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8/4/2019 Lettres Apostoliques de S.S.leon XIII - (Tome 4)
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LETTRES APOSTOLIQUES
. LEON XIIIE N C Y C L I Q U E S , B R E F S , E T C .
Texte latin avec la traduction franaise en regard
P R C D E S
D'UNE NOTICE BIOGRAPHIQUES U I V I E S
D ' U N E T A B L E A L P H A B T I Q U E
T O M E Q U A T R I M E
Ego autem rogavi pro te ut non deficiat fides tua : et tu
confirma frafres hios,
Luc, xxn, 23 .
lerpos St AEOVTO TOCUTOC e'fwvrjtJEV.Pierre a parl par la bouche
de Lon.
(Concil. Chalc.)
Mon amour pour Jsus-Christ doit s 'tendreparticulirement son
Vicaire sur la terre.R . P. D'ALTON, Directoire des Aug. del'Ass
ompt.
P A R I S
A . R O G E R E T F . C H E R N O V I Z , D I T E U R S
7 , R U E D E S G R A N D S A U G U S T I N S , 7
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LETTRES APOSTOLIQUES
O U
ENCYCLIQUES, BREFS, ETC.D E
S. S. LON XIII
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SANCTISSIMI DOMINI NOSTRI LEONIS
DIVINA PROVIDENTIA.
PPJK XIII
E P I S T O L A A P O S T O L I C APRINCIPIBUS POPUIilSQUE UNI
VE RS IS
LEO PP. XIII
"Preclara gratulationis publica; testimonia, qua? loto superiore
anno,
OB memoriam primordiorum episcopatus Nostri, undique
acccpimtis,
qurcque proximo tempore insignis Hispanorum pietas cumulavit,
hunc in
primis aUulere Nobis lratitrc fruetnm, quod in ILIA similitudine
concor-
diaquc voluntatcm eluxit Ecclesia? unitas, ejusque cum Pontfice
mximo
mira conjunctio. Videbatnr per cos dies orbis catholicus, quasi
rerumceterarum cepisset OBLIVIO, in aadibus Vaticanis obtutum
oculorum animi-
quecogitationcm defixisse. Principum legationes, peregrinorum
frcqucntia,
plennc amoris epistola), esRrimoni? sanctissimre id aperte
signilcabant, in
obsequio Apostolica? Sedis cor unum esse omnium catholicorum et
a ni mam
QUAM. Qu! res hoc efiam accidit jucnndior et gratior, quia cum
consi-
liis cmplisque Nostris admodum congruens. Siquidem gnari
temporumet memores officii, in omni pontifcatus Nostri cursu, hoc
consianter
spectavimus, atque hoc, quantum docendo agendoque potuimus,
conati
sumus, colligarc N obi scum aretina onines gentes omnesque
populos ,
atque in conspicuo poner vim pontificatus romani salutarem in
omnes
-partes. Maximas igitur et agimus et habemus gratias primum
quidem
benignitati divina;, cujus muere benefcioque id setatis inclumes
attigi-
mus : deinde viris principibus, episcopis, clero, privatisque
universi s,
quotquot multiplici testificatione pietatis et obsequ dedere
operam ut
personam ac dignitatem Nostrani honore, Nosque privatim
opportuno
solatio affcerent.
SALUTEM KT PACHIM IN DOMINO
Quamquam ad plenum solidumque solatium, multum sane
defuit.Naminter ipsas popularis laetitias studiique signifcationes,
obversabatur
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LETTRE APOSTOLIQUE
A U X P E U P L E S E T A U X P R I N C E S D E L ' U N I V E R
S
LON XIII, PAPE
SALUT ET PAIX DANS LE SEIGNEURLe concert de flicitations publ
iques, qui a mar qu d' un e
manire si clatante Tanne tout entire de Notre Jubil episcopal,
et qui vient de recevoir son couronnement de l'insignepit des
Espagnols, a eu pr incipa lement ce fruit, sujet degrande joie pour
Notre me, de faire briller, dans l'union desvolonts et Taccord des
sentiments, l'unit de l'Eglise et son
admirable cohsion avec le Pontife Suprme. On et dit, en
cesjours, que , pe rd an t tout autre souvenir, l 'univers cat hol
iquen'avait plus de penses et de regards que pour le
Vatican.Ambassades de prince s, affluence de plerins, lettres em pr
ei nt esd'amour filial, crmonies augustes, tout proclamait
hautementque, lorsqu'il s'agit d'honorer le Sige Apostolique, il
n'y a plusdans l'Eglise qu'un cur et qu 'une m e. Et ces man ife
sta tionsNous ont t d' aut an t plus agrables, qu'elles rent rai
ent p l e i
nement dans Nos vues, et rpondaient pleinement Nos efforts.Car,
guid par la connaissance des temps et de la conscience deNotre
devoir, ce que Nous Nous sommes constamment propos,ce que Nous
avons infat igablement poursu ivi , de pa ro les etd'actes, dans
tout le cours de Notre Pontificat, C'a t de Nousrattacher plus
troitement les peuples, et de mettre en videncecette vrit , que
l'hiuence du Pontili cat rom ai n est sa lu ta ire
tous gards. C'est pourquoi Nous rendons de trs vives actionsde
grces, d'abord k la bont divine, de qui Nous tenons ce-bienfait d't
re arr iv sain et sauf un g e si avanc ; ensuite auxprinces, aux
vqucs, au clerg, aux simples fidles, tous ceuxenfin qui, par les
dmonstrations nombreuses de leur pit et deleur dvouement, ont
prodigu des marques d'honneur Notrecaractre et Notre dignit, Notre
personne une consolationvivement agre.
Ce n'est certes pa s qu'il n'ai t rien manqu la jo ie de
Notre*me. Au cours m me de ces manif estat ions popul ai res, pa rm
i.
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8 LETTRE AP O STO LIQ UE D E S. S . LON XIII
animo multi tudo ingens, in lio gestientium catholicorum
consensu
aliena, partim quod evangeliche sapicntiest omnnoexpcrs, partim
quod,
licet christiano initiala nomini, a fide catholica dissidet. Qua
re graviter
commovebamur, commovemur : ncque en im fas est sine intimo
doloris
sensu cogitationem intendere in tantum generis Immani partem
longeaNobis, velut itinere devio, digredientem. Jamvero, cum Dei
omnipo-
tcntis vices in terris gcramus, qui vuit omncs homines salvos
fieri et ad
agnitionem veri ta lis venire, cumquc Nos et sera acta s et
amara cura ru m
ad humanuni urgeant exitum, visum est redemptoris mngistrique
nostri
Jesu Christi in eo imitari cxemplum, quod proxime ad COIestia
rediturus
summis preci bus a Deo Patre ilagitavit, ut aiumni sectatoresque
sui etmente et animo u n u m firent : Rogo.., ut omnes unum sint,
sicut tu
Pater in me, et ego in te, ut et tpsi in nobis unum sint (1).
Qua3 qui-
dem precatio obsecratioque divina quoniam non cos tantum
complectitur
qui tunc in Jesu m Christum crederent, sed etiam quotquot
creditur
relquo tempore essent, ideirco dat i 1 la Nobis causam non
ineptain ape-
riendi fdenter vota Nostra, conandique, quoad possumus, ut h o
min e s ,nullo generis locorumvc discrimine, ad fidei divinee uni
tate m vocentur
atque incidentur universi.
Urgente propositum cantate, quilluc accurrit cclerius,
ubi.opitulandi
ncessitas major, primum quidem provo la t animus ad gentcs
omnium
miserrimas, qua; Evangclii lumen vel nu l lo modo acceperunt,
vcl acccp-
t u m, incuria scu Ionginquitatc, restinxerunt : proptereaque
Deum igno
rant, et in s u m ni o errore versantur. Quoniam salus omnis a
Jesu Christo
proficisciturjTWC enim. aliud nomen est sub catto datum
hominibus, in quo
nos oporteat salvos fieri(2), votorum Nostrorum hoc est
maximum,
posse sacrosancto Jesu nomine cunctas terrarum plagas celcriter
imbu
atque complcri. Qua in re munus effcere sibi demandatum a
Deo
Ecclesia quidem nullo tempore proctermisit. Quid en im
undeviginti
saccula laboravit, quid egit studio constantiaque majore, quam
ut ad
veritatem atque instituta Christiana gentcs adduceret? Hodiequc
frequen
ter maria transmittunt, ad ultima loca progressuri, ex
aucioritate Nostra
(1) Joan., xvi i, 20-21.(2) Act., iv, 12.
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PRJECLARA GRTUIiATIOMIS . 20 JUIN 1894 9
ces dmonstrations d'allgresse et de piet filiale, une
penseobsdait Notre esprit : Nous songions aux multitudes
immensesqui vivent en dehors de ces grands mouvements catholiques,
lesunes ignorant compltement l 'Evangile, les autres, inities, il
estvrai, au christianisme, mais en rupture avec notre foi. Et
celtepense Nous causait, comme elle Nous cause encore une
douloureuse motion. Nous ne pouvons, en effet, Nous dfendre
d'uneaffliction profonde, en voyant une portion si vaste du
genrehumain s'en aller loin de nous sur une route dtourne. Or,comme
Nous tenons ici-bas la place de Dieu, de ce Dieu tout-puissant qui
veut sauver tous les hommes et les amener lavrit; comme d'ailleurs
le dclin de Notre ge et les amertumes
Nous rapprochent de ce qui est le dnouement de toute viehumaine,
Nous avons cru devoir imiter l'exemple de notreSauveur et Matre,
Jsus-Christ, qui , prs de retourner au ciel,demanda Dieu son Pre,
dans Peffusion d'une ardente prire,que ses disciples et ses fidles
fussent un d'esprit et de cur : Je
prie... qu'ils soient tons un, comme vous mon Pre en moi et moi
envous, afin qu'eux aussi soient un en nous (1). Et, parce que
cetteprire n 'embrassait pas seulement tous ceux qui
professaient
alors la foi de Jsus-Christ, mais tous ceux qui la devaient
professer dans la suite des temps, elle Nous est une juste raison
demanifester avec assurance les vux de Notre cur et d'user detous
les moyens en Notre pouvoir, pour appeler et convier tousles
hommes, sans distinction de nation ni de race, l'unit de lafoi
divine.
Sous l'aiguillon de la charit, laquelle accourt plus rapide
l
o le besoin est plus pressant, Notre cur vole tout d'abordvers
les nations qui n'ont jamais reu le flambeau de l 'Evangile,vers
celles encore qui n'ont pas su l 'abriter contre leur propreincurie
ou contre les vicissitudes du temps : nations malheureusesentre
toutes, qui ne connaissent pas Dieu et vivent au sein d'uneprofonde
erreur. Puisque tout salut vient de Jsus-Chris t etqu*7 n'est point
sous le ciel d'autre nom donn aux hommes, parlequel nous puissions
tre sauvs (2), c'est Notre vu le plus
ardent que le trs saint nom de Jsus se rpande rapidement
surtoutes les plages et les pntre de sa bienfaisante vertu. A
cetgard, l'Eglise n'a jamais failli sa mission divine. O
dpense-telle plus d'efforts depuis vingt sicles, o dploic-t-elle
plusd'ardeur et de constance que dans la diffusion de la vrit et
desinstitutions chrtiennes? Aujourd'hui encore, c'est bien
souventque Ton voit des hrauts de l 'Evangile iranchir les mers pa
r
(1) Joan., x v n 20-21.(2) Act., iv, 12.
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10 L E T T R E A P O S T O L I C H E D B S . S . L E O N X I I
I
prrecones Evangclii : quolidicque a Deo conlcndimus ut
multiplicare
benigne vel t sacroruin administros, dignos imi nere apostolico,
qui scili
cet commoda sua et incolumitatem et vitam ipsam si res
postulavcrit, pro
Christi regno amplificando non dubitcnt devovcre.
