cette industrie comporte dix nucléus et pièces nucléiformes, dont trois nucléus à un plan defrappe et un nucleus à deux plans de frappe, des nucleus de petites dimensions (moins de 7 cm)(subdiscoïdes, à un plan de frappe et à plans de frappe multiples de type globuleux) ; 99 éclats etdébris ; 26 petits éclats (moins de 2,5 cm) et écailles et 53 outils. L’assemblage des outils estreprésenté par deux choppers, deux racloirs sur galet, 15 racloirs qui sont dans leur majoritésimples latéraux (10) ; cinq grattoirs, cinq encoches, cinq denticulés, deux outils à bec et neufoutils combinés. Dans le groupe des racloirs, il y a une forme typique du variant de l’acheuléenkoudarien : c’est un racloir latéral à amincissement ventral sur les bouts (Fig. 17(1)). Il y a aussisix bifaces nucléiformes ou nucléus épuisés, attribués par Lioubine et Beliaeva (2004a) commedes petits bifaces. Les bifaces acheuléens sont absents.

Compte tenu de la quantité peu nombreuse d’outils (51 outils contre plus de 200 outils danstoutes les couches de la grotte de Tréhougol’naya et environ 430 outils dans la couche VId’Azikh), on peut expliquer cette absence des bifaces et d’autres types d’outil, caractéristiques duvariant acheuléen koudarien, par cette petite quantité du complexe même.

5.5. Couche 5c (complexe IV) de la grotte de Koudaro I

Le complexe IV de la grotte de Koudaro I est représenté par des artefacts issus de la couche 5c.On compte 225 pièces trouvées dans cette couche de la galerie sud pendant les saisons 1986–1987 et459 artefacts issus des zones de la galerie sombre au cours des années 1978–1984. Le complexe IV

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 229

(8); simple side-scrapers with deep modifying retouch (11, 12); Quina side-scrapers with back thinned with flat ventralretouch (13); Quinson point (14); convergent side-scraper (15); massive points (18, 19). 1, assemblage V; 2–9–assemblageIV; 10–23, a main assemblage III.

D’après Lioubine et Beliaeva, 2004a.

Page 35: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

possède en tout 684 artefacts. Ils sont fabriqués avec des matières premières locales : divers schistesou grès et, plus rare, du silex local. Le complexe IV comporte 22 nucléus et pièces nucléiformes,441 éclats et débris, 51 petits éclats (moins de 2,5 cm) et écailles, 17 galets de grès et 171 outils. Lesoutils sont représentés par les types suivants (Lioubine et Beliaeva, 2004a) :

� les macro-outils. Parmi eux, il y a trois choppings-tools et trois choppers, un protobiface(Fig. 18(1)), quatre grattoirs-rabots nucléiformes et 8 percuteurs-retoucheurs ;� les pièces bifaciales (12 ex.). Dans ce groupe, un biface subcordiforme a été réalisé sur éclat et

possède une taille bifaciale partielle. Un deuxième biface à extrémité cassée possède unemorphologie atypique (Fig. 18(5)). Les autres outils ne sont que des bifaces par leur caractèrede taille (Fig. 18(2–4, 6)) ;� les racloirs sur éclats (57 ex.), dont la majorité est simple (35), ont souvent un dos épais. Il

existe des séries de racloirs transversaux, latéraux-doubles, épais, convergents et déjetés. Onnote la présence de racloirs à extrémité retouchée du côté du ventre (Fig. 17(2)), un racloirbifacial et une limace typique (Fig. 17(3)) ;� les autres outils sur éclats comportent 17 grattoirs, 8 « grattoirs plats », 1 pointe de Tayac,

18 becs, 19 encoches, 8 denticulés et 20 outils combinés.

Donc, selon ces caractéristiques techniques et typologiques, le complexe IV de Koudaro I estplus proche de l’industrie de la couche VI d’Azikh.

La technique évoluée du débitage sur éclat se base sur les principes des enlèvements parallèles(54 % des éclats possèdent des négatifs d’enlèvement parallèle ou subparallèle, et 10–17 % destalons sont à facettes).

Parmi les outils, on note la dominance des racloirs simples, souvent à dos naturel. Il y aégalement des racloirs à amincissement ventral de l’extrémité.

Le groupe des outils convergents comporte des racloirs déjetés et convergents, une pointe deTayac et une limace typique.

Présence dans le groupe de macro-outils comme des choppers, mais aussi des grattoirs-rabotsnucléiformes.

Les bifaces acheuléens sont rares, grossièrement taillés. L’ensemble des gros bifacesamygdaloïdes (couche 5c, biface à bout cassé) réalisés sur rognon et les bifaces partielssubcordiformes réalisés sur éclat.

5.6. Complexe 5a-5b (complexe acheuléen principal III) de la grotte de Koudaro I

Le complexe des couches 5a-5b est très important pour la caractérisation de l’Acheuléen deKoudaro I, car il comporte environ 3800 artefacts, et représente la partie principale desmatériaux du Paléolithique ancien de Koudaro I. Ainsi, ces matériaux peuvent être traitéscomme le complexe acheuléen de base de Koudaro I. Tous les objets trouvés dans les couches5a et 5b de toutes les zones fouillées n’étaient pas partagés. Le complexe principal deKoudaro I comporte 130 nucléus et pièces nucléiformes, plus de 2500 éclats et leurs débris (ycompris les outils sur éclats), près de 650 petits éclats (< 2,5 cm) et écailles, 45 galetsmanuports et des percuteurs. L’industrie analysée est fabriquée à partir des matières premièreslocales de mauvaise qualité, dont la majorité sont des schistes divers, des grès, des grès fins àaleurolite et du silex de mauvaise qualité. Il existe des nucléus à un plan de frappe àenlèvement parallèle, à deux plans de frappe à enlèvements croisés, à plan de frappesmultiples et une ou deux surfaces débitées, un nucléus orthogonal. Les pièces nucléiformes et

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246230

Page 36: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 231[()TD$FIG]

Fig. 18. La grotte de Koudaro I, couche 5c (complexe IV) : proto-biface (1) ; racloir latéral à amincissement ventral auxextrémités (2–4) ; biface amygdaloïde (5) ; biface nucléiforme (6).Kudaro I Cave, layer 5c (assemblage IV): proto-biface (1); bifacial side-scrapers (2–4); amygdaloidal biface with brokentip (5); core-like biface (6).

