Lexique sociologique [ partie 1 ] Avertissements ! Ce lexique a
t constitu principalement partir de lectures douvrages
sociologiques, mais aussi parfois de confrences, dinterventions
radiophoniques, de notes de cours, de sites internet Je lai labor
tout au long de mes tudes (qui ne sont pas encore termines) afin de
maider assimiler un certain nombre de thories et de concepts. Il
nest pas du tout impossible quil contienne des erreurs. Si vous en
trouvez, merci de me les signaler ! Il nest pas non plus impossible
que certaines dfinitions manquent de clart. Si vous disposez de
citations plus claires sur un sujet donn, je suis preneur On
trouvera principalement ici des dfinitions de concepts connus et/ou
reconnus par la communaut des sociologues, mais galement, parfois,
des dfinitions de notions (labores par des auteurs parfois plus
marginaux ) nayant pas connu de succs particulier dans le champ
sociologique. Acteur et agent Selon Boudon. Raymond Boudon fait une
distinction entre les systmes fonctionnels (dans lesquels les
individus occupent un rle social : mdecin dlivrant une ordonnance,
universitaire crivant un article) et les systmes dinterdpendance
(dans lesquels les individus noccupent pas de rle). Dans le premier
cas, les individus sont appels acteurs car ils jouent un rle. Dans
le second cas, ils sont appels agents . Boudon lexplique en ces
termes : Pour la clart du vocabulaire, il est utile de parler
dacteur individuel dans le cas de systmes fonctionnels et dagent
individuel dans le cas des systmes dinterdpendance. La notion
dacteur est, comme celle de rle, emprunte au langage de la scne.
[...] Le mot agent dsigne clairement le porteur individuel de
laction sans renvoyer la catgorie des rles. (Boudon, 1979, chapitre
IV, introduction au chapitre, p. 118) Auto-analyse Voir
Auto-socioanalyse Autoscopie (terme de Bouvier) Explication.
Bouvier (2000) voque lautoscopie de Soi et des Autres . Il entend
par l la manire dont les individus et les populations
sauto-identifient. Ce regard port sur soi-mme doit abolir la
distance ethnocentrique par laquelle lobservateur travestit souvent
la culture de lobserv. Cest non seulement le journal du chercheur
mais aussi toutes les productions par lesquelles lagent sexprime en
labsence de lobservateur : crits (lettres, pomes, manuscrits
divers, etc.), objets construits, crations artistiques. Lautoscopie
peut galement tre collective : tracts, journaux, productions
diverses, ce que Bouvier nomme des ensembles populationnels
cohrents . (Juan, 2005, p. 63) Auto-socioanalyse ou Auto-analyse
(terme de Bourdieu) Explication. L auto-socioanalyse ou
auto-analyse consiste studier soi-mme, analyser son parcours
biographique comme sil sagissait de nimporte quel autre objet
(Bourdieu, 2004, p. 12), mettre au jour les principes qui guid[ent]
[sa] pratique (ibid.). Pour le sociologue, cela implique dexaminer
ltat du champ sociologique au moment o il y est entr et donc avec
lequel et contre lequel [il] sest fait (ibid., p. 15). Il sagit
aussi
danalyser ltat du champ sociologique au moment prsent afin de se
donner les moyens de comprendre les trajectoires individuelles et
collectives (ibid., p. 78). Enfin, lauto-socioanalyse doit bien
videmment prendre en considration son milieu social dorigine ainsi
que les diffrents moments de son histoire. Pour Bourdieu, ce
travail est indispensable au chercheur car cest en prenant acte de
[sa] position et de son volution dans le temps que lon peut esprer
matriser les effets quelles pourraient avoir sur [ses] prises de
position scientifiques (ibid., p. 141). Benedict (Ruth) Ethnologue
amricaine (New York, 1887 id., 1948). Elle sest consacre des tudes
dethnologie compare sur les Indiens du S.-O. des Etats-Unis,
cherchant mettre en vidence les relations entre les formes de
culture propres chaque socit et les habitudes individuelles quelles
dterminent. Elle opposa ainsi la culture des indiens Zui,
caractrise par des instincts agressifs, individualistes (Patterns
of Culture, 1934 ; Continuities and discontinuities in cultural
conditioning, 1938 ; etc.). (Le petit Robert 2, 1984) Bourdieu
(Pierre) Biographie. Pierre Bourdieu nat le 1er aot 1930 Denguin,
dans les Pyrnes-Atlantiques, o son pre occupe un poste de petit
fonctionnaire des P.T.T. Il se marie le 2 novembre 1962 avec
Marie-Claire Brizard ; de cette union naissent trois fils (Jrme,
Emmanuel, Laurent). Ses tudes se droulent successivement au lyce de
Pau, au lyce Louis Le Grand, puis lEcole normale suprieure. Agrg de
/p. 6/ philosophie, il sera professeur au lyce de Moulins en
1954-1955. LAlgrie, o il effectue son service militaire et o il
sera assistant entre 1958 et 1960 (facult de lettres dAlger), lui
fournit un terrain dtude privilgi : outre Sociologie de lAlgrie (d.
PUF, Que sais-je , 1958), il publie, en collaboration avec
Abdelmalek Sayad, Le dracinement. La crise de lagriculture
traditionnelle en Algrie (d. de Minuit, 1964). Ltude
anthropologique des paysans kabyles lui permettra de jeter les
bases de sa thorie sociologique : on trouve dans lEsquisse dune
thorie de la pratique, prcde de trois tudes dethnologie kabyle (d.
Droz, 1972) une dmarche et des concepts qui constitueront le fil
directeur de lensemble de luvre de P. Bourdieu. A la fin de la
guerre dAlgrie, il sera nomm assistant la Facult des lettres de
Paris (1960-1961) puis matre de confrences la facult de Lille de
1961 1964. En 1981, il occupe la chaire de sociologie au Collge de
France. Il dirigeait la revue Actes de la recherche en sciences
sociales (ARSS) depuis sa cration en 1975. Il obtient la Mdaille
dor du CNRS en 1993. P. Bourdieu est dcd le 23 janvier 2002.
(Bonnewitz, 2002, pp. 5-6) Capital culturel Dfinition. ensemble des
qualifications intellectuelles, soit produites par le systme
scolaire, soit transmises par la famille. Ce capital peut exister
sous trois formes : ltat incorpor comme disposition durable du
corps (par exemple laisance dexpression en public) ; ltat objectif
comme bien culturel (la possession de tableaux, douvrages) ; ltat
institutionnalis cest--dire socialement sanctionn par des
institutions (comme les titres scolaires). (Bonnewitz, 2002,
Glossaire spcifique , p. 93, soulign par moi)
Les trois formes du capital culturel. Dans les circonstances
habituelles et les relations du quotidien, la culture fonctionne
comme pouvoir, ou capital, susceptible dadmettre lune de trois
formes distinctes (Bourdieu, 1986). Elle peut tre objective, pour
ainsi dire, sous forme de machines, livres, uvres dart ou de
science ; elle peut tre institutionnalise, comme cest le cas avec
les diplmes, les certificats, les pices justificatives officielles
; enfin, elle peut tre incorpore dans les personnes, sous la forme
de ce que Bourdieu appelle lhabitus. (Wacquant, 1993, p. 33,
soulign par moi) Capital conomique Dfinition. ensemble des
ressources patrimoniales (terres, biens immobiliers, portefeuille
financier) et des revenus, quils soient lis au capital (loyers,
intrts, dividendes) ou un exercice professionnel salari ou non
salari (honoraires des professions librales, bnfices industriels et
commerciaux pour les chefs dentreprise ou les artisans et
commerants). (Bonnewitz, 2002, Glossaire spcifique , p. 93) Capital
social Dfinition 1. ensemble des relations socialement utiles qui
peuvent tre mobilises par les individus ou les groupes dans le
cadre de leur trajectoire professionnelle et sociale. (Bonnewitz,
2002, Glossaire spcifique , p. 93) Dfinition 2. Le capital social
dsigne une [...] forme de capital, li la possession durable dun
rseau de relations sociales ou lappartenance un groupe stable que
lindividu peut mobiliser dans ses stratgies. Ce capital est
variable en volume et en potentialits selon les relations concernes
: Le volume de capital social que possde un agent particulier dpend
de ltendue des liaisons quil peut effectivement mobiliser et du
volume de capital (conomique, culturel ou symbolique) possd en
propre par chacun de ceux auxquels il est li. (Bourdieu Pierre, Le
sens pratique, Minuit, 1980) (Akoun, Ansart, 1999) Attention ! Le
capital social au sens de Bourdieu nest donc pas lensemble des
relations dun individu, mais lensemble des relations dotes dun
certain pouvoir. (daprs Catherine Delcroix, 25/10/2004) Capital
symbolique Dfinition 1. magie sociale qui transforme en qualits de
la personne ou de la ligne, les richesses socialement accumules.
(Pinon, Pinon-Charlot, 2002, p. 141) Dfinition 2. ensemble des
rituels (comme ltiquette ou le protocole) lis lhonneur et la
reconnaissance. Il est le crdit et lautorit que confrent un agent
la reconnaissance et la possession des trois autres formes de
capital (conomique, culturel et social). (Bonnewitz, 2002,
Glossaire spcifique , p. 93) Dfinition 3 (capital symbolique,
charisme et magie). Un des effets de la violence symbolique est la
transfiguration des relations de domination et de soumission en
relations affectives, la transformation du pouvoir en charisme ou
en charme propre susciter un enchantement affectif (par exemple
dans les relations entre patrons et secrtaires). [...] Lalchimie
symbolique, telle que je viens de la dcrire, produit, au profit de
celui qui accomplit les actes
deuphmisation, de transfiguration, de mise en forme, un capital
de reconnaissance qui lui permet dexercer des effets symboliques.
Cest ce que jappelle le capital symbolique, confrant ainsi un sens
rigoureux ce que Max Weber dsignait du mot de charisme, concept
purement descriptif, quil donnait explicitement au dbut du chapitre
sur la religion de Wirtschaft und Gesellschaft pour un quivalent de
ce que lcole durkheimienne appelait la mana. Le capital symbolique
est une proprit quelconque, force physique, richesse, valeur
guerrire, qui, perue par des agents sociaux dots des catgories de
perception et dapprciation permettent de la percevoir, de la
connatre et de la reconnatre, devient efficiente symboliquement,
telle une vritable force magique : une proprit qui, parce quelle
rpond des attentes collectives , socialement constitues, des
croyances, exerce une sorte daction distance, sans contact
physique. On donne un ordre et il est obi : cest un acte quasi
magique. (Bourdieu, 1994, p. 187) Exemples de capital symbolique.
La place essentielle de lEtat. Comme le sorcier mobilise tout le
capital de croyance accumul par le fonctionnement de lunivers
magique, le prsident de la Rpublique qui signe un arrt de
nomination ou le mdecin qui signe un certificat (de maladie,
dinvalidit, etc.) mobilisent un capital symbolique accumul dans et
par tout le rseau de relations de reconnaissance qui sont
constitutives de lunivers bureaucratique. Qui certifie la validit
du certificat ? Celui qui a sign le titre donnant licence de
certifier. Mais qui certifie son tour ? On est entran dans une
rgression linfini au terme de laquelle il faut sarrter et lon peut,
la faon des thologiens, choisir de donner le nom dEtat au dernier
(ou au premier) maillon de la longue chane des actes officiels de
conscration. Cest lui qui, agissant la faon dune banque de capital
symbolique, garantit tous les actes dautorit, actes, la fois
arbitraires et mconnus comme tels, d imposture lgitime , comme dit
Austin : le prsident de la Rpublique est quelquun qui se prend pour
le prsident de la Rpublique, mais qui, la diffrence du fou qui se
prend pour Napolon, est reconnu comme fond le faire. (Bourdieu,
1994, p. 122) Exemple de capital symbolique : celui de Louis XIV.