Tu vero propera, Immani generis servalor et parens Jesu Christ :
exequi ne diflcras quod nlim te dixisti facturum, ut cum cxaltatus
esses a
terra, omnia traheres ad te ipsum. Ergo illaberc aliquando,
aLque ostcnde
te multitudiiii infinita, heuclicioruiu maximorum, qurc cruore
tuo pepe-
risti mortaiibus, adhuc experti : excita sedentcs in tcnehris et
umbra
mortis , ut radi is illustrati sapienti^ virtutisque tuie, in te
et per te sint
consummati in unum.
Cujus quidem unitatis sacramentum cogitantibus, occurrit Nobis
uni
versi las populorum, quos ab erroribus diuturnis ad cvangelicani
sapien
tiam divina pietas, jamdiu traduxit. Nihi l profecto ad
recordalionem
jucundius, neque ad laudem providentissimi numinis prtcclarius
velerum
memoria temporum, cum fides divinitus accepta Patrimonium
communeatque individuimi vulgo hahebatur : cum excultas humanitate
gcntes,
locis, iugenio, moribus disstas, licet aliis de rebus sajpe
dissidercnt,
dimicarcnt , nihilominus in co, quod ad regionem pertinet ,
fides Chris
tiana universas conjugabnt. Ad hujus recordationem memoria},
nimis
agre fert animus, quod successu retatum, suspic ionibus inimicit
iisque
commotis, magnas ac florentcs nationcs de sinu Ecclesia! romana?
male
auspicata tempora abstraxerint. Utcumque sit, Nos quidem gratia
confisi
misericordiaque omnipotentis Dei, qui novit unus opitnlandi
maturi-
tates, et cujus in potcstate est eo, quo vult , voluntates
hominum (ledere,
ad eas ipsas nationes adjicimus animum, easdemque caritate
paterna
hortamur atque obsecramus, ut redire, compositis dissidiis,
velint ad
. unitatem.
Ac primo pera men ter respic imus ad Oricntem, unde in orbem
univer
sum initio profeeta salus. Videlicet expectatio desidcrii Nostri
jucundam
spem inchoare, non longe abforc ut redeant, unde discesscrc,
fide avita
gloriaque vetcre il lustres, Ecclesia? orientales. Eo vel
rriagis quod non
ingenti discrimine scjunguntur : imo, si pauca excipias, sic
cetera consen
ti mus, ut in ipsis catholici nominis vindiciis non raro ex
doctrina, exmore, ex ritibus, quibus orientales utentur, testimonia
atque argumenta
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Fil DECLARA GRATULATIONIS , 20 JUIN 1894 11
Notre autorit, et s'en aller jusqu'aux extrmits de la terre:
ettous les jo ur s, I D U S suppl ions la bont divine de voulo ir
mul tiplier les ministres sacrs, vraiment dignes du ministre
apostolique, c'est--dire dvous l'extension du rgne de Jsus-Christ,
jusqu'au sacrifice de leur bien-tre et de leur sant, et,s'il le
faut m m C j jusqu' l'immolation de leur vie.
Et vous, Christ Jsus, Sauveur et Pre du genre humain, htez-vous
de tenir la promesse que vous ftes jadis, que, lorsque vousseriez
lev de terre, vous attireriez vous toutes choses. Descendez donc
enfin, et montrez-vous cette multitude infinie, quin'a pas encore
got vos bienfaits, fruits prcieux de votre sangdivin. Rveillez ceux
qui dorment dans les tnbres et dans les
ombres de la mort, afin qu'clairs de votre sagesse et pntrsde
votre vertu, en vous et par vous, ils soient consomms dans
l'unit.Et ma in tenant , voici que la pense de cette unit mystr
ieuse
voque Nos re ga rd s tous ces peuples, que la bont div ine
atransfrs depuis longtemps d'erreurs plusieurs fois sculairesaux
clarts de la sagesse vanglique. Rien assurment de plusdoux au
souvenir, rien qui prte un plus beau sujet aux louangesde la
Providence , que ces temps antiques , o la foi divine taitrega rde
comme un pat rimoine co mmun , au-des sus de toutes les-divisions :
alors que les nations civilises, de gnie, de mursde climats si
divers, se divisaient souvent et combattaient surd'autres terrains,
mais se rencontraient toujours, unies et compactes , su r celui de
la foi. C'est po ur Pme un cruel d senc hantement d'avoir se
trouver dans la suite en face d'une p oq uemalheureuse, o de
funestes conjonctures, trop bien servies par
des suspicions et des ferments d'in imiti , ar rachren t du
seinde l'Eglise ro ma ine de gr and es et florissantes na tion s.
Quoiqu'il en soit, confiant dans la grce et la misricorde de ceDieu
tout -puissan t, qui sait seul quand les temp s sont m r spo ur ses
largesses , qui seul aussi tient en sa main /toutes les-volonts
humaines pour les incliner o il lui plat, Nous Noustournons vers
ces peuples et, avec une charit toute paternelle,Nous les prions et
les conjurons d'effacer toute trace de division,
et de revenir l'unit.Et tout d'abord, Nous portons
affectueusement nos r ega rds
vers POrient, berceau du salut p ou r le genre hu ma in . Sous
Pem pire d'un ar de nt dsir , Nous ne pourrons Nous dfendre de
cette 1
douce esprance que le temps n'est pas loign o elles reviendront
leur point de dpart, ces Eglises d'Orient, si illustrespa r la foi
des aeux et les gloires an tiques . Aussi bien, en t re
elles et Nous, la ligne de dmarcation n est-elle pas trs
accentue : bien plu s , par t quelques po in ts , l'accord su r le
reste estsi complet, que, souvent, po ur l'apologie de la foi catho
lique, .
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12 L E T T R E A P O S T O L I Q U E D E S . S . L O N X I I
I
promamus. Prmcipuum dissidii caput, de romani Ponlificis
primatu.
Veruni rcspicianl ad initia, videanl quid majores senserint sui,
quid
proxima originibus as ta s tradidcrit . Inde en im vero i I lud
Christi divinum
testimonium : Tu es Petrus et super hanc petram dificabo
Ecclesiam
meavi, hiculcnler extat de romanis pontifieibus comprobalum.
Atque inPontifcuin numero leetos ex Oriente ipso non pancos prisca
vidit mlas,
inprimisque Anacletum. Evaristum, Anicetum, Klcuthcrium,
Agathoncm,
Zozimum : quorum plerisquc contigit, ut universa! Christianas
reipu-
blicff administralionem sapicnter sancLeque geslani profuso etam
san
guine consecrarent. Plane liquet quo tempore, qua causa, qui bus
auc-
toribus infelix excitata discordia. Ante illud tempus, quo
tempore bomoseparavit quod Deus conjunxerat, sanctum erat apud
omnes christinni
orbis gen tes Scdis Apostolico? nomen, romanoque Pontifici, ut
beati Petri
successori legi timo, ob eamque rem Jesu Christi in terris
vicario, Oriens
parilcr atque Occidcns consentientibus sententiis s ine ulla
dubilatione
parebant. liane ob causam, si respiciatur ad initia dissidii,
Pbotius
ipse oratores de rebus suis Komam destinandos curnvit : Nicolaus
vero I
JJontifcx maximus Constantinopolim legatos suos, nullo contra
dicente,
ab Urbemisit, ut Ignatii Patriarch causam dilig enter in vesti g
areni,et Sedi Apostolic plenis ac veracibus referrent indiciis :
ita ut tota reigestm h istoria primatum romanae Scdis, quacum
dissensus tum erumpe-
bat, aperte confirmed Denique in Conciliis magnis tum
Lugdiincnsi 11
tum Florentino, supremam romanorum Pontifcum potesttem nemo
ignort, facili consensione et una omnes voce, latinos graecosque
ut dogma
sanxisse.
Ista quidem ob hanc rem consulto revocavinius, quia
adreconcilandam
pacem velut invitamenia sunt : eo vel magis, quod hoc tempore
perspi-cere in oricntalibus videmur multo mitiorem erga eatholicos
an im um ,
imo propensione qua nula m benevolentis voluntat is . Id n omina
ti m non
multo ante apparuit, cum scilicet nostris, pietatis causa in
Oricntem
advectis, egregia humanitatis amicitiacque praistita officia
vidimus.
Itaquc os Nostrum patet ad vos, quotquot es ti s, grrceo aliove
orientali
ritu, Ecclesia1
, catholicic discordes. Magnopere vel imu s, reputet un us
-auisaue apud se illam Bessarionis ad patres vestros plcnam
amoris
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P R E C L A R A G R A T U L A T I O N S , 20 J U I N 1894 13
Nous empruntons des autorits et des raisons aux doctrines, auxm
ur s, au x rit es des Eglises orientales Le point capital de
ladissidence, c'est la primaut du Pontife romain. Mais
qu'ellesremontent nos origines communes, qu'elles considrent
lessentiments de leurs ancotres, qu'elles interrogent les
traditionsles plus voisines du commencement du christianisme,
ellestrouveront l de quoi se convaincre jusqu' l'vidence que
c'estbien au Pontife romain que s'applique cette parole de
Jsus-Christ : Tu es Pierre et sur cette pierre je btirai mon
Eglise.Et dans la srie de ces Pontifes romains, l'antiquit en
vitplus ieur s que les suffrages ta ient alls che rcher en Orient
:au premier rang Anaclet, Evariste, Anicet, Eleuthre, Zozime,
Agathon , don t la pl up ar t eurent cette gloire de consac rer
deleur sang un gouvernement tout empreint de sagesse et de saintet.
On n'ignore pas d'aill eurs l'poque, le mobile, les au te ur sde
cette fatale discorde. Avant le jour o l'homme spara ce queDieu av
ai t uni, le nom du Sige Apostolique tai t sacr pourtoutes les
nations de l'univers chrtien: et, ce Pontife romain,qu'ils
s'accordaient reconnatre comme le lgitime successeurde saint
Pierre, et partant comme le Vicaire de Jsus-Christ sur
la terre, ni l'Orient ni l'Occident ne songeaient contester
letribut de leur obi ssan ce . Aussi, si l'on remonte jusqu
'auxorigines de la dissidence, on y voit que Photius lui-mme asoin
de d pu te r Rome des dfenseurs de sa cause : on y voit ,d'autre
part, que le pape Nicolas I e r peut, sans soulever d'objection,
envoyer des lgats de Rome . Constantinople, avec mission
d'instruire la cause du patriarche Ignace, de recueillir d'ampleset
sres informations, et de rfrer le tout an Sige Apostolique.De sorte
que toute l'histoire d'une affaire qui devait aboutir larupture
avec le Sige de Rome fournit celui-ci une clatanteconfirmation de
sa primaut. Enfin, nul n'ignore que, dansdeux grands Conciles., le
second de Lyon , et celui de Florence ,Latins et Grecs, d'un accord
spon tan et d'une commune voix ,proc lamrent comme dogme la sup rm
ati e du Pontife ro ma in .
C'est dessein que Nous avons re trac ces vnements, pa rce
qu'ils por te nt en eux-mmes un appe l la rconcil iation et la
pa ix . D'au tant plus qu'il no us a sembl reconnat re chezles Or
ien taux de nos jo ur s des disposit ions plus conci liantes l'gard
des catholiques, et mme une certaine propension h labienveillance.
Ces sentiments se sont dclars nagure dans unecirconstance notable,
quand ceux des n tres , que la pi t av ai tports en Orient, se sont
vu prodiguer les bons offices et toutes
les marques d'une cordiale sympathie. C'est pourquoiNotre
cur s'ouvre ci vous, qui que vous soyez, de ri te grec ou detout
autre rite oriental, qui tes spars de l'Eglise catholique.
