8u11. Soc.linn. Provence, t. 56,2005 ISSN 0373-087 S-Date de parution : 76.77.2005 225 Lichens et champignons lichénicoles du parc national des Cévennes (France) 2 -Le causse Méjean par CIaude Roux* et Clother Cos'rn** -C.N.R.S., LMR. L1,52,Instirut méditerranéen d'écologie et de paléoécologie, faculté dessciences et techniques de Saint-Jérôme, FR- 73 397 Manserlre cEDEX 20. claude. [email protected]** 26, ruede Venise, FR - 81 100 Castres. [email protected]Résumé : (Jne étudede lafore et de la végétation lichénigues du sec- teur du causse Méjean du parc national desCévennes (département de la Lozère), menée en juin 2003, nousa permis de retenser 320 taxons dont 285 lichens et 31 champignons lichénicoles non lithénisés. Un lichen (Yerntcaria polycarparia Naa.-Ros. et Cl. Roux ad. int ) est signalépour la premièrefois en France, un lichen (Thelidium exile) pour la premièrefois dans le midi de la France et 66 taxons (51 lichens et 15 champignons lichénicoles non lichénisés) pour la premièrefois dans les Céoennes s.l. (inc/. le mont Lozère). 34 peuplementslichénigues saxicoles-calcicoles terricales et muscicoles corticoles et lignicolessont analysés brièaement aux points de vue floristique et écologique. Resumo : Likenoj k nelikenigintaj fungoj likenlo$aj de la Nacia Naturparko de Cevenoj (Francio). 2 -La kaùso Mejean. Studo de la likenaj fauro kaj vegetaiaro de la JeLtoro de Ia kaùso Méjean en la Nacia Parrto de Cettenoj (Francio, departemento de Lozero), farita en junio 2003, ebligis listigi 320 taksonojn, el kiuj 285 likenaj Aaj 31 nelikeniiintajfungoj likenlo$aj. Unufoja mencio de unu liLenoen Francio: Verrucaria polycarparia Naa.-Ros. et Cl. Raux ad. int.; de unu likeno en S Francio: Thelidium exlle; de 66 taxons (51 likenoj kaj 15 neliieniiintajfungoj likenlo[aj) en Ceaenoj 2,.s. (ink/. la monton Lozeron). Mallonga komento pri 34 likenkunajoj pe troloiaj-kalkej aj, grundo-, mus ko-, î e /- Aaj ligno-loiaj, ?reci?e koncerne al flaùro kai ekolopio. Introduction IJn inventaire lichénologique du secteurdu causse Méjean était vraiment nécessaire car, mis à part quel- ques mentions dans le cataloguede Pnosr (1'827), relatif au département de la Lozère, et deux relevés phytosociologiquesde Roux (7978), aucunepublica- tion n'avait été consacrée aux lichens de ce secteur. Les explorations de terrain ont été menées enjuin 2003, les déterminationsen laboratoireterminées en 2004. Pour I'introduction générale et les méthodes d'étude nous renvoyons le lecteur à la première partie de ce travail sur le mont Lozère (Roux et al.,2005) Bull. Soc.linn. Provence, t. 56,2005 Description sommaire du site Situation géograp higue Situé dans 1apartie méridionale du Massif central, au sud-ouestdu mont Lozère (voir Roux et al.,2005), le causse Méjean (figure 1) est un vaste plateau kars- tique (superficie de 34 0000 ha) délimité au nord et à l'ouest par la vallée du Tarn, à l'est par celle du Tar- non, au sud par cellesdu ruisseaude Freissinet et de laJonte. Il domine les vallées qui le délimitent par des escarpements très importants. C'est en effet le plus haut des causses (altitudes du plateau comprisesentre
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8u11. Soc. linn. Provence, t. 56,2005ISSN 0373-087 S-Date de parution : 76.77.2005
225
Lichens et champignons lichénicoles duparc national des Cévennes (France)
2 -Le causse Méjean
par CIaude Roux* et Clother Cos'rn**
-C.N.R.S., LMR. L1,52,Instirut méditerranéen d'écologie et de paléoécologie, faculté des sciences et
techniques de Saint-Jérôme, FR- 73 397 Manserlre cEDEX 20. claude. [email protected]** 26, rue de Venise, FR - 81 100 Castres. [email protected]
Résumé : (Jne étude de lafore et de la végétation lichénigues du sec-
teur du causse Méjean du parc national des Cévennes (département de
la Lozère), menée en juin 2003, nous a permis de retenser 320 taxons
dont 285 lichens et 31 champignons lichénicoles non lithénisés. Un
lichen (Yerntcaria polycarparia Naa.-Ros. et Cl. Roux ad. int ) est
signalé pour la premièrefois en France, un lichen (Thelidium exile)
pour la premièrefois dans le midi de la France et 66 taxons (51 lichens
et 1 5 champignons lichénicoles non lichénisés) pour la premièrefois dans
les Céoennes s.l. (inc/. le mont Lozère). 34 peuplements lichénigues
saxicoles-calcicoles terricales et muscicoles corticoles et lignicoles sont
analysés brièaement aux points de vue floristique et écologique.
