La transformation de la société par le numérique CESER groupe de travail mutations – 13 mars 2013 Combien ? 2 A faire quoi ? 8 Une typologie du web 2.0 13 Mais surtout… 24 Génération Y 29 Une réalité à tempérer… 43 …mais une réalité 50 Les raisons 58 Internet c’est cool 62 On y obtient des choses impossibles autrement 79 On doit rester à la page 93 Il faut maîtriser Internet, 106 Ce que ça change 118 C’est un point important 127 Cyborgs 141 Amateurs 158 Et demain ? 189 Et souvenez vous 199
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La transformation
de la société par
le numérique
CESER groupe de travail mutations – 13 mars 2013
Combien ? 2
A faire quoi ? 8
Une typologie du web 2.0 13
Mais surtout… 24
Génération Y 29
Une réalité à tempérer… 43
…mais une réalité 50
Les raisons 58
Internet c’est cool 62
On y obtient des choses impossibles autrement 79
On doit rester à la page 93
Il faut maîtriser Internet, 106
Ce que ça change 118
C’est un point important 127
Cyborgs 141
Amateurs 158
Et demain ? 189
Et souvenez vous 199
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Combien ?
Il y a plus d’un milliard d’ordinateurs connectés à Internet dans le monde, et autant de smartphones, pour plus de 5 milliards d’appareils en tout.
En France, le taux d’équipement avant 40 ans s’approche du 100%. Au total il est de 74 %.
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pcinpact.com
by NIL SANYAS
L’ARCEP et le CGIET (Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des
technologies) ont récemment publié les résultats de leur enquête réalisée
en face-à-face en juin dernier auprès de 2230 personnes âgées de 12 ans et
plus. Ce sondage a porté notamment sur le taux de connectés à Internet, le
pourcentage d’utilisateurs de la téléphonie fixe via les box Internet, ou encore les
parts des ménages équipés d’ordinateurs.Donnée intéressante, les résultats sont la plupart
du temps précisés par tranche d’âges, et sans surprise, les différences entre les plus jeunes et les
plus anciens sont importantes.
Depuis cette année, comme le montre le graphique ci-dessus, plus de la moitié de la population
française (29 millions de personnes) a accès à la téléphonie fixe via leur réseau internet haut débit
(ADSL, câble ou fibre optique).
L’Autorité précise que « 72 % des 12-17 ans téléphonent par une box, contre 18 % des plus âgés, soit
un écart de 1 à 4 ». Une différence qui s’explique par le plus faible taux de connectés chez les
séniors, mais aussi, quand ils sont connectés, par le faible nombre d’abonnés au double ou
triple-play.
Ces différences se retrouvent en partie du côté des équipements d’ordinateurs. En effet, si
l’enquête montre que 76 % des sondés disposent au moins d’un ordinateur à domicile en 2010
(contre 66 % en 2007), elle nous apprend aussi que 27 % des personnes interrogées ont plusieurs
ordinateurs. Or ce nombre atteint 55 % dès lors que l’on s’intéresse aux 12-17 ans.
99 % des ados sont connectés à Internet en France — www.pcinpact.c... http://www.readability.com/articles/gx85etpn
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Cela prouve, si certains en doutaient encore, que les plus jeunes sont plus que jamais équipés et à
jour techniquement.
Les jeunes français quasiment tous connectés
Sans surprise, ces données sur la téléphonie par box et sur l’équipement en ordinateurs sont
confirmées du côté d’Internet. Les statistiques sont mêmes impressionnantes. Ainsi, comme le
graphique ci-dessous le montre, 99 % des 12-17 ans utilisent Internet chez eux, à l’école ou ailleurs
(peu importe l’endroit), contre 93 % des 18-39 ans, 77 % des 40-59 ans, 52 % des 60-69 ans et
surtout 20 % des 70 ans et plus.
En moyenne, 74 % des sondés ont accès à Internet, dont 70 % en haut débit. La plupart ont un
accès au domicile, mais le lieu de travail (ou d’études) demeure toujours important (chiffres
stables depuis 3 ans), tandis que les cybercafés et les bibliothèques gardent toujours une certaine
part d’utilisation, avec une réelle stabilité depuis plusieurs années.
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Outre l’explosion des connexions à domicile (de 37 à 68 % en 5 ans), on remarque bien sûr celle
des connexions via téléphones mobiles, qui, avec 12 % des sondés, devraient surpasser les
cybercafés et les bibliothèques dès l’an prochain.
Réseau mobile : vivement la 4G
Au sujet de l’internet via réseau mobile justement, l’enquête montre que tout n’est pas parfait, loin
de là. La moitié des utilisateurs se plaignent ainsi régulièrement de la vitesse de ce type de réseau
(graphique de gauche), particulièrement ceux vivant dans des villes petites et moyennes
(graphique de droite).
Quels sont les freins à l'adoption d'Internet ?
Enfin, pour revenir à Internet dans sa globalité, le sondage revient sur ceux ne souhaitant pas s’y
abonner et l’utiliser, et explique leurs raisons. Si les coûts ou encore la « complexité » d’Internet ne
sont pas les freins principaux à l’utilisation du Net, deux raisons sortent du lot : 29 % ont ainsi
répondu que « les données personnelles ne sont pas suffisamment protégées sur Internet » (contre
20 % en 2008), et 26 % qu’ « Internet n’est pas utile pour la vie quotidienne » (contre 18 % en
2007).
Si la première raison n’est pas étonnante, tant ce type de sujet fait régulièrement la Une des
quotidiens nationaux, notamment depuis l’explosion de Facebook, la seconde, si elle est
compréhensible, ne devrait pas se retrouver à un niveau si élevé, alors que les services sur Internet
sont de plus en plus nombreux.
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archives-lepost.huffingtonpost.fr
by COCKPIT • SEPT. 15, 2010
Web
15/09/2010 à 13h09 - mis à jour le 15/09/2010 à 16h28 | - vues | - réactions
Réseau social : Site à l’accès restreint où chaque utilisateur possède un profil. Les membres sont
liés de façon bilatérale ou au travers de groupes. Certains réseaux proposent également des
fonctionnalités plus sophistiquées (messagerie, publication et partage de contenus…) ainsi que la
possibilité d’héberger des applications tierces (plateforme). Exemples : Facebook, Orkut,
Friendster, Tagged…
Microblog : Service de publication, de partage et de discussion reposant sur des messages très
courts. La consultation des messages et profils ne requiert pas d’inscription et peut se faire sur le
web, les terminaux mobiles ou au travers d’applications. Chaque membre possède un profil public
où sont listés les derniers messages. Les membres peuvent s’abonner aux profils des autres pour
recevoir leurs messages dans un flux unique. Exemples : Twitter, Google Buzz…
Agrégateur : Service en ligne permettant de regrouper l’ensemble des publications d’un
utilisateur des médias sociaux (social stream). De très nombreuses formes de contributions sont
acceptées (RSS, photos, vidéos, liens, email…). Les utilisateurs peuvent s’abonner aux flux des
autres membres. Exemples : Posterous, FriendFeed…
FAQ collaborative : Service en ligne d’entraide où les questions et les réponses sont publiées par
les utilisateurs. Les réponses sont commentées et notées, le membre qui a publié la question
sélectionne la réponse la plus satisfaisante afin de clôturer les échanges et récompenser l’auteur
avec un système de points. Exemples : Quora, StackOverflow… (article sur le sujet : Les FAQ
collaboratives comme alternatives aux forums ?)
Jeux sociaux : Jeux en ligne reposant sur une plateforme sociale exploitant les profils des
membres pour proposer différentes interactions sociales entre les joueurs (tableau publics des
meilleurs scores, système d’invitation et de défis, objectifs ne pouvant être réalisés en solo…).
Exemples : Farmville, Mafia Wars, Texas HoldEm Poker… (Article sur le sujet : Tour d’horizon des
social games)
Service de géolocalisation : Applications permettant de publier, partager et discuter sur des
terminaux mobiles. Les articles ou photos publiés sont rattachés à un lieu afin de leur donner un
contexte géographique. Chaque membre dispose d’un profil où sont listées ses dernières
publications ainsi que les lieux qu’il a visités. Chaque lieu dispose également d’une page où sont
listés les membres qui s’y sont signalés (check-in). Exemples : Foursquare, Facebook Places,
Gowalla… (Article sur le sujet : Après le lifestream, le placestream ?)
Bien évidemment cette liste n’est pas exhaustive et ces définitions sont soumises à votre
appréciation (n’hésitez pas à les corriger / compléter). Certains médias sociaux de référence
ne sont pas mentionnés dans cette liste. La raison est simple : ils ne rentrent pas dans les
cases. Des plateformes sociales comme MySpace ou Skyblog sont en effet à mi-chemin entre
réseau social, service de publication et de partage. De même, Tumblr peut être utilisé comme
agrégateur, outils de microblog et de publication.
Outre ces cas particuliers, les différents types de médias sociaux décrits plus haut proposent des
mécaniques sociales disparates : contrairement aux wikis où tous les rédacteurs sont au même
niveau, le rédacteur d’un blog est largement sur-représenté vis-à-vis des commentateurs ; les
contributeurs d’un forum ne suivent pas les mêmes motivations que les utilisateurs de microblog…
Être présent sur les médias sociaux ne se résume pas à ouvrir une page sur
Facebook. Si vous souhaitez investir les médias sociaux et exploiter leur diversité, il vous faudra
comprendre la façon dont fonctionne chacun de ces types de médias (la matière première qui
génère les interactions sociales, les rapports entre les membres…) et les synergies qui peuvent être
mises en oeuvre entre eux.
Description des différents types de médias sociaux — www.mediassoc... http://www.readability.com/articles/fjwhsm5n
Mais surtout…
« Petite Poucette est née au début des années 1980. Elle a une trentaine d'années aujourd'hui. Les gens comme moi, nés d'avant l'ordinateur, nous travaillons AVEC lui. Nous sommes en dehors de l'ordinateur. Petite Poucette, elle, vit DANS l'ordinateur. Pour elle, l'ordinateur n'est pas un outil, mais fait partie de ses conditions de vie. »
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lejdd.fr
Michel Serres est une vigie plantée en haut du mât de notre époque. Du haut de son gréement, de
ses 82 ans, de sa culture encyclopédique, de son temps partagé entre les cultures française et
américaine qu'il enseigne, ce philosophe académicien nous décrit les changements qu'il observe
sur l'équipage humanité que nous sommes. En curieux de tout qu'il est, il guette avec impatience
et gourmandise les évolutions qui nous arrivent, comme un des matelots de Colomb aurait scruté
l'horizon dans l'espoir de nouvelles terres. Son constat sur notre époque est simple : le monde,
depuis cinquante ans, traverse une révolution comme l'humanité n'en a connu jusque-là que deux
d'une telle ampleur. Avec un constat pareil, un autre que lui serait grognon et inquiet. Serres est
un optimiste impénitent. L'avenir du nouveau monde appartient à Petite Poucette *, ainsi qu'il a
baptisé l'archétype du "nouvel humain" encore en devenir, en référence à son usage du téléphone
et de l'ordinateur. Et cette Petite Poucette-là, qui est sur le point de "prendre les commandes", n'a
pas fini de nous surprendre…
La crise est-elle bientôt finie?
La crise financière, c'est probable. Je ne suis pas un économiste, ni un spécialiste de la finance,
mais ce que je vois, c'est le tableau global. On ne parle que d'économie! Une campagne électorale,
ce n'est que ça : l'emploi, la dette, le budget ! Elle a envahi la totalité de la discussion publique. Or
notre monde traverse une phase de changements gigantesques. Comme on est obnubilé par
l'économie, on ne pense la crise qu'en termes économiques, mais il y a tellement de choses plus
importantes qui nous mettent en crise! Cette crise d'ailleurs, c'est principalement le malaise dans
nos têtes devant les immenses changements qui sont à l'œuvre.
Par exemple…
Nous étions 50% d'agriculteurs à la fin de la guerre et ils ne sont plus que 1%. Pendant ma vie
humaine, et c'est unique dans l'histoire, la population mondiale a doublé deux fois! Quand je suis
né, on était 2 milliards, on est 7 milliards aujourd'hui. Dans la même période, l'espérance de vie a
triplé. C'est tout cela que l'on ne voit pas.
Pourquoi?
On sait qu'un tremblement de terre se passe en surface. Or la théorie des mouvements de plaques
l'explique par des mouvements profonds. Ce que j'essaie d'expliquer, ce sont les mouvements
profonds. La fin de l'agriculture, la victoire sur la douleur en médecine, l'allongement de
l'espérance de vie. Tout cela a des conséquences énormes : quand mon arrière-grand-père se
mariait, statistiquement, il jurait à sa compagne fidélité pour cinq à dix ans, maintenant c'est pour
soixante ans. On dit toujours "mariage", mais un engagement pour dix ans et un engagement pour
soixante ans, ce n'est plus pareil! Il y a beaucoup de choses qui ont secrètement changé, qu'on ne
voit pas changer, mais qui ont complètement bouleversé le monde. On est passé, en moins de
cinquante ans, dans un nouveau monde.
«Il y a eu trois secousses dans les années 1960 qui ont précédé le tremblement de
terre des années 1980.»
Quand situez-vous cette bascule?
Précisément au milieu des années 1960. En 1965, 1966, on ne se souvient plus de cela aujourd'hui,
mais il y a eu des révolutions agricoles dans beaucoup de villes françaises. Il y a eu des morts à
Rodez, à Quimper, à Millau. La paysannerie s'apercevait tout d'un coup qu'elle changeait de
monde. Au même moment, l'Église catholique a fait son aggiornamento, avec le Concile. Et puis il
Serres : "Ce n'est pas une crise, c'est un changement de monde" — www... http://www.readability.com/articles/fiu0ll1i
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y a eu la révolution étudiante, en 1968, mais c'est la dernière des trois secousses. Il y a donc eu un
premier tremblement de terre à cette période-là. Il a précédé le vrai tremblement de terre, celui des
années 1980, avec l'arrivée des nouvelles technologies.
Celle que vous appelez "Petite Poucette", parce qu'elle a toujours en main le clavier
de son téléphone, est née à ce moment-là… Comment la définissez-vous?
Oui, Petite Poucette est née au début des années 1980. Elle a une trentaine d'années aujourd'hui.
Les gens comme moi, nés d'avant l'ordinateur, nous travaillons AVEC lui. Nous sommes en dehors
de l'ordinateur. Petite Poucette, elle, vit DANS l'ordinateur. Pour elle, l'ordinateur n'est pas un
outil, mais fait partie de ses conditions de vie. Elle est sur Facebook, les réseaux sociaux, son
téléphone est branché avec elle…
C'est-à-dire "dans" l'ordinateur?
Je vous donne des exemples. L'autre jour, un de mes petits-fils vient chez moi en deux-roues, et il
était en panne. Il démonte son engin et me dit : "Regarde…" Il avait une pièce qu'il ne savait pas où
remettre. Il m'a demandé mon téléphone portable et, hop, il a trouvé la solution à son problème…
Il vit dedans. C'est vrai aussi de mes étudiants à Stanford, à qui j'ai fait corriger mon livre, c'est vrai
aussi des patients à l'hôpital… Regardez les conséquences : quand j'étais jeune, par exemple, on
n'aurait jamais demandé à un chirurgien après une opération ce qu'il avait fait dans votre ventre.
Aujourd'hui, n'importe quel patient, s'il a "un pet de travers", tape "pet de travers" sur son
ordinateur avant d'aller voir le toubib. Et il va pouvoir en parler avec son médecin. Cela change
tout. Dans Petite Poucette, j'appelle ça "la présomption de compétence" qui s'est renversée. Avant,
le toubib, l'avocat, l'enseignant, avaient une "présomption d'incompétence" à l'égard de ceux
auxquels ils s'adressaient. Aujourd'hui, si j'entre dans un amphi pour faire un cours sur la
cacahuète , je sais qu'il y a certains étudiants qui ont tapé "cacahuète" sur Wikipédia la veille, et
donc je dois faire cours en fonction de ça. Petite Poucette arrive à présent sur le marché du travail.
Il y a des instits, des profs, Petites Poucettes d'aujourd'hui, et cette vague est en train de construire
le nouveau monde.
Petite Poucette a commencé par devenir trader…
Oui, si on veut! Les traders, c'est le numérique depuis longtemps… Les échanges instantanés à
l'échelle de la planète et ce numérique-là sont en grande partie responsables de la crise financière.
On a vu ce qui s'est passé pour la musique. Cela a foutu en l'air le marché du disque… Parce
qu'aujourd'hui le rapport numérique/financier est très difficile à maîtriser. Comment faire un droit
dans cet espace de non-droit qu'est la Toile? Pour l'instant, on ne voit pas comment on pourrait
faire entrer le commerce là-dedans… On ne sait pas encore très bien comment le rapport marchand
va évoluer. Mais cela devrait se régler dans les dix ans qui viennent. Les journaux aussi sont en
crise, mais ce n'est pas une crise de l'information. Petite Poucette est surinformée, elle sait
beaucoup plus de choses que lorsque les journaux étaient florissants. L'université aussi est en
crise. Comment enseigner aujourd'hui? À quoi servent les bibliothèques alors que j'ai tous les
livres du monde chez moi? Voyez tout ce qui change!
Et cela nous inquiète…
Nous sommes, en France, dans le pays le plus inquiet concernant les sujets scientifiques.
Pourtant, on était un des pays les plus optimistes à cet égard au début du XX e siècle. Il y avait
Jules Verne, le palais de la Découverte. La science était un sujet d'enthousiasme. Or, cela a
complètement changé. Je ne sais pas l'expliquer. Il y a une inquiétude presque idéologique.
L'idéologie de la science s'est transformée en idéologie de l'inquiétude. Regardez la manière dont
on utilise le mot "chimie". En mal. Or notre cerveau, notre genou, ce bout de papier, c'est de la
chimie. Sans chimie, il n'y aurait pas de bio. On oppose "bio" à "chimie", comme si "bio" voulait dire
"sans chimie". Or le bio, c'est de la chimie! Cette méfiance est une particularité française. En
Allemagne, en Amérique, il y a des littératures de l'inquiétude, mais elles n'ont pas cette résonance
populaire qui existe en France. Peut-être est-ce aussi le signe que la bascule du nouveau monde
est en train d'arriver ici, alors forcément les gens sont un peu plus inquiets qu'ailleurs…
«Petite Poucette a trouvé le sens réel du mot 'maintenant'. Elle peut dire : 'main-
tenant, tenant en main le monde'.»
Serres : "Ce n'est pas une crise, c'est un changement de monde" — www... http://www.readability.com/articles/fiu0ll1i
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Y a-t-il eu auparavant des moments d'inquiétude aussi forte qu'aujourd'hui?
Oui, bien sûr. Dans Petite Poucette , j'en décris deux autres, qui correspondent aux deux
précédentes révolutions de l'humanité. La première se situe quand on est passé du stade oral au
stade écrit. La deuxième, quand on est passé du stade écrit au stade imprimé. Maintenant, dans la
troisième révolution, on bascule du stade imprimé au stade numérique. À chacune de ces trois
révolutions correspondent les mêmes inquiétudes… À la première, Socrate fulminait contre l'écrit
en disant que seul l'oral était vivant! Au moment de l'imprimerie, il y a des gens qui disaient que
cette horrible masse de livres allait ramener la barbarie. Ils affirmaient d'ailleurs que personne ne
pourrait jamais lire tous les livres, ce en quoi ils avaient raison. Il est donc naturel de retrouver les
mêmes angoisses au moment d'une révolution qui est encore plus forte que les deux précédentes.
Pourquoi plus forte?
Un de mes amis a fait un livre sur les "neurones de la lecture". On a repéré les neurones exacts qui
sont excités quand on lit quelque chose. On s'aperçoit aujourd'hui que les neurones excités par le
numérique, devant un ordinateur, ne sont pas les mêmes! Ce n'est pas seulement le monde, ce
sont aussi nos têtes qui changent…
Jusqu'où ira le changement?
Je ne parle pas souvent politique, mais là, pour une fois, je vais le faire. Petite Poucette a trouvé le
sens réel du mot "maintenant". Qu'est-ce que veut dire ce mot-là? Cela veut dire : "tenant en
main". Petite Poucette, avec son téléphone portable, tient en main tous les hommes du monde,
tous les enseignements du monde, et tous les lieux du monde par GPS. Donc elle peut dire : "main-
tenant, tenant en main le monde". Mais qui pouvait en dire autant avant elle? Auguste, empereur
de Rome, des grands savants? Aujourd'hui, il y a 3,75 milliards de personnes qui ont un portable
avec Internet dedans et qui "tiennent en main le monde". Cela ne fait pas une nouvelle
démocratie? Voilà le nouveau monde. C'est vertigineux, c'est ce qui m'impressionne le plus. Que
nos institutions sont vieilles face à cela! Il y a tout à reconstruire.
Dans quel ordre?
Une nouvelle université. Il faut aussi construire une nouvelle chambre des députés, une nouvelle
représentation politique, un nouveau droit. Le droit tel qu'il est – il n'y a qu'à voir l'échec d'Hadopi
– ne correspond plus à la réalité… Le plus grand effort qu'il faudra faire, demain matin, c'est même
assez urgent, est de repenser l'ensemble de ces institutions.
Mais où serait le centre de décision?
Voyez, vous vous mettez à avoir peur vous aussi! Un jour, lors d'une conférence en Allemagne où il
y avait 1.000 personnes dans un amphi, je leur ai dit : "Je vous propose une idée : on fusionne la
France et l'Allemagne." La discussion s'est engagée aussitôt, sur le thème "mais alors on aura deux
présidents?". Je leur ai dit qu'il n'était pas question de cela. J'ai parlé des Bretons et des Rhénans,
des Picards et des Prussiens, et j'ai dit : "On va demander à toutes les Petites Poucettes si elles sont
d'accord pour fusionner, et après on verra!" Ils étaient enthousiastes! Non, il n'y a pas de centre de
décision. Mais quand on a inventé la démocratie, il n'y en avait pas non plus! On a simplement dit :
on va donner un droit de vote à tout le monde. Aujourd'hui, avec le numérique, on pourrait décider
de beaucoup de choses en commun et en temps réel, ce ne serait pas difficile à mettre en œuvre. Le
monde est une Suisse ! Tôt ou tard, une nouvelle politique se mettra en place. Laquelle? Je ne suis
pas assez bon pour le dire, mais je la vois arriver.
Vous êtes à la frontière du philosophe et de l'oracle…
Presque du prophète! Non, je ne suis pas Madame Soleil… Petite Poucette a 30 ans, et dans dix
ans, elle prend le pouvoir. Dans dix ans, elle l'aura, et elle changera tout cela… Regardez le
printemps arabe, le rôle des nouvelles technologies, le rôle des femmes alphabétisées dans ces
pays, tout cela est déjà à l'œuvre. Et puis, reprenons l'histoire. En Grèce, avec l'écriture, arrivent la
géométrie, la démocratie et les religions du Livre, monothéistes. Avec l'imprimerie arrivent
l'humanisme, les banques, le protestantisme, Galilée, la physique mathématique… Il suffit de voir
tout ce qui a changé lors du passage à l'écriture et à l'imprimerie. Ce sont des changements
colossaux à chaque fois. On vit une période historique. Petite Poucette n'est pas générationnelle.
Ce n'est pas l'héroïne de la rentrée, elle est historique. D'ailleurs, une part de la "crise"
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d'aujourd'hui vient aussi de cela, de la coexistence actuelle de deux types d'humains… Petite
Poucette et ceux de l'ancien monde. Son temps à elle arrive.
Petite Poucette, de Michel Serres, Éditions Le Pommier, 84 p., 9,50 euros.
Original URL:http://www.lejdd.fr/Economie/Actualite/Serres-Ce-n-est-pas-une-crise-c-est-un-changement-de-monde-583645
Serres : "Ce n'est pas une crise, c'est un changement de monde" — www... http://www.readability.com/articles/fiu0ll1i
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Génération Y
Petite poucette fait partie de la génération Y.
Celle qui passe sa vie sur Internet, parce que c’est là qu’elle se passe
Celle qui bouscule tout dans l’entreprise
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greensi.blogspot.fr
by FRÉDÉRIC CHARLES WITH NO COMMENTS
Green SI a rencontré la fameuse génération Y et s'est intéressé à ses usages de
l'informatique et de la téléphonie.
Oh, il ne s'agit pas d'une étude complète sur un échantillon représentatif, mais juste de
l'interv iew d'un seul jeune. Mais un jeune qui a inséré seul le numérique en classe
quand l'Education Nationale cherche toujours par quel bout prendre le sujet . Il
nous liv re en miroir une foule de questions sur notre approche du numérique et nos propres
usages.
GreenSI : Bonjour, Yohann. Tu as 16 ans et tu es élève en première S. Tu utilises
chaque jour plusieurs terminaux. Est-ce que tu peux nous les présenter et nous
parler de tes usages?
J'ai un Windows Phone comme compagnon numérique, un eePC portable quand je suis à
l'école, mais j'utilise un ordinateur tour à la maison pour les jeux en ligne ou le trav ail
personnel. Il a deux écrans car c'est plus pratique. Je stocke tout sur un disque dur
externe de 1 To. J'ai aussi une console de jeux, mais pas dans ma chambre. Toute ma
musique est numérique et est sur mon le téléphone pour l'av oir toujours sur moi. Ce qui
m'a fait choisir un casque audio pouv ant aller sur un téléphone ou en USB.
GreenSI : Tu n'as de tablette?
Non, c'est pour ma mère! Je consulte plus de v idéos que de textes et c'est plus
pratique sur un grand écran que sur une tablette. Elle ne me serv irait pas et
elles sont plus v olumineuses à transporter que mon téléphone.
GreenSI : Pas de TV non plus dans ta chambre?
Non, car je la regarde peu et uniquement sur mon ordinateur. Les sites de
replay et de VOD me permettent de ne pas rater les quelques émissions que
j'aime. J'ai un grand écran de projection qui se déplie dans ma chambre pour
regarder des films av ec mes amis qui amènent un rétroprojecteur.
GreenSI : quel est le premier terminal que tu utilises le matin? le dernier?
C'est le téléphone. Je regarde les messages SMS de la nuit ou de mes camarades qui sont déjà à l'école pour sav oir par exemple si un
professeur est en retard ou absent. Ensuite je regarde la météo, les news et le top tweets qui complète bien les news dont les journaux ne
parlent pas encore. Tout cela dans la tuile "Maintenant" de mon Windows Phone qui est très pratique.
Avant de me coucher, un dernier regard sur mon téléphone en train de se recharger.
GreenSI: tu aimes bien Windows Phone, pourquoi et quels sont tes usages?
Je dirais la simplicité. Dans un monde où on a un nombre de besoins fini et un
nombre d'applications infini, la règle de survie c'est de savoir quels sont tes
besoins de façon précise. Ensuite grâce à la page d'accueil tu peux y accéder
rapidement. Pour les besoins moins fréquents ou nouv eaux, il sera bien temps d'aller
fouiller dans un catalogue d'applications.
Mes applications sur ma page d'accueil sont Facebook, Twitter, SMS, google, la météo et
le Figaro qui est une application bien organisée: le flash, les dernières infos, les
catégories. Je consulte régulièrement les catégories culture, actualités et économie. Un
seul journal me suffit.
Un second bon point pour Windows Phone c'est la communication. Encore une
fois c'est simple d'accès: une conversation commence par SMS et peut se terminer
sur Facebook et MSN, et je trouve tout au même endroit . Je partage mes photos en
un clic sur Facebook, Twitter ou v ia un SMS. La fonction "quoi de neuf?" permet d'av oir
les nouv elles de ce qui s'est passé dernièrement av ec mes copains.
GeenSI : Et Apple?
Les nouvelles évidences numériques de la Génération Y au lycée — gre... http://www.readability.com/articles/6ozcnusk
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C'est cher. On rencontre de plus en plus d'élèv es qui disent que c'est une "machine a
fric" et dans mon ly cée il y a un début de réaction "anti Apple".
Android est populaire, mais encore "bas de gamme" et pas encore aussi fini
qu'Apple ou Windows.
GreenSI : tu utilises un ordinateur portable à l'école en première S,
qu'est ce qu'il t 'apporte comment tu t 'organises ?
C'est un Asus que j'ai choisi pour la longévité de sa batterie, son faible poids
et son prix, moins cher qu'un portable. C'est un usage d'ordinateur satellite
de celui qui reste dans ma chambre. Il a le wifi et quand je rentre mes
documents se sy nchronisent av ec Goodsy nc.
J'utilise aussi Skydrive av ec mon groupe de TP, ou mon trinome projet. Comme
cela on partage automatiquement les documents av ec mes camarades, depuis un
PC ou depuis mon téléphone.
Je ne l'utilise que pour le trav ail en classe et pas pour les jeux. Je prends mes notes de cours dessus depuis la seconde. Cela permet aussi
de compléter les informations du cours directement pendant la classe. L'autre jour un professeur ne se rappelait plus exactement le
nombre de cellules dans le corps humain, je lui ai proposé de regarder et on a pu v érifier en quelques secondes qu'il y en a 1 0 puissance
1 4. Dans un autre cours, en espagnol, on a pu écouter une musique en rapport av ec la leçon et la commenter ensemble. Les classes
seraient plus interactives si les élèves et les professeurs partageaient plus de contenus numériques pendant les cours.
GreenSI : quels sont tes freins à l'usage d'un ordinateur en classe aujourd'hui?
Ce qui manque c'est le Wifi dans les classes. En fait il y en a dans l'école, mais il est réserv é aux profs... qui n'ont pas d'ordinateurs.
Aujourd'hui on est 4 a utiliser un ordinateur, il n'y a que 6 prises de courant dans la classe. La bataille pour l'accès aux prises n'a donc
pas encore commencée, mais elle pourrait v enir...
GreenSI: quand tout ça ne marche pas comment tu fais?
Beaucoup de fonctions sont redondantes, par exemple je peux aussi env oy er un
SMS ou téléphoner av ec mon ordinateur. Cela permet de se débrouiller le temps
de trouv er le problème.
Ensuite je m'appuie beaucoup sur les forum (ex. www.monwindowsphone.com)
où je peux expliquer mon problème et chercher des solutions.
Sinon il y a aussi une entraide dans la classe où les deux bons en informatique
aident les autres. Jusqu'à présent je m'en sors.
GreenSI: et au niveau de la sécurité?
Je sais que ce n'est pas bien, mais la sécurité c'est secondaire pour les jeunes. Une
fois qu'on a un antiv irus on ne s'occupe plus de rien. De toutes façons ce que j'ai
en numérique n'a pas de v aleur et n'intéresse personne. Et si je le perds et bien tant pis.
Mes fichiers sont cependant sauv egardés sur mon disque externe.
GreenSI: comment tu vois l'avenir? Qu'est ce qu'il faudrait développer?
Aujourd'hui les échanges d'information sont très faciles et pourtant en ce qui concerne les cours, la plupart des communautés sont
pay antes organisés par des entreprises. Il suffirait pourtant comme sur Wikipedia que chaque élève contribue et on pourrait
améliorer les contenus collaborativement . Entre copains du ly cée et pourquoi pas d'autres ly cées. Je suis prêt à donner mes cours
numériques gratuitement et j'aimerai trav ailler av ec d'autres élèv es sur des sy nthèses pour préparer m on Bac l'an prochain.
Certains professeurs se mettent à l'informatique et en tout cas dans ma classe tous acceptent que les élèv es aient des ordinateurs en
cours, mais les échanges av ec eux se limitent à la clef USB. Les espaces partagés de l'école sont très peu utilisés. Il y a donc
beaucoup de progrès à faire.
Aussi pourquoi mes liv res sont encore au format papier et pèsent plus de 1 0kg? Ils sont fournis par l'école. Si je veux l'un des rares
livres scolaires numériques qui existent je dois l'acheter à nouveau, pourquoi?
A l'av enir j'aime l'idée de Microsoft de pouv oir v ia Zune, partager des fichiers, musiques ou films entre la XBox, l'ordinateur et le
téléphone. Je voudrais des interfaces encore plus simples qui savent ce que je veux faire.
GreenSI : merci, Yohann, et bonne chance pour ton Bac!
Vous av ez peut-être déjà le même à la maison!
Alors sans attendre que des bataillons de Yohann débarquent dans les entreprises, GreenSI remarque que certains usages et certaines
"nouv elles év idences" émergent.
Elles rappellent des débats dans l'entreprise comme le BYOD ou la "consumerisation" de l'informatique :
Le premier point est certainement cette confiance absolue en la technologie, qui doit marcher, être simple, et se charger
toute seule de la sécurité. Pas besoin de les conv aincre d'utiliser un agenda électronique pour mieux le partager, comme on le
fait encore av ec certains en entreprise, mais ça doit marcher. Pas Geek mais Pratik.
La communication règne en maitresse et est partout, ceux qui n'ont pas de téléphone laissent des sessions de jeux en ligne
ouv ertes pour en utiliser la messagerie instantanée.
Ensuite, les frontières travail domicile qui s'estompent , ou qui se déplacent comment sur les deux écrans, l'un pour trav ailler
et l'autre pour communiquer av ec MSN et jouer... en même temps.
Au contraire on recherche la continuité numérique des données entre les terminaux et la capacité à avoir un
terminal adapté à chaque ergonomie. Le trav ail et le domicile ne sont finalement que deux situations ergonomiques différentes
Les nouvelles évidences numériques de la Génération Y au lycée — gre... http://www.readability.com/articles/6ozcnusk
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sur les mêmes données et pour la même personne.
Les préférences des utilisateurs peuvent quitter le rationnel comme le choix de la marque ou du ressenti, ce qui peut
amener à accepter les choix des utilisateurs sans chercher à les mettre dans une matrice d'arbitrage v alidée par les achats...
L'importance de l'interface.
Il faut savoir filtrer les informations pour surv iv re au déluge d'information, et laisser une place a la personnalisation des filtres
Et pour terminer, on est à l'aube de repenser nos modes de travail et de collaboration dans la société de l'information.
L'Education Nationale a certainement du boulot, mais ce ne sont pas les seuls. Et si on ne le fait pas, d'autres Yohann s'étant approprié le
numérique s'en chargeront sans nous dans quelques années et sans nous demander notre av is.
Original URL:http://greensi.blogspot.fr/2012/04/les-nouvelles-evidences-numeriques-de.html#.UUH5I2fYOYL
Les nouvelles évidences numériques de la Génération Y au lycée — gre... http://www.readability.com/articles/6ozcnusk
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place-publique.fr
Génération Y : Le choc des cultures au sein de l’entreprise : l
L’entreprise comme la société vit actuellement de
profondes mutations, qu’elles soient économique,
organisationnelle ou technologique. Une autre
mutation vient accroître la complexité des évolutions
en cours : elle est démographique et culturelle…
Un renouvellement conséquent des effectifs est à
prévoir dans les 3 à 5 ans à venir avec le départ
massif à la retraite des baby boomers et l’arrivée des
jeunes issus de la Génération Y (né à partir de 1980).
L’objet de cet article est de décrire le « choc des
cultures » que l’on constate dès aujourd’hui dans le
milieu professionnel. Le même décalage se constate
à l’identique au sein du milieu familial. Nous
assistons à un véritable basculement des valeurs
qu’il devient urgent de prendre en compte afin de
tirer profit de ce fossé générationnel. Faisons de nos différences, de vraies complémentarités…
Tensions sociales et clivage générationnel
Les managers se disent déboussolés par le mode de fonctionnement des jeunes recrues sans qu’il
soit aisé pour eux de pouvoir en parler. Comment dire que l’on ne parvient pas à manager un jeune
alors que l’on a argumenté, avec force, pour obtenir un nouveau poste.
Par ailleurs, ces jeunes ne trouvent pas lors de leur intégration la réponse à leurs attentes et se
sentent insuffisamment respectés. Comment exprimer son mécontentement dans un contexte
économique si difficile, lorsqu’on a la chance d’avoir un emploi. On préfère faire le dos rond et
attendre des jours meilleurs.
Pour mieux comprendre ce problème méconnu, souvent sous-estimé et que les conséquences
semblent avoir en apparence des effets limités, nous vous proposons d’aborder le vécu quotidien
des différentes générations au travail autour de 4 clivages qui sont les principales sources de
tensions et conflits.
Les droits plutôt que les devoirs.
Le positionnement vis-à-vis de l’entreprise et de l’activité professionnelle est assez
fondamentalement différent. L’idéologie méritocratique du manager repose par essence sur un
fondement clair : il faut d’abord faire ses preuves pour obtenir. La logique du devoir prend appui
sur la conscience professionnelle.
Les managers estiment que les jeunes se campent dans une posture de « client » et revendiquent
avant même de faire leurs preuves. L’exigence change de camp : l’entreprise doit d’abord les
mériter. Les jeunes consommateurs avisés et méfiants attendent que l’offre soit clairement
affichée. Il est vrai que cette nouvelle génération a souvent vécu à travers ses parents, zélés
serviteurs de l’entreprise, la fin du mythe du plein emploi et l’expérience traumatisante du
Dans un récent article, nous nous sommes fait l’écho d’une étude sur les différences générationnelles entre matière
d’Internet et de T.I.C.
Pour prolonger cette étude, vous trouverez ci-dessous une infographie qui permet de visualiser les différences d’usages
entre générations.
Exemples de lecture du graphique :
Il existe une différence générationnelle importante en matière d’utilisation des réseaux sociaux. Le taux
d’utilisation est près de deux fois plus élevé pour la génération Y (83%) que pour la tranche des 55-64 ans (43% ).
En revanche, il n’existe quasiment plus de différences générationnelles en ce qui concerne l’utilisation des moteurs
de recherche (92% pour les membres de la génération Y contre 87% pour la tranche des 55-64 ans)
Articles sim ilaires:
Original URL:http://lagenerationy.com/2011/01/18/internet-generationnel/
La Génération Y – Julien Pouget — lagenerationy.com — Readability http://www.readability.com/articles/gycuyn0d
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fr.wikipedia.org
Le terme génération Y désigne la génération sociologique des personnes nées entre 1980 et
1999. L'origine de ce nom a plusieurs attributions. Pour les uns il vient du Y que trace le fil de leur
baladeur sur leur torse, pour d'autres ce nom vient de la génération précédente, nommée
génération X, pour d'autres encore il vient de la phonétique anglaise de l'expression Y (prononcer
wa ), signifiant « pourquoi » [N 1 ],[1 ]. D'autres termes équivalents existent, dont enfants du
millénaire ou les diminutifs GenY et Yers. Les Américains utilisent également l’expression
digital natives ou net generation pour pointer le fait que ces enfants ont grandi dans un
monde où l'ordinateur personnel et l'Internet sont devenus de plus en plus accessibles. Certains
parlent plutôt de la Génération C.
L'usage de la notion de génération est consensuel en démographie mais pas dans les autres
sciences sociales. Le lien entre appartenance générationnelle et comportements peut porter à
controverse. Le succès de la notion de génération Y dans les entreprises prend appui sur le
déphasage entre les besoins et attentes des jeunes de la génération Y et le mode de fonctionnement
de l'entreprise. Le fossé générationnel s'explique par une accélération du changement, l'apparition
des NTIC, une hiérarchisation différente dans les transmetteurs de valeurs. L'Église, l'armée voire
la famille sont moins influents que ne le sont l'Internet, la télévision voire les réseaux relationnels.
Comme l'affirme Pascale Weil dans son ouvrage Tels pères… quels fils, les pairs sont devenus plus
importants que le père.
Un concept occidental
Cette catégorisation est essentiellement valable pour les pays occidentaux, bien que certaines
caractéristiques soient vraies plus largement, du fait d'éléments géopolitiques majeurs, par
exemple :
Ils n'ont pas eu à subir la menace d'apocalypse de la guerre froide.
Ils considèrent comme acquises (et parfois dépassées) les transformations morales des années
1960 et 1970.
Ils n'ont pas connu le monde sans le sida.
D'ici 2015, la génération Y devrait représenter 15 %[2 ] de la population européenne et 40 % des
actifs en France[N 2 ].
Ils étaient suffisamment jeunes lors de l'introduction massive de l'informatique grand-public
et de l'électronique portable (téléphonie mobile, photo numérique, GPS) pour en avoir acquis
une maîtrise intuitive qui dépasse généralement celle de leurs parents (d'où le nom de « digital
natives »).
Ils sont nés avec les débuts de l'intérêt du grand-public pour l'écologisme (qui était
précédemment l'affaire d'une minorité, et souvent assimilée à l'extrême gauche).
Ils sont nés alors qu'IBM avait choisi le système d'exploitation de Microsoft pour son PC.
D'autres caractéristiques dépendent plus largement du contexte géographique.
Europe de l'Ouest
Europe de l'Est
Ils étaient enfants, ou n'étaient pas nés, sous l'ère communiste, et ont donc moins de mal à
Génération Y — fr.wikipedia.org — Readability http://www.readability.com/articles/shygadny
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s'adapter à des notions inconnues jusqu'en 1989 : chômage, consumérisme, liberté
d'expression, liberté d'entreprendre, inégalités sociales, etc.
Ils n'ont pas eu à apprendre le russe de façon obligatoire.
Ils ont connu les deux systèmes, et ont fait la part des avantages et inconvénients de chacun
(ostalgie)
On peut noter que le rêve américain s'est largement atténué dans cette génération en Europe de
l'Ouest en même temps qu'il y est apparu en Europe de l'Est.
Amérique du Nord
Dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre, leur arrivée dérange certains employeurs : ils sont
rares et savent ce qu'ils valent. Pour les membres de la génération Y, l'autorité n'est pas toujours
synonyme de compétence[3 ]. Ils n'ont pas peur de se comparer aux autres. Ils sont autant à l'aise
pour communiquer à l'aide des technologies que directement. Contrairement à leurs parents, les
jeunes de la génération Y ne placent pas le travail au premier plan. Ils refusent de travailler durant
les fêtes et week-ends (sauf en emploi étudiant) et veulent des congés pour décompresser, car la
santé mentale et physique s'avère être leur priorité. Ils recherchent une meilleure qualité de vie, en
conciliant travail et intérêt personnel[4 ]. Ils pensent à court terme et sont très mobiles[5 ].
« Progression rapide, horaires plus flexibles, formation continue, liberté et autonomie… Voilà
quelques-unes des exigences de cette génération, et les entreprises n'auront d'autre choix que d'en
tenir compte »[6 ].
Culture
Comme toute génération, son identité se construit autour des apports culturels reçus dès le plus
jeune âge. Cette génération a largement grandi devant la télévision, et a vu l'arrivée en masse des
séries d'animation japonaises. La vente de coffrets vidéos, ou d'article de merchandising
concernant les séries datant d'une vingtaine d'années témoigne de la nostalgie de cette génération
pour la télévision qui l'a fortement influencée. D'ailleurs, les membres québécois de génération Y
ont grandi avec TVJQ (1980-88) ainsi que le Canal Famille (1988-2001) et des émissions
purement québécoises telles que Passe-Partout (1977-1998), Bibi et Geneviève (1988-96), Sur La
Rue Tabaga (1990-95), Les Intrépides (1992-96), Télé-Pirate (1991-97), Le Studio (1995-98) et, à
leur adolescence, Radio-Enfer (1995-01) et Watatatow (diffusé à Radio-Canada entre 1991 et
2005).
Cette génération est considérée comme naturellement plus à l'aise que les précédentes avec les
technologies de l'information, et Internet en particulier. Elle peut être associée à l'ensemble des
technologies et applications que l’on nomme aujourd’hui le Web 2.0. Chacun a accès à des outils
de création et de communication dont les générations précédentes ne pouvaient que rêver. Ainsi,
par exemple, écrire un livre dans les années 1970 nécessitait de le taper à l'aide d'une machine à
écrire et à démarcher des éditeurs, ce qui rendait la diffusion des ouvrages plutôt incertaine.
Aujourd'hui, on peut écrire sur son site web personnel (blog ou autre) depuis n'importe quel
ordinateur, la diffusion du contenu étant immédiate.
La génération précédente a pu s'extasier devant les progrès constants réalisés par l'industrie
audiovisuelle et ses effets spéciaux. Pour la génération Y, qui est née après des films cultes tels que
Star Wars, et était jeune pour d'autres plus récents comme The Matrix, ces progrès vont de soi, et
plus rien ne peut être graphiquement « étonnant », dans la mesure où « tout est possible », d'un
dinosaure à la destruction d'une planète.
Les dates admises pour la génération Y correspondent à l'arrivée des jeux vidéo dans les foyers des
pays développés ; c'est donc la première génération à en avoir profité dès le plus jeune âge. Elle a
donc grandi avec les effets positifs et négatifs liés à leur pratique (tous ces effets sont source de
débat, que ce soit au niveau de l'agressivité, des réflexes, de la cyberdépendance et de la
représentation dans l'espace, etc.).
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Digital natives ?
Certaines études, dont une réalisée par la fondation Travail et Technologie de Namur en Belgique,
tendent à démontrer qu'une partie de la génération Y, les 16-25 ans, consomment plus qu'ils ne
développent les nouvelles technologies. Plutôt que des digital natives, Jean-Noël Lafargue qualifie
ce groupe d'âge de digital naives[7 ].
Génération Peter Pan
Cette génération est parfois surnommée Génération Peter Pan, qui, en l'absence de rites de
passage à l'âge adulte, ne construisent pas d'identité ou de culture d'adulte spécifique. Ce surnom
fait également référence à la tendance des membres de cette génération à quitter le domicile
familial plus tard que les générations précédentes. La première cause de cette tendance peut être
définie en termes économiques. Les crises économiques, dont la bulle internet en 2000 et la
récente crise financière ont rendu l'accès au logement plus difficile pour cette génération touchée
par un fort taux de chômage.
Néanmoins, les causes ne sont pas seulement matérielles. Un questionnement plus poussé au
sujet de ce que signifie “être adulte” a également eu un impact sur cette transition plus tardive vers
l'âge adulte. Une étude menée par la Brigham Young University tend à montrer que les étudiants
américains associent plus volontiers le terme “adulte” à des valeurs personnelles qu'aux
évènements traditionnellement considérés comme des rites de passage tels que l'obtention d'un
diplôme, l'entrée sur le marché du travail, le mariage ou la naissance d'un premier enfant. Dr.
Larry Nelson, un des trois professeurs ayant dirigé cette étude, a aussi pu noter que certains
individus de la Génération Y retardent le passage à l'âge adulte en réponse aux erreurs de leurs
parents. « Dans les générations précédentes, on commençait la vie en se mariant et démarrant une
carrière de façon immédiate. Les jeunes d'aujourd'hui ont vu que cette approche a mené au divorce
et au fait que de nombreuses personnes ne soient pas satisfaites de leur carrière… La majorité
d'entre eux veut se marier […] mais veut le faire bien du premier coup. On peut en dire autant de la
carrière professionnelle. »
Un titre controversé
L’utilisation du terme de génération Y est controversée. Si la logique veut que l’on choisisse « Y »
pour appeler la génération qui suit les « X » (nés entre 1959 et 1979), ce terme de X est péjoratif. Il
a été utilisé pour décrire une génération qui n’a pas su trouver ses repères, contrairement à celle de
ses parents qui sortait de la Seconde Guerre mondiale et devait reconstruire le pays.
Le terme Y est aussi utilisé comme en anglais why. La génération Y veut savoir pourquoi. Dans son
milieu de travail, le travailleur génération Y aura de la difficulté à exécuter une tâche ou un ordre
s'il n'en comprend pas l'utilité ou la raison.
De nombreux termes sont utilisés pour nommer cette génération :
Les « Millénaires » d’après William Strauss et Neil Howe, les sociologues américains pères des
études sur les générations qui considèrent que la génération Y court jusqu’à 2000.
La génération « pourquoi » par Eric Chester en raison de leur remise en cause systématique
des contraintes qu'on peut leur imposer (Y en anglais se prononce comme why, qui signifie
pourquoi).
Les écho boomers, (enfants de Baby boomers).
L’ « e-Génération », en référence au « e » de « électronique » comme dans e-mail[8 ].
Les « suivants », pour leurs similitudes avec la génération X.
La « génération boomerang », pour quitter leurs parents assez tôt mais revenir à la fin de leurs
études ou suite à un échec.
« The Generation We » selon les auteurs anglais Greenberg et K. Weber et ce, découlant de
l'œuvre portant le même titre. Cette dénomination fait référence à comment la jeunesse
« Millénaire » va prendre le dessus sur l'Amérique et changera le monde pour toujours[9 ].
Génération Y — fr.wikipedia.org — Readability http://www.readability.com/articles/shygadny
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Des spécificités controversées
L’hypothèse de l'existence de spécificités propres à la génération Y est controversée. Il est logique
que chaque génération se distingue des autres. Mais il peut sembler excessif de faire de la
différence de générations un déterminant des comportements plus décisif que, entre autres, les
appartenances aux classes sociales, aux cultures, aux territoires etc.
L'existence de spécificités dans la relation des Y avec le travail n'est pas démontrée. Les travaux qui
s'intéressent à cette génération sont plus descriptifs qu'explicatifs ou comparatifs. Des études qui
tentent de comparer les différentes générations sont rares. La seule réalisée sur un échantillon
français (Pralong) conclut d'ailleurs à l'absence de différences entre les X et les Y dans le rapport au
travail, à l'entreprise et à la carrière.
Les propos qui attribuent des caractéristiques spécifiques à la génération Y sont aussi étudiées
comme une idéologie managériale (Pichault).
Plusieurs approches remplacent cette notion de Génération liée à des dates de naissances pour la
remplacer par une évolution des systèmes de valeur et la culture (Chaminade)
Notes et références
Notes
En anglais, y et why sont homophones. Ainsi, en anglais, generation Y fait également
référence aux nombreux questionnements, surtout envers l'autorité, qu'ont les membres de
cette génération.
1.
Ce chiffre a été cité la première fois par Benjamin Chaminade lors de l'événement
Prospectives recrutement en 2020 du 17 janvier 2007 organisée par Focus RH sur la base des
projections de population active de l'INSEE
2.
Références
Marie-Claude Ducas, « Hommage à la Génération X » sur
http://marieclaudeducas.infopresse.com, 9 juin 2010
1.
« EU Youth Report de 2009 » (rapport de l'Union Européenne sur la jeunesse)2.
Leduc, Gilbert. « Les 19 à 29 ans, La génération qui fait peur aux employeurs », Le Soleil,
Affaires, vendredi, 23 novembre 2007, p. 44
3.
Dauray, Chantal, « Recruter et garder vos employés : les stratégies qui rapportent », PME,
Vol. 23 No. 5, Septembre 2007, p. 10
4.
Picard, Pierre. « Les attentes des jeunes face à leur régime de retraite », Les Affaires,
Stratégies, samedi, 13 octobre 2007, p. 37
5.
Bergeron, Ulysse. « Les cadres mercenaires », Commerce, Vol. 109, No. 2, Février 2008,
p. 21
6.
Astrid Girardeau, « «Les jeunes ne sont plus intéressés par l’outil-ordi» » sur
http://www.liberation.fr, 10 mars 2010
7.
