LA DFINITION DU STROTYPE ET DU CLICH
LA DFINITION DU STROTYPE ET DU CLICHDans ce travail je moccupe
de la fonction des clichs exprimant des strotypes ethniques dans le
roman Nord de Louis Ferdinand Cline. Avant de commencer lanalyse du
roman, je dois donner des dfinitions exactes du strotype, terme de
sociologie, et du clich, terme de critique littraire. Tous les deux
phnomnes sont contenus dans le terme doxa qui vient de la Grce
antique, notamment de la philosophie du Parmnide. La doxa constitue
un ensemble (un rseau, un systme) de valeurs, de maximes autour des
aspects et lments de la ralit signifie. La doxa est la fois
reconnaissance et mconnaissance, car elle est un produit de la
pense ou de l exprience, mais elle empche les hommes de vraiment
connatre la ralit autour deux.
Le strotype culturel est, daprs la dfinition de sociologie, un
ensemble des ides identiques dune certaine collectivit. Le strotype
prend la forme d'une opinion gnralise et concerne, le plus souvent,
un type d'individus, un groupe ou une classe sociale. Cest la
dfinition du htro strotype. Mais on constate aussi des auto
strotypes qui considrent la socit seule qui les a invents. Le
strotype est un procd appris de la rflexion, ce nest pas un rsultat
de la propre rflexion. Cest un produit de la pense collective et il
peut avoir une fonction sociale, laide de laquelle on sidentifie
avec dautres membres de la socit. Le strotype relve donc souvent
dune prise de position simpliste et trs conventionnelle pour ne pas
dire banale qui repose sur des on dit et non sur des fondements
rflchis et arguments. Lorigine de cette rflexion est dans
lopposition: nous et ils. Cette opposition est la plus importante
pour lhomme, homo politicus, alors pour le fonctionnement dune
socit. On la trouve chez les tribus des sauvages aussi bien que
chez les peuples civiliss. Les strotypes ethniques sont un aspect
de lethnocentrisme qui contribue la formation et la perptuation de
lidentit collective que nous appelons dans ce cas lidentit
ethnique.
Une socit invente les auto strotypes de deux faons: elle compare
elle-mme avec les autres (les Allemands sont plus disciplins que
les Franais) ou elle constate quelques vices des autres pour
manifester ses qualits (les Franais sont orgueilleux- cest--dire
les Tchques ne le sont pas). On peut soutenir que chaque htro
strotype ngatif est en mme temps un auto strotype positif. Alors,
cest un porteur assez important, parce que le strotype se rapporte
avant tout lui et son image motionnelle du monde. Comme on a dj
dit, les strotypes sont les gnralisations des connaissances
concrtes qui permettent aux hommes sorienter dans le monde
complexe. Ils sont un produit des motions, ils ne consistent aux
expriences personnelles, mais ils sont causs par le milieu social,
cest pourquoi ils rsistent avec succs la critique rationnelle. Les
strotypes, cest un systme complexe des motions, des situations, des
images qui sont des aboutissements des expriences dune socit avec
une autre, avec elle mme ou avec une autre ralit et qui se sont
installs dans son mtalangage. Si un membre de la socit exprime sa
mfiance un strotype a cause de sa propre exprience, on linterprte
comme une exception de la rgle.
Une condition importante pour la cration dun strotypes est le
contact entre les deux socits qui nest pas si intensif comme le
contact avec les membres de la socit elle-mme. Les strotypes
naissent notamment dans les situations motionnellement charges les
conflits ethniques, une occupation, la peur... Cette acquisition
est trs importante pour le thme de ce travail: laction de Nord de
Louis Ferdinand Cline se droule en Allemagne en 1944, alors dans
latmosphre exalte de la fin de la Seconde guerre mondiale.
Lvolution du strotype est un procd interminable, Hans Henning Hahn
a prouv que la coexistence des strotypes avec les significations
diffrentes donne lieu au changement et glissement de signification.
Les strotypes ne sont pas considrs comme faux, mais ils se changent
lentement en raison de lexprience. Cest pourquoi le strotype se
retarde la ralit historique et culturelle.
Pour dsigner la doxa dans la critique littraire on utilise le
terme clich. Le clich est un aspect ou un dtail dans le texte qui a
t utilis tellement fois quil a perdu son attractivit et mme sa
signification originelle. Le clich se rfre la faon de la rflexion
entire. Cest un petit dtail qui suffit crer toute une ralit. Par
exemplela phrase: un riche homme vit une vie dissoluese rfre au
groupe des riches, mais il est aussi possible dimaginer qui l a
prononce (un pauvre homme). Les mots dans cette phrase sont des
images les plus compliques. Le mot dissolu, cest une image
dabondance de tout, de boissons, de repas, d immoralits Il sagit
dune phrase qui a sa fonction comme une affirmation, mais elle se
rfre aussi a la culture de celui qui la prononce et de lpoque dans
laquelle il la prononce. Le clich alors, en tant que systme
signifiant, il semble la fois quil sintgre la narration et quil
participe dun autre texte, texte culturel extrieur au rcit et qui
confre au clich une sorte dautonomie, faisant ainsi natre une
impression de corps tranger dans la narration. Le clich est alors
susceptible de causer une ambivalence irrductible des signifis dans
un texte.
Dans cette caractristique le clich ressemble plusieurs
structures analogues: la connotation, le mtalangage et le mythe. Il
ressemble la connotation, parce qu il permet prononcer deux types
de message en mme temps, lun pouvant tre considr comme le parasite
de lautre. Mais il sagit seulement dun type spcifique de la
connotation, car il a aussi le fonctionnement esthtique et
rhtorique. Le clich se ressemble au mtalangage, parce quil traite
dans un systme smiotique dun autre. Mais le clich dsigne une ralit
plus complexe, comme on la dj dit: il se rfre a la culture de
lpoque et de linterlocuteur. Finalement, il faut tablir une
distinction entre le mythe, le strotype d'une part et le clich
d'autre part. Le mythe ou le strotype se rfrent la ralit, mais en
mme temps ils la changent et crent leur propre monde qui signifie
plus que la ralit. Le clich se constitue la base de la ralit
littraire, alors dune ralit feinte. Il nat au sein dune littrature,
cest-a-dire dune ralit dj pose comme fausse au dpart.
Une autre distinction consiste lintentionnalit. Le mythe a
toujours lintentionnalit idologique. Laspect dterminant chez le
strotype est son origine. Le strotype est le plus souvent invent
par la communaut tout entire comme une partie de la culture
populaire. Le strotype nat alors du besoin de la socit et il nest
pas possible daffirmer que le strotype a toujours lintention
idologique, car il se constitue souvent a la base de lignorance. Le
strotype porte plutt une connotation idologique.
Le clich a une intention nulle, rhtorique ou esthtique. Dans la
littrature on a utilis des clichs dans un but satirique ou
parodique: par exemple Cervants dans Don Quijote o il utilise des
clichs du langage chevaleresque. Le clich na pas une intention
idologique, mais il porte, comme le strotype, une connotation
idologique.
Plusieurs aspects de clich mentionns plus haut ont leur
fonctionnement dans la rception du texte par le lecteur. Avant tout
le clich donne limpression de globalit, car elle dsigne toute une
littrature et toute une culture. Le clich est en quelque sorte rsum
du systme idologico-culturel. Il a une position ferme dans ce
systme, cest pourquoi il est en quelque sorte dtach de son
contexte. Les orateurs adroits cherchent affaiblir cette
impression, car lutilisation du clich a ses avantages. La
signification originelle de la phrase qui est devenue clich sest
transforme en une forme et on l utilise pour rendre le discours
vraisemblable, acceptable, en le faisant ressembler aux
discoursaccepts par la socit. Et dautre part la tradition orale de
ce clich donne la vraisemblance lui mme. Place hors du temps et de
lespace culturels au sein desquels elle vivait, ou elle entretenait
des relations fonctionnelles avec son contexte, la signification
devient pur signal, symbole de ce temps et de cet espace Le clich
est, si lon peut dire, un instantande la signification.
NORD DE LOUIS FERDINAND CLINEPour mon travail jai choisi le
roman Nord qui a t dit en 1960. Ce roman est la deuxime partie de
la trilogie allemande, dans laquelle Cline traite lpoque de la
Seconde guerre mondiale. premire vue on pourrait tenir cette
trilogie pour une uvre autobiographique, parce que lauteur y dcrit
une priode de sa vie. Mais cest plutt une autobiographie fausse.
Cest une mosaque qui se compose des instants de sa propre vie
fortement modifis par le processus artistique, en ce qui concerne
leur choix, le style et le langage dform. Lobjectif de ce roman
nest pas de donner linformation la plus exacte de sa propre
vie.
Si on lit les critiques franaises sur la trilogie, on constate
que ce roman a totalement chang la renomme de Cline dans le monde
littraire en France. Depuis 1945 certains intellectuels mnent une
campagne contre lui, entre eux J.-P. Sartre. Pour eux, Cline est un
tratre de la France, un collaborateur, un intellectuel perdu. Il
est arrt au Danemark, mais la justice franaise demande son
extradition. En 1950 il est condamn par la Cour de justice un an
demprisonnement 50000 francs d'amende et l'indignit nationale. En
avril 1951, le tribunal militaire de Paris ordonne son amnistie.
Mais pendant ces annes luvre de Cline apparat rgulirement grce ses
amis professionnels: Jean Paulhan, Albert Paraz, Frdric Chambriant,
Pierre Monnier, etc. Malheureusement ces ditions ont connu un
dsintrt de la critique et du public littraire. La situation change
avec le roman Dun chteau lautre (1957). Laccueil de ce nouveau
roman tait favorable. Le succs est assur par lapparition de la
deuxime partie: Nord. Avec ce roman la mfiance envers Cline est
brise. Il a connu une volution artistique, tandis que Dun chteau
lautre rvle quelque tapotements en ce qui concerne la construction
du roman et le style, Nord est la preuve que Cline a trouv langage
et style totalement convenables son objet.
Mais le succs ou la qualit de ce roman ntait pas la raison
pourquoi je lai choisi pour mon travail. Cest plutt lintrt pour la
discussion sur le racisme de Cline, je voulais analyser sa pense
moi-mme et vrifier les propos sur ce thme que jai lus. Pour une
telle recherche ce roman me semblait le plus convenable.
Certainement, le fait mme que Cline voyage travers lAllemagne
pendant la Seconde guerre mondiale est favorable pour le thme des
clichs et strotypes. Il y en a beaucoup, il nest pas difficile de
les trouver et qualifier, mais ce travail ne servirait en rien une
analyse critique du texte, ce serait plutt un travail positiviste
dans le sens du mot le plus troit. Lapparition des clichs dans ce
texte a une logique, un ordre ce qui est dcisif dans le processus
de la perception et de linterprtation du roman. Lutilisation des
strotypes ethniques, et l je touche dj lanalyse de Nord, est un
aspect important du langage et de la structure de ce roman.