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14 LETTRE APOSTOLIQUE DE S. S. LON XIII
gravitatisquc orationcm :Qu nobis r clin que tur apud Deum
responsio,quare a fratribus divisi fuerimus, quosut unirei et ad
unum ovile redi
gerei., ipse descendit de cesio, incarnatus et cruci'fixus est?
qu nostra defcnsio erit apud posteros nostros? non patiamur MPG,
Paires optimi :
non habeamns hanc sententiam, non ita maie nobis consulamus
etnostris. Qnm sint postulata Nostra, probe per se ipsa et corani
Deoperpendite. Nullfl quidem humana re, sed cantate divina,
communisquesnulis studio permoti, reconcilialionem conjunctoncmquc
cum Ecclesia'romana suademus : conjunctionem intclligmus plcnam ac
perfectam :talis enim esse nullo modo potest ea, qu, nihil amplius
inducat, quamcertain aliquam doginatum credendorum concordiam
fratermeque cari-
tatis commutationem. Vera conjunctio inter chrislianos est, quam
anctorEcclesia?. Jesus Christus instituit vnlntquc, in fdei et
regiminis uni tate,consislens. Neque est cur dubitelis, quidquain
propterca vel Nos velsuccessorcs Nostros de jure vestro, de
patriarchalibus privilcgiis, derituali cujusque Ecclesia^
consuetudine detracturos. Quippe hoc ctiamfuit, idemque est
perpetuo futurum in Consilio disciplinaquc ApostlicasSedis positum,
propriis cujusque populi originibus moribusque ex acquo
et bono non parce tribucre. At vero redmtegrata nohiscum
conimu-nionc, minim profecto quanta Ecclesiis vestris dignilas
quantum decus,divino muere, accedet. Sic igitur vestram ipsorum
supplicat ionem Deusperbenigne audiat. Fac cessent Schismata
ecclesiarum (1), atquc Con-
gvega dispersos et reduc errantes, et conjunge sanct tuce
catholic et apostolices Ecclesi(2) : sic ad illam restiluamini unam
sanctamquefidem, quam ultima vetustas nobis perinde vohisque
constantissime
tradidit; quam patres ac majores vestri inviolate servarunl :
quam ipsa msplendore virtutum, magnitudine ingenii, excellent ia
doctriiifp certa ti millustraverc Athanasius, Basilius, Gregorius
Nazianzenus, Joannes Chry-sostomus, uterque Cyrillus, aliique magni
complures, quorum gloria adutramque Ecclesiam verissime pertinet,
tamquam communis qua?damdignitatis hereditas.
Vosque nominatim compellarc hoc loco liceat, Slavorum gentes
universas, quarum claritudinem nominis complura rerum gestarum
monumenta testantur. Nostis quam egregie de Slavis meruerint sancti
in fidepatres Cyrillus et Methodius, quorum memoriam Nosmetipsi
honore
il) Ilauaov Ta AX/apiata TWV exxXTjauov (In liturg. S.
Basilii).
(2) Tou EAXOPMAFJIEVOUC 7rtavyay, xolq 7CE7cXav7)p,Evou
Tcavayaye, xaiodyatpov xr yot aou xa8oXtxr xat ct7C0(JToXixj
'ExxXijafqe (Ib.),
-
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PRECLARA GRATUXATIONIS , 20 JUIN 1894 15
Nous souhaitons vivement que vous mditiez en vous-mmesces graves
et tendres paroles que Bcssarion adressait vosPres : Qu'aurons-nous
rpondre Dion, quand il nous deman
dera compte de cette rupture avec nos frres, lui qui, pour
nousassembler dans Vunit d'un mme bercail, est descendu du
ciel,s'est incarn* a t crucifi ? El quelle sera- notre excuse
auprsde notre postrit ? Oh ! Ne souffrons pas cela, n'y donnons
pasnotre assentiment, n'embrassons pas un parti si funeste pournous
et pour les ntres. Considrez bien ce que nous demandons, pesez-le
mrement devant Dieu. Sous l'empire, non pascertes de quelque motif
humain, mais de la charit divine et duzle du salu t commun, Nous
vous demandons le r ap proche ment
et l'union : Nous entendons une union parfaite et sans rserve
:car telle ne saurai t tre aucunement celle qui n'impl iquerait
pasautre chose qu'une certaine communaut de dogmes et un certain
change de charit fraternelle . L'union vritable nt re leschrtiens
est celle qu'a voulue et institue Jsus-Christ et qu :
consiste dans l'unit de foi, de gouvernement. Il n'est rien
d'ailleurs qui soit de na tu re vous faire cra indre, comme
consquGnce de ce retour, une diminution quelconque de vos
droits,
des priv ilges de vos pa tr ia rcat s, des rites et des coutumes
devos Eglises respectives. Cnr i l fut et il sera toujours dans
lesintentions du Sige Apostol ique,. comme dans ses tradit ions
lesplus constantes, d'user avec chaque peuple d'un grand espritde
condescendance, et d'avoir ga rd , dans une large mes ur e, ses
origines et ses coutumes, Tout au contra ire, quel'union vienne se
rtablir, et il sera certainement merveilleuxle surcrot de lustre et
de grandeur qui,sous l'action de la grcedivine, en rejaillira sur
vos Eglises. Que Dieu daigne entendrecette supplication que vous
lui adressez vous-mmes : Abolissez
toute division entre les Eglises ; et cette autre : Rassemblez
lesdisperss, ramenez les gars, et runissez-les votre sainte Eglise
catholique et apostolique. Qu'il daigne vous ramener cette foi une
et sainte, qui, par le cana l d'une tradition cons tantenous vient,
et vous et Nous, de l'antiquit la plus recule,
cette foi dont vos anctres gardrent inviolablement le dpt,qu '
illustrrent h Fenvi. par l'clat de leurs vertus, la sublimitde leur
gnie, l'excellence de leur doctrine, les Athanase, lesBasile, les
Grgoire de Nazinze, les Joan Chrysostome, les deuxC yrille et ta nt
d'autres grands docteurs dont la gloire ap pa rt ie nt FOrient et
l'Occident comme un hri ta ge commun.
Qu'il Nous soit permis de vous adresser un appel spcial,
vous, nations slaves, dont les monu me nt s historiques atte
sten tlagloire. Vous n'ignorez pas les grands bienfaits dont vous
tesredevables aux saints Cyrille et Mthode, vos Pres dans la
foi,
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16 LETTRE APOSTOLIQUE DE S. S. LON XII
Cantate non minore ad populos respicimus, quos recensore
memoria,
insolita q il neda m rerum tempnrumque conversio ab Ecclesia
romana
sejunxit. Varus exactorum temporum casibus obliv ione dimiss is
, cogi-
tationem supra humana omnia erigant, animoque veritatis et
salutis
unice cupido, repulent apud se constitulam a Christo Ecclesiam.
Quacum
si velint congregationes conferre suas, et quo loco in illis
religio sit est i
mare, facile dnbunt, se quidem multis maximisque in rebus,
primor-
diorum obli tos, ad nova errore vario defluxisse: ncque
difftebuntur, ex
eo velut patrimonio veri tatis, quod nova rum rerum auctores
secum in
secessione avexerant, nullam fere formuJam (idei certam atque
auctori-
tate pnrdilam apud ipsos superesse . I in ni o vero il luc jam
deventum, ut
multi non vereantur fundamentum ipsuin convellere, in quo
religio tota
et spes omnis mortalium unice nititur, quod est divina Jesu
Christi
Servatoris natura. Pariter, quos antea novi veterisque
Testamenti libros
affrmabant divino a fila tu conscriptos, eis nunc talcm abnegant
aucto
r i s lem : quod sane, data cuilibet potestate interpretandi
sensu judi-
cioque suo, omnino consequi erat necesse. Hinc sua cujusque
con-
scientia, sola dux et norma vitre, qualibet alia rejecta agendi
regula : hincpugnantes inter se opiniones et secta; multplices,
eacdemquc pcrsrcpe in
naturalismi aut rationahsmi placita abeuntes. Quocirca,
despcrato senten-
liarum consensu, jam conjunctionem predicant et commendant
fraterna?
caritatis. Atque id sane vere: quandoquidem caritate mutua
conjuncti
esse universi debemus : Id cnim maxime Jesus Christus prcecepit,
atque
banc voluit esse sectatorum suorum notam, diligere inter se.
Verum quipotest copulare nimos perfecta caritas, si concordes
mentes non effecerit
debito augendam aliquot ante annis curavimus. Eorum virtute et
labo-
ribus parta plerisque e genere vestro populis humanitas et
salus. Que
factum ut Slavoniam inter et romanos Ponlifices pulcherrima
vicissiludo
bine beneficiorum, illinc fidelissima; pietatis diu extiterit.
Quod si
majores vestros misera temporum calamitas magnam parteni a
professione romana alienavit, considerate quanti sit redire ad
unitatem. Vos
quoque Ecclesia pergit ad suum revocare complexum, salutis,
prosper-
tatis, inagnitudinis praesidium multiplex prbitura.
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PItSCLARA GRATUTATIONIS , 20 JUIN 1894 17
si dignes des honneurs que Nous avons Nous-mmeJI y a quelques
annes, dcernes leur mmoire. Leurs vertus et leurlaborieux aposto
lat furent pour plusieurs des peuples de vo tr erace la source de
la civilisation et du salut. C'est l l'origine del'admirable
rciprocit de bienfaits d'une part, de pit filialede l'autre, qui
rgna, pendant de longs sicles, entre la Slavonieet les Pontifes
romains. Que si le malheur des temps a pu ravir la foi catholique
un grand nombre de vos anctres, vous, considrez combien serait
prcieux votre retour l'unit. Vousaussi , l'Eglise ne cesse pas de
vous rap pe le r entre ses b ras ,pour vous y prodiguer de nouveaux
gages de salut, de prospritet de grandeur.
C'est avec une charit non moins ardente que Nous Nous tournons
maintenant vers ces peuples qui, une poque plusrcente, sous le coup
d'insolites renversements et des temp s etdes choses, quittrent le
giron de l'Eglise romaine. Relguantdans l'oubli les vicissitudes du
pass, qu' ils lvent leur espr itau-des sus des choses hum ain es ,
et qu'av ides uniquement de vritet de salut, ils considrent
l'Eglise fonde par Jsus-Christ. Siavec cette Eglise ils veulent
ensuite confronter leurs Eglises
particulires, et voir quelles conditions la religion s'y
trouverduite, ils avoueront sans peine qu'tant venus oublier
lestraditions primitives, sur plusieurs points et des plus
importants, le flux et le reflux des variations les a fait glisser
dans lanouveaut. Et ils ne disconviendront pas que, de ce
patrimoinede vrit que les auteurs du nouvel tat de choses
avaientemport avec eux lors de la scession, il ne leur reste plus
gu re
aucune formule certaine et de quelque autorit. Bien plus, onen
est venu ce point, que beaucoup ne craignent pas de saperic
fondement mme sur lequel reposent exclusivement lareligion et
toutes les esprances des humains, savoir la divinit de Jsus-Christ,
notre Sauveur. Pareillement, l 'autoritqu'ils attribuaient
autrefois aux livres de l'ancien et du' nouveauTestament, comme des
ouvrages d'inspiration divine, ils laleur dn ient aujourd'hu i :
consquence invitable du droi t con
fr chacun de les int erpr te r au gr de son p ro pre ju gem en
t. De l, la conscience ind ividuelle , seul guide de la conduiteet
seule rgle cle vie, l'exclusion de toute autre; de l, desopinions
contrad ictoires et des fractionnemen ts mul tip les,aboutissant
trop souvent aux erreurs du naturalisme ou du
rationalisme. Aussi , dsesprant d'un accord quelconque dansles
doctrines, prchent-ils maintenant et prnent-ils l 'union dansla
chan t fraternelle. A jus te titre assu rm ent , car nous dev
ons
tous tre unis des liens de la charit, et ce que Jsus-Christ
acommand par-dessus tout, ce qu'il a donn comme la marque
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18 LETTRE APOSTOLIQUE DE S. S. LON XTI
Ad plenum optatissimne unitatis concentum, reliquum est ut ad
cos,
quotquot tolo orbe sunt, transgrediatur oratio, quorum in salute
diuevigilant cu rae cogUntionesque Nostra; catholicos intelligimus,
quos
romana) professio fidei uti obedientes facit Apostlica; Sedi,
ita tenet cum
Jesu Christo conjunetos. Non i i quidem ad veram sanetamque
unitatem
cohorlandi, quippe cujus jam sunt, divina bonitate, compotes :
monendi
(1) Eph M IV, 13.