Resumo : Likenoj k nelikenigintaj fungoj likenlo$aj de la Nacia
Naturparko de Cevenoj (Francio). 2 -La kaùso Mejean.
Studo de la likenaj fauro kaj vegetaiaro de la JeLtoro de Ia kaùso
Méjean en la Nacia Parrto de Cettenoj (Francio, departemento de
Lozero), farita en junio 2003, ebligis listigi 320 taksonojn, el kiuj
285 likenaj Aaj 31 nelikeniiintajfungoj likenlo$aj. Unufoja mencio
de unu liLeno en Francio: Verrucaria polycarparia Naa.-Ros. et Cl.
Raux ad. int.; de unu likeno en S Francio: Thelidium exlle; de 66
taxons (51 likenoj kaj 15 neliieniiintajfungoj likenlo[aj) en Ceaenoj
2,.s. (ink/. la monton Lozeron). Mallonga komento pri 34 likenkunajoj
pe troloiaj-kalkej aj, grundo-, mus ko-, î e /- Aaj ligno-loiaj, ?reci?ekoncerne al flaùro kai ekolopio.
Introduction
IJn inventaire lichénologique du secteur du causse
Méjean était vraiment nécessaire car, mis à part quel-
ques mentions dans le catalogue de Pnosr (1'827),
relatif au département de la Lozère, et deux relevés
phytosociologiques de Roux (7978), aucune publica-
tion n'avait été consacrée aux lichens de ce secteur. Les
explorations de terrain ont été menées en juin 2003, les
déterminations en laboratoire terminées en 2004. Pour
I'introduction générale et les méthodes d'étude nous
renvoyons le lecteur à la première partie de ce travail
sur le mont Lozère (Roux et al.,2005)
Bul l . Soc. l inn. Provence, t . 56,2005
Description sommaire du site
Situation géograp higue
Situé dans 1a partie méridionale du Massif central,
au sud-ouest du mont Lozère (voir Roux et al.,2005),
le causse Méjean (figure 1) est un vaste plateau kars-
tique (superficie de 34 0000 ha) délimité au nord et à
l'ouest par la vallée du Tarn, à l'est par celle du Tar-
non, au sud par celles du ruisseau de Freissinet et de
laJonte. Il domine les vallées qui le délimitent par des
escarpements très importants. C'est en effet le plus
haut des causses (altitudes du plateau comprises entre
Rotrx et Coste226
800 et 1'247 m (mont Gargo au SSO de Florac)' La
monotonie du paysage du plateau est en Partie romPue
par des reliefs arrondis ou allongés, des dépressions et
surtout des chaos dolomitiques dont le plus connu est
M 88.1 6,8 16.8 11 ,883.3 9.1 19.5 74.345.8 t2.0 2 - ) - t 17 .8
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Lichens et champignons lichénicoles du causse Méjean
réalité de terrain (mont Lozère) ou concordent avec
celle-ci (causse Méjean).Les températures des vallées et surtout de leurs ver-
sants sud (voir plus haut Climatologie, Températures)
sont celles de l'étage collinéen selon Rtvaz-MRnrlNnz(T > 11
"C) ou GÉnu (10 < T < 72"C), ce qui est
en accord avec leur végétation vasculaire (abondance
de Quercus pubescens et présence locale de Q. ilex) qu\
indique en outre une tendance nettement submédi-
terranéenne. C'est le cas en particulier du troisième
groupe de stations étudiées (voir Liste des stations étu-
diées p. 230), dans le ravin de Rounzenas (commune
du Rozier, entre Saint-Pierre-des-Tripiers et Truel),
entre 650 et 680 m d'altitude, qui héberge notamment
le Dirinetum massiliensis et Rinodinella dubyanoides).