Le capital symbolique qui fait quon sincline devant Louis XIV, quon
lui fait la cour, quil peut donner des ordres et que ces ordres
sont obis, quil peut dclasser, dgrader, consacrer, etc., nexiste
que dans la mesure o toutes les petites diffrences, les marques de
distinction subtiles dans ltiquette et les rangs, dans les
pratiques et dans le vtement, qui font la vie de cour, sont perues
par des gens qui connaissent et reconnaissent pratiquement (ils
lont incorpor) un principe de diffrenciation qui leur permet de
reconnatre toutes ces diffrences et de leur accorder valeur [...].
Le capital symbolique est un capital base cognitive, qui repose sur
la connaissance et la reconnaissance. (Bourdieu, 1994, p. 161)
Exemple de capital symbolique : dans le monde de lart. Le capital
de lartiste est un capital symbolique [...]. Ce capital symbolique
de reconnaissance [...] suppose la croyance des gens engags dans le
champ. Cest ce qua bien montr Duchamp qui [...] a fait de vritables
exprimentations sociologiques. En exposant un urinoir dans un muse,
il a mis en vidence leffet de constitution quopre la conscration
par un lieu consacr, et les conditions sociales de lapparition de
cet effet. Toutes les conditions ne se rduisent pas celles-l, mais
il fallait que cet acte soit accompli par lui, cest--dire par un
peintre reconnu comme peintre par dautres peintres ou dautres
agents du monde de lart ayant le pouvoir de dire qui est peintre,
il fallait quil soit dans un muse qui le reconnaissait comme
peintre et qui avait le pouvoir de reconnatre son acte comme un
acte artistique, il fallait que le milieu artistique soit prt
reconnatre
ce type de mise en question de sa reconnaissance. [...] Il
faudrait encore redire propos du capital symbolique de lcrivain ou
de lartiste, propos du ftichisme du nom de lauteur et de leffet
magique de la signature, tout ce qui a t dit propos du capital
symbolique tel quil fonctionne dans dautres univers : en tant que
percipi, il repose sur la croyance, cest--dire sur les catgories de
perception et dapprciation qui sont en vigueur dans le champ.
(Bourdieu, 1994, pp. 198-199) Carrire Dfinition. Terme du langage
courant utilis pour dsigner les diffrentes tapes de la vie
professionnelle. La constitution de biographies, lanalyse
longitudinale de trajectoires visent dpasser ltude synchronique des
situations de travail pour saisir leur droulement temporel. Utilis
par le courant interactionniste, le concept slargit au-del de sa
sphre habituelle. Il sagit alors de construire des modles
squentiels de passages dune position une autre, de considrer
lhistoire des individus comme une srie dengagements envers les
normes et les institutions, impliquant des changements de
comportements et dopinions. On peut alors parler, comme le fait
[Howard] Becker, de carrires de dviants ou de dlinquants. (Ferrol,
1995, article Carrire , p. 15) Champ Dfinition. Pour Bourdieu, une
socit est constitue dune pluralit de champs (champ conomique, champ
culturel, champ politique, etc.), cest--dire despaces autonomes
structurs par des rapports de domination et des enjeux spcifiques,
irrductibles par rapport ceux des autres champs (un P.D.G. ne court
pas aprs les mmes enjeux quun homme politique ou quun artiste).
(Colloque PB, 2003) Explication de Bourdieu. Les champs sont des
microcosmes, des petits mondes sociaux qui existent lintrieur du
macrocosme social. Un exemple, cest le champ scientifique. Cest un
univers social qui a ses lois : il y a les dominants et les domins,
il y a une distribution ingale de capital, etc. De mme, il y a le
champ artistique, le champ juridique, le champ universitaire Chacun
de ces champs a des proprits particulires. Et, en mme temps, il
existe des proprits gnrales des champs. Disons que lon peut, propos
de tout champ, poser la mme batterie de questions gnrales : A quoi
joue-t-on dans ce champ ? Quel est lenjeu ? Quels sont les atouts
quil faut avoir pour gagner dans ce jeu ? Quelle est la structure
de la distribution des atouts ? Tout cela, on ne le sait pas a
priori. Il faut, chaque fois, tudier, observer. Mais on nest pas
non plus dsarm : puisque lon a des questions et que lon sait un peu
comment cela se passe dans dautres champs, on peut comprendre trs
vite. Par exemple, il marrive trs souvent, quand je commence une
enqute, davoir trs vite un systme dinterrogations qui me permet
dtre la hauteur des personnes que jinterroge, qui peuvent croire
que je connais trs bien leur univers parce que, en mettant en jeu
mon modle comme systme de questions, je peux poser des
interrogations qui ne sont pas ridicules. (Bourdieu, 2001, citation
orale mise sous une forme crite par mes soins) Explication de
Philippe Corcuff. [ Il existe diffrents types de champs :] La socit
est constitue chez Bourdieu par une varit de champs sociaux
autonomes : champ conomique, mais aussi champ politique, champ
technocratique, champ journalistique, champ intellectuel, champ
religieux, etc. [ Dfinition du champ :] Un champ, cest une sphre de
la vie sociale qui sest progressivement autonomise travers
lhistoire autour de relations sociales, denjeux, de ressources et
de rythmes temporels propres, diffrents de ceux des autres champs.
Les gens ne courent ainsi pas pour les mmes raisons dans le champ
conomique, dans le champ politique, dans le champ artistique, dans
le champ sportif ou dans le champ religieux. [ Les rapports de
domination au sein des champs :] Chaque champ est structur par des
rapports de domination, des luttes entre dominants et domins. [...]
[ L'importance du champ conomique :] Tous les champs nont pas le
mme poids dans une formation sociale, et Bourdieu rappelle souvent
limportance du champ conomique. Par exemple, le poids actuel du
champ conomique (la marchandisation du monde) a un effet
asservissant sur les autres champs (par exemple le champ
journalistique) : les progrs de la marchandisation peuvent rduire
le degr dautonomie dun champ (ou de secteurs dun champ) par rapport
au champ conomique (cest aujourdhui le cas dans le champ
journalistique, avec la concentration conomique croissante des
mdias) (Corcuff, 2004) Une mtaphore sportive. Bourdieu a beaucoup
pris les mtaphores sportives dans certains de ses ouvrages pour
illustrer le concept de champ. Un champ social, cest comme un champ
de jeu. Cest--dire : il y a des agents qui sont dots de ressources
spcifiques, qui saffrontent pied pied et prement pour sapproprier
les positions favorables. [...] Les nouveaux venus, qui sont
ncessairement domins par ceux qui sont les plus anciennement
installs dans le champ de jeu, doivent absolument inventer un jeu
en tout point dissemblable celui qui domine pour essayer de sy
faire une place. De plus, le sens de lanticipation et du placement
qui est videmment particulirement parlant dans laffrontement
sportif est transposable dans un champ intellectuel, pictural,
artistique ou politique. (Pociello, 2006) Chicago (cole de) Il
existe une cole de Chicago des sociologues et une cole de Chicago
des conomistes. Lcole de Chicago en sociologie Lcole de Chicago est
une vaste entreprise de recherche assez diversifie, impliquant au
moins quatre gnrations successives de chercheurs depuis le dbut du
[XXe] sicle [Les thmes abords par cette cole :] dans des domaines
comme lcologie urbaine, les relations interethniques, les problmes
de la dlinquance et ultrieurement la sociologie du travail. Si
cette tradition, [La mthodologie :] qui met entre autres laccent
sur le travail de terrain et lobservation directe, sest perptue
jusqu nos jours, elle a surtout fleuri entre les deux guerres
mondiales, poque de grands bouleversements marque par les tensions
ethniques cres par limmigration externe et interne dont celle des
Noirs du Sud vers les villes du Nord-Est , par la vague dactivits
illgales lie la prohibition entre 1919 et 1933, puis par la grande
dpression de 1929 et la monte de linterventionnisme de lEtat fdral
loccasion du New Deal. // [Le terrain dtudes :] Les sociologues de
cette tradition ont en commun davoir travaill sur le territoire de
la ville de Chicago, davoir tudi et pntr un milieu ou une communaut
trangre ou familire, davoir souvent un point de vue proche de celui
des travailleurs sociaux, davoir su mler des documents dj labors
(rapports, cartographie) et leurs propres observations directes, et
enfin davoir labor partir de ces donnes des comptes rendus trs
organiss dont
un grand nombre furent publis par les presses de luniversit de
Chicago. [Quelques grands auteurs :] Cette priode fut marque par le
tutorat intellectuel et pratique de Robert Park (1864-1944) et par
llaboration dune srie de monographies schelonnant de 1919 1945,
depuis The Polish Peasant (1919), de W. I. Thomas (1863-1947) et F.
Znaniecki, jusqu Black Metropolis (1945), de St. Clair Drake et H.
R. Cayton. (Peretz, 1995, p. 16) Lcole de Chicago en conomie
Lconomiste Milton Friedman est, avec Friedrich von Hayek, un des
piliers de lcole de Chicago. A partir des annes 1960, les Chicago
boys ont diffus les ides nolibrales travers le monde, des
Etats-Unis de Ronald Reagan au Royaume-Uni de Mme Margaret
Thatcher, en passant par le Chili de M. Augusto Pinochet. Le livre
de rfrence du professeur Friedman est Capitalisme et libert (Robert
Laffont, Paris, 1971). (note de la rdaction du Monde diplomatique
larticle de Galbraith, 1985) Citoyennet diffrencie La citoyennet
diffrencie est un concept qui a t introduit au dbut des annes 1990
par Iris Young, professeure de sciences politiques luniversit de
Chicago. Cest une notion qui soppose celle duniversalisme.
Luniversalisme est lide, formule par exemple dans larticle 6 de la
Dclaration des Droits de lHomme et du Citoyen de 1789, selon
laquelle il ny a pas de distinction faire entre les citoyens : Tous
les Citoyens [sont] gaux [aux yeux de la Loi] selon leur capacit,
et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs
talents . Puisque tous les citoyens sont supposs gaux sans
distinction , il est impossible de lgifrer de manire favoriser un
groupe plutt quun autre. (Cest ainsi que, en 1982, une proposition
de loi visant instaurer un quota de femmes dans les conseils
municipaux avait t rejete par le Conseil Constitutionnel.) La
sociologue belge Brengre Marques-Pereira explique que, pour Iris
Young, cet universalisme est une idologie hypocrite puisquelle
empche de remdier aux ingalits existantes ; elle ne fait que
perptuer les discriminations de fait (Marques-Pereira, 2002). Young
se prononce donc, linverse, pour ce quelle appelle une citoyennet
diffrencie , cest--dire le droit pour chaque groupe de proposer des
politiques fondes sur ses intrts propres. Elle prconise par exemple
de disposer dun droit de veto lorsque des politiques risquent de
discriminer le groupe. Dune certaine manire, le concept de
citoyennet diffrencie recouvre celui de discrimination positive
tout en llargissant. Mais, pour certains fministes, mettre en place
des quotas serait la porte ouverte une vision essentialiste : cela
reviendrait admettre lide que lingalit entre hommes et femmes est
naturelle puisquil faudrait avoir recours la loi pour la compenser.