fides? His de causis com plu res coram de quibus loquiniur. sano
judi-
co, vcritalisque studiosi, certam salutis viam in Ecclesia
cathoiica qu-
sivere, cum plane intelligcrent neququam sc posse cum Jesu
Christo
tanqnam capite esse conjunclos, cujus non adlurrcscerent
corpori, quod
est Ecclesia : nec sincerarli Christi fidem adipisci, cujus
magistcrium legi-liimim Petro et sucecssoribus traditimi,
repudiarc.nl. Ii videlicet in
Ecclesia romana expressam vera; Ecclesia?, speciem atque
imaginen) dis-
pexere, inditis ah anetore Doo notis plane conspicuam : ideoque
in ipsis
numerantur multi, acri judicio acerrimoque ad anliquitatcrn
cxcuUcndam
ingenio, qui Ecclesia? remanir ab Apostolis continuatonem,
dogmatum
intcgrilatcm, disciplina? constantiam scriptis egregiis il lu
strarmi. Igiturhornm virorurn proposito cxemplo, compcllat vos plus
animus quam
oratio, fra tres nostri, qui tria jam sfrcnla nobiscum de fide
Christiana
dissidetis, iternque vos, quoteumque deinceps quavs de causa
seorsum
a nobis abiistis, Ocourramus omnes in unitatem fidei et
agnilionis filii
J3fi(l). Ad banc unitatem, qua? nullo tempore Ecclesia
cathoiica? defuit,
nec potest ulla ratione deesse, siiiite ut vos invitemus,
dextramque pera-menter porrigamus. Vos Ecclesia communis parens, ja
nul in revocai ad
se, vos calholici universi fraterno desiderio expectant, ut
snele nobiscum
colali Dcuni, unius Evnngelii, unus fidei, unius spei
professione in
caritate perfecta conjunct
http://repudiarc.nl/http://repudiarc.nl/http://repudiarc.nl/
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PMSC^ARA GRATUIiATONIS , 20 JUIN 19
de ses disciples, c'est do s'aimer les uns les autres. Mais
commentune charit parfaite pourrait-elle cimenter les curs, si la
foi nemet l'uni t dans les es pr it s? C'est pourquoi il s'en est
rencontr, parmi les hommes dont Nous parlons, esprits judicieux,
et,curs avides de vrit, qui sont venus chercher dans l'Eglisecatho
lique la voie qui condui t sr eme nt au salut. Ils compr
irentqu'ils ne pouvaient adhrer la tte de l'Eglise qui est
Jsus-Christ s'ils n'appartenaient au corps de Jsus-Christ qui
estl'Eglise, ni aspirer possder jamais dans tonte sa puret lafoi de
Jsus-Christ, s'ils en rpudiaient le mag istre lgit ime,confi Pierre
et ses successeurs. Ils comprirent, d'autre pari,que dans la* seule
Eglise ro ma in e se trouve rali se l'ide ,
reproduit le type de la vritable Eglise, laquelle est
(railleursvisible tous les yeux par les marques extrieures dont
Pieu,son au te ur , a eu soin de la revtir . El plusieurs d'entre
eux,dous d'un jugement pntrant et d'une sagacit merveilleusepour
scruter l 'antiquit, surent mettre en lumire, par de remarquables
cri ts, l'apostolicit non in te rrompue de l'Eglise romaine,l' inl
gni de ses dogmes, la constante uniformit de sa disc ipline.
Devant l'exemple de ces hommes, c'est Notre cur plusencore que
Notre voix qui vous fait appe l, frres bi en -a ims ,qui, depuis
trois sicles dj, tes en dissidence avec Nous surla foi chr t ienne;
et vous tous , qui que vous soyez, qui, po urune raison ou pour une
autre, vous tes spars de Nous, rallions-
nous tous dans l'unit de la foi et de la connaissance du Fils
deDieu (1). Souffrez que Nous vous tendions affectueusement lamain,
et que Nous vous conviions celte unit qui ne fit jamais
dfaut l'Eglise catholique, et que rien ne lui pourra
jamaisravir. Depuis longtemps, celte commune Mre vous rappelle
surson sein; depuis longtemps, tous les catholiques de 1
universvous at tenden t, avec les anxits de l' amour fra ternel ,
afin quevous serviez Dieu avec Nous, dans l'unit d'un mme
Evangile,d'une mme foi, d'une mme esprance, dans les liens
d'uneparfaite charit.
Po ur clore l'express ion de Nos v ux au sujet de l'unit, il
Nous reste adresser la parole , tous ceux, sur quelque point
dela terre qu'ils se trouvent, qui tiennent si constamment en
veilNos penses et Nos sollicitudes : Nous voulons parler des
catholiques que la profession de la foi romaine assujettit au
SigeApostolique comme elle les tien t un is Jsus-Chr ist.
Ceux-l,Nous n'avons pas besoin de les exhorter l'unit de la
Sainteet v ri table Eglise, car la bont divine les en a dj re ne du
s
part icipants . C e pendant, Nous devons les avertir de redoute
1 s(1) Eph., iv, 13.
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20 LETTRE APOSTOLICHE D R S. S . LEON XIII
tarnen nc, ingravantibus iiricliqnn prriculis, summum Dei
bencficium
sorordia atque ignavia corruinpaiiL. ilujus rei gratin, quae
Nosmctipsi
gcnlibus catholieis vcl universis vcl singulis alias documenta
dcdi mus ,
ex iis cogitandi agcndiquc normam opporlune sunianl; illudquc
impri
mis vc lu l sum mam si hi legem statuant, magisterio
auctoritatique Ecclesia?non anguste, non diflidentcr, scd tolo
animo et porlibente volntate
omnibus in rebus osse parendum. Qua in re animum adverlanl ,
i 11 li ri quam vnldc sii unitati chritiauae perniciosum, quod
germanam
forma ni notionemque Recles in*, varius opinoniini error passim
obscuravit,
dclevit. Ea quippc, Dei eonditoris volntate ao jussu, soeietas
est genere
suo perfecta ; cujus officium ac munus est imbuere prirccptis
institutis-que evangelici genus humanuni, tuendaque integri ta Le
morum et chris-
tiauarum exercitationc virtutum, ad cani, quae unicuique bominum
pro
posita in cadis est, felici (aLem adducere. Quoniamque soeietas
est,
uti diximus, perfecta, ideirco vim habet virtutcnique vita?, non
extrin-
sccus haustam, sod Consilio divino et. suapte natura insilam :
eademque
de causa nativam habet legum fercndarum potestalem, in iisque
ferendis
rectum est cam subesse nomini : itemque aliis in rebus, qum sint
ju r i s
sui, oportet esse lihc.ram. Qua; Lamen berlas non est ejusmodi,
ut ullum
det rcinulalioni invidiarne locum : non cnim polen ti am
consectalur
Ecclesia, ncque ulla cupiditatc sua impellilur, scd hoc vult,
hoc expetit
unicc, tueri in hominibus officia virlulum, et hae ratione hac
via, sem
pi tornan coni m saluti consulcre. Ideoque faci lila tem
indulgenliamque
maternam adhibere solet : imo etiam non rare contingit, ut plura
temporibus civitatum tribuens, uti jure suo abstineat : quod sane
pacla ipsa
abunde testantur cum impcriis siepe conventa. Nihil magis ab
ea
alenum, quam raper ad se quicquam de jure imperii : sed
vicissim
ve rea tur imperium nccesse est jura Ecclesia!, caveatque ne ul
lam ex iis
partem ad se Iraducnt. Nunc vero, si res el facta spectentur,
cujus-
modi est temporum cursus? Ecclcsiam videlicet suspectam habere,
fastidire, odisse, invidiose criminari nimis mul t i consuevcre :
quodque mu l to
gravius, id agunt omni ope et contontione, uldilioni
gubernatorum civi
tatis faciant servicntem. Hinc sua ipsi et erepta bona, et
deduca in
angustimi libertas: hinc alumnorum sacri ordinis circumjccla
diffculla-
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PRAGTARA GRA.TULTIONIS , 20 JUIN 1894 21
prils qui s' aggraven t de toutes parts et de veiller ne poin
tperdre, par ngligence et inertie, ce suprme bienfait de l)icu.Pour
cela, qu'ils s'inspirent des enseignements que Nous avonsNous-mme
adresss aux nations catholiques et en gmirai eten particulier, et
qu'ils y puisent, selon les circonstances, desprincipes pour leurs
sentiments et des rgles pour leur conduite.Par-dessus tout, qu'ils
se fassent une loi souveraine de se plier,sans reserve et sans
dfiance, de gr an d cur et d'un*1 volontprompte, tous les
enseignements et toutes le prescriptionsde l'Eglise-.
ce sujet, qu'ils comprennent combien il a t funeste l'unit
chrtienne, que des ides fausses, en si grand nombre,
aient pu obscurc ir et effacer m m e dans beaucoup d'espr its
lavritable notion de l'Eglise. L'Eglise, de par la volont et
Tordrede Dieu, son fondateur, est une socit parfai te en son genre
:socit dont la mission et le rle sont de pntrer le genrehumain des
prceptes et des institutions vangliques, de sauvegarder l'intgrit
des murs et l'exercice des vertus chrtiennes,et par l de conduire
tous les hommes cette flicit cleste quileur est propose. Et parce
qu'elle est une socit parfaite, ainsi
que nous l'avons dit, elle est doue d'un principe de vie qui
nelui vient pas du de hors , mais qui a t dpos en elle pa r lemme
acte de volont qui lui donnait sa na tu re . Po ur la m meraison,
elle est inves tie du pouvoi r de faire des lois, et,
dansl'exercice de ce pouvoir, il est juste qu'elle soit libre,
commecela est ju st e d'ail leu rs po ur tout ce qui pe ut ,
quelque ti tr e,
-.relever de son autorit. Cette libert, toutefois, n'est pas
de
nature susc iter des rivalit s et de l' an tagoni sme; car
l'Eglisene brigue pas la puissance, n'obit aucune ambition : mais
cequ'elle veut, ce qu'elle poursuit uniquement, c'est de
sauvegarderparmi les ho mmes l'exercice de la vertu, et pa r ce
moyen d'as surer leur salu t te rnel . Aussi est-i l dans son
caractre dhiserde condescendance et de procds tout maternels. Bien
plus,faisant la par t des vicissi tudes de ch aq ue socit, il lui
ar ri vede relcher l 'usage de ses dr oi ts : ce qu' atte sten t su
rabon dam
ment les conventions passes souvent avec les diffrents Etats.
Rien n'est plus loign de sa pense que de vouloir empiter surles
droits de l'autorit civile : mais celle-ci, en retour, doit
trerespectueuse des droits de l'Eglise, et se garder d'en usurper
lumoindre part. Et si maintenant Nous considrons ce qui sepasse de
notre temps, quel est le courant qui domino? Tenirl'Eglise en
suspicion, lui prodiguer le ddain, la haine, les incriminations
odieuses, c'est la coutume d'un trop grand nombre ;
et ce qui est beaucoup plus grave, c'est qu'o puise tous
lesexpdients et tous les efforts pour la mettr e sous le joug de
Tau-
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2 2 LRTTRR APOSTOLIQUE DE S. S. LON XUI
tihus institulio : periata in clerum singulari severi ta te
leges : dissoluta?,
prohibits, optima ebristiani nominis prsrsiflia rcligiosoruin
sodalitntes :
brevi, regalislamm prmcepla alcftic acta acerbius renovata. Hoc
quidem
est vim a (Terre sanctissimis Ecclesia^ juribus : quod maxima
gignil civila-
tibus mala, prnptcrea quod cum divinis consiliis aperte pugnai.