D’après Lioubine et Beliaeva, 2004a.

Page 37: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

nucléus épuisés forment un grand groupe. L’assemblage des outils est nombreux : près de850 pièces (Lioubine et Beliaeva, 2004a) qui représentent de 20 à 30 % de l’ensemble desdécouvertes du complexe. Ce sont :

� les macro-outils sur galets, rognons ou fragments de pierre. Ils comportent 15 choppers, troischoppings-tools, sept grattoirs-rabots nucléiformes, un protobiface et deux pièces écaillées suréclats épais. L’outil de type Tsaldi est représenté par une pièce fabriquée sur une minceplaquette de schiste et trois fragments d’outils (Fig. 19(1–3)) ;� les pièces bifaciales comprennent trois pièces amygdaloïdes et un biface lancéolé (Fig. 20),

cinq pièces partielles subcordiformes (Fig. 21(2, 3)), deux bifaces à deux bouts (Fig. 21(1)), unbiface subtriangulaire, des bifaces fabriqués sur éclats et un biface partiel à dos naturel fait surgalet plat ;� les racloirs forment la catégorie la plus nombreuse de l’inventaire des outils. Les racloirs à

un bord retouché sont dominants (presque 80 % de tous les racloirs, dont un tiers sont desracloirs-couteaux). En général ils sont simples, plus rarement transversaux. Il y a une sériede racloirs sur face plane à un ou deux bouts distaux taillés par retouches esquillées(Fig. 17(10, 16, 17)), l’amincissement latéral du dos ventral se rencontre plus rarement(Fig. 17(13)) ;� le groupe des outils convergents comporte des racloirs convergents et déjetés (Fig. 17(15, 20,

23)), quatre pointes surélevées (Fig. 17(18)), cinq pointes de Tayac (Fig. 17(19)), une pointe deQuinson (Fig. 17(14)), des protolimaces ;� plusieurs grattoirs divers (Fig. 17(21, 22)), des encoches, des outils à bec et des denticulés, des

pièces écaillées à retouche plate ventrale, des outils combinés.

Ainsi, le complexe acheuléen principal de Koudaro I est caractérisé par les traits de la variantekoudarienne :

� technique du débitage sur éclat à enlèvements parallèles (les négatifs du dos d’éclatsont parallèles ou subparallèles et représentent 45–60 %). Les éclats taillés ont en général destalons naturels ou lisses (60–80 %). Des lames originales, comme des éclats à talon facetté, sontrares ;� dominance absolue des petits outils sur éclats (environ 90 % de tous les outils). Les racloirs

sont les plus nombreux et représentent la moitié de tous les outils. Ils sont en général simples(90 % de tous les racloirs). Les racloirs ayant au bout un amincissement ventral, souvent munisdu dos naturel, sont caractéristiques du variant de l’acheuléen koudarien. Ce type ne serencontre pas dans l’outillage de la grotte de Tréhougol’naya ;� parmi les autres outils sur éclats, il existe des séries à encoches, des outils à bec et des

denticulés, des grattoirs ;� les outils convergents sont divers : racloirs convergents et déjetés, pointes massives surélevées,

pointes de Tayac, pointes de Quinson et protolimaces ;� les catégories des macro-outils sont peu nombreuses. Le grattoir-rabot nucléiforme présente

une forme spécifique pour le variant acheuléen de Koudaro. On n’a trouvé qu’un seul outilsimilaire à Tréhougol’naya ;� les bifaces acheuléens forment un groupe d’outil qui est petit, mais caractéristique par sa

typologie. Il se caractérise par la combinaison de deux types de biface : les bifacesamygdaloïdes double-convexes, plus rare les bifaces lancéolés épais et les bifacessubcordiformes partiels, faits sur éclats.

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246232

Page 38: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 233[()TD$FIG]

Fig. 19. Outil de type Tsaldi et fragments d’outils : 1–3, grotte de Koudaro I, couche 5a-5b (complexe III) ; 4, Tsona.Bifacial knives of Tsaldi type and their fragments: 1–3, Kudaro I Cave, layers 5a-5b (assemblage III); 4, Tsona Cave.

D’après Lioubine, 1998 ; Lioubine et Beliaeva, 2004a.

Page 39: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246234[()TD$FIG]

Fig. 20. La grotte de Koudaro I, couche 5a-5b (complexe III) : bifaces lancéolés (1) ; bifaces amygdaloïde (2).Kudaro I Cave, layers 5a-5b (assemblage III): lanceolate biface (1); amygdaloidal biface (2).

D’après Lioubine et Beliaeva, 2004a.

Page 40: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 235[()TD$FIG]

Fig. 21. La grotte de Koudaro I, couche 5a-5b (complexe III) : bifaces partiels sur éclats.Kudaro I Cave, layers 5a-5b (assemblage III). Partial bifaces made on flakes.

D’après Lioubine et Beliaeva, 2004a.