Lapproche que jai choisie comporte des obstacles quil est utile de
mentionner.
Mon travail commence simplement par slection des clichs dans le
texte. Aprs avoir commenc je me suis heurt aux problmes suivants.
Tout dabord: dans la majorit des cas je choisi des strotypes qui
sont analogues aux strotypes courants en Rpublique Tchque de 2007.
Certainement il y a beaucoup dallusions que je ne pouvais pas
dcouvrir de mon point de vue. Ce problme est dune part invitable.
Mais par une analyse plus dtaille on peut tout de mme trouver
quelques clichs inconnus en Rpublique Tchque.
Parmi eux il y a un groupe form par des phrases ou des mots qui
se rapportent toujours une nation: cest le cas des Polonaises
pieds-nus. Presque toujours les femmes slaves sont pieds nus dans
le texte.
Un autre groupe sont des gnralisations dont la plupart peuvent
tre considres comme des strotypes individuels de Cline. Il sagit
des observations subjectives quil utilise sans une intention la
construction du roman. Cest--dire que leur fonction dans la
structure ou dans le langage est moins importante que la fonction
esthtique ou intellectuelle. Ce sont ses rflexions propres qui ne
rpondent pas la dfinition dun clich, il faut les dsigner dun terme
plus gnral, comme un prjug ethnique ou une opinion sur une nation,
je les dsigne dans mon travail comme clichs latents Cest par
exemple:
oh, a ferait pas cher la Salle, ni mme aux Puces!... mais enfin
l cest assez gentil, rococo boche() on passe beaucoup aux Allemands
vu leur climat et paysage, nimporte quel chichi, verroterie, fait
toujours plus gai mais ce qui rachte tout, cest leur verrire, toute
la largeur de la maison, tout le panorama ct Nord
Un autre obstacle concerne la seule personnalit de lobservateur,
du lecteur. Comment liminer les strotypes de lobservateur dans la
recherche ? Mes propres prjugs ethniques embarrassent mon travail,
parce que je cherche des modles de pense qui correspondent ma
pense. Toutes les solutions de ce problme sont seulement
particulires. Mais tout au moins partiellement lhomme peut se
librer de son propre ego et objectiver ses observations. Je peux
alors esprer que je suis capable dcrire un travail dcrivant la
rception de Nord par un lecteur qui vie en Rpublique Tchque de
2007.
LEUROPE DE CLINE
Laspect le plus important dans Nord est la culture europenne,
elle est le critre du point de vue clinien. Pour lui la culture
cest la pense occidentale et les nations se distinguent sur la base
de leur contribution lhistoire de cette culture. En ce sens lauteur
Cline est traditionnel et ethnocentrique. Dans sa vie et dans son
uvre il observe la disparition de ce qui pour lui signifiait le
monde civilis, lEurope occidentale. Mais son rapport la tradition
europenne tait compliqu, il sopposait elle et en mme temps il la
voyait disparatre avec inquitude.
Par rapport la tradition en gnral, on considre Cline souvent
comme un anarchiste, mais ce nest pas juste. Tout dabord
lanarchisme est un terme politique et on trouve beaucoup de
difficult lutiliser dans la critique littraire. Il soppose toute
autorit et accentue la libert dindividu dans la socit. On trouve
ces opinions chez Cline, mais dsigner cet auteur comme un
anarchiste, cest comme si on dsignait ainsi tout lart satirique.
Lanarchisme exige un changement de la socit et, ce qui est le plus
important, il utilise pour atteindre ses objectifs les moyens
politiques. Mais Cline tait plus un artiste quun politicien. Et la
diffrence entre lui et les anarchistes est plus profonde quand on
analyse son rapport la tradition culturelle, la pense classique
europenne. Si on pouvait parler des buts dune uvre artistique, ce
qui est toujours contestable, on trouverait que les buts de luvre
clinienne et ceux de lanarchisme ne se ressemblent pas du tout. Le
seul et important point, o se rencontre la vision anarchiste du
monde et celui de Cline, cest qu ils se servent parfois du moyen de
la provocation pour atteindre leurs buts.
Dans le monde littraire franais Cline est toujours considr comme
un rvolutionnaire qui sest oppose la tradition littraire. Pourtant
on ne peut pas prtendre que son rapport la tradition tait
totalement ngatif, comme le disait Maurras: La vraie tradition,
cest critique. . Bruno Jouy crit dans son travail sur la rception
du Voyage:
Cline n'tait pas non plus dans cette position d'isolement qu'on
lui a trop souvent attribue: soucieux d'intgrer le cercle de ses
confrres, il n'hsita jamais cder aux exigences du milieu (...) S'il
semble (...) que Voyage au bout de la nuit s'intgre parfaitement
dans sa srie littraire, il convient d'ajouter qu'il ralise cette
intgration galement dans le cadre plus gnral de la tradition
littraire.
Ces acquisitions permettent de voir Cline dun point de vue plus
rel et probable, alors quon avait toujours tendance le damner comme
un monstre sans morale ou de le glorifier comme un gnie sopposant
tout le monde, un homme extraordinaire.
La pense de Cline sappuie sur la pense classique, europenne et
dmocratique dans le sens le plus profond. Il croyait lhumanit
europenne ce qui la fin tait son malheur. La discussion et la
controverse taient pour lui la manire d exprimer ses opinions,
poser une question et provoquer ainsi la discussion tout prix. Il
pouvait le faire cause de sa distance du monde rel qui tait caus
non seulement par sa profession, mais aussi par son origine et sa
nature, autrement dit son caractre exceptionnel. On doit ajouter
quil deux fois refus de sintgrer dans la socit contemporaine, la
premire fois comme mdecin, la deuxime fois comme un crivain. Rester
dehors, ctait son choix conscient et libre. Si on prtendait que
cest une preuve de son anarchisme, on aurait simplifi son
personnage et son uvre. La cause pour prendre cette dcision ntait
pas du tout politique, ctait la dcision personnelle dun
intellectuel qui vivait dans un monde diffrent de celui dans la
premire moiti du 20me sicle. Les causes sont trouver plutt dans son
monde intrieur que dans sa conviction politique.
Cline croyait toujours la discussion et il savait que la crise
de la pense europenne au dbut du 20me sicle ne pouvait tre rsolue
que par une discussion essentielle. Il savait en mme temps que
lEurope ancienne tait bout de souffle et quil naissait lEurope
nouvelle. De cette connaissance vient son amertume et son activit
rhtorique. Cest une question de la vie et de la mort pour lui de
persuader ses contemporains tre actifs et il savait en mme temps
que ses exclamations ne seraient pas exauces. Alors il critiquait,
provoquait et effarait les impostures qui consolaient lhomme
bourgeois. Cest un des deux visages de Cline, le Cline dmocratique
et traditionnel. Lautre, cest un Cline dsespr.
Son deuxime visage est celui dun homme qui renonce au changement
dont il rve et crit parce que cest son besoin intrieur. Pourtant
Cline na jamais renonc ses idals, mais quand il voyait quils
diffraient de plus en plus de la ralit, il sest mis tre
totalitaire, xnophobe, misanthrope. Cest le cas de ses pamphlets
Bagatelle pour le massacre, Lcole des cadavres et Les beaux draps.
Il les a crits dans la terrible atmosphre de la Seconde guerre
mondiale. Et peut-tre il na pas rsist la tension et la pression de
lpoque. Ces pamphlets paraissent au lecteur comme luvre dun malade,
dun dsespr qui se perd dans le tumulte de ses associations et qui a
fabriqu son propre vocabulaire incomprhensible. Dans les pamphlets,
cest le plus important, Cline cherche un coupable du dclin: Cline
ne hait pas lhumanit, mais les maladies qui la pourrissent. Il ny a
pas de place dans ce travail pour lanalyse des pamphlets, je les
mentionne parce que pour le thme ils ne sont pas inutiles et
pendant mon travail jy fais allusion.
Il reste la question: quel Cline apparat dans Nord? Comme je lai
dj mentionn, Nord apparat en 1960, Cline savait dj que son Europe
est dtruite et on y peut entendre des signes de renoncement. Mais
la violence telle quelle apparat dans les pamphlets nest plus
prsente. Il est un Don Quijote qui a cr en sagesse, pourtant il a
assez dnergie pour critiquer les vices de son poque, de dclarer sa
vision du monde, dimposer les vrits quil croit. Pour ce but, il a
invent un style nouveau aussi provoquant et passionn que le style
de Voyage.
Dans Nord, sa vision de lEurope du point de vue culturel obtient
encore une fois la forme concrte. LEurope de Cline, cest avant tout
la France et lAllemagne. Vers les nations lEst de la frontire
orientale de lAllemagne, on sent dans le roman entier un certain
mpris. Cest l, o commence lEst, le pays des barbares, du charme,
des cruauts, le pays mystique. Harras, le personnage du roman tant
au Brandebourg dit: Par ici, Versailles, Cline! Ce ct, manoir!...
lautre ct la steppe!... la Russie!... lEst. Et un autre endroit:
Vous voyez cette plaine, ce ciel, cette route, ces gens?... tout a
triste, nest-ce pas?... russe!... triste!... jusqu lOural! et
aprs!. Cest la fin de lEurope clinienne. Il faut souligner
limportance que joue dans le monde clinien la liaison entre le
paysage et la culture. LEst, cest pour lui, la steppe, un long pays
plat et Cline voit une cohrence directe entre lme de lEst et ce
paysage. Je mentionnerai ce fait encore dans les cas concrets et jy
ajouterai une analyse plus dtaille.
LEst et lOuest, cest une opposition dcisive pour comprendre le
roman Nord. Cline y dcrit plusieurs fois le combat ternel entre ces
deux puissances, forces antagonistes qui sexclurent lune lautre et
on peut dire gnralement quil regarde, comme le protagoniste du
monde occidental, de haut en bas les nations de lEst et quil les
craint en mme temps, que ce soient Yougoslaves, nations baltes,
Mongols, Russes, Tchques ou Chinois, Tartares, Berbres. Dans
latmosphre de la Seconde guerre mondiale cest son thme de la plus
haute importance, le danger de lEst pour la culture
occidentale.
Sur les ruines de son existence dvaste, il rcite sa version de
lapocalypse occidentale et il fit avancer dans son imagination la
rumeur guerrire des chants de marche mongols
Ce propos de Pol Vandromme se ralise mille fois dans le roman
Nord. Ici, il faut peut-tre aviser que Cline a commenc crire ce
livre au printemps 1957 et quil la achev la fin de l'anne 1959 et
que les problmes contemporains auraient pu influencer les thmes et
la faon de leur traitement.