Princcpsen im atque opiex mundi Deus, qui bominum congregation! et
civilem
et sacram potcstatem providentissime prroposuit, distinctas
quidem per
manere cas voluit, at vero sejunctas esse et configgere vetutl.
Quin inmio
cum Dei ipsius voluntas, tum commune societatis bumanre bonum
0111-
nino postulat, ut potest? civilis in regendo gubernandoque rum
eccle
siastica conveniat. Ilinc sua et propria sunt imperio jura atque
officia,sua item Ecclesia; : sed alterimi cum altera concordine
vinclo cnlligatum
esse necesse est. Ita sane futurum, ut Ecclesia?, inipcri ique
necessitu-
dincs mutua ab iIla sese expdiant perturbaUone, qu nunc est,
non
uno nomine improvida, bonisque omnibus permolesta : pariterqnc
im-
petrabitur, ut non pcrmixts, ncque dissoeiatis utriusque
rationibus,
reddant cives qu sunt Csaris, Csari> qu sunt Dei, Deo.
Simili modo magnum unitati discrimen ab ea nominimi secta
impendet, quin Massonica nominatur, cujus funesta vis nationes
pra*-
scrtim catholicas jamdiu promit. Turbulentorum temporum nacta
favo-
rem, virbusque et opibus et successu insolescens, dominatum
suum
firmius constabilire, Iatiusque propagare summa ope contenait.
Jamque
ex latebra et insidiis in luccm crupit civitalum, atque in hac
Urbe ipsa,
caUiolici nominis principe quasi Dei numen lacessitura consed,
Quod
vero calamitosissimum est, ubicumque vestigium posuit, ibi in
omnes
sese ordincs in omniaque instituta republicee infert, si tandem
suni-mam arbitriumque obtineat. Calamitosissimum id quidem : ejus
enim
manifesta est quum opinionum pravitas tum consiliorum ncquitia.
Per
spccem vindicandi juris bumani civilisque societatis
instaurando?., chris-
tianum nomen hostiliter petit : traditam a Deo doctrinam
rpudit:
officia pietatis, divina sacramenta, tales res augustiores,
tamquam
superstitiosa vituprt: de matrimonio, de familia, de
adolescentiuminstitutione, de privata omni et publica disciplina,
christianam formam
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24 LETTRE APOSTOLI QUE DE S. S. LEON XIII
(1) Joan., xviF 33.
detrahcrc nilitur, omnemque humanm et divina1
, potestatis reverent iam
ex animo evellere popu loru m. Prsecipit vero colendam homini
esse
nalu ram, atque hujus u nius principiis asstimari ac dirigi vcr
ita tem,
honesLalcni, justi tiam oportere. Quo pacto, uti persp icuum
est, com-
pellilur homo ad mores fere vitmque consuctudinem ethnicorum,
camque
multiplicalis illcccbris vitiosiorem. de re, quamqu am alias
a
Nobis gravissimcquc est dictu m, Apostolica tanien vigi lanz a
monemur
in idem ut insJsiamus, etiam atque etiam mon ente s, in tam pr
es en ti
pericu lo nulias esse cautioncs tantas, qu in suscipienda?, sin
t majores.
Clemens prohibcat Deus nefaria Consilia : sentiat tamen atque
intel-
ligat populus christianus, ind ign iss imn in sectae ju gu m
excuttcnd umaliquando es se: cxcutiantqne eni xiu s, qui dnriu s
premu ntur , Itali et
Galli. Quibus armis , qua ratione id. rec liu s possin t, jam
Nos ipsi d em on s-
travimus : neque victoria incerta eo fitlentibus duce, cujus
perstat divina
vox : Ego vici mundum (1) .
Utroque depulso pericu lo, restitu tisque ad fdei unitatem
imperiis etcivitatibus, mi ni ni quam efficax medicina malorum et
quanta honorum
copia manaret. Pra'cipua libet attingere.
Pcrtinet primum ad dignitatem munera Ecclesia? : quee quide
m
receptura esset honoris graduili de bi tu m, atque iter su um et
invidia
vacuum et liberiate mu ni tu m porgerei, administra evangelica?
veritali s
et gratipe; idquc singular! cum salute civitattim. enim cum
magistra
sit et dux hominum generi a Deo data, conferre opera ni potest
precpue
accommodatam maximis temporum conversionibus in commune
bonum
temperandis , causis vel impeditissimis opportune diri mendis,
recto
justoque, quae fintissima sunt fundamenta reipublica?,
provehendo.
Pneclara dei mie conjunction sinternat ionesaccessio feret,
desideranda
maxime hoc tempore, ad tsetra bel lorum discrimina
praRcavenda.
Ante oculos habemus Europa? tempora. Multos jam annos plus
specie in
pace vivitur quam re. Insidcntibus suspic ionibus mutu is ,
singulae fere
gentes pergun t certatim instruere sese apparatu bellico.
Inv-rovida ado-
-
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PR/ECLARA GRATCLATIONIS , 20 Jl'IN 1894 25
d'abolir dans l'me du peuple tout respect pour le pouvoir
divinet humain. Le culte qu'elle prescrit, c'est le culte de la
nature ;et ce sont encore les principes de la nature qu'elle
proposecomme seule mesure et seule rgle de la vrit, de l'honntetet
de la ju st ic e. Pa r l, on le voi t, l' ho mm e est pouss auxmurs
et aux habi tudes d'une vie presque paenne, si tant estque le
surcrot et le raffinement des sductions ne le fassent pasdescendre
plus bas.
Quoique, sur ce point, Nous ayons dj donn ailleurs lesplus
graves aver tis sem ents. Notre vigilance apostolique Nousfait un
devoir d'y insiste r et de dire et de redi re , que, .contreun d
ang er si pres sant, on ne saura ja ma is trop se prm un ir .
Que la clmence divine djoue ces nfastes desseins. Mais quele
peuple chrtien comprenne qu'il faut en finir avec cettesecte, et
secouer une bonne fois son joug dshonorant: que ceux-l y mettent
plus d'ardeur, qui en sont plus durement opprims,lesltaliens et les
Franais.Nous avonsdjdit Nous-mme quellesarmes il faut employer et
quelle tactique il faut suivre dans cecombat: la victoire, du
reste, n'est pas douteuse, avec un chefcomme celui qui put dire un
jour : Moi, j'ai vaincu le inonde (1) !
Ce double pril conjur et les socits ramenes l'uni t dela foi, on
verrai taff iuer , avec d'efficaces remdes pour les maux,une
merveilleuse surabondance de biens. Nous voulons en in di quer les
principaux.
Nous commenons par ce qui touche la dignit et au rlede l'Eglise.
L'Egl ise reprendrai t le r ang d'hon neur qui lui estd, et, libre
et respec te, elle po ur su iv ra it sa rou te, se ma nt
autour d'elle la vri t et la grce. Tl en r su lt er ai t pour la
socitles plus heureux effets : car, tablie de Dieu po ur in st ru
ir e etguider le genre humain , l'Eglise peut s' employer plus
efficacement que perso nne faire to ur ne r au bien commun les pl
usprofondes transformations des temps, donner la vraie solutiondes
questions les plus compliques, promouvoir le rgnedu droit et de la
justice, fondements les plus fermes des socits.
Ensuite, il s 'op rera it un rappro chem en t entre les na
tions,
chose si dsirable notre poque pour prvenir les horreurs dela
guerre. Nous avons devant les yeux la situation de l'Europe. Depuis
nom br e d'annes dj, on vit dans une pa ix pl usapp arente que
relle. Obsds de mutue lles suspicions, pr es qu etous les peuples
poussent l'envi leurs prparat if s de guer re .L'adolescence, cet g
e incons id r, est je te, loin, des consei lset de la direction
paternel le , au mi lieu des dang er s de la vie
militaire. La robuste jeunesse est ravie aux travaux des
champs,(1) Joan., xvi, 33.
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2 6 L E T T R E \P0STOLIQUE DE S. S. L E O N XIII
Icsccntinm actas procul parentum Consilio magisterioque in
pericula tru-
ditur vita? mililaris : validissima pubes ab agrorum cultura, a
studiis
optimis, a mcrcaturis, a b artifciis, ad arma traducitur. Ilinc
cxhausta
maquis surnptibus (oraria, attrita1, civitatum opcs, afllicta
fortuna priva-
torum : jamquc en, qum nunc est, velati procincta, pax diutius
ferri nonpolest. Civilis nominimi conjunction^ talcmne esse natura
statum? tqui
bine evadere, et pacem veri nominis adipisci, nisi Jesu Christi
beneficio,
non possum us. Et enim ad ambitionem, ad appctentiam alieni, ad
romu-
lationem cohihendam, qua sunt maxima; bellorum faces, Christiana
vir-
tute imprimisque juslitia, nihil est aptius : cujus psius
virtutis munere
turn jura gentium et religiones feeder um integra esse possunt ,
tum ger-manitatis vincula firmiter permanere, eo persuaso: Justita
elevai
gentem (1).
Pariter domi suppetet inde praesidium salutis publicrc multo
ccrtius
ac validius, quam quod leges et arma prrcbant. Siquidem nemo
nonvidet, ingravescere quotidic pericula incolumitatis et
tranquillitalis
publici, cum seditiosorum sectflB. quod crebra tes la tur
facinorum atro-
citas, in eversiones conspirent atque excidia civitatum.
Scilicet magna
conlpntionc agitatur ea duplex causa, quam socialem, quam
"poUWeam
appelant. Utraque sane gravissima : atque utriqiie sapienter
justeque
dir imendo, quamvis laudabilia studia, tempcramenta,
experimenta,
sint in medio consulta, tarnen nihil aliud tarn opp'ortnnum
fuerit, quam
si passim animi ad conscientiam regulamque, officii ex interiore
fdei
Christiana: principio informatur. De sociali causa in hanc
sententiam
a Nobis non multo ante, data operA, tractatum est, sumptis ab
Evangelio
itemquea naturali ratione principiis. De causa politica,
liberlalis
cum potestate conciliando gratia, quas multi notione confundunt
et re
intempcranter distrahunt, ex Christ iana philosophia vis
derivari potestpcrutilis. Nam hoc posito, et omnium assensi!
approbato, quaicumquc
demum sit forma reipublica?., auctoritatem esse a Deo, continuo
ratio
perspicit, lcgit imuin esse in aliis ju s impcrandi,
consentaneum in aliis
officium parendi, ncque id dignitatt contrarium, quia Dco verius
quam
boni ini paretur: a Deo autemj uditi um durissimum iis qui
prcesunt d e -
(1) Prov., xiv, 34.
http://p0stolique/http://p0stolique/http://p0stolique/
-
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PR^CLARA GRATULATTONS , 20 JUIN '1894 27
aux nobles tudes , au commerce, aux ar ts , et voue, pou r
delongues annes, au mtier des armes. De l d'normes dpenseset
Tpuisement du trsor public : de l encore, une atteinte fataleporte
la richesse des nations, comme la fortune pr ive :et on en est au
point que Ton ne peut porter plus longtemps lescharges de cette
paix arm e . Serait-ce donc l l'tat na ture l dela socit? Or,
impossible de sort ir de cette crise, et d' en trerdans une re de
paix vri tab le, si ce n'est par l'interventionbienfaisante de
Jsus-Christ. Car, rprimer l'ambition, la convoitise, l'espri t de
rivalit , ce triple foyer o s'allume d'ord ina irela guer re , rien
ne ser t mieux que les ver tus chrt iennes , etsurtout la justice.
Veut-on que le droit des gens soit respect, et
la .religion des tr ai t s inviolablement ga rd e ; veut -o n
que lesliens de la fraterni t soient resserrs et raffermis? que
tout lemondesepersuade de cette vrit, que la justice lveles nations
().
