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MAURRAS TOURNONS LA PAGE IL Y A MIEUX, BEAUCOUP MIEUX DIEU peut
tout faire, mais Il ne peut ni Se tromper, ni nous tromper. JE SUIS
LA VOIE, LA VERITE ET LA VIE. JEAN, XIV, 6.
Lexprience ma prouv que convertir un maurrassien tenait du
miracle. Il y a un phnomne difficile
comprendre ( mon avis, pas naturel) dans cette emprise des
intelligences par le phnomne maurrassien. Seuls les habitus des
Exercices dans une mditation profonde des Deux tendards peuvent
comprendre1. Je nai donc pas crit ces lignes pour les maurrassiens,
mais pour les jeunes gnrations, pour les mettre en garde contre
celui qui, mon avis, pollue les intelligences franaises depuis trop
longtemps. Oui, il y a mieux, beaucoup mieux que Maurras.
Pour comprendre Maurras, il faut ltudier au niveau des
principes, ne pas se perdre dans les dtails : - bien voir et
souligner ce qui est en jeu, - bien analyser la situation et les
problmes, - pour donner les seules vraies solutions efficaces. Si
on est daccord sur les principes, tout est possible. Sinon, on doit
se poser des questions : - Pourquoi nest-on pas daccord sur ces
principes ? - Y a-t-il donc dautres principes ? - Quels sont ces
autres principes ? tudions-les et comparons.
I. QUEL EST LENJEU ?
Entrez par la porte troite ; car la porte large et la voie
spacieuse conduisent la perdition, et nombreux sont ceux qui y
passent ;
car elle est troite la porte et resserre la voie qui conduit la
vie, et il en est PEU qui LA TROUVENT ! Matthieu, VII, 13-14.
Pour chaque homme : une ternit de malheur ou une ternit de
bonheur : LA DAMNATION OU LE CIEL. Le salut ternel ne peut sobtenir
que : 1. par la Foi catholique (et non par une foi cumnique ou
charismatique), et donc par tout ce qui est
ncessaire la vie de la Foi : lenseignement, les sacrements donns
par la seule religion, la religion de la seule Eglise de DIEU,
lEglise catholique ;
2. par la vritable charit (amour de DIEU plus que tout et du
prochain, et non de lhumanit et de la nation)2 ; 1 Nous ne rpterons
jamais assez quil faut faire rgulirement les Exercices de saint
Ignace (tous les ans minimum), car dans ce monde de fous qui nous
agresse de partout, nous perdons vite les notions de bien et de
mal, de vrai et de faux et donc nous risquons sans arrt de perdre
cette Foi qui procure la vie ternelle. Observons que chaque jour
nous voyons nos proches, tents par la tranquillit, se dtourner du
combat de la vrit. Malheureusement la consquence est toujours la
mme : ils perdent la Foi en quelques annes. Nous sommes dans
lEglise Militante jusqu notre mort. 2 Si l'on parle de charit, on
devrait rappeler auparavant, que cinq conditions s'imposent pour
que la charit soit vraie : - 1. tre en tat de grce. - 2. Qu'elle
soit mue par des motifs surnaturels. - 3. Qu'elle soit efficace
:
- a. en tant quelle se rapporte DIEU, elle doit porter accomplir
Sa divine volont ; - b. en tant qu'elle se rapporte aux hommes,
elle doit nous porter chercher le bien du prochain.
- 4. Qu'elle soit ordonne : - a. aimer DIEU par-dessus tout, et
pas n'importe comment : Si quelqu'un M'aime, il garde d'abord Mes
commandements ; - b. faire passer l'amour pour la patrie aprs
l'amour pour l'Eglise ; - c. ne pas chercher le bien du prochain au
dtriment de notre propre bien spirituel ; - d. chercher d'abord le
bien spirituel de l'me de notre prochain et, aprs, le bien matriel
de son corps.
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3. par ltat de grce, et donc par le combat contre le pch, qui ne
peut se faire que par une vie sacramentelle avec des sacrements non
douteux ;
4. par les uvres de misricorde temporelles et spirituelles ; 5.
par lutilisation des talents donns chacun pour le service de la
chrtient. Le tout de la vie, c'est la lutte contre les puissances
infernales (Eph. VI, 10-17), et pour chacun, la lutte
contre la triple concupiscence. Voil le vritable ennemi. Ceci
est important rappeler pour deux raisons : a) parce que Maurras nen
parle jamais et pour cause ; b) parce que nous aurons une autre
approche des critres retenir pour le choix des lites. Pour la socit
: 1. avant la Rvolution : faciliter par les lois, les rglements,
ladministration, lducation, la vie sociale,
familiale, etc., le salut du plus grand nombre1. 2. depuis la
Rvolution : entraver par tous les moyens, surtout par la corruption
intellectuelle et morale, ce
salut, pour assurer la damnation du plus grand nombre. Le tout
de la vie sociale est la lutte, l encore, contre les puissances
infernales, mais dune autre manire que
prcdemment, contre lerreur socialise : fausses religions, faux
systmes politiques, fausses philosophies, faux ordres sociaux,
fausses paix, fausses ducations, etc.
Ceci est trs important rappeler pour deux raisons : a) parce que
Maurras nen parle jamais et pour cause ; b) parce que nous aurons
une approche trs diffrente et dans lanalyse des maux sociaux et
dans les
solutions. Tout cela est remarquablement enseign par Le Trait du
Saint-Esprit de Mgr Gaume2. Cet ENJEU, cette fin, sont le souci
primordial et constant du chrtien et de la socit chrtienne. Tout
doit
tre mis en place pour faciliter ce but ultime. - 5. Qu'elle se
dploie dans la justice et la Vrit. Catchisme catholique par le
cardinal Gasparri, Chabeuil 1959, p. 759 et sv. 1 Cardinal Pie :
"Certes, cette socit eut ses vices, et les hommes encore demi
barbares qui la composaient ne purent tre tous transforms jusqu'
dpouiller leur premire nature. Mais ce qu'on peut affirmer, c'est
que tout ce qu'il y eut de nobles sentiments et de grandes actions
cette poque, et il y en eut beaucoup, fut le fruit des doctrines et
des institutions, c'est que si le cur humain resta faible par ses
penchants, la socit fut forte par sa constitution et ses croyances
; en un mot, c'est que le vice ne dcoula pas de la loi et que la
vertu ne fut pas l'inconsquence et l'exception". (I, 66-67) Et
encore : "Beaucoup de crimes, assurment, ont t commis alors comme
aujourd'hui. L'humanit, depuis les jours de Can et Abel, a t et
sera toujours divise en deux camps. Parfois mme les passions ont t
plus violentes, plus nergiques en face des vertus plus fortes et de
la saintet plus clatante. Mais personne de sens ne le niera : tout
ce qui subsiste aujourd'hui encore de vraie civilisation, de vraie
libert, de vraie galit et fraternit a t le produit du christianisme
europen ; l'affaiblissement du droit chrtien de l'Europe a t le
signal de la dcadence et de l'instabilit des pouvoirs humains ;
enfin ce que I'uvre d'ailleurs si ngative et si dsastreuse des
rvolutions modernes pourra laisser de bon et de salutaire aprs
elle, aura t la raction contre des excs et des abus que rprouvait
le rgime chrtien". Le pass, malgr ses vices et ses misres, reste
donc la belle poque pour l'Europe. Jsus-Christ tait alors reconnu
et proclam Roi des peuples et des nations. Et le prsent ? "Le
prsent, c'est Jsus-Christ chass de la socit, c'est la scularisation
absolue des lois, de l'ducation, du rgime administratif, des
relations internationales et de toute l'conomie sociale. (V, 172)
tudiant la politique contemporaine, Mgr Pie constate qu'elle n'est
qu'une vaste conspiration contre le droit chrtien. "Vers quel but,
crivait-il le 27 dcembre 1862 au comte de Persigny, ministre de
l'Intrieur, vers quel but le monde nouveau fait-il hautement
profession de tendre, sinon vers une complte scularisation, ce qui
veut dire, dans le langage actuel, vers la rupture absolue entre la
socit "laque" et le principe chrtien ? L'indpendance des
institutions humaines par rapport la doctrine rvle est prconise
comme la grande conqute et le fait culminant de l're moderne. Et
comme notre sicle est hardi tirer les consquences, voici que
l'alliance du pouvoir civil et de l'orthodoxie est spculativement
et pratiquement attaque dans son dernier reprsentant et dans sa
suprme personnification qui est le roi Pontife. La dmolition
radicale et raisonne de ce qui reste de la chrtient europenne :
voil le fait et la thorie qui se dressent en face de nous". 2
Disponible aux ditions Saint-Rmi.
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II. LA REVOLUTION. CE QUI A ETE DETRUIT.
SANS MOI, VOUS NE POUVEZ RIEN FAIRE. JEAN, xv, 5. Toute la socit
chrtienne est attaque dans toutes ses parties. Tout sera mis en
place pour faire oublier,
contrer lenjeu de la vie chrtienne et pour assurer la damnation
du plus grand nombre. Soulignons les principaux renversements : 1.
La place de DIEU dans la socit : de DIEU Premier servi Jsus-Christ
hors-la-loi1 ; 2. Son LieuTenant, choisi par DIEU2, dcapit. Maurras
ne le dit pas ; ou pas assez fort, comme un Mgr Gaume dans sa
brochure primordiale sur La
Rvolution, ou sa Somme sur le mme thme et avec ce mme titre, en
12 volumes3. 3. Les commandements de DIEU remplacs par les droits
de l'Homme. Maurras le dit, mais ne dit pas que ces
droits de l'Homme sont le vrai dcalogue de Satan ; 4. La
substitution de la rpublique la monarchie, - du prtendu
gouvernement du peuple au gouvernement du roi -, n'est pas qu'un
changement de forme politique, mais la substitution dun systme
politique dmoniaque au systme politique chrtien.
5. Dune socit qui facilitait le salut du plus grand nombre, on
est pass une socit qui assure la damnation du plus grand
nombre.
6. LEglise, ses traditions, ses clercs, ses fidles, son culte,
combattus et perscuts ; mme les uvres de charit sont limines, il
faut oublier tout ce que la civilisation chrtienne a apport pour
aider le genre humain. Maurras en parle, mais pas comme en parle un
vrai chrtien et pour cause.
7. La place de lEglise dans la socit : elle devient soumise
lEtat, accepte au mme titre que les fausses religions, comme le
protestantisme ; Maurras nen parle pas, il accepte mme toutes les
religions.
8. La FORME de gouvernement, monarchie de droit divin,
catholique, hrditaire, sacre, remplace par des formes varies
(monarchie, empire, mais surtout rpublique) dont le gouvernant
vritable est celui des socits occultes, non pas athe (sans rfrence
lexistence de DIEU), mais vraiment anti Jsus-Christ.
9. Le remplacement de tous les gouvernements monarchiques
catholiques par les socits secrtes. 10. Les rapports entre
gouvernant et gouverns : avant la Rvolution, personne ne fait de
politique, chacun
nassume que ses devoirs dtat ; aprs, on incite tous les gouverns
choisir le gouvernant4 et sexciter longueur de temps sur une prise
de pouvoir jamais ralise car irralisable ; Maurras aura le mme
objectif.
11. Les lites chrtiennes remplaces par les lites dargent. 12.
Llment moteur de la socit chrtienne : la vertu, lhrdit, le service,
lhonneur, le don, la charit
remplacs par llment moteur de la socit rvolutionnaire : largent,
et donc la force primant le droit. 13. La loi soumise au
christianisme remplace par les lois des coteries parlementaires.
14. La justice rendue au nom de DIEU remplace par la justice rendue
au nom de la loi. 15. La prtendue lacisation de la socit, thme cher
la hirarchie conciliaire, mais mensonge car Qui nest
pas avec Moi est contre Moi (Matt. XII, 30), mme et surtout dans
la socit civile5. 16. La socit divise en parties diriges par des
partis, luttant sans cesse les uns contre les autres,
engendrant des haines, des inimitis irrversibles. Ce systme
impose une ambiance de vie sociale totalement contraire la vie
catholique. Maurras lui-mme entrera dans ce jeu, devenant le parti
royaliste dans le rgime dmocratique.