Page 41: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

5.7. Lentilles R et RI (complexe II) de la grotte de Koudaro I

Ce complexe ne compte que 52 objets, y compris 12 outils. Il se compose des trouvailles qui sesont redéposées des couches acheuléennes 5a-b et du dessus de la couche 5c (Lioubine etBeliaeva, 2004a, p. 128). Donc, ce complexe n’a pas de signification chronologique culturelle.

5.8. Lentilles XI-X3 (complexe I) de la grotte de Koudaro I

Le complexe acheuléen I, le plus tardif, est composé d’artefacts trouvés dans les lentillesd’érosion et comporte des mélanges provenant des couches moustériennes et acheuléennes(Lioubine et Beliaeva, 2004a, p. 120, 126). Cependant, certaines particularités de ces matériauxprésente un intérêt indiscutable pour la compréhension de l‘étape finale du variant acheuléenkoudarien I. Le complexe I est composé de 238 pièces, dont 81 sont des outils. Les racloirsreprésentent une catégorie majoritaire des outils. Ils sont, en général, simples, latérales ettranversaux. Il y a des grattoirs divers, des encoches, des outils denticulés et combinés, des outilsà bec. Les outils convergents comportent des pointes surélevées épaisses, deux pointesmoustériennes (faute de mélange), deux pointes de Quinson et un racloir convergent. Il y a desbifaces acheuléens, dont un est lagéniforme allongé à une extrémité transversale, trois bifacessubcordiformes sur éclat et un biface à bout transversal sur éclat (Fig. 22).

Il est à noter l’absence, dans ce complexe supérieur de Koudaro I, de tous les types d’outil quisont caractéristiques du variant acheuléen koudarien : des bifaces pointus amygdaloïdes oulancéolés, des grattoirs-rabots nucléiformes, des racloirs ayant un amincissement ventral desbouts, des outils de type Tsaldi. Presque tous les outils sont plats et partiels et réalisés sur éclats.C’est aussi un trait distinctif du complexe donné. Dans le groupe des bifaces, deux sont à bouttransversal, l’un des deux est lagéniforme. Ce type n’est pas connu dans les autres industries plusanciennes de Koudaro I et de la couche VI d’Azikh. Ce biface a été trouvé dans la couche 5 deKoudaro III. Cette industrie acheuléenne peu nombreuse de Koudaro III ne possède aucun outiltypique des complexes plus anciens du variant acheuléen koudarien. Les différences énuméréesplus haut sont corrélées avec l’âge plus tardif du complexe supérieur de Koudaro I et de la couche5 de Koudaro III.

Notons encore l’augmentation des proportions des bifaces acheuléens par rapport aunombre total des outils. Dans le complexe le plus ancien de la couche VI d’Azikh, cetteproportion est d’environ 1:2000, dans les couches de Koudaro 5c et 5a-b, elle est de 1:350 et1:300. Cette proportion pour le complexe le plus tardif I de Koudaro I est d’environ 1:50 etpour la couche 5 de Koudaro III de 1:35. On peut interpréter ces données comme untémoignage du progrès dans la technologie de fabrication des bifaces acheuléens. Le fait queles bifaces acheuléens les plus parfaits se trouvent dans le complexe III et le complexe I deKoudaro I, et que les bifaces plats de meilleure qualité de finition sont issus de la couche laplus tardive, confirment cette conclusion.

5.9. L’industrie acheuléenne de la couche V d’Azikh

Les problèmes d’interprétation des matériaux archéologiques de la grotte d’Azikh sont dus àune mauvaise qualité des fouilles de ce site. Ainsi, à cause de l’imprécision de la positionchronologique de la couche supérieure, Lioubine et Beliaeva (2004a, p. 250) pensent que lacouche acheuléenne V peut correspondre à une étape tardive du Pléistocène moyen ou même dudébut du Pléistocène. L’épaisseur maximale de la couche V se trouve dans la zone d’entrée de la

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246236

Page 42: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 237[()TD$FIG]

Fig. 22. La grotte de Koudaro I, Lentilles XI-X3 (complexe I). Bifaces sur éclat.Kudaro I Cave, lenses X1-X3 (assemblage I). Partial bifaces made on flakes.

D’après Lioubine et Beliaeva, 2004a.

Page 43: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

grotte (5 m). Elle a été divisée en cinq à sept horizons lithologiques. Suivant les analysespalynologiques, la partie principale de cette couche s’est formée lors du refroidissement et del’abaissement des limites des zones de végétations (Lioubine, 2002).

L’assemblage archéologique récolté dans la couche V, sur une superficie fouillée de200 m2 environ, ne comporte que 289 objets. Parmi eux, Lioubine et Beliaeva ont définis204 éclats, 13 nucléus et débris nucléiformes, 39 outils sur éclats et 19 macro-outils. Les macro-outils comportent 12 choppers et choppings-tools. Les sept bifaces de ce complexe comprennenttrois bifaces lancéolés allongés et un biface amygdaloïde allongé (Fig. 23(4)), un bifacesubcordiforme allongé ayant un tranchant transversal étroit (ce biface est réalisé sur un éclatmassif (Fig. 23(3)) et deux bifaces partiels à dos naturel. Les outils sur éclats sont représentés engénéral par des racloirs (26), des grattoirs (4) et des denticulés (3). Dans cet assemblage d’outil, ily a un racloir de type demi-Quina à dos amincis (Fig. 23(2)) et un racloir à dos avecl’amincissement ventral du bout basal (Fig. 23(1)).