A l'intrieur, la rnovation dont Nous parlons donnerait lascurit
publique des garanties plus assures et plus fermes quen'en peuvent
fournir les lois et la force arme. Tout le mondevoit s'aggraver de
jour en jour les prils qui menacent la vie descitoyens et la
tranquillit des Etats; et qui pourrait douter del'existence des
factions sditieuses, conspi ran t le renversementet la ruine des
socits, une succession d'horribles attentats a dcer tainement ouvr
ir les yeux . Il s'agite aujourd'hui une doublequestion : la
question sociale et la question politique, et Tune etl'autre
assurment fort graves. Or, pour les rsoudre sagementet conformment
la just ice, si louables que soient les t udes ,les expriences, les
mesure s p rises, rien ne va ut la foi c h r
tienne rveillant dans l'me du peuple le sentiment du devoiret
lui donnant le courage de l'accomplir. C'est en ce sens qu'iln'y a
pas longtemps, Nous avons spcialement trait de la question sociale,
Nous appuyant tout la fois sur les principes del'Evangile et sur
ceux de la raison naturelle. Quant la question politique, pour
concilier la libert et le pouvoir, deux chosesque beaucoup
confondent en thori e et sparent outre me su redans la pr at iq ue
, l'enseignement chr tien a des donnes d' un e
merveilleuse porte. Car ce principe incontestable une fois
pos,que, quelle que soit la forme du gouvernement, l'autorit
manetoujours de Dieu, la raison, incontinent, reconnat aux uns
Jedroit lgitime de commander, impose aux autres le droit corrlatif
d'obi r. Cette obissance, d'ai lleurs , ne peut prjudici er la
dignit hum ai ne pui sque , pr op re me nt parle r, c'est Dieuque
l'on obit plutt qu'aux hommes; et que Dieu rserve ses
jugements les plus rigoureux ceux qui commandent, s'ils ne r ep
r -
(i) Prov., xiv, 34.
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28 LETTRE APOSTOLIQUE DE S. S. LON XIT
nuntiatiim est, nisi personam ejus recte juslcque gcsscr in t .
Libertas vero
singulornm ncmini polest esse suspecta et invisa , quin nocens
nem in i ,
in iisqufe vera sunt, qum recta, qua* cum publica tranquillitale
con-
juncta, versabitur. Denique si ilud spcctetur. quid possit
populoruni
ac principimi parens et concilintrix Ecclesia, ad utrosque
juvandos auc-toritate consilioquc suo nata, tum m axim e apparebit
quantum salutis
communis inlcrsit ut gcntcs universa; inducant animum idem de
fide
Christiana sentire, idem profited,
Ista quidein cogitantes ac toto animo concupiscentes, longe
intuemurqualis esset rerum ordo in terris futurus, nec quidquam
novimus consc-
qucntium honorum contemplatione jncundius. Fingi vix animo
potest,
quantus ubique gentium repente foret ad omnem exccllcntiam
prosperi-
tatemque cursus, constituta tranquillitatc et oti, incitatis ad
incrementa
litteris con (lit is insiipcr auclisqiie Christiana more,
secundum pnrscripta
Nostra agricolarum, opificum, industriorum consocialionibus, q u
a r u mope et vorax reprimatur usura, et utilium laborum campus
dilatetur.
Quorum vis beneficiorum, humanarum atquc excultarum gent ium
nequaquam circumscripta fnibus, longe lateque, velut
abundantissimus
amnis, deflueret. Hind enim est considerandum quod initio
diximus,
gentes multitudine infnitas plura jam scula et retatcs
prrr.stolari, a quo
lumen vcritatis bumanitatisque accipiant. Certe, quod pertinet
ad sem-
piternam populorum salutem, aeterno mentis Consilia longissime
sunt ab
horn in um intelligentia remota : nihlominus si per varias
terrarum pia-
gas ta m est adhuc n fc l ix superstit io diffusa, id non minima
ex parte
vi tiodandum subortis de religione diss idiis . iNam, quantum
valet mortn-
lis ratio ex rerum eventis existimare, hoc piane vidclnr
Europa1
munusassignatum a Deo, ut christianam gentium humanitatem ad
omnes terras
scnsim perferat. Cujus tanti operis initia progressusque,
superiorum reta-
tum parta laboribus, ad Irota incrementa properabant, cum
repente dis
cordia sflRctilo XV deflagravit. Discerpto disputationibus diss
idii sque
nomine chrisl iano, extenuatis Europas per content ioncs et
bella vir ib us ,
funesta m temporum vim sacras expediliones sensere. Insidentibus
discordia; causis, quid mirum si tam magna pars mortalium nioribus
inhuma-
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VRMCLATKk GRATUI.ATONIS , 20 JUIN 1804
sentent pas son autorit, conformment au droit et la
justice.D'antre part, la libert individuelle ne saurait tre
suspecte niodieuse personne. Car, absolument inoffensive, elle ne
s'loignera pas des choses vra ies , ju st es , en ha rmon ie avec
la t r an quillit publique. Enfin, si Ton considre ce que peut
l'Eglise,en sa qualit de Mre et Mdiatrice des peuples et des
gouvernants, ne pour aider les uns et les autres de son autorit et
deses conseils, on comp rendra combien il impor te que toute s
lesnations se rsolvent adopter, sur les choses de la foi chrtienne,
un mme sentiment et une mme profession.
Pendant que Notre esprit s'attache h ces penses, et que Notrecur
en appelle de tous ses vux la ralisation, Nous voyons
l-bas, dans le lointain de l'aven ir, se d rouler un nouvel ordr
ede choses, et Nous ne connaissons rien de plus doux que la
contemplation des immenses bienfaits qui en seraient le
rsultatnaturel. L'esprit peut peine concevoir le souffle puissant
quisaisirait soudain toutes les nations, et les emporterait vers
lessommets de toute gra nd eu r et de toute prospri t , alors que
lapaix et la tranquillit seraient bien assises, que les
lettresseraient favorises dans leurs progrs, que, parmi les
agricul
teurs, les ouvr ie rs , les industr ie ls, il se fonderai t, sur
les baseschrtiennes que Nous avons indiques, de nouvelles
socitscapables de rprimer l 'usure et d'largir le champ des
travauxutiles.
La vertu de ces bienfaits ne serait pas resserre aux confinsdes
peuples civiliss , ma is elle les franchirai t, et s'en i ra it
auloin, comme un fleuve d'une surabondante fcondit. Car il faut
considrer ce que nous disions en commenant, que des
peuplesinfinis at tenden t, d'ge en Age, qui leur portera la lumi
re dela vri t et de la civ ili sat ion. Sans doute en ce qui
concerne lesalut ternel des peuples, les conseils de la sagesse
divine sontcachs l'intelligence humaine ; toutefois, si de ma
lheureusessuperstitions rgnent encore sur tant de plages, il faut
^imputeren grande par tie aux querelles religieuses. C ar ,' au ta
nt que laraison humaine en peut juger par les vnements, il parait
vi
dent que c'est l'Europe que Dieu a assign le rle de rpandrepeu
peu sur la terre les bienfaits de la civilisation chrtienne.Les
commencements et les progr s de cette belle uvre, hr itage des
sicles antri eur s, march ai en t d'heure ux accroi ssements, quand
soudain, au xvi e sicle, clata la discorde. Alors,la chrtient se
dchira elle-mme dans des querelles et desdissensions ; l'Europe
puisa ses forces dans des lut tes et desguerres intestines; et de
cette priode tourmente, les expditions apostoliques subi rent le
fatal contre-coup^ Les causes dela discorde tant demeure p a rm i
no us, quoi de su rp re na nt
-
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30 LETTRE APOSTOLIQUE DE K. S. LKON XIII
nis et vesanis ri ti bus implicita lenetur? Omnes igitur pari
studio demus
operam ut concordia vclus, communis boni causa rcstiluatur.
Ejusmodi
reconcilianda; concordine pariterque benefciis Christiana;
sapicntife late
propagandis, opportuna maxime fluiint tempora, proplerea quod
Immanm
fraternitatis scusa uunquam altius in anirnos pervasero, ncque
ni la aitatevisus homo sui siinilcs, nosccndi opitulandiquc causa,
studiosius anqui-
re rc . Immensos terraruiu niarisque traetns coleri tale
incredibili cu rr us ct
navigia Lransvchunlur; qua? sane egregios usus alTerunt, non ad
c o m m e r
cia t a n tu mmo d o curiositatemque ingcniosorum, sed etiam ad
v e r b u m
Dei ab ortu solis ad occasum la te d i s sc in inandi im.
Non sumus.ncscii, quam diuturni iaboriosique negotii sit rerum
ordo,
quem rcstilutum optamus : neo fortassc deerunt, qui Nos
arbitrenlur
nimiw indulgere spei, atque optanda magis, quam expectanda
quanrere.
Scd Nos quidem spem omnem ac piane flduciam collocamus in
humani
generis Scrvatorc Jesu Christo, probe memores, quarc olim et
quanta per
stultiliam Crucis et prrcdicationis ejus palrata sint hujns
mundi obstu-pcsconte et confusa sapientia. Principes vero et
rectores civitalum
nomiuatim rogamus, vclint pro c iv i l i prudentia sua et fideli
populoruni
cura Consilia Nostra ex v c r i t a tc e s t i m a r e , v c l i
n t aucloritate et gra t t a
fovere. Qurcsilorum fructuum si vel pars provoncrit, non id
minimi
fuerit beneficii loco in tanta rerum omnium inclinationc, quando
impa-
tientia prresentium temporumeum formidine jungitur
futurornm.
Exlrema speculi supcrioris fessa m ciarli bus trepdamque
perturbationi-
bus Europam rcliquere. , qua; ad exitum properat setas, qu id ni
,
versa vice, humano generi horeditate transmittat auspicia
concordine cum
spc maximorum bonorum, quac in un ita te fi dei Christiana;
continentur ?
Adsit optatis votisque Nostris dives in misericordia Denst cujus
in
potestate tempora sunt etmomento, benignissimeque implcre
maturet
divinum illudJesu Christi promissum, fiatunumovile et unuspastor
(1),
Dalum Roma; ex /Edibus Vaticanis die xx juni MDCCCXCIV,
Pontifcatus
Nostri decimo septimo.
LEO PP. X1IL(i) Joan., x, 16.
-
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PRjfCLARA (RATULATIONIR , 20 JUIN 1894 31
qu'une trs grande pa rt ie des ho mmes s'adonnent encore A
descoutumes inhumaines et h des rites rprouvs par la
raison.Travaillons donc tous, avec une gale ardeur, h rtablir
l'antiqueconcorde, au profit du bien commun. A la restauration de
cetteconcorde, aussi bien qu' la propagation de l'Evangile,
lestemps que nous traversons semblent minemment propices, car
jama is le sent imen t de la fraternit hu ma in e n'a pntr
plusavant dans les rtmes, et ja ma is aucun ge ne vit l 'homme
plusattentif s'enqurir de ses semblables pour les connatre et
lessecourir; ja ma is non plus on ne franchi t avec une telle
clritles immensits des terres et des mers : avantages prcieux,
nonseulement pour le commerce et les explorations des savants,
mais encore pour la diffusion de la parole divine.Nous n'
ignorons pa s ce que demande de longs et pn iblestr avaux l'ordre
de choses dont Nous voudrions la re st au ra ti on ;et pins d'un
pensera peut-tre que Nous donnons trop l'esprance, et que nous
poursuivons un idal qui est plus souhaiterqu' attendre. Mais, nous
mettons tout notre espoir et toute notreconfiance en Jsus-Christ,
Sauveur du genre humain. Noussouvenant des grandes choses que put
accomplir autrefois lafolie de la Croix et de sa prdication, la
face de la sagesse de ce
monde, stupfaite et confondue.Nos supplions en particulier les
princes, les gouvernants, au
nom de leur clairvoyance politique et de leur sollicitude pour
lesintrts de leurs peuples, de vouloir apprc ier qu ita ldcmen tNos
desseins et les seconder de leur bienveillance et de leurautor it.