17. La cration dun pouvoir mdiatique incontournable et important
(journaux, puis radio, et tl aujourdhui) pour cacher la vrit et
imposer les idologies.
18. Une pluralit ethnique et religieuse imposant une vie
"bablienne" multiraciale et multireligieuse pour finir souvent
lathisme ou au paganisme.
1 "Lorsqu'on lit dans Le Moniteur le compte-rendu des sances
consacres la fameuse Dclaration, sur 291 ecclsiastiques (dont 48
vques, 35 abbs ou chanoines), membres de l'Assemble nationale,
aucun n'ait propos de remplacer la vague dnomination de l'tre
Suprme par le nom clair de Jsus-Christ". (abb Joseph Lmann).
Combien d'vques ont vot cette dclaration ? 2 Le miracle des
crouelles est la preuve, aprs le sacre, que celui qui vient dtre
oint est bien le choisi de DIEU. 3 Disponibles aux ditions
Saint-Rmi. 4 Mensonge, car le gouvernant moderne apparent est
toujours choisi par les socits secrtes. 5 Thme cher au Cardinal
Pie.
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19. Les socits secrtes partout, choisissant et tenant les 30 000
cadres dirigeant la France. Ce sont elles qui les testent et
promeuvent ou bloquent les carrires.
20. Le pouvoir financier dominant, et de beaucoup, le pouvoir
politique. Cest lui le seul et vrai matre. La force prime le droit.
Le profit avant tout. 21. Un environnement scolaire imposant par
ses contraintes (collation des grades), programmes, rglements,
un carcan si redoutable quil dforme vie les intelligences. 22.
L'usurpation par lUniversit de la chaire de Vrit tenue par lEglise.
23. L'obligation du diplme et donc du moule universitaire pour
toute situation de cadre. 24. La perscution jusqu la disparition de
toutes les traditions historiques. 25. La corruption de la vraie
noblesse par une fausse noblesse ou pis par la noblesse
rvolutionnaire
dEmpire. 26. Une fiscalit dlirante dtruisant tous les
patrimoines et nous opprimant tous. 27. Depuis 200 ans : mensonges,
jalousies, haines, luttes continuelles, guerres civiles ou
trangres, etc.
Depuis deux cents ans 6 000 000 de franais morts pour et par les
guerres1, alors que dans les 1 000 ans prcdents on arrive
difficilement 2 000 000 de morts pour les mmes raisons. Aucune paix
possible, car la paix cest la tranquillit dans lordre, cest
Notre-Seigneur Jsus-Christ2.
- etc. Liste non exhaustive. Le meilleur rsum des buts de la
Rvolution c'est ce passage de Mgr Gaume :
"Si, arrachant le masque la Rvolution, vous lui demandez : Qui
es-tu ? elle vous dira : "Je ne suis pas ce que l'on croit.
Beaucoup parlent de moi, et bien peu me connaissent. Je ne suis ni
le carbonarisme qui conspire dans l'ombre, ni l'meute qui gronde
dans la rue, ni le changement de la monarchie en rpublique, ni la
substitution d'une dynastie une autre, ni le trouble momentan de
l'ordre public. Je ne suis ni les hurlements des Jacobins ni les
fureurs de la Montagne, ni le combat des barricades ni le pillage,
ni l'incendie ni la loi agraire, ni la guillotine ni les noyades.
Je ne suis ni Marat ni Robespierre, ni Babeuf ni Mazzini, ni
Kossuth. Ces hommes sont mes fils, ils ne sont pas moi. Ces choses
sont mes uvres, elles ne sont pas moi. Ces hommes et ces choses
sont des faits passagers, et moi je suis un tat permanent.
"Je suis la HAINE de tout ordre religieux et social que l'homme
n'a pas tabli et dans lequel il n'est
pas roi et DIEU tout ensemble ; je suis la proclamation des
droits de l'Homme contre les droits de DIEU ; je suis la
philosophie de la REVOLTE, la politique de la REVOLTE, la religion
de la REVOLTE ; je suis la ngation arme ; je suis la fondation de
l'tat religieux et social sur la volont de l'homme au lieu de la
volont de DIEU ! en un mot, je suis l'anarchie ; car JE SUIS DIEU
DTRN ET L'HOMME A SA PLACE. Voil pourquoi je m'appelle REVOLUTION ;
c'est--dire renversement, parce que je mets en haut ce qui, selon
les lois ternelles, doit tre en bas, et en bas ce qui doit tre en
haut".
Mgr GAUME, p. 18-193
LA RVOLUTION, RECHERCHES HISTORIQUES Le meilleur rsum de la
solution est donn par le Cardinal Pie dans son entretien avec
Napolon III : "Dans une entrevue mmorable, avec un courage
apostolique, le Cardinal Pie donna l'empereur des
Franais, Napolon III, une leon de droit chrtien. "C'tait en
1856, le 15 mars. A l'empereur, qui se flattait d'avoir fait pour
la religion plus que la
Restauration elle-mme, il rpondit : "Je m'empresse de rendre
justice aux religieuses dispositions de votre Majest et je sais
reconnatre, Sire,
les services qu'elle a rendus Rome et l'glise, particulirement
dans les premires annes de son gouvernement. Peut-tre la
Restauration n'a-t-elle pas fait plus que vous ?
"Mais laissez-moi ajouter que ni la Restauration ni vous, n'avez
fait pour DIEU ce qu'il fallait faire, parce que ni l'un ni l'autre
vous n'avez RELEVE SON TRONE, parce que ni l'un ni l'autre vous
n'avez reni les principes de la Rvolution dont vous combattez
cependant les consquences pratiques, parce que l'vangile social
dont s'inspire l'tat est encore la dclaration des droits de
l'Homme, laquelle n'est autre chose, Sire, que la ngation formelle
des droits de DIEU. OR, C'EST LE DROIT DE DIEU DE COMMANDER AUX
TATS COMME AUX INDIVIDUS. CE N'EST PAS POUR AUTRE CHOSE QUE
NOTRE-SEIGNEUR EST VENU SUR LA
1 Ce chiffre peut se calculer dans le Quid, mais a t donn
l'auteur par le Service des Archives Militaires. 2 Son premier mot
aprs Sa rsurrection : la paix soit avec vous ! cest Moi, ne
craignez point. (Luc, XXIV, 36). 3 Ce matre livre est disponible
aux ditions Saint-Rmi et mrite une tude attentive.
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TERRE. IL DOIT Y REGNER EN INSPIRANT LES LOIS, EN SANCTIFIANT
LES MURS, EN ECLAIRANT L'ENSEIGNEMENT, EN DIRIGEANT LES CONSEILS,
EN REGLANT LES ACTIONS DES GOUVERNEMENTS COMME DES GOUVERNES.
Partout o Jsus-Christ n'exerce pas ce rgne, il y a dsordre et
dcadence. Or, j'ai le devoir de vous dire, qu'Il ne rgne pas parmi
nous et que notre Constitution n'est pas, loin de l, celle d'un tat
chrtien et catholique. Notre droit public tablit bien que la
religion catholique est celle de la majorit des Franais, mais il
ajoute que les autres cultes ont droit une gale protection.
N'est-ce-pas proclamer quivalemment que la constitution protge
pareillement la vrit et l'erreur ?
"Eh bien ! Sire, savez- vous ce que Jsus-Christ rpond aux
gouvernements qui se rendent coupables d'une telle contradiction ?
Jsus-Christ, Roi du ciel et de la terre, leur rpond : Et Moi aussi,
gouvernements qui vous succdez en vous renversant les uns les
autres, Moi aussi Je vous accorde une gale protection. J'ai accord
cette protection l'empereur votre oncle ; J'ai accord la mme
protection aux Bourbons, la mme protection Louis-Philippe, la mme
protection la Rpublique, et vous aussi la mme protection vous sera
accorde.
"L'empereur arrta l'vque : "Mais encore, croyez-vous que l'poque
o nous vivons comporte cet tat de choses, et que le moment soit
venu d'tablir ce rgne exclusivement religieux que vous me
demandez ? Ne pensez-vous pas, Monseigneur, que ce serait dchaner
toutes les mauvaises passions ?
"Sire, quand de grands politiques comme votre Majest m'objectent
que le moment n'est pas venu, je n'ai qu' m'incliner parce que je
ne suis pas un grand politique. Mais je suis vque et comme vque je
leur rponds : "Le moment n'est pas venu pour Jsus-Christ de rgner,
eh bien ! alors le moment n'est pas venu pour les gouvernements de
durer"1. Voil en deux textes le plan du combat contre la Rvolution,
le vrai combat contre-rvolutionnaire. Tout y
est dit. La rvolution, cest le triomphe de Satan, cest DIEU
dtrn, cest Jsus-Christ hors-la-loi. La seule solution cest
Jsus-Christ Roi de France. Vous ne trouverez pas ces deux analyses
dans Maurras, et pour cause !
III. POURQUOI CET EFFONDREMENT A LA REVOLUTION ? Ce peuple
M'honore encore des lvres, mais son cur est loin de Moi. Math., XV,
8.
"Comme l'aimant attire le fer, le pch attire le chtiment. Les
nations n'allant pas en corps dans l'autre
monde, c'est sur la terre qu'elles reoivent la rcompense de
leurs vertus nationales, ou le chtiment de leurs crimes nationaux.
Mais Dieu est patient, longtemps Il avertit, Il supplie, Il menace
: avant de frapper Il attend que la mesure soit comble. Les grandes
poques de l'Histoire nous montrent l'application invariable de
cette double loi de misricorde et de justice"2.
A chaque poque, Dieu veut que les autorits politiques et
religieuses qu'Il a mises en place exercent leur pouvoir et
qu'elles l'exercent sans retard lorsque la situation l'exige.
Lorsque ces autorits civiles et religieuses n'appliquent pas les
directives du Ciel, Dieu s'en charge alors Sa manire, toujours
terrible. Deux exemples suffiront :
- Au XVIme sicle, l'Eglise devait se rformer sur un certain
nombre de points. La hirarchie n'ayant pas cout les avertissements,
Dieu a lch l'hrsiarque Luther3. Le Concile de Trente remettra de
l'ordre comme l'exigeait Notre-Seigneur.
- Au XVIIIme et mme ds 1689, le Trs-Haut avait demand au Pouvoir
civil de prendre des mesures draconiennes qui auraient barr la
route la Contre-Eglise envahissante. Louis XIV et ses successeurs
n'ont pas rpondu aux demandes du Ciel. Un sicle plus tard, la
Rvolution clatait. Non, une Rvolution aussi gigantesque nest pas
arrive par hasard, mais elle fut permise par une juste
justice de DIEU. De nombreux lments en furent la cause. Lenjeu
chrtien tout fix sur la vie ternelle est de plus en plus oubli pour
tre second par rapport la vie terrestre. On sinstalle, on veut
jouir de tout. DIEU et Sa religion gnent de plus en plus, sont
moqus et combattus. 1 Cit dans La Royaut sociale de Notre-Seigneur
Jsus-Christ d'aprs la Cardinal Pie, du Pre Thotime de Saint-Just,
disponible aux ditions Saint-Rmi. 2 Le Testament de Pierre-le-Grand
par Mgr Gaume. 3 Voir note 1 page 9.
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La grande cassure se fait lors du combat de la Ligue1 entre les
Guise et les Mdicis. Les premiers sont les champions de la cit
chrtienne, de la socit chrtienne, avec pour Matre remarquable, le
thologien Jean Boucher2. Les seconds sont les partisans de la
civilisation de largent3. Henri IV qui se prparait se marier avec
Gabrielle d'Estres, avait une dette envers les Mdicis de plus d'un
million d'cus d'or. Marie de Mdicis avait une dot d'un million
d'cus d'or4. Tout est dit !