(daprs Marques-Pereira, 2002, pp. 4-5 ; Siim, 1997, pp. 48-49)
Classe sociale Selon Marx et selon Weber. [...] il est possible de
caricaturer les positions en opposant deux courants de la
sociologie. Dun ct, nous avons une tradition marxiste, selon
laquelle les classes sociales sont des collectifs structurs par une
position spcifique dans le systme conomique dfinie par la proprit
des moyens de production (ou son absence), marqus par un conflit
central (lexploitation, ou la rpartition conflictuelle de la
plus-value), anims par la conscience collective de leur tre et de
leur intrt. Cette tradition est parfois
qualifie de holiste (holon = tout) parce quici, la totalit est
plus que la somme des individus qui la forment, la classe existant
indpendamment et au-dessus de ses membres, en leur dictant leur
rle, par del la capacit de cration des individus, qui pourrait bien
dans cette approche ntre quun leurre. Cette tradition est qualifie
aussi de raliste, parce que les classes sont supposes former des
entits vritables et tangibles, et non pas des constructions
intellectuelles. // Dun autre ct, la tradition weberienne suppose
que les classes sociales sont des groupes dindividus semblables
partageant une dynamique probable similaire (Max Weber parle de
Lebenschancen ou chances de vie ), sans quils en soient
ncessairement conscients. La dmarche est qualifie dindividualiste
et de nominaliste : la classe sociale est avant tout lensemble des
individus que le chercheur dcide de nommer ainsi selon ses critres
propres. (Chauvel, 2002, pp. 117-118) Codage Dfinition (dans le cas
dune analyse de texte). Le codage correspond une transformation
effectue selon des rgles prcises des donnes brutes du texte.
Transformation qui, par dcoupage, agrgation et dnombrement, permet
daboutir une reprsentation du contenu, ou de son expression,
susceptible dclairer lanalyste sur des caractristiques du texte qui
peuvent servir dindice [...]. /p. 135/ Lorganisation du codage
comprend trois choix (dans le cas dune analyse quantitative et
catgorielle) : le dcoupage : choix des units ; lnumration : choix
des rgles de comptage ; la classification et lagrgation : choix des
catgories. (Bardin, 1989, pp. 134-135) Communalisation (concept de
Weber)Dfinition. La communalisation est le type de relation sociale
que lon trouve dans une communaut : Nous appelons communalisation
[vergemeinschaftung] une relation sociale lorsque, et tant que, la
disposition de lactivit se fonde [...] sur le sentiment subjectif
(traditionnel ou affectif) des participants dappartenir une mme
communaut (Weber, 1922, p. 41). Conatus Dfinition. Selon Pierre
Bourdieu, lagent est m par un conatus, une tendance persvrer dans
son tre, qui lincline poser des choix. Lagent actualise en
permanence, par sa pratique, un tre qui fluctue au fil de laction
et de lexprience et vers lequel il tend. (Hilgers, 2006, n. 20)
Explication. Le conatus, quest-ce que cest ? Le conatus, dit
Spinoza dans LEthique (proposition 6 de la partie III), cest
leffort que chaque chose dploie pour persvrer dans son tre ce qui
est une dfinition assez abstraite. Mais, si vous voulez, dun point
de vue un petit peu plus concret, le conatus, cest un lan de
puissance, cest une activit indfinie, cest un momentum, cest un
effort pour effectuer au maximum cette puissance, et cela peut
prendre la forme dune pulsion dexpansion. (Lordon, 2006) Par
exemple, il y a le conatus de luniversitaire qui persvre dans ltre
en tant que chercheur, en tant que professeur ; le conatus de
lhomme politique qui persvre dans ltre en tant que futur lu, futur
dirigeant, etc. (ibid.) Dans un exemple (reproduit plus bas),
Frdric Lordon voque le conatus pronateur de lhomme daffaires qui
lance des OPA afin de prendre le contrle dautres entreprises.
Le conatus essentiel et le conatus actuel (selon Frdric Lordon).
Le concept de conatus tel quil est dfini dans LEthique (je le
rappelle : cet effort que dploie chaque chose en vue de persvrer
dans son tre ) est un concept qui fait minemment sens du point de
vue de lontologie de lactivit de Spinoza (telle quelle est expose
dans la premire partie de LEthique), mais cest un concept qui
parlerait avec peine des chercheurs en sciences sociales. Parce
que, persvrer dans ltre , quest-ce que a veut dire, en fin de
compte ? L, on est dans la mtaphysique. Persvrer dans ltre, du
point de vue des sciences sociales, a ne veut rien dire. Ce que les
chercheurs en sciences sociales connaissent, en revanche, ce sont
les efforts de persvrer dans ltre, en particulier sous telle ou
telle forme, de persvrer dans telle ou telle forme de ltre social,
dans telle ou telle raison sociale, cest--dire de persvrer dans
ltre en tant que ceci ou cela. Alors, pour marquer cette diffrence,
jai choisi de qualifier le conatus des philosophes (le conatus de
Spinoza) de conatus essentiel . Le conatus essentiel, cest un
effort gnrique et intransitif, cest une force dsirante qui ne sest
pas encore connue de point dapplication, qui ne sait pas encore
vers quoi elle va sorienter et qui se trouve donc ltat
sous-dtermin. Ce complment de dtermination de conatus essentiel, il
va le trouver dans le monde social, par des dterminations sociales
et historiques qui vont, dun conatus intransitif, en faire un
conatus transitiv, cest--dire orient, dirig, muni de ses points
dapplication, dsirant ceci plutt que cela, tchant de persvrer de
cette faon plutt que de telle autre. Par exemple, si on considre
des actualisations je dirais vocationnelles du conatus (mais il
pourrait y en avoir plein dautres : il y a le conatus de
luniversitaire qui persvre dans ltre en tant que chercheur, en tant
que professeur ; le conatus de lhomme politique qui persvre dans
ltre en tant que futur lu, futur dirigeant, etc.), ce conatus-l, je
lappelle le conatus actuel . Et, finalement, dune certaine manire,
il mest apparu que ce conatus actualis (ou conatus actuel) en tout
cas sous des formes de lactualisation vocationnelle dont je viens
de parler il avait beaucoup voir avec ce que Pierre Bourdieu
appelle lillusio. (Lordon, 2006) Exemple : le conatus pronateur de
lhomme daffaires. Me semble-til (en tout cas cest lhypothse que ce
livre [Frdric Lordon, L'intrt souverain. Essai d'anthropologie
conomique, La Dcouverte, avril 2006] soumet la discussion), le
conatus, en tant quil est foncirement lintressement soi, son geste
premier, son geste le plus brut, le plus sauvage, cest de prendre
pour lui, cest de capter, cest de saisir. Le conatus, il est
spontanment prdateur et pronateur. [...] LOPA constitue un cas
typique. Je me souviens dune phrase qui, l aussi, avait fait tilt,
dun proche qui dcrivait Claude Bbar expert en OPA et en saisies
capitalistiques de toutes sortes et qui faisait des mtaphores
cyngtiques base de gibiers, de chasseurs, etc., et qui disait :
Quand il a pris quelque chose, il dit : jai mis la main dessus ! La
pronation, physiquement, cest a : cest la torsion interne de
lavant-bras pour mettre la main sur un objet. Donc, si vous voulez,
dans ces conditions, il nest pas difficile de faire entendre que si
le prendre est lune des expressions les plus sauvages du conatus,
alors cest l le pril social par excellence. La violence va natre
dune pronation de choses disputes. La violence sociale primordiale
cest celle du choc de conatus pronateurs antagonistes. Et alors,
toute la question, partir de l, cest de savoir comment les
communauts humaines vont se dbrouiller pour rsister la dcomposition
violente que les conatus pronateurs portent en germe. Cest--dire :
comment vont-elles parvenir accommoder la violence pronatrice. Et,
cette violence, il faut quelles laccommodent. Parce que,
lextirper, il nen est pas question. Spinoza nous le dit bien :
Le conatus, cest lessence de lhomme (LEthique, proposition III-7).
Si vous ajoutez cela que le geste spontan du conatus cest mon
hypothse est pronateur alors, effectivement, les pulsions
pronatrices conatives sont la donne de base de ce que jappellerais
schmatiquement le problme du social. (Lordon, 2006) Concept Quel
est lintrt des concepts (pour le militant) ? Ce que jessaie de
faire [...] cest de trouver une resubstantialisation de concepts
qui semblent avoir du mal tre oprationnels. Revisiter les concepts
de lengagement implique son tour un engagement car les grilles avec
lesquelles nous pensons et percevons le monde dterminent nos
possibilits dactions dans le monde. (Miguel Benasayag, forum Nouvel
Observateur, 14/10/2004) Constance (cole de) (sociologie de la
lecture) Explications. Pendant longtemps, les chercheurs en
sciences sociales nont considr la littrature que comme une simple
succession des auteurs et des uvres . Ils ne se proccupaient pas du
regard port par le lecteur sur le livre. Lcole de Constance est
venue remdier cette lacune en mettant laccent sur lactivit de
rception : Ainsi, dans une entreprise dlibre de rupture avec
lhistoire de la littrature et de lart [...], les chercheurs de
lcole de Constance travaillent promouvoir lacte de lecture (Iser,
1985) et uvrent pour une esthtique de la rception (Jauss, 1978).
Luvre est alors dfinie comme une structure dynamique qui ne peut
tre saisie que dans ses concrtisations historiques successives et
cette dfinition permet de cerner leffet de luvre qui prsuppose un
appel ou un rayonnement venu du texte, mais aussi une rceptivit du
destinataire qui se lapproprie (Jauss, 1978, 246). Il sagit de
prendre au srieux lide selon laquelle un texte littraire ne peut
agir que lorsquil est lu [...] et donc reformuler la question de
leffet, en abandonnant la seule signification pour analyser le
processus de la lecture. (Le Grignou, 2003, pp. 25-26)
Constructivisme Explications. Le constructivisme est une synthse
entre deux mouvements opposs : le structuralisme et lindividualisme
mthodologique. Il remet en cause cette opposition radicale entre
lide dun acteur qui serait entirement libre en socit
(individualisme mthodologique) et lide dun agent qui serait
prisonnier par les structures (structuralisme). Le constructivisme
allie les dimensions de contraintes et de libert . Cest un courant
qui sest fond sur un travail de recherches empiriques trs fournies.
Cest aussi un courant qui insiste sur la prudence conceptuelle. On
y trouve des sociologues comme Georg Simmel, Michel de Certeau,
Michel Crozier, Jean-Paul Sartre ou Franois Dubet. (daprs Catherine
Delcroix, 11/10/2004) Ouvrage fondateur. Comme ouvrage fondateur du
courant constructiviste, on peut citer : Peter Berger, Thomas
Luckmann, La construction sociale de la ralit, 1966, Paris,
Mridiens Klincksieck, 1986. (daprs Pascal Dauvin, 22/02/2005)
Corpus (analyse de contenu) Dfinition. Le corpus est lensemble des
documents pris en compte pour tre soumis aux procdures analytiques.