Formations végétales
Forêts
ChênaiesEn raison de la forte influence anthropique qui a
prévalu jusqu'au 19e siècle, les forêts de chênes cadu-
cifoliés (Quercus pubescens, plus raremerft Q. ?etraea et
leurs hybrides) sont rares et clairsemées, surtout sur le
plateau. Dans les vallées les plus chaudes se rencontre
Q. ilex, favorisé par le pastoralisme passé. Les chênaies
caducifoliées sont de loin les formations les plus riches
en lichens.HêtraieLa hêtraie est réduite à quelques bois sur les ubacs
des vallées, plus rarement sur le plateau.PinèdesLes boisements les plus importants sont dominés
par Pinus sylvestris, tandis que P. nigrawbsp. salzrnan-
nii forme quelques peuplements localisés sur le haut
des pentes et la bordure du plateau.ReboisementsLes reboisements de pin noir d'Autriche (Pinus
nigra subsp. austriaca), répandus sur le plateau, sont
d'une très grande pauvreté en lichens en raison de leur
rhltidome très acide et du manque de lumière du fait
de leur densité élevée.
LandesSur les terres abandonnées par le pâturage, s'ins-
tallent des lavandaies (à Lavandula angustifolia) qui
évoluent vers des junipéraies à Juniperus cotnmunis et
des bnxaies (à Buxus sempervireny' dans lesquelles vont
s'installer peu à peu des arbres pionniers.
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Pelouses et prairiesLa plus répandue, en particulier sur les sols très pau-
vres, est la pelouse à Festuca ovina qui présente plu-sieurs faciès (à Tltymus serpillum, à Stipa pennata, à Ses-leria caerulea et à Aphyllanthes monspeliensis). La pelouseà brome érigé (Bromus erectus) se rencontre dans desmilieux un peu moins secs. Enfin les prairies naturel-les s'établissent sur d'anciennes terres cultivées (nette-
ment plus riches que les sols des milier.rx précédents)et sont utilisées pour la fauche ou la pâture. Abandon-nées, pelouses et prairies évoluent vers la chênaie oula hêtraie, en passant par les landes puis par 1es forêtsde pin sylvestre.
La aégétation des zones hurnidesLes principaux milieux humides sont les mares à
Chara dans les lavognes (dépressions circulaires rem-plies d'eau), les sources, les eaux courantes, les alluvionsdes cours d'eau, les tourbières alcalines et les prairieshumides. Ces milieux n'ont pas été prospectés.
Principaux types de biotopes étudiés
La figure 1 indique la localisation dês stations oùnous avons étudié la végétation lichénique. Elles sonten majorité situées sur le plateau, à Tétage montagnardinferieur, et sont comprises entre 800 et 1160 m d'al-titude, sauf le troisième groupe de stations au ravinde Rounzenas, comprises entre 650 et 680 m, sur desadrets dominant laJonte, et qui appartiennent à l'étagecollinéen (avec des influences subméditerranéennesmarquées). Plusieurs principaux types de biotopes peu-vent être distingués :
' Les boisements de conifèresLes reboisements de pin noir d'Autriche (Pinus nigra
subsp. austriaca), extrêmement pauvres, notammenten lichens, n'ont pas été étudiés. Les bois de Pinussyl,uestris (stations t6-78, 27, 28) montrent une florelichénique modeste mais assez difiérente de celles desboisements de feuillus en raison de la forte acidité durhytidome du pin.
' Les boisements de feuillusNettement plus riches en lichens que les précédents,
ils sont toutefois limités par labsence de forêts matureset par le manque de phorophytes suffisamment âgés.Les boisements examinés sont généralement mixtes :
dépourvue de Gyalecta jenensis, a été observée au roc
des Hourtous (station 1) et à Nîmes-le-Vieux (stationÀ a \
L'association à Caloplaca xantholyfa (BRIcAUD et
Roux 1 991 )Elle est localisée sur les surfaces plus ou moins sur-
plombantes, en grande partie protégées des précipita-
tions mais soumises à des suintements postérieurs aux
pluies (roche poreuse et ou fissurée), plus ou moins
riches en nitrates et/ou autres substances azotées. Le
plus souvent elle héberge seulement Caloplaca xan-
tholyta et Lepraria ni'ualis (par exemple au roc des
Hourtous, stations 2,3 et 10), plus rarement en outre
C. chrysodeta (a Nimes-1e-Vieux, station 40). Nous
n'avons pas observé Buellia scheideggerianaBricauà et
Roux qui reste à rechercher dans les Cévennes.