Bien que la collection de la couche V d’Azikh, ne soit évidemment pas un complexehomogène, l’examen général de cette industrie permet de la rapprocher du variant acheuléensupérieur koudarien. Un certain nombre de traits rapproche l’industrie de la couche V d’Azikh aucomplexe acheuléen tardif I de Koudaro I :

� absence des grattoirs-rabots nucléiformes ;� présence de hachereau-biface plat ;� les racloirs à amincissement ventral des bouts sont rares ;� proportion élevée des bifaces par rapport à tous les outils lithiques (pour la couche V d’Azikh :

1:40).

Ces caractéristiques typologiques similaires permettent de supposer une approche temporelledes deux complexes. Cependant, dans la couche V d’Azikh, on fixe un refroidissement importantdu climat corrélé au stade isotopique froid 8. Ainsi, en résumant les particularités typologiques etles données paléographiques, on peut positionner chronologiquement le complexe acheuléen dela couche V d’Azikh entre le complexe principal III (OIS 9) et le complexe supérieur I (OIS 7) deKoudaro I (Fig. 15).

5.10. L’industrie acheuléenne de la grotte de Tsona

La grotte de Tsona est située dans la zone subalpine, à l’attitude de 2100-2150 m. Situé dansles montagnes du Caucase, c’est le site du Paléolithique ancien le plus élevé. La surface desfouilles est de 140 m2 et l’épaisseur des couches du Paléolithique ancien ne dépasse pas 2 m. Cesdépôts n’ont fournit que 134 artefacts. En même temps, on a trouvé dans ces couches 7000 osd’animaux, dont 92 % sont attribués à l’ours des cavernes (Lioubine, 2002). Ces donnéestémoignent, que les matériaux acheuléens de Tsona correspondent à des visites sporadiques et decourtes durées des Hommes dans le site. Les données palynologiques montrent que les conditionsclimatiques à cette période étaient douces. Aux périodes d’accumulation des sédiments duPaléolithique ancien, la grotte était entourée par des forêts de conifères et de latifoliés.

On y a définis deux couches acheuléennes, chacune comportaient quelques horizonslithologiques. Dans le cas de Tsona, ce partage n’a aucune importance, car le nombre des coucheset des horizons lithologiques ont évolués au fur et à mesure des différentes fouilles. La coucheinférieure du site a fournis 30 petits éclats et outils sur éclats (racloir, grattoirs, limace).L’inventaire de la couche supérieure compte 104 objets lithiques et présente en général des outils

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246238

Page 44: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 239[()TD$FIG]

Fig. 23. La grotte d’Azikh, couche V : racloir à dos avec amincissement ventral de l’extrémité basale (1) ; racloir de typedemi-Quina à dos amincis (2) ; biface cordiforme allongé sur éclat (3) ; biface amygdaloïde allongé (4).Azykh Cave, layer V: backed side-scraper with a base thinned with flat ventral retouch (1); demi-Quina side-scraper with aback thinned with flat ventral retouch (2); elongated cordiform biface made on a flake (3); elongated amygdaloidal biface (4).

D’après Lioubine, 1998.

Page 45: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

et des petits éclats peu nombreux. Il n’y a pas de déchets de débitage. Dans le groupe des outilssur éclat, on a déterminé de rares racloirs, une limace et un denticulé (Lioubine et Beliaeva,2004a). Le groupe des macro-outils ne possède ni choppers, ni grattoirs nucléiformes, mais il y aune quantité importante de bifaces acheuléens et de fragments de biface, ainsi que 3 hachereauxsur éclats et outils de type Tsaldi. Les bifaces de Tsona se distinguent nettement de ceux duvariant acheuléen koudarien.

On a défini les types de bifaces suivants (Lioubine, 2002) :

� bifaces-hachereaux : quatre dont deux sont sur éclats ;� bifaces subcordiformes : deux dont l’un est partiel, sa base n’est pas taillée ;� biface subtriangulaire : un ;� bifaces subtriangulaires taillés, plats, convexes : trois ;� bifaces triangulaires taillés plats, convexes : deux ;� biface ovale : un ;� biface amygdaloïde : un ;� biface à dos : un ;� fragments de biface : trois.

L’absence des grattoirs-rabots nucléiformes et des grattoirs à amincissement ventral des bouts,ainsi qu’une proportion élevée de bifaces par rapport aux outils lithiques (pour la couche supérieurede Tsona – environ 1:5 et plus) rapproche les matériaux de Tsona aux industries acheuléennestardives des grottes de Koudaro. Cependant, des bifaces-hachereaux (Fig. 24(2)), des bifacessubtriangulaires, et des bifaces triangulaires à taille plate-convexe (Fig. 24(1)) ne se rencontrent quedans le site de Tsona. Cet ensemble de biface plus évolué typologiquement par rapport aux autrescomplexes acheuléens stratifiés du Caucase montre que le complexe de Tsona est le plus tardif. Lesdonnées paléogéographiques permettent de préciser la position de la couche supérieure de Tsona enla datant de la deuxième moitié voire de la fin du stade oxygène 7 (Fig. 15).

5.11. Conclusion : techno-complexe acheuléen du Caucase

Bien que les complexes stratifiés considérés ne présentent pas la diversité complète del’Acheuléen du Caucase (Lioubine, 2002 ; Doronichev et Golovanova, 2003), ils forment legroupe le plus représentatif des industries acheuléennes.

J’ai proposé de définir ce groupe (mis à part l’industrie de Tsona) comme un variant acheuléensupérieur koudarien. On a considéré dans cet article la particularité technique, typologique de cesindustries. Toutes les industries de ce variant sont basées sur des sédiments. On trouve des bifacesacheuléens isolés en roches siliceuses dans la Géorgie de l’ouest, le long des côtes de la merNoire du Caucase, ainsi qu’au Nord du Caucase.