(Bardin, 1989, p. 127) Dans son livre sur Lanalyse de contenu,
Laurence Bardin indique quatre rgles quun corpus doit
respecter : la rgle de lexhaustivit ( il ny a pas lieu de
laisser un lment pour une raison quelconque (difficult daccs,
impression de non-intrt) non justifiable sur le plan de la rigueur.
p. 127), la rgle de la reprsentativit (lorsque lon dcide deffectuer
une analyse sur un chantillon, celui-ci doit tre une partie
reprsentative de lunivers de dpart ibid.), la rgle de lhomognit (
Par exemple, des entretiens denqute, effectus sur un thme donn,
doivent : tre tous concerns par ce thme, avoir t obtenus par des
techniques identiques, tre le fait dindividus comparables. p. 128),
et la rgle de pertinence ( Les documents retenus doivent tre
adquats comme source dinformation pour correspondre lobjectif qui
suscite lanalyse. ibid.). Culturalisme Dfinition. Ecole
nord-amricaine danthropologie dont les chefs de file ont t Ruth
Benedict, Margaret Mead, Ralph Linton et Abram Kardiner. Elle met
laccent sur la culture plus que sur la socit et postule lexistence
de corrlations troites entre les modles culturels et les lments
constitutifs de la personnalit. A son actif, un renouvellement des
mthodes ethnographiques, un recours la psychanalyse, une prise en
compte du relativisme culturel et un approfondissement de certaines
notions (pattern, personnalit de base, institution, socialisation).
& Clapier-Valladon Simone, Panorama du culturalisme, Paris, pi,
1976. (Ferrol, 2004, p. 38) Culture (sociologie des organisations)
Explication. Toute organisation est productrice de culture et
didentit. A partir du moment o on est plus de deux, on cre une
culture. Le processus est le suivant : organisation produit culture
produit socialisation produit identit Dfinition. La culture est
lensemble des activits, des croyances et des pratiques communes une
socit, un groupe social ou un groupe professionnel. On peut retenir
trois indices dune culture : une reprsentation et une vision
commune des choses, des valeurs communes et des normes (= des
rgles).
Lexique sociologique [ partie 2] Dfinitions autour de la
culture. Terme sous-culture Dfinition Croyances, valeurs et normes
dun groupe particulier au sein dune socit complexe (ex. : les
jeunes, les diffrents groupes professionnels, les institutions, les
entreprises, les administrations). microculture Invention de
savoir-faire et de conduite par les individus placs dans une
structure donne avec des contraintes particulires. Voir
Microculture contre-culture Culture qui soppose la culture
dominante. Conditions pour quil y ait une culture. Conditions
ncessaires Dfinition Exemples
ides et valeurs communes normes communes
Cest ce que le groupe voit et croit. Cest ce que le groupe doit
(cest--dire ce que les membres du groupe doivent respecter).
ensemble de gestes et dattitudes communs
Cest ce que le groupe fait.
opinions croyances rles attribus normes de relations normes de
comportement (ce que lon peut faire ou non, ce que lon peut dire ou
non) systme de sanctions manires de faire manires de parler manires
de shabiller
(Source : cours de Moufida Oughabi, 2004/2005) Darwinisme
socialSelon John K. Galbraith. Au milieu du XIXe sicle, une autre
forme de dni connut un grand succs, particulirement aux Etats-Unis
: le darwinisme social , associ au nom de Herbert Spencer
(1820-1903). Pour ce dernier, dans la vie conomique comme dans le
dveloppement biologique, la rgle suprme tait la survie des plus
aptes, expression que lon prte tort Charles Darwin (1809-1882).
Llimination des pauvres est le moyen utilis par la nature pour
amliorer la race. La qualit de la famille humaine sort renforce de
la disparition des faibles et des dshrits. // Lun des plus notables
porteparole amricains du darwinisme social fut John D. Rockefeller,
le premier de la dynastie, qui dclara dans un discours clbre : La
varit de rose American Beauty ne peut tre produite dans la
splendeur et le parfum qui enthousiasment celui qui la contemple
quen sacrifiant les premiers bourgeons poussant autour delle. Il en
va de mme dans la vie conomique. Ce nest l que lapplication dune
loi de la nature et dune loi de Dieu. // Au cours du XXe sicle, le
darwinisme social en vint tre considr comme un peu trop cruel : sa
popularit dclina et, quand on y fit rfrence, ce fut gnralement pour
le condamner. Lui succda un dni plus amorphe de la pauvret, associ
aux prsidents Calvin Coolidge (1923-1929) et Herbert Hoover
(1929-1933). Pour eux, toute aide publique aux pauvres faisait
obstacle au fonctionnement efficace de lconomie. Elle tait mme
incompatible avec un projet conomique qui avait si bien servi la
plupart des gens. Cette ide quil est conomiquement dommageable
daider les pauvres reste prsente. (Galbraith, 1985)
Dterminisme Citations montrant un certain dterminisme chez
Bourdieu. Il voque les structures de lespace des positions qui
dterminent les prises de position (Bourdieu, 2000, p. 45). nos
choix en apparence les plus personnels, les plus intimes, et, par
l, les plus chers [...], trouvent leur principe dans des
dispositions socialement constitues o sexpriment encore, sous une
forme plus ou moins transfigure, des proprits banalement sociales,
tristement impersonnelles. (Bourdieu, 2000, p. 47) Distinction
Dfinition. proprit relationnelle qui marque un cart, une
diffrence par rapport autrui et qui fonde une hirarchie entre
individus et groupes ; elle est le support de stratgies inscrites
dans les pratiques sociales. (Bonnewitz, 2002, Glossaire spcifique
, pp. 93-94) Domination symbolique Voir violence symbolique Doxa
Etymologie. Du grec , () I opinion, do : 1 jugement, avis,
sentiment [...] 2 ce quoi on sattend, ce que lon croit possible,
croyance [...] 3 croyance philosophique, doctrine ; jugement,
raison 4 opinion sans fondement, pure imagination, conjecture [...]
; au plur. , imaginations, rveries II bonne ou mauvaise opinion sur
qqn, rputation [...] (Bailly, 1901) Dfinition. Ensemble des
opinions communes, croyances tablies, ides reues, ce qui va de soi
sans tre discut. On parle aussi de sens commun . (Colloque PB,
2003) DoxologieDfinition. (du gr. doxa, gloire). 1. Christ. Louange
la Trinit. 2. Didact. Enonc dune opinion communment admise. (Le
Petit Larousse Illustr 1998) DoxosopheDfinition. Personne implique
dans le champ intellectuel et dont le fonds de commerce est la
dfense de la doxa (lopinion commune et dominante). (Accardo,
2005)Le terme vient dun article de Bourdieu (1972b). Ecole de
Chicago Voir Chicago (cole de) Ecole de Constance Voir Constance
(cole de) Effet de troisime personne (concept de W. Phillips
Davison) Dfinition. Phnomne mis en lumire par Davison (1983) selon
lequel les individus exposs une communication potentiellement
persuasive prdisent un effet plus grand sur les autres, eux , que
sur eux-mmes ou leurs interlocuteurs, moi ou toi . (Le Grignou,
2003, p. 131) Exemple. Une enqute sur le Tlthon met en vidence une
forte correspondance entre la nature des squences tlvisuelles et le
volume des appels tlphoniques [...]. Il apparat ainsi que les
plages musicales correspondent toutes une chute importante des
appels ; linverse, [...] les squences de sollicitation par
lanimateur correspondent de trs fortes pointes du trafic dans la
minute qui suit. [...] Pourtant, [...] les donateurs, contacts par
tlphone, refusent de lier leur geste une sollicitation tlvisuelle ;
ils rendent compte de leur appel par des motivations antrieures au
programme ( ma dcision est prise ds linstant o je sais que lmission
va passer ), ou extrieures lui ( cest pas vraiment lmission qui
mintresse, cest la cause quelle dfend ). Ils ne rcusent pas pour
autant toute efficacit du programme, et ne nient pas le fait quil
puisse exercer des effets forts mais ces effets sexercent sur les
autres. (Le Grignou, 2003, p. 131, daprs une tude de Cardon et
alii, 1999) Enqute sociale Explication. Au dbut du [XXe] sicle, les
enquteurs sociaux travaillaient dans les quartiers dfavoriss des
grandes villes dAngleterre et dAmrique du Nord afin dobserver les
conditions de vie des nouveaux pauvres issus de lindustrialisation
urbaine. Ils prsentaient leurs observations sous forme de
tableaux statistiques simples sur la consommation alimentaire,
lhabillement, les salaires, le logement, la sant et la criminalit.
Mais ils dcrivaient galement leurs observations intgralement,
librement et crment , selon la formule de Robert Park, dans lespoir
que la prise de conscience de lopinion publique pourrait changer
les choses. [...]. Les dix-sept volumes de Charles Booth, La vie et
le /p. 271/ travail du peuple de Londres, rendent compte de
quelques annes dobservation du type de ce que lon appela pendant
plusieurs annes enqute sociale . Parmi les collaborateurs de Booth
figuraient des visiteurs dcoles, qui allaient de porte en porte
pour observer les conditions de vie des gens et pour les
interroger. Ils se rendaient galement dans les glises, les clubs,
les bars, les jardins publics et les monts-de-pit. Ils devinrent
familiers des usines, des docks et des autres lieux de travail
frquents par les pauvres de Londres. [...] En France, Le Play avait
recueilli auprs de familles des donnes concernant leurs revenus et
leurs dpenses. Dans toutes ces enqutes, les chercheurs allaient
chez les pauvres du monde industriel et urbain pour recueillir des
donnes que lon ne pouvait pas, cette poque, trouver dans les
recensements effectus par les pouvoirs publics. Dans de nombreux
cas, les enquteurs ont cd un sentiment dhumanit et la curiosit, en
notant dautres informations, et en devenant pratiquement les
ethnologues de classes et de groupes sociaux qui ntaient pas les
leurs. [... /p. 272/ ...] Bien que les enqutes sociales naient pas
t associes en Europe au nom de sociologie, le mouvement denqute en
Angleterre et en Amrique fut lun des ingrdients du mlange original
que recouvrit ce label. (Hughes, 1960, 1996, pp. 270-272)
Essentialisation/Essentialisme Lessentialisation est le fait de
regrouper des individus diffrents dans une mme catgorie que lon
suppose homogne. Par exemple, lorsque lon dit les femmes en leur
assignant un ensemble de comportements intrinsques, on leur
applique une essence . Tout racisme est un essentialisme , nous dit
Bourdieu. (daprs Olivier Vaubourg, 18/05/2004) On peut parler d
essentialisme biologique (Cassell, 2000, p. 78). Espace social
Dfinition. reprsentation multidimensionnelle et relationnelle de la
structure sociale selon le volume et la structure du capital
(conomique/culturel) dtenu par les diffrentes classes sociales en
conflit. (Bonnewitz, 2002, Glossaire spcifique , p. 94) Ethos ou
thos Voir aussi Ethos de classe Etymologie. Du grec , - () coutume,
usage [...] (Bailly, 1901) ; habitude ; coutume. (Georgin, 1961)
Dfinition. ensemble des rgles et des croyances qui rgissent la
conduite des membres dune socit, soppose thique [...] qui ne
concerne que les rgles explicites. (Mendras, 1975, p. 252)
Lutilisation du concept dethos par Bourdieu. Jai employ le mot
dethos, aprs bien dautres, par opposition lthique, pour dsigner un
ensemble objectivement systmatique de dispositions dimension
thique, de principes pratiques (lthique tant un systme
intentionnellement cohrent de principes explicites). Cette
distinction est utile, surtout pour contrler des erreurs pratiques
: par exemple, si lon oublie que nous pouvons avoir des principes
ltat pratique, sans avoir une morale systmatique, une thique, on
oublie que,
par le seul fait de poser des questions, dinterroger, on oblige
les gens passer de lethos lthique ; par le fait de proposer leur
apprciation des normes constitues, verbalises, on suppose ce
passage rsolu. Ou, dans un autre sens, on oublie que les gens
peuvent se montrer incapables de rpondre des problmes dthique tout
en tant capables de rpondre en pratique aux situations posant les
questions correspondantes. // La notion dhabitus englobe la notion
dethos, cest pourquoi jemploie de moins en moins cette notion. [...