Une pa rt ie seu lement des fruits que Nous att end ons
parvnt -elle ma tu r it , ce ne serait pas un lger bienfait,
aumilieu d'un si rapide dclin de toutes choses, quand le malaisedu
prsen t se joint l'apprhension de l'aven ir.
Le sicle dern ier laissa l'Europe fat igue de ses dsast re
s,tremblant encore des convulsions qui l'avaient agite. Ce siclequi
marche sa fin, ne pourrait-il pas, en retour, transmettre .comme un
hritage, au genre humain, quelques gages de concorde et l'esprance
des gr an ds bienfaits que prom et l'unit dela foi chrtienne?
Qu'il daigne exaucer Nos vux, ce Dieu riche en misricorde,qui
tient en sa pu issance les temps et les heures propices , etque,
dans son infinie bont, il hte (accomplissement de cettepromesse de
Jsus-Christ : II n' y aura qu' un seul bercail etqu'un seul
pasteur. Fietunumovile et unus pastor (1).
Donn Rome, prs de Sa int -Pier re, le vingtime jou r de
juin, de l'anne MDCCCXCIV, de Notre Pontificat la
dix-septime.LEON XIII, PAPE.(1) Joan., x, 16. '
-
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S A N C T I S S I M I D O M I N I N O S T R I
L E O N I S
D I V I N A P R O V I D E N T I A P A P J E X I I I
EPISTOLA ENCYCLICA
AD PATRIARCHAS, PRIMATES, ARCHIEPISCOPOS, EPISCOPOS AUOSQUE
LOCORMORDINARIOS PACEM ET C0MMUN10NEM CUM APOSTLICA SEDE
HABENTES
DE ROSARIO MARIALI
Venerabibus Fratribus Patriarchis, Primatibus, Archiepi- scopis
et Epi&copis aliisque locorum Ordinariis pacem et
communionem cum Apostolica sede haben tibus.
LEO PP. XIII
Venerabiles Fratres, salutem et apostolicam brnedictionem,
Jucunda semper expectatione erectaquespe Octobrem
mensemconspieimus redeuntem ; qu i, horlati one et praescripto
Nostrodicatus Virgini Beatissima, non paueos jam annos concordi
percatholicas gentes et vivida ROSAMI floret pietate. Quae Nos adho
rt an du m mover it causa , non semel ediximus. Nam
calamitosaEcclesiae civitatumque tempora quum prseentissimum Dei
auxi-lium omnino deposcerent, hoc nimirum Matreejus deprecatriceimp
lor and um esse censuimus, eoqne pr ec ip ue supplicandi ritu
contendendum, cujus virtutem chrislianus populus nunquam sibinon
saluberc imam sensit. Id enimvero sensit ex ipsa MarialisRosarii
origine, tum in de saneta a nefariis tutanda ineursibushominum
haereticorum, tum in consentanea virtutum laude, quaeper sacculum
corrupti exemplirelevanda eratetsustinenda: idqueperenn i sensi t
privatim et publ ice beneficiorum cu rs u, qu or ummem oria
proeclaris etiam ins tituti s et mon ument is ub ique
estconsecrata. Similiter in aetatem nostram,multiplici rerum
discri
mine laborantem, fruetus inde salutares provenisse commemorando
laetamur : at tam en ci rcumspicien tes, Venerabiles Fr at re
s,
-
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LETTRE ENCYCLIQUE
D E N . T . S . P . L O N X I I I
PAPE PAR LA DIVINE PROVIDENCE
AUX PATRIARCHES, PRIMATS, ARCHEVQUES, VQUES ET AUTRES ORDI
NAIRES DES LIEUX AYANT PAIX ET COMMUNION AVEC LE SIGE APOSTO
LIQUE.
SUR LE ROSAIRE DE MARIE
A Nos Vnrables Frres les Patriarches, Primats, Archevques et
Evques et autres Ordinaires des lieux ayant paix et communion
avec le Sige apostolique.
LON XIII, PAPE
Vnrables Frres, Salut et Bndiction apostolique.
C'est toujours avec une attente joyeuse et pleine d'esprance que
Nousvoyons revenir le mois d'octobre, qui, par Nos conseils et Nos
prescriptions, consacr la Bienheureuse Vierge, est sanctifi, depuis
un certainnombre d'annes dj, dans tout le monde catholique, par la
dvotionfervente du Rosaire. Nous avons dit plusieurs fois le motif
de Nosexhortations. Comme les temps calamiteux traverses par
l'Eglise et parla socit civi le rclamaient avec urgence le secours
immdiat de/Dieu,Nous avons pens qu'il fallait implorer ce secours
par l'intercession dosa Mre et que le mode de supplication qui
devait tre employ tait
celui dont le peuple chrtien n'avait jamais t sans prouver fa
bienfaisante efficacit.11 prouve, en effet, ds l'origine mme du
Rosaire, soit pour la
dfense de la foi contre les criminels assauts des hrtiques, soit
pour lerelvement et le maintien des vertus dans un sicle corrompu ;
il l'aprouve par une srie ininterrompue de bienfaits privs et
publics ,dont le souvenir est mme conserv par des institut ions et
des monuments illustres. De m me , notre poque, qui souffre de tant
de pri ls ,Nous avons la jo ie de rappeler que des fruits
salutaires sont sortisde l.
Toutefois, en promenant vos regards, vous constatez
vous-mmes,
LETTRES APOSTOLIQUES DE S. S. LON . T. IV, 2
-
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34 ENCYCMQUE DE S. S. L150N XIII
videtis ipsi causasadhucinsiderepartimqueingravescere,
quanvobrcm hoc item anno obsecrandee coelcsli Uegimrj ardor, Nost
raexhortatione, vestris in gregibus excitetur. Accedit quod,intima
in Rosarii natura cogitationem defigentibus, quantoNobisejus
prastantia utilitatesque illuslrius apparent, tanto
acuiturdesiderium et spes, posse adeo oommendationem Nostrani,
utejusdem sacratissima) precis religio, aucta in animis
cognitioneet amplificata consuetudine, op timis vigcat inc rement
is. Gujusrei gratia non ea quidem revocatnri sumus quae
superiorilmsannis varia in eodem genere ratione libuit edisserere:
ill vici potiusadconsiderandumdocendumqucoccurri t , qua divini
consilii excel-lentia fat, ut , ope Rosarii, et impetrandi fiducia
in animosprecan-
tium suavissime influat et materna in homines almoe
Virginismiseratio summa benignitate ad opitulandum respondeat.Quod
Marisa praesidium orando quaerimus, hoc sane, tamquam
in fundamento, in munere nititur conciliando nobis divime
gra-tiae, quo ipsa continenterfungitur apud Deum, dignitate et m e
n tis accepti ssima, longeque Gielitibus Sanctis omnibus pqten
tiaantecellens. Hoc vero munus in nullo fortasse orandi modo
tarnpalei expressum quam in Rosar io; in quo partes quae
fuerunt
Virginis ad salutem hominumprocurandam sic recurrunt,
quasiprcesenti effectu explicatsc: id quod habeteximium pietatis
emo-lumentum, sive sacris mysteriis ad contemplandum
succedenti-bus, sive precibus ore pio i terandis. Principio coram
suntUAUDII mysteria. Filius enim Dei reternus sese inclinai ad
homineshomofactus; assenziente vero Maria et concipienle de
SpirituSancto. Turn Joannes materno in utero sanclificatur
charismate
insigni, lectisque donis ad vias Domini parandas instruitur;
heectamen contingunt ex sa lu t a to ne Marine cognatam div ino
afflatuvisentis. In lucem tandem editur Ghristus, expectafio
gentium, exVirgine editur ; ejusque ad incunabula pastores et magi,
primitivefidei, pie festinantcs, Infantem inveninnt cum Maria Maire
ejus.Qui deinde, ut semet hosliam Deo Patri ritu publico tradal,
vultipse in templum aferri, ministerio autem Matris ibi sistilnr
Domino. Eadem, in arcana Pueri amissione, ipsum anxia
sollicitu-
dine quoeritat reperilque ingenti gaudio. Nequcaliter loquun-tur
DOLORIS mysteria. In (iethsemani horto, ubi Jesus pavet moe-retque
ad mortem, et in praslorio, ubi flagris csedilur, spineacorona
compungitur, supplicio multatur, abest ea quidem Mariatalia vero
jamdiu habet cognitaet perspecta. Quumenim se Deovel ancillam ad
matris officium exhibuit vel totam cum Filio intempio devovit,
utroque ex facto jam turn consorscum eo extititlaboriosaepro humano
genere expiationis : ex quo etiam, in acer-
bissimis Filii angoribus et cruciamentis, maxime animo
condo-luisse dubitandum non est. Geterum. praesente ipsa et spedan
te ,
-
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C JUCUNDA SSMPRR , 8 SEPTEMBRE 1894 35
Vnrables Frres, que les raisons subsistent encore et en partie
se sontaccrues d'exciter, en celte prsente anne, a la suite de Nos
exhortations,l'ardeur de la prire envers la Reine du ciel, parmi
les troupeaux confis vos soins.
Ajoutons qu'en rflchissant sur la nature intime du Rosaire, plus
sa
grandeur et son uti lit Nous apparaissent vivement, plus
s'accroissentle dsir et l'espoir que Nos recommandations soient
assez puissantes pourque le culte de celte trs sainte ptierc, mieux
connue et pratiquedavantage, prenne les plus heureux dveloppements.
Dans ce but, Nousne voulons pas rpter les considrations de diverse
nature que Nousavons exposes sur ce sujet, les annes prcdentes ;
mais il convientd'expliquer et renseigner par quelle providentielle
disposition il arriveque, grftcc au Rosaire, la confiance d'tre
exauc pntre suavement dansl'Ame de ceux qui prient, et la
maternelle misricorde de la Sainte
Vierge envers les hommes rpond en les assistant avec une
souverainebont.
Le secours que nous implorons de Marie par nos prires a son
fondement dans l'office de mdiatrieede la grce divine, qu'elle
remplit constamment auprs de Dieu, en suprme faveur par sa dignit
et par sesmrites, dpassant de beaucoup tous les saints par sa
puissance. Or, cetoffice ne rencontre peut tre son expression dans
aucune prire aussibien que dans le Rosaire, o la part que la Vierge
a prise au salut des
hommes est rendue comme prsente, et o la pit trouve une si
grandesatisfaction, soit par la contemplation successive des
mystres sacrs,soit par la rcitation rpte des prires.
D'abord, viennent les mystres joyeux. Le Fils ternel de Dieu
s'incline vers Pbuinanit, et se fait homme: mais avec le
consentement deMarie, qui conoit du Saint-Esprit. Alors Jean, par
une grce insigne,est sanctifi dans le sein de sa mre et favoris de
dons choisis pour
f rparer les voies du Seigneur ;mais tout cela arrive par la
salutationde Marie, rendant visite, par inspiration divine, sa
cousine. Enfin, le
Christ, V ai tente des nations % vient au jour et il nat de
Marie; les bergers et les mages, prmices del foi, se htant
pieusement vers son berceau, trouvent l'Enfant avec Marie, sa mre.
Celui-ci ensuite, afin des'offrir par un rite public en victime
Dieu son Pre, veut tre apportdans le Temple; mais c'est par le
ministre de sa Mre qu'il est prsentl au Seigneur. La mme Vierge,
dans la mystrieuse perte de IJEn-fant, le cherche avec une inquite
sollicitude et le retrouve avec unegrande joie.