La Ligue avait pour seul but la dfense de la Royaut chrtienne ;
son chec permettra le triomphe de la Monarchie. Conception tout
autre du Pouvoir royal. Les lites (monarques, vques, aristocratie),
vraies responsables, ont mrit par leurs pchs, leur corruption, le
CHATIMENT colossal et grandissant que nous subissons. La Rvolution
est laboutissement,
la sanction de fautes antrieures5. Rappelons quelques-uns de ces
pchs : prvarication6, trahison des chefs, affiliation aux socits
secrtes, haine et moquerie de la religion,
philosophisme, jouissance, voltairianisme, non surveillance des
subordonns, mollesse des bons, non encouragement des meilleurs,
impunit pour les mauvais, arrivisme, promotion dincapables, pchs
d'orgueil, de luxure7, d'gosme, de tideur, de dsobissance, non
reconnaissance et aveu de nos pchs, dplacement des responsabilits,
manque de Foi, de pit, de respect des choses saintes, ignorance
entretenue, paresse, naturalisme, libralisme, modernisme dj,
attachement aux biens8, esprit du monde, pchs cachs, communions
sacrilges, sorcellerie, magie, peu de sanctification des mes, etc,
etc. 1 Un grand ami, descendant de Ligueurs, mcrit : La Ligue est
une phase extrmement importante et rvlatrice de la mise en place du
monde actuel ; ce combat tait centr lpoque sur la lutte entre deux
familles, Guise contre Mdicis. Toutes les ambiguts fondamentales
Roi/Monarque sy trouvent clairement par loccultation (clipse)
habile et progressive de la cause finale (au sens de saint Thomas).
Nous en sommes toujours l dans le dbat, et dailleurs la critique de
Maurras devient imparablement claire ds que lon pose la question :
Maurras, soit. Mais alors : POURQUOI FAIRE ? POUR QUELLE FINALIT ?
les dOrlans ? Un monarque musulman ? Tout est dit. Cest cet ami, de
grande noblesse par sa mre, et qui en a gard toutes les vertus de
magnanimit et dardeur au combat, qui ma fait comprendre la
trahison, et des Bourbons, et de la noblesse. Il me rpte souvent :
Depuis Versailles et le grotesque Louis XIV, nos familles sont
pourries. Il sait de quoi il parle. 2 Sur Jean Boucher et la Ligue
lire aux ditions Saint-Rmi, l'ouvrage que vient d'crire Jol Morin,
dveloppant dune faon remarquable les faits et les enjeux de cette
poque capitale. Son titre : Jean Boucher, Thologien de la Ligue, du
tyrannicide la croisade . 3 On na plus destime que pour les
richesses ; on ne fait des efforts que pour les acqurir et jouir
sans mesure des satisfactions matrielles quelles procurent. Les
nations sont en dcadence depuis, et de jour en jour se sont formes
la servitude. A la place des relations anciennes de la religion et
de la foi qui les rapprochaient, il nexiste entre les peuples que
les intrts du commerce et de lindustrie dvelopps et exagrs chaque
anne davantage. Ces intrts se concentrent de plus en plus entre
quelques mains. A notre poque, 350 personnes dtiennent 50% de la
fortune mondiale. 4 Georges Mongrdien, Lonora Galiga, Un procs de
sorcellerie sous Louis XIII, Hachette, 1968, p. 14. Pour comprendre
les Mdicis, cf. Les premiers Mdicis et l'acadmie platonicienne de
Florence La rsurgence d'Herms, de Daniel Beresniak, ditions Detrad,
1984. Sa conclusion est remarquable et se rsume en cette phrase :
L'homme est une fin pour l'homme. 5 "La grande rupture a donc t la
royaut dHenri IV, qui, bien qu'elle ait t loin de garantir une
volution ncessaire vers un tat absolutiste, n'en a pas moins t
initiatrice d'une nouvelle philosophie politique qui cesse de
penser lEtat comme une institution prioritairement proccupe
d'amener les hommes leur salut dans le "bien public", mais qui le
conoit comme la dtermination divine d'une ralisation terrestre".
Denis Crouzet, Les Guerriers de Dieu, Champ-vallon, 1990, t. II, p.
623. 6 Prvariquer : manquer, par intrt, paresse ou mauvaise foi,
aux devoirs de sa charge. 7 Lire tout le chapitre sur Louis XIV
(Versailles surtout) dans le livre de Matre Godbout, Lorgueil et la
dchance de la vieille France et de la Nouvelle France, ditions
Saint-Rmi, dont un extrait significatif est donn en annexe. Lire
aussi dans Le P. Aubry et la rforme des tudes ecclsiastiques par
Mgr Justin FVRE, disponible aux ditions Saint-Rmi, le tableau
probant quil fait du XVIIme sicle. Que nos milieux ont de
mconnaissances, de prjugs et derreurs ! Vous ne lirez pas cela dans
Maurras, grand admirateur des Bourbons. 8 La France ne gardait plus
gure que les normes extrieures de la religion ; n'aimant plus DIEU
ni patiemment, ni raisonnablement, elle tait bien prs de ne plus
L'aimer mme sensiblement. A la fin du XVIl sicle, on pouvait dj lui
appliquer ces paroles : Ce peuple M'honore encore des lvres, mais
son cur est loin de Moi Math., XV, 8. Et la louange sur ses lvres
tait bien prs d'expirer. La conservation d'un royaume chrtien est
fonction de l'intensit de LA VIE MONASTIQUE qui prie, fait pnitence
et maintient l'tat de perfection dans ce royaume.
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7
Les rois, sacrs pour faire la guerre1 aux ennemis du nom de
chrtiens - et non pour parader devant une cour -, partir de Louis
XIV, sont parfois prsents sur le champ de bataille, mais jamais
plus en premire ligne. Ils font faire la guerre, n'importe quelle
guerre. Ils n'ont plus le sens de la guerre et le respect des gens
qui se font tuer pour eux. Ils n'ont plus de raison d'tre le
chef.
Mais n'oublions pas aussi le gallicanisme de lpiscopat2 : lvque
juge les enseignements pontificaux ; lvque est infaillible, le Pape
ne lest pas ! Inspirs par les parlementaires calvinistes, bientt
les piscopats seront soumis linfaillibilit de lEtat. Signalons
encore les maux irrversibles causs par les jansnistes, grands
responsables de la Rvolution.
Enfin, noublions pas les refus aux demandes du Sacr-Cur3 :
paramtre primordial pour un chrtien, car seul le rgne du Sacr-Cur
sera celui de la Misricorde, un dluge de Misricorde. LA GRANDE
ANNEE N'EST PAS 1789 MAIS 16894. Maurras ne fait pas cette
recherche des pchs. Il sait parler des responsabilits des ennemis
publics ou cachs de la France, mais, agnostique,5 ne sait pas
reconnatre les pchs qui ont mrit, par juste justice, la colre de
DIEU.
Il faut tudier, mditer La conjuration antichrtienne6 de Mgr
Delassus, Somme de la contre-rvolution, comme lcrivait Jean Ousset
dans le Pour quIl rgne7 ; lire aussi de Matre Godbout Lorgueil ou
la dchance de la vielle France et de la nouvelle France2, o lauteur
tudie les graves responsabilits des trois derniers Bourbons qui ont
refus de donner DIEU la premire place pour favoriser les puissances
dargent qui allaient tout dtruire. Or, voici une statistique
difiante ce sujet. Du X au XVIII sicle, 1686 monastres furent
construits en France, se rpartissant ainsi par sicle : X, 157 ; XI,
326 ; XII, 702 ; XIII, 287 ; XIV, 53 ; XV, 53 ; XVI, 15 ; XVII, 46
; XVIII, 4. Par contre, combien de constructions de palais
piscopaux et de chteaux ? 1 Remarquons qu'aucun Roi de France n'est
mort sur le champ de bataille. Ils taient protgs par leur sacre. 2
"Aussi, lorsqu' l'avnement de Louis XVI, il fut question de la
crmonie du sacre, on dlibra dans son Conseil si cette crmonie
aurait lieu, tant elle tait regarde gnralement comme inutile et
superflue, d'aprs les gallicans. Cependant on dcida pour
l'affirmative, et Louis XVI fut sacr ; mais le prdicateur eut soin,
pendant la crmonie, de prvenir les consquences frappantes qu'on en
pouvait tirer en faveur de la royaut temporelle de Jsus-Christ, et
de la dpendance de nos rois l'gard de cette royaut, en annonant
hautement, en prsence du peuple tonn et conformment la doctrine
gallicane, que cette crmonie n'tait point obligatoire pour le roi,
ni essentielle sa charge". Pour quIl rgne, Jean Ousset, d. 1959,
note 25, p. 272. Ne voit-on pas un maurrassien en 1996, Philippe
Prvost, prconiser en conclusion de son livre La condamnation de
lAction Franaise vue travers les archives des Affaires trangres, La
Librairie Canadienne, p. 163. : de reconstruire, sur le plan
politique sentend, une Eglise gallicane ! Il na jamais lu
Crtineau-Joly ! 3 Voici ce quen pense labb Aubry : "Toujours est-il
qu'au moment de l'histoire o je me place, la France est dans un tat
de civilisation trs remarquable mais malheureusement plus
superficiel que profond. Ce qui brille, c'est le bel esprit, ce
sont les tudes mondaines, et, parmi les tudes sacerdotales, celles
qui supposent moins le labeur intime de la pense et produisent
moins de fruits pour l'avenir. Le travail civilisateur s'opre dans
un sens laque, dans une direction qui n'a rien de commun avec
l'vangile, mais qui va au contraire s'en cartant, comme le prouve
la suite de l'histoire. C'est la faute de notre triste XVl sicle,
auquel j'attribue l'impulsion antichrtienne donne aux choses de
l'intelligence, pour aboutir aux malheurs modernes. La France est
encore chrtienne dans sa vie prive ; mais, prcisment, pour dire
comment elle est chrtienne, je suis oblig de dire qu'elle l'est
dans sa vie prive, c'est--dire dans les individus, et non plus dans
le corps social. La politique, les institutions, le gouvernement se
scularisent, et vous savez ce qu'on entend par l. L'ide thologique
n'est plus l'inspiratrice premire, la rgle souveraine de toute vie
sociale ; elle disparat pour faire place l'intrt terrestre de la
dynastie. LE CHRISTIANISME, RESPECTE, NE GOUVERNE PLUS ; dj vous le
voyez dans un domaine circonscrit, comme une institution
particulire, et une des diverses religions possibles ; il semble
vident qu'alors la France, encore chrtienne - parce qu'une nation
ne perd pas si vite la foi - est en travail de se refaire un ordre
nouveau, non fond sur l'vangile, une civilisation paenne". 4 Mme un
historien universitaire comme Pierre Goubert dans Louis XIV et
vingt millions de Franais, est oblig de remarquer qu'entre
1680-1690 se fait une sorte de rupture : "un souffle nouveau balaie
la tradition la date charnire est voisine de 1690. Ce n'est qu'aprs
cette date, tandis que se trane, grincheux et triste, le "grand
rgne", que commence vraiment "le grand sicle, je veux dire le
XVIII" (Michelet), qui voulut tre celui de la libert" (p. 145).
Sous-titre : L'Histoire sans frontires, collection dirige par
Franois Furet et Denis Richet, Fayard, 1966. 5 Si le mot
agnosticisme (doctrine selon laquelle le fond des choses est
inconnaissable pour lesprit humain) est ancien, le mot agnostique
(du grec agnstos, ignorant) a t cr par Henry Huxley en 1869 pour se
dmarquer de Darwin. Un agnostique a nexiste pas. Cest une chimre. 6
Disponible aux ditions Saint-Rmi. 7 P. 134. Je n'ai jamais compris
que la Cit Catholique, aprs un tel loge, ne l'ait jamais fait
rditer. Cette omission est au moins curieuse !
-
8
A la diffrence de lcole antilibrale, Maurras prtend que la cause
dcisive de la chute de 1789 fut intellectuelle et morale (Rflexions
sur la Rvolution de 1789 par Charles Maurras, 1948, p. 27 et 28) :
sens de lautorit endormi, dcadence intellectuelle, triomphe de
lanarchie, philosophie gnrale absurde, anarchie mentale, etc Toutes
ces rflexions et dautres pour tre vraies, nanalysent pas
lessentiel. Maurras met en avant le dtail, il nen vient pas aux
principes.