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Roux et Coste
Peuplernents en grande partie protégés des pluies etécoulements.' Caloplacetum cirrhochroae Poelt
ex Breuer 1971 et Caloplacetum gyalolechioidisClauzade et CL Roux 1975Le Caloplacetum cirrhochroae est très répandu sur les
parois dolomitiques verticales sèches en grande partie
protégées des pluies et écoulements. Outre les carac-téristiques habituelles, C. cirrochroa (parfois parasité
par Verrucaria /teloeticorutn) et C. proteus, se rencon-
tre fréquemment C. saxicola subsp. biatorinoides qui
caractérise également Ie Caloplaceturn gltalolechioidisClauzade et Cl. Roux 1975 observé, sous une forme
très appauvrie avec seulement C. biatorina subsp. gya-lolecltioides, au roc des Hourtous (station 4).
Peuplements mouillés par les pluies (non ombrophobes)Peuplements non hél iophi les ou sciaphi les' L'Arthopyrenieturn saxicolae (Clauzade et Cl. Roux
L975) Clauzade et Cl. Roux L978 n'a été observé qu'àNîmes-le-Vieux, où il est représenté par une forme
appauwie, dépourvue de Naetrocymbe saxicola (4. Mas-
sal.) R. C. Harris, mais avec Hymenelia coerulea, Mizo-
carPzn umbilicaturn (forme méridionaie riche en acide
stictique) et Wrrucaria dufourii.'Le Verrucarionparmigerellae Clauzade et Cl. Roux
7975 nom. mut. n'est pas représenté par une association
typique (comme par exemplele Verrucarietum cazzae
de l'étage mésoméditerranéen, sur roche très cohérente
et compacte), mais par des peuplements mal définis où
s'observent des espèces des unités supérieures, notam-
ment Wrrucaria parmigerella, V. calciseda (phénotype
parmigera) parasités par Caloplaca oasis f. rohlenae et
C. polycarpa subsp. verrucariarum, ce dernier parfoislui-même parasité par un Verrucaria du groupe helzte-ticorum non encore publié : V. polycarparia Nav.-Ros.et Cl. Roux ad. int.
s'établit sur les sommets de rochers et blocs rocheux
suffi.samment exposés, notamment au roc des Hourtous(station 1), à Saint-Pierre-des-Tripiers (station 15) et
à Nîmes-le-Vieux (station 44), où nous avons observé
les caractéristiques suivantes : Placocarpus scltaereri, Aca-
r0 s? ora g/auc o c arp a var. c era ina, B ue I Ii a'u enus ta (s. str. ),Le canora nturalis var. w ersico /or, Rino dina Ie canorina.
'L'Aspicilietum calcareae Du Rietz 1'925 em. Cl.
Roux 1978 est très répandu sur les surfaces rocheuses
horizontales ou pas trop inclinées, ensoleillées ou bien
éclairées, suffisamment riches en nitrates etlou autres
substances azotées (association plus ou moins hémini-
trophile). I1 se distingue dt Placocarpetum schaereri parI'absence des caractéristiques mentionnées ci-dessus et
parlaprésence de Caloplaca erythrocarpa, C. polycarpa,
C. l7av ovires c ens et Venucari a fus ce / la.'L'Aspicilietum contortae (Kaiser 1926) Klem .7955
est locaiisé sur les pierres et petits blocs reposant sur
le sol, par exemple au roc des Hourtous. Il comprend
essentiellem ent Aspicilia contorta, Ca/op/aca crenulatella,
C. Iacteoides, C. marmorata (voir Navanno-RostNÉs et
HI-aouN, 7996) et Sarcogltne regularis.Le Caloplacion decipientis Klement 1955
Cette alliance nitrophile s'établit dans les stations
particulièrement riches en nitrates etlou autres subs-
tances azotées.
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'Le Caloplacetum citrinae Beschel L958 est localisésur les substrats particulièrement porenx. 11 est malreprésenté (en dehors des mortiers et crépis d'habita-tions, non étudiés) et comprend essentiellement Calo-p/acafavocitrina, Lecanora a/bescens, V. macrostoma.