L’internet égalise la télévision comme principale source d’information des jeunes américains
âgés de 18 à 29 ans en 2008 par Julien Pouget
8.
E. Greenberg & K. Weber, Pachatusan. Generation We, 2008, 247p.9.
Voir aussi
Bibliographie
Marie Desplats et Florence Pinaud : Manager la génération Y - Travailler avec les 20-30 ans,
Édition Dunod, Paris, 2011
Daniel Ollivier et Catherine Tanguy : Génération Y mode d'emploi - Intègrez les jeunes dans
l'entreprise, Edition Deboeck, Louvain, 2008
Julien Pouget : Intégrer et Manager la Génération Y, Éditions Vuibert, 2010, 202 p.
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François Pichault et Mathieu Pleyers : Pour en finir avec la génération Y… Enquête sur une
représentation managériale, Actes du XXIe congrès de l'AGRH, 2010.
Jean Pralong : L'image du travail selon la génération Y : une comparaison inter-
générationnelle, Revue Internationale de Psychosociologie, 2010.
(en) Bruce Tulgan et Carolyn A. Martin : Managing Generation Y: global citizens born in the
late seventies and early eighties, Amherst, HRD Press, 2001, 105 p.
Carol Allain : Génération Y, Les Éditions Logiques, 2008, 208 p.
Benjamin Chaminade : T'inquiète je gère, les éditions Studyrama 2007
Gregory Kapustin : La jeunesse qui range sa chambre, Éditions du Cygne, 2008, 160 p.
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43
Une réalité à tempérer…
Tout le monde ne passe pas son temps sur les réseaux sociaux, et n’en possède pas les codes.
Notamment, les enfants et adolescents dont les parents n’ont pas l’équivalent du bac passent 90 minutes de plus par jour à utiliser les médias que les enfants de familles plus favorisées socioéconomiquement.
C’est la nouvelle
fracture numérique
44
caddereputation.over-blog.com
Arrivé à un certain stade, on peut en
avoir marre d’être englobé… D’être
systématiquement associé à une
génération entière et de se voir ranger
dans la case « connaisseur du
numérique », juste parce que l’on a
moins de 30 ans. Mais aussi d’être
associé à un ensemble d’usages et de
pratiques que l’on ne connaît ou ne
cautionne pas du tout. Ou à l’inverse,
de voir des amis à qui l’on demande le
même niveau de technicité, la même
compréhension d’un phénomène que
l’auteur d’un blog sur l’e-réputation. Bref, merci de ne plus me ranger dans la case
« génération Y », je m’y sens trop à l’étroit…
J’ai moins de 30 ans.
J’utilise un mac depuis que j’ai 5 ans (avec notamment un jeu qui m’a marqué à vie : Risk).
J’ai eu mon premier accès à Internet en 1995 (des informaticiens dans ma famille).
J’ai produit mon premier site web en 1998 (avec le club Internet de mon collège).
J’ai découvert les IRC, forums et autres newsgroups la même année.
J’ai développé et animé mon premier forum (sur la musique, décédé depuis bien longtemps et
introuvable sur Google depuis) au tout début des années 2000.
Les « réseaux sociaux » ? Myspace en 2005 (création et animation de comptes associatifs),
Facebook en 2006, etc.
Je travaille dans le web, je travaille par le web, j’étudie le web, je consomme des contenus culturels
et informatifs sur le web (je n’ai plus la TV depuis… 9 ans)… Et pourtant… Je ne suis pas un
« digital native » !
Ou plutôt, merci de ne pas m’associer à la « génération Y », celle des natifs du
numérique…
Car si effectivement ma vision des choses tourne autour du numérique, je suis à la limite un geek
( ?) mais je ne suis pas pour autant le reflet d’une génération entière…
Pourquoi la génération Y n’existe pas ?
Je pourrais vous proposer de nombreux arguments rationnels, issus notamment de chercheurs
que j’estime (comme danah boyd ou encore Antonio Casilli), mais je préfère ici vous faire un
retour sur mes propres constats et impressions.
Ne me dites plus que je suis un digital native de la génération Y — cad... http://www.readability.com/articles/aujdnnct
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45
Tout d’abord, c’est quoi une « génération » ? Selon le TLFi :
=> « Ensemble de ceux qui descendent d'une même origine »
=> « Chaque degré de filiation; laps de temps qui sépare ces degrés de filiation »
=> « Chacune des phases successives qui marquent un changement important dans une
technique en évolution » (définition principalement liée aux objets et technologies)
Bref, la génération Y serait donc un ensemble d’individus ayant une même origine, qui dans un
laps de temps déterminé ont fait évoluer leurs techniques, voire leur vision du monde (numérique
donc).
Seulement, lorsque j’entends parler de « génération Y », j’y vois surtout cette interprétation du
terme « génération » : « Ensemble de ceux qui vivent à une même époque et qui ont sensiblement
le même âge ».
Et voilà où je veux en venir. J’avoue que le numérique, le web et ses outils ont déteint sur
l’appréhension que j’ai du monde en général ; et face à ma grand-mère ou ma mère, j’ai une tout
autre vision du web et de ses possibilités.
Cependant, tous mes amis ne travaillent pas dans le web, et si je devais résumer :
==> La majorité n’a pas de profils Facebook, encore moins Twitter
==> La majorité ne connaît pas un dixième des termes techniques que j’emploie ou voit employé
chaque jour
==> Leurs smartphones leurs servent à 90% à … téléphoner
Bref, l’idée qu’une même génération puisse avoir des usages similaires, et surtout une
appréhension globale, globalisée et égale d’un même phénomène me parait élitiste.
Oui, élitiste car très clairement l’utilisation du web et l’immersion dans l’univers numérique restent
encore de mon point de vue fortement corrélés au statut socio-économique de chacun. C’est
peut-être une évidence, mais l’accès à Internet n’est pas encore le même pour tous, l’accès à des
référents culturels n’est pas le même pour tous, etc. Lorsque l’on se réfère à la génération Y, aux
digitals natives, j’ai souvent l’impression que l’on s’appuie principalement sur la partie visible de
l’iceberg : celle des usages identifiables sur le web. Et très clairement, passer outre la réalité socio-
économique du monde (tout le monde n’a pas accès au web, tout le monde ne bénéficie pas de la
même ouverture culturelle, etc… et cela en France, alors ne parlons pas d’autres pays) est une
erreur. Erreur pour les entreprises qui en font leurs cibles marketing idéales (car la
communication virale marche avant tout pour les geeks) au risque de laisser de côté
une bonne partie de leur public. Erreur des organisations en général qui voient
l’arrivée de ces nouveaux entrants sur le marché du travail comme attendant tous la
même chose de leur vie de salarié.
Autre constat personnel : en tant qu’enseignant.
J’ai la chance d’intervenir dans diverses formations universitaires (du master pro à l’école de
commerce, de bac +1 à bac +5). Et si mes cours portent sur le web pour des étudiants à peine plus
jeunes que moi, je m’aperçois très clairement que non, chacun est loin d’avoir la même vision du
numérique.
Là où certain(e)s l’utilisent encore comme un annuaire géant ou un outil de communication (un
peu comme mes « ainés » d’ailleurs : recherche de restaurant, confirmation d’une définition sur
Wikipédia, envoi de mails, etc.), d’autres ont un usage beaucoup plus poussé. Et surtout, ils
placent le numérique comme vecteur principal de leur évolution dans le monde étudiant, du
travail, et de la société en général. Là où d’autres voient Internet comme un simple outil de
Ne me dites plus que je suis un digital native de la génération Y — cad... http://www.readability.com/articles/aujdnnct
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distraction, et n’ont pas encore ce « réflexe » Internet que l’on voudrait prêter à toute une
génération. Sans parler de l’hétérogénéité de leurs usages de Facebook par exemple (tous ne sont
pas d'anciens kikoo-lol)…
J’arrête ici les exemples, et en vient directement à mon propos : le numérique (le web, les
tablettes, les smartphones, etc.) est encore trop jeune pour qu’une génération
entière s’y soit totalement adapté . Pour que la connaissance et l’appréciation d’un
phénomène soient similaires. Que le niveau de technicité, de besoins en termes de management,
de pratiques collaboratives, d’esprit critique face à l’information soient identiques (voire même
existant) pour chaque individu d’une même classe d’âge et ayant grandi avec des repères culturels
semblables. Comme l’utilisation du copier-coller de sources non qualifiées, qui relève plus d’un
manque de sensibilisation que d’un phénomène générationnel.
Oui, mais les études ?
Il existe de nombreuses études sur la génération Y, les natifs du numérique et tout ce qui va avec.
Seulement ces études se concentrent généralement sur une part de la population ayant accès au
web, et mettent trop souvent à mon goût de côté certains aspects culturels et socio-économiques
importants. De même, aborder le sujet de manière inductive est une bonne chose (identifier des
comportements dans leur contexte est toujours générateur de connaissances), en tirer des théories
servant de bases à d’autres analyses (et actant ainsi implicitement que la génération Y est une
réalité) l’est un peu moins. Etudes où l’on peut parfois lire « L’échantillon par pays est modeste (..)
[mais] les résultats sont significatifs » (exemple caricatural mais qui résume bien ma pensée).
Car oui, si nous avons tous vécus des événements similaires (11 septembre, TV, sida,
Internet, etc.) est-ce pour autant que le numérique est le facteur le plus
déterminant de notre génération ?
Pour avoir assisté récemment à un colloque, un chercheur a défini la sociologie comme
s’intéressant prioritairement non pas aux exceptions (cas marginaux), mais à ceux étant dans la
moyenne. Et si les personnes de ma génération ont effectivement évolués dans le même « décor »
que moi , les usages numériques de chacun me semblent encore trop hétérogènes pour parler de
« moyenne », de pratiques types ou encore d’appétence généralisée pour le numérique.
Dans un certain sens c’est un avantage. Qui n’a pas entendu : « ce boulot on le laisse à Truc, il est
jeune, il maitrise donc mieux Internet que nous » ? On est jeune, donc on a un avantage sur les
plus vieux (qui, c’est bien connu, ne connaissent rien au web !).
Mais au final, en laissant croire que Tous les Jeunes ont des facilités avec le web, on
occulte que nombre d’entre eux ont un réel besoin d’être éduqués/formés à son
utilisation (surtout dans les générations à venir). Qu’Internet est aussi un outil avec ses règles,
ses codes, ses langages, rien qui ne soit purement intuitif. Par analogie, ce n’est pas parce que
j’ai grandi avec des voitures autour de moi que je sais naturellement conduire sans
passer le permis… Je trouve aberrant d’inciter la création de profils sur Viadéo pour du
recrutement (par exemple) sans prendre en compte que chacun n’en fera pas nécessairement une
bonne utilisation, ou que le concept même d’afficher son profil en ligne pour trouver du travail
puisse être abstrait à de nombreux étudiants (fussent-ils à bac +12 d’ailleurs).
Bref, que le simple fait d’être né avec Internet ne fait pas de nous des bons utilisateurs d’Internet.
Que le fait d’avoir grandi dans des environnements de plus en plus numériques ne
nous offre pas systématiquement une meilleure appréhension de ces
environnements. Que si nous sommes, comme le souligne Michel Serres, une génération
mutante, la mutation n’est pas aboutie pour tous et que je vois difficilement des points communs
liés au numérique avec la plupart de mes amis ou collègues.
En définitive : j’aimerais bien que tous les gens de ma génération appréhendent et pratiquent le
web comme moi, mais ce n’est pas le cas et je ne m’avancerais donc jamais à regrouper toute une
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génération d’individus sous la même bannière.
Au final…
Ces petites réflexions personnelles, faiblement argumentées certes (bien que je me base sur un
échantillon valide d’amis et d’étudiants… tout du moins aussi valide que certaines études sur le
sujet) mais néanmoins un minimum réfléchies, visent à trois choses.
Premièrement, d’un point de vue des organisations, ne plus appréhender une génération entière (à
la louche les 18-30 ans) comme ayant des usages similaires du web (et du numérique en général).
Et ainsi éviter certaines incompréhensions, ou tout simplement de réduire fortement son public.
De même pour l’intégration des « jeunes » dans l’entreprise : ce n’est pas parce qu’ils ont 23 ans,
qu’il ne faudra pas les former au numérique, au travail collaboratif, voire à la culture de
l’information en général.
Deuxièmement : qu’on arrête définitivement de me classer dans une tranche d’âge, de
m’associer des méta-usages liés seulement à mon âge ( !). Et surtout, qu’à l’inverse, on
n’extrapole plus mes propres usages de geeks à l’ensemble des individus du même âge que moi.
Perdre son temps : la nouvelle fracture numériquePosted By Xavier de la Porte On 4/6/2012 @ 7:00 In Articles,Communicationinterpersonnelle,Education et formation,Territoires,Usages | 32 Comments
La lecture de la semaine est un article paru mardi dans le New York Times sous la plume de MattRichtel [1] (@mrichtel [2]), et il est intitulé “Perdre son temps : la nouvelle fracture numérique”[3]. Un bon sujet de réflexion pour ceux qui ont l’accès à l’internet comme seule politiquenumérique.
“Dans les années 90, commence l’article, le terme de “fracture numérique” est apparu pourdécrire la séparation entre ceux qui possédaient la technologie, et ceux qui ne la possédaient pas.Il a été à l’origine de nombreux effort pour mettre dans les mains des Américains, en particulierdes familles les plus défavorisées, les outils numériques dernier cri. Ces efforts ont permis deréduire la fracture, c’est un fait. Mais ils ont eu une conséquence inattendue, qui a surpris ettroublé aussi bien les chercheurs que les politiques et le gouvernement. D’après les étudesmenées, une fois l’accès aux technologies démocratisé, les enfants des familles les plus pauvrespassent considérablement plus de temps que les enfants de familles aisées à regarder latélévision ou utiliser leurs gadgets pour regarder des émissions et des vidéos, pour jouer ou seconnecter à des réseaux sociaux. Ce nouveau fossé, celui du “temps gaspillé” dépend plus, selonles chercheurs, de l’aptitude des parents à surveiller et limiter l’usage des technologies par leursenfants, que de l’accès à ces mêmes technologies.
[4]
Image : A quoi perdons-nous notre temps ? Photo en CC d’Esellee [5].
“Cette nouvelle fracture préoccupe à ce point les autorités que la Federal CommunicationsCommission réfléchit à dépenser 200 millions de dollars pour créer un corps de formateurs dédiéà l’alphabétisation numérique. Ce groupe composé de milliers de personnes parcourrait les écoleset les universités pour enseigner l’usage intelligent des ordinateurs aux parents, aux élèves et auxchercheurs d’emploi. Il s’appuierait aussi sur des réseaux de formation déjà existants et desinitiatives déjà en place de formation au numérique.
La FCC et les autres décideurs disent vouloir toujours mettre l’informatique dans la main de tousles Américains, car le fossé reste important. Selon elle, près de 65 % des Américains ont un accèsà internet chez eux, mais on tombe à 40 % pour les foyers aux revenus les plus bas. 50 % desHispaniques et 40 % des Afro-américains n’ont pas d’accès à l’internet. Il ne s’agit donc pas delimiter l’accès. Mais, selon la célèbre ethnographe américaine danah boyd, “l’accès n’est pas lapanacée. Non seulement ça ne résout pas le problème, mais cela reflète et magnifie lesproblèmes existants”. Comme beaucoup de chercheurs, danah boyd pense que l’effort initial de
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réduction de la fracture numérique n’avait pas anticipé que les ordinateurs seraient utilisés à cepoint à des fins de divertissement.
Une étude (.pdf) [6] publiée en 2010 par la Kaiser Family Foundation a montré que les enfants etadolescents dont les parents n’avaient pas l’équivalent du bac passaient 90 minutes de plus parjour à utiliser les médias que les enfants de familles plus favorisées socioéconomiquement. En1999, la différence n’était que de 16 minutes. “Malgré l’utilisation éducative potentielle desordinateurs, la réalité est que leur usage éducatif ou pour la création de contenu ayant du sensest minuscule comparé à leur usage pour le divertissement pur”, explique Vicky Rideout, qui amené l’étude pour la Fondation Kaiser, “au lieu de réduire la fracture, ils augmentent le fossé dutemps gaspillé”. Même si les enfants de familles éduquées jouent aussi beaucoup, le défi est doncaccru pour les parents et enfants de familles défavorisés, ceux qui étaient censés profiter de laréduction de la fracture numérique. L’article montre ensuite que les conséquences peuvent parfoisêtre désastreuses, notamment pour la scolarité.
Le constat n’est pas nouveau, me rappelait gentiment Bernard Benhamou, le délégué aux usages,qui précisait que Manuel Castels avait déjà dit cela en 1999. Oui, mais ce que notent leschercheurs, c’est l’accroissement de l’écart, en temps et usage, un accroissement dû, et c’est unparadoxe à des politiques bienveillantes de démocratisation de l’accès. L’exemple américainpourrait inspirer une politique numérique en montrant qu’elle doit tenir sur deux jambes : accèsd’un côté, éducations aux usages de l’autre…
Xavier de la Porte
Xavier de la Porte (@xporte [7]), producteur de l’émission Place de la Toile [8] surFrance Culture, réalise chaque semaine une intéressante lecture d’un article del’actualité dans le cadre de son émission.
L’émission du 2 juin 2012 [9] partait de la lecture de la semaine dernière [10] poursavoir si le web mobile était le prochain tournant de l’économie numérique. Unediscussion entre Solveig Godeluck [11] (@solwii [12]), journaliste au serviceHigh-Tech Médias des Echos, Laurent Gille [13], directeur d’études au Départementde Sciences économiques et sociales (SES) de Télécom ParisTech [14] et StéphaneDistinguin (@fano [15]), fondateur et PDG de FaberNovel [16], une société qui fait àla fois du conseil et de l’analyse.
32 Comments To "Perdre son temps : la nouvelle fracturenumérique"
#1 Comment By Bedis On 4/6/2012 @ 7:48
Faudra d’abord limiter l’accès à facebook…quoi que c’est sur ce dernier que j’ai trouvé votrearticle.
#2 Comment By pop On 4/6/2012 @ 9:53
Des parents ont délégué l’éducation de leur enfants à des consoles et des logiciels de jeu: leursenfants sont des zombies qui savent parfaitement appuyer sur des boutons. Des morts vivants.
#3 Comment By Pierre On 4/6/2012 @ 11:24
@Bedis – Non et non , il ne faut pas fermer Facebook !!!
Il faut éduquer par l’école, par la formation etc …
Actuellement l’informatique et l’internet c’est comme une voiture conduite par une personne quin’a pas de permis qui ne connais pas les règles et usages.
Aujourd’hui seul 1% des internautes créés du contenu (dont je fais partie) je fais des formationspour tout age et toutes catégories sociales (collégiens à retraité, ouvrier et chef d’entreprise) et ily a une constante. Ils ont le même comportement sur le comme dans la vie de tout les jours. Siils écrivent ou font de la peinture ou créé de la musique ils ont le même comportement sir le net.
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…mais une réalité
Une étude anglaise qui pose la question à des 6-15 ans
Qui répond aux questions qu’on se pose ?54 % disent Google, 25% les parents, 3% les profs
51
lexpress.fr
TOUS LES JOURS, TOUTE L’INFO
Par Léonore Guillaume, publié le 14/03/2012 à 15:51
Selon une étude anglaise, les technologies auraient complètement modifié
les réflexes de questionnement des plus jeunes. Avant 15 ans, ils seraient
54% à préférer poser des questions à Google qu'à leurs parents.
SELON UNE ÉTUDE ANGLAISE, LES TECHNOLOGIES AURAIENT COMPLÈTEMENT MODIFIÉ LES
RÉFLEXES DE QUESTIONNEMENT DES PLUS JEUNES. AVANT 15 ANS, ILS SERAIENT 54% À
PRÉFÉRER POSER DES QUESTIONS À GOOGLE QU'À LEURS PARENTS.
Et non, nous ne sommes pas les seuls à demander la différence
entre une mouette et un goéland à Google. Nos enfants sont les
premiers à poser leurs inombrables questions au géant du
référencement... plutôt qu'à leurs parents.
Selon une étude menée par la Birmingham Science City, papa,
maman mais également les professeurs et même le dictionnaire sont
relégués en queue de peloton quand il s'agit de répondre à leurs
interrogations. Parmi les 500 enfants de six à 15 ans interrogés,
54% utilisent Google dès qu'ils se posent une question, et parfois
jusqu'à cinq fois par jour. Seulement un quart du panel fait encore
confiance à papa et maman. Quant aux professeurs, ils sont à la
traîne: 3% des enfants se tournent vers eux.
Mais le plus étonnant reste qu'un quart des enfants interrogés ignore
jusqu'à la signification du mot "encyclopédie". Serge Tisseron,
pédopsychiatre et auteur de Rêver, fantasmer, virtualiser, du virtuel
psychique au virtuel numérique, explique que, bien qu'ils ne
connaissent pas le mot, les enfants utilisent Google comme ils
pourraient utiliser nos encyclopédies d'antan: "les enfants accèdent
au savoir; le résultat est donc le même. Ce sont simplement les
outils qui ont évolués, et les enfants s'y sont adaptés".
"Les parents doivent accompagner leurs enfants"
Dans le Daily Mail, le docteur Pam Waddell, directrice de la
Birmingham Science city, explique que les enfants grandissent dans
un environnement où "les nouvelles technologies deviennent un
standard". Ils y sont de plus en plus exposés, et de plus en plus tôt.
Christiane Olivier, psychanalyste spécialisée dans les relations
parents/enfants, note que, si les jeunes sont friands d'internet, c'est
parce qu'ils "veulent tout, tout de suite", et que "Google leur apporte
cette réponse très rapidement".
Mais attention aux dérives. La psychanalyste insiste sur le fait que,
si les enfants posent des questions sur la toile, c'est parfois "parce
qu'ils n'osent pas les poser chez eux". Quand il s'agit de sexualité,
elle regrette que "les parents soient souvent réticents, et le sujet,
encore tabou dans de nombreuses famille". Cela encourage les
enfants à mener leurs recherches en ligne, où ils risquent d'être
exposés à des images choquantes ou violentes. Serge Tisseron
souligne que, pour limiter les dangers du net, "les parents doivent les
accompagner, et être à l'écoute de ce qu'ils voient". Selon lui, même
si les logiciels de contrôle parental sont utiles, "ils ne sont efficaces
qu'à 75%". Le rôle des parents reste donc d'une importance
"capitale", pour que l'enfant ne voyage pas n'importe où sur internet.
Mais qu'il puisse laisser s'exprimer sa "curiosité naturelle". Et ce, en
Ca n’a l’air de rien, et pourtant, faire une recherche sur Google portant ses
fruits peut être compliqué. Une récente étude montrait même que seuls 25%
des étudiants de l’Université de l’Illinois aux Etats-Unis étaient capables de
construire une requête « raisonnablement bien exécutée ». Dommage pour
les 75% restants… Cette infographie reprend donc quelques conseils bien
utiles pour trouver plus facilement ce que l’on souhaite sur Internet : elle est destinée
principalement aux étudiants effectuant des travaux de recherche, mais chacun y tirera des
bénéfices ! Par exemple, poser une question à Google est inutile (et pourtant, on en rencontre
assez souvent), il faut plutôt cibler les mots clés en fonction de ce que l’on souhaite trouver.
L’infographie donne également les commandes de Google qui devraient vous simplifier la vie, si
vous ne les connaissiez pas. Ecrire sa requête entre guillemets permettra de faire la recherche sur
cette expression exacte ; taper le signe – avant exclura ces mots (utile pour chercher des
renseignements sur la tomate, en excluant les recettes de cuisine par exemple), fouiller dans un
site Internet particulier sera possible en tapant site:nomdusite avant sa recherche… Toutes sortes
d’astuces que nous n’exploitons pas forcément suffisamment. Vous pouvez également vous
reporter à la liste de conseils établie par Google, ainsi qu’aux outils destinés à simplifier la
recherche.
Infographie : comment bien chercher sur Google — www.blogdumodera... http://www.readability.com/articles/iaw9ocra
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Infographie : comment bien chercher sur Google — www.blogdumodera... http://www.readability.com/articles/iaw9ocra
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Les raisons
1. Internet c’est cool
2. On y obtient des choses impossibles autrement
3. On doit rester à la page
4. Il faut maîtriser Internet, pour éviter qu’il ne vous maîtrise
Avec la machine, on devient cyborg
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LE 3 JUIN 2011 XAVIER DE LA PORTE
Qui, de l’homme ou de la machine, est le plus intelligent? Cette question fondamentalemérite d'être reformulée, en prenant en compte le fait que c'est la collaboration entre lesdeux qui s'avère le plus efficace.
Xavier de la Porte, producteur et animateur de l’émission Place de la Toile sur France Culture,effectue chaque semaine une lecture d’article dans le cadre de son émission. Cet article a étépublié le 6 avril sur InternetActu.
La lecture de la semaine, encore une fois, sera une chronique de Clive Thompson dans le derniernuméro du magazine américain Wired, car, encore une fois, cette chronique est tout à faitpassionnante. Son titre n’est pas ce qu’elle a de mieux, mais il est suffisamment intriguant pourdonner envie de poursuivre : “Avantage aux Cyborgs : pourquoi l’accès à une intelligencesupérieure passe par l’amélioration des relations avec vos assistants numériques.” Je vousrassure, la suite est plus claire.
Clive Thompson commence par poser une question obsédante et désormais classique:
En 1997, rappelle Thompson, Deep Blue, le superordinateur d’IBM, a fait nettement pencher labalance en faveur des robots en battant Garry Kasparov aux échecs. Deep Blue a gagné parce queles ordinateurs peuvent produire, à la vitesse de la lumière, des calculs presque infinis : ce dont leshumains sont incapables. Ce fut le prima de la force brute, de la capacité à passer en revue desmillions de mouvements possibles pour trouver les meilleurs. Ce n’est pas comme ça que leshumains jouent aux échecs. Les Grands Maîtres, nous rappelle encore Thompson, s’appuient,pour choisir le bon mouvement, sur des stratégies et des intuitions fournies par des annéesd’expérience et d’étude. Les intelligences humaines et artificielles ne travaillent pas de la mêmemanière, ce qui a donné à Kasparov une idée intrigante.
C’est là où le papier de Thompson commence à nous apprendre quelque chose (en tout cas àm’apprendre quelque chose). Quelle fut l’idée de Kasparov ? Et si, au lieu de faire s’affronter leshumains et les machines, on les faisait travailler en équipe ? Kasparov a donc créé ce qu’il a
Qui, de l’homme ou de la machine, est le plus intelligent?
Quelle sorte de cyborg voulez-vous être? » OWNI, News, Augmented http://owni.fr/2011/06/03/homme-machine-intelligence-sorte-cyborg-vo...
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appelé les advanced chess, les “échecs avancés”, dans lesquels les joueurs sont assistés par unlogiciel. Chaque compétiteur entre la position de ses pièces dans l’ordinateur et utilise lesmouvements proposés par le programme pour faire ses choix.
La revanche des esprits moyens
En 2005, dans un tournoi en ligne où tout le monde pouvait concourir, certaines paires humain-machine étaient tout à fait étonnantes. Mais celle qui remporta le tournoi ne comptait aucunGrand Maître, ni aucun des superordinateurs présents dans la compétition. Ce fut une équiped’amateurs d’une vingtaine d’années, assistés par des PC ordinaires et des applications bonmarché qui l’emporta. De quoi ont-ils tiré leur supériorité ? La réponse apportée par Thompsoncommence à nous éclairer sur le sens de son titre. Leur supériorité est venue de leur aptitude àtirer le meilleur parti de l’aide que leur apportait l’ordinateur. Ils savaient mieux que les autresentrer leurs mouvements dans la machine, ils savaient quand il fallait consulter le logiciel et quandil valait mieux ne pas suivre ses conseils. Comme Kasparov l’a dit ensuite, un être humain faibleavec une machine peut se révéler meilleur qu’un être humain fort avec une machine si l’êtrehumain faible a une meilleure méthode. En d’autres termes, selon Thompson, les entités les plusbrillantes de notre planète ne sont ni les êtres humains les plus accomplis ni les machines les plusaccomplies. Ce sont des gens à l’intelligence moyenne qui ont une aptitude particulière à mêlerleur intelligence à celle de la machine.
Et pour Thompson, cela ressemble beaucoup à ce qui se passe dans nos vies. Aujourd’hui, noussommes continuellement engagés dans des activités “cyborguiennes”. On utilise Google pourtrouver une information, on va sur Twitter ou Facebook pour se tenir au courant de ce qui arriveaux gens qui nous intéressent, et d’autres choses encore.
Or, un grand débat oppose ceux qui adorent notre vie moderne et numérique à ceux qu’elleperturbe. D’après Thompson, l’exemple fourni par les échecs nous montre pourquoi il existe untel fossé. Ceux qui sont excités par les technologies sont ceux qui ont optimisé leurs méthodes,ceux qui savent comment et quand on s’appuie sur l’intelligence de la machine. Ceux qui ontadapté leur profil Facebook, configuré leurs fils RSS, etc. Et même, plus important, ceux quisavent aussi quand il faut s’écarter de l’écran et ignorer le chant des distractions qui nousappellent en ligne. Le résultat, c’est qu’ils se sentent plus intelligents et plus concentrés. Al’inverse, ceux qui se sentent intimidés par la vie en ligne n’atteignent pas cet état délicieux. Ilsont l’impression qu’internet les trouble, qu’il les rend “bêtes” pour reprendre le mot deNicholas Carr.
Or, et on ne peut que donner raison à Clive Thompson, on ne peut pas faire comme si l’âge desmachines étaient en passe de s’achever. Il est certain que l’on va de plus en plus dépendre del’assistance numérique pour penser et se socialiser. Et trouver le moyen d’intégrer l’intelligencede la machine à nos vies personnelles est le défi le plus important qui nous soit offert. Quand s’enremettre à la machine ? Quand se fier à soi-même ? Il n’y a pas, d’après Thompson, de réponseunivoque, et il n’y en aura jamais. Il s’agit là, selon lui, d’une quête personnelle. Mais en aucuncas nous ne devons éluder la question tant les avantages cognitifs sont grands pour ceux quisavent le mieux penser avec la machine. Au final, dit Thompson, la vraie question est : “quelle
sorte de cyborg voulez-vous être ?”
Le grand-maître Ponomariov en 2005 face à la machine
Quelle sorte de cyborg voulez-vous être? » OWNI, News, Augmented http://owni.fr/2011/06/03/homme-machine-intelligence-sorte-cyborg-vo...
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Cette chronique de Thompson est passionnante pour elle-même, mais elle l’est aussi, mesemble-t-il, pour ce qu’elle ouvre comme pistes. Et notamment, pour une explication qu’elle peutapporter à la crainte d’une partie des élites, et des élites françaises en particulier, face àl’internet. Car si Thompson, à la suite de Kasparov, a raison, si une intelligence moyenne alliée àune bonne maîtrise de la machine renverse les hiérarchies au point de se révéler supérieure à desannées de travail et d’accumulation de savoir ; si cette règle s’avère exacte dans d’autresdisciplines que dans les échecs, alors quelle supériorité resterait à ceux qui savent, ceux que l’onconsidère comme très intelligents, mais qui vivent sans les machines, qui les craignent, lesméprisent, et ne s’en servent pas ? Et s’il y avait, derrière les arguments des contempteursd’internet, la manifestation de cette crainte, la crainte d’un monde dans lequel ils ne domineraientplus, d’un monde qui menacerait leur position. Ça n’est qu’une hypothèse, mais il faut avouerqu’elle est tentante.
Article initialement publié sur InternetActu
Photos FlickR CC : par thrig et par erral
Quelle sorte de cyborg voulez-vous être? » OWNI, News, Augmented http://owni.fr/2011/06/03/homme-machine-intelligence-sorte-cyborg-vo...
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Parce que c’est cool
Inventé en 1969 par des ingénieurs, il a étéconçu pour que tout le monde puisse s’y exprimer, y rechercher des choses, y rencontrer des gens de partout dans le monde.
Des communautés partagent leur savoir, on peut y participer simplement, acquérir des savoirs, parfois sans les avoir cherché (la sérendipité).
Depuis 2010, Internet a en plus gagné une réputation de faiseur de démocratie avec les révolutions arabes.
Les velléités régulières de le réguler ajoute à ce sentiment : Internet est un endroit cool, que tous les pouvoirs cherchent à maîtriser sans y arriver.
63
Lawrence Lessig, à l'origine des licences Creativ e
Commons.
Cet article ne cite pas suffisam m ent ses sources (ju in 2 01 0).
Si v ous disposez d'ouv rages ou d'articles de référence ou si v ous connaissez des sites web de qualité traitant du thème
abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et
références ». (Modifier l'article)
La culture libre est un mouvement social qui
promeut la liberté de distribuer et de modifier des
œuvres de l'esprit sous la forme d'œuvres libres[1 ]
par l'utilisation d'internet ou d'autres formes de
médias. Le mouvement de la culture libre puise sa
philosophie de celle du logiciel libre en l'appliquant à
la culture, dans des domaines aussi variés que l'art,
l'éducation, la science, etc[2 ].
Les mécanismes juridiques des licences libres dédiés
à la culture sont également inspirés du logiciel libre ;
l'utilisation des licences art libre ou Creative Commons a ainsi permis l'émergence de la musique
libre et de l'art libre.
La culture libre défend notamment l'idée que les droits d'auteurs ne doivent pas porter atteinte aux
libertés fondamentales du public. Elle agit, entre autres en utilisant de façon détournée les
monopoles accordés par les droits d'auteur, à travers des licences libres, cela afin d'autoriser
précisément les usages que ces lois proscrivent par défaut.
Histoire
— Henri-Frédéric Amiel, Rien n'est à nous[3]
Le point de départ de la culture libre, telle qu'on la connaît aujourd'hui, est la création du
mouvement du logiciel libre et du projet GNU par Richard Stallman en 1984[2 ]. Une véritable
communauté se crée autour du logiciel libre dans laquelle commence à se développer un ensemble
de références culturelles.
Au vu du succès du logiciel libre, les licences libres ont été appliquées à d'autres domaines, avec la
création de l'encyclopédie Wikipédia en 2001, puis avec la naissance de l'art libre, et notamment de
la musique libre avec la création du site musique-libre.org en 2004, puis Jamendo en 2005. En
parallèle, une partie de la communauté du libre s'attache à défendre un internet libre, avec
notamment la création du collectif La Quadrature du Net en 2008.
Culture libre et licence libre
Les licences libres sont une forme de concrétisation de la culture libre. Une œuvre sous licence
libre possède quatre caractéristiques fondamentales :
la liberté d'utiliser l'œuvre pour tous les usages ;
la liberté de la copier et de diffuser des copies ;
la liberté de l'étudier ;
la liberté de la modifier et de diffuser des copies de l'œuvre résultante.
Si la liberté d'étudier une œuvre est acquise pour un texte, elle est plus complexe et contraignante
dans le cas d'autres œuvres, car elle implique que l'auteur distribue aussi les documents
« Tu dis : « Cette pensée est à moi. » Non mon frère,
Racine d'Internet par-ci,racine d'Internet par-là :mais c'est quoi ce bulbemagique générateur deréseau ?! Et pourquoi ...
LE 12 DÉCEMBRE 2012 LAURENT CHEMLA
Conçu en pleine période Flower Power par des barbus libertaires, Internet n'a jamaisperdu – malgré les tentatives de récupération politiques et commerciales – son espritprofondément lié au partage. Cette prise de conscience doit perdurer et produire un acte derésistance face à la tentative forcenée de nivellement du monde par les inconscients qui nousgouvernent.
Je suis souvent présenté comme un dinosaure d’Internet, mais c’est faux : même si je suis tropvieux pour faire partie de la génération “digital-native”, j’étais trop jeune quand Internet est né,trop jeune pour pouvoir vivre une époque à laquelle toutes les utopies étaient encore imaginables.Ça n’a jamais empêché personne de me considérer comme un utopiste libertaire (par exemple,dans ce billet qui aligne un nombre d’idées fausses assez stupéfiant), vous êtes prévenus.
Et je voudrais, pour replacer mon propos dans son contexte historique, revenir quelques instantssur ce monde dans lequel Internet est né. Je crois que c’est important pour mieux comprendre cequ’il est devenu.
Arpanet est né en 1969. J’avais 5 ans, Jon Postel et Vinton Cerf avaient 25 ans. Steve Crocker (24
ans) publiait la première RFC1. Ils étaient étudiants en Californie, à l’UCLA, en pleinecontestation étudiante contre la guerre du Viêt Nam, en pleine lutte pour les droits des femmes etles droits civils sur les campus américains. C’est 2 ans après le “Summer of Love”, c’est l’annéede Woodstock. Toute la côte ouest est en plein Flower Power.
On peut imaginer que — les geeks restant des geeks — nostrois jeunes ingénieurs ne faisaient pas partie des plusactivistes, mais on ne peut pas ignorer l’ambiance qui entouraitla naissance d’Internet. Et de là à penser qu’il est une inventionde hippies, il n’y a qu’un pas. D’où croyez-vous que viennentles barbus ?
On dit souvent qu’Internet a cassé la logique hiérarchiqueverticale préalable et créé une société plus horizontale. Onrappelle en permanence qu’il a permis l’usage de la libertéd’expression pour tous. Je vous engage à lire ou relire laRFC n°3 (publiée elle aussi en avril 69) qui définit lamanière dont seront développés et discutés les futursstandards d’Internet, et en particulier la phrase “we hope to
promote the exchange and discussion of considerably less
than authoritative ideas”2.
Dès le départ, la philosophie d’Internet est basée sur la liberté d’expression, ouverte à tous, sans
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INTERNET, LES ORIGINES
Mais qui a inventé Internet ?Au cœur de l'été, un débatfait rage de l'autre côté del'Atlantique pour attribuer la...
obligation d’appartenance à telle ou telle communauté. Le débat et la prise de parole sontencouragés, la forme est accessoire, le groupe est ouvert, seules les idées sont importantes, d’oùqu’elles viennent.
Sont-ce les usages d’Internet qui ont transformé une société hautement hiérarchisée, ou a-t-il étécréé pour produire précisément cet effet, à une époque où toutes les utopies étaient encoreenvisageables ? Sans doute un peu des deux, mais il est certain que, dès l’origine, les principes quiont conduit à sa naissance n’étaient pas ceux de la société patriarcale qui prévalait jusque là, et ilest au moins probable que l’environnement dans lequel baignaient ses pères a joué un rôle sur cequ’il est devenu.
La tribu informatique
Comme on me l’a souvent rappelé, depuis que j’ai commencé à développer cette vision desorigines, cette ouverture à tous avait — et a toujours — une limite importante : s’agissant dedévelopper des protocoles informatiques, et quelle qu’ait été la volonté de ses fondateurs,l’initiative était cependant réservée à ce que Philippe Breton a décrit bien plus tard comme “latribu informatique”. Et là aussi il est bon de se replonger un peu dans le passé pour mieuxcomprendre le présent.
A l’époque des débuts d’Internet, et jusqu’au milieu desannées 70, le logiciel n’était pas considéré comme il l’est denos jours. Ce n’était pas un objet commercialisable. Jusqu’audébut des années 70, AT&T distribuait UNIX gratuitementaux universitaires, et la grande majorité des programmesétaient le fruit de travaux académiques et étaient diffusés,sources comprises, selon les principes académiquesd’ouverture et de coopération.
Les informaticiens de cette époque avaient souvent besoinde porter tel ou tel outil d’un système d’exploitation à unautre, à une époque où l’hétérogénéité du parc matérielexplosait. La notion de partage était fortement représentéedans la culture informatique, et elle a perduré y comprislorsque le marché du logiciel commercial a explosé, en sescindant d’un côté dans la culture du logiciel libre et del’autre dans celle du piratage.
Avant notre génération “digital native”, les inventeurs d’Internet sont devenus adultes dans les
années comprises entre la fin de la seconde guerre mondiale et la 1ère crise pétrolière, à l’époquedu “I have a dream” de Martin Luther King, du flower power, de la conquète de la Lune, duboom de l’électroménager et de la liberté sexuelle. Tout semblait possible, et je crois que mêmedes geeks retranchés dans des services informatiques, relégués en sous-sol, n’ont pas pu ignorercet environnement social. Dans un livre publié en 1984, le journaliste Steven Levy a rapportél’idéologie des premiers hackers et en a tiré ce qu’il a nommé “the hacker ethic” dont lespoints-clé semblent venir directement des idées hippies.
Je ne crois pas qu’on puisse comprendre Internet sans prendre en compte ces prémisses culturels.Même s’ils sont largement négligés de nos jours, ils ont imprégné toute la structure fondamentaledu réseau et leurs conséquences sont toujours largement présentes aujourd’hui :
- la sécurité des systèmes est un problème de plus en plus important à tous les niveaux de lasociété, mais si ce problème existe c’est aussi parce que la sécurité des données n’était pasun enjeu important pendant les premiers temps de l’Internet. Les datagrammes ne sont paschiffrés, les serveurs et les tuyaux sont partagés entre tous, le DNS n’est pas sécurisé, le routageest fait d’annonces que chacun peut corrompre. Jusqu’à une période très récente, les notions departage et de confiance sont bien plus importantes, sur le réseau, que celles de sécurité et deconfidentialité.
- TCP/IP est un langage de pair à pair : les notions de client et serveur sont applicatives, surInternet, pas structurelles. Il n’y a pas de hiérarchie entre les ordinateurs qui sont reliés par leréseau : chacun peut, à tout instant, passer du récepteur au diffuseur sans avoir à obtenird’autorisation préalable. Sur Internet, la prise de parole est possible partout, pour tous, tout letemps.
- l’impératif d’intéropérabilité à une époque où le matériel informatique évolue sans cessedans une hétérogénéité croissante a imposé – si même la question s’était posée – l’usage destandards ouverts et des logiciels libres. Le développement d’Internet et des logiciels libressont intriqués au point qu’on aurait du mal à imaginer ce que serait le réseau sans eux. Etmalgré la toute-puissance des géants du logiciel commercial, ils se sont développés à un pointtel qu’au moins la moitié d’entre vous a un téléphone qui fonctionne sous Linux. Si on m’avait
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dit ça au début des années 90, je me serais moqué.
- le choix de la transmission par paquet, du datagramme et d’un réseau maillé de pair à pair(en lieu et place des technologies de circuits virtuels et des réseaux en étoile) a créé un réseauqui ignore les frontières des États, qui met en relation des ordinateurs et des humainssans considération des législations locales, des tabous culturels et du contrôle policier.Couper totalement l’accès d’une population à Internet, aujourd’hui, implique non seulement lafermeture des accès locaux mais aussi celle de tout le réseau téléphonique cablé, gsm etsatellite. C’est pratiquement impossible (et on a pu recevoir des images de Syrie la semainedernière malgré toute la volonté du gouvernement local).
L’art de la guerre
Quoi qu’ils en disent aujourd’hui, les états ont mis un certain temps à prendre conscience desconséquences d’Internet. Quand nous – techniciens – pressentions vaguement au début desannées 90 une révolution trop vaste pour qu’on puisse en envisager toute l’étendue, qu’onessayait de l’expliquer, d’en montrer l’importance, les puissances en place nous riaient au nez.
Et sans doute n’était-ce pas plus mal parce qu’il est difficile de savoir ce que serait le réseau si àl’époque nous avions su montrer au pouvoir ce que signifiait l’arrivée d’Internet chez tout lemonde.
Aujourd’hui encore, je crois qu’il manque toujours au plus haut niveau des États unecompréhension, une appropriation réelle des enjeux. Tout semble se passer comme si, malgré unaffichage plus ou moins affirmé, ils ne parvenaient pas à appréhender l’existence et l’importancesociale, économique et philosophique d’un réseau global. J’ai récemment écrit qu’ils medonnaient l’impression de ne pas vivre dans le même monde que le reste de la population, tantchacune de leurs décisions concernant de près ou de loin Internet semblait contre-productive etrétrograde quand ce n’est pas inutile ou même risible.
Ça a commencé lentement bien sûr. En France, Internet a longtemps été perçu par le grand-publiccomme un Minitel un peu plus évolué : on y trouvait pas beaucoup plus d’information, c’était pluscompliqué à utiliser, ça demandait un investissement financier et personnel plus important.
Seuls quelques activistes en prenaient possession pour s’exprimer, avec bien entendu des dérivesfaciles à dénoncer qui ont probablement contribué à conforter les idées reçues de ceux auquel iln’apportait rien de nouveau, puisqu’eux avaient déjà accès à la parole publique, à l’informationen avant-première, que les portes des musées leur étaient toujours ouvertes et qu’ils dinaient avecceux dont le public attendait les prochaines oeuvres.
Et puis, petit à petit, le public a appris à utiliser le réseau. Les services se sont mis au niveau pourlui faciliter l’auto-édition, le partage, le débat et la diffusion. Et ce qui était auparavant réservé àquelques élites est devenu accessible à tout le monde au point d’être devenu pour tout un chacunune part importante de la vie quotidienne.
J’ai écrit aussi que je voyais leur action comme celle d’unantivirus : quand je vois mon ordinateur (celui qui est sousWindows) changer inexplicablement de comportement sansque mes actions n’y soient pour rien, mon premier réflexeest de penser qu’il a été infecté par un logiciel malveillant.
De la même manière, ceux qui se sentent responsables de lasociété ne peuvent pas accepter qu’elle change en dehors deleur action. C’est vécu comme une intrusion dans leurpré-carré, comme une activité forcément malveillante,puisque l’administrateur du système n’a pas voulu nisouhaité ce qui se produit dans son environnement. Alors ilréagit, là où il aurait mieux fait d’agir.
Car il est bien trop tard pour agir : Internet est dans la place.Internet est partout, dans nos ordinateurs, nos téléphones,nos tablettes, nos télévisions et nos consoles de jeu. Bientôtil sera dans nos éclairages, nos clés, nos moyens depaiement. Aujourd’hui, même mon ampli audio se met à jour par Internet.
Toujours est-il que, pendant que les grands de ce monde avaient le dos tourné,
Internet s’est installé dans nos vies.
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ON ACHÈVE BIEN LESDINOSAURES
Copinage, incompréhension,contre-sens. Nosreprésentants politiques sontles seuls à croire encore quele Web est ...
Quoi que devienne le réseau dans le futur une chose est sûre : nos machines sont toutesconnectées entre elles, et nous le sommes tous entre nous, à travers elles. Et là où des humainssont reliés entre eux, il y a échange, partage, débat et transmission de savoir.
Il y a eu une guerre entre Internet et les pouvoirs en place. Et Internet l’a gagnée. L’envahisseurne se cache plus : il est bien installé et il n’hésite pas à répondre quand, au coup par coup, nosdinosaures qui n’ont pas eu conscience de la chute de la comète tentent de survivre auchangement en lui donnant quelques coups de patte bien peu efficaces.
Je ne vais pas refaire ici l’historique de ces pauvres tentatives d’empêcher un changementinéluctable : gouvernance, régulation, taxes diverses, refus des effets fiscaux de la globalisationquand elle concerne les géants du web alors qu’on l’encense quand elle vient de l’industrie dupétrole ou de la culture, tout ça est bien connu. C’est trop peu, trop tard, surtout trop tard.
Les révolutions arabes ont montré que l’usage des réseauxsociaux permettait d’organiser des actions de groupe là oùdans le passé il fallait s’appuyer sur des syndicats ou despartis politiques pour mobiliser. Et je crois aussi que le Web,pour des jeunes qui atteignent aujourd’hui l’âge adulte etentrent dans la vie active en ayant eu pendant toute leurenfance sous les yeux l’opulence des pays les plus riches, aeu plus que sa part dans la motivation de révoltes qui, lacrise économique aidant, ne feront que s’amplifier dans lefutur.
Internet a gagné la guerre, et les populations savent s’enservir bien mieux que leurs gouvernants. Que ce soit pourprendre conscience de la façon dont il est maintenu dans lamisère (Wikileaks bien sûr, mais au delà il suffit de voir lafaçon dont les affaires sortent via Twitter avant même lesjournaux télévisés pour comprendre que la couleur du Webest la transparence) ou pour organiser les mouvements sociaux, le peuple a désormais un outil quia été créé pour rester hors de portée des tentatives de contrôle. Hadopi, Loppsi, Taxe Google,Cloud souverain et tentative de surveillance globale ne sont guère que des actions de guerilla dequelques groupes de résistants dépassés.
La guerilla est une tactique du faible au fort, et contre Internet ce sont les États qui la mènent. Jevous laisse conclure.
Les voleurs 2.0
Alors, et après ?
Longtemps, quand je prédisais la victoire d’Internet, j’ai eu en face de moi des amis qui, eux,craignaient que le commerce, les gouvernements, les forces réactionnaires de toutes provenancesne viennent réduire à néant les espoirs d’une société meilleure basée sur les principes de partageet de liberté qui ont été les bonnes fées penchées sur le berceau du réseau.
J’ai toujours fait partie du camp des optimistes. En considérant la vitesse à laquelle le publicarrivait sur le réseau, et en calculant au doigt mouillé qu’il fallait en moyenne 5 ans pour passerd’un usage purement clientéliste à une appropriation plus complète des moyens d’expression et dediffusion mis à sa disposition, je faisais le pari – gagné d’avance – que la masse de gens quiauraient pris goût à la liberté serait trop importante pour un retour au statu quo ante bien avantque quiconque ne puisse réagir.
Comme toujours, j’avais raison.
Et comme toujours je me suis trompé.
Le danger n’est pas venu du commerce : ceux qui prédisaient la fin d’un Internet libre commes’étaient éteintes les radios libres avaient oublié que l’espace numérique, à la différence dunombre des fréquences hertziennes, était infini et que quelle que soit la place prise par lecommerce en ligne, il en resterait toujours autant qu’on en voulait pour le simple citoyen.
Il n’est pas venu non plus des politiques, qui n’ont jamais compris ce qui leur arrivait et qui ne lecomprendront jamais : par nature, Internet rend inutiles un bon nombre d’intermédiaires, que cesoit entre les auteurs et leur public, entre les fabriquants ou les grossistes et le client final, ou entreles opinions et l’information et la population. Je crois que l’intermédiaire entre le peuple et ladémocratie qu’est la représentation politique est vouée elle aussi à disparaître quelles que soientses gesticulations pour repousser l’échéance.
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PEUR SUR LE WEB
Propagande, pensée unique,méfiance et peur de l'autre :on n'est jamais responsabledu malheur qui nous arrive.Alors ...
[1/2]LA NEUTRALITÉ DURÉSEAU POUR LES NULS
La plus grande force d’Internet est dans sa résilience. Les choix technologiques du passé ontdonné un réseau très fortement décentralisé, auto-correctif, quasiment impossible à contrôler – etdonc à vaincre – par une entité unique quelle qu’elle soit en dehors de quelques erreurshistoriques (la centralisation du DNS et du système d’adressage). Mais, peut-être à cause d’unecroissance trop rapide due à la faiblesse de ses ennemis naturel, le réseau a développé unemaladie auto-immune.