Le Pre Ubald, dans Les Trois France, tire l'ultime consquence :
"La Rvolution n'est pas autre chose que le satanisme moderne,
c'est--dire le rtablissement du rgne de
Satan parmi les hommes ; et nous ajoutons que si la Rvolution
parvenait raliser son plan, on verrait les dmons adors de nouveau
sur la terre : la France n'ayant plus rien de chrtien deviendrait
satanique".
IV. LES REPONSES DE MAURRAS ET DE LACTION FRANAISE. A. Quelques
repres importants de la vie de Maurras. Comme dans chaque vie, il y
a des tapes bien observer pour bien comprendre un homme. a) Maurras
fut lev chrtiennement, trs chrtiennement. b) Comme tout chrtien, il
subit lpreuve de la seconde conversion, la plus importante, celle
du chemin de
Damas, celle de la complte conversion. DIEU permit une dure
preuve : la surdit. Malheureusement, au lieu de se soumettre, il se
rvolta et, par voie de consquence, il apostasia. Ce ne sera pas la
seule rvolte de sa vie. Quelle erreur de dire et rpter quil est
devenu agnostique ! Un chrtien bien form qui abandonne et rejette
sa foi est un apostat1.
c) Montant Paris, il ambitionne une carrire littraire. Cest
alors quil est marqu par les frquentations et les auteurs qui
seront ses principaux Matres, quil ne reniera jamais et qui
influenceront toute sa pense et son enseignement : Taine, Renan
(!), Nietzsche (!), Stendhal, Proudhon, et surtout Auguste Comte,
son repre philosophique et plus, son Matre dans laction2. Retenons
quil professe la construction de la cit en dehors de DIEU. Cest
lantithse du Omnia instaurare in Christo, si cher au Cardinal Pie
et que saint Pie X prendra comme drapeau de son Pontificat3. Il
rdigera alors ses fameux crits paens, crits quil ne reniera jamais
non plus et quil fera rditer toute sa vie. Citons Le chemin de
Paradis, Anthina, les scandaleux Contes libertins.
d) Puis ce fut sa grande uvre : la cration dune cole de pense et
daction centre sur la vie politique, sur une recherche de solution
politique au malheur des temps issus de la Rvolution. Son combat
contre Dreyfus lui avait ouvert les yeux sur la volont avoue par de
nombreux ennemis d'anantir la France. Il redcouvrit alors les
bienfaits de la monarchie. Malheureusement celle qu'il choisit nest
pas la Royaut trs chrtienne, et son prtendant est un dOrlans4,
successeur de lennemi de cette Royaut trs chrtienne ! Pour lui, la
vraie monarchie ne commence qu'en 987 aux Captiens. Oublis, nos
premiers rois et omis, le pacte si cher entre saint Remy et Clovis
! Mais surtout, son analyse de la Rvolution, trop insuffisante, ne
permet pas de tirer une bonne conclusion et de proposer une bonne
solution.
1 Une fois encore cette apostasie est due ltude frelate des
auteurs grecs et latins et donne raison la thse que Mgr Gaume dfend
dans Le Ver Rongeur, Ed. Saint-Rmi. A lire. 2 A la fin de sa vie,
la fin, il apportera des nuances sur ces choix (dans Le Bienheureux
Pie X), mais dans toute sa vie il ne reniera pas les choix de ses
dbuts. Mettre une loupe sur ses derniers instants, oblige constater
que toute sa vie il ne fut ni croyant, ni pratiquant. Il alla mme
trs loin contre la religion. Voir plus loin quelques citations.
Parler de sa conversion finale ne justifie rien. Au contraire. Les
crits rpts sur ce problme tiennent de la manipulation ! 3 On na
jamais vu Maurras enseigner et suivre ce programme de saint Pie X.
Alors ? De qui se moque-t-on ? 4 Voir les confidences racontes par
Paul de Pradel de Lamase dans ses souvenirs dits en 1942 par son
fils, sous le titre Lgitimisme et Papaut (page 162-163). tant Rome
en 1891, il eut une entrevue de trois heures avec Lon XIII dont il
donne tous les dtails, et o le Pape lui expliqua les raisons du
Ralliement, opinion partage, sans restrictions, par quiconque
rflchissait Rome, Italiens et Franais, lacs et ecclsiastiques (p.
162). il fut vident aux yeux de tous que la stratgie
politico-religieuse de Lon XIII tait dirige principalement CONTRE
LES ORLEANISTES (p. 201), dont la prsomption et loutrecuidance fut
toujours sans borne. Plus dpourvus de religion que nombre de
rvolutionnaires, ils simaginaient quil suffisait de quelques
affirmations de principe pour duper les dpositaires de la religion.
Le Pape tait fix sur les sentiments de cette famille et ne devait
plus garder aucun mnagement envers elle.
-
9
Remarquons cependant quil sut efficacement sentourer dhommes de
qualit et eut une action si importante quon en parle encore
aujourdhui.
Quel malheur quun homme ayant de telles rarissimes qualits de
chef ait entran tant de monde dans une fausse voie !
e) Ensuite, sa lutte contre le sillonisme lui procura lestime
des catholiques les plus fidles. Mais en rponse, les modernistes,
se fondant sur lincohrence des auteurs cits plus hauts, commencrent
le sige de Rome pour sa condamnation instruite et conclue sous
saint Pie X. Ce fut le fameux damnabiles, sed non damnandos. Le
chrtien retient le damnabiles, laissant le non damnandos la
contingence.
f) Lors de la Premire Guerre mondiale, il prna la scandaleuse
Union sacre1. Une opposition la guerre, comme sapprtait la faire
saint Pie X (ce qui lui valut en quinze jours une mort rapide trs
douteuse) nous aurait peut-tre vit la boucherie de 14-18 (50 % des
jeunes de vingt trente ans tus ou mutils), et la disparition du
dernier pouvoir catholique, lempire austro-hongrois, la mise en
place de gouvernements occultes dans toute lEurope et la cration de
lintrinsquement pervers systme communiste.
g) A la fin de cette guerre, ce fut le clbre : Prenons le
pouvoir mme dune faon lgale. Il acceptait le jeu dmo(n)cratique et
le vote, le seul acte dmocratique. En consquence : il ne pouvait
plus combattre la dmocratie au niveau des principes. Il batailla
seulement contre les mauvais effets du rgime.
Telle sera aussi lerreur de ses successeurs : CRC, Cit
Catholique, Action familiale et scolaire2, etc. Dune cole de pense,
lA.F. devint un parti, le parti royaliste dans le systme
dmocratique. Laction ne fut que journalistique et inefficace.
h) La solennelle condamnation de 1926 engendra la seconde rvolte
de Maurras. Un silence chrtien respectueux, une offrande sublime de
lpreuve (comme lavait fait Marc Sangnier son poque) aurait permis
une rapide absolution. DIEU merci, cette rbellion lenferma dans son
erreur et interdit la solution monarchique orlaniste, la pire des
parodies pour un monarchiste de droit divin. Combien nous louons
cette condamnation par la Chaire de Vrit !
i) La leve des condamnations, plus par charit que par justice,
dcision misricordieuse, ne lui donne pas raison a posteriori comme
voudraient nous le faire croire ses successeurs.
j) De sa conversion finale, au dernier moment, grce obtenue par
de nombreuses prires, qu'en est-il au juste? Sest-il rellement
converti ? La rponse appartient DIEU. Cette conversion ne
justifierait pas toutes les erreurs passes, cependant.
Maurras ne se fte pas le 1er novembre, mais on prie pour lui le
2. B. Rponses de Maurras la Rvolution.
Qui nest pas avec Moi est contre Moi Matt. XII, 30.
Tout dabord, on est loin avec Maurras de lenjeu si essentiel
pour le chrtien. Combat-il pour la vie
ternelle ? pour une socit qui aura le souci de la vie ternelle ?
Pour le chrtien, cette question est toujours la question
primordiale. Pour le chrtien, cest le seul point de
repre pour juger, accepter ou refuser de suivre un Matre.
Malheureusement, jamais et pour cause, ce ne sera le souci de
Maurras. Voil qui est capital. Ce point seul
devrait permettre tout vrai chrtien de rejeter un tel faux
Matre. Il est vident que Maurras fut attaqu, prit des coups, fut
courageux. Ce nest pas suffisant. Dautres le
furent tout autant. Il est vident que dans les crits de Maurras,
il y a dexcellentes pages. Mais ces excellentes, sen ajoutent
dautres bien plus mauvaises. On pourrait dire : ne parlons que
des bonnes. Cest justement cet tat desprit qui est dangereux. Car,
qui aura la formation, les connaissances, les lumires suffisantes
pour faire un choix indubitable ? A voir le comportement de ses
partisans, ce choix est bien difficile faire sans se tromper.
Si une bonne bouteille de vieux Bordeaux vous ajoutez 1%
darsenic, allez-vous parler des 99% de bons ou nallez-vous pas
mettre en garde contre le 1% ? 1 Lire les pages remarquables qu'en
fait Jean de Viguerie dans son excellent livre, Les deux France. 2
Ils ne savent pas appliquer le principe de non contradiction. D'o
un mlange dans la pense politique, mlange que l'on retrouve entre
la Foi catholique et la foi conciliaire, deux fois incompatibles.
Tous ces mouvements suivront Vatican II d'une faon plus ou moins
cohrente et donc apostasieront. Rappelons le principe fondamental
de non contradiction : - sous sa forme mtaphysique : une mme chose
ne peut la fois et sous le mme rapport, tre et ne pas tre ; - sous
sa forme logique : il est impossible d'affirmer et de nier la fois
une mme chose sous le mme rapport.
-
10
Il en est de mme pour les crits de Maurras : on est bien oblig
de parler des mauvaises pages, des ides mauvaises.
Oui, insuffisantes, tronques, mutiles surtout dans lapproche
surnaturelle, ses analyses liminent le paramtre diabolique, si bien
vu par les auteurs chrtiens.
Oui, ses solutions : monarchie, nationalisme intgral, empirisme
organisateur, etc., furent inefficaces, parodie de la solution
voulue par DIEU, et pis, font laffaire de nos adversaires.
Rflchissons.
Du fait de son agnosticisme dclar1, lui manque llment primordial
: lordre surnaturel de ce conflit. CHACUN VOULANT REGNER, cest donc
le conflit entre Notre-Seigneur Jsus-Christ et Satan2 : la
civilisation chrtienne a succd le dcalogue de Satan, la dclaration
des droits de l'Homme. Il se joue entre les disciples de
Notre-Seigneur Jsus-Christ et tous les autres. Son centre, le
centre du combat est une fois encore Notre-Seigneur Jsus-Christ,
non pas cette fois-ci comme Rdempteur du genre humain, mais comme
Roi de la socit.
liminant cette dimension, Maurras ne comprend pas qui est
attaqu, ne comprend pas lennemi, et en consquence, il ne peut
envisager la vritable solution. La solution nest pas un roi, nest
pas la monarchie. Elle nest mme pas QUE la monarchie chrtienne.
Elle est dans le choix du gouvernant. Pour Maurras, un dOrlans !
Pour nous, SON Lieutenant3. Pour Maurras, un roi choisi par les
lecteurs, pour nous un roi choisi par Lui, le DIEU Tout-Puissant4.
Pour nous un chef nayant en vue que la gloire de DIEU et le salut
de ses sujets, pour Maurras et ses fidles un roi rtablissant
Versailles et qui, comme Louis XIV, naura que le souci de sa
gloire. Pour nous un roi ayant compris la liturgie du sacre :
combattre les ennemis visibles et invisibles de la chrtient. Et
pour Maurras ?