' Le Caloplacetum saxicolaeDurietz7925 em. Klem.1955 s'établit sur des roches cohérentes et compactesnon soumises à des écoulements postérieurs aux pluies.Il comprend surtout Caloplaca saxicola subsp. pulvinata,Lecanora albescens, V. macrostoma.
'Le Caloplacetum granulosae (Clauzade et Cl. Roux1.975) Cl. Roux 7978 ne s'installe que sur les surfacessoumises à des écoulements suffisamment riches ennitrates et/ou autres substances azotées, relativementbrefs, postérieurs aux pluies. L'association est tlpiqueà Nîmes-le-Vieux où nous avons observé Verrucariagranulosaria sur Caloplaca granulosa, associés à Cande-Iariella medians (station 35).
Peuplements non nitropbiles soumis à des écoulementstemporaires
Ces groupements (de la classe àes Collematetea cris-tatiWîrth 1980), très communs dans la région médi-terranéenne, s'établissent sur des surfaces rocheusessoumises à des écoulements postérieurô aux pluies.
' Le To nin i e tum c an di da e s g uarn arin e t o s um gyp s a c e a eCl. Ronx L978 corr. Clauzade et Cl. Roux 1980 estmal représenté, car il a son optimum sur des rochescalcaires très cohérentes et compactes, non argileusesmais fissurées, généralement soumises à de brefs écou-lements après les pluies. Les thalles de lichens squamu-le,u (Sguamarina gltpsacea, Psora lurida) et gélatineux(surtout Col/ema cristatum, C. undulatum et C. tenaxvar. ceranoides) s'établissent dans les fissures ou auvoisinage de celles-ci, tandis que Synalissa symphoreacroît surtout sur le thalle de divers lichens squamuleux,plus particulièrement de Sguamarina gypsacea et Psoralurida.
' Les peuplements à Toninia toniniana (Roux, 7978)existent à Nîmes-le-Vieux (station 45), sur paroi decalcaire très cohérent et compact mais très fissuré,orientée vers le sud, en même temps que l'Art/topyre-nietum saxicolae (sur les parties non ou peu fissurées).
'Les peuplements de petits lichens cyanophilescaractérisent les surfaces de ruissellements prolongésaprès les pluies. Très mal connus (Roux, 1978), ilsn'ont pas fait I'objet d'une étude approfondie sur lecausse Méjean. Nous avons toutefois obsewé Pla-cy nt h ium h ungari cum, P I a cy n t h i um f lifo r m e, P e c c a ni a
234
coralloidea, Anema sp., Leptogium difractum assoc\és à
Collema cristatum, C. undulatum et C. tenaxvar. cera-
noides.
Peuplements des roches fortement altérées et/ou
fi ssurées (saxiterricoles)
Ils sont bien représentés sur le causse Méjean par
Ie Sguamarinetum oleosae Cl. Roux 1978, association
caractérisée parla dominance de lichens à thalle squa-
Cette association se localise surtout à la base du
tronc de vieux Quercus pubescenl sur rhytidome cre-
vassé à porosité relativement élevée. Appauvrie, elle
comprend es sentiellem ent Ago ni mi a o c t o sp ora et A cr o -
cordia gemmata.Peuplements peu héliophiles mais photophiles
Sur rhytidome peu ou pas crevasséLe Lecanoretum argentataeHrl\tzer 1925 nom. mut.
(= L. subfuscae) s'établit sur le rhytidome lisse de feuillus
en mi-lieu sufÊsamment ouvert. Les lichens crustacés
à thalle endophléode y sont presque exclusifs notam-
ment Lecanora argentata, L. carpinea, L. clt/arotera, L.
intumescens, L. Ieptyrodes, Lecidella elaeochroma.