Longtemps on a parlé d’Internet comme d’un réseau dontl’intelligence était aux extrémités (end-to-end principle). Etil faut se souvenir que, même s’il y a du progrès depuisl’époque des modems RTC, le principe même du“fournisseur d’accès” est une rustine pour pallier à l’absenced’un vrai réseau informatique reliant tous les foyers entreeux. Internet est un réseau de réseaux, mais le client d’unFAI n’est pas un pair d’internet à égalité avec les serveursqui le composent. L’asynchronie entre émission et réception,qui découle de l’usage de la paire de cuivre, tend àtransformer l’utilisateur final en client simple plutôt qu’enégal qui peut participer aux échanges en tant que membre àpart entière du réseau.
Il est facile de dire que cet état de fait répond aux usages etqu’un simple utilisateur n’est pas forcément quelqu’un quiparticipe autant qu’il consomme. Mais c’est une idée fausse,je crois : s’il n’était que récepteur, les médias broadcastés lui suffiraient. En réalité ce qu’onconstate souvent c’est qu’il participe plus ou moins à hauteur de ce que sa bande passantemontante lui permet et que ses usages dépendent de l’infrastructure qui lui est proposée bien plusque l’inverse.
Et comme un cancer, le corps du patient devient son propre ennemi. J’ai raconté en conférencecomment, par exemple, Facebook avait volé 4 fois ses utilisateurs (et en tant qu’ancien voleur jem’y connais). D’abord en transformant ses utilisateurs en ouvriers non-salariés – c’est le modèledu Web 2.0 qui consiste à vendre à ses clients, les régies publicitaires, un espace de contenusproduits par des gens qui ne sont pas rémunérés mais qui attirent l’audience), puis en vendant àces régies les informations privées – qui vous appartiennent mais que vous lui aviez confiées –pour qu’elles puissent mieux vous cibler, puis en vous vendant en bourse des parts de l’entreprisequi n’aurait aucune valeur sans votre participation, et enfin en vous proposant de payer pourpromouvoir vos propres contenus auprès de vos amis, en un complet renversement du modèlenormal qui veut qu’un auteur soit rémunéré en fonction de l’argent qu’il rapporte à son éditeur.
Difficile de faire mieux. Ou pire, c’est selon. Et pourtant, Facebook (et Google et iTunes etAmazon et tous les autres) y arrivent quand même : en devenant les géants qu’ils sont, encentralisant tous les services et les contenus comme ils le font, ces acteurs concentrentl’intelligence au centre du réseau et transforment les équipements tiers (smartphones, tablettes –de moins en moins interfaces d’interaction et de plus en plus interfaces de simple réception) ensimples terminaux, qui de plus en plus peuvent – et sont – contrôlées à distance.
Et c’est un mouvement général : alors même que jamais leprix du stockage local n’a été aussi bas, la mode est aucloud. On ne conserve plus ses données chez soi, là où ellessont le plus en sécurité, mais chez un tiers, qui centralisetoutes les données du monde. On voudrait créer un pointcentral de totale insécurité et de contrôle total qu’on agiraitpas autrement.
Et alors même que les gouvernements ne voyaient pas
Non, le danger n’est pas venu du passé, il est venu d’Internet lui-même.
En parallèle, et parce que la technologie transforme l’utilisateur en simple client, lesservices se centralisent. Ils deviennent ce qu’on appelle “des géants du Web” alors
même que par principe dans un réseau de pair à pair ces termes devraient êtreantinomiques.
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On a tout entendu sur lanotion de neutralitéd'Internet. L'ingénieurStéphane Bortzmeyer tented'y voir plus clair. En ...
POUR UN INTERNETPOLISSON !
Contre un Internet policé,choisissons l'Internet polisson! C'est en gros le message dePas sage en Seine, festival de...
comment attaquer un réseau décentralisé pour reprendre lecontrôle de l’évolution de nos sociétés, voilà que son plusgrand ennemi lui offre sa reddition sur un plateau: s’il y abien une chose à laquelle les États sont habitués, c’est detraiter avec les multinationales. Dans un jeu dont on vient devoir, avec Florange, comme il se joue, l’État français joue dela menace fiscale et légale contre Google, Amazon et tousles autres pour obtenir d’eux quelque prébende en échanged’une totale liberté dans l’exploitation de leur main-d’oeuvre.
Quant au contrôle des populations, c’est en cours, avec la possibilité de couper telle ou tellefonctionnalité d’un iPhone à distance chez Apple, pourquoi pas pendant une manifestationpopulaire dont un gouvernement ne voudrait pas qu’elle fasse trop parler d’elle, ou avec lavolonté pour le CSA en France de contrôler les contenus sur le Web comme il le fait pour latélévision, ou enfin avec l’ITU qui veut redonner le pouvoir au politique plutôt qu’au citoyen enpermettant des législations nationales applicables à tous les acteurs du Net.
Conclusion
Je reste l’éternel optimiste, je ne crois pas qu’Internet puisse être transformé au point de revenir àun monde dans lequel il faut avoir des amis, du pouvoir ou de l’argent pour avoir la possibilitéd’exercer son droit à la liberté de parole “sans considération de frontières”.Je veux croire que Facebook n’est qu’une mode passagère et que le public saura se détournerd’un Apple qui le prive de toute liberté d’utiliser comme il le souhaite le terminal qu’il possède.Je veux croire qu’avec un peu de bouteille, les gens se détourneront des services gratuits d’unGoogle qu’il échange avec la confidentialité de ses données, de ses mails et de sa vie entière pourrevenir à des services locaux, pourquoi pas à en réinstallant chez eux des serveurs de mail, pourcommencer.
Dans mon monde idéal, les gouvernements se souviennentde leur rôle de prévision. Ils font d’Internet un serviceuniversel, en donnant aux intermédiaires une mission deservice public en attendant qu’un plan fibre ambitieuxpermette à chacun d’organiser selon sa volonté saconnectivité, en devenant son propre FAI s’il le souhaite ouen déléguant à une association ou une entreprise, s’il lepréfère. Sans filtrage, sans asymétrie des débits montants etdescendants, sans services associés obligatoires.
À chacun de choisir s’il préfère un package où tout est gérépar un tiers ou s’il veut être opérateur de son propre réseautout en déléguant tel ou tel service. Un modèle commecelui-ci serait sans doute bien plus productif pour leredressement d’une économie tant locale que nationale quetoutes les taxes Google du monde.
Il faudra sans doute se battre pour en arriver là, alors mêmeque la bataille semblait gagnée d’avance. C’est dommage, mais Jefferson et La Fontaine ledisaient déjà en leur temps:
En laissant faire, après que les États ont senti le vent du boulet à ce point, je ne crois pas qu’on aitavant longtemps une nouvelle chance de garantir les libertés publiques si nous ne nous battons paspour conserver celles que nous ont offertes de vieux soixante-huitards utopistes. Sinon nousaurons un réseau reterritorialisé, sous le contrôle de pouvoirs qui préfèrent la pérennité de leurmain-mise au bonheur de leur peuple. Et parce qu’Internet n’est pas contrôlable par desdémocraties, nous aurons des dictatures à la place.
Internet doit rester un truc de hippies.
Illustration par Alvaro Tapia Hidalgo (ccbyncnd)Consulter sa présentation ici.Tous les articles de Laurent Chemla sur Owni /-)Nos dossiers à consulter : Un internet pas si neutre et Hacker la société.
Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une
ni l’autre.
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rslnmag.fr
OCT. 17 , 2011
(visuel : library books par timetrax23, flickr, licence CC)
En surfant sur un réseau social, au détour d'un moteur de recherche ou d'un email, vous êtes
tombé sur un lien vers cet article. Vous n’en cherchiez pas spécialement un sur la question mais
vous avez été curieux et vous êtes finalement en train de le lire : c'est ce qu'on appelle la
sérendipité, la découverte imprévue, par la coïncidence, la chance ou le hasard, de quelque chose
d'inattendu.
La sérendipité est souvent citée comme l’un des exemples de la richesse du Web, cette
possibilité de découvrir des contenus inédits et surprenants en quelques clics aléatoires sur une
souris. Que se passerait-il alors si cette sérendipité disparaissait complètement du Web ?
C'est cette question - et cette crainte - qui ont poussé Miriam Meckel, directeur de l'Institute
for Media and Communication Management, à lancer un long appel pour sa
sauvegarde, sur son blog :
« La sérendipité est notre âme. La sérendipité nous soutient, elle permet, de temps en temps, de
donner à nos vies des directions imprévues, et elle nous permet de regarder le monde différement.
[…] Sans sérendipité, la vie ne serait pas seulement prévisible, elle serait incroyablement
ennuyeuse. »
Selon elle, la sérendipité est de plus en plus menacée par des algorithmes, chargés de décider
pour nous des contenus qui vont nous intéresser ou des produits à acheter. Elle abonde largement
dans le sens de Kevin Slavin – dont nous vous parlions récemment. Cet agitateur des idées
numériques considère que les algorithmes dominent de plus en plus le monde, jusqu’à
s’attaquer à notre culture.
Le problème fondamental pour Miriam Meckel est que ces algorithmes sont « pour toujours
coincés dans le passé, parce qu'ils basent leurs calculs sur des actions passées » : ils ne laissent
alors aucune place à la nouveauté ou à la découverte.
> Avec quelles conséquences ?
« À première vue, la perte de la sérendipité semble être principalement un problème technique […]
mais avec le temps, cette perte pourrait avoir des conséquences bien plus larges, que nous devons
au moins comprendre, si ce n’est lutter contre. »
Un Internet sur-personnalisé a le potentiel de changer nos visions du monde et – au final – de
nous changer directement » explique la chercheuse.
Pour rendre un peu plus vivant, ce possible futur, elle dresse un portrait assez alarmant des
conséquences de la disparition de la sérendipité.
Parmi ses principales conclusions : cette sur-personnalisation supprimerait les intérêts
communs entre les individus et donc les éloignerait encore plus, faute de centres d’intérêt
communs. À plus long terme, cette disparition limiterait la personnalité et les goûts des
internautes, en les enfermant peu à peu dans des cases prédéfinies et pré-pensées.
REGARDS SUR LE NUMERIQUE | SOS : il faut sauver la sérendipité... http://www.readability.com/articles/l44tqtmc
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Elle prend pour un exemple un fan de théâtre : il va recevoir ou se voir proposer de plus en plus
de contenus liés au théâtre qui viendront occulter les autres. Jusqu’au point où il « n’aura
plus la chance de trouver d’autres informations – [il] ne saura même plus qu’elles existent ».
Plus inquiétant encore peut-être, nous serions, selon elle, incapables d'apprendre sans
sérendipité, l'apprentissage se faisant par la rencontre avec l'inconnu ou l'imprévu qui nous ouvre
de nouvelles perspectives :
« Pour évoluer comme des êtres humains, nous avons besoin de coïncidences et de rencontres avec
l’inconnu pour nous inspirer à voir de nouvelles perspectives. C’est la caractéristique même de la
démocratie et de l’obligation de chaque citoyen à faire face à des choses qui dépassent son simple
point de vue sur le monde pour voir au delà. »
> Comment alors éviter cet inquiétant tableau ?
Attention, il « serait naïf de penser que l’on peut inverser ou arrêter cette personnalisation
d’Internet », avertit Miriam Meckel – sans toutefois, renoncer à reconnaître quelques «
avantages » à cette tendance.
Elle suggère trois approches fondamentales pour en limiter les conséquences :
Construire un discours public pour avoir un débat de fond sur la question,
Promouvoir le doute et l’incertitude pour stimuler la réflexion et l’ouverture et
S’appuyer sur les « journalistes humains » pour contrebalancer ce phénomène des
contenus automatisés.
Avant de conclure :
« Nous ne pouvons pas faire sans ces coïncidences, sans sérendipité – même sur Internet.
En sauvant la sérendipité, nous sauvons nos propres âmes, en sauvant ce qui nous distingue,
nous, humains des machines. Donc : sauvons notre sérendipité ! »
Original URL:http://www.benoitraphael.com/2011/01/18/tunisie-internet-accelerateur-de-revolution/
Tunisie : Internet, accélérateur de révolution — www.benoitraphael.c... http://www.readability.com/articles/airthe6b
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Pour avoir et faire
des choses
En se reliant, on entre dans la communauté qui permet d’échanger tout et sur tout. C’est la confiance numérique
80
ENTRETIEN 12/11/2012 à 11h42
Diouldé Chartier (DR)
Pascal Riché | Redchef
Des meubles dans la rue à Glasgow, en Ecosse (Tomek Augustyn/Flickr/CC)
Diouldé Chartier dirige D’Cap Research, un cabinet d’étude sur les comportements des Français. D’Cap a mis en place un « observatoire système D » pour
étudier leurs changements d’attitude face à la crise. Comment les Français s’adaptent-ils à celle-ci ? Comment se débrouillent-ils pour moins en souffrir ?
L’équipe de D’Cap a analysé des milliers de conversations sur des forums (Doctissimo.fr, AuFeminin.com, mais aussi Rue89...) et interrogé en profondeur, pendant
plusieurs heures, une trentaine de Français modestes. Les clients de cette étude sont des entreprises qui s’intéressent à l’innovation sociale et cherchent à
comprendre comment les comportements évoluent.
Pour Diouldé Chartier, cette étude ambitieuse a permis de mettre à nu une révolution en cours dans la société française : le mariage de la débrouille et d’Internet.
Entretien.
Rue89 : Quelles sont les grandes tendances qui se dégagent de votre étude ?
Diouldé Chartier : Nous avons constaté, avec cette étude, l’apparition d’une très large économie « en réseau », largement invisible : des espaces où les gens
échangent d’une façon nouvelle, souvent sans intervention d’aucune institution, parfois même sans monnaie.
Le phénomène est beaucoup plus massif que nous ne le pensions. Son développement est reflété par le succès spectaculaire de sites d’échanges comme Le Bon
Coin, Super-Marmite ou Airbnb. Les gens revendent leurs objets, proposent leurs services, sous-louent leur appartement, s’échangent des tuyaux, s’entraident.
Un tel phénomène est né du mariage du Web et de la crise. Il se développe dans une immense zone grise. Quand je dis « grise », je ne veux pas dire « illégale » :
ces échanges sont pour la plupart conformes à la loi, mais ils échappent aux statistiques et aux observations des économistes.
Cette économie en réseau est générée par la crise, mais aussi, plus généralement, par l’augmentation du nombre de « ruptures » dans les vies des Français. Le
recul à la fois du CDI et du modèle du couple stable, avec enfants sous un même toit, laisse place à des vies au cours plus fragmenté. Des décalages temporels
de plus en plus importants ont lieu entre les rentrées d’argent et les dépenses : il faut les gérer. Seuls l’entraide, la débrouille, le peer-to-peer, le système D
permettent de faire face.
Chacun innove donc pour contourner les difficultés et accroître son espace de liberté. Et chacun, dans ce nouveau
monde, peut devenir une unité de compétence valorisable. Si vous savez bricoler, par exemple, vous allez mettre cette
ressource à la disposition des autres.
Si vous savez repasser, vous allez proposer de le faire gratuitement pendant un an contre le prêt d’une maison de
campagne pendant un mois. Il n’y aura pas d’échange marchand, ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas d’échange
économique.
Autre tendance lourde, la méfiance croissante vis-à-vis des institutions : les gens préfèreront prendre un crédit à leur
centre de grande distribution plutôt qu’à la banque.
Les gens préfèreront faire affaire entre eux, par exemple sur Le Bon Coin ou sur eBay, avec des logiques très
différentes entre ces deux sites, qui d’ailleurs attirent des gens différents :
Le Bon Coin prend le parti de la relation entre pairs jusqu’au bout : les gens se débrouillent entre eux ;
à l’inverse, sur eBay, les échanges sont plus cadrés, le site se posant en entremetteur, avec une séparation nette des acteurs : d’un côté les acheteurs, de
l’autre les vendeurs.
« Crise et Web ont généré une très large économie de la débrouille » | ... http://www.rue89.com/rue89-eco/2012/11/12/la-crise-et-le-web-ont-ge...
Ces phénomènes touchent-ils toute les strates de la société ?
Oui, mais ils changent de visage en changeant de milieu. Un SDF qui fait les poubelles, ce n’est pas un « glaneur » qui va chercher les produits périmés à la sortie
des magasins. Naît ensuite le « freeganisme », qui repose sur une philosophie du non-gaspillage... Et cette philosophie-là peut déboucher sur des actions
structurées : le site Zéro-Gâchis, par exemple, invite les internautes à signaler les produits proches de la date de péremption vendus à prix cassés dans les
supermarchés.
Prenez encore la vente de vieux objets inutiles pour arrondir ses fins de mois : elle n’a pas le même visage si elle a lieu à même le trottoir, ou dans le cadre d’un
vide-grenier spontané, ou bien encore sur Le Bon Coin.
Des comportements innovants partent de citoyens qui cherchent à se débrouiller face à la crise, puis se diffusent vers le reste de la société. Airbnb, par exemple,
la plateforme de location d’appartements de particuliers, n’est plus seulement un site pour des gens modestes ou des routards fauchés. De nombreuses
personnes proposent leur appartement à la location, une semaine par-ci, une semaine par-là, pour arrondir leurs fins de mois.
On voit apparaître des nouveaux comportements. Mais il faut les distinguer en fonction des personnes : ils n’ont pas toujours le même sens. Les gens qui ont
« deux boulots », par exemple, ne sont pas tous les mêmes. Vous pouvez avoir une personne qui est agent de surface en intérim dans la semaine, et qui fera de
façon informelle des déménagements le week-end, parce qu’elle ne peut pas survivre autrement. Et puis vous pouvez avoir le postier qui a pour hobby la photo, et
qui, en dehors de son boulot, ira vendre ses clichés sur un site... Ces deux profils n’ont rien à voir. Dans le second cas, le « deuxième boulot » est un facteur
d’épanouissement.
Nous avons longuement interrogé une femme qui, à Marseille, cherche des objets jetés par les habitants de sa ville pour ensuite les retaper et les revendre sur Le
Bon Coin. C’est pour elle devenu bien plus qu’un complément de revenu qu’elle considérait au départ comme un peu honteux : un vrai plaisir et une source de fierté.
En quoi est-ce nouveau ? Nos grands-parents n’échangeaient-ils pas déjà des services ?
Ce qui est nouveau, c’est le changement d’échelle. Une Africaine qui faisait de temps en temps la cuisine pour six personnes, dans son immeuble, peut, en allant
sur Super-Marmite, se mettre au service de 50 personnes. Sa zone de chalandise est tout d’un coup élargie.
Le Web, contrairement à une idée reçue parmi les élites, n’est pas un monde détaché de la réalité quotidienne. Au contraire : dans le cadre de cette économie de
réseau, il permet de façonner la vie réelle. Il n’est qu’un « média » entre les gens : leurs échanges, bien concrets, passent par lui.
C’est un mouvement plutôt positif...
Oui, mais il a des conséquences qui le sont moins. Ainsi, tous ces échanges informels se déroulent en dehors des cadres sociaux et légaux. La personne qui va
échanger des heures de ménage contre un autre service n’a pas de Sécu, pas d’assurance chômage, pas de retraite... Il faudrait accompagner ce mouvement en
prévoyant quelques filets sociaux. Les pouvoirs publics devraient s’y intéresser.
Pourquoi analyser la société à travers l’observation d’échanges sur des forums ? Les études classiques, menées par des enquêteurs, ne
fonctionnent-elles plus ?
Sur les forums, comme ceux de AuFeminin.com, Doctissimo.fr ou CommentCaMarche.net, le ton est direct, sincère : les gens se parlent entre eux, spontanément,
pour trouver des solutions, on ne crée pas l’artifice de l’enquêteur qui pose des questions. Les expressions qui y sont utilisées sentent l’authenticité. Informations et
opinions sont intriquées : c’est un matériau très riche pour comprendre notre société.
MERCI RIVERAINS ! Lem87, Pierrestrato
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2 sur 3 14/03/2013 17:47
82
consocollaborative.com
DEC. 23, 2011
« Un jour, nous regarderons le XXe siècle et nous nous demanderons pourquoi nous possédions
autant de choses » affirmait récemment Bryan Walsh dans TIME Magazine qui consacrait la
Consommation Collaborative comme l’une des dix idées amenées à changer le monde. L’économie
du partage se propage : du transport aux voyages en passant par l’alimentation, le financement de
projets et la distribution, tous les secteurs ou presque voient cette nouvelle économie émerger.
Pourquoi acheter et posséder alors que l’on peut partager semblent dire des millions
d’individus. Les statistiques sont éloquentes, nous explique Danielle Sacks dans l’un des articles
les plus complets sur l’émergence de l’économie du partage :
Tandis qu’Airbnb annonçait il y a quelques mois avoir dépassé le million de nuits réservées sur son
site , en France, c’est covoiturage.fr qui a récemment franchi la barre du million de membres
inscrits. Etsy, la plateforme C to C* de référence pour vendre ses créations originales et artisanales,
diffuse ses statistiques chaque mois dans la plus grande transparence et on les comprend, tant les
chiffres sont impressionnants : 40 millions de biens vendus pour les 3 premiers mois de l’année,
soit 77% de plus qu’à la même époque en 2010 et presque 400.000 nouveaux membres
s’inscrivent chaque mois.
Neal Gorenflo, fondateur et rédacteur en chef du magazine Shareable m’expliquait récemment lors
d’un échange qu’il m’a accordé :
« Alors que plus de 3 millions de personnes dans 235 pays ont déjà «
couchsurfé », ce sont plus de 2,2 millions de trajets en vélo libre-service (tels que
le Velib’ à Paris) qui sont effectués chaque mois dans le monde. »
« On se rend compte que ce mouvement n’est pas qu’une tendance passagère.
Les publications se multiplient, les consultants commencent à s’intéresser au
phénomène, les politiques envisagent de nouvelles lois pour favoriser le
La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt
1 sur 9 14/03/2013 17:50
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Alors que le secteur du prêt entre particuliers vient d’atteindre la somme de 500 millions de $ aux
Etats-Unis, les startups du partage enchaînent les levées de fond : 7 millions pour Thredup, site
internet de troc de vêtements et de jouets pour enfants; 1,2 million pour Gobble, qui a un modèle
proche de Super-Marmite et permet de réserver et d’acheter des plats fait maison près de chez
soi); 1,6 million pour Grubwithus, qui propose un service de colunching ou social dinner, mélange
de Meetic et de Groupon.
Distributeurs et constructeurs automobiles ont été les premiers à investir cette économie du
partage. Intermarché, Castorama, Ikea, proposent déjà aux gens de covoiturer, d’autres seraient en
réflexion très avancée pour proposer des dispositifs de troc et de partage. Du côté des constructeurs
automobiles, BMW a récemment fait une entrée remarquée en proposant une vraie solution
d’autopartage (Volkswagen lui a emboîté le pas il y a quelques jours à peine), Peugeot et Citroën
ont déjà lancé leurs offres de mobilité : respectivement Mu by Peugeot et Multicity ; enfin Norauto,
qui est devenu Mobivia, s’est complètement réorganisé pour devenir un opérateur de mobilité : le
lancement de Buzzcar (plateforme d’autopartage entre particuliers) par Robin Chase (fondatrice de
Zipcar, leader mondial de l’autopartage et classée parmi les 100 personnalités les plus influentes
par le TIME en 2009) étant l’illustration la plus notable de cette nouvelle stratégie.
Comment les secteurs les plus traditionnels répondront à ces évolutions, bien malin celui qui peut
répondre à cette question ; une chose est certaine, « il sera fascinant de suivre quels nouveaux
modèles seront développés à partir des systèmes de Peer-to-Peer*, et quels secteurs traditionnels ils
transformeront » concluait récemment Semil Shah dans un article consacré à l’économie
Peer-to-Peer publié dansTechcrunch.
L’économie du partage se propage
Sans que nous nous en rendions forcément compte, nous nous mettrions donc à moins posséder,
à privilégier l’usage et à partager davantage. Dans un contexte de crise économique durable et de
défiance vis-à-vis des grandes entreprises, ces expériences d’échange et de partage réussies
interrogent nos comportements traditionnels de consommation. « Nous nous dirigeons vers une
économie où l’accès aux biens s’impose sur leur possession » affirme Lisa gansky, auteur de The
Mesh.
L’âge de l’accès décrit par Jérémy Rifkin serait-il effectivement en train de se concrétiser ? Le
changement culturel est-il suffisamment profond pour nous conduire à privilégier l’usage sur la
possession ?
Dès lors, les défenseurs des monnaies alternatives, locales, complémentaires se font entendre et
développement de cette économie du partage, les startups font des levées fonds
impressionnantes : tout converge pour nous faire dire qu’une nouvelle économie
est vraiment en train d’émerger. »
De par la maturité des usages des nouvelles technologies et des applications
mobiles, San Francisco et la Bay Area sont à la pointe de cette nouvelle économie
qui prend de l’ampleur, au point que ces pratiques dépassent aujourd’hui le
cadre des startups et intéressent les acteurs les plus traditionnels.
« Les constructeurs automobiles qui voient l’autopartage comme une menace
perdront du poids dans ce paysage en évolution » professe ainsi Shelby Clark,
fondateur de Relay Rides (pionnier de l’autopartage entre particuliers outre-
Atlantique).
Une chose est certaine : les solutions alternatives réelles et fonctionnelles à la
forme la plus traditionnelle de l’achat existent et se diffusent comme jamais
auparavant, au point que l’argent, dans un contexte de turbulence des monnaies
étatiques, soit lui aussi contesté.
La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt
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84
apparaissent de plus en plus crédibles pour nous aider à envisager des formes d’encadrement des
échanges régis par la générosité et/ou la réciprocité (voir le travail de mon ami Etienne Hayem
alias Zoupic sur ce thème ou le projet « The Future of Money »).
The Future of Money Project
C’est notre rôle de travailleur/consommateur qui s’en trouve du même coup transformé
comme l’explique Rachel Botsman dans un article intitulé « The Everyday Entrepreneur » :
Cette transition nous pousse également à réfléchir à l’encadrement de ces échanges (si nous nous
mettons effectivement à partager au sein de communautés nouvellement créées, comment générer
et maintenir la confiance nécessaire entre inconnus ?), mais aussi à leur plus grande diffusion :
quel rôle doit jouer l’éducation par exemple ?
« Les gens prennent conscience qu’ils disposent de ressources inexploitées
(matérielles ou liées à leurs compétences) sources de valeur économique, sociale
et durable -en moyenne par exemple, une voiture reste à l’arrêt 92% du temps- et
qui représentent des opportunités quotidiennes pour devenir micro-
entrepreneurs ». Ces évolutions ne se sont qu’embryonnaires et le changement
prendra du temps mais « la fulgurance des avancées technologiques, combinée à
une évolution des mentalités représente une opportunité sans précédent pour
transformer des secteurs, réinventer les services publics, dépasser les formes de
consumérisme sources de gaspillage terrible et changer nos façons de vivre. »
La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt
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Voici quelques-uns des enjeux que soulèvent l’économie du partage (analysée et décryptée avec
justesse par le magazine américain Shareable ) et le concept de consommation collaborative
(développé par Rachel Botsman et Roo Rogers dans leur livre What’s Mine is Yours: The Rise of
Collaborative Consumption).
La croissance des formes d’échanges directs entre particuliers que décrit la consommation
collaborative a été notamment permise par l’avènement et la démocratisation des nouvelles
technologies. Si les formes de troc et d’échange ne sont pas nouvelles, Internet et les systèmes
Peer-to-Peer* ont permis leur développement à une toute autre échelle, grâce à deux leviers :
Internet et les places de marchés Peer-to-Peer* ont rendu possible le déploiement de masses
critiques d’internautes intéressés par les mêmes types d’échanges en permettant et en
optimisant la rencontre entre ceux qui possèdent et ceux qui recherchent (des biens, services,
compétences, argent, ressources, …) comme jamais auparavant ;
Internet et les systèmes de réputation ont permis de créer et de maintenir la confiance
nécessaire entre inconnus utilisateurs de ces systèmes d’échanges : qui aurait cru au succès
d’Ebay il y a 15 ans et à la possibilité de se faire héberger chez un inconnu en toute confiance
avant le lancement et le succès de Couchsurfing ? Derrière ces plateformes d’échanges se
trouvent des systèmes de réputation (références, notation) des utilisateurs qui les incitent à
« bien se comporter » et qui expliquent en grande partie leur succès fulgurant.
Différentes formes de partage
Jenna Wortham dans le New York Times , suggère de distinguer deux formes de consommation
collaborative :
les formes où l’on se regroupe pour acheter en commun -pour obtenir un meilleur prix ou
savoir ce que et à qui on achète (comme la Ruche qui dit oui !) ou financer un projet sur le
principe du crowdfunding (Kickstarter, en France Ulule, Kisskissbankbank ou Wiseed) ;
les formes qui organisent le prêt, le don, le troc ou l’échange de biens, de temps ou de
compétences entre particuliers.
Rachel Botsman propose de distinguer trois systèmes de consommation collaborative, tels que
présentés sur le schéma ci-dessous :
La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt
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collaborativeconsumption.com
Les product service systems permettent de transformer un produit en service : l’autopartage,
les vélos en libre-service ou encore la location (organisée par un intermédiaire ou entre
particuliers) seraient à placer dans cette catégorie. Ces plateformes s’inscrivent dans le cadre
plus général de l’économie de fonctionnalité.
Les systèmes de redistribution organisent le passage de biens d’une personne les possédant à
une personne les recherchant. C’est le principe du C to C et des plateformes comme
PriceMinister, LeBonCoin mais aussi du troc, du don, de l’échange…
Les styles de vie collaboratifs regroupent les formules de partage de ressources immatérielles
entre particuliers : espace, temps, argent, compétences. Couchsurfing, Colunching ,
Coworking, Cohousing, Prêts entre particuliers, Achats Groupés feraient ainsi partie de cette
catégorie.
Une autre distinction selon les secteurs investis par cette économie du partage est également
possible. Puisqu’on me questionne souvent sur l’origine et la pertinence de l’expression, je
m’interroge avec vous : l’expression Consommation Collaborative est-elle appropriée, pertinente,
suffisamment percutante pour désigner ces nouvelles formes de partage entre particuliers ? Ma
réponse est oui car le terme collaboratif possède un historique, celui du travail collaboratif qui a eu
un impact positif évident sur l’organisation du travail.
Après la révolution de l’entreprise collaborative et le développement de la consommation
collaborative , apparaissent ou sont aujourd’hui envisagées d’autres formes que l’on pourrait
qualifier de collaboratives : la distribution (comme le fantastique People’s supermarket en
Angleterre), la production (un exemple d’Open Source appliqué à la production), la politique et
même l’énergie collaboratives. Il ne s’agit-là que d’exemples et je vous renvoie aux travaux de la
P2P foundation de Michel Bauwens pour plus d’informations sur le sujet.
Tout comme le collaboratif appliqué à l’organisation du travail a permis de tirer
un meilleur parti des ressources humaines, le collaboratif appliqué à la
consommation engendre une optimisation des ressources naturelles et
matérielles. Internet et les systèmes Peer-to-Peer* investissent progressivement
tous les espaces de notre vie quotidienne pour mieux les renouveler : il y a dans
le collaboratif une idée d’optimisation mais aussi de rupture.
La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt
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La crise : premier catalyseur
La crise a été l’évident déclencheur et propagateur de l’économie du partage :
« Lorsque j’ai entendu pour la première fois parler du concept [de la location de voitures entre
particuliers], j’ai pensé que c’était une très mauvaise idée, je n’aurais jamais laissé quelqu’un
conduire ma voiture […] Mais la crise a été un catalyseur, j’ai commencé à réfléchir à comment
diminuer certaines de mes dépenses et comme la voiture est un des principaux pôles de dépense… »
Drivemycar rencontre un vrai succès en Australie : toutes sortes de voitures sont disponibles y
compris les plus beaux modèles, Noble explique ainsi : « J’ai maintenant des Ferrari et des
Porsche disponibles à la location, les gens en parlent à leurs amis, ils n’ont pas honte » (nous ne
sommes pas en reste : une magnifique SLK est disponible à la location sur Voiturelib à La Ciotat,
une très belle calèche est également proposée par un particulier sur le site de Deways ;).
Si la crise a été un évident accélérateur du mouvement par la contrainte budgétaire nouvelle qui en
a résulté, elle ne saurait expliquer à elle seule le rejet croissant dont l’hyperconsommation fait
actuellement l’objet. Aujourd’hui c’est même sur le terrain de la mode et du prêt-à-porter (souvent
initiateurs des futures tendances) que s’expriment ces nouvelles pratiques : du mouvement des
recessionistas aux sites de vides-dressing , en passant par les sites de locations de sacs ou de bijous
de mode comme Avèle , les sites de troc, d’échange et de location de vêtements se multiplient,
quand ce ne sont pas les créateurs eux-mêmes qui s’en emparent en faisant appel à la créativité du
consommateur . « Nous n’avons pas besoin d’acheter de nouvelles fringues à chaque nouvelle
saison.» Interrogée par le Sydney Morning Herald, Lara Mc Pherson met en place des événements
de troc de vêtements par l’intermédiaire de son blog (dans le même esprit, saluons Pretatroquer en
France), elle explique : « j’ai pris la décision d’arrêter d’acheter de nouveaux habits jusqu’à ce que je
trouve un moyen socialement responsable et bon pour l’environnement de vivre ma passion pour
la mode.»
Du bien au lien
« La crise a généré un changement de mentalité, elle a contraint les gens à
s’interroger sur les nouveaux moyens à leur disposition leur permettant
d’effectuer des économies et de gagner de l’argent à partir de leurs biens »,
affirme Daniel Noble , fondateur de Drivemycar, qui met en relation propriétaires
de voitures et personnes recherchant des locations de courte durée en Australie.
La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt
6 sur 9 14/03/2013 17:50
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Au-delà des économies permises par ces sites, c’est l’impact social généré (en un mot la rencontre)
qui est au cœur de leur succès.
La capacité à récréer du lien social est pour beaucoup dans l’engouement de nombreuses
plateformes de consommation collaborative. Un avis que partagent de nombreux historiens et
sociologues. Interrogée par Le Monde, Laurence Fontaine, historienne et directrice de recherche
au CNRS voit dans le mouvement un rejet de l’économie capitaliste :
Stéphane Hugon, sociologue et cofondateur du cabinet Eranos, partage ce constat et envisage les
implications économiques de ces évolutions :
Erwan Lecoeur, sociologue, ancien Directeur de l’observatoire du débat Public développe l’idée que
l’explication du succès de ces nouveaux comportements est à rechercher dans une quête de liens et
de confiance en soi et en l’autre : « Avec ces nouveaux comportements, plusieurs attentes
apparaissent, que l’on pourrait appréhender par la centralité du besoin du « lien », d’une qualité
particulière et d’une confiance renouvelée.
« De la crise naît la nécessité de s’assembler, et de cette nécessité naît le plaisir de
s’assembler. On y trouve son compte pour ses intérêts individuels et matériels,
puis très vite, quelque chose se passe et la communauté d’intérêts devient une
communauté de liens. » (lu sur le blog de la Ruche qui dit Oui ! dans l’un des
articles français les plus enthousiasmants sur la Consommation Collaborative).
«La crise, ou plus exactement l’appauvrissement, pousse les gens vers ces
nouvelles formes d’échanges. Mais on peut également analyser ce mouvement
comme un refus de la société de marché, commente-t-elle. Au XVIIIe siècle, les
aristocrates payaient en objets et habits. L’arrivée de l’argent a été une libération
des liens sociaux. Les hommes ont ainsi accédé à l’anonymat et à
l’individualisme. Mais maintenant que ces valeurs ne sont plus portées aux nues,
on cherche de nouveau à tisser du lien social avec d’autres moyens. »
« Cette nouvelle consommation sonne le glas d’une approche de la société et des
marchés à partir de « l’individu rationnel qui optimise sans contrainte ». A-t-il
d’ailleurs jamais été rationnel ? […] La consommation est ici largement motivée
par une recherche de relation sociale qui vient épaissir le prétexte rationnel d’un
geste qui n’est économique que par extension. C’est probablement toute notre
culture économique qui s’en trouve modifiée. »
Derrière les produits et les services concernés, c’est avant tout une nouvelle
forme de relation, de partage qu’il s’agit de vivre. Plus qu’une simple proximité
géographique, on peut y voir une recherche de relation affinitaire à nouer ; le
besoin d’une rencontre réelle, d’un contact avec le producteur, l’inventeur, le
fournisseur de biens ou de services. […] On passe du bien à ce qu’il permet : un
lien. [...] Le bonheur n’est pas contenu dans l’objet échangé, semblent dire des
millions de nouveaux consommateurs mais dans l’acte d’échange et la rencontre
qu’il permet. »
La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt
7 sur 9 14/03/2013 17:50
89
Et d’envisager la propagation et la contagion du partage…
Et vous, vous trouvez que cette économie-là fait du sens? Couchsurfing, l’autopartage (entre
particuliers), les AMAP, le coworking, le colunching, le troc de vêtements, le Booksurfing, le
crowdfunding, … vous y croyez, ça vous parle, ça vous inspire ? N’hésitez pas à me faire part de vos
expériences et de vos commentaires !
Parce que je suis également convaincu de l’impact social et de la contagion possible, attendue et
souhaitable de cette économie du partage, j’ai commencé à réunir des adeptes du partage pour
échanger autour de la thématique, publier des articles encore plus pointus et plus fréquemment et
réfléchir à l’organisation d’évènements. Ce projet vous intéresse ? Vous souhaitez juste en savoir
plus ? N’hésitez pas à rejoindre notre toute nouvelle page Fan, vous pouvez aussi me contacter
directement sur twitter ou par mail : je serais ravi d’échanger avec vous sur ces nouvelles formes de
partage entre individus et sur les implications de cette nouvelle économie.
Pour aller plus loin :
*C to C : Consumer to Consumer; ici les vendeurs ne sont (pour la plupart) pas professionnels et
vendent leurs réalisations originales par le biais de la plateforme. On dépasse le cadre du partage
au sens stricte. Etsy est davantage une forme de distribution directe qui « court-circuite »
l’économie centralisée.
*Peer-to-Peer : Selon Michel Bauwens, « le P2P [ou échange entre pairs] est un certain type de
dynamique relationnelle… C’est une forme d’organisation basée sur les réseaux, reposant sur la
libre participation de partenaires équipotents engagés dans la production de ressources
communes. Il ne recourt pas aux compensation financières comme motivation principale, et
n’utilise pas les méthodes traditionnelles de commande et contrôle. Il crée un Commun plutôt qu’un
marché ou un état, et se base sur des relations sociales pour allouer les ressources, plutôt que sur
un mécanisme de prix ou un système hiérarchique. » (voir http://p2pfoundation.net/index.php
/1._Introduction)
Credits Flickr : Victoria Diaz Colodrero, Daniel Gillet
Original URL:http://consocollaborative.com/983-economie-du-partage-consommation-collaborative.html
« Ces formats d’échanges de produits et de services qui se développent un peu à
l’écart du monde de la grande consommation ne sont qu’embryonnaires ; ils
n’en ont pas moins beaucoup d’avenir. Parce qu’ils créent une convivialité, une
confiance qui fait défaut à l’extérieur, ils attirent à eux de nombreux adeptes,
intrigués par ces étranges manières, puis désireux de faire partie de cette petite
société-là, au moins par bribes, par moments, par intérêt. »
La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt
8 sur 9 14/03/2013 17:50
90
consocollaborative.com
Générer un climat de confiance pour favoriser les échanges entre particuliers est
l’une des clés pour les services de consommation collaborative. A l’occasion de la
sortie d’une étude BlaBlaCar sur le sujet nous avons posé quelques questions à
Frédéric Mazzella, fondateur de BlaBlaCar (covoiturage.fr) et à l’origine de la
création du personnage Trustman.
Vous venez de publier une enquête sur la confiance au sein de votre communauté. Quels sont les
résultats les plus remarquables ?
Quand on y pense, c’est phénoménal. La confiance représente une grande valeur pour la société,
mais elle est très difficile à créer. Elle a permis à notre société de construire ses fondements
économiques. Elle nous permet de collaborer efficacement. Depuis des millénaires, notre société
repose sur la confiance qui existe entre des personnes qui partagent quelque chose : un lieu, un
territoire, un lien familial… Mais notre étude révèle qu’il existe maintenant un nouveau type de
confiance : la confiance envers les profils en ligne. Dans une situation où autrefois il n’y aurait eu
aucune base sur laquelle construire la confiance entre deux individus, aucun partage ni aucune
relation apparente, l’établissement de la confiance est désormais réalisable grâce aux profils en
ligne. Et quand la confiance est établie, la collaboration est possible.
Ce n’est pas un changement incrémental – ce n’est pas un peu plus, ou un peu mieux, que ce qui
existait avant. C’est un changement disruptif. Rien ne sera plus jamais comme avant. Le socle de la
société, la confiance interpersonnelle, était autrefois une ressource rare ; c’est désormais une
ressource extrêmement abondante. Nos chances de collaborer les uns avec les autres sont
également transformées. Tout comme nos chances de créer de la valeur.
Nous faisons donc davantage confiance à une personne avec un profil complet qu’à nos voisins.
Pourquoi ?
C’est fascinant. Réfléchissons à ce que le terme « confiance » signifie, en théorie. La confiance
signifie qu’il y a une forte probabilité pour que le résultat d’une interaction soit désirable. En
d’autres termes, vous croyez qu’il y a une faible probabilité pour que le résultat d’une interaction
soit indésirable ! C’est la même chose : la confiance est l’évaluation d’une issue positive probable.
Pour résumer : on se dit que ça va marcher !
Mais nous pouvons projeter les résultats de nos futures interactions avec d’autres personnes si, et
seulement si, nous disposons d’informations sur lesquelles baser cette évaluation. La réponse à
votre question est simple : nous faisons plus confiance aux personnes avec un profil complet qu’à
nos voisins car nous savons plus de choses sur ces personnes ! Plus d’informations implique plus
de confiance.
Un membre avec un profil complet inspire davantage confiance qu’un voisin, et
presque autant qu’un ami proche.
Quand la confiance existe, nous pouvons créer de la valeur.
« La consommation collaborative, c’est avant tout des communautés de ... http://www.readability.com/articles/d6dfjejt
1 sur 4 14/03/2013 17:48
91
La confiance au sein d’une communauté rend les interactions possibles. Pas de confiance, pas de
transaction. Ce que notre étude révèle, c’est que l’enregistrement des transactions passées est un
gage de confiance. Si un membre a réalisé des transactions avec succès (et qu’on en a une preuve
grâce aux avis laissés par d’autres membres), il devient digne de confiance. Quand vous lisez les
avis positifs d’un membre, vous pouvez estimer que le résultat de l’interaction sera positif. Vous
faites confiance à ce membre. Plus qu’à votre voisin !
Au sens strict du terme, la confiance mesurée par notre enquête est liée à un type d’activité
spécifique (celui pour lequel les transactions sont enregistrées) et ne peut être généralisée.
Cependant, cela montre qu’il est possible de créer une valeur interpersonnelle là où aucune valeur
n’existait auparavant.
D’où vient cette confiance ?
Notre étude montre que la confiance au sein de la communauté de BlaBlaCar provient, par ordre
croissant d’importance:
d’une photo (note de confiance de 2,5),1.
des coordonnées certifiées (3,2),2.
des avis positifs (3,4).3.
Lorsqu’on combine ces trois éléments, la note de confiance monte jusqu’à 4.25. A titre de
comparaison, un voisin n’obtient qu’une note de 3,3. Les amis et la famille obtiennent 4.7. Nous
pouvons donc conclure qu’une confiance forte résulte de la combinaison de différents facteurs.
Mais si nous devions en isoler un, ce serait sans aucun doute les avis communautaires. C’est
l’information la plus importante que les personnes utilisent pour évaluer la probabilité d’une issue
positive, donc pour faire confiance.
Qui est Trustman ?
Il n’y a pas seulement un Trustman.
Nous sommes tous Trustman !
Trustman n’est pas un pro des arts
martiaux comme Batman, et il ne vient
pas d’une autre planète comme
Superman. La source de son super-
pouvoir, ce sont simplement ses profils
confiance sur les sites d’échange entre
particuliers : covoiturage, partage de
compétences… Ils lui permettent d’être
libre d’enrichir sa vie, en créant de la
valeur pour lui et pour la société. Ça
semble banal, car tout le monde peut en
faire autant. Mais si on y réfléchit à deux
fois, c’est extra ! Grâce à nos profils confiance, nous sommes libres de partager ou de louer des
ressources essentielles telles que notre voiture ou notre logement, d’échanger des objets, des
maisons, des compétences, de cofinancer et « crowdsourcer », de collaborer massivement…
Tout cela ne nous fait pas seulement gagner du temps et de l’argent : cela rend aussi nos vies plus
riches humainement parlant.
Pourquoi est-ce un super-héros ? De quoi va-t-il nous sauver ?
Trustman est le nouveau super-héros d’une nouvelle ère économique. La confiance est l’une des
attitudes les plus constructives qui existe entre les citoyens car elle multiplie les possibilités de
collaboration et de coopération, au bénéfice de tous. Trustman est le symbole de nouveaux
Cette faculté de créer de la confiance change les règles de la société !
« La consommation collaborative, c’est avant tout des communautés de ... http://www.readability.com/articles/d6dfjejt
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comportements collaboratifs, dont les impacts positifs commencent seulement à être ressentis.
Pour nous, Trustman c’est l’espoir d’un avenir collaboratif.
Comptez-vous lancer un produit / service lié à la confiance ? Trustman va-t-il devenir « BlaBla
Trust » ?
Trustman est une métaphore, ce n’est pas un produit ou une fonctionnalité. Nous avons voulu
encourager les medias, la sphère IT et la communauté de la consommation collaborative à
s’intéresser à la question de la confiance.
La confiance est extrêmement importante pour BlaBlaCar et pour tous les sites d’échange entre
particuliers. Nous avons réussi à créer une communauté de confiance sur internet, qui réunit
aujourd’hui plus de 2,7 millions de personnes en Europe. De par cette expérience, nous voulons et
nous pensons pouvoir contribuer à la connaissance et la compréhension de ce sujet majeur. Nous
avons voulu partager notre point de vue et nos données sur l’importance de la confiance au sein de
la communauté BlaBlaCar.
Le covoiturage est-il une passerelle vers la consommation collaborative ? Les membres de votre site
sont-ils plus enclins à utiliser d’autres sites d’échange entre particuliers ?
Oui, une partie de notre communauté a commencé à utiliser d’autres sites de consommation
collaborative après s’être inscrite sur BlaBlaCar (entre 1 et 6% des membres). Cela pourrait
suggérer qu’en commençant à utiliser BlaBlaCar, ces personnes sont davantage conscientes des
bénéfices liés à la consommation collaborative et décident d’expérimenter de nouvelles pratiques.
Les résultats de l’étude montrent également que dans les cas où la volonté de pratiquer une activité
collaborative est faible (c’est le cas du financement collaboratif et de la location de véhicule entre
particuliers), la connaissance de cette pratique est également faible.
Ces résultats suggèrent une corrélation entre le degré de connaissance d’une population et son
intention d’adopter une nouvelle pratique. Cela semble logique : même si à l’échelle individuelle la
connaissance précède nécessairement l’intention, il peut aussi y avoir un niveau de connaissance
globale nécessaire au développement de la pratique au sein de la société.
Cette supposition est cohérente avec l’expérience de BlaBlaCar, car la connaissance générale et la
couverture médiatique ont été des facteurs clés à l’adoption du covoiturage.
Original URL:http://consocollaborative.com/2881-la-consommation-collaborative-cest-avant-tout-des-communautes-de-confiance.html
C’est une donnée importante pour les acteurs de l’économie du partage ; cela
montre que nous pouvons et devons travailler ensemble pour augmenter la
connaissance des différentes plateformes de consommation collaborative à
travers les différents secteurs : logement, transport,, finances…
« La consommation collaborative, c’est avant tout des communautés de ... http://www.readability.com/articles/d6dfjejt
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Pour rester dans le coup
Suivre ce qui se passe et avoir les compétences de base est indispensable aujourd’hui dans sa vie personnelle.
Le buzz a remplacé le film de 20h30.
Mais aussi dans sa vie professionnelle
Surtout à l’heure du bigdata
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McKinsey Quarterly / Rédaction / March 8th, 2013
technology adoption
La maîtrise des médias sociaux organisationnels est en passe de devenir un avantageconcurrentiel. Les dirigeants de General Electric ont réfléchi à la question. Comments'inspirer de leur expérience ?
Rares sont les domaines dans les entreprises et dans la société à n’avoir pas été affectés par larévolution des médias sociaux alors même que celle-ci a démarré il y a moins d’une décennie.De nombreuses entreprises ont réagi à cette nouvelle donne, prenant la pleine mesure de laforce et du potentiel que ces technologies représentent pour leur organisation : ainsi, des wikispermettent une collaboration virtuelle plus efficace dans des projets transversaux ; des blogsinternes, des fora de discussion et des chaînes YouTube encouragent les échanges, avec unpartage tant des savoirs que des vues d’ensemble de chacun ; des campagnes viralessophistiquées permettent d’engager la relation avec les clients et de les fidéliser ; des produitsde prochaine génération sont co-développés grâce à des processus d’innovation ouverte ; etenfin des dirigeants travaillent à définir leur stratégie d’entreprise 2.0.
Ce changement radical crée un dilemme pour les dirigeants : alors que le potentiel des médiassociaux semble immense, les risques inhérents, eux, créent de l’incertitude et un certainmalaise. Par nature débridés, ces nouveaux moyens de communication peuvent laisser filtrerdes informations internes voire confidentielles, les rendant soudainement publiques et ce defaçon virale. Qui plus est, la logique des médias participatifs est en décalage avec le modèlemanagérial et organisationnel du 20e siècle encore en vogue, qui privilégie des processus et uncontrôle linéaires. Les médias sociaux encouragent la collaboration horizontale et lesconversations spontanées qui se propagent de manière aléatoire, indépendamment deshiérarchies du management, court-circuitant par conséquent tant les dynamiques établies dupouvoir que les lignes de communication traditionnelles.
Selon nous, l’aptitude à capitaliser sur le pouvoir transformationnel des médias sociaux, touten atténuant les risques qui leur sont associés appelle un nouveau type de dirigeant. Ladynamique des médias sociaux accentue encore le besoin de qualités qui constituent depuislongtemps le socle d’un leadership efficace, telles que la créativité stratégique, unecommunication authentique, la capacité de faire face aux dynamiques sociales et politiquesd’une société et enfin celle de concevoir une organisation à la fois agile et réactive.
Mais les médias sociaux ajoutent de nouvelles dimensions à ces caractéristiques. Par exemple,ils requièrent la capacité de créer du contenu multimédia convaincant et attrayant. Lesdirigeants doivent exceller dans la co-création et la collaboration – ces dernières constituant la
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devise de l’univers des médias sociaux. Ils doivent à la fois bien comprendre la nature desdifférentes technologies sociales mais aussi les effets difficilement contrôlables que cesderniers peuvent produire.