Je crois que Cline sinspirait par la situation actuelle de
lEurope dans ce roman. Il mentionne mille fois le processus quil
appelle un nouveau voyage des peuples, mlange des cultures
diffrentes. On pourrait dire que ce motif est un des leitmotivs du
roman entier. Cette vision de lEurope apparat dj au commencement
dans lhtel Brenner, o on servit divers repas de tous coins du
monde. Il dcrit les immigrs de lAfrique du Nord (sic!) dans cet
htel, la musique dans cet htel, puis Cline, Lili et La Vigue dans
le mtro Berlin, dans lappartement du docteur Praetorius Berlin o il
y a tout doccasion, une accumulation des meubles etc., le blockhaus
Berlin avec les bonnes slaves, entre elles une de Brno, la
collection des peignoirs de Harras, la bibliothque de Marie Thrse,
la situation Zornhof, o on trouve au mme endroit les femmes Russes,
Polonaises, petites Ukrainiennes, Bohmiens, Franais, Allemands...
Il dcrit la fin de lEurope ancienne, dune civilisation, de lhumanit
dans le sens clinien, de lEurope aux frontires dtermines. Par son
uvre il achve ce dclin.
Pour expliquer le rapport de Cline aux strotypes ethniques je
dois encore une fois revenir aux pamphlets, bien que je ne veuille
pas ouvrir la problmatique de leur interprtation. Dans les
pamphlets le thme des strotypes ethniques et des clichs est trs
fort et ces uvres peuvent me servir pour mieux comprendre la
problmatique. Pol Vandromme formule une proposition de la plus
haute importance pour ce thme: Cline utilise le mot juif sans
savoir ce quil signifie au juste. Le juif pour Cline ce nest pas un
mot pour dsigner la race dans le sens du mot physiologique, mme pas
un membre dune nation. Cline utilise toujours la majuscule dans ce
mot et pour lui le Juif, cest ladversaire de son monde. Cest un
monstre qui na aucun rapport la ralit. Il se fabrique limage dIsral
et du Juif pour librer sa colre sans avoir une exprience
personnelle avec les juifs. On est dj trs proche la dfinition du
clich opinion fabrique sans une vraie exprience. Mais ce point
Cline nest pas un raciste. Daprs la dfinition, le racisme dsigne la
croyance que les diffrences biologiques innes conditionnent
invitablement l'accomplissement culturel et individuel. Laspect
biologique ne joue aucun rle chez lui. Pol Vandromme crit que cest
la maladresse avec quelle il utilise des dsignations des nations
qui entranait beaucoup de problmes linterprter. On a la mme
impression en lisant Nord. Surtout dans les phrases o Cline nomme
des nations sans aucun ordre dans le but de samuser et damuser le
lecteur avec les sons qui se produisent en alignant ces
dsignations. Cest dabord dans le but potique et moins idologique.
Ainsi se produisent des compositions les plus absurdes comme
sub-hbraques, semi-lettons, africano-tchques... La signification de
ces mots nest pas dcisive, dcisive est leur musique.
Certainement on ne peut pas se contenter seulement dune telle
interprtation. Le choix de ces mots nest pas dtermin seulement sur
la base de la musique qui se produit par la succession des phonmes.
Pour que leffet soit parfait il faut choisir des dsignations les
plus drles. Jamais dans ses numrations on ne trouve pas les
Franais, les Allemands, ni les Anglais, ni les Amricains.
Cest--dire les membres des pays culturels du monde. Ces numrations
sont destines au lecteur franais chez qui les dsignations des
nations moins connues provoquent leffet envisag. Le lecteur tchque
qui lit ces phrases nprouve pas cette satisfaction.
Il y a plusieurs phrases dans le roman qui tmoignent que Cline
se moque du sentiment de la fiert nationale, sur ce point il est
peu sincre avec lui. Autrement on pourrait croire quil approche les
ides anarchistes. Sil voulait ainsi ironiser la fiert nationale en
gnral il se moquerait aussi de la fiert des nations occidentales.
Mais ce nest pas le cas de Nord: dans aucun cas il ne mprise pas
les Franais o les Allemands. Ces phrases sont interprter par
rapport la vision de lEurope clinienne. LOuest, la citadelle de la
haute culture, et lEst, le pays des instincts obscurs, de la peur
et ainsi de lhumour. En ce qui concerne une vision plus dtaille on
ne ly trouve pas. Ce nest pas important si ce sont Russes, Lettons
ou Mongols dont il se moque. Parfois avec son insouciance il
sexprime comme un homme vulgaire:
... surtout des mmes russes je crois... qui nous connaissent...
qui nous tirent la langue et nous appellent de tous les noms...
srement des gros mots... et que a rigole!... filles et garons...
(...)
Ce je crois est un signe clair, que la question des nations na
aucune importance pour lui, il choisit seulement une nation de lEst
quand il sagit dun comportement barbare et dchan.
Pourtant Cline nest pas un raciste dans le sens pur, il est
plutt maladroit et irresponsable. Mais certainement le
personnage-narrateur de Nord, Cline littraire, est ethnocentrique
dans le sens du mot le plus troit. Cet ethnocentrisme joue son
propre rle indpendant de son porteur. La question si Cline tait en
ralit ethnocentrique ne peut pas tre rpondu par lanalyse dun de ses
romans, mais a ne joue aucune importance, parce que dans les
chapitres suivants janalyse plutt la fonction des clichs et de
lethnocentrisme dans le roman.
LES FRANAIS DANS NORD
Dans Nord on entend la voix dsespre de Cline qui a fait une
exprience ngative avec les Franais. Il critique les Franais dans
chaque allusion. Ses propositions sont en contraste avec le clich
de la belle France qui apparat seulement dans les paroles des
autres personnages, surtout des Allemands. Ce contraste nest pas
accidentel, cest un choix conscient de deux ides antagonistes et il
a sa fonction dans le texte entier. Le clich de la belle France est
lide des Allemands qui ont pass leur jeunesse au temps de la Belle
poque avant la Premire guerre mondiale. Cest lpoque avant le
processus qui a fini par dtruire lEurope ancienne. Les clichs de
Cline concernent les Franais qui nont pas arrt ce processus, les
Franais qui ne sont pas dignes de leur histoire.
Lpersonnage-narrateur dteste certains traits de caractre des
Franais, mais on ne peut pas comparer ce mpris celui quil prouve
envers les nations de lEst. Cest un autre sentiment, il critique
les Franais et cette critique est un effort de changement, cest un
appel. Pourtant il ne peut pas dguiser lamertume de son
exprience.
Il est ncessaire de distinguer deux sortes de clichs sur les
Franais dans le roman: cest lhtro strotype, exprim par dautres
personnages, et lauto strotype, les opinions du personnage
autobiographique.
Les htro strotypes se rapportant lide de la belle France
apparaissent surtout dans les discours des Allemands en
Brandebourg, des vieux Allemands. Cest un strotype concernant aussi
eux-mmes et laide duquel Cline parvient une caractrisation prcise
de ces personnages par une ou deux phrases. Cest surtout la
comtesse Tulff-Tcheppe qui chante la beaut du Paris ancien chaque
fois quelle apparat. Le narrateur, Cline, la dteste pour ces
paroles qui ne saccordent point la ralit. Un autre admirateur de
Paris est le Rittmeister, baron von Leiden:
voil comme ctait Paris! il nous montre! comme a! comme a!... lui
tait un champion de la valse!... il sait encore!... et du Palais de
Glace!... il nous fait voir comme il valsait et patinait!... il
esquisse!...en manches de veste, en diagonale, tout travers
limmense bureau!... et il fredonne, il fait lorchestre!
A ct de Paris il y a des femmes franaises naturellement, un
autre clich courant jusqu nos jours. Cline est trs du cause de ce
propos dun sergent manchot :
Aus Paris? aus Paris?
Do on venait?Ja! ja!
- Schne frauen da!... jolies femmes!
Que vous trouviez nimporte o sous les confettis, sous les
bombes, dans les caves ou en stratosphre, en prison ou en
ambassade, sous lquateur ou Trondhjem, vous tes certain de pas vous
tromper, dveiller le direct intrt, tout ce quon vous demande: le
fameux vagin de Parisienne! votre homme se voit dj dans les
cuisses, en pleine pilepsie de bonheur (...) inondant la barisienne
de son enthousiasme... il me le disait, le sergent manchot... bien
triste
Ces clichs sont des clichs vrais: une opinion gnralise base sur
un petit dtail, non sur une exprience profonde. Une autre catgorie
sont les htros strotypes qui se basent sur une exprience plus
profonde, mais gnralise. Il est vident que ce sont les clichs
provoqus par la peur. Cest par exemple un strotype qui se
rattachait directement la guerre: lhistoire dans le mtro Berlin o
le narrateur, Cline, La Vigue et Lili se font attaquer par les
passagers allemands qui les souponnent de fallschirmjger, saboteurs
parachutistes. Cette dsignation accompagne les personnages tout le
roman. On dcouvrit son origine, la peur, dans le propos de Mme
Kretzer:sie! sie! franzosen assassins de ses fils!... (...) ses
fils bien aims!... Hans!... Kurt!... oui, nous les trois! et notre
chat!... nous voleurs, tratres, saboteurs! tout a que nous sommes!
absolument!... (...) pas quassassins des deux fils, responsables de
tous les crimes! crabouilleriez de villes... et chemins de fer...
de tous les malheurs de lAllemagne!...
Les autres strotypes sont des auto strotypes de Cline. Je les
nomme strotypes, bien quils soient parfois des opinions dun homme,
parce que ces propositions se rattachent un monde idologique
extralittraire qui ne peut pas tre en possession dun seul individu.
Daprs Cline le Franais est un homme mfiant, poltron:plus baveux
grotesque imbcile que les quarante millions de Franais! qui eux au
moins savent se retourner! reculer, se sauver, chiasse plein les
frocs et se retrouver couverts de gloire, phnos dhonneur! admirez!
bouffis de dotations merveilleuses, prbendes indexes, hrditaires,
suffoquer tous les Gothas!
une personne qui joue toujours double jeu:Bernadotte (...)
retourne sa veste quand il fallait, passe roi, et vas-y! lest
encore!... je connais quarante millions de Franais quen ont fait
autant, bnouzes, flingues, et le reste!... sont pas devenus des
rois pour a!... petits participants la cure, cest tout sarracher
les cent milles cadavres on dit! on dit!... la vrit sera pour plus
tard!... quand sentrouvriront les archives, que personne sintressa
plus
un homme paresseux et intolrant, incapable dune vraie
discussion, parce qu il est incapable d accepter les arguments des
autres:
rarissime que les hommes sentendent... surtout les Franais...
notez, vous notez, vous ne les verrez jamais daccord, sur les
mrites, vertus, ou crimes, de personne!... de nimporte qui... mme
archi-saouls, dgueulant, roulant... que ce soit sur Landru, Petiot,
clemenceau, poincar, Ptain... (...) controverses dialectiques,
baveries, plus finir!...
De plus, un Franais nest pas digne de lhistoire de son pays
parce qu il la mprise:le Grand Reich pensait tout on lui trouve
maintenant des dfauts! voire!... ce quon raconte maintenant des
Galois, de Louis XIV, mme Flix Faure!... tous les vaincus sont des
ordures!