Maurras a les apparences de la vrit, mais pour un catholique, il
a TOUT FAUX. Agnostique, il reste naturaliste : il lui manque
laction principale, laction dcisive, en fait la seule grande action
: la prire. 1 Rappelons que saint Pie X dnonce dans lagnosticisme
le fondement du modernisme religieux. Dautre part Maurras a t lev
dans la Foi catholique, fut catholique, apostasia et vcut toute sa
vie dans lapostasie. "Prenez garde, frres, quil ny ait peut-tre, en
quelquun dentre vous, un cur mauvais, assez incrdule pour
apostasier du DIEU vivant" Hb, III, 12. "Car il est impossible pour
ceux qui ont t une fois clairs, qui ont got le don cleste, qui ont
eu part au Saint-Esprit, qui ont got la douceur de la parole de
DIEU et les merveilles du monde venir, et qui pourtant sont tombs,
de les renouveler une seconde fois en les amenant la pnitence, eux
qui pour leur part crucifient de nouveau le Fils de DIEU et Le
livrent l'ignominie" Hb VI, 4-6. Terrible ! Comment prfrer un tel
matre (?) de vrais matres chrtiens ? Comment conseiller des jeunes
de suivre une personne qui na pas la Foi et qui est donc contre Lui
? 2 "Au reste, frres, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans Sa
vertu toute-puissante. Revtez-vous de l'armure de DIEU, afin de
pouvoir rsister aux embches du diable. Car nous n'avons pas lutter
contre la chair et le sang, mais contre les Princes, contre les
puissances, contre les dominateurs de ce monde de tnbres, contre
les esprits mauvais rpandus dans l'air" Ep. VI, 24. Nous le
comprenons dans le combat individuel. Dans une socit matrialiste et
naturaliste, nous oublions que le combat politique est identique. 3
R.P. Ayroles, La vraie Jeanne dArc, tome IV,, d. Gaume, 1890, pages
216-234 : les plus belles pages d'Ayroles. Suite la dposition de
Jean Paquerel, confesseur de Jehanne, professeur de philosophie et
de thologie Tours, Ayroles fait les commentaires fondamentaux
suivants :
"Le roi de France est dans le dessein de DIEU : locum tenens
Regis clorum qui est REX FRANCI. Si le LieuTenant a droit au
respect d Celui dont il tient la place, il n'a de droit que pour
faire observer la loi de Celui qu'il remplace, ET TOUTE SA FORCE
EST LA. S'il l'oublie jusqu' ne pas reconnatre le suzerain, il
devient flon. Toute la mission de la Pucelle dans sa signification
la plus haute est l.
"Le sang ne donne droit la LieuTenance que lorsqu'il est vivifi
par une me qui en reconnat le plus essentiel devoir, la dpendance
du Roi des Cieux, l'obligation de rgner en Son Nom et pour Lui.
Considrer le sang royal d'une manire purement matrielle, c'est ne
pas connatre la signification du mot, lui enlever son sens lev,
pour le ravaler une signification animale ; car, matriellement
considr, il n'est que cela. Voil pourquoi, entre l'enseignement de
Jehanne et la lgitimit professe par l'cole gallicane, il y a la
distance de la terre au ciel, du Christianisme l'idoltrie. Le droit
divin du sang matriellement considr est une idoltrie rprouve par la
foi et la raison ; il en est le renversement". Nous sommes dans un
monde compltement diffrent de celui de Maurras. 4 - "Mais alors
jusqu'o allons-nous devoir remonter pour chapper cette glissade ?"
- "Il faut, si l'on veut trouver un terrain solide, remonter
jusqu'au Sacre de Clovis par saint Remy, Reims, le jour de Nol 496.
C'est l que la race de nos rois a t DESIGNEE PAR DIEU qui a envoy
une huile cleste pour servir dsormais de sacramental pour le Sacre.
C'est ce moment-l que DIEU a fond une autorit temporelle chrtienne
pour tre le rempart et l'pe de la Sainte Eglise. C'est jusque l
qu'il faut remonter pour trouver une base ferme de raisonnement".
Jean Vaqui, Lecture et Tradition n 126.
-
11
Agnostique, il limine, car il ne la comprend pas, LA VOLONTE DE
DIEU : REGNER SUR LA FRANCE ET PAR LA FRANCE SUR LE MONDE. Pis, il
refusera cette volont, il sen moquera (ta thocratie1 ! comme me le
reprochait avec raillerie un indcrottable maurrassien tordu), il
combattra Ses partisans, il cherchera occulter les crits des vrais
Matres, il y parviendra avec les ennemis du nom de chrtien pendant
plus de cent ans. (Si l'cole maurrassienne est combattue, lcole
antilibrale, elle, est occulte, parce que hae). Quant aux disciples
maurrassiens, - bourgeois ou de fausse noblesse souvent ou pis
encore, de noblesse dempire, cette noblesse rvolutionnaire -, ils
agiront pareillement, mme les clercs, mme en 2002. Observez,
regardez : qui enseigne, diffuse, choisit, fait connatre
srieusement le Cardinal Pie, Mgrs Delassus, Gaume, etc. ? Qui se
moque deux ? Qui ne les cite jamais ou presque ?
Une fois de plus sapplique la consigne de Notre-Seigneur : Qui
nest pas avec Moi, est contre Moi, Matt. XII, 30.
Faux matre, Maurras ne comprend pas la dmonologie et pollue les
intelligences, bien souvent, dune faon irrversible, rendant ses
fidles limits2, inintelligents3, aveugls, obstins dans lerreur, par
manque dhumilit ; avec lui, ces derniers concilient lerreur et la
vrit. Dans ceux, dits catholiques, on ne retrouve que des chrtiens
de la deuxime classe dhommes, "...acharns CONCILIER la lumire avec
les tnbres et LA VERITE AVEC L'ERREUR" (Pie IX, 21-5-1874), ceux
qui sont parfaits, ceux qui parlent toujours de la faute des
autres, ceux qui sont plus attachs aux biens de la terre qu leur
Foi, ceux qui dans leur Pater, pensent plus demander DIEU
d'augmenter et protger leur patrimoine4, les gens du : oui, mais,
du : non, peut-tre etc, etc.
Le catholique, ayant compris que la Rvolution est un chtiment,
cherche connatre les raisons qui ont mrit une punition aussi grave
et qui, plus de 200 ans aprs, dure encore. Ayant lu le cardinal
Pie, Les Pourquoi de la guerre mondiale de Mgr Delassus, il sait !
Il sait quels en sont les responsables : les lites (vques, rois,
noblesse). Il connat ceux qui ont tout dtruit : les ennemis du nom
chrtien (voir La conjuration antichrtienne). Il sait qui, seul,
restaurera la socit chrtienne : Notre-Seigneur Jsus-Christ (voir
Thotime, Ayroles, Delassus). Il sait combien il faut demander
pardon, combien il faut devenir un vrai chrtien. Il sait que le
Rgne grandiose du Sacr-Cur demande des chrtiens soumis la volont de
DIEU en tout.
En dehors de cela, tout est faux, tout est mensonge. Il y aura
quelques vrits parses, mais mlanges des erreurs gravissimes. Tout
combat sappuyant sur les hommes, sur un homme, sera vain. Depuis
1789, aucun succs ! Un tel chec devrait faire rflchir ! Mme pas
!
Maurras et ses disciples attendent tout des hommes. Donc, ils
chercheront le nombre et sappuieront sur les combinaisons humaines,
y compris le vote. Ce vote est le seul acte de la dmo(n)cratie.
Dans une socit en ordre, il ny avait que le Gouvernant et les
gouverns. La politique, qui constitue la troisime partie de la
morale5, est lart de grer la cit. Cet art, comme tout art, demande
une norme comptence et des grces spciales (donnes par le Sacre).
Cest le fait des gouvernants, et deux seuls. Lhomme est fait pour
tre gouvern, non pas pour gouverner. Lobservation de tous les jours
le confirme. En France, de par la volont divine, le gouvernant est
le roi : un roi choisi par DIEU, un roi de droit divin.
Laristocratie fait excuter les ordres royaux ; elle est parfois,
mais rarement, vraiment gouvernante. Elle est, comme tout le reste
de la nation, gouverne, et tous ne font jamais de politique au sens
moderne. Chacun 1 Lire ce sujet le remarquable ch. V du livre IV
dans Jehanne dArc sur les autels et la rgnration de la France, du
R.P. Ayroles, ditions Saint-Rmi. Il est tonnant dobserver combien
certains maurrassiens ont une haine, le mot nest pas trop fort, de
la thocratie. 2 Et paresseux. Interrogez des maurrassiens :
Honntement, quels livres de Maurras avez vous lus? Vous serez
surpris de dcouvrir quils nen ont pratiquement lu aucun. Les
maurrassiens sont en gnral des hommes qui causent, qui vivent dans
des cercles ferms prtentieux et incultes, qui lisent des articles
de journaux et qui sont trs superficiels. Cest avant tout un milieu
de BLM (bourgeois, libraux, mondains), nostalgiques et paresseux.
Pour eux la politique prime, la religion et la Foi sont
secondaires, au service de leurs chimres politiques. 3 Il y a
lintelligence naturelle, et lintelligence don du Saint-Esprit.
Intelligere : lire au-dedans. Voir Trait du Saint-Esprit de Mgr
Gaume, T. 2, le trs important chapitre XXXII sur la question de
l'intelligence. 4 Dans une socit chrtienne, on savait qu' "Il n'y a
qu'un seul propritaire qui est Dieu, crateur et souverain matre de
toutes choses. Le riche n'est que le dpositaire, que le grant d'une
partie des biens de Dieu, et la fortune qu'il ne dtient qu' titre
de dpositaire, il doit, non en jouir selon son caprice et sa
fantaisie, mais en user selon le prcepte divin" (Saint Thomas
d'Aquin). Il en est tout autrement depuis la Rvolution. Bien
souvent mme les clercs ont un attachement rvolutionnaire aux biens
: C'est moi, j'en fais ce que je veux. 5 La morale se divise en
trois parties : - lthique qui est la morale personnelle ; -
lconomique qui est la morale familiale ; - la politique qui est la
morale sociale. La politique est donc videmment lie la morale. Il
faut tre d'esprit rvolutionnaire pour sparer la politique de la
morale.
-
12
sa place assume le plus vertueusement possible ses devoirs dtat,
personnels, familiaux, sociaux. Cest bien suffisant. La socit a
fonctionn ainsi pendant 1300 ans environ.
La socit chrtienne avait le souci du salut du plus grand nombre.
La socit moderne fonde sur la dmo(n)cratie cherche damner le plus
grand nombre. Cest le dernier souci des maurrassiens.
La Rvolution a fait croire - et fait toujours croire - aux
gouverns quils sont devenus gouvernants. Cest la pseudopolitique si
bien vue par le Vnrable Holzhauser. Les gouverns nont jamais eu
aucun pouvoir, hors celui permis par les loges, mais on les oblige
sexciter longueur dannes sur une prise de pouvoir future ou sur une
participation la vie politique. Le seul acte qui leur est impos,
car il ny en a pas dautre, est celui de voter1. Voter, non pas
comme sous la chrtient pour tel candidat trs prcis, mais aujourdhui
pour le candidat choisi par un parti, souvent inconnu de l'lecteur.
Car les gouverns ont t diviss en parties et les vrais gouvernants,
qui sont inconnus et occultes, crent et tiennent chaque partie par
des partis. Et les lus sont tenus. Ils obissent, non pas leurs
lecteurs, mais aux chefs de leur parti. Sils dsobissent, ils nont
plus l'investiture ncessaire lors de llection suivante. Les partis
sont, bien sr, dirigs par les financiers. Ce qui fait que depuis
deux cents ans le vote ne sert rien. Tout est mensonge. Le seul
vrai pouvoir est celui des financiers. Le vote nest quune communion
au systme dmo(n)cratique.
Aux arguments de raison, sajoute largument historique : plus de
200 ans dchec prouvent quen aucun cas la solution ne se trouve dans
les urnes. Ce sera pourtant le combat principal des maurrassiens
pour rtablir leur dOrlans (!).
Pire, les esprits sont tellement dforms que des maurrassiens
catholiques2, veulent faire croire que le pouvoir temporel est le
pouvoir des lacs, et que le pouvoir spirituel est le pouvoir des
clercs, alors que le pouvoir temporel est celui du Gouvernant, le
Roi, le pouvoir spirituel est celui des vques unis au Pape. Avec de
telles erreurs, desprit rvolutionnaire, "on" passe son temps crire
des articles et des livres compltement inutiles. On rentre bien
dans le systme dmo(n)cratique moderne qui oblige ne penser qu cette
inversion : de gouverns devenir des gouvernants. Cest la
pseudopolitique : btise et orgueil.