La dimension organisationnelle est tout aussi importante : les dirigeants doivent cultiver unenouvelle infrastructure sociale, reliée par une technologie dématérialisée, qui par sa naturefavorise d’une part des interactions constantes au-delà des barrières physiques etgéographiques, mais aussi des discours et des échanges organisés de façon autonome.
C’est donc une interaction entre compétences en leadership et principes de designorganisationnels qui se joue : nous l’avons baptisée « apprentissage des médiasorganisationnels », et elle se définit en fonction de six dimensions interdépendantes et quis’alimentent les unes les autres.
Notre point de vue le plus éclairé sur le développement de ces nouvelles formes de culturenumérique est le cas de General Electric, où l’un de nous est responsable du développementdu leadership. Etre témoin de l’évolution de GE à travers ce prisme est particulièrementintéressant ; en effet, contrairement à Google ou Amazon, GE n’est pas une entreprise digitalnative, numérique par nature, et forte de 130 années consacrés à se réinventer et réinventerses activités constamment, l’observer est particulièrement précieux. Ceci d’autant plus en
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raison du statut de GE comme « fabrique de leadership ».
L’engagement de GE dans les médias sociaux est peut-être le plus visible à travers saplate-forme numérique GE Colab, conçue « par les employés de GE pour les employés de GE» afin de faciliter le travail d’équipe et la collaboration internationale. GE Colab combine lescapacités de Facebook, de Twitter et d’autres applications sociales, ce qui permet aisément lamise en réseau, le partage de l’information, une communication instantanée, une rechercheavancée, des blogues, des blogues vidéo et plus encore. Lancée en 2012, cette plate-forme adéjà attiré plus de 115 000 utilisateurs.
Pour se figurer la manière dont les dirigeants font face à ces nouvelles réalités, nous noussommes entretenus avec des cadres supérieurs de GE de divers secteurs et régions. Cesdirigeants et leurs organisations se trouvent à différentes étapes dans leur parcoursd’apprentissage des médias sociaux, tout comme pourraient l’être des entreprises diverses.Dans l’ensemble, cependant, ils ont décrit une vaste palette d’efforts visant à renforcer lescompétences personnelles, expérimenter des techniques, investir dans de nouveaux outils,développer la participation des employés et enfin remanier les structures organisationnelles etleur gouvernance afin de mieux saisir des opportunités sociales émergentes. Nous noussommes donc appuyés sur ces expériences pour illustrer les six dimensions de la palette decompétences et de capacités organisationnelles que les dirigeants doivent acquérir afin dedévelopper l’apprentissage des médias sociaux à l’échelle de l’entreprise – autant de capacitésqui seront bientôt un facteur critique d’avantages concurrentiels.
1. Le dirigeant – producteur : créer du contenu attrayant
Avec des systèmes d’enregistrement vidéo quasi omniprésents et la possibilité de mettre enligne des vidéos en un clin d’œil sur YouTube ou d’autres plates-formes, les outils pourproduire et partager du contenu audiovisuel sont entre les mains de tout un chacun. ChezGeneral Electric, Video Central abrite aujourd’hui des milliers de vidéos, parmi lesquelles ungrand nombre ont été créées par de hauts dirigeants. Nombreux sont les dirigeants qui se sontmis à intégrer des flux vidéo dans leurs blogs. Au fur et à mesure que la communication vidéoprendra de l’importance, un leadership efficace exigera de plus en plus le type decompétences créatives que nous connaissons dans le monde du cinéma « d’auteur » – une voixauthentique, l’imagination, et la capacité de concevoir des histoires fascinantes et de lestransformer en produits médiatiques de nature à réveiller et captiver l’attention du public.Afin de capter personnellement l’attention, les cadres auront également besoin decompétences techniques pour maîtriser les bases de la production multimédia numérique, ycompris la prise de vue et, si nécessaire, l’édition des vidéos.
De nombreux cadres dirigeants disposent à présent d’outils de production et de partage devidéos, avec lesquels ils peuvent mettre en ligne des enregistrements de réunions sur unserveur interne auquel les employés peuvent accéder.
Mark Begor, qui dirige le pôle immobilier de GE Capital, était nerveux lorsqu’il a réalisé sonpremier message vidéo « brut ». « J’étais habitué à un environnement de studio où je pouvaisfaire plusieurs prises et où les éditeurs polissaient ce que je voulais dire. » Ce malaise disparutpourtant rapidement avec la pratique. Il produit maintenant de façon routinière une vidéohebdomadaire de cinq à dix minutes pour sa division. « Je parle de ce que j’ai appris au coursde la semaine, d’un gros contrat que nous avons obtenu et de l’actualité de l’activité. J’ajouteégalement des commentaires à propos des employés que je souhaite valoriser. » Selon MarkBegor, une telle routine l’oblige à cristalliser sa pensée, et créer des histoires courtesauxquelles les gens peuvent s’identifier lui donne une conscience accrue de sa stratégie et de
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sa communication.
A l’instar de Mark Begor, d’autres ont découvert que dans ce processus, la logique des médiasparticipatifs diffère significativement de celle de la diffusion traditionnelle de vidéo enentreprise, où le moindre élément de communication est millimétré à la perfection. Trop deperfection est au contraire un obstacle à la collaboration et la co-création, car au final elledissuade de participer. Pour réussir dans l’univers des médias sociaux, il est impératif pour lesdirigeants d’adopter un état d’esprit d’ouverture et d’imperfection, et ceux-ci doivent avoir lecourage d’apparaître « bruts » et sans vernis – des qualités qui peuvent se révéler aussidifficiles à développer que de développer des compétences créatives ou techniques.
2. Le dirigeant – distributeur: exploiter la dynamique de diffusion
Les dirigeants d’entreprises diffusent traditionnellement l’information au fil d’une chaînelinéaire et bien contrôlée, qui commence après le développement d’un processus formel decréation-signification – songeons à la façon dont nos entreprises créent et distribuent desmémos expliquant les nouvelles initiatives. Bien que les voies de diffusion traditionnelles nesoient pas vouées à disparaître, les médias sociaux révolutionnent le processus d’informationstandard en l’inversant. La communication sociale fait de la dissémination le point de départ,puis elle invite les forces vives de la société à co-créer et à et contextualiser le contenu pourcréer du sens original. Les messages sont rediffusés et reformulés à volonté par lesdestinataires qui repostent des vidéos, retweetent et commentent sur les blogs, et utilisent desfragments de contenu créé par d’autres personnes pour créer leur propre « mix ».
A l’heure où les médias de masse (verticaux) et les médias participatifs (horizontaux)convergent, les dirigeants se doivent de maîtriser l’interaction de deux paradigmesfondamentalement différents : celui des canaux traditionnels, qui suit une logique de contrôle,et celui des nouveaux canaux, où il est essentiel de laisser les dynamiques du système semettre en place d’elles-mêmes sans intervenir trop directement. Dans la mesure où les cadresne seront pas en pas en mesure de canaliser ou de contrôler un message dès le moment où ilentre dans le système, ils devront comprendre ce qui pourrait l’amener à devenir viral etcomment il peut être modifié et annoté au fur et à mesure de sa circulation à travers le réseau.La capacité de distribution – c’est-à-dire la capacité d’influencer la façon dont les messagessont véhiculés à travers des organisations complexes, devient par conséquent tout aussiimportante que la capacité de créer un contenu attrayant.
De fait, la capacité de créer et de maintenir un corps de followers sociaux qui aideront àvéhiculer et renforcer le message est également très importante. Il devient essentiel de savoirqui sont les personnages clé dans une organisation, ses leaders d’opinion – souvent informels– et de s’appuyer sur leur autorité pour diffuser du contenu à travers les bons canaux. Afin detirer le meilleur parti des communications qui circulent en permanence autour d’eux, lesdirigeants doivent embrasser leur rôle de redistributeurs du contenu qu’ils reçoivent.
Lorraine Bolsinger, vice-présidente et directrice générale de GE Aviation Systems, a acquis cescompétences par l’expérimentation. Elle a commencé à bloguer il y a quelques années mais n’apas obtenu beaucoup de réactions au début. « Il a fallu du temps pour obtenir de mon publicqu’il participe activement », se souvient-elle. « J’ai dû trouver mon style et devenir plusfamilière, plus décontractée. » Afin d’accroître l’attrait et la durabilité des échanges, elle afinalement créé un « blog 360 », où tous ses collaborateurs directs bloguent avec elle sur lamême plate-forme. Ce blog en réseau, avec 12 contributeurs réguliers, fournit des points devue additionnels sur toutes les questions, stimule une communication plus fréquente, et attireune plus large participation. Selon elle, au sein de son groupe, la qualité des échanges sur la
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stratégie et les opérations s’est améliorée grâce à ces efforts.
3. Le dirigeant – destinataire : gérer le trop-plein de communication
Les médias sociaux ont créé un océan d’informations. Nous sommes noyés dans un flotincessant d’e-mails, de tweets, de mises à jour Facebook, de flux RSS et autres et il est souventdifficile de s’y retrouver. « C’est une véritable cacophonie», déclare Stuart Dean, directeurgénéral de GE ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), blogueur actif et tweeterrégulier sur des sujets relatifs à son marché. « J’utiliserais beaucoup plus Twitter commesource d’information si je pouvais obtenir exactement ce dont j’ai besoin. »
Un sentiment partagé par la plupart des dirigeants que nous connaissons – nombreux étantceux qui trouvent à peine le temps de gérer leur flot d’emails quotidiens. Comment faire? Dansun premier temps, les dirigeants doivent maîtriser les outils informatiques et autresparamètres qui permettent à un utilisateur de filtrer et de séparer l’important de l’accessoire.Toutefois, s’y retrouver aujourd’hui dans un environnement aussi turbulent exige plus que desimples compétences de filtrage.
Dans la communication d’entreprise traditionnelle, la consommation est un acteessentiellement passif : vous êtes à peu près livré à vous-même pour donner un sens auxmessages et pour évaluer tant leur pertinence que leur crédibilité. Dans le domaine desmédias sociaux, il ne faut que quelques secondes pour partager et commenter l’information, etles dirigeants doivent évaluer quand répondre (et quand ne pas le faire), quels messages ilfaudrait mettre en lien avec leurs blogs, quand copier des éléments et les intégrer à leurpropre mix, et ce qu’il est utile de partager avec leurs différentes communautés. La création desens devient donc un processus collaboratif dans lequel les dirigeants doivent jouer leurpartition de façon très réfléchie, car c’est précisément là que l’acceptation des messages ou larésistance envers eux vont se jouer.
« Il faut voir l’univers de la communication dans son entièreté, c’est à dire l’interaction entreles médias traditionnels et les médias sociaux », affirme Bill Ruh, directeur du Software andAnalytics Center de GE. Car si les dirigeants sont affectés par ce déluge d’informations, il en vade même pour leur personnel. « En tant que dirigeant », explique Ruh, « il faut développerune empathie pour les différents canaux et la façon dont les gens consomment l’information ».
4. Le dirigeant – conseiller et maître d’œuvre : être le moteur de l’utilisationstratégique des médias sociaux
Dans la plupart des entreprises, l’apprentissage des médias sociaux en est à ses balbutiements.Les attentes sont souvent élevées quant au potentiel de ces technologies afin de recouper lessilos fonctionnels et sectoriels. Mais sans orientation et sans coordination, et sans les capacitésdont nous parlons ici, l’enthousiasme pour les médias sociaux peut se retourner contre sesutilisateurs et provoquer de graves dégâts.
Afin de tirer le meilleur parti du potentiel des médias sociaux, les dirigeants doivent jouer unrôle actif dans l’apprentissage de ces nouveaux médias par leurs collaborateurs immédiats etautres relations. Dans ce tour d’horizon à 360 degrés, les dirigeants doivent devenir desconseillers de confiance, des soutiens actifs pour leur environnement dans l’utilisation desoutils sociaux, tout en veillant à ce que la culture de l’apprentissage et de la réflexion « prenne». Par ailleurs, à l’heure où une nouvelle génération qui a grandi parmi ces outils est en trainde faire son entrée dans les entreprises, les dirigeants éclairés pourront accélérer lechangement organisationnel en mettant à profit l’expertise de ces natifs du numérique à
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travers des systèmes de « mentoring inversé » (voir plus loin).
Steve Sargent, président et CEO de General Electric Australie et Nouvelle-Zélande, estime queles médias sociaux sont en train de remodeler la culture du leadership en poussant lesdirigeants à dépasser les frontières géographiques, à nouer des relations plus étroites avec lesacteurs du marché, et enfin à amplifier l’impact des salariés à la périphérie des processus. Aucours des cinq dernières années, apportant une démonstration de faisabilité, Steve Sargent amis en place un réseau industriel minier transversal qui court à travers les différentes activitéset régions de GE. Ce réseau relie des équipes informelles qui utilisent des plates-formessociales afin de collaborer pour la résolution des besoins des clients. Les employés de GE auBrésil, par exemple, travaillent désormais avec des collègues australiens pour développer desproduits et des services pour les clients ayant des activités dans les deux pays. Le succès duréseau a conduit l’entreprise à l’élever au statut d’activité minière GE à part entière. « Lesmarchés d’aujourd’hui sont complexes et multidimensionnels, et le leadership n’est pas unequestion de contrôle, mais bien au contraire d’encouragement et d’autonomisation des réseaux», explique Steve Sargent. « Le style de leadership dont nous avons besoin trouve sa pleineexpression dans l’ADN des technologies collaboratives, et je suis déterminé à tirer le meilleurparti de cet ADN autant que je le pourrai. »
Pour atteindre cet objectif, les dirigeants doivent devenir les tuteurs et les orchestrateursstratégiques de toutes les activités liées aux médias sociaux au sein de leur sphère de contrôle,y compris la mise en place de nouveaux postes dont le rôle est de soutenir les logiques decommunication en réseau, par exemple, les community managers, les content curators(veilleurs de contenus), les analystes de réseaux et les entrepreneurs sociaux. Qui plus est, lesunités organisationnelles sachant exploiter les nouvelles technologies de manière coordonnéeet alignée avec la stratégie de l’entreprise gagneront en visibilité et en influence dans ladynamique de pouvoir de leur organisation.
5. Le dirigeant – architecte : créer une infrastructure organisationnelleautonomisante
Les dirigeants qui se sont lancés dans les nouveaux médias pourront en témoigner, l’exerciceoblige à naviguer entre des objectifs potentiellement contradictoires : il faut s’efforcer demettre en place une infrastructure organisationnelle et technique qui encourage la liberté deséchanges, mais il faut dans le même temps procéder à des contrôles qui atténuent les risquesd’une utilisation irresponsable. Le défi en matière de design organisationnel est réel.
La plupart des entreprises ont une organisation formelle bien définie, avec des systèmes dereport vertical bien identifiés. Mais sous la surface des organigrammes et des manuels deprocédures, il existe si on se donne la peine de la chercher une « organisation informelle »implicite, moins administrable, qui a toujours été importante et qui se trouve à présentamplifiée par les médias sociaux. La tâche du dirigeant est de ménager responsabilité verticaleet collaboration horizontale en réseau de telle sorte qu’elles ne se détruisent pasmutuellement.
Ce défi se reflète dans les politiques de GE, qui promeuvent l’intérêt du partage d’expertise etde perspectives avec la famille, les amis, les collègues, les clients et autres acteurs à travers lemonde. Cette ouverture s’accompagne d’une responsabilité partagée : les employés doiventrespecter les normes de transparence et d’intégrité de GE, s’abstenir de parler au nom del’entreprise sans autorisation, et indiquer clairement dans leurs messageries sociales que leursopinions sont purement personnelles.
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Dans cet esprit, la création d’une architecture sociale offrant un espace porteur de sens pourles interactions internes et externes est une mission permanente pour Andrew Way,vice-président de GE Oil & Gas Drilling & Surface Division. « J’aime vraiment tout ce qui estmédias sociaux », déclare-t-il, « alors je m’entoure d’une organisation qui les met en avant ».
Lors du dernier projet en date d’Andrew Way dans cette division, lui et son équipe ont lancéun projet vidéo sur l’histoire de l’entreprise et sa chronologie actuelle. Dans la mesure où lesvidéos sont partagées avec les clients, les membres de l’équipe doivent faire des choix à proposdu contenu susceptible ou non de franchir les frontières de l’entreprise. « C’est quelque chosequi est en évolution constante. Chaque trimestre, l’équipe ajoute une nouvelle séquenceprésentant des choses importantes qui se sont produites au cours des trois derniers mois. Il ena résulté une histoire continue, et les gens attendent avec impatience chaque nouvelle version.»
Pour lui, les vidéos ont soudé les membres de sa division autour d’objectifs communs, ce qui acontribué à accueillir de nouveaux employés à bord et à rendre tout le monde plus compétentdans l’utilisation des nouveaux médias. « Il y a trois ans, on se serait contenté d’utiliserPowerPoint, avec une police de caractères standard. Clairement, une nouvelle culture s’estcréée. » Avantage supplémentaire : ces pratiques permettent de doper la relation avec lesclients, dans la mesure où ces derniers participent souvent à des tournages vidéos afind’animer les séquences. »
6. Le dirigeant – analyste : surfer sur les tendances
Alors que les entreprises commencent tout juste à digérer les conséquences de la révolutiondu Web 2.0, le prochain changement de paradigme frappe déjà à la porte. La prochainegénération de connectivité – l’Internet des Objets – reliera entre eux des appareils, desvoitures et toutes sortes d’objets. En conséquence, il y aura environ 50 milliards d’appareilsconnectés d’ici 2020.3 Cette transformation va ouvrir de nouvelles opportunités, faire éclorede nouveaux modèles économiques et présentera un nouveau point d’inflexion majeur que lesdirigeants devront être capables de gérer.
Il est impératif de se tenir au courant de ces nouvelles tendances et des dernières innovations– et pas seulement de leurs implications concurrentielles ou commerciales, mais aussi de leurimpact potentiel sur les technologies de la communication, ces dernières étant des donnéesfondamentales d’une organisation agile et réactive. Les dirigeants qui sont à l’écoute dessignaux, si faibles soient-ils, et qui expérimentent les nouvelles technologies et leur cortèged’appareils sont ceux qui seront en mesure d’agir plus rapidement que les autres et de récolterles fruits d’une adoption anticipée.
Crotonville, le centre de formation des dirigeants de General Electric, mène un certain nombred’initiatives pour aider les cadres dirigeants à garder une longueur d’avance par rapport à tousces changements, comme l’illustre le programme Leadership Explorations. Lancé en 2011, ceprogramme a vocation à soutenir la formation continue pour les cadres dirigeants et s’estdéroulé dans des lieux liés à une thématique spécifique en matière de direction stratégique.Dans la Silicon Valley, les dirigeants ont fait immersion dans le monde de la technologie depointe. Une partie du programme concernait le « mentoring inversé », avec pour but demettre en relation la « génération du millénaire », née avec le numérique, avec de hautsdirigeants de GE pour les tenir informés des derniers buzz technologiques et les y initier. Or,bien que le stage soit officiellement clos depuis longtemps, de nombreux participantscontinuent à ce jour d’échanger des idées. Mettre en contact direct des leaders chevronnésavec l’état d’esprit de la nouvelle génération les encourage à expérimenter de nouvelles
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technologies, et les prépare à une meilleure relation avec les talents de demain.
Évidemment, ces changements sont encore récents. La plupart des entreprises reconnaissentles médias sociaux comme une innovation de rupture qui va cristalliser des forces plutôt quede les amoindrir. Mais l’apprentissage des médias sociaux tel que nous le définissons ici n’estpas encore pleinement intégré aux modèles de compétence en leadership, ni aux évaluationsde performance ou aux des systèmes d’intéressement. De même, il n’a pas encore trouvé saplace dans les cursus des écoles de commerce ni dans les programmes de développement duleadership.
Cette situation doit changer. Nous sommes convaincus que les entreprises qui développent dèsaujourd’hui une masse critique de leaders maîtrisant les six dimensions de l’apprentissage desmédias organisationnels connaîtront un meilleur avenir. Elles seront plus créatives,innovantes et agiles. Elles attireront et retiendront mieux les talents, et sauront par ailleurspuiser plus profondément dans le vivier des capacités et des idées de leurs employés etrelations. Elles seront plus efficaces lorsqu’il s’agira de collaborer à travers les frontièresinternes et externes et d’atteindre un degré d’intégration mondiale plus élevé. Ellesbénéficieront d’une plus grande proximité et d’une plus grande fidélité dans leur relationclient, ce qui bénéficiera également à leur valeur de marque. Elles seront plus susceptibles dejouer un rôle de premier plan dans leur secteur en tirant profit des capacités de leurspartenaires et de leurs alliances industrielles, par le biais de la co-création, duco-développement, et de la collaboration industrielle dans son ensemble. Enfin elles serontmieux à même de créer de nouveaux modèles économiques qui misent sur le potentiel destechnologies de pointe toujours en évolution.
Il faut du courage pour innover radicalement en matière de leadership et d’organisation, carles systèmes, les cultures et les attitudes préexistants dont nous héritons sont de puissantsvecteurs d’inertie. Fort heureusement, la qualité intrinsèque des médias sociaux est d’êtrepuissant vecteur de transformation. Se lancer dans les médias sociaux confrontera lesdirigeants aux lacunes propres aux structures organisationnelles traditionnelles. Ceux quiremédieront à ces lacunes apprendront à développer les infrastructures permettant un usagevéritablement stratégique des technologies sociales. Les entreprises et dirigeants qui selanceront dans les médias sociaux mettront en marche un cercle vertueux qui leur permettrade capitaliser sur les opportunités et les ruptures qui accompagnent la nouvelle connectivitéd’une société en réseau. Et leur récompense sera un avantage concurrentiel d’un genrenouveau.
Cet article rédigé par Roland Deiser (senior fellow, Peter F. Drucker and Masatoshi ItoGraduate School of Management, Claremont Graduate University, auteur de Designing theSmart Organization: How Breakthrough Corporate Learning Initiatives Drive Strategic Changeand Innovation, John Wiley & Sons, octobre 2009) et Sylvain Newton (GE CrotonvilleLeadership Senior Leader for Business and Regions) a été originellement publié à l’originedans le McKinsey Quarterly [www.mckinseyquarterly.com]. Copyright McKinsey&Company.Tous droits réservés. Traduit et republié sur autorisation.
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ParisTech Review / Rédaction / December 19th, 2011
internet technology and business
L'information est aujourd'hui plus abondante que jamais et sa croissance est chaque jourplus rapide. Il y a encore vingt ans, le principal enjeu était son contrôle, autant en politiqueque dans les entreprises. Aujourd'hui, c'est d'être capable de l'exploiter, de transformer envaleur d'énormes masses de données produites en temps réel.
Le déluge des données numériques, évoqué dans nos colonnes par George Day et DavidReibstein, n’impacte pas que les métiers du marketing. C’est l’ensemble des organisations deproduction qui est touché, et au-delà l’enjeu de compétitivité concerne les économiesnationales. Ceux qui seront capables d’utiliser ces données auront une longueur d’avance pourconnaître les opinions et détecter les mouvements culturels, mais aussi pour comprendre cequi se joue au sein de leur organisation, en améliorant les processus et en informant mieux laprise de décision. Encore faut-il s’en donner les moyens: c’est tout la difficulté du “big data”,qui est à la fois une promesse et un défi. Défi technique, mais aussi intellectuel, car les outilsinformatiques qui permettront d’exploiter ces bases de données ne sont évidemment qu’unepartie de la solution.
L’ère de l’informationLa question a d’abord surgi au sein du monde académique, quand une équipe dirigée par PeterLyman et Hal R. Varian, de l’université de Californie à Berkeley, a entrepris de mesurer laquantité d’information produite et stockée dans les médias, notamment numériques. Unpremier rapport fut publié en 2000 et actualisé en 2003, How Much Information. Il mettait enévidence un phénomène dont on se doutait fortement: non seulement la quantitéd’information double régulièrement, mais elle le fait dans des intervalles de plus en pluscourts. Les raisons invoquées par les chercheurs étaient multiples. Ils citaient notamment lamultiplication des contenus numériques, due à la création, mais aussi à la numérisation dedocuments et plus spécialement d’images. L’archivage électronique, par de nombreusesorganisations, de leurs données physiques, y contribue notablement à cette tendance, demême que le vaste mouvement de numérisation des données imprimées entrepris dès lesannées 1990 par les grandes bibliothèques mondiales.
Lyman et Varian évoquaient aussi la croissance déjà vertigineuse des échanges en ligne, avecle fameux Web 2.0 où chacun est un éditeur en puissance. L’explosion des réseaux sociaux,dans la deuxième moitié des années 2000, n’a fait qu’accélérer cette tendance.
Dans ce contexte, les moteurs de recherche comme Google ont eu un rôle de plus en plusdécisif… et ils se sont mis, eux-mêmes, à fabriquer de l’information, puisque laméta-information (classement, indexation, taguage) est aussi de l’information. Des bases dedonnées gigantesques se sont ainsi constituées, dont l’exploitation a produit de nouvelles
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données.
Aux données brutes se sont progressivement ajoutées des métadonnées, qui constituentaujourd’hui une part croissante de la masse d’information en circulation. Les données brutes,c’est une ligne sur votre compte bancaire ou encore la photo que vous postez sur un site departage. Les métadonnées, c’est par exemple votre profil bancaire, constitué en croisant lesdifférentes données à votre sujet, c’est aussi le réseau de personnes qui a pu voir votre photo,qui l’ont réellement vue, qui l’ont commenté, ainsi que les parcours numériques de cespersonnes pour arriver à votre photo.
Sauf peut-être quelques Indiens isolés dans la forêt amazonienne, chaque être humain laisseainsi des traces numériques de plus en plus abondantes. Les habitants des pays développés enlaissent d’innombrables, des commentaires postés sur des blogs aux transactions en ligne enpassant par la géolocalisation par smartphone. Très vite un certain nombre d’acteurs ontrepéré la valeur de ces traces et appris à les exploiter, notamment Google ou Facebook, quis’en servent pour cibler les publicités qui apparaissent sur nos écrans. D’autres acteurs se sontlancés, comme les compagnies d’assurances qui, dans les pays où c’est autorisé, recueillent desdonnées personnelles pour enrichir et affiner leurs actuaires.
Les métadonnées sont réactualisées constamment, ce qui peut amener à voir le monde del’information comme un univers de flux éphémères. Ces flux nourrissent des stocks, desbanques de données, mais on peut aussi les filtrer en temps réel, en les considérant commeune énorme masse en mouvement et non comme un volume inerte. Ce sont ces big data quisont aujourd’hui au centre de toutes les attentions.
Une révolution informatiqueL’informatique d’hier a été construite autour de la gestion de bases de données relativementstables, relativement fermées et, pourrions-nous ajouter, relativement limitées. La révolutionen cours concerne aussi bien l’échelle, avec des masses de données littéralement gigantesques,que la réactualisation constante due à l’ouverture des bases sur des flux. À quoi s’ajoutent lacomplexité des formats et l’interconnexion entre les bases, qui exclut l’usage des outils degestion traditionnels.
Certes, le coût de stockage tend aujourd’hui à baisser presque aussi rapidement que le volumestocké augmente. Par ailleurs, des outils ont été développés, notamment des superordinateurs,qui permettent de gérer des bases considérables.
Au-delà du hardware c’est la nature même des outils d’analyse, dans le domaine du software,qui est aujourd’hui en question. Les outils traditionnels, par exemple les algorithmes d’analysedécisionnelle, sont tout simplement dépassés par la masse de données considérées et par leurdissémination. Les données des big data ne sont pas toutes dans la “base de données”: ellessont d’abord et avant tout à l’extérieur, et la base est, à proprement parler, virtuelle.
Le développement d’Internet et l’apparition de services de grande audience a été un défi pourles systèmes de gestion de base de données. L’idée même de base de données relationnelle (unstock d’informations décomposées et organisées dans des matrices appelées relations outables) est dépassée par la fluidité des données et par leur caractère mouvant. Et avec les basesde données ce sont les anciens langages de requêtes structurés (Structured Query Language,SQL) qui sont emportés, puisque leur fonctions (grossièrement: définir des données, lesclasser) sont opérationnelles à l’intérieur d’une base fermée, mais perdent de leur efficacitédans un système ouvert.
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Les nouveaux systèmes de gestion ont dû renoncer à certaines fonctionnalités pour gagner enpuissance de calcul. On a ainsi vu apparaître de nouveaux outils: des bases de donnéesorientées par colonnes et non par lignes, ou encore des bases de données “in-memory”, quifont travailler principalement la mémoire centrale, et non des disques. Les bases de données“in-memory” sont plus rapides que les autres, car l’accès aux données et algorithmesd’optimisation internes sont plus simples: la lecture des données est ainsi exécutée plusrapidement.
Mais l’innovation majeure, qui constitue une rupture, ce sont les outils alimentés en tempsréel, dont le fonctionnement n’est plus fondé sur les données stockées mais sur les fluxentrants, et dont le traitement est délocalisé. C’est le cas de Streambase, ou de Hadoop, uneplateforme libre qui permet le traitement parallèle de données sur différentes machines. Letraitement proprement dit est divisé en deux types d’opération: le mapping est le traitementd’un sous-ensemble de données, le reducing est la synthèse agrégée des résultats des mappers.
Cette technique de cloud computing a été adoptée notamment par les grands réseaux sociaux,et son horizon est de délocaliser à l’infini le traitement des données: chaque utilisateur actifreprésente un ensemble de données, mais aussi un ordinateur disponible.
Que faire de ces données? Parmi les outils d’analyse particulièrement novateurs figurent lesgraphes, qui permettent de cartographier les interactions entre acteurs d’un réseau. Commel’explique Henri Verdier, Google+, le nouveau réseau social de Google, est entièrementconstruit autour des “cercles” de relations, gérés par l’utilisateur, qui offrent au géant uneconnaissance incomparable des dynamiques sociales, à la fois générales (tendances,propagation des opinions, etc.) et personnelles (pratiques, habitudes, affinités). Les graphesqui permettent de modéliser les dynamiques des petits groupes sont générés en temps réel etde façon automatisée, pour le ciblage de la publicité, mais on peut aussi les agréger pourdétecter des tendances, des mouvements d’opinion, des usages émergents. Cela offre à Google,non seulement une idée précise des pratiques de consommation, mais une informationextrêmement précise sur ses partenaires commerciaux, ce qui lui confère un pouvoir denégociation sans équivalent.
Un enjeu de compétitivité?Si l’on voit bien l’intérêt de ces nouvelles technologies pour les géants de l’Internet, la questionse pose aussi pour un grand nombre d’entreprises et d’acteurs publics. Car ces données sontune mine encore inexploitée. C’est évidemment un enjeu essentiel que d’être capable de lesanalyser. Une partie de la réponse est technique, l’autre tient à la capacité à mobiliser desressources et des compétences, à la fois pour mettre en place les outils, les gérer, et en tirerdes informations utiles.
Une étude de McKinsey a tenté de mesurer le potentiel économique de cette nouvellefrontière technologique, et les résultats sont prometteurs. Selon les consultants de McKinsey,l’ensemble des secteurs économiques, mais aussi des administrations publiques, devraientpouvoir en profiter.
Cela semble évident dans des secteurs comme le marketing ou la gestion des stocks, chez lesgéants de la distribution par exemple. Des capacités accrues en la matière auraient un effetdirect sur leurs marges nettes. Mais les grandes administrations (fisc, santé publique), quigèrent les données des dizaines de millions de citoyens ou d’assurés sociaux, pourraient ellesaussi affiner considérablement leurs modes de gestion, en repérant les tendances etnotamment les dérives de coût, en détectant mieux les anomalies (et donc les fraudespotentielles), et plus généralement en comprenant mieux les usages et les pratiques. McKinsey
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évoque également des gains de productivité dans le monde industriel.
Cela suppose des compétences, et donc un effort de formation en interne, dans lesorganisations concernées, mais aussi dans le monde universitaire. Constituer ce vivier decompétences est un processus long et difficile, où se jouera sans doute une partie de lacompétition de demain.
Une révolution scientifique?Au-delà des enjeux économiques, le big data est en train de modifier considérablement lafaçon dont travaillent les scientifiques. Comme l’explique Jannis Kallinikos, professeur demanagement à la London School of Economics, “de plus en plus, le développement desconnaissances et plus généralement la construction du sens sont conduits à partir decommutations et permutations exécutées sur d’énormes masses de données”. C’est unetendance déjà ancienne dans les sciences sociales, mais elle s’étend à l’ensemble desdisciplines.
Les conditions dans lesquelles les données sont capturées et agrégées surpassent de loin lacapacité de mémoire et de concentration des meilleurs experts. Jannis Kallinikos prend unexemple paru dans le magazine Wired, celui d’un chercheur de l’université de Californie quicherche à comprendre le vieillissement des os. Son outil, c’est un ensemble de scans, quipassent sur des planches de rayons X à très haute résolution et combinent ces images en unestructure à trois dimensions. Les résultats sont ensuite agrégés. Le but principal du scannagedes os, observe Jannis Kallinikos, n’est plus de fournir des preuves aux experts: laconnaissance médicale qui émergera finalement de ces données dérivera de corrélationsstatistiques extraites des téraoctets de données produites par des millions de scannages. Onn’est plus dans la confrontation d’une théorie à la réalité, mais dans un process entièrementnouveau: le modèle, s’il existe, émerge de processus bottom-up de manipulations statistiquesde données.
Le fameux gourou du Web, Chris Anderson, prédit ainsi la fin des théories, c’est-à-dire de lascience telle que nous l’avons connue: un développement conceptuel déductif fondé sur despreuves empiriques. De plus en plus, explique-t-il, la connaissance sera produite d’une façoninductive, à partir des corrélations extraites de grandes masses de données. C’est sans doutediscutable; mais le débat est ouvert.
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Pour maîtriser le web
Les géants d’internet collectent des informations sur nous tous (1,3Mo de données pour Olivier Ertzscheid, prof à l’université de Nantes qui a fait le test sur facebook en 2010) et nous ciblent dans leurs offres et même dans leurs réponses.
Autant suivre cela de près.
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affordance.typepad.com
NOV. 14, 2010
Billet où il sera notamment question de données personnelles, de la bibliothèque du Congrès, de la guerre des graphes, de la
société de la requête, de millions de méga-octets, de thesaurus et de webmail ...
Ca y est c'est fait. Sur mon compte Facebook, dans l'onglet "Account" > "Account settings", j'ai v u apparaître le petit lien magique que
j'attendais tant : "Download y our information"
J'allais enfin pouv oir télécharger toutes mes données personnelles. Après av oir indiqué que "oui, oui, je suis sûr de bien vouloir les
télécharger", et une heure plus tard, j'ai reçu dans ma boîte mail un message de Facebook av ec un lien d'activ ation pour accéder au
précieux fichier.
Mais il m 'a d'abord fallu doublement montrer patte blanche : une première fois en redonnant mon mot de passe (ok, précaution
élémentaire), et une deuxième fois en jouant au jeu des photos de mes amis.
Je traduis : "Pour vérifier que vous êtes bien le propriétaire de ce compte, merci de reconnaître les personnes tagguées sur ces photos
suivantes." Il faut reconnaître 5 amis et on l'on n'a droit qu'à 3 erreurs ("I 'm not sure"), soit 8 questions en tout. Le problème c'est que les
photos affichées ne sont pas des portraits de v os amis, mais des photos prises au hasard dans le photostream de tous v os contacts Facebook,
c'est à dire toutes les photos déposées par tous v os amis.
Et là première angoisse : je suis ami av ec plein de gens, mais surtout j'ai plein "d'amis d'amis" et encore dav antage "d'amis
étudiant(e)s". Et autant v ous dire que je ne passe pas mon temps à regarder toutes les photos postées sur Facebook par tous mes "amis".
Et donc ça ne loupe pas, on me demande de reconnaître quel est l'ami qui se cache derrière ces photos :
La vie privée, un problème de vieux cons ?Posted By Jean-Marc Manach On 12/3/2009 @ 7:19 In Confiance et sécurité,Débats,Droitsnumériques,Identité numérique,Opinions | 94 Comments
MaJ : au vu de son succès, cet article est devenu un livre, au titre éponyme, La vie
privée, un problème de « vieux cons » ? [1], qui peut être commandé sur Amazon[2], la Fnac [3], l’AppStore [4] (pour iPhone & iPad), et dans toutes les bonnes
librairies [5]…
Sommes-nous aussi coincés et procéduriers au regard de notre vie privée que la société de nosgrands-parents l’était en matière de sexualité ? Dit autrement : assiste-t-on aux prémices d’unbouleversement similaire, d’un point de vue identitaire, à celui de la révolution sexuelle ?
[6]C’est la thèse esquissée dans un très intéressant
article [7] consacré aux bénéfices sociaux, personnelset professionnels du partage des données par lesutilisateurs de réseaux communautaires et sociaux type“web 2.0“.
Pour le professeur Ravi Sandhu [8], responsable de
l’Institut de la cyber sécurité [9] à l’université du Texasà San Antonio, l’absence de pudeur des “natifs dunumérique” (traduction de digitals natives, le surnomdonné à ceux qui ont grandi environné de technologiesde l’information) serait comparable à l’attitudedésinhibée avec laquelle les jeunes des années 60-70abordaient la sexualité :
“Au début, les gens avaient très peu d’inhibitions,et adoptaient des pratiques très risquées. Nousen sommes un peu à ce stade, en matière departage de données. Avec le temps, les gens ontappris que ce n’était pas sans danger.”
Ce qui n’a pas empêché la libération sexuelle d’avoirlieu, et de profiter, in fine, à l’ensemble de la société.
La thèse est intéressante, la personnalité de ses
auteurs ne l’est pas moins. Don Peppers et Martha Rogers [10], les auteurs de l’article, sont à la
tête d’un cabinet [11] de consultants spécialistes de la relation clients, et 1to1media, le journal oùa été publié leur article, en est une filiale.
Ravi Sandhu, quant à lui, déclarait récemment qu’il travaillait “en synergie [12]” avec la NationalSecurity Agency (NSA), le plus important des services de renseignement américains, qui a pourmission d’espionner les télécommunications : la NSA vient en effet d’implanter un nouveausupercentre de “fouille de données” (data mining, en VO) à San Antonio, et elle embauche uncertain nombre des étudiants de Sandhu.
[13]On peut facilement comprendre que des gens dontle métier est d’agréger des données personnellesmilitent pour un changement de comportementvis-à-vis de la notion de vie privée, et cherchent à faireaccepter l’idée que la population n’a rien à en craindre,mais tout y à gagner. Cette précaution prise, leurquestion fait-elle pour autant sens ?
Big Brother, un truc de vieux ?
Récemment on apprenait [14] que si un mineur sur cinqfait effectivement l’objet d’avance sexuelle vial’internet (une proportion tombée de 19 à 13% entrel’an 2000 et 2006), 90 % de ces “avances” sont le fait
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de personnes du même âge.
Ces avances relèveraient, pour l’essentiel, deplaisanteries, mais feraient aussi de plus en pluspartie du “nouvel ordre” amoureux : aux Etats-Unis,un adolescent sur cinq, et un jeune adulte sur trois,ont ainsi déjà envoyé des photos ou vidéos d’eux-mêmes, nus ou à moitié nus, par l’internet ou letéléphone mobile.
En France, un rapport parlementaire avançait [15] il y a peu que de nombreux collégiens n’iraientplus aux toilettes de peur d’y être photographiés. Et les 3/4 des jeunes Américains sondésreconnaissent qu’envoyer des contenus sexuellement suggestifs “peut avoir des conséquencesnégatives sérieuses”, d’autant qu’ils savent (à 44 %) que ces contenus peuvent être partagés avecd’autres personnes que les premiers destinataires.
En tout état de cause, le jeu en vaudrait la chandelle : les éventuels dommages collatéraux quepermettent ces technologies, complètement intégrées dans leurs vies, ne leur font pas plus peurque l’utilisation de la voiture, pourtant bien plus mortelle, n’effraie leurs parents.
Slate.fr publiait ainsi récemment une chronique de Matthieu Josse intitulé La peur de la
géolocalisation, c’est un truc de vieux ? [16] :
“La géolocalisation en temps réel, c’est un truc qui fait un peu peur à tout le monde.Et pourtant, vous n’y échapperez pas. Surtout vos enfants. Car cette technologie estdéjà bien avancée et il n’y a aucune raison que les plus jeunes n’y trouvent pas uneutilité sociale.”
[17]L’argument est un peu court. Mais les deuxexemples d’utilisation donnés par Josse offrent une clefd’interprétation :
“Tout de suite, tout le monde a pensé à unaspect positif (savoir où est son môme) avant deverser dans la parano tendance espionnage(votre femme/mari sait où vous êtes etéventuellement où vous n’êtes pas censé être).”
Comme s’il était “normal” de pouvoir géolocaliser sonenfant, alors qu’il ne le serait pas de le faire entreadultes. Comme si les “natifs du numérique” avaientcomplètement intégré le fait de pouvoir, en tout tempset tout lieu, être surveillé par une technologie.
Mieux : loin de le percevoir comme une atteintepotentielle à leur vie privée, ils se focalisent sur l’utilitésociale, et les bénéfices, que d’autres d’abord, et euxensuite, pourraient en tirer.
Lors de l’université de printemps de la Fing de 2007,
consacrée aux apprentis sorciers [18], plusieursétudiants de l’Ecole nationale supérieure de créationindustrielle (Ensci) ne comprenaient pas pourquoi nousétions plusieurs à être perturbés par leur façon décomplexée d’imaginer des usages ludiques -et
commercialisables- des technologies de surveillance (leurs affiches [19] illustrent ce billet).
Plus précisément, ils estimaient que si nous avions été choqués, c’est parce que nous étions“vieux“, que ces technologies faisaient partie de leur vie, qu’ils avaient grandi avec, qu’elles neleur posaient pas de problèmes et que nous devrions bien nous y adapter.
Le parallèle avec la révolution sexuelle s’arrête là. Au siècle dernier, les jeunes -et notamment lesfemmes- dénonçaient les tabous et carcans de la société, et voulaient plus de libertés.Aujourd’hui, les natifs du numérique ne militent pas “contre“, mais “pour” : ils vont dans le sensdu vent, non seulement de ceux qui font profession de nous “profiler“, mais aussi de ceux quiprônent les notions de bien commun et de partage des données, pour une redéfinition de la notionde propriété tel qu’on le voit à l’oeuvre avec la culture du “Libre” (créative commons, logicielslibres).
[20]Car ceux que perturbent l’idée de voir leurs enfants(ou salariés, collègues, amis) être ainsi “espionnés”
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pointent surtout le risque de “contrôle à distance, deconformisme anticipatif (et) d’incitation àl’autocensure” qu’induit ce maillage et cetteinterconnexion de données, comme le rappelle
Antoinette Rouvroy [21], du Centre de rechercheinformatique et de droit de l’université de Namur, dansun article intitulé “Réinventer l’art d’oublier et de sefaire oublier dans la société de l’information ?” quevient de publier L’Harmattan dans un recueil sur La
sécurité de l’individu numérisé [22]. Comme l’expliquaitGilles Deleuze :
“Le propre des normes modernes, et c’est ce quicaractérise le passage progressif de la sociétédisciplinaire décrite par Michel Foucault (…) à lasociété de contrôle (…), est que ce sont lesindividus qui doivent s’imposer eux-mêmes nonseulement le respect, mais l’adhésion auxnormes (…). Le pouvoir prend, dans la sociétémoderne, la forme d’offres de services oud’actions incitatives bien plus que de contrainte.”
Tous “à poil” sur le Net ?
Olivier Auber, volontiers provocateur, lançait pour sa part, l’an passé, et un peu à la manière de
certaines communautés des années 70, un Club des naturistes numériques [23] sur Facebook :
“A poil sur l’Internet, et de manière militante ! C’est l’Internet qui doit s’adapter ànotre condition naturelle, pas l’inverse. A quoi sert la nature si l’on ne peut pas allery batifoler à son aise ? A quoi sert le réseau si l’on ne peut pas y apprendre et rêversans menaces (celles de la surveillance généralisée, du marketing, du regardd’autrui) ? Les naturistes numériques n’entendent rien protéger de leur intimitéphysique ou numérique. Ils veulent nager nu et librement dans l’immensité duréseau. Il veulent ressentir chaque vibration de la toile sans filtre et sans peur.”
A ceci près que le problème des naturistes, ce n’est pas d’être nu, mais la façon qu’ont certains deles regarder, notamment ceux qui restent habillés. Nombreux sont ceux qui, utilisant des espacesprotégés des regards extérieurs (communautés virtuelles semi-fermées, profils Facebook à accèsrestreint, etc.) s’ébattent depuis longtemps sur le Net, en toute liberté, et y échangent photos,vidéos et messages persos sans craindre de les voir exposés au tout venant.
Mais plus nombreux encore sont ceux qui s’épanchent sans se protéger, s’exposant au risque dese voir licenciés, non recrutés ou humiliés pour des propos ou photos considérés, à tort ou àraison, comme déplacés.
Le naturisme se définit [24] comme “une manière de vivre en harmonie avec la nature,caractérisée par la pratique de la nudité en commun, ayant pour but de favoriser le respect desoi-même, le respect des autres et de l’environnement“.
La notion de respect de l’autre, et de soi-même, est fondamentale. Or, confrontée à un regardextérieur, non préparé, non conscient des enjeux, et des règles, qui prévalent en la matière, lanudité peut choquer, ou être détournée de son objet initial.
Le chapitre intitulé “Little Brother is watching you” du recueil sur La sécurité de l’individu
numérisé [22] revient ainsi sur le débat qui a suivi la mise en ligne [25] des salaires et déclarationsfiscales des Suédois :
“Nous avons conclu que la qualité des informations est aussi reliée à la qualité de lalecture. Le fait de rendre accessible à tous des informations personnelles sans unevérification raisonnable de la qualité est dangereux : des individus peuvent être malreprésentés et il n’existe pas d’assurance que les récepteurs de la (dés)informationsoient suffisamment compétents pour effectuer des jugements judicieux.”
De même que le naturisme n’est pas une incitation au voyeurisme, mais une liberté que certains,dans des espaces-temps bien précis (chez eux ou dans des “clubs” prévus à cet effetessentiellement), font le choix de vivre et d’assumer, et que l’on ne saurait contraindre tout unchacun à vivre nu, en tout lieu et tout le temps, la transparence devrait rester un droit, unepossibilité, pas une obligation, encore moins une contrainte. C’est non seulement une atteinte àl’intimité, mais cela peut aussi être vécu comme une provocation par ceux qui se contentent deregarder, et une humiliation par ceux qui se retrouvent ainsi “mis à nu” par des étrangers.
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Pour en finir avec la vie privée ?
Bill Thompson, célèbre éditorialiste spécialisé dans les technologies à la BBC, avançait [26]
récemment à la conférence Lift qu’on pourrait tirer partie de la fin de la vie privée qu’annoncent
les sites sociaux et notre “société de bases de données“, et repenser [27] ce que nous entendonspar “personnalité“, ainsi que les frontières de ce qui relève du public, et du privé :
“Ceux qui n’hésitent pas à adopter, et utiliser, les technologies qui minent l’ancienmodèle de vie privée ont énormément à apprendre à ceux qui craignent de voirleurs mouvements, habitudes alimentaires, amitiés et manière de consommer lesmédias être accessibles à tous.
Les utilisateurs de Twitter, Tumblr et autres outils de réseaux sociaux partagent plusde données, avec plus de gens, que le FBI de Hoover, ou la Stasi, n’auraient jamaispu en rêver. Et nous le faisons de notre propre chef, espérant pouvoir en bénéficierde toutes sortes de manières.”
Les détectives privés, récemment réunis en congrès, semblent du même avis [28], et semblentlargement profiter de ce naturisme numérique : “Facebook est très efficace, bien plus utile que lesfichiers policiers comme Edvige. La Cnil ne nous met pas des bâtons dans les roues. Les gensracontent toute leur vie en détail. Et le plus fou : les informations sont exactes, la plupart nementent même pas.”
A ceci près que, comme le soulignait [29] Daniel Kaplan, “Edvige stocke par principe de soupçon,sans nous demander notre avis ; les individus en réseau font des mêmes informations “sensibles”(et de bien d’autres qui le sont souvent moins) un usage stratégique, pour se construireeux-mêmes dans la relation aux autres, pour apparaître au monde sous un jour qu’ils auront aumoins partiellement choisi. Du point de vue qui compte, celui des individus, de leur liberté et deleur autonomie, tout oppose donc les deux démarches !”
La comparaison faite entre Edvige et Facebook a ceci de facile et démagogique qu’elle vise, nonseulement à justifier un fichage policier, sinon illégal et amoral, tout du moins problématique d’unpoint de vue démocratique, mais aussi parce qu’elle justifie également toutes sortes de dérives.De même que le port d’une mini-jupe ou le fait de bronzer les seins nus ne sont pas desincitations au viol, l’exposition ou l’affirmation de soi sur les réseaux ne saurait justifierl’espionnage ni les atteintes à la vie privée.
Bill Thompson ne se contente pas de constater ce changement de statut de la vie privée. Pour lui,il devrait aussi constituer l’un des postulats d’un nouveau Siècle des Lumières, numérique, à bâtir.Il estime en effet que nos sociétés sont fondées sur des croyances à propos de l’intimité (et de lapropriété) héritées des Lumières, mais qui seraient devenues obsolètes à l’heure où nos viesdeviennent de plus en plus transparentes.
Pour lui, le droit à la vie privée repose également sur le fait qu’il est techniquement impossible desurveiller tout le monde, tout le temps. La technologie évoluant, Thompson prédit que, d’iciquelques années, nous serons tous sur écoute, par défaut, et que les autorités policières etadministratives disposeront probablement d’un accès direct à toutes les données nous concernant.
Il faudrait donc en finir avec l’idée de la vie privée, ne serait-ce que parce que le droit à la vieprivée, tout comme les mesures techniques de protection (DRM, censées brider l’utilisation faitede tels ou tels fichiers), ne sont jamais que des tentatives, vaines, d’enrayer la libre circulation etle partage des données.
“Si nous croyons en l’individu, si nous croyons que nous nous définissonsessentiellement par les réponses que nous recevons de notre environnement et desgens qui nous entourent, alors l’intimité est une illusion qui n’est pas nécessaire.
Il faut repenser ce qu’est un être humain ! Pouvons-nous dépasser l’idée obsolèteque représente la vie privée, la sphère privée, et prendre le risque d’essayer devivre avec l’idée que la vie privée n’existe plus ? Certains en souffriront, d’autresiront également en prison, mais c’est peut-être le prix à payer pour bâtir unnouveau siècle des Lumières.”