En] compartimentant lhabitus en dimensions, ethos, eidos, hexis, on
risque de renforcer la vision raliste qui porte penser en termes
dinstances spares [...]. En outre, tous les principes de choix sont
incorpors, devenus postures, dispositions du corps : les /p. 134/
valeurs sont des gestes, des manires de se tenir debout, de
marcher, de parler. La force de lethos, cest que cest une morale
devenue hexis, geste, posture. // On voit pourquoi jen suis venu
peu peu ne plus utiliser que la notion dhabitus. (Bourdieu, 1978,
pp. 133-134) Distinction entre eidos et ethos chez Bourdieu. Les
principes pratiques de classement qui sont constitutifs de lhabitus
sont indissociablement [...] thoriques et pratiques [...]. La
logique pratique tant tourne vers la pratique, elle engage
invitablement des valeurs. Cest pourquoi jai abandonn la
distinction laquelle jai d recourir une fois ou deux, entre eidos
comme systme de schmes logiques et ethos comme systme des schmes
pratiques, axiologiques [...]. (Bourdieu, 1978, p. 134) Ethos de
classe Voir aussi Ethos Explications (par Bourdieu). [...] Deuxime
principe partir duquel les gens peuvent produire une opinion, ce
que jappelle l ethos de classe [...], cest-dire un /p. 228/ systme
de valeurs implicites que les gens ont intriorises depuis lenfance
et partir duquel ils engendrent des rponses des problmes extrmement
diffrents. Les opinions que les gens peuvent changer la sortie dun
match de football entre Roubaix et Valenciennes doivent une grande
partie de leur cohrence, de leur logique, lethos de classe.
(Bourdieu, 1972a, pp. 227-228) tiquetage Dfinition. Terme utilis
par le courant interactionniste. Processus par lequel un individu
ou un comportement est dsign comme transgressant une norme sociale.
Selon cette perspective, le pouvoir des groupes de statut suprieur
est non seulement fond sur lusage des formes rudimentaires de
coercition, mais aussi sur leurs capacits produire et faire
appliquer de nouvelles rglementations, contrler les reprsentations
existantes, dsigner et ventuellement punir les individus dviants.
& Becker Howard, Outsiders. Etudes de sociologie de la dviance,
trad. fr., Paris, Mtaili, 1985 (1re d. 1963). (Ferrol, 2004,
article tiquetage ) Exemple 1 : Ltiquetage des individus comme
dviants (et ses consquences). Howard Becker est connu pour avoir
dvelopp une thorie de ltiquetage (1973). Son ouvrage de rfrence en
la matire est Outsiders (1963). Il explique comment ltiquetage dune
personne comme dviante peut la pousser devenir dlinquante : Traiter
une personne qui est dviante sous un rapport comme si elle ltait
sous tous les rapports, cest noncer une prophtie qui contribue sa
propre ralisation. Ainsi se mettent en branle divers mcanismes qui
concourent modeler la personne sur limage quen ont les autres.
Dabord la participation des groupes plus respectueux des normes
conventionnelles tend devenir impossible [...]. Par exemple,
lhomosexualit ne
modifie pas laptitude dun individu accomplir un travail de
bureau, mais la rputation dtre homosexuel dans un bureau peut
empcher le maintien dans cet emploi. De mme, bien que leffet des
drogues opiaces naltre pas ncessairement les capacits de travail,
une rputation de toxicomane a toutes chances de vous faire perdre
votre emploi. Dans de telles conditions, il est difficile pour un
individu de se conformer aux autres normes, quil ne comptait ni ne
souhaitait transgresser [...]. Lhomosexuel qui a t priv dun emploi
respectable par la dcouverte de la dviance peut driver vers des
activits professionnelles non conventionnelles, marginales, o sa
dviance a moins de consquences. Le toxicomane se voit contraint
dautres types dactivit illgitimes, telles que le vol, parce que les
employeurs respectables refusent de lembaucher ou de lui conserver
son emploi. [...] Communment considr comme un individu dpourvu de
volont et incapable de renoncer aux plaisirs coupables de la
drogue, le toxicomane est trait par la rpression. On lui interdit
lusage de la drogue. Ne pouvant se procurer celle-ci lgalement, il
doit se la procurer autrement. Ce processus cre un march clandestin
et fait monter le prix des drogues bien au-del de ce que serait le
prix courant sur le march lgal, un niveau auquel ne peuvent que
rarement accder ceux qui nont quun salaire ordinaire. Le toxicomane
se trouve ainsi plac, en raison mme du mode de traitement de sa
dviance, dans une position telle quil lui faudra probablement
recourir la fraude et au dlit pour se procurer sa dose habituelle.
Sa conduite rsulte moins de proprits inhrentes laction dviante que
des ractions dautrui sa dviance. (pp. 57-58) Exemple 2 : Ltiquetage
des lves par les enseignants (et ses consquences). Le thme de
ltiquetage lcole a t dvelopp, en France, par Jean-Pierre Terrail
(2002). Le chercheur met en vidence que l tiquette attribue par les
enseignants aux lves en dbut danne scolaire influe sur la russite
de ces derniers : un lve qui aura t tiquet comme bon russira mieux
quun lve qui aura t tiquet comme mauvais . Parmi les tudes sur le
sujet, la plus notable est sans doute celle mene par deux
chercheurs tats-uniens la fin des annes 1960 : Le phnomne a t mis
en vidence aux Etats-Unis par la recherche de Rosenthal et Jacobson
[1968], devenue un grand classique de la sociologie de lducation.
Ces chercheurs ont soumis, en fin danne scolaire, cinq cents lves
dune cole primaire aux preuves dun test dintelligence. A la rentre
suivante, ils ont communiqu aux enseignants une liste de noms
prsents comme ceux des 20% dlves ayant le mieux russi ces preuves,
alors quen ralit ces noms avaient t tirs au hasard. Une seconde
srie de tests la fin de lanne a permis alors dtablir ce rsultat
frappant : les lves slectionns ont ralis de meilleures performances
que les autres. Tout sest pass comme si la conviction quils taient
meilleurs que les autres stait transmise aux intresss eux-mmes. (p.
86) Cet effet de ltiquetage des lves par les enseignants est nomm
par Rosenthal et Jacobson l effet Pygmalion . Il est, selon
Jean-Pierre Terrail, un des facteurs qui font de lcole une
institution o le principe consistant donner moins ceux qui ont le
moins sexerce [...] puissamment (p. 258). Existentialisme
(philosophie) Explication. [...] Quest-ce que signifie ici que
lexistence prcde lessence ? Cela signifie que lhomme existe dabord,
se rencontre, surgit dans le monde, et quil se dfinit aprs. [...]
Ainsi, il ny a pas de nature humaine, puisquil ny a pas de Dieu
pour la concevoir. Lhomme est non seulement tel quil se conoit,
mais tel quil se veut [...], lhomme nest rien dautre que ce quil se
fait. Tel est le premier principe de lexistentialisme. (Sartre,
1945, pp. 29-30)
Quel intrt pour la sociologie ? De lide que lexistence prcde
lessence dcoule lide que ltre humain est tel quil se conoit , quil
est acteur de sa vie. Sartre formule donc une vision sans doute
assez proche de ce que sera lindividualisme mthodologique et, par
consquent, trs loigne de la vision structuraliste (selon laquelle
ltre humain nest pas acteur puisquil dpend de structures sociales).
Lexistentialisme prsente donc un intrt surtout pour les
individualistes mthodologiques. Sartre affirme par exemple : Si
vraiment lexistence prcde lessence, lhomme est responsable de ce
quil est. Ainsi, la premire dmarche de lexistentialisme est de
mettre tout homme en possession de ce quil est et de faire reposer
sur lui la responsabilit totale de son existence. (idem, p. 31) ;
il ny a pas de dterminisme, lhomme est libre, lhomme est libert.
(idem, p. 39) ; quel que soit lhomme qui apparat, il y a un avenir
faire, un avenir vierge qui lattend (idem, p. 40) ; il ny a de
ralit que dans laction ; [...] lhomme nest rien dautre que son
projet, il nexiste que dans la mesure o il se ralise, il nest donc
rien dautre que lensemble de ses actes, rien dautre que sa vie.
Daprs ceci, nous pouvons comprendre pourquoi notre doctrine fait
horreur un certain nombres de gens. Car souvent ils nont quune
seule manire de supporter leur misre, cest de penser : Les
circonstances ont t contre moi, je valais beaucoup mieux que ce que
jai t [...] (idem, pp. 51-52) ; si, comme Zola, nous dclarions [que
les gens] sont [veules, faibles, lches ou mauvais] cause de lhrdit,
cause de laction du milieu, de la socit, cause dun dterminisme
organique ou psychologique, les gens seraient rassurs, ils diraient
: voil, nous sommes comme a, personne ne peut rien y faire ; mais
lexistentialiste, lorsquil dcrit un lche, dit que ce lche est
responsable de sa lchet. [...] il est comme a parce quil sest
construit comme lche par ses actes. (idem, p. 54). Fminisme
pluraliste (ou pluralisme fministe ou citoyennet pluraliste ou
projet pluraliste )Explications. Le fminisme pluraliste est une
notion propose par la politologue danoise Birte Siim et la
politologue tats-unienne Wendy Sarvasy (Sarvasy, Siim, 1994) pour
dsigner un groupe htrogne duniversitaires dans lequel elles
incluent notamment Anne Phillips (britannique, auteure en 1992 de
Engendering democracy). Deux courants fministes ont prcd le
fminisme pluraliste. Le premier consistait revendiquer lgalit au
nom de la commune humanit avec les hommes, cest-dire au nom du fait
que femmes et hommes font tous deux partie de lespce humaine. La
seconde possibilit tait, non pas de revendiquer une galit totale,
mais de revendiquer des droits au nom de leurs responsabilits en
tant que femmes, cest--dire (notamment) en tant que mres. Dans le
fminisme pluraliste, les fministes ne rclament pas lgalit en tant
qutre humain ni en tant que femmes , mais elles cherchent se
dbarrasser de lidentit (de ltiquette) du genre afin de recomposer
de nouvelles identits plurielles incluant la fois le genre, la
race, la classe, lethnicit, la nationalit et linclination sexuelle
(Siim, 1997, p. 47). En quelque sorte, la citoyennet pluraliste
consiste relie[r] laffirmation de la citoyennet fminine celle
dautres groupes opprims (idem). Il sagirait que les diffrents
groupes sociaux [interagissent] dans le but de transformer les
identits de groupe existantes (idem, p. 49). Le fminisme pluraliste
consiste donc en une sorte dunion des diffrentes minorits afin,
dune part, de faire changer les choses dans la socit vers plus
dgalit et, dautre part, de recomposer les identits (de ne plus tre
vu seulement comme un groupe de femmes). On peut dire quil sagit
dune sorte didologie queer mais plus gnrale encore. En effet,
pour
les fministes pluralistes, il faudrait recomposer les identits
en incluant non seulement le genre et la sexualit (comme le
prconisent les queer), mais galement on la dit la race, la classe,
lethnicit [et] la nationalit . Le fminisme pluralisme prne aussi la
dmocratie participative. Il est dans la ligne du postmodernisme.