Sur rhytidome crevasséLe Parmelietunz ca?erato-perlatae Delzenne et Géhu
1977, quî se rencontre sur les troncs et grosses branches
dans les chênaies pubescentes et des chênaies vertes
modérément éclairées, est caractérisé par I'association
de Parmelia caperata ù P. perlata et par I'absence des
espèces plus héliophiles du Parmelietum acetabuli (voïr
ci-dessous).Peuplements franchement héliophiles
'Le Parmelietum acetabuli Ochsner 1928, qui s'éta-
blit dans des boisement clairsemés (par exemple dans le
ravin de Rounzenas, entre Saint-Pierre-des:Tripiers et
Bui l . Soc. l inn. Provence, t . 56,2005
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Truel) et relativement chauds (étage collinéen de tlpesubméditerranéen), est riche en grands foliacés (P. ace-tabulum, Parmelia caPerata, P. glabra, P. guercina, P. sul-cata, P. subargentifera, P. perlata, P. subaurfera), petitsfoliacés (divers Physcia s.1. notamment Physcia aipolia,P. stellaris, P. leptalea, P. tenella, Physconia distorta, P.perisidiosa) et des fruticuleux (notamment Anaptychiaciliaris, Ramalina fas tigiata et R. fraxinea).
' L'association à Parmelia pastillifera et P. submon'
tana (forme de basse altitude dans laquelle manque
P. submontana, voir Roux et aI.,2005) est à la foismontagnarde et franchement héliophile et s'établitsur le tronc d'arbres arbres isolés (stations 29 et 32),notamment Fraxinus excelsior, Tilia sp. et Ulmus minar.
Outre Parmelia pastillifera, caractéristique, on note denombreuses espèces communes avec le Parme/ietumacetabuli, notamment Pannelia acetabulum, P. fuliginosasubsp. glabratula, P. glabra, P. subargenttfera, P. tiliacea,Anap$chia ciliaris, Physcia leptalea, P. tenel/a, P. aipolia,etc., et I'absence de Parmelia caperata et de P. perlata.
Liste des lichens et champignons
Le nom de chaque taxon est suivi du numéro des sta-tions où L a été observé (voir Liste des stations étudiées,
p.230). NF: taxon nouvellement trouvé en France;NMF : taxon eurosibérien nouvellement trouvé dans leMidi de la France; NCé : taxon nouvellement trouvédans les Cévennes s.l. (incl. mont Lozère).
Lich ens (ch ampignons lich énis és)1. Acarosporaglauclcar?a (Ach.) Kôrb. var. g. 10
I87. Physcia aipolia (Ehrh. ex Humb.) Fùrnr. var. a. 6,8,29,J I . ) Z
188. Physcia caesia (Hoffm.) Fùrnr. var. c. !,77L89. Physcia caesiavar. caesiella (de Lesd.) Clauzade et Cl. Row
T190. Physcia dubia (}{otrm.) Lettau var. d. 30l9L Physcia leptalea (Ach.) DC. nom. cons. 8,26,29t92. Phycia stellaris (L.) Nyl. subsp. r. 8193. Pltyscia tenella(Scop.) DC. subsp. t. 16,29794. Phyconia distorta (With.) J. R. Laundo n var. d. 6, 26, 29,
JZ
I95. Physconia enteroxantha (Nyl.) Poelt 29 (NCé)196. Physconia grisea (Lam.) Poelt subsp. g. 75,29,37,36197 . Physconia lerisidiosa (Erichsen) Moberg 29 (NCé)198. Placidiopsis custani (4. Massal.) Kôrb. 1a (NCé)L99. Placidium sguamulosum (Ach.) Breuss 14 (NCé)200. Placocarpus schaereri (Fr.) Breuss !,15,44201. Placynthiumfliftrme (Garov.) M. Choisy 20 (NCé)202. Placynthium hungaricum Gyeln. 20 (NCé)203. Placynthiun nigrum (Huds.) Gray !,10, 11, 13, t5,36204. Placynthium subradiatuzz (Nyl.) Arnold 25 (NCé)205. Platismatia glauca (L ) W. L. Culb. et C. F. Culb. 28206. Polyblastia albida Arnolà 34207 . Po ly b / a s ti a fus c oargi I I ace a var. cin ere a Mùll. Arg. 3 3208. Porina linearis (Leight.) Zallbr. 22, 33, 34209. Pratoblastenia calva (Dicks.) ZahI&. var. c. 2, !0, 19, 22,
375. Tremella caloplacae (Zafibr.) Diederich (dans les apothécies
d'un Caloplaca sp. indéterminable) 20 (NCé)
376. l/ouauxiella lichenicola (Linds.) Petrak et Sydow (sur apothé-
cies àe Lecanora cblarolera) I
CharnPignons non lichénisés ni lichénicoles3I7. Anphisphaeria brachyspora Kirschstein 31378. Hysteriurn pulicarePers. ex Mérat 6,7,263I9. Massariella bufonia (Berk. et Br.) Speg. 31320. Rebentiscbia unicaudata @erk. et Br.) Sacc. 32
Conclusion
Intérêtfloristigue
Richesse floristiqueDans I'ensemble des stations étudiées. nous avons
recensé 285 lichens, 31 champignons lichénicoles
non lichénisés et 4 champignons non lichénicoles nonlichénisés (souvent traités par les lichénologues). Parmi
ces lichens et champignons lichénicoles non lichénisés,
les plus nombrenx sont les saxicoleS-calcicoles (avec
186 taxons dont 154lichens); les épiphytes (essentiel-
lement corticoles) sont nettement moins bien repré-
sentés (avecI02 taxons, àont92 iichens, non compris4 champignons non lichénicoles non lichénisés), tan-
dis que les terricoles sont peu nombrerix (33 taxonsdont 31 lichens). Le causse Méjean est donc moins
riche en lichens que le mont Lozère (tableau 1), ce quiétait attendu; mais ce qui surprend c'est sa richesse en
lichens saxicoles qui sont plus nombreux que ceux dumont Lozère.