Mais peut-on bâtir un nouveau Siècle des Lumières en partant du postulat que “certains ensouffriront, et que d’autres iront également en prison” ? Et si la vie privée n’existe plus, quemet-on en place pour lui succéder (sans forcément la remplacer) ? Et comment concilier leslibertés inhérentes à nos démocraties avec le placement systématique sous surveillance de leurscitoyens de façons que ne renieraient pas les régimes totalitaires ?
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La vie privée est la première des libertés
La réponse à toutes ces questions est peut-être à chercher du côté de ce que nous apportent,effectivement, les technologies de l’information en terme de libertés. La révolution sexuelle n’apas fait de l’échangisme ni des orgies le B-A.BA de la sexualité, mais a permis de décomplexer, etlibérer, le rapport à la sexualité. De même, ceux qui revendiquent la libre circulation de leursdonnées personnelles ont déjà commencé à désinhiber, et décomplexer, tout ou partie de la façondont nous protégeons notre identité. Mais cela ne se fait pas sans stratégies ni valeurs deremplacement.
Tous ceux qui se sont penchés sur la notion d’identité numérique constatent que ceux qui passentune bonne partie de leurs vies sociales sur l’internet ont appris à en maîtriser les outils, à mettreen avant leurs compétences, qu’elles soient professionnelles ou non, leurs passions et expertises,et savent plus ou moins bien protéger ce qui relève à proprement parler de leur vie privée.
Ainsi, le journaliste de Mediapart qui, pour rebondir sur le désormais célèbre portrait Google [30]
d’un internaute lambda, publié par Le Tigre, avait décidé de me tirer le portrait, n’a pas trouvégrand chose d’attentatoire à ma vie privée (voir Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur
moi mais que vous aviez la flemme d’aller chercher sur l’internet… [31]). L’identité numérique estun processus, une construction, qu’il faut donc apprendre à maîtriser. Encore faut-il en avoir ledroit, et la possibilité.
[32]En conclusion de son article, Antoinette Rouvroyrappelle que la vie privée n’est pas “un droitfondamental parmi d’autres, elle est la conditionnécessaire à l’exercice des autres droits et libertésfondamentaux” et que “le droit à la protection de la vieprivée joue notamment le rôle d’un “systèmeimmunitaire de l’espace psychique”“.
La liberté d’opinion (de pensée plus d’expression), laliberté de circulation, et de réunion, les libertéspolitiques, syndicales et de culte, ne peuvent êtreexercée dès lors que l’on n’a plus le droit à la vieprivée.
Et autant je doute que les marchands de donnéespersonnelles non plus que les partisans des logiquessécuritaires soient à même d’initier un mouvementd’émancipation similaire à la révolution sexuelle, ou ausiècle des Lumières, autant il est effectivement fortpossible que le processus d’émancipation, de partage etde libération de nos savoirs et compétences, tel qu’onle voit à l’oeuvre sur l’Internet, dessine effectivementles prémices d’un “nouveau monde“, moins hiérarchisé,moins contrôlé “par en haut“, et donc forcément plusdémocratique et “par le bas“.
Comme l’écrivait également Daniel Kaplan dans son éditorial précité, “Et si, à l’époque desréseaux, l’enjeu était de passer d’une approche de la vie privée conçue comme une sorte devillage gaulois – entouré de prédateurs, bien protégé, mais qui n’envisage pas de déborder de sespropres frontières – à la tête de pont, que l’on défend certes, mais qui sert d’abord à se projetervers l’avant ? Il n’y aurait pas alors de “paradoxe”, mais un changement profond du paysage, despratiques, des aspirations.
Jean-Marc Manach
Voir aussi les travaux (en cours) d’un groupe de travail “Informatique & libertés 2.0 ? [33]“, réuni
dans le cadre du programme “Identités actives [34]” de la Fing.
94 Comments To "La vie privée, un problème de vieux cons ?"
#1 Comment By jérémie On 12/3/2009 @ 12:06
Cet article montre bien les enjeux actuels en termes de vie privée, mettant en avant la question
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Le risque de l’individualisation de l’internetPosted By Xavier de la Porte On 13/6/2011 @ 7:30 In Articles,Confiance etsécurité,Débats,Gouvernance de l'internet | 19 Comments
La lecture de la semaine, il s’agit d’une petite partie d’un article paru dans la New York Review of
Books. Intitulé “Mind Control and the Internet” [1] (Internet et le contrôle de l’esprit), l’article deSue Halpern consiste, comme c’est le cas la plupart du temps dans la New York Review of books,en le développement d’une thèse qui s’appuie sur la critique de plusieurs livres récemment parus.Je n’ai gardé qu’un passage de ce long article, celui où Sue Halpern recense le livre de Eli Pariser[2], The Filter Bibble : What the Internet Is Hiding from You [3]. Ce livre montre notamment quedepuis décembre 2009, Google vise à donner à toute requête effectuée sur le moteur derecherche un résultat qui corresponde au profil de la personne qui fait la recherche. Cettecorrespondance s’applique à tous les usagers de Google, même si elle ne prend effet qu’aprèsplusieurs recherches, le temps qu’il faut à l’algorithme Google pour évaluer les goûts de l’usager.
[4]En d’autres mots, le processus de recherche est devenupersonnalisé. Ce qui signifie qu’il n’est plus universel, maisidiosyncrasique et impératif. “Nous pensons tous que quand nousgooglons un mot, explique Pariser, tout le monde a les mêmesrésultats – ceux que le fameux algorithme de Google, PageRankconsidère comme faisant autorité du fait qu’un grand nombre deliens pointe vers eux.” Avec la recherche personnalisée, poursuitPariser “vous obtenez le résultat que l’algorithme de Googlepense être le plus adapté à vous en particulier – mais quelqu’und’autre verra apparaître d’autres résultats. En d’autres mots, iln’y a plus de standard Google”. Sue Halpern fait une analogieéclairante : c’est comme si en cherchant le même terme dansune encyclopédie, chacun trouvait des entrées différentes – maispersonne ne s’en apercevant car chacun étant persuadé d’obtenirune référence standard.
Parmi les multiples conséquences insidieuses de cetteindividualisation, il en est une qui inquiète plus particulièrementSue Halpern, elle explique : “en adaptant l’information à laperception que l’algorithme a de ce que vous êtes, uneperception qui est construite à partir de 57 variables, Google vous adresse un matériau qui estsusceptible de renforcer votre propre vision du monde et votre propre idéologie. Pariser racontepar exemple qu’une recherche sur les preuves du changement climatique donnera des résultatsdifférents à un militant écologiste et au cadre d’une compagnie pétrolière, et donnera aussi unrésultat différent à quelqu’un dont l’algorithme suppose qu’il est démocrate, et à un autre dontl’algorithme suppose qu’il est républicain (évidemment, pas besoin de déclarer qu’on est l’un oul’autre, l’algorithme le déduit de nos recherches). De cette manière, poursuit Sue Halpern,l’internet, qui n’est pas la presse, mais qui souvent fonctionne comme la presse en disséminantles informations, nous préserve des opinions contradictoires et des points de vue qui entrent enconflit avec les nôtres, tout en donnant l’impression d’être neutre et objectif, débarrassé de tousles biais idéologiques qui encombrent le traitement de l’information dans la presse traditionnelle.”
Et Sue Halpern de citer une étude récente (.pdf) [5] menée entre 2001 et 2010 au sujet duchangement climatique. Cette étude montrait qu’en 9 ans, alors qu’un consensus scientifiques’établissait sur le changement climatique, la part des républicains pensant que la terre seréchauffait passait de 49 % à 29 %, celle des démocrates de 60% à 70 %, comme si les groupesrecevaient des messages différents de la science, avec pour conséquence de rendre impossibletout débat public. Et pour Sue Halpen, c’est ce que suggère ce que Elie Pariser raconte sur Google: si ce sont nos propres idées qui nous reviennent quand on fait une recherche, on risque des’endoctriner nous-mêmes, avec notre propre idéologie. “La démocratie requiert du citoyen qu’ilvoit le problème du point de vue de l’autre, et nous, nous sommes de plus en plus enfermés dansnotre bulle” explique Pariser. “La démocratie requiert de s’appuyer sur des faits partagés, et nous,on nous offre des univers parallèles, mais séparés.”
Sue Halpern poursuit sa diatribe : “Il n’est pas compliqué de voir ce à quoi cela nous mènerait –toute organisation dotée d’un agenda (un lobby, un parti politique, une entreprise, un Etat…)pourrait noyer la chambre d’écho avec l’information qu’elle veut diffuser. (Et dans les faits, c’estce qui s’est produit à droite avec le changement climatique). Qui s’en rendrait compte ?” Et Sue
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Halpern de citer les propos que Tim Berners-Lee, l’inventeur du Word Wide Web, tenaitrécemment dans Scientific American [6] : “Le web tel que nous le connaissons est menacé… Parmises habitants qui connaissent le plus grand succès, certains ont commencé à pervertir sesprincipes… Des états – totalitaires tout autant que démocratiques – contrôlent les comportementsen ligne, mettant en danger les droits de l’homme.”
Xavier de la Porte
Xavier de la Porte, producteur de l’émission Place de la Toile [7] sur France Culture,réalise chaque semaine une intéressante lecture d’un article de l’actualité dans lecadre de son émission.
L’émission du 12 juin 2011 [8] était consacrée à l’ouverture des données publiques,avec Séverin Naudet [9], directeur d’Etalab [10], portail interministériel destiné àrassembler et mettre à disposition l’ensemble des informations publiques de l’Etatvia data.gouv.fr [11] et Gabriel Kerneis [12], doctorant au laboratoire Preuves,Programmes et Systèmes [13] de l’université Paris 7 – Diderot, membre de Regardscitoyens [14], association pour la diffusion et le partage de l’information politique.Elle était également consacrée à la Déconnexion en revenant avec l’écrivain etblogueur Thierry Crouzet, deux mois après le lancement de son expérience dedéconnexion totale [15] (voir l’émission du 17 avril [16]).
19 Comments To "Le risque de l’individualisation de l’internet"
#1 Comment By Stan On 13/6/2011 @ 9:33
Oui, la thèse d’Eli Pariser est en train de gagner du terrain (cf ce billet sur le même sujet quej’avais appelé “les oeillères de la démocratie” [17]) : le livre de Pariser sera bientôt traduit enfrançais et devrait faire son petit buzz je pense, surtout à proximité des campagnes électorales USet France.
#2 Comment By thierryl On 13/6/2011 @ 12:07
“La démocratie requiert du citoyen qu’il voit le problème du point de vue de l’autre, et nous, noussommes de plus en plus enfermés dans notre bulle” explique Pariser.
Oui, on aimerait que Paliser et son site moveon.org qui fait globalement de l’activisme de gaucheaux US aille voir de l’autre côté de son spectre idéologique et se mette à la place desconservateurs pour voir si ce ne sont pas eux qui ont raison…
S’il ne souhaite pas le faire ? ah bien, je crois alors que lui aussi renforce ses propres idéologies.Manque de pot,je croisque c’est plus une question humaine donc, que de la faute à Google.
#3 Comment By Jérôme On 13/6/2011 @ 14:32
Il y a un autre facteur qui commence a être extrêmement lourd et pénible sur google, entreautres choses, c’est la géolocalisation. Obtenir des informations internationales neutres et nongéolocalisées commence a être très difficile.
Google est en train de perdre énormément de son intérêt à mes yeux, et je commence àm’orienter vers d’autres moteurs ou concepts alternatifs comme ixquick ou seeks-project
Je ne parles même pas de la désagréable impression de dépendre d’un fournisseur unique, ce quiest très très malsain, quelque soient les qualités réelles ou supposées dudit fournisseur.
#4 Comment By Matthieu On 14/6/2011 @ 0:07
Et il y a des exemples concrets ou des preuves que Google personnalise VRAIMENT les résultats?Ça serait bien de faire une étude là-dessus…
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Ce que ça change
La pratique du web qui remplace la lecture
du papier nous fait passer de la pensée
hiérarchisée à la pensée par association
d’idée
Le web c’est avant tout l’image qui explique
et le lien hypertexte qui permet
d’approfondir, ce qui modifie
considérablement
les apprentissages.
La carte heuristique
est plus proche de
la structure du web
que de celle du livre.
Elle est la base de la
pédagogie en
Finlande.
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Publiée le 05 September 2012.
Le dernier numéro du mensuel Philosophie Magazine consacre un dossier au thème « Pourquoi nous
n'apprendrons plus comme avant ». En effet, les modes d’apprentissage, y compris à l’école, ont ouvont complètement changer face au phénomène d’accès libre, gratuit — on aimerait ajouter «anarchique », mais au meilleur sens du terme : sans idée de direction des uns sur les autres — del’information et surtout de la connaissance.Le choix de ce thème par le magazine précité est pour nous l’occasion de porter notre regard surquelques-unes des mutations fondamentales du rapport à l’information et à la connaissanceprovoquées par l’irruption des technologies de l’information et spécialement d’Internet.
Il nous semble en effet que deux novations essentielles ont substantiellement modifié ces rapports del’homme à l’information et à la connaissance : l’hypertexte et l’image.
Nous nous arrêtons aujourd’hui à l’hypertexte. Une prochaine actualité reviendra sur l’image.
L’hypertexte : de la pensée hiérarchisée à la pensée par association d’idées
Dès que les premiers sites à la norme HTML ont commencé à inonder le tout nouveau Web, dans lesannées 1993-94, offrant, avec leurs liens hypertextes, la possibilité de passer d’un concept à l’autre parassociation d’idées et non plus de prendre connaissance d’un concept par voie hiérarchisée et del’approfondir, la question nous est tout de suite venue à l’esprit : le lien hypertexte, imaginé par levisionnaire Vannevar Bush, en 1945, comme l’aboutissement de la propension de l’esprit humain àpenser, non par structuration hiérarchique, mais par association d’idées, allait-il favoriser cette formede pensée, naturelle de l’homme selon Bush ?
Il serait présomptueux de vouloir répondre à cette question, surtout dans les quelques lignes deréflexion professionnelle proposées ici.En revanche, il est certain que dans les faits, se sont développés parallèlement deux modes detraitement de — et partant, d’accès à — la connaissance :
La structuration hiérarchisée de la pensée ;La présentation hypertextuelle de celle-ci.La première correspond à l’antique apprentissage, structuré verticalement, au mode de pensée selondes plans de développement classiques : deux parties, deux sous-parties... C’est le mode (et même lemoule) de production de la pensée scolaire et universitaire occidental.
Le second correspondrait selon V. Bush au penchant naturel de l’esprit humain à établir desconnexions d’un concept à l’autre par association d’idées, gage de rapidité de déduction et derecoupements.C’est le mode de pistage de la pensée utilisé par les liens hypertextes, plus précisément les liens ditsconceptuels, c’est-à-dire ceux qui sous-tendent cet appel à une association d’idées suggérée par unmot, une expression, dans un texte, d’où le terme d’hypertexte, forgé par Ted Nelson en 1965, vingtans après la vision de Bush.
Un nouveau mode d'apprentissage
Cette nouvelle forme de navigation dans la pensée a pris son essor grâce à la vulgarisation del’hypertexte sur le Web. Pour les esprits bien construits et structurés verticalement, ce fut unedimension de navigation intellectuelle de plus, une source d’enrichissement à la fois des modes de
pensée et d’accès à la connaissance.C’est en cela que l’hypertexte a substantiellement changé, en pratique, le monde de la pensée. C’est encela qu’avec juste raison il est possible de proclamer qu’on ne pourra plus apprendre comme avant.
Richesse ou danger ?
Pour les très jeunes générations, non encore structurées verticalement, la question peut se poser desavoir si la navigation de concept proche en concept proche, est une vraie richesse, ou au contraire un frein à la structuration en profondeur de leur personnalité. C’est en tout cas la crainte de nombreuxadultes encadrant les adolescents livrés à eux-mêmes sur Internet, notamment les responsables desespaces publics numériques (EPN). Pour nombre de jeunes, ce zapping d’une page à l’autre, d’unconcept à peine défini et assimilé à un autre proche, les poussent à rester à la surface des phénomènessans jamais les approfondir.
L'idéal serait donc de veiller à ce que toute tête bien faite soit à la fois formée à la pensée verticale etstructurée et à la pensée par association qui semblent bien être les deux pôles de l'intelligence, prise icidans son sens anglais autant que français.
En savoir plus
Voir sur le site de Philosophie Magazine, la rpésentation du dossier cité :www.philomag.com/fiche-dossiers.php?id=127
Voir la Prophétie de Bush publiée sur ce site.
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(cc) Licence Creative Commons. Directeurs de la publication : Didier Frochot et Fabrice Molinaro.
Dans la salle de classe du futur, les résultats ne progressent pasPosted By Hubert Guillaud On 21/9/2011 @ 7:40 In Articles,Débats,Education et formation | 21Comments
Dans le cadre d’une série sur le “pari éducatif high-tech” (dans laquelle notamment plusieursexperts américains tentent d’apporter leur vision sur ce à quoi ressemblera l’école dans 10 ans[1]), Matt Richtel [2], pour le New York Times [3] s’est rendu dans le district scolaire pilote deKyrene en Arizona [4] : un secteur où tous les élèves utilisent des tableaux blancs interactifs etdes ordinateurs à l’école. Depuis 2005, le district a investi 33 millions de dollars pour moderniserses écoles. Ici, c’est la nature même de la classe, du rapport à l’enseignant qui a été transformé :l’enseignant circule entre les élèves qui apprennent à leurs rythmes sur leurs ordinateurs.
Au profit de qui se fait la surenchère technologique à l’école ?
Or, depuis 2005, les scores du district aux tests nationaux en lecture et mathématiques stagnent[5], alors même que les résultats des élèves de l’Etat d’Arizona ont augmenté – mais il fautpréciser que les résultats du district étaient à l’origine biens supérieurs à ceux du reste de l’Etat.Est-ce à dire que Kyrene se serait-il trompé d’approche ? Son exemple doit-il remettre enquestion “l’un des plus importants mouvements contemporains éducatifs” qui vise à équiperclasses et élèves en informatique, à permettre aux étudiants d’apprendre à leur propre rythme…mais aussi à réduire le nombre de professeurs, souligne consciencieusement Matt Richtel. “Lesécoles dépensent des millions de dollars pour acquérir des technologies, tout en réduisant lesbudgets et en licenciant les enseignants sans apporter la preuve que cette approche permetd’améliorer l’apprentissage de base”.
[6]
Image : Le graphique de l’évolution des dépenses et des résultats du district de Kyrene dans
l’Arizona réalisé par le [5]New York Times.
Pour les partisans des TICE (les technologies de l’information et de la communication pourl’enseignement), les tests standardisés n’arrivent pas à mesurer l’ampleur des compétences queles élèves équipés d’ordinateurs assimilent. Tom Vander Ark [7], ancien directeur du secteuréducation de la fondation Bill et Melinda Gates, reconnaît que les données ne sont pas vraimentconcluantes : ce qui ne l’empêche pas de demeurer enthousiaste sur la révolution en cours [8].Les détracteurs des TICE répondent que les résultats montrent combien les écoles sont aveugléespar la surenchère technologique.
La poussée des dépenses technologiques intervient alors que les écoles doivent faire de durs choixfinanciers. A Kyrene par exemple, alors que les dépenses technologiques ont augmenté, le reste
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du budget de l’éducation du district a diminué conduisant à avoir des classes avec plus d’élèves etmoins de cours de musique, d’art ou d’éducation physique. Pour Matt Richtel, la poussée de latechnologie à l’école profite surtout aux entreprises technologiques. Aux Etats-Unis, la vente delogiciels éducatifs pour les classes a représenté 1,89 milliard de dollars en 2010. On estime queles dépenses en matériel représenteraient cinq fois ce montant.
Malgré cela, Kyrene a construit sa réputation sur la technologie et accueille 18 000 élèves de lamaternelle au secondaire, dont certains venant d’autres districts. A l’heure où de nouveauxinvestissements doivent être votés, la question de leur efficacité se pose. Pour le surintendant àl’éducation du district, David K. Schauer : “Nous devrions avoir une mesure valable, mais nous nel’avons pas”.
La technologie n’a pas d’effet en tant que tel
En 1997, un comité pour la science et la technologie assemblé par le président Clinton avait émisun appel urgent à la nécessité d’équiper les écoles de nouvelles technologies. Dans ce rapport [9]
pour appuyer sa conclusion, le comité signalait pourtant que la recherche sur l’impact de latechnologie sur les résultats scolaires était insuffisante. Cela n’a pas empêché le comité àexhorter les écoles à s’approprier les TICE. Depuis, les ambitions de ceux qui défendent lestechnologies éducatives ont grandi à mesure que l’équipement se développait.
Des chercheurs de l’université du Maine du Sud ont montré (.pdf) [10] que les scores d’écrituresd’élèves de huitième année ou les résultats de tests en mathématiques ont été améliorés suite àl’équipement en ordinateurs portables des enfants. “Mais est-ce l’effet de l’introduction desordinateurs ou de la formation qu’ont reçus les enseignants ?”, s’interroge Matt Richtel.
Il est difficile de mesurer l’effet de la technologie, car les classes et les écoles sont toutesdifférentes et la technologie évolue très vite. “Les petites études produisent des résultatscontradictoires : certaines montrent que les résultats en mathématiques progressent grâce àl’utilisation de logiciels dédiés, d’autres montrent que les scores ne s’améliorent pas.” PourKatrina Stevens de LessonCast [11], “la question ne devrait pas être de savoir s’il y a des preuvesconcluantes que les logiciels d’enseignement sont efficaces, mais plutôt de savoir quels logicielspédagogiques sont efficaces et dans quelles conditions”. Mesurer leur efficacité des logicielséducatifs, c’est d’ailleurs ce que se propose de faire le SCE [12], rapporte Matt Richtel sur son blog[13]. Mais cela ne suffira peut-être pas à améliorer l’impact de la technologie sur les résultatsscolaires.
Une vaste analyse sur l’utilisation des ordinateurs portable, comme cela a été le cas dans le Mainepar exemple, montre que l’ordinateur n’est pas un facteur majeur de la performance des élèves.“Les programmes un ordinateur portable par enfant ne font qu’amplifier ce qui est déjà en cours –
pour le meilleur et pour le pire”, estime Bryan Goodwin, porte-parole d’un groupe [14] qui arédigé une étude sur le sujet [15]. Les bons enseignants peuvent faire un bon usage desordinateurs, tandis qu’avec d’autres, les élèves pourraient se laisser distraire par la technologie.
Une étude (.pdf) [16] de 2009 du ministère américain de l’éducation sur les cours en ligne (quesuivent plus d’un million d’étudiants de primaire et de secondaire, qui vantait pourtant l’impactpositif des cours en ligne [17]) a néanmoins souligné que les décideurs manquaient de preuvesscientifiques sur leur efficacité. Larry Cuban [18], professeur émérite d’éducation à Stanford, adéclaré que les technologies ne justifiaient pas les gros investissements qu’elle recevait. “Il n’y apas suffisamment de preuves pour montrer la moindre tendance”.
Les métriques en question
Pour Karen Cator, directrice du bureau des technologies éducatives [19] au Département d’Etatchargé de l’éducation, les résultats aux tests fournissaient une mesure inadéquate de l’apport dela technologie dans les écoles. “Les résultats aux tests sont les mêmes, mais regardez tout ce queles élèves qui utilisent les technologies savent faire : utiliser l’internet pour chercher desinformations, organiser leur travail, utiliser des outils de rédaction professionnels, collaborer avecles autres.”
Pour beaucoup, Kyrene est devenu un modèle pour la formation des enseignants à utiliser latechnologie. Car l’essentiel ne repose pas tant dans la technologie, que dans ce qu’on en fait.Beaucoup d’écoles du district – notamment celles des régions les plus riches – avaient déjà desrésultats élevés avant les ordinateurs : est-ce à dire qu’il est plus difficile de progresser encore,même avec les ordinateurs ? A moins que le léger recul des résultats provienne del’élargissement de la population des élèves accueillis ?…
Reste que comme l’a constaté le journaliste, l’enthousiasme que l’on trouve dans les classes qui
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utilisent les TICE, lui, n’a pas faibli (en France également, comme le soulignait cet article duMonde sur l’utilisation de Twitter en classe [20]). Il y a des choses qu’on doit faire avec des outilstraditionnels, et d’autres pour lesquels les ordinateurs sont des supports efficaces. Lesordinateurs, estime un professeur, aident les élèves à identifier leurs idées, ils leur permettentd’éditer leur travail, d’améliorer immédiatement leur travail et de mieux le partager avec laclasse. Pour d’autres enseignants, passer par la technologie est la seule façon pour atteindre cettegénération et la conduire à apprendre. Avec les technologies les élèves se sentent plus impliqués.Comme le montrent les réactions des élèves lorsqu’un professeur affiche instantanément lecamembert des résultats d’un QCM qu’elle vient de leur poser via le tableau blanc interactif.
L’implication est au coeur du Plan technologique pour l’éducation nationale [21] publié l’annéedernière par la Maison Blanche. La transformation “révolutionnaire” par les TICE des écoles a pourbut de motiver et d’inspirer tous les élèves.
[22]
Image: la
couverture du Plan technologique pour l’éducation nationale [21] publié par la Maison Blanche en2010 sous le titre “l’apprentissage propulsé par la technologie”.
Dépasser l’opposition ordinateurs contre professeurs
Pourtant, là encore, la recherche n’établit pas un lien clair entre l’ordinateur et l’implication,explique Randy Yerrick [23], doyen en technologie éducative à l’université de Buffalo. Pour lui, lesmeilleures utilisations pédagogiques des ordinateurs sont celles qui n’ont pas d’équivalent, commed’utiliser des capteurs en classe de science pour observer des modifications physiques ouchimiques ou utiliser des systèmes adaptés aux enfants handicapés. L’implication est un terme“moelleux” : la maintenir nécessiterait une nouveauté constante, ce qui lui semble un objectifinatteignable.
Reste que si les enfants ont plus accès à des ordinateurs, ils ont un peu moins accès auxenseignants, conclut Matt Richtel. Les salles de classe se sont peuplées et le rôle des enseignantsa changé. A Kyrene, les enseignants n’ont pas été augmentés depuis 2008 et beaucoup sontcontraints d’avoir un second emploi, dans la restauration ou la vente. “Nous avons des ordinateursdans les salles de classe, mais pas assez d’argent pour acheter du papier, des crayons ou dudésinfectant”.
Bien sûr, ce papier a déclenché de très nombreuses réactions dans la presse et la blogosphèreéducative américaine. L’une des plus stimulantes est celle de Cathy Davidson [24] (la chercheusede l’université de Duke en Caroline du Nord qu’évoquait Xavier de la Porte lundi dernier dans salecture [25]) qui rappelle qu’à travers toute l’Amérique, les résultats des tests scolaires suiventceux de Kyrene et sont plutôt stagnants. “Ce n’est pas les résultats des tests qui sont stagnants,ce sont les tests eux-mêmes”. Et Cathy Davidson de rappeler, comme elle le fait dans son livre[26], que les QCM d’évaluation qui ont cours aux Etats-Unis, ont été inventés au début du XXesiècle, au coeur de l’ère industrielle. “Pouvons-nous mesurer l’enseignement avec une métriqueinventée pour nos arrières grands-parents qui proposent des options limitées (A, B, C ou D) dansun monde où ils peuvent Googler n’importe quoi ? Pire, nous leur disons que, dans le monde del’avenir, les compétences dont ils auront besoin, il doivent les apprendre par eux-mêmes,puisqu’après tout, elles ne sont pas sur le test !”
Pourtant, reconnait Cathy Davidson, la question que soulève Richtel sur les coûts et lesinvestissements est bonne. “Je suis très méfiante du coûteux dumping technologique qui envahitla classe”. Selon elle, le complexe industriel éducatif est toujours à considérer avec suspicion. Etle technodéterminisme (penser que la technologie est la réponse) est tout aussi douteux et
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coûteux que le test-déterminisme (penser que les résultats révèlent la réalité de l’apprentissage).Aucune école ne doit investir dans la technologie sans investir de manière substantielle dans laformation des enseignants. Or, la plupart du temps, l’introduction des technologies se fait sansformation, sans accompagnent des enseignants. Pire, bien souvent, les dépenses dans lestechnologies de l’éducation se font au détriment du nombre d’enseignants, comme le rapportaitrécemment Courrier International [27].
“Nous perdons notre argent et le temps que nos enfants passent à l’école si nous nous contentonssimplement de jeter un tas de technologie en classe, sans aider les enfants à comprendre cettetechnologie.” Et ce d’autant plus que la question de la technologie est devenue inséparable detoutes les manières dont nous pensons, communiquons, interagissons. Mais cette question ne serésume pas à trouver la bonne réponse sur Google, rappelle Cathy Davidson.
A sa manière, Richard Halverson [28], professeur à l’université de Madison et coauteur deRepenser l’éducation à l’âge de la technologie [29], ne dit pas autre chose quand il pointe du doigt(.pdf) [30] que la fracture scolaire ne repose plus sur l’accès, mais sur la différence entre lestechnologies pour l’apprentissage et les technologies pour les apprenants. La fracture scolairerepose plus sur la différence entre ceux qui utilisent la technologie pour amplifier leurapprentissage et ceux qui ne l’utilisent pas, explique-t-il [31].
Cathy Davidson rappelle que “nous ne sommes pas responsables en tant qu’éducateurs si nous nefaisons qu’enseigner avec la technologie, car il faut également enseigner à travers elle, sur elle età cause d’elle. Nous devons faire comprendre aux enfants sa puissance, son potentiel, sesdangers, ses usages. Ce n’est pas seulement un investissement qui en vaut la peine, mais c’est uninvestissement qu’il serait irresponsable d’éviter.”
21 Comments To "Dans la salle de classe du futur, les résultats neprogressent pas"
#1 Comment By Christian Jacomino On 21/9/2011 @ 8:18
Pour ce qui concerne au moins l’apprentissage de la langue (et de la lecture qui n’est qu’un aspectde l’apprentissage de la langue), l’utilisation des nouvelles technologie pousse férocement versune plus grande autonomie. Or, il paraît assez évident que cet apprentissage ne peut être efficacequ’en situation de communication réelle, vivante. À l’intérieur du groupe. Le numérique peut yaider, mais il y a là une tendance à renverser. Peut-être parce que les outils numériques ont étéinventés d’abord par des scientifiques, pour des scientifiques, et que les littéraires s’en méfient.Le TBI est un bon exemple. Il me paraît très utile pour le mathématiques, la géométrie. Maispour les apprentissages linguistiques, nous devons faire en sorte que les élèvesparlent_ensemble. Et non pas qu’en silence, ils fassent glisser des mots vers des cases où ils sontacceptés ou refusés.
#2 Comment By Christophe Deshayes On 21/9/2011 @ 11:43
Le bilan des TICE est bien plus ambivalent que cet article le montre. Le bilan relatif résultat/coûtmontre que le TBI (tableau blanc interactif) est probablement trop cher pour ce qu’il produit dansle contexte actuel. Son bilan va s’améliorer lentement avec l’appropriation obligatoirement trèslente des enseignants. En revanche twitter qui ne coute rien permet à des enseignants devraiment faire des choses convaincantes dès aujourd’hui.Mais les élus préfèrent montrer des TBI (investissement massif) pour prouver leur engagement àmoderniser l’école… ?!
Deux articles à lire dans deux numéros récents de la jaune et la rouge (la revue despolytechniciens)[32]
[33]
#3 Comment By Hubert Guillaud On 21/9/2011 @ 12:21
InternetActu.net » Dans la salle de classe du futur, les résultats ne progr... http://www.internetactu.net/2011/09/21/dans-la-salle-de-classe-du-futur...
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framablog.org
by AKA • NOV. 6 , 2012
La société Ericsson a rassemblé quelques « grands penseurs de l’Internet éducatif de demain »
pour nous proposer une vidéo d’une vingtaine de minutes, intitulée The Future of Learning, qu’on
a jugé suffisamment importante pour faire l’effort de la traduction puis du sous-titrage.
On ne mesure pas forcément les grands bouleversements qui nous attendent dans le champ
éducatif tant sont fortes l’inertie et la résistance des structures existantes. Il est aussi plus que
probable que « le Libre » saura tirer son épingle du jeu car on ne peut désormais pleinement
échanger et partager sans lui.
Permettez-moi cependant d’avoir de légers doutes quant à l’accès en masse de toutes ces
merveilles promises en temps de crise. Je n’irais pas jusqu’à dire, comme le mouvement #Occupy
que cela ne profitera qu’aux 1%, mais il est fort possible, si nous n’y prenons garde, que se
développe un enseignement à deux vitesses : celui du vieux public sans le sous gardant ses
traditionnelles écoles prisons-casernes et celui du privé captant presqu’à lui seul toute la
modernité dont il est question ci-dessous.
(pour faire disparaître le sous-titrage anglais à l’arrière plan, cliquer sur l’icône CC dans la barre
Remarque : On peut considérer ce sous-titrage comme une sorte de perfectible « première
version ». Si cela ne vous convient pas, c’est comme dans Wikipédia, il suffit d’aller sur Amara, la
plateforme de sous-titrage et modifier.
The Future of Learning - Transcription
Sugata Mitra : Tout semble plus excitant quand vous avez cinq ans. Alors, tout était grand, tout
était étrange, et je me souviens avoir été un peu effrayé.
Stephen Heppell : Comme beaucoup d’enfants, je me souviens de mes années d’école avec
tendresse mais le peu dont je me souvienne ainsi n’est pas le peu dont je devrais me souvenir. Je
me souviens des jeux et du sport, de la méchanceté, des espiègleries et des bêtises. En fait, je me
souviens du peu qui était hors-norme.
Daphne Koller : C’est un incroyable privilège pour moi d’avoir eu une éducation qui a pris et
gardé une place si importante dans ma vie, encore aujourd’hui.
Jose Ferreira : Je me souviens m’être beaucoup ennuyé. Ça n’a pas révélé le meilleur de
moi-même, je m’en suis sorti, quoi qu’il en soit. Je n’étais pas très adapté ou le système n’était pas
très adapté pour moi. C’est un peu dingue quand on y pense. On prend les enfants et on les force à
essayer de s’adapter à ce système bureaucratique vraiment complexe, alors que le système devrait
s’adapter à eux.
Il faut voir cette vidéo sur le possible futur de l'apprentissage sous-titré... http://www.readability.com/articles/ez0dnrwh
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Sugata Mitra : L’éducation traditionnelle tire ses origines du système militaire, en grande partie.
L’armée avait besoin de personnes identiques ; soldats, administrateurs, etc…, elle a donc
engendré ce système. Quand la révolution industrielle a eu lieu, on a encore voulu des personnes
identiques pour les chaînes de montage. Même pour les consommateurs, on voulait qu’ils soient
identiques afin que tous achètent les mêmes choses.
Seth Godin : Alors si on regarde l’école sous cet angle, si on considère le fait qu’on enseigne à
vingt ou trente enfants à la fois, en série, exactement comme à l’usine. Si on considère le fait que si
vous ratez votre CE2, (d’après Collins; ce qui convient mieux au sujet d’enfants), que vous
arrive-t-il ? On vous retient et et on vous reconditionne. Tout correspond aux travaux d’usines, on
l’a élaboré à dessein. Et c’était vraiment utile pour son fonctionnement. Mais on ne manque plus
de travailleurs à l’usine.
Stephen Heppell : On assiste probablement à la mort de l’éducation, aujourd’hui. Je pense que
les structures et les restrictions de l’école, qu’apprendre de neuf heures à quinze heures, en
travaillant seul, sans travailler avec les autres ; je pense que tout ça, c’est un système mort ou
moribond. Et je pense que l’apprentissage ne fait que commencer.
Seth Godin : J’ai souffert d’un trouble du déficit de l’attention en grandissant, comme beaucoup
d’autres maintenant. Et ce sentiment persiste dans l’inconscient collectif qu’il y a quelque chose de
brisé chez les enfants sujets à ce genre de troubles, car ils ne sont pas conformes au système. Donc
ce que nous faisons, c’est donner des médicament aux enfants pour les rendre conformes au
système, au lieu de dire : mais attendez, le système est là pour les enfants. Et il y a beaucoup de
gens qui peuvent assez facilement rester assis pendant huit heures et prendre des notes, et
ensuite, deux semaines après, répéter ce qu’ils ont écrit. Mais il y a également cette immense
quantité de personnes extrêmement talentueuses et engagées qui ne peuvent pas apprendre de
cette manière. Il y a une grande différence entre accéder à l’information et l’école, alors
qu’auparavant, c’était la même chose. L’information est là, en ligne pour n’importe laquelle des
milliards de personnes qui ont accès à internet. Donc cela signifie que si on donne accès à un
enfant/quelqu’un de quatre, huit ou douze ans, ils prendront l’information s’ils la veulent.
Sugata Mitra : Savoir quelque chose est probablement une idée obsolète. Vous n’avez en fait pas
besoin de savoir quoi que ce soit, vous pouvez le trouver au moment ou vous avez besoin de le
savoir. C’est le travail des enseignants de diriger les jeunes esprits vers les bons types de questions.
L’enseignant n’a pas besoin de donner les réponses, car les réponses sont partout. Et nous savons
désormais après des années d’études que les élèves qui trouvent les réponses par eux-mêmes se
souviennent mieux que si on leur avait donné la réponse.
Stephen Heppell : L’Education est très lente à appréhender les données, les nombres, à
comprendre les analyses et ce qui en fait est en train de se passer. Nous effectuons un contrôle ici,
et un examen là, mais les détails de ce qu’il se passe, nous ne les comprenons pas vraiment. Ce
sera, à coup sûr, la prochaine étape importante de notre bagage, notre capacité d’analyser où que
nous soyons. Certains de ceux qui regardent ceci seront déjà en train d’analyser leur santé et leur
bien-être et les effets sur leur forme. Ils seront aussi en train d’analyser leur apprentissagen
bientôt. Et ensuite nous serons vraiment bons à ça.
Jose Ferreira : Knewton est une plate-forme d’extraction de données et d’apprentissage
adaptatif qui permet à n’importe qui, n’importe où de publier du contenu. Ça peut être un éditeur,
un professeur en particulier, ou n’importe qui entre les deux. et il produit un cours qui va être
personnalisé de manière unique pour chaque étudiant, en se basant sur ce qu’elle sait et comment
elle apprend le mieux. Le manuel du futur sera distribué sur des appareils connectés. Ça signifie
que le volume incroyable de données que les étudiants ont déjà produit, lors de leurs études, sont à
présent à portée de main et utilisables. Donc Knewton et tous les dérivés de Knewton peuvent
déterminer des choses comme ; vous apprenez les maths plus efficacement le matin entre 08h32
et 9h14. Vous apprenez les sciences plus efficacement par tranches de 40 minutes. À partir de la
42e minute, votre taux d’attention commence à baisser, nous devrions mettre ça de côté pour le
moment et vous diriger vers quelque chose d’autre qui vous maintient attentif. Ce travail intense
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de 35 minutes, que vous faites tous les jours pendant la pause déjeuner : vous n’en retenez rien ;
allez plutôt traîner avec vos amis, et vous ferez ce travail l’après midi quand vous serez plus disposé
à apprendre. Vous apprenez mieux ceci avec des questions courtes; mieux celà avec des questions
compliquées et difficiles. Nous devrions vous soumettre à nouveau ces informations dans quatre
jours pour une mémorisation optimale. Et voici exactement les détails où vous allez batailler
quand vous ferez vos devoirs ce soir, parce que vous n’avez pas appris certains concepts
nécessaires à cet exercice. Et nous pouvons, en temps réel, allez chercher le petit bout de cours
particulier, du mois dernier, ou de l’an dernier, et de manière transparente le placer sous vos yeux,
pour que vous n’ayez pas à batailler. Nous pouvons prédire les échecs à l’avance et éviter qu’ils ne
se produisent. Nous allons nous émanciper de ce modèle aliénant, parfois ennuyeux et parfois
frustrant où tout le monde reçoit exactement la même chose, au même moment, rigoureusement
dans le même ordre et avec le même niveau de difficulté. Pour la moitié de la classe, c’est trop
difficile, et pour l’autre moitié, c’est trop lassant. On va proposer aux élèves qui ont le meilleur
niveau les outils les plus stimulants. Cela leur permettra de libérer leur potentiel d’une manière
innovante. Mais pour chaque enfant, quelles que soient ses difficultés, il existe une voie vers la
réussite. Cela pourra prendre un peu plus longtemps, mais il existe toujours une voie vers la
réussite. Et le système devient aussi de plus en plus performant à mesure que plus de gens s’en
servent. Les différentes stratégies sont en compétition entre elles pour être réintroduites au sein de
la génération suivante, de façon à ce que la stratégie qui est la plus efficace pour vous, une fois
déterminée, n’importe quel enfant pourra ensuite profiter de cette stratégie. C’est complètement
nouveau. Quand l’automobile a été inventée, ce n’est pas ce que les gens attendaient : ils
demandaient des chevaux plus rapides. Et les gens ne demandent pas encore vraiment Knewton,
car il ne savent pas encore ce que c’est, mais une fois qu’ils l’auront vu et essayé, alors ils
l’adopteront tout de suite.
Stephen Heppell : On dit que l’éducation évolue très lentement. Mais tout à coup, il suffit d’être
connecté. Ca change tout ; ça change les modalités de contribution, votre cerveau peut contribuer à
distance.
Sugata Mitra : C’est une chose d’être assis là, dans le labo multimédia, et de discuter du futur. Je
vais souvent dans des endroits aussi différents que possible d’un labo multimédia. Et je me
demande, quelle est la valeur de toutes mes idées, ici. Mais il y a une grande raison d’avoir de
l’espoir. Où que j’aille, la toute première chose que je demande, ou que je vérifie avec mon
téléphone, c’est si la bande passante est suffisante pour avoir accès à Internet. Et en plein milieu de
la jungle, parfois je constate qu’il y a toujours une connexion. Et je sais que tout ce que je dis peut
aller n’importe où, et de la même manière. C’est une question de temps.
Lois Mbugua : La connectivité est réellement en train d’ouvrir le monde. Si vous connectez un
village, par exemple Bonsaaso, les élèves peuvent alors réellement communiquer avec d’autres
élèves, par exemple à Londres. Cela signifie qu’il peuvent commencer à voir le monde autrement.
Éduquez un jeune, et vous éduquez une nation.
Margaret Kositany : “Connecter pour Apprendre” est un partenariat entre Ericsson, l‘“Earth
institue” de l’université de Columbia, et la “Promesse du Millénaire”. Il y a deux aspects : cela
fournit des bourses d’étude au filles, et “Connecter pour Apprendre” donne aux élèves des
ordinateurs et un accès à internet, et leur montre comment s’en servir et comment récupérer des
informations. L’éducation était limitée à ce que le professeur pouvait dire aux élèves, et le
professeur s’appuyait sur un petit manuel scolaire, ou quelques rares livres, de sorte que
l’enseignant n’était pas très impliqué. Maintenant il est possible d’avoir accès à beaucoup
d’informations et les enfants discutent et échangent des informations, vous voyez qu’ils ont
beaucoup plus de sujets de discussion, car ils ont le sentiment d’être plus impliqués. Et les enfants
sont plus confiants.
Lois Mbugua : Ils ont l’énergie, ils ont toute la vie devant eux, et ils sont sur le point de
commencer quelque chose de plus grand/à penser plus globalement. Si on leur apporte la
connectivité, ils sont en fait capables de faire des transactions et ils peuvent commencer de petites
affaires/choses, qui vont les transcender. Donc, je dirais qu’il s’agit en fait de l’ouverture de nos
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villages, de notre pays, et de tout le continent.
Margaret Kositany : Nous sommes en train de le mettre en oeuvre dans autant de pays que
possible en Afrique, et aussi en Amérique du Sud. Il est possible de le développer à l’échelle de
n’importe quel pays.
Seth Godin : La manière dont nous résolvons les problèmes captivants consiste à faire des
erreurs, et des erreurs, et encore des erreurs, jusqu’à ce que nous réussissions. Et si vous avez eu
l’occasion de parler à des gens qui ont réussi, de fait, la chose qu’ils ont presque tous en commun,
c’est qu’ils ont essuyé une centaine d’échecs avant de réussir. Et ce qui les distingue des gens qui
ne réussissent pas, ça n’est pas le fait qu’ils ont réussi, c’est qu’ils ont échoué plus que les autres.
Jose Ferreira : Je ne suis pas certain que les écoles puissent se permettre de dire : “nous devons
nous perfectionner, afin de préparer le plus de gens possible à correspondre à ce système qui
repose sur l’expérimentation.”
Stephen Heppell : C’est inimaginable, dans une société où l’on s’assoit pour passer un examen
en se disant j’espère qu’il n’y aura pas de questions-pièges dans l’énoncé ; pendant que les
professeurs pensent j’espère que je l’ai bien préparé pour tout. Comment cela pourrait-il préparer à
un monde où chaque jour apporte son lot de questions-pièges. Un monde où la surprise est
partout : dans l’économie, dans la société, dans la politique, dans les inventions, dans la
technologie. Chaque jour est une surprise. L’apprentissage nous prépare à faire face aux surprises,
l’éducation nous prépare à faire face aux certitudes. Alors qu’il n’y a pas de certitudes.
Sugata Mitra : Le professeur occupe une place entre l’enfant et l’éducation classique, en
essayant de faire en sorte que l’enfant se confronte au système. Et jusqu’à ce que ce système
s’écroule ou disparaisse, il/elle a un un rôle incroyablement compliqué qui consiste à maintenir la
curiosité de l’enfant éveillée, tout en lui déclarant ; écoute, lorsque tu auras seize ans, tu devras
commencer à mémoriser certaines choses, de manière à ce que tu puisses aller t’asseoir pour
passer un examen, que tu le réussisses et que tu termines ta scolarité correctement.
Seth Godin : Je ne connais personne qui passe d’examen standardisé pour gagner sa vie.
Pourquoi donc utilisons-nous les examens standardisés pour vérifier si vous allez être bons alors
qu’il n’y aura plus d’examens standardisés après que vous l’aurez passé ? Cette façon de faire a
contaminé la totalité de l’écosystème mercatique de l’éducation parce que les universités
renommées le sont parce qu’elles sont extrêmement sélectives au regard des résultats du
Scholastic Aptitude Test (test d’entrée pour les universités Américaines). Les parents veulent que
leurs enfants aillent étudier dans une université renommée. Ils poussent donc les écoles à
formater des élèves qui iront dans ces universités en obtenant de bons scores au SAT, ce qui
dénature totalement les fondements de l’éducation. Si l’on pouvait faire en sorte que les parents,
les enseignants, les enfants et les administrateurs aient cette discussion, qu’ils en parlent entre
eux, qu’ensuite aux conseils d’administration des écoles ou aux réunions décennales les questions
posées ne soient pas quels sont les résultats de vos élèves au SAT ? ; mais qu’on dise plutôt : le SAT
n’a aucun sens, le système d’universités renommées est une escroquerie. On doit créer quelque
chose de différent. Ce débat est possible. Ainsi le cours des choses pourra commencer à changer.
Daphne Koller : Coursera est une société d’entrepreneuriat social qui permet aux meilleurs
universités de partager leurs meilleurs cours afin que n’importe qui autour du monde, dans la
mesure où il possède une connexion internet, puisse jouir de l’accès à une éducation de qualité. À
ce jour, c’est-à-dire fin septembre, on compte un million et demi d’étudiants qui viennent de 196
pays, même si la manière de compter les pays reste un peu discutable. On a 195 cours qui
proviennent de 33 universités. Les cours les plus importants ont 130 000 inscrits, les cours moins
fédérateurs sont suivis seulement par environ 10 000 personnes ; naturellement, ils continuent à
se développer ; la plupart des cours n’a même pas commencé. Une classe moyenne, quand elle est
lancée, est composée d’à peu près 50 ou 60 000 étudiants inscrits. L’ampleur est intéressante
parce qu’elle permet de proposer un produit de grande qualité pour un coût différentiel par
étudiant assez bas, ce qui nous autorise à accepter des gens qui ne peuvent vraiment pas se
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permettre de payer pour l’éducation et ainsi leur fournir une éducation gratuite. Une éducation
gratuite de la plus grande qualité, parce que les coûts par étudiant sont si bas. La pratique, chez
Coursera, c’est que le cours commence à une date donnée, et chaque semaine, l’étudiant a accès à
de nombreuses rubriques. Chaque rubrique est un cours en vidéo, mais une vidéo interactive ;
c’est-à-dire que vous ne restez pas assis là, pendant une heure, à regarder une vidéo, vous avez la
possibilité d’interagir avec la vidéo. Il y a des contrôles rigoureux et significatifs de diverses
catégories ; pas juste des questions à choix multiples, mais des exercices bien réels et approfondis.
Et il y a une communauté d’étudiants avec laquelle interagir, à qui poser des questions, afin
d’obtenir des réponses d’étudiants suivant le même cursus. Ainsi on a un meilleur apprentissage à
travers l’aide réciproque, aussi bien qu’un échange social, de sorte qu’on a une réelle impression
d’appartenir à une communauté d’étudiants autour de cette activité intellectuelle. Les gens nous
demandent souvent si les universités appartiennent désormais au passé, si les universités vont
disparaître… et je pense avec certitude que ce n’est pas le cas. Il y a quelque chose de formidable à
l’idée de réunir des gens dans un endroit où des interactions fortuites peuvent voir le jour. Un
endroit où on peut avoir un tutorat en face-à-face entre un étudiant et un instructeur, où les
étudiants peuvent se parler entre eux, créer ensemble et apprendre à débattre d’idées. Cette
expérience sur un campus physique n’a pour le moment aucun équivalent virtuel effectif. Notre
but ici, et je pense qu’il faut être pragmatique sur ce sujet, n’est pas nécessairement d’ouvrir la
voie, ni de donner un équivalent à des étudiants qui n’ont pas actuellement accès à ce à quoi les
étudiants fortunés de Princeton ont accès. Ce qui serait réellement un but enviable, mais qui n’est
pas forcément quelque chose que nous pouvons accomplir dans un délai aussi court. Ce que nous
aimerions faire, c’est amener ces deux extrêmes à faire considérablement mieux que ce qu’ils
peuvent faire actuellement, même s’ils ne se retrouvent pas égaux en fin de compte. Si nous
améliorons beaucoup les choses, à la fois pour les étudiants du campus, et ceux qui n’y ont pas
accès actuellement accès, je pense que nous aurons fait une chose géniale.
Seth Godin : Alors voyons comment les révolutions fonctionnent. Les révolutions détruisent le
parfait et permettent l’impossible. Elles ne passent jamais d’un coup de “tout va bien” à “tout va
bien”. Il y a beaucoup d’interférences entre les deux. Quand on observe le milieu musical :
l’Internet a d’abord détruit les maisons de disque. Et cela permet seulement maintenant aux
musiciens indépendants d’être entendus.
Jose Ferreira : L’éducation a tendance à évoluer par paliers, donc quand, effectivement, ça
évolue, le changement est explosif. le mouvement qui va d’avant l’imprimerie à après l’imprimerie
est une seule et même transition dans l’Histoire du monde, en termes d’éducation. L’éducation en
ligne va bientôt être ainsi. Et nous voulons être sûrs, en tant qu’espèce, que l’espèce humaine fait
bien les choses.
