ENSEIGNEMENT ET APPRENTISSAGE DE LA LECTURE ET DE L’ÉCRITURE AU CYCLE 2 Animation pédagogique: ROUFFACH 28 novembre 2018 03 avril 2019 CPAIEN: Chantal JAUNEAU
ENSEIGNEMENT ET APPRENTISSAGE DE LA LECTURE ET DE L’ÉCRITURE AU CYCLE 2
Animation pédagogique: ROUFFACH 28 novembre 2018
03 avril 2019
CPAIEN: Chantal JAUNEAU
« Lire c’est d’abord décoder et le décodage est bien la condition de la
compréhension » Guide Pour enseigner la lecture et l’écriture au CP p50
« En fin de CP, l’élève doit être lecteur et scripteur autonome. C’est le premier niveau de la
littératie »
José Morais : lire, écrire et être libre.
« L’apprentissage du lire et écrire n’a pas à s’étirer sur tout un cycle.
Programmer les sons en respectant le tempo de 14/15 sons au cours des 9
premières semaines.
Que dit la recherche pour programmer l’enseignement du
code et atteindre 100% de réussite au CP.
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Eléments linguistiques
en Français:
26 lettres – principe alphabétique
36 phonèmes
+ de 130 graphèmes
Paramètres pris en compte
P1 : 12 graphèmes
P2 : 17 graphèmes
P3 : 28 graphèmes
P4 : 21 graphèmes
P5 : 45 graphèmes
Quelle progression pour l’apprentissage du code ?
Influence des pratiques sur les performances des élèves: le tempo
Vitesse d’études des correspondances graphèmes-phonèmes:
rapide: 14/15 CGP en 9 semaines
Accroit la clarté cognitive des élèves
Accroit leur capacité d’auto apprentissage
Évite les découragements et les tâtonnements hasardeux, les devinettes
Influence des pratiques sur les performances des élèves:
les textes supports
Choisir des textes supports en fonction des correspondances
étudiées
Proposer des tâches de déchiffrage à la portée des élèves
Déchiffrabilité des textes: + de 57% de graphèmes déjà connus
(commencer à 80% pour terminer à 60%)
Objectifs:
- Favoriser la réussite des élèves
- Mobiliser leur attention et leur mémoration
- Accroitre leur sentiment de compétences
Influence des pratiques sur les performances des
élèves: les textes supports
Quelles pistes pour améliorer les résultats des élèves?
(pp.34-39)
Travailler intensivement la CGP
Faire lire plus fréquemment les élèves, lire à voix haute
Travailler le sens de la ponctuation
Automatiser le décodage
Temps d’écriture doit être égal au temps de lecture (p39)
Le guide insiste sur l’importance de la dictée, mais pas comme exercice d’évaluation ;
ce doit être, au contraire un exercice de réflexion sur l’orthographe. Il est écrit (p.42)
que « Comme toutes les erreurs, celles des élèves dans les dictées fait partie de
l’apprentissage. […] Il est donc décisif de respecter à tout instant ce statut de l’erreur, y
compris en orthographe, pour en faire un objet de travail permanent. La traiter sur le
champ, avec bienveillance, à partir des seules exigences de la langue. »
LE ROLE DE L’ÉCRITURE DANS L’APPRENTISSAGE
DE LA LECTURE
Eduscol:
http://cache.media.eduscol.education.fr/file/Gestes_et_ecritures/60/8/2-RA16_C2_FRA_3_prealable_app_ecriture_635608.pdf
http://cache.media.eduscol.education.fr/file/Gestes_et_ecritures/61/0/3-
RA16_C2_FRA_3_mise_en_oeuvre_ens_ecriture_cursive_635610.pdf
http://cache.media.eduscol.education.fr/file/Gestes_et_ecritures/61/2/4-
RA16_C2_FRA_3_cmt_conduire_seance_ecriture_635612.pdf
http://cache.media.eduscol.education.fr/file/Gestes_et_ecritures/61/4/5-RA16_C2_FRA_3_etre_vigilant_635614.pdf
Le rôle de l’écriture dans l’apprentissage de l’orthographe
Constat: « élèves ne mémorisent pas l’orthographe des mots et des chaines écrites et ne réinvestissent pas ce qui a été appris dans les écrits produits » (p63)
Acquisition de l’orthographe améliore l’efficacité du lecteur.