Focus groupDfinition. A loppos du recueil de donnes en milieu
naturel , la technique du focus group assume les artefacts dune
situation exprimentale. La mthode consiste runir un ou, le plus
souvent, une srie de groupes dont les membres sont convis engager
une discussion sur un thme, en prsence dun modrateur . Elle est
dabord mise en uvre, dans les annes cinquante, par les reprsentants
du courant dominant de la sociologie amricaine, qui, tels
Lazarsfeld ou Merton, y voient une technique complmentaire ou une
tape pralable aux enqutes quantitatives sur les comportements et
motivations des consommateurs (Merton, 1987). Puis la mthode est
quasiment abandonne durant plusieurs dcennies, avant dtre rhabilite
dans les annes quatre-vingt, dabord dans les tudes de march puis
dans les tudes de publics. (Le Grignou, 2003, p. 80)Principe
dhomognit du groupe. Rcusant les vises des tudes quantitatives, et
notamment celle de la gnralisation des rsultats, les chercheurs
rompent dlibrment avec la technique de lchantillon reprsentatif,
pour constituer des groupes prsentant une certaine homognit
(culturelle, sociale, gographique et/ou autre). (Le Grignou, 2003,
p. 81) Par exemple, dans son enqute sur les souvenirs tlviss de la
grve des mineurs de 1984-1985, le chercheur britannique Greg Philo
(1990) slectionne des groupes qui existent antrieurement au projet
de recherche, qui lui paraissent les plus naturellement aptes
susciter une conversation sur la tlvision. (Le Grignou, 2003, p.
83)Utilisation du focus group dans les enqutes sur le public. Les
recherches contemporaines sur le public [...] accordent [...] aux
mthodes qualitatives et, au focus group en particulier, une place
centrale. Dans ce contexte [crivent Livingstone et Lunt], le focus
group est utilis [...] pour tudier les modalits quotidiennes de
construction du sens par les tlspectateurs (1986, 85). Cest aussi
que la mthode nest pas conue comme un simple instrument pratique de
recueil de plusieurs opinions individuelles, mais comme un
processus dynamique, un creuset de relations interpersonnelles, une
simulation approximative des conversations et discussions
quotidiennes (ibid.), qui sont les lments fondamentaux, routiniers
et difficilement accessibles du processus de communication sociale.
Cette conception du focus group comme une stimulation de divers
aspects de la communication sociale est commune nombre de
recherches sur le public. (Le Grignou, 2003, p. 80) Fonctionnalisme
Selon le fonctionnalisme, un trait culturel ne peut pas tre tudi
isolment. Cest la relation quil entretient avec les lments
constitutifs de lensemble culturel qui est important, qui lui donne
sens. Par exemple, on ne peut pas comprendre le pacs sans faire le
lien avec tout le reste de nos traits culturels : lensemble de nos
textes juridiques, le fait que lon soit monogames, etc. Cette
dmarche est une forme de holisme : pour comprendre un individu, on
doit passer par ltude de tous les champs sociologiques. Bronislaw
Malinowski tait le principal thoricien du fonctionnalisme. (daprs
Lamia Missaoui, 2002/2003) Guide dentretien (selon Jean-Pierre
Olivier de Sardan) Le guide dentretien organise lavance les
questions quon pose , et peut driver vers le questionnaire ou
linterrogatoire. Le canevas dentretien, lui, relve du pense-bte
personnel, qui permet, tout en respectant la dynamique
propre dune discussion, de ne pas oublier les thmes importants.
Il en reste aux questions quon se pose , en laissant limprovisation
et au mtier le soin de les transformer au fil de lentretien en
questions quon pose . (Sardan, 1995, p. 84) Habitus Dfinition 1.
Systme des dispositions percevoir le monde, sentir, penser, agir
dune certaine faon, intriorises au cours des apprentissages
successifs dun individu (famille, cole, travail, etc.), de manire
le plus souvent non consciente. Chaque habitus individuel est
singulier (car chacun fait un nombre dexpriences sociales, et dans
un ordre, qui lui sont propres). Un habitus de classe, ce sont les
dispositions tendanciellement communes une classe dindividus.
(Colloque PB, 2003) Dfinition 2. systme de dispositions durables
acquis par lindividu au cours du processus de socialisation qui
gnre et organise les pratiques et les reprsentations des individus
et des groupes. (Bonnewitz, 2002, Glossaire spcifique , p. 94)
Dfinition 3. Terme ancien quon trouve chez Aristote. Actuellement
utilis en sociologie dans le cadre du courant anim par Pierre
Bourdieu. Dsigne le systme de dispositions durables acquis par
lindividu au cours du processus de socialisation. Se prsente la
fois comme le produit agissant de conditions sociales passes et
comme principe gnrateur des pratiques et des reprsentations
permettant lindividu de construire des stratgies anticipatrices.
Selon Bourdieu, cette notion contribue au dpassement de lopposition
entre les points de vue objectiviste et subjectiviste, entre les
forces extrieures de la structure sociale et les forces intrieures
issues des dcisions libres des individus. Intriorisation de
lextriorit , lhabitus, produit dun travail dinculcation et
dincorporation, sert de support la mise en correspondance des
possibilits objectives et des stratgies subjectives, tout en
assurant lindpendance relative des pratiques par rapport aux
dterminations extrieures du prsent immdiat. Il y aurait alors
compatibilit entre lhomognisation des pratiques et des
reprsentations lintrieur de groupes ou de collectifs soumis des
conditions dexistence semblables et la singularit des trajectoires
sociales. (Ferrol, 1991, 2004, article habitus ) Les diffrentes
dimensions de lhabitus (selon Bourdieu). Dans ses premiers
dveloppements, Pierre Bourdieu distinguait trois dimensions
majeures du concept : les dispositions corporelles (posturales et
gestuelles), qualifies dhexis ; les dimensions morales (ou le
systme de valeurs), qualifies dethos, les dimensions cognitives (ou
le systme de reprsentations), qualifies deidos ; et lon retrouve
encore mentionnes la comptence linguistique ainsi que laisthesis
(dispositions esthtiques ou got) que Pierre Bourdieu intgre
cependant rapidement lethos. Ce dimensionnement tend nanmoins
disparatre au fil de luvre [...]. (Bronckart, Schurmans, 2001, pp.
163-164, soulign par moi, les italiques sont dorigine) Selon
Bourdieu. Cette notion dhabitus a une longue tradition : la
scolastique la employe pour traduire lhexis dAristote. (On la
trouve chez Durkheim qui, dans LEvolution pdagogique en France,
remarque que lducation chrtienne a d rsoudre les problmes poss par
la ncessit de faonner des habitus chrtiens avec une culture paenne
; et aussi chez Mauss, dans le fameux texte sur les techniques du
corps. Mais aucun de ces auteurs ne lui fait jouer un rle dcisif).
// Pourquoi tre all chercher ce vieux mot ? Parce que cette
notion
dhabitus permet dnoncer quelque chose qui sapparente ce quvoque
la notion dhabitude, tout en sen distinguant sur un point
essentiel. Lhabitus, comme le mot le dit, cest ce que lon a acquis,
mais qui sest incarn de faon durable dans le corps sous forme de
dispositions permanentes. [...L]habitus est un capital, mais qui,
tant incorpor, se prsente sous les dehors de linnit. (Bourdieu,
1978, p. 134) Selon Marcel Mauss. [...] Jai donc eu pendant de
nombreuses annes cette notion de la nature sociale de l habitus .
Je vous prie de remarquer que je dis en bon latin, compris en
France, habitus . Le mot traduit, infiniment mieux qu habitude , l
exis , l acquis et la facult dAristote (qui tait un psychologue).
Il ne dsigne pas ces habitudes mtaphysiques, cette mmoire
mystrieuse, sujets de volumes ou de courtes et fameuses thses. Ces
habitudes varient non pas simplement avec les individus et leurs
imitations, elles varient surtout avec les socits, les ducations,
les convenances et les modes, les prestiges. (Mauss, 1934, pp.
368-369) Quelques considrations sur la construction de lhabitus.
Les premires expriences sont les plus dterminantes, elles laissent
lempreinte la plus forte et la plus durable. Cela dit, lhabitus
nest jamais fig. Il continue [se modifier] au fil des expriences
qui le constituent, au fil des rencontres et des contacts . Mais il
connat une certaine inertie : il a tendance assurer sa constance et
sa dfense contre le changement et la remise en question. Sans
compter que [l]individu volue dans un univers propre renforcer ses
dispositions et les recevoir favorablement. En limitant son
exposition des milieux trangers, sans forcment en avoir conscience,
il vite le contact avec linformation susceptible de mettre en
question linformation accumule qui faonne sa reprsentation du
monde. (Hilgers, 2006) Hexis corporelle (nom fminin) Etymologie. ,
() manire dtre, tat, do : 1 bonne constitution du corps || 2 tat ou
habitude de lesprit ou de lme || 3 facult, capacit rsultant de
lexprience, exprience [] (Bailly, 1901) Explication. L hexis
corporelle est une notion bourdieusienne. Pour Bourdieu, le corps
est social. Suivant la profession quon a eue, on aura un rapport
diffrent au corps dans la vie de tous les jours car notre corps a t
model par notre profession. Par exemple, dans Le bal des
clibataires, Bourdieu montre comment certains paysans ne trouvent
pas de filles parce quils nont pas le bon rapport au corps ( savoir
pas un rapport assez urbain au corps). (daprs Batrice de Gasquet,
25/10/2004) Dfinition 1. Postures, dispositions du corps, rapport
au corps, intrioriss inconsciemment par lindividu au cours de son
histoire ; lhexis est une dimension importante de lhabitus.
(Colloque PB, 2003) Dfinition 2 (et exemple des hexis corporelles
masculine et fminine). Lhexis corporelle est la mythologie
politique ralise, incorpore, devenue disposition permanente, manire
durable de se tenir, de parler, de marcher, et, par l, de sentir et
de penser. (Bourdieu, 1980, p. 117) Bourdieu met en parallle lhexis
corporelle de lhomme et celle de la femme dans la socit kabyle de
la fin des annes 1950 : Lhomme viril qui va droit au but, sans
dtours, est aussi celui qui, excluant les regards, les mots, les
gestes, les coups tors et retors, fait front et regarde au visage
celui quil veut accueillir ou vers qui il se dirige ; toujours en
alerte, parce que toujours menac, il ne laisse rien chapper de ce
qui se passe autour de lui, un regard perdu en lair ou riv au sol
tant le fait dun homme irresponsable, qui na rien craindre parce
quil est dpourvu de poids au sein de son groupe. Au contraire, on
attend de la femme
bien leve, celle qui ne commet aucune inconvenance ni avec sa
tte, ni avec ses mains, ni avec ses pieds , quelle aille lgrement
courbe, les yeux baisss, se gardant de tout geste, de tout
mouvement dplac du corps, de la tte ou des bras, vitant de regarder
rien dautre que lendroit o elle posera le pied, surtout sil arrive
quelle doive passer devant lassemble des hommes [...]. (id., pp.