De tels esprits, fidles maurrassiens, en arriveront crire des
blasphmes comme : la Rvolution n'a pas TROUVE DE PLUS GRANDS ALLIES
DEPUIS DEUX SIECLES QUE LES HOMMES D'GLISE, Y COMPRIS CERTAINS
PAPES, de par leurs erreurs politiques, et leurs interventions dans
ce domaine, concrtises par des successions de ralliements3. Cest
inique !
Qui nest pas avec Moi est contre Moi (Matt, XII, 30). Avec
Maurras, on nest pas pour le Rgne du Sacr-Cur, on est mme un
obstacle ce Rgne. A chacun son choix !
Analysons plus en dtail, au risque de nous rpter, les principaux
choix de Maurras. 1 Sa monarchie : un dOrlans. Cinq remarques : a)
Qui choisit le prtendant ? Maurras. Nous sommes dans le systme
rvolutionnaire, o le gouvern choisit
le gouvernant. Les troupes doivent suivre le prtendant choisi
par Monsieur Maurras. b) Un dOrlans ! un dOrlans ? un descendant de
celui qui a vot la mort du Lieutenant de DIEU, le seul
qui a fait frmir toute lAssemble quand il a vot la mort. Quel
blasphme ! quelle parodie ! Cela seul suffirait vomir Maurras.
c) Et cette monarchie, est-ce bien la monarchie trs chrtienne,
seule admissible pour un vrai chrtien franais ? Est-ce bien un
Lieutenant du Christ que lon veut voir rgner ?
On est oblig de constater que si, pour nous, un auteur comme le
Marquis de La Franquerie est la rfrence par son ouvrage La Mission
Divine de la France4, les maurrassiens non seulement vitent de
citer et lauteur et le livre, mais, comme nous lavons maintes fois
constat, ne cachent pas en priv le mpris qu'ils en ont. 1 Si lon
vole, on est un voleur. On aura beau faire tous les discours pour
sexcuser, expliquer son acte, on est un voleur. De mme, si on vote,
on est un dmo(n)crate. On aura beau faire tous les discours pour
dire quon est contre la dmocratie, on est dmo(n)crate. 2 Un
maurassien catholique : est-ce possible ? 3 Adrien LOUBIER DE
BONNET DE VILLER, Sous la Bannire, n 99, janvier 2002. Alors que
les Papes furent les seuls (quels sont les autres ?) barrages
efficaces aux raz-de-mare rvolutionnaires ! Lire LEglise Romaine en
face de la Rvolution de Crtineau-Joly. De tels articles sont odieux
! Dignes de son anctre, anobli par Napolon, aprs stre fait
remarquer comme officier au sige de Rome, ce qui lui a mrit comme
tous les officiers de Napolon et comme leur Matre dtre excommuni,
ceci explique peut-tre la haine constante de ce Maurrassien (vrai
descendant de rvolutionnaires, comme les dOrlans !) pour les Papes.
Ce type dhommes est inconvertissable, car il a fait le pch
irrversible contre le Saint-Esprit, allant contre la Vrit connue et
contre la Chaire de Vrit. Ces hommes ne mritent que les poubelles
de lhistoire. 4 Disponible aux ditions Saint-Rmi. Il cite dans son
livre tous les auteurs que nous aimons.
-
13
d) Et cette victoire monarchique doit tre acquise par le parti
fond par Maurras, par les moyens dmocratiques. Finalement, lA.F.,
cest le parti royaliste dans le systme dmo(n)cratique.
e) Souvent, surtout aujourdhui, les troupes qui dfendent Maurras
sont non des serviteurs des serviteurs de DIEU, mais des
personnages hautains, mprisants, prtentieux, suffisants, arrogants,
ddaigneux, insolents, souvent de fausse noblesse, libraux,
mondains, bourgeois, plus attachs leur patrimoine et leurs
prtentions, fondes ou non, quaux devoirs chrtiens. Quelques braves
types donnent le change, mais la clientle gnrale, identique celle
des chtelains du XVIII, ne rve que de retrouver des chteaux et des
honneurs.
2 Son "nationalisme intgral"1. Cr par la Rvolution (cf. le
Robert), ce mot recouvre une ide rvolutionnaire. Le nationalisme
soppose par principe lide mme de chrtient. Il a son origine dans le
gallicanisme qui voyait dans le Pape un tranger, chef des tats de
lEglise. Pour nous, nous prfrons le mot de Patrie dans lequel il y
a la notion de Pre, le vrai Pre tant DIEU et le pre apparent tant
Son LieuTenant, le roi. Sil y a Pre, il y a fils et frres. Le lien
est donc la charit et lamour. Dans une socit en ordre ce nest pas
lindividu qui existe, mais des frres dune mme famille avec un seul
Pre aim et servi.
Cette approche sociale profondment chrtienne nest pas celle de
Maurras. Elle dpasse les limites de la nation car tous les
convertis de nimporte quel pays du monde, de nimporte quelle
langue, tant Fils de ce Pre, sont concerns. Ne disait-on pas
autrefois que les trangers ont deux patries : la leur et la France
? Est-ce possible avec le parti de lA.F. ?
3 "Lempirisme2 organisateur". Les chrtiens prfrent le ralisme
thomiste3. Comment peut-on avoir le sens complet de lexprience en
liminant le paramtre essentiel et primordial du surnaturel ? On ne
peut avoir quune vue superficielle des vnements et des hommes. Les
gens de lA.F. sont limits, mutils dans leurs observations. Ils
ramnent tout quelques discours, toujours les mmes.
Cet empirisme naturaliste pollue gravement les intelligences,
car il a pour consquence de penser la monarchie (et mme parfois la
seule bonne) et en mme temps de communier au systme rvolutionnaire
par le vote, donc dtre double, ce que DIEU honnit le plus. On voit
de nos jours les "traditionalistes" dfendre la monarchie et dans le
mme temps voter Le Pen. On na rien compris. On aboutit toujours
(depuis plus de cent ans, on a lexprience et on devrait en tirer
les conclusions) des dfaites lectorales magistrales et on
souille
1 Le mot nation date de Babel. On lit la page 9 de lHistoire de
chacun des soixante-douze disciples de Notre-Seigneur Jsus-Christ,
par labb MAISTRE, disponible aux d. Saint-Rmi : Le nombre des 72
Disciples, que N.-S. tablit d'aprs le nombre des peuples et des
langues*, tels que les comptent La Gense et l'antiquit tout entire,
et galement d'aprs le nombre des familles du peuple d'Isral et des
chefs du Sanhdrin, tait l'image et le prlude des 72 cardinaux de
l'Eglise (Dr Sepp.). La ville de David, au temps de Jsus, avait 12
portes. Ainsi les Aptres se tiennent-ils, pour ainsi dire, aux
douze portes de la Cleste Jrusalem. Ils sont comme les 12 colonnes,
les douze portes du Temple de DIEU, dont le Christ est la pierre
angulaire, et les 72 Disciples sont comme les gonds, Cardines, de
ces portes sacres. *La Chronique d'Alexandrie, p. 12, compte 72
peuples ou nations dans l'univers, correspondant aux 72 langues du
monde : Hi sunt, inquit, (72) populi, quos Dominus Deus super
faciem terr dispersit, pro numero duarum supra septuaginta
linguarum. Par contre le mot nationalisme est rcent. D'aprs Jacques
Ploncard d'Assac dans son avant-propos de Enqute sur le
Nationalisme, il fut cr en 1786 par Weishaupt (Barruel, Mmoires
pour servir l'histoire du Jacobinisme, Londres, 1797, T. III, p.
172) pour dsigner la raction contre le cosmopolitisme maonnique. Il
est bien fils de la Rvolution : exaltation du sentiment national,
attachement passionn accompagn parfois de xnophobie et disolement
(Robert). Ce nest pas chrtien. 2 Empirisme : qui sappuie sur
lexprience et non sur la thorie. 3 "Un des caractres de la
philosophie thomiste est l'acceptation pure et simple des faits qui
s'imposent l'exprience. () Quand on ddaigne la constatation des
faits, comme indigne des spculations philosophiques, on est expos
perdre pied dans des observations dont rien ne peut garantir
l'exactitude. La dfinition clbre de la Vrit "ADQUATIO REI ET
INTELLECTUS" est une consquence et une application de la mthode
thomiste. Pour connatre il faut tudier les choses telles qu'elles
sont en elles-mmes ; nous ne devons pas nous en former une ide
priori. () Lorsque l'ide que nous nous formons d'un objet est
conforme sa ralit, nous sommes dans le vrai : il y a quation entre
la chose et l'ide qui la reprsente. Mais il ne suffit pas que
l'quation existe, il faut que nous en ayons conscience ; cette
conscience de la possession de la vrit s'opre par le jugement.
Quand j'affirme que l'attribut convient au sujet, si mon
affirmation est conforme la ralit et si j'ai constat cette
conformit, non seulement je suis dans la vrit, mais de plus je sais
que j'y suis. C'est pour l'intelligence, l'tat parfait, perfectio
intellectus, dit saint Thomas, est verum ut cognitum. (I, q. XVI,
a.1) Maumus, Les Modernistes, p. 176. Livre rditer.
-
14
les intelligences, on les infecte du virus rvolutionnaire. De
gnration en gnration, on forme des chrtiens de plus en plus
rvolutionnaires. Avec Maurras trois gnrations furent perdues, avec
Le Pen une de plus.
4 "Pays lgal, pays rel" ; l encore, fausse approche. Il y a les
vrais chrtiens et les autres. Voil les deux camps. L'ide mme du
concept "pays lgal et pays rel", est une chimre, une ide de style
Signe de Piste.
5 "Politique dabord". Non. La politique n'est pas l'affaire du
commun des hommes. La politique est un art qui demande des artistes
particulirement dous. Et ces artistes nont pas besoin dtre
nombreux. Un seul suffit, mais choisi par DIEU. Il faut le Lui
demander, Le supplier, et donc prires dabord, prires conformes la
volont de DIEU, tout le reste tant donn par surcrot.
6 "Rforme intellectuelle et morale". Mais o va-t-on la chercher
: un peu dans lEglise ; pas trop quand mme puisquon accepte toutes
les religions ; un peu partout pour le reste : Taine, Renan (!),
Nietzsche (!), Stendhal, Proudhon, Auguste Comte, etc. mlangs au
Syllabus Nimporte qui, nimporte quoi.
7 Ses ennemis : les "quatre tats confdrs". Et Satan ? Je rpte :
Et Satan ? Le seul, le vritable ennemi. Les autres ennemis ne
peuvent tre compris sans leurs
attaches et soumissions leur chef. Le combat qui ne se situe pas
au niveau naturel, mais au niveau surnaturel, requiert la vie
intrieure, l'tat de grce donc la prire, la rception des sacrements.
Ce nest ni la science, ni la rflexion qui priment, cest la
mditation.
8 Son tat-major : (relire son collaborateur le plus efficace,
Louis Dimier1) quelques trs rares bons catholiques, mlangs de faux
nobles, des agnostiques, des viveurs, des athes, des mondains et
surtout des libraux. Je le rpte, beaucoup de ses disciples sont des
libraux, mlant lerreur et la vrit, et cest ce que Notre-Seigneur
supporte le moins.
9 Sa clientle : peu de lecteurs srieux. Demandez un maurrassien
sil a quelques uvres de Maurras. Il sera trs fier de dire oui.
Demandez-lui quelques minutes aprs ce quil a lu de Maurras, vous
dcouvrirez quil nen a rien lu ou presque. La plupart des partisans
ne lisent que des articles et causent, surtout. Comme les
rvolutionnaires, ils pensent que dire cest faire. Observez leurs
uvres : elles ne vont pas bien loin.
Les quelques lites qui ont un peu plus travaill talent leurs
prtentions, leur arrogance qui devient vite leur
seule dfense quand ils sont en prsence de ceux qui ont vraiment
travaill. Ils esquivent alors trs vite ces derniers.