La copie
La dictée
Puis le réinvestissement dans la production d’écrits
Des dispositifs comme outils d’aides:
- les documents du Marathon 68 de l’orthographe
- les dictées du groupe MDL
La copie
Faut-il apprendre les mots outils de manière globale?
POUR: certains mots fréquents sont irréguliers et ne peuvent pas être déchiffrés tôt dans l’année,
les faire apprendre tels quels peut permettre d’introduire plus vite des phrases plus complexes qui
ont du sens,
CONTRE: brise la systématisation de l’enseignement des CGP, accrédite l’idée que l’on peut
deviner les mots à leur forme…
La recherche dit qu’il n’y a pas de différence significative.
Produire des écrits
Commencer très rapidement à placer les élèves en situation de
produire des phrases puis les textes.
Observer les régularités de la langue écrite
Ritualiser les temps de productions d’écrits (inscrits à l’ET)
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Enseigner explicitement la compréhension
Le guide prône une approche pédagogique explicite dont les six
caractéristiques sont les suivantes (p 93 et suivantes )
Le rappel du récit met en évidence les capacités de
compréhension d’un élève à qui on apprendra à mobiliser
la représentation mentale qu’il se fait de l’histoire (p98)
De la lecture de mots à la compréhension de textes:
« un modèle simple » (Gough &Tunmer, 1986)
Compréhension de texte = reconnaissance des mots écrits X compréhension orale + quelques habiletés
Capacités visuelles
connaissances des lettres vocabulaire capacité d’inférence
Habiletés phonologiques compétences grammaticales connaissances
déchiffrage mémoire de travail verbale
fluence
Comment s’assurer de la compréhension après une
lecture autonome ?
Pour travailler la compréhension, il existe différents outils:
- Comment enseigner la compréhension de l’écrit de M. Bianco et L. Lima,
- Les ateliers ROLL (Réseau des Observatoires locaux de la lecture)
- Je lis, je comprends (Académie d’Orléans Tours)
- Enseigner la compréhension par S. Cebe et R.Goigoux
L’enseignement du vocabulaire et de la
grammaire: des enjeux de compréhension et
d’expression
Ressources Eduscol 100% de réussite:
http://eduscol.education.fr/cid117919/100-de-reussite-en-
cp.html#lien0
« La compréhension de l’écrit repose sur la fluidité du
déchiffrage, sur un lexique riche et la maitrise des règles
d’orthographe et de grammaire. La qualité de l’expression,
notamment écrite, découle de ces connaissances » note de service n°2018-050 d’avril 2018
Le vocabulaire et son enseignement
LEXIQUE l’ensemble des mots faisant partie de la
“langue française” (qu’aucun dictionnaire connu n’a
jamais complètement rassemblés)
VOCABULAIRE un sous-ensemble du lexique, les
mots employés par un individu pour exprimer ce qu’il
a besoin d’exprimer dans sa vie courante.
L’enseignement du vocabulaire:
Cycle 2 :
→ Accent sur la démarche à privilégier : tâche de tri et de classement,
activités de manipulation : substitution, déplacement, ajout, suppression.
→ Points de vigilance : des séances courtes et fréquentes, des activités
ritualisées.
Les séances de vocabulaire peuvent être faites selon des principes simples,
et de façon aussi systématique que pour d’autres matières:
• un enseignement explicite, spécifique et organisé, décroché du travail sur
textes littéraires, séances dédiées pour la découverte et le plaisir des
mots,
• parallèlement, des rencontres avec des mots inconnus dans des textes.
Quatre principes fondateurs pour développer le
vocabulaire en classe selon Jacqueline PICOCHE
Premier principe: donner la priorité au verbe. Pourquoi ? Parce que c’est lui
qui structure la phrase.
Second principe: ne pas séparer le vocabulaire de la syntaxe.