Daphne Koller : Une des révolutions que nous nous apprêtons à voir est : comment l’éducation
est de moins en moins un pourvoyeur de contenu parce que ça va être une denrée disponible,
espérons-le, elle va être accessible pour tous dans le monde entier. Et une partie beaucoup plus
importante que ce que nous pensions de l’éducation est en route pour revenir aux origines de
l’enseignement. Celle où l’éducateur engage la conversation avec les étudiants et les aide à
développer leurs compétences intellectuelles, leur capacité à la résolution de problèmes, et leur
passion pour la discipline. Le genre de choses qui sont bien plus faciles à faire dans un face à face
et qui sont vraiment très dures à faire avec un format en ligne, mais pour lesquelles l’expérience
des universités, comme nous la connaissons c’est : vous êtes à la bonne place pour ce genre de
développement de compétences.
Seth Godin : Maintenant ce que je veux voir des écoles c’est : amener les enfants à la vouloir.
Créer un environnement où les enfants sont sans repos jusqu’à ce que leur besoin d’informations
soit satisfait.
Sugata Mitra : A chaque fois que j’ai une bonne question, j’obtiens un engagement immédiat. Je
pense qu’un professeur doit rester en arrière et dire quel est le sujet du jour. Ouvrez vos cahiers et
découvrez le vous-mêmes.
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Seth Godin : Ce dont nous avons besoin, ce sont des professeurs qui vont regarder les gens dans
les yeux et qui vont croire en eux, et les pousser à aller de l’avant, et c’est dur de faire ça sur
Internet. Ça doit vraiment être fait en face de la personne.
Stephen Heppell : L’école a décidé d’être meilleure car elle voit les enfants devenir meilleurs. Et
les professeurs… Que dit leur t-shirt ? Il dit : “on est là pour le résultat, pas pour le salaire !” Les
professeurs sont là car ils peuvent voir le changement chez leurs élèves. Si vous ajoutez tous les
enfants de l’histoire du monde, plus d’enfants vont quitter l’école dans les 30 prochaines années
qu’ils ne l’ont fait au cours de toute l’histoire. Si je devais changer une seule chose, j’améliorerais
juste un peu leur éducation. Et ça changerait l’histoire plus que tout le reste.
Original URL:http://www.framablog.org/index.php/post/2012/11/06/the-future-of-learning-vostfr
Il faut voir cette vidéo sur le possible futur de l'apprentissage sous-titré... http://www.readability.com/articles/ez0dnrwh
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Cyborgs
Les ordinateurs, notamment dans leur version portable (tablettes, smartphones, laptops,..) font de nous des humains augmentés, capable d’accéder à la connaissance dans des délais très courts,
L’Internet des objets, aujourd’hui essentiellement concentré dans la domotique ou les transports est en passe de se généraliser et pourra nous suppléer encore plus fortement,
Les progrès technologiques permettront demain des prothèses affordantes,
La médecine peut profiter des aujourd’hui du numérique, notamment pour tout ce qui concerne le suivi médical,
Nous sommes en train de devenir cyborgs
142
de Michel Lévy-ProvençalTous cyborgs ?Par Les Echos | 15/01 | 07:00
L'homme est un cyborg depuis la nuit des temps. Evidemment, pas ce cyborg que les
auteurs de science-fiction fantasment à longueur de romans et de grosses productions
hollywoodiennes ; mais un cyborg plus silencieux, moins visible, bien plus réel. Un cyborg
est un organisme auquel on a ajouté des composants exogènes pour lui permettre de
mieux s'adapter à l'environnement. Vous lisez cet article lunettes sur le nez ?
Littéralement, vous êtes un cyborg. Il existe des cyborgs encore plus évolués, bien sûr,
comme les spationautes ou les champions des jeux paralympiques.
Avec l'avènement des technologies de l'information, l'impact sur l'être n'est plus physique
mais bel et bien cérébral. Le réseau est devenu une extension de notre cerveau. Vous en
doutez ? Pensez à ces notes, ces courriels ou ces listes de tâches stockées dans votre
smartphone, votre ordinateur ou vos serveurs. Si soudainement vous les perdiez,
ne perdriez-vous pas une part de votre mémoire ? Je vous l'accorde, dans le langage
courant, les cyborgs évoquent plutôt ces êtres hybrides, ces monstres dotés de
dispositifs sophistiqués aux facultés physiques et mentales extraordinaires.
Extraordinaires, dites-vous ? Non, les avancées technologiques qui sortent des
laboratoires incitent à penser que ces facultés vont devenir presque banales. A force
d'accélération des évolutions technologiques et avec l'avènement des NBIC
(nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives), la donne
changera à l'horizon 2030-2040. Aujourd'hui, un dispositif de calcul à 1.000 dollars permet
d'atteindre la capacité cognitive d'un insecte, voire d'une souris. Vers 2020, cette
puissance devrait croiser celle du cerveau humain. Que se passera-t-il dix ou vingt ans
plus tard ?
Selon certains scientifiques, nous avons déjà changé d'ère pour entrer dans
l'anthropocène : une nouvelle époque géologique causée par la main de l'homme et non
par les forces naturelles. De la même façon, notre capacité à manipuler le vivant nous
fera-t-elle lentement changer d'espèce ? Nous avons encore quelques années à attendre
pour le savoir...
Michel Lévy-Provençal
Michel Lévy-Provençal est président de TEDxParis et PDG de Joshfire.
A LIRE AUSSI
La douce insouciance européenne
ShareShare
Tous cyborgs ?, Chroniques http://www.lesechos.fr/imprimer.php
Sommes-nous encore autonomes ?Posted By Hubert Guillaud On 19/9/2012 @ 7:00 In Articles,Communicationinterpersonnelle,Confiance et sécurité,Débats,Identité numérique | 8 Comments
A l’heure où l’électronique s’intègre dans presque n’importe quel objet (des voitures aux appareilsélectroménagers, aux vêtements que nous portons…) et se connectent sans fil sur le web, nousentrons dans l’ère de l’internet des objets, explique l’éditorialiste Christine Rosen pour The New
Republic [1]. Un monde où nos interactions quotidiennes avec les objets du quotidien laissent unetrace de données, de la même manière que le font déjà nos activités en ligne. “Avec l’internet desobjets, nous sommes toujours (et souvent sans le savoir) connectés à l’internet, ce qui apportedes avantages évidents en terme d’efficacité et de personnalisation. Mais cela accorde égalementaux technologies de nouveaux pouvoirs, pour nous persuader ou nous obliger à nous comporterde certaines façons.”
“La pratique de la technologie est toujours en avance sur la théorie, c’est pourquoi nos points deréférence culturels en la matière proviennent plus de la science-fiction que de la philosophie”,estime la journaliste. C’est peut-être pourquoi nous sommes dans une illusion persistante sur laneutralité de la technologie. “Si l’on en croit ce raisonnement, nos iPhone et les pages Facebookne sont pas le problème, le problème est de savoir comment nous choisissons de les utiliser. Sil’on suit cette perspective, nous serions toujours autonomes, libres de mettre de côté nostechnologies et de nous livrer à un Sabbat numérique chaque fois que nous le choisissons”.Poutant, comme l’explique le philosophe hollandais Peter-Paul Verbeek [2] (@ppverbeek [3]) dansson dernier livre – Moraliser la technologie : comprendre et concevoir la moralité des objets [4] -,ce n’est déjà plus le cas.
A qui devons-nous attribuer la responsabilité de nos actions ?
Les technologies peuvent ne pas avoir d’esprit ou de conscience, affirme Verbeek, mais elles sontloin d’être neutres. Elles nous “aident à façonner notre existence et les décisions morales quenous prenons, ce qui leur donne indéniablement une dimension morale”. A l’heure où de plus enplus de nos activités sont médiées par la technologie, à qui devons attribuer la responsabilité denos actions ?
S’appuyant sur les théoriciens de la technologie comme Don Ihde (Wikipédia [5]) et Bruno Latour,ainsi que sur les travaux de Michel Foucault, Verbeek propose une approche“postphénoménologique” qui reconnaît que nos actions morales et nos décisions sont devenuesune affaire conjointe entre les humains et les technologies. L’échographie par exemple, expliqueChristine Rosen, a transformé notre expérience de l’enfant à naître. Conçue pour améliorer notreconnaissance médicale, l’échographie a généré involontairement de graves dilemmes moraux.“”Cette technologie n’est pas simplement un moyen fonctionnel pour rendre visible un enfant ànaître”, affirme Verbeek, “elle contribue activement à façonner la manière dont l’enfant à naîtrenous est humainement connu.” Cette expérience est à la fois d’une grande transparence et d’unegrande abstraction. Nous voyons l’enfant comme quelque chose de distinct de sa mère : le ventredevient un “environnement”.”
La technologie modifie fondamentalement non seulement ce que nous voyons, mais aussi laqualité et la quantité des choix qui nous sont proposés. Dans le cas d’une interruption degrossesse par exemple, la technologie joue un rôle actif dans les questions morales et fixedésormais le cadre pour y répondre. Comme demain le décodage par la technologie des signauxnon verbaux dont nous ne sommes pas nécessairement conscients [6], transformera le cadre parlequel nous comprenons le monde.
Nos machines exercent-elles un contrôle sur notre libre arbitre ?
“Que nos machines puissent exercer un contrôle sur notre prise de décision morale est une idéeimpopulaire. Nous aimons nous considérer comme capables d’exercer notre autonomie sur leschoses que nous créons et les actions que nous entreprenons.” Nous voudrions bien pouvoircontinuer à nous accrocher à ce principe des Lumières, mais à une époque où les technologiessont aussi omniprésentes et puissantes que les nôtres, nous devons déplacer la source de lamorale, estime Rosen à la suite de Verbeek. La raison humaine n’en est plus la seule origine.Dans son livre, Signaux honnêtes, Alex Pentland affirmait déjà [7] : “Nous ne ressemblons plusaux êtres idéalisés, aux êtres rationnels imaginés par les philosophes des Lumières. L’idée que
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notre conscience, que la pensée individuelle est le facteur déterminant de notre comportementpeut désormais être considérée aussi folle que la vanité qui nous plaçait avant au centre del’univers.”
En 1997, BJ Fogg [8] (@bjfogg [9]) a inauguré à l’université de Stanford le Laboratoire destechnologies persuasives [10], qui peuvent être vues comme un des modèles de la “moralité desobjets”. Les technologies persuasives prennent aujourd’hui sans cesse de nouvelles formes :applications de téléphones mobiles, podomètres sophistiqués qui utilisent des stratégies familières(comme les simulations ou le “renforcement positif”) pour nous permettre d’atteindre leursobjectifs. Le conditionnement opérant [11] (qui utilise la technique du renforcement positif pourmodifier nos comportements) se manifeste dans nombre de techniques de micropersuasionutilisées par des sites comme Amazon ou eBay ou les classements encouragent un sentiment deconfiance entre utilisateurs, où la personnalisation vous accueille par votre nom, où nombre defonctions vous incite et vous persuade à revenir. Ces technologies savent également prendre desformes moins subtiles et peuvent agir comme des dispositifs de surveillance efficaces, à l’imaged’HyGenius [12] un dispositif pour surveiller si vos employés (notamment dans la restauration oudans les services de santé) se lavent bien les mains.
[13]
Image: BJFrog
présente la “captologie” à la conférence Meet The Media Guru en 2009 [14].
Les technologies persuasives sont plus efficaces, car elles sont persistantes, permettent de gérerde grands volumes d’information et ont une mémoire, estime Christine Rosen. Une journaliste duBoston Magazine qui a utilisé un smartphone pour perdre du poids [15] écrivait ainsi que sontéléphone “est devenu un entraîneur, un coach de vie, et mon confident. Il sait maintenant ce queje mange, comment je dors, combien je dépense, combien je pèse et combien de calories je brûle(ou pas) à la salle de gym chaque jour”.
“La littérature des technologies persuasives utilise autant le langage de la séduction que celui dela persuasion. Ces technologies tentent activement de provoquer en nous une réactionémotionnelle ou comportementale, qui peuvent être une expérience riche pour les personnes quiont besoin de motivation ou d’encouragement. Mais ces technologies dont l’objectif déclaré est lapersuasion interpersonnelle soulèvent également d’importantes questions relatives à la vie privéeet à l’autonomie”, rappelle Christine Rosen.
“Pour comprendre ces défis, Verbeek nous invite à nous tourner vers la conception et l’ingénieriedes objets technologiques eux-mêmes. Comme l’architecture du code a joué dans la créationd’internet pour Lawrence Lessig, Verbeek estime que tous les utilisateurs doivent être plusengagés dans la lutte contre la façon dont ces technologies sont conçues et utilisées.”
Mais Verbeek n’explique pas comment, regrette Rosen. A quoi pourraient ressembler destechnologies développées démocratiquement ? Les utilisateurs mesurent-ils bien l’impact que denombreuses technologies ont sur eux ? Peut-on “cofaçonner” un environnement conçu pard’autres justement pour vous empêcher de l’influencer ? Et ce, alors qu’il devient de plus en plusdifficile de refuser certaines technologies, nous ne pouvons plus toujours décider de nous retirer
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de ces environnements. Comment un travailleur d’un service alimentaire ou médical peut-il“cofaçonner” quelque chose quand son employeur lui délivre un badge qui permet de mesurer lenombre de minutes qu’il a passées à se laver les mains ? Les fabricants de ces technologiessont-ils intéressés aux conséquences morales et psychologiques de leurs créations ?
Sommes-nous conscients de la mesure de soi ?
Verbeek exhorte également les concepteurs de ces technologies à réfléchir sur les conséquencesprévues et imprévues qui sont susceptibles de résulter de l’utilisation de leurs créations. “Maiscomment les techniciens qui fabriquent ces objets pourraient-ils être motivés à construire desgarde-fous éthiques ou à céder le contrôle aux utilisateurs, comme les y encourage Verbeek,alors qu’ils ont jusqu’à présent montré bien peu d’intérêt pour les conséquences involontaires deleurs créations ?”, interroge Christine Rosen, qui estime que la tension est de savoir si l’on veutrendre ces technologies moins ou plus transparentes…
Un contributeur à l’ouvrage le Nouveau quotidien [16], un livre sur l’intelligence ambiante, appelleces technologies de la persuasion les “technologies de dématérialisation” et affirme : “C’estsûrement plus proche de ce que nous voulons : la connaissance, l’excitation, le divertissement,l’éducation, la productivité, le contrat social – sans l’importune proéminence de la technologie quiles délivre.” Comme le partage sans friction de Facebook, les technologies persuasives seront plusconvaincantes lorsque nous ne réaliserons pas que nous les utilisons. Comme la technologie estreléguée au second plan, il en va de même de notre volonté de les questionner. “Moins cestechnologies ressemblent à des biens ordinaires, plus elles sont à l’abri de tout examen.”
Les préoccupations de Verbeek sur la moralité des choses font partie d’un plus vaste débat surnotre libre arbitre à une époque où les découvertes scientifiques et technologiques prétendentoffrir de nouvelles perspectives, estime Christine Rosen. “On nous dit que nos gènes nousdéterminent, que notre cerveau nous contrôle, que les vestiges de notre biologie évolutionnistenous induisent en erreur. “Comment définissons-nous la responsabilité morale quand lesneuroscientifiques affirment que notre inconscient est le principal moteur de notre comportementet que les ingénieurs en logiciel nous rappellent que leurs algorithmes sont supérieurs à notreintuition ?”" Dans ce contexte, la conscience de soi semble mieux assurée par l’analyse dedonnées. La magie informatique paraît une meilleure réponse que la contemplation etl’introspection.
Les données seront-elles notre nouvelle conscience ?
“La technologie a aidé l’homme à contrôler son environnement naturel. Maintenant, elle est la“nature humaine” à laquelle les technologues, en toute confiance, proposent de nous soumettre.Comme le déclare le site web du laboratoire des technologies persuasives de Stanford : “Notreobjectif est d’expliquer clairement la nature humaine et de cartographier les connaissances sur lesnouvelles possibilités de la technologie.”"
“En fait, ces nouvelles technologies séduisent souvent en invoquant quelque chose de beaucoupplus banal : le langage de l’auto-amélioration. C’est peut-être la raison pour laquelle, nousn’avons pas à ce jour, discuté publiquement et sérieusement de leurs conséquences, comme nousl’avons fait sur l’énergie nucléaire. Les technologies actuelles semblent trop banales. Ellessemblent plus susceptibles d’améliorer que de bouleverser nos vies et la plupart d’entre elles nesont pas radicalement utopiques sur la façon dont leur utilisation va transformer ce que signifiel’être humain. Leur objectif comme le décrit Pentland est la création de sociétés sensibles baséessur l’analyse rationnelle des données. Et c’est un message plus attrayant et rassurantqu’effrayant.”
“Nos technologies nous aident à apprivoiser nos appétits pour les calories ou les dépensesexcessives en agissant comme une sorte de conscience externe. Comme Ulysse lui-mêmes’arrimant au mât de son navire pour éviter le chant des sirènes, ces nouveaux programmes etdispositifs visent à contrecarrer nos désirs turbulents. Ils le font non par le renforcement de notrecapacité d’auto-contrôle, mais par son externalisation. Pourquoi méticuleusement compter lespoints Weight Watchers d’un régime quand vous pourriez, dans un avenir proche, programmervotre “maison intelligente” pour verrouiller le réfrigérateur et le garde-manger pour éviter legrignotage de fin de soirée ?”
“Les technologies persuasives et l’intelligence ambiante promettent un monde où le contrôle seraplus efficacement externalisé. Ginger.io [17] est une application pour smartphone qui déclencheune alerte quand il remarque que vous êtes restés à la maison plusieurs jours d’affilés où quevotre activité d’échange en ligne a baissé, en envoyant à votre médecin, à des proches ou à vousmêmes un message pour vous prévenir des premiers signes de la dépression.”
“Il est un fait évident, mais rarement mentionné que l’attribution de l’intelligence dans cesscénarios est toujours le fait des technologies et non des personnes qui les utilisent.
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Contrairement à nous, ils sont susceptibles de devenir “plus intelligents” avec le temps. Lessimulacres algorithmiques de l’empathie humaine sont l’avenir. En fin de compte, le but descréateurs de l’intelligence ambiante, des technologies de persuasion et de l’internet des objetsn’est pas seulement de les rendre plus sensibles au contexte, de s’y adapter, de nous offrir desréponses personnalisées en temps réel, mais de deviner nos besoins futurs (voir La capacitéprédictive de nos systèmes sociotechniques va-t-elle tuer notre libre arbitre ? [18]). Comme uncollaborateur du Nouveau Quotidien le note, finalement ces technologies visent à “anticiper vosdésirs sans médiation consciente”. C’est le summum de l’efficacité : voir ses besoins et désirsprévus et les vicissitudes de futures possibles expériences contrôlées.”
Notre jugement est-il déjà façonné par les algorithmes ?
“Les philosophes doivent-ils suivre cette vision ?”, s’interroge Christine Rosen. “Les êtres humainssont les produits de la technologie tout comme la technologie est un produit des êtres humains”,écrit Verbeek. “Les promoteurs de l’intelligence ambiante et des technologies persuasivessouhaitent identifier, quantifier et tracer tout ce qui concerne l’expérience ordinaire dans l’espoird’améliorer la vie des gens”, souligne Christine Rosen. Mais en externalisant tant d’aspects denotre vie quotidienne à la technologie, nous faisons un choix moral. Nous remplaçons le jugementhumain par des algorithmes programmés qui appliquent leurs propres normes et les normes denotre comportement, habituellement dans le but d’une plus grande efficacité, d’une plus grandeproductivité et d’une vie plus saine.”
“Mais en révélant comment fonctionne la machine humaine, ces technologies sapent une qualitéhumaine cruciale (même si elle est souvent décriée) : la tromperie de soi”, estime ChristineRosen. “Bien sûr, la tromperie de soi est inefficace. Elle pose des problèmes – ce qui expliquepourquoi les technologues voudraient la remplacer par l’apparente honnêteté des données, qui,une fois traitées, promettent de nous connaître mieux que nous-mêmes. Mais être humain estune affaire compliquée. Faire preuve de jugement et de maîtrise de soi, apprendre les normessociales complexes qui signalent un comportement acceptable sont aussi les choses qui nousrendent humains. Nous ne devrions pas avoir besoin ou envie de compter sur un capteur pour lefaire pour nous. Les hypocrisies quotidiennes et les compromis qui rendent la vie supportable(même s’ils ne sont pas toujours honnêtes) sont précisément ce que l’intelligence ambiante et lestechnologies persuasives espèrent éliminer. Le droit de ne pas savoir certaines choses (commec’est le cas des tests génétiques, du droit à l’oubli…) est aussi d’une importance cruciale (si cen’est plus) à notre époque que la poursuite vorace d’information et de transparence.”
En “améliorant” qu’allons-nous perturber ?
“Or, Verbeek est d’accord avec les technologues pour dire que la tromperie de soi est intéressanteà contrôler ou à éliminer”. Ce qui n’est pas si sûr, estime Christine Rosen. “Il ne s’intéresse pasnon plus à une question plus large : est-ce parce que nous pouvons faire quelque chose que nousdevrions le faire ? Si quelque chose est possible, est-elle pour autant souhaitable ? Dans The
Demon Forlorn, le poète Allen Tate [19] déclare : “Nous ne pouvons plus demander “est-ce juste?”. Nous demandons : “est-ce que cela fonctionne ?”"
“Dans notre engagement avec la technologie, nous devrions passer plus de temps à répondre à lapremière question, alors que nous vivons des vies toujours plus médiatées qui nous demandentsans relâche une réponse à la seconde”, conclut Christine Rosen.
La technologie doit-elle nous aider à mieux comprendre les relations interpersonnelles ? Doit-ellenous aider à les “améliorer” ? Et en les améliorant, qu’allons-nous perturber ? Si demain noussommes plus conscients des signaux non verbaux que nous échangeons de manière souventinconsciente, qu’est-ce que cela va modifier dans nos interactions sociales ? Cela va-t-il juste“améliorer l’efficacité de nos échanges” ? Changer nos relations sociales ? En s’immisçant toujoursplus intimement, les technologies se proposent de changer notre rapport aux autres et ànous-mêmes… Sauf qu’on a tendance à ne vouloir en voir que le côté positif, pas les dégâts queces changements vont produire.
Hubert Guillaud
8 Comments To "Sommes-nous encore autonomes ?"
#1 Comment By fm On 19/9/2012 @ 9:01
Algorithmes, données, computation,… tout cela n’est pas simple.
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electriclove.info
Les outils technologiques électroniques que nous possédons dans nos maisons sont d’une telle
sophistication qu’ils peuvent rendre des services insoupçonnés, dont les scientifiques n’osaient
même pas rêver il y a moins d’une décennie.
C’est le cas de l’iPad, dont la caméra est si sensible qu’un logiciel peut en interpréter les images
pour déterminer le rythme cardiaque d’un individu et sa fréquence respiratoire.
Vital Signs de Philips
La société néerlandaise Philips, qui
possède une forte expertise des
systèmes d’imageries médicales
professionnelles, vient de rendre
disponible une application de ce type
pour le grand public.
Elle se prénomme Vital Signs et il ne
vous en coûtera que 0,79 euros pour
pouvoir vérifier en quelques secondes
votre pouls, et l’envoyer via Facebook à tous vos amis !
Cela peut paraître un peu gadget aujourd’hui, mais on peut imaginer les futures applications d’une
telle technologie, par exemple pour la surveillance à distance des personnes âgées isolées. Il
suffirait d’une webcam pour s’assurer que votre grand-mère cardiaque va bien, et en cas d’alerte
des secours pourrait être immédiatement dépêchés sur place.
C’est bien l’objectif du groupe néerlandais, qui cherche à commercialiser des licences d’utilisation
de cette technologie. La version iPad n’est donc qu’un début.
Remonter à la source :
Vital Signs Camera App of Philips
Original URL:http://www.electriclove.info/2011/big-brother-veille-sur-votre-sante/
Big Brother veille sur votre santé — www.electriclove.info — Readability http://www.readability.com/articles/kzo34ihz
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McKinsey Quarterly / Rédaction / October 12th, 2011
SYNDICATED FROMMcKinsey Quarterly
health and medical research technology adoption
Avec le vieillissement de la population et la transformation de pathologies aiguës en maladieschroniques, le nombre de patients va grandissant. La dernière génération d'appareilsmédicaux pourrait aider à les soigner à domicile plutôt que de les envoyer dans desétablissements spécialisés. Cela représenterait des économies substantielles pour les systèmesde santé publique. Pourtant, ce marché est loin d'avoir exprimé tout son potentiel.
Prenons l’exemple des Etats-Unis. Les soins à domicile y représentent environ 3% desdépenses de santé du pays, soit 68 milliards de dollars par an. Le marché progresse d’environ9% par an: une croissance solide mais sans être remarquable, d’autant que la main d’œuvre –principalement des infirmières et des auxiliaires de vie – représente environ les deux tiers desdépenses, et que la surveillance à domicile n’en représente qu’une toute petite partie. Cedéveloppement relativement modéré du marché s’explique par un nombre significatifd’obstacles financiers et opérationnels: non alignement des organismes fournisseurs etpayeurs, nécessité de repenser la proposition de valeur clinique, et d’imaginer des produitsattractifs et facilement utilisables par les patients.
Les nouvelles technologies jouent un rôle central dans l’expansion du marché des soins àdomicile. Historiquement, la majeure partie des équipements de santé à domicile secomposait de matériel médical durable: déambulateurs, fauteuils roulants, barres murales,tapis de sécurité etc. Ces équipements ont rendu possibles les soins à domicile de base, maisne pouvaient se substituer à des centres de soins spécialisés aux capacités bien plussophistiquées, comme la présence d’infirmières de garde dans les établissements de longuedurée. Ces dernières années, cependant, de nouvelles technologies ont fait leur apparition etpeuvent permettre d’introduire des soins de pointe au cœur même des foyers des patients, quece soit par des moniteurs connectés à Internet, des applications médicales sur téléphonesmobile, ou encore la télémédecine. L’usage de ces technologies se développe chaque jour àtravers le monde.
L’utilisation des technologies du maintien à domicile ouvre des perspectives prometteusespour ralentir la progression des dépenses de santé. Néanmoins, bien au-delà de l’aspectéconomique, le principal apport des soins à domicile est de permettre aux plus âgés de vivre lapériode de soins au sein de leur propre foyer, ce qui leur procure souvent, ainsi qu’à leursproches, un bénéfice moral. Parmi les conditions de succès d’un tel dispositif, les acteurs dusecteur doivent développer des modèles de remboursement plus équitables, afin qu’il y ait desincitations à contribuer au développement du marché. Les fabricants d’appareils médicauxdoivent pour leur part se concentrer sur des technologies faciles d’utilisation, avec un impact
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réel et mesurable sur l’état des patients.
Toutes les parties prenantes, fabricants d’équipements médicaux, assureurs, médecins,hôpitaux, régulateurs, doivent avoir une vision claire de ces enjeux afin d’optimiserl’investissement dans les soins à domicile. La croissance de ce marché, tant à l’échelle localequ’internationale, représente une opportunité pour tous les acteurs.
Les bénéfices de l’utilisation des technologies de pointeL’objectif des technologies du maintien à domicile – fourniture de diagnostics ou de thérapiesau domicile du patient – est de prévenir ou de réduire le besoin de soins au seind’établissements spécialisés, permettant ainsi d’alléger la charge financière, mais surtoutaffective et morale qu’ils impliquent pour le patient et son entourage. Leur efficacité découledu fait que certaines maladies chroniques, notamment, sont mieux traitées par la surveillanceet par des interventions à domicile, plutôt que dans des environnements spécialisés.
Bien sûr, le segment des plus de 65 ans constitue le gros de la population des soins à domicileet alimente la croissance du marché. L’expérience des soins vécue par cette population passeprincipalement par quatre environnements: leur résidence, les maisons de retraite, lesétablissements de soins intensifs (les hôpitaux) et les établissements consacrés à la prise encharge de longue durée, tels que les maisons de repos, avec infirmiers de garde, ou lesétablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD en France).Habituellement, les patients passent d’un établissement à un autre en fonction de facteurscliniques ou économiques. En effet, passer de son foyer à un espace consacré à l’aide à lapersonne, comme une maison de repos, est typiquement lié à une baisse progressive descapacités cognitives ou physiques; passer de chez soi ou d’une maison de repos à un lieu deconvalescence active est généralement dû à un événement accidentel, comme une fracture ouune crise cardiaque; enfin, passer de chez soi, d’une maison de repos ou d’un centre de soinsactifs à un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes est souvent lié àune difficulté clinique ou financière (par exemple, un diagnostic de démence sénile ou autremaladie chronique, ou une insolvabilité).
Le principal intérêt des soins high tech à domicile est de prévenir ou retarder le moment oùles patients glissent vers un stade de médicalisation intensive ou de longue durée. Bien sûr, lestechnologies utilisées dans les soins à domicile ne peuvent pas couvrir tous les facteurspouvant conduire à de telles situations – par exemple, un traumatisme dû à un accident devoiture échappe à leur champ d’action. Les pathologies susceptibles d’être traitées avec succèspar une médicalisation technologique à domicile répondent à trois critères:. elles sont chroniques et durent plusieurs années (plutôt que quelques jours ou quelquesmois);. elles peuvent être prévenues ou traitées par des protocoles faciles à suivre et à reproduire,via des instructions étape par étape, pour que des personnes n’appartenant pas au corpsmédical puissent accomplir les bons gestes;. elles ne sont pas de nature intensive (elles ne nécessitent pas une attention ou unesurveillance humaine 24 heures sur 24).
Le diabète, l’hypertension, l’insuffisance cardiaque congestive, les maladies pulmonairesobstructives chroniques tout comme la prévention des fractures sont des pathologies à forteprévalence qui répondent à ces critères: les soins à domicile de pointe sont particulièrementadaptés dans ces cas.
Choisir le bon modèle économiqueAux Etats-Unis, les technologies de maintien à domicile n’ont jusqu’ici été adoptées avec
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succès que dans quelques environnements spécifiques: les systèmes intégrés d’acheteurs etfournisseurs tels que Kaiser Permanente (à travers sa filiale KP OnCall) et les centresmédicaux du ministère américain des Anciens Combattants (US Department of VeteransAffairs), à travers son programme Care Coordination/Home Telehealth. Or l’intérêt de cesprogrammes est de plus en plus reconnu: une étude menée en 2008 pour évaluer Telehealth arévélé que les hospitalisations avaient diminué de près d’un cinquième grâce à ce programme,alors que son coût était jusqu’à deux fois moins élevé que celui des alternatives.
Au vu du gisement d’économies qu’elles représentent, pourquoi le recours aux technologies dumaintien à domicile est-il si peu répandu? Nous avons identifié huit facteurs de succès,pouvant être regroupés en trois catégories. Ces huit facteurs doivent être réunissimultanément pour qu’un modèle soit économiquement viable. Les nouveaux entrants sur lemarché des technologies du maintien à domicile ont tout intérêt à porter un regard critiquesur leur offre, afin de vérifier que ces conditions font partie intégrante de leur modèle.
Les conditions financières1. L’alignement des fournisseurs de soins et les organismes payeurs. Les remboursementsd’hospitalisations épisodiques pour des patients souffrant d’insuffisance cardiaque congestive,par exemple, ne sont pas alignés avec ceux des programmes de soins high tech à domicilegérés depuis l’hôpital: chaque patient que l’on peut maintenir à domicile génère donc moinsde revenus pour les hôpitaux. Une raison essentielle de la réussite du modèle intégré payeurs-fournisseurs (tels que celui du US Department of Veterans Affairs) dans la médicalisation hightech à domicile est leur modèle de remboursement par capitation – l’indexation est calculéepar patient et par an – de sorte que chaque patient qui évite l’hospitalisation représente unbénéfice global.
Les parties prenantes, notamment les payeurs et les fournisseurs, doivent coopérer pours’assurer que les incitations à recourir aux technologies appropriées sont alignées. Celaimplique soit de créer de nouveaux modèles de remboursement, comme subventionnerdirectement l’utilisation de technologies médicales à domicile, soit d’adapter des modèlesexistants, avec par exemple des remboursements groupés couvrant un ensemble completd’activités cliniques à travers divers centres de soins.
2. Le rapport coût – utilité. Le retour sur investissement des technologies de soins à domiciledoit être clair pour les patients et, lorsqu’il ne s’agit pas d’eux-mêmes, pour les organismespayeurs. Par exemple, les logiciels personnels de suivi de santé destinés aux patientsindividuels restent impopulaires parce que chaque utilisateur doit renseigner manuellementun grand nombre d’informations, alors même que les bénéfices qu’il en tire restent ambigus. Al’inverse, si les glucomètres personnels, qui mesurent la concentration de sucre dans le sang,ont connu un franc succès, c’est parce que l’utilité qu’ils apportent au patient est évidente etimmédiate.
Facteurs d’efficacité3. Un impact significatif. Une technologie de soins à domicile doit faire pencher la balancedans l’évolution clinique d’un patient médicalisé; si, à l’inverse, elle se contente de fournir desinformations qui ne peuvent changer le cours de la maladie ou la progression du traitement, savaleur est négligeable. La surveillance du poids d’un patient souffrant d’insuffisance cardiaquecongestive, par exemple, alertera très efficacement les cliniciens d’une aggravation imminentede cette pathologie. En revanche l’interprétation qu’on fera à la maison n’est en rien utile siune nouvelle douleur thoracique survient chez un patient en convalescence de crisecardiaque: dans ce cas, la seule marche à suivre reste de se rendre à l’hôpital.
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4. Une fonction d’activation. La simple observation ou le signalement d’un événement n’est passuffisant: toute technologie de soins à domicile doit être accompagnée d’une possibilitéd’action – que ce soit celle d’un dispositif, d’une infirmière ou du patient lui-même –lorsqu’une intervention est nécessaire. Si en effet l’intervention d’une infirmière provoquéepar une prise de poids alarmante chez un patient en insuffisance cardiaque congestive est uneaction efficace, l’affichage d’une page Web autonome indiquant la récente prise de poids d’unpatient tout en le laissant ce dernier seul juge du diagnostic est évidemment inefficace.
5. Le rapport au temps. Les technologies des soins à domicile doivent être suffisammentrapides et fiables pour guider la prise de décisions ou déclencher une intervention. Unaccéléromètre porté en permanence, par exemple, détectera rapidement une chute; enrevanche, cette capacité échappera à l’appel téléphonique quotidien automatisé qui vérifie siun patient est tombé chez lui.
6. Le fonctionnement en boucle fermée. Une technologie doit contenir une boucle derétroaction fermée, afin de pouvoir mesurer des progrès par rapport aux objectifs et devérifier si des actions efficaces ou des traitements ont réellement eu lieu. Sans cettedimension, la valeur réelle d’une technologie ne peut être ni démontrée, ni mesurée, nioptimisée. Une technologie qui, par le biais d’un appareil porté sur soi, fait remonter del’information sur les activités physiques d’un patient en convalescence directement vers ledossier médical cybernétique d’un fournisseur fonctionne donc en circuit fermé. A l’inverse,une technologie qui renseigne ce même niveau d’activité physique d’un patient dans unsystème, cette fois-ci extérieur et nécessitant une authentification électronique indépendantepour le fournisseur, fonctionne, elle, en protocole ouvert. En l’absence d’un processusininterrompu, la remontée d’informations peut être négligée ou non détectée du fait de ladiscontinuité des données. Pour remplir les critères d’un processus en boucle fermée, unetechnologie de soins à domicile doit être très étroitement associée à des processus et des outilsgarantissant que les mesures atteignent bien leurs destinataires en temps réel, et sur un modeaisément visualisable.
Facteurs d’accessibilité7. Fonctionnalité. Les technologies doivent être fonctionnelles et compréhensibles pour lesutilisateurs au bon endroit et au bon moment; une interface utilisateurs mal conçue ou unappareil que l’on ne peut déplacer peuvent rendre un équipement inutilisable. Par exemple,un tensiomètre sans fil porté chez soi est immédiatement accessible, tandis que le tensiomètresur socle d’une pharmacie de quartier l’est nettement moins. En outre, si une technologie n’aété testée que sur des populations spécifiques, ou dans des conditions particulières (commeles essais cliniques), il est capital de vérifier qu’elle pourra être transposée à plus grandeéchelle et dans des conditions réelles.
8. Répétition. Une technologie doit être utilisée fréquemment, en principe au moins une foispar jour, tout au long d’une maladie chronique, les technologies utilisées trop peu souvent neparvenant pas à susciter des habitudes nouvelles chez les usagers à domicile, et finissent parêtre oubliées ou ignorées. Se peser sur une balance électronique est un geste facile à répéterjour après jour lorsqu’on souffre d’insuffisance cardiaque congestive. En revanche, un appareileffectuant une seule fois par an un examen de l’œil pour des patients diabétiques a une utilitétrop intermittente pour justifier un usage domestique.
Ce que l’avenir nous réserveLes années à venir verront vraisemblablement des changements significatifs dans le domainede la médicalisation high tech à domicile. Pour que celle-ci soit plus largement adoptée, deuxfacteurs sont décisifs.
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La réforme des systèmes de santé. Dans une période de tensions budgétaires générales, il estpeu probable d’imaginer une augmentation de la couverture des soins à domicile. Le Bureaudu Budget du Congrès américain estime par exemple que le Affordable Care Act de 2010 vareprésenter une économie cumulée de 39,7 milliards de dollars au cours de la prochainedécennie sur les remboursements fédéraux des soins à domicile. Les payeurs, quant à eux,vont probablement se tourner vers des formes de paiement par tête plutôt que par service, etvers des modèles à risques mutualisés, dans l’espoir d’inciter les fournisseurs à subventionnerles équipements technologiques et les services de soins à domicile.
Des intérêts divergents entre payeurs et bénéficiaires constituent un frein important audéveloppement des technologies de soins à domicile. Les patients ne seront susceptibles d’enbénéficier qu’à condition que les efforts de réforme parviennent à accélérer une synergie entreincitations, par exemple, à travers la création d’organismes de soins vérifiables (AccountableCare Organizations ou ACO aux Etats-Unis, des groupes de prestataires de soins coordonnés)ou à travers des paiements groupés entre organismes payeurs et prestataires. La diffusion destechnologies de médicalisation à domicile dépend directement de cette concertation, car lesfilières qui reposent sur une main-d’œuvre qualifiée de personnel médical – pharmaciens,infirmières et médecins – sont les plus vulnérables en matière d’emploi face audéveloppement prochain des technologies de soins à domicile.
Un accroissement des bases des données disponibles. Alors que plusieurs programmes pilotesde soins à domicile technologiquement assistés ont été lancés au cours de la dernièredécennie, les données se sont accumulées sur la valeur clinique et les retours surinvestissement. Dans certains cas, les programmes pilotes de soins technologiques à domicileont connu un succès incontestable; dans d’autres, ils n’ont pas su faire leurs preuves.
Alors que la fraude reste un sujet de préoccupation majeur (le contrôleur général duGovernment Accountability Office américain a estimé à près de 48 milliards de dollars lesdemandes d’indemnisation irrégulières remboursées par le programme de santé Medicarepour l’exercice 2010, y compris les dépenses d’oxygénothérapie et autres demandes liées auxsoins à domicile), le développement de ces technologies pourrait servir la lutte contre lafraude.
Nous voyons dans les soins à domicile technologiquement assistés un potentiel dedéveloppement significatif. En effet, la charge combinée du vieillissement de la population etla progression des maladies chroniques annoncent un marché important et voué à sedévelopper. Pour cela, les parties prenantes doivent désormais trouver les bons modèles deremboursement et s’assurer que les technologies qui arrivent sur le marché font vraiment ladifférence, tant pour le patient qu’en fonction des objectifs de résultats.
——Basel Kayyali est directeur associé au bureau de McKinsey New Jersey, où Zeb Kimmel estconsultant et Steve Van Kuiken, directeur associé senior. Les auteurs tiennent à souligner lacontribution de Bob Kocher, Jeffrey Lewis, et Arsalan Tavakoli-Shiraji pour l’élaboration decet article.
Cet article a été publié à l’origine en anglais dans le McKinsey Quarterly Review,www.mckinseyquarterly.com. Copyright McKinsey & Company. Tous droits réservés. Traduitet republié sur autorisation.
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presse-citron.net
by KEVIN
Vendredi 18 mai
Robots - 18 mai 2012 :: 07:00 :: Par Kevin
Cathy Hutchinson, tétraplégique de 58 ans, a pu déguster un café par elle-même, comme bon lui semblait ou plutôt…
comme elle le voulait. En effet, malgré sa paralysie, elle a contrôlé un bras-robot par la pensée.
C’est un petit séisme pour le monde de la science, une bouffée d’espoir pour des millions de personnes. Après des
années de recherche, l’Université Brown (en collaboration avec le Département américain des Anciens conbattants)
vient de publier dans le magazine Nature du 16 mai dernier les fruits de leur travail, qui s’avèrent la plus grande
avancée neuroprosthétique jamais réalisée.
En 2004, la même équipe de chercheurs avait permis à un homme de déplacer un curseur de souris par la pensée
(expérience semblable au système Brindisys). L’exploit de Cathy Hutchinson de porter un verre à sa bouche réside
dans le fait d’avoir fait bouger le bras-robot dans l’espace, et non plus « en 2D », sur un écran. Le mouvement a été
généré par les signaux de son cerveau, lesquels, après avoir été captés par une micro-puce implantée, étaient traduits
dans un langage que la neuroprothèse pouvait interpréter.
Cette expérience est donc une ligne de plus à ajouter à l’aventure cybernétique, dans laquelle l’éthique vient de plus en
plus se frotter aux prouesses technologiques et humaines. Encore récemment, une femme paralysée des membres
inférieurs parvenait à terminer une course de 42 kilomètres à l’aide de « jambes bioniques. »
Leigh Hochberg (le neurologiste à la tête de cette étude), lui, est formel :
Et John Donoghue, neurobiologiste également, d’ajouter :
« Quand cette femme victime d’un AVC a réussi à atteindre ce thermos plein de café et l’a mis à sa
bouche, pour ensuite le reposer à sa place, le sourire sur son visage était significatif. »
« Nous aurons vraiment atteint nos objectifs lorsque quelqu’un qui a perdu sa mobilité [...] pourra
interagir pleinement avec son environnement sans que personne ne sache qu’il emploie une
interface cerveau-ordinateur. [Dans] moins d’une décennie. »
Diriger un bras robotisé par la pensée, c’est possible ! — www.presse-c... http://www.readability.com/articles/w7bndhnr
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sanscontact.wordpress.com
DEC. 13, 2012
Objets connectés
La conférence LeWeb 2012 a eu le mérite de
mettre sur le devant de la scène médiatique le
sujet de l‘Internet des objets. La radio, la
presse écrite, les blogs se sont emparés du sujet et
ont relaté les différents produits et objets de la
conférence. Dans ce flot d’enthousiasme, certains
chroniqueurs sont restés sceptiques, ne voyant
dans ces objets connectés que gadgets de geek,
sans utilité réelle.
Les objets communicants ne sont pas nouveaux. Le concept de Communicator de Star Trek n’est
pas très différent de nos smartphones actuels et la tablette TV utilisée dans 2001 l’Odyssée de
l’Espace ou le Guide du Routard Intergalactique ne sont pas très éloignés de nos tablettes. Ces
objets ont bien sûr depuis longtemps dépassés le stade de gadgets pour devenir indispensables.
Dans l’internet des objets, l’objet connecté le plus connu est certainement le Nabaztag, le premier
lapin connecté et première star médiatique de l’industrie. Nous avons également le réfrigérateur
connecté à Internet qui se remplit tout seul en passant commande de ce qui manque et plus
récemment la machine à laver se programmant également toute seule en reconnaissant le type de
vêtements introduits dans son tambour. Il existe même un produit commercial permettant
d’appairer correctement des « chaussettes dites intelligentes » taguées grâce à une application
iPhone. Ces produits marquent les esprits, les média et les conférences mais on peut douter de leur
utilité réelle.
Sur la conférence, parmi les objets connectés présentés, il y avait le pèse-personne connecté
Withings, Nest, un thermostat « intelligent », Muse, un bandeau « intelligent », Fitbit, un autre
pèse-personne Wi-Fi et autres coachs électroniques et LifX des ampoules connectées. Certains
d’entre eux comme les balances de Withings ou Fitbit, sont plus du ressort du « soi quantifié« ,
utilisant des capteurs pour capturer des données personnelles pour diverses raisons comme
l’amélioration des performances ou le suivi d’un régime alimentaire. Chacun de ses produits a
potentiellement son marché et son utilité.
Réseaux de capteurs (c) Inria
Ceci dit, comme nous l’avons déjà écrit sur ce blog,
l’Internet des objets sera multiple et donc cet internet
des objets, c’est bien plus que ces quelques objets
connectés, en particulier dans le domaine de la santé et
de l’écologie. Ce sont :
des améliorations de notre environnement (air /eau) grâce à des mesures de pollution
précises, localisées et économiques permises par de nouveaux capteurs de pollution, –
Waspmote de Libellium – Citoyens Capteurs
des arrosages de champs parfaitement dosés grâce à des capteurs d’humidité ce qui va
L'internet des objets sera bien plus sociétal qu'individuel — sanscontac... http://www.readability.com/articles/j1aklnnd
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entrainer une utilisation plus efficicace d’une ressource de plus en plus rare,
des incendies qui vont être maitrisés parce que l’alerte sera donnée à temps avec des capteurs
de fumée disposés aux endroits stratégiques,
des éruptions volcaniques détectées à temps grâce à des réseaux de capteurs déposés sur les
flancs du volcans (voir schéma ci-dessus et article),
des ponts et des bâtiments réparés voire évacués à temps parce que des capteurs auront
mesuré des faiblesses ou des défaillances dans les structures, (voir schéma ci-dessous et
article)
des accidents de la circulation évitées parce que les voitures connectées comme la « Google
car » seront plus attentives que nous le sommes,
de l’énergie économisée dans les consommations de chacun d’entre nous, à la maison ou au
bureau, d’eau, d’électricité, de gaz grâce au smartmeters, compteurs intelligents comme Linky,
des poches de sang dont l’intégrité sera garantie grâce à des capteurs de température et que le
chirurgien pourra donc utiliser avec confiance,
des médicaments dont l’authenticité et l’efficacité seront garantis par des puces RFID,
des enfants sauvés dans les contrées les plus pauvres et les plus reculées grâce à des mobiles
équipés de « testeurs » médicaux qui permettront de diagnostiquer plus rapidement et donc
agir.
Pont intelligent (c) Bloomberg
On peut même imaginer des capteurs qui, installés dans
nos corps, mesureront les taux vitaux de nos
organismes et préviendront notre médecin traitant à
temps pour des traitements plus légers et plus efficaces.
Sur ce dernier point, à tous ceux qui en lisant ces lignes ont pensé, « Quel cauchemar, jamais une
puce en moi« , nous rappellerons que des millions de personnes vivent plus longtemps grâce à des
stimulateurs cardiaques ou pacemakers, objets électroniques avec pile et sonde, implantés dans
leur corps.
Tous les projets ci-dessus existent ou sont en cours de déploiement. C’est cela aussi l’internet des
objets, pas simplement des objets connectés à usage personnel comme présentés à la conférence
LeWeb (1), mais des produits au service de tous sur la planète. Des millions de vies vont être
améliorées, prolongées et sauvées grâce à un ensemble de technologies rassemblées sous ce terme.
L’internet des objets est et sera personnel et commercial mais comprendra une dimension
sociétale et planétaire, dans les domaines de la santé et de l’écologie, dimension qui est la vraie
raison de l’importance de son déploiement.
A suivre
Pierre Métivier
(1) En plus des objets cités précédemment, il y avait, à la conférence LeWeb, au moins deux sociétés
qui participent à cet internet des objets plus global, sen.se et Sigfox dont nous avons déjà parlées
dans ce blog
Pour aller plus loin
Livre
Comptes rendus – Le Web 2012
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L'internet des objets sera bien plus sociétal qu'individuel — sanscontac... http://www.readability.com/articles/j1aklnnd
“Quand les produits communiquent“, ou le retour du frigo RFIDPosted By Jean-Marc Manach On 6/11/2006 @ 15:49 In Brèves,eBusiness,Economie etmarchés,Rfid,Services | 1 Comment
Depuis septembre, vingt familles danoises reçoivent chaque semaine un panier ménager dont laparticularité est que tous les aliments sont dotés de puces RFID. Le projet, intitulé Helpful Food ofthe Future [1] (l’alimentation utile du futur), est financé par le ministère des sciences ettechnologies danois, et géré par l’Innovation Lab [2].
Son objectif : créer un lien direct entre le producteur et le consommateur, offrir des services etinformations que ni les intermédiaires, ni les emballages, ne peuvent fournir, et leur permettre,par le biais de l’internet ou de SMS, de “pouvoir, à tout moment, communiquer [3] avec leurréfrigérateur“.
Les producteurs pourront ainsi obtenir une traçabilité totale de leurs produits, et lesconsommateurs connaître dans les détails le trajet suivi “de la ferme à leur table“. Ils accèdent àune documentation complète concernant les labels, autorisations et contrôles sanitaires afférents(encore que le projet ne précise pas si producteurs et consommateurs ont accès aux mêmesinformations et si la transparence va dans les deux sens).
[4]
Outre des recettes de cuisine et des informations plus précises sur les valeurs nutritionnelles, lesparticuliers pourront également être alertés des dates de péremption de la bouteille de lait, dumoment le plus opportun pour faire cuire leur steack, des risques d’allergies et rappels deproduits.
Les consommateurs pourront également se servir de l’etiquette du produit pour envoyer un“feedback” aux producteurs, qui, de leur côté, pourront en profiter pour leur faire des suggestionsd’achat, ou encore co-gérer leurs listes de course. Au final, c’est toute la chaîne traditionnelle dedistribution des biens de consommation qui s’en trouve raccourcie, permettant à ces deux acteursde ne plus dépendre des intermédiaires.
Voir aussi, sur ces mêmes sujets :. La maison du futur et les nanotechnologies [5]
. Adam Greenfield : l’informatique ambiante, “objet social involontaire” [6]
. L’internet ambiant au défi du réel [7]
. Sun teste la maison Internet à haut débit [8]
1 Comment To "“Quand les produits communiquent“, ou le retour dufrigo RFID"
#1 Comment By polus On 6/11/2006 @ 22:29
InternetActu.net » “Quand les produits communiquent“, ou le retour du f... http://www.internetactu.net/2006/11/06/quand-les-produits-communique...
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Amateurs
« Les quidams ont conquis Internet »
Patrice Flichy
• artistes en herbe
• fans
• malades
• business angels du dimanche
• bricoleurs
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rslnmag.fr
NOV. 22, 2010
(Visuel : L'extension des « espaces de réception créatrice » : quand les fans détournent les
productions manga Naruto, via la pratique du cosplay).