118-119) Le processus dintriorisation de lhexis dans le monde
professionnel. Pour tre en mesure dutiliser un outil (ou de tenir
un poste), [...] il faut stre fait lui, par une longue utilisation,
parfois par un entranement mthodique, avoir fait siennes les fins
qui sont inscrites en lui comme un mode demploi tacite, bref, stre
laiss utiliser, voire instrumentaliser, par linstrument. Cest cette
condition que lon peut atteindre la dextrit [...] et qui fait que
lon tombe juste sans avoir calculer, faisant exactement ce quil
faut, comme il faut et propos, sans gestes inutiles, avec une
conomie deffort et une ncessit la fois intimement ressenties et
perceptibles du dehors. (Bourdieu, 1997, p. 171) Hexis corporelles
masculine et fminine. Les injonctions sociales les plus srieuses
sadressent non lintellect mais au corps, trait comme un pensebte.
Lessentiel de lapprentissage de la masculinit et de la fminit tend
inscrire la diffrence entre les sexes dans les corps ( travers le
vtement notamment), sous la forme de manires de marcher, de parler,
de se tenir, de porter le regard, de sasseoir, etc. Et les rites
dinstitution ne sont que la limite de toutes les actions explicites
par lesquelles les groupes travaillent inculquer [...] les
classements sociaux (la division masculin/fminin, par exemple), les
naturaliser dans les corps, les hexis corporelles, les
dispositions, dont on entend quelles soient aussi durables que les
inscriptions indlbiles du tatouage [...]. (Bourdieu, 1997, p. 169)
Holisme Dfinition. Soppose lindividualisme mthodologique.
Prdominance du tout sur les parties. Interprtation de nature
globalisante. Importance des effets de systme ou des dterminations
structurelles . (Ferrol, 1991, 2004, article Holisme ) Le holisme
selon Bourdieu. Samir (lve de Terminale ES) : On vous prsente comme
un sociologue holiste . Quen pensez-vous ? P. Bourdieu : Dabord ce
mot holiste ne veut pas dire grand chose. Il vient du grec holos
qui veut dire tout, totalit. Cest un mot quun certain nombre de
gens parmi les conomistes et les sociologues opposent au concept
individualiste . En gnral, holiste est un mauvais mot, une insulte.
Cest au fond tout ce que les conomistes noclassiques naiment pas.
Le holiste par excellence, pour eux, cest Marx, leur bte noire. Les
gens quon met dans cette case expliqueraient les phnomnes sociaux
comme une totalit par opposition ceux qui partent des individus.
Cest une opposition qui na pour moi aucun sens comme lopposition
entre individu et socit. Elle est partout, sert de sujet de
dissertation mais elle ne veut strictement rien dire dans la mesure
o chaque individu est une socit devenue individuelle, une socit qui
est individualise par le fait quelle est porte par un corps, un
corps qui est individuel. Mme un individu conomique est un tre, un
sujet collectif : quil soit un citoyen quelconque qui va faire son
march ou un entrepreneur, il a une tte collective, un langage
collectif. Ce qui est embtant, cest que ce genre doppositions
archi-
fausses existent, continuent circuler et retarder la recherche.
(Bourdieu, 2002, p. 21) Homo conomicus Explication. Tout dabord,
lindividu rationnel, ou homo conomicus, est goste : il tient compte
uniquement de son propre intrt. Il constitue en outre une unit de
dcision autonome : son comportement nest pas dtermin par les
habitudes sociales consciemment ou inconsciemment assimiles. Son
comportement est dfini indpendamment de toute contrainte
macrosociale. La dfinition de la rationalit est donc ahistorique.
Enfin, lindividu rationnel est maximisateur, il effectue des choix
qui maximisent sa satisfaction. (Cahuc, 1993, p. 6) Homo
sociologicus intentionnel Dfinition (selon Boudon). Lhomo
sociologicus intentionnel est un acteur dot dun ensemble de
prfrences, cherchant des moyens acceptables de raliser ses
objectifs, plus ou moins conscient du degr de contrle dont il
dispose sur les lments de la situation dans laquelle il se trouve
(conscient en dautres termes des contraintes structurelles qui
limitent ses possibilits daction), agissant en fonction dune
information limite et dans une situation dincertitude [Il] peut tre
caractris comme dot dune rationalit limite. (Boudon, 1989, p. 188)
HomogamieDfinition. L homogamie est une tendance statistiquement
tablie selon laquelle les individus choisissent des conjoints aux
caractristiques sociales proches des leurs. Lhomogamie dont on
parle le plus souvent est sociale. Mais on peut aussi parler
dhomogamie religieuse, gographique, etc. (daprs Jrme Deauvieau,
2002/2003) Explication de lhomogamie. [...] les gens qui se situent
en haut de lespace [social] ont peu de chances de se marier avec
des gens qui sont situs vers le bas, dabord parce quils ont peu de
chances de les rencontrer physiquement (sinon dans ce que lon
appelle des mauvais lieux , cest--dire au prix dune transgression
des limites sociales qui viennent redoubler les distances
spatiales) ; ensuite, parce que sils les rencontrent en passant,
loccasion et comme par accident, ils ne sentendront pas , ils ne se
comprendront pas vraiment et ils ne se plairont pas mutuellement.
Au contraire, la proximit dans lespace social prdispose au
rapprochement : les gens inscrits dans un secteur restreint de
lespace [social] seront la fois plus proches (par leur proprits et
leurs dispositions, leurs gots) et plus enclins se rapprocher
[...]. (Bourdieu, 1989, p. 26) Homophilie une relation [a] plus de
chances dexister entre des personnes ayant des statuts
biographiques et sociaux peu diffrents : la proximit sociale
facilite souvent ces relations [...]. Ce principe trs gnral
[s'appelle] homophilie [...] (Spencer, 1993, pp. 1461-1462) On peut
parler par exemple d homophilie professionnelle (id., p. 1471)
Hughes (Everett) Quelques lments pars. 1930 marque un tournant
dans lhistoire de lcole de Chicago avec de nouveaux sociologues
comme Blumer et Hughes. Alors que lcole avait jusque l privilgi une
approche souvent holiste, elle volue dsormais vers une vision plus
individualiste. Il se dgage en fait deux courants principaux : lun
se situe dans le prolongement de la premire priode de lcole
cest--dire ltiquetage des populations tandis que lautre se tourne
vers ce que lon nommera lethnomthodologie (Fisseau, Hupin, non
dat). Ainsi, Hughes explique-t-il : A mon arrive lUniversit de
Chicago, en 1938, mes collgues me confirent un cours dintroduction
la sociologie. Ce cours tait principalement suivi par de jeunes
tudiants qui avaient fait au moins deux ans de sciences sociales au
college de lUniversit de Chicago. [...] la plupart dentre eux
navaient pas encore atteint ce niveau de formation qui permet
dtablir un lien entre les grandes et les petites choses. Ils
aimaient que tout soit grand les vnements comme les ides. Ils
avaient tendance prendre la lgre les petites observations qui
cependant, accumules, constituent les preuves sur lesquelles sont
construites les thories de la culture et de la socit. Pour la
majorit dentre eux, lexistence ordinaire semblait banale, trivial,
et souvent triste. (Hughes, 1960, pp. 268-269, soulign par moi)
Hystrsis Dfinition. Hystrsis (de lhabitus). Du grec husterein : tre
en retard. Ide de dcalage (lorsque, par exemple, les structures
sociales changent et ne sont plus conformes celles qui ont t
intriorises lors de la formation de lhabitus). (Bonnewitz, 2002,
Glossaire spcifique , p. 94) Incidence (en sociologie de la
dviance, dans les enqutes de victimation) Dfinition du taux
dincidence. Le taux dincidence mesure le nombre de faits subis pour
100 rpondants au cours de la priode de rfrence ; il sobtient en
multipliant le taux de prvalence par la multivictimation. (Robert
et alii, 1999, p. 259, note 12) Dfinition du taux dincidence
apparente. Quand le taux dincidence est multipli par le taux de
plainte [proportion de victimes disant avoir dpos plainte], on
obtient le taux dincidence apparente, celle dont les autorits
peuvent avoir connaissance par leffet des plaintes que les victimes
disent avoir dposes. (Robert et alii, 1999, p. 259, note 12)
Indicateur Lorsque lon fait des recherches quantitatives (par
exemple des enqutes par questionnaire), on utilise des indicateurs.
Un indicateur est un instrument de mesure (donc quelque chose de
quantifiable ) auquel le chercheur a recours pour essayer de
comprendre un phnomne qui nest pas quantifiable en luimme. Par
exemple, comme indicateur de la richesse (qui est un concept vague,
non directement quantifiable), on peut prendre le revenu (mais on
pourrait aussi en choisir dautres comme le patrimoine, ou bien une
combinaison du revenu et du patrimoine). Dans le film La sociologie
est un sport de combat (documentaire de Pierre Carles sur Pierre
Bourdieu), on voit une squence au
cours de laquelle plusieurs sociologues cherchent dterminer les
indicateurs de ltat davancement du libralisme dans un pays. Parmi
ces indicateurs, ils citent le pourcentage dentreprises privatises,
etc. Si je me souviens bien, ils plaisantent aussi en parlant
dindicateurs du type Mc Do ou Mickey . Ils veulent dire par l que,
plus un pays a dentreprises utilisant une main duvre prcaire, plus
cela montre que le pays est dans un stade avanc de libralisme.
Individualisme mthodologiqueLindividualisme mthodologique est un
courant n dans le milieu des annes 1970, par opposition au
structuralisme. Il est port notamment par Raymond Boudon. Larticle
fondateur a t crit par Franois Bourricaud. Selon cette thorie,
contrairement au structuralisme, lacteur individuel a la possibilit
davoir une action indpendante par rapport aux structures. Selon
Raymond Boudon ce sont les comportements individuels qui sagrgent
pour crer des comportements que lon peut qualifier de collectifs.
Par exemple, partir des annes 1970, il y a eu une augmentation du
nombre de naissances hors mariage. Elles ont dabord t le fait
dhommes et de femmes assez isols. Petit petit, ces cas isols se
sont agrgs et cest devenu un phnomne collectif. Aujourdhui, en
France, prs de 50% des naissances se font hors mariage. Le phnomne
est entr dans les normes. (daprs Catherine Delcroix, 11/10/2004)
Induction Linduction. Un sociologue a une dmarche inductive
lorsquil part de lobservation pour aller vers la classification et
labstraction. Linduction est donc le passage du concret labstrait.
Max Weber, en construisant un idal-type partir de ses observations,
procdait par induction. Marcel Mauss procdait galement par
induction. La dduction. Un sociologue a une dmarche
(hypothtico-)dductive lorsquil part dhypothses pour, ensuite,
vrifier leur validit dans la ralit. La dduction est donc le passage
de labstrait au concret. Durkheim procdait par dduction. Par
exemple, aprs avoir suppos que le sexe influait sur le taux de
suicide, il avait cherch le vrifier grce aux statistiques. (daprs
Olivier Vaubourg, 09/03/2004) Induction analytique Explication.