La richesse lichénique assez moyenne du causse
Méjean s'explique par:- l'absence de lichens saxicoles-calcifuges et terrico-
les-calcifuges puisque les roches non calcaires, man-
quant presque totalement, n'ont pas été étudiés;- I'absence totale de lichens foiiicoles en raison de
I'humidité atmosphérique insuffisante ;- une surface forestière relativement faible. le man-
que de forêts mâtures et de phorophytes suffisamment
âgés, ainsi que l'abondance des reboisements en coni{è-res particulièrement pauvres en lichens (surtout ceux àPinus nigra subsp. austriaca), facteurs qui se traduisentpâr un nombre de lichens corticoles particulièrementfaible (56 de moins qu'au mont Lozère).
Causse Méiean Mont Lozère
Nombre total de taxons* 31.6 374
Lichens 265 339
épiphltes 92 148
saxicoles 154 (calcicoles) 146 (calcifuges)
terricoles et muscicoles 30 43Champignons lichéni-
coles non lichénisésJ 1 3 t
Autres champignons 0 (+ 4) A (+ 2)
240
Taxon signalés pourla première fois en France : 1
lichenVerrucaria polycarparia Nav.-Ros. et Roux ad. int.
(sp. nov. non encore publiée), connu jusqu'ici en Espa-
gne Irlande et Slovaquie.
Taxons signalés pour la première fois dans le midi
de la France : 1 lichenThelidium exile Arnold, connu jusqu'ici en France
dans les Alpes de Savoie (Vanoise) et les Pyrénées.
Espèces signalées pour la première fois dans les
Cévennes s. l . :65L ichens :50
Agonimia tristicula (Nyl.) Zahl*.Anisomeridiumpolypori (Ellis et Everh.) M. E. Barr
Aspicilia cheresinavar. c. (Mùll. Arg.) HueBacidia bagliettoana (A. Massal. et De Not.) JattaBuellia uenusta (Kôrb.) LettauCaloplaca biatorina subsp. gyalolechioiles (Mù11. Arg.)
Clauzade et Cl. Roux
Caloplaca chrysodeta (Vain. ex Râsânen) Dombr.
Caloplaca crenulatella (Nyl.) H. OlivierCa I op laca f az.t o citrina (Nyl.) H. Olivier
Caloplaca hungarica H. Magn.Caloplaca lacteoides Nav.-Ros. et Hladun
Caloplaca maftnorata (Bagl.) JattaCaloplaca oasis (A. Massal.) SzataJaf. o.Caloplaca oasis f. roblenae (Servit) Clauzade et Cl.
RouxCaloplaca polycarpa subsp. verrucariarum (Clauzade et
Ronx) Clauzade et Cl. Roux
Calop Iaca pro teus P oeltCaloplaca saxicola subsp. biatorinoides Clauzade et Cl.