Le deuxième groupe d’industries acheuléennes est représenté par des complexes de sites deplein air basés sur des matières premières en lave (obsidienne, dacite, basalte, andésite). Ils setrouvent sur les plateaux volcaniques de l’Arménie et de la Géorgie du sud, au confluent desrivières Koura et Araxe dans le Petit Caucase. Ces industries acheuléennes ont lescaractéristiques suivantes :

� technique du débitage laminaire fondé sur des enlèvements parallèles ;� un pourcentage important de bifaces acheuléens (certain complexe possèdent environ 50 % de

bifaces par rapport aux autres outils) ;

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246240

Page 46: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 241[()TD$FIG]

Fig. 24. La grotte de Tsona : biface subtriangulaire taillé, plat-convexe (1) ; bifaces-hachereaux (2)Tsona Cave: sub-triangular biface with plane-convex retouch (1); biface cleaver (2).

D’après Lioubine, 1998.

Page 47: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

� dominance des bifaces plats (cordiformes, ovales et triangulaires), tandis que les bifacesmassifs amygdaloïdes ou lancéolés sont rares.

Les bifaces en roches volcaniques sont connus au Sud (nord de l’Iran), à l’ouest (jusqu’auxrégions Karsa-Trabson, au nord-est de la Turquie [Taskiran, 1998]) et au nord (jusqu’auxpiedmonts du Grand Caucase dans le sud de l’Osétie [Lioubine, 2002]). Il est à noter quel’industrie acheuléenne de Tsona, étant réalisée sur des matières sédimentaires, se trouve isoléedans le groupe des grottes du variant koudarien faute du pourcentage élevé de bifaces, et de leurtechnique de taille. Cependant, elle est similaire par son industrie acheuléenne à celle en lave duPetit Caucase.

On peut supposer que ces deux groupes d’industries acheuléennes du Caucase présentent desphénomènes culturels indépendants. On considère ces industries acheuléennes en lave du PetitCaucase ayant une grande quantité de bifaces acheuléens (plus de 700 pièces) comme le« sommet de l’iceberg » de l’acheuléen supérieur de l’Asie de l’ouest, notamment du Levant.

Dans cette région, la plus proche du Sud du Caucase, nous connaissons des industriesacheuléennes à grande quantité de bifaces. En revanche, les industries acheuléennes du variantkoudarien où les bifaces sont rares, ont d’autres origines. J’ai proposé une hypothèse(Doronichev, 2008) sur l’origine autochtone caucasienne du variant acheuléen koudarien au suddu Caucase sur la base d’industries plus anciennes du Complexe Prémoustérien sans bifaces.Cette hypothèse a les arguments suivants :

� une augmentation des proportions des bifaces acheuléens par rapport au nombre total d’outils,et une amélioration de leur technique de taille à partir des industries acheuléennes ancienneskoudariennes (couche VI d’Azik) par rapport à celles qui sont plus tardives (complexe I deKoudaro I et couche 5 de Koudaro III). Ces données peuvent être interprétées comme untémoignage du progrès dans la technique de fabrication des bifaces acheuléens ;� les industries du variant acheuléen koudarien sont similaires à l’industrie prémoustérienne de

la grotte de Tréhougol’naya par leur technologie (technique du débitage sur éclat non levalloisparallèle) et leur typologie (combinaison du groupe dominant des outils sur éclat et du groupedes macro-outils sur galets et rognons) ;� les données chronologiques montrent l’âge tardif de l’apparition de l’Acheuléen au Caucase,

corrélé aux périodes des industries acheuléennes supérieures et des industries acheuléennesyabrudiennes du Levant. L’âge de l’acheuléen koudarien est déterminé sur la base des datationsabsolues et de la biostratigraphie dans l’intervalle de temps compris entre 350–200 000 ans.Les complexes les plus anciens du Paléolithique ancien et les découvertes de bifaces dans larégion côtière de la mer Noire sont connus dans le site de plein air de Yachtukh, Abkhazie. Ilssont unis par les sédiments de la terrasse marine V, datée de 358–330 000 ans environ (Lioubineet Beliaeva, 2004a, p. 226). Les industries acheuléennes en lave des sites de plein air du PetitCaucase sont attribuées typologiquement à l’Acheuléen supérieur ou final (Doronichev etGolovanova, 2003).

6. Conclusion

Autrefois, les chercheurs ont exposé leurs hypothèses sur la possibilité d’apparition despremiers sites d’occupation humaine en Europe Orientale dès la première partie ou le début de ladeuxième partie du Pléistocène et sur le rôle principal qu’avait joué le Caucase ou, au contraire,l’Europe Centrale dans le processus d’apparition des premiers sites en Europe Orientale.

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246242

Page 48: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

Actuellement, toutes ces hypothèses manquent de fondement dans les faits. Dans le Caucase duNord, le site le plus ancien est daté de plus de 600 000 ans (c’est le niveau le plus bas de la grottede Tréhougol’naya). Dans la Plaine Russe, l’apparition de l’Homme date d’il y a 300 000 ansmaximum (ensemble alluvial de Khriatchi) comme c’est le cas de l’ancien site près des limitesoccidentales de l’Europe Orientale (Korolevo I, niveau VI), âgé d’environ 350–500 000 ans. Cesdonnées indiquent que le premier peuplement des régions du sud de l’Europe Orientale a étéassez tardif et qu’à ces dates (ou presque) l’homme est apparu aux différentes frontières de laplaine Est-Européenne : au sud, où elle confine avec le Caucase et à l’ouest, où elle confine avecles Karpates. Ces anciens sites correspondent à des lignes de terrain de l’ouest ou du sud del’Europe Orientale et traceraient l’écoumène exploitée par les hommes du Paléolithique anciendans les régions voisines.