Cette mthode [de l'induction analytique] exige que chaque cas
recueilli dans lenqute confirme lhypothse. Si le chercheur
rencontre un cas qui ne la confirme pas, il doit reformuler
lhypothse pour quelle concorde avec le cas qui a infirm lide
initiale. (Becker, 1963, p. 67) Interaction Dfinition 1. processus
interpersonnel fondamental o les sujets en contact modifient
temporairement leur comportement les uns vis--vis des autres par
une stimulation rciproque continue pour la dure du contact, quelle
que soit la nature du comportement et les modifications quil
prsente (Lempereur, Thines, 1975 ; cit in Debuyst, 2002, p. 139)
Dfinition 2. interrelation (relationship) entre deux (ou plus de
deux) systmes, personnes ou groupes dont rsulte une influence
rciproque (Corsini, 1999 ; cit in Debuyst, 2002, p. 139)
Interactionnisme symbolique Dfinition. Courant de pense
sociologique tats-unien faisant partie de la seconde Ecole de
Chicago et stant dvelopp partir de la fin des annes 1960. Lide
principale de linteractionnisme symbolique est que la ralit sociale
ne simpose pas telle quelle aux individus ou aux groupes, mais
quelle est en permanence modele et reconstruite par eux travers les
processus dinteraction. Linspirateur du mouvement. Herbert Mead, la
psychologie sociale et la notion de rles sociaux . Mme si ce nest
pas lui qui lui donne son nom, on peut dire que le grand
inspirateur de linteractionnisme symbolique est (George) Herbert
Mead (1863-1931). Il institue les premiers liens entre la
psychologie et la sociologie, donnant lieu la cration de la
psychologie sociale de lcole de Chicago. Mead est lun des premiers
faire la synthse entre les approches macrosociologique et
microsociologique. Il est aussi le premier introduire la notion de
rles sociaux ( role-taking ) comme concept central de son approche
: Les types de relations que nous entretenons varient suivant les
diffrents individus ; nous sommes une chose pour un homme, et une
autre pour un autre. [...] Nous nous scindons ainsi en toutes
sortes de diffrents soi suivant nos amis. Nous discutons politique
avec lun et religion avec lautre. Il existe une grande diversit de
soi correspondant aux diffrentes ractions sociales. (Mead Herbert,
Mind, self and society, 1934, trad. fr. : Lesprit, le soi et la
socit, Paris, PUF, 1963) Le fondateur du mouvement : Herbert
Blumer. Herbert (George) Blumer (1901-1987) est celui qui,
sinspirant de Mead, a vritablement fond linteractionnisme
symbolique. Il est lauteur, en 1969, de Symbolic interactionism :
perspective and method. Erving Goffman et la thorie des rles
sociaux. Erving Goffman (19221982) avait suivi les cours de Herbert
Blumer. Il a dvelopp une thorie des rles sociaux partir des travaux
de Mead, notamment en publiant, The Presentation of self in
everyday life (1959) et Relations in public (1971), traduits en
franais en 1973, sous le titre La mise en scne de la vie
quotidienne. Jeux (thorie des) ou thorie mathmatique de la dcision
ou praxologie mathmatique Dfinition. Branche des mathmatiques qui
tudie des situations de conflit en laborant des modles dans
lesquels les rgles sont fixes, ce qui permet de prdire les
consquences des choix des joueurs. On distingue les jeux somme
nulle, dans lesquels ce quun des joueurs perd, lautre le gagne, des
jeux pluriels, pour lesquels il peut y avoir une conciliation
dintrts entre les joueurs. Von Neumann a dmontr quil existe, dans
le cas dun jeu de deux joueurs somme nulle, une solution optimale
pour les deux joueurs appele mini-max. La rigueur logique et
llgance des dmonstrations faites partir de la thorie des jeux ont
tent quelques sociologues mais les conomistes lutilisent plus
volontiers. Bibl. compl. [Raymond] Boudon 1979 [La logique du
social], [Kenneth E.] Boulding 1962 [Conflict and defense, a
general theory], [Thomas C.] Schelling 1960 [The strategy of
conflict]. (Gresle et alii, 1994) Qui est lorigine de la thorie des
jeux ? La thorie des jeux utilise en sciences sociales sinspire de
recherches en mathmatiques et, plus prcisment, en statistiques. Le
Dictionnaire de sociologie (Akoun, Ansart, 1999) fait la
distinction entre les jeux de hasard (type loterie) et les jeux
de dcision (checs, poker). La thorie des jeux de hasard pur nat
avec linvention du calcul de probabilits aux XVIe et XVIIe sicles
(Cardan, Pascal, Fermat, Huygens). A la fin du XVIIe sicle,
Bernouilli met en vidence la loi des grands nombres . Les mthodes
statistiques utilises au XXe sicle en sciences sociales drivent de
ces recherches. Les jeux de dcision. Hormis les jeux de hasard, il
y a aussi ceux o intervient [...] lhabilet des joueurs, leurs
tactiques et leurs ruses pour parvenir leurs fins, et linteraction
entre les dcisions prises par les uns et les autres. Ltude
mathmatique de ces jeux est esquisse ds le dbut du XVIIIe sicle.
[...] Mais ce nest quau XXe sicle que les mathmatiques de la
dcision prennent vraiment corps. [...] Les travaux prcurseurs sont
ceux dErnst Zermelo sur le jeu des checs (1911), dEmile Borel sur
la catgorie tendue des jeux dits information parfaite [...] (1921),
et ceux de Neumann ds 1928. Mais ce nest quen 1944 que ce dernier
publie avec Morgenstern louvrage considr comme fondateur Theory of
Games and Economic Behavior. La date de 1944 nest pas fortuite.
Cest lpoque de la guerre mondiale, celle o il est vital pour les
dirigeants civils et militaires [...] de rationaliser les dcisions
de toute sorte prendre pour la logistique et la conduite des
oprations [...]. Luvre de von Neumann et Morgenstern a eu une
influence considrable : la thorie conomique (macroconomie) en a t
renouvele [...] ; dans la gestion des entreprises (microconomie),
ce fut lessor de la recherche oprationnelle [...]. (Akoun, Ansart,
1999) Quelle application dans les sciences sociales ? Dans les
sciences sociales [...] (sociologie, anthropologie, psychologie
sociale), les retombes de la thorie des jeux ont t bien plus
modestes [qu'en conomie]. Il y eut, dans les annes 50 et au dbut
des annes 60, de grands espoirs, en psychologie sociale notamment,
mais fonds sur un malentendu [...]. La thorie, en effet, nest pas
descriptive des comportements des joueurs, mais essentiellement
normative. Elle sert rationaliser et clairer les choix de celui qui
doit dcider. (Notons que larticle sur la thorie des jeux du
Dictionnaire de sociologie ne mentionne pas la reprise de cette
thorie par les individualistes mthodologiques. Cf. cidessous.)
Selon les individualistes mthodologiques. En 1975, dans larticle
fondateur de lindividualisme mthodologique, Franois Bourricaud
critiquait le fait que, dans la thorie des jeux, lindividu est
compltement inform, totalement cohrent dans ses prfrences, assur
dans ses prvisions (Bourricaud, 1975, p. 596). Cela dit, par la
suite, son collgue Raymond Boudon, chef de file des individualistes
mthodologiques, a eu recours cette thorie, notamment dans La
logique du social (1979, pp. 64-74), et a ainsi contribu la
populariser en France. Il prcisait toutefois que la thorie des jeux
ntait pas utilisable en toute circonstance. Kardiner (Abraham)
Psychanalyste et ethnologue amricain (New York, 1891). Psychiatre,
acquis la psychanalyse, il sorienta vers lethnologie. En
collaboration avec R. Linton, il formula sa thorie de la
personnalit de base , type moyen de personnalit, caractrisant les
individus dune socit, dtermin par les institutions primaires
(organisation familiale, systme de subsistance, dducation, etc.) et
sexprimant dans les institutions secondaires [mythes, religion,
etc.] (The Individual and his Society, 1939 ; The Psychological
Frontiers of Society, 1945, avec R. Linton). [...] Luvre de
Kardiner constitue un des principaux efforts de rapprochement
entre la psychanalyse et lanthropologie culturelle (Introduction
lethnologie, 1961 ; trad. fr., 1966). (Le petit Robert 2, 1984)
Lazarsfeld (Paul Flix) Lazarsfeld (Paul Flix). Sociologue et
statisticien amricain dorigine autrichienne (Vienne, 1901). Il sest
efforc de dfinir les concepts fondamentaux des sciences sociales,
dont il a formul les principes mthodologiques et quil a orients
dans le sens de la formalisation mathmatique. Il a notamment mis au
point une technique mathmatique complexe pour ltude des composantes
dune attitude (analyse de la structure latente, Latent Structure
Analysis, 1959). Son principal ouvrage, The Language of social
Research (avec Morris Rosenberg, 1955) a t traduit et adapt en
franais par M. Boudon sous le titre Vocabulaire des sciences
sociales, LAnalyse empirique de la causalit, LAnalyse des processus
sociaux (3 vol.). (Robert 2, 1984) Lazarsfeld (Paul Flix), Vienne
1901 New York 1976, sociologue et statisticien amricain dorigine
autrichienne. Il sest intress la mthodologie des sciences sociales,
aux communications de masse et au comportement lectoral
(Philosophie des sciences sociales, 1970). (Le petit Larousse
Illustr, 1997) Lectant et lisant (selon le thoricien de la lecture
Vincent Jouve) Le lisant est cette part du lecteur pige par
lillusion rfrentielle qui considre, le temps de la lecture, le
monde du texte comme un monde existant , il croit pour un moment ce
quon lui raconte. Le lectant , quant lui, garde toujours lesprit
que le texte est dabord une construction (Jouve, 1993, pp. 35-36 ;
cit in Le Grignou, 2003, p. 91) Locus of control Il sagit de
lauto-perception de la capacit individuelle matriser le cours des
vnements (Spencer, 1993, pp. 1512) Linton (Ralph) Ethnologue
amricain (Philadelphie, 1893 New Haven, Connecticut, 1953). Il a
tudi le problme des relations entre lhomme et son milieu culturel,
de la transmission culturelle et du mcanisme de lemprunt (phnomne
dacculturation). En collaboration avec A. Kardiner, il formula et
dveloppa la thorie de la personnalit de base (The Study of Man,
1936 ; Le Fondement culturel de la personnalit, 1945 trad. fr.,
1959). (Le petit Robert 2, 1984) Lisant Voir Lectant Liu (Michel)
(sociologie des organisations) Michel Liu (prononcer [liu]) est
professeur des universits en sociologie lUniversit Paris 9
Dauphine. De 1991 2000, il a t directeur du Centre dEtude et de
Recherche en Sociologie des Organisations (CERSO). Il explique sa
perspective de recherche de la manire suivante : Les organisations
ont t tudies jusqu maintenant de manire statique, travers leurs
structures ou leurs tats, il est ncessaire de les tudier dans leur
dynamique, cest--dire se poser la question des raisons de leur
fonctionnement et de leurs volutions. La dynamique dune
organisation se manifeste par les transformations de sa culture,
quil faut donc pouvoir tudier. Ltude des cultures requiert une
mthodologie diffrente de celles qui sont actuellement en usage
en sociologie. Il savre ncessaire de fonder cette mthodologie en
clarifiant son pistmologie. Ce programme de recherche articule donc
les trois axes prcits : la dynamique des organisations, ltude des
cultures et lpistmologie des sciences sociales. Il a publi Approche
sociotechnique de lorganisation (1983) et Fondements et pratiques
de la recherche-action (1997). (Source :
http://www.dauphine.fr/cerso/Membres/Liu.html, 2005) Malthusianisme
Dfinition. Doctrine qui, lorigine (Thomas Malthus, 1798),
prconisait la limitation des naissances par la contrainte morale,
afin de remdier au danger de la surpopulation. Se rfre, de nos
jours, aux pratiques anticonceptionnelles. Plus gnralement,
synonym