Un autre strotype souvent mentionn dans Nord - qui est la
premire association qui vient lesprit dun Tchque par rapport aux
Franais cest le Franais gourmand et buveur de vin. Sa passion pour
lalcool est une des raisons pourquoi Cline le mprise, il tait
abstinent.
Le contraste entre les clichs prononcs par les Allemands et ceux
de Cline illustre lvolution et le dclin de la France. Cest le
contraste entre la France de la Belle poque, un pays culturel,
florissant, plein dnergie et la France aprs les deux guerres
mondiales, une ruine de la culture, une ruine de la pense
occidentale, des idaux de la rvolution franaise.
LES ALLEMANDS DANS NORD
Dans lEurope clinienne les Allemands sont une nation de lOuest
et, avec les Franais, ils sont une nation sublime qui a
considrablement contribu la culture occidentale. Cline, le
personnage-narrateur de Nord, ne les craint pas et cest pourquoi il
nest pas agressif envers eux, seulement: il se moque deux.
Il est vident que le livre est destin pour le lecteur franais,
parce que les Allemands sont considrs comme mauvais et quand Cline
veut critiquer un dsordre dans son pays natif il utilise souvent la
construction: cest aussi pire que les pires allemands.
Le premier trait de caractre dun Allemand qui est le plus
souvent mentionn dans le roman Nord est son affection pour les
paillettes, pour lor et sa mgalomanie etc. - bref: son sens
baroque. Cest directement dit dans le roman quand Mme von Seckt
fait remarquer le caractre des Allemands:
mfiez vous Monsieur Cline, nos fous sont extrmement sournois, et
chevaleresques, et mthodiques trs baroque mlange nest-ce
pas?...vous verrez!... lart baroque est un art allemand typique,
nest-ce pas?
Ce trait de caractre est commun pour tous les personnage
allemands masculins du roman:
Harras avec son Mercedes:
Harras, en grand uniforme, dague, dcorations, aiguillettes,
bottes () une trs grosse voiture () que sa Mercds passe,
le comte von Leiden
le comte von Leiden, Rittmeister: considrez, bottes pompons,
chapska, brandebourgs violets, sabre dragonne or
le Landrat:colonel bottes galons dor, perons dor de mme,
moustaches la
Guillaume II, mais pauvres, deux touffes
Le narrateur, Cline, mprise cette mgalomanie en gnral. Ce mpris
devient plus clair quand il dcrit les htes dans lhtel Brenner. Il
compare les gens des Koncern de Ruhr aux banquiers de
Centre-Europe-Balkan. Il fait remarquer une analogie entre eux par
le moyen de juxtaposition. En mme temps il rvle de nouveau son
mpris envers les nations de lEurope de lEst, parce que le groupe
des mots Centre-Europe-Balkan lui sert de dsigner le caractre
douteux des magnats de Ruhr et de leur proprit.
Le sens baroque est daprs le personnage-narrateur de Nord li au
paysage et climat allemands qui lui semblent triste.
oh, a ferait pas cher la Salle, ni mme aux Puces!... mais enfin
l cest assez gentil, rococo boche() on passe beaucoup aux Allemands
vu leur climat et paysage, nimporte quel chichi, verroterie, fait
toujours plus gai mais ce qui rachte tout, cest leur verrire, toute
la largeur de la maison, tout le panorama ct Nord.
Cette interpntration du paysage et de lesprit de la nation est
caractristique pour la vision du monde clinien.
Le paysage triste entrane aussi un autre trait des Allemands,
leur mlancolie. Cline exprime cette cohrence en dcrivant le paysage
du Brandebourg:
en somme une fort trop belle, trop somptueuse... le lac aussi,
trop limpide, trop bleu... tout a si potique, dirais-je, profond,
terrible, bien allemand.
Ce paysage est la personnification de la tristesse profonde des
Allemands qui ne sont pas faits pour rire et pour qui la tristesse
est la base dexistence:repensant lui repensant aussi dautres
Allemands, mdecins et malades, ce qui me chiffonnait de les voir se
perdre dans ces sortes dtats seconds, plus tard, bien plus tard jai
compris que ctait leur manire inspire, leur transe mystique
Cest la base de leur identit commune et un lment qui les anantit
en mme temps:quand les Allemand se mettent tre tristes, cest tout
fait comme quand ils boivent ils sanantissent
Les descriptions des bacchanales de lhtel Brenner et la scne
avec Mme Chamarade que les boches essaient de violer se rattachent
aussi ce sens pour la mystique et pour les coins cachs de lme
humaine.Cette sensibilit allemande a aussi ses bons aspects: cest
la culture allemande, avant tout la musique. Dans Nord les
Allemands sont les amateurs de la musique les plus ardents, Cline
dcrit comme exemple lamusement lhtel Brenner. Il accentue dans le
roman entier le contact de la culture allemande avec la culture
franaise, explicitement dans les paroles dHarras, mais aussi dans
les propos miniaturs. Il utilise souvent le moyen de juxtaposition
pour exprimer le contact franco-allemand:le Pavillon des
Philosophes... o Grimm. Mme de Stal, Constant, se rencontraient
chaque matin
Au contraire les Allemands dans Nord sont dous pour la pense
rationnelle, en comparaison avec les Franais:Il me donnait
raison... les Allemands sont pourris de dfauts mais ils ont une
qualit... vous leur dites ce quest vrai raisonnable, ils
admettent... les Franais, jamais!
Cest une caractristique plutt sporadique dans latmosphre de la
Seconde guerre mondiale et ainsi on peut linterprter de deux faons
totalement diffrentes. Si on le prend pour une opinion personnelle
du narrateur, on ne peut pas le considrer comme un clich vrai. Mais
cest peut-tre un clich la fin des annes 50 du 20me sicle o Cline
crivait ce livre. Avec une plus grande certitude on peut constater
que gnralement cest une opinion de Cline lui-mme, il ne sagit pas
de lutilisation dun clich bien courant.
Le clich le plus courant en Rpublique Tchque et en France de nos
jours est limage dun Allemand qui exige lordre dans nimporte quelle
situation. Ce clich apparat dans Nord dans la situation des plus
absurdes. Cest le moment o Cline, Lili et La Vigue arrivent Berlin
et voient les femmes et vieillards allemands ranger toutes les
briques des maisons dtruites sur le trottoir:l vous voyez un peuple
sil a lordre inn la maison bien morte, quun cratre, tous ses
boyaux, tuyaux hors, la peau, le cur, les os, mais tout son dedans
nempche en ordre, bien agenc, sur le trottoir() Paris aurait t
dtruit vous voyez un peu les quipes la reconstruction!... ce
quelles feraient des briques, poutres, gouttires! peut-tre deux,
trois barricades?... encore!... l ce triste Berlin, je voyais dabs,
daronnes, dans mes prix, et mme plus vioques, dans les
soixante-dix, quatre vingts et mme des aveugles absolument au
boulot bien tout ramener au trottoir, empiler devant chaque faade,
numroter les briques, ici! tuiles jaunes, par l!... clats de vitre
dans un trou, tout!...ne pas de laisser-faire!...
Une autre ide connue avant tout parmi les historiens cest lide
dun Allemand soldat docile qui en mme temps aime la culture et la
langue franaise. Cest lhritage de Frdric II:la ville du Frdric II o
il faisait manuvrer ses hommes!... la baguette! () vous diriez
cinq, six places Vendme!... il les faisait fouetter sur place, au
milieu de la place, ses goujats! si ctait grave, fouetter mort!...
la discipline!... aprs a, il jouait de la flte et il crivait
Voltaire, en vers
Ce clich est encore vif de nos jours. Le militarisme allemand
est un terme qui provoque une ide assez concrte. Lexigence dordre
et docilit militaire se rattachent une certaine grossiret des
Allemands et leur caractre ferm, Cline le nomme tartuferie:la
tartuferie boche rigole pas avec fortes dmonstrations, dfils de
masses, aboiements de chefs, fols enthousiasmes, ber alles! mais
dans les familles, mahlzeit! la crve, bien faire voir quon se
nourrit juste dun semblant de soupe, tout en gueulant bien fort!
plus fort!... heil!... heil!... heil!
Dans le roman apparat aussi un personnage allemand dans qui se
matrialise lide des Allemands avant la Premire guerre mondiale et
entre les guerres: le baron von Leiden:lui a t colonel pendant
lautre guerre, il a fait Verdun, uhlan pied, bless Douaumont, il
boite, vous verrez, il n aime pas du tout les Franais, ni les
Russes, ni les nazis, ni les Polonais, ni personne
Cest un Allemand souponneux et acaritre qui craint qu on
lattaque dans le moment o il ne sera pas prt. Cest peut-tre une
allusion lide du coup poignard dans le dos comme dans ce cas:plus
tard, bien plus tard, en prison, Copenhague, tous les incarcrs
boches, civils et grivetons, reflus de lEst et du Nord, avaient un
mot pour tout expliquer: Verrat, verrat! trahison! belles
burnes!... toujours cest la trahison du moment que a navance
pas
En ce qui concerne les femmes allemandes on y trouve une
observation trs malfaisante:elle sen vantait!... quelle tait du
Hartz, du massif des sorcires dabord, elle soignait son dcor,
partout dans sa chambre, peintures poupes de sorcellerie au mur, en
bibelots, en assiettes pendant du plafond autant de sorcires
chevauchant balais vous savez elle nous prvenait nous allons toutes
au sabbat! () elle se voyait touillant la marmite, nous dedans et
les Amricains, bien bouillir, dpiauts...
LES TZIGANES DANS NORDEn voyage travers lAllemagne pendant la
guerre, le personnage-narrateur rencontre une roulette avec
plusieurs familles tziganes ce qui ltonne aussi que le lecteur. Cet
vnement obtient de la vraisemblance par la constatation simple du
personnage-narrateur quil ne sy serait pas attendu non plus.
Les Tziganes sont la nation la plus orientale dans Nord, cest
pourquoi elle est toujours mentionne par rapport la mystique et aux
instincts les plus bas de lhomme. Cline utilise des clichs trs
simples en ce qui concerne les Tziganes, il les nomme le plus
souvent les romanichels. Ils arrivent dans une roulotte peinture
dornements cabalistiques pour jouer de la musique et du thtre, pour
rempailler les chaises etc.
La premire impression sur eux quon obtient dans le livre est une
romanichelle voix raque qui vient pour tirer les cartes ce qui a
suscit lintrt des dames Zornhof. Cest une des raisons pourquoi le
personnage-narrateur ne les croit pas, il veut rvler le jeu que la
femme tzigane joue avec les dames, il veut voir derrire le rideau,
car tout ce qui est devant le rideau est pour lui feint:Et voix
rauque presque dhomme farde elle est, juste le temps de voir, cils
et sourcils passs au bleu srement une perruque, pas ses cheveux et
perruque blonde!... je crois quelle aime pas quon la dvisage
Cette connotation apparat beaucoup plus tt, l o le
personnage-narrateur dcrit les intrieurs des appartements
bourgeois. Il y fait allusion la dcoration feinte, fausse,
kitsch.