L’étude des nouveaux sites stratifiés du Caucase (Dmanissi et grotte de Tréhougol’naya)attestent que ce n’est pas le complexe acheuléen, mais les industries non acheuléennes sans bifacesqui composent la strate culturelle du début du Paléolithique au Caucase. Ce niveau est daté à partirde la première apparition de l’homme au Caucase (1,8 Ma à Dmanissi) jusqu’au milieu duPléistocène (environ 350 000 ans dans la grotte de Tréhougol’naya). Le complexe le plus ancien deDmanissi est définit maintenant comme une industrie pré-oldowayenne (de Lumley et al., 2005).Les complexes de Tréhougol’naya sont définis comme un Complexe Prémoustérien (Doronichevet al., 2007). L’absence d’industries acheuléennes ou leur substitution par des industriesprémoustériennes sans bifaces acheuléens comme trait particulier du début du Paléolithique dans lazone Alpes-Caucase, avait déjà été observé en 1925 par Obermaier, suivi du concept de la « Moviusline » (Fig. 13). Ce concept correspond aux données des autres régions d’Eurasie. De l’EuropeOccidentale jusqu’à la Chine, on observe l’expansion des industries non acheuléennes des petitsoutils sur éclats datant de plus de 1 Ma (Burdukiewicz et Ronen, 2003).

Les connaissances actuelles montrent une apparition tardive du complexe acheuléen dans larégion du Caucase. Dans cette région, les industries acheuléennes les plus anciennes ne peuventêtre datées que de 350 000 ans au plus (Fig. 15). Évidemment, ce fait n’exclut pas la possibilitéd’une découverte de sites acheuléens encore plus anciens dans le futur. L’expansion du complexetechnique dans le Caucase est limitée, notamment dans le Petit Caucase et dans la partie centraledu Sud du Caucase. Lioubine (2002) explique que cette limitation résulte de limites naturellescomme la chaîne de montagnes dans le Grand Caucase, qui retenaient l’expansion des migrantsvenant du Levant et qui portaient avec eux des industries acheuléennes. L’analyse des industriesdu Paléolithique ancien a permis à Doronichev (2008) d’exposer une autre interprétation pluscompliquée des origines et de la diffusion du complexe acheuléen dans le Caucase. Monhypothèse s’appuie sur les thèses exposées ci-dessous :

� les origines différentes des industries acheuléennes du Caucase. Il serait possible d’envisagerd’une part, les migrations de la population de l’Asie Occidentale comme le résultat del’apparition des industries acheuléennes en quantité importante dans le Petit Caucase et dans leCaucase Central. D’autre part, j’admets la possibilité du développement autochtone, au seind’une formation caucasienne, d’une variante acheuléenne koudarienne à bifaces isolés dont labase est les industries plus anciennes sans bifaces du Complexe Prémoustérien au sud duCaucase ;� l’existence d’une vaste région culturelle alpo-caucasienne que je détermine comme

Complexe Prémoustérien avec des industries core-flake-tool, sur laquelle, durant lePaléolithique ancien, l’Homme n’a utilisé ni la technologie du biface acheuléen, ni celledu débitage Levallois.

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 243

Page 49: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

Remerciements

Nos remerciements vont au Programme Fulbright (États-Unis), aux Fondations de Leakey(États-Unis), de Soros (États-Unis), de Glassman Holland (États-Unis) et au Program INTAS, quiont soutenu financièrement nos recherches. Je tiens à remercier les personnes suivantes : O. Bar-Yosef, A. Belfer-Cohen, H. Dibble, A. Dzhafarov, N. Goren-Inbar, J.-J. Hublin, D.Lordkipanidze, H. de Lumley, M. Nioradze, G. Sharon, et T. White, qui m’ont autorisé l’étudedes collections paléolithiques.

Références

Aitken, M., Stokes, S., 1997. Climatostratigraphy. In: Taylor, R.E., Aitken, M.J. (Eds.), Chronometric dating inarchaeology. Plenum, New York, pp. 1–30.

Amirkhanov, H.A., 2007. Oldowan sites of North-Eastern Caucasus: preliminary report. TAUS, Moscow. (in Russian).Anoikin, A.A., 2008. Early Paleolithic in the Piedmont zone of the Caspian shore of Dagestan (with particular reference to

the materials from the Rubas Valley). In: Early Paleolithic of Eurasia: new discoveries. International ConferenceProgram and Abstracts. Krasnodar–Temriuk, 1-6 September 2008, Rostov-on-Don, pp. 119–120.

Antón, S.C., Leonard, W.R., Robertson, M.L., 2002. An ecomorphological model of the initial hominid dispersal fromAfrica. Journal of Humane Evolution 43, 773–785.

Baales, M.O., Joris, A., Justus, W., Roebroeks, 2000. Natur oder Kultur? Zur Frage altestpaläolithischer Artefaktensem-bles aus Hauptterrassenschottern in Deutschland. Germania 78, 1–20.

Bar-Yosef, ?., Goren-Inbar, N., 1993. The Lithic Assemblages of Ubeidiya: a lower palaeolithic site in the Jordan Valley.Institute of Archaeology. Hebrew University of Jerusalem.

Baryshnikov, G.F., 2002. Local biochronology of Middle and Late Pleistocene Mammals from the Caucasus. RussianJournal of Theriology 1, 61–67.

Boëda, E., Courty, M.A., Fedoroff, N., Griggo, C., Hedley, I.G., Muhesen, S., 2004. Le Site Acheuléen d’el Meirah, Syrie.In: Aurenche, O., Le Miere, M., Sanlaville, P. (Eds.), From the River to the Sea. The Paleolithic and the Neolithic onthe Euphrates and in the Northern Levant. Studies in honour of Lorraine Copeland. BAR International Series, pp.1263–2004.