Et si on laissait de côté, quelques minutes, la discussion sur la qualité des contributions des
non-professionnels en ligne pour mieux comprendre les ressorts qui les poussent à participer ?
Voilà la proposition, simple, formulée par Patrice Flichy, professeur de sociologie à
l’université Paris-Est Marne-la-Vallée et directeur de la revue Réseaux, dans Le sacre de
l’amateur, publié en novembre 2010, dans la collection La République des Idées (éd. Le Seuil).
Elle lui permet d'examiner cette question dans des perspectives plus lointaines, et, surtout,
détachées des habituelles passions entretenues par les inconditionnels de l’UGC - comme de de
ses contempteurs.
Nous vous proposons un passage en revue de quelques-uns des points abordés dans son
ouvrage par Patrice Flichy, sorte de mise en bouche avant la rencontre que nous organisons, ce
mardi 23 novembre chez Microsoft, dans le cadre des Rencontres RSLN, avec Andrew Keen.
– Les postulats de départ –
Oublié le débat blogueurs vs journalistes, dépassé celui du Wikipédia vs Britannica,
ringardisé celui techtoc.tv vs A vous de juger (au hasard) : Patrice Flichy ne cherche pas à
apporter une pierre de plus au débat révolution vs contre-révolution numérique. Le constat, de
toute façon, est posé dès les premières lignes : « Les quidams ont conquis Internet », écrit Patrice
Flichy.
C’est donc uniquement de l’évolution des pratiques amateurs dont il est question dans
REGARDS SUR LE NUMERIQUE | Qui sont donc les amateurs : l'analy... http://www.readability.com/articles/2vws0yhk
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l’ouvrage. Soient celles comprises dans un espace que Flichy définit avant tout en creux, comme
un « entre-deux » :
« Le monde l’amateur que j’étudie dans ce livre est moins celui du mélange que celui de
l’entre-deux. L’amateur se tient à mi-chemin de l’homme ordinaire et du professionnel, entre le
profane et le virtuose, l’ignorant et le savant, le citoyen et l’homme politique »
Et Internet, dans son ouvrage, tient plus de l’outil que de l’objet mythifié, paré d’a
priori positivistes :
« Internet facilite cet entre-deux : il fournit à l’amateur des outils, des prises, des voies de passage.
[…] Sur Internet, l’amateur peut non seulement acquérir des compétences, mais aussi les mettre en
œuvre sous différentes formes.».
Ces deux définitions posées, la « filiation » intellectuelle revendiquée de Flichy sur la question
s’écarte logiquement des thèses développées par « les prophètes du web 2.0 », pour se situer en
complément « des penseurs qui se sont intéressés aux compétences ordinaires de tout un chacun ».
Et Flichy de citer notamment Richard Sennett (en photo ci-dessus), sociologue
américain contemporain, enseignant à la LSE, et fervent pratiquant des récits de vie - voir une très
bonne présentation de son dernier ouvrage « Ce que sait la Main. La culture de l’artisanat », sur le
blog homo-numericus.
Patrice Flichy étudie successivement les évolutions des pratiques amateurs dans trois
domaines : les arts, la chose publique, et la connaissance. Son travail est nourri d’exemples
concrets, principalement piochés dans des travaux de mémoire d’étudiants qu’il a manifestement
dirigés (honnêteté à saluer en ces temps où le copier-coller universitaire semble progresser
!) : la lecture est du coup agréable, concrète. Nous reprenons cette structure en vous proposant un
exemple - tiré de l'ouvrage - pour chacun des chapitres.
– Les arts –
Un mot revient à plusieurs reprises dans ce chapitre pour présenter les possibilités
offertes au public des amateurs par le numérique : le « braconnage ». Ce terme n’est pas à
entendre en tant que déviance à la règle, au droit, mais dans un sens bien plus large. Celui de la
marge de « réception créatrice » dont dispose l’amateur, qui, au passage, gagne un nouveau titre : «
fan ».
Car, entre modèle économique et pur effort de conceptualisation, Internet semble
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présenter une vertu clef aux yeux de Flichy : celui d’une extension de cet « espace de réception
créatrice » :
« L’ère numérique remet en cause le fonctionnement de la culture populaire industrielle, qui
imposait que l’œuvre soit consommée sous la forme choisie par l’éditeur. Les fans retrouvent, au
contraire, les pratiques de la culture préindustrielle où les contes pouvaient être réappropriés en
permanence par les auditeurs et les lectures. Ainsi, le remix n’appartient plus à l’éditeur, mais au
fan. Celui-ci ne prend pas seulement plaisir à consommer, mais à lire, écouter ou regarder comme
bon lui semble. »
C'est dans ce chapitre que le texte de Flichy se confronte le plus aux analyses
sociologiques traditionnelles. Ainsi, Flichy soutient-il que le numérique remet en cause l’analyse
sociologique classique du fan, basée sur une grille de lecture « bourdieusienne ». Soit celle,
largement partagée aujourd’hui en sciences sociales, qui voit en lui un « représentant d’un public
dominé asservi à la culture de masse et, plus particulièrement, aux produits à grand succès ».
Un exemple : les détournements et les émulations collectives de « la communauté virtuelle des
fans du manga Naruto sur Dailymotion », analysée par Erika Antoine dans un mémoire
universitaire [non disponible en ligne]. Cette communauté réalise des clips à partir d’images issus
dudit manga, dans la plus pure tradition de « l’Anime Music Video » (AMV).
Petit exemple de production ci-dessous, visionnée à plus de 130.000 reprises :
Et de discussions passionnées sur la question, sur le forum AMV.
Commentaire de Patrice Flichy :
« Les plateformes [de partage vidéo] permettent de donner une visibilité aux pratiques créatrices
qui touchent aujourd’hui un public de masse. […] Les clips postés sur le site sont commentés : les
auteurs reçoivent ainsi […] jugements […] conseils, pour réaliser tel ou tel effet, […] etc. . Il s’agit là
d’une communauté d’apprentissage mais aussi […] de jugement et d’audience ».
– La chose publique –
Enfin, un peu de nuance ! Reconnaître Internet comme le lieu d’une « forme modeste mais
capitale » d’action publique n’est pas si courant : les analyses sur ce sujet ne font souvent pas dans
la nuance.
Passant en revue les deux formes que peut revêtir Internet en matière politique – «
dispositif d’expression et débat public » et « nouvelle configuration d’action » - Patrice Flichy
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reconnaît que « les registres d’action politique portés par Internet ne s’inscrivent pas dans la
dynamique traditionnelle d’une action pérenne », qui reste celle « des partis ou des syndicats ». Et
que toutes les « nouvelles formes démocratiques, même équipées avec les derniers outils
informatiques, sont loin d’occuper une place centrale dans la vie publique. »
Néanmoins, la « démocratie réticulaire » - comprendre : en réseaux - peut prendre deux
visages bien réels :
Celui de « l’aiguillon, qui oblige les élus à tenir compte du citoyen en dehors des temps forts
électoraux ; [forçant] les journalistes à s’intéresser à d’autres événementsn moins évidents ou
moins visibles.»
Dans des situations « aujourd’hui plus restreintes », elle permet également au « citoyen
oridinaire, amateur branché sur ses réseaux informatiques, [d’acquérir] un vrai pouvoir : il
écrit sur des blogs qui deviennent des médias de référence, prend en charge des campagnes
électorales qui sortent des sentiers battus. »
Un exemple : #jeansarkozypartout. Mais si, souvenez-vous.
– La connaissance –
Un terme, qui n’est pas explicitement cité par Flichy, court tout le long de cette troisième
et dernière partie. Celui de crowdsourcing, ou la sous-traitance de certaines tâches aux
internautes.
Flichy lui substitue des notions plus conceptuelles - la recherche « en plein air », qui
repose sur « la colecte d’informations réunies par de nombreuses personnes dispersées dans des
espaces multiples [où l’amateur] trouve facilement sa place », la distinction entre « intérêt à » et «
intérêt pour », ou bien encore la « démocratie scientifique et technique ».
Mais, au fond, la place qu’attribue Flichy à l’amateur dans le domaine de la connaissance
est sans doute celle qui reste la plus restreinte : celle d’une expertise acquise « par l’expérience »,
qui ne substituera jamais à « l’expert-spécialiste ».
« Dans Wikipédia, l’amateur se contente de vulgariser des savoirs qu’il n’a pas élaborés ; […] dans
les sites d’échange sur la santé, les malades ne veulent pas se substituer aux médecins, mais mieux
collaborer avec eux pour prendre leur santé en mains », affirme-t-il par exemple.
Un exemple : Le site internet Patientslikeme, « modèle de construction participative de
connaissances médicales », sorte de plateforme de crowdsourcing de renseignements sur les
maladies rares, nourrie par des malades « anonymes » et qui fait l’objet d’une activité commerciale
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– en l’occurrence, la revente, par une entreprise, de résultats d’analyses sur les données collectées
à l’industrie pharmaceutique.
Décryptage de Patrice Flichy :
« Toutes ces expériences visant à construire un espace public de santé permettent […] de passer de
la juxtaposition d’un certain nombre de « je » […] à un « nous » capable de structurer des savoirs
ou de prendre des positions collectives. […] Le web a permis aux patients non seulement de faire
connaître à leur médecin les symptômes et souffrances associés à la maladie, mais de mettre en
contact des malades dispersés et dévalorisés. »
– Un point commun avec Andrew Keen : la nécessaire révolution des experts –
Quel point commun y-a-t-il alors entre un Keen, longtemps dénonciateur de la «
médiocrité » généralisée de l’UGC, et Flichy, l’universitaire des idées ? Eh bien il tient en un point.
Celui de la nécessité de nouveaux spécialistes.
Souvenez-vous ce que Keen nous disait à ce sujet :
« Dans « l’ancien monde » - celui du XXe siècle, on va dire – vous pouviez être un universitaire
perché dans votre tour d’ivoire, réfugié dans le douillet cocon de votre « chapelle », et professant
votre savoir à des étudiants respectant totalement votre parole. Je ne sais pas si c’est une bonne ou
une mauvaise chose, je ne me situe pas sur ce terrain là, mais une chose est sûre : aujourd’hui, cette
attitude n’est plus tenable, vous devez apporter votre autorité par la preuve plus que par le statut.
La hiérarchie ne fait plus l’expertise, c’est la compétence qui la révèle. »
Et lisez à présent les dernières lignes de l’ouvrage de Flichy :
« La montée en puissance des amateurs peut […] être profondément déstabilisante pour les
experts-spécialistes. Il est difficile pour l’enseignant d’avoir en face de lui des élèves qui contestent
son savoir au nom d’informations recueillies dans des encyclopédies en ligne. […] Ces nouveaux
rapports sociaux obligent le spécialiste à changer de position et de ton : ne pouvant plus imposer
son savoir par des arguments d’autorité, il doit s’inscrire dans une relation plus égalitaire où il faut
expliquer, dialoguer, convaincre, tenir compte des objections de ses interlocuteurs. »
Sûr que l’on va en parler, ce mardi soir … .
> Visuels utilisés dans ce billet :
Naruto at Sakure-Con 2008, par heatbar, licence CC
The Craftsman, par Ars Electronica, licence CC
Naruto!, par Amigurumis, licence CC
Layer#5, par alinssite, licence CC
> Pour aller plus loin :
Tous nos articles sur les rencontres RSLN
Original URL:http://www.rslnmag.fr/post/2010/11/22/qui-sont-donc-les-amateurs_l-analyse-de-patrice-flichy.aspx
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La nouvelle science des amateursPosted By Rémi Sussan On 30/11/2011 @ 10:52 In Articles,Brèves,Communautés,Débats,Educationet formation,Santé | 5 Comments
La science est-elle le dernier bastion de la recherche individuelle ou devient-elle aussi l’enjeu desnouvelles technologies de la communication ? Doit-elle s’ouvrir aux perspectives de l’intelligencecollective et adopter à son tour le “web 2.0 ? C’était un peu l’enjeu des questions posées
mercredi 23 novembre à la faculté d’Orsay lors d’un séminaire du centre d’Alembert [1] où sont
intervenus François Taddei [2] (@FrancoisTaddei [3]) chercheur à l’Inserm, directeur du Centre
pour la recherche et l’interdisciplinarité [4] et responsable de l’initiative Universités X.0, et
Thomas Landrain (@t_landrain [5]), doctorant à l’Institut en biologie synthétique [6] et
cofondateur du biohackerspace de la Paillasse [7].
Les nouveaux défis de l’éducation à l’heure des nouveaux défis de lascience
Comment passer du questionnementindividuel à l’exploration collective ? Beaucoups’inquiètent aujourd’hui des mutations del’enseignement supérieur. Tandis que lenombre d’étudiants augmente, les contenusdes cours doivent voir leur qualité s’améliorerdans des limites budgétaires de plus en plusstrictes, rappelle François Taddei. Là-dessus,les jeunes sont de moins en moins nombreuxà vouloir poursuivre leur cursus dans lessciences. “Nous devons être en mesure dedévelopper de nouvelles compétences, savoircoopérer, nous montrer créatifs, critiques, etce, de manière constructive, car si en Francenous sommes doués pour la critique, celle-cise révèle beaucoup plus rarement
constructive”, a souligné Taddei. Un tel changement de paradigme est rendu en partie possiblepar les nouvelles technologies. Un simple téléphone portable intègre aujourd’hui davantage depuissance de calcul que la Nasa n’en possédait quand elle a envoyé l’homme sur la lune. Oraujourd’hui, rien n’est plus facile que de transformer un téléphone en microscope en luiincorporant des lentilles, voir d’en faire un labo portatif. Toute la question est de savoir quelschangements de telles technologies apportent-ils à la pratique de la science ?
Tout n’est pas uniquement question d’ordinateurs. La connaissance aussi s’accroit dans de follesproportions . Depuis les années 1700, le nombre de journaux scientifiques s’est accru de manièreexponentielle. Ce qui nous éloigne de l’idéal du génie solitaire capable d’embrasser l’ensembledes connaissances de son époque.
Aujourd’hui nul ne peut connaître “toute” la physique. De manière générale, personne ne maîtrisetous les aspects d’un domaine : la seule solution consiste à s’inscrire dans divers réseauxréunissant différents experts.
Il faut aussi compter avec des “robots scientifiques”, capables d’analyser les données, de planifierl’expérience suivante. Mais forme-t-on les doctorants à s’adapter aux machines ?
Du jeu d’échecs à la recherche scientifique
Taddei s’est longuement penché sur le jeu d’échecs en tant quemétaphore du futur. Dans sa jeunesse, les joueurs battaientrelativement facilement les ordinateurs. C’était avant que DeepBlue ne l’emporte sur Kasparov en 1996. Cette année-là, TheEconomist titrait “Si votre métier ressemble à un jeu d’échecs,changez de métier”.
Aujourd’hui l’existence de robots généticiens implique-t-il lacondamnation du travail scientifique ? Pas vraiment. Ainsi, aprèssa défaite devant Deep Blue Kasparov a conduit diverses
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expériences montrant comment nous pouvions interagir avec lesmachines. La première a déjà été abordée par Xavier de la Porte
dans les colonnes d’InternetActu [8]. Pour résumer, elle a établique le jeu d’échecs garantissait la victoire à la meilleure pairehomme-machine, pas au meilleur joueur ou à la meilleuremachine. Taddei a mentionné une autre expérience trèsintéressante, car mettant en scène l’intelligence collective etexposant simultanément ses limites et sa puissance. Il s’agit de
la compétition “Kasparov contre le reste du monde” [9]. Derrièrecette appellation plutôt comique (voire comics tant ce titreévoque une BD de chez Marvel) se cache une expérience fascinante. Lors d’un match contre “lereste du monde”, un maître d’échecs lutte contre une communauté de joueurs dispersés sur toutela planète. Pour jouer, la communauté doit voter pour meilleur coup proposé.
Kasparov n’était pas le premier à lancer dans ce genre de tentatives. Karpov l’avait précédé, etavait sans difficulté écrasé son adversaire multicéphale. La plupart des coups votés étaientinférieurs à son niveau, et un petit pourcentage de propositions de coups n’était pas jouable.Mais quelques années plus tard, Kasparov dut faire face à l’une des plus difficiles parties de sa vie.Qu’est-ce qui avait changé entre temps ?Un petit point de règle essentiellement. Dans le combat contre Karpov, le “reste du monde” nedisposait en tout et pour tout que de 10 minutes pour voter. Contre Kasparov, il lui fut accordé 24heures, ce qui laissait aux joueurs le temps de s’organiser. Parmi eux, une jeune championne de15 ans qui avait mis au point une architecture logicielle permettant de comparer et coordonner lespropositions de coups des différents participants. Du 9e au 51e coup, ses conseils furent suivis parla communauté et Kasparov se sentit gravement menacé. Au 52e coup, “le reste du monde”négligea la suggestion de la demoiselle, et cette erreur permit à Kasparov de reprendrel’avantage.
Cette histoire montre le passage entre la bêtise collective et l’intelligence collective, coordonnée,organisée sans pour autant impliquer d’autorité centralisatrice, explique Taddei.
Ce pouvoir de l’intelligence collective, Taddei l’a découvert lors de ses recherches en biologiemoléculaire, alors qu’il étudiait l’évolution des bactéries et leur croissante résistance auxantibiotiques.
Les micro-organismes se sont montrés capables non seulement d’évoluer pour survivre à leuradversaire, mais de trouver de nouveaux moyens d’évoluer pour parer les attaques futures.Comment ont-elles réalisé une telle performance ? Simplement en échangeant des informations.De fait, le monde bactérien constitue un gigantesque réseau biologique de taille mondiale. Et cetéchange, précise Taddei, s’effectue sans ministère centralisé !
Taddei a cité de nombreux exemples de “science 2.0 , comme cette collaboration entre desmembres de Patient Like Me et des chercheurs, qui contribue à invalider une hypothèsescientifique. De toutes les manifestations de cette “science 2.0 (au rang desquels on retrouvera
Foldit [10]), le cas le plus spectaculaire reste sans doute celui des plus jeunes auteurs d’une
publication scientifique [11] âgés de 8 ans à 10 ans. Il s’agit des élèves de l’école primaire deBlackawton qui ont travaillé, sous l’égide de leur professeur, sur la reconnaissance des modèlespar les abeilles. Les enfants, en menant leurs propres observations et expériences, ont découvertque les abeilles utilisaient une combinaison de couleurs et de relations spatiales pour déciderquelle fleur butiner. Au-delà de l’intérêt réel de leur étude, le point le plus notable est peut-être, aaffirmé Taddei, la conclusion de leur article, comme quoi “la science peut être cool et fun”.
François Taddei a terminé son intervention en présentant une compétition étudiante pour créer lesmeilleurs jeux scientifiques dans la tradition de Foldit.
La nouvelle attitude scientifique, exploratoire, fun, procédant souvent un peu à l’aveuglette,Taddei la nomme la “science de nuit”, en reprenant une expression du célèbre biologiste FrançoisJacob. Si la science de jour est celle des publications, des cours en amphi, la science de nuit,tâtonnante, ludique, est un domaine auquel peuvent participer l’ensemble des citoyens, y comprisles plus jeunes.
DIYBio exploratoire et constructive
Thomas Landrain est venu présenter son nouveau hackerspace, la Paillasse [7], premier du genreen France. A ses yeux, il existe deux grandes raisons de se livrer à la “Do It Yourself Biology” : onpeut le faire pour des raisons idéologiques (en établissant en biologie un équivalent du libre eninformatique), ou simplement en tant qu’amateur, pour se former et pour le plaisir. Sa conférencea surtout concerné les amateurs, pour qui le domaine de la science a toujours été un terrain dejeu. Il existe déjà bien des hobbyistes en chimie, en astronomie, en conception de fusées. Uneillustration particulièrement impressionnante dans ce domaine est celui de cette recréation d’un
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modèle à l’échelle du dixième de la fusée Saturne 5 [12] (qui a servi à envoyer l’homme sur lalune), et qui fut achevée et lancée en 2009.
Aujourd’hui la communauté DIYbio s’étend sur toute la planète. Elle est présente dans la plupartdes pays développés, bien sûr, mais fait notable, on la trouve également dans les pays en voie dedéveloppement, où elle peut jouer un rôle tout à fait important. Un exemple en est unhackerspace du Nicaragua qui a mis au point un procédé de distribution de médicaments parinhalation. Certains produits sont en effet absorbés sous forme de vapeur et nécessitent unsystème de masque assez complexe. Les hackers du Nicaragua ont pu mettre au point unemachine équivalente à bas prix en utilisant des petites pompes à vélo.
Thomas Landrain a divisé les activités de la DIYbio en deux grandes catégories : la biologieexploratoire et la biologie constructive.
La première consiste à découvrir notre environnement et notre corps. Un exemple en est le projetBioWeatherMap” [13], qui consiste à cartographier, au fil des saisons, les organismes peuplantcertains microsystèmes d’une ville, comme observer la présence de bactéries sur un uniquepylône.
Une autre direction prise par la biologie exploratoire est la génomique personnelle, l’étude de nospropres constitutions physiologiques ou génétiques. A noter que Jason Bobe [14] le créateur dumouvement DIYBiology (qui a donné il y a une quinzaine de jours une conférence [15] au théâtrede la Gaité Lyrique, sous la houlette de La Paillasse) est également l’un des acteurs principaux duprojet “Personal Genome”, déjà présenté dans nos colonnes [16].
Car la génomique personnelle ne se limite pas à 23andMe [17] et consorts. Il faut parfois mettrela main à la pâte. Certaines informations ne sont pas disponibles sur 23andMe, a expliqué ThomasLandrain. Et de citer d’une jeune femme qui soupçonnait chez elle la présence d’une maladiegénétique l’hémochromatose [18], dont son père était atteint. Le test médical coûtant trop cher,elle a décidé de créer le sien propre.
A côté de la biologie exploratoire, on trouve la“biologie constructive”. Cette activité consisteessentiellement à fabriquer à bas prix desoutils généralement réservés aux laboratoireshaut de gamme de biotechnologie. Nousavons déjà parlé d’openPCR, de LavaAmp oude l’Opengelbox [19]. Thomas Landrain aégalement évoqué la “Dremelfuge” [20] unecentrifugeuse basée sur une simple perceuse.
Mais avant tout, et sur ce point, ThomasLandrain rejoint les préoccupations deFrançois Taddei : la DIYbio est une “science denuit”, qui permet à des amateurs de
contribuer à la recherche. De fait, cette année, pour la première fois, un biohackerspace,GenSpace [21], comportant parmi ses participants des élèves de collèges et lycée, a pu participerà la fameuse compétition de biologie synthétique IGEM [22], réservée en général… auxuniversités.
Certes, tout cela n’est pas sans susciter des inquiétudes, d’où la nécessité de mettre au point uncode éthique pour ces laboratoires d’un nouveau style. Plusieurs réunions du mouvement DIYbioont ainsi établi des règles de bonne conduite, une série de principes fondamentaux sur lesquelsbaser leur activité. Au premier plan, la transparence, qui implique que toutes les activités dans cedomaine doivent être intégralement publiées et documentées. Des aspects tout aussi importantssont, entre autres, la mission éducative et l’accès ouvert à tous, sans oublier, bien évidemment,l’exigence de ne se livrer qu’à des opérations sans danger.
Mais la réflexion éthique ne devrait sans doute pas rester l’apanage des biohackers, et l’Étatdevrait à son tour s’interroger sur la moralité de certaines de ses lois. Comment expliquer, arappelé Landrain, qu’aujourd’hui en France, demander un test à 23andMe pourrait(théoriquement) coûter un an de prison et 15 000 euros d’amende ? Une loi qui partait certes audébut d’une bonne intention mais qui demanderait aujourd’hui à être révisée : en effet l’article226-25 [23] du code pénal ne fait pas la différence entre les test génétiques effectués pour soimême ou sur un autre.
Naissance dun biohacklab français
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En marge du séminaire, j’ai pu poser quelques questions à Thomas Landrain :
InternetActu.net : Comment vous est venu le désir de créer la Paillasse ? Auparavant,étiez-vous déjà en contact avec les groupes américains travaillant sur la DIYBio ?
Thomas Landrain : Ayant la chance de pouvoir m’épanouir tous les jours au sein d’un laboratoirede recherche, j’ai d’abord voulu offrir la possibilité à chacun de vivre cette même expérience.Nous nous sommes d’abord inspirés de la communauté DIYbio née aux USA et en s’appuyant sur
la communauté des FabLab et Hackerspace Français, tout particulièrement le /tmp/lab [24] et
l’Electrolab [25], nous avons pu faire émerger le premier laboratoire ouvert français pour lesbiotechnologies, la Paillasse. Nous sommes ensuite rentrés naturellement en contact avec le restede la communauté internationale, en particulier lors du processus de fabrication de notre code depratique et d’éthique, objet essentiel afin d’assurer la pérennité de nos activités.
InternetActu.net : Comment avez-vous trouvé le matériel nécessaire au travailbiologique ?
Thomas Landrain : Principalement via des dons d’équipements obsolètes venant de laboratoiresprivés, publics ou particuliers. Nous avons bénéficié jusqu’à maintenant de l’aide matérielle du
Genopole d’Evry [26] et de la Mairie de Paris. Notre existence et nos activités ne sont aujourd’huipossibles que grâce à ces apports extérieurs, nous ne les remercierons jamais assez.
InternetActu.net : Donc vous n’avez pas utilisé les outils “DIY” comme openPCR [27],n’êtes pas passé par Ebay, etc. ? Pensez-vous qu’il est vraiment possible aujourd’huide se livrer au “biopunk” avec des outils “bricolés” ou “open” ?
Thomas Landrain : Nous n’avons pas eu besoin d’acheter une openPCR grâce aux dons dematériel, mais il s’agit là d’une exception. La plupart des projets développés au sein du DIYbioreposent sur la capacité de leurs créateurs à pouvoir recréer et détourner l’équipement leur étantnécessaire. Nous sommes à peine capables d’imaginer à quoi ressembleront les biotechnologiesde demain, en prenant Steve Jobs comme référence, il n’est pas improbable que des amateurspuissent à nouveau transformer le paysage technologique de leur génération grâce des structurescomme La Paillasse. Car au-delà de l’aspect ludique et pédagogique certain du DIYbio, nousvoyons apparaitre des technologies prometteuses comme des détecteurs d’arsenic dans l’eaupotable, des yaourts détectant des contaminations à la mélanine, de nouveaux moyens devisualisation et de compréhension de nos données génomique, de nouvelles capacités àcomprendre notre environnement et le contrôler.
InternetActu.net jusqu’où, selon vous, les adeptes de la DIYBio peuvent-ils aller ? Faire de larecherche fondamentale ? Mettre au point de nouveaux produits ou méthodes pour les paysémergents ?
Thomas Landrain : Le DIYbio ne se destine pas à la recherche fondamentale par essence, maischerche plutôt à manipuler et utiliser le savoir engrangé par l’humanité pour l’appliquer audéveloppement d’outils et de technologies citoyennes. Des groupes équivalents à celui de LaPaillasse commencent à naitre au sein de pays en voie de développement et donc pauvres. Leurexistence est motivée par le développement de technologies biomédicales open-source pouvantêtre facilement fabriquées et réparées. Ceci dans le but de faire ainsi baisser les couts demaintenance des structures médicales sur place et leur dépendance aux technologies occidentalessouvent trop couteuses et dont les services après-ventes sont difficiles à maintenir.
InternetActu.net : Question inévitable sur la sécurité : vous ne souhaitez travailler, jecrois, qu’avec des organismes inoffensifs. N’avez-vous pour autant rencontré desobjections sur les risques que des groupes comme la Paillasse pourraient faire courir ?Que répondez-vous en général ?
Thomas Landrain : La pratique sécurisée de la biologie est un point majeur sur lequel lacommunauté repose, tous les laboratoires DIYbio sont classifiés Niveau 1 pour la biosécurité,l’équivalent d’une cuisine commune en fait, c’est-à-dire que tous les échantillons biologiques quenous manipulons sont entièrement inoffensifs pour l’Homme et son entourage. En pratique il s’agitd’observer et d’utiliser des échantillons venant de notre environnement immédiat (notre corps, lesol…). Rien de plus.
Propos recueillis par Rémi Sussan.
5 Comments To "La nouvelle science des amateurs"
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LE 3 AVRIL 2011 STÉPHANIE VIDAL
Le chercheur Mark Suppes s'adonne à un loisir bien particulier, qui pose in fine la questionde l'alternative à la technique utilisée actuellement dans les centrales. Rassurez-vous, cen'est pas un savant fou.
Musique, voyages et fusion nucléaire
Depuis l’été 2010, Mark Suppes doit souvent rassurer les voisins de l’entrepôt qu’il a investi àBedford–Stuyvesant : “ne vous inquiétez pas, je ne ferai pas exploser Brooklyn.” Les travaux dece trentenaire hyperactif, chercheur obsessionnel et entrepreneur compulsif inspirent tantôt lacrainte, tantôt l’espoir mais toujours l’étonnement car son petit hobby et sa grande passion, c’estla fusion nucléaire.
Un soir de juin dernier, Mark Suppes est prêt à mettre en route son Fusor, ou plus précisément sonFarnsworth-Hirsch Fusor du nom d’un autre autodidacte dont les bidouillages ont conduit auxpremières expérimentations en fusion nucléaire et à l’invention de la télévision. Ce Fusor, Markl’a construit lui-même à partir de pièces détachées qu’il a majoritairement achetées sur eBay.
Et ça a pris ! A la suite de l’expérience, la capsule de fluorine scotchée sur la paroi du réacteurporte les stigmates du passage d’un neutron émis lors d’une fusion. Même s’il ne va pas fairesauter New York, il n’est pas illogique de s’inquiéter de la dangerosité du dispositif :
Le Fusor est un petit réacteur à fusion qui fonctionne selon le procédé deconfinement électrostatique. Le nom est barbare mais la méthode est assez simple : on
injecte dans une chambre à vide les atomes de deutérium qui serviront decombustible, on augmente le courant électrique afin que les atomes deviennent
ionisés formant ce que l’on nomme un plasma. Ce plasma se trouve alors confinédans le centre de la chambre à vide et si l’on a un peu de chance des atomes se
rapprochent et la fusion prend.
Dans cette installation, c’est le courant à haute tension alimentant le réacteur qui est
Mark Suppes et son Fusor.
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La minuscule bulle d’air prisonnière de la fluorine atteste que la réaction a bien eu lieu et introniseMark dans la communauté restreinte des amateurs ayant réalisés une fusion atomique. Déjà en2006, Thiago Olsen – alors âgé de 17 ans – avait mis en émoi l’équipe enseignante de son lycée etle département de la santé du Michigan en réalisant une fusion dans le labo de physique. Mark estle trente-huitième mais n’est déjà plus le dernier membre en date. C’est que la liste a tendance arapidement s’allonger.
Fusion vs Fission
Force est de constater que la fusion fascine. Sur la plateforme fusor.net, les “fusionnistes” seretrouvent pour partager méthodes, plans et projets. La communauté grandit lentement maissûrement et des clubs bourgeonnent désormais dans les garages du monde entier. Les amateursmènent leurs propres expériences en parallèle de celles des scientifiques – les vrais, les durs – quitentent depuis les années 1950, de dompter les atomes autrement.
Pour remettre tout cela en contexte, la fission est tout comme la fusion, une réaction nucléaire. Lafission consiste à briser un atome lourd tel que l’uranium ou le plutonium en atomes plus légers. Àl’inverse la fusion, se produit quand deux atomes légers comme l’hélium, le deutérium ou tritium(isotopes de l’hydrogène) s’assemblent pour former un atome plus lourd.
Aujourd’hui, nous savons comment casser des noyaux atomes pour produire massivement cetteénergie que nous utilisons avec gloutonnerie. Toutefois, l’histoire et l’actualité du Japon nousobligent à regarder la vérité en face : nous brisons bien plus que des atomes, que nous cherchionsdélibérément à nuire ou que nous persistions vainement à nous croire maîtres et possesseurs de lanature.
Les États sont souverains dans le choix de leurs options énergétiques et les politiques en œuvresont très contrastées à l’échelle mondiale : certains n’ont pas eu à se poser la question, d’autresont pris la décision de s’en passer, d’autres encore de tenter de s’en passer, et les derniers,lourdement équipés, vont certainement devoir prendre leur responsabilités. La France avec ses 80% d’énergie provenant du nucléaire – un triste record mondial – fait partie de ceux-là.
Ces derniers temps, les dangers de l’énergie nucléaire nous sont cruellement rappelés chaque foisqu’une information émane de la centrale de Fukushima, faisant de la recherche d’autres moyensde production énergétiques autant une nécessité qu’une gageure.
À l’instar de Mark Suppes, un nombre croissant de spécialistes pensent qu’une des meilleuresalternatives au nucléaire n’est autre que le nucléaire. Ils voient ainsi dans la fusion un moyen àlong terme de remplacer la fission.
le plus dangereux. Quand on s’attelle à la fusion, il y a quand même quelquesprécautions à prendre et des consignes de sécurité à suivre. Pendant l’expérience je
me suis éloigné du réacteur afin d’éviter les neutrons ou les rayons X, même s’ils nesont émis qu’en faible quantité.
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Sur le papier – car ce sont bien de vieilles feuilles jaunies que Robert Bussard a projeté lors decette intervention – l’idée est séduisante, élégante et dissidente. En effet il existe en théorieplusieurs types de combustibles utilisables, de réactions possibles et de méthodes envisageablespour bâtir les réacteurs qui les contiendraient.
Au-delà de ces divergences sur lesquels nous reviendrons, les pro-fusion se retrouvent sur lesgrandes lignes quand il s’agit d’argumenter. Ils vantent les avantages du contrôle de la fusionnucléaire pour la production d’électricité en les confrontant à celui de la fission et de toutes lesnocivités qui la caractérisent.
À quantité de combustible égale la fusion serait bien plus puissante ; elle engendrerait trois àquatre fois plus d’énergie que la fission. Il y aurait suffisamment de combustible pour combler nosbesoins énergétiques pendant quelques centaines de milliers d’années et, en fonction ducombustible sélectionné, il n’y aurait pas ou peu de déchets radioactifs. Pour couronner le tout, lafusion ne ferait pas encourir des risques de réactions en chaine incontrôlées et incontrôlables.
La raison pour laquelle l’ensemble est au conditionnel, c’est que tout cela reste purementthéorique. Les bémols sont nombreux car si la fusion de noyaux atomiques est un phénomèneanodin dans le soleil et les étoiles qui constellent le ciel, ce n’est pas du tout le cas sur notre bonnevielle Terre.
La possibilité d’un réacteur
Quand on demande à Mark comment fonctionne la fusion nucléaire sa réponse surprend par safranchise, et peut-être est-ce son statut d’amateur qui le dispense de langue de bois :
Quand Mark dit “on”, c’est à la communauté des passionnées qui bricolent dans leur garage qu’ilfait référence mais à l’ensemble des fusionnistes mettant dans le même panier les amateurs et lesscientifiques qui planchent depuis des dizaines d’années sur la construction de réacteurs de fusionthermonucléaire.
Le contrôle de la fusion nucléaire est perçu comme un enjeu considérable et nombreuses sont lesnations de par le monde investissant temps et argent dans sa recherche et son développement.Cette recherche, comme nous l’avons dit précédemment, s’engage dans plusieurs directions. Cellequi a le vent en poupe auprès des gouvernements s’incarne dans les Tokamaks, des immensesstructures expérimentales de confinement magnétique visant à contrôler le plasma. À ce sujet, leprojet ITER est exemplaire et l’on note au passage que trois jours après l’accident de Fukushimala plateforme science.gouv.fr republiait un dossier datant de 2008 intitulé La fusion contrôlée, lerêve du nucléaire propre.
Ce Réacteur Thermonucléaire Expérimental International en construction à Cadarache dans le
Lorsque j’ai découvert sur YouTube une conférence sur la fusion nucléaire donnéepar Robert Bussard lors d’un Google Talk en 2006 [vidéo, en], j’étais entrepreneur
depuis dix ans. Tout ce que j’avais tenté de mettre en place avait échoué au fil desannées. Je ne cherchais pas spécialement à me lancer dans un nouveau projet mais
j’étais curieux et bien disposé. En l’écoutant j’étais fasciné : il parlait d’énergienucléaire abondante, propre et à faible coût. Sa méthode s’opposait non seulement à
la fission tout en divergeant des recherches actuellement en cours dans le domaine dela fission. Tout ce qu’il disait m’a semblé vraiment plausible. Même si à ce moment là
je n’y connaissais strictement rien en physique, son discours faisait sens. J’y ai vu lapremière idée véritablement excitante dans le domaine de l’énergie.
On me pose souvent cette question mais je suis bien embêté quand il s’agit d’yrépondre. Je suis capable de vous expliquer comment marche un Fusor qui permet
d’aboutir à une fusion, et j’ai ma petite idée sur le mécanisme d’un Bussard quifournirait de l’énergie grâce à la fusion… Mais ni moi, ni personne ne sait vraiment
comment ça fonctionne… D’ailleurs, le véritable problème est là : ça ne fonctionnepas ! Si j’étais capable de construire une machine permettant de générer et d’utiliser
de l’énergie grâce à une fusion nucléaire je la construirais en ce moment même. Pourle moment nous ne savons pas la mettre en œuvre, mais nous ne cessons d’y tendre
par nos expériences.
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sud de la France a pour objectif de “démontrer la faisabilité scientifique et technologique del’énergie de fusion, et d’ouvrir ainsi la voie à son exploitation industrielle et commerciale”.France, Japon, Chine, Corée du Sud, Russie et États-Unis sont engagés depuis des années, l’Inde arejoint un peu plus tard, le Brésil et le Kazakhstan ne demandent qu’à rallier l’équipe déjàconstituée.
Cette “expérience scientifique à très grande échelle” à un coût proportionnel. Estimée à 12,8milliards d’euros pour la construction, 5,3 milliards pour les vingt années d’exploitation, 280millions pour la période de cessation d’exploitation et 530 autres millions d’euros pour ledémantèlement : la note prévisionnelle d’ITER est salée et le sera peut-être encore plus.
Un joli rêve
Si la théorie est communément admise, c’est encore sa faisabilité technique qui est testée avecITER, en faisant donc un prototype et non pas un véritable réacteur capable de produire del’énergie. La fusion nucléaire implique de grandes contraintes que nous ne savons pas encorerésoudre.
Par conséquent, les attaques fusent. Il faut d’abord convoquer de grandes quantités d’énergie afinde déjouer les forces qui repoussent naturellement les noyaux atomiques les uns des autres etrapprocher suffisamment les atomes pour provoquer une fusion. Bien plus d’énergie que la fusionne génère en retour. Le fameux “break-even”, le point de rentabilité énergétique, se dérobeencore.
Un Tokamak n’est pas non plus capable de produire la quantité de chaleur adéquate pourqu’opèrent des réactions aneutroniques de type PB-11 (Proton – Boron 11). Les réactionsenvisageables impliqueraient du deutérium et du tritium libérant des neutrons à grande vitesse. Ilfaudrait donc parvenir à constituer des matériaux spécifiques pour bâtir des enceintes deconfinement capables de résister aux flux de ces neutrons et espérer que les bobinagessupraconducteurs seront capables de tenir le choc pendant la durée de vie du réacteur, ce que desscientifiques comme feu Pierre-Gilles de Gennes mettent en doute.
Enfin, beaucoup blâment les sommes investies dans ces projets perçus comme “des gouffres àfric” monumentaux et pensent que si jamais les machines atteignent un jour le point de rentabilitéénergétique, elles ne parviendront jamais celui de rentabilité économique.
Pour résumer, si parvenir à construire les structures et à rassembler les conditions adéquates pourgénérer une fusion relève de l’exploit dans un garage, sa mise en œuvre industrielle n’estclairement pas pour demain. Personne n’oserait fanfaronner en annonçant une date précise pourune production significative d’énergie par ce moyen. Nombre de scientifiques ayant connu avecenthousiasme les débuts de la recherche en fusion nucléaire s’en sont détournés, abandonnant ce“joli rêve qui n’est pas prêt de se réaliser » pour reprendre une phrase de Georges Vendryes(directeur honoraire des applications industrielle du CEA) à propos d’ITER.
Les Tokamaks et la volonté de Bussard
Robert Bussard était lui aussi très critique envers les Tokamaks. Il blaguait qu’en quarante annéesde recherche, le seul enseignement qu’on avait pu en tirer était qu’ils ne fonctionnaient pas. Il est
Le Tokamak de Varennes, une initiative canadienne qui s'est finie en 1999.
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tout aussi sévère envers les gouvernements investissant à tire-larigot dans cette technologie. Ilavait d’ailleurs salué l’initiative du jeune Thiago Olson : “Ce gamin étudie de la physique bien
plus utile que celle pour laquelle le gouvernent américain dépense des millions.”
Mais contrairement à Georges Vendryes et tant d’autres, Bussard n’a jamais cessé de croire qu’ilarriverait à réaliser son rêve de son vivant. Plus qu’un projet de laboratoire, la fusion était pour luila quête d’une vie. Il s’est battu jusqu’à son dernier souffle, mais sans succès, pour trouver desfinancements essentiels à la construction de son réacteur communément appelé Bussard ouPolywell.
Né dans les années 20, Bussard a dévoué sa vie entière à la fusion, rêvant aux grands projets quecelle-ci pourrait fournir à l’humanité : une énergie propre et propice aux missions spatiales.Malheureusement pour lui, ses projets ont souvent suscité plus d’engouement dans le monde de lascience-fiction que dans celui de la science ; dans Star Trek tous les vaisseaux sont équipés d’unCollecteur Bussard les propulsant grâce à la fusion d’atomes d’hydrogène directement prélevésdans l’espace interstellaire.
Une décennie plus tard, il s’active sur des Tokamaks pour le gouvernement américain maisabandonne l’affaire, désenchanté. Pour le bon mot, il dira que c’était perdu d’avance : travaillersur des plans russes en pleine guerre froide était forcement une mauvaise idée. Il monte alors sapropre entreprise, EMC2, afin de se consacrer à la construction d’un réacteur alternatif : cefameux Polywell.
Même s’ils tendent vers le même but, les Tokamaks et les Bussards ne s’appuient pas sur lesmêmes procédés explique Richard Nebel [en], dirigeant de EMC2. Le Bussard est un réacteurhybride utilisant à la fois confinement magnétique et électrostatique tandis que les “les Tokamaks
sont des instruments qui n’emploient que le confinement magnétique. L’avantage de notre
système c’est que nous obtenons facilement de très hautes températures. Par contre, nous luttons
pour avoir de fortes densités, ce qui n’est pas un problème pour les Tokamaks : ce qui est
difficile pour nous est simple pour eux, et vice versa. Mais nous pensons que notre concept est
bien meilleur et ce pour plusieurs raisons : ce système hybride utilise le PB-11 (Proton – Boron
11) comme combustible et qu’il ne produit aucun matériel radioactif. Il est compact et peu
onéreux à développer et à exploiter – il ne requiert pas d’énormes budgets de développement
comme c’est le cas pour les Tokamaks.”
Une fois encore tout est question de proportions : plus petit qu’un Tokamak le cœur d’un Polywellmesurerait quand même 3 mètres de diamètre ; moins cher qu’un Tokamak, il implique quandmême de pouvoir poser 200.000 dollars sur la table.
Pendant près de onze ans, c’est l’US Navy qui a financé les recherches de Bussard mais sonsilence sera une des conditions sine qua non du deal : le scientifique ne publiera rien sur sesavancements pendant toute cette période. Bussard enchaîne essais et erreurs, ses ressourcess’amenuisent. Elles arrivent à leur terme quand sa dernière machine s’autodétruit. Le labo estdémantelé faute de budgets. En lisant a posteriori les données de cette ultime expérience Bessardest persuadé qu’il a touché au but.
Il n’a alors plus qu’une obsession : trouver des investisseurs. Nous sommes en 2006, Bussard sortde l’embargo imposé par la Navy et présente ses recherches à des colloques et même à l’occasiond’une Google Talk qui sera filmée et postée sur Youtube. En appuyant sur play, Mark Suppes vacomplétement changer de vie.
La rencontre
L’étrange rencontre de Suppes et Bussard aussi peu probable qu’elle soit (entre un profane et unscientifique, entre un vivant et un défunt) n’est a posteriori pas si étonnante. Les deux hommespartagent certains traits de caractère.
Ils ont en commun la patience et le calme pour supporter la pression des dysfonctionnements etdes échecs, l’ambition et la volonté d’aller toujours plus loin dans leur travaux, la confiance si cen’est la foi dans leur projet pour tolérer les ricaneries et les découragements passagers, l’humilitéet l’abnégation essentielles pour se savoir toujours ignorant et en quête, le verbe piquant pourcontrer les attaques ou les provoquer, l’impérieuse nécessité de poursuivre une grande idée et des’engager viscéralement pour tenter de la mettre en œuvre.
Je suis parvenu à faire une fusion en construisant un Fusor mais je veux désormaispasser à l’étape suivante en construisant un Polywell, qui n’est finalement qu’une
version améliorée du Fusor.
Mark Suppes, l’homme qui fusionne des atomes dans son garage » OWN... http://owni.fr/2011/04/03/mark-suppes-lhomme-qui-fusionne-des-atom...
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Mark poursuit donc désormais les travaux et les rêves de Bussard. Pourtant rien ne le destinaitvraiment à s’impliquer corps et âme dans le domaine de la fusion nucléaire.
Son blog [en] fait partie intégrante de sa recherche, à la fois carnet de bord et plateformed’échange. Il y poste ses idées et ses avancements. L’ensemble de son projet est open source.Tout un chacun peut ainsi avoir accès à ses codes, ses plans, ses idées et ses doutes mais aussi luidonner des avis ou des conseils. “Je sais que de véritables scientifiques lisent mon blog,explique-t-il, certains même me laissent des commentaires. Pourtant je ne sais pas vraiment ce
qu’ils en pensent. Pas forcément du bien, cela doit être assez désagréable de voir un amateur
disqualifier vos efforts.
Un amateur qui commence à être assez spécialisé donc ! Son agenda est déjà défini et n’a rien àenvier à celui des vrais scientifiques.
Mais Mark reste un amateur qui s’auto-finance et qui doit de fait mettre sporadiquement sesprojets sur pause. Régulièrement, il lâche ses bobines pour le turbin : pendant les trois prochainsmois, il développera des des applications web pour une boîte. Sa passion à un coût nonnégligeable, il lui avait fallu rassembler 35.000 euros pour construire son Fusor et avait obtenupresque 4.000 euros de la part d’investisseurs privés via Kickstarter [en].
L’amateur
Les avantages des uns sont les inconvénients des autres, et vice versa. L’image est pertinentequand elle met en exergue les différences entre un Tokamak et un Polywell et elle sied tout autantquand il s’agit de distinguer la posture du scientifique de celle de l’amateur. Chacun à sescontraintes, le scientifique a des deadlines, des objectifs fixés par d’autres, des financementsappropriés, des résultats à présenter, des gens à satisfaire. L’autre n’est jamais vraiment considérécomme légitime et doit toujours faire ses preuves, s’interrompre momentanément quand le compteen banque est vide mais il sait parfois aller très loin avec des dispositifs qui ne coûtent rien et nepaient pas de mine. Il a aussi l’opportunité de choisir ses propres défis ce qui les rendgénéralement audacieux mais accessibles et souvent accomplis.
L’amateur a aussi l’opportunité de changer de posture, de “jouer” au professionnel. Mark souhaitepar exemple publier dans des revues ne comportant que des textes de scientifiques. Si jamais celase produisait nous serions ravis pour lui, mais personne ne pardonnerait à un professionnel de secomporter comme un amateur. L’amateur a un autre temps et un autre espace pour manœuvrer àsa guise : il jouit aussi des marges, des chemins de traverse, des sillons déjà tracés qu’il peut suivreou qu’il peut bouder pour s’enfoncer dans les orées, n’ayant d’autres contraintes que son propreenthousiasme et sa curiosité.
Quand j’ai vu cette vidéo, je n’ai pas pu m’empêcher d’y penser. C’est devenu uneobsession. Pendant un mois je n’ai pas arrêté d’en parler à mes amis et j’ai fini par
ouvrir un blog. Je pensais qu’il n’y aurait qu’un post, un seul et unique. Puis je mesuis mis à désigner, via un logiciel CAD, un réacteur à fusion en métal qui pourrait
être imprimé via une imprimante 3D. À ce moment là, j’ai su que j’étaiscomplètement pris par ce projet et que je ne pourrais pas revenir en arrière.
Je réplique actuellement une expérience menée par une équipe de chercheur
australiens. Joe Khachan [en] a construit un réacteur Bussard à bobines de cuivre. Jem’y essaie à mon tour et mène des essais cinétiques. J’envisage d’ailleurs d’écrire un
papier à ce sujet et j’espère qu’il sera publié par une revue scientifique. Mais ce n’estqu’un pas parmi d’autres. C’est bien de se faire la main en reproduisant des choses
qui ont déjà été faites avant de se lancer dans ses propres aventures. La prochaineétape, et pas des moindres, sera de mettre au point un réacteur Bussard agrémenté
d’aimants supraconducteurs. Ce genre d’aimant est utilisé dans les Tokamaks. Si celafonctionne je ne serai pas seulement le premier amateur mais le premier homme a en
avoir créé un. L’idée n’est pas de moi mais personne n’en a jamais réaliséauparavant. J’ai déjà construit une Magrid en acier inoxydable (une sorte de
polyèdre formé par des rouleaux de métal), il me reste à m’atteler aux bobines encuivre. Grâce à ce procédé la fusion pourrait perdurer indéfiniment et nous pourrions
l’étudier à volonté.
Mark Suppes, l’homme qui fusionne des atomes dans son garage » OWN... http://owni.fr/2011/04/03/mark-suppes-lhomme-qui-fusionne-des-atom...
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Il ne faut pas oublier que les découvertes majeures ne sont pas arrivées par inadvertance maisparce que le scientifique confronté à cet évènement a eu les connaissances mais aussi le temps etla curiosité pour le considérer. La véritable chance de l’amateur c’est qu’il a le luxe de perdre dutemps, le privilège d’attendre et sa véritable force, c’est qu’il est celui qui n’est jamais attendu.
–Illustrations Flickr quinnums, Marylise Doctrinal et cstmweb
Les autres articles du dossier :
Free Cultures: des levures au service des Indonésiens
La prochaine révolution ? Faites-la vous même !
Image de une Marion Boucharlat. Téléchargez-là :)
La prochaine révolution ? Faites-la vous même !
Mark Suppes, l’homme qui fusionne des atomes dans son garage » OWN... http://owni.fr/2011/04/03/mark-suppes-lhomme-qui-fusionne-des-atom...