Les mystres douloureux ne parlent pas autrement. Dans le jardin
deGcthsmani, o Jsus est effray et Iriste jusqu' la mort, et clans
leprtoire, o il est flagell, couronn d'pines, condamn au
supplice,Marie sans doute est absente, mais depuis longtemps elle a
de tout celala connaissance et la pense. Car lorsqu'elle s'offrit
Dieu comme saservante pour tre sa mre, et lorsqu'elle se consacra
tout entire luidans le temple avec sou Fils, par l'un et l'autre de
ses actes elle devintl'associe de ce Fils dans la laborieuse
expiation pour le genre humain;et c'est pourquoi il n'est pas
douteux qu'elle n'ait pris, en son Ame, une
trs grande part aux amertumes, aux angoisses et aux tourments de
sonFils. Du reste, c'est en sa prsence et sous ses yeux que devait
s'accom-
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36 ENCYCLIQUE DE S. S. LEON XIII
divinum illud sacriflcium erat conficiendum, cui victimam de
segenerosa aluerat ; quodincisdem mysteriis postremum flebilius-que
observatur : stabat juxta Crucem Jesu Maria Mater ejus,
* quae tacta ip nos cantate immensa ut susciperet Alios,
Filiumipsa suum ul tro obtuli t justitiae divinae, cum eo
cornmorienscorde doloris gladio transfxa. Tn mysteriis denique
GLOUIJEquae consequuntur, idem magnro Virginis benignissiinum mu nu
sconfirmatur, re ipsa uberius. Gloriam Filii de morte t r
iumphan-tis in tacita delibat laetitia: sedcs autemsuperas
repetentem materno affectu prosequitur: at, coelo digna, detinetur
in tern's,exorientis EccJesine solatrix optima et magistra, quro
profundis- simam divina* sapientim, ultra quam credi valeat,
penelravit abys-
sum (i). Quoniamvero humanse redemptionis sacramentum nonante
perfectum eritquam promissus a Christo Spiritus Sanctusadvenerit,
ipsam idcirco in memori Cenaculo contemplamur,ubi simul cum
Apostolispro eisquepostulans inenarrabili gemitu,ejusdem Paracliti
amp litudm em ma tu ra t Ecclesise, su pr em umChristi donum,
thesaurum nullo tempore defccturum, Sed cumulato perpetuoque munere
causam nostrani exoratura est, ad sae-culum immortale progressa.
Scilicet ex lacrymosa valle in civi-
tatem sanctam Jerusalem evectam
suspicimus,choriscircumfusisangelicis: colimusque in Sanctorum
gloria sublimem, quae stellanti diademate a Filio Deo auc ta, apud
ipsum sedet regina etdomina universorum. Uree omn ia , Venerab iles
Fr at res , inquibus consilium Dei prodi tur , consilium
sapiential, consilium
pietatis (2), simulque. permagna in nos merita Virginis
Matriselucent, neminem quidem possunt non jueunde afcere, certaspe
injecta divinae dementia* et miserationis administra
Mariaconsequendae.
Eodem spectat, apte concinens cum mysteriis, precatio vo-calis.
Antecedit, ut aequum est, dominica oratio ad Pat remccelestem :
quoeximiis postulationibus invocato, a solio majes-tatis ejus vox
supplex convcrtitur ad Mariam; non aliA nimi-rum nisi hac de qua
dicimus conciliationis et deprecationislege, a sancto Bernardino
Senensi in hanc sententiam expressa :
Omnis gratia qumhuic smulo communicatur, triplicem habet
proces-sum. Nam a Beo in Christum, a Christo in Virginem, a Virgine
in nos ordinatissime dispensatur (3). Quibus veluti gradibus,
diverssequidem inter se rationis, positis, in hoc extremo libentius
q u o -dammodo longiusque ex instituto Rosarii insistimus;
salutatone angelica in decades continuata, quasi ut. fidentius
ad
(1) S. Bernardus, de XII prarogativ. B. M. V. n. 3.(2) S.
Bernardus, serm. in Nativ. B. M. V. n. 6.(3) Serm. VI in festis B.
M. V. de Annunc. a. I, c. 2.
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JtTCUNDA SEMPER , 8 SEPTEMBRE 1894 37
plir le divin sacrifice pour lequel elle avait gnreusement
nourri d'ellela victime. Ce qu'il y a remarquer dans le dernier de
ces mystres etce qui est le plus touchant : auprs de la croix de
Jsus se tenait de-bout Marie, sa mre, laquelle, mue pour nous d'une
immense charitafin de nous recevoir pour fils, offrit elle mme
volontairement son Fils
la justice divine, mourant en son cur avec lui , transperce
d'unglaive de douleur.Enfin, dans les mystres glorieux qui viennent
ensuite, le mme mis
ricordieux office de la Sainte Vierge s'affirme, et mme plus
abondamment.Elle jouit dans le silence de la gloire de son Fils
triomphant de la mort;ellelc suit de sa maternelle tendresse,
remontant dans les dem eur es d'enhaut; mais, digne du ciel, elle
est retenue sur la terre, consolatrice lameilleure et directrice de
l'Eglise naissante, elle qui a pntr, an del
de tout ce que l'on pourrait croire, l'abme insondable de la
divinesagesse (1).
Et comme l'uvre sacre de la rdemption humaine ne sera pas
acheveavant la venue de l'Esprit-Saint promis par le Christ, nous
contemplonsla Vierge dans le Cnacle o, priant avec les aptres et
pour eux avecun ineffable gmissement, elle prpare l'Eglise
l'amplitude de ce mmeEsprit, don suprme du Christ, trsor qui ne
fera dfaut en aucuntemps. 3 \laU elle doit remplir plus compltement
et jamais l'office denotre avocate, ayant pass dans l'ternelle vie.
Nous la voyons trans
porte de celle valle de larmes dans la cit sainte de
Jrusalem,entoure des churs des anges; nous l'honorons exalte dans
la gloiredes saints, couronne par Dieu son Fils d 'un diadme TOILE,
et assiseauprs de lui, reine et matresse de l'univers.
Toutes ces choses, Vnrables Frres, dans lesquelles le dessein
deDieu se manifeste, dessein de sagesse, dessein de pit (2) et o
clatenten mme temps les trs grands bienfaits de la Vierge Mre notre
gard,ne peuvent pas ne pas produire sur tous une douce impression,
en inspirant la ferme confiance que, par l'intermdiaire de Marie,
on obtiendrade Dieu clmence et misricorde.
La prire vocale, qui est en parfait accord avec les mystres,
agit dansle mme sens. On commence d'abord, comme il convient, par
l'oraisondominicale adresse au Pre cleste; aprs l'avoir invoqu par
les plusnobles demandes, du trne de sa majest la voix suppliante se
tournevers Marie, conformment cette loi de la misricorde et de la
priredont Nous avons parl et que saint Bernardin de Sienne
a-formule ences termes : Toute grce qui est communique en ce monde
arrive partrois degrs. Car, de Dieu dans le Christ, du Christ dans
la Vierge et dela Vierge en nous, elle est trs rgulirement dispense
(3). Parmi ces
degrs, qui sont de diverse nature, nous nous arrtons plus
volontiersen quelque sorte et plus longuement au dernier, en vertu
de la composition du Rosaire, la salutation anglique se rcitant par
dizaines comme
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cclcros gradus, id est per Christum ad Deum Patrem, nilamur.Sic
vero eamdem salutationem toties effundimus ad Mariam,ut manca et
debilis precat io nost ra necessaria fiducia sustcn-te tur ; cam
flagitantes ut Deum p i i o nobis, nostro velut nomine,exoret.
Nostns quippc vocibus magna apud ilium et grat ia etvis acccsserit,
si precibus Virginis commend ent ur : qu am blandaipsemet
invitatone compellat : Sonet vox tua in auribusmeis;vox enimtua
didcis (1). Itane ipsam ob rem toties redeunt predicata a nobis
quae sunt ei gloriosa nomina ad impet randum.Earn salutamus, quae
ffvatiam apud Deum invenit, singulariter abilio plenam gratia,
cujus copia ad universos prollueret : earn, cuiDominus quanta
maxima fieri possit conjunctione inhferet; earn
in mulieribus benedictam, quae sola maledictionem sustulit et
bene- diclionem portarit (2), beatum ventris sui fructum, in quo
benedi- centar omnes gentes : earn dermim Malrem Bei invocamus ; ex
quadignitate excel sa quid non pro nobis peccatoribus certissime
ex-poscat, quid non speremus hi omni vita et in agone
spiritusultimo 1?
Hujusmodi precibus mysterisque qui omni diligentia et
fidevacaverit, fieri certe nequit ut non in admirationem rapiatur
dedivinis in magna Virgine consiliis ad communem gentium salu-
. te m; atque alacri gesliet fiducia sese in tutelam ejus
sinurnquerecipere, ea fere sancti F3^rnardi obsecratione: Memorare,
o piis
simo. Virgo Maria, nnnqnam auditum a siculo quem quam ad tua
currentem prmsidia, tua implorantem auxilia, tuapetentem
sufj'ragia,esse derelictum.
QUPB autem est Rosaiii virtus ad suadendam orantibus impe-
trationis fiduciam, eadem pollet ad misericordiam nostri inanimo
Virginis com m oven dam. Hind est manifestum quam si hiIntanile
accidat, videro nos et audire dum honestissimas peti-tiones
pulchvirrimasque laudes rite nectimus in coronam. Quodenim, ita
comprecando, debitam Deo reddimus et optamusglo ria m; quod nutuin
vol untatemqu e ejus unice exq uir imu sperficendiam; quod ejus
extollimus bonitatem et munificentiamappelantes Patrem ac munera
pest iss ima indigni rogantes :hisce mirifice delectatur Maria,
vereque in pietate nostra Ma
gnificat Dominum. Digna siquidem precatione alloquimur Deum,quem
oratione dominica alloquimur. Ad ea vero quse in hacexpelimns, tam
perse recta et composita, tamque congruentiacum Christiana fide,
spe, cantate, addit pondus commendatioqufedam, Virgini quam
gratissima. Nam cum voce nostra voxipsa consociar! videtur Jesu Fi
li i; qu i e am de mo ra nd i formul am
(1) Cant., Il, 14.(2) S. Thomas, op. Vili, super salut. angel.
n. 8.
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lUCUrfDA SEMPER , 8 SEPTEMBRE 1894 39
dans le but de monter avec plus de confiance aux autres degrs,
cVst--dire par le Christ Dieu le Pre.
Nous rptons tant de fois la mme salutation Marie, afin que
noireprire, faible et imparfaite, soit soutenue par la confiance
ncessaire,suppliant la Vierge d'implorer pour nous, comme en notre
nom, le Sei
gneur. Nos accents auront auprs de lui beaucoup de faveur et de
puissance, s'ils sont appuys par les prires de la Vierge, laquelle
il adresselui-mme celte tendre invitation : que ta voix rsonne mon
oreille, car
ta voix est douce(1). C'est pourquoi nous rappelons tant de fois
lestitres glorieux qu elle a tre exauce. 13n elle, nous saluons
celle qui
a trouve grce auprs de Dieu, et particulirement qui a t par lui
comble du grcey de faon que la surabondance en dcoult sur
tous;celle qui le Seigneur est attach par l'union la plus complte
qui l tpossible; celle bnie entre toutes les femmes, qui seule
enleva lana-
thme et porta la bndiction (2J, le fruit bienheureux de ses
entraillesdans lequel toutes les nations seront hautes; nous
l'invoquons, enfin,comme Mre de Dieu; de cette sublime dignit, que
n'obtiendra-t-ellepas pour nous, pcheurs, que ne pouvons-nous pas
esprer pendant toutenotre vie et l'heure suprme de l'agonie ?
Il est impossible que celui qui se sera applique avec foi la
rcitationde ces prires et a la mditation de ces mystres ne soit pas
frapp d'admiration touchant les desseins de Dieu raliss en la
Sainte Vierge pourle salut commun des nations ; et il s'empressera
de se jeter avec confiancesous sa protection et dans ses bras, en
redisant cette invocation de saintBernard: Souvenez-vous, trs
pieuse Vierge Marie, que l'on n'a jamaisa ou dire que celui qui a
recours votre protection, implore votre assis- tance, sollicit
votre faveur ait t abandonn.
La vertu que possde le Rosaire pour inspirer ceux qui prient
laconfiance d'tre exaucs, il l'a galement pour mouvoir la
misricordede la Sainte Vierge notre gard. 1