Bolikhovskaya, N.S., Molodkov, A.N., 2002. Reconstruction of development of Pleistocene paleoclimatic events on thedata of palynological and electron-paramagnet-resonance research in the territory of Northern Eurasia. Archaeology,ethnography and anthropology of Eurasia 2, 2–21 (in Russian).

Bordes, F., 1956. Some observation on the Pleistocene succession in the Somme valley. Proceedings of the PrehistoricSociety 22, 165.

Bordes, F., 1961. Typologie du Paléolithique ancien et moyen. 2 vols. Mémoires de l’Institut Préhistorique de l’Universitéde Bordeaux 1, Bordeaux.

Bordes, F., 1968. The Old Stone Age. McGraw-Hill, New York.Breuil, H., 1932. Les industries à éclat du Paléolithique ancien. Le Clactonien. Préhistoire 1, 125–190.Burdukiewicz, J.M., Ronen, A., 2003. Research problems of the Lower and Middle Palaeolithic small tool assemblages.

In: Burdukiewicz, J.M., Ronen, A. (Eds.), Lower Palaeolithic Small Tools in Europe and the Levant. BAR S1115, pp.235–238.

Debenath, A., Dibble, H.L., 1994. Handbook of paleolithic typology. Volume one: lower and middle paleolithic of Europe.University Museum Press, Philadelphia.

de Lumley, M.A., Gabounia, L., Vekua, A., Lordkipanidze, D., 2006. Les restes humains du Pliocène final et du début duPléistocène inférieur de Dmanissi, Géorgie (1991-2000). I. Les crânes, D2280, D2282, D2700. L’anthropologie 110,1–110.

de Lumley, H., Nioradzé, M., Barsky, D., Cauche, D., Celiberti, V., Nioradzé, G., Notter, O., Zvania, D., Lordkipanidze,D., 2005. Les industries lithiques préoldowayennes du début du Pléistocène inférieur du site de Dmanissi en Géorgie.L’anthropologie 109, 1–182.

Derevianko, A.P., Zenin, V.N., Anoikin, A.A., 2006. An early Paleolithic micro-industry of Darvagchai-1 occupation:morphology and preliminary classification. In: Derevianko, A.P., Nokhrina, T.I. (Eds.), Man and space in the StoneAge cultures of Eurasia. Novosibirsk (in Russian).

Derevianko, A.P., Zenin, V.N., 2008. Mode of occurrence of the early Paleolithic industries at the site of Darvagchai inDagestan. In: Vasil’ev, S.A., Derevianko, A.P., Matishov, G.G., Amirkhanov, A., Shchelinsky, V.E., et, al.

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246244

Page 50: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

(Eds.), Early Paleolithic of Eurasia: new discoveries. International Conference Program and Abstracts. Krasno-dar–Temriuk, 1-6 September 2008. Rostov-on-Don, pp. 130–132.

Doronichev, V.B., 2008. The lower Paleolithic in Eastern Europe and the Caucasus: a reappraisal of the data and newapproaches. Paleoanthropology 107–157.

Doronichev, V.B., Golovanova, L.V., 2003. Bifacial tools in the lower and middle Paleolithic of the Caucasus and theircontexts. In: Dibble, H., Soressi, M. (Eds.), Multiple approaches to the Study of bifacial technologies. University ofPennsylvania, Philadelphia, pp. 77–107.

Doronichev, V., Golovanova, L., 2010. Beyond the Acheulean: a view on the Lower Paleolithic occupation of WesternEurasia. Quaternary International 223/224, 327–344.

Doronichev, V.B., Blackwell, B.A., Golovanova, L.V., Levkovskaya, G.M., Pospelova, G.A., 2004. Tréhougol’naya cavein the Northern Caucasus, Russia: its chronology, paleoenvironments, industries and relationship to the lowerpaleolithic in Eastern Europe. Eurasian Prehistory 2, Cambridge–Krakow, pp. 77–144.

Doronichev, V.B., Golovanova, L.V., Baryshnikov, G.F., Blackwell, B.A.B., Garutt, N.V., Levkovskaya, G.M., Molodkov,A.N., Nesmeyanov, S.A., Pospelova, G.A., Hoffecker, J.F., 2007. Tréhougol’naya Cave. The Early Paleolithic inCaucasus and Eastern Europe. St. Petersburg (in Russian).

Gabunia, M., 2000. On Ancient Man in the volcanic Mountainous Region of South Georgia. In: Lordkipanidze, D., Bar-Yosef, O., Otte, M. (Eds.), Early Humans at the Gates of Europe. Proceedings of the first international symposium,Dmanissi, Tbilisi (Georgia), September 1998. ERAUL 92, pp. 43–47.

Gladilin, V.N., Sitliviy, V.I., 1990. Acheulean in Central Europe. Kiev (in Russian).Goren-Inbar, N., Feibel, C.S., Verosub, K.L., Melamed, Y., Kislev, M.E., Tchernov, E., Saragusti, I., 2000. Pleistocene

Milestones on the Out-of-Africa Corridor at Gesher Benot Ya’aqov. Israel. Science 289, 944–947.Hoffecker, J.F., 2002. Desolate landscapes: ice-age settlement in Eastern Europe. Rutgers University Press, Brunswick.Hoffecker, J.F., Baryshnikov, G.F., Doronichev, V.B., 2003. Large Mammal Taphonomy of the Middle Pleistocene

hominid occupation at Treugol’naya Cave (Northern Caucasus). Quaternary Science Reviews 22 (5–7), 595–607.Klein, R.G., 1989. The human career. Human biological and cultural origins. University of Chicago Press, Chicago.Koulakovska, L., Usik, V., Haesaerts, P., 2010. Early Paleolithic of Korolevo site (Transcarpathia, Ukraine). Quaternary

International 223/224, 116–224.Kozlowski, J.K., 2003. From Bifaces to Leaf Points. In: Dibble, H., Soressi, M. (Eds.), Multiple Approaches to the Study

of Bifacial Technologies. University of Pennsylvania Museum of Archaeology and Anthropology, Philadelphia, p.149-164.