Un autre clich est contenu dans le propos de Mme Kracht pendant
le dner Zornhof. Cest limage des filles tziganes comme des objets
sexuels dont le charme devrait sduire toute la population
masculine:l propos dune roulotte, dans notre parc si ces messieurs
y avaient t? ce quils en pensaient?... des jeunes gitanes, jolies!
de ces regards! des braies! ce quils en pensaient eux, les
comptables?... et lS.S. Kracht? pas celle qutait venue l-haut dans
notre tour, cette virago mal embouche qui nous avait fait sortir,
moi La Vigue non! dautres! fillettes ravissantes prcoces!
ondulantes!... lascives! vritablement orientales! et de ces
seins!
Aprs le personnage-narrateur voit les filles tziganes et il
exprime sa propre opinion, mais le prjug de les voir comme des
objets sexuels est apparent dans son propos aussi:
Ces demoiselles viennent nous voir et bien dautres toutes aux
fentres elles devaient tre en train de travailler au fond dhabitude
les romains travaillent lair, eux pas!... je vois, elles rparent
des chaises daprs les voix, des femmes, des hommes, ils doivent tre
assez nombreux ils parlent hongrois?... tchque?... ah, je vois les
ttes surtout des femmes jeunes je crois ah mais pas si belles la
Kretzer les a pas regardes! moi ce que je vois, en effet lair
oriental, mais toutes bien fripes, bout les cheveux en paquet gros
paquets dhuile pas irrsistibles du tout!... elles sont moins bien
que les bonniches russes, pourtant trs surmenes pareil les Russes
se dfendent toujours leur peau mme les plus bineuses, piocheuses,
tous le temps, dehors, glace, rafales, soleil oh, pas du tout ces
gitanes!... vous diriez badigeonnes lhuile et soufre pas que les
femmes, les hommes aussi, cuivrs en plus le vieux portait des
boucles doreilles les femmes navaient pas de bijoux
Dans ces propos on ressent dj le mpris envers ces hommes et
filles barbares qui vivent dans la salet.
Un grand groupe des clichs appartient la vision du monde
clinienne qui accentue le mystre de lEst. Les Tziganes peuvent
tirer les cartes, ils voient lavenir et ainsi le
personnage-narrateur et son copain La Vigue prouvent une certaine
peur devant eux qui se tourne en rancur dans le propos de La
Vigue:Dis, ce que cest encore que cette tzigane?... tas vu sa
moumoute? perruque blonde? do a sort?... tas entendu un peu sa
voix?... une femme a?... tu crois?... un homme?... et quelle nous a
virs la caque! et quelle va faire tourner les tables!... qu elle
les a toutes emmens l-haut! () Toutes les femmes!... Lili avec! en
attendant, coute un peu ce quils mettent sur Berlin!
La seule qualit positive des Tziganes dans Nord est leur talent
musical, mais dans ce cas aussi le personnage-narrateur noublie pas
dexprimer un certain mpris. Cest par exemple dans la phrase: il
joue du violon et pas mal tzigane, mais pas mal. Aussi dans le
moment ou les Tziganes organisent une soire pour les habitants de
Zornhof, dans la description de cette fte il termine par se moquer
deux, par ironiser.
les gitans vont nous rgaler! (...) soire dansante et chantante,
au Tanzhalle!... (...) tous les gitans en falbalas, les femmes en
robes volants...danses de chez eux! tout pour nous distraire!...
nous relever le moral!... tambourins, castagnettes,
guitares!...&
les gitans chanteraient six voix, leurs femmes elles,
rempailleuses de chaises, danseraient... programme fandango... y
aurait aussi lacrobatie, garons et filles... et aprs, en sance
spciale, la fin, la bonne aventure... par les cartes, marc de caf,
et boule de cristal... et peut-tre un hibou!...
La mfiance commune envers les Tziganes prend sa forme dans la
parole de Kracht ou apparat un clich toujours trs courant et
populaire, le clich dun Tzigane voleur:Kracht mexplique, on devait
jamais les laisser seuls, ils schappaient, maraudeurs fieffs, ils
revenaient avec des oies, des dindons, des canards et mme des
vaches!... ils schappent vous retrouvez plus rien!
LES SLAVES DANS NORD
Comme je lai dj crit, Cline divisait lEurope et les peuples
dEurope en deux parties, la partie occidentale et la partie
orientale. Les nations de lEst ont toutes ou presque toutes la mme
caractristique. Cest pourquoi jai choisi la dsignation Slaves bien
que Cline parle des Russes, des Polonais, etc. Parce que les clichs
laide desquels Cline dcrit ces nations se ressemblent absolument,
parfois Cline lui-mme rvle quil ne sait pas sil sagit des
Ukrainiennes ou des Polonaises.
Tous les Slaves dans Nord sont des gens simples, subordonnes,
les plus souvent des agriculteurs. Pour le personnage-narrateur
toutes les nations de lEst sont des Tartares. Et avec cette
description contraste leur charme, leur mystre.
Mais ce nest pas le personnage-narrateur en gnral qui exprime
ses opinions ngatives sur les Slaves, on ne trouve presque aucune
mention de ses propres opinions sur les Slaves, sauf ses
descriptions dtailles des femmes russes. Ce sont avant tout les
Allemands qui parlent ngativement des Slaves.
Par rapport aux Russes on trouve dans le livre des dsignations
les plus vulgaires. Par exemple dans Berlin: le docteur Praetorius
se fche et insulte le moujik Petroff:Celui que vous appelez Ivan ne
sait rien du tout!... il sappelle Petroff il est stupide comme tous
ces gens russes stupide et ivrogne et menteur tous ces gens de lEst
ici, nest-ce pas, nos bonnes manires les droutent ils ne savent
plus ce quils voient, ce quils entendent, ils ne savent plus ce
quils sont!... l-bas on les fouette tous les jours sitt quils
cessent d tre battus, ils dlirent!... les cas de ce Petroff, celui
que vous appelez Ivan il me voit fleuriste!... certes jai fleurs
mais pour lornement de mon local, pas pour commerce!... il vient me
voir assez souvent.. me vendre de sa crme je lui ai dit: Je suis
avocat, Petroff il faudrait que je le batte au sang pour quil se
souvienne!... lhabitude! (...) pas fleuriste du tout!... une
invention de ce Petroff, sale animal, crapule fouetter, jaloux
cochon slave!
La comparaison dun Slave et dun animal apparat encore une fois
dans le roman. Le cul-de-jatte Leiden se fait porter par un Russe.
Une fois son pre montant cheval se met en colre et il dit quil se
ferait pas porter dos de Russe, comme son propre fils jamais!....
Ainsi il croit insulter son fils et en mme temps il compare le
Russe avec son cheval.
Cest alors le Slave subordonn au reprsentant du monde occident
comme le voient les personnages subsidiaires dans le roman. Mais le
personnage-narrateur est toujours attir par les femmes slaves. Cest
l o il trouve le charme slave irrsistible. Chaque fois quil voit
des femmes slaves il est enchant par leur beaut et il admire leurs
coutumes:et nos deux fillettes blanchisseuses quelles ont de beaux
cheveux, je remarque ourls, blondeur de bl prsent on peut voir
leurs yeux, grands, bleus dune certaine pleur slave, nous dirons le
charme slave le charme slave, le charme couperet que tous les
bourgeois se jettent dessous, ttes premires, les prolos avec!...
enfin daccord!... titubants comme saouls! oh pas le cas dHarras!
sil les voyait futes salopes, nos deux trouvailles, bien prtes
tout!... pas dillusions!... zro pour le charme slave! mais un fait
exact! Grnwald manquait de blanchisseuses
Mais une telle constatation est toujours termine par
lobservation rationnelle qui nous rvle que le personnage-narrateur
est conscient du pril qui guette derrire ce charme tratre. Il
craint que ces femmes sachent abuser de cette impression:le voici
la cigarette, jambes croises, mondain les deux Polonaises en prire
ne prient plus se relvent aussi viennent sasseoir contre La Vigue
elles veulent fumer!... Harras leur offre un paquet deux paquets de
Lucky les demoiselles bien contentes tout de suite!... fous
rires!... leurs cheveux ont t lavs, vraiment onduls naturel, longs,
trs longs et elles ont arrang leurs loques, trs coquettement, plus
du tout des souillons boueuses!... amusantes!... Esmeraldas!...
Les femmes slaves sont dans le roman plus audacieuses et
indpendantes que les femmes des autres nations. Ce sont par exemple
les deux Polonaises qui quittent leurs familles pour pouvoir
travailler Berlin, pour vivre mieux, ou la vieille femme qui a le
dernier mot dans la maison dIvan, le moujik de Sibrie:quelquun sort
de la moisissure un moujik!... je dis: un vrai!... barbe, bottes,
chemise bouffante et le large sourire enfin, un aimable! () il
mentreprend!... deux mots les louanges de Sibrie!... quest-ce quon
attend? comme la Sibrie est riche! giboyeuse! fleurie! verdoyante!
accueillante! jai pas ide! () il me fait une de ces propagandes!
massive, que nous pourrions partir tout de suite! vivre en Sibrie!
() est-il agent de lIntourist? () ce doit tre sa femme qui nous
regarde, elle a soulev un peu de tenture une vraie baba, yeux
brids, mouchoir de tte elle est pas causante() elle voit quon a des
bonnes manires, elle fait signe son moujik que nous sommes
acceptables, quil peut y aller
Le contraste de lapparition des femmes et leurs intentions se
relie un trait de caractre slave: une amabilit qui nest pas
toujours dsintresse. Par exemple lhistoire de lhtel Zenith, o le
narrateur, La Vigue et Lili sont tout dabord amicalement
accueillis:Le Vigan remonte avec les gamelles trs honntes! chou
rouge la crme, le moujik le suit avec des cannettes et leau minrale
voil le parfait ordinaire!... ah, aussi les boules pin noir ce
moujik nous gte! il demande pas de tickets
() ce Russe est vraiment sympathique, il nous apporte deux
grands tapis pour suspendre en guise de rideaux
Mais aprs ils doivent senfuir parce que ils pensent que leur
matre de maison, le Russe Ivan, les a dtrousss:pas dventail!...
Vous navez rien vu!... il est en face chez Praetorius!...
-Alors?-Alors foutons le camp et tout de suite!-Praetorius est
pas venu ici!-Et Ivan?-Ils sont en cheville? tu crois?-Puceau je te
dis, si on se tire pas! l, la minute! a va mal!... le vol on sen
fout!... mais le turbin, un peu!...
Le personnage-narrateur est fascin par le charme des femmes
slaves, par leur mystre. En mme temps il les craint, il a peur de
leur caractre incalculable. Pour lui, il faut toujours se mfier
delles, attir par leur charme il les observe dune distance
sre:elles sont se mfier quand mme! plus tard, en prison, jai connu
des soldats allemands quavaient fait la guerre aux Russes dans les
forts, Est de Trodjem, quavaient fait des prisonnires, des trs
dangereuses fillettes, tireuses dlite leur truc, perches haut des
arbres, elles savaient reconnatre un officier, plus de deux mille
mtres, () elles le rataient pas! ptaf! dune seule balle,
rigodon!