P I a ci dium s guamulosum (Ach.) BreussPlacynthium f liforme (Garov.) M. ChoisyP I a cy n tltium h ungari cum Gyeln.Placyntltium subradiatum (Nyl ) ArnoldPsora eallesiaca (Schaer.) TimdalRinodina luridata (Kôrb.) H. Mayrhofer, Scheid. et
SheardSagiolechia protuberans (Ach.) A. Massal.Sguamarina concrescens (Mù11. Arg.) Poelt subsp. c.Thelochroa montinii A. Massal.Toninia toniniana (4. Massal.) Zahlbr.Toninia tumidula (Sm.) Zahlbr.Verrucaria cinereortrfa Schaer. vat. c.Wrrucaria clanea A. Massal.Wrrucaria fov e o / a ta (Flôrke) A. Massal.Verruc ari a granul o s ari a Clauzade et ZehetI.Verru c ari a h e kt e ti c orum Zehed.Verrucaria pinguicula A. Massal.Wrrucaria p o e ltiana Clauzade et Cl. RotixVerruc aria steineri Ku5anZamenhof.a hibernica (P. James et Swinsc.) Clauzade
et C1. RouxChampignons lichénicoles non lichénisés : 15
A bro thal lus ac etabuli DiederichAbrothallus bertianus De Not.Cercidospora xanthoriae flMedd.) R. Sant.E n d o c o c cu s rugul o s us NyI.Hobsonia christianseniiBrady et D. Hawksw.Intralichen christiansenii (D. Hawksw.) D. Hawksw.
et M. S. ColeLichenoconium lecanorae Çaap) D. Hawksw.L i c h e n o s ti gma r o u xii N av.-Ros., C alatayud et Hafellner,
espèce commune, mais longtemps ignoréeMelaspilea leciograpltoides Votavx. Espèce très rare,
signalée jusqu'ici seulement dans THérault et le Vau-cluse.
Opegrapba parasitica (4. Massal.) H. OlivierRhizocarpon umbilicaturn (Ramond) Flagey (forme
méridionale à thalle riche en acide stictique)Sarcopyrenia gibba (Nyl.) Nyi. var. g.S tigmi dium c znges tum (Kôrb.) TriebelStigmidium lecidellae Cl. Roux Triebel et Le Cceur.
Espèce rare signalée jusqu'ici seulement dans le Varet le Vaucluse.
Tr e m e I I a c a I op I a c a e (Zahlbr.) DiederichOn remarquera que beaucoup de ces espèces ne sont
pas rares et parfois même assez communes, ce qui sou-ligne la nécessité de cet inventaire lichénique du causseMéiean.
Lichens et champignons lichénicoles du causse Méjean
Espèces rares déjà signalées dans les Cévennes : 2Répartition en France précisée entre parenthèses.
et-Cher, Lozère et Pyrénées-Atlantiques).Stigmidiurn tabacinae (Arnold) Triebel (Lozère et Vau-
cluse).
Intérêt sociologique
Nous avons mis en évidence 34 peuplements parmilesquels 22 saxicoles-calcicoles, 3 terricoles etlou mus-
cicoles et 9 épiphytiques (tous corticoles). Les peu-plements lichéniques inventoriés au causse Méjeansont pour la plupart bien connus. Ils caractérisent enm aj orité l' étage supram éditerranéen et I' étage m o nta-
gnard inférieur.
Richesseforistigue des diwers APes de milieux
Les substats rocheux calcairesLes rochers, blocs et pierres (calcaires et surtout
calcaréo-dolomitiques) sont de loin les milierx les plusriches du secteur du causse Méjean : 186 taxons dont
une espèce nouvellement trouvée en France (Verrucaria
polycarparia), une signalée pour la première fois dans
le Midi (Thelidiurn exile) et un nombre élevé d'espèces
mentionnées pour la première fois dans les Céven-
nes.
Milieux forestiersNettement moins riches que les milieux rocheux:
l-02 taxons seulement, mais dont un bon nombresignalés pour la première fois dans les Cévennes. C'estdans ces milieux qu'une gestion adaptée pourrait faire
augmenter notablement le nombre d'espèces présentes(question qui sera traitée dans la conclusion généraled'un prochain article de cette série).
Les pelousesElles sont pauvres en lichens mais hébergent des
espèces terricoles et muscicoles-terricoles qui man-
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quent dans la forêt. Aucune d'entre-elles ne présente
un grand intérêt à l'échelle nationale.
BrsrroçRApHrB
AsreJ., CLRuzaoB G. et Roux C.,7973. - Érude de quelquesgroupements lichéniques saxicoles-calcicoles du parc national
de la Vanoise. Tran. sci. Parc nat. Vanoise,3 :73-704.
BascHu. R. E., 1958. - Flechtenvereine der Stddte Staddechten und