10 Son mot dordre aprs 1918 : Prenons le pouvoir mme dune faon
lgale. Maurras rentrait par le vote, le seul acte dmo(n)cratique,
dans le systme rvolutionnaire. Il ne combattait
plus, n'attaquait plus la dmocratie laquelle il se ralliait.
L'arrt d'un vrai combat tait dfinitif. Ctait accepter les rgles du
jeu imposes par la Rvolution, devenir par un parti (le parti
royaliste) une partie du systme. Ctait accepter le mensonge
dmo(n)cratique. Ctait rentrer dans le camp de ladversaire, le
menteur et le Pre du mensonge (Jean, VIII, 44).
1 Le portrait qu'il trace du chef de l'Action franaise est peu
flatteur : "Quant la facilit avec laquelle s'est accompli mon
dpart, concevez bien qu'il y a chez Maurras trop d'enttement et
trop d'orgueil pour qu'il s'en soit aperu. A ses yeux je suis
certain de rester l'homme qui a voulu s'en aller. Il n'a pas pu
comprendre que, m'ayant mis dehors de l'administration coups de
pied (il n'y a pas d'autre mot), je ne sois pas rest l o il voulait
bien me laisser, o il me faisait la justice ( ses yeux) de vouloir
que je restasse. Je devais entrer dans ses raisons, ignorer son
incomptence, voir dans son ininformation une garantie de libert
d'esprit suprieure (et) puisqu'il y avait mis de la vivacit (comme
il a bien voulu s'en accuser) l'oublier en considration de notre
amiti ancienne. Maurras n'a aucun cur, ne ressent d'amiti pour
personne. Tous ses mnagements ne sont que ceux de l'esprit. Comme
dans la circonstance la question se posait entre sa conception de
la vie, qui est le dsordre, l'inexactitude, le gaspillage et
l'effort raisonnable pour limiter tout cela, il na pas pu admettre
un instant que j'eusse raison. Rien donc ne pouvait le
retenir".
"Quant l'absence de toute autre rsistance, elle ne peut tonner
que ceux qui croient la faade de l'Action franaise, d'une rpublique
gouverne par des gaux.
"En ralit, Maurras seul gouverne. Des chefs apparents ne
subsistent auprs de lui que moyennant une insouciance parfaite de
l'ensemble de l'entreprise. Daudet ne s'intresse qu' ses espions,
Bainville qu' ses articles, Vesins rien du tout. Pujo a un petit
train d'intrigues et de polmiques qui suffit remplir son temps
encore plus gaspill que celui du matre. J'tais seul avec Maurras
m'intresser toute l'Action franaise. Il le reconnaissait lui-mme".
C'tait Louis Dimier que Maurras avait dit : "Avec votre religion il
faut que l'on vous dise que depuis 1800 ans vous avez trangement
sali le monde" (Vingt ans d'AF, p. 30). Maurras avait aussi un
profond mpris pour la monarchie de droit divin : "A d'autres le
vieux droit divin, solennelle sottise des courtisans inintelligents
du pass" Revue de l'AF, 1-7-1900. Au moins c'est clair !
-
15
Ctait surtout refuser le plan de DIEU enseign par les vrais
contre-rvolutionnaires. Ctait polluer les intelligences, et si
gravement, que ceux qui ont communi par le vote au systme, nen
comprennent plus la nocivit. On observe quune telle dmarche est en
gnral irrversible.
Oui, lintelligence est pervertie, car lhomme perd son unit, il
devient double1. Il se veut contre-rvolutionnaire et il accepte le
jeu rvolutionnaire ; il se veut antidmocrate et participe au seul
acte de la dmocratie, le vote ; il se veut chrtien et il sinterdit
dappliquer ce que Jsus-Christ veut ; il se veut catholique et il
participe par la vie politique, lment li la morale (la troisime
partie de la morale), avec pour chefs des agnostiques, des athes,
des libraux ; il est oblig de mutiler son sens religieux pour
accepter lunion sacre.
Les autres, particulirement les rpublicains, agissent de mme,
mais, la nouveaut, cest que maintenant ceux qui se veulent les
meilleurs catholiques composent eux aussi avec le systme. La
sanction est souvent la mme : la Foi devient seconde et nest pas
transmise dans toute sa puret la gnration suivante. Remarquez
combien les descendants des vieilles familles maurrassiennes ont
perdu la Foi et militent dans nimporte quel mouvement
politique.
11 Cette perversion contre lunit de ltre a pour consquence de ne
pas tre oui, oui - non, non, mais oui, peut-tre - non, mais. Ces
tres ne savent pas appliquer le principe fondamental de la
philosophie : le principe de non-contradiction2. Ils ne peuvent
avoir une notion pleine et fidle de la Vrit. Il y a toujours chez
eux un mlange dlments contradictoires, aussi bien dans la pense que
dans laction. Lapproche maurrassienne fabrique des gnrations de
personnes incapables mme de saisir la Vrit3.
12 La contrefaon du message et de lenseignement de Jeanne dArc,
si importants de leons pour les bons combattants des ennemis du nom
chrtien. Le Pre Ayroles, historien de la cause de canonisation,
lavait prvu et prdit. Jeanne, cest lenvoye du ciel pour obtenir que
Jsus-Christ soit roi de France. LA.F. en fera seulement une sainte
libratrice au service de la cause nationaliste.
13 Enfin, l'limination du rgne de Misricorde, le Rgne du
Sacr-Coeur. Avec Maurras nous irons jusquau bout du dsespoir et de
la violence. Il ne dira ni ne rptera jamais que Quand DIEU ne rgne
pas par les bienfaits de Sa prsence, Il rgne par les mfaits de Son
absence.
On comprend pourquoi labb Augustin Lmann, dans Le dnouement de
la perscution, en 1886, annonce quun petit nombre, un tout petit
nombre, ne trahira pas, restera fidle. Seuls ceux qui refusent tout
libralisme, tout compromis, lexemple de notre Reine et de notre
Roi, peuvent comprendre.
LE BILAN
Maurras et lA.F. cole de pense ? Maurras et lA.F. cole daction ?
Non et NON. Le bilan est ngatif. Il na pas fait reculer la
Rvolution dun pouce. Il y a mme coopr en tant une
fausse antithse. La Rvolution a besoin dune opposition connue,
tenue, strile, pour faire avancer ses plans. Maurras na pas form de
vrais contre-rvolutionnaires. Il a mme occult, cach, touff, les
vrais anti-rvolutionnaires, les vrais antilibraux, lcole
antilibrale. Ou il rcupre les jeunes gnrations qui se devraient
dtre catholiques ou il les annihile. Soulignons quil en est de mme
aujourdhui.
Il faut de vrais chrtiens, ni mous ni doubles, et seulement de
vrais chrtiens pour combattre et vaincre la Rvolution satanique,
des chrtiens qui comprennent cet enseignement de lvangile
sappliquant particulirement Maurras : 1 Voir plus loin, le chapitre
"Chrtien ou marrane". 2 Rappelons ce principe fondamental : - sous
sa forme mtaphysique : une mme chose ne peut la fois et sous le mme
rapport, tre et ne pas tre ; - sous sa forme logique : il est
impossible d'affirmer et de nier la fois une mme chose sous le mme
rapport. 3 Il ny a quun antidote : le chapitre XXIV du CATHOLICISME
DANS LEDUCATION de Mgr GAUME : "En un mot, TOUT ICI-BAS EST UNITE
ET TRINITE : tout ce qui existe est un, et toute unit rsulte d'une
trinit de causes ; tel est le principe gnrateur de toutes choses ;
telle est la loi universelle, la conservation, l'accomplissement de
laquelle tout doit concourir, parce que de l dpendent la
conservation et le perfectionnement des tres. Telle est donc aussi
LA GRANDE VERITE constater, dvelopper, mettre au niveau de toute
intelligence venant au monde philosophique. Il ne faut pas croire
qu'en poursuivant ce but, la philosophie poursuive une chimre ou
simplement une vrit belle sans doute, mais purement spculative.
Non, elle ne court pas aprs une chimre, puisquelle cherche ce qui
est ncessairement dans le monde ; le rsultat auquel elle aspire
n'est pas non plus un rsultat sans utilit pratique ; c'est au
contraire LA VERITE LA PLUS IMPORTANTE ET LA PLUS PRATIQUE qu'il
soit possible d'imaginer". Mgr GAUME dveloppe ensuite, par de
multiples exemples, cette notion dunit et de Trinit. Cest
remarquable. Disponible aux ditions Saint-Rmi.
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16
Nul ne peut servir deux Matres : car ou il hara lun et aimera
lautre, ou il sattachera lun et mprisera lautre. Matth. VI, 24.
Nous avons trop souvent observ chez les maurrassiens catholiques
(?) un attachement dsordonn
Maurras et un mpris (transform en haine chez les maurrassiens
non catholiques) pour tout opposant Maurras. Il ny a quune
explication : ce passage de lvangile. Sachons en tirer la leon.
V. LA SEULE VRAIE ET COMPLETE SOLUTION CONTRE LA REVOLUTION.
SEIGNEUR, A QUI IRIONS-NOUS, VOUS SEUL AVEZ LES PAROLES DE LA
VIE ETERNELLE. Jean, VI, 68. OUI, il y a des Matres qui ont compris
lenjeu chrtien, qui ont compris le combat de la Rvolution
contre
lenjeu chrtien, qui ont bien analys cette Rvolution et qui ont
enseign la seule solution nos maux : cest LECOLE ANTILIBERALE.
Perscute, elle devenait introuvable. Elle existait cependant. Pour
ces auteurs pas 1% darsenic, pas une mauvaise page. On peut les
dguster sans souci.
Maurras ne les citera pas, mme ceux qui seront ses
contemporains, comme Mgr Jouin, Mgr Delassus ou Thotime de
Saint-Just ! Ce silence est rvlateur. Aujourdhui encore les
maurrassiens ne les citent pas1.
Cest un miracle davoir redcouvert ces auteurs, de les avoir
sortis du tombeau. Cest un miracle voulu par DIEU, qui exige pour
nous des devoirs, des devoirs redoutables. Et nous disons,
fermement :
MAURRAS, TOURNONS LA PAGE, IL Y A BEAUCOUP, BEAUCOUP MIEUX. IL Y
A LA VERITE, NON PAS PARTIELLE, MAIS COMPLETE.
A chacun des points souligns dans la partie prcdente, il y a une
rponse des auteurs antilibraux, toujours plus remarquable, plus
profonde, trs surnaturelle et donc complte.
Il faut dabord refaire une gnration vraiment convertie, forme
dans les trois puissances de lme : mmoire, intelligence, volont,
par ces vrais Matres. Refaisons des intelligences antilibrales,
aimant DIEU plus que tout, bien convaincues que sans Lui on ne peut
RIEN faire, ne sappuyant que sur Lui, hassant toute erreur,
combattant les vrais ennemis de notre foi, de nos mes, de nos
familles, de notre socit. Ce fut dj en 1890 lanalyse quen fit le P.
Aubry :
"Ce qu'il nous faut, ce sont des chrtiens et des prtres radicaux
dans le bien. Lorsque les ides rgnantes, les dsertions et les
scandales, auront enlev l'glise la moiti, puis les trois quarts,
puis les neuf diximes, puis les quatre-vingt-dix-neuf centimes,
puis les neuf cent quatre-vingt-dix-neuf millimes de sa famille, si
le millime demeur fidle est excellent et radical, tout sera gagn,
car ce millime formera la petite mais vaillante arme de Gdon, la
semence saine et irrprochable d'une nouvelle socit.
"Combien serait plus puissante, pour la rgnration d'un peuple
comme le ntre, une telle phalange, sortie d'coles thologiques
solides, arme de toute la force surnaturelle de l'vangile, fortifie
de principes srs et inbranlables contre l'esprit du sicle ! Elle se
rpandrait partout, occuperait les positions sacerdotales, comme des
postes militaires o elle doit faire sentinelle et combattre,
saupoudrerait en quelque sorte la socit et lutterait avec ce bel
ensemble contre l'erreur. Certainement elle vaincrait, moins que
l'criture n'ait menti en disant : Hc est victoria qu vincit mundum,
fides nostra (I Joan., V, 4).