Ce contraste de la femme slave belle et charmante et de son me
perfide est un clich littraire trs impressionnant. La conjonction
du pril et de la beaut est peut tre un de plus anciens clichs
littraires.
Par rapport cette description je voudrais faire remarquer une
comparaison plusieurs fois mentionne dans le livre: les relations
compliques entre les Slaves et les Allemands sont une parallle aux
relations entre les Franais et les Bicots, qui est un terme raciste
pour les Arabes:nentrez pas dans les maisons, mme sils vous
invitent!... ils sont tous Allemands, soi-disant, familles
allemandes les hommes sont au front, se battent mais en vrai, ce
sont tous des Slaves, deux gnrations ici, mais rests Slaves et ils
nous dtestent, Polonais ou Russes, les bicots aussi meurent pour
vous, vos meilleurs soldats, mais ils vous dtestent
&
Vous savez plus huguenots du tout!... tous polonais!... vous les
avez entendus!... linvasion slave! comme vous les Berbres
Marseille!... naturel!... tout Berlin aux Polonais! naturel!...
voyage des peuples!... par l! par l!
Je pense que cest une de nombreuses actualisations de lhistoire
raconte. Cette comparaison est une bquille pour comprendre la
vision du monde clinien ou la peur du pril de lEst joue le rle
principal, nimporte si cest le pril tartare, mongol, slave ou
arabe.
Un autre trait du caractre slave est la joie, la joie qui ne cde
devant rien. Il y a vraiment beaucoup dallusions ce trait et il est
impossible de les mentionner toutes. Ainsi les slaves sont opposs
aux Germains [qui] sont pas faits pour rire Dans ces descriptions
des joies slaves le personnage-narrateur utilise souvent le mot
bien rire. Cette joie est toujours accompagne par la prsence des
bien riantes mmes. Un autre mot qui accompagne trs souvent
lapparition des Slaves dans le roman est ladjectif pieds-nus ce qui
nous rappelle encore une fois leur caractre paysan.
Les Slaves sont prsents comme une nation dure. plusieurs
endroits le personnage-narrateur admire leur indiffrence envers la
douleur et la mort. Cest le plus accentu dans les propos de
Harras:Oh, les Russes, remarquable, confrre!... les btes se
plaignent, eux presque jamais!... et encore en plus, vous savez ce
quils me demandaient? puisque jy tais?... que je leur arrache une
dent!... deux dents!... en plus de leur jambe...trs rares les
dentistes chez eux...
&
vos derniers soldats sont morts en 17, nous aussi!... les Russes
tenez, en sont encore 14 ces sortes de soldats somnambules qui se
font tuer sans le savoir mais a ne durera pas vous les verrez dans
une autre guerreils sauront!... nos soldats se ruaient en 14?
franais contre boches!... maintenant ils veulent regarder au
Cirque, oui, mais dans les gradins voyeurs, tous!... vicieux!Cette
duret et le caractre insidieux se rattache daprs Harras la barbarie
des Russes et des Slaves.
En ce qui concerne les Tchques, Cline les mentionne plusieurs
fois dans les numrations dont je dcris la fonction dans le chapitre
sur la vision de lEurope clinienne. Mais la fin je dois faire
remarquer une mention qui concerne la ville de Brno, cest la
caractristique dune bonne qui vient de cette ville: Je ne sais
quune chose elle vient de Brno, Moravie, Gross Deutschland vous ne
connaissez pas Brno? tout, Brno! nazi! sudte! autrichien! russe!...
et anti-tout! et polonais!...()
LA FONCTION DES CLICHS EXPRIMANT DES STROTYPES ETHNIQUES DANS
NORDAvant danalyser la fonction du clich dans Nord je dois donner
des dfinitions exactes de plusieurs termes et moccuper de la
question du langage clinien.
La dfinition du clich, strotype ethnique, dans le premier
chapitre nenglobe pas tous les clichs que jai trouvs. Elle nenglobe
pas les gnralisations personnelles de Cline. Ces gnralisations
ethniques ne remplissent pas la condition dusage automatique. Mais
elles sont des opinions faites sur la base dune exprience
superficielle, ce sont des petits dtails qui suffissent crer toute
une ralit. Elles sont partiellement indpendantes du texte parce que
ce nest pas leur rapport au texte qui est le plus important, cest
leur rapport la faon de la rflexion entire, une idologie, en dehors
du texte par exemple au ethnocentrisme, racisme, europocentrisme
etc. Tous ces aspects saccordent la dfinition du clich, mais lusage
automatique sans une vritable comprhension ne se ralise pas chez
ces gnralisations. Elles ne sont pas des procds appris de la
rflexion. Jai alors trouv un terme pour elles: les strotypes
ethniques latents. Ce sont des gnralisations qui peuvent oui ou non
devenir des strotypes ethniques - clichs - dans quelques annes.
Aprs avoir trouv toutes les mentions concernant des nation
diverses dans le texte, jai adopt plusieurs classifications des
clichs dans Nord pour mieux comprendre leur fonction et pour
liminer ces qui ne remplissent la dfinition du clich. La premire
classification se base sur la forme des clichs et leur rapport la
dfinition du clich en gnral:
a) clich vrai: il remplit toutes les trois conditions de la
dfinition du clich: cest un procd appris de la rflexion, qui se
fonde sur une exprience superficielle, qui la gnralise et les
circonstances de son origine peuvent tre du moins partiellement
reconstruites, par exemple:la ville du Frdric II o il faisait
manuvrer ses hommes!... la baguette! () vous diriez cinq, six
places Vendme!... il les faisait fouetter sur place, au milieu de
la place, ses goujats! si ctait grave, fouetter mort!... la
discipline!... aprs a, il jouait de la flte et il crivait Voltaire,
en vers
b) clich latent: il remplit deux conditions: cest une opinion
qui se fonde sur une exprience superficielle et qui gnralise, mais
qui est lopinion personnelle de Cline ou bien dont il nest plus
possible de reconstruire lorigine, par exemple:Il me donnait
raison... les Allemands sont pourris de dfauts mais ils ont une
qualit... vous leur dites ce quest vrai raisonnable, ils
admettent... les Franais, jamais! c) clich par rptition dans le
texte: cest une opinion qui fonde sur une exprience superficielle,
qui gnralise et qui devient clich dans le processus de la lecture
du texte, par exemple:les Polonaises pied-nuesles mmes russes
riants
Cette classification relve avant tout la mthode de mon travail
et prcise la dfinition du clich et du strotype donne dans le
premier chapitre.
La deuxime classification concerne le contenu des clichs, donc
aussi lintention et lorigine du clich.
a) clich xnophobe: ce clich exprime la peur dune nation, il a
une forte coloration stylistique, par exemple:
elles sont se mfier quand mme! plus tard, en prison, jai connu
des soldats allemands quavaient fait la guerre aux Russes dans les
forts, Est de Trodjem, quavaient fait des prisonnires, des trs
dangereuses fillettes, tireuses dlite leur truc, perches haut des
arbres, elles savaient reconnatre un officier, plus de deux mille
mtres, () elles le rataient pas! ptaf! dune seule balle,
rigodon!
b) clich mprisant: ce clich dgrade gnralement des membres dune
nation, son origine est soit dans une exprience ngative et
insuffisante ou dans lethnocentrisme et le nationalisme. Il a une
forte coloration stylistique, par exemple:Celui que vous appelez
Ivan ne sait rien du tout!... il sappelle Petroff il est stupide
comme tous ces gens russes stupide et ivrogne et menteur tous ces
gens de lEst ici, nest-ce pas, nos bonnes manires les droutent ils
ne savent plus ce quils voient, ce quils entendent, ils ne savent
plus ce quils sont!... l-bas on les fouette tous les jours sitt
quils cessent d tre battus, ils dlirent!... les cas de ce Petroff,
celui que vous appelez Ivan il me voit fleuriste!... certes jai
fleurs mais pour lornement de mon local, pas pour commerce!... il
vient me voir assez souvent.. me vendre de sa crme je lui ai dit:
Je suis avocat, Petroff il faudrait que je le batte au sang pour
quil se souvienne!... lhabitude! (...) pas fleuriste du tout!...
une invention de ce Petroff, sale animal, crapule fouetter, jaloux
cochon slave!
c) clich culturel: cest une constatation sche qui ne contient
pas de coloration stylistique, par exemple:
oh, a ferait pas cher la Salle, ni mme aux Puces!... mais enfin
l cest assez gentil, rococo boche() on passe beaucoup aux Allemands
vu leur climat et paysage, nimporte quel chichi, verroterie, fait
toujours plus gai mais ce qui rachte tout, cest leur verrire, toute
la largeur de la maison, tout le panorama ct Nord.
La troisime classification concerne le vocabulaire des clichs.
Il est remarquable quon trouve dans Nord une liste des dsignations
de nations diffrentes.
Les dsignations pour des Allemands sont: boches, Teutons,
Germains, Fritz, fritz, nazi, hitlriens, Gothas.Pour les Russes:
Slaves, Tartares.Pour les Arabes: berbres, Nasser, Laval, Mends,
Yousef.Pour les Tziganes: romanichels, gitans.
Pour les Franais: huguenots, Franois, Franzosen.
En analysant le langage on trouve trois grands groupes des
clichs.a) dsignations populaires: boches, fritz, Fritz, Franois,
Nasser, Laval, Mends, berbres, romanichels, gitansb) dsignations
dorigine scientifique: Gothas, Teutons, Germains, hitlriens,
Tartares, Slaves, huguenotsc) dsignations neutres: Tziganes,
Allemands, Franais, Russes, Polonais, ArabesEn effet on trouve peu
de clichs sans une coloration stylistique. Ils sont ridicules soit
par leur vulgarit soit par leur caractre scientifique. La tension
entre ces deux ples produit leffet comique.La fonction du clich
chez Cline se rattache sa rvolution au niveau du langage. Pour
pouvoir lanalyser il faut soccuper de la question du langage
clinien.
La rvolution du langage consiste introduire lmotion du langage
parl dans la langue crite. Pour atteindre ce but Cline devait se
rvolter contre la langue littraire commune. Le combat entre
linstinct de Cline et cette langue est vident dans sa thse de
mdecine La vie et luvre de P.I. Semmelweis. En lisant ce texte on
trouve des parties dans le style plutt traditionnel, mais parfois
on se rend compte que ce style est drang par des chantillons du
style futur de Cline. Ce style a lentement pris plus de place dans
lcriture de Cline et est devenu un aspect caractristique pour
lui.