Laville, H., Rigaud, J.P., Sackett, J.R., 1980. Rock Shelters of the Perigord. Geological Stratigraphy and ArchaeologicalSuccession. Academic, New York.

Lioubine, V.P., 1998. The Acheulean epoch in Caucasus. St. Petersburg (in Russian).Lioubine, V.P., 2002. L’Acheuléen du Caucase. ERAUL 93, Liège, 140 p.Lioubine, V.P., Beliaeva, E.V., 2004. A Homo erectus occupation in Kudaro 1 cave. Central Caucasus. St. Petersburg (in

Russian).Lioubine, V.P., Beliaeva, E.V., 2004. A discovery of traces of the Lower Paleolithic on island mountains of Pyatigoria

(Stavropol krai). In: Problems of primitive archaeology of Eurasia. To 75 years old of A.A. Formozov, Moscow, pp.104–111 (in Russian).

Nesmeyanov, S.A., 1999. Geomorfologicheskie Aspekty Paleoekologii Gornogo Paleolita (na primere ZapadnogoKavkaza). Nauchnyi Mir, Moscow (in Russian).

Obermaier, H., 1925. El hombre fósil. Segunda edición, refundida y ampliada. Comisión de investigaciones paleon-tológicos y prehistóricos. Memoria, Museo Nacional, Madrid.

Pospelova, G.A., 2000. Geomagnetic excurses of Bruhnes chrone and global climatic oscillations. Reports of RAN,Physics of the Solid Earth 8, 3–14 (in Russian).

Praslov, N.D., 1968. The Early Paleolithic of north-eastern Azov Sea shore and Lower Don. Leningrad (in Russian).Praslov, N.D., 1995. The earliest occupation of the Russian Plain: a shot note, in: Roebroeks, W., Kolfschoten, T. (Eds.),

The earliest occupation of Europe. Proceedings of the European Science Foundation Workshop at Tautavel (France),1993. University of Leiden, Leiden.

Praslov, N.D., 2001. Paleolithic of Don basin (problems of stratigraphy, chronology and cultural development). Thesis, St.Petersburg (in Russian).

Sharon, G., 2007. Acheulian large flake industries: technology, chronology and significance. BAR International Series,Oxford.

Shchelinsky, V.E., Dodonov, A.E., Baigusheva, V.S., Kulakov, S.A., Simakova, A.N., Tesakov, A.S., Titov, V.V., 2010.Early Palaeolithic sites on the Taman Peninsula (Southern Azov Sea region, Russia): Bogatyri/Sinyaya Balka andRodniki. Quaternary International 223/224 28–35.

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246 245

Page 51: Lower Paleolithic in Eastern Europe and Caucasus

Author's personal copy

Slimak, L., Roche, H., Mouralis, D., Buitenhuis, H., Balkan-Atli, N., Binder, D., Kuzucuoglug, C., Grenet, M., 2004.Kaletepe Deresi 3 (Turquie), aspects archéologiques, chronologiques et paléontologiques d’une séquence Pléistocèneen Anatolie centrale. Comptes Rendus Palevol 3, 411–420.

Tappen, M., Adler, D.S., Ferring, C.R., Gabunia, M., Vekua, A., Swisher III, C.C., 2002. Akhalkalaki: the taphonomy ofan Early Pleistocene locality in the Republic of Georgia. Journal of Archaeological Science 29, 1367–1391.

Taskiran, H., 1998. The distribution of bifaces in Anatolia. In: Otte, M. (Ed.), Préhistoire d’Anatolie, Genèse de deuxmondes. ERAUL 85, pp. 569–578.

van Kolfschoten, T., 2008. Biostratigraphical evidence for dating Paleolithic sites. In: Vasil’ev, S.A., Derevianko,A.P., Matishov, G.G., Amirkhanov, A., Shchelinsky, V.E. (Eds.), Early Paleolithic of Eurasia: New Discoveries.International Conference Program and Abstracts. Krasnodar–Temriuk, 1-6 September 2008, Rostov-on-Don, p.145.

Velichko, A.A., Antonova, G.V., Zelikson, E.M., 1980. A paleogeography of Azykh site–the oldest primitive manoccupation in the territory of USSR. Reports of Academy of sciences, Geographical Series 3, 20–35 (in Russian).

Zamiatnin, S.N., 1951. On the appearance of local differences in culture of the Paleolithic period. Works of ethnographyinstitute 16, 89–152 (in Russian).

Zelikson, E.M., Gubonina, Z.P., 1985. A displacement of altitude zonality as a basis for reconstruction of climatic changesin mountain states. In: Methods of climate reconstruction. Moscow, p. 37-45.(in Russian).

Zubakov, V.A., Kulikov, O.A., Pisarevskiy, S.A., 1985. Trans-Don climate-stratigraphical correlation. In: Side formationsof continental glaciations. Proceedings of VIIth All-Union meeting, Voronej-Moscow, p. 134-136.(in Russian).

V.B. Doronichev / L’anthropologie 115 (2011) 197–246246