"On dit souvent : "Les hommes manquent !" Je n'en crois rien ;
CE SONT LES PRINCIPES QUI MANQUENT, et il y a toujours assez de
chair humaine. La France est trop fconde pour manquer d'hommes ;
quand on a les bons principes, on fait des merveilles avec quelques
hommes. Notre-Seigneur a prcisment voulu, par le choix des aptres,
prouver que la pauvret d'hommes n'est pas un obstacle, mais une
ressource souvent, toujours mme, moyennant des principes. "LE MAL,
C'EST QU'IL Y A DES HOMMES, BEAUCOUP D'HOMMES, MAIS PEU DE
PRINCIPES".
J.-B. Aubry, Essai sur la Mthode des tudes Ecclsiastiques en
France2, 1890, 1re partie, p. 265.
1 Javais fait dcouvrir Adrien Loubier de Bonnet de Viller et lui
avait fait diter Mgr Delassus et Thotime de Saint-Just.
Maurrassien, jamais il ne les a cits dans sa revue et dans ses
livres, pas plus que les autres antilibraux. 2 tudiez sa vie (par
Mgr Fvre) et ses uvres, disponibles aux ditions Saint-Rmi. Docteur
en philosophie, lve de lminent Cardinal Franzelin, il comprit vite
quaucune restauration ntait possible en France sans un grand
chtiment purificateur pour la France. Il comprit que les lites, mme
au XIX, taient inconvertissables car imprgnes de faux
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17
tudions, mditons, appliquons les enseignements des auteurs
fondamentaux, comme Mgr Gaume, Mgr
Delassus, le Cardinal Pie, Thotime de Saint-Just, Mgr Jouin, le
R.P. Ayroles, les abbs Lmann, Don Sarda. Leurs uvres sont
maintenant disponibles.
Pour eux tous, au non (N - O - N) de la Rvolution, au
Jsus-Christ hors-la-loi, il ny a quune seule rponse sociale
possible : quIl rgne.
Et QUIL REGNE SUR LA FRANCE ET PAR LA FRANCE SUR LE MONDE. Il ny
a quune devise, - qui claque comme un drapeau - :
JESUS-CHRIST ROI DE FRANCE. AU NON REPOND LE NOM1 VI.
CONCLUSION
Cest cela que tous connatront que vous tes Mes disciples, si
vous vous aimez les uns les autres.
Jean, XIV, 35.
Rappelons-nous le fameux enseignement de saint Pie X, le 13
dcembre 1908 : "...De nos jours, plus que jamais, la force
principale des mauvais, cest la lchet et la faiblesse des bons, et
tout le nerf du rgne de Satan rside dans la mollesse des chrtiens
...Aussi votre retour,
vnrable frre2, vous direz vos compatriotes que sils aiment la
France, ils doivent aimer DIEU, aimer la foi, aimer lEglise, qui
est pour eux tous une mre trs tendre, comme elle la t de vos
pres.
"Vous direz quils fassent trsor des testaments de saint Remy, de
Charlemagne et de saint Louis, ces testaments qui se rsument dans
les mots si souvent rpts par lhrone dOrlans : "VIVE LE CHRIST QUI
EST ROY DES FRANCS !" "A CE TITRE SEULEMENT LA FRANCE EST GRANDE
PARMI LES NATIONS ; A CETTE CLAUSE DIEU LA PROTEGERA ET LA FERA
LIBRE ET GLORIEUSE ; A CETTE CONDITION ON POURRA LUI APPLIQUER CE
QUI, DANS LES LIVRES SAINTS, EST DIT DISRAL : "QUE PERSONNE NE SEST
RENCONTRE QUI INSULTAT CE PEUPLE, SINON QUAND IL SEST ELOIGNE DE
DIEU".
"CE NEST DONC PAS UN REVE QUE VOUS AVEZ ENONCE, VENERABLE FRERE,
MAIS UNE REALITE. "JE NAI PAS SEULEMENT LESPERANCE, JAI LA
CERTITUDE DU PLEIN TRIOMPHE. "...Je suis affermi dans cette
certitude... par lintercession de Jehanne dArc qui, vivant dans le
cur des
Franais, rpte aussi sans cesse au Ciel la prire : "Grand DIEU,
sauvez la France !" Nous sommes obligs de remarquer combien saint
Pie X avait une connaissance approfondie de la vraie
France. En quatre noms : saint Remy, saint Charlemagne, saint
Louis3, sainte Jehanne dArc, il montrait quels taient les vrais et
seuls matres que nous devions suivre. principes. Il en fut de mme
au XX avec les pseudo lites formes par lcole maurrassienne. Puisse
le XXI mriter la conversion de quelques lites formes par lcole
antilibrale ! 1 Que Votre Nom soit sanctifi ! En Son Nom, les
nations mettront leur esprance. Matth, XII, 21. Tout ce que vous
demanderez au Pre en mon Nom, Je le ferai. Jean, XIV, 13. Quiconque
invoquera le Nom du Seigneur sera sauv. Actes, II, 21. Et le salut
n'est en aucun autre ; car il n'y a pas sous le ciel un autre Nom
qui ait t donn aux hommes, par lequel nous devions tre sauvs.
Actes, IV, 12. Cest pourquoi DIEU La souverainement lev, et Lui a
donn le Nom qui est au-dessus de tout nom, afin quau Nom de Jsus
tout genou flchisse dans les cieux, sur la terre et dans les
enfers. Phil. II, 9-10. Si vous tes outrags pour le Nom du Christ,
heureux tes-vous, parce que l'Esprit de gloire (ou de puissance),
l'Esprit de DIEU repose sur vous. I Pierre, IV, 14. Tu nas pas reni
Mon Nom (Apoc. II, 13). 2 Il sadresse Mgr Touchet. 3 Saint Louis
dans son Testament : Si DIEU vous fait la grce dtre Roi. Louis XVI
dans le sien : Si mon Fils a le malheur dtre Roi. Quelle diffrence
! Quelle perte de la Foi !
-
18
Saint Pie X, un an avant, lors du consistoire du 18 dcembre 1907
avait dj dit ces paroles : "Tous les catholiques de France doivent
regarder avec affection Reims et Marseille, car, si Marseille
reut
le premier germe de la Foi que lui apportait la parole venue du
Golgotha, encore toute chaude du sang de Jsus-Christ, Reims vit
proclamer solennellement le rgne du Christ sur toute la France par
le roi Clovis, qui, ne prchant que par son exemple, amena les
peuples qui le suivaient rpter d'une seule et mme voix : "Nous
renonons aux dieux mortels, et nous sommes prts adorer le DIEU
immortel prch par Remy !" C'tait une preuve de plus que LES PEUPLES
SONT TELS QUE LE VEULENT LEURS GOUVERNEMENTS". Quand on lit : "Ce
nest pas un rve, mais une ralit", puisse chaque Franais comprendre
limportance
dun tel message. Quand on lit : "Je nai pas seulement lesprance,
jai la certitude"..., ces mots prononcs par une telle bouche qui,
ce jour-l parlait "avec vigueur et majest, comme le Christ
parlait", on sait vraiment quelle est la seule marche suivre pour
un chrtien et un Franais, quelle est la seule vraie dmarche
politique qui mne au plein triomphe1.
Que penser alors des matres, des chefs, des restaurateurs, des
prtendants, des crivains, des historiens, des journalistes, des
bulletins qui oublient un tel message ? Quil est vraiment navrant
de les voir tout essayer, tout suivre, sauf le Christ Roi de France
! Ne se rangent-ils pas dans le camp de ceux dont le seul drapeau
est : "Nous ne voulons pas qu'Il rgne sur nous" ? Luc XIX, 14. Car
qui nest pas avec Lui est contre Lui. Tous ceux qui ne veulent pas
de "ce titre seulement" : "Vive le Christ qui est Roi des Francs"
sont dans lErreur et sont des ennemis.
Merci la Rome enseignante, merci au saint Pape saint Pie X de
nous avoir montr "la ralit du plein triomphe". Puissions-nous en
tre dfinitivement convaincus. Puissions-nous abandonner toute autre
solution. La vraie question qui se pose nest pas : tes-vous pour ou
contre Maurras ? mais : tes-vous pour ou contre le rgne de
NOTRE-SEIGNEUR JESUS-CHRIST ? Et que POUR LUI SEUL ? A vous de
rpondre.
Demain ce sera le Rgne du Sacr-Cur, Rgne tant promis ! Cela ne
sera possible quavec de grands
chrtiens. Devenons de grands chrtiens dignes de servir un si
grand Roi. Mais pour cela : TOURNONS LA PAGE DE MAURRAS, IL Y A
BEAUCOUP, BEAUCOUP MIEUX. ANNEXE I
TROIS ECOLES2 Aprs le chtiment rvolutionnaire, on vit s'laborer
trois sortes de ractions pour essayer de revenir une socit en
ordre, deux connues, la troisime moins, celle dite, L'ECOLE
ANTILIBERALE.
Elle commence Mirari Vos (1832) et finit la mort de saint Pie X
(1914). Depuis 20 ans une petite quipe3 l'a redcouverte avec
beaucoup de difficults et d'obstination, ressortant du tombeau pas
moins de 200 personnes, clercs et lacs de trs grande qualit,
auteurs de 1500 ouvrages de premire importance sur 70 thmes
essentiels. Combattue, conspue, touffe, enterre, et mme ridiculise,
l'cole antilibrale semble avoir travaill en vain.
EH BIEN ! NON. Cette cole, la seule vraiment et compltement
catholique et contre-rvolutionnaire gagnera. Tout lui donne raison,
et demain tout sera jug et condamn son aune.
Ces crits font la joie des quelques privilgis qui les lisent et
se passionnent pour cette uvre. Quand ils comparent les discours de
ces vrais matres, arms des meilleurs principes, avec ceux des
autres coles, ils sont tonns par la diffrence de qualit dans
l'analyse, le jugement, les solutions. Maurras, par exemple, leur
parat Le dsir de procurer le bonheur de la patrie doit lemporter
sur la crainte des peines qui accompagnent la royaut. Un prince
doit regarder comme une grce le rang qui le met en tat de se
sacrifier. 1 Triomphe : victoire clatante sur tous ses ennemis. 2
Extraits, augments, de la prface de L-H Remy pour l'ouvrage de
matre Godbout, L'Orgueil et la dchance de la vieille France et de
la nouvelle France. 3 Cette quipe a le projet de faire connatre ses
dcouvertes, mais manquant de tous moyens, la ralisation tarde. Elle
demande de l'aide. Surtout, au contact de ces matres, elle essaie
d'acqurir l'esprit antilibral - ce qui est difficile dans notre
monde -, d'o l'importance qu'elle donne aux Exercices de saint
Ignace prchs par un prtre vraiment antilibral.
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maintenant un enfant brouillon, vaniteux, mdiocre et
inintelligent. Ils ont compris que les deux autres coles taient trs
limites et surtout striles. Elles l'ont prouv depuis 200 ans.
Dans une socit en ordre il ny a que le Gouvernant et les
gouverns. La politique, qui est la troisime partie de la morale1,
est lart de grer la cit. Cet art, comme tout art, demande une norme
comptence. Cest le fait des gouvernants, et deux seuls. Lhomme est
fait pour tre gouvern, pas pour gouverner (lobservation de tous les
jours le confirme). Chacun sa place assume le plus vertueusement
possible ses devoirs dtat, personnels, familiaux, sociaux. Cest
bien suffisant.
En France, de par la volont divine, le gouvernant est le roi. Un
roi choisi par Dieu. Laristocratie (l'lite) fait excuter les ordres
royaux ; elle est parfois (mais rarement) vraiment gouvernante.
Elle est comme tout le reste de la nation, gouverne, et tous ses
membres ne font jamais de politique au sens moderne. La socit a
fonctionn ainsi pendant 1300 ans environ.
La Rvolution a fait croire (et fait toujours croire) aux
gouverns quils sont devenus gouvernants. Cest la pseudopolitique2.
Les gouverns nont jamais eu aucun pouvoir, mais on obli