La rvolution de Cline a contribu la libration de la phrase. Les
phrases bien ranges se rvoltent tout coup, elles tombent en pices
dont chacun revendique sa place, son importance. Tout cela est la
consquence du processus denvahissement de la langue parl dans la
langue crite. Le texte cohrent devient tout coup une masse des
phrases et demi-phrases indpendantes, comme les cris dune chevrette
blesse. Le texte compos de ces cris est presque illisible. Cline a
utilis des points de suspension pour mettre de lordre dans ce
chaos. Les points de suspension sont des pauses de la langue parle
introduites dans la langue crite.
Le but de la rvolution clinienne est lindpendance de chaque
phrase et pour atteindre ce but Cline commence mlanger des
registres stylistiques. Le langage vulgaire avec le langage
scientifique, acadmique. Cest un fait bien connu que lorsqu on
utilise un mot vulgaire dans son propos lattention des auditeurs se
renouvelle immdiatement. Cest le mme effet dont sest servi Cline
pour donner plus de place ses phrases. Pour donner un exemple
clair: les pices de thtre, mmes billements! et les cins et tlvises
calamit! ce que veulent populo et llite. Le contraste entre les
cins et les tlvises et le populo produit leffet comique, le lecteur
est appel tre attentif aux dtails parce que ils contribuent
lattraction du texte. Ses textes obtenaient ainsi expressivit,
vitesse vertigineuse, rage.
Lutilisation des clichs a contribu la perfection de cette
rvolution. Je mentionne encore une fois la dfinition du clich pour
montrer sa fonction dans laccomplissement de ce procd: Le clich est
un aspect ou un dtail dans un uvre qui a t utilis tellement fois
quil a perdu son attractivit et mme sa signification originelle. Le
clich se rfre la faon de la rflexion entire. Cest un petit dtail
qui suffit crer toute une ralit. Cest un lment du dehors qui a
envahi le texte. Cet lment est partiellement indpendant du texte
parce que ce nest pas son rapport au texte qui est le plus
important, cest son rapport la rflexion du milieu social ou
culturel do il vient.
Le clich na pas alors seulement la fonction de dsigner quelque
chose, mais il se rattache aussi au milieu de son origine. Pour une
meilleure illustration: il nest pas difficile deviner les
circonstances de la naissance du clich dun pauvre et sale homme de
lEst. Ce clich tait au courant dans beaucoup de familles dEurope
occidentale avant la chute de lURSS et quelque annes aprs. Un clich
est alors un lment qui est partiellement enracin dans les
circonstances historiques dans lesquels il est n. Mais lvolution du
strotype est un procd interminable, je mentionne encore une fois la
constatation de Hans Henning Hahn: la coexistence des strotypes et
les significations diffrentes donne lieu au changement et
glissement de la signification. Les strotypes ne sont pas considrs
comme faux, mais ils changent lentement en raison de lexprience.
Cest pourquoi le strotype se retarde par rapport la ralit
historique et culturelle.Un texte qui contient beaucoup de clichs
perd ainsi sa cohrence, parce que chaque clich se rfre un autre
monde, une autre poque historique. Par consquence en lisant Nord on
a limpression de regarder une mosaque, un collage compose de propos
divers, de mots sans ordre hirarchique, cest--dire que le langage
est trs difficile qualifier. Ce nest pas le langage dun faubourien
ni dun acadmicien, cest un mlange de plusieurs registres
stylistiques. Leffet de ce collage est que chaque phrase, presque
chaque mot, obtient son espace ncessaire. Par consquence le lecteur
ne peut pas ngliger une seule phrase, un seul mot. Cest cause de
leffet dj dcrit: le changement incessant des lments stylistique qui
se rattachent aux mondes diffrents ne laisse pas endormir le
lecteur, il se sent attir de plus en plus, son attention saccrot
avec chaque phrase.
Les clichs exprimant les strotypes ethniques dans Nord ont la
fonction de dranger le propos, au niveau linguistique aussi bien
quau niveau du contenu. Ils drangent le lecteur qui est tout coup
tonn par un mot grossier qui dtruit la continuit du texte. Chaque
phrase vient dun autre monde et elle veut semparer de lespace le
plus grand possible. Les phrases luttent entre elles, on a
limpression du chaos du langage. Ce chaos se rattache la situation
dcrite, en effet: le chaos au niveau des signifiants illustre le
chaos dans la ralit de la Seconde guerre mondiale, des signifis. Le
lecteur pntre dans une littrature o les phrases vivent leur propre
vie et elles sont aussi importantes que les personnages du
roman.
Leffet de ce combat des phrases est la relativisation de chaque
opinion, de chaque avis, parce quon ne sait jamais ce qui est pris
au srieux et ce qui est une ironie. Cline balance ainsi entre se
moquer de tout et un homme simple qui ne sait pas ce quil dit. Sa
gnialit consiste dans cette ambigut, Cline ne nous donne jamais une
raison pour prendre une de ces deux interprtations comme totalement
valable. On peut le considrer comme un anarchiste ou raciste et en
mme temps le critique de ces idologies, il relativise tout le
monde, en finissant par relativiser lui-mme.
La bibliographie:Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris :
Gallimard, 1960
Jenny, Laurent: Structure et fonctions du clich, in: Potique,
ditions du Seuil, 1972/12, pp. 495-517 Toncrov, Marta et Uhlkov,
Lucie: Etnick stereotypy zpohledu rznch vdnch obor, Brno:
Etnologick stav Akademie vd esk republiky, 2000
Vandromme, Pol: Louis Ferdinand Cline, Paris: ditions
universitaires, 1963Gibault, Franois : Cline: as nadj 1894-1932,
Brno : Atlantis, 2005
Kunnas, Tarmo: Drieu La Rochelle, Cline, Brasillach et la
tentation fasciste, Paris: Les sept couleurs, 1972
Tonnet-Lacroix, liane: La littrature franaise et francophone de
1945 lan 2000, Paris: LHarmattan, 2003Travaux universitaires:Jouy,
Bruno: Louis-Ferdinand Cline, Voyage au bout de la nuit, tude dune
rception, 1991Articles:Nadeau, Maurice: Cline et l'Apocalypse, in:
France Observateur, 9. juin
1960Links:www.actionfrancaise.netlouisferdinandceline.free.fr/
Toncrov, Marta et Uhlkov, Lucie: Etnick stereotypy zpohledu rznch
vdnch obor, Brno: Etnologick stav Akademie vd esk republiky, 2000,
p.49
Toncrov, Marta et Uhlkov, Lucie: Etnick stereotypy zpohledu
rznch vdnch obor, Brno: Etnologick stav Akademie vd esk republiky,
2000, p.50
Ibid. p. 51
Jenny, Laurent: Structure et fonctions du clich, in: Potique,
ditions du Seuil, 1972/12, p. 495
Ibid. p. 496
Ibid. p. 498
Jenny, Laurent: Structure et fonctions du clich, in: Potique,
ditions du Seuil, 1972/12, p. 498
La trilogie allemande: Dun chteau lautre (1957), Nord (1960),
Rigodon (1969)
Le D'un chteau l'autre laisse dans le souvenir quelques scnes
extraordinaires, noyes dans un dbagoulage parfois pnible. Nord qui,
aujourd'hui, lui fait suite tout en faisant allusion des vnements
antrieurs, me parat suprieur. Les temps morts sont rduits au
minimum et l'auteur s'arrange pour les combler par des drleries qui
n'appartiennent qu' lui ; le rcit est tendu et dramatique,
admirablement compos en dpit d'un laisser-aller apparent, et cette
qualit d'humour dans le tragique que possde au plus haut point
Cline se dploie dans tous ses avantages Nadeau, Maurice: Cline et
l'Apocalypse, in: France Observateur, 9 juin 1960. cit de:
HYPERLINK "http://louisferdinandceline.free.fr/index2.htm"
http://louisferdinandceline.free.fr/index2.htm, 9. 10. 2006
Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960,p.272
Cline tait longtemps considr aussi comme un auteur de la droite
extrme. Ctait cause de ses pamphlets fameux et aussi dune certaine
xnophobie que jexplique laide des exemples du roman Nord. Ces
efforts de le classer sur le champ de la politique apparaissent
aujourdhui plutt vains.
HYPERLINK
"http://www.actionfrancaise.net/projet-tresor-maurras_idees_politiques.htm"
www.actionfrancaise.net/projet-tresor-maurras_idees_politiques.htm
- 6. 3. 2007
Jouy, Bruno: Louis-Ferdinand Cline, Voyage au bout de la nuit,
tude dune rception, 1991, p.5 & p. 51, cit de: HYPERLINK
"http://louisferdinandceline.free.fr/univers/jouy.htm - 20. 10"
http://louisferdinandceline.free.fr/univers/jouy.htm - 20. 10.
2006
Cline qui naurait jamais illusions sur lhomme, en garda
quelques-unes sur lhumanit. Mais que, ds le dbut de 1942, lesprance
commena labandonner, et (...) il se rendit compte que lhumanit
ntait plus justiciable que de la catastrophe et de la maldiction.
Vandromme, Pol: Louis Ferdinand Cline, Paris: Editions
Universitaires, 1963, p.22
Il vient lesprit l analogie de luvre de Cline et de Gottfried
Benn. Pol Vandromme dcrit cette influence: Parce quil tait un
mdecin, il sut que la vrit de la vie ntait pas la vrit des
pamoisons et les romances, mais une vrit atroce celle des ulcres,
des blessures, des chagrins et des agonies. Vandromme, Pol : Louis
Ferdinand Cline, Paris : Editions Universitaires, 1963, p. 34
...le moment des soucis au contraire! le monde des Grecs, le
monde tragique, soucis tous les jours et toutes les nuits pareil au
mme pour les personnes hors-la-loi le monde nouveau,
communo-bourgeois, sermonneux, tartufe infini, automobiliste,
alcoolique, bfreur, cancreux, connat que deux angoisses: son cul?
son compte? le reste, il sen fout! Cline, Ferdinand Louis : Nord,
Paris : Gallimard, 1960, p. 204
Vandromme, Pol : Louis Ferdinand Cline, Paris : Editions
Universitaires, 1963 , p. 58
Mon cher Cline, le moment est venu, je crois, pour nous, pour
lEurope nouvelle, bien faire connatre, pas seulement au monde
savant, au grand public, lanciennet de la collaboration de nos deux
nations dans tous les domaines, philosophique, littraire,
scientifique et mdical! mdical! le ntre, cher Cline!... depuis huit
sicles, combien de professeurs allemands ont enseign dans vos
coles?... croyez-vous?... Montpellier?... Paris?... Sorbonne?... le
propos dHarras, un personnage de Nord, Cline, Ferdinand Louis :
Nord, Paris : Gallimard, 1960, p. 193
&
A droite l allemand et langlais!... les livres!... le franais l,
et la musique! () le bibliothque de Marie-Thrse, Ibid. p. 238
la vrit, notre guerre avait fait des petits, tous les bouts de
lEurope preuve jen ai trouv moi mme plus tard Copenhague, Danemark,
plein les cellules, des tages entiers, tasss, tous les ges, tous
les poils, tratres belges, yougoslaves, lituanes, lettons,
apatrides, juifs, relaps, mongols, par la mre, asnirois du pre, le
tutti frutti () Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard,
1960, p. 208
Les huguenots, nest-ce pas? Maintenant ici bientt les Russes!
les Polonais pour commencer! et puis les Chinois, pour finir!
voyage des peuples! oaah Ibid. p. 132
&
du moment o les parcs de Mansard ne sont plus entretenus,
surtout au Brandebourg, vous pouvez dire que cest fini, que le
Grand Sicle est mort, que vous avez quattendre les Chinois (...)