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Enquête | Les “Fab Labs” ? Des coopératives futuristes intégrantordinateurs, marteaux, tournevis, perceuses et imprimantes 3Ddans un joyeux foutoir participatif. Une nouvelle révolutionindustrielle portant la “bricolabilité” au pinacle ?
Le 01/09/2012 à 00h00
Xavier de Jarcy - Télérama n° 3268
Dans le sillage du FacLab de Gennevilliers ou d'Arilect à
Toulouse, La Nouvelle Fabrique vient de s'installer au
Crowdfunding: 10 projets étonnants financés par lesinternautes25 février 2013 à 12:42
(DR)
Sur le site de crowdfunding Kickstarter, les inventeurs ne portent pas de cravate et commencent tous laprésentation de leur projet par un énergique «Hy, my name is Jim and I want to change the world».Hélicoptère, bateau, instrument de musique, robot, machine agricole, lampe, ils cherchent des financements.Sélection des meilleurs projets des derniers mois. L'avenir dira s'ils ont réussi.
Un hélicoptère mû par la force humaine
Récolte: 34 424 $
Une lampe de poche épaisse comme une carte de crédit
Récolte: 18 514 $
Crowdfunding: 10 projets étonnants financés par les internautes - Libération http://www.liberation.fr/economie/2013/02/25/crowdfunding-10-projet...
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Un gant pour jouer dans une fanfare sans instrument
Récolte: 10 665 $
Un drone piloté par la pensée
Récolte: 74 799 $
Un procédé d'impression photo par la lumière du soleil
Récolte: 268 437 $
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Synergy, un avion d'avenir
Récolte: 95 627 $
Une souris d'ordinateur greffée sur l'index
Récolte: 132 302 $
Un vélo aux roues lumineuses
Récolte: 215 621 $
Crowdfunding: 10 projets étonnants financés par les internautes - Libération http://www.liberation.fr/economie/2013/02/25/crowdfunding-10-projet...
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Un bateau robot explorateur des océans
Récolte: 83 424 $
Des machines agricoles en open source
Récolte: 63 573 $
ALLER PLUS LOIN Lire tous les articles du dossier EcoFutur
Crowdfunding: 10 projets étonnants financés par les internautes - Libération http://www.liberation.fr/economie/2013/02/25/crowdfunding-10-projet...
Ce que les patients changent à la santéPosted By Hubert Guillaud On 13/7/2011 @ 13:00 In Articles,Communautés,Communicationinterpersonnelle,Confiance et sécurité,Coopération,Santé,Usages | 4 Comments
“Voit-on des changements radicaux dans la santé, le bien-être ?”, s’interrogeaient lesorganisateurs de la 3e édition de la Conférence Lift France [1]. Les soins sont des systèmessouvent mal aimés et coûteux, rappelle Daniel Kaplan, délégué général de la Fondation internetnouvelle génération. Y-a-t’il des changements dans la façon dont on apporte les soins aux gens ?Y-a-t-il, plus encore, un changement dans la façon dont les patients gèrent leur santé ?
Un des phénomènes les plus importants pour la transformation de la relation patients-médecinsces dernières années repose sur la naissance des réseaux de patients dont PatientsLikeMe [2]
demeure le symbole. PatientsLikeMe a transformé la relation entre malades et la relation entremalades et médecins.
La valeur de l’ouverture
Pour Paul Wicks [3], directeur de la R&D [4] de PatientsLikeMe, la science-fiction n’avait pas prévule web. “Nul n’avait vu arriver Google, Facebook, Wikipédia… c’est-à-dire le rôle majeur que jouela composante individuelle des êtres humains. Il y a quelques années, nul n’aurait pensé qu’onabandonnerait nos encyclopédies pour Wikipédia, ou qu’on utiliserait si massivement des sitessociaux comme Facebook. Nous nous sommes trompés sur l’internet. On pensait y créer desautoroutes de l’information où nous trouverions toute l’information disponible, alors qu’il ad’abord été un outil permettant aux gens de s’organiser, de créer des groupes de manièrespontanée.” Et ce que nous avons à faire est juste de mieux les organiser.
[5]Image : Paul Wicks, directeur de la R&D de PatientsLikeMe sur la scène de Lift France,
photographié par Pierre Metivier [6].
“Avant pour voyager, il fallait entrer dans une agence de voyages et une personne qui n’avaitprobablement jamais visité le pays où vous vouliez aller vous fournissait tous les renseignements
disponibles. Désormais, avec des sites comme Kayak [7], TripAdvisor [8] ou Expedia [9], nonseulement on accède à toute l’information, mais on accède en plus à la couche d’évaluation desutilisateurs. On peut lire les commentaires des usagers qui nous correspondent.”
L’ancien système existe encore, estime pourtant Paul Wicks. “Aller voir son médecin généraliste
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ressemble à aller voir un agent de voyage. On prend un rendez-vous de manière très classique.Le médecin connait certes la maladie que vous avez, mais ne sait pas ce que c’est que d’avoircette maladie, car il n’a pas accès à beaucoup de sources d’information sur l’informationelle-même. A PatientsLikeMe, l’approche est différente, un peu comme ces nouveaux sites devoyage. Elle est plus bottom-up. Les patients sont invités à saisir des données sur leur maladiepour être mis en contact avec des malades qui partagent leurs symptômes.”
Sur PatientsLikeMe, les internautes créent un profil de données sur leurs maladies, leurssymptômes, leurs traitements. Ils renseignent avec précision les symptômes dont ils souffrent, ladate de diagnostic de leur maladie, son évolution, les médicaments qu’ils prennent, indiquent leseffets secondaires éventuels… Le but du site est de pouvoir comparer des expériences etrassembler les gens qui ont les mêmes symptômes pour apprendre de ces communautésagrégées autour de symptômes et de traitements communs.
L’idée radicale qu’il y a dans PatientsLikeMe, estime son directeur de la R&D, est de faireapparaitre les données cachées des patients via des outils en ligne. Par exemple, les patientsévaluent, font part de leur ressenti, sur l’efficacité des traitements qu’ils suivent ou documententleurs effets secondaires. Pour traiter l’épilepsie par exemple, il existe toute une gamme demédicaments dont certains ont des effets secondaires plus ou moins importants. Les étudescliniques utilisent des populations bien définies et souvent très réduites. Ici, l’idée est d’élargirl’échelle, estime Paul Wicks. “Bien souvent, face à plusieurs traitements disponibles, le médecinfait un choix pour vous, selon ce qu’il connait ou ce qu’on lui a appris. Le site montre qu’il y ad’autres possibilités de traitement, comme un moyen de contourner la logique paternaliste de lamédecine. Via PatientsLikeMe, les patients peuvent même candidater à des essais cliniques
recensés par le site.” PatientsLikeMe a d’ailleurs publié une étude [10] pour montrer combien sonservice pouvait permettre d’accélérer la découverte clinique en utilisant la collecte de donnéesautogérée par les patients.
Bien sûr, les résultats ne sont pas aussi simples qu’ils paraissent et le rapport à la maladie estégalement à prendre en compte, d’autant qu’il est différent pour chacun. Certaines donnéespermettent ainsi de voir la progression de sa maladie, et dans le cas de maladies à évolutionrapide, se situer par rapport à la progression de la maladie des autres, peut être pour certainstrès déstabilisant ou au contraire très motivant. Il peut y avoir également un effet placebo : voirles symptômes ou les effets secondaires que déclarent d’autres patients peut nous les faireressentir… Les interactions permettent de mesurer aussi les différents effets des médicaments :combien de fois faut-il prendre telle pilule pour qu’elle soit efficace ? Un patch est-il plus efficacequ’un sirop ?…
Bien sûr, ces systèmes posent des problèmes relatifs à la protection de la vie privée. Parexemple, sur TuDiabetes.org [11], on a constaté que les gens qui étaient les plus prêts à partagerl’information étaient aussi ceux qui géraient le mieux leur maladie. “Il faut bien mesurer que lesgens qui contribuent ne représentent pas l’ensemble des malades, mais peut-être un certain typede malades”, modère Paul Wicks. Il manque également sur ces sites de partages d’information desanté une législation pour protéger les gens afin qu’ils ne puissent pas être discriminés du faitqu’ils partagent une information sensible. Dans son processus d’inscription, PatientsLikeMe invited’ailleurs les internautes à ne pas utiliser un nom permettant de les reconnaitre.
“Nous sommes très clairs avec les patients sur nos clients qui sont systématiquement listés [12].Nos clients qui viennent utiliser nos données sont bien sûr surtout des entreprisespharmaceutiques, mais pas seulement : il y a également des gouvernements, des assureurs, desscientifiques… En fait, on constate que les patients sont plutôt d’accord pour partager les données.Ils sont prêts à aider, car ils savent qu’en le faisant ils aident les autres et certainement aussi, ilss’aident eux-mêmes.”
L’ouverture est la clef, mais elle ne suffit pas
Officier dans les Marines, Jonathan Kuniholm a été blessé en 2005 en Irak. Une embuscade lui afait perdre son avant-bras droit. En rentrant de l’hôpital, en se retrouvant chez lui, sans son bras,Jonathan s’est retrouvé face à un nouveau défi, celui de devoir apprendre à vivre avec cemorceau de lui en moins.
Jonathan Kuniholm ne connaissait rien du monde des prothèses. Il n’en connaissait que ce quenous en avons vu dans des films de science-fiction : le bras bionique de l’Homme qui valait 3milliards, celui de Luke Skywalker ou de Terminator. La réalité ne s’est pas avérée être celle-ci.Le principe de la prothèse qu’il porte et que la plupart de ceux qui ont été amputés portent n’apas vraiment évolué depuis son invention vers 1912. Le crochet qui lui sert de main a été imaginédans les années 50. La prothèse myoélectrique, qui permet une préhension active des objetsgrâce à la contraction des muscles sur lesquels sont placés des capteurs qui permettent de fermer,d’ouvrir ou de faire tourner la main mécanique, date des années 80, mais elle est très couteused’autant qu’elle demande le plus souvent une personnalisation poussée pour s’adapter aux
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multiples formes d’amputation existantes.
[13]
Image : Jonathan Kuniholm photographié par Pierre Metivier [14].
“En fait, la plupart des personnes amputées d’un bras ne portent pas de prothèse. Le marché estminuscule. La R&D est très limitée. En fait, aucune industrie n’a vraiment investi ce secteur.” Legouvernement avait bien un projet de recherche financé par la Darpa [15] (auquel Jonathan aparticipé un temps), mais c’était un projet de recherche avec de micro-financements, par rapportà tous les grands projets de l’Agence de recherche militaire américaine. Les designers exposentsouvent des concepts dans les magazines, mais qui ne sont pas fonctionnels. Ce sont juste debelles intentions sur de belles images : des prototypes non fonctionnels, qui ne se préoccupentpas de comment s’actionne le bras, comment on intègre des batteries, des moteurs…
“Plutôt que me plaindre, que puis-je faire ?”, s’interroge l’ex-soldat. “Les patients sont la clef,
disait à l’instant Paul Wicks. Eric von Hippel est arrivé à la même conclusion [16] de façonempirique en montrant que les consommateurs sont les premiers innovateurs. Les premiers
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utilisateurs inventent des produits pour résoudre leurs problèmes et c’est seulement sur leursinnovations que peut se construire un marché de masse…”
Pour concevoir des prothèses adaptées à aujourd’hui, il faut pouvoir emprunter les meilleurestechnologies des plus grosses sociétés, notamment par exemple pour y intégrer de petitesbatteries, suffisamment efficaces et simples à recharger. “Mais ces industries ne sont pasintéressées par un marché qui leur semble inexistant”.
“Dans le cadre du programme de la Darpa pour lequel j’avais été retenu, on m’a fait tester uneguitare utilisant la technologie myoélectrique, mais c’est un équipement qui coûte plus de 11 000$.” Autant dire inabordable pour la plupart des amputés. Pourtant, des espoirs sont possibles. Viales technologies logicielles et matérielles désormais disponibles en open source on pourraitconstruire une interface de ce type pour 200 $.
On pourrait ! C’est ce que Jonathan Kuniholm a essayé de faire. “Via l’internet, j’ai lancé le Projet
de prothèse open source [17], en utilisant la collaboration et les réseaux sociaux (voir le site de
discussion lié au projet [18]) pour rassembler des gens confrontés au problème et prêts à semettre au travail ainsi que des concepteurs prêts à nous aider. Le site accueille et documente
plusieurs projets comme une main myoélectrique articulée en Lego [19], la reconception d’un
modèle de pince qui n’est plus disponible commercialement [20], les travaux d’une personne qui aconstruit elle-même ses bras et ses jambes… “Voilà ce qu’on peut faire avec les outils gratuits du
web !” Pour cela, l’essentiel estime Jonathan Kuniholm est d’avoir accès à du matériel libre [21]
(comme Arduino [22], Open Hardware ou Bug Labs [23]) et s’appuyer sur la participation desutilisateurs et la collaboration sociale pour tenter de construire des choses. Pour l’instant, laculture makers n’a pas encore fait ses preuves dans le domaine des prothèses, mais Kuniholmreste confiant. Il vient de lancé StumpWorks, une société créée avec d’autres amputés, pourconstruire ce qu’ils souhaitent construire, et mettre en avant des plans, des dessins, du matérielpour permettre aux gens de fabriquer et reprendre en main leurs propres équipements.
“Personne ne prétend que la démocratie est parfaite disait Churchill. La technologie ouverte pourl’instant n’a pas résolu mon problème, mais c’est le système le moins imparfait qu’on ait.”
Et Jonathan de souligner qu’il n’a trouvé que 6 patients comme lui sur PatientsLikeMe. “Dans laliste des 6000 pathologies orphelines établies par le ministère de la Santé américain, la miennen’en fait pas partie. Bien sûr le mouvement du bricolage ouvert peut aider, mais en matière dehandicap, trop souvent, le besoin est très individuel et doit être traité de manière personnalisée.Le fait que les outils soient disponibles est capital pour qu’on exprime des besoins et que d’autresnous aident à y répondre ou qu’on puisse le faire seul. Peu de gens ont encore essayé de modifierles crochets, de leur trouver d’autres formes. Mais on s’y emploie. Et c’est aujourd’hui pluspossible qu’hier. Il y a juste encore pas mal de travail”, conclut avec courage l’ex-officier de laMarine toujours en croisade [24].
Stimuler la discussion avec le public
Tobie Kerridge [25] est designer. Il travaille au Studio de recherche d’interaction [26] del’université Goldsmith de Londres et s’intéresse à produire des systèmes conçus “avec” et “pour”les gens.
Les technologies peuvent nous aider à regarder le monde autrement, à modifier la relation desgens et des objets, dans leur environnement immédiat, un peu à la façon de Playing Tracker, undispositif permettant de suivre les déplacements d’avions en projetant sa position sur GoogleEarth comme dans un poste télé. Depuis longtemps les artistes s’intéressent à stimuler ladiscussion entre les publics, les concepteurs et l’industrie. Les artistes Dunne & Raby [27] avaienten 2001 imaginé des dispositifs pour les gens électrosensibles [28] afin de pouvoir amener lesgens à discuter de leurs peurs des technologies.
L’engagement du public dans la science a toujours été une question compliquée. Les scientifiquesdevraient mieux parler de leur travail pour développer une relation de confiance avec le public etlui permettre de mieux comprendre ce qu’ils peuvent apporter. Sauf que le plus souvent, onsouhaite éduquer les gens pour qu’ils aient confiance dans les avantages et les bénéfices de latechnologie, pas nécessairement pour qu’ils expriment leurs craintes et doutes légitimes. On saitdésormais discuter très tôt des dimensions sociales des technologies les plus pointues et de leursimplications réelles, même si celles-ci sont souvent loin d’être claires.
Avec le programme Material Beliefs [29] (Croyances matérielles, voir le livre (.pdf) [30] quirassemble toutes les contributions artistiques), Tobie Kerridge a animé tout un programme demise en relation entre scientifiques et artistes, pour que les seconds interrogent les travaux despremiers. Par exemple, Tobie Kerridge a travaillé avec le laboratoire de biotechnologie de
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l’université de Londres, pour comprendre le fonctionnement de leur pancréas artificiel, unemicropuce capable d’analyser le niveau de sucre dans le sang pour maîtriser son insuline. Lesdesigners ont fait discuter patients, ingénieurs et médecins autour de leurs découvertes, de leursusages et de leurs angoisses pour mieux les comprendre. Ensuite, ils ont imaginé des prototypeset scénarios pour intégrer physiquement les comportements, les craintes, les espoirs que l’onplace dans la technologie. Le projet Vital Signs [31] (signes vitaux) a utilisé un pansementnumérique (doté de silicium permettant de mesurer la tension d’un patient et de le transmettrevia un téléphone mobile à son médecin) pour exprimer dans un tout autre objet les angoissesd’une mère surveillant l’insuline de son enfant. Les données biométriques de l’enfant sontdiffusées à distance via un appareil qui, par son balancement, retraduit les pas de l’enfant, bat aurythme de la respiration de l’enfant qui s’amuse dans un parc pas très loin.
[32]
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[33]Image : Vital Signs, du croquis à la scénarisation.
L’intérêt de la conception spéculative adaptée à la science est qu’elle imagine des appareils et desimages qu’elle déplace dans d’autres environnements pour en montrer la puissance ou les limites.Le but est de créer des matériaux qui posent des questions sociales à partir de problématiquesscientifiques ou technologiques et peuvent ainsi participer du nécessaire débat entre science etsociété. Ces objets matérialisent et rendent plus vivant la technologie, pour monter combien lasociété et la technologie sont toujours un peu plus imbriqués l’un l’autre.
Paul Wicks, Jonathan Kuniholm et Tobie Kerridge nous répètent la même chose : on ne saura pasbâtir une science qui ne tirerait pas partie des contributions du public.
4 Comments To "Ce que les patients changent à la santé"
#1 Pingback By My Stimuli » Ce que les patients changent à la santé sur @internetactuwww.internetactu.ne… On 25/7/2011 @ 6:09
[...] que les patients changent à la santé sur @internetactu [34]; #socialnetwork #PatientLikeMe#healthcare Category: HealthcareIT, Uncategorized | Tags: [...]
#2 Pingback By My Stimuli » Groupe à écouter On 25/7/2011 @ 6:10
[...] que les patients changent à la santé sur @internetactu [34]; #socialnetwork #PatientLikeMe#healthcare Category: HealthcareIT, Uncategorized | Tags: [...]
#3 Pingback By Où va la Quantification de Soi? (Internet Actu) | Navicorp On 11/3/2012 @ 4:00
[...] Ce que les patients changent à la santé (2) [...]
#4 Pingback By Je me modifie, donc je suis » Dextre zèbre On 24/10/2012 @ 9:27
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Et demain ?
Plus de problèmes de traduction, la démocratie directe, la réalité virtuelle, les mobilités « temps réels », le transhumanisme ?…
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Imprimer
le 12/03/2012
Microsoft vous permettra de parler japonais sans effort
Voilà qui devrait faciliter encore la mondialisation, tout en respectant les langues de chacun. Microsoft
travaille sur une solution qui permet de traduire vocalement ce que dit une personne, en utilisant sa propre
voix plutôt que celle d'une synthèse vocale traditionnelle.
Il arrive encore que la technologie nous épate. L'an dernier, nous avions déjà été impressionnés par le
Conversation Mode de l'application de traduction de Google sous Android, qui permet à l'utilisateur de parler
dans sa langue et de faire écouter une traduction à son interlocuteur étranger. Mais Microsoft a placé la barre
encore plus haut, dans un projet de recherche dévoilé lors du TechFest 2012 la semaine dernière.
Frank Soong, responsable de la recherche vocale chez Microsoft, a présenté un logiciel qui permet non
seulement de traduire ce que dit quelqu'un et de le synthétiser vocalement, mais qui utilise en plus la propre
voix de la personne pour restituer la traduction. Il suffit d'apprendre au logiciel à reconnaître les
caractéristiques de la voix de l'utilisateur, ce qui peut ne prendre qu'une heure, et le logiciel est alors capable
de synthétiser la voix dans n'importe quelle langue.
Pour ce faire, des algorithmes découpent la synthèse vocale en de très nombreux morceaux de 5
millisecondes chacun, et les fait correspondre au modèle type d'une voix dans la langue cible. Le ton, la
longueur du son, ou le volume sont alors automatiquement ajustés pour restituer le meilleur accent possible,
sans trahir la voix de la personne. Pour la démonstration, Soong fait ainsi parler une voix virtuelle de son
supérieur Rick Rashid, qui dirige les laboratoires de recherche de Microsoft.
Mieux encore, il a demandé à Craig Mundie, le directeur de la recherche et de la stratégie de Microsoft,
d'utiliser le logiciel pendant 1 heure pour lui apprendre sa voix, mais pas uniquement. Le logiciel est également
capable de capturer les expressions faciales qui correspondent aux différents phonèmes, pour synthétiser
non seulement la voix mais aussi le mouvement des lèvres, ce qui facilite la compréhension et ouvre de
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nouvelles perspectives, notamment pour les jeux vidéo ou les visioconférences.
Pour le moment, la solution de Microsoft est déjà capable de traduire entre 26 langues.
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transportsdufutur.typepad.fr
by GABRIEL PLASSAT • MARCH 11, 2010
De nombreux articles ont été rédigés sur le sujet du téléphone portable dans les transports et la mobilité (v oir ici pour ce blog). Des
applications dédiées sont disponibles, d'autres se dév eloppent, réalisant progressiv ement un puissant assistant personnel de mobilité.
Quel rôle v a jouer ce nouv el objet ? Quelles capacités ce nouv el assistant personnel de mobilité v a nous permettre de dév elopper ? Est ce
v raiment indispensable ?
Depuis la première peau, le premier lanceur, ou le premier silex, la recherche et la création d’outils est une activ ité structurante des
sociétés humaines. Notre corps se complète de ces prothèses pour améliorer ses performances, ou réaliser de nouv elles, puis tout
simplement pour v iv re dans un monde « trop » complexe. En même temps, nous perdons des capacités pour en acquérir de nouv elles.
Ainsi à l’inv ention de l’imprimerie, les premiers liv res et bibliothèques étaient accusés de faire perdre la mémoire. Ceci était v rai, mais
nous av ons accédé à un niv eau supérieur : champs de connaissance élargi. Comme l’indique Michel Serres (v idéo exceptionnelle à v oir
ici), nous poursuivons l’externalisation de nos fonctions cognitives, dont nous pensions qu’elles nous caractérisaient. En ce sens,
les technologies de l’information participent à ce darwinisme dev enu externe, cet « exo-darwinisme » pour reprendre M.Serres. Depuis
toujours donc nous perdons (au sens de fuire) pour gagner de nouv elles capacités, dont certaines restent à découv rir.
Aujourd’hui, l’automobile peut être considérée, pour certains, comme notre prolongement, pouv ant conduire aux pires des
comportements. Prolongement de notre salon, de nos jambes, de notre corps. « Je suis garé là bas », traduit bien cette identification. Non
v ous n’êtes pas garé, v otre v oiture l’est. La v oiture et sa clé permettent à l’indiv idu de se projeter loin, v ite, à tout moment. Outil
complexe, simple à utiliser, permettant de simplifier des situations, elles aussi complexes. Le v élo à assistance électrique pourrait être
une des meilleures prothèses (v oir ici).
Mais la complexité de nos v ies v a continuer de s’accroître. La clé ne permettra plus, à elle seule, de réussir à se déplacer. Déjà
aujourd’hui, le GPS, par exemple, a connu un essor sans précédent, s’imposant comme accessoire indispensable. Le réseau routier, le
trafic temps réel doiv ent maintenant être intégrés à la machine. La clé de la v oiture doit dev enir plus intelligente pour gérer des
situations et des missions plus complexes. Le GPS intégrant le trafic temps réel dev ient aussi important que le v éhicule ou l’énergie dans
le réserv oir. Ce n’est que le commencement, arrivera le moment où la voiture, si elle reste un objet « déconnecté »,
deviendra un frein à la mobilité.
Les informations à connaître, les tendances à prév oir, les décisions à prendre pour pouv oir se déplacer, en respectant des objectifs
(temps, coût, puis émissions) eux aussi de plus en plus complexes, v ont croître à la limite de nos capacités. Cette complexité sera, une
nouv elle fois, gérée par des machines. Nous l’accepterons comme nous av ons accepté les machines précédentes, car les bénéfices
engendrés seront supérieurs aux risques estimés. Nous aurons raison à condition de ne pas sous-estimer les risques. Ces derniers doiv ent
être dès à présent être étudiés, compris et minimisés.
Notre robot personnel nomade, le téléphone portable, v éritable concentrateur de solutions, gèrera cette complexité. L’exo-darwinisme
nous aura permis d’externaliser des fonctions cognitives pour réaliser des tâches complexes en parallèle, tout en étant
capable d’utiliser en permanence ces fonctions et capacités, devenues portatives. Utilisant des bases de données publiques ou
priv ées, des outils de simulation ou accédant à des serv ices fournis par des opérateurs de mobilité, cette clé numérique nous donnera
accès à des solutions de transport optimisées en fonction du besoin, nous indiquera les meilleures routes, paiera sans contact et fournira
des assurances adaptées à chaque instant. Réalisable dès aujourd’hui, cet assistant personnel de mobilité v a transformer la façon dont
nous nous déplaçons, bien qu’étant réalisé par des industries v enant essentiellement des telecoms et des serv ices. Certains constructeurs
réussiront à intégrer ces nouv eaux sav oirs à la machine automobile, mais les vagues suivantes vont définitivement dissocier
informations, donc connaissances et objets véhicules. Il ne sera plus nécessaire d’av oir des machines automobiles plus
intelligentes puisque l’intelligence sera « partout », et portativ e.
Deux autres technologies v ont v enir compléter puis démultiplier les possibles et les innov ations : l’internet des objets (v oir également
ici)et les nanotechnologies. « Apporter au monde phy sique la plasticité du numérique», Daniel Kaplan propose ainsi cette propriété de
l’internet des objets (IdO). En fait, cet outil nous permettra, une nouv elle fois, de rajouter des degrés de libertés là où tout était figé,
contraint, grav é dans le marbre. L'Internet des Objets, s'il comprit dans sa globalité, s'inscrit dans l'év olution générale de la
décentralisation des outils et des connaissances, du peer to peer, de la société ubiquitaire, de l'intrusion du consommateur/citoy en dans
la démarche de choix, de production et d'innov ation (comme l'av ait déjà indiqué A.Gorz).
Puis, d’ici quelques années, quand les TIC auront bénéficiées des procédés industriels des nanotechnologies, notre connexion aux réseaux
d’informations et sociaux réalisée aujourd’hui par le téléphone, disparaîtra phy siquement pour n’exister qu’intégrée dans nos objets
millénaires : lunettes, v êtements, montres. L’objet « téléphone portable » n’aurait existé qu’un instant dans l’histoire de l’humanité.
L’être humain pour se déplacer utilisera alors, sans s’en rendre compte, sa connexion permanente aux réseaux, lui permettant de gérer
une complexité d’informations sans précédent, et d’accéder ainsi au meilleur mode de transport, au meilleur moment, partout, tout le
moment. Dev enu cy borg connecté, notre ubiquité aura largement progressée tout en nous permettant à la fois de nous détacher des
objets phy siques et de bien mieux les utiliser. La v oiture d’aujourd’hui sera donc remplacée par un garage v irtuel contenant plusieurs
objets roulants dont nous serons pour la plupart pas propriétaires, que l’on utilisera selon le besoin, et des serv ices d’aide à la mobilité
gérant les données pour ne fournir que les informations utiles. Ces informations prendront l’avantage sur l’objet véhicule dans
la chaîne de valeur, le client final pourrait ne plus être en contact avec le constructeur.
Les risques associés à ces technologies, ces prothèses, ces « solutions » nous permettant de gérer ou de v iv re dans cette complexité, sont à
la hauteur des bénéfices. Finalement, cette ubiquité assistée pourrait, comme l’automobile, se rév élait elle aussi aliénante et
dangereuse, un nouv eau pharmacone, av ec de nouv eaux sujets comme l’identité ou l’intégrité. Est-ce que cette mobilité 2 .0 sera plus
efficace, plus performante, plus citoy enne, plus sociale, plus … ? Nous dev rons v eiller à construire et à contrôler ces indicateurs, à ne pas
les oublier, à étudier de nouv eaux risques : exclusion des TIC, esclav e des TIC, opacité des forfaits de mobilité, opacité des financements
et coûts réels des serv ices de mobilité.
Les transports du futur — transportsdufutur.typepad.fr — Readability http://www.readability.com/articles/wihwrkvt
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Corriere della Sera | Marta Serafini | 25 Septembre 2012 | 0 Réagir
Un site du groupe
> Europe > Multimédia > Allemagne - Italie - Suisse
La plupart des partis Pirates européens l'ont adopté, le mouvement populaire du comique italien Beppe
Grillo songe à s'y mettre : le logiciel libre LiquidFeedback permet aux organisations de prendre toutes les
décisions par référendum ou par vote. Démocratie directe ? Mieux : "démocratie liquide". Explications.
Dessin de Ruben.
Beppe Grillo [leader du nouveau parti politique Mouvement 5 étoiles] face à la démocratie liquide. Que ce
soit via les forums, commentaires, blogs, tweets et autres messages, le débat sur les processus de
sélection des candidats au sein du Mouvement 5 étoiles (M5S) agite les fidèles de Beppe Grillo depuis un
certain temps. Le mouvement a faim de démocratie directe et tous les sympathisants veulent faire entendre
leur voix. Par conséquent, depuis quelque temps déjà, on envisage dans les rangs du M5S d’adopter une
plate-forme de "démocratie liquide" pour débattre et voter les motions. Et, pourquoi pas, pour désigner les
candidats aux élections.
L’instrument idéal pourrait être LiquidFeedback, un logiciel libre disponible sur Internet qui permet aux
membres d’une association de prendre part aux processus décisionnels. Ce système a déjà été adopté par
les partis Pirates du monde entier, à commencer par celui d’Allemagne. Pratique, surtout quand les
représentants politiques sont éparpillés aux quatre coins du pays et que le parti ne dispose pas de fonds
pour créer une entité politique au sens classique.
Mais comment fonctionne LiquidFeedback ? Après l’inscription, on discute d’une question avant de voter,
par le biais de la "méthode Schulze" [du nom de son inventeur Markus Schulze qui a mis au point en 1997
un système de vote permettant de désigner un gagnant à partir d'une liste de candidats]. Celle-ci permet
de donner son avis en établissant un ordre de préférence incluant toutes les autres propositions. Le
INTERNET • La démocratie liquide, ça vous dit ? | Courrier international http://www.courrierinternational.com/article/2012/09/25/la-democratie...
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Corriere della Sera | Marta Serafini | 25 Septembre 2012 | 0 Réagir
programme calcule ensuite quelles sont les idées les plus plébiscitées. Mais le plus intéressant est
probablement le système de mandats, qui permettrait, à condition de l’utiliser correctement, de mettre en
œuvre une véritable démocratie directe sur Internet. Ou mieux, une démocratie liquide. À travers un
système contrôlé et certifié, il est possible de déléguer son vote à un autre participant pour un sujet en
particulier.
Cela semble simple, et pourtant : "Le risque est de voir s’instaurer une dictature des actifs, c’est-à-dire de
ceux qui se servent le plus de la plateforme", explique Carlo Brancati, vice-président du parti Pirate suisse.
"Si une seule personne vient à concentrer trop de pouvoirs, on risque le 'coup d’État'". Une minorité devient
alors en mesure de prendre des décisions contre la volonté de la majorité. Un danger surtout encouru si le
nombre d’inscrits est faible."
La dictature des actifs
LiquidFeedback a également ses failles et points faibles dont pourrait tirer parti un habile manipulateur.
"S’il est vrai, comme on le raconte, que Gianroberto Casaleggio [proche de Beppe Grillo, créateur de son
blog et accusé dernièrement d’être celui qui choisit arbitrairement ceux qui représenteront le mouvement
Cinque Stelle au Parlement lors des prochaines élections législatives] impose sa ligne, ce système lui
permettrait de contrôler très facilement tout le processus décisionnel", continue Brancati. Et pas seulement.
En supposant qu’il soit vrai que la moitié des abonnés de Beppe Grillo sur Twitter sont des bots [des "web
robots", de faux comptes], alors il serait probablement facile de trouver un moyen de contourner le
système de certification des mandats sur LiquidFeedback. Ainsi, tout le monde pourrait se créer son petit
groupe de partisans et imposer son avis. Mais ce ne sont que des hypothèses.
La démocratie liquide est très efficace pour ces mouvements, mais elle doit être appliquée à la lettre pour
fonctionner correctement. "Plusieurs étapes sont nécessaires. Premièrement, le nombre de votants doit être
suffisamment important pour éviter un 'coup d’État'. Deuxièmement, il faut surveiller de très près l’Admin
(l’administrateur de la plateforme) pour qu’il n’ait pas trop de pouvoir et qu’il n’influence pas le vote si
celui-ci est ouvert. Troisièmement, il faut un règlement très strict concernant la gestion pratique de la
plateforme et la certification des mandats", prévient [le pirate suisse] Carlo Brancati.
Logiciel traduit en italien
Comment se situe le Mouvement 5 étoiles vis-à-vis de la démocratie liquide ? A ce jour, LiquidFeedback a
été testé dans plusieurs régions, comme en Sicile. Le logiciel a également été traduit en italien lors des
tables rondes de Bergame. Et comme l’explique Marco Piazza, conseiller municipal de Bologne, "de
nombreux sympathisants demandent à l’essayer en Émilie-Romagne; mais pour l’heure, on en est
seulement au stade des discussions." Qu’en est-il de la sélection des candidats ? Tout le monde pourra-t-il
vraiment se présenter, même sans programme ou liens avec la région ? Au contraire, le chef de file
aura-t-il le dernier mot comme c’est le cas dans les partis classiques ? Récemment, Beppe Grillo a annoncé
que pour les prochaines élections, "les candidats du M5S seraiont choisis en ligne et le programme débattu
et complété de manière transparente par le biais d’une plateforme Internet." Affaire à suivre.
À L IR E ÉGA LEM EN T
INSOLITE • Chine : l'infâme cloaque à 24 000 euros
ROYAUME-UNI • Kate Middleton – Royal soit le fruit de ses entrailles
GUERRE AU MALI • Ne jamais sous-estimer ces "capitulards" de Français !
INTERNET • La démocratie liquide, ça vous dit ? | Courrier international http://www.courrierinternational.com/article/2012/09/25/la-democratie...
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Les transports du futur
Livre - Vos critiques
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27/02/2012
Les lunettes Google traduisent une évolution millénaire, présentent de nombreux
intérêts dans la mobilité et la consommation, et posent de nombreuses questions …
philosophiques
La rumeur se confirme (déjà abordé dans 2 précédents articles: ici et là). Google devrait commercialiser fin
2012 des lunettes intégrant les principales fonctionnalités d’un smartphone : téléphone, connexion web, GPS,
mémoire, appareil photo, avec une projection des informations sur les verres. Cet objet arrivera d’ici quelques mois,
il concentre et cristallise de nombreuses évolutions à venir dans nos rapports au contexte, à l’environnement, aux
autres. Il crée également de nouveaux risques qu’il faudra comprendre, débattre et limiter pour profiter des
avantages dans de nombreux domaines, ceux des mobilités et des chaînes logistiques.
Ces lunettes rendent visible, à double titre, la façon dont des entreprises comme Google, Facebook ou Amazon,
voient le monde qui vient. Petit rappel technologique : tout est décrit ici.
Futur Smartphone ?: L’équipement en téléphone portable et en smartphone indique globalement que ces objets
sont acceptés et demandés. Prothèse nomade « parfaite », les lunettes prolongent les tendances millénaires :
l’appropriation d’objet portable permettant à l’homme de se déplacer, de s’adapter à son environnement, d’échanger
avec les autres des connaissances, des objets ou des savoirs, de pratiquer le troc. Le smartphone que nous appelerons
« cerveau externalisé », en référence à Michel Serres, apporte donc ces éléments essentiels au nomadisme dans un
monde complexe. Une évolution possible verra donc disparaître l’objet smartphone dans les lunettes et la montre,
objets historiques.
En pratique, les lunettes apporteront plusieurs niveaux d’informations, de liens en temps réel :
sur l’environnement, les objets, bien sûr les véhicules en circulation, en résumé le contexte,
sur soi-même, sa position,
sur son réseau de connaissance, sur les personnes
sur les connaissances et savoirs répertoriés sur internet, indexés et accessibles aux robots numériques.
Votre cerveau externalisé: En conséquence, vous parlerez virtuellement plusieurs langues, demanderez à votre
« cerveau externalisé » de résoudre des problèmes en marchant, serez capable de (re)connaître de nombreuses
personnes, d’être quasiment partout comme dans votre quartier, d'avoir toutes les informations que vous jugez
importantes pour choisir le produit adapté … Les conséquences sont nombreuses, liées entre elles, complexes (au
sens de complexus), paradoxales ; Certains pensent alors que la richesse sera la capacité à être seul, coupé des
autres, à pouvoir se recueillir (voir Vidéo Conversation d'Avenir - la solitude ici).
Ces connaissances sont « ajoutées » au monde physique réel devenant « réalité augmentée » (voir ici par exemple).
Ceci pose déjà des questions auxquelles nous devrons répondre sur l’intrusion, sur le partage de nos données
publiques, de nos traces numériques conscientes ou inconscientes, de nos données privées. Cela ouvre également des
possibilités infinies d’intrusions commerciales de plus en plus sophistiquées (voir quelques exemples ici et là). La
frontière privée/publique, professionnelle/privée s’estompera pour devenir connectée/non connectée. Certains
Les lunettes Google traduisent une évolution millénaire, présentent de ... http://transportsdufutur.typepad.fr/blog/2012/02/les-lunettes-google-trad...
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pensent alors que ne pas être connecté sera suspect, notamment par votre réseau (voir Vidéo Conversation d'Avenir -
La vie privée: ici).
Plus faciles et rapides à utiliser ces informations apportées au moment où nous en avons besoin modifieront nos
usages, nos pratiques. Mais plus encore, nous pourrons apprendre les liens entre ces informations fournies au bon
moment (Google appelle cela ZMOT), et les changements de comportements, nous aurons des outils pour apprendre
à apprendre permettant d’accélérer le processus.
Puis de nouvelles connaissances seront proposées : le futur, le temps d’après. Par exemple, vous verrez sur le bus, le
nombre de place libre, l’heure d’arrivée simulée intégrant les bouchons qui arriveront sur le trajet ; et également un
comparatif des autres options de mobilité en intégrant dans les propositions le futur. Ces modèles prédictifs du futur
concentreront toutes les données temps réel du passé ; ils leurs donneront un autre sens (voir quelques exemples ici
et ici).
Connexion aux savoirs et aux objets: Puis arrivera l’internet des objets, ces derniers communiqueront avec
nous et entre eux, ouvrant des possibilités inimaginables aujourd’hui, au sens que nous ne pourrons pas le concevoir
dans leur ensemble tant les interactions et rétroactions sont multiples. Nous ne pourrons que les expérimenter pour
trouver en même temps les domaines d’application et les normes pour les diffuser et les lois pour les limiter. Un
colis affichera son contenu carbone, sa trace ; un camion circulant informera les autorités sur ses émissions
polluantes, sa masse totale, déterminant automatiquement le montant du péage, et proposant alors au chauffeur la
meilleure organisation de livraison revue et mise à jour au dernier moment, réservant l’aire de livraison et
établissant automatiquement la comptabilité carbone de l’entreprise.
Dans le domaine des transports, il est alors probable que les gains de productivité, d’énergie et économiques soient
alors majoritairement apportés par l’optimisation des systèmes rendus possible par ces évolutions, et non pas par les
progrès technologiques sur les véhicules. En conséquence : et si Google se rapprochait de Veolia Transport ?
Cette paire de lunettes confirme également l’arrivée des géants numériques dans le monde physique ; quand il leur
apparaît nécessaire de matérialiser sous des formes précises (kindle, ipad, …) leurs services, leurs Univers pour se
positionner dans la chaîne de valeurs. Quand investiront-ils les secteurs de l’énergie et des transports ?
Ces lunettes permettent de voir le monde comme Google le voit, pour le moment : orienté utilisateur, communicant,
apprenant, temps réel et prédictif … Mais après ? Comment même concevoir ces risques pour s’en protéger ? Ces
derniers seront tellement nouveaux et changeant. Certains philosophes, comme Michel Serres (voir vidéo), abordent
ces questions essentielles portant sur les évolutions « du support / message » après les deux révolutions précédentes
(inventions de l’écriture, puis de l’imprimerie). Il indique notamment qu’avec cette 3ème révolution, nous devrons
(ré)inventer de nouvelles lois, de nouveaux codes. « C’est lorsque interviennent des révolutions concernant
l’information, que les civilisations basculent ».
Les ingénieurs et les scientifiques ne doivent plus ignorer ces changements dès la conception des nouveaux
systèmes. Ces derniers doivent donc intégrer les outils, les technologies qui permettront de penser de nouvelles lois,
de nouveaux codes permettant de mieux se protéger collectivement.
Rédigé par Gabriel PLASSAT à 10:31 dans assistant de mobilité, Assistant Personnel de Consommation, citoyen,
internet, internet des objets, living lab, management de la mobilité, marchandises, marketing individualisé, monnaie
complémentaire, multimodes, partage de données, pensée complexe, Service de mobilité | Lien permanent
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envisioningtech.com
What we do:
What is the visualization?
Understanding where technology is heading is more than guesswork. Looking at emerging trends
Envisioning the future of technology — envisioningtech.com — Readability http://www.readability.com/articles/jwocvfij
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dailygeekshow.com
DEC. 2 , 2012
2 décembre 2012 - Par Martin Rousseau
Plusieurs universitaires ont ouvert à l'université de Cambridge en Grande-Bretagne, un centre
spécialisé dans l'étude d'un "risque existentiel". Ils devront réfléchir à l'éventualité qu'un jour les
machines puissent se révolter contre leurs créateurs.
À la vitesse à laquelle vont nos avancées en matière de technologie, il est normal de se demander quand la limite entre
réalité et science-fiction aura été franchie. C'est pourquoi un collectif d'universitaires a décidé d'ouvrir un centre
scientifique à l'université de Cambridge afin d'étudier la menace d'une révolution des intelligences artificielles. Le
CSER, centre d'étude du risque existentiel, a été fondé par l'astrophysicien Lord Martin Rees, le philosophe
Bertrand Russel ainsi que l'ingénieur Jaan Tallinn, qui a notamment participé au développement de Skype et
Kazaa.
Ce centre d'étude des "Terminators" comme il a été surnommé, compte forcément évoquer la possibilité que l'homme
soit un jour dominé par ses créations. Sur le site du CSER, ils expliquent que "beaucoup de scientifiques sont
préoccupés par le fait que les développements dans les technologies humaines pourraient bientôt poser de nouveaux
risques allant jusqu’à l’extinction de notre espèce en tant que telle. Ces problèmes requièrent plus d’attention
scientifique qu’ils n’en reçoivent pour l’instant".
Le lancement du centre s'effectuera en 2013, après avoir été officiellement annoncé lundi dernier. Selon eux pour
éviter au maximum qu'un Terminator vienne un jour éradiquer la planète, il faudrait déjà "arrêter de traiter les
machines intelligentes comme un dérivé de la science-fiction et de commencer à les considérer comme une part
intégrante de la réalité à laquelle nous, ou nos descendants, serons confrontés, tôt ou tard". Alors si l'un de vous
travaille chez Skynet, qu'il se dénonce tout de suite.
L’université de Cambridge ouvre un centre pour étudier la menace des ... http://www.readability.com/articles/jjatfksd
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Craignez-vous qu'un jour les machines puissent se révolter contre l'homme ?
Original URL:http://dailygeekshow.com/2012/12/02/luniversite-de-cambridge-ouvre-un-centre-pour-etudier-la-menace-des-robots/#!
L’université de Cambridge ouvre un centre pour étudier la menace des ... http://www.readability.com/articles/jjatfksd
Quand vous ne voyez pas le service, c’est que vous êtes le produit !Posted By Xavier de la Porte On 27/2/2012 @ 10:21 In Articles,Economie etmarchés,eDémocratie,Services | 13 Comments
La lecture de la semaine, il s’agit d’un article de l’hebdomadaire américain The Nation, il est signépar Ari Melber, journaliste et spécialiste des réseaux sociaux, il s’intitule “Le secret de lavalorisation de Facebook” [1]. L’occasion de revenir sur un événement largement commenté etdont nous avions dit quelques mots ici même.
“Une chose manque dans tous les commentaires au sujet de la valorisation boursière deFacebook”, commence Ari Balmer. “Tout le monde sait à quel point l’entreprise est populaire,avec ses 845 millions d’utilisateurs, et à quel point elle marche bien, avec une valorisationpotentielle à 100 milliards de dollars (soit 5 fois celle de Google quand il fut introduit en Bourse en2004). Mais qu’est-ce qui fait vraiment de Facebook une entreprise aussi rentable ?” demande AriMelber.
C’est vous, répond-il. Ses utilisateurs. Et plus exactement, ce que vous y mettez.
[2]
Image : Mark Zuckerberg nous dit merci !
Dans les faits, à l’époque contemporaine, l’introduction en Bourse de Facebook constituera l’undes plus gros transferts volontaires de propriété d’une masse de gens à une entreprise.
Le mot “volontaire” est, selon Melber, une façon plutôt gentille de voir les choses. Les étudesmontrent [3] que la plupart des utilisateurs de Facebook ne savent pas qu’ils abandonnent toutdroit sur leurs photos et leurs informations quand ils acceptent les conditions généralesd’utilisation [4] de l’entreprise. Après tout, qui a le temps de lire les 4 000 mots que comptent cesconditions d’usage ?
Mais si vous les lisez, poursuit Melber, vous apprendrez que tout contenu relevant de la propriétéintellectuelle de l’utilisateur (comme les photos et les vidéos) est cédé à Facebook “sous unelicence mondiale, non exclusive, transférable, sous-licenciable, et gratuite”. Cela signifie queFacebook peut faire ce qu’il veut de ce matériel.
C’est un pouvoir vraiment exorbitant ainsi cédé à un fournisseur de service, ajoute Melber –comme si un service de messagerie revendiquait la propriété intellectuelle de chaque mot qui estéchangé dans son système.
Il n’y a, par ailleurs, aucun moyen de récupérer sa propriété intellectuelle dans Facebook. Si des
InternetActu.net » Quand vous ne voyez pas le service, c’est que vous êt... http://www.internetactu.net/2012/02/27/quand-vous-ne-voyez-pas-le-se...
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201
usagers ferment leurs comptes, Facebook conserve la même licence pour tous les contenus qui“ont été partagés avec les autres”. Chaque mot écrit sur Facebook étant partagé, l’entreprisegarde donc la propriété de tout ce qui a été mis sur son site.
C’est donc un arrangement à sens unique, qui est d’autant plus remarquable que Facebook aréussi à convaincre toujours plus d’utilisateurs qu’il offre un service “gratuit”. Certes,techniquement, l’entreprise ne fait rien payer à ses usagers. Le micropaiement est réservé auxjournaux. Les milliardaires voient plus loin. Facebook trouve ses revenus dans un produit qui abeaucoup plus de valeur : les données personnelles.
Il est difficile de mesurer quelle part de la valeur de Facebook réside dans la récolte des donnéesde ses utilisateurs. Pour être tout à fait juste, aujourd’hui, la plus grosse part de ses revenusprovient de la publicité, ce qui est carrément démodé, dit Melber. Certaines de ces publicités sontciblées individuellement, les autres trouveraient sans doute leur place sur n’importe quel site trèsfréquenté. Les 15 % restant des revenus de l’entreprise proviennent des jeux, qui n’ont rien à voiravec le vol de vos albums photo.
Mais la vraie valeur de Facebook ne réside pas dans son bilan comptable. Il s’agit d’un pari surl’avenir. Beaucoup d’analystes boursiers l’ont dit [5], les revenus de Facebook aujourd’hui, autourde 3 milliards de dollars, ne justifient absolument pas la valorisation de l’entreprise. Le jackpot,en fin de compte, devra venir d’une monétisation plus agressive de l’expérience Facebook.
Alexis Madrigal, qui écrit sur la technologie pour The Atlantic, avance que l’entreprise devra tirerde chacun de ses utilisateurs actifs 4,39 dollars [6] pour justifier une capitalisation boursière de100 milliards de dollars. Comment ? Madrigal imagine un autre programme pour diriger lesutilisateurs dans des publicités pour des produits qu’ils pourraient chercher à se procurer via lesite. “Je m’attends à voir la résurrection de quelque chose de l’ordre du malheureux plan Beacon[7]“ (un système publicitaire ciblé lancé par Facebook en 2007 qui utilisait l’activité des utilisateurssur des sites partenaires, et permettait donc un ciblage très précis. Il a été abandonné suite à unmouvement d’usagers, en 2009). Madrigal écrit : “Cette fois, ce sera plus subtile, mais Facebookarrivera à vous montrer des produits que vous et vos amis aimez. Vous partagerez sans frictiontous vos goûts avec vos amis et avec les publicitaires.”
Le partage, reprend Melber, est un de ces mots dont le sens habituel disparaît sur Facebook.Comme “volontaire”. Ou “gratuit”. Ou “ami”. Beacon ne consistait pas à partager tous vos goûts,ce qui implique les notions de choix et de réciprocité. Le programme mesurait les habitudesd’achat des utilisateurs pour leur suggérer des publicités personnalisées, sans aucunavertissement. Le programme a été retiré à la suite d’un backlash, mais le signal était clair. Lesutilisateurs de Facebook n’étaient pas des consommateurs à satisfaire : ils étaient des produits àvendre.
Le modèle de l’entreprise – de la dépossession première des biens des utilisateurs jusqu’à lamanière dont on peut les exploiter – est la démonstration parfaite d’un vieil adage selon lequel lagratuité en ligne est une illusion. Comme l’exprimait un commentaire anonyme sur un site [8] :“Si vous ne payez pas, c’est que vous n’êtes pas un consommateur, mais un produit à vendre”.
Xavier de la Porte
[9]Xavier de la Porte, producteur de l’émissionPlace de la Toile [10] sur France Culture, réalisechaque semaine une intéressante lecture d’unarticle de l’actualité dans le cadre de sonémission.
L’émission du 25 février 2012 [11] était consacréeà la grande offensive du copyright, c’est-à-direcomprendre pourquoi le droit d’auteur se durcit àl’heure d’internet, en compagnie de JérémieZimmermann, porte-parole de la Quadrature duNet [12], association qui milite pour un Internetlibre, qui explique clairement : “Tenter decontrôler l’internet comme un énième canal dedistribution conduit invariablement à avoir un impact sur les communicationinterpersonnelles donc sur les libertés fondementales”.
13 Comments To "Quand vous ne voyez pas le service, c’est que
InternetActu.net » Quand vous ne voyez pas le service, c’est que vous êt... http://www.internetactu.net/2012/02/27/quand-vous-ne-voyez-pas-le-se...
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