Troisième principe: tenir compte de l’organisation des sens dans un mot qui
en a plusieurs.
Quatrième principe: partir du mot et non de la chose
Concrètement
Un enseignement du vocabulaire qui nécessite non
seulement de l’observation et de la réflexion mais aussi de la
régularité et de la répétition,
Explorer toute la richesse sémantique des mots et des
expressions dans lesquelles ils sont employés et la réviser
régulièrement
Expliciter les noms des classes de mots, des groupes
syntaxiques et de leurs fonctions
Au niveau des pratiques
Pour les élèves : des apprentissage simultanés:
• Mémoriser des mots
• Développer des stratégies
• Comprendre le lexique
Pour les enseignants: une progression
• Programmer les apprentissages et les inscrire dans une
progression
• Construire des séances
Un exemple autour du vocabulaire de la
ville : nommer, localiser et caractériser des
espaces
Vignettes: Annie Camenisch « vocabulaire cycle 2 »
Vocabulaire classe bilingue
Herrlisheim CP/CE1 A.Lambert
Sacs à mots. Wettolsheim maternelle
Le mot radical vient du latin radix qui signifie
racine.
Comme une racine nourrit une plante, le
radical nourrit une famille de mots.
Vignettes: Annie Camenisch « vocabulaire cycle 2 »
Travail sur le vocabulaire des émotions - EMC
Travail
sur
le
vocabulaire
des
émotions
- EMC
Travail sur le vocabulaire des émotions - EMC
Pour conclure: Les enjeux d’un travail sur le
vocabulaire
Nommer et désigner le monde. Rôle des imagiers
Prendre possession du monde pour devenir un sujet qui sait exprimer sa pensée.
Exercer un pouvoir sur les éléments qui composent le monde. Agir et interagir.
Utiliser le langage comme instrument de pouvoir et d’insertion dans la société. (Cf
Bentolila qui distingue langage gestuel et langage verbal) «...sortir du pré carré de la
familiarité et de la connivence pour s’adresser à ceux que l’on connaît moins pour
leur dire des choses qu’ils ignorent, tel est le vrai défi de l’apprentissage de la
langue.» (Bentolila)
Se poser alors les questions de la langue de référence, de la norme. (Cf: Charlot et
Bautier)
Ne pas négliger l’aspect psycho-affectif, très prégnant dans ce domaine
d’apprentissage.
Utiliser le vocabulaire c’est communiquer avec l’autre.
Qu’est-ce que la fluence ?
Étymologie(1801) Du bas latin fluentia (« écoulement »).
fluence \fly.ɑ̃s\ féminin
1. Action de ce qui coule.
2. (Figuré) Fluidité, clarté d’un propos.
C’est vraiment un bon orateur, quelle fluence !https://fr.wiktionary.org/wiki/fluence
FLOT - FLUX - FLUIDE - AFFLUENT - ECOULE – COURANT
Lecture fluente - lecture courante - Lire couramment
« Précise, assez rapide, réalisée sans effort et avec une prosodie adaptée qui
permet de centrer son attention sur la compréhension. » Wolf et Katzir-Cohen
La fluence
Des travaux de recherches (Laberge, Meyer, Samuels, Torgesen, Rashote, Ehri, …) ont montré que la compréhension en lecture dépendait fortement :
des compétences de décodage
de la vitesse avec laquelle celle-ci est réalisée
de la fluidité avec laquelle le lecteur se déplace dans un texte.
Les difficultés de fluence de lecture sont un des problèmes majeurs des élèves faibles lecteurs :
leur lecture est lente, hésitante et très laborieuse.
Fluence et compréhension
En faire l’expérience
La FLUENCE se mesure en MCLM (Mots Correctement Lus par Minute)
Repères :
Un adulte lecteur expert sur un texte documentaire ou littéraire ne posant pas de problème de compréhension, lit à voix haute :
MCLM = 200
Un élève (niveau CE2)
MCLM = 70-80
Pourquoi travailler la fluence ?
La non automatisation de l’identification des mots interfère avec la compréhension.
(Laberge Samuel 1974, Perfetti 1985)
une lecture lente, hésitante et laborieuse est très couteuse
du point de vue attentionnel
elle est un obstacle à la compréhension
Travailler la fluence permet de libérer de la disponibilité
attentionnelle qui peut être utilisée pour la compréhension
Répartition de la charge mentale
La FLUENCE dans les programmes (2015)
Le mot "FLUENCE" n'apparait pas dans les programmes 2015 (0 occurrence)
mais le guide orange parle de FLUIDITÉ de lecture et de lecture à haute voix.
Pourtant la nécessité d'apprendre à lire avec fluidité est très explicite
Principes de base pour développer la fluence
Travailler de façon répétitive sur un même texte (3 à 4 fois par
semaine)
Textes assez courts, variés et ne posant pas de difficulté de
compréhension
Une mesure régulière des performances (MCLM)
Fixer un objectif de fluence à atteindre
Des déroulements de séances identiques (format stable)
Evaluer les progrès
Entraînement à la fluence : à partir de quand ?
pour qui ?
Au CP : les élèves doivent commencer à maîtriser le décodage et la combinatoire pour
pouvoir prendre part à ces activités. Pour repère, le travail de la fluence peut se
débuter chez un élève capable de lire seul au moins 20 mots, issus d’un texte
inconnu, en 1 minute, avec un maximum de 4 erreurs.
Au CE1 : elles sont organisées dès le début de l’année scolaire et concernent tous les
élèves. Par la suite, ces activités peuvent concerner seulement les élèves qui ont des
besoins en ce sens.
A partir du CE2 : les activités s’adressent en priorité aux élèves qui en ont le plus
besoin : ceux qui sont très peu fluents (15% des élèves en moyenne).
in : http://pedagogie89.ac dijon.fr/IMG/pdf/enseigner_la_comprehension_apports.pdf
Travailler la fluence,
ce n’est pas essayer de lire le plus vite
possible
ce n’est pas mettre les élèves en compétition (même si ça les motive)
ce n’est pas forcément nécessaire pour tous
ce n’est pas à confondre avec la lecture expressive
Travailler la ponctuation
pour préparer le texte
avant la mise en voix.
Un exemple de préparation de texte
Un marchand avait fait de bonnes affaires à la foire;
toutes ses marchandises étaient vendues et sa bourse remplie
d'or et d'argent. Comme il voulait se mettre en route pour
arriver avant la nuit, il serra son argent dans sa valise, la
chargea derrière sa selle et monta à cheval.
A midi, il s'arrêta dans une ville; il allait repartir, quand le valet
d'écurie qui lui amenait son cheval lui dit : « Monsieur, il
manque à votre cheval un clou au fer du pied gauche de
derrière.
— C'est bien, répondit le marchand ; le fer tiendra encore pour
six lieues qui me restent à faire. Je suis pressé. »
Lirecouleur: : http://lirecouleur.arkaline.fr/
La mise en voix de texte
Les supports: une réflexion de cycle
Quel supports pour toutes ces activités ?
Lecture: une méthode est préconisée (mixte ou syllabique)
Cahier de mes lectures:
Écriture: cahier à lignage maternelle ou double ligne puis
cahier seyès
Vocabulaire:
Production d’écrits:
Pour conclure
Les 10 heures par semaine prévues pour enseigner le
français sont à verser intégralement à l’apprentissage de la
lecture dans toutes ses dimensions:
• L’apprentissage des correspondances graphèmes-phonèmes
• Le vocabulaire
• La lecture de phrases et de textes à voix haute
• La copie et la dictée pour aider la lecture et favoriser la mémorisation de
l’orthographe lexicale et grammaticale
• La compréhension
• L’entrainement pour automatiser les pratiques
Le mot de la fin lui revient
M.Blanquer définit l’école comme une « institution qui
transmet des connaissances et des valeurs ». Il est donc
de notre responsabilité d’enseignants de conduire des
apprentissages dans un cadre structurant, explicite mais
aussi dans un cadre qui permette aux élèves de progresser
libérés de la peur d’échouer en renforçant leur autonomie et
la meilleure expression d’eux-mêmes.