Ibid. p. 437
cette faon dexplorer la plaine la recherche du Rittmeister qui
nous reconnatrait peut-tre pas, qui nous prtendrait pour des
tartares s il nous voyait? Ibid. p. 472
Vous savez plus huguenots du tout!... tous polonais!... vous les
avez entendus!... linvasion slave! comme vous les Berbres
Marseille!... naturel!... tout Berlin aux Polonais! naturel!...
voyage des peuples!... par l! par l! le propos de Harras, Ibid.
p.130
Vandromme, Pol : Louis Ferdinand Cline, Paris : Editions
Universitaires, 1963 , p. 23
et les vrais esturgeons de Rostov!(...) plus coupes et miroirs
biseauts, purs Venise plus mieux que tout!... ensembles dshabills
nylon, faon Valenciennes Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris :
Gallimard, 1960, p.14
&
La ptisserie du Casino absolument toujours bourre de veuves de
guerre boches en pleine cure de convalescence pour chocs motifs et
en avant babas au rhum! () tartines aux myrtilles et plateau
dclairs Ibid. p. 19
mais encore il fallait un souk!... un tage entier du Brenner fut
amnag avec marchands authentiques!... friss, gomins, bistrs,
cauteleux ad hocamabilits de jaguar, sourires crocs, cousins de
Nasser, Laval, Mends, Yousef... Ibid. p. 13
Berlioz y a jou et Liszt et tous les princes Romanoff les
Naritzkine et les Savoie Bourbons et Bragance Ibid. p.20
a se monte sur les espadrilles! rombires, mmes, darons!...
bitte! sr beaucoup savent presque pas lire, font semblant...
demandent quon leur lise, quils ont perdu leur lunettes...
sub-hbraques, semi-lettons, triestiens, africano-tchques, quont su,
qui ne savent plus, et quelle langue? (...) y a des apatrides
dAsnires qui savent quun bout de fritz, mais alors des tombereaux
dinsultes dExtrme-Mongolie, qui dvident le jar scandinave, et le
javelasse des lager (...) ceux-ci vous pouvez pas prtendre quil y a
pas dEurope...
(...) vous diriez New York, cinq six... Ibid. p. 96-97
Ibid. p. 84
() -Regarde son peignoir!
Je le luis fais tter en super-ponge! srement de Londres ou
dAmrique! do il la eu?... il fait pas mystre
A Lisbonne!... tout ce que vous voulez! jen ai en bas, dans les
casemates, tout ce que vous voulez! Ibid. p. 113
Luvre de Cline enterre le cadavre dune civilisation. Vandromme,
Pol : Louis Ferdinand Cline, Paris : Editions Universitaires, 1963
, p.46
Vandromme, Pol : Louis Ferdinand Cline, Paris : Editions
Universitaires, 1963 ,p. 78
Le mot juif porte toujours chez lui la majuscule, cest un
quivalent du mot Homme pour les professionnels de lhumanisme (...).
Lorsque Cline prononce le mot juif, il ne pense pas tel juif
dtermin, mais lensemble des Juifs de lhumanit prsente, pass et
future. Ibid. p. 75-76
La maladresse de Cline ne se pose jamais de questions. Isral est
pour jamais ce quil dit, parce quil a dcid de le dire ainsi. Ibid.
p. 76
On trouve beaucoup dexemples: ...demandent quon leur lise, quils
ont perdu leur lunettes...
sub-hbraques, semi-lettons, triestiens, africano-tchques, quont
su, qui ne savent plus, et quelle langue? (...) Cline, Ferdinand
Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960, p. 96-97
&
...tout ce quil demandait, quon lui parle franais!... quon ait t
un petit peu juifs, un petit ngres, un tantinet espagnols, oh, oh
l! l! bien sr! tous les tats-Unis aussi! et alors? Ibid. p. 115
&
Vous les voyez tendre la coquille pour les pauvres rfugis
smyrnotes, bulgare-bastaves, afro-polaks, tous joliment pitoyables,
mais merde et vous? vous existez plus!... Ibid. p.10
Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960, p.
581
ces merveilleux jours de Paris, la bataille des fleurs, le
Pr-Catelan, Bagatelle... les courses tampes... Cline, Ferdinand
Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960, p. 389
Ibid. p. 165
Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960, p.
270
Ibid. pp. 98-100
Plus tard les gens Zornhof les nommes aussi Fallschirmjger:
Ibid. pp. 416 & p. 479
Ibid. p. 467
Ibid. p. 167
Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960, p.
292
En ce qui concerne ce dfaut, il les compare avec les Allemands:
Il me donnait raison... les Allemands sont pourris de dfauts mais
ils ont une qualit... vous leur dites ce quest vrai raisonnable,
ils admettent.. les Franais, jamais! Ibid. p. 530
Ibid. p. 494
Ibid. pp. 20-1
les boches et les bochesses ont le certain got des catastrophes
comme la france-canaille le got des bons vins seigneurs les uns,
goulafs les autres Ibid. p.236
&
elles voulaient pas quon les traverse en train de se rgaler
dorties, mchantes comme vous diriez en France les familles en train
de djeuner froces susceptibles! Ibid. p. 382
&
...mme plus dalcooliques en France!... un seul delirium
Toulouse!.. Ibid. p. 397.
Mon cher Cline, le moment est venu, je crois, pour nous, pour
lEurope nouvelle, bien faire connatre, pas seulement au monde
savant, au grand public, lanciennet de la collaboration de nos deux
nations dans tous les domaines, philosophique, littraire,
scientifique et mdical! mdical! le ntre, cher Cline!... depuis huit
sicles, combien de professeurs allemands ont enseign dans vos
coles?... croyez-vous?... Montpellier?... Paris?... Sorbonne?...
Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960, p. 193
littralement: la Tlvision, la franoise, m a jou un de ces tours!
de toute parfaite lche muflerie!... bien aussi pire que les pires
teutons! Ibid. p. 378
Ibid. p. 25
Ibid. p. 128-9
Ibid. p. 371
Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960,
p.161
pas que les gens des Koncern de Ruhr et les banques
Centre-Europe-Balkans, aussi les gnraux blesss Ibid. p.14
Ibid. p. 272
Ibid. p. 403, on trouve un autre exemple dans le propos de La
Vigue sur le pays de Brandebourg: Voici bien une misre de terre!
mords a!... bouillie de suie jaune, que les patates refusent de
germer!... sils peuvent se la foutre au derge leur cauchemar de
Prusse! je veux, le parc est pas laid mais il est pas deux!... rien
est deux que leur funbre faon Ibid. p. 351
quand elle rit, elle fait bien Allemande, dure, gnante
regarder... les Germains sont pas faits pour rire... Cline,
Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960, p. 395
Ibid. p. 192 & dans le cimetire le certain got funbre toute
la Bochie ils avouent pas, mais ils sont vous, attirs Ibid.
p.137
Ibid. p. 270
Ibid. p.40-41
Ibid. p. 33-35
Berlioz y a jou et Liszt et tous les princes Romanoff les
Naritzkine et les Savoie Bourbons et Bragance Ibid. p.20
&
ils coutaient un autre artiste cette fois, un Allemand une trs
belle voix
Vater!... Vater!
Schumann... Ibid. p. 45
Ibid. p. 30
Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960, p.
530
Ibid. p. 55
Ibid. p.135
Harras avec ses gros airs teutons avait compris aussi trs bien
Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960, p. 163
Ibid. pp. 305-306
Ibid. p. 160
Mais voyons! ils nous excrent! tu es folle, Isis!... tu vois des
Franais nous aimer?... pourquoi pas les Polonais? les Russes?...
les Chinois?... ces gens ennemis veulent nous tuer... Ibid. p.
173
Ibid. p. 337
Ibid. p. 38
elle vient de Hongrie ils me chuchotent elle est pas seule ils
sont cinq familles ensemble dans une roulotte l, dans le parc de
lautre ct des isbas diseurs de bonne aventure, vanniers trs
habiles, rempailleurs, violonistes, et pillards, bien entendu,
presque sr, espions() ils devaient camper ici trois semaines le
temps de nous donner cinq six reprsentations, cinma, chants,
danses, et de rempailler toutes les chaises, rafistoler les
paniers, remonter les ruches ces artisans tombaient pic Cline,
Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960, p. 294
Ibid. p. 296
douceurs tziganes pour des sicles et des sicles de stupres Ibid.
p. 28
Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960, p.
328
Ibid. p. 330
Ibid. pp. 301-2
Ibid. p. 332
Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960, pp. 462
& 466
Ibid. pp. 335-6
le paysage des gens biner, pieds nus, des femmes surtout, des
Polonaises, des Russes Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris :
Gallimard, 1960, p. 144
en obtenant des informations sur loffensive russe, il dit: .. il
est bon dtre renseign... (...) un peu sur les Tartares aussi...
Ibid. p. 598
Ibid. pp. 82, 85
Ibid. p. 424
Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960, p.
147
Ibid. p. 156
Ibid. p. 66
Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960, p.
92
Ibid. p. 213
Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960, p.
187
propos dHarras, Ibid. p. 130
les petites Polonaises du vieux... (...) le jeunesse rit de
tout... les Tartares seraient la couper des ttes quelles
trouveraient rien de plus rigolo... Ibid. p. 430
Ibid. p. 395
Ibid. p. 610
...les vaincus, nest-ce pas, autrefois, on les gorgeait!... tout
simplement! banalit! vous savez tout cela Confrre!... encore
maintenant le systme russe!... barbarie! Cline, Ferdinand Louis:
Nord, Paris: Gallimard, 1960, p. 604
Ibid. p. 156
Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960,
p.135
Cline, Ferdinand Louis: Nord, Paris: Gallimard, 1960, p. 530
Ibid. p. 213
Ibid. pp. 82, 85
Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960,p.
272
Vandromme, Pol: Louis Ferdinand Cline, Paris: ditions
universitaires, 1963, p. 106
Par exemple dans le premier chapitre qui est une introduction
dans lpoque o vivait Semmelweis. Cette introduction est une
description des temps difficiles o la population europenne se meurt
de la peste. Le style de cette description est un style commun pour
les romans historiques, influenc par le langage romantique.
Cline, Ferdinand Louis : Nord, Paris : Gallimard, 1960, p.
10
Toncrov, Marta et Uhlkov, Lucie: Etnick stereotypy zpohledu
rznch vdnch obor, Brno: Etnologick stav Akademie vd esk republiky,
2000